Les Techniques Du Tissage Au Burkina Faso

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 27

République du Bénin

UNIVERSITE D’ABOMEY-CALAVI

Dynamiques Spatiales et Développement ‘’Dyspadev’’

Revue semestrielle du Laboratoire d’Etudes des


Dynamiques Urbaines et Régionales (LEDUR)
ISSN : 1840-7455
Dépôt Légal : N°6803 du 12/08/2013

N° 009, Juin 2017

Sommaire
Editorial …………………………………………………………………………. 3
Gbitry Abel BOLOU, Constant Dali Guy et Valery DON-LOBA :
Dépôt Légal XXXXXX
Tertiairisation des activités économiques dans les espaces ruraux périphériques de Daloa
(centre-ouest de la cote d’ivoire) ……………………………………………………………. 4
Ebénézer Korè SEDEGAN N° 0001 Achille
et Arnaud : JuinGNIDEHOUE
2013 : Les relations
diplomatiques entre le Bénin et le Nigéria à l’épreuve du conflit biafrais (1967-
1970)………………………………………….. …………..………………………………… 24
Eyanah ATCHOLE : Les contraintes liées à l’approvisionnement en eau dans la ville
d’Atakpamè………………………………………………………………………………… 41

Sylvain A. VISSOH, David Makodjami BALOUBI et Victorien V.


GBENOU : Gouvernance locale et assainissement dans la ville de Bohicon (sud
Bénin)………………………………………………………………………………. 57

Sambi KAMBIRE: Paysages et gestion paysanne en pays Lobi et Koulango.


L’exemple de la paysannerie de Nyamoin (nord-est ivoirien)……………………….. 72
Karimatou Jocelyne VOKOUMA BOUSSARI: Les techniques de tissage au
Burkina Faso……………………………………………………………………….. 91

Victor GBEDO : Traitement des eaux usées domestiques par lagunage : cas de la
station de Tokpa-Zoungo dans l’agglomération d’Abomey-Calavi (Sud-Bénin) … 110
Kouadio Joseph KRA, Yéboué Stéphane Koissy KOFFI et Adou François
KOUADIO : L’union européenne (UE) et l’aménagement du territoire en côte
d’ivoire : essai d’analyse critique d’un modelé de coopération nord-sud ………… 132

Mawussé SOMADJAGO : Problématique de l’aménagement des espaces verts


publics dans l’agglomération de Lomé ……………………………………………. 156

Lambert Kpadédji. AYITCHEHOU, Parfait Cocou BLALOGOE, Adéothy 1


ADEGBINNI : Dynamique urbaine et grands projets structurants : cas du projet 178
route des pêches à Cotonou au Bénin ……………………………………………
Directeur de publication
Professeur Benoît N’BESSA

Rédacteur en Chef
Léon Bani BIO BIGOU

Rédacteur en Chef Adjoint


Antoine-Yves TOHOZIN

Comité de Rédaction :
Drs Germain GONZALLO, Expédit VISSIN, Ibouraïma YABI, Toussaint
VIGNINOU, Aboubakar KISSIRA, Ismaïla TOKO, Ruffin AKIYO, David
BALOUBI, Rogatien TOSSOU, Benjamin ALLAGBE

Comité Scientifique
Prs Bonaventure MENGHO (Université de Brazzaville), Koffi Ayéchoro
AKIBODE (Université de Lomé), Michel BOKO, Benoît N’BESSA, Brice
SINSIN, Flavien GBETO, Jerôme ALLOKO-N’GUESSAN (Université de
Cocodi), Yollande OFOUEME-BERTON (Université de Brazzaville), Sylvain
ANIGNIKIN, Euloge AGBOSSOU, Christophe S. HOUSSOU, Gabriel
N’YASSOGBO (Université de Lomé), Gauthier BIAOU, Odile DOSSOU-
GUEDEGBE, Léon Bani BIO BIGOU, Antoine-Yves TOHOZIN

Toute correspondance (suggestions ou projets d’articles) à la


Revue semestrielle Dyspadev
doit être adressée au

Comité de Rédaction :
Laboratoire d’Etudes des Dynamiques Urbaines et Régionales,
BP 787 Abomey-Calavi, E-mail : [email protected]

République du Bénin

Toute reproduction, même partielle de cette revue est rigoureusement interdite. Une
copie ou reproduction par quelque procédé que ce soit, photographie, microfilm,
bande magnétique, disque ou autre, constitue une contrefaçon passible des peines
prévues par la loi 84-003 du 15 mars 1984 relative à la protection du droit d’auteur en
République du Bénin

2
Editorial
Cher lecteur
Cette revue « Dynamiques Spatiales et Développement » se
veut une revue scientifique pluridisciplinaire. Elle est à la
disposition des chercheurs de diverses catégories et branches
pour la publication de leurs travaux scientifiques en géographie,
histoire, sociologie, agronomie, économie, etc. C’est dans ce
souci que la revue est intitulée «Dynamiques Spatiales et
Développement ‘’Dyspadev’’». Les articles à publier doivent
répondre aux normes scientifiques par la clarté de la
thématique, la problématique, la méthodologie, la rigueur de
l’analyse et de la pertinence des résultats.
Cette revue est supervisée par un comité scientifique composé
de professeurs des Universités, de maîtres de conférences
(nationaux et internationaux). Sa périodicité est semestrielle
avec la possibilité de deux numéros (2) dans l’année (un
numéro en juin et un autre en décembre) suivant l’importance
et la qualité des articles disponibles.

Le comité de rédaction souhaite votre collaboration et votre


soutien.

Le Directeur de publication

Benoît N’BESSA,
Professeur émérite
Laboratoire d’Etudes des Dynamiques Urbaines et Régionales
(LEDUR)
Département de Géographie et Aménagement du Territoire (DGAT)
Faculté des Lettres, Arts et sciences Humaines (FLASH)
Université d’Abomey-Calavi (UAC-Bénin)

3
Dynamiques Spatiales et Développement : Revue semestrielle du Laboratoire d’Etudes des Dynamiques Urbaines et
Régionales, n°009, Juin 2017 : 91-109

ISSN : 1840-7455

LES TECHNIQUES DE TISSAGE AU BURKINA FASO


Karimatou Jocelyne VOKOUMA BOUSSARI
Anthropologue, Chargée de recherches, Département Socio– Economie et
Anthropologie du Développement (DSEAD), Institut des Sciences des Sociétés
(INSS), Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique (CNRST).
E-mail : [email protected] et [email protected]

Résumé
« Les techniques du tissage au Burkina Faso » traite du problème fondamental des
capacités de production endogène des peuples africains, de l’état des lieux de leurs
savoir-faire dans le domaine du tissage, de la preuve de leur présence dans l’histoire
par un apport technologique pertinent ainsi que leur autonomie culturelle dans le
domaine d’un savoir-faire technique aussi stratégique et civilisateur que celui de la
production artisanale du tissu qui protège d’abord et avant tout la dignité humaine.
Les pratiques anciennes du tissage permettent aux Mossé du Burkina Faso d’avoir une
place dans l’histoire des techniques de l’humanité en montrant qu’ils ont été
capables de s’habiller et d’habiller leurs chefs depuis 1495, contrairement aux
assertions de la littérature coloniales.
Outre la revue documentaire, nous avons parcouru plus de vingt villages et les treize
chefs – lieux de régions pour la collecte de données, l’observation de faits et gestes
sur le terrain, la reconstitution d’anciennes pratiques techniques, des prises de notes et
de vues. Partout, une constance se dégage : un tissage masculin ancien (depuis 1495)
cohabite avec un tissage féminin moderne (1919 – 1960). Les artisans, hommes ou
femmes, utilisent de façon classificatoire un même type de métier à tisser, celui que
Renée Boser – Sarivaxevanis a qualifié d’horizontal, de soudanais. Les dimensions
des étoffes sont de 15(productions masculines) à 30 (productions féminines) cm de
large avec une longueur de 2,5 m (identiques).
Les principaux résultats ont abouti à l’identification de quatre techniques essentielles
du tissage, à savoir l’égrenage, le cardage, le filage et l’actionnement du métier à
tisser qui exige des gestes bien précis pour la fabrication artisanale d’un tissu, le
produit fini du tissage. Sous la forme de bandes d’étoffe, les tissus peuvent être teints
et/ou transformés en vêtement drapés et cousus.
Mots clés : Artisanat textile, tissage, égrenage, filage, cardage.

Abstract
« The techniques of weaving in Burkina Faso " goes into the fundamental problem of
African people endogenous capacity and their knowledge in the field of weaving,

91
evidences of their presence in history by a relevant technological support as well as
their cultural autonomy in the field of technical expertise as strategic and civilizing
artisanal production of fabric that protects first and foremost human dignity.
Old weaving practices allow the Mossé of Burkina Faso to have a place in history
regarding techniques around the world by showing that they have been able to dress
and dress their leaders since 1495, contrary to colonial literature assertions.
In addition to literature review, we have travelled more than 20 villages and thirteen
chief - towns of regions for data collection and recording, action observation on the
ground, and reconstitution of old technical practices. Everywhere, a constant emerges:
a former male weaving (from 1495) cohabits with a modern women's weaving (1919-
1960). Artisans, men or women, use the same type of craft looms, one that Renée
Boser - Sarivaxevanis has described as horizontal, of Sudanese. The dimensions of
the stuffs are 15(males’ productions) to 30 (women's productions) cm wide with a
length of 2.5 m (identical).
Key results have led to the identification of four essential weaving techniques, namely
ginning, carding, spinning, and activation of the loom which requires actions specific
to the craftsmanship of a fabric, the finished product of weaving. In the form of strips
of cloth, fabrics can be dyed and/or converted to draped and sewn garment.
Keywords: textile crafts, weaving, ginning, spinning and carding.

1. Introduction
L’invention du tissage est une abstraction mythique qui ne signifie rien
sinon qu’à une chose existante, on suppose un commencement. Depuis
que l’Homo Sapiens paraît se généraliser jusqu’à l’heure actuelle,
aucun groupe humain n’est dans un état d’infériorité physique qui fasse
obstacle à son développement matériel. Sur le plan de l’évolution des
techniques, il ne peut par conséquent pas être tenu compte des
différences physiques entre les différents représentants raciaux de
l’homo Sapiens6.
Des tendances générales peuvent donner naissance à des techniques
identiques et les faits qui, quelle que soit leur proximité géographique,
sont individuels, uniques. C’est la matière qui conditionne toute
technique et non pas les moyens ou les forces 7. Mais l’invention, parce
qu’elle s’insère dans la matière, comporte une large part de
déterminisme physique sous toutes ses formes, le milieu naturel offre le
terrain propice à travers le climat, le relief, la situation maritime ou

6
LEROI-GOURHAN A.,1973, Milieu et technique-Evolution et technique, vol. 2,
Paris, Michel Albin, P. 314.
7
LEROI-GOURHAN A., 1973, Op. Cité, P.314.
92
terrienne, le désert, etc. C’est à ces formes surtout que pense la
géographie humaine, lorsqu’elle parle d’adaptation au milieu. Si la
diversité des matières premières commande la répartition fondamentale
des techniques, il reste pourtant acquis que le milieu intérieur de
chaque groupe, c’est-à-dire son capital intellectuel à chaque moment du
temps8, possède son impulsion propre. Les Moosé sont un groupe de
peuples du Burkina Faso, qui ont fait l’histoire et sont dans l’histoire
au regard de ce qu’ils ont été capables d’apporter à l’humanité.
En effet, la poterie, le fer et le tissu font partie des indicateurs de
civilisation et les recherches archéologiques ont montré que les Mossé,
un des groupes ethniques parmi plus de la soixantaine que compte le
Burkina Faso, à l’instar des autres peuples du monde, savent travailler
l’argile pour en faire de la poterie et de la céramique, produire et
transformer le fer et fabriquer du tissus à l’aide de procédés techniques
qui se retrouvent chez d’autres peuples de l’Afrique de l’Ouest. En
menant une recherche scientifique sur les techniques du tissage au
Burkina Faso, nous avons voulu montrer l’ingéniosité d’un groupe
ethnique dans le domaine de la production textile, comme l’atteste le
témoignage ci-après : « Depuis la nuit des temps, le tissage est dû à
l’intelligence de l’Homme, au don de Dieu, au cœur et à l’esprit de
l’Homme. Un pouvoir aurait été donné aux hommes pour être
intelligents. Un homme, Nabiyama aurait été choisi et investi de cette
intelligence pour tisser tout comme les forgerons. Les débuts de ce
travail se sont passés il y a très longtemps. C’est Dieu qui, après nous
avoir créés, a bien voulu nous donner ce savoir. Dieu, après avoir créé
l’Homme, a voulu qu’il fasse des progrès et a envoyé des anges
l’éclairer pour lui apprendre quoi faire »9. Sur le terrain, les artisans
sont conscients de disposer d’une potentialité dont la source est au-delà
de leur simple humanité. Comme un peu partout en Afrique, l’homme
ne réalise rien d’important et de grand par lui-même sans y entrevoir
quelque part la main cachée de Dieu, un être supérieur au-dessus de lui.
L’expression d’un savoir–faire dans le domaine de l’artisanat textile se
manifeste à travers la maîtrise des techniques du tissage et le prototype
des produits finis.

8
Idem, ibidem, P.314.
9SAWADOGO Seïdou, Témoignages recueillis en 1992 à Goupana, un village de la
province de l’Oubritenga.

93
1.1. Les objectifs de recherche
- Contribuer à la déconstruction d’un des arguments du discours
colonial qui a consisté à soutenir que tous les peuples africains
allaient nus ou vêtus d’étuis péniens. Car, avant la pénétration
coloniale, les artisans moosé savaient déjà fabriquer des tissus
et des vêtements pour l’habillement. Entre 1495 et 151710, ces
« ingénieurs » - pour emprunter une terminologie aussi
11
valorisante à Yakouba Dupuis -, ont produit et cousu des
habits historiques qui servent encore de nos jours à légitimer le
pouvoir suprême traditionnel du Moogo Naaba (le chef suprême
des Moosé).
- Valoriser les potentialités techniques d’un groupe ethnique du
Burkina Faso à travers la typologie des tissus produits
artisanalement. Le tissage est une activité traditionnelle dont les
produits, témoins de la marque d’une identité vestimentaire,
sont de plus en plus prisés par les Burkinabè. Un soutien à la
consommation d’un tel type de produit de la part des pouvoirs
publics, serait un atout majeur pour booster le développement
de l’économie nationale.
1.2 . La Méthodologie
C’est en 1990 que nous avons manifesté un intérêt pour ce sujet qui
était encore nouveau et non encore investi sur le plan scientifique au
département d’histoire et archéologie à l’université Ouaga I - Pr. Joseph
KI – ZERBO où nous étions en formation.
Après des recherches documentaires réparties entre la consultation
d’ouvrages généraux et spécialisés, en vue d’une bonne appropriation
de la thématique, nous avons élaboré des outils de collecte de données,
afin de faire du terrain. Composés essentiellement de questionnaires

10
VOKOUMA BOUSSARI K. J., 2009, « La chefferie traditionnelle moaga : le lien
entre l’histoire politique et l’histoire vestimentaire au Moogo », in Histoire des
royaumes et chefferies au Burkina Faso précolonial, Séminaire/ Atelier, DIST /
CNRST, Ouagadougou, Burkina Faso, P. 97.
11
DUPUIS Y., 1921, Industries et principales professions des habitants de la région
de Tombouctou, Paris, Émile Larose, 194 pages.

94
répartis entre plusieurs sous-thèmes qui intégraient l’histoire du
peuplement, l’organisation sociale, les activités économiques, les
chaînes opératoires du tissage, les aspects socio – culturels du tissage,
la typologie des vêtements, etc., les outils de collecte des données sur le
terrain ont fait l’objet d’un pré-test dans le cadre d’entretiens
individuels et des focus groups. Par la suite des rendez–vous ont été
organisés en collaboration avec les acteurs disponibles pour participer
aux enquêtes : les chefs, les tisserands et les femmes essentiellement à
l’instar des groupes mixtes. De façon alternée, les enquêtes se sont
déroulées entre 1990 – 1993, 1994 – 1995, 1996 dans les localités
suivantes : Bangrin, Barama, Bougounam, Bokin, Boussé, Goupana,
Guilongou, Kaya, Kombissiri, Kongoussi, Koudougou, Loumbila,
Nakamtenga, Niou, Ouagadougou, Ouahigouya, Sawana, Singuindin
Marongo, Somiyanga, Songdin, Soulgo, Yako, Oubriyaoghin, Youba,
Ziniaré, Zitenga. Toutefois, en parcourant les treize régions
administratives du Burkina Faso entre 2016 et 2017, ces réalités n’ont
pas évolué pour autant. En effet, la dynamique socio-culturelle laisse
encore une place prépondérante aux savoir–faire ancestraux qui
perdurent dans le temps (depuis 149512) et dans l’espace. Partout sur
l’ensemble du territoire national, il existe une cohabitation entre un
métier à tisser traditionnel qui donne lieu à des produits finis bien
précis, utilisé uniquement par les hommes (mais interdit aux femmes),
tandis qu’un autre type de métier à tisser moderne est employé par les
femmes (dont les hommes ne se servent pas) sous l’influence des
mutations majeures apportées par la colonisation (depuis 1919
environ : date de la création de la colonie de Haute – Volta, actuel
Burkina Faso). Des enregistrements audio et audio-visuels des propos
recueillis, des prises de vues et de notes ont été réalisés. Ainsi, une fois
collectées, les données de terrain ont fait l’objet d’un traitement par la
transcription et l’analyse. Les données analysées sont confrontées avec
les notes de lecture pour en faire une production scientifique dont le
présent article en est un produit.
Ainsi, l’essentiel des résultats de cette recherche seront présentés à
travers un plan qui abordera les principales étapes de la fabrication

12
Chronologie fournie par KOUANDA A., 1984, Les Yarsé : fonction commerciale,
religieuse et légitimité culturelle dans le pays moaga, Thèse 3ème cycle, Paris, P.140.
95
d’un tissu chez les Moosé, les produits finis et la transformation des
tissus en vêtements.

2. Résultats
2.1. Les principales étapes de la fabrication d’un tissu chez les Moosé
Le choix porté sur les Moosé, s’explique par le fait qu’au plan national,
ce groupe ethnique composé d’autres profils culturels humains comme
les Nakomsé, Yonyoosé, les Yarsé, représente une majorité qui occupe
une étendue de 77.500 km², soit un peu plus du quart de la superficie
du Burkina Faso estimée à 274.200 km². L’entité géographique des
Moosé est située au centre du Burkina Faso et s’appelle Moogo ou
encore le pays moaga. Les Moosé qui sont les habitants du Moogo se
trouvent principalement à Boulsa, Gourcy, Kaya, Kongoussi,
Koudougou, Koupela, Ouagadougou, Ouahigouya, Tenkodogo, Yako.
Les Moosé sont entourés de Kurumba et des peul au Nord, des
Gurmantche à l’Est, des Bissa au Sud-Est, des Gurunsi au Sud et au
Sud-Ouest, des San au Nord-Ouest. A travers quelques renseignements
ethnographiques, Kohler13 rapporte que « la culture du coton est une
tradition très ancienne dans les Mossi. Chaque femme sait filer le coton
; et dans la plupart des enclos familiaux, un ou plusieurs hommes ont
appris à tisser avec des métiers de fabrication locale. Les vêtements
sont confectionnés dans le cadre de la famille ; le tailleur spécialisé
n’intervient que pour les habits d’apparat. Le surplus du coton a
toujours fait l’objet d’un commerce traditionnel important. Sur les
marchés locaux, les femmes proposent du coton filé ou, par petits tas,
du coton non égrené ; les hommes vendent des bandes de coton tissé
par mesure de la main ou du coude, ou bien par rouleaux entier [...] ».
Ce récit rappelle que la production du coton, la matière première du
tissage et les techniques de cette activité relèvent d’une tradition
ancienne. Ainsi, parmi les étapes essentielles d’une production textile
artisanale, il y a : la production de la matière première et son traitement
à travers l’égrenage, le cardage, le filage, la teinture des fils avant
d’aboutir à la fabrication du tissus.

13Kohler J.M., 1971, p. 227.

96
2.2 . La production de la matière première
Le coton est la matière première employée pour le tissage chez les
Moosé. Néanmoins, les populations rencontrées sur le terrain
soutiennent qu’avant la colonisation, elles utilisaient ce qu’elles ont
appelé le pumpum lamdo, qui sort en réalité des fleurs du Kapokier
pour servir au tissage. Les informateurs des localités enquêtées se
souviennent encore d’une espèce de coton qu’ils produisaient avant la
variété introduite par la Compagnie Française de Développement
textile (CFDT). Il s’agit du prototype qu’ils identifient par le terme
lamkuda qui diffère de la nouvelle espèce par l’appellation lampaala.
L’attachement des tisserands moosé aux pagnes tissés était tel qu’une
crise les a opposé à l’administration coloniale qui en son temps avait
menacé d’interdire tout simplement le tissage. En témoigne ces propos
de Robert Boussac14 qui affirme : « on peut évaluer à plus de 5000
tonnes de fibres c’est-à-dire, 25.000 tonnes de coton brut, la quantité
de coton absorbée par la consommation locale en Haute-Volta sous
forme de bandes de coton filées et tissées par l’indigène, soit pour se
vêtir, soit pour l’exportation en Gold-Coast. Si ces 25.000 tonnes, ou
tout au moins une partie importante de cette quantité pouvait être
livrée au commerce, la question cotonnière serait résolue en Haute-
Volta et la situation économique complètement rétablie, alors qu’il y a
actuellement un déséquilibre profond entre la production et les moyens
d’achat [...]. Si la colonie de Haute-Volta veut continuer à se consacrer
exclusivement à la production cotonnière, il n’y a qu’une seule et
unique solution, qui paraît peut être brutale, mais qui constitue notre
seul moyen de salut : c’est interdire aux indigènes la fabrication des
bandes de coton. » Cette citation met en exergue l’attachement que les
artisans burkinabè avaient pour le tissage et qui se heurtait aux intérêts
de la métropole. Celle – ci menace impuissamment face à une
résistance qui prend sa source dans les profondeurs d’une tradition
ancestrale. En dépit de la modernité très influente au quotidien dans la
vie des populations moosé, les cotonnades tissées au Moogo demeurent
un vecteur identitaire très marquant. Le tisserand est avant tout un
agriculteur qui produit lui-même sa matière première : le coton.

14
Lettre de Robert BOUSSAC cité par SCHWARTZ R., 1993, op cité, P. 215.

97
2.3. Le traitement de la matière première
L’égrenage, le cardage, le filage sont les principales étapes de
traitement qui permettent de transformer le coton brut en fils : chaîne
et trame.
2.3.1. L’égrenage
En mooré, la langue des Moosé, l’égrenage se dit gursgo. Le matériel
de travail se compose d’une égreneuse traditionnelle15, d’un bloc de
pierre, c’est-à-dire gurso ou gursa et d’une tige en fer appelée gurs-
kândé. Une fois le matériel d’égrenage (gurso, gurs-kändé) réuni, la
femme s’assied, la pierre devant elle et presse 16 le coton avec la tige
contre la pierre pour extraire les graines (planche 1).

Photo 1. Le matériel Photo 2. Le coton brut, Dessin 1. la technique


d’égrenage Prise de vue : non –égrené Prise de vue : d’égrenage
J.K. Boussari, Janvier J.K. Boussari, Décembre Source : GEIS–
1995 1991 TRONICH, 1989, Les
métiers Traditionnels des
Gulmace, Bonn, P. 67.

En mooré, le coton brut s’appelle lamdo17. Récolté, il prend


l’appellation lamkarê. Le coton égrené se dit pondrê. Une fois égrené,
le coton est cardé avant d’être filé et monté sur le métier à tisser sous
la forme de fils de chaîne et de trame.

15
Confère photo N°1.
16
Confère dessin N°1.
17
Confère photo N°2.
98
2.3.2. Le cardage
Etape intermédiaire, non indispensable, le cardage n’est pas pratiqué
partout en pays moaga. Après l’égrenage, le problème technique à
résoudre concerne la disposition des fibres de coton dans le même sens.
Selon divers endroits du monde, les différents méthodes et instruments
employés varient d’un démêlage à la main à l’usage de l’arc à carder et
de cardes
ou encore peignes. Le cardage ou peignage vise à démêler les fibres et
à les disposer dans le même sens tout en les débarrassant en même
temps des impuretés (photo 3).

Photo 3. Le coton égrené


Prise de vue : J.K. Boussari, Décembre 1991
Les femmes utilisent pour cela, des cardes qui sont constitués de deux
plaques en bois garnies de pointes et chacune munie d’un manche entre
lesquelles les fibres sont étirées mèche par mèche. Les mèches ainsi
démêlées sont amoncelées dans un panier ou montées sur la quenouille
pour être filées.
2.3.3. Le filage
Le filage est la transformation des fibres en fil. En effet, dans la masse
des fibres peignées ou cardées, la femme saisit quelques brins qui
entraînent une certaine quantité d’autres éléments. C’est l’étirage. Le
fuseau en tournant donne à la masse encore indistincte la torsion qui en

99
fait un fil18. L’extrémité de chaque brin, animée d’un mouvement en
spirale, accueille dans la masse brute un autre brin qu’elle entraîne.
C’est le tordage. Il se définit aussi comme l’ensemble des opérations
par lesquelles des fibres quelconques sont réunies pour constituer un fil
ou une corde. Pour filer, les femmes se servent d’un fuseau qui
s’appelle djén’dre en mooré. Lorsque la longueur du fil devient
gênante lors du lancement du fuseau, il est enroulé sur la broche du
fuseau (photo 4). C’est le renvidage.

Photo 4 : Bobines traditionnelles de fils


Prise de vue : J.K. Boussari, Décembre 1991
A la suite des procédés de la filature, la chaîne et la trame sont
préparées par le tisserand.

Photo 5. Préparation de la chaîne par un Photo 6. La chaîne ourdie


tisserand
Prise de vue : J.K. Boussari, Décembre 1991

18
Confère photo N°4.
100
Avant l’ourdissage et le canetage, le tisserand peut choisir cependant
de les faire teindre si le type de bande à tisser le nécessite. A la suite
des procédés du filage, la chaîne19 et la trame sont préparées20 par le
tisserand.
2.4 La teinture à l’indigo
D’origine végétale ou industrielle, l’indigo est toujours utilisé en
solution. Il s’obtient à partir de deux plantes distinctes à savoir
l’indigotier sous sa forme herbacée et ligneuse.
L’indigotier herbacé pousse à l’état sauvage dans la brousse aux
alentours de presque tous les villages. L’indigotier ligneux pousse
partout en brousse. Dans les deux cas, le mode de préparation de la
teinture est le même. La solution bleue indigo est obtenue à partir des
feuilles cueillies et pilées dans un mortier. Le tout est pétrit en forme de
petites balles ou boules (gangliga) qu’on laisse sécher. Ces boules ou
balles d’indigo séchées21 sont concassées soit dans un récipient en terre
cuite soit dans une espèce de puits (gaboko) contenant de l’eau et de la
potasse22 en solution. Le mélange donne lieu à un bain de teinture
d’indigo qui est maintenu en permanence et réactivé au dernier moment
photos 7 et 8).

Photo 7. Mode de fabrication Photo 8. Une boule d’indigo séchée


traditionnelle de potasse en liquide
Prise de vue : J.K. Boussari, Janvier 1995

19
Confère photo N° 5
20
Confère photo N°6
21
Confère photo N° 7
22
Confère photo N°8
101
La fabrication traditionnelle de potasse en liquide, qui s’obtient à
l’aide de l’eau, de la cendre mélangées et versées dans une sorte de
récipient qui sert à filtrer le mélange des deux liquides précédents, pour
laisser gouter la potasse liquide. C’est cette potasse liquide qui sera
mélangée empiriquement avec des dosages aléatoires de boules
d’indigo dans un trou et de l’eau pour donner la solution indispensable
à la teinture
Les fils bleus s’obtiennent par immersion dans ce bain de teinture à
l’indigo. La teinture traditionnelle ou semi-traditionnelle à l’indigo est
une activité propre aux hommes qui ne sont pas des tisserands.
Les fils qui, après le tordage, se présentent en pelote ou roulés sur la
broche du fuseau ou du rouet peuvent être passés ensuite sur un
dévidoir pour en faire un écheveau à teindre. A l’origine, le bleu et le
noir constituaient les seules couleurs possibles à partir de l’indigo.
Qu’il soit d’origine végétale ou industrielle, l’indigo est toujours utilisé
en solution.
Un des apports du modernisme est l’emploi de plus en plus généralisé
de la poudre d’indigo. Celle-ci est mélangée à l’indigo végétal qui,
selon les teinturiers, est plus résistant à l’usage. Le mélange est
approximativement de 120 boules d’indigo végétal pour une boîte de
poudre d’indigo chimique auxquelles s’ajoute un kilogramme de
potasse.

Photo 9. Teinture à l’indigo d’un objet textile


Prise de vue : J.K. Boussari, Janvier 1995.

Il s’agit ici d’un échantillon de trou dans lequel se fait empiriquement


le mélange de potasse en liquide, de l’eau et des boules d’indigo. En

102
fonction des dosages les couleurs obtenues peuvent varier du bleu au
noir indigo.

2.5 La fabrication d’un tissu


Pour fabriquer un tissu, il faut un métier à tisser, qui est un outil
essentiel de travail. D’une manière générale, il existe deux types de
métiers à tisser dans toute l’Afrique de l’ouest : le métier horizontal23
qui est qualifié de « type soudanais » et le métier vertical. Au Burkina
Faso, les deux types s’entrecroisent. D’introduction récente, le métier à
tisser vertical est le fait des missionnaires et sa promotion serait liée à
la création des centres de formation technique et professionnelle de
jeunes filles.

Photo 10 : Un métier à tisser horizontal


Prise de vue : J.K. Boussari, Janvier 1995
Le tisserand s’installe pour se mettre au travail : ses gestes, rapides et
précis, consistent avec les pieds à appuyer tour à tour sur chaque pédale
pour actionner les lisses de haut en bas et de bas en haut. Ce qui
déclenche l’ouverture en deux nappes de fils pairs d’une part et de fils
impairs d’autre part. Avec la main, il lance sa navette entre les deux
nappes, une fois dans un sens avec la main droite et une fois dans
l’autre avec la main gauche.
La main libre tassant chaque fois la trame contre l’ensouple
d’enroulement. Sur le plan cosmogonique, tisser signifie réunir un

23
Confère photo N°10

103
ensemble de réalités différentes, créer, faire ressortir sa propre
substance tout comme le fait l’araignée qui bâti sa toile d’elle-même
(ANQUETIL J., 1977 : 7). Sur le plan anthropologique, tisser veut dire
prédestiner. Tissant sa toile, l’araignée est l’image des forces qui tissent
nos destinées. Elle symbolise également par le fil qu’elle secrète, le lien
entre le créateur et sa créature. Elle évoque aussi la fragilité de l’œuvre
terrestre et sa dépendance à l’égard du tisserand. Cela explique sans
doute sa fonction divinatoire dans beaucoup de groupes ethniques
africains. En mooré, la terminologie employée par les populations pour
désigner l’araignée est la même que celle utilisée pour nommer le
tisserand. Il s’agit du mot soulga, qui signifie une araignée, un
tisserand.
2.5 Les produits finis
Les bandes d’étoffes24 constituent les produits finis du tissage.
Techniquement, les bandes s’appellent aussi des lés ou encore péénde
en mooré. En les assemblant, cela donne un pagne qui peut être porté
comme tel ou transformé en vêtements coupés et cousus pour homme,
femme et enfant. (Photos 11 et 12).

Photo 11. Une étoffe aux motifs Photo 12. Une étoffe blanche en
teints à l’indigo coton de type
Prise de vue : J.K. Boussari, Janvier Prise de vue : J.K. Boussari,
1995 Décembre 1990

Outre la teinture des fils qui entre en ligne de compte dans la réalisation
d’un type précis de motif, le nombre de fois que la navette est lancée y
joue aussi un rôle important.

24
Confère photo N° 12
104
Ainsi, selon que la chaîne est noire et la trame blanche ou/et la chaîne
blanche et /ou la trame noire ou autres couleurs, les motifs peuvent
varier du ganga25 ou napugu peende encore dénommé Sirakélé au bêng
pako et zônga en passant par kan kombgo (l’équivalent du pied – de –
poule) pour aboutir au motif dénommé gulumsé. Bien que d’origine
mandé-dioula, le terme Sirakélé ne traduit pas forcément une origine
étrangère du ganga. Ce dernier est typiquement moaga. Sirakélé qui
peut vouloir dire « même voie », « même chemin » serait une autre
forme du ganga. Outre le fait que le ganga peut être associé au péen
pélé (pagne blanc) pour donner un autre genre de pagne communément
connu sous le nom du motif dénommé « gan la ganga », la coudée
d’une bande de ganga peut aussi servir à faire des sacrifices rituels. En
cas de condamnation à mort, le prince, qui se dit « nabiga » en mooré,
c’est-à-dire littéralement « l’enfant du chef », autrefois, n’était pas
assommé comme il était de coutume. Du fait qu’à travers ses privilèges,
il avait droit à une mort douce, il était étranglé avec des bandes de
coton26.
2.6 La transformation des tissus en vêtements
Le vêtement est un fait esthétique autant qu’un moyen de protection.
Beaucoup plus que des besoins naturels, la protection et le confort
renferment des nécessités d’habitude. L’assemblage des lés (bandes
d’étoffes) se fait par le biais de la couture qui n’est rien d’autre que la
réunion par une série de points dans lesquels passe le fil de deux
surfaces de matière quelconque. Pour obtenir un assemblage bien à plat
des lés ou péendé en langue nationale mooré, le tisserand se sert d’une
aiguille et du point de surjet (photo 13).

25
Confère photo N° 11
26
Marc L., 1905, Le pays Mossi, Paris, P. 165.

105
Photo 13. Typologie des étoffes et pagnes modernes. Motifs réalisé sur des
métiers à tisser féminins.
Prise de vue : Arouna MARANE, photographe, Juillet 2017

Les lés cousus peuvent servir de drapé (photo 14), de pagne ou de


vêtement (photo 13) droit. Par drapé, on désigne de grandes pièces
généralement quadrangulaires qui s’enroule autour du corps, prenant
appui sur une épaule ou sur les deux et tiennent sans couture, par
drapage essentiellement. Le drapé peut être qualifié de « naturel ».

Photo 14. Styles drapés modernisés


Prise de vue : Arouna MARANE, Photographe, Juillet 2017
Mais, son « infériorité » par rapport au vêtement cousu est très relative
et les peuples drapés tiennent fortement à ce type d’habillement. Le

106
pagne est une pièce d’étoffe qui s’attache autour des hanches et tombe
comme une jupe vers le sol.
Le vêtement droit est composé de pièces quadrangulaires d’étoffe unies
par des coutures. Sa plus simple expression serait un sac au fond percé
de trois ouvertures à savoir deux pour les bras et une pour la tête. En ce
qui concerne le vêtement droit-fermé, deux pièces d’étoffe sont pliées
en deux. Elles sont rapprochées et cousus sur leurs bords hormis le
bras, le col et les emmanchures. De sorte que sur le porteur, les plis
ménagent de larges manches. Elles sont souvent formées de quatre lés
(bandes). Mais ces lés étant cousus deux à deux de part et d’autre de
l’axe, l’effet est identique à celui de deux lés. La seule différence est
que le vêtement a plus d’ampleur. Cet état de fait s’explique par la
largeur moyenne des bandes réalisées à partir des métiers à tisser
horizontaux qui dépassent rarement 30 cm. La longueur varie d’un
minimum de 2m 50 selon le type d’étoffe. Les vêtements droits
forment un groupe relativement rustique, puisqu’ils ne comportent pas
autre opération que la couture simple de pans d’étoffe pris dans toute la
forme drapée ou droite. Le vêtement peut être également teint au non,
donnant lieu ainsi à une autre type de produit.

Conclusion
Le style technique et le style vestimentaire, c’est-à-dire respectivement
la manière de fabriquer un tissu et la façon de le porter sous la forme
d’un vêtement font partie des traits distinctifs d’un peuple. Pour un
travail comme la fabrication d’un tissu qui peut prendre un minimum
de douze à trente-six heures ou parfois de six à vingt jours, le tisserand
évalue le coût de revient du produit fini juste pour récupérer si possible,
ce qu’il est sûr d’avoir investi.
La recherche du profit ou éventuellement d’un bénéfice relève de la
dernière de ses préoccupations majeures. La fabrication de ses
instruments de travail, à savoir son investissement, peut parfois se
résumer à l’achat de certains accessoires et de la matière première qu’il
produisait autrefois. En tant qu’objet de consommation, les bandes
d’étoffe ont occupé une place importante dans les transactions
commerciales en Afrique de l’Ouest.
Mais de nos jours, la pérennité du tissage traditionnel est de plus en
plus compromise et la place du tisserand remise en cause sous

107
l’influence des cultures étrangères et de la mondialisation ainsi que la
mode occidentale dont les effets se font ressentir sur les styles
vestimentaires modernes des Burkinabè contemporains. Toutefois, la
résistance des techniques du tissage au temps et aux rudes concurrences
des produits textiles issus des industries, reste encore l’assurance et
l’espoir d’une pérennisation du patrimoine vestimentaire du Burkina
Faso. En tout état de cause, même si les produits classiques du tissage
ne sont pas consommés avec le même engouement que les textiles
importés, force est de reconnaître que l’attachement manifeste des
Burkinabè pour ce type d’objets artisanaux, est la preuve que les
produits finis du tissage ont encore de beaux jours. Le tissage
représente un secteur d’activité qui peut contribuer à booster la
dynamique de l’économie nationale les pouvoirs publics lui accordait
un peu plus d’intérêt que l’option folklorique actuel. En effet, pour que
la plus – value du tissage impacte sensiblement le développement
économique du Burkina Faso, il ne suffit pas de porter épisodiquement
les produits textiles artisanaux, mais d’apporter un appui stratégique à
ce secteur d’activité en plein essor actuellement.
Références bibliographiques
ANQUETIL Jacques, 1977, Le tissage, Paris, Édition du chêne, 217
pages.
BOSER-SARIVAXEVANIS Renée, 1969, Recherche sur l'histoire des
textiles traditionnels tissés et teints de l'Afrique occidentale, Éditions
Pharaos-Verlag Hansrudolf Schwabe A.G., Bâle, 339 pages.
BOSER-SARIVAXEVANIS Renée, 1972, Les tissus de l'Afrique
occidentale, Éditions Pharaos-Verlag Hansrudolf Schwabe A.G., Bâle,
217 pages.
BOUSSARI Karimatou Jocelyne, 1993, Le tissage ancien en pays
moaga : l'exemple de Sulgo. (Province de l'Oubritenga-Burkina
Faso), Mémoire de maîtrise, Université de Ouagadougou, 118 pages.
BOUSSARI Karimatou Jocelyne, 1995, Le tissage chez les Moosé du
Burkina Faso, Mémoire de DEA, Aix-Marseille I, 233 pages.
DELOBSOM Dim, 1932, l’Empire du Mogho Naba, Paris, 299 pages.
DUPUIS Yakouba, 1921, Industries et principales professions des
habitants de la région de Tombouctou, Paris, Émile Larose, 194 pages.
108
KOHLER Jean Marie, 1971, Activités agricoles et changements
sociaux dans l'Ouest-moaga, ORSTOM, 248 pages.
LEROI-GOURHAN André, 1992, Milieu et technique, Vol. 2, Paris,
Albin Michel, 475 pages.
MARC Lieutenant, 1905, Le pays moaga, Paris, 187 pages.
SCHWARTZ Alfred, 1993, "Brève histoire de la culture du coton au
Burkina Faso", Découvertes du Burkina, T. I, PP. 207-237.
VOKOUMA BOUSSARI Karimatou Jocelyne, 1999, Les techniques
du tissage au Moogo: origines et évolution, Thèse de Doctorat Unique
en Anthropologie, Université de Provence Aix Marseille I, 1999, 345
pages.
VOKOUMA BOUSSARI Karimatou Jocelyne, 2009, « La chefferie
traditionnelle moaga : le lien entre l’histoire politique et l’histoire
vestimentaire au Moogo », in Histoire des royaumes et chefferies au
Burkina Faso précolonial, Séminaire/ Atelier, DIST / CNRST,
Ouagadougou, Burkina Faso, PP. 93- 118.

109
Instructions aux auteurs
1- Soumission de manuscrits : Les manuscrits seront déposés soit
directement au secrétariat de rédaction (sis au LEDUR) soit envoyés
aux adresses suivantes : Adresse électronique : [email protected] ;
Adresse postale : BP 787 Abomey-Calavi (République du Bénin) en
versions électronique (CD-Rom) et imprimée (papier).

2- Présentation du manuscrit : Le manuscrit de 14 pages au


maximum (tout compris), saisi en format A4 avec 2,5 cm de marges
(word : Times New Roman, 12, interligne simple, marges 2,5 cm), doit
comprendre les parties suivantes :
Titre de l’article : En majuscule, le titre doit être court et très explicite
Les auteurs : Les noms et prénoms des auteurs (le nom en Majuscule
et seuls les initiaux des prénoms sont en majuscule ex : BABALOLA
Adégbola Rufin.) et les affiliations (noms et adresse des institutions).
Le nom de l’auteur répondant doit être identifié par un astérisque (*) et
son adresse électronique fournie.
Un résumé en français et en anglais (abstract) : le résumé est rédigé en
trois paragraphes concis (justification, méthodologie, résultats obtenus
avec des illustrations chiffrées) suivi de mots clés (keywords) : 4 à 5.
Une introduction : Fait le point de la revue de la littérature récente sur
le sujet, soulève de façon précise la problématique du travail
Une méthodologie : On y décrit clairement les méthodes de collectes et
de traitement des données/informations utilisées avec les références si
nécessaire.
Les Résultats : Cette partie comporte les principaux résultats obtenus.
Les titres sont alignés à gauche, sans alinéa et numérotation décimale :
titre de niveau 1 est en gras (12 pts avant, 6 pts après) ; titre de niveau 2
est en italique gras (6 pts avant, 6 pts après) et le titre de niveau 3 est en
italique non gras (6 pts avant, 6 pts après).
Les figures, photos, tableaux nécessaires pourront être utilisés. Chaque
illustration est citée dans le texte. Toutes les illustrations doivent être
claires et faciles à reproduire. Elles seront insérées dans le texte et à la
bonne place. On évitera les tableaux de grandes dimensions et de
format ‘’paysage’’. Les tableaux seront numérotés en chiffres
201
romains et les autres illustrations en chiffres arabes et devront
comporter une légende courte et explicite. Les titres des tableaux sont
placés en haut et ceux des autres illustrations en bas.
Pour les équations, il est recommandé d’utiliser un éditeur d’équations
compatible en traitement de texte word.
Quant aux unités, elles devront être choisies suivant les normes et
standards internationaux.
Discussion : Il est vivement recommandé de séparer la discussion des
résultats. Dans la discussion, on apportera des interprétations
approfondies des résultats, on montrera les liens de l’étude avec les
travaux récents de la littérature tout en mettant en évidence l’apport de
la contribution.
Remerciements : Si nécessaire, les remerciements viendront après la
discussion (remerciements des contributions techniques importantes et
des sources de financement de la recherche).
Références bibliographiques : Pour la présentation des références on
distinguera les cas suivants :
Les passages cités sont présentés en romain et entre guillemets.
Lorsque la phrase citant et la citation dépassent trois lignes, il faut aller
à la ligne, pour présenter la citation (interligne 1) en romain et en
retrait, en diminuant la taille de police d’un point.
Les références de citation sont intégrées au texte citant, selon les cas,
de la façon suivante :
- (Initiale (s) du Prénom ou des Prénoms de l’auteur. Nom de l’Auteur,
année de publication, pages citées) ;
- Initiale (s) du Prénom ou des Prénoms de l’auteur. Nom de l’Auteur
(année de publication, pages citées).
Exemples :
- En effet, le but poursuivi par M. Ascher (1998, p. 223), est « d’élargir
l’histoire des mathématiques de telle sorte qu’elle acquière une
perspective multiculturelle et globale (…), d’accroitre le domaine des
mathématiques : alors qu’elle s’est pour l’essentiel occupé du groupe
professionnel occidental que l’on appelle les mathématiciens(…)».
- Pour dire plus amplement ce qu’est cette capacité de la société civile,
qui dans son déploiement effectif, atteste qu’elle peut porter le
développement et l’histoire, S. B. Diagne (1991, p. 2) écrit :

202
Qu’on ne s’y trompe pas : de toute manière, les populations ont
toujours su opposer à la philosophie de l’encadrement et à son
volontarisme leurs propres stratégies de contournements. Celles là, par
exemple, sont lisibles dans le dynamisme, ou à tout le moins dans la
créativité dont sait preuve ce que l’on désigne sous le nom de secteur
informel et à qui il faudra donner l’appellation positive d’économie
populaire. Le philosophe ivoirien a raison, dans une certaine mesure,
de lire, dans ce choc déstabilisateur, le processus du sous-
développement le processus du sous-développement résultant de ce
choc est vécu concrètement par les populations concernées comme une
crise globale : crise socio-économique (exploitation brutale, chômage
permanent, exode accéléré et douloureux), mais aussi crise socio-
culturelle et de civilisation traduisant une impréparation socio-
historique et une inadaptation des cultures et des comportements
humains aux formes de vie imposées par les technologies étrangères.
(S. Diakité, 1985, p. 105).
Ainsi qu’il le dit :
Le processus du sous-développement résultant de ce choc est vécu
concrètement par les populations concernées comme une crise globale
: crise socio-économique (exploitation brutale, chômage permanent,
exode accéléré et douloureux), mais aussi crise socio-culturelle et de
civilisation traduisant une impréparation socio- historique et une
inadaptation des cultures et des comportements humains aux formes de
vie imposées par les technologies étrangères. (S. Diakité, 1985, p. 105).
Les sources historiques, les références d’informations orales et les
notes explicatives sont numérotées en série continue et présentées en
bas de page.
Les divers éléments d’une référence bibliographique sont présentés
comme suit :
NOM et Prénom (s) de l’auteur, Année de publication, Zone titre, Lieu
de publication, Zone Editeur, pages (p.) occupées par l’article dans la
revue ou l’ouvrage collectif.
Dans la zone titre, le titre d’un article est présenté en romain et entre
guillemets, celui d’un ouvrage, d’un mémoire ou d’une thèse, d’un
rapport, d’une revue ou d’un journal est présenté en italique. Dans la
zone Editeur, on indique la Maison d’édition (pour un ouvrage), le
Nom et le numéro/volume de la revue (pour un article). Au cas où un

203
ouvrage est une traduction et/ou une réédition, il faut préciser après le
titre le nom du traducteur et/ou l’édition (ex : 2nde éd.).
3.8. Ne sont présentées dans les références bibliographiques que les
références des documents cités. Les références bibliographiques sont
présentées par ordre alphabétique des noms d’auteur. Par exemple :
Références bibliographiques
AMIN Samir, 1996, Les défis de la mondialisation, Paris,
L’Harmattan,…
AUDARD Cathérine, 2009, Qu’est ce que le libéralisme ? Ethique,
politique, société, Paris, Gallimard,…
BERGER Gaston, 1967, L’homme moderne et son éducation, Paris,
PUF.
DIAGNE Souleymane Bachir, 2003, « Islam et philosophie. Leçons
d’une rencontre », Diogène, 202, p. 145-151.
DIAKITE Sidiki, 1985, Violence technologique et développement. La
question africaine du développement, Paris, L’Harmattan.
Informations extraites d’un site web : (A limiter au maximum) :
http://agroconsult.forumactif.info (site consulté le 7 novembre 2013 à
14 heures GMT)
Contribution financière des auteurs: Pour tout manuscrit accepté
pour publication, une contribution forfaitaire de 50 000 FCFA sera
versée au secrétariat de rédaction (à payer directement contre un reçu
ou à envoyer par Wester Union à une adresse qui sera indiquée à cet
effet.
Tirés-à-part: En principe, il n’y a pas de tirés-à-part. Chaque auteur et
coauteur recevra une copie PDF de son article.
Nota Bene :
- l’envoi d’un manuscrit soumis à la publication vaut acceptation, par
son auteur, des conditions ci-dessus indiquées ;
- tous les manuscrits sont soumis à l’évaluation et seuls ceux qui sont
jugés recevables seront publiés ;
- la périodicité de la revue est de 6 mois (juin et décembre de chaque
année). Les manuscrits seront positionnés par ordre d’arrivée des
versions définitives.

204

Vous aimerez peut-être aussi