Aidez-Moi S Il Vous Plaie Combine Fevrier2019 Numerique
Aidez-Moi S Il Vous Plaie Combine Fevrier2019 Numerique
Aidez-Moi S Il Vous Plaie Combine Fevrier2019 Numerique
Auteures
Coauteures
Collaborateurs et collaboratrices
le Centre de coordination de la télésanté;
le Centre d’expertise en santé de Sherbrooke;
la Direction des soins infirmiers du CIUSSS de l'Estrie – CHUS;
le Service des communications du CIUSSS de l'Estrie – CHUS.
CONTEXTE
En 2005, un groupe d’infirmières et d’infirmiers stomothérapeutes de l’Estrie fait état de nombreuses divergences
dans les approches thérapeutiques adoptées pour la clientèle aux prises avec une plaie chronique. Le processus de
guérison de ce type de plaie étant lent et désordonné, l’épisode de soins s’avère inévitablement long et, par
conséquent, onéreux.
La complexité des soins et le vieillissement de la population expliquent par ailleurs que plusieurs usagers
bénéficient de soins dispensés parallèlement par deux ou plusieurs professionnels de la santé de la région. Dans
certaines situations, des divergences dans les soins reçus suscitent non seulement un sentiment d’insécurité, mais
aussi une insatisfaction. Or des dispositions législatives permettent aux professionnels de la santé, notamment aux
infirmières et aux infirmiers, de participer à réduire les divergences qui inquiètent la clientèle et à augmenter
l’efficacité et la qualité des soins de plaies.
Ce constat a été également noté en 2014 dans le cadre d'une collaboration interprofessionnelle éditée par l'Ordre
des ergothérapeutes du Québec (OEQ), l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) et l'Ordre
professionnel de la physiothérapie du Québec (OPPQ). On y lit ce qui suit :
« Le Québec se voit confronté à de nouveaux défis en matière de santé. Le vieillissement de la population et la
prévalence des maladies chroniques complexifient les besoins de santé et de soins. Les personnes âgées et celles
atteintes de maladies chroniques sont plus à risque de présenter des plaies chroniques et complexes.
Selon l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS), en 2011‐2012, les plaies chroniques et complexes
représentent, à l’échelle nationale, un imposant fardeau dans l’ensemble des milieux de soins. En effet, environ 4 %
des patients hospitalisés en soins de courte durée, plus de 7 % des clients des services à domicile, moins de 10 % des
patients en soins de longue durée et près de 30 % des patients en soins continus complexes présentent une plaie
chronique et complexe.
Le diabète et les maladies vasculaires périphériques constituent des facteurs de risque significatifs pour l’apparition
de ces plaies et diminuent le potentiel de cicatrisation (ICIS, 2013). L’étiologie d’une plaie chronique et complexe est
multifactorielle et son traitement requiert une approche interdisciplinaire et de collaboration (Association for the
Advancement of Wound Care [AAWC], 2005).
Les commentaires formulés par de nombreux membres de l’Ordre des ergothérapeutes du Québec (OEQ), de l’Ordre
des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ), ainsi que de l’Ordre professionnel de la physiothérapie du
Québec (OPPQ) portent à croire que la collaboration interprofessionnelle relative au traitement des plaies
chroniques et complexes fait encore l’objet d’enjeux et de questionnements dans certains milieux. Une
méconnaissance et des divergences de compréhension du champ d’exercice de chaque profession et de leur
contribution propre au traitement des plaies, ainsi que des préoccupations quant à la coordination des activités de
ces professionnels auprès des patients constituent les principaux enjeux. 1 »
1
Bouffard, L., Gauthier, J., Lajoie, M., Plourde, P., Roy, C., Sadler, S. et Thompson, N. (2014). Une action concertée
pour optimiser le traitement des plaies chroniques et complexes. Cadre de collaboration interprofessionnelle pour
les ergothérapeutes, les infirmières et les professionnels de la physiothérapie. Repéré à
https://www.oiiq.org/documents/20147/237836/8403_doc.pdf
Contexte législatif d’intervention en soins de plaies
La Loi modifiant le Code des professions et d’autres dispositions législatives dans le domaine de la santé (Loi 90,
adoptée en 2002)2 accorde aux nutritionnistes, aux ergothérapeutes, aux infirmières, aux infirmières auxiliaires,
aux inhalothérapeutes, aux médecins, aux orthophonistes, aux audiologistes, aux pharmaciens, aux
physiothérapeutes, aux technologistes médicaux et aux technologues en radiologie le pouvoir d’exercer, en
exclusivité ou en partage (sous réserve d’une ou de plusieurs conditions), des activités qui leur sont réservées.
Parmi les activités réservées décrites dans l’article 36 de la Loi sur les infirmières et infirmiers du Québec, nous
retrouvons celle‐ci :
« déterminer le plan de traitement relié aux plaies et altérations de la peau et des téguments et prodiguer les soins
et traitements qui s’y rattachent3 ».
En matière de soins des plaies, la contribution particulière de l’infirmière réside donc principalement dans
l’évaluation et dans les mesures préventives liées aux facteurs de risque et au traitement des plaies.
La Loi 90 stipule aussi que l’infirmière doit s’appuyer sur certains principes pour déterminer un plan de traitement,
entre autres :
Avoir les connaissances et les habiletés nécessaires pour déterminer et appliquer les soins et les
traitements infirmiers requis par la condition de l’usager;
Baser sa pratique sur des résultats probants;
Connaître les indications et les contre‐indications cliniques aux soins et traitements prévus;
Respecter les règles des soins infirmiers en vigueur dans chaque établissement en précisant :
o Les recommandations cliniques liées aux traitements des plaies;
o Les éléments qui requièrent une ordonnance (individuelle ou collective qui ne sont pas en lien avec la
prescription infirmière);
o Le rôle des membres de l’équipe de soins (infirmière, infirmière auxiliaire, préposé aux bénéficiaires),
de l’équipe interdisciplinaire et du médecin.
Depuis janvier 2016, le règlement sur certaines activités professionnelles qui peuvent être exercées par une
infirmière, pris en application de la Loi médicale (chapitre M‐9, a. 19 b), autorise l’infirmière à prescrire des
analyses de laboratoire ainsi que des produits, des médicaments et des pansements pour le traitement des plaies,
des altérations de la peau et des téguments. Ce règlement4 autorise aussi l’infirmière à prescrire des médicaments
dans le domaine de la santé publique et pour certains problèmes de santé courants.
Grâce à ces nouvelles activités, l’infirmière autorisée à prescrire se voit aujourd’hui mieux outillée pour répondre
aux besoins d'un usager, notamment en soins de proximité. La prescription infirmière lui permet d’optimiser ses
interventions auprès des usagers, d’éviter la fragmentation de l’offre de services, de réduire les délais dans la
prestation de soins et, ainsi, de réduire le risque de conséquences négatives sur l’état de santé des personnes.
Ces nouvelles activités favorisent l’accès aux soins pour les Québécois et Québécoises. S’inscrivant dans la finalité
du champ d’exercice de l’infirmière et faisant appel à ses compétences, elles mettent à profit la collaboration
5
interprofessionnelle au bénéfice de la population du Québec (Ménard, Trudeau et Plourde, 2015) .
2
Éditeur officiel du Québec. (2002). Loi modifiant le Code des professions et d’autres dispositions législatives dans
le domaine de la santé. Repéré à
http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/dynamicSearch/telecharge.php?type=5&file=2002C33F.PDF
3
Durand, S. (2016). Le champ d'exercice et les activités réservées des infirmières et infirmiers (3e éd.).
4
Truchon, S., Brisson, M. et Roy, É. (2016). Prescription infirmière : obligations déontologiques. Repéré à
https://www.oiiq.org/prescription‐infirmiere‐obligations‐deontologiques
5
Ménard, G., Trudeau, J.‐B. et Plourde, P. (2015). Prescription infirmière : Règlement sur certaines activités
professionnelles qui peuvent être exercées par une infirmière et un infirmier, pris en application de la Loi médicale.
Guide explicatif conjoint. Repéré à https://www.oiiq.org/documents/20147/237836/1451_doc.pdf
Mandat du groupe de travail (en 2005)
Les problématiques relevées par les infirmières et infirmiers stomothérapeutes de l’Estrie dans divers milieux de
soins ainsi que le contexte législatif favorable ont incité les DSI‐RSI6 des RLS de santé de la région (CHUS, CSSS) à
créer, en décembre 2005, un groupe de travail sur les soins des plaies, chapeauté par les infirmières
stomothérapeutes du CHUS. Le mandat du groupe consistait à élaborer un cadre de référence précisant les lignes
directrices en soins de plaies chroniques pour l’ensemble des établissements de la région.
L’Institute of Medicine (1990)7 définit une « ligne directrice » comme étant une recommandation élaborée de
manière méthodique pour aider les praticiens et les usagers à prendre des décisions concernant les soins de santé
appropriés dans des situations cliniques particulières. Browman, quant à lui, spécifie que le but d’une ligne
directrice fondée sur des preuves est :
« d’influer sur les résultats auprès des patients et de favoriser une utilisation optimale des ressources par
l’amélioration de la pratique clinique et, à cette fin, de communiquer aux professionnels de la santé et aux
patients les meilleures preuves scientifiques disponibles ayant trait à la gestion d’états cliniques particuliers dans
le contexte des circonstances cliniques et sociales propres aux patients8 ».
Une première édition du cadre a vu le jour en 2009 et est utilisée depuis dans divers milieux de soins et de
formation au Québec et, plus précisément, dans la formation d’infirmières‐ressources en lien avec le service de
Téléassistance en soins de plaie (TASP).
Depuis 2009, la téléassistance en soins de plaies (TASP) est une modalité d’offre de service spécialisée. Elle permet,
à distance, par l’utilisation d’une technologie de communication audiovisuelle, de soutenir des infirmières dûment
formées, nommées infirmières‐ressources, par des infirmières expertes. Dès 2009, chaque infirmière‐ressource
reçoit une formation de 4 jours par une infirmière experte à l’aide de la première version du cadre de référence en
soins de plaies basé sur les données probantes les plus récentes.
La TASP est un outil privilégié pour soutenir les infirmières dans la continuité de leur apprentissage. Ce soutien est
offert en temps réel ou différé, à l’aide de situations cliniques et permet un apprentissage individualisé dans
l’action et la poursuite d’activités d’enseignement.
L’utilisation commune du cadre de référence en soins de plaies et de la téléassistance en soins de plaies assure :
une meilleure application d’une démarche de soins structurée; la poursuite du développement du jugement
clinique; l’établissement d’un plan de traitement individualisé et optimal. Ces outils combinés représentent
également un excellent levier à l’actualisation du droit de prescrire en soins de plaies pour les infirmières.
La version révisée du cadre de référence en soins de plaies est un allié de premier choix dans la poursuite de
l’implantation du service de téléassistance en soins de plaies.
6
Directeurs des soins infirmiers et responsables des soins infirmiers
7
Institute of Medicine. Clinical practice guidelines: Directions for a new program. Washington, DC : The National
Academies Press, 1990, p. 38.
8
Ménard, G., Trudeau, J.‐B. et Plourde, P. (2015). Prescription infirmière : Règlement sur certaines activités
professionnelles qui peuvent être exercées par une infirmière et un infirmier, pris en application de la Loi médicale.
Guide explicatif conjoint. Repéré à https://www.oiiq.org/documents/20147/237836/1451_doc.pdf
CADRE DE RÉFÉRENCE RELATIF AUX SOINS DES PLAIES CHRONIQUES
But du cadre de référence
Offrir à l’ensemble des infirmières et des autres professionnels de la santé un document de référence sur les soins
et traitements des plaies chroniques, basé sur des résultats probants et sur les pratiques cliniques des médecins et
des intervenants du réseau de la santé et des services sociaux.
Objectifs du cadre de référence
Harmoniser les pratiques cliniques des infirmières et assurer une continuité de soins intrahospitaliers et
interétablissements de la clientèle concernée;
Maintenir et développer les compétences cliniques des infirmières en tenant compte de la Loi 90 et des
résultats probants disponibles;
Assurer un partenariat entre les infirmières stomothérapeutes, les infirmières‐ressources, les infirmières,
les médecins et les autres intervenants et professionnels concernés.
Axes d’intervention ciblés et couverts par le cadre de référence
Trois types de plaies chroniques :
o Les lésions de pression;
o Les ulcères des membres inférieurs;
o Les ulcères du pied diabétique;
La clientèle composée exclusivement d’adultes bénéficiant de soins et traitements infirmiers dispensés
par un établissement de santé.
Contenu du cadre de référence (2e édition)
Le contenu du cadre de référence tient compte des lignes directrices ou recommandations émises dans les sources
suivantes :
Leprohon, J. (2010). Mosaïque des compétences cliniques de l’infirmière (2e éd.). Montréal, Québec : OIIQ.
Registered Nurses Association of Ontario. (2013, 2016). Nursing Best practice guideline.
Wounds International. (2014, 2016, 2017). Best practices Guidelines.
National Pressure Ulcer Advisory Panel (NPUAP). (2014, 2016). Clinical Practices Guidelines, Support Surface
Standards.
International Wound Infection Institute. (2016). Principles of Best Practice.
Wounds UK. (2016, 2017). Best Practice Statement.
Wounds Canada. (2017, 2018). Best Practice Recommendations.
Contenu du cadre de référence (2e édition)
12 fascicules offrant à l’infirmière de l’information spécifique et nécessaire pour être en mesure de faire
une évaluation globale de l'usager porteur d'une plaie chronique et établir un plan de thérapeutique de
qualité et sécuritaire pour l'usager.
3 démarches cliniques relatives à chaque type de plaie chronique ciblé et une quatrième, relative aux
traitements locaux;
4 arbres de décision (algorithmes) en lien avec chaque démarche clinique et une sur la prévention des
infections;
3 brochures d’enseignement destinées à informer l’usager sur les mesures qu’il doit prendre pour faire la
promotion des saines habitudes de vie et prévenir une récidive de sa plaie;
1 outil synthèse comme aide‐mémoire.
L’entrée en vigueur de la Loi 90 en janvier 2003 et de la prescription infirmière en 2016 ont amené une redéfinition
du champ d’exercice des infirmières qui confirme la reconnaissance par le législateur de leur compétence et de
leur responsabilité à l’égard de l’évaluation clinique. Les modifications apportées à la Loi sur les infirmières et les
infirmiers à cet effet comprennent trois activités réservées et introduisent la notion de « plan thérapeutique
infirmier » :
Évaluer la condition physique et mentale d’une personne symptomatique;
Exercer une surveillance clinique de la condition des personnes dont l’état de santé présente des risques,
incluant le monitorage et les ajustements du plan thérapeutique infirmier;
Effectuer le suivi infirmier des personnes présentant des problèmes de santé complexes.
Étroitement interreliées, ces activités réservées sont associées à des décisions cliniques que les infirmières
prennent au quotidien. Souvent, ces décisions n’apparaissent pas aux dossiers des usagers ou sont difficiles à
retrouver. Pourtant, les infirmières en sont imputables. Ces décisions doivent donc y être documentées. Le plan
thérapeutique infirmier permet de rendre facilement accessibles les décisions cliniques prises par l’infirmière sur la
base de son évaluation et qui sont cruciales pour le suivi clinique de l’usager. (OIIQ, 2009)
Selon la directrice conseil à la direction des affaires externes de l'OIIQ, Mme Geneviève Ménard (2014), les outils
cliniques en soins infirmiers sont essentiels pour soutenir l'évolution et l'encadrement de la pratique infirmière
dans le but d'assurer la sécurité et la qualité des soins infirmiers pour les usagers.
La règle de soins infirmiers est un outil d'encadrement clinico‐administratif concernant la prestation de certains
soins infirmiers. Elle détermine des conditions à respecter et énonce des directives spécifiques liées à
l'accomplissement de l'activité clinique visée. (OIIQ, 2009)
Une méthode de soins infirmiers fournit des consignes précises pour l’exécution d’une activité de soins infirmiers. Elle
présente, de façon organisée, la définition de l’activité, les objectifs poursuivis ainsi que les éléments à évaluer et à
planifier avant d’exécuter l’activité. La méthode de soins peut préciser, le cas échéant, les interventions à effectuer si
des difficultés se présentent durant son exécution. Elle détermine les renseignements à consigner au dossier9.
L’ordonnance est une prescription donnée à un professionnel par un médecin ou un groupe de médecins à une
personne habilitée par la loi, ayant notamment pour objet les médicaments, les traitements, les examens ou les
soins à dispenser à une personne ou un groupe de personnes, les circonstances dans lesquelles ils peuvent l’être,
de même que les contre‐indications possibles. L’ordonnance peut être individuelle ou collective (Loi modifiant le
code des professions et d'autres dispositions législatives dans le domaine de la santé).
Une démarche globale en soin de plaies
Les dispositions de la Loi sur les infirmières et les infirmiers ont amené une redéfinition des dimensions
professionnelles relatives à l'évaluation clinique ainsi que le remplacement de la dimension contrôle et supervision
des soins par la dimension coordination des soins qui reflète davantage la collaboration interprofessionnelle. On y
retrouve les composantes suivantes :
La composante professionnelle;
La composante contextuelle;
La composante fonctionnelle.
Dans sa description de la composante professionnelle de l’infirmière, l’OIIQ10 mentionne notamment :
L’évaluation clinique : l’évaluation initiale, l’évaluation en cours d’évolution, les constats de l'évaluation;
Les interventions cliniques : la planification des soins et l’établissement des priorités, la promotion de la
santé et la prévention de la maladie, des accidents, des problèmes sociaux et du suicide, le processus
thérapeutique, la réadaptation fonctionnelle et la qualité de vie;
La continuité des soins : la communication de l’information ainsi que la coordination des soins.
Les démarches cliniques se situent au cœur de notre cadre de référence. Ils représentent la démarche de soins
dans son ensemble et contiennent les données essentielles à l’établissement d’un plan de traitement individualisé.
Quant aux fascicules, ils gravitent autour des démarches cliniques et constituent des éléments de soutien au
jugement clinique de l’infirmière.
9
Leprohon, J. (2010). Mosaïque des compétences cliniques de l’infirmière (2e éd.). Montréal, Québec : OIIQ.
10
Leprohon, J. (2010). Mosaïque des compétences cliniques de l’infirmière (2e éd.). Montréal, Québec : OIIQ.
LE CADRE DE RÉFÉRENCE RELATIF AUX SOINS DE PLAIES CHRONIQUES :
UNE DÉMARCHE GLOBALE
LIMITES PRATIQUES DU CADRE DE RÉFÉRENCE
La notion de compétence professionnelle « fait référence aux connaissances, aux habiletés, aux attitudes et au
jugement nécessaire à l’infirmière pour exercer sa profession ainsi que sa capacité de les appliquer dans une
situation clinique donnée 11». À cet égard, il importe de préciser que le cadre de référence présenté ici vise
principalement l’augmentation des connaissances de l’infirmière œuvrant auprès de la clientèle aux prises avec
une plaie chronique. Or, l’acquisition de connaissances ne constitue que l’étape initiale du processus
d’apprentissage.
Afin d’optimiser la portée de ce document, il est fortement suggéré à ceux et celles qui l’utiliseront de participer à
des activités éducatives complémentaires. Ces formations permettront de développer vos habiletés cliniques et
d’aiguiser votre jugement clinique.
11
Leprohon, J. (2010). Mosaïque des compétences cliniques de l’infirmière (2e éd.). Montréal, Québec : OIIQ.
FASCICULE 1
Processus de cicatrisation
TABLE DES MATIÈRES – FASCICULE 1
LA PEAU ....................................................................................................................................................................................................................................................1
ÉPIDERME ................................................................................................................................................................................................................................................................ 1
MEMBRANE BASALE ................................................................................................................................................................................................................................................... 2
DERME .................................................................................................................................................................................................................................................................... 3
HYPODERME (OU FASCIA SUPERFICIEL) ........................................................................................................................................................................................................................... 3
ANNEXES DE LA PEAU ................................................................................................................................................................................................................................................. 3
FONCTIONS DE LA PEAU ............................................................................................................................................................................................................................4
RÉSISTANCE DE LA PEAU .............................................................................................................................................................................................................................................. 5
ÉLASTICITÉ DE LA PEAU ............................................................................................................................................................................................................................................... 5
PROTECTION/FONCTION BARRIÈRE ................................................................................................................................................................................................................................ 5
IMMUNISATION ......................................................................................................................................................................................................................................................... 6
THERMORÉGULATION/RÉGULATION DU DÉBIT SANGUIN .................................................................................................................................................................................................... 6
SENSATION ............................................................................................................................................................................................................................................................... 8
MÉTABOLISME/SYNTHÈSE DE LA VITAMINE D .................................................................................................................................................................................................................. 8
COMMUNICATION ..................................................................................................................................................................................................................................................... 8
FACTEURS ALTÉRANT LES CARACTÉRISTIQUES DE LA PEAU ........................................................................................................................................................................9
ÂGE ........................................................................................................................................................................................................................................................................ 9
L’HYDRATATION ...................................................................................................................................................................................................................................................... 12
LES PRODUITS CHIMIQUES ......................................................................................................................................................................................................................................... 12
LA NUTRITION ......................................................................................................................................................................................................................................................... 12
LE TABAC ............................................................................................................................................................................................................................................................... 12
L’OBÉSITÉ............................................................................................................................................................................................................................................................... 13
MÉDICATION .......................................................................................................................................................................................................................................................... 13
ALLERGÈNES ET IRRITANTS ......................................................................................................................................................................................................................................... 13
TYPES DE PLAIES ..................................................................................................................................................................................................................................... 14
DÉFINITIONS ........................................................................................................................................................................................................................................................... 14
SELON L’ÉTIOLOGIE .................................................................................................................................................................................................................................................. 14
SELON L’ATTEINTE TISSULAIRE .................................................................................................................................................................................................................................... 15
SELON LE TYPE DE CICATRISATION ................................................................................................................................................................................................................................ 16
LE PROCESSUS DE CICATRISATION D’UNE PLAIE ....................................................................................................................................................................................... 17
LE PROCESSUS DE CICATRISATION D’UNE PLAIE CHRONIQUE ET SON ENVIRONNEMENT MOLÉCULAIRE ........................................................................................................................................ 20
PROCESSUS DE CICATRISATION NORMAL ....................................................................................................................................................................................................................... 20
PROCESSUS DE CICATRISATION D’UNE PLAIE CHRONIQUE .................................................................................................................................................................................................. 20
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 1 – Processus de cicatrisation i
LA PEAU
La peau est le plus grand organe du corps humain. Elle est composée de trois couches :
Épiderme
Derme
Hypoderme
Source : biologie de la peau
Épiderme Les nouvelles cellules (kératinocytes) sont produites dans la couche basale et migrent à la surface. Pendant la migration, elles
perdent leurs noyaux et subissent une différenciation terminale qui leur permet de produire une barrière efficace lorsqu’elles
atteignent la surface. L’épiderme est avasculaire. (Doughty et McNichol, 2016; Bryant et Nix, 2016)
Couche cornée Couche externe riche en lipides (protège), constituée de Les cellules squameuses
kératinocytes morts, anucléés, composés à 80 % de kératine. mortes à la surface
(stratum corneum)
Les kératinocytes sont des cellules qui sécrètent et synthétisent de la peau
la kératine (protéine).
Couche claire ou transparente Couche de transition présente sur la paume des mains et la plante
(stratum lucidum) des pieds (là où la peau a besoin d’être plus épaisse), mais absente
sur le reste du corps humain.
Couche granuleuse Délimite les couches profondes et les couches superficielles.
(stratum granulosum) Les protéines comprises dans les granules aident à organiser les
filaments de kératine dans l’espace intracellulaire.
Couche de Malpighi Couche où débute la kératinisation (forte concentration de
(stratum spinosum) desmosomes qui servent à augmenter l’adhésion entre les cellules
et augmentent la résistance à des forces mécaniques).
Couche basale Présence de kératinocytes (cellules à l’origine du renouvellement
(stratum basale ou germinativum) de l’épiderme), de mélanocytes (responsable de la couleur de la
peau) et de cellules de Merkel (récepteurs sensitifs du toucher).
Anatomie de l’épiderme
Source : https://hubpages.com/education/5‐Layers‐And‐Cells‐of‐the‐Epidermis
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 1 – Processus de cicatrisation 1
Membrane basale
Zone d’ancrage entre l’épiderme et le derme. Composée de fibronectine (une glycoprotéine adhésive), de collagène de type IV et de glycosaminoglycanes.
Membrane basale
Source originale : https://jacqueshenry.wordpress.com/2014/02/23/deja‐de‐la‐peau‐par‐impression‐3d‐et‐ensuite/Wyss Institute
Elle est affaiblie chez les personnes âgées (augmente le risque de phlyctènes, de déchirures cutanées) et chez les usagers atteints d’une maladie bulleuse.
Épiderme Sérum
Derme
Source : Escarre.fr
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 1 – Processus de cicatrisation 2
Derme
Derme papillaire
Forme les zones d’ancrage avec l’épiderme.
Derme réticulaire
Forme la base du derme. Est plus épais au niveau du dos, de la tête, du front, de l’abdomen, des poignets, des cuisses et des paumes (2‐4 mm). Contient la matrice
extracellulaire (MEC) composée principalement de fibres de collagène et d’élastine. Constitue le tissu de soutien et de nutrition de la peau. On y retrouve des :
fibroblastes, macrophages, mastocytes et lymphocytes;
vaisseaux sanguins (jonction ou anastomose artérioveineuse), vaisseaux lymphatiques et nerfs (sensation de chaleur, de froid, de douleur, de pression,
de chatouillement et de démangeaison);
follicules pileux, glandes sébacées et glandes sudoripares.
C’est à ce niveau que l’on retrouve les problématiques de télangiectasie, d’hémangiome, de psoriasis et de sclérodermie.
Hypoderme (ou fascia superficiel)
Forme la couche sous‐cutanée sous le derme. C’est une couche de tissu adipeux contenant un plexus de vaisseaux sanguins. L’hypoderme sert de zone d’attache du derme
aux structures sous‐jacentes.
Les fonctions de l'hypoderme sont :
zone d'attache du derme aux structures sous‐jacentes;
isolation du corps;
réserve d'énergie;
amortissement des chocs;
augmentation de la mobilité de la peau (moins d'effet de cisaillement par rapport aux structures sous‐jacentes).
On y retrouve aussi une extension des follicules pileux, des glandes apocrines et eccrines.
L'hypoderme est absent dans les pathologies telles que le syndrome de Werner et la sclérodermie (Bryant et Nix, 2016).
Annexes de la peau
Glandes sudoripares (sébacées).
Le derme est composé de deux millions de glandes sudoripares. Il existe deux types de glandes sudoripares :
Glandes eccrines : principalement présentes au niveau de la paume des mains et de la plante des pieds. Ces glandes sont sous le contrôle du système nerveux et
répondent aux différences de température du corps (interne et externe), aux stimuli émotionnels (émotions, stress, douleur) et aux activités physiques. Sécrètent
une sueur aqueuse (99 à 99,5 % d’eau) et salée (NaCl, urée, sulfates et phosphates) avec un pH légèrement acide (5,54 à 6,8). Cette acidité associée aux substances
antimicrobiennes naturelles présentes dans le sébum et à la flore microbienne cutanée retarde la croissance des microorganismes. L’odeur qui se dégage de la sueur
est le résultat d’une action bactérienne (Bryant et Nix, 2016).
Glandes apocrines : principalement associées aux follicules pileux, elles n’ont pas de rôle significatif dans la thermorégulation, mais est présente lors d'un stimuli émotionnel
ou d'un stress. Elles se situent principalement au niveau des aisselles, du pourtour du mamelon et de la région périanale. Des glandes cousines de celles‐ci se retrouvent dans
l’oreille et sécrètent le cérumen. On compte environ 100 000 glandes apocrines dans le corps humain et chacune mesure de 2 à 3 mm de diamètre. Elles sécrètent en
petite quantité et leur sécrétion contient du fer, des carbohydrates et des lipides. (Bryant et Nix, 2016).
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 1 – Processus de cicatrisation 3
FONCTIONS DE LA PEAU
La peau constitue l’interface entre l’organisme et l’environnement extérieur. Qu’elles soient d’ordre physique (facteurs mécaniques, thermiques, rayonnements UV, etc.),
chimique (tensioactifs, solvants, allergènes, etc.) ou biologique (agents infectieux), le tissu cutané est quotidiennement soumis à de multiples agressions. En plus de sa
fonction de barrière, la peau permet de lutter contre la déshydratation en limitant la diffusion de l’eau hors de l’organisme. Est en grande partie assurée par la couche la
plus superficielle de la peau, l’épiderme. On parle alors de « barrière épidermique ». La fonctionnalité de cette dernière est dépendante de la mise en place de différents
systèmes très sophistiqués lui assurant de multiples rôles. Ainsi, l’épiderme joue à la fois un rôle de barrière hydrique, physique, anti‐oxydante, photo‐protectrice mais
également antimicrobienne (Reynier et Simon, 2016).
UV, micro‐organismes,
stress mécanique,
stress oxydant, etc.
Déshydratation
Barrière hydrique
‐ Lipides intercornécytaires
‐ Jonctions serrées Barrière antioxydante
‐ Facteur Naturel d’Hydratation ‐ Mécanismes enzymatiques
‐ Mécanismes moléculaires
Barrière physique Barrière antimicrobienne
‐ Enveloppe cornée ‐ pH couche cornée
‐ Matrice intracornéocytaire Barrière photoprotectrice ‐ Peptide et lipides antimicrobiens
‐ Desmosomes/ cornéodesmosomes ‐ Structure couche cornée ‐ Cellules de Langerhans
‐ Acide urocanique
‐ Mélanogenèse
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Résistance de la peau
Due au collagène sécrété et synthétisé par les fibroblastes du derme.
Élasticité de la peau
Due à l’élastine sécrétée et synthétisée par les fibroblastes du derme.
Protection/fonction barrière
Une barrière physique
Protège contre l’environnement extérieur (ex. : invasion de microorganismes, rayons ultraviolets, pénétration de liquides) et la perte de liquides corporels. Essentiellement
synthétisés par les kératinocytes et issus de la sécrétion des corps lamellaires, les lipides de la couche cornée présentent une composition bien spécifique. Les principaux
lipides présents dans la couche cornée sont :
les céramides (45‐50 % en masse);
le cholestérol (25 % en masse);
les acides gras libres (10‐15 % en masse);
les autres espèces lipidiques tels que phospholipides et sulfate de cholestérol (5‐10 % en masse).
La composition et l’organisation inhabituelles de ces lipides limitent la pénétration des molécules non liposolubles à travers la couche cornée. Il est important de noter que
la composition lipidique de la couche cornée varie selon l’âge, le sexe, la région anatomique et les saisons. Les espaces intercornéocytaires les plus superficiels contiennent
également des triglycérides et des cires qui recouvrent la peau et sont sécrétés par les glandes sébacées (Reynier et Simon, 2016).
Une barrière antioxydante
En contact direct avec l’environnement extérieur, la peau constitue une cible privilégiée du stress oxydatif (Vermeij et al, 2011). En effet, il existe de nombreux facteurs
exogènes oxydants parmi lesquels nous retrouvons les agents polluants, les radiations ionisantes et non‐ionisantes. La peau subit également l’effet pro‐oxydant de facteurs
endogènes tels que les réactions chimiques de divers systèmes enzymatiques ou secondaires à l’inflammation (psoriasis ou autres pathologies inflammatoires cutanées).
L’action de ces différents facteurs se traduit par la production d’espèces réactives de l’oxygène (ROS), également dénommées dérivés réactifs de l’oxygène, qui se forment
secondairement à une réduction incomplète de l’oxygène. Ces composés participent à des réactions d’oxydation physiologiquement indispensables mais peuvent, dans
certaines conditions, être également nuisibles. En effet, ils peuvent être responsables de réactions d’oxydation irréversibles à l’origine de cassures et mutations de l’ADN,
d’inactivations des protéines et de peroxydations lipidiques. Au niveau cutané, cela se traduit sous différentes formes : altération de l’élasticité tissulaire, vieillissement
précoce, inflammation, anomalies de kératinisation ou encore développement de cancer (Reynier et Simon, 2016).
Une barrière de photoprotection
« La peau constitue la première cible des rayonnements UV. Ces derniers peuvent induire divers dommages cutanés qui, à long terme, sont à l’origine du photo‐
vieillissement et de la photo‐carcinogénèse cutanée. » (Reynier et Simon, 2016)
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Immunisation
L’épiderme est sans cesse exposé aux micro‐organismes dont certains peuvent être pathogènes. Pour lutter contre cette agression, les kératinocytes et les cellules de
Langerhans, jouent un rôle majeur de barrière immunologique. Les kératinocytes et les cellules de Langerhans sont de véritables sentinelles immunologiques, reconnaissent
des structures moléculaires particulières à la surface des micro‐organismes par des récepteurs de danger (protéines PRR pour « Pattern Recognition Receptors »), en
particulier les récepteurs de type TLR (Toll‐Like receptor) ou de type NLR (Nod‐Like Receptors). Ces cellules, une fois activées, sont capables de phagocytose et de
présentation des antigènes microbiens aux lymphocytes (cellules de Langerhans), produisent des peptides antimicrobiens (kératinocytes), des chimiokines ou d’autres
médiateurs chimiques.
Cette composante immunologique est complétée par une composante structurale :
le processus de desquamation qui assure l’élimination des cornéocytes de surface et des micro‐organismes installés;
la structure quasi‐infranchissable que représente la couche cornée;
le pH acide (4,5‐6,5) inhibe la croissance microbienne;
le faible taux d’humidité de la couche cornée;
la température de la peau inférieure à 37 °C est défavorable à la croissance bactérienne;
la présence de peptides et lipides antimicrobiens font [sic] de l’épiderme un véritable défenseur contre l’infection (Reynier et Simon, 2016).
Thermorégulation/Régulation du débit sanguin
L’organisme peut être représenté comme un noyau central producteur de chaleur (= muscles squelettiques + viscères + système nerveux central) entouré par une
enveloppe (la peau) dont la capacité en tant qu’isolant thermique peut varier. La peau échange de la chaleur avec le milieu ambiant et le sens et l’intensité de ces échanges
dépendent de la température de l’environnement et du pouvoir d’isolation thermique de la peau. Il existe quatre modalités d’échange de chaleur entre la peau et le milieu
environnant : la radiation, la convection, la conduction, et l’évaporation. La thermorégulation représente l’ensemble des processus permettant à l’homme de maintenir sa
température interne dans des limites normales quel que soit son niveau métabolique ou la température du milieu ambiant. Elle repose sur un équilibre constant entre les
apports et les pertes de chaleur. C’est l’hypothalamus qui est le centre de contrôle de la thermorégulation (Sommet, 2013).
Bien que relativement stable, la température centrale subit des variations secondaires à différents facteurs :
Variations physiologiques de la température
Rythme nycthéméral : La température centrale augmente en cours de journée pour atteindre son maximum (de plus 0,5 °C) autour de 17 heures. Cette augmentation
s’explique par la production de chaleur due à l’activité musculaire. La température minimale s’observe entre 3 et 5 heures du matin, du fait du repos physique et de
l’influence du sommeil lent. En effet, les phases de sommeil lent s’accompagnent d’une diminution de la température de référence. Il s’agit de la température vers laquelle
tendent les mécanismes de thermorégulation (Sommet, 2013).
Progestérone : Cette hormone agit sur les centres hypothalamiques thermorégulateurs pour aboutir à une augmentation de 0,5 °C de la température corporelle (Flynn et
al., 1991, cité dans Sommet, 2013).
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Âge : Les mécanismes de thermorégulation diffèrent aux âges extrêmes de la vie, chez le nouveau‐né ou chez la personne âgée. En raison de l’immaturité du système
nerveux central du nouveau‐né, la température de ce dernier s’avère très irrégulière. Chez le sujet âgé, la température corporelle diminue par rapport aux sujets
plus jeunes, par le biais de différents mécanismes :
la production de chaleur s’avère en général moindre en raison d’une diminution de l’activité physique;
une diminution du débit sanguin entrainant une diminution de la capacité de déperdition de chaleur;
on note aussi une diminution de l’activité nerveuse sympathique cutanée lors de l’exposition à la chaleur (diminution de 61 %) (Grassi et al., 2003, cité dans
Sommet, 2013).
Activité physique : L’énergie musculaire est libérée à 75 % sous forme de chaleur, le quart restant étant converti en travail. En raison de cette production de chaleur,
l’organisme doit ajuster ses pertes de chaleur en conséquence, en fonction des conditions ambiantes (Sommet, 2013).
Émotions : « Les stimuli émotionnels peuvent entrainer une augmentation de la température de l’organisme allant parfois jusqu’à +2 °C, par stimulation de l’activité
orthosympathique. » (Sommet, 2013)
Les échanges thermiques
Les échanges thermiques de l’organisme avec le milieu ambiant ont lieu selon différentes formes. En général, la température périphérique (représentée par la peau et le
tissu sous‐cutané) est inférieure à la température centrale (constitué des organes thoraciques, des viscères abdominaux, du système nerveux central et des muscles
squelettiques). La température du noyau central reste relativement stable autour de 37 °C. En revanche, la température de l’enveloppe peut varier de façon importante,
d’une amplitude allant de 20 °C à 40 °C sans conséquence néfaste pour l’organisme. C’est l’existence de ce gradient qui permet une perte de chaleur de la profondeur à la
surface du corps, puis de celle‐ci vers le milieu ambiant. En fonction des conditions extérieures notamment en cas de forte chaleur, le gradient peut s’inverser (Sommet,
2013).
Les échanges thermiques de l’organisme avec le milieu ambiant ont lieu selon les formes suivantes :
Perte par radiation : représente le principal mode de perte de chaleur (environ 60 % de la perte de chaleur, dans des conditions ambiantes tempérées).
L’organisme émet de la chaleur sous forme de rayonnement infrarouge vers les objets ou les surfaces plus froids l’entourant.
Perte par convection ou conduction : Les pertes de chaleur entre l’organisme et le milieu extérieur s’effectuent aussi par convection (15 % de la chaleur
perdue) et par conduction (3 %). La quantité perdue dépend de la différence du gradient de température entre la peau et les liquides et solides avec lesquels
elle est en contact.
Perte par évaporation : Chaque expiration respiratoire induit l’élimination de vapeur d’eau. La quantité diffusée par cette voie dépend de la saturation en eau
de l’air inspiré.
o La perte d’eau éliminée par diffusion passive respiratoire représente en moyenne 300 ml par jour, soit une perte de chaleur de 200 kcal.
o L’eau éliminée par diffusion passive cutanée, après passage à travers l’épiderme, représente une quantité environ deux fois plus importante : environ 600 à
800 ml par jour, soit une perte de 400 kcal (Sommet, 2013).
Perte par sudation : La transpiration s’avère un mécanisme actif, permettant une évaporation d’eau. L’évaporation de la sueur ne pourra pas s’effectuer si l’air
est saturé en vapeur d’eau. Ceci explique que la chaleur en milieu sec se supporte beaucoup mieux qu’en milieu humide. Lorsque la température ambiante
dépasse la température corporelle, la sudation reste le seul mécanisme permettant une perte de chaleur de l’organisme (Sommet, 2013).
.
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La thermorégulation : représente l’ensemble des processus permettant à l’homme de maintenir sa température interne dans des limites normales quel que soit
son niveau métabolique ou la température du milieu ambiant. Elle repose sur un équilibre constant entre les apports et les pertes de chaleur.
Apports de chaleur : Dans des conditions normales, l’organisme dispose de deux possibilités lui permettant d’emmagasiner de la chaleur : la production interne
par métabolisme, et l’absorption de chaleur du milieu extérieur. La thermogenèse (production interne de chaleur) représente la principale source d’apport de
chaleur à l’organisme.
Il est estimé que pour chaque augmentation de la température corporelle de 1 °C, le besoin de liquide et de calories augmente de 13 %. Au repos, le tronc, les
viscères et le cerveau requièrent 79 % de la production de chaleur. Durant un exercice, les muscles et la peau requièrent 90 % de la production de chaleur
(WOCN, 2016).
Sensation
La présence de récepteurs sensoriels afférents permet de percevoir le toucher, la pression, la douleur, le chaud, le froid et de réagir à ces stimuli. Les mécanorécepteurs
responsables du toucher et de la pression sont : cellules de Merkel, corpuscules de Meissner, corpuscules de Pacini et de Ruffini.
Métabolisme/Synthèse de la vitamine D
La présence de rayons ultraviolets permet à la peau de synthétiser la vitamine D. Cette dernière participe au métabolisme de calcium et du phosphate qui sont importants
dans la minéralisation des os. La synthèse de la vitamine D est plus importante chez les individus dont la peau est peu pigmentée que ceux qui ont une forte pigmentation
(WOCN, 2016; Bryant et Nix, 2016).
Communication
Organe d’identification et de communication. Elle reflète les émotions et a une fonction esthétique.
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FACTEURS ALTÉRANT LES CARACTÉRISTIQUES DE LA PEAU
Âge
La peau protège et isole l'organisme du monde environnant. De ce fait, elle est exposée à de nombreuses agressions extérieures qui altèrent progressivement sa structure
et majorent l'effet du vieillissement. Elle subit, comme les autres organes du corps, l'effet de la sénescence cellulaire et devient le témoin visible du vieillissement.
On distingue deux types de vieillissement cutané : le vieillissement dit intrinsèque, génétiquement programmé, qui touche préférentiellement les zones non exposées et le
vieillissement dit extrinsèque lié aux facteurs environnementaux.
Le vieillissement intrinsèque
Au niveau de l'épiderme, on observe une baisse de l'hydratation de la couche cornée. Le taux de renouvellement cellulaire diminue, ce qui explique le
ralentissement des mécanismes de cicatrisation. Celui‐ci est associé à une réduction de l'épaisseur de l'épiderme par disparition des papilles dermiques qui
permettent l'ancrage de l’épiderme au derme. Cette altération est responsable de l'apparition de déchirures cutanées. Le nombre de mélanocytes diminue,
induisant une baisse du rôle protecteur des rayonnements UV du soleil. De même, on observe une réduction de la quantité de cellules de Langerhans, responsables
de la réponse immunitaire de la peau. La protection mécanique est modifiée par l’amincissement de la graisse sous‐cutanée et l’altération de la jonction dermo‐
épidermique.
Au niveau du derme, la vascularisation s'appauvrit et se caractérise par une pâleur cutanée, une baisse de la température de la surface de la peau et une
perturbation de la thermorégulation. La quantité de collagène s’appauvrit régulièrement avec l'âge. Ce mécanisme accentue la perte d'épaisseur et de souplesse de
la peau. Le nombre et la qualité des fibres d'élastine se réduisent également, altérant l'élasticité du derme. Le nombre de fibroblastes diminue ainsi que leurs
capacités de synthèse et de prolifération.
Au niveau des phanères, on observe un ralentissement de la croissance unguéale associé à un amincissement de l'ongle. La quantité de glandes sudoripares qui
interviennent normalement dans la thermorégulation diminue. Le nombre de glandes sébacées est stable mais la réduction de la production de sébum augmente la
perte d'élasticité cutanée. Les corpuscules de Pacini et de Meissner, responsables de la sensation de pression et de sensation, diminuent avec l'âge et cette
réduction augmente le risque de développer une plaie. Le nombre de mélanocytes chute entraînant un grisonnement des poils et des cheveux (Faucher et Cudennec,
2003).
Manifestations cliniques
Ces modifications « se traduisent par des signes visibles au niveau de la peau et des phanères. Il s'agit de l'apparition des rides, de xérose cutanée, d'angiomes séniles, de
proliférations épithéliales bénignes. » (Faucher et Cudennec, 2003)
L'atrophie cutanée est un des premiers signes du vieillissement responsable de la formation des rides d’abord sur le visage puis sur le reste du corps. L'épiderme est
aminci, plissé formant des ridules à la surface de la peau. Les rides d'expression sont accentuées, le réseau veineux est plus visible. Le derme et l'hypoderme
fondent, la peau devient plus lâche avec sous l'effet de la gravité, apparition de grands plis au niveau des bras, des cuisses, de l'abdomen et du dos. Une fragilité et
une moindre résistance aux microtraumatismes sont également observées (Faucher et Cudennec, 2003).
o Modifications de la membrane basale (zone d’ancrage) : risque accru de déchirures cutanées secondaires au grattage, à des traumatismes, à la friction, au
cisaillement et au retrait des produits adhésifs.
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Avec la xérose (sécheresse cutanée), la peau devient squameuse, rugueuse et terne avec perte de sa souplesse ce qui la rend plus fragile. L'association d'une diminution de
la concentration en lipide dans la peau, la réduction de la fonction sébacée et de la sécrétion sudorale est responsable de l'apparition de prurit (Faucher et Cudennec, 2003).
Il est suggéré :
o d’employer un savon doux et non parfumé;
o d’appliquer régulièrement une crème hydratante non parfumée;
o de diminuer la fréquence des bains et privilégier l’eau tiède.
Consulter Traitements locaux (F10)
Les angiomes séniles (ou tâches rubis) sont « de petites lésions régulières, rondes, bien circonscrites, rouge vif, répandues sur le tronc. Elles sont dues à la dilatation
de capillaires. Leur nombre augmente avec l'âge. Au niveau des lèvres, les angiomes se traduisent par une tache molle, bleutée ou violacée parfois en relief […] Des
varicosités se développent fréquemment sur les doigts et la paume des mains. » (Faucher et Cudennec, 2003)
Le purpura sénile de Bateman correspond à des tâches purpuriques […] au niveau du dos de la main, des avant‐bras et de la face antérieure des jambes. Elles
surviennent soit spontanément soit lors de traumatismes minimes. Elles régressent en quelques jours mais peuvent réapparaître laissant parfois une cicatrice plus
ou moins pigmentée. Elles sont liées à l'atrophie cutanée et peuvent s'aggraver en cas de corticothérapie […]
Les cicatrices stellaires sont des taches blanches, linéaires, […] apparaissant sur le dos de la main et sur les avant‐bras. Elles surviennent spontanément sur une peau
fragilisée et sont souvent associées à un purpura de Bateman (Faucher et Cudennec, 2003).
Au niveau des phanères, « les cheveux deviennent gris, fins, se raréfient et poussent plus lentement. On note une diminution des poils pubiens et axillaires qui
grisonnent moins vite. Les poils du nez, des oreilles et les sourcils deviennent plus abondants. Chez la femme, on voit se majorer une pilosité au niveau du menton et
de la région labiale. Les ongles sont ternes, cassants et poussent moins vite. » (Faucher et Cudennec, 2003)
Les tumeurs cutanées bénignes sont très fréquentes et augmentent avec l'âge. Les verrues séborrhéiques résultent d'un épaississement de l'épiderme par
accumulation de kératinocytes immatures plus ou moins chargés de mélanine, ce qui explique la coloration variable de ces lésions. Elles sont souvent multiples,
prédominantes au tronc, mobiles, superficielles et bien limitées. Les adénomes sébacés séniles siègent essentiellement au niveau du visage sous forme de petits
nodules blanc‐jaunâtres, indolores, fermes, le plus souvent multiples. Ils résultent de l'hyperplasie des glandes sébacées. Le molluscum pendulum correspond à une
tumeur conjonctive de petite taille, molle, en battant de cloche, siégeant dans les zones de plis et de frottement : cou, abdomen, régions axillaire et inguinale.
Enfin, il existe une diminution puis une disparition des grains de beauté ou naevus pigmentaires. Les muqueuses palissent et ont tendance à se kératiniser (Faucher
et Cudennec, 2003).
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 1 – Processus de cicatrisation 10
Le vieillissement extrinsèque
S’ajoutant au vieillissement intrinsèque, le vieillissement extrinsèque est essentiellement lié au soleil mais aussi à d'autres facteurs environnementaux comme le froid, le
vent, la chaleur, la pollution, le tabac, l'alcool. Le diabète ou la prise de corticoïdes accélèrent également ce processus […]
La peau conserve en mémoire les doses de rayons ultraviolets (UV) cumulés tout au long de la vie. Les UVB sont absorbés par l'épiderme et aggravent l'atrophie de
l'épiderme. Ils entraînent l'apparition d’une hyperkératose et augmentent le risque de survenue de cancers épithéliaux […] Les UVA […] agissent au niveau du derme en
altérant le collagène et en réduisant le nombre de fibres d'élastines et génèrent une élastose actinique. Les différents rayonnements activent la prolifération mélanocytaire
et l'excès de sécrétion de mélanine dans les kératinocytes, responsables de l'apparition de zones hyperpigmentées (Faucher et Cudennec, 2003).
Manifestations cliniques
Les modifications pigmentaires correspondent à l’apparition de taches plus ou moins colorées, irrégulières accompagnées de télangiectasies. Les taches solaires ou
lentigos séniles sont très fréquentes et touchent préférentiellement les mains et le visage mais aussi les avant‐bras et le décolleté postérieur. Ce sont des macules à
surface plane, de coloration brune plus ou moins foncée, bien limitées […].
L’élastose est représentée par une peau jaunâtre se situant sur le front, le nez, les tempes et autour de la bouche. La peau est épaissie, jaunâtre, rugueuse avec des
pores élargis (Faucher et Cudennec, 2003).
Prévention
L’environnement : Le taux d’humidité et la température ambiante influencent l’hydratation de la peau.
o Un environnement trop sec provoque une déshydratation et du prurit.
o Un environnement avec présence de monoxyde de carbone influence la saturation en oxygène de l’hémoglobine.
La photo‐exposition représente le risque majeur de vieillissement accéléré et d’apparition de lésions.
o Il faut éviter les expositions solaires directes et indirectes en été comme en hiver, entre 11 h et 16 h et se méfier de la réflexion des UV par la neige, l'eau ou le
sable. Il convient de porter des vêtements protecteurs sans oublier chapeau et lunettes […] Les crèmes solaires […] ne sont qu'une barrière transitoire et doivent
être renouvelées régulièrement.
o Il faut se méfier des médicaments photo‐sensibilisants comme certains antibiotiques ou les anti‐inflammatoires non stéroïdiens (AINS) (Faucher et Cudennec,
2003).
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L’hydratation
L’hydratation normale de la peau se fait par la sécrétion de sébum et la présence de kératine dans une couche cornée intacte. L’application d’émollient sur la peau
remplace la fonction naturelle de la peau comme barrière lorsqu’il y a perte de sébum ou évaporation. L'application d’une lotion ou d'une crème hydratante
immédiatement après le bain ou la douche permet d'augmenter l'hydratation de celle‐ci (Bryant et Nix, 2016; Faucher et Cudennec, 2003).
Consulter Traitements locaux (F10)
Les produits chimiques
L’utilisation de savons, de solvants et de détergents alcalins diminue l’épaisseur des cellules de la couche cornée et assèche la peau. Généralement, les savons émulsifient
les lipides de la peau et les éliminent. Une utilisation trop fréquente de savon interfère avec la capacité de la peau de retenir l’eau et diminue, par le fait même, la
résistance de la peau aux bactéries. L'alcool et l’acétone peuvent aussi contribuer à la perte de lipides.
Porter une attention aux choix des savons, car ils sont habituellement alcalins (modifient le pH de la peau). Après un nettoyage normal (bain, douche…), une période de
45 minutes est nécessaire pour que le pH de la peau revienne à la normale (5,5). Ce délai peut s'étendre jusqu’à 19 heures à la suite de séances de nettoyage prolongées
(Bryant et Nix, 2016).
Consulter Traitements locaux (F10)
La nutrition
L’intégrité d’une peau en santé et normale peut être maintenue par un apport adéquat de protéines, de carbohydrates, de gras, de vitamines et de minéraux. En présence
d’une altération de la peau ou d’une plaie, un supplément nutritionnel de certaines substances telles que la vitamine C pour la formation du collagène peut être bénéfique
(Bryant et Nix, 2016).
Consulter Contraintes à la cicatrisation (F2) et Traitements locaux (F10)
Le tabac
Le tabac diminue le flot sanguin des capillaires et change le gradient d’oxygène de la peau par son effet vasoconstricteur. Chez les fumeurs, le derme possède une
concentration diminuée en fibres de collagène et d’élastine, ce qui engendre une peau moins élastique et plus dure, notamment en raison de l’augmentation de l’oxygène
réactif et des métalloprotéases. Le tabagisme augmente le phénomène d’élastose (hyperplasie du tissu élastique) photo‐induite (vieillissement cutané provoqué par soleil)
et contribue à l’apparition prématurée de rides, de télangiectasie, d’une peau rugueuse et de dysplasie des kératinocytes (Bryant et Nix, 2016, Faucher et Cudennec, 2003).
Consulter Contraintes à la cicatrisation (F2)
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L’obésité
L’obésité (IMC > 30) est un facteur de risque pour bon nombre de problèmes cutanés. Elle contribue à une augmentation du risque de développement des mélanomes et
des cancers de la peau, ainsi que de processus inflammatoires prolongés avec présence de psoriasis et autres dermatoses. À cette liste s’ajoutent le lymphœdème, les
cellulites, les hydradénites suppurantes, l’intertrigo, les infections fongiques et autres infections cutanées (mycobactériennes, virales…). Il a été démontré que la barrière
cutanée est également altérée chez l’usager obèse due à une perte d’eau transépithéliale plus importante, et ce, dans le but d’assurer une thermorégulation efficace. La
personne obèse a donc une peau plus sèche (Bryant et Nix, 2016).
Consulter Contraintes à la cicatrisation (F2)
Médication
Plusieurs médicaments affectent la peau et la prévalence des réactions cutanées varie de 2 à 3 % chez la clientèle hospitalisée. Certains médicaments comme la cortisone
vont interférer avec la régénération et la synthèse du collagène, d’autres vont causer de la photosensibilité et des réactions phototoxiques. Parmi les catégories pouvant
affecter la peau, nous retrouvons les antibactériens, les antihypertenseurs, les analgésiques, les antidépresseurs tricycliques, les antihistaminiques, les agents
antinéoplasiques, les antipsychotiques, les diurétiques, les agents hypoglycémiants, les agents contraceptifs (Bryant et Nix, 2016).
Consulter Contraintes à la cicatrisation (F2)
Allergènes et irritants
Les métaux tels que le nickel, le cobalt, l’or et le chrome; les plantes telles que l’herbe à poux, le sumac vénéneux, la camomille; la nourriture telle que les tomates, les
mangues, les citrons, l’ail, les champignons shiitake sont considérés comme des allergènes. Le nickel est reconnu comme étant le plus commun de ceux‐ci avec une
prévalence de 28 % chez la femme et de 5 % chez l’homme. À cela s’ajoutent les réactions cutanées associées aux produits naturels ainsi qu’aux produits cosmétiques qui
contiennent des fragrances, des agents de conservation et des antioxydants (Bryant et Nix, 2016).
Consulter Traitements locaux (F10)
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TYPES DE PLAIES
Définitions
Une plaie aiguë guérit en quelques jours ou quelques semaines. Selon Moulin (2001), elle guérit en général selon un processus de réparation dont les phases se déroulent
de manière ordonnée et au moment opportun pour aboutir au rétablissement soutenu de l’intégrité anatomique et fonctionnelle.
Une plaie chronique peut persister pendant des mois, voire des années. Moulin (2001) précise que ce type de plaie ne guérit pas selon une séquence prévisible
d’événements biologiques. Le déroulement de la cicatrisation semble bloqué à la phase inflammatoire et proliférative, créant des conditions propices à une nouvelle
agression des tissus, à l’infection et à l’inflammation qui entravent la fermeture de la plaie. Ces plaies sont causées fréquemment par un état vasculaire compromis, une
inflammation chronique, des traumatismes répétés aux tissus et entravent le processus de cicatrisation normale.
Les plaies peuvent être classées selon leur étiologie, leur atteinte tissulaire ou leur type de cicatrisation.
Selon l’étiologie
Plaies chirurgicales
Source : CIUSSS de l’Estrie – CHUS
Source : CIUSSS de l’Estrie – CHUS Source : CIUSSS de l’Estrie – CHUS
Aiguës Chroniques
Incision Plaies infectées
Excision Déhiscence de la plaie
Site donneur de greffe Cicatrisation par seconde intention
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Plaies non chirurgicales
Source : CIUSSS de l’Estrie – CHUS Source : CIUSSS de l’Estrie – CHUS
Aiguës Chroniques
Brûlure Lésion de pression
Abrasion Ulcère des membres inférieurs (veineux, artériel, mixte)
Déchirure cutanée Ulcère du pied diabétique
Lacération/traumatisme Plaie néoplasique
Selon l’atteinte tissulaire
Épaisseur partielle
Limitation de l’atteinte aux couches de la peau, mais ne pénètre pas sous le derme. La cicatrisation se fera par réépithélialisation ou régénération.
Épaisseur totale
Atteinte des couches de l’épiderme, du derme s’étendant jusqu’au tissu sous‐cutané; peut impliquer les structures profondes (ex. : muscles, tendons, ligaments, os). La
cicatrisation se fera au moyen de la néovascularisation (angiogenèse), de la fibroplasie (formation de tissus fibreux), de la contraction et de la migration des cellules
épithéliales à partir des bords de la plaie (Bryant et Nix, 2016; Goldberg et al., 2014).
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Selon le type de cicatrisation
Intention Description
Cicatrisation par 1re intention (primaire) Plaie fermée dont les bords sont réunis à l’aide de points de suture, d’agrafes, de diachylons de
Exemple : plaie chirurgicale rapprochement ou de colle tissulaire.
Processus de cicatrisation rapide avec peu de tissu cicatriciel.
Synthèse de collagène entre les jours 5 et 9 (produit une certaine induration sur la ligne de suture au
toucher).
Source : CIUSSS de l’Estrie – CHUS
Cicatrisation par 2e intention (secondaire) Plaie ouverte dont les bords ne sont pas rapprochés par une intervention spécifique.
Exemples : lésion de pression, ulcère des membres La cicatrisation s’effectue grâce à un processus de réparation (formation de tissu de granulation et
inférieurs, ulcère de pied diabétique contraction des bords de la plaie).
Processus de cicatrisation lent (phase inflammatoire et proliférative allongée).
Risque d’infection plus élevé, car absence de tissu épithélial (cutané) pour empêcher la prolifération des
microorganismes.
Source : CIUSSS de l’Estrie – CHUS
Cicatrisation par 3e intention (tertiaire) Plaie laissée ouverte dans le but de réduire l’œdème, gérer l’infection ou diminuer la perte tissulaire. Après
Exemple : plaie chirurgicale avec œdème important ou quelques jours, la plaie est fermée à l’aide de points de suture, d’agrafes, de diachylons de greffe ou
infection (fasciotomie) lambeau (source : L’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS), 2015).
Source : CIUSSS de l’Estrie – CHUS
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 1 – Processus de cicatrisation 16
LE PROCESSUS DE CICATRISATION D’UNE PLAIE
Le processus de cicatrisation d'une plaie aiguë se fait selon un processus rapide et une séquence ordonnée d'évènement. Il existe deux moyens de cicatrisation soit :
Régénération : Tissu détruit est remplacé par du tissu de même type provenant du pourtour de la plaie, réépithélialisation.
Réparation : Tissu détruit remplacé par du nouveau tissu qui comble la perte de substance (néovascularisation, fibroplasie), accompagné de la contraction et de la
migration des cellules épithéliales à partir des bords de la plaie. Ce tissu cicatriciel n’a pas les mêmes caractéristiques anatomiques et physiologiques que le tissu initial.
Peu importe le moyen de cicatrisation, le processus de cicatrisation s'effectue grâce à une cascade d’événements représentée par différentes phases :
Globules rouges
Lésion d’un vaisseau
Plaquettes
Plaquettes activées
Caillot
Facteurs de
croissance
et cytokines
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 1 – Processus de cicatrisation 17
Phase Action Processus physiologique
L’hémostase Protection du corps contre une perte de sang 1. Lésion des tissus.
agressive et contre une exposition accrue à la 2. La rupture des vaisseaux sanguins entraine l’épanchement de sang.
Dure quelques minutes contamination bactérienne. 3. L’agrégation des plaquettes (fibrinogène) et la libération de substances
vasoconstrictrices provoquent une coagulation. Le caillot rétablit l’hémostase
Signes cliniques et forme une matrice extracellulaire dans la plaie.
Caillot dans la plaie
Les plaquettes libèrent également des facteurs de croissance. Ces facteurs attirent
et activent (chimiotactisme) les macrophages et les fibroblastes.
La phase inflammatoire Préparation du lit de la plaie à la guérison par 1. Les substances vasodilatatrices et les molécules chimiotactiques attirent vers la
l’autolyse naturelle (« autonettoyage » de la plaie). plaie des neutrophiles (leucocytes polynucléaires) et des macrophages.
Débute quelques minutes 2. Les neutrophiles et les macrophages amorcent la phagocytose afin de détruire
(10‐15) après la lésion Signes cliniques les bactéries, corps étrangers et débris cellulaires présents dans la plaie.
tissulaire et dure jusqu’au Érythème, œdème, chaleur et exsudat +/‐ 3. Lorsque le nettoyage de la plaie est terminé, les neutrophiles sont phagocytés
4e jour de la cicatrisation. abondant par les macrophages.
4. Ensuite, les macrophages libèrent des facteurs de croissance.
Si la plaie est recouverte 5. Les facteurs de croissance attirent les fibroblastes et les cellules endothéliales
d’une escarre ou est vers le lit de la plaie.
infectée, cette phase sera 6. Enfin, les fibroblastes et les cellules endothéliales contribuent à la formation de
prolongée. tissu de granulation.
Les macrophages contribuent à la transition entre la phase inflammatoire et la
phase proliférative.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 1 – Processus de cicatrisation 18
Phase Action Processus physiologique
La phase de prolifération 2. Les macrophages, fibroblastes et cellules endothéliales sont imbriqués dans
(suite) une matrice lâche (matrice extra cellulaire) composée de :
collagène;
fibrine;
fibronectine;
acide hyaluronique.
3. La contraction correspond au mécanisme de réduction de la taille de la plaie et
elle se produit grâce à l’activité des fibroblastes.
4. La réépithélialisation est le renouvellement des cellules de l’épiderme. Elle se
produit grâce à la migration de kératinocytes intacts à partir des bords au
pourtour de la plaie puis la plaie se ferme totalement.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 1 – Processus de cicatrisation 19
Le processus de cicatrisation d’une plaie chronique et son environnement moléculaire
Les plaies chroniques sont souvent la cause d’un processus pathologique sous‐jacent tel qu’une maladie artérielle, une maladie veineuse, une neuropathie, etc. produisant
de façon répétée et prolongée des dommages aux tissus. Un échec dans la correction et le contrôle de la pathologie sous‐jacente engendre un cycle continu de dommages
répétés aux tissus. Lorsque le processus de cicatrisation semble bloqué à la phase inflammatoire et que la plaie ne guérie pas selon une séquence ordonnée d’évènements,
cette dernière devient chronique. Plusieurs éléments jouent un rôle important au cours des phases de cicatrisation tels que les facteurs de croissance, les cytokines, les
protéases et les composantes de la matrice extracellulaire qui sont altérés. Conséquemment, le temps de guérison est plus long d’où le risque accru d’infection (Bryant et
Nix, 2016).
Processus de cicatrisation normal Processus de cicatrisation d’une plaie chronique
Importante activité mitotique Faible activité mitotique
Faible quantité de cytokines inflammatoires Quantité élevée de cytokines inflammatoires
Faible quantité de protéases Quantité élevée de protéases
Bonne capacité mitotique des fibroblastes Présence de cellules sénescentes (vieillissantes)
Présence d’ischémie
Présence de tissus dévitalisés
Quantité augmentée de la charge bactérienne
Destruction de la matrice extracellulaire
Faible quantité de facteurs de croissance
(Bryant et Nix, 2016)
Le processus de cicatrisation s’avère beaucoup plus complexe que ce que l’on pourrait croire. Le niveau de substances inflammatoires présentes dans une plaie chronique
est cent fois plus élevé que dans une plaie aiguë et plusieurs médiateurs chimiques et environnementaux semblent en cause.
On remarque d’importantes anomalies dans la cicatrisation d’une plaie chronique dont les principales sont l’insuffisance de facteurs de croissance et un excès de protéases
entrainant une modification de la matrice extracellulaire et une diminution des fibroblastes. Il semble que les fibroblastes, dans une plaie chronique, ne peuvent répondre
favorablement à certains facteurs de croissance tels les PDGF (de l’anglais platelet‐derived growth factor) et les TGF (de l’anglais transforming growth factor).
Certaines évidences actuelles mentionnent des différences phénotypiques distinctes chez les fibroblastes et les kératinocytes retrouvés dans les plaies chroniques, des
comportements de prolifération cellulaire, ainsi qu’une motilité cellulaire réduite. Ces comportements seraient reliés à des anormalités de la matrice extracellulaire. On
observe également un nombre réduit de sites récepteurs cellulaires pour les facteurs de croissance et une sénescence cellulaire, ce qui entraine une diminution dans la
capacité de proliférer. Il y aurait également une quantité élevée de dérivés réactifs de l’oxygène (DRO ou ROS) qui causerait des dommages à l’ADN et une perte dans la
capacité cellulaire à se diviser normalement (Bryant et Nix, 2016).
Les cytokines sont des médiateurs chimiques de nature glyprotéinique permettant à certaines cellules de communiquer entre elles.
Les facteurs de croissance sont des protéines produites et libérées par les plaquettes, les neutrophiles, les macrophages, les fibroblastes et les cellules endothéliales
et épithéliales dans la plaie. Ils sont responsables de la « signalisation » intracellulaire lors du processus de cicatrisation. Reconnus comme agents mitogènes et
chimiotactiques, ils contrôlent toutes les phases de la cicatrisation, depuis l’attraction des cellules vers la plaie jusqu’au remodelage tardif de la cicatrice. Leur
quantité et leur action sont en fonction de leur origine cellulaire ou leur cible de sorte qu’un facteur de croissance peut avoir plusieurs actions physiologiques. Voici
quelques exemples de facteurs de croissance :
o PDFG (platelet‐derived growth factor) : libéré par les plaquettes, il agit sur la synthèse des protéines de la matrice extracellulaire;
o TGFß (transforming growth factor) : environ une semaine après l'hémostase, le caillot sanguin est remplacé par des fibroblastes dont la transformation en
myofibroblastes est déclenchée surtout par le TGF‐β1. Ils ont pour but de synthétiser et de remodeler une nouvelle matrice extracellulaire (MEC) riche en collagène;
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 1 – Processus de cicatrisation 20
o EGF (epidermal growth factor) : sécrété en grande partie au niveau des bords de la plaie, il est principalement à l’origine de la réépithélialisation;
o VEGF (vascular endothelial growth factor) : stimule l’angiogenèse et a un effet chimiotactique sur les cellules inflammatoires.
Les facteurs de croissance libérés agissent ensemble sur la matrice extracellulaire (MEC), sur les kératinocytes et les fibroblastes qui sécrètent eux‐mêmes des
facteurs de croissance interagissant sur l’ensemble afin de créer un équilibre. Toute perturbation de cet équilibre conduit à un retard de cicatrisation.
Les métalloprotéases (MPP) sont des enzymes de dégradation reconnues pour leur action pro‐inflammatoire. Elles sont sécrétées par la plupart des cellules
intervenant dans le processus de cicatrisation, principalement par les cellules inflammatoires (macrophages, neutrophiles, lymphocytes) et les kératinocytes.
L’activité des métalloprotéases est contrôlée par des inhibiteurs tissulaires spécifiques (inhibiteurs des MPP) dont il existe plusieurs variantes. Dans une plaie
chronique, la présence d’une quantité excessive de métalloprotéases semble « piéger » les facteurs de croissance et les cytokines dans les tissus, ce qui engendre
une série d’anomalies.
La matrice extracellulaire (MEC) est composée principalement de collagène, mais on y retrouve plusieurs autres composantes, dont la fibronectine et l’acide
hyaluronique.
o Le collagène est une protéine fibreuse contenue dans les tissus conjonctifs et interstitiels. Il est sécrété par les fibroblastes puis assemblé en fibres. Il agit en
premier lieu lors de l’hémostase puisque les plaquettes adhèrent aux fibres de collagène, ce qui mène à la formation d’un caillot. Puis, il favorise la cicatrisation
en exerçant une action chimiotactique sur les monocytes et sert de trame à la prolifération des fibroblastes. Dans le corps humain, on retrouve plusieurs types
de collagène, mais les types 1 et 3 sont spécifiques à la peau. Dans les plaies chroniques, la synthèse du collagène est retardée par de nombreux facteurs.
o La fibronectine est une protéine essentielle dans le remodelage de la matrice extracellulaire. Elle intervient dans l’adhésion des cellules entre elles, la
cicatrisation, l’organisation de la topographie interstitielle des tissus et la stabilisation du caillot lors de la coagulation.
o L’acide hyaluronique est un glycosaminoglycane (variété de glycoprotéines comptant parmi les constituants principaux de la substance fondamentale du tissu
conjonctif). Il joue un rôle de modulateur de la guérison. L’acide hyaluronique est une composante majeure du tissu cutané humain.
Selon Bryant et Nix (2016), la dénervation serait une autre cause potentielle dans l’échec de la cicatrisation. Les nerfs sensitifs sécréteraient des neuropeptides qui sont très
chimiotactiques pour les cellules inflammatoires. Des plaies dénervées seraient donc plus sujettes à se chroniciser.
Au cours des dernières décennies, plusieurs recherches ont été effectuées afin de bien comprendre les mécanismes physiologiques impliqués dans le processus de
cicatrisation d’une plaie aiguë et d’une plaie chronique. La complexité de l’environnement moléculaire impliqué dans le processus de cicatrisation intéresse principalement
les chercheurs. Les principaux axes de recherche retenus sont les mécanismes d’action et de fonctionnement des cytokines, des facteurs de croissance, des enzymes
(ex. : métalloprotéases), des médiateurs chimiques (ex. : oxyde nitrique, calcium) et des médiateurs environnementaux.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 1 – Processus de cicatrisation 21
Bibliographie
Bouchard, H. et Morin, J. (2009). Cadre de référence régional en soins de plaies chroniques. Sherbrooke: Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke.
Bryant, R. A. et Nix, D. P. (2016). Acute and Chronic Wounds: Current Management Concepts (5e éd.). St. Louis, Missouri : Elsevier.
Faucher, N. et Cudennec, T. (2003). Le vieillissement cutané. Repéré à http://www.saging.com/mise_au_point/le‐vieillissement‐cutane
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Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 1 – Processus de cicatrisation 22
FASCICULE 2
Contraintes à la cicatrisation
TABLE DES MATIÈRES – FASCICULE 2
FACTEURS NUISANT AU PROCESSUS DE CICATRISATION ............................................................................................................................................................................ 1
FACTEURS LIÉS À L’USAGER INFLUENÇANT LE PROCESSUS DE CICATRISATION ........................................................................................................................................................................... 1
FACTEURS LOCAUX SUSCEPTIBLES DE NUIRE AU PROCESSUS DE CICATRISATION ........................................................................................................................................................................ 5
MÉDICAMENTS FAVORISANT LA CICATRISATION ................................................................................................................................................................................................................ 7
LA RADIOTHÉRAPIE ................................................................................................................................................................................................................................... 7
PATHOGENÈSE .......................................................................................................................................................................................................................................................... 7
SIGNES ET SYMPTÔMES DE LA RADIOTHÉRAPIE ................................................................................................................................................................................................................. 8
LA RADIODERMITE.................................................................................................................................................................................................................................................... 10
CARENCES NUTRITIONNELLES ET INCIDENCES SUR LA CICATRISATION ..................................................................................................................................................... 13
DÉNUTRITION ......................................................................................................................................................................................................................................................... 13
DÉPISTAGE ............................................................................................................................................................................................................................................................. 17
LES MESURES ANTHROPOMÉTRIQUES ........................................................................................................................................................................................................................... 19
L’ÉVALUATION DE L’IMC = POIDS (KG) DIVISÉ PAR LA TAILLE² (M) ..................................................................................................................................................................................... 20
LES LABORATOIRES ................................................................................................................................................................................................................................................... 20
FACTEURS LES PLUS COURANTS SUSCEPTIBLES D’INFLUENCER UN APPORT ALIMENTAIRE ADÉQUAT ............................................................................................................................................ 21
INDICATEURS POUR UNE CONSULTATION EN NUTRITION ................................................................................................................................................................................................... 23
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 2 – Contraintes à la cicatrisation i
FACTEURS NUISANT AU PROCESSUS DE CICATRISATION
Dans plusieurs cas, les causes et facteurs sous‐jacents susceptibles d’entraver le processus de cicatrisation sont d’origine multifactorielle.
Facteurs liés à l’usager influençant le processus de cicatrisation
Facteurs Impacts Pistes d’interventions
Obésité Le tissu adipeux étant moins vascularisé, le processus de cicatrisation est ralenti. Assurer une alimentation équilibrée en protéines et
IMC > 30 De plus, la grande quantité de tissus adipeux augmente la tension sur les points de micronutriments.
suture et conséquemment les risques de déhiscence. Diminuer la tension sur une plaie abdominale par le
L’obésité est également associée à des risques plus élevés d’infection, de formation port d’une bande abdominale, etc.
de sérome et d’hématome. Donner un supplément d’oxygène (80 % d’oxygène de
12 à 18 heures) en période postopératoire afin
d’augmenter la disponibilité de l’oxygène.
Assurer une normothérapie (maintien de la
température corporelle dans les valeurs normales).
Ajuster le dosage des antibiotiques prophylactiques.
Assurer le remplacement des fluides.
Assurer une alimentation équilibrée.
Demander une consultation en nutrition.
Tabagisme Les produits du tabac (nicotine, monoxyde de carbone, cyanure d’hydrogène) Enseigner à l’usager les effets négatifs du tabac.
entrainent une : Instaurer un programme de cessation tabagique :
réduction de l’oxygénation des tissus; o groupe de soutien
diminution de la réponse immunitaire/augmentation du risque d’infection; o remplacement de la nicotine
réduction de l’activité des fibroblastes, des macrophages et de la prolifération des o médication
globules rouges; Recommander un arrêt tabagique quatre semaines
augmentation de la vasoconstriction; avant une chirurgie, et ce, jusqu’à ce que la plaie soit
augmentation de l’adhésion des plaquettes et la formation de caillots; guérie.
carence en vitamine C (possible).
La cigarette électronique contenant des produits nicotiniques peut entrainer les
mêmes effets que les produits tabagiques. La cigarette électronique ne doit pas être
considérée comme un outil à la cessation tabagique, mais comme une autre manière
de consommer de la nicotine. Il n’y a actuellement que très peu de données
scientifiques sur ce type de produits.
(Vallée, Gallois et Le Noc, 2014)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 2 – Contraintes à la cicatrisation 1
Facteurs Impacts Pistes d’interventions
Perfusion/oxygénation/ Le manque d’oxygène favorise la prolifération des fibroblastes et la synthèse initiale Assurer une prise en charge des facteurs suivants :
hypoxémie du collagène, mais un niveau adéquat d’oxygène est essentiel à la synthèse du o température corporelle adéquate;
collagène. o hydratation;
Exemples : o contrôle de la douleur;
L’oxygène est un élément important dans :
Maladie artérielle o gestion de l’œdème;
périphérique la production d’adénosine triphosphate (ATP); o revascularisation;
Maladie pulmonaire la synthèse du collagène; o supplément d’oxygène en période
chronique le processus immunitaire; postopératoire.
la résistance des tissus à la tension.
Toute condition causant une hypovolémie réduit le transport de l’oxygène et des
nutriments aux tissus et limite le retrait de déchets métaboliques. Une hypovolémie
prolongée entrave la production de collagène et compromet le bon fonctionnement
des leucocytes. Une hypovolémie non traitée peut amener une surcharge cardiaque,
réduisant encore plus la perfusion et l’oxygénation des tissus.
Les facteurs qui altèrent la perfusion et l’oxygénation incluent également (se référer
à chacun des facteurs et aux interventions suggérés) :
la douleur et le stress;
l’hypothermie;
le tabagisme;
la médication;
l’obésité.
Nutrition Le volet nutritionnel est un facteur important à considérer dans le processus de Se référer au volet spécifique à la nutrition.
cicatrisation, car cela : Demander une consultation en nutrition.
favorise la synthèse du collagène; Assurer un apport alimentaire adéquat en protéines,
augmente la résistance des tissus à la tension; micronutriments et calories.
contribue à la fonction immunitaire. Assurer une hydratation adéquate.
L’apport en nutriments, micronutriments et protéines doit être intégré dans les plans
de soin.
Diabète Il existe plus de 100 facteurs physiologiques connus qui nuisent au processus de Prendre en charge les éléments suivants :
cicatrisation chez la personne diabétique dont : o contrôle adéquat de la glycémie;
le processus inflammatoire; o gestion du poids;
la diminution de la synthèse du collagène; o mise en décharge (si ulcère présent au niveau du
la diminution du dépôt de tissu de granulation; pied).
la diminution de la résistance à la traction; Assurer un apport alimentaire adéquat.
l’altération de la migration des cellules épithéliales;
la diminution de l’angiogenèse;
l’altération du système immunitaire/risque d’infection;
la prédisposition à des complications (ex. : cardiovasculaire, neuropathie).
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 2 – Contraintes à la cicatrisation 2
Facteurs Impacts Pistes d’interventions
Âge avancé Les effets négatifs du vieillissement de la peau associés à des comorbidités (maladies Assurer un apport alimentaire adéquat
chroniques) rendent une personne âgée plus à risque de bris de peau et d’altération Assurer une hydratation adéquate.
du processus de cicatrisation. Le vieillissement entraine : Assurer la prise en charge des comorbidités.
une diminution de la prolifération et de la réponse cellulaire; Soigner la plaie et la peau (hydratation, protection, etc.)
une diminution de la résistance à la traction; selon les pratiques exemplaires.
une diminution du dépôt de collagène;
des changements hormonaux; Consulter Traitements locaux (F10)
une augmentation du nombre de cellules sénescentes;
une diminution de la production de facteurs de croissance et de leurs récepteurs;
un amincissement de l’épiderme, diminution de la fonction de la barrière cutanée,
atrophie du derme;
une diminution des mélanocytes et des cellules Langerhans;
une diminution des composantes cellulaires (mastocytes, fibroblastes) et des
constituants extracellulaires (élastine, collagène de type I et III);
une augmentation de la production de MMP, diminution de l’acide hyaluronique,
de glycosaminoglycane et de protéoglycane, lesquelles contribuent à
l’amincissement de la peau.
Consulter Processus de cicatrisation (F1)
Immunosuppression L’immunosuppression en présence d’une plaie : Minimiser les risques d’infection.
augmente la vulnérabilité aux infections; Surveiller étroitement l’apparition de signes d’infection.
compromet la manifestation des signes cliniques d’infection;
altère la réponse inflammatoire initiale requise dans le processus de cicatrisation.
Surtout chez les usagers :
atteints d’un cancer (sous chimiothérapie);
infectés par le VIH;
sous corticothérapie.
Stress/douleur La douleur et le stress augmentent le niveau de catécholamine, incluant S’assurer de la :
l’épinéphrine. Elle : o gestion du stress par l’éducation et la médication,
produit une vasoconstriction périphérique; si nécessaire;
diminue la perfusion sanguine au niveau de la peau et des extrémités; o verbalisation des inquiétudes;
diminue l’oxygénation tissulaire; o gestion de la douleur (analgésie, relaxation,
augmente les risques d’infection en raison de la diminution de l’oxygénation. musique, repositionnement).
La douleur et le stress peuvent limiter et affecter la qualité des soins, car l’usager ne Consulter Évaluation de la douleur (F4)
peut tolérer le débridement, le nettoyage, etc.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 2 – Contraintes à la cicatrisation 3
Facteurs Impacts Pistes d’interventions
Cellules sénescentes Le vieillissement des cellules : Envisager l’utilisation des produits/traitements suivants :
altère le processus de cicatrisation, car il y a réduction dans la capacité des o facteurs de croissance;
cellules à se reproduire normalement; o stimulation électrique;
contribue à l’incapacité des cellules à répondre aux facteurs de croissance. o thérapie par pression négative.
Les cellules sénescentes sont associées à l’âge avancé et à la chronicité des plaies. Consulter Traitements locaux (F10)
Consulter Traitements adjuvants (F11)
Hypothermie L’hypothermie est une conséquence de la perte de chaleur au cours de la période Assurer la normothermie (maintien de la température
peropératoire et postanesthésique. À titre d’exemple, les frissons augmentent de corporelle dans les valeurs normales).
400 à 500 % la demande en oxygène. Les agents anesthésiants sont des
vasodilatateurs, ce qui peut favoriser la perte de chaleur.
De plus, l’hypothermie :
réduit le nombre d’anticorps et la réponse cellulaire;
produit une vasoconstriction : diminution de l’oxygénation;
augmente les risques d’infection.
Alcoolisme L’alcool : Instaurer de mesures visant le sevrage d’alcool.
réduit les effets antioxydants et induit un stress oxydatif chronique; Ajouter un supplément de 100 mg de thiamine.
induit une carence en zinc et en thiamine;
augmente les risques d’infection (diminution des facteurs pro‐inflammatoires et
des neutrophiles).
Toxicomanie Habitude de consommer de façon régulière et importante des substances Favoriser des comportements adéquats par une
(psychotropes) susceptibles d'engendrer un état de dépendance psychique ou approche positive.
physique. Insister sur la nécessité de désinfecter le site
d’injection et d’utiliser du matériel neuf à chaque
Les usagers utilisant des drogues injectables sont plus à risque : injection.
d’abcès; Instaurer des mesures visant le sevrage.
de cellulite; Informer l'usager sur les effets néfastes des drogues
de phlébite. (psychotropes) sur la santé.
Diriger l'usager vers une aide thérapeutique/conseil.
Ces usagers sont également plus à risque de complications secondaires à une
infection en raison de leur réticence à consulter un professionnel de la santé.
(Bryant et Nix, 2016; Doughty, 2016; Stacey, 2016; Point de repères, 2004)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 2 – Contraintes à la cicatrisation 4
Facteurs locaux susceptibles de nuire au processus de cicatrisation
Facteurs Impacts Pistes d’interventions
Charge bactérienne Cause directe de l’altération des tissus et des facteurs de croissance. La présence Débrider les tissus non viables.
importante au niveau du lit de bactéries dans le lit d’une plaie entraine une inhibition de : Traiter la plaie localement ou de façon systémique
de la plaie la migration des kératinocytes; selon le niveau d’infection.
la synthèse du collagène; Retirer le biofilm (débridement mécanique,
la résistance des tissus à la tension. débridement par friction, débridement chirurgical
Les bactéries, en compétition avec les fibroblastes pour la consommation en conservateur et débridement chirurgical).
oxygène et en nutriments, retardent le processus de cicatrisation. Le processus
inflammatoire secondaire à une charge bactérienne importante entraine une Consulter Préparation du lit de la plaie (F3)
chronicité de la plaie.
Friction Le National Pressure Ulcer Advisory Panel (NPUAP), l’European Pressure Ulcer Installer une surface d’appui au lit et au fauteuil.
Advisory Panel (EPUAP) et la Pan Pacific Pressure Injury Alliance (PPPIA) (2014) Corriger la cause de la friction (ex. : chaussures
ont retiré le phénomène de friction de la définition des lésions de pression afin inappropriées).
de renforcer le fait que les lésions cutanées causées par la friction ne doivent pas Favoriser les transferts latéraux avec une planche de
être considérées comme des lésions de pression. transfert.
La friction n’est pas une cause directe de lésions de pressions, elle vient altérer Consulter un ergothérapeute.
l’épiderme et les couches supérieures du derme. Par contre, l’effet synergique de Consulter un physiothérapeute.
deux facteurs comme la friction et la gravité provoque un effet de cisaillement.
(Bryant et Nix, 2016)
Cisaillement Causé par deux phénomènes : la friction et la gravité qui exercent une force Utiliser un triangle pour mobiliser l’usager au lit.
parallèle à la peau. Le cisaillement est le résultat de la gravité poussant vers le Installer une surface d’appui.
bas et la résistance du corps (friction) entre l’usager et une surface, engendrant Surélever la tête du lit à 30° ou moins.
une force mécanique caractérisée par le déplacement des plans osseux et sous‐ Surélever le pied du lit à 30° ou moins.
cutanés l’un par rapport à l’autre. Comme la peau ne bouge que très peu, on
observe une torsion de celle‐ci par un déplacement parallèle.
En conséquence, le cisaillement :
déforme les vaisseaux sanguins;
déchire les tissus;
favorise le développement du sous‐minage dans une plaie.
Pression Une pression externe supérieure à 12 mm Hg est suffisante pour provoquer une Installer une surface d’appui au lit et au fauteuil.
occlusion capillaire, une hypoxie tissulaire, une anoxie et une mort cellulaire. Mobiliser l’usager minimalement toutes les deux à
quatre heures.
Placer les talons dans le vide ou utiliser du matériel
de mise en décharge des talons (ex. : HeeliftMD,
oreiller sous les mollets avec une flexion des genoux
de 5 à 10 degrés).
Choisir une méthode de mise en décharge (ulcère
diabétique).
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 2 – Contraintes à la cicatrisation 5
Facteurs Impacts Pistes d’interventions
Œdème L’œdème non contrôlé dans la région environnante de la plaie peut entraver la Une évaluation médicale s’impose afin de traiter
cicatrisation et favoriser la croissance bactérienne. L’œdème peut avoir pour l’étiologie de l’œdème et déterminer le plan de
cause une problématique d’origine veineuse, lymphatique, cardiaque ou traitement local. Il peut s’agir, par exemple :
infectieuse, une dénutrition, etc. o de surélever les membres inférieurs;
o d’appliquer une compression.
Consulter Évaluation des membres inférieurs (F5)
Macération La macération retarde la cicatrisation et augmente le risque d’infection. Elle est Installer une surface d’appui avec faible perte d’air.
causée par un excès d’humidité provenant de : Instaurer un programme de gestion de l’incontinence.
la transpiration; Favoriser le port d’une culotte d’incontinence.
l’incontinence fécale ou urinaire; Optimiser le traitement local de la plaie.
l’exsudat de la plaie (pansement saturé).
Dermatite Correspond à l’inflammation de l’épiderme et du derme. La dermatite est Identifier et éviter l’agent l’allergène.
caractérisée par des croûtes, des squames, de l’érythème et de la démangeaison. Appliquer une solution de Burow (ex : DermburoMD) :
compresses imbibées de solution de Burow froide
Une dermatite de stase est associée à une insuffisance veineuse chronique. Elle appliquées de 30 à 60 minutes die ou bid.
survient à la suite d’une libération de médiateurs inflammatoires dans le Utiliser des bandages tissés imprégnés de zinc.
troisième espace interstitiel. Ceci occasionne un risque de développer une Appliquer une corticothérapie topique.
dermatite de contact en raison de la présence d’inflammation chronique de la Obtenir une consultation médicale (ex. :
peau. dermatologie).
Consulter Traitements locaux (F10)
Une dermatite de contact désigne une réaction cutanée résultant de l'exposition
à des substances allergènes (dermatite allergique) ou irritantes (exsudat,
antiseptique, crème, parfum…), (dermatite irritative).
Corps étranger exposé ou Correspond à un matériel de suture ou à autre corps étranger. Retrait des points de suture.
infecté Peut causer un traumatisme tissulaire, s’infecter et même entrainer la formation Retrait du corps étranger infecté.
d’un abcès ou d’une cavité. La cicatrisation d’une plaie ne peut avoir lieu tant que
tous les corps étrangers infectés ne sont pas retirés de la plaie.
Tissu non viable Le tissu non viable augmente les risques d’infection et retarde le processus de Débrider les tissus non viables.
cicatrisation de la plaie, car il favorise la prolifération des microorganismes.
Consulter Préparation du lit de la plaie (F3)
Hématome/sérome L’hématome et le sérome créent un milieu propice à l’infection et retardent la Drainer l’hématome.
cicatrisation. Débrider les tissus non viables à la suite du drainage.
Traitement local de la plaie Utilisation inappropriée d’un antimicrobien ou d’un antiseptique peut Traiter la plaie selon les pratiques exemplaires.
occasionner un retard dans la cicatrisation.
Consulter Préparation du lit de la plaie (F3)
Certaines solutions antiseptiques sont cytotoxiques selon la concentration Consulter Traitements locaux (F10)
utilisée. Il est recommandé de les utiliser en présence d’une infection ou lorsque
l’objectif prioritaire de soins est la prévention de l’infection d’une plaie de
maintien ou palliative.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 2 – Contraintes à la cicatrisation 6
Médicaments favorisant la cicatrisation
Médicament Impact Exemples
Agent antithrombotique Réduit l’agrégation des plaquettes et améliore la circulation artérielle. Asaphen
Ticlopidine
Clopidogrel
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 2 – Contraintes à la cicatrisation 7
Signes et symptômes de la radiothérapie
À long terme (plusieurs mois ou années après les traitements de radiothérapie), on observe :
un changement dans la pigmentation (dyschromie, dyspigmentation);
des télangiectasies, atrophie de la peau, sécheresse;
une fibrose des tissus cutanés et du système vasculaire dans la zone irradiée;
un retard dans le processus de cicatrisation des plaies (déhiscence, mauvaise prise de greffe et lambeau…);
la formation de fistules et d’ulcères.
Effets à court terme de la radiothérapie – éléments affectés :
En phase inflammatoire :
facteurs de croissance : TGF‐ß, VEGF, TNFα, INF‐ϒ;
cytokines pro‐inflammatoires : interleukine 1 et 8;
ces cytokines sont surproduites à la suite des dommages causés par la radiation = accumulation a/n dans la matrice et fibrose.
En phase prolifératrice : (granulation, réépithélialisation, angiogenèse)
TGF‐ß, VEGF, EGF, FGF, PDGF, NO.
En phase de remodelage :
MMP‐1‐2‐12‐13, TIMP (reconstruction des tissus) :
o sont diminués après radiation;
kératinocytes (diminution de la transcription de certains facteurs de croissance: ß et α, des kératinocytes, des fibroblastes, VEGF, hépatocytes…);
fibroblastes (rôle dans la déposition et remodelage des fibres de collagène);
après radiation : génèrent une déposition désorganisée du collagène.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 2 – Contraintes à la cicatrisation 8
Rôle des médiateurs
Médiateur Rôle et information complémentaire
TGF‐β 1‐2‐3 : Stimulation du phénomène de chimiotactisme des cellules inflammatoires.
Facteur de croissance transformant Synthèse de la matrice extracellulaire (MEC).
VEGF Déclenche la formation de nouveaux vaisseaux sanguins (angiogenèse).
Facteur de croissance endothélial Est nécessaire dans la croissance des tissus et le développement des organes du corps humain.
TNF Importante cytokine impliquée dans la réaction inflammatoire systémique et en phase inflammatoire aiguë.
Facteur de croissance tumoral Le TNFα est libéré en réponse à un dommage (ex. : une infection), par les leucocytes, l'endothélium, l’interleukine 1
ou l’endotoxine bactérienne.
Interleukine 1 L'interleukine 1 est sécrétée par les macrophages pour stimuler la prolifération puis la différenciation des lymphocytes
T4 spécifiques à un antigène présenté sur les membranes des macrophages.
La fonction du système immunitaire dépend en grande partie des interleukines.
L'interleukine 1 est sécrétée par les macrophages pour stimuler la prolifération puis la différenciation
des lymphocytes T4 spécifiques à un antigène présenté sur les membranes des macrophages.
De rares déficiences de certaines d'entre elles ont été décrites, conduisant à des maladies auto‐immunes ou
des immunodéficiences.
Ces cytokines sont surproduites en raison des dommages causés par la radiation, ce qui engendre une accumulation au
niveau de la matrice et une fibrose.
NO (oxyde nitrique) Permet la cicatrisation en induisant le dépôt de collagène.
Après radiation, les niveaux de NO sont réduits, ce qui pourrait expliquer un retard et des complications dans le
processus de cicatrisation des plaies dans des tissus irradiés.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 2 – Contraintes à la cicatrisation 9
Source : CIUSSS de l’Estrie – CHUS Source : CIUSSS de l’Estrie – CHUS
La radiodermite
Une radiodermite peut être aiguë ou chronique. Elle se manifeste par un continuum d’érythème, de desquamation, d’ulcération ou de nécrose.
(Edison et Johns, 2013)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 2 – Contraintes à la cicatrisation 10
Facteurs prédisposant à la radiodermite
Âge avancé
Tabagisme
Malnutrition ou dénutrition
Zones de peau les plus sensibles : cou (antérieur), extrémités, poitrine, cuir chevelu, abdomen, visage
Zones de plis et friction (cou, seins/régions axillaires, sillon inframammaire, clavicules, omoplates, vulve/anus)
Caractéristiques de la peau/ethnicité/facteurs génétiques
Proximité de la tumeur à la surface de la peau
Intégrité de la peau (cicatrices, lésions, exposition chronique au soleil, ataxie, télangiectasie, carcinome basal, lupus, sclérodermie, xérodermie, nævus dysplasique)
Comorbidités (anémie, obésité, diabète, etc.)/mobilité
Collaboration de l'usager quant aux recommandations/soins
Perte transépidermique d’humidité élevée (transpiration excessive)
Peau fragilisée par une composante dermatologique (psoriasis, eczéma, lésions de grattage, hygiène déficiente, etc.) :
o usager à risque d’infiltration pathogène
En phase aiguë (dans les 90 jours suivant le début de la radiothérapie), à la suite d’une réaction inflammatoire par les cytokines et de dommages à l’ADN :
érythème et œdème après quelques heures ou jours (libération de cytokines causant la dilatation des capillaires, infiltration des leucocytes);
desquamation sèche et prurit : destruction des cellules basales après trois semaines de traitement;
desquamation humide : rougeur, derme exposé, exsudat séreux après 4-5 semaines de traitement.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 2 – Contraintes à la cicatrisation 11
Attention de ne pas confondre la radiodermite avec :
Images Description
Cellulite Surinfection bactérienne.
Habituellement causée par une infection à staphylocoques et
streptocoques.
Nécessite ATB par voie orale ou intraveineuse.
Source : CIUSSS de l’Estrie – CHUS
Candidose cutanée Causée par une infection fongique à candida albicans.
Plus souvent au niveau des zones humides (ex. : pli inframammaire).
Typiquement prurigineux.
Traitée le plus souvent avec une crème de clotrimazole.
Source : CIUSSS de l’Estrie – CHUS
Intertrigo Localisé dans les replis cutanés.
Peut‐être causé par un eczéma/psoriasis ou par une colonisation
bactérienne ou fongique.
Surtout dans les régions humides (aines, sous les seins, etc.).
Traitée le plus souvent avec une hygiène rigoureuse et avec un
textile imprégné d’argent (InterdryMD).
Consulter Traitements locaux (F10)
Source : Modern medecine Network, 3 août 2010
(volume : 50)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 2 – Contraintes à la cicatrisation 12
Traitements préventifs de la radiodermite pendant toute la durée du traitement
Utiliser un déodorant avec ou sans aluminium.
Éviter d’appliquer des produits sur la peau avant les traitements.
Porter des vêtements amples de coton et en fibres naturelles (éviter friction dans zone irradiée).
Utiliser de l’eau tiède et un savon doux, sans parfum, et assécher en tapotant lors de l’hygiène quotidienne.
Protéger la peau des traumas et des irritants (ex. : gants pour le jardinage).
Opter pour une crème hydratante non parfumée, sans lanoline, à base d’eau (ex. : Glaxal Base).
Ne pas utiliser de rasoir (pioche), utiliser le rasoir électrique au besoin.
Ne pas utiliser d’amidon ou de poudre pour bébé dans les plis cutanés.
Éviter tout adhésif sur la région traitée.
Éviter maquillage, parfum et lotion (crème) après‐rasage sur la région traitée.
Ne pas utiliser de produits chauffants ou de la glace sur la région traitée.
Éviter la baignade dans un lac ou dans une piscine pendant le traitement.
Recommandations post‐traitement de radiothérapie
Appliquer une lotion écran solaire FPS 45 (contre UVA et UVB) ou plus, si la région irradiée est exposée au soleil.
Utiliser un moyen physique pour protéger la région irradiée du soleil ou du froid (ex. : chapeau, foulard).
CARENCES NUTRITIONNELLES ET INCIDENCES SUR LA CICATRISATION
La nutrition est un ensemble de processus par lequel l’organisme utilise les aliments consommés pour créer de l’énergie, entretenir et réparer les cellules. Quoique la
nutrition soit un élément important chez tous les usagers, une attention particulière doit être apportée à l’usager ayant une plaie. En effet, la guérison des plaies est un
processus catabolique qui requiert de l’énergie et des nutriments spécifiques. À titre indicatif, un usager peut perdre autant que 100 g de protéines par jour uniquement par
l’exsudat de la plaie (30 à 35 g/litre d’exsudat), en plus des pertes hydriques. Selon Bryant et Nix (2016), l’usager dénutri aura besoin d’un soutien nutritionnel de trois à
quatre semaines afin de normaliser les réserves protéiques. Cependant, il faut noter que plus un usager est dénutri, plus il devient difficile de combler ses pertes et de
rétablir un état nutritionnel adéquat. La durée du soutien nutritionnel est donc tributaire à l’état nutritionnel de base et de l’observance de l’usager. Selon le Canadian
Malnutrition Task Force (2017), les usagers atteints de malnutrition séjournent de 2 à 3 jours de plus à l'hôpital que les usagers ayant un bon état nutritionnel.
Dénutrition
La dénutrition est décrite comme étant un état pathologique général ou spécifique caractérisé par un apport insuffisant, excessif ou déséquilibré en calories, en protéines et
en d’autres nutriments. Selon Bryant et Nix (2016), la prévalence de la dénutrition dans le milieu hospitalier est de l’ordre de 30 à 50 %. Toutefois, la dénutrition serait
probablement sous‐estimée dans les hôpitaux, car elle ne serait pas toujours déclarée dans les diagnostics d’admission des usagers. De plus, le fait d’être hospitalisé est en
soi un facteur de risque de dénutrition; des usagers présentant un état nutritionnel adéquat à l’admission à l’hôpital sont à risque de développer une malnutrition pendant
leur hospitalisation.
Il a été prouvé que la dénutrition est associée :
à un risque chirurgical accru;
à un taux augmenté de morbidité et de mortalité;
à une augmentation de la durée d’hospitalisation et des coûts associés.
Selon le NPUAP, l’EPUAP et la PPPIA (2014), la dénutrition se définit par la présence d’au moins deux des caractéristiques suivantes :
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 2 – Contraintes à la cicatrisation 13
apport nutritionnel insuffisant;
perte de poids involontaire;
perte de masse musculaire;
perte de gras sous‐cutané;
accumulation localisée ou généralisée de fluide (anasarque);
diminution du statut fonctionnel.
Facteurs de risque de la malnutrition
Hypermétabolisme (besoins énergétiques augmentés liés à une condition médicale)
o trauma
o chirurgie complexe
o brûlure
o processus inflammatoire
o cancer
Perte de poids
o perte de poids > 5 % dans le dernier mois
o perte de poids > 10 % dans les 6 derniers mois
Diminution de l’appétit (apports alimentaires insuffisants liés à une condition médicale)
o restriction alimentaire
diète restrictive prescrite et nécessaire (ex. : diète sans gluten pour un usager cœliaque, diète diabétique)
diète restrictive désirée par l’usager selon ses croyances. (ex. : diète végétalienne, diète hypotoxique, diète sans gluten sans diagnostic médical)
o incapacité à s’alimenter, inappétence (ex. : induite par la chimiothérapie)
o altération de l’ingestion, de la digestion, de l’absorption ou du métabolisme (ex. : malabsorption liée à une maladie inflammatoire de l’intestin ou une chirurgie
bariatrique, etc.)
o nausées, vomissements ou diarrhée
o changement dans les habitudes alimentaires de l’usager
Apports alimentaires limités par la condition de l’usager
o perte de dentition ou mauvais ajustement des prothèses dentaires
o incapacité de se nourrir de façon autonome (ex. : démence, hémiplégies post‐AVC)
o incapacité d’acheter ou de préparer des repas
Apports alimentaires limités par la condition sociale de l’usager
o revenu limité
o isolation sociale, faible réseau
o manque de connaissances pour la planification et la préparation des repas
Âge (perte d’appétit, perte de poids, diminution du métabolisme)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 2 – Contraintes à la cicatrisation 14
Rôle de la nutrition dans la prévention et le traitement des plaies
Les réserves énergétiques du corps sont catégorisées en deux composantes, soit la masse adipeuse et la masse corporelle maigre. La masse adipeuse constitue les réserves
en lipides (gras) de l’organisme. La masse maigre est principalement composée de protéines et d’eau qui se retrouvent dans les muscles, les tissus mous et les organes
(incluant la peau). Alors que la demande énergétique excède l’apport nutritionnel habituel, le corps utilise les protéines du corps comme source énergétique. Quand ces
protéines sont catabolisées, la perte de poids est rapide et résulte en une perte de la fonctionnalité des tissus. Dans le processus de cicatrisation, le corps a besoin de
synthétiser des protéines.
Nutriments Besoin et rôle dans le processus de cicatrisation Sources
Énergie Les besoins énergétiques quotidiens se situent habituellement entre 20 et 30 kcal/kg. Glucides, lipides, protéines et
En présence d’une plaie, les besoins sont augmentés de 30 à 35 kcal/kg (calcul basé sur un usager nutriments
(kilocalories)
ayant un IMC entre 20 et 30, et sous réserve de l’évaluation de la nutritionniste).
Les calories :
favorisent l’anabolisme;
contribuent à la synthèse du collagène.
Les aliments devraient toujours être priorisés par rapport aux suppléments alimentaires. Ceux‐ci devraient
être offerts à la fin ou entre les repas pour optimiser les apports de l’usager.
Protéines Les besoins quotidiens en protéines chez une personne en santé sont de 0,8 g de protéines/kg. En Produits laitiers et céréaliers
présence d’une plaie, les besoins sont augmentés de 1,25 à 1,5 g/kg. Viande
L’apport protéique est un facteur clé dans toutes les phases du processus de cicatrisation : Volaille
angiogenèse; Noix et graines
synthèse du collagène et remodelage; Tofu et boissons de soya
contraction de la plaie; Poisson
fonction immunitaire; Œufs
précurseur de l’oxyde nitrique (vasodilatation et oxygénation). Légumineuses
Noix
Une attention particulière et des ajustements à la diète doivent être apportés aux usagers ayant une Beurre de noix
maladie rénale ou hépatique.
Glucides Les glucides sont scindés en molécule de glucose qui génèrent de l’adénosine triphosphate (ATP) qui : Fruits
produit de l’énergie; Produits céréaliers
(hydrates de carbone) permet la phagocytose et le développement du collagène; Légumineuses
favorise l’angiogenèse; Produits laitiers (sauf le
prévient le métabolisme des protéines (transformation des protéines); fromage)
stimule la production d’insuline.
Les carences en glucides sont peu probables.
Porter une attention particulière au contrôle glycémique des usagers diabétiques. Des glycémies
élevées ont un impact négatif sur la guérison des plaies.
Lipides (acides gras) Les lipides sont nécessaires : Produits laitiers
au développement et à la stabilité de la membrane cellulaire et de la structure intracellulaire; Viande, volaille et substituts
à la protection contre l’inflammation et l’immunosuppression (oméga‐6). Huile et matières grasses
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 2 – Contraintes à la cicatrisation 15
Nutriments Besoin et rôle dans le processus de cicatrisation Sources
Zinc Le zinc est un cofacteur nécessaire : Viande
au métabolisme de protéines; Foie
à la formation de collagène; Œufs
à la fonction immunitaire; Fruits de mer
à la stabilité de la membrane cellulaire. Produits céréaliers (grains
entiers, céréales enrichies)
Les suppléments de zinc devraient être réservés aux usagers qui ont une déficience en zinc et être
donnés uniquement après une évaluation en nutrition et pour une période limitée. Un excès de zinc Légumineuses
peut entrainer une diminution de la phagocytose et causer une déficience en cuivre. Noix
Cuivre Le cuivre est nécessaire pour la liaison du collagène et l’érythropoïèse (formation des globules Noix
rouges). Fruits séchés
Une déficience en cuivre peut entrainer une diminution de la résistance des tissus à la tension, Produits céréaliers
prédisposant l’usager à une déhiscence de plaie. Les suppléments ne sont prescrits qu’après une Abats (foie, cœur)
évaluation en nutrition. Légumineuses
Fer Le fer intervient dans la synthèse du collagène, la fonction immunitaire et dans le transport de Viande
l’oxygène. Abats (foie, cœur)
L’anémie ferriprive peut entraver le processus de cicatrisation en raison d’une diminution de Légumineuses
l’oxygène dans les tissus.
Vitamine C La vitamine C est une vitamine hydrosoluble qui permet : Agrumes
la synthèse du collagène; Légumes (pomme de terre,
l’intégrité de la membrane capillaire; brocoli, chou‐fleur, poivron
la fonction des fibroblastes; rouge et vert, chou, etc.)
la stimulation du système immunitaire; Fruits (tomates, fraises,
l’effet antioxydant; cantaloup, kiwi, etc.)
l’absorption du fer.
Les consommateurs de tabac sont plus à risque de développer une carence en vitamine C.
Les besoins en vitamine C sont facilement comblés par aussi peu qu’un verre de jus d’agrumes par
jour.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 2 – Contraintes à la cicatrisation 16
Nutriments Besoin et rôle dans le processus de cicatrisation Sources
Vitamine A La vitamine A est une vitamine liposoluble qui favorise l’épithélialisation, le dépôt de collagène et la Fruits et légumes vert foncé ou
réponse inflammatoire. orangés
Margarine enrichie
Considérer ce supplément chez les usagers sous corticothérapie ayant un retard de cicatrisation. Le Foie
supplément neutralise l’action catabolique des stéroïdes sur la membrane cellulaire, donc favorise la Jaune d’œuf
guérison des plaies chez les usagers corticodépendants. Un supplément d’une durée de 7 à 14 jours Poisson gras
peut être prescrit après une évaluation nutritionnelle. Produits laitiers enrichis de
vitamine A
Vitamine hépatotoxique, à utiliser avec vigilance.
Eau Une hydratation adéquate et un équilibre électrolytique sont nécessaires pour le transport des Eau
nutriments, de l’oxygène et des déchets. Les fluides servent de solvants pour les vitamines, minéraux Jus
et glucose. L’eau aide au maintien de la turgescence de la peau. Les besoins sont habituellement de Fruits et légumes
25 à 30 ml/kg ou 1 ml/kcal. Un ajustement doit être apporté chez les usagers ayant des problèmes Soupes
cardiaques ou rénaux. Nutrition entérale
Les usagers ayant de la fièvre, une transpiration excessive, des plaies exsudatives, des vomissements,
de la diarrhée ou des surfaces d’appui à faible perte d’air et à air fluidisé ont besoin d’un ajustement
dans l’ingestion des liquides en raison de pertes importantes.
(Bryant et Nix, 2016; Collins et Sloan, 2013; Doughty, 2016; Quain et Khardori, 2015)
Dépistage
Les outils de dépistage permettent d’identifier les usagers à risque de dénutrition ou dénutris qui doivent être évalués par une nutritionniste. Il existe une multitude d’outils
permettant de faire un dépistage de la dénutrition. Le National Pressure Ulcer Advisor Panel (2014) recommande l’utilisation de deux types d’outils de dépistage, soit le
Malnutrition Universal Screening Tool (MUST) et le Short Nutrition Assessment Questionnaire (SNAQ) qui ont été validés pour les usagers en milieux hospitalier et
communautaire. Le Canadian Malnutrition Task Force (2017) a élaboré un outil (INPAC) permettant de déterminer le risque de malnutrition en milieu hospitalier.
Peu importe l’outil choisi, il est nécessaire de le combiner avec l’évaluation globale de l’usager, les mesures anthropométriques (taille, poids, plis cutanées, etc.), les valeurs
de laboratoire, le contexte socio‐économique et les comportements alimentaires de l’usager.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 2 – Contraintes à la cicatrisation 17
Le MUST Le SNAQ
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 2 – Contraintes à la cicatrisation 18
En milieu hospitalier, le Groupe de travail canadien sur la malnutrition suggère aux professionnels de la santé d’utiliser le test de dépistage du risque de malnutrition.
Bien que cet outil puisse théoriquement être utilisé dans tous les milieux, le Canadian Malnutrition Task Force (2017) n’a pas documenté son utilisation autre qu’en milieu
hospitalier.
Source : Canadian Malnutrition Task Force (2017)
Les mesures anthropométriques
Les mesures anthropométriques telles que la taille et le poids sont des éléments pivots de l’évaluation de l’usager. Elles mettent en lumière une perte ou un gain de poids
récent, mais permettent également d’estimer les besoins en énergie, en protéines et en liquide (pour les nutritionnistes). Les mesures doivent être réelles et non estimées
afin d’être valides. Le poids doit être mesuré à l’admission à l’hôpital et idéalement, à toutes les semaines en milieu hospitalier et à tous les mois en communauté
(Bryant et Nix, 2016).
La variation du poids est un indicateur plus significatif que l’indice de masse corporelle
(IMC) en ce qui concerne le risque nutritionnel.
De ce fait, questionner l’usager sur la perte de poids récente.
Selon Bryant et Nix (2016), l’indice de masse corporelle (IMC) est une mesure prédictive de la mortalité et de la morbidité. Cette mesure ne permet cependant pas d’évaluer
la distribution de gras et doit être utilisée en combinaison avec d’autres éléments d’évaluation. Un IMC normal n’élimine pas un risque de dénutrition.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 2 – Contraintes à la cicatrisation 19
L’évaluation de l’IMC = poids (kg) divisé par la taille² (m)
Classification du risque pour la santé en fonction de l'indice de masse corporelle (IMC)
Poids insuffisant < 18,5 Accru
Poids normal 18,5 ‐ 24,9 Moindre
Excès de poids 25,0 ‐ 29,9 Accru
Obésité, classe I 30,0 ‐ 34,9 Élevé
Obésité, classe II 35,0 ‐ 39,9 Très élevé
Obésité, classe III > 40,0
Extrêmement élevé
Source : Palfreyman, 2016; Santé Canada, 2018
L'IMC s'applique uniquement à des adultes de 20 à 65 ans. Il ne s'applique pas aux nourrissons, aux enfants, aux adolescents, aux femmes enceintes ou qui allaitent, aux
athlètes d'endurance et aux personnes à forte musculature.
Les laboratoires
Il n’existe pas de tests de laboratoire destinés à diagnostiquer la dénutrition. Historiquement, l’albumine et la préalbumine étaient considérées comme étant des indicateurs
de l’état nutritionnel. Il est cependant reconnu que ces indicateurs sont grandement influencés par les processus inflammatoires aigus ou chroniques ainsi que par l’état
d’hydratation de l’usager. L’utilisation seule des tests de laboratoire n’est pas suffisante pour évaluer l’état nutritionnel (Bryant et Nix, 2016).
Procure un INDICE de l’état nutritionnel.
L’interprétation du taux d’albumine sérique est effectuée par le médecin traitant et la nutritionniste.
À titre indicatif :
Normal : 35 ‐ 52 g/L
Dénutrition légère : 30 ‐ 34 g/L
Dénutrition modérée : 25 ‐ 29 g/L
Dénutrition sévère : < 25 g/L
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 2 – Contraintes à la cicatrisation 20
Tests Valeurs normales Informations complémentaires
Préalbumine 0,20 ‐ 0,40 g/L La préalbumine est une protéine de transport pour la thyroxine et la vitamine A (rétinol) synthétisée
par le foie. Elle est influencée par une réponse inflammatoire (processus physiologique systémique,
(transthyrétine) par exemple à la suite d’une chirurgie, une infection, une maladie inflammatoire, etc.), le niveau
d’hydratation, l’utilisation de stéroïdes, l’hyperglycémie, les maladies rénales. La demi‐vie de la
préalbumine est de 2 jours, procurant un indice sur l’état nutritionnel sur une courte période.
Protéine C réactive 0 ‐ 8 mg/L La protéine C réactive est une protéine synthétisée par le foie qui joue un rôle important dans la
réponse immunitaire et reflète un processus inflammatoire. Elle peut être également influencée par
(CRP)
une maladie cardiaque.
Source : Bryant et Nix, 2016
Facteurs les plus courants susceptibles d’influencer un apport alimentaire adéquat
En règle générale, il importe de procurer à l’usager un environnement favorable lors de la prise des repas et de mettre en place des stratégies favorisant un apport
alimentaire suffisant. Le Groupe de travail canadien sur la malnutrition (2017) propose de mettre en place ces stratégies :
Inciter l'usager à être dans une position confortable pour manger.
Aider l'usager à ouvrir les emballages et les contenants (au besoin).
Éviter de planifier des tests ou des examens pendant l’heure des repas.
Envisager de donner des suppléments et des collations entre les repas pour accroitre l’apport alimentaire.
Chercher à savoir pourquoi l'usager ne mange pas et trouver des solutions pour remédier au problème.
Déterminer si l'usager a des douleurs, est déprimé ou anxieux ou a besoin de médicaments ou d’un soutien social.
Asseoir l'usager dans un fauteuil ou surélever la tête du lit.
S'assurer que l'usager est capable de bien voir et mastiquer les aliments.
Prendre en charge les nausées, la constipation et la diarrhée.
S’assurer que des aliments sont disponibles en tout temps.
Favoriser l'hydratation, avoir de l'eau à portée de la main.
Surveiller les signes de dysphagie.
Inciter la famille à apporter de la maison les aliments préférés de l'usager.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 2 – Contraintes à la cicatrisation 21
Facteurs de risque Exemples ou causes possibles Pistes d’interventions (attention : certaines de ces
interventions sont d’ordre médical.)
Manque de connaissances Jeûnes Enseigner l’importance d’une alimentation saine pour la
Régimes restrictifs guérison des plaies.
ORGANISATIONNEL
Ingestion insuffisante d’aliments Ajouter des multivitamines et des suppléments alimentaires.
Suralimentation Demander une consultation en nutrition.
Difficulté à se procurer des aliments Besoin d’aide pour se rendre à l’épicerie Commande et livraison de l’épicerie à domicile.
Incapacité à se faire à manger Mobilité réduite Service de repas (popote roulante).
Atteinte cognitive Repas sains congelés.
Manque d’intérêt ou de connaissances
Manque d’énergie
Difficultés financières Absence de moyen de transport Service de repas (popote roulante).
Ressources financières restreintes pour se procurer Banque alimentaire.
des aliments favorisant la cicatrisation (ex. viande, Cuisine collective.
produits laitiers, fruits et légumes) Soupe populaire.
SOCIAL
Jardin communautaire.
Demander une consultation en service social.
Isolement Solitude Cuisine collective.
Problème physique, comme la dysphagie Service de repas (popote roulante).
Croyance alimentaire Ramadan Repas sains et nutritifs dès que possible.
Demander une consultation en nutrition.
Trouble de déglutition/dysphagie Trouble de mastication S’assurer que les textures sont adaptées aux besoins de
Trouble de déglutition l’usager.
Secondaire à un AVC, un cancer ou une chirurgie en Repas préparés pour les dysphagiques (ex. : Epikura).
ORL, maladie de Parkinson, démence, etc. Ajustement des prothèses dentaires.
Prothèses dentaires mal ajustées Demander une consultation en nutrition.
Difficulté à s’alimenter seul Problème de dextérité manuelle (troubles moteurs Offrir un plat à la fois lors du repas.
ou praxiques) Mettre en évidence les aliments (ex. : cas
Démence d’héminégligence).
PHYSIQUE
Trouble visuel Demander une consultation en ergothérapie pour aide à
l’alimentation.
Pathologies Pathologies du système gastro‐intestinal : maladie de Demander une consultation en nutrition.
Crohn, fistule entérocutanée, syndrome d’intestin Groupe de soutien pour la dépendance (ex : Alcooliques
court, colite ulcéreuse, colite radique, insuffisance anonymes).
pancréatique, etc. Envisager la nutrition entérale ou parentérale.
Autres : maladie pulmonaire, insuffisance rénale,
cancer, alcoolisme, immunodéficience (ex. VIH)
Médication Médication causant de la dysgueusie (altération du Collaborer avec l’équipe médicale pour ajuster ou modifier
goût), l’appétit, ou provoquer des problèmes gastro‐ la médication.
intestinaux
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 2 – Contraintes à la cicatrisation 22
Perte d’appétit Fatigue Prise de petits repas/collations tout au long de la journée.
PHYSIQUE (SUITE) Traitement de chimiothérapie Supplément alimentaire entre les repas.
Pathologie
Troubles alimentaires Anorexie Demander une consultation en psychologie ou en santé
Boulimie mentale.
Hyperphagie Demander une consultation en nutrition.
Orthorexie
L’hydratation est également un élément important pour la prévention et la gestion des plaies.
Facteur de risque Signes et symptômes Interventions
Déshydratation Hypotension, tachycardie, hypotension Identifier le breuvage préféré de l’usager.
orthostatique, sécheresse des muqueuses et de la Offrir de l’eau supplémentaire après la prise de la
peau, lèvres fissurées, surplus de liquide tels œdème médication.
et ascite Garder de l’eau à portée de la main.
Offrir une variété de breuvages lors des repas.
Offrir des breuvages avant et après les traitements (soins de
plaie, ergothérapie, physiothérapie, etc.).
Surveiller les signes de déshydratation.
Utiliser des bouteilles avec paille intégrée ou bec intégré.
Vérifier si l’usager a une restriction pour les liquides (limite
liquidienne).
Indicateurs pour une consultation en nutrition
Lorsque le professionnel de la santé a dépisté une problématique ou un risque de dénutrition chez un usager, il importe de le diriger vers une nutritionniste afin que ses
besoins soient comblés le plus rapidement possible. Par contre, il est conseillé de suivre les recommandations quant aux soins nutritionnels standards (classe A) tels que
décrits par le Canadian Malnutrition Task Force (2017).
Le Canadian Malnutrition Task Force (2017) a élaboré un arbre décisionnel afin de supporter la pratique et aider les professionnels de la santé à orienter les usagers de façon
efficace et efficiente. À la suite de cette évaluation initiale faite par l’infirmière, la nutritionniste pourra procéder à une évaluation subjective globale et mettre en place des
soins nutritionnels avancés et spécialisés. Le modèle INPAC a été élaboré pour une utilisation hospitalière, mais il pourrait facilement être exporté ou inspiré pour les soins à
domicile.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 2 – Contraintes à la cicatrisation 23
Source : Canadian Malnutrition Task Force (2017)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 2 – Contraintes à la cicatrisation 24
Source : Canadian Malnutrition Task Force (2017)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 2 – Contraintes à la cicatrisation 25
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Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 2 – Contraintes à la cicatrisation 26
FASCICULE 3
Préparation du lit de la plaie
TABLE DES MATIÈRES – FASCICULE 3
LE CONCEPT TIME................................................................................................................................................................................................................................. 1
T. TISSUS NON VIABLES .................................................................................................................................................................................................................................................. 1
I. INFLAMMATION ET INFECTION ...................................................................................................................................................................................................................................... 1
M. MILIEU HUMIDE ...................................................................................................................................................................................................................................................... 2
E. ÉPITHÉLIALISATION (BORDS DE PLAIE ET PEAU ENVIRONNANTE) .......................................................................................................................................................................................... 2
LE TIME EN RÉSUMÉ ..................................................................................................................................................................................................................................................... 3
LE DÉBRIDEMENT ................................................................................................................................................................................................................................... 3
LES MÉTHODES DE DÉBRIDEMENT ..................................................................................................................................................................................................................................... 4
L’INFECTION ........................................................................................................................................................................................................................................ 10
CONTINUUM D’UNE INFECTION DE PLAIE ......................................................................................................................................................................................................................... 12
FACTEURS DE RISQUE ASSOCIÉS AU DÉVELOPPEMENT D’UNE INFECTION DE PLAIE ..................................................................................................................................................................... 15
SIGNES ET SYMPTÔMES D’INFECTION D’UNE PLAIE CHRONIQUE ............................................................................................................................................................................................ 17
TESTS ET EXAMENS DIAGNOSTIQUES EN PRÉSENCE D'INFECTION ........................................................................................................................................................................................... 19
INTERVENTIONS ET GESTION EFFICACE DE L'INFECTION DANS UNE PLAIE ................................................................................................................................................................................. 22
ANTISEPTIQUES TOPIQUES ................................................................................................................................................................................................................... 24
ANTIMICROBIENS TOPIQUES.................................................................................................................................................................................................................. 29
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 3 – Préparation du lit de la plaie i
LE CONCEPT TIME
Le concept TIME propose une approche systématique de la préparation du lit de la plaie. Appuyé par des données scientifiques, il définit une série d’interventions afin de
créer un environnement physiologique favorable à la cicatrisation des plaies. L’acronyme TIME réfère aux tissus non viables, à l’inflammation et à l’infection, au milieu humide
et à l’épithélialisation. Afin d’assurer une fluidité, les concepts T et I seront explorés dans ce fascicule tandis que les concepts M et le E le seront dans le fascicule 10.
(St‐Cyr, 2017; Bryant et Nix, 2016)
T. Tissus non viables
Les tissus non viables augmentent les risques d’infection et retardent le processus de cicatrisation de la plaie en favorisant la prolifération des microorganismes. Le
débridement vise à retirer ces microorganismes, biofilm et tissus non viables du lit de la plaie et a également pour effet de stimuler les facteurs de croissance, de retirer les
cellules sénescentes présentes dans une plaie ou autour de la plaie (St‐Cyr et Martineau, 2017; Bryant et Nix, 2016).
I. Inflammation et Infection
L’inflammation est une étape essentielle au processus de cicatrisation des plaies. Elle déclenche une cascade de réactions physiologiques et de processus biochimiques
complexes visant à apporter au lit de la plaie des éléments spécifiques tels que des neutrophiles et des facteurs de coagulation et de croissance pour amorcer une
cicatrisation optimale. Dans le cas de plaies chroniques, il est fréquent que la phase inflammatoire se prolonge, occasionnant une augmentation des cytokines inflammatoires,
une augmentation des activités des protéases et une diminution des activités des facteurs de croissance, ce qui entraine un état de stagnation dans le déroulement du
processus de cicatrisation et ainsi favorise le développement et la prolifération de microorganismes, et ce, jusqu’à l’infection (St‐Cyr, 2017; Bryant et Nix, 2016). Selon Bryant
et Nix (2016) et Harries et coll. (2016), le débridement ainsi que l’usage topique d’antimicrobiens et d’inhibiteurs de protéases sont cohérents avec la gestion de ce principe
de préparation du lit de la plaie.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 3 – Préparation du lit de la plaie 1
M. Milieu humide
L'exsudat est une composante essentielle au processus de cicatrisation, car il permet, de par sa composition, la libération des éléments nécessaires à la cicatrisation d'une
plaie. En fait, l’exsudat contient de l’eau, des électrolytes, des nutriments, des protéines, des médiateurs inflammatoires, des facteurs de croissance, des globules blancs et
des microorganismes (Nichols, 2016).
Malheureusement, dans les plaies chroniques, la présence excessive ou une insuffisance d'exsudat peut inhiber le processus de cicatrisation. Une quantité excessive peut
endommager la peau environnante et les bords de la plaie, inhiber l'activité cellulaire et favoriser le développement d'un biofilm. De plus, il a été démontré que les
composantes de l'exsudat dans une plaie chronique présentent des niveaux de cytokines pro‐inflammatoires, de protéases et de radicaux libres d'O2 élevés, maintenant ces
plaies dans un état inflammatoire prolongé. La gestion de l'humidité d'une plaie est donc cruciale (Rhiannon et coll., 2016).
Le choix d'un pansement est important dans la gestion de l'exsudat. Il doit maintenir un niveau d'humidité équilibré dans le but d'éviter des fuites sur la peau environnante
qui peuvent entrainer la macération de celle‐ci aux abords de la plaie. Dans l’optique de maintenir le milieu humide, l’utilisation de pansements mousses, de pansements
super absorbants et de thérapie par pression négative (TPN) est à considérer (Bryant et Nix, 2016; Rhiannon et coll., 2016).
Consulter :
Traitements locaux (F10)
Traitements adjuvants (F11)
E. Épithélialisation (bords de plaie et peau environnante)
L'évaluation des bords de la plaie permet d’indiquer s'il y a une progression en matière de contraction et d'épithélialisation. Celle‐ci nous confirme également si le traitement
local en cours est approprié. Une réduction de 20 à 40 % de la plaie après 2 et 4 semaines de traitement nous permet de confirmer que le traitement en cours est efficace.
C'est aussi un prédicteur fiable pour la cicatrisation. Il est aussi important d'évaluer la peau environnante, car la sécheresse ou la macération peuvent empêcher la guérison.
Considérer l'utilisation de thérapies adjuvantes (laser, stimulation électrique, la thérapie par pression négative, l’oxygénation hyperbare, etc.), de derme acellulaire, de greffe,
de cellules souches, de pansements bioactifs, etc. afin de favoriser la contraction des bords de la plaie et l'épithélialisation (Rhiannon et coll., 2016).
Consulter Traitements adjuvants (F11)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 3 – Préparation du lit de la plaie 2
Le TIME en résumé
T I M E
Tissu non viable Infection/Inflammation Milieu humide Épithélialisation (bords de la plaie Épithélialisation (bords de la plaie
ou biofilm et peau environnante) et peau environnante)
Une grande quantité
Les plaies chroniques L'absence de tissu sain sur les Toute perte d'intégrité de la
Le tissu non viable présent d'exsudat (contenant souvent
contiennent des bords de la plaie, la présence peau environnante peut avoir
dans le lit d'une plaie fournit des métalloprotéases (MPP)
microorganismes qui peuvent de bords de plaie roulés, non un effet négatif sur le
un milieu de croissance idéal peut endommager le nouveau
proliférer et causer une accolés ou de sous‐minage processus de cicatrisation de
pour les microorganismes. Il tissu dans le lit de la plaie et
infection. Même en l’absence indique que la plaie ne la plaie.
doit être retiré afin de également endommager
dermatite, eczéma,
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 3 – Préparation du lit de la plaie 3
Les méthodes de débridement
Mode d’action/Méthodes d’application Indications et contre‐indications Avantages Inconvénients
Autolytique
Mode d’action Indication Méthode très sélective et non Processus lent
Liquéfaction/digestion des tissus non Plaie non infectée présentant une invasive Surveiller l’évolution de la plaie, car
viables par l’action des enzymes quantité faible à moyenne de tissus non Non douloureuse le tissu non viable est retiré
protéolytiques, fibrinolytiques et viables. lentement, ce qui peut augmenter
collagénolytiques naturels de la phase Peu coûteuse
le risque de charge microbienne
inflammatoire du processus de Contre‐indications Si absence d’autolyse après 1 à élevée et d’infection.
cicatrisation. L’autolyse est stimulée par Usagers immunosupprimés 2 semaines, opter pour une autre Peut causer de la macération
un environnement humide, bien Plaies infectées méthode de débridement.
vascularisé et avec une fonction Plaies extensives, tunnel ou sous‐ (Wounds UK, 2017; Vowden et Vowden, 2011)
immunitaire adéquate. L’environnement (Wounds UK, 2017; Bryant et Nix, 2016)
minage
humide est facilité par l’application d’un (Bryant et Nix, 2016)
pansement rétenteur d’humidité pour une
période de 24 à 72 heures. Biofilm
Le tissu non viable contient du biofilm.
(Wounds UK, 2017; Bryant et Nix, 2016) Le débridement autolytique permet le
retrait du tissu non viable, donc du
Méthodes d’application biofilm. Il existe peu de données
Pansement rétenteur d’humidité scientifiques sur l’effet du débridement
Permet aux structures cellulaires autolytique sur le biofilm.
essentielles à la phagocytose de demeurer
intactes et d’éviter une destruction (Wounds UK, 2017)
prématurée due à l’assèchement de la
plaie. Scarifier les escarres au préalable.
Exemples :
Pellicule transparente
Hydrogel
Hydrocolloïde
Pansement absorbant
Absorbe le surplus d’humidité sans
assécher la plaie.
Exemples :
Alginates
Hydrofibres, fibres gélifiantes
Mousse
(Bryant et Nix, 2016)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 3 – Préparation du lit de la plaie 4
Mode d’action/Méthodes d’application Indications et contre‐indications Avantages Inconvénients
Mécanique
Retrait des tissus non viables à l’aide de Indication Méthode sélective Peut être douloureux (prévoir une
forces mécaniques Toutes les plaies sauf (voir contre‐ Facile d’utilisation analgésie)
indications) Peut occasionner des saignements
Méthode d’application
Irrigation à haute pression Contre‐indications
(entre 4 et 15 psi) Site receveur de greffe
Débride les tissus non viables et adhérents Déchirure cutanée
lors des changements de pansement. Plaie douloureuse
Seringue 30 ml + cathéter I.V. 20 G (ex. : néoplasique)
L’extrémité du cathéter doit être Possibilité de saignement
placée à un angle de 45° à 10 cm (usagers anticoagulés)
de la plaie.
Biofilm
Trois raisons motivent cette pression : Un certain niveau d'arrêt de la
Prévenir les éclaboussures et la progression et de retrait du biofilm
contamination d’autres
régions/surfaces/individus (Wounds UK, 2017)
Prévenir l’invasion de
microorganismes dans les tissus
sains
Prévenir les dommages aux tissus
sains dans le lit de la plaie
Pansement humide à sec (wet‐to‐dry) Indications Méthode non sélective Méthode douloureuse (prévoir
Compresse tissée, légèrement imbibée Plaie comportant beaucoup de Rapide analgésie)
de 0,9 NaCl, qui doit être retirée de la tissus non viables, aucune Peut endommager le tissu sain
plaie lorsqu’elle est sèche et que les granulation visible (Bryant et Nix, 2016; Vowden et Vowden, 2011)
Coûteuse (temps‐soin)
débris adhèrent à la compresse (après Infection
environ 4 à 6 heures), trois à six fois par (Bryant et Nix, 2016; Vowden, 2011)
jours. Contre‐indications
(Bryant et Nix, 2016; Vowden, 2011) Plaie douloureuse
Tissu viable
Biofilm
N’a pas démontré d’efficacité sur le
biofilm.
(Bryant et Nix, 2016)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 3 – Préparation du lit de la plaie 5
Mode d’action/Méthodes d’application Indications et contre‐indications Avantages Inconvénients
Mécanique (suite)
Débridement par friction Indications Plus ou moins rapide Méthode plus ou moins douloureuse :
Le nettoyage vigoureux à l’aide d’une Biofilm Facile d’utilisation favoriser la prise d’analgésiques
compresse ou d’un tampon de fibre de Tissu non viable superficiel (Wounds UK, 2017)
(Wounds UK, 2017)
polyester monofilament (ex. : DebrisoftMD)
Contre‐indications
(Wounds UK, 2017)
Tissu néoplasique
Plaie douloureuse
Biofilm
Détache et retire mécaniquement le
biofilm (in vitro)
(Wounds UK, 2017)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 3 – Préparation du lit de la plaie 6
Mode d’action/Méthodes d’application Indications et contre‐indications Avantages Inconvénients
Enzymatique
Enzymes exogènes dérivés de la bactérie Indications Sélective Coûteuse
Clostridium (collagénase) permettant de Situation clinique où le Méthode lente, mais plus rapide
scinder les liens protéiques entre le tissu débridement chirurgical est que l’autolyse
non viable et le lit de la plaie dans le but contre‐indiqué
Non douloureuse
d’accélérer le débridement (ex. : Application aux 24 heures
SantylMD) Peut‐être utilisée conjointement
Peut être utilisée conjointement
(Bryant et Nix, 2016) entre chaque débridement
avec un antibiotique topique
chirurgical conservateur (en série)
(ex. : polymixine, bacitracine,
Méthode d’application mupirocin)
Application die à bid
Scarification, si escarre Contre‐indications
Le produit peut être appliqué en Plaie sans potentiel de
périphérie de l’escarre (si elle a cicatrisation
commencé à se soulever). Plaie présentant des signes
d’infection
Allergie à une des composantes
du produit (collagénase)
Ne pas utiliser en combinaison
avec :
o Solution de Burrow (acétate
d’aluminium)
o Produits antiseptiques pour
plaie (ayant pH < 6,0 ou > 8,0)
o Produits avec argent
o Certains antibiotiques
topiques
o Produits avec iode ou zinc
Biofilm
Contrôler un biofilm (dans sa
réimplantation)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 3 – Préparation du lit de la plaie 7
Mode d’action/Méthodes d’application Indications et contre‐indications Avantages Inconvénients
Chimique/surfactant
Solution Dakin Indications Méthode non sélective Changement de pansement fréquent
Le NaClO inhibe la synthèse et la Plaie infectée Rapide (moins que le débridement
réplication de l’ADN et l’ARN des Plaie de grande surface chirurgical conservateur)
bactéries. Le pH alcalin de la solution
crée un environnement hostile au Contre‐indication
développement des bactéries et a des Tissu viable
propriétés oxydatives. Dégrade les
protéines des tissus non viables. Biofilm
(Armstrong et coll., 2015; St‐Cyr, 2010)
Un certain niveau d'arrêt de progression
du biofilm et de retrait.
Méthode d’application
Compresse imbibée et essorée
de solution Dakin 0,250 %,
recouverte d’une compresse
sèche
Changer le pansement BID.
Surfactant Indication Méthode sélective non invasive Doit être utilisée en combinaison avec
Agent à surface active qui agit en Biofilm un retrait mécanique.
réduisant la surface de tension des
fluides et qui permet une plus grande Contre‐indication
pénétration. Il brise les liens des Inconnue
contaminants et des tissus non viables de
la surface de la plaie. Lors du nettoyage, Biofilm
ils sont ainsi retirés mécaniquement du Pénètre le biofilm rapidement et le
lit de la plaie. détruit.
(IWII, 2016)
Méthode d’application
Utilisation d'un nettoyant, d'un
gel ou d’un pansement à base de
surfactant (ex. : PHMB, OCT ou
dihydrochlorure d’octénidine)
Nécessite un temps d’exposition
de 10 à 15 minutes pour induire
un effet biocide.
(IWII, 2016; WOCN, 2016)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 3 – Préparation du lit de la plaie 8
Mode d’action/Méthodes d’application Indications et contre‐indications Avantages Inconvénients
Biologique/enzymatique
Larvothérapie Indications Méthode rapide Coûteuse
Application de larves stériles Lucilia Plaie infectée Sélective Accès difficile à ce type de
sericata dans la plaie. Celles‐ci sécrètent Plaie dont le débridement débridement
des enzymes comme la collagénase, Permet de réduire les bactéries, les
chirurgical est contre‐indiqué
odeurs et la douleur
l’allantoïne et autres agents qui digèrent (Wounds UK, 2017) (Bryant et Nix, 2016; Vowden et Vowden, 2011)
le tissu non viable sans toucher au tissu Contre‐indications
viable. Vaisseaux sanguins ou organes
(Wounds UK, 2017; Bryant et Nix; 2016; Vowden et exposés, os dévitalisés
Vowden, 2011)
Apport sanguin limité
Cette méthode, utilisée depuis 1930 sous Plaie avec tissus non viables
le nom de « Maggot therapy », n’est pas secs ou néoplasiques
(Bryant et Nix, 2016)
acceptée universellement au Canada (en
raison de la résistance des usagers et des
Biofilm
cliniciens).
Un bon niveau d'évidence dans le retrait
du biofilm in vitro.
Méthode d’application (IWII, 2016)
Protéger la peau environnante
Les larves peuvent être
contenues dans un filet de nylon
ou être introduites directement
dans la plaie.
(Bryant et Nix, 2016)
Débridement chirurgical conservateur
Retrait des tissus non viables et d’un Indications Méthode sélective Peut être douloureuse (analgésie
biofilm dans le lit d’une plaie, sans Plaie infectée (avec précaution) Méthode rapide locale ou systémique)
occasionner de saignement, à l’aide Se fait souvent sur plusieurs
d’une pince, d’un bistouri, d’une curette Contre‐indications Peut être faite en série
jours/semaines (selon la dimension
ou de ciseaux. Cette méthode est Usager anticoagulé de la plaie)
(Bryant et Nix, 2016)
habituellement utilisée conjointement Usager agité
avec une autre méthode de débridement (Bryant et Nix, 2016)
Cette méthode de débridement requiert
et faite en série.
une formation, des compétences, des
(Bryant et Nix, 2016; Vowden et Vowden, 2011) Biofilm
habiletés et une autorisation de son
Retrait complet du biofilm.
Peut activer le processus de cicatrisation (IWII, 2016)
établissement, même si cette activité fait
en transformant une plaie chronique en partie des activités réservées à la
plaie aigüe. pratique infirmière.
(Bryant et Nix, 2016)
(Bryant et Nix, 2016; Vowden et Vowden, 2011)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 3 – Préparation du lit de la plaie 9
Mode d’action/Méthodes d’application Indications et contre‐indications Avantages Inconvénients
Chirurgical
Retrait des tissus non viables, contaminés Indications Méthode rapide Douloureuse : besoin d’une
ou infectés à l’aide d’un instrument Plaies avec cellulite, sepsis Méthode non sélective anesthésie
(bistouri, laser, hydrochirurgie) en salle Grande surface de tissus non Coûteuse
d’opération par un chirurgien. viables Peut occasionner des pertes
(Vowden et Vowden, 2011) Ostéomyélite sanguines
Corps étranger à retirer Possibilité d’un délai relié à la non‐
Peut activer le processus de cicatrisation
Lorsqu’un débridement rapide disponibilité de la salle d’opération
en transformant une plaie chronique en
est nécessaire (Bryant et Nix, 2016; Vowden et Vowden, 2011)
plaie aigüe. (Bryant et Nix, 2016; Vowden et Vowden, 2011)
(Bryant et Nix, 2016)
Autres techniques :
Biofilm
Laser : en plus de couper, cette Retrait complet du biofilm et du foyer
méthode permet de cautériser la d'infection.
plaie (IWII, 2016)
Hydrochirurgie : NaCl à forte
pression (en jet)
L’INFECTION
Les caractéristiques d’un usager, de sa plaie et de son environnement peuvent contribuer au développement d’une infection de plaie. Dans la plupart des cas, l’infection est
multifactorielle et dépend du cumul de ces facteurs de risque chez l’usager (l’hôte). La survenue d’une infection de plaie dépend également du pouvoir pathogène des bactéries,
de la virulence des microorganismes (aptitude d’un microorganisme à provoquer une infection) et de l’immunocompétence de l’hôte.
(OIIQ, 2007; EWMA, 2005; Gardner et Frantz, 2003).
INFECTION = NOMBRE DE MICROORGANISMES X VIRULENCE DES MICROORGANISMES
RÉSISTANCE DE L’HÔTE
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 3 – Préparation du lit de la plaie 10
Définitions des termes utilisés dans le continuum de l’infection
Il importe de bien différencier les termes en matière d’infection avant d’intervenir et d’amorcer un plan de soins et de traitements infirmiers. Une compréhension
approfondie permet en outre de mettre en place des interventions justes et adaptées à la situation.
Contamination : Présence de bactéries sur la surface de la plaie sans multiplication des cellules microbiennes donc, ne causant pas d’infection (toutes les plaies chroniques
sont contaminées par des microorganismes) (Bryant et Nix, 2016).
Colonisation : Multiplication de microorganismes qui adhèrent à la surface de la plaie sans invasion dans les tissus et sans réponse immunitaire de l’hôte (le nombre de
bactéries n’excède pas la capacité de l’hôte à se défendre contre leur invasion donc aucun signe d’infection). Les bactéries ne sont pas pathogéniques et la plaie ne requiert
pas de traitement local ou systémique avec des antibiotiques (Bryant et Nix, 2016).
Infection locale : Apparait lorsque les microorganismes s’implantent plus profondément dans le lit de la plaie et prolifèrent à un rythme qui provoque une réponse
immunitaire chez l’hôte. Une infection locale est contenue dans un système, une structure ou un endroit précis. Dans une plaie chronique, les signes d’infection locale sont
souvent subtils et passent inaperçus (IWII, 2016).
Propagation de l’infection : Apparait à la suite de l’invasion des microorganismes dans les tissus entourant la plaie. Avec cette invasion, des signes et symptômes
apparaissent en bordure de la plaie et une dissémination des microorganismes dans les tissus profonds, muscles, fascia, organes peut se faire si un traitement n’est pas
instauré (IWII, 2016).
Infection systémique : Un tel type d’infection provenant de la plaie affecte le corps dans son intégralité. Les microorganismes sont disséminés dans tout le corps par
l’intermédiaire des systèmes vasculaire et lymphatique. Une réponse inflammatoire et un sepsis avec dysfonction organique apparaissent (IWII, 2016).
Biofilm : Le biofilm est une communauté structurée de microorganismes (microbes) avec une diversité génétique et des gènes expressifs (phénotypes) variables qui
développent des comportements et des moyens de défense dans le but unique de développer des infections de plaies chroniques. Les biofilms sont caractérisés par une
tolérance significative aux antibiotiques et biocides (antiseptiques à propriété bactéricide) en demeurant protégés par une substance extracellulaire polymérique qui agit
comme une barrière protectrice contre la réponse immunitaire de l’hôte (IWII, 2016; Bryant et Nix, 2016).
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 3 – Préparation du lit de la plaie 11
Continuum d’une infection de plaie
Augmentation de la virulence et/ou du nombre des
microorganismes
Contamination Colonisation Infection locale Propagation de l’infection Infection systémique
Vigilance requise Intervention nécessaire
Vigilance requise (pas d’indication Utilisation Utilisation d’antibiotiques systémiques
d’utilisation d’antimicrobiens d’antimicrobiens et d’antimicrobiens topiques [Notre traduction] IWII, 2016.
topiques/ou d’antibiotiques topiques et
topiques
systémiques)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 3 – Préparation du lit de la plaie 12
Développement du biofilm dans une plaie
Attachement/
Attachement/ Prolifération Croissance et Dispersion
fixation
fixation irréversible cellulaire de maturation 48 h
planctonique
6 h microcolonies 24 h
(réversible)
Adaptation et traduction libre de IWII, 2016 et de Abelson et McLaughlin, 2012, p. 53
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 3 – Préparation du lit de la plaie 13
La phase d’attachement/ Microorganismes solitaires flottant librement. Leur fixation à la surface de la plaie par les pili (structures protéiques
fixation planctonique filamenteuses, appendices cellulaires, impliqués dans la transmission et le codage de l’ADN) ou les flagelles (prolongements
cytoplasmiques permettant le mouvement d’une cellule dans un liquide), est faible et réversible.
La phase d’attachement/ Microorganismes fixés ensemble et regroupés à la surface de la plaie par les pili ou les flagelles devenus plus forts. La
fixation irréversible fixation de ces microorganismes est médiatisée par la sécrétion d’une substance polymérique extracellulaire qui entoure la
colonie microbactérienne et agit comme une barrière protectrice à la réponse immunitaire de l’hôte. Cette phase est
irréversible, permanente.
La phase de prolifération cellulaire de Une fois fixés, les microorganismes entrent dans un processus de prolifération. Ce processus est habituellement le résultat
microcolonies d’un type de communication entre les cellules nommé « Quorum sensing » ou détection du quorum. Lorsque des molécules
du « Quorum sensing » sont sécrétées, d’autres microorganismes sont attirés et se joignent à la colonie du biofilm. Il y a
alors formation de microcolonies.
La phase de croissance et de maturation Croissance et différentiation du biofilm en une communauté mature, structurée par des canaux et des amas cellulaires. Les
défenses de l’hôte sont inadéquates pour éradiquer le biofilm, mais capables de reconnaitre sa présence en recrutant de
façon inappropriée et excessive les neutrophiles, les cytokines pro‐inflammatoires et les protéases. Cela mène à une
destruction tissulaire et une augmentation de la perméabilité capillaire qui, en retour, nourrissent le biofilm. Il est postulé
qu’une fois le biofilm mature, les stratégies conventionnelles de soins de plaies sont beaucoup moins efficaces (sans
antimicrobiens et sans débridement).
La phase de dispersion Le biofilm mature entre dans un processus de réensemencement de la surface de la plaie avec des microorganismes
planctoniques. Après cette étape, il y a un retour à la phase d'attachement/fixation planctonique et le cycle recommence.
Quorum sensing: système de communication intercellulaire qui favorise l'expression de gènes et réglemente les comportements des bactéries dans une communauté (un
biofilm par exemple). (IWII, 2016)
Critères indiquant la présence potentielle d’un biofilm
Selon l’IWII (2016), plusieurs plaies avec un biofilm ont une apparence normale, sans signes d’infection. Il a été démontré en laboratoire que les biofilms peuvent se
développer en profondeur dans le lit de la plaie où il s’avère impossible de les visualiser et de les identifier. Le seul signe clinique visible est un arrêt du processus de
cicatrisation.
Retard dans le processus de cicatrisation malgré une gestion optimale du lit de la plaie et des facteurs intrinsèques liés à l’usager
Échec d’un traitement antibiotique approprié ou récurrence d’un retard dans le processus de cicatrisation après arrêt des antibiotiques
Signes locaux d’infection
Tissu de granulation friable, hypergranulation, tissu viable sans granulation
Augmentation de l’exsudat
Échec à l'utilisation d'un traitement antimicrobien topique
Une substance gélatineuse qui se retire facilement du lit de la plaie, mais qui se reforme rapidement dans les jours suivants (1 à 2 jours)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 3 – Préparation du lit de la plaie 14
Facteurs de risque associés au développement d’une infection de plaie
Selon l'IWII (2016), divers facteurs prédisposent l’usager au développement d’une infection de plaie. Certains facteurs sont liés à l’usager, tandis que d’autres sont liés à la
plaie ou à l’environnement.
Facteurs de risque liés à l’usager
Diabète mal contrôlé
Chirurgie antérieure
Radiothérapie/chimiothérapie
Hypoxie/faible perfusion tissulaire : anémie, MCAS (maladie coronarienne athérosclérotique), MVAS (maladie vasculaire athérosclérotique), MPOC (maladie
pulmonaire obstructive chronique)
Polyarthrite rhumatoïde
Déficit du système immunitaire (déficience immune acquise, déficit sensoriel, néoplasie)
Antibiothérapie prophylactique inappropriée
Âge ≥ 65 ans
Médication : anti‐inflammatoire, immunosuppresseur, corticothérapie
Médication qui diminue la perfusion en périphérie (ex. : bêtabloqueurs)
Malnutrition, déshydratation
Insuffisance rénale
Alcoolisme et toxicomanie
Tabagisme
(IWII, 2016)
Spécifiquement pour les usagers diabétiques
Les ulcères du pied diabétique et l’amputation sont le résultat de complications occasionnées par le diabète comme la maladie artérielle périphérique, la neuropathie et une
glycémie mal contrôlée. On note malheureusement une augmentation mondiale du nombre d’amputations reliées au diabète. Plus d’un million d’amputations ont lieu
chaque année chez cette clientèle (IWGDF, 2015). Chez la clientèle diabétique, l’immunocompétence est compromise, ce qui réduit la résistance de l’usager à l’infection. Il
importe de bien différencier les signes d’infection locale des signes de propagation de l’infection ou d’infection systémique, car ces dernières sont responsables de 50 à
85 % des amputations chez les diabétiques (St‐Cyr, 2017; Wounds Canada, 2017).
L'infection du pied chez une personne diabétique présente une sérieuse menace au membre touché et doit être évaluée et traitée rapidement. Comme toute plaie ouverte
est considérée comme colonisée par des pathogènes potentiels, un diagnostic d'infection chez un usager diabétique est établi par la présence de deux signes ou symptômes
d'inflammation (rougeur, chaleur, induration, douleur/sensibilité) ou d’exsudat purulent. Malheureusement, ces signes peuvent être cachés par une neuropathie ou une
ischémie. De plus, les manifestations systémiques telles que l'hyperthermie et une augmentation du nombre de globules blancs sont souvent absentes. L'infection chez une
personne diabétique doit être classifiée comme étant légère (propagation de l’infection avec une légère cellulite), modérée (propagation de l’infection avec une cellulite
extensive) ou sévère (infection systémique avec signes de sepsis).
Si l'infection locale n'est pas traitée adéquatement, elle peut se propager aux tissus mous et aux structures profondes, incluant les structures osseuses (ostéomyélite)
(Diabetes Research and Clinical Practice, 2017; IWGDF, 2015).
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 3 – Préparation du lit de la plaie 15
Facteurs de risque d'une infection liés à la plaie
Plaies aigües Plaies chroniques Plaies aigües et chroniques
Plaie contaminée/sale Degré de chronicité/durée de la plaie Présence d’un drain, suture dans la plaie
Plaie traumatique avec traitement local Plaie de grande surface ou profonde Hématome/sérome
retardé Présence de corps étrangers (prothèse, matériel Tissu non viable
Infection/sepsis préexistant de suture) dans la plaie Perfusion tissulaire compromise
Contamination gastro‐intestinale Présence de tissu non viable dans la plaie Exsudat/humidité augmentée
Plaie pénétrante depuis plus de 4 h Contamination de la région entourant la plaie :
Rasage inapproprié région périnéale (incontinence), pied, etc.
Facteurs périopératoires (longue chirurgie, Apport sanguin insuffisant au niveau de la plaie :
hypothermie, transfusion sanguine) plaie localisée aux membres inférieurs
Œdème
Hématome, sérome
Tissu irradié (IWII, 2016)
Facteurs de risque d'une infection liés à l’environnement
Hospitalisation (augmentation du risque d’exposition à des organismes pathogènes résistants aux antibiotiques)
Hygiène des mains et techniques d’asepsie déficiente
Environnement insalubre (poussière, surface non nettoyée, moisissures…)
Traumatismes répétés (technique de retrait des pansements inappropriée)
Présence de pression, de friction, de cisaillement et d'humidité (lésion de pression)
Chaussures non adaptées aux besoins de l’usager
Non‐utilisation d'appareils de mise en décharge au niveau du pied diabétique : plâtre de contact total, botte de marche, chaussure moulée ou adaptée, orthèse
plantaire (IWII, 2016)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 3 – Préparation du lit de la plaie 16
Signes et symptômes d’infection d’une plaie chronique
Tableau des signes et symptômes associés aux différents stades du continuum d’une infection de plaie
Vigilance requise (pas d'indication d'utilisation
d'antimicrobiens topiques/ou d'antibiotiques Utilisation d'antimicrobiens topiques Utilisation d'antibiotiques systémiques et
topiques et systémiques) d'antimicrobiens topiques
Sources : St‐Cyr, 2017; IWII, 2016; Wounds International, 2012
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 3 – Préparation du lit de la plaie 17
Bactéries susceptibles d’être présentes dans une plaie chronique
La présence de bactéries aérobies et anaérobies simultanément favorisent le développement d’une infection en raison d’un effet synergique. Leur présence est à l’origine
des gangrènes, des fasciites nécrosantes et des cellulites des tissus mous et de la peau.
Aérobies (Gram positif) Streptocoques bêta‐hémolytiques Présence de contaminants précoces (quelques jours)
Staphylococcus aureus
Organisme qui requiert la Corynebacterium
présence d’oxygène pour se
multiplier et pour survivre
Aérobies (Gram négatif) Enterobacter Suivi par des contaminants de la région génito‐urinaire
o Escherichia coli (de 1 à 4 semaines)
Organisme qui requiert la o Proteus mirabilis
présence d’oxygène pour se o Klebsiella
multiplier et pour survivre Pseudomonas aeruginosa
Anaérobies (Gram positif) Clostridium
Peptostreptococcus
Organisme qui peut survivre et se
multiplier en l’absence d’oxygène
dans son environnement
Arrivent ensuite après quelques jours ou quelques semaines plus tard
Anaérobies (Gram négatif) Prevotella (de 1 à 4 semaines)
Bactéroïdes
Organisme qui peut survivre et se
multiplier en l’absence d’oxygène
dans son environnement
Fongus Candida albicans On retrouve les champignons en même temps que les anaérobies.
Aspergillus
Cladosporium
À titre indicatif, les bactéries reconnues pathogènes dans une plaie chronique, c’est‐à‐dire pouvant retarder le processus de cicatrisation sont :
Staphylococcus aureus
Streptocoques bêta‐hémolytiques du groupe A, B, C, F et G
Pseudomonas aeruginosa
Entérobactéries
(Sibbald et coll., 2003; Ratliff et coll., 2008; Bryant et Nix, 2016; Microbial Ecology, 2017)
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Tests et examens diagnostiques en présence d'infection
Culture de plaie (biopsie des tissus/os, aspiration à l’aiguille, écouvillonnage)
Les résultats de la culture par écouvillon sont peu représentatifs du nombre et du type de microorganismes présents.
Est l’un des moyens permettant d’orienter le plan de traitement avec un antimicrobien topique ou un antibiotique systémique (seuls les organismes au phénotype
planctonique peuvent être identifiés).
Pour diagnostic rapide des Gram + ou –.
La culture de plaie ne permet pas de diagnostiquer une infection; elle peut toutefois orienter le traitement antimicrobien ou antibiotique.
Ne permet pas de détecter la présence de biofilm (Wounds UK ,2017).
Indications d'une culture de plaie :
utilisée chez l’usager ayant une plaie qui présente des signes et symptômes d’infection locale ou de propagation de l’infection ou lorsque la plaie n’évolue plus après
deux semaines de traitements (Bryant et Nix, 2016; IWII, 2016);
plaie infectée qui ne répond pas à un traitement antimicrobien ou qui se détériore malgré un traitement antimicrobien;
en conformité avec des protocoles locaux pour la surveillance de souches microbiennes résistantes;
plaies dont la présence de certaines espèces pourrait empêcher une procédure chirurgicale (ex. : streptocoque bêta‐hémolytique pour une procédure de greffe);
chez les usagers immunosupprimés : il faut également considérer une culture en présence de signes d'infection locale ou d'un retard de cicatrisation.
Technique de LEVINE (culture de plaie faite à l’aide de l’écouvillon)
Actions Informations supplémentaires
Nettoyer et débrider la plaie avant de Informer l’usager et lui demander son autorisation.
procéder à la culture Nettoyer la plaie avec une solution saline stérile.
Débrider les tissus non viables afin de prélever seulement dans un tissu viable.
Humidifier le bout de l'écouvillon Toujours humidifier le bout de l'écouvillon à l’aide de la solution saline avant de prélever, plus particulièrement dans
le cas d’une plaie sans exsudat.
Que doit‐on prélever? Identifier un endroit exempt de tissus non viables dans la plaie.
Technique Informer l’usager que le prélèvement peut parfois causer un inconfort dû à la pression qui doit être exercée afin de
prélever les microorganismes dans les tissus du lit de la plaie.
Procéder selon une technique stérile.
Déposer l’extrémité humide de l'écouvillon dans le lit de la plaie à l'endroit identifié.
Presser sur l’écouvillon tout en exerçant une rotation sur lui‐même.
Remettre l'écouvillon dans son milieu de culture stérile.
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Source : OIIQ, 2007
Reproduit avec permission
Documenter la culture au dossier Étiqueter le milieu de culture au nom de l’usager
Indiquer la localisation de la plaie et où a été fait le prélèvement (environnement)
Indiquer également le plus de détails possible :
o antibiotique actif, immunosuppresseur…
o présence de comorbidités
o présence microbienne suspectée (ex. : Pseudomonas aeruginosa)
o hypothèse ou diagnostic de l'étiologie de la plaie
o durée de la plaie (date d'apparition)
(IWII, 2016)
Interprétation de la culture de plaie
L’antibiogramme est un examen de laboratoire visant à déterminer la sensibilité d’une bactérie à différents antibiotiques. En effet, de nombreuses bactéries sont devenues,
avec le temps, résistantes aux antibiotiques. En conséquence, il n’est donc pas toujours évident de trouver l’antibiotique qui sera efficace pour traiter une souche
bactérienne donnée. En mettant en contact des bactéries (prélevées chez un usager) avec plusieurs antibiotiques, l’antibiogramme permet de voir quels sont les produits
qui inhibent la croissance bactérienne et lesquels seront efficaces pour traiter l’infection. L’antibiogramme permet en effet de faire la distinction entre :
une souche de bactérie résistante : dans ce cas, l’antibiotique testé ne pourra pas être efficace chez l'usager;
et une souche sensible : c’est ce traitement qui sera prescrit.
Attention
L'interprétation des résultats d'une culture (l'antibiogramme) est d'ordre médical.
(EWMA, 2005; OIIQ, 2007; Stotts, 2007; IWII, 2016)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 3 – Préparation du lit de la plaie 20
Test du stylet
Examen clinique simple d'une plaie profonde à l’aide d’un stylet métallique. Cet examen fournit des informations importantes lorsque l’on suspecte la présence
d'ostéomyélite (si le stylet touche à l'os) (St‐Cyr, 2017).
Sensibilité de 60 % et spécificité de 91 % (Bryant et Nix, 2016).
Hémocultures
Chez l'usager présentant des signes de sepsis (voir symptômes décrits plus haut).
Radiographie
La radiographie simple peut suggérer un diagnostic d’ostéomyélite, exclure d’autres pathologies ou fournir certains indices menant vers d’autres conditions. Dans
l’ostéomyélite chronique, une érosion corticale, une réaction périostée et une sclérose sont retrouvées. D’autres découvertes peuvent inclure des séquestres (os
dévitalisé) et de l’œdème des tissus mous. La radiographie est limitée par sa sensibilité et sa spécificité (14 % et 70 % respectivement). Ceci est particulièrement vrai
dans le cas d’une infection récente. Les changements osseux attribuables à une ostéomyélite peuvent n’être visibles qu’au bout d’une à deux semaines d’infection.
De plus, la radiographie seule peut être insuffisante pour distinguer une ostéomyélite d’une arthropathie de Charcot aigüe ou même, dans certaines occasions, d’une
fracture (Belley et coll., 2018).
Scintigraphie au gallium
Examen nucléaire de deuxième intention (la radiographie étant l'examen de première intention) utilisé pour éliminer, entre autres, une ostéomyélite. Il présente une
sensibilité de 73 à 100 %, mais il est peu spécifique (40‐60 %). Lorsqu’introduit dans la circulation, le citrate de Gallium‐67 se lie principalement à une bêtaglobuline,
la transferrine responsable du transport du fer dans le sang, et à la lactoferrine présente, entre autres, dans les neutrophiles. La présence de lactoferrine dans les
neutrophiles fait du Gallium‐67 un marqueur in vivo des globules blancs, d’où son utilisation pour mettre en évidence les foyers infectieux. Ce type d’imagerie peut
être utile comme alternative diagnostique à l’IRM. L’imagerie nucléaire tend à être plus juste dans l’évaluation des infections aigües que chronique en raison de sa
sensibilité à détecter les processus inflammatoires, ce qui augmente la qualité et la précision des images (Belley et coll., 2018).
Tomodensitogramme (TDM, CT scan)
Évalue des pathologies soupçonnées dans les os et les articulations lorsque celles‐ci ne sont pas évidentes sur une radiographie ordinaire.
Sensibilité de 81 % et spécificité de 28 % (Bryant et Nix, 2016).
La TDM est utile pour évaluer l’intégrité corticale et trabéculaire, le périoste, la présence de gaz intraosseux et l’extension de la trajectoire d’un sinus. Elle peut servir
aussi à évaluer la présence d’un séquestre et donne un excellent portait anatomique des tissus mous adjacents (Belley et coll., 2018).
Imagerie par résonance magnétique (IRM)
La meilleure modalité diagnostique pour obtenir des images détaillées et connaitre l’étendue de la destruction corticale caractéristique de l’ostéomyélite ainsi que
de l’inflammation de la moelle et des tissus mous (comme dans le cas d’une cellulite ou d’une myosite). L’IRM a aussi une bonne valeur prédictive négative pour
l’ostéomyélite (Belley et coll., 2018).
Excellente sensibilité (90 %) et spécificité (79 %) pour diagnostiquer une ostéomyélite ou pour voir un œdème anormal de la moelle osseuse seulement 3 à 5 jours
après le début de l’infection (Belley et coll., 2018).
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 3 – Préparation du lit de la plaie 21
Interventions et gestion efficace de l'infection dans une plaie
Optimiser la réponse chez l'hôte
• Optimiser la gestion des comorbidités (contrôle du diabète, perfusion/oxygénation des tissus…) (collaboration médicale)
• Minimiser ou éliminer les facteurs de risque qui favorise une infection
• Optimiser l'état nutritionnel et l'hydratation
• Évaluer et traiter les autres sites anatomiques présentant une infection (infection urinaire, pulmonaire…) (collaboration médicale)
• Traiter les symptômes systémiques (douleur, hyperthermie…) (collaboration médicale)
• Répondre aux besoins psychosociaux de l'usager
• Fournir des antimicrobiens ou une antibiothérapie systémique appropriée (collaboration médicale)
• S'assurer de la collaboration de l'usager
Réduire la charge bactérienne
• Prévenir les infections croisées en appliquant des précautions universelles et une techniques d'asepsie basée sur l'évaluation des risques
propres à l'usager, sa plaie et son environnement
• Faciliter le drainage des plaies (par l'utilisation de pansements appropriés à la quantité d'exsudat)
• Nettoyer et protéger la peau environnante de la plaie (ex. : flore cutanée contaminée par des selles)
• Optimiser le lit de la plaie (en appliquant les principes du concept TIME)
• Considérer un traitement local avec antimicrobien, si nécessaire
• Si nécessaire, appliquer un antiseptique topique pour une courte période (ex. : 2 semaines)
Favoriser un environnement idéal à la cicatrisation des plaies
• S'assurer de travailler dans un environnement propre et sécuritaire
• Ranger l'équipement et les produits utilisés dans un endroit approprié
• Promouvoir l'éducation de l'usager, de sa famille et des professionnels de soins
• Réviser régulièrement les politiques locales de gestion et de prévention des infections
(IWII, 2016)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 3 – Préparation du lit de la plaie 22
Les mesures de préventions des infections
• Utilisation appropriée de gants propres et stériles (lavage des mains ou gel antiseptique avant et après utilisation)
• Port des gants non stériles pour le retrait du pansement et de gants stériles pour la réfection du pansement :
Consulter l’arbre de décision « La prévention des infections ».
• Utilisation d’instruments de mesure de plaie individuels et jetables afin d’éviter la circulation de l’instrument d’un usager à l’autre. Éviter le contact entre un
instrument de mesure (ex. : ruban à mesurer) et la plaie.
• Port d’un équipement de protection adapté (ex. : masque et lunette de protection, blouse) lors de l’irrigation à haute pression, si risque d’éclaboussure.
ÉTANT DONNÉ QUE LES RECOMMANDATIONS PEUVENT VARIER SELON L’ÉTABLISSEMENT DE SANTÉ, TOUJOURS CONSULTER LES MÉTHODES DE SOINS OU LES
INFIRMIÈRES EN PRÉVENTION DES INFECTIONS AU PRÉALABLE
Traitements locaux en présence d'infection
Le moyen le plus efficace pour diminuer la charge microbienne dans une plaie demeure le débridement et le retrait des tissus non viables, car ces tissus encouragent la croissance
de microorganismes et interfèrent dans le processus de cicatrisation (WOCN, 2016). Cependant, l'utilisation d'antiseptiques et d’antimicrobiens peut s'avérer très utile.
Le défi deux semaines :
Il est recommandé d’utiliser initialement un antimicrobien/antiseptique pour une période de 2 semaines.
Puis, la plaie, l'usager et le traitement local doivent être réévalués afin de déterminer si son utilisation s'avère toujours nécessaire.
(IWII, 2016)
Le défi deux semaines avec biofilm :
Il est recommandé d’utiliser initialement un antimicrobien/antiseptique pour une période de 2 semaines et de retirer le biofilm d’une à trois fois par semaine grâce à un
débridement mécanique ou chirurgical conservateur.
Puis, la plaie, l'usager et le traitement local doivent être réévalués afin de déterminer si son utilisation s'avère toujours nécessaire.
(Wounds UK, 2017)
Utilisation prophylactique (préventive)
Un antimicrobien/antiseptique peut être utilisé comme barrière à l'entrée des microorganismes dans une plaie chez un usager à risque d'infection ou dans une plaie à risque de
se réinfecter. On peut l’employer, par exemple, dans le cas de brûlures, de lésions de pression à proximité de l'anus, de plaies présentant une structure profonde (os, ligament,
tendon…), de plaies chez les usagers immunodéficients, d’ulcères artériels, d’ulcères du pied diabétique ou de plaies néoplasiques. Lorsqu'un antimicrobien/antiseptique est
utilisé en prévention, l’on doit s'assurer de justifier et de documenter au dossier de l'usager la raison sous‐jacente à son utilisation (Wounds International, 2012).
Définitions
Antibiotique : petite molécule naturelle ou synthétique qui possède la capacité de détruire ou d'inhiber la croissance bactérienne.
Antifongique : qui se rapporte à une substance qui tue les fongus ou inhibe leur croissance et leur reproduction.
Antiseptique : agent non sélectif que l'on applique localement (en topique) pour inhiber la multiplication des microorganismes ou les détruire.
Bactéricide : un agent qui tue des bactéries grâce à un ou de multiples processus cellulaires.
Bactériostatique : qui réfère à la multiplication ou à la croissance bactérienne qui a été inhibée ou empêchée. Les bactéries ne sont pas tuées.
Biocide : qui a la propriété de détruire un organisme vivant.
Surfactant : substance à base de lipides et de protéines qui réduit la surface de tension.
Planctonique : les cellules planctoniques sont des bactéries qui évoluent en flottant dans leur environnement (elles ne font pas encore partie d’une communauté
structurée ou d'un biofilm).
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 3 – Préparation du lit de la plaie 23
ANTISEPTIQUES TOPIQUES
Les solutions antiseptiques sont des agents chimiques non sélectifs à large spectre exerçant un effet biocide sur les bactéries, champignons et virus en fonction du type et de
la concentration utilisée. Chaque type d’antiseptique agit différemment sur les microorganismes. C'est pour cette raison que les microorganismes présentent un très faible
risque de développer une résistance aux antiseptiques. Ils peuvent par contre être cytotoxiques pour les tissus sains et nuire au processus de cicatrisation, car ils ne
différencient pas les microorganismes des cellules saines (WOCN, 2016). Une utilisation judicieuse permet de diminuer l'utilisation d'antibiotiques locaux et systémiques et
ainsi freiner la résistance à ceux‐ci. De nouvelles générations de solutions antiseptiques non cytotoxiques telles que le polyhexaméthylène biguanide (PHMB) sont à
privilégier selon l’évaluation de la situation clinique de l’usager (IWII, 2016; WOCN, 2016).
Indications
Les solutions antiseptiques sont généralement utilisées lorsque l'objectif de soins est de contrôler ou de détruire les microorganismes d’une plaie présentant une
infection locale ou une propagation de l’infection ou encore des tissus non viables.
L'utilisation d’antiseptiques est recommandée dans les situations suivantes :
o lorsqu’une plaie présente plus de 50 % de tissus non viables, l’utilisation d’une solution antiseptique demeure le meilleur choix de traitement. Cependant, elle doit
être utilisée sur une courte période et être cessée dès que la quantité de tissu dévitalisé diminue de 40 %;
o pour la prévention d'une infection chez un individu considéré à risque;
o dans le traitement d'une infection locale;
o en présence d'une infection systémique de concert avec un antibiotique systémique;
o pour des plaies palliatives (sans potentiel de cicatrisation) ou de maintenance.
(WOCN, 2016; Sibbald et coll., 2017)
Selon l'IWII (2016), en l'absence de signes systémiques d'infection, un traitement local à l’aide d’un antiseptique ou d’un surfactant s'avère suffisant pour contrôler une
infection locale. Cela sous‐entend bien sûr la gestion des facteurs de risque (comorbidités) et des techniques d'asepsie adéquates, associées à un débridement pour le retrait
des microorganismes (qu'ils soient sous forme planctonique ou de biofilm). Une réévaluation toutes les 2 à 4 semaines est recommandée (Sibbald et coll., 2017).
L'utilisation des antiseptiques selon le potentiel de cicatrisation
Potentiel de cicatrisation Débridement Traitement (local ou systémique) et Milieu humide contrôlé
antiseptique, si requis
Plaie curable Débridement Traitement (local ou systémique) et Milieu humide contrôlé
antiseptique, si requis
Plaie de maintenance Débridement conservateur (ne pas faire Réduire la charge bactérienne; Assécher
saigner) Utiliser un antiseptique
Plaies palliatives/non curables Retrait du tissu non viable et non Réduire la charge bactérienne; Assécher
adhérent seulement (confort) Utiliser un antiseptique
(Sibbald et coll., 2015, 2017)
De plus, l'alternance ou la rotation, (ex. : alternance entre deux antiseptiques) dans les traitements locaux gagnent de plus en plus en popularité. Les prémisses de cette
stratégie sont que la suppression d'une gamme de microorganismes est obtenue par l'application de différents antiseptiques topiques sur une période de 2 à 4 semaines (en
alternance).
(IWII, 2016)
Note des auteurs : Lors de la revue de littérature, nous avons constaté que les termes « antiseptique » et « antimicrobien » sont parfois utilisés comme synonymes, ce qui
a complexifié la recension des écrits. Nous avons tenté de rendre un portrait juste basé sur les consensus établis au niveau des définitions.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 3 – Préparation du lit de la plaie 24
Tableau comparatif de solutions nettoyantes et antiseptiques et de leurs effets sur le biofilm et les bactéries
Solution Mode d’action/Effet sur le biofilm/bactéries Informations complémentaires
Saline (0,9 NaCl) Aucun Solution stérile, non antiseptique
Eau stérile Aucun Solution stérile, non antiseptique
Eau potable Aucun Non stérile
Décision d’utilisation basée sur la qualité de l’eau, la plaie, la condition
générale de l’usager, son système immunitaire et ses comorbidités. Le
bain est contre‐indiqué.
(Doughty et McNichol, 2016)
Polyhexaméthylène biguanide Antiseptique biocide nouvelle génération (moindre cytotoxicité) Application
(PHMB) combiné à un composé d’un polymère cationique hydrophone chargé Disponible en solution et en gel
surfactant (bétaïne) positivement. Ce composé se lie à la membrane bactérienne Peut être appliqué sur une longue période sans effet cytotoxique
(chargé négativement) et en altère les échanges
Ex. : Prontosan intermembranaires, causant la dissolution de la membrane (IWII, 2016; King et Barrett, 2016)
bactérienne. Il a la propriété de réduire la surface de tension
entre les bactéries et le tissu non viable, perturbant la fixation Temps d’action
des bactéries. La combinaison entre le PHMB et la bétaïne Nécessite un temps d’exposition de 10 à 15 minutes pour induire un
(tensioactif) a démontré des propriétés antiinflammatoires et de effet biocide
débridement autolytique.
(Sibbald et coll., 2017; King et Barrett, 2016; Incompatibilité
Bryant et Nix, 2016; WUWHS, 2016) Hypochlorite de sodium (Dakin)
(Doughty et McNichol, 2016; IWII, 2016)
Biofilm
Perturbe la fixation du biofilm
(IWII, 2016)
Efficace contre
Bactéries à Gram + et à Gram ‐
Staphylococcus aureus
Streptocoques
Pseudomonas aeruginosa
Bactéries anaérobies
SARM
ERV
Fongus
Virus
(King et Barrett, 2016; Bryant et Nix, 2016; RNAO, 2013)
Résistance
Ne favorise pas la résistance bactérienne
(IWII, 2016)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 3 – Préparation du lit de la plaie 25
Solution Mode d’action/Effet sur le biofilm/bactéries Informations complémentaires
Povidone iodée Bactéricide, fongicide et virucide, l’iode bloque les échanges Application
(Solution 10 % avec 1 % intermembranaires, interfère avec le processus respiratoire de la Favorise l'angiogenèse et le processus de cicatrisation
d’iode libre) cellule, modifie la structure de l’ADN, et dénature les protéines Pourrait inhiber le niveau de MMP dans les plaies chroniques
(ex. : ProviodineMD 10 %, et les enzymes cellulaires de la bactérie. Possibilité de dysfonctionnement thyroïdien si utilisation
BétadineMD 10 %) (Sibbald et coll, 2017; Moesch et Buxeraud, 2017b) prolongée ou appliquée sur de grandes surfaces.
La durée de conservation après ouverture est de 1 mois
Biofilm
La povidone iodée peut être diluée avec du sérum physiologique
Inhibe le développement d'un nouveau biofilm, détruit les jeunes
(1:1) : assèche moins la plaie.
1er CHOIX POUR LES PLAIES colonies de biofilms, réduit significativement les colonies de (Sibbald et coll., 2017; Moesch et Buxeraud, 2017b; IWII, 2016)
DONT L’APPORT SANGUIN biofilms matures (varie selon les concentrations).
(IWII, 2016; Wounds UK, 2017) Temps d’action
EST INSUFFISANT
Nécessite un temps d’exposition de 1 à 2 minutes
Large spectre efficace contre (Moesch et Buxeraud, 2017b)
Bactéries à Gram + et à Gram ‐
Staphylococcus aureus Incompatibilité
Streptocoques Gluconate de chlorhexidine
Pseudomonas aeruginosa Agent de débridement enzymatique (SantylMD)
(Moesch et Buxeraud, 2017b)
Bactéries anaérobies
Contre‐indications
SARM
Antécédent d’allergie à la povidone
ERV
Prématuré et enfant de moins de 30 mois
Fongus
Grossesse
Virus
Utilisation prolongée durant l’allaitement
Spores
Grand brûlé
Protozoaires
(Moesch et Buxeraud, 2017a; Bryant et Nix, 2016; RNAO, 2013) Affections thyroïdiennes (larges plaies ou utilisation prolongée)
(Moesch et Buxeraud, 2017b; IWII, 2016)
Résistance Précautions
Aucune résistance connue Hypersensibilisation à l’iode est possible
(Bryant et Nix, 2016) Réaction cutanée locale possible
(Moesch et Buxeraud, 2017b)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 3 – Préparation du lit de la plaie 26
Solution Mode d’action/Effet sur le biofilm/bactéries Informations complémentaires
Gluconate de chlorhexidine La chlorhexidine est une molécule chargée positivement. Application
Bactériostatique ou bactéricide selon la concentration, la La solution alcoolique est à privilégier.
Exemples : chlorhexidine se lie à la membrane cellulaire de la bactérie Les solutions aqueuses à 0,05 % ont une faible activité bactéricide
BaxedinMD (chargée négativement), perturbe la membrane cellulaire de la (Moesch et Buxeraud, 2017b)
HibidilMD bactérie, provoquant sa rupture.
Temps d’action
(Girgenti et Kaye, 2012)
30 secondes pour la chlorhexidine alcoolique 2 %
ATTENTION
1 minute pour la chlorhexidine alcoolique 0,5 %
Ne pas confondre avec la Biofilm (Moesch et Buxeraud, 2017b)
solution diluée dans Inhibe l’adhérence et la formation du biofilm
(Girgenti et Kaye, 2012)
l’alcool 70 % Incompatibilité
Povidone iodée
Large spectre, efficace contre
Hypochlorite de sodium
Bactéries à Gram + et à Gram ‐
Agents anioniques (surfactants) (Dakin)
Escherichia coli
(Moesch et Buxeraud, 2017b)
Staphylococcus aureus
Streptocoques
Contre‐indications/précautions
Pseudomonas aeruginosa
Hypersensibilité ou photosensibilité possible
Bactéries anaérobies
Ne doit pas être en contact avec l’œil, le cerveau, les méninges,
SARM
les muqueuses génitales (risque de balanite ou de vaginite
ERV (faible) érosive), ni pénétrer le conduit auditif
Fongus (Moesch et Buxeraud, 2017b)
Virus
(Moesch et Buxeraud, 2017a; Bryant et Nix, 2016; RNAO, 2013)
Résistance :
Aucune résistance connue
(Girgenti et Kaye, 2012)
Acide acétique 0,25 % à 0,5 % L’acide acétique crée un environnement alcalin hostile au Application
Acide acétique 1 % (vinaigre) développement de la bactérie Pseudomonas aeruginosa. Protéger la peau environnante.
(Sibbald et coll., 2017) La solution d’acide acétique à 1 % ne doit pas être en contact
avec la plaie plus de 5 à 10 minutes.
Biofilm (RNAO, 2013)
Effet non documenté sur le biofilm
Efficace contre
Bactéries à Gram ‐
Pseudomonas aeruginosa
(Sibbald et coll., 2017; RNAO, 2013)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 3 – Préparation du lit de la plaie 27
Solution Mode d’action/Effet sur le biofilm/bactéries Informations complémentaires
Peroxyde d’hydrogène Le peroxyde d’hydrogène altère l’ADN, provoque l’oxydation de Application
la protéine et de la membrane lipidique cellulaire de la Effets effervescents permettant de retirer plus facilement les
bactérie. De plus, le peroxyde d’hydrogène joue un rôle dans la tissus non viables et des débris de la plaie (ex. : roches,
signalisation chimique des leucocytes. Il se lie également au points…).
chlorure afin de former l’acide hypochloreux qui permet Aurait potentiellement des propriétés hémostatiques.
l’activité cellulaire des macrophages et des neutrophiles. L’activité de la solution est réduite en présence de pus ou
(Lu et Hansen, 2017) d’exsudat.
Biofilm Il existe peu de données appuyant l’utilisation de cet
Réduit le biofilm antiseptique.
Efficace contre
Bactéries à Gram + et à Gram ‐ Contre‐indications
Staphylococcus epidermidis Sinus, tunnel ou cavité fermée en raison de la formation de gaz.
Streptococcus mutans (Bryant et Nix, 2016; Armstrong et coll., 2015)
(Lu et Hansen, 2017; Moesch et Buxeraud, 2017a; Bryant et Nix, 2016)
Hypochlorite de sodium Le NaCIO inhibe la synthèse et la réplication de l’ADN et de l’ARN Application
(Dakin) des bactéries. Le pH alcalin de la solution crée un environnement Protéger la peau environnante.
hostile au développement des bactéries et a des propriétés Ne doit pas être utilisé en combinaison avec des pansements
oxydatives. mousses, car ceux‐ci seront dégradés par l’effet oxydatif de la
(Armstrong et coll., 2015; St‐Cyr, 2010) solution (St‐Cyr, 2010).
Doit être réfrigéré après l’ouverture et jeté après 48 heures.
Biofilm Maintenir à l’abri de la lumière.
Pénètre le biofilm rapidement et le détruit
Plusieurs dilutions possibles, selon les objectifs de soins :
(IWII, 2016)
0,005 %‐0,025 % : effet antimicrobien sans effet cytotoxique
Large spectre, efficace contre 0,125 % : effet antiseptique
0,250 % : débridement
Bactéries à Gram +
0,5 % : réduction de l’odeur dans les plaies palliatives
SARM
Eschericha coli
Temps d’action
Staphyloccocus aureus
Le temps d’exposition dépend du type de bactérie. Règle générale, le
Enteroccocus feacalis NaCIO nécessite 30 secondes pour la destruction des
Candida albicans microorganismes, sauf pour l’E. coli qui nécessite 4 minutes
Spores de Bacillus subtilis d’exposition.
Pseudomonas aeruginosa (Armstrong et coll., 2015)
Fongus Incompatibilité
Virus Gluconate de chlorhexidine
(Armstrong et coll., 2015; Levine, 2013) (Moesch et Buxeraud, 2017b)
Résistance
Ne favorise pas la résistance bactérienne
(IWII, 2016)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 3 – Préparation du lit de la plaie 28
ANTIMICROBIENS TOPIQUES
Les pansements antimicrobiens sont des agents qui inhibent la croissance des microbes. Ils traitent uniquement les plaies en surface et non les infections plus profondes
(Sibbald et coll., 2003). Selon IWII (2016), un antimicrobien est une substance qui agit directement sur un microorganisme en le tuant ou, à tout le moins, en empêchant le
développement de nouvelles colonies.
Indications
Ils sont utilisés pour réduire la charge microbienne de la plaie qui présente des signes et symptômes d'infection.
Le choix de l’agent antimicrobien doit tenir compte de :
la résistance de l’hôte;
la charge bactérienne (signes et symptômes d’infection locale, de propagation de l’infection ou d’infection systémique) de la plaie et de la peau environnante;
le résultat de la culture de la plaie : les cultures de plaies ne permettent pas d’établir le diagnostic de l’infection; toutefois, elles peuvent orienter le choix d’un
antimicrobien.
Attention
L'interprétation des résultats d'une culture de plaie (l'antibiogramme) est d'ordre médical.
Les antibiotiques topiques ne sont pas recommandés pour la gestion d'une infection locale de la plaie (IWII, 2016).
Tableau comparatif d'antimicrobiens et leurs effets sur le biofilm
Attention : Les auteurs recommandent de lire et respecter la monographie des produits. Le texte ci‐dessous est basé sur une revue de littérature sur les grands principes des
antimicrobiens. La monographie vous indiquera le mode d’application, les indications et contre‐indications spécifiques du produit sélectionné.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 3 – Préparation du lit de la plaie 29
Pansement Mode d’action et effet sur les bactéries et le biofilm Information complémentaire
Cadexomère d’iode 0,9 % Large spectre efficace contre : Précautions
(pâte ou onguent) Staphylococcus aureus Hypersensibilisation à l’iode est possible
IodosorbMD (suite) Streptocoques Réaction cutanée locale possible
Pseudomonas aeruginosa (Moesch et Buxeraud, 2017b)
Bactéries anaérobies
SARM
ERV
Fongus
Virus
(RNAO, 2013)
Résistance
Présente un faible risque de résistance, mais résistance possible
en cas de surutilisation (plus de 3 mois)
Antimicrobiens à base d’iode/ L’iode bloque les échanges intermembranaires, interfère avec le Application
tulle de viscose imprégné de processus respiratoire de la cellule, modifie la structure de l’ADN Consulter Traitements locaux (F10)
polyéthylène glycol (PEG) et dénature les protéines et les enzymes cellulaires de la
contenant de la povidone Bien que la forme élémentaire d'iode soit toxique, l'iodophore
bactérie. La viscose du tulle permet une libération lente de l’iode
iodée 10 %, dont 1 % d’iode (cadexomère d'iode et povidone iodée) à libération lente ne l’est
dans la plaie, favorisant l’angiogenèse et le processus de
libre pas.
cicatrisation. De plus, l’iode pourrait inhiber l’activité des
(Bryant et Nix, 2016; Sibbald et coll., 2017)
métalloprotéases (MMP) dans les plaies chroniques.
INADINEMD (Sibbald et coll., 2017; IWII, 2016)
Contre‐indications
Biofilm Antécédent d’allergie à la povidone
L’iode pénètre dans la matrice exopolymérique du biofilm, Prématuré et enfant de moins de 6 mois
entrainant la destruction de celui‐ci. Il inhibe le développement Grossesse et allaitement
d’un nouveau biofilm, détruit la formation de nouvelles colonies Grand brulé
de biofilms et réduit significativement les colonies matures du Insuffisance rénale
biofilm. Affections thyroïdiennes (larges plaies ou utilisation prolongée)
(Wounds UK, 2017; Doughty et McNichol, 2016; IWII, 2016) (Moesch et Buxeraud, 2017b; IWII, 2016)
Précautions
Large spectre, efficace contre
Hypersensibilisation à l’iode est possible
Staphylococcus aureus
Réaction cutanée locale possible
Streptocoques
(Moesch et Buxeraud, 2017b)
Pseudomonas aeruginosa
Bactéries anaérobies
SARM
ERV
Fongus
Virus
(RNAO, 2013)
Présente un faible risque de résistance (mais résistance possible
en cas de surutilisation).
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 3 – Préparation du lit de la plaie 30
Pansement Mode d’action et effet sur les bactéries et le biofilm Information complémentaire
L’argent (sels métalliques, Les sels d’argent ont un effet bactériostatique, tandis que Application
pansements imprégnés) l’argent métallique est bactéricide. L’argent se lie aux protéines Consulter Traitements locaux (F10)
et cause des changements à la paroi cellulaire des bactéries. Il
Disponible en hydrofibre, alginate, hydrogel, mousse, etc.
provoque une rupture de la paroi, altère son intégrité, inhibe la
respiration cellulaire, dénature l’acide nucléique (ADN) et altère Les sels d’argent ne relâchent pas d’argent, mais procurent son
Sels (sulfadiazine d’argent, la perméabilité de la membrane cellulaire. Ils ont des propriétés effet dans le pansement. Les nanocristaux d’argent libèrent
sulfate d’argent, argent avec anti‐inflammatoires. l’argent dans le lit de la plaie.
CMC) (Sibbald et coll., 2017) Le contact avec la plaie et la présence d’exsudat est nécessaire
AquacelMD Ag afin d’ioniser ou de maintenir ionisé l’argent. L’argent n’est donc
SilvercelMD Biofilm pas recommandé pour les plaies sèches.
RestoreMD Dénature le biofilm existant et permet de réduire la quantité de Après deux heures, tous les types de pansement d’argent ont
MepilexMD Ag biofilm (in vitro). libéré leur argent.
BiatainMD Ag (Wound UK, 2017; WUWHS, 2016; IWII, 2016)
AllevynMD Ag (Sibbald et coll., 2017; Bryant et Nix, 2016)
Large spectre, efficace contre Incompatibilité
Staphylococcus aureus Produits à base d’huile (oxyde de zinc, gelée de pétrole, etc.)
Streptocoques (Bryant et Nix, 2016)
Pseudomonas aeruginosa Sensibilité à l’argent
Métalliques (nanocristaux) Bactéries anaérobies (IWII, 2016)
ActicoatMD SARM
ActicoatMD Flex ERV
Fongus
Virus
(RNAO, 2013)
Résistance
Présente un faible potentiel de résistance
Agent tensioactif (surfactant) Bactéricide, l’EDTA chélate les ions essentiels à la fonction Application
Acide éthylènediamine‐ bactérienne (Ca++, Fe+++). L’agent tensioactif permet de réduire la (Consulter Traitements locaux (F10)
tétraacétique surface de tension entre les bactéries et le tissu non viable, Changer le pansement plus fréquemment en présence d’exsudat
(EDTA) perturbant la fixation des bactéries. Est souvent combiné à un important.
agent antiseptique. (IWII, 2016)
(Moesch et Buxeraud, 2017; Bryant et Nix, 2016; IWII, 2016)
Ex. : AquacelMD Ag Extra +MC
Contre‐indications
BiostepMD Biofilm
À éviter chez les usagers sensibles à l'EDTA ou au chlorure de
Éradique un biofilm mature en 5 jours et prévient la formation
benzéthonium (BEC) ou à un des composants du pansement.
de biofilms (en combinaison avec argent)
(IWII, 2016; WUWHS, 2016) (IWII, 2016)
Efficace contre
Bactéries à Gram ‐
(Bryant et Nix, 2016)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 3 – Préparation du lit de la plaie 31
Pansement Mode d’action et effet sur les bactéries et le biofilm Information complémentaire
Miel Bactéricide, le miel de Leptospermum scoparium ou de Application
Ex. : MediHoneyMD Leptospermum polygalifolium exerce une action osmotique Consulter Traitements locaux (F10)
puissante. Son pH acide (3,2‐4,5) et la production de peroxyde Disponible sous forme de gel, de crème, de tulle, etc.
d'hydrogène (peroxydase) inhibent la croissance bactérienne. Le
Le miel produit par l'espèce Leptospermum (scoparium ou
miel possède des effets anti‐inflammatoires, produit un
polygalifolium) est le plus efficace. Il n’est pas recommandé
débridement autolytique et pourrait activer les
d’utiliser le miel comestible en raison de la présence potentiel de
métalloprotéases.
spores bactériennes (clostridium).
(Sibbald et coll., 2017; IWII, 2016; Grothier et Cooper, 2011)
(Sibbald et coll., 2017; IWII, 2016)
Biofilm
Contre‐indications
Inhibe la croissance du biofilm, réduit la formation de nouvelles
Sensibilité au venin d’abeille, aux abeilles ou au miel
colonies de biofilms, inhibe le Quorum sensing du biofilm et, par
Plaie de grande dimension chez un usager diabétique (risque de
le fait même, sa capacité à proliférer.
(IWII, 2016; Wounds UK, 2017) débalancement de la glycémie)
Plaie avec sous‐minage, tunnel et sinus
Large spectre efficace contre (Grothier et Cooper, 2011; Wounds UK, 2017)
Pseudomonas aeruginosa
Staphylococcus aureus
SARM
ERV
(Grothier et Cooper, 2011)
Bleu de méthylène et violet Bactériostatiques, le bleu de méthylène et le violet de gentiane Application
de gentiane produisent une réaction d’oxydoréduction qui inhibe la Consulter Traitements locaux (F10)
croissance bactérienne et sa division cellulaire. Le polyvinyle
Hydrofera blueMD
alcool du pansement se lie au tissu non viable et procure un effet
Hydrofera blueMD Ready
de débridement autolytique. Ces produits ont également des
effets anti‐inflammatoires.
(Sibbald et coll., 2017; Bryant et Nix, 2016)
Biofilm
Effet sur le biofilm non documenté.
Efficace contre
SARM
ERV
Staphylococcus aureus
Staphylococcus epidermidis
Serratia
Escherichia coli
(Bryant et Nix, 2016)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 3 – Préparation du lit de la plaie 32
Pansement Mode d’action et effet sur les bactéries et le biofilm Information complémentaire
Chlorure de dialkyl L'action antimicrobienne est chimiophysique. Les particules Application
carbamoyle (DACC) hydrophobes d’acide gras du pansement entrent en contact avec Consulter Traitements locaux (F10)
les bactéries (hydrophobes) dans un environnement aqueux,
Le pansement ne relâche pas de DACC, mais procure son effet
CutimedMD SorbactMD liant irréversiblement la bactérie et le biofilm au pansement.
dans le pansement. Le contact avec la plaie et la présence
(WUWHS, 2016; Bullough et coll., 2012)
d’exsudat sont donc nécessaires.
Biofilm
(WUWHS, 2016; Bullough et coll., 2012)
Effet sur le biofilm
(WUWHS, 2016) Incompatibilité
Efficace contre Produits à base de gelée de pétrole
Staphyloccocus aureus Solutions antiseptiques topiques
SARM Analgésiques topiques (incluant l’EMLA)
Pseudomonas aeruginosa
Enterococcus faecalis Contre‐indication
Escherichia coli Exsudat nul
Candida albicans (Bullough et coll., 2012)
Fongus
(Bullough et coll., 2012)
Résistance
Aucune résistance connue
(Bullough et coll., 2012)
Polyhexaméthylène biguanide Antiseptique biocide nouvelle génération (moindre cytotoxicité) Application
(PHMB) composé d’un polymère cationique hydrophone chargé
Consulter Traitements locaux (F10)
Covidien KendallMD positivement. Ce composé se lie à la membrane bactérienne
Pansement AMD (chargée négativement) et en altère les échanges Disponible en mèche, en mousse, en solution et en gel.
intermembranaires, causant la dissolution de la membrane Peut être appliqué sur une longue période sans effet cytotoxique.
bactérienne. Il a la propriété de réduire la surface de tension entre Le pansement ne relâche pas de PHMB, mais procure son effet
les bactéries et le tissu non viable, perturbant ainsi la fixation des dans le pansement. Le contact avec la plaie et la présence
bactéries. d’exsudat sont donc nécessaires.
(Sibbald et coll., 2017; King et Barrett, 2016; Bryant et Nix, 2016) (IWII, 2016; King et Barrett, 2016; Sibbald et coll., 2017)
Biofilm
Perturbe la fixation du biofilm Temps d’action
(IWII, 2016) Nécessite un temps d’exposition de 10 à 15 minutes pour induire un
Efficace contre effet biocide.
Bactéries à Gram + et à Gram ‐ (Doughty et McNichol, 2016; IWII, 2016)
Staphylococcus aureus
Streptocoques
Pseudomonas aeruginosa
Bactéries anaérobies
SARM
ERV
Fongus
Virus (King et Barrett, 2016; Bryant et Nix, 2016; RNAO, 2013)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 3 – Préparation du lit de la plaie 33
Pansement Mode d’action et effet sur les bactéries et le biofilm Information complémentaire
Résistance
Ne favorise pas la résistance bactérienne
(IWII, 2016)
Antifongique topique Fongicide L’identification de la présence de champignons doit être faite par
Miconazole un médecin avant tout traitement.
Biofilm
Des analyses rapportent que la présence de fongus
Peu efficace en ce qui concerne les biofilms (champignons) associée à un biofilm dans les plaies chroniques
présente un profil microbien qui requiert une approche
Résistance individualisée (expertise médicale).
Un antifongique topique pénètre très peu dans un biofilm et (IWII, 2016)
pourrait contribuer à la sélection de phénotypes résistants.
(IWII, 2016)
Acétate de chlorhexidine La chlorhexidine est une molécule chargée positivement. Application
BactigrasMD Bactériostatique ou bactéricide selon la concentration, la Consulter Traitements locaux (F10) :
chlorhexidine se lie à la membrane cellulaire de la bactérie
(chargée négativement) afin de la perturber et de provoquer sa
rupture.
(Girgenti et Kaye, 2012) Incompatibilité
Povidone‐iodine
Biofilm Hypochlorite de sodium (Dakin)
Peu de données scientifiques en ce qui concerne le biofilm. Agents anioniques (surfactants)
(Moesch et Buxeraud, 2017b)
Efficace contre
Bactéries à Gram + et à Gram ‐
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 3 – Préparation du lit de la plaie 34
Réévaluation régulière
Bien que le diagnostic soit important, la réévaluation (toutes les 2 semaines) des interventions et du traitement topique l’est tout autant. Selon l'IWII (2016) et Sibbald et coll.
(2017), il est important de :
réévaluer la plaie et l’usager selon une approche holistique et d’interpréter judicieusement les données recueillies.
réévaluer l’efficacité des traitements locaux et systémiques appliqués.
réévaluer s’il y a :
o diminution de la douleur;
o diminution de l'exsudat;
o diminution de l'odeur;
o diminution de l'œdème et de l'érythème;
o diminution du tissu non viable;
o diminution de la dimension de la plaie;
o perte d’intégrité de la peau autour de la plaie en présence d'exsudat important.
s’il y a peu ou pas d'amélioration des signes et symptômes d'infection de la plaie :
o réévaluer la situation clinique globale de l'usager et ajuster le plan de traitement;
o considérer la possibilité de faire des tests et des examens diagnostiques supplémentaires;
o considérer de diriger l’usager vers un médecin spécialiste (vasculaire, dermatologie, plastie, orthopédie, etc.) ou encore une clinique spécialisée en ulcères de
jambes ou en pied diabétique.
documenter l'évolution de la plaie de façon régulière et selon les ressources disponibles dans l’établissement, envisager l’utilisation de la photographie en tenant
compte des politiques et procédures de l'établissement.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 3 – Préparation du lit de la plaie 35
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Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 3 – Préparation du lit de la plaie 37
FASCICULE 4
Évaluation de la douleur
TABLE DES MATIÈRES – FASCICULE 4
LA DOULEUR ..................................................................................................................................................................................................................................... 1
MODÈLES DE DOULEUR POUR LES PLAIES CHRONIQUES .............................................................................................................................................................................................. 1
PRINCIPES DE SOULAGEMENT DE LA DOULEUR ET DU TRAITEMENT ANALGÉSIQUE ............................................................................................................................................................ 5
CLASSIFICATION DES TYPES DE DOULEUR .......................................................................................................................................................................................... 5
NOCICEPTIVE .................................................................................................................................................................................................................................................... 5
NEUROPATHIQUE ............................................................................................................................................................................................................................................... 6
DOULEUR CHRONIQUE ........................................................................................................................................................................................................................................ 6
DOULEUR SELON LE TYPE DE PLAIE CHRONIQUE ................................................................................................................................................................................ 7
DOULEUR ASSOCIÉE À UNE LÉSION DE PRESSION ....................................................................................................................................................................................................... 7
DOULEUR ASSOCIÉE À L’ULCÈRE ARTÉRIEL................................................................................................................................................................................................................ 7
DOULEUR ASSOCIÉE À L’ULCÈRE VEINEUX ................................................................................................................................................................................................................ 8
DOULEUR NEUROPATHIQUE CHEZ L'USAGER DIABÉTIQUE ............................................................................................................................................................................................ 8
ÉVALUATION DE LA DOULEUR ........................................................................................................................................................................................................... 8
LE PQRSTUV ................................................................................................................................................................................................................................................... 9
LES ÉCHELLES DE DOULEUR ................................................................................................................................................................................................................................. 10
SOULAGEMENT DE LA DOULEUR ..................................................................................................................................................................................................... 12
TRAITEMENTS PHARMACOLOGIQUES SYSTÉMIQUES ................................................................................................................................................................................................. 12
TRAITEMENTS PHARMACOLOGIQUES TOPIQUES ............................................................................................................................................................................. 16
APPROCHE PHARMACOLOGIE PAR TYPE DE DOULEUR OU DE MALADIE ........................................................................................................................................... 22
DOULEUR NEUROPATHIQUE – PLAIE SANS POTENTIEL DE CICATRISATION ..................................................................................................................................................................... 22
SYNDROME DOULOUREUX RÉGIONAL COMPLEXE (SDRC) (PARFOIS LIÉ À UN ULCÈRE DE JAMBE CHRONIQUE POST‐TRAUMATIQUE) ......................................................................................... 23
DOULEUR RELIÉE À UNE PLAIE PRÉSENTANT DE LA CALCIPHYLAXIE ............................................................................................................................................................................... 23
INTERVENTIONS NON PHARMACOLOGIQUES POUR DIMINUER LA DOULEUR ET L’ANXIÉTÉ RELIÉES AUX PLAIES .............................................................................. 24
QUAND ORIENTER UN USAGER EN CLINIQUE DE LA DOULEUR? ....................................................................................................................................................... 25
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 4 – Évaluation de la douleur i
L’indicateur considéré le plus valide pour l’évaluation de la douleur demeure la description subjective faite par l'usager…
LA DOULEUR
L’Association internationale pour l’étude de la douleur et la Société américaine de la douleur définissent la douleur comme étant une sensation et une expérience
émotionnelle désagréables associées à des lésions tissulaires, présentes ou potentielles, ou présentées en de tels termes. L’indicateur considéré le plus valide pour
l’évaluation de la douleur demeure la description subjective de l'usager.
(Bryant et Nix, 2016; révisé par Andrée Néron, pharmacienne, 2017)
Modèles de douleur pour les plaies chroniques
Il existe plusieurs modèles de douleur qui assistent les cliniciens dans l'évaluation de celle‐ci et certains sont spécifiques à la gestion de la douleur causée par les plaies.
Peu importe le modèle utilisé, ces derniers tiennent compte de tous les aspects de la gestion des plaies chroniques et de leurs causes sous‐jacentes. Ces modèles nous
guident dans la détermination du type de douleur et de sa source afin d'être en mesure de sélectionner des interventions basées sur les besoins de l'usager. Que ce
soit une analgésie topique ou systémique, une seule analgésie ou une coanalgésie par l’association d’antidépresseurs tricycliques, l’objectif ultime est de réduire ou
d'éliminer la douleur afin que l’usager puisse reprendre et poursuivre ses activités de la vie quotidienne et préserver sa qualité de vie (Bryant et Nix, 2016).
La douleur est un phénomène biopsychosocial complexe. Chaque personne expérimente la douleur à différents degrés du point de vue des limitations physiques, de la
détresse émotionnelle et de la souffrance. Deux modèles sont ici présentés à titre informatif sur la prise en charge globale de la douleur, sa multidimensionnalité, son
étiologie et ses facteurs précipitants.
Des mesures non pharmacologiques de soulagement de la douleur sont essentielles lorsque nous devons prendre soin d'un usager qui présente une plaie. De plus, des
interventions simples et efficaces comme la reconnaissance de la présence de la douleur, l’explication des effets négatifs de la douleur sur la cicatrisation d'une plaie,
la gestion efficace de la douleur et l'ajout de stratégies alternatives (acuponcture, musicothérapie, chaleur, visualisation, etc.) aideront l'usager dans ses attentes et
amélioreront son sentiment de contrôle sur la douleur et sur sa vie. À ces interventions non pharmacologiques, s'ajoutent de mesures pharmacologiques appropriées
au type de douleur qui favoriseront un meilleur contrôle de celle‐ci.
Afin de favoriser la compréhension de ce phénomène, voici deux modèles qui illustrent bien les enjeux physiques, psychologiques, émotionnels, personnels et contextuels
de la douleur. Il est important de retenir qu’une connaissance inadéquate de la douleur dans une plaie est une barrière à sa gestion et à la cicatrisation de celle‐ci.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 4 – Évaluation de la douleur 1
Définitions
Paresthésie : sensation anormale non douloureuse, spontanée ou évoquée.
Dysesthésie : sensation anormale douloureuse, spontanée ou évoquée, diminution ou exagération de la sensibilité spontanée ou évoquée.
Hypoesthésie : diminution de la sensibilité à la stimulation non douloureuse (tactile, thermique, ou les deux).
Hyperesthésie : sensibilité augmentée à la stimulation non douloureuse (tactile, thermique ou les deux).
Hypoalgésie : diminution de la sensation douloureuse en réponse au stimulus douloureux.
Hyperalgésie : Amplification de la sensation douloureuse en réponse à un stimulus douloureux.
Allodynie : douleur causée par une stimulation normalement non douloureuse (ex. : allodynie au toucher).
Paroxysme douloureux : État aiguë de douleur.
Neuroplasticité : Habileté qu’a le tissu neurologique à changer en raison de stimuli répétés de douleur et à développer une douleur neuropathique chronique.
(Bryant et Nix, 2016; Upton, 2014; révisé par Andrée Néron, pharmacienne, 2017)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 4 – Évaluation de la douleur 2
Modèle intégré de douleur dans une plaie
Étiologie de la douleur (liée à la plaie) : Douleur procédurale (situationnelle) :
souvent persistante
Débridement
Pathologie sous‐jacente
Retrait d'adhésif ou de pansement
Processus infectieux
Nettoyage de la plaie
Inflammation
Application d'un pansement, d'un bandage
Macération de la peau environnante ou d'une compression
Dommages aux fibres nerveuses Repositionnement
Douleur (intensité et qualité)
(Woo, 2012)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 4 – Évaluation de la douleur 3
Cycle de la douleur, stress, cicatrisation
Douleur lors du
changement de
pansement
Plus de Stress relié à la
changements de douleur
pansements anticipée
Douleur Comportements
d'évitement
Retard dans le
processus de
cicatrisation
Traduction libre : Upton, D., JCN, 2014
Plus concrètement :
L'usager a de la difficulté à tolérer les procédures reliées aux soins (retrait du pansement, nettoyage de la plaie, débridement…).
La douleur aigüe favorise la libération de catécholamines, dont l'épinéphrine, causant une vasoconstriction périphérique. Cette vasoconstriction entraine une
diminution de la perfusion sanguine et de la disponibilité de l'oxygène au niveau des tissus, ce qui altère l'activité des leucocytes et rend la plaie plus à risque
de développer une infection.
Lorsque la douleur est mal contrôlée, l'usager peut même refuser certains de ses soins, ce qui, par le fait même, favorise le développement d'une infection de
plaie ou d’autres complications importantes (ex. : amputation).
La douleur chronique engendre également des conséquences psychosociales importantes comme le stress, l’humeur dépressive et l'isolement social.
(Bryant et Nix, 2016; Upton, 2014; révisé par Andrée Néron, pharmacienne, 2017)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 4 – Évaluation de la douleur 4
Principes de soulagement de la douleur et du traitement analgésique
Intégrer l'analgésie dans un plan global d’évaluation et de traitement.
Considérer et traiter les aspects émotifs et cognitifs.
Ne pas sous‐estimer et sous‐traiter la douleur (malheureusement trop souvent mal traitée).
Individualiser le soulagement de la douleur.
Sélectionner l'approche la plus « simple ».
Considérer l'approche multimodale faisant appel aux traitements pharmacologiques et non pharmacologiques.
Optimiser l’administration d’un médicament en sélectionnant le produit et la voie appropriés au contexte.
Anticiper et pallier les effets indésirables.
Discuter avec l’usager de ses inquiétudes en regard de l’analgésie par opiacés.
ÉVITER l'emploi de « placebo » pour traiter la douleur.
(Révisé par Andrée Néron, pharmacienne, 2017)
À retenir… une douleur non traitée ou inadéquatement traitée est susceptible d'entraver le processus de cicatrisation d'une plaie.
CLASSIFICATION DES TYPES DE DOULEUR
Nociceptive
Il s’agit de la douleur la plus souvent observée. Elle est la réponse physiologique aux stimuli douloureux causés par un dommage tissulaire, résultant de l’activation
directe (excitation, sensibilisation) des nocicepteurs (récepteurs de la douleur en périphérie). La douleur aigüe ou nociceptive associée à un tissu lésé ou enflammé est
un symptôme habituellement de courte durée, temporaire, localisé et diminuant tout au long du processus de cicatrisation. Selon Gregory (2014), ce type de douleur
répond à une analgésie et au traitement de la cause.
Sous‐classes et causes
Douleur opératoire : débridement, plaie chirurgicale
Douleur procédurale (intervention de routine) : retrait d’un pansement, nettoyage d’une plaie
Douleur incidente : reliée à un mouvement, une activité, un soin
Douleur intermittente : percée douloureuse imprévisible
Douleur de fond : douleur persistante liée à l’étiologie de la plaie, à des facteurs locaux ou d’étiologie d’origine somatique ou viscérale (ischémie, infection…) :
o Viscérale : la douleur provient d’un organe ou du tractus gastro‐intestinal
o Somatique : la douleur provient des articulations, des muscles, de la peau et des tissus conjonctifs
Manifestations cliniques
Intensifiée par le mouvement
Sensible à la pression
Souvent associée à une douleur sourde sous‐jacente
Irradiation (douleur osseuse)
Douleur cutanée, osseuse, musculaire
Relativement bien localisée
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 4 – Évaluation de la douleur 5
Neuropathique
Réponse nerveuse inappropriée causée par une lésion primaire, une infiltration nerveuse ou une dysfonction du système nerveux. La douleur neuropathique peut être
d’origine périphérique si elle se situe le long des trajets axonaux ou si elle se manifeste par une irradiation nerveuse dans les régions des nerfs périphériques (nerf,
racine, plexus…) ou encore d’origine centrale. Le groupe d’intérêt en douleur neuropathique de l’International Association for the Study of Pain (IASP) définit cette
dernière comme une douleur « produite par une lésion ou une maladie du système somatosensoriel ». Il est estimé que de 6,9 % à 10 % de la population générale
souffre de douleur neuropathique (Vargas‐Schaffer et Boulanger, 2015).
Le diagnostic de la douleur neuropathique repose essentiellement sur l’anamnèse et l’examen physique de l’usager. Le traitement pharmacologique est basé sur des
algorithmes qui tiennent compte de l’efficacité et de la toxicité des molécules et du potentiel d’interactions médicamenteuses. Des réponses pathologiques à la
douleur sont souvent le résultat d’un mauvais traitement ou d'une pathologie sous‐jacente.
Il faut tout de même comprendre que la douleur n’est souvent pas strictement neuropathique; une neuropathie pouvant comporter des éléments inflammatoires et
des composantes neuropathiques pouvant contribuer à des états inflammatoires. De plus, un usager peut ressentir différents types de douleur.
Causes
Nerfs comprimés par une tumeur
Nerfs comprimés par un tissu cicatriciel ou enflammés par une infection
Douleur chronique d’une lésion de pression ou d’un ulcère veineux (hyperalgésie, allodynie)
Maladie métabolique (ex. : diabète, hypothyroïdie, urémie)
Médication (ex. : antinéoplasiques)
Carences nutritionnelles (ex. : vitamine B12)
Produits toxiques (ex. : alcool)
Maladie d’origine infectieuse (ex. : VIH, virus varicelle, abcès, myélite causée par un virus…)
Hérédité, traumatisme (ex. : section d'un nerf)
Autres (ex. : vasculites, lupus…)
Manifestations cliniques
Sensation de brûlure profonde et sévère, parfois accompagnée d’épisodes de douleur inattendue, vive et lancinante
Décharge électrique
Élancement
Crampes
Serrement
Douleur chronique
La douleur chronique est une combinaison des deux types de douleur (neuropathique et nociceptive), ce qui est le cas dans les plaies chroniques. Plus la plaie est
présente depuis longtemps, plus la douleur chronique s’installe et endommage les terminaisons nerveuses (neuroplasticité). La prise en charge rapide de la douleur
diminue le risque de développer une douleur chronique.
(Bryant et Nix, 2016)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 4 – Évaluation de la douleur 6
DOULEUR SELON LE TYPE DE PLAIE CHRONIQUE
Douleur associée à une lésion de pression
Selon le National Pressure Ulcer Advisory Panel (NPUAP), les lésions de pression peuvent causer de la douleur, de l’inconfort et même la mort. L’étiologie de la douleur
demeure cependant inconnue. Szor et Bourguignon (1999), affirment que la douleur ressentie au niveau d’une lésion de pression est reliée non seulement à son stade,
mais aussi aux changements de pansement (NPUAP et coll., 2014). Selon le RNAO (2016) et le NPUAP et coll. (2014), une lésion de pression de stade 4 est associée à
un plus grand niveau de douleur qu'une lésion de stade inférieur.
Douleur associée à l’ulcère artériel
La douleur chez cette clientèle est reliée à la maladie vasculaire artérielle périphérique. Cette douleur augmente au fil de la progression de la maladie. La douleur est
exacerbée par l'élévation des membres inférieurs, la marche (ou l’activité physique) et l'infection. Le repos et le contrôle de la charge bactérienne peuvent diminuer
l'intensité de la douleur (Bryant et Nix, 2016). La claudication intermittente lors de la marche se manifeste par des crampes, des sensations de brûlure ou de la
douleur. L’irrigation sanguine des membres inférieurs ne répond pas aux besoins d’oxygénation des tissus, d’où la présence de douleur intermittente. La douleur
nocturne se présente comme une douleur au pied lorsque les membres inférieurs sont surélevés. La douleur au repos constante est le reflet d'une maladie vasculaire
avancée et d'un état critique. Chez certains usagers, elle peut nuire à la qualité de vie, particulièrement lorsqu’elle interfère avec le sommeil. Il est primordial de
diriger ces usagers rapidement vers leur médecin traitant. La localisation de la douleur est souvent un indicatif du niveau d'occlusion du réseau artériel.
(Bryant et Nix, 2016; révisé par Dr Despatis, M. A., chirurgien vasculaire, 2017)
Corrélation entre le site d'occlusion et le site de la douleur :
Site d'occlusion Localisation de la douleur
Artère iléofémorale Cuisse, fesse
Artère fémorale superficielle Mollet
Artère infrapoplitée Pied
Source : Bryant et Nix, 2016
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 4 – Évaluation de la douleur 7
Douleur associée à l’ulcère veineux
Le spectre de la douleur au niveau d’un ulcère veineux est très varié : douleur agaçante, malaise, sensation de coupure, sensation de lourdeur, douleur musculaire
profonde (RNAO, 2007).
L'usager ressent une douleur plus intense en fin de journée due à l'augmentation de l’œdème. Un thrombus, la station debout prolongée, l’incompétence des valves
du système veineux et la stase veineuse produisent une douleur aigüe pouvant se prolonger dans le temps. La douleur peut être sourde, de sévérité variable,
exacerbée par l'immobilité, l'infection et l'œdème.
L’élévation des membres inférieurs, l’utilisation d’un système de compression veineuse, le fait d’éviter de demeurer assis trop longtemps, la perte de poids, l’arrêt du
tabagisme et le contrôle de la charge bactérienne dans l'ulcère contribuent à diminuer ou à mettre fin à la douleur (Bryant et Nix, 2016).
Douleur neuropathique chez l'usager diabétique
La neuropathie sensorielle est la complication la plus fréquente chez la personne diabétique. La présence d'une douleur dépend de la sévérité de la maladie causée par
la dégénérescence des nerfs sensitifs. Chez certains usagers, elle peut nuire à leur qualité de vie, spécifiquement lorsqu’elle interfère avec le sommeil. Elle peut se
manifester par un malaise, une sensation de brûlure, une sensation de coupure, une sensibilité au niveau de la peau et des démangeaisons. La douleur peut être
variable, mais est habituellement sévère. L'inactivité est souvent un facteur précipitant et l'activité telle que la marche peut diminuer la douleur (Bryant et Nix, 2016).
Par contre, on observe souvent qu'en présence d’un ulcère de pied diabétique, l'usager ne ressent pas de douleur au site de la plaie en raison de la neuropathie
sensorielle secondaire au diabète (OIIQ, 2007). Si un usager n’a habituellement pas de douleur et qu’il rapporte l’apparition d’une douleur ou d’une douleur excessive,
une infection ou un pied de Charcot, en période aigüe, doivent être suspectés (RNAO, 2013).
ÉVALUATION DE LA DOULEUR
L’évaluation de la douleur se fait dans un contexte de subjectivité (Bryant et Nix, 2016). Il importe de prendre le temps de questionner l’usager, car cela permet de faciliter
le suivi des interventions, de faire une évaluation comparative strictement individuelle et d’apprécier l’effet des analgésiques (début d’action, pic et durée d’action).
L’utilisation de questions ouvertes (à développement) apporte une plus grande compréhension de l’expérience de la douleur chez l’usager (Orsted et coll., 2017).
Exemples de questions à poser à l'usager en complément au PQRSTUV
Ressentez‐vous une douleur au site de la plaie? Décrivez votre douleur.
Si oui, quelle(s) méthode(s) de soulagement de la douleur utilisez‐vous?
Est‐ce que le retrait du pansement vous cause une douleur?
Pensez‐vous que la fréquence des changements de pansements est adéquate?
Êtes‐vous confortable avec ce type de pansement?
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 4 – Évaluation de la douleur 8
Le PQRSTUV
P Provoqué par Facteurs qui causent, aggravent ou augmentent la douleur
Exemples de questions :
Qu’est‐ce qui déclenche la douleur?
Qu’est‐ce qui accentue la douleur?
Qu’est‐ce qui diminue la douleur?
Q Qualité de la douleur Type (comme certains usagers ont plus d’un type de douleur, il faut les documenter séparément) : aigüe, subaigüe,
chronique, douleur de fond, incidente, intermittente (début et durée), etc.
Brûlure, picotement, sourde, agaçante, etc.
R Région anatomique et Localisation (sites douloureux, irradiation)
irradiation Exemples de questions :
Où la douleur se produit‐elle?
Est‐ce que la douleur se déplace vers d’autres endroits?
S Sévérité et intensité Il importe d’utiliser la même échelle pour le même usager et de questionner l’usager sur la douleur au moment présent,
lorsque la douleur est à son mieux, lorsqu’elle est à son pire et en moyenne (voir les différentes échelles aux pages 10 et 11) :
Échelle numérique (EN)
Échelle visuelle analogique (EVA)
Ces échelles :
facilitent le suivi de l'usager,
permettent une évaluation comparative strictement individuelle,
permettent d’apprécier l’effet des analgésiques (début d’action, pic et durée d’action).
Signes et symptômes associés : tachycardie, dyspnée, nausées et vomissements (certains usagers ont tellement mal
qu’ils en ont mal au cœur – notamment lors d’un paroxysme douloureux), diaphorèse, etc.
T Temps Quand, durée, constance
Fréquence et présentation temporelle : depuis combien de temps, douleur à son minimum et à son maximum, pendant
la dernière semaine, les 24 dernières heures, etc.
U Understanding (comprendre) Comment aimeriez‐vous être soulagé?
Avec quoi aimeriez‐vous être soulagé?
Quelles sont vos méthodes de soulagement de la douleur actuellement?
V Valeurs Qu'est‐ce qui est acceptable pour l'usager dans le soulagement de sa douleur, dans l’atteinte d’un confort satisfaisant?
Quels sont les désirs de l’usager, ce qu'il est prêt à tolérer? (degré de soulagement par rapport aux effets indésirables)
Quels sont les attentes de l’usager quant au degré de soulagement anticipé? (les attentes doivent être réalistes afin de
ne pas décevoir l’usager)
Quel est le niveau de participation de l’usager dans le processus décisionnel et dans l’évolution de sa condition
(programme d’exercices, observance au traitement, etc.)?
Quelles sont les conséquences sur sa vie : sommeil, activités de la vie quotidienne, qualité de la vie individuelle, etc.?
(Woo et Krasner, 2015; RNAO, 2013)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 4 – Évaluation de la douleur 9
Les échelles de douleur
Utiliser l’échelle préconisée dans le milieu de soins; s’assurer que l’usager comprend cette échelle; s’il ne la comprend pas, utiliser une autre échelle validée qui lui
convient. Il importe d’utiliser la même échelle pour le même usager lors des évaluations subséquentes.
Évaluer l’usager à un moment opportun : il est inutile et contre‐productif de s’acharner auprès d’un usager aux prises avec un paroxysme douloureux (soit dans un état
aigu de douleur). Dans l’immédiat, soulager la douleur et questionner l'usager après que l'analgésie ait agi.
Échelle numérique (EN)
Demander à l'usager de donner une note à sa douleur entre 0 (douleur absente) et 10 (douleur maximale imaginable).
Échelle visuelle analogique (EVA)
Demander à l'usager de donner une note à sa douleur entre les valeurs extrêmes (douleur absente) et (douleur maximale imaginable).
Échelle visuelle analogique :
Pas de douleur Douleur maximale imaginable
Échelle numérique :
Pas de douleur 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Douleur maximale imaginable
Échelle verbale simple :
Pas Douleur Douleur Douleur Douleur Douleur
de douleur faible modérée sévère très sévère extrême
Évaluation de la douleur en présence de démence (Échelle PAINAD)
Type de respiration (normale, hyperventilation, laborieuse, Cheyne‐Stokes…)
Vocalisation négative (discours négatif, grognements, gémissements…)
Expression faciale (grimaces…)
Langage corporel (genoux pliés, usager recroquevillé, rigide…)
Consolable
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 4 – Évaluation de la douleur 10
Autres échelles (à titre indicatif)
Échelle FLACC (enfants de 2 mois à 7 ans)
Échelle CRIES (néonatalogie)
Échelle pour usagers SUD (Substance Use Disorders, utilisateurs de drogues psychotropes)
Le questionnaire DN4 (douleur neurologique en 4 questions!)
Le questionnaire DN4 est un moyen simple, dont la validité est établie (sensibilité : 82,9 %, spécificité : 89,9 %) (Vargas‐Schaffer et Boulanger, 2015). Il est divisé en
quatre sections et compte dix éléments, dont sept questions auxquelles l'usager doit répondre par oui ou par non et trois points liés à l’examen physique. Chaque
réponse positive compte pour un point alors qu’une réponse négative en donne 0. Un score égal ou supérieur à 4 évoque une douleur neuropathique.
Source : Le questionnaire DN4 : le nouvel outil d’aide au diagnostic des douleurs neuropathiques par D. Bouhassira, 2005, Douleurs, 6(5), p. 297‐300. © Didier Bouhassira, D., 2005. Reproduit avec permission.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 4 – Évaluation de la douleur 11
SOULAGEMENT DE LA DOULEUR
L’analgésie doit être intégrée dans un plan global d’évaluation et de traitement. Il faut considérer une approche multimodale faisant appel aux traitements
pharmacologiques et non pharmacologiques. La douleur est le plus souvent sous‐traitée plutôt que l’inverse. ÉVITER l’emploi de « placebo » pour traiter la
douleur (le placebo procure une analgésie inégale par largage des opiacés endogènes; il est donc non éthique de tenter de berner un usager ainsi).
Il est à noter que certains médicaments sont couverts par le programme d’assurance médicaments de la Régie de l’assurance maladie du Québec. Il importe de vérifier
avant d’initier un traitement et d’en discuter avec l’usager.
Objectif : viser un soulagement en équilibre avec la qualité de vie et la fonctionnalité
Traitements pharmacologiques systémiques
Les médicaments aux propriétés analgésiques
Types Propriétés/Indications Utilisation/Particularités
Soulagement de la douleur nociceptive. Une stratégie analgésique doit être utilisée avant le changement
Les opioïdes
Soulagement de la douleur neuropathique (ils sont douloureux d’un pansement.
Les plus utilisés : moins efficaces que pour la douleur nociceptive).
morphine, oxycodone, Peuvent être utilisés au besoin ou administrés Administrer une dose ou une entredose d’opioïdes AVANT l’intervention,
hydromorphone, régulièrement. soit environ 30 minutes pour une administration par voie sous‐cutanée,
fentanyl, sufentanil Une entredose peut être administrée lorsque la 60 minutes par voie orale ou 5 à 10 minutes lors de l’utilisation de
douleur de base n’est pas soulagée par une prise fentanyl (12,5 à 50 mcg) ou de sufentanil (5 à 15 mcg).
régulière (par exemple, toutes les 4 heures).
Le moins utilisé : Par voie sublinguale ou par voie sous‐cutanée, utiliser la formulation
codéine injectable; la dose peut être répétée après 5 à 10 minutes, si
nécessaire (demander la collaboration de l'usager pour retenir la
médication sous sa langue 5 minutes).
Entredose :
Correspond à la disponibilité d’une dose supplémentaire pour l'usager en plus de sa (ses) dose(s) régulière(s).
Elle doit être prescrite au besoin pour les « percées » douloureuses ou en prévision d’une manipulation ou d’une activité augmentant
la douleur. Elle doit correspondre à environ 10 à 15 % de la dose quotidienne ou à 50 % de la dose régulière donnée toutes les
4 heures.
Pour un usager en externe, le 10 % (longue durée d’action) est plus souvent utilisé.
Exemple : usager recevant 5 mg per os de morphine toutes les 4 h
dose totale/24 h = 30 mg (10‐15 %= 3‐4,5 mg)
entredose = 2,5 à 5 mg per os q. 1 h PRN
ou si administrée SC : 2,5mg SC q. 30 min PRN
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 4 – Évaluation de la douleur 12
Les médicaments aux propriétés analgésiques
Types Propriétés/Indications Utilisation/Particularités
Les opioïdes (suite) Voies d’administration :
Par voie orale courte action : prend environ 45 à 60 minutes pour agir; durée d’action de 3 à 4 heures (selon la dose et l’agent choisis)
Les plus utilisés :
morphine, oxycodone, Par voie orale longue action : prend environ 3 à 5 heures pour son action maximale; durée d’action de 8 à 24 heures (selon la
hydromorphone, formulation choisie)
fentanyl, sufentanil
Par voie sous‐cutanée : prend environ 20 à 30 minutes; durée d’action de 3 à 4 heures
Par voie sublinguale ou intranasale : prend de quelques minutes à 20 minutes selon l’agent employé (durée d’action très courte :
1 heure)
Le moins utilisé : Attention : le fentanyl a environ 80 à 100 fois la puissance de la morphine et le sufentanil a environ 1 000 fois la puissance de la
codéine morphine. Ce sont des agents très puissants et ils exigent une surveillance étroite.
Par voie rectale : idem que pour la voie orale, en considérant que le rectum soit vide
Par voie topique : 15 à 20 minutes à quelques heures (très variable); durée d’action de 8 à 12 heures (parfois plus)
Il est aussi possible d’utiliser les formulations commerciales à courte action de fentanyl : AbstralMD (comprimés sublinguaux), FentoraMD
(comprimés buccaux); toutefois, ces deux médicaments ne sont pas couverts par le régime de médicaments de la Régie de l’assurance
maladie du Québec (RAMQ).
Inhibition de la cascade inflammatoire par les Il existe des phases très précises dans la cicatrisation d’une plaie. À
Les anti‐inflammatoires
prostaglandines certains moments, la phase inflammatoire est nécessaire et les anti‐
(ex. : ibuprofène,
naproxène, diclofénac) Action périphérique surtout inflammatoires ne sont alors pas indiqués.
Prévention de la sensibilisation des nocicepteurs aux
stimuli mécaniques et chimiques
Douleur inflammatoire, de compression sans lésion
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Les médicaments aux propriétés analgésiques
Types Propriétés/Indications Utilisation/Particularités
Les antidépresseurs Pour la douleur de type neuropathique Ces agents entrainent des effets indésirables nombreux; ils sont non
(ex. : amitriptyline, Agissent au niveau du système nerveux central en seulement la cause de plusieurs interactions avec des médicaments
désipramine, augmentant la disponibilité de sérotonine et de d’ordonnance, mais également avec des produits en vente libre.
nortriptyline, venlafaxine) noradrénaline Ils ne doivent jamais être cessés abruptement lorsqu’ils ont été
Peuvent aussi encourager l’effet des opiacés « naturels » administrés pendant une longue période (sauf en situation de toxicité
(les endorphines) majeure).
Particulièrement efficaces pour la douleur due aux lésions
des fibres nerveuses (sensation de brulure)
Les anticonvulsivants Pour la douleur de type neuropathique Dans cette classe d’agents, la gabapentine et la prégabaline sont les
(ex. : gabapentine, Possèdent plusieurs mécanismes d’action selon l'agent substances présentant le meilleur profil d’innocuité (peu ou pas
prégabaline, employé d’interaction médicamenteuse, peu de rapports de toxicité très grave
carbamazépine, acide Suppriment les décharges douloureuses qui suivent une comparativement aux autres agents. Attention : ceci n’exclut pas
valproïque, lamotrigine, lésion des fibres nerveuses qu’ils puissent être impliqués dans des événements graves).
topiramate…)
Suppriment le court‐circuit sur la fibre nerveuse
Ils ne doivent jamais être cessés abruptement lorsqu’ils ont été
endommagée
Particulièrement efficaces pour les douleurs de type coup administrés pendant une longue période (sauf en situation de toxicité
de poignard, choc électrique majeure).
Les cannabinoïdes Pour la douleur neuropathique surtout (mais aussi pour la
MD
Nabilone (Cesamet ) :
(ex. : nabilone) douleur nociceptive) capsules de 0,5 mg et de 1 mg
Peu d’études fondées sur la preuve, mais efficacité possibilité de fractionner les doses lors d’une préparation
démontrée par des cas anecdotiques et en clinique magistrale
Choix de dernier recours préparation d’une solution à 0,5mg/5ml dans le sirop simple
Les cannabinoïdes sont contre‐indiqués chez les usagers qui
présentent des problèmes cardiovasculaires ou des troubles
psychiatriques actuels ou antérieurs.
Théoriquement, ces médicaments n’entrainent pas de dépendance
physique et peuvent donc être cessés abruptement (quelques cas de
grands consommateurs de cannabis ont toutefois expérimenté des
symptômes d’inconfort).
Méthadone 1 mg per os Douleur réfractaire aux opioïdes conventionnels Peut être prescrite à faible dose comme coanalgésique, en
(en coanalgésie) Insuffisance rénale combinaison avec les opioïdes : doses ajustées en fonction de la
Contre‐indications aux opioïdes conventionnels réponse clinique.
Traitement de dernière
Développement d’une tolérance pharmacologique aux
ligne : utilisé par une Permet de diminuer le plus possible le risque d’effets indésirables et
autres opioïdes
équipe de clinique de la la répercussion des interactions médicamenteuses.
Intolérance aux autres opioïdes
douleur.
Allergie aux autres opioïdes
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Les médicaments aux propriétés analgésiques
Types Propriétés/Indications Utilisation/Particularités
La kétamine Pour la douleur de type nociceptive ou neuropathique La kétamine est un analogue de la phencyclidine et, en ce sens, elle
Supprime les décharges douloureuses qui suivent une peut entrainer des effets dissociatifs (ex. : confusion, hallucinations,
lésion des fibres nerveuses expérience extracorporelle) qui surviennent le plus souvent à forte
Supprime le court‐circuit sur la fibre nerveuse dose. Pour prévenir ces effets, l’administration d’une benzodiazépine
endommagée ou d'un antipsychotique de concert avec la kétamine diminuerait le
Utilisée quand les autres agents analgésiques sont risque de provoquer ces effets secondaires.
insuffisants
Théoriquement, la kétamine n’entraine pas de dépendance physique
et peut donc être cessée abruptement lorsqu’on l’emploie aux doses
analgésiques habituelles (ceci exclut l’usage déviant et à des doses
élevées des consommateurs à des fins récréatives). Toutefois, il
importe de retenir que la kétamine peut entrainer une dépendance
psychologique.
La kétamine est un médicament qui suit la réglementation applicable
aux stupéfiants et aux drogues contrôlées. L’ordonnance édictée par
le médecin doit suivre les exigences de cette réglementation, que ce
soit pour l’administration par voie orale, parentérale ou topique.
La formulation injectable peut aussi être utilisée pour
l’administration par voie orale (diluer la dose à donner dans un
jus d’orange ou une boisson gazeuse).
La poudre peut être employée pour la préparation d’une solution
orale ou pour une préparation topique.
Révisé par Berteau, M., pharmacien (2017) et par Néron, A., pharmacienne (2017)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 4 – Évaluation de la douleur 15
TRAITEMENTS PHARMACOLOGIQUES TOPIQUES
ATTENTION :
Encore une fois, on ne peut pas mettre n’importe quoi sur n’importe quelle plaie.
Les médicaments ou les bases à partir desquelles on réalise une préparation magistrale peuvent être la source d’une réaction indésirable. En général (il y a des
exceptions), on ne met aucune préparation apothicaire dans le lit d’une plaie qui n’a pas de potentiel de cicatrisation. Tout au plus, on peut appliquer un tel
produit à l’extérieur des berges de la plaie.
La présence d’inflammation chronique peut être souffrante, et pour apaiser cette douleur, des préparations topiques à base d’opioïdes, de misoprostol, d’anti‐
inflammatoires ou de coanalgésiques que l’on tapisse dans le lit de la plaie, peuvent être très utiles. Cependant, attention aux crèmes et émollients qui peuvent être
difficiles à nettoyer et qui interfèrent avec le pouvoir d’absorption des exsudats par les pansements (sans connaitre toutes les réponses, le pharmacien peut orienter le
professionnel de la santé dans le choix des bases ou des médicaments).
Lorsque le problème (étiologie de la douleur) a été identifié et qu'il existe une solution pour le traiter, l’application d’une préparation magistrale permet une activité
ciblée du principe actif, obviant ainsi aux inconvénients d’une administration par voie systémique. Les mesures locales peuvent viser la source de la douleur et
comportent généralement moins de risques que les mesures utilisées par la voie systémique.
Lorsque l’on opte pour ce choix thérapeutique, il faut avoir bien évalué l’usager et sa plaie, bien choisi le principe actif, l’agent mouillant et la base dans laquelle le
médicament sera inclus (consulter un pharmacien en mesure de vous aider pour les préparations apothicaires). Il faut comprendre que les préparations sont propres,
mais non stériles (même si les préparations sont produites sous la hotte, elles ne sont plus stériles dès l’emploi et la manipulation par l’usager).
Parmi les inconvénients, on compte les risques potentiels de réaction locale ou systémique (allergie immédiate ou retardée – attention aux agents de conservation)
ainsi que le temps nécessaire pour l’action désirée.
Le préparateur doit consulter et appliquer les données de stabilité générale fournies dans la documentation scientifique pour un médicament spécifique lorsqu’elles
sont disponibles. Il doit également prendre en considération la nature du produit et ses mécanismes de dégradation, le contenant dans lequel il est emballé (plusieurs
types de contenants existent pour réduire le risque d’exposition de la préparation à l’environnement), les conditions d’entreposage et la durée du traitement envisagé
lorsqu’il assigne une date de péremption. Ces dates doivent être déterminées de façon prudente. De plus, une stabilité chimique et physique n’assure pas une stabilité
microbiologique (consulter le pharmacien). Puisque les préparations magistrales sont conçues pour en faire une utilisation immédiate ou après un entreposage de
courte durée, la date de péremption est basée sur des critères différents de ceux appliqués aux produits manufacturés par l’industrie.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 4 – Évaluation de la douleur 16
La décision d’utiliser une crème, une lotion, une pâte ou un onguent dépend non seulement des données publiées sur les préparations magistrales, mais
également du degré de pénétration cutanée désiré ainsi que des caractéristiques de la plaie.
Gels Hydrosolubles (excluant le gel pluronique) et faciles à retirer de la plaie à l’aide d’un jet d’eau tiède ou d’une solution saline.
Les gels tendent à garder le milieu humide, spécialement si la plaie est couverte d’un pansement adéquat.
Crèmes Semi‐solides, les crèmes contiennent un ou plusieurs agents médicinaux dissous ou dispersés dans une émulsion huile/eau ou eau/huile.
La crème s’applique habituellement sur une lésion suintante (avec exsudat) en vertu de ses propriétés partiellement asséchantes.
Un désavantage de la crème est la phase huileuse, car elle est difficile à extraire aisément de la cavité de la plaie et la présence d’huile
peut nuire au tissu de granulation. De plus, les crèmes supportent plus facilement la croissance bactérienne.
Onguents et pâtes Protégeant la peau contre les agressions de l’environnement, les onguents et les pâtes possèdent également des propriétés hydratantes
et émollientes. Comme ils contiennent moins d’excipients ou de parfum qu’une crème, ils présentent un risque moindre d’irritation et de
réactions d’intolérance ou d’allergie. Ces préparations doivent pouvoir s’étendre facilement sur la peau ou les muqueuses et ne doivent
pas être grumeleuses.
Avec les préparations ou les pansements à base de gelée de pétrole blanche – surtout si la teneur est > 50 % (inflammable) ‐ éviter
l’exposition à une flamme (incluant la cigarette) ou à toute autre source ignifuge pendant le traitement.
Gels pluroniques Organogels composés de micelles ou de liposomes (le plus souvent de lécithine) permettant le passage transdermique (il est donc possible
qu’il y ait une certaine absorption régionale) de substances hydrophiles et lipophiles qui, normalement, ne pourraient pas franchir la
barrière cutanée.
Comme certains organogels sont propices à la formation de moisissures, les usagers doivent être bien informés des conditions
d’entreposage à respecter. Certains de ces gels doivent être conservés à la température de la pièce, car au contact du froid, ils ont
tendance à se liquéfier. Les gels pluroniques sont occlusifs. Il faut donc faire attention s’il y a présence d’une charge bactérienne élevée
dans le lit de la plaie ou encore d’un biofilm d’une infection locale.
Les préparations apothicaires sont créées par le pharmacien à la demande du médecin (donc exige une ordonnance médicale,) pour un besoin et un usager particuliers
(on fait du sur‐mesure au moment où le besoin est exprimé parce que le produit n’existe pas commercialement ou parce qu’il y a une contre‐indication à employer ce
qui est accessible).
Le pharmacien s’inspire de ses connaissances, de ses pairs érudits dans la réalisation de préparations magistrales et consulte la documentation spécialisée dans le
domaine afin de réaliser (ou de refuser de réaliser) un produit adapté, adéquat et sécuritaire.
Si la réalisation de la préparation est possible, le pharmacien doit guider et orienter le traitement en choisissant ou proposant les meilleurs ingrédients possible
(principes actifs, ingrédients autres, concentration de l’agent actif, base de produits, contenant approprié, etc.)
La documentation scientifique regorge de données anecdotiques, de rapports en série, de cohortes de faible taille relatant l’efficacité (ou son contraire) ainsi que des
mises en garde sur les façons de faire. Les données publiées objectives, pertinentes, précises qui permettent de bien établir l’efficacité de ces préparations et qui
respectent les exigences d’une médecine fondée sur des données probantes sont limitées. Chaque situation doit être analysée avant de déterminer si une telle
préparation est indiquée pour tel usager dans telle condition.
Révisé par Andrée Néron, pharmacienne, 2017
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 4 – Évaluation de la douleur 17
Préparations topiques
Certains ingrédients contenus dans des préparations magistrales ayant pour objectif le soulagement de la douleur ont une action anesthésiante, tandis que d'autres
ont une action anti‐inflammatoire. De plus, la littérature démontre un effet vasodilatateur de certains anesthésiants qui favorisent une augmentation du flot sanguin
au niveau des plaies associées à des pathologies ou à des phénomènes vasoconstrictifs comme les ulcères hypertensifs, ischémiques ou vasculitiques. (Jacobs, 2014)
Pour plus d'information, veuillez‐vous référer à la 5e édition du Guide pratique des soins palliatifs : gestion de la douleur et autres symptômes – chapitre
pharmacien apothicaire ‐ préparations magistrales, APES, 5e édition, 2018
Ibuprofène 5 à 20 % dans PLO ou dans Base GlaxalMD – crème non occlusive
Indication Douleur neuropathique
Préparation Ibuprofène 5 à 20 % dans un gel pluronique ou Base GlaxalMD
Kétamine 1 à 10 % +/‐ lidocaine 2 à 10 % dans Base GlaxalMD – crème non occlusive
Indication Douleur nociceptive, musculosquelettique, inflammatoire
Préparation Kétamine 1 à 10 % et lidocaïne 2 à 10 % dans Base GlaxalMD
Kétamine 10 % dans gel pluronique
Indication Douleur nociceptive, musculosquelettique, inflammatoire
Préparation Kétamine 10 % dans un gel pluronique
Stabilité Consulter le pharmacien
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 4 – Évaluation de la douleur 18
Méthadone 1 % dans StomahesiveMD
Ulcération ou infiltration liées ou non à un cancer, lésion de pression, plaie inflammatoire
Indication
Gargarisme (ulcères buccaux) : solution 1 mg/ml‐5 ml
Préparation Incorporer la poudre de méthadone à celle de StomahesiveMD
Misoprostol 0,0024 à 0,0048 % crème, lotion ou gargarisme
Indication Mucosite, cicatrisation des plaies, ulcération, brûlure
Préparation Misoprostol 0,0024 % gel (ou misoprostol 0,0024 % + phénytoïne 5 % + nifédipine 0,2 %)
Préparations topiques à base d’opiacés
Indications : ulcérations cancéreuses, lésions de pression, ulcérations diabétiques, ulcérations veineuses, artérielles ou mixtes – attention : sera peu ou pas efficace en
présence d’ischémie complète.
Sulfate de morphine 0,01 % dans sulfadiazine d’argent
Indication Brûlure
Préparation Consulter le pharmacien
Morphine 10 mg/ml dans eau pour vaporisation
Appliquer lors du changement de pansement (laisser sécher avant de refaire le pansement) ou environ 2 à 3 fois par jour
Indication Ne pas appliquer sur une plaie suintante ou sur un ulcère veineux; est peu efficace ou inefficace s’il n’y a pas de bris d’épithélium ou si l’épithélium
s’est reformé
Consulter le pharmacien
Préparation
Une vaporisation couvre 10 cm2 de surface.
Nifédipine 0,2 % gel
Améliore la cicatrisation des plaies, améliore la phase inflammatoire et de maturation, encourage la vasodilatation et la circulation microvasculaire
Indication
au niveau des bords de la plaie
Préparation Consulter le pharmacien
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 4 – Évaluation de la douleur 19
Nifédipine 3 % dans gelée de pétrole blanche
Améliore la cicatrisation des plaies, améliore la phase inflammatoire et de maturation, encourage la vasodilatation et la circulation microvasculaire
au niveau des bords de la plaie
Indication
En application au pourtour de la plaie, c.‐à‐d. aux berges de la peau intacte
Ne pas appliquer sur mais autour d’une plaie : inhibe l’activation des fibroblastes, mais pas celle du collagène
Préparation Consulter le pharmacien
Nifédipine 8 à 10 % dans PLO
Indication Ulcère diabétique
Préparation Consulter le pharmacien
Morphine dans Base GlaxalMD ou morphine dans IntrasiteMD Gel (0,1 à 0,5 %)
Indication Appliquer lors du changement de pansement, environ 2 à 3 fois par jour
Ne pas appliquer sur une plaie suintante ou sur un ulcère veineux; est peu efficace ou inefficace s’il n’y a pas de bris d’épithélium ou si l’épithélium
s’est reformé.
Préparation Utilisation d’une concentration de 0,1 à 0,2 %
Utilisation d’une concentration de 0,3 à 0,5 % pour douleur pelvienne (vulvodynie, douleur rectale, etc.)
Selon la composante douloureuse (ex. : composante neuropathique), peut contenir également de la lidocaïne 2 à 5 % (10 % s’il ne s’agit pas de
la région du visage ou d’un site limitrophe ou d’un endroit où la peau est très fine ou inflammatoire, ou changer pour kétamine 0,5 à 2 %)
Utiliser la préparation injectable (morphine, kétamine) ou la préparation en poudre (kétamine, lidocaïne, morphine)
D’autres opiacés hydrosolubles (ex. : hydromorphone 0,06 %) peuvent être utilisés
Appliquer 2 à 4 fois par jour
Morphine dans gel pluronique (Organogel ‐ DiffusimaxMD)
Indication Ne pas appliquer sur une plaie suintante ou sur un ulcère veineux; est peu efficace ou inefficace s’il n’y a pas de bris d’épithélium ou si l’épithélium
s’est reformé. Ne pas utiliser ce gel aux endroits très humides, car il favorise la croissance bactérienne et fongique.
Préparation Utilisation d’une concentration de 0,1 à 0,2 % ‐ appliquer 2 à 4 fois par jour
Selon la composante douloureuse (ex. : douleur neuropathique), la préparation peut également contenir de la kétamine (0,5 à 2 %), de la
gabapentine (4 à 6 %) ou de la clonidine (0,1 %) (utiliser les poudres)
Nitroglycérine 0,2 à 0,8 % dans gelée de pétrole blanche
Indication Douleur ischémique
Préparation Préparation à partir de la formulation commerciale de 2 %.
Conserver dans un contenant hermétiquement fermé (la nitroglycérine est très volatile) et à l’abri de la lumière
Recouvrir avec un pansement semi‐occlusif
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 4 – Évaluation de la douleur 20
Phénytoïne 5 % gel
Indication Douleur neuropathique
Cicatrisation des plaies : stimule les fibroblastes et la formation de tissus de granulation, l’angiogenèse, l’inflammation – début d’action en une
à trois semaines
Préparation Consulter le pharmacien
Phénytoïne 2 % + misoprostol 0,0024 % + lidocaïne 2 % dans DermabaseMD
Indication Lésion de pression, plaie exsudative, structure profonde exposée
Préparation Consulter le pharmacien
Phénytoïne pour les plaies
Indication Douleur neuropathique
Cicatrisation des plaies : stimule les fibroblastes et la formation de tissus de granulation, l’angiogenèse, l’inflammation – début d’action en une
à trois semaines
La phénytoïne favoriserait également la prolifération des myofibroblastes et des fibroblastes, la production de protéines reliées à la MEC (matrice
extracellulaire) ainsi qu'une augmentation des médiateurs liés à l'activité des facteurs de croissances. Éventuellement, on observera une
augmentation dans le dépôt de collagène qui favorisera la résistance de la plaie. Il semblerait aussi que la phénytoïne diminuerait l'activité de la
collagénase, l'œdème, l'exsudat et la charge bactérienne.
(Shaw et coll., 2007)
Préparation Ouvrir les capsules et en diluer le contenu dans une solution saline (NaCl 0,9) – 100 mg/5 ml
Imbiber une compresse et recouvrir la plaie
Ne pas utiliser la formulation injectable en raison du pH élevé de la présentation (dommage tissulaire assuré)
Ne pas employer la suspension orale, car elle contient de nombreux excipients
Sucralfate
Indication Ulcère malin qui provient d’une infiltration maligne de la peau/saignement
Préparation Utiliser le sucralfate en suspension (1 g/5 ml) ou sous forme de pâte (écraser 1 comprimé de 1 g et le disperser dans 5 ml de gelée lubrifiante (K‐
YMD) ou encore une préparation magistrale –crème de sucralfate de 4 à 6 %.
Appliquer sur le site de saignement, une ou deux fois par jour
La suspension de sucralfate peut être placée sur un pansement non adhérent appliqué fermement sur la surface qui saigne
(Élaboré par Andrée Néron, pharmacienne, CHUS, 2008; révisé par Andrée Néron, 2017)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 4 – Évaluation de la douleur 21
APPROCHE PHARMACOLOGIQUE PAR TYPE DE DOULEUR OU DE MALADIE
Douleur inflammatoire – Plaie sans potentiel de cicatrisation
Approche systémique : AINS (si les préparations commerciales ne peuvent être utilisées en raison de leur inefficacité ou de contre‐indications)
Diclofénac (2‐10 %)
Ibuprofène (5‐20 %)
Kétoprofène (2,5‐20 %)
Naproxène (5‐10 %)
Piroxicam (0,5‐3 %)
Approche systémique (agents autres que les AINS)
Morphine (0,1 %‐1 %)
Hydromorphone (0,03‐0,3 %)
Méthadone (0,1‐1 %)
Phénytoïne (2‐5 %)
Misoprostol (0,0024‐0,0048 %) (base non alcoolique)
Nifédipine (0,2‐10 %)
Douleur neuropathique – Plaie sans potentiel de cicatrisation
Approche systémique
TCA (antidépresseurs tricycliques) : amitriptyline (2‐7 %), doxépine (3‐5 %)
Gabapentine (4‐10 %)
Kétamine (0,5‐10 %)
Baclofène (2‐5 %)
Clonidine (0,1‐0,2 %)
Anesthésiques locaux
Lidocaïne (2‐10 %)
Bupivacaïne (0,5‐2 %)
Nifédipine (2‐16 %)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 4 – Évaluation de la douleur 22
Syndrome douloureux régional complexe (SDRC) (parfois lié à un ulcère de jambe chronique post‐traumatique)
Les usagers souffrant de SDRC éprouvent de la douleur chronique dans une certaine partie de leur corps, le plus souvent dans un bras ou dans une jambe. Par
exemple, la douleur peut commencer après s’être infligé une entorse mineure ou après avoir subi une simple chirurgie qui devrait normalement entrainer une douleur
légère à modérée à court terme. Il y a deux types de SDRC pour lesquels les symptômes et le traitement sont les mêmes. Le type 1 ne met en cause aucune lésion
nerveuse connue. Le type 2 présente une lésion nerveuse évidente comme source de douleur. La cause du SDRC est inconnue. Chose certaine, la maladie comporte un
mauvais fonctionnement du « système d’alarme » de la douleur. Des signaux de douleur sont envoyés sans raison valable.
(Montgomery, 2017)
Le plus souvent, les usagers auront également certains des symptômes suivants :
Une différence de température ou de couleur de la peau du membre touché;
Des limites dans l’amplitude du mouvement du membre;
Une peau très sensible, semblable à un coup de soleil douloureux;
De la transpiration excessive dans le membre touché;
L’œdème d’une main ou d’un pied;
Des tremblements;
De la faiblesse dans un bras ou dans une jambe;
Des changements de la peau, des cheveux ou des ongles du côté touché;
Une diminution de la densité osseuse (et de possibles fractures).
Approche systémique
TCA (antidépresseurs tricycliques) : amitriptyline (2‐7 %), doxépine (3‐5 %);
Gabapentine (4‐10 %);
Kétamine (10 %);
Baclofène (2‐5 %);
Clonidine (0,1‐0,2 %) .
Anesthésiques locaux
Lidocaïne (2‐10 %);
Bupivacaïne (0,5‐2 %);
Pentoxyfilline (4‐5 %).
Douleur reliée à une plaie présentant de la calciphylaxie
Approche systémique
Diltiazem (2 %);
Thiosulfate de sodium 10 % (ad 25 %).
(Élaboré par Néron, A., pharmacienne, 2008; révisé par Néron, A., pharmacienne, 2017)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 4 – Évaluation de la douleur 23
INTERVENTIONS NON PHARMACOLOGIQUES POUR DIMINUER LA DOULEUR ET L’ANXIÉTÉ RELIÉES AUX PLAIES
Selon Woo (2012), plusieurs autres stratégies peuvent et doivent être mises de l’avant pour la diminution, le soulagement et le contrôle de la douleur. Le traitement
de la douleur chronique exige une prise en charge interdisciplinaire. La collaboration du médecin, du pharmacien, des professionnelles de la santé et de l’usager
demeure un élément essentiel à la réussite du traitement. Il importe d’inclure, dans cette démarche, divers professionnels en association avec les traitements
médicaux et pharmacologiques :
Physiothérapie;
Ergothérapie;
Psychothérapie;
Acupuncture;
Hypnose;
etc.
L’usager a un rôle incontournable dans la gestion de sa douleur :
Éducation usager/famille
Réduction de l’anxiété
Thérapie cognitive
Alliance thérapeutique : L’alliance est constituée d’aspects cognitifs et d’aspects affectifs. Pour bien les distinguer, on peut parler d’alliance de travail et
d’alliance thérapeutique. L’alliance de travail est une disposition mentale positive envers un traitement, une intention sincère de collaborer qui s’appuie sur
les aspects logiques et rationnels de l'usager, sur sa motivation consciente à s’engager dans un processus, motivation soutenue par un désir de sortir d’un
état de souffrance. Tout le monde s’entend pour reconnaitre l’importance d’établir un climat de confiance en début de thérapie/relation d'aide/traitement
afin de maximiser la collaboration de l'usager (Brillon, M., 2011).
« Empowerment, pouvoir d'agir, capacitation, autonomisation, appropriation… » : Donner davantage de pouvoir à un usager afin qu’il prenne un certain
contrôle dans l'épisode de soins auquel il est confronté.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 4 – Évaluation de la douleur 24
Interventions non pharmacologiques durant une procédure de soins
Diminuer les stimuli environnementaux
Permettre à l'usager de participer à ses changements de pansement (ex. : permettre à l’usager de retirer lui‐même pansement…)
Permettre des pauses durant la procédure lorsqu’une douleur importante se présente
Prévoir les changements de pansement à un moment de la journée où l'usager est le mieux disposé
Donner un analgésique avant l'intervention et prévoir celle‐ci dans le pic d'action de l'analgésique
Humidifier le pansement avant le retrait
Éviter de trop compacter une plaie
Minimiser la fréquence des changements de pansement
Prévenir les traumatismes à la peau environnante (protecteur cutané, pansement à microadhérence, etc.)
Positionner l'usager de façon à ce que la région à traiter soit supportée
Offrir des distractions durant le traitement (télévision, musique, couverture chaude, visualisation…)
(Bryant et Nix, 2016)
QUAND ORIENTER UN USAGER EN CLINIQUE DE LA DOULEUR?
Un médecin recommandera un usager pour une évaluation ou une prise en charge en clinique de la douleur si le soulagement est sous‐optimal avec les médicaments
de première et de deuxième intention.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 4 – Évaluation de la douleur 25
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Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 4 – Évaluation de la douleur 26
FASCICULE 5
Évaluation des membres inférieurs
TABLE DES MATIÈRES – FASCICULE 5
ÉVALUATION DES MEMBRES INFÉRIEURS ..................................................................................................................................................................................................... 1
ÉVALUATION DE LA JAMBE .......................................................................................................................................................................................................................... 2
ÉVALUATION DE L’ŒDÈME .............................................................................................................................................................................................................................................. 8
ÉVALUATION DU SIGNE DE STEMMER OU SIGNE DE STEMMER‐KAPOSI ..................................................................................................................................................................................... 9
ÉVALUATION DU PIED ................................................................................................................................................................................................................................ 10
ÉVALUATION DE LA FORCE MUSCULAIRE ET DE LA MOBILITÉ DE LA CHEVILLE ............................................................................................................................................................................ 20
EMPREINTE DE PIED .................................................................................................................................................................................................................................................... 20
ÉVALUATION DES ONGLES .......................................................................................................................................................................................................................... 21
ÉVALUATION DES CHAUSSURES ................................................................................................................................................................................................................. 24
TRACÉ DU PIED ........................................................................................................................................................................................................................................................... 24
ÉVALUATION DE LA NEUROPATHIE PÉRIPHÉRIQUE ..................................................................................................................................................................................... 25
TEST AU MONOFILAMENT DE SEMMES‐WEINSTEIN ........................................................................................................................................................................................................... 25
TEST DU DIAPASON ..................................................................................................................................................................................................................................................... 26
BIOTHÉSIOMÉTRIE OU NEUROTHÉSIOMÈTRE ..................................................................................................................................................................................................................... 27
RÉFLEXE ACHILLÉEN ..................................................................................................................................................................................................................................................... 27
TEST DE POSITION ....................................................................................................................................................................................................................................................... 28
ÉVALUATION DE LA CIRCULATION VEINEUSE .............................................................................................................................................................................................. 28
DUPLEX ULTRASON/DOPPLER VEINEUX ........................................................................................................................................................................................................................... 28
ÉVALUATION DE LA CIRCULATION ARTÉRIELLE ........................................................................................................................................................................................... 29
PRISE DU POULS TIBIAL POSTÉRIEUR ................................................................................................................................................................................................................................ 29
PRISE DU POULS PÉDIEUX ............................................................................................................................................................................................................................................. 30
DOPPLER À ONDES ENTRETENUES ................................................................................................................................................................................................................................... 31
TEMPS DE REMPLISSAGE CAPILLAIRE ............................................................................................................................................................................................................................... 31
TEST DE COLORATION DU MEMBRE INFÉRIEUR .................................................................................................................................................................................................................. 32
INDICE DE PRESSION SYSTOLIQUE CHEVILLE‐BRAS (IPSCB) .................................................................................................................................................................................................. 32
TEST À L’EFFORT ......................................................................................................................................................................................................................................................... 35
INDICE DE PRESSION SYSTOLIQUE AU PREMIER ORTEIL (IPO) ................................................................................................................................................................................................ 36
PLÉTHYSMOGRAPHIE/ÉTUDE DES ONDES ARTÉRIELLES ........................................................................................................................................................................................................ 36
ANGIOGRAPHIE DUPLEX ............................................................................................................................................................................................................................................... 37
LA PRESSION ARTÉRIELLE SEGMENTÉE ............................................................................................................................................................................................................................. 37
PRESSION D’OXYGÈNE TRANSCUTANÉE (TCPO2) .............................................................................................................................................................................................................. 37
PRESSION DE LA PERFUSION À LA PEAU ............................................................................................................................................................................................................................ 38
ANGIOGRAPHIES ......................................................................................................................................................................................................................................................... 38
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 5 – Évaluation des membres inférieurs i
ÉVALUATION DES MEMBRES INFÉRIEURS
Dès qu’une plaie se situe sous le genou, une évaluation complète des membres inférieurs doit être faite non seulement pour déterminer l’étiologie de la plaie, mais aussi
pour déceler des maladies sous‐jacentes. Lors de ces évaluations, il importe de toujours comparer les deux membres inférieurs, incluant les pieds, les orteils et les ongles.
Tout changement dans l’apparence de la peau, la fonction motrice, la fonction sensorielle, la perfusion doit être noté et les chaussures doivent être évaluées. Il faut
également observer la présence d’amputations ou de cicatrices pouvant résulter d’un trauma, d’une chirurgie ou d’une maladie et valider les antécédents d'ulcère et de
phlébite.
La fréquence des réévaluations doit être personnalisée. Selon Hingorani et coll. (2016), tous les usagers diabétiques devraient avoir une évaluation complète, incluant un
indice de pression systolique cheville‐bras (IPSCB), dès l’âge de 50 ans ou dès l’apparition d’une déformation du pied ou d’un ulcère. La réévaluation des membres inférieurs
devrait être faite fréquemment afin de déceler les problématiques.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 5 – Évaluation des membres inférieurs 1
ÉVALUATION DE LA JAMBE
L’examen physique des membres inférieurs fournit des indications sur la problématique sous‐jacente. Il est important de retirer les souliers, les chaussettes, les bas de
compression et de relever le pantalon jusqu’aux genoux. S’il est impossible de relever le pantalon aisément, le retirer tout simplement. Observer et comparer les deux
membres inférieurs en ce qui a trait aux changements trophiques, à l’apparence des veines incluant la couleur et la forme, à l’intégrité de la peau et à la présence d’œdème.
Ces observations permettront de déterminer si une évaluation complémentaire (examens diagnostiques non invasifs et invasifs) s’impose.
Coloration
•Observer la coloration des membres dans différentes positions. Comparer au membre opposé et comparer les parties distale et proximale du membre.
•Pâleur : anémie, diminution du flux sanguin, maladie artérielle périphérique, maladie pulmonaire, insuffisance cardiaque;
•Brun : maladie veineuse chronique;
•Rougeur : érythème, processus inflammatoire, lésion de pression;
•Noir ou cyanose : ischémie critique (accompagnée de douleur).
Température
•Toucher les deux membres avec le dessus de votre main (jambe/pied et orteils) et comparer au membre opposé; comparer également les parties distale et
proximale du membre.
•La température du membre peut donner des indications sur la qualité de la perfusion (froideur), mais également sur un processus infectieux ou inflammatoire
(chaleur).
Texture et turgescence
•Observer l'hydratation, l'épaisseur, la texture de la peau ainsi que les problématiques dermatologiques.
•Une peau luisante et mince peut s'expliquer par un processus de vieillissement, mais peut également s'expliquer par un apport sanguin insuffisant pour
supporter la croissance normale de la peau (maladie artérielle périphérique).
•La turgescence permet d'évaluer le niveau d'hydratation.
•Noter la présence de cicatrices et questionner sur leurs origines.
Déformation de la jambe
•Observer la forme des jambes, la présence ou l'absence d'oedème.
•Noter les amputations et questionner leurs causes.
Poils
•Observer la texture et la distribution des poils.
•Les changements trophiques de la peau peuvent se produire en présence d’une neuropathie autonome ou lorsque l'apport sanguin ne peut supporter la
croissance normale de la peau et des poils.
•La distribution des poils peut être influencée par l’âge, l’ethnicité ou la perfusion tissulaire.
Douleur
•Questionner sur la présence d'une douleur, sa localisation, le moment où survient la douleur et ce qui la soulage.
•La claudication intermittente (douleur à la marche) corroborée par l'absence d'un pouls pédieux est un indicateur d'une maladie artérielle périphérique.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 5 – Évaluation des membres inférieurs 2
Évaluation Explication Photo
Hyperpigmentation brunâtre Décoloration des tissus mous de la région tibiale. Apparence gris‐brunâtre de
la peau.
L’hyperpigmentation résulte de l'extravasation de globules rouges et du
dépôt de l’hémoglobine dans les tissus. L’hyperpigmentation brunâtre est un
indicateur classique de l’œdème chronique et d’une maladie veineuse
chronique et joue un rôle important dans l’évolution vers la
lipodermatosclérose et l’ulcération.
(Bryant et Nix, 2016; Doughty et McNichol, 2016)
Source : CIUSSS de l’Estrie‐CHUS
Lipodermatosclérose Fibrose ou durcissement des tissus au niveau de la cheville (région de la
chaussette) provoquant une apparence de bouteille de champagne inversée.
La lipodermatosclérose indique une maladie veineuse chronique résultant
d’une combinaison de dépôts de fibrine et de collagène et d’un processus de
fibrinolyse compromis.
(Bryant et Nix, 2016; Doughty et McNichol, 2016)
Source : CIUSSS de l’Estrie‐CHUS
Atrophie blanche Zone de tissu atrophique blanchâtre ou ivoire tacheté de points rouges.
L’atrophie blanche se retrouve habituellement au niveau de la cheville et est
souvent accompagnée d’hyperpigmentation brunâtre et de télangiectasie.
Signes d’une maladie veineuse chronique, ces lésions apparaissent de façon
spontanée ou après la cicatrisation d’un ulcère. Ces zones sont à haut risque
de développement d’ulcères en raison de l’atrophie et de la minceur de
l’épiderme. Peut être présente dans d’autres situations, comme la livedo.
(Bryant et Nix, 2016; Doughty et McNichol, 2016; Alavi, 2014)
Source : CIUSSS de l’Estrie‐CHUS
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 5 – Évaluation des membres inférieurs 3
Évaluation Explication Photo
Œdème Accumulation anormale de liquide extravasculaire de manière localisée ou
généralisée dans les tissus. Habituellement présent de la cheville au genou,
mais peut se limiter au pied ou atteindre tout le membre inférieur. Est
unilatéral ou bilatéral.
L’œdème des membres inférieurs est un indicateur classique de maladie
veineuse chronique et s’explique par une distension du lit capillaire, une
incompétence valvulaire, une obstruction veineuse ou une élévation de la
pression intracapillaire. À long terme, l’œdème occasionne une fibrose des
tissus. Il peut également survenir à la suite d’une compression iliaque, d’une
dénutrition, d’une thrombophlébite active, d’un syndrome postphlébitique,
d’une insuffisance cardiaque, d’une hypertension pulmonaire ou d’une
insuffisance rénale.
(Bryant et Nix, 2016; Doughty et McNichol, 2016; Woo et coll., 2013; Source : CIUSSS de l’Estrie‐CHUS
Stephen‐Haynes, 2015)
Voir évaluation de l’œdème.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 5 – Évaluation des membres inférieurs 4
Évaluation Explication Photo
Lipœdeme Le lipœdème est une accumulation de cellules adipeuses au niveau des
membres inférieurs, de façon bilatérale et symétrique. Les pieds étant
préservés, l’atteinte s’étend des chevilles jusqu’aux hanches. Il peut
progresser vers un lymphœdème surajouté.
Le lipœdème touche presque exclusivement les femmes obèses ou en
surpoids.
(Bryant et Nix, 2016)
Source : http://www.lymphoedematrainingaustralia.com.au/lipoedema
Varices/télangiectasies/veines Les varices sont des veines superficielles dilatées, bleutées, élargies et
réticulaires/varicosités tordues près de la surface de la peau. Un renflement et une pulsation de la
veine peuvent être visibles. Bien qu’elles puissent se retrouver sur presque
toute la surface du corps, les varices affectent habituellement le mollet ou la
face interne de la jambe, entre l’aine et la cheville.
Les télangiectasies sont des petites veines de moins d’un millimètre sous la
surface de la peau en forme de toile d’araignée.
Les veines réticulaires sont des petites veines de 1‐3 mm de diamètre visibles
sous la surface de la peau et pouvant produire un renflement.
Les varicosités sont bleutées et tortueuses. Elles précèdent l’incompétence
Source : CIUSSS de l’Estrie‐CHUS
valvulaire et apparaissent conséquemment à des changements structuraux et
biochimiques des veines. (Bryant et Nix, 2016)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 5 – Évaluation des membres inférieurs 5
Évaluation Explication Photo
Dermatite de stase Inflammation de l’épiderme et du derme des membres inférieurs. La
dermatite de stase est caractérisée par des croutes, des squames, de
l’érythème et de la démangeaison.
La dermatite de stase est présente lors d’une maladie veineuse et est
secondaire à une libération de médiateurs inflammatoires. Elle peut être
aigüe ou chronique. Sa présence augmente le risque de développer une
dermatite de contact en raison de l’inflammation chronique de la peau, du
contact prolongé avec des préparations topiques, de l’hypervascularisation
locale, du nombre élevé de lymphocytes et de cellules de Langerhans
affectant la peau ou d’une barrière de la peau dysfonctionnelle.
(Bryant et Nix, 2016; Fransway, 2016)
Source : CIUSSS de l’Estrie‐CHUS
Xérose Sécheresse anormale de la peau se traduisant par un aspect rugueux et
écaillé et par la présence de fines squames poudreuses à sa surface. Cette
peau est très vulnérable aux irritants extérieurs et aux infections.
Fréquemment accompagnée de prurit et de crevasses.
Le psoriasis, l’eczéma atopique et la dermatite accompagnent souvent la
xérose.
L’immersion dans l’eau de façon prolongée, l’utilisation de savon, les agents
irritants (parfum, colorant), l’exposition de la peau à la chaleur, au froid, au
soleil et au vent, la dénutrition ou la déshydratation, la présence d’une
hypothyroïdie non contrôlée par la médication, l’usage de rétinoïdes et l’âge
avancé sont des facteurs prédisposants ou aggravants de la xérose.
(Doughty et McNichol, 2016; Pothier, 2011)
Consulter Traitements locaux (F10)
Source : CIUSSS de l’Estrie‐CHUS
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 5 – Évaluation des membres inférieurs 6
Évaluation Explication Photo
Anhidrose Peau anormalement sèche, rugueuse et écaillée, recouverte de fines
squames poudreuses à sa surface. Cette peau est très vulnérable aux irritants
extérieurs et aux infections.
L’anhidrose est causée par l’absence de production de sueur par les glandes
sudoripares en raison de dommages aux nerfs (neuropathie autonome).
(Doughty et McNichol, 2016; Pothier, 2011)
Source : CIUSSS de l’Estrie‐CHUS
Phlyctène Détachement entre l’épiderme et le derme contenant un liquide interstitiel
clair.
Peut être secondaire à une friction répétée, à une réaction allergique, à une
exposition prolongée au froid ou à la chaleur, à un bandage mal ajusté, à
l’utilisation d’un pansement ou d’un adhésif avec une traction au retrait ou
encore au contact avec une substance chimique corrosive. Le port de
chaussures mal ajustées, la marche pieds nus dans les chaussures, le port de
nouvelles chaussures, l’hyperhidrose, les chaussettes avec coutures, la
pratique d’un sport comportant des arrêts brusques sont des facteurs
prédisposant à l’apparition de la phlyctène ou à son aggravation.
Dans de rares cas, la phlyctène peut être occasionnée par une maladie
bulleuse (dermatite de contact allergique aigüe, bullose auto‐immune…) Source : CIUSSS de l’Estrie‐CHUS
(Pothier, 2011)
(Bryant et Nix, 2016; Doughty et McNichol, 2016; Fransway, 2016; Pothier, 2011;
révisé par Beauregard, S., dermatologue, 2017)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 5 – Évaluation des membres inférieurs 7
Évaluation de l’œdème
Rappelons que l’apparence du membre inférieur doit toujours être comparée à celle du membre opposé. Deux techniques sont utilisées pour noter la sévérité de l’œdème.
Circonférence de la jambe
Technique
1. Expliquer la procédure à l’usager.
2. En position assise ou debout, mesurer en centimètres (cm) le mollet dans sa partie la plus grande, à l’aide d’une règle flexible.
3. Mesurer la distance entre le plancher et la mesure du mollet pour une référence ultérieure (en cm).
4. Mesurer également la cheville à 5 cm au‐dessus de la malléole externe.
5. Répéter la procédure pour l’autre membre.
6. Documenter les mesures au dossier.
Interprétation des résultats
Comparer les membres inférieurs.
Comparer ces mesures dans le temps (en utilisant toujours la même position).
Profondeur de la dépression
Technique
1. Expliquer la procédure à l’usager.
2. Presser fermement avec l’index sur la face dorsale du pied, la région malléolaire et la partie tibiale.
3. Retirer votre doigt.
4. Noter la profondeur de la dépression de la peau.
5. Répéter la procédure pour l’autre membre.
6. Documenter la profondeur au dossier.
Interprétation des résultats
Source : http://www.med‐health.net/edema‐grading.html
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 5 – Évaluation des membres inférieurs 8
Évaluation du signe de Stemmer ou signe de Stemmer‐Kaposi
Permet de déterminer s’il y a présence de lymphœdème.
Technique :
1. Expliquer la procédure à l’usager.
2. À la base des orteils, entre le 2e et le 3e orteil, pincer la peau sur la face dorsale du pied.
3. Documenter les résultats au dossier.
Interprétation des résultats :
Si le clinicien est en mesure de pincer la peau : signe de Stemmer négatif (ce n’est pas du lymphœdème).
Si le clinicien n’est pas en mesure de pincer la peau : signe de Stemmer positif (indication de lymphœdème).
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 5 – Évaluation des membres inférieurs 9
ÉVALUATION DU PIED
Coloration
•Observer la coloration des pieds dans différentes positions.
•La coloration des pieds peut donner des indications sur la qualité de la perfusion.
Température
•Toucher les deux membres inférieurs avec le dessus de votre main (jambe/pied et orteils) et comparer au membre opposé.
•Comparer la partie distale à la partie proximale du membre.
•La température du pied peut donner des indications sur la qualité de la perfusion (froideur), mais également sur un processus infectieux ou inflammatoire
(chaleur).
Texture et turgescence
•Observer l'intégrité de la peau des espaces interdigitaux, de la base des pieds et des talons.
•Observer l'épaisseur de la peau, la présence d'humidité, de callosités et de problèmes dermatologiques et infectieux.
Musculosquelettique
•Observer la forme de la cheville, des pieds et des orteils.
•Noter la présence de malformations ou de déformations pouvant créer des points de pression.
•Les déformations du pieds et de la cheville peuvent limiter les mouvements, augmenter les points de pression et modifier la démarche.
•Observer et comparer la force musculaire.
•Observer la démarche, l'équilibre, l'utilisation d'accessoires d'aide à la marche ainsi que la capacité de l'usager à mettre et à retirer ses chaussures
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 5 – Évaluation des membres inférieurs 10
Évaluation Notes explicatives Photo
Hyperhidrose Présence d’humidité excessive, d’érosion et de macération de la peau avec
possibilité de fissures interdigitales.
Causée par une sécrétion excessive de sueur au niveau des pieds pouvant entrainer
une macération et un ramollissement de la couche cornée en raison d’une
hyperactivité des glandes sudoripares. Le port de chaussures hermétiques ou
occlusives, le port de bas de nylon, une hygiène inadéquate, une neuropathie
autonome, la puberté et la présence d’une infection fongique sont des facteurs
prédisposants ou aggravants de l’hyperhidrose.
(Pothier, 2011; Doughty et McNichol, 2016)
Source : http://www.hyperhidrose.ca/impact.htm
Bromhidrose Odeur fétide souvent associée à l’hyperhidrose, causée par la décomposition des matières organiques contenues dans la sueur et la présence
de champignons ou de bactéries.
Le port de chaussures hermétiques ou occlusives, le port de bas de nylon, une hygiène inadéquate, la puberté et la présence d’une infection
fongique sont des facteurs prédisposants ou aggravants de la bromhidrose.
(Pothier, 2011; Jarvis, 2016)
Crevasses Fendillement de la peau se développant sur une peau sèche ou au niveau d’une
callosité.
L’incidence accrue de crevasses en été et en hiver, une neuropathie autonome ainsi
que le port de sandales à courroies sont des facteurs prédisposants ou aggravants
de la formation de fissures et crevasses.
(Pothier, 2011; Doughty et McNichol, 2016)
Source : CIUSSS de l’Estrie – CHUS
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 5 – Évaluation des membres inférieurs 11
Évaluation Notes explicatives Photo
Callosité Épaississement de la peau (couche cornée) sur une surface large et diffuse,
souvent observée sous des points d’appui importants tels l’avant‐pied et le
talon. Couleur jaune pâle.
La formation d’une callosité est une réponse naturelle du corps à un stress
mécanique répétitif comme une pression, un cisaillement ou une friction. La
déformation du pied, un mauvais ajustement de la chaussure, une démarche
anormale, une surcharge pondérale, de la xérose, une neuropathie sensitive,
autonome ou motrice et une hyperglycémie sont des facteurs prédisposants
ou aggravants de la formation de callosités.
(Pothier, 2011; Bryant et Nix,2016;
Doughty et McNichol, 2016)
Source : IStock photo
Durillon Épaississement superficiel de la peau localisé aux points de pression de la
face plantaire du pied. Sa partie centrale est enchâssée dans la peau et ses
rebords se confondent avec la callosité qui l’entoure. La peau du durillon est
jaunâtre ou brunâtre.
Le port de chaussures inappropriées, les orteils en griffe, l’hallux valgus, la
cambrure exagérée ou l’affaissement de la cambrure du pied sont des
facteurs prédisposants ou aggravants de la formation de durillons.
(Pothier, 2011; Bryant et Nix, 2016)
Source : http://www.podologue‐lepape.fr/pedicurie.php
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 5 – Évaluation des membres inférieurs 12
Évaluation Notes explicatives Photo
Cor Noyau d’hyperkératose circonscrit habituellement sur le haut ou le bout des
orteils. Le noyau peut causer une pression sur les nerfs sous‐jacents, causant
une douleur.
Les orteils en griffe, le chevauchement des orteils, le port de chaussures
inappropriées et la taille trop prononcée des ongles sont des facteurs
prédisposants ou aggravants de la formation de cors.
(Pothier, 2011)
Source : http://blackeuse.com/huile‐de‐ricin‐dites‐non‐aux‐cors‐des‐pieds_22710.html
e e
Cor mou (œil de perdrix) Cor localisé typiquement sur la face latérale ou externe du 4 et du 5 orteil,
fréquemment accompagné de macération.
La présence d’orteils en griffe, un chevauchement des orteils, des
chaussures comprimant les orteils les unes sur les autres sont des facteurs
prédisposants ou aggravants de la formation de cors mous.
(Pothier, 2011)
Source : CIUSSS de l’Estrie‐CHUS
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 5 – Évaluation des membres inférieurs 13
Évaluation Notes explicatives Photo
Mycose cutanée (Tinea
Apparait initialement comme de petites vésicules entre les orteils, sur la face
pedis/pied d’athlète)
latérale et à la plante des pieds. Évolue vers une desquamation et une macération
interdigitales accompagnées de démangeaisons intermittentes, d’une sensation de
brûlure avec ou sans mauvaises odeurs. Des fissures interdigitales et des vésicules
satellites peuvent être observées.
La mycose cutanée est une infection à dermatophyte (fongique) de la couche
cornée. Les hommes, les adolescents, l’hyperhidrose, les personnes fréquentant les
douches, les piscines et les vestiaires publiques, une chaussure hermétique, une
hygiène déficiente, la chimiothérapie, les traitements hormonaux, la prise
d’antibiotiques ou de cortisone, le diabète, la neuropathie autonome et un déficit
immunitaire sont des facteurs prédisposants ou aggravants de la mycose cutanée. Source : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2211753916300070
(Pothier, 2011; Jarvis, 2016)
Verrue plantaire Masse ronde ou ovale nettement circonscrite entourée d’un halo et parsemée de
petites taches noires. Elle peut être isolée ou en mosaïque, jaune, brune, grise ou
noire en son centre. La verrue peut parfois se distinguer du durillon en pinçant la
lésion entre ses doigts. Si la lésion est une verrue, le pincement occasionnera une
vive douleur chez l’usager.
Excroissance bénigne causée par le virus du papillome humain qui pénètre dans le
corps par de microlésions. Elle est contagieuse et se transmet par contact direct ou
indirect. La présence de microlésions cutanées, la marche pieds nus sur des sols
humides (douche, piscine, ou vestiaire publics), l’hyperhidrose et un système
immunitaire déficient sont des facteurs prédisposants ou aggravants de la
formation de verrues plantaires.
(Pothier, 2011)
Source : 123RF‐ 80507656
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 5 – Évaluation des membres inférieurs 14
Évaluation Notes explicatives Photo
Amputation Ablation d’un membre (en partie ou en totalité) ou d’un orteil de façon traumatique
ou chirurgicale.
L’amputation d’un membre peut occasionner une déformation du pied, une
modification de la démarche et une augmentation localisée des points de pression.
Source : CIUSSS de l’Estrie‐CHUS
Pied de Charcot Désintégration de l’articulation de la cheville et du pied. Est une arthropathie.
(Neuroarthropathie de
Charcot) Fréquemment (non exclusivement) associé au diabète et à la neuropathie
autonome et motrice, il se caractérise initialement par de l’érythème et de
l’œdème, ce qui peut laisser croire à une infection.
(Bryant et Nix, 2016; Doughty et McNichol, 2016;
RNAO, 2013)
Consulter Ulcère du pied diabétique (F7)
Source : CIUSSS de l’Estrie‐CHUS
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 5 – Évaluation des membres inférieurs 15
Évaluation Notes explicatives Photo
Pied plat Voûte plantaire affaissée et le pied semble anormalement plat.
Le pied plat peut être d’origine congénitale. L’affaissement de la voûte
plantaire peut être induit par un surpoids, une déformation du pied, un
déséquilibre musculaire et ligamentaire du pied, une affection
inflammatoire ou dégénérative (arthrose, polyarthrite rhumatoïde…), un
traumatisme ligamentaire ou musculaire du pied et le vieillissement. C’est
également un signe clinique d’une neuropathie motrice chez l’usager
diabétique.
(Bryant et Nix, 2016; RNAO, 2013)
Source : CIUSSS Estrie‐CHUS
Pied creux Courbure de la voûte plantaire accentuée.
Le pied creux est habituellement d’origine neurologique (séquelle,
infirmité motrice cérébrale, spina‐bifida) et est un signe clinique d’une
neuropathie motrice chez l’usager diabétique.
(Bryant et Nix, 2016; RNAO, 2013)
Source : CIUSSS de l’Estrie‐CHUS
Cheville équine Limitation de la dorsiflexion à moins de 0 degré. La mobilité de la cheville
est limitée et occasionne une augmentation de la pression sur le bout des
orteils.
Cette anomalie musculosquelettique est secondaire à une neuropathie
motrice.
(Bryant et Nix, 2016)
Source : CIUSSS de l’Estrie‐CHUS
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 5 – Évaluation des membres inférieurs 16
Évaluation Notes explicatives Photo
L’exostose Excroissance osseuse de la tubérosité postérieure du calcanéum, de
rétrocalcanéenne forme arrondie ou angulaire.
(Déformation de Haglund)
L’exostose se développe à la suite d’une pression et d’un frottement
continus au niveau du talon. Une chaussure inadéquate, la course à pied
et la marche prolongée sont des facteurs prédisposants ou aggravants du
développement de l’exostose rétrocalcanéenne.
(Pothier, 2011; Bryant et Nix, 2016)
Source : https://www.infochirpied.fr/talon‐proeminent‐ou‐maladie‐de‐haglund/
Fasciite plantaire Inflammation du tissu fibreux (aponévrose plantaire) occasionnée par une
sollicitation répétée lors de l’impact au sol ou lors de la propulsion,
causant des microtraumatismes. Non traitée, la fasciite plantaire peut
entrainer une modification de la posture et provoquer une démarche de
compensation. Douleur à la voûte du pied ou au talon qui s’estompe à la
reprise des activités physiques.
La pratique de la course à pied, de sports exigeant des arrêts brusques, la
marche, la station debout prolongée, l’absence de période
d’échauffement, les pieds creux, les pieds plats, le port de chaussures
inappropriées, l’obésité et l’amincissement du coussin plantaire
(secondaire à l’âge) sont des facteurs prédisposants ou aggravants de la
fasciite plantaire.
(Pothier, 2011; Sancerne et Kaux, 2015)
Source : https://www.anatomytrains.com/blog/2015/05/21/how‐to‐treat‐plantar‐fasciitis/
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 5 – Évaluation des membres inférieurs 17
Évaluation Notes explicatives Photo
Névrome de Morton Inflammation des tissus entourant le nerf digital plantaire causant une fibrose
secondaire. Sensation de brûlure, d’engourdissement ou de décharge électrique
déclenchée par la position debout ou la marche.
Le port de chaussures inadéquates, l’arthrose et les problèmes ostéoarticulaires, les
problèmes biomécaniques, la marche prolongée sur une surface dure et l’atrophie
du coussin graisseux sous les têtes métatarsiennes sont des facteurs prédisposants
ou aggravants du névrome de Morton.
(Pothier, 2011)
Source : https://www.chirurgie‐pied‐cheville.fr/nevrome‐de‐morton
Orteil en marteau Déformation et fixation de l’articulation moyenne de la phalange. Atteinte de tous
les orteils, sauf le 1er orteil.
L’affaissement de l’arche transversale, le pied creux, la neuropathie motrice du pied
diabétique, l’arthropathie, la paralysie, les chaussures inadéquates et les personnes
qui ont un pied grec constituent des facteurs prédisposants ou aggravants de
l’apparition de l’orteil en marteau.
(Pothier,2011; RNAO, 2013)
Source : http://orthodesignbc.com/common‐foot‐pathologies/toe‐deformities/
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 5 – Évaluation des membres inférieurs 18
Évaluation Notes explicatives Photo
Orteil en maillet Déformation de l’articulation interphalangienne distale uniquement, laissant le
reste de l’articulation dans une position normale. Atteinte de tous les orteils, sauf le
1er orteil.
L’affaissement de l’arche transversale, le pied creux, la neuropathie motrice du pied
diabétique, l’arthropathie, la paralysie, les chaussures inadéquates et les personnes
qui ont un pied grec constituent des facteurs prédisposants ou aggravants de
l’apparition de l’orteil en maillet.
(Pothier, 2011)
Source : http://orthodesignbc.com/common‐foot‐pathologies/toe‐deformities/
Chevauchement des orteils Déviation de l’orteil de son axe normal pour se placer sur ou sous l’orteil voisin. Le
chevauchement du 1er orteil sur le 2e est souvent associé à l’hallux valgus
Une déformation acquise ou congénitale, l’hallux valgus, le port de chaussures
inadéquates, et les arthropathies constituent des facteurs prédisposants ou
aggravants du chevauchement des orteils.
(Pothier, 2011)
Source : CIUSSS de l’Estrie‐CHUS
Source : 123RF – 51507382
(Pothier, 2011; Bryant et Nix, 2016; Doughty et McNichol, 2016; Sancerne et Kaux, 2015, Jarvis, 2016; révisé par Beauregard, S., dermatologue, 2017)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 5 – Évaluation des membres inférieurs 19
Évaluation de la force musculaire et de la mobilité de la cheville
L’évaluation de la force musculaire, de la mobilité et de l’amplitude de la cheville permet de déceler les problèmes musculosquelettiques susceptibles d’occasionner une
augmentation des points de pression, une diminution de la fonction de la pompe musculaire du mollet (retour veineux) et une atteinte motrice secondaire à une
neuropathie. Elle permet aussi d’identifier les usagers à risque de chutes.
Technique
1. Expliquer la procédure à l’usager.
2. Installer l’usager confortablement en position assise, les jambes étendues, ou en position couchée.
3. Placer les mains sur la face plantaire des pieds de l’usager et lui demander de pousser contre vos mains :
comparer la force musculaire des deux pieds et noter les différences dans la force;
comparer la force musculaire des deux pieds et noter les différences dans la mobilité de la cheville;
documenter les résultats au dossier.
Interprétation des résultats
Normalement, la cheville effectue une flexion de plus de 90 degrés.
Empreinte de pied
Cet examen non invasif permet d’évaluer la morphologie de chaque pied et d’identifier les points de pression. Il s’effectue à l’aide d’un système d’impression nommé
« matelas de Harris » qui comporte deux compartiments : le premier contient de l’encre, tandis que le second contient une feuille de papier. L’empreinte du pied est alors
imprimée sur la feuille lorsque l’usager marche dessus. (Bryant et Nix, 2016)
Technique
1. Expliquer la procédure à l’usager.
2. Retirer les chaussures des deux pieds (les bas peuvent être gardés).
3. Installer le matelas de Harris sur le sol, devant l’usager.
4. Lui demander de marcher sur le matelas de Harris (côté sans encre).
5. Répéter la même procédure avec l’autre pied (avec une nouvelle feuille de papier).
6. Documenter les résultats au dossier.
7. Identifier vos feuilles.
Source : [email protected]
Interprétation des résultats
L’empreinte du pied démontre les points de pression de la face plantaire du pied.
Source : [email protected]
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 5 – Évaluation des membres inférieurs 20
ÉVALUATION DES ONGLES
Forme et contour
• Observer la forme et le contour de l'ongle, sa courbure, ses rebords, sa coupe et sa texture.
Coloration/décoloration
• Noter la coloration de l'ongle, mais également celle du lit de l'ongle.
L'épaisseur
• Observer la consistence de l'ongle, son épaisseur.
• L’épaississement des ongles peut être attribué à l’âge, à la friction chronique, à une infection fongique et à la perfusion.
Présence/absence d'ongle
Hygiène
• Observer la propreté de l'ongle, la présence de corps étrangers sous l'ongle et la présence d'odeur.
• Questionner l'usager sur l'utilisation des services d'une infirmière en soins de pied ou d'un podiatre, noter la fréquence des suivis.
(Bryant et Nix, 2016; Pothier, 2011; révisé par Beauregard, S., dermatologue, 2017)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 5 – Évaluation des membres inférieurs 21
Évaluation Explications Photo
Ongle incarné Accentuation de la courbure transversale de l’ongle, ce qui
entraine l’incarnation du bord latéral de l’ongle dans l’orteil
(enfoncement des coins dans la chair). Se retrouve habituellement
er
au 1 orteil.
Un traumatisme, une taille inadéquate de l’ongle, le
chevauchement des orteils, le port de chaussures inadéquates,
l’hyperhidrose et les trempettes répétées et prolongées des pieds
sont des facteurs prédisposants ou aggravants de la formation
d’un ongle incarné.
(Pothier, 2011)
Source : 123RF ‐ 21466798
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 5 – Évaluation des membres inférieurs 22
Évaluation Explications Photo
Onychogryphose Épaississement important et irrégulier de l’ongle. Celui‐ci devient
opaque, d’un ton brunâtre ou noirâtre, dur et a tendance à
s’incurver avec le temps. L’ongle devient épais, difforme et prend
l’aspect d’une griffe rugueuse et grossière. L’onychogryphose est
habituellement plus marquée au 1er orteil.
Un traumatisme important de la matrice de l’ongle, une
onychomycose chronique, une hygiène déficiente, une
déformation du pied ou de l’orteil et l’âge avancé sont des facteurs
prédisposants ou aggravants de la formation de l’onychogryphose.
(Pothier, 2011)
Source : CIUSSS de l’Estrie‐CHUS
(Bryant et Nix, 2016; Pothier, 2011; révisé par Beauregard, S., dermatologue, 2017)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 5 – Évaluation des membres inférieurs 23
ÉVALUATION DES CHAUSSURES
Selon la RNAO (2013), 55 % des ulcères diabétiques sont attribuables à la chaussure.
Condition générale
•Comparer la taille et la forme des chaussures à la forme des pieds.
•Noter les saillies bombées à l'extérieur de la chaussure.
•Noter la condition générale de la chaussure :
•les zones d'usure;
•les zones creusées dans le revêtement et la semelle intérieure;
•la présence d'objets dans le soulier.
•Noter s'il y a une orthèse plantaire et questionner l'usager sur la fréquence des réévaluations par un professionnel.
•Demander à l'usager s'il possède plusieurs types de chaussures, autres que celui qu'il porte actuellement. Au besoin, évaluer plusieurs
chaussures.
Tracé du pied
Le tracé du pied est un outil visuel et concret permettant d’évaluer si la chaussure de l’usager est appropriée à son pied (grandeur et forme). Cet examen non invasif est
simple et peu couteux et permet d’illustrer les causes de la formation d’une lésion ou de callosités.
(Bryant et Nix, 2016)
Technique
1. Expliquer la procédure à l’usager.
2. Lui demander de se placer en position debout.
3. Mettre une feuille de papier sous les pieds et tracer le contour de chaque pied à l’aide d’un crayon.
4. Mettre la chaussure de l’usager sur le dessin.
5. Comparer la forme de la chaussure au tracé.
6. Documenter les résultats au dossier.
Interprétation des résultats
Normalement, il ne devrait pas être possible de voir les lignes du contour du pied
lorsque la chaussure est placée sur le dessin. Si tel est le cas, la chaussure n’est pas
appropriée pour l’usager.
Source : CIUSSS de l’Estrie‐CHUS
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 5 – Évaluation des membres inférieurs 24
ÉVALUATION DE LA NEUROPATHIE PÉRIPHÉRIQUE
Test au monofilament de Semmes‐Weinstein
Le test au monofilament est un test de dépistage non invasif de la neuropathie sensorielle pouvant être effectué au chevet de l’usager par une infirmière détenant les
compétences, à l’aide d’un monofilament de nylon 5,07 qui courbe sous une pression de 10 g. Le monofilament doit être appliqué sur dix sites déterminés et exempts de
callosités.
Source : CIUSSS de l’Estrie‐CHUS
Technique
1. Expliquer la procédure à l’usager.
2. Installer l’usager confortablement en position assise, jambes allongées, ou en position
couchée, chaussures et chaussettes enlevées.
3. Toucher la face dorsale de la main ou de l’avant‐bras de l’usager avec le monofilament
afin de lui démontrer le type de pression à percevoir.
4. L’informer qu’il doit fermer les yeux et dire OUI chaque fois qu’il sentira le monofilament
sur sa peau.
5. Tenir le monofilament perpendiculairement à la peau, de façon à obtenir un angle de
90 degrés.
6. Pousser sur le monofilament jusqu’à ce qu’il se courbe et attendre de 1 à 2 secondes. Source : CIUSSS de l’Estrie‐CHUS
7. Toucher les autres sites (éviter les callosités ainsi que les zones ulcérées ou
cicatricielles). Noter les sites ressentis et non ressentis.
8. Lorsque les 10 sites ont été évalués, faire de nouveaux essais aux sites où l’usager n’a Source : CIUSSS de l’Estrie‐CHUS
rien senti. Répéter le test de manière aléatoire sur chacun des sites du pied.
9. Documenter les résultats au dossier.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 5 – Évaluation des membres inférieurs 25
Sites à évaluer
1er orteil, 3e orteil, 5e orteil
Tête du 1er, 3e et 5e métatarse
Face plantaire au mi‐pied latéral
Face plantaire au mi‐pied médian (arcade)
Talon
Face dorsale du pied
ATTENTION
Ne pas demander à l’usager s’il a senti le monofilament après la pression sur chaque site, car cela risque de fausser les résultats. Ne pas parler et laisser l’usager dire OUI
chaque fois qu’il ressent le monofilament.
Interprétation des résultats
L’absence de sensation sur 4 sites et plus est un signe de perte de sensation protectrice.
(Bryant et Nix, 2016; Doughty et McNichol, 2016)
Test du diapason
Mesure le seuil de perception des vibrations au niveau du 1er orteil et de la malléole interne. La perte de sensation à la vibration précède la perte de sensation protectrice du
pied. Le test s’effectue au chevet de l’usager à l’aide d’un diapason 128 Hz. Cet examen non invasif peut être effectué au chevet de l’usager par une infirmière détenant les
compétences.
(Bakker, Apelqvist et Schaper, 2012)
Technique
1. Expliquer la procédure à l’usager.
2. Installer l’usager confortablement en position assise, jambes allongées, ou en position couchée, chaussures et chaussettes
enlevées.
3. Activer et appliquer le diapason sur une surface osseuse de la clavicule ou du coude afin de lui démontrer le type de vibration à
percevoir.
4. Lui demander de fermer les yeux et de dire OUI lorsqu’il ressent la vibration.
5. Activer le diapason et l’appliquer perpendiculairement en exerçant une pression constante sur la face dorsale de la phalange
distale du 1er orteil.
6. Répéter la procédure trois fois sur chaque pied, deux avec vibration et une fois sans vibration.
7. Documenter les résultats au dossier.
Interprétation des résultats
Normalement, l’usager doit ressentir les deux applications du diapason avec vibration. S’il ne ressent pas la vibration,
répéter l’examen sur une structure proximale (malléole/tubérosité tibiale).
L’absence de sensation signifie une perte sensorielle profonde.
Source : CIUSSS de l’Estrie‐CHUS
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 5 – Évaluation des membres inférieurs 26
Biothésiométrie ou neurothésiomètre
Examen non invasif pouvant être effectué au chevet par une infirmière détenant les compétences requises. Il mesure le seuil de perception des vibrations et est une unité de
mesure quantifiable qui permet de déceler la progression de la neuropathie sensitive dans le temps.
Technique
1. Expliquer la procédure à l’usager.
2. Installer l’usager confortablement en position assise, jambes allongées, ou en position couchée, chaussures et chaussettes enlevées.
3. Toucher la face dorsale de la main ou de l’avant‐bras de l’usager avec l’oscillateur afin de lui démontrer le type de vibration à percevoir.
4. Lui expliquer qu’il doit dire OUI lorsqu’il sent la vibration de l’oscillateur.
5. Appliquer l’oscillateur sur le premier métatarse de la face plantaire. L’appliquer perpendiculairement à la peau en exerçant suffisamment de pression pour que la
tête de l’oscillateur entre en contact total avec la peau.
6. Augmenter l’amplitude de la vibration jusqu’à ce que l’usager perçoive la vibration, l’échelle varie de zéro à huit.
7. Noter l’amplitude de la vibration.
8. Répéter l’examen sur l’autre pied.
9. Documenter les résultats au dossier.
Interprétation des résultats
Cet examen permet de comparer les résultats dans le temps et de déceler une apparition ou une progression de la perte de sensation
(Turkan et coll., 2013; Yang et coll., 2014)
Réflexe achilléen
Examen non invasif pouvant être effectué au chevet par une infirmière détenant les compétences requises. Le test du réflexe achilléen évalue si l’usager a un rétrécissement
du tendon d’Achille dû à une neuropathie motrice.
Technique
1. Expliquer la procédure à l’usager.
2. Installer l’usager confortablement en position assise, jambes allongées, ou en position couchée, chaussures et chaussettes enlevées.
3. Placer le pied en dorsiflexion.
4. Percuter le tendon d’Achille avec le marteau à réflexes.
5. Noter la présence d’une flexion plantaire (s’il n’y a pas de flexion plantaire, recommencer en exerçant une percussion plus forte).
6. Répéter le test sur l’autre pied.
7. Documenter les résultats au dossier.
Interprétation des résultats
Résultats Flexion plantaire Justificatif
0 Absente Neuropathie motrice
1 Présente, mais faible Neuropathie motrice légère
2 Normale Normal
(St‐Cyr et Martineau, 2017; Doughty et McNichol, 2016, Yang et coll., 2014)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 5 – Évaluation des membres inférieurs 27
Test de position
Examen non invasif qui peut être effectué au chevet par une infirmière détenant les compétences requises. Il évalue la proprioception de l’usager, une perte de
proprioception pouvant augmenter le risque de chutes.
Technique
1. Expliquer la procédure à l’usager.
2. Installer l’usager confortablement en position assise, jambes allongées, ou en position couchée, chaussures et chaussettes enlevées.
3. Lui demander de fermer les yeux.
4. Prendre le 1er orteil et le bouger afin qu’il pointe vers le haut.
5. Lui demander de dire dans quelle direction pointe son orteil.
6. Bouger ensuite l’orteil afin qu’il pointe vers le bas, à droite et à gauche, tout en demandant à chaque fois à l’usager de dire dans quelle direction pointe son orteil.
7. Documenter les résultats au dossier
Interprétation des résultats
La capacité de l’usager à dire correctement la direction de l’orteil est normale.
Une incapacité à dire dans quelle direction pointe l’orteil démontre une perte de proprioception de ses pieds.
(Doughty et McNichol, 2016)
ÉVALUATION DE LA CIRCULATION VEINEUSE
Duplex ultrason/Doppler veineux
Le duplex ultrason, réalisé à l’aide d’un Doppler et d’un échographe, sert à identifier les structures anatomiques et physiologiques du membre, tout en visualisant la vitesse
du flux sanguin et le sens de la circulation dans les veines superficielles, les veines profondes, les veines perforantes et les valvules. Cet examen d’imagerie médicale non
invasif, qui peut être fait en laboratoire vasculaire, a pour but de de confirmer l’étiologie veineuse, d’observer et d’identifier les sites de reflux ou d’obstruction veineux, les
anciennes thrombophlébites et les parois des veines.
(Doughty et McNichol, 2016; Bryant et Nix, 2016; Wounds UK, 2016)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 5 – Évaluation des membres inférieurs 28
ÉVALUATION DE LA CIRCULATION ARTÉRIELLE
Prise du pouls tibial postérieur
La prise du pouls tibial postérieur est un élément important de l’évaluation des membres inférieurs.
Technique
1. Expliquer la procédure à l’usager.
2. Installer l’usager confortablement en position assise, jambes allongées, ou en position
couchée, chaussures et chaussettes enlevées.
3. Localiser le pouls en arrière de la malléole interne. Utiliser l’index et le majeur et presser pour
percevoir le pouls.
4. Noter l’intensité de la pulsation.
S’il n’est pas possible de palper le pouls, utiliser le Doppler à ondes entretenues (Doppler portatif).
Source : CIUSSS de l’Estrie – CHUS
Interprétation des résultats
La présence d’un pouls ne permet pas d’éliminer une maladie artérielle périphérique, car n’est pas un indicateur fiable de l’intégrité des vaisseaux ni du volume du
flux sanguin.
Si le pouls tibial postérieur et le pouls pédieux sont absents, diriger l’usager vers un médecin pour une investigation plus exhaustive. Noter qu’il est impossible de
percevoir le pouls pédieux chez 8,1 % de la population et le pouls tibial postérieur chez 2,9 % de la population, et ce, malgré l’utilisation du Doppler à ondes
entretenues (Doppler portatif) (Bryant et Nix, 2016).
Résultats Intensité
Absente
0
1 Diminuée, difficile a palper
2 Normale
3 Augmentée
4 Bondissante
(Bryant et Nix, 2016; Doughty et McNichol, 2016; RNAO, 2013)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 5 – Évaluation des membres inférieurs 29
Prise du pouls pédieux
La prise du pouls pédieux est un élément important de l’évaluation des membres inférieurs.
Technique
1. Expliquer la procédure à l’usager.
2. Installer l’usager confortablement en position assise, jambes allongées, ou en position
couchée, chaussures et chaussettes enlevées.
3. Le pouls pédieux est perceptible sur la face dorsale du pied entre le 1er et 2e orteil. Demander
à l’usager de pointer les orteils vers le bas afin de faciliter la palpation du pouls. Utiliser l’index
et le majeur et presser pour percevoir le pouls.
S’il n’est pas possible de palper le pouls, utiliser le Doppler à ondes entretenues (Doppler portatif).
Source : CIUSSS de l’Estrie – CHUS
Interprétation des résultats
La présence d’un pouls ne permet pas d’éliminer une maladie artérielle périphérique, car ce n’est pas un indicateur fiable de l’intégrité des vaisseaux ni du volume du
flux sanguin. Il doit donc être évalué en complémentarité avec d’autres tests ou examens.
La palpation d’un pouls pédieux équivaut approximativement à une pression systolique d’au moins 80 mmHg et suggère un apport sanguin suffisant (RNAO, 2013).
Si le pouls tibial postérieur et le pouls pédieux sont absents, diriger l’usager vers un médecin pour une investigation plus exhaustive. Noter qu’il est impossible de
percevoir le pouls pédieux chez 8,1 % de la population et le pouls tibial postérieur chez 2,9 % de la population, et ce, malgré l’utilisation du Doppler à ondes
entretenues (Doppler portatif) (Bryant et Nix, 2016).
Résultats Intensité
0 Absente
1 Diminuée
2 Normale
Bondissante
3
(Bryant et Nix, 2016; Doughty et McNichol, 2016; RNAO, 2013)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 5 – Évaluation des membres inférieurs 30
Doppler à ondes entretenues
Connu sous le nom de Continuous Wave Doppler, cet examen non invasif, qui vise à qualifier le flux sanguin des artères, peut être effectué au chevet de l’usager à l’aide d’un
Doppler à ultrasons portable par une infirmière détenant les compétences requises. Il évalue le flux sanguin des artères à l’aide d’ultrasons et permet d’illustrer les ondes
artérielles. Une onde normale est composée de trois cycles (ondes), durant la systole, la diastole et au rebond de la valve aortique. Cet examen peut être fait seul ou en
combinaison avec le duplex artériel.
Interprétation des résultats
Ondes artérielles Interprétation
Ondes triphasiques Valeur normale
Ondes biphasiques Maladie artérielle légère
Ondes monophasiques Maladie artérielle sévère
(Bryant et Nix, 2016; RNAO, 2013)
Temps de remplissage capillaire
Examen non invasif permettant d’évaluer la circulation artérielle périphérique. S’effectue au chevet de l’usager par une infirmière détenant les compétences requises.
Technique
1. Expliquer la procédure à l’usager.
2. Avec l’index, presser sur l’ongle du 1er orteil de manière à laisser une empreinte blanche.
3. Retirer le doigt et noter le nombre de secondes requis pour que l’ongle redevienne de couleur normale.
4. Répéter la procédure sur l’autre pied.
Interprétation des résultats
Un temps de remplissage <3 secondes peut être rencontré, même en présence d’une maladie artérielle périphérique, car les vaisseaux vides peuvent se
remplir de manière rétrograde par les veines environnantes (shunt artérioveineux).
La température de la pièce peut influencer le temps de remplissage.
Temps Interprétation
<3 secondes Valeur normale
> 3 secondes Diminution de la perfusion de la microcirculation locale
(Jarvis, 2016)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 5 – Évaluation des membres inférieurs 31
Test de coloration du membre inférieur
Examen non invasif pouvant être effectué au chevet de l’usager par une infirmière détenant les compétences requises. Fournit des indices supplémentaires sur la gravité
d’une occlusion artérielle et sur la possibilité d’un processus infectieux important.
Technique
1. Expliquer la procédure à l’usager.
2. Installer l’usager en position dorsale et surélever ses jambes à un angle de 60°, pendant 15 à 60 secondes.
3. Observer la coloration des jambes ou de la plante des pieds
Interprétation des résultats
Lorsque le membre rouge pâlit, il est associé à l’insuffisance artérielle.
Si le membre est pâle en position allongée, mettre la jambe en déclive avant de la surélever afin de favoriser la circulation artérielle par gravité. Ceci pourrait
permettre la coloration du membre afin d’effectuer l’examen physique.
Si la rougeur du membre persiste à l’élévation, l’hypothèse s’oriente davantage vers un processus infectieux.
Couleur Interprétation
Aucun changement Valeur normale
Pâleur après 25 secondes Occlusion artérielle sévère
Pâleur après 25 à 40 secondes Occlusion artérielle modérée
Pâleur après 40 à 60 secondes Occlusion artérielle légère
(Bryant et Nix, 2016)
Indice de pression systolique cheville‐bras (IPSCB)
L’indice de pression systolique cheville‐bras (IPSCB), aussi appelé indice tibio‐huméral (ITH), est un examen permettant d’évaluer la vascularisation artérielle des membres
inférieurs par la mesure du ratio de la pression systolique du bras et de la cheville. Il est toutefois limité à l’évaluation au‐dessus de la cheville et ne permet pas d’évaluer la
vascularisation du pied.
Examen non invasif pouvant être mesuré au chevet de l’usager par une infirmière détenant les compétences à l’aide d’un Doppler à ondes entretenues (Doppler portatif) et
d’un brassard. Selon Crawford et coll. (2016), cet examen a une sensibilité de 97 % et une spécificité de 89 %. L’IPSCB peut également être mesuré au laboratoire d’évaluation
vasculaire, en même temps que le Doppler artériel.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 5 – Évaluation des membres inférieurs 32
Fréquence
La réévaluation a pour but de s’assurer que l’état du système artériel est stable ou demeure dans les limites sécuritaires pour continuer d’utiliser une thérapie
de compression veineuse ou pour s’assurer que la plaie à un potentiel de cicatrisation (Bryant et Nix, 2016).
Doit être mesuré tous les 3 mois, et ce, jusqu’à la cicatrisation de l’ulcère.
Doit être fait dès qu’un usager diabétique atteint l’âge de 50 ans.
Matériel requis
Sphygmomanomètre (brassard adapté à la dimension du bras et de la jambe, près de la cheville)
Doppler à ondes entretenues (Doppler portatif) avec une sonde de 8 MHz.
Gel conducteur pour appareil à ultrasons.
Technique
1. Expliquer la procédure à l’usager.
2. Installer l’usager en position dorsale, dans un environnement chaud (21 à 23o C), et lui demander de demeurer dans
cette position pendant au moins 10 à 15 minutes, jambes décroisées, pantalon, chaussures et chaussettes retirés.
Il ne doit pas avoir fumé la cigarette, consommé de l’alcool ou de la caféine, ne doit pas avoir
de douleur aigüe et ne doit pas avoir fait une activité physique intense, minimalement 1 heure
avant l’examen.
3. Installer le brassard environ 3 cm au‐dessus de la malléole.
4. Si une plaie localisée est présente au tiers inférieur de la jambe, retirer le pansement et placer une compresse
recouverte d’une pellicule transparente.
5. Repérer le pouls pédieux et le pouls tibial postérieur à l’aide des doigts.
6. Appliquer du gel conducteur au site de perception du pouls pédieux
Placer la sonde Doppler sur le gel au site du pouls pédieux, de façon à obtenir un angle de 45° par rapport à la
surface de la peau et la bouger jusqu’à l’obtention d’un signal sonore. Source : CIUSSS de l’Estrie – CHUS
7. Gonfler le brassard.
Aviser l’usager qu’il peut ressentir un inconfort lors du gonflement du brassard.
Gonfler de 20‐30 mm Hg supplémentaires après le dernier signal sonore.
8. Dégonfler lentement la valve du brassard jusqu’au retour du signal sonore.
9. Noter la valeur systolique.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 5 – Évaluation des membres inférieurs 33
10. Répéter la manœuvre en appliquant la sonde Doppler au niveau du pouls tibial postérieur (étapes 3 à 9)
Noter la pression systolique la plus élevée entre les deux mesures (pédieux par rapport à tibial postérieur).
11. Répéter la même procédure sur l’autre membre inférieur. Noter la pression systolique la plus élevée de ce membre
(pédieux par rapport à tibial postérieur).
12. Installer le brassard au bras de l’usager à 3 cm du pli du coude.
13. Repérer le pouls brachial.
14. Appliquer du gel conducteur au site de perception du pouls brachial.
Placer la sonde Doppler sur le gel, de façon à obtenir un angle de 40° à 60°, et la bouger
jusqu’à l’obtention d’un signal sonore.
15. Gonfler le brassard.
Gonfler de 20‐30 mm Hg après le dernier signal sonore.
Aviser l’usager qu’il peut ressentir un inconfort lors du gonflement du brassard.
16. Dégonfler lentement la valve du brassard jusqu’au retour du signal sonore.
17. Noter la valeur systolique.
18. Répéter cette procédure sur l’autre bras.
Noter la pression systolique la plus élevée des deux bras. Source : CIUSSS de l’Estrie – CHUS
19. Calculer l’indice de pression systolique cheville‐bras (IPSCB) en divisant la pression systolique de la cheville/pied la
plus élevée par la pression la plus haute des deux bras.
Consulter Collecte de données et évaluation de la plaie (F9) pour une aide visuelle.
PRESSION SYSTOLIQUE DE LA CHEVILLE/PIED (LA PLUS ÉLEVÉE : TIBIAL POSTÉRIEUR PAR RAPPORT À PÉDIEUX)
IPSCB =
PRESSION SYSTOLIQUE DU BRAS (LA PLUS ÉLEVÉE : BRAS GAUCHE PAR RAPPORT AU BRAS DROIT)
Par exemple : Calcul de l’IPSCB du membre inférieur gauche
Pression artère tibiale postérieure gauche : 100 mm Hg
Pression artère pédieuse gauche : 95 mm Hg 100 mm Hg
Pression bras gauche : 110 mm Hg _____________ = IPSCB : 0,77
Pression bras droit 130 mm Hg 130 mm Hg
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 5 – Évaluation des membres inférieurs 34
Interprétation des résultats
Résultats de Interprétation
l’IPSCB
≥ 1,3 Valeur élevée démontrant des artères non compressibles. L’évaluation de l’indice au premier orteil (IPO) est indiquée.
≥ 0,9‐1,2 Valeur normale
>0,8‐<0,9 Maladie artérielle légère
0,60‐0,8 Maladie artérielle modérée
≤ 0,5 Ischémie sévère
≤ 0,4 Ischémie critique
(Bryant et Nix, 2016; Doughty et McNichol, 2016; Guttorsmen et Smith, 2016; Hingorani et coll., 2016; RNAO, 2013; révisé par Dr Despatis, M. A., chirurgien vasculaire, 2017)
Test à l’effort
Le test à l’effort est un examen complémentaire à l’IPSCB permettant d’évaluer la sévérité et l’impact fonctionnel de la maladie artérielle chez les usagers symptomatiques
(claudication intermittente). Il s’agit d’un examen non invasif pouvant être mesuré au chevet de l’usager par une infirmière détenant les compétences, à l’aide d’un Doppler
et d’un brassard.
Technique
1. Expliquer la procédure à l’usager.
2. Évaluer l’IPSCB selon la procédure.
3. Demander à l’usager de marcher d’un pas régulier pendant cinq minutes ou de lever les talons 50 fois (ou jusqu’à ce qu’il ressente une douleur dans les mollets).
4. Attendre 1 minute.
5. Reprendre l’IPSCB selon la procédure.
6. Comparer les deux IPSCB.
Interprétation des résultats
Comparaison des deux résultats de l’IPSCB Indication
Aucun changement ou faible augmentation de l’IPSCB Perfusion normale, douleur d’origine non vasculaire
Diminution marquée de l’IPSCB Insuffisance artérielle sévère
(Bryant et Nix, 2016; RNAO, 2013)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 5 – Évaluation des membres inférieurs 35
Indice de pression systolique au premier orteil (IPO)
Également connu sous le nom d’indice orteil‐bras, cet examen non invasif évalue la circulation artérielle du 1er orteil, dans le but d’estimer le potentiel de cicatrisation d’un
ulcère localisé à un orteil ou à l’avant‐pied. Il est indiqué lorsque l’IPSCB est supérieur à 1,3 et s’avère plus probant que l’IPSCB en raison de la non‐calcification des artères
des orteils. Il doit toutefois être fait de façon complémentaire au Doppler artériel.
Cet examen s’effectue à l’aide d’un petit brassard placé à la base du 1er orteil ou au 2e orteil et d’un photopléthysmographe portatif. L’évaluation au chevet de l’usager à
l’aide d’un brassard et d’un Doppler à ondes entretenues (Doppler portatif) est déconseillée en raison de la complexité de la technique. Il peut être effectué en imagerie
médicale ou au laboratoire d’évaluation vasculaire, en même temps que le Doppler artériel. Selon Doughty et McNichol (2016), cet examen est sensible à 79 % et est
spécifique à 95 %.
Interprétation des résultats
Il est à noter que pour l’usager diabétique, un IPO < 0,50 indique une ischémie sévère.
Un IPO de 0,64 est exigé pour appliquer une compression veineuse en présence d’une maladie veineuse chronique.
Résultats de IPO Interprétation
>0,64 Valeur normale
< 0,64 Maladie artérielle
< 0,30 Ischémie critique
(Bryant et Nix, 2016; Wounds UK, 2016; Doughty et McNichol, 2016; RNAO, 2013)
Pléthysmographie/Étude des ondes artérielles
Examen non invasif mesuré en imagerie médicale ou au laboratoire d’évaluation vasculaire. Il évalue le flux sanguin des artères à l’aide d’ultrasons et permet d’illustrer les
ondes artérielles. Une onde normale est composée de trois cycles (ondes), durant la systole, la diastole et au rebond de la valve aortique. Il est conseillé d’utiliser cet examen
diagnostique en combinaison avec le duplex artériel.
Interprétation des résultats
Ondes artérielles Interprétation
Ondes triphasiques Valeur normale
Ondes biphasiques Maladie artérielle légère
Ondes monophasiques Maladie artérielle sévère
(St‐Cyr et Martineau, 2017; Bryant et Nix, 2016; Wilson, 2014; RNAO, 2013)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 5 – Évaluation des membres inférieurs 36
Angiographie duplex
Examen d’imagerie médicale non invasif qui combine l’imagerie échographique et le Doppler. L’angiographie duplex permet de visualiser l’anatomie des artères et de
visualiser directement le flux sanguin dans les artères ainsi que la présence, la localisation et la sévérité des sténoses, des occlusions et des thrombus.
(Bryant et Nix, 2016; Crawford et coll., 2016; Wounds UK, 2016; RNAO, 2013)
La pression artérielle segmentée
Examen non invasif permettant d’évaluer le flux sanguin et la présence de sténose. Habituellement utilisé avant une chirurgie afin de déterminer la localisation d’une
occlusion artérielle. L’évaluation au chevet de l’usager à l’aide de quatre brassards et d’un Doppler à ondes entretenues (Doppler portatif) est déconseillée en raison de la
complexité de la technique. Elle est donc effectuée en imagerie médicale ou au laboratoire d’évaluation vasculaire en même temps que la pléthysmographie.
Interprétation des résultats
Comparatif des pressions artérielles de deux segments adjacents de la jambe Interprétation
> 20‐30 mm Hg Sténose ou occlusion
Comparatif des pressions artérielles du même segment par rapport à la jambe opposée Interprétation
20‐30 mm Hg Occlusion artérielle de la jambe ayant une pression inférieure
(Doughty et McNichol, 2016)
Pression d’oxygène transcutanée (TcPO2)
Examen non invasif, également appelé saturation de l’oxygène transcutanée, mesurant la pression d’oxygène à l’aide d’électrodes placées sur la peau de l’avant‐pied et sur la
partie supérieure de la jambe. Selon Dorothy et McNichol (2016), cet examen est sensible à 60 % et spécifique à 87 % pour déterminer le potentiel de cicatrisation. Cet
examen peut être effectué au chevet de l’usager par une infirmière détenant les compétences requises.
Interprétation des résultats *
* Les résultats peuvent être influencés par l’œdème local et l’anémie.
TcPo2 Interprétation
> 40 mm Hg Apport sanguin suffisant pour une cicatrisation optimale
20 et 40 mmHg Cicatrisation incertaine
< 20 mm Hg Apport sanguin insuffisant, voire nul
(St‐Cyr et Martineau, 2017; Bryant et Nix, 2016; Wounds UK, 2016; RNAO, 2013)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 5 – Évaluation des membres inférieurs 37
Pression de la perfusion à la peau
La pression de perfusion à la peau est un examen non invasif permettant d’évaluer la microvascularisation du membre inférieur, la sévérité de l’ischémie, et ainsi établir
la capacité la cicatrisation des plaies dans un contexte d’ischémie critique du membre inférieur. Cet examen diagnostique est un outil fiable dans la prise de décision
entre un traitement conservateur, une revascularisation et le besoin d’une amputation et ce, malgré la présence de calcification des artères. Certaines études ont
démontrées que la pression de perfusion à la peau est également un bon indicateur après une revascularisation.
Interprétation des résultats
Pression de perfusion à la peau Interprétation
> 30 mm Hg Cicatrisation possible
˂ 30 mm Hg Aucune capacité de cicatrisation
(Pan et coll., 2018; Bryant et Nix, 2016; Doughty et McNichol, 2016; Utsunomya et coll., 2014)
Angiographies
Angiographie par tomodensitométrie par ordinateur
Examen d’imagerie médicale non invasif réalisé par un radiologiste. Il est effectué à l’aide d’une injection de produit de contraste et d’un équipement spécialisé à rayons X.
Indiqué pour les usagers candidats à une angioplastie ou à une revascularisation. La technologie permet de visualiser, en trois dimensions, l’anatomie des artères, la
perméabilité des pontages et la localisation des sténoses. Sa validité est limitée en présence de calcification importante des artères.
Angiographie par résonance magnétique
Examen d’imagerie médicale non invasif réalisé par un radiologiste. Il est effectué avec ou sans injection de produit de contraste pour déterminer la localisation et la sévérité
d’une sténose. Il est indiqué pour les usagers candidats à une angioplastie ou à une revascularisation.
Angiographie numérique avec soustraction
Étalon d’or dans les outils diagnostiques, cet examen non invasif permet d’observer les structures des vaisseaux sanguins à l’aide de l’injection d’un colorant et de rayons X.
Des images sont prises avant et après l’injection du colorant. Par la suite, l’image est soustraite de l'autre grâce à un ordinateur, permettant de visualiser les artères sans les
os et les autres structures (RNAO, 2013). L’angiographie est le terme général signifiant l’étude des vaisseaux sanguins, l’artériographie est l’évaluation des artères et la
phlébographie est l’évaluation du système veineux.
(Bryant et Nix, 2016; Doughty et McNichol, 2016; Wounds UK, 2016)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 5 – Évaluation des membres inférieurs 38
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Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 5 – Évaluation des membres inférieurs 40
FASCICULE 6
Ulcère des membres inférieurs
TABLE DES MATIÈRES – FASCICULE 6
LE SYSTÈME VASCULAIRE ............................................................................................................................................................................................................................ 1
ÉTIOLOGIE DE L’ULCÈRE DES MEMBRES INFÉRIEURS .............................................................................................................................................................................................................. 3
LA MALADIE VEINEUSE CHRONIQUE ............................................................................................................................................................................................................ 4
ÉPIDÉMIOLOGIE............................................................................................................................................................................................................................................................ 4
PHYSIOPATHOLOGIE ET FACTEURS DE RISQUE DE LA MALADIE VEINEUSE CHRONIQUE .................................................................................................................................................................. 5
MANIFESTATIONS CLINIQUES DE LA MALADIE VEINEUSE CHRONIQUE ....................................................................................................................................................................................... 9
ÉVALUATION PHYSIQUE ET DIAGNOSTIC DE LA MALADIE VEINEUSE CHRONIQUE ........................................................................................................................................................................ 10
COMPLICATIONS DE LA MALADIE VEINEUSE CHRONIQUE ..................................................................................................................................................................................................... 10
TRAITEMENTS DE LA MALADIE VEINEUSE CHRONIQUE ......................................................................................................................................................................................................... 10
L’ULCÈRE VEINEUX .................................................................................................................................................................................................................................... 14
PHYSIOPATHOLOGIE DE L’ULCÈRE VEINEUX ....................................................................................................................................................................................................................... 14
CARACTÉRISTIQUES DE L’ULCÈRE VEINEUX ........................................................................................................................................................................................................................ 15
CLASSIFICATION DES ULCÈRES VEINEUX ............................................................................................................................................................................................................................ 16
TRAITEMENT LOCAL DE L’ULCÈRE VEINEUX ....................................................................................................................................................................................................................... 17
COMPRESSION VEINEUSE .............................................................................................................................................................................................................................................. 18
LA MALADIE ARTÉRIELLE PÉRIPHÉRIQUE ................................................................................................................................................................................................... 32
ÉPIDÉMIOLOGIE.......................................................................................................................................................................................................................................................... 33
PHYSIOPATHOLOGIE .................................................................................................................................................................................................................................................... 33
FACTEURS DE RISQUE .................................................................................................................................................................................................................................................. 34
MANIFESTATIONS CLINIQUES DE LA MALADIE ARTÉRIELLE PÉRIPHÉRIQUE ................................................................................................................................................................................ 35
DIAGNOSTIC DE LA MALADIE ARTÉRIELLE PÉRIPHÉRIQUE ...................................................................................................................................................................................................... 36
COMPLICATIONS DE LA MALADIE ARTÉRIELLE PÉRIPHÉRIQUE ................................................................................................................................................................................................ 36
CLASSIFICATION DE L’INSUFFISANCE ARTÉRIELLE (LERICHE ET FONTAINE) ................................................................................................................................................................................ 36
TRAITEMENT DE LA MALADIE ARTÉRIELLE PÉRIPHÉRIQUE ..................................................................................................................................................................................................... 37
L’ULCÈRE ARTÉRIEL ................................................................................................................................................................................................................................... 39
PHYSIOPATHOLOGIE DE L’ULCÈRE ARTÉRIEL ...................................................................................................................................................................................................................... 39
CARACTÉRISTIQUES DE L’ULCÈRE ARTÉRIEL ....................................................................................................................................................................................................................... 40
TRAITEMENT LOCAL DE L’ULCÈRE ARTÉRIEL ....................................................................................................................................................................................................................... 41
L’ULCÈRE MIXTE ........................................................................................................................................................................................................................................ 42
ÉPIDÉMIOLOGIE.......................................................................................................................................................................................................................................................... 42
DIAGNOSTIC .............................................................................................................................................................................................................................................................. 42
CARACTÉRISTIQUES ..................................................................................................................................................................................................................................................... 42
INTERVENTIONS .......................................................................................................................................................................................................................................................... 42
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 6 – Ulcère des membres i
LE SYSTÈME VASCULAIRE
Le système vasculaire est composé d’artères, de veines et de vaisseaux
lymphatiques. L’apport en oxygène et en éléments nutritifs dans les cellules et les
tissus des membres inférieurs est assuré par le système vasculaire périphérique.
Le système artériel
Le réseau artériel est principalement composé de l’aorte, des artères iliaques, des
artères fémorales, poplitées, tibiales, péronières et pédieuses. Ce réseau artériel
irrigue les tissus des membres inférieurs.
Les artères des membres inférieurs ont la capacité de s’étirer, de se relâcher et de se
contracter.
Source : http://www.dr‐azencott.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=62&Itemid=192&lang=fr
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 6 – Ulcère des membres inférieurs 1
Le système veineux
Les veines (profondes, superficielles, perforantes) sont munies de valvules
unidirectionnelles qui empêchent le sang de redescendre vers les pieds
en position debout. Une partie du sang issu du réseau veineux superficiel
passe dans le réseau profond grâce aux veines perforantes munies de
valvules. Ces replis implantés face à face dans la veine jouent le rôle d’une
« porte à battant ».
Le réseau veineux est composé de la veine cave, des veines iliaques et des
veines profondes (fémorale, poplitée et tibiale), superficielles (petite et
grande saphène) et perforantes.
L’énergie indispensable à la circulation veineuse est fournie par les
muscles qui entourent les veines profondes. La pompe musculaire du
mollet est responsable de 65 % du retour veineux.
Pendant la marche : lors de la contraction musculaire, le sang
progresse de bas en haut et assure le retour veineux des membres
inférieurs vers le cœur grâce aux muscles de la plante du pied et
du mollet.
En station debout, sans activité musculaire, favorise
l’augmentation de pression dans le système veineux profond.
Au repos : la paroi veineuse se dilate.
(Bryant et Nix, 2016)
Source : https://www.mes‐jambes.com/Infos‐et‐conseils/49_traitement‐insuffisance‐veineuse
Le système lymphatique
Le système lymphatique est un réseau complexe. Les vaisseaux lymphatiques, situés parallèlement aux veines transportent la lymphe depuis les tissus et les organes jusqu’à
la circulation veineuse. Ils sont aussi munis de valves et leur diamètre est d’environ un dixième de la dimension des veines ou des artères. Les lymphocytes sont
majoritairement présents dans le système lymphatique mais peuvent également se retrouver dans la circulation sanguine. Ceux‐ci sont nécessaires pour filtrer le liquide
lymphatique des débris, bactéries, virus et autre corps étranger (Lymphome Canada, 2017).
Le drainage lymphatique est relié à la pression osmotique, hydrostatique (pression générée par la pression artérielle) et oncotique (pression générée par les protéines
plasmatiques). La filtration, la réabsorption et la formation de la lymphe permettent de maintenir le volume liquidien dans les tissus et d’éliminer les déchets.
Outre les vaisseaux lymphatiques et les ganglions lymphatiques, certains organes sont considérés comme faisant partie intégrante du système lymphatique soit la moelle
osseuse, le thymus, les amygdales, la rate, le foie et les accumulations lymphocytaires à l’intérieur des voies urinaires, respiratoires, génitales et intestinales.
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Étiologie de l’ulcère des membres inférieurs
L’ulcère des membres inférieurs est localisé entre le bout du pied et le genou et son appellation spécifique varie selon son étiologie.
Dans la majorité des cas, l’ulcère des membres inférieurs est un :
ulcère veineux : ulcère causé par une maladie veineuse chronique;
ulcère artériel : ulcère causé principalement par une réduction du débit sanguin dans les artères des membres inférieurs (maladie artérielle périphérique);
ulcère d’étiologie mixte : l’ulcère d’étiologie mixte se défini comme ayant une composante veineuse et artérielle, ou autre étiologie telle que le diabète (neuropathie
périphérique), l’arthrite rhumatoïde, la maladie auto‐immune, la vasculite, la maladie falciforme, l’insuffisance cardiaque décompensée (Wound internationnal, 2015,
Wound UK, 2016).
Dans certains cas, il peut s’agir de :
Ulcère de Martorell ou angiodermite nécrotique
o Habituellement dans la région latéro‐postérieure de la jambe. Ces lésions sont douloureuses, superficielles et nécrotiques. Associé à l’hypertension artérielle et au
diabète.
Pyoderma Gangrenosum (ulcère immunologique ou inflammatoire)
o Maladie immunologique causant des lésions douloureuses à évolution rapide. Les ulcères sont caractérisés par une bordure violacée, un sous‐minage et un lit de
plaie hémorragique ou ischémique. Ce type d’ulcère est pathergique (apparition ou reproduction des lésions sur une zone traumatisée) et ne doit pas être
débridé. Souvent associé aux maladies inflammatoires de l’intestin, à la polyarthrite rhumatoïde, etc.
Vasculite et vasculopathies
o Lésions distales et symétriques. Habituellement bilatérales. Ulcère bien défini ressemblant à un emporte‐pièce, dont les rebords ont une couleur pourpre, souvent
associé à un purpura ou des pétéchies. La vasculite cause une occlusion des petits vaisseaux et conséquemment produit une ischémie des tissus.
Le diagnostic doit être confirmé par une biopsie. Souvent associé aux maladies auto‐immunes (ex. : lupus érythémateux, sclérodermies, etc.) à la cryoglobulinémie
ou à l’infection.
Malignité
o Évolution lente. Pourtour de plaie irrégulière, asymétrique avec des bords roulés. Environ 10 % des ulcères des membres inférieurs sont associés à des cellules
malignes comme le carcinome. Le diagnostic doit être confirmé par une biopsie.
Calciphylaxie cutanée
o Est caractérisée par l’apparition de lésions cutanées violacées et douloureuses causant de la nécrose des tissus sous‐cutanés. Les lésions sont très douloureuses et
ont un pronostic de cicatrisation sombre. Elles résultent de l’obstruction des artères de moyen et petit calibre ainsi que des artérioles calcifiées. Souvent associé à
l’insuffisance rénale, aux greffés rénaux, à l’hyperparathyroïdie et à la Warfarine.
Causes infectieuses (ex. : cellulite)
Ulcère induit par des médicaments : ex. : immunosuppresseurs, anticoagulants…
Maladie génétique ou antécédents médicaux
Lymphœdème
Lipoedème
(Woo et coll., 2013; Hedayati, et coll., 2015; Bryant et Nix, 2016; Alavi et coll., 2016b)
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LA MALADIE VEINEUSE CHRONIQUE
La maladie veineuse est caractérisée par une anormalité morphologique et fonctionnelle du système veineux causant une hypertension veineuse. Ultimement, l’hypertension
veineuse entraine une cascade d’événement menant à l’ulcération (Bryant et Nix, 2016).
Épidémiologie
50 % de la population adulte souffre de maladies veineuses (O'Meara et coll., 2012).
1 % à 3 % de la population adulte développera un ulcère veineux (Bryant et Nix, 2016).
La maladie veineuse est la cause de 80 % à 90 % des ulcères des membres inférieurs (Bryant et Nix, 2016).
50 % à 75 % des ulcères guériront après 6 mois de traitement (Alavi et coll., 2016b).
Le taux de récidive d’un ulcère veineux est de 6 % à 28 % en 12 mois et de 40 % dans les 5 ans qui suivent (Bryant et Nix, 2016).
Impact financier
Coût moyen de 16 000 $ pour le traitement d'un ulcère veineux en Amérique du Nord (Alavi et coll., 2016b).
Impact considérable sur la qualité de vie (anxiété, douleur, démangeaison, écoulement, odeurs, isolation sociale) (Bryant et Nix, 2016).
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Physiopathologie et facteurs de risque de la maladie veineuse chronique
Trois éléments sont essentiels au fonctionnement du système veineux, soit la compétence valvulaire, les propriétés et l’anatomie du système veineux ainsi que le
fonctionnement de la pompe musculaire du mollet. Dans la physiopathologie de la maladie veineuse chronique, l’hypertension veineuse est l’élément dénominateur pouvant
être causé par quatre types de problématique :
une incompétence valvulaire (90 % des cas);
une obstruction complète ou partielle des veines profondes ;
un dysfonctionnement de la pompe musculaire du mollet;
maladie congénitale.
Incompétence
valvulaire
Dysfonction
Maladie Hypertension de la pompe
congénital veineuse musculaire
du mollet
Obstruction
veineuse
Incompétence valvulaire
Toutes les veines sont munies, sur toute leur longueur, de valvules (valves anti‐reflux) qui se referment après une contraction musculaire afin d’empêcher le sang de
retourner vers le pied. La compétence valvulaire est un élément clé dans le système veineux. Lorsque celles‐ci sont incompétentes, le sang veineux reflux dans les veines
durant la phase de relaxation de la pompe musculaire du mollet contribuant à l’hypertension veineuse. L’hypertension veineuse du réseau profond entraine un reflux sanguin
vers les veines perforantes et ensuite dans les veines superficielles. Le système veineux normalement unidirectionnel devient bidirectionnel et le sang, alors dans le système
superficiel, cause une distension et une congestion des veines et des capillaires superficiels occasionnant un œdème (Alavi et coll., 2016b; Bryant et Nix, 2016).
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Facteurs de risque Informations complémentaires
Obésité Augmentation de la résistance du retour veineux due à la pression exercée sur les veines de la région pelvienne (veines
iliaques communes).
Augmentation de la pression hydrostatique au niveau des veines de l’abdomen.
Grossesses multiples Augmentation de la résistance du retour veineux due à la pression exercée sur les veines de la région pelvienne.
Relâchement des muscles lisses des parois veineuses.
Thrombophlébite Les thrombophlébites profondes peuvent altérer les valvules.
(Thrombophlébite profonde) Une obstruction partielle d’une veine peut également entrainer une distension des veines (hypertension veineuse) et
une incompétence valvulaire.
Traumatisme à la jambe/ Chirurgies Peut occasionner des dommages aux parois du système veineux et des valvules.
Thrombophilie (Déficience en protéine S, L’augmentation de la coagulabilité du sang veineux augmente les risques de thrombus des veines et du système
déficience en protéine C, mutation du facteur V) microvasculaire.
Âge Affaiblissement des valvules veineuses.
Antécédent familiaux Incompétence valvulaire génétique.
(St‐Cyr et Martineau, 2017; Bryant et Nix, 2016; Wound UK, 2016)
Défaillance de la pompe musculaire du mollet
Trois muscles sont responsables du retour veineux dans les membres inférieurs soit les muscles du pied, du mollet et de la cuisse. Lors de la contraction musculaire, les veines
profondes sont comprimées et le sang est dirigé vers le cœur. Les valvules se referment lors de la phase de repos afin d’éviter le reflux sanguin. Le sang des veines superficielles
passe dans les veines perforantes vers les veines profondes. La pompe musculaire du mollet est un élément essentiel qui permet le retour veineux de l’ordre de 65 %.
Cependant, l’activité de la pompe musculaire du mollet peut être altérée en présence :
d’immobilité;
de perte de substance musculaire;
de diminution de la mobilité de la cheville.
(Bryant et Nix, 2016; Alavi et coll., 2016b)
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Facteurs de risque Information complémentaire
Sédentarité/ immobilité La diminution de la mobilité ne permet pas l’utilisation de la pompe du mollet pour le retour veineux.
La perte de substance musculaire peut être associée à la sédentarité ou l’immobilité.
Prédisposition aux thrombus.
Attention, l’utilisation prolongée de pansements compressifs et restrictifs peuvent empêcher la mobilité de la cheville.
(Révisé par Dr Despatis, M. A. chirurgien vasculaire, 2017)
Station debout prolongée La station debout, immobile, ne permet pas la contraction du mollet pour favoriser le retour veineux. Dans ce cas, le
Jambes croisées sang redescend vers les pieds, aggravant par sa pression la dilatation des parois veineuses et créant ainsi des varices et
une surcharge du réseau veineux profond.
Condition musculosquelettique pouvant La perte de la masse musculaire cause un changement de la démarche et une diminution de l’efficacité de la pompe du
affecter la pompe du mollet (arthrite, maladie mollet.
neuromusculaire, traumatisme)
Âge L’âge avancé est associé à une diminution de l’élasticité du tendon du muscle du mollet.
Chirurgies / traumatismes La perte de la masse musculaire cause un changement de la démarche et une diminution de l’efficacité de la pompe du
mollet.
Altération de la démarche ou de l’efficacité de la pompe du mollet.
Les chirurgies aux membres inférieurs peuvent causer des dommages aux veines, au système lymphatique, à la mobilité
de la cheville ou des troubles d’équilibre.
Douleur articulaire La perte de la masse musculaire cause un changement de la démarche et une diminution de l’efficacité de la pompe du
mollet.
(St‐Cyr, 2014; Wound UK, 2016; Bryant et Nix 2016; Woo et coll., 2013)
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L’obstruction des veines
La présence d’une obstruction, interne ou externe au système vasculaire, cause une résistance au retour sanguin et occasionne une distension des parois du système veineux.
Se faisant, les valvules ne peuvent être compétentes, ce qui occasionne une hypertension veineuse.
Facteurs de risque Information complémentaire
Thrombophlébite profonde L’obstruction partielle d’une veine peut entrainer une distension des veines et une incompétence valvulaire.
Obésité L’augmentation de la résistance ou l’obstruction du retour veineux peut être secondaire à l’augmentation de la pression
Grossesses multiples des veines de la région pelvienne.
Masse pelvienne
(Alavi A. et coll., 2016b; Bryant et Nix, 2016)
Une maladie congénitale
La malformation artério‐veineuse est une maladie congénitale ayant comme caractéristique une connexion anormale entre le système artériel et le système veineux.
Autres facteurs contributifs
Diabète L’hyperglycémie prolongée et la résistance à l’insuline entrainent des changements métaboliques qui ont un effet
synergique. Ces changements expliquent la dysfonction microvasculaire et contribue à l’avènement d’ulcères du pied et
des infections (St‐Cyr et Martineau, 2017). L’atteinte microvasculaire nuit à la distribution des nutriments et de
l’oxygène.
Le diabète peut entrainer un œdème des membres inférieurs en raison de la neuropathie motrice et autonome.
Le diabète peut entrainer le raccourcissement du tendon d’Achille contribuant à la défaillance de la pompe du mollet.
Insuffisance cardiaque L’élévation de la pression sanguine périphérique (faible fraction d’éjection) entraine un œdème aux membres inférieurs.
Arthrite rhumatoïde Affecte la synthèse du collagène.
Amène souvent une diminution de la mobilité (et de l’activité de la pompe du mollet) due à la rigidité des articulations.
(St‐Cyr, 2013; Wound UK, 2016; Bryant et Nix, 2016; St‐Cyr et Martineau; 2017)
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Manifestations cliniques de la maladie veineuse chronique
L’examen physique est un élément important de l’évaluation des membres inférieurs. Les caractéristiques spécifiques reliées à la maladie chronique veineuse sont :
Consulter Évaluation des membres inférieurs (F5)
Caractéristiques Informations complémentaires
Œdème Causé par une distension des capillaires et une pression intracapillaire élevée.
Habituellement de la cheville au genou;
Variable dans la journée (diminué le matin et augmenté en après‐midi);
L’œdème chronique cause une fibrose des tissus.
Hyperpigmentation brunâtre L’hyperpigmentation brunâtre résulte de l'extravasation des globules rouges et du dépôt de l’hémoglobine (fer) dans les
tissus secondaires à une hypertension veineuse.
Habituellement au tiers inférieur de la jambe.
Atrophie blanche La pathogénèse est inconnue.
Peut être confondu avec une ancienne cicatrice;
Région à haut risque d’ulcère en raison de la peau mince et de l’épiderme atrophique;
Les ulcères dans cette région sont habituellement petits, douloureux et difficile à guérir.
Lipodermatosclérose Causée par une combinaison de dépôt de fibrine et de collagène et d’un processus de fibrinolyse compromise en réponse
au processus inflammatoire.
Localisée à la région de la cheville;
Peut être douloureux même en absence d’ulcère :
o l’utilisation de corticostéroïdes intralésionnels, d’anti‐inflammatoires non stéroïdiens (AINS), d’agents
fibrinolytiques et le port de la compression veineuse sont les options de choix pour gérer cette douleur.
Varices / Varicosités/ Télangiectasies / Veines L’apparition des varicosités précède l’incompétence valvulaire et leur développement serait une conséquence d’une
réticulaires anormalité structurale et biochimique des parois des veines. Exacerbé par :
les jambes croisées;
la station debout prolongée;
un surplus de poids.
Dermatite de stase Causée par une libération de médiateurs inflammatoires des leucocytes activés captifs dans l’espace extracellulaire. Le
dépôt de fibrine (théorie du manchon de fibrine) diminue la fibrinolyse et les leucocytes libèrent alors des médiateurs
inflammatoires ce qui conséquemment entraine une inflammation chronique des tissus. La dermatite :
augmente le risque de développer des ulcères secondaires aux médiateurs inflammatoires;
est exacerbée par l’utilisation de produits topiques (crèmes, pansement, exsudat…);
est fréquemment due à une allergie.
Attention, ne pas confondre la cellulite avec la dermatite.
Consulter Traitements locaux (F10)
(Bryant et Nix, 2016; Wound UK, 2016)
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Évaluation physique et diagnostic de la maladie veineuse chronique
L’évaluation physique complète des membres inférieurs est recommandée, car elle est tout aussi révélatrice d’une maladie veineuse chronique que les tests diagnostiques.
Voici la liste des examens physiques et l’examen diagnostique :
évaluation de l’œdème;
évaluation de la force musculaire et de la mobilité de la cheville;
évaluation du signe de Stemmer ou signe de Kaposi‐Stemmer;
duplex ultrason/doppler veineux.
Consulter Évaluation des membres inférieurs (F5)
Complications de la maladie veineuse chronique
Outre l’ulcère veineux, les principales complications de la maladie veineuse chronique sont :
Phlébite superficielle
La phlébite superficielle se présente comme une douleur localisée dans la portion de la veine enflammée. La douleur est aggravée par la palpation ou la position debout. La
région est chaude au toucher.
Thrombophlébite profonde
La thrombophlébite profonde est caractérisée par une douleur intense causée par la présence d’un caillot dans une veine provoquant une douleur intense, une sensibilité au
toucher et un œdème de la jambe.
(Alavi et coll., 2016a)
Traitements de la maladie veineuse chronique
Habitudes de vie
Surélévation des membres inférieurs
L’élévation des membres inférieurs est une stratégie simple mais efficace pour améliorer le retour veineux en utilisant la force gravitationnelle. Ce traitement est un élément
important pour tous les usagers souffrant de maladie veineuse, mais spécialement pour ceux qui sont incapables de porter ou tolérer le une compression veineuse.
Technique
En position couchée, surélever les jambes plus hautes que le niveau du cœur pour une période de 1 à 2 heures, deux fois par jour ainsi que la nuit.
o Peut être difficile pour les personnes obèses.
o Peut être difficile pour les usagers ayant des problèmes cardiaques ou pulmonaires qui dorment dans un fauteuil avec les jambes en position de dépendance
constante.
(Bryant et Nix, 2016; Pascallera et Shortell, 2015; révisé par Dr Despatis, M. A. chirurgien vasculaire, 2017)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 6 – Ulcère des membres inférieurs 10
Exercice physique
La pompe musculaire du mollet est une composante importante du retour veineux et l’exercice physique permet la contraction du muscle.
Les usagers ayant une limitation de la mobilité de la cheville doivent être orientés en physiothérapie afin de bénéficier d’une évaluation exhaustive sur le potentiel de
récupération de la flexibilité et de la mise en place d’exercices spécifiques.
Les exercices de Buerger sont des exercices isotoniques utilisant la pompe du mollet.
Les usagers doivent éviter la position assise ou debout de façon prolongée autant que possible. Ces positions doivent être entrecoupées de périodes de marche.
Les usagers sont parfois inactifs en raison de la douleur. Dans ce cas, encourager la prise d’analgésiques.
(Bryant et Nix, 2016; Pascallera et Shortell, 2015; Wounds UK, 2015)
Contrôle du poids
L’obésité est un facteur de risque de développement de la maladie veineuse en raison de l’obstruction des veines au niveau pelvien, mais également en raison d’un mode de
vie sédentaire qui diminue l’utilisation de la pompe du mollet. De plus, elle rend difficile l’adhérence à la thérapie de compression veineuse. Il importe d’éduquer les usagers
sur les liens entre le surplus pondéral et la maladie veineuse, mais également de leur offrir des services de soutien dans leur démarche de contrôle du poids (ex.
nutritionniste, chirurgie bariatrique…)
(Bryant et Nix, 2016; Marin et Woo, 2017; Wounds UK, 2015)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 6 – Ulcère des membres inférieurs 11
Traitements pharmacologiques
Les traitements pharmacologiques de l’insuffisance veineuse sont basés sur les hypothèses de la physiopathologie, soit une activation inappropriée de l’activation des
leucocytes. Il importe d’utiliser ces médicaments conjointement avec la thérapie de compression.
Médication Effet potentiel
Trental (Pentoxifyline) Réduction de l’agrégation plaquettaire et des globules blancs;
Effet antioxydant;
Vasodilatateur (augmentation du débit sanguin au niveau de la microcirculation);
Augmentation de la flexibilité des globules rouges et amélioration de la microcirculation et
l’oxygénation;
Inhibition des médiateurs inflammatoires.
La pentoxifyline est toutefois difficile à doser résultant des inconforts abdominaux ou diarrhée, ce qui
empêche l’utilisation fréquente de ce médicament.
Daflon (Flavonoide et diosmine) Augmentation du tonus des veines, ce qui favorise le retour veineux;
Diminution de la perméabilité des capillaires (diminution de l’œdème);
Diminution des médiateurs inflammatoires.
Ce médicament a récemment été approuvé pour usage au Canada.
Extrait de marronnier d’Inde (Horse chestnut) Effet inhibiteur sur la rupture catalytique des protéoglycanes des parois capillaires;
Diminution de la douleur, de l’œdème et du prurit.
Ce produit est disponible dans la section des produits naturels de la pharmacie.
Soludexide Utilisé principalement chez les usagers ayant une thrombophilie (déficience en protéine S, déficience en
protéine C, mutation du facteur V). Action anti‐inflammatoire et antithrombotique (agent fibrinolytique).
(Bryant et Nix, 2016; Alavi et coll., 2016a; Levine, 2017; Woo, K. et coll., 2013; révisé par Dr Despatis, M. A. chirurgien vasculaire, 2017)
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Traitements chirurgicaux
Les traitements chirurgicaux sont une option lorsque le taux de récidive des ulcères est important. Quatre types de chirurgies sont disponibles selon l’étendue et l’atteinte de
la maladie veineuse. Il est à noter que le port de la compression veineuse est toutefois requis en complémentarité. De plus, une évaluation complète du système veineux est
requise avant de procéder à quelconque chirurgie correctrice. Une seule étude prospective et randomisé ESCHAR (Barwell et coll., 2004) a démontré un bénéfice pour
l’ablation de la grande veine saphène chez les usagers avec CEAP C6 ou C5. L’ablation de la veine n’accélère pas le temps de guérison mais diminue la fréquence des récidives
d’ulcération.
(Alavi, 2016a; Bryant et Nix, 2016)
Chirurgie Informations complémentaires
Sclérose trans‐luminale par endo‐laser veineux Procédure percutanée;
Atteinte des veines superficielles;
Produit une occlusion de la veine incompétente par l’application intense et locale de chaleur
détruisant les cellules endothéliales des veines.
Sclérose trans‐luminale par catheter de radio‐fréquences Procédure percutanée;
Atteinte des veines superficielles et perforantes;
Produit une occlusion de la veine par radiofréquence dans et autour des veines.
Sclérothérapie Atteinte des veines perforantes;
Correspond à l’injection d’une solution dans la veine saphène causant une occlusion de la veine.
Crossectomie‐stripping Procédure invasive;
Consiste au retrait de la grande saphène.
(Alavi et coll., 2016a; Bryant et Nix, 2016)
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L’ULCÈRE VEINEUX
Physiopathologie de l’ulcère veineux
La physiopathologie de l’ulcère veineux n’a pas été clairement établie. Plusieurs hypothèses ont été mis de l’avant afin d’expliquer l’hypertension veineuse le phénomène,
mais aucune ne l’explique dans sa totalité.
(Alavi et coll., 2016b; Bryant et Nix, 2016; Woo et coll., 2013; Dabiri , Hammerman et Falanga., 2015)
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Caractéristiques de l’ulcère veineux
Éléments d’évaluation Caractéristiques
Localisation de l’ulcère Périmalléolaire
Au tiers distal de la jambe
Taille et forme de l’ulcère Irrégulière et serpigineuse
Superficielle
Bords de la plaie Irréguliers +/‐ bien définis
Lit de la plaie Tissu de granulation ou tissu dévitalisé
Peau environnante Œdème
Macération
Peau sèche et croutée
Hyperpigmentation brunâtre
Varicosités
Lipodermatosclérose
Atrophie blanche
Dermatite
Exsudat Modéré à élevé
Pouls pédieux et tibial postérieur Présent
Température du pied Normale
Si chaleur : possibilité d’infection
Couleur de la peau Normale
Douleur Douleur difficile à définir, manifestation vague
Douleur surtout en fin de journée ou à la suite d’une station debout ou assise prolongée (œdème augmentée)
Peut être exacerbée lorsque le temps est humide et chaud
Souvent soulagée par l’élévation des membres inférieurs
Sévérité variable, de modérée à sévère
Potentiel de cicatrisation Présent, si port d’un système de compression veineuse (bandages, bas, etc.)
(Bryant et Nix, 2016)
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Classification des ulcères veineux
CEAP
Classification clinique Étiologie Anatomie Pathologie
C0 Pas d’indicateur visible de maladie Ec Congénitale As Veines superficielles Pr Reflux
veineuse
C4 Changements trophiques de la peau
(lipodermatosclérose, dermatite,
hyperpigmentation brunâtre)
C5 Changements trophiques de la peau
et antécédent d’ulcère
C6 Changements trophiques de la peau
et présence d’un ulcère
Il est à noter qu’en pratique, les médecins utilisent majoritairement le C, car pour le EAP, un duplex veineux est nécessaire. (Despatis, 2017)
(Bryant & Nix, 2016; Alavi et coll., 2016b)
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Traitement local de l’ulcère veineux
Le traitement local des ulcères veineux se fait selon les principes du concept TIME et est ajusté selon les caractéristiques de l’ulcère. Il est à noter qu’un traitement local est
insuffisant s’il n’est pas combiné à la gestion de l’œdème sans compression veineuse.
Consulter Traitements locaux (F10)
Lorsque l’ulcère veineux ne guérit pas malgré un traitement local optimal, le port de la compression veineuse, le changement des habitudes de vie, les traitements adjuvants
sont des options à explorer :
Greffe biologique;
Facteurs de croissance;
Stimulation électrique, etc.
Consulter Traitement adjuvants (F11)
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Compression veineuse
La thérapie de compression veineuse est la pierre angulaire du traitement d’une maladie veineuse chronique. L’usager doit comprendre que ce traitement est essentiel et à
vie. (Bryant et Nix, 2016) La sélection d’un système de compression (bandage de compression, compression pneumatique, bas de compression) doit être effectuée par un
médecin ou une infirmière détenant les compétences. Selon la loi 90, l’infirmière peut initier une compression veineuse sous certaines conditions.
Il est important
d’obtenir une
ordonnance médicale
individuelle avant
d’initier et sélectionner
un système de
compression veineuse
chez l'usager avec :
Un ulcère mixte
Objectifs de la compression veineuse
• Diminuer l’œdème du membre inférieur et par conséquent l’hypertension veineuse;
• Accélérer la vélocité de la circulation sanguine;
• Favoriser l’oxygénation des tissus du derme et, éventuellement, stimuler les fibrinolyses;
• Compenser l’action insuffisante de la pompe musculaire du mollet ou la dysfonction des valvules par la compression externe;
• Produire une force égale et opposée à la pression hydrostatique responsable de l’hypertension veineuse;
• Exercer une pression externe de la base des orteils au genou afin de supporter la pompe du mollet durant la marche et la dorsiflexion.
(Alavi et coll., 2016a; Bryant et Nix, 2016; Doughty et McNichol, 2016; Woo et coll., 2013)
Mécanisme de la compression
La pression exercée par le bandage compressif est directement proportionnelle à la tension et au nombre de couches de bandage et inversement proportionnelle à la
circonférence du membre et à la largeur du bandage autour duquel il est appliqué (Loi de Laplace) :
La pression = La tension exercée par le bandage X nombre de couches du bandage
La circonférence de la jambe X la largeur du bandage
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 6 – Ulcère des membres inférieurs 18
Indications et contre‐indications
Avant d’amorcer une thérapie de compression, l’infirmière doit procéder à l’évaluation complète des membres inférieurs. L’interprétation d’un seul test diagnostique est
insuffisante pour valider l’hypothèse d’une maladie veineuse chronique. Consulter Évaluation des membres inférieurs (F5) afin de comprendre et d’évaluer l’usager dans sa
globalité.
Indications Contre‐indications
Ulcère veineux dont : Contre‐indications relatives
IPSCB entre 0,9 et 1,2; Maladie vasculaire mixte (dans ce cas, une évaluation et une ordonnance
pouls pédieux et tibial postérieur palpables; médicale est requise);
indice de pression au 1 orteil 0,64;
er Ondes au Doppler : biphasiques;
ondes au Doppler : triphasiques; Un IPSCB entre 0,5 et < 0,9 signifie la présence d’une maladie vasculaire
artériographie : absence de frein hémodynamique. artérielle périphérique légère à modéré. Dans ce cas :
o diminuer le nombre de mm Hg de la compression selon l’atteinte artérielle,
Une investigation complémentaire est essentielle chez la clientèle dont l’IPSCB o favoriser le port d’une compression inélastique.
est > 1,3 en présence de :
diabète; Contre‐indications absolues
arthrite rhumatoïde; Thrombose veineuse non traitée;
insuffisance rénale. Insuffisance cardiaque décompensée;
Maladie artérielle périphérique :
o Un IPSCB ≤ 0,5 signifie la présence de maladie vasculaire artérielle
périphérique sévère à critique,
o Indice de pression au 1er orteil : < 0,64,
o Pouls pédieux et tibial postérieur non palpables,
o Ondes au Doppler : monophasiques;
Infection de plaie non traitée.
(Bryant et Nix, 2016; Alavi et coll., 2016a)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 6 – Ulcère des membres inférieurs 19
Critères à considérer avant de sélectionner un système de compression
Niveau de compression requis
Résultats de Interprétation Compression recommandée
l’IPSCB
≥ 1,3 Valeur élevée démontrant des artères non compressibles Poursuivre l’investigation
Un indice au premier orteil (IPO) est indiqué.
≥ 0,9 – 1,2 Valeur normale 30‐40 mmHg
> 0,8 – < 0,9 Maladie artérielle périphérique légère 20‐30 mmHg
0,60 – 0,8 Maladie artérielle périphérique modérée ≤ 20 mmHg
≤ 0,5 Ischémie sévère Ne pas appliquer de compression.
≤ 0,4 Ischémie critique Ne pas appliquer de compression.
(Bryant et Nix, 2016; Alavi et coll., 2016a; de Carvalho, 2016; Harding et coll., 2015; Woo et coll., 2013)
Morphologie de la jambe
La lipodermatosclérose ou un gros mollet peuvent occasionner un glissement du bandage de compression ou du bas.
Utiliser une colle en vaporisateur ou en ruban à l’intérieur du bas ou du bandage pour éviter le glissement (attention à la peau fragile).
Ajouter une ouate orthopédique au niveau du mollet sous le bandage pour égaliser la jambe dans son ensemble.
Les bandages installés avec une figure de 8 ont tendance à mieux rester en place.
(Bryant et Nix, 2016; Woo et coll., 2013)
Peau environnante
Une peau fragile peut être endommagée par l’utilisation d’une forte compression.
Utiliser une ouate orthopédique sous le bandage afin de protéger la peau.
(de Carvalho et coll., 2016)
Caractéristiques de la plaie
Adapter le pansement selon les caractéristiques de la plaie. Il est possible, lorsqu’une thérapie de compression est amorcée, que l’exsudat soit initialement augmenté en
raison de la diminution de l’œdème :
un exsudat élevé exige un pansement absorbant accompagné de changements fréquents de pansements;
une infection exige un changement de pansement quotidiennement;
dans ces cas, privilégier un bandage réutilisable afin de minimiser les coûts.
(Harding et coll., 2015)
Douleur
Deux types de douleur coexistent chez les usagers ayant des maladies veineuses, soit la douleur nociceptive et la douleur neuropathique.
L’usage de la compression permet de gérer l’œdème et l’inflammation et conséquemment, de diminuer la douleur.
o Conseiller l’utilisation d’analgésiques non opioïdes (acétaminophène, aspirine ou antiinflammatoire non stéroïdien) pendant 1 à 3 semaines suivant l’initiation de
la compression afin de tolérer la compression.
Une compression peut ne pas être tolérée en raison de la douleur. Dans ce cas :
o débuter avec une compression moins forte (moins de mm Hg) puis l’augmenter progressivement;
o utiliser des antidépresseurs tricycliques (ordonnance médicale requise) pour soulager les douleurs neuropathiques.
(Alavi et coll., 2016a; British Colombia Provincial Nursing Skin and Wound Committee, https://www.clwk.ca/buddydrive/file/guideline‐lower‐limb‐venous‐arterial/2016; Harding et coll., 2015),
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 6 – Ulcère des membres inférieurs 20
Mobilité
Usager actif :
La mobilisation facilite le retour veineux dû au travail de la pompe musculaire du mollet; il importe donc de ne pas limiter la mobilité.
o Sélectionner une compression permettant la mobilité et flexibilité de la cheville, incitant l’usager à porter leurs propres souliers et en maintenant une démarche
normale;
o Système de compression élastique ou inélastique.
Usager sédentaire :
Système de compression élastique.
Bas de compression.
Système de compression pneumatique intermittent.
(Wounds UK, 2016; Harding et coll., 2015)
Collaboration de l’usager et de sa famille
Tenir compte de la capacité de l’usager à enfiler ses bas lui‐même lors de la sélection du type de bas et du nombre de mm Hg (Wounds UK, 2016; Harding et coll., 2015).
Coûts et disponibilité des fournitures de soins
L’usager doit habituellement payer son matériel, mais il y a toutefois quelques exceptions.
Certains établissements de santé assument les coûts des systèmes de compression veineuse (varie selon les politiques et procédures de l’établissement de soins concerné).
Lorsque l’usager est bénéficiaire de l’assurance‐emploi, la CSST ou la SAAQ, le coût des bandages et bas est assumé en totalité par l’organisation concerné.
Certains régimes d’assurance privée assument une partie des coûts (Harding et coll., 2015).
Compétence et expérience de l’infirmière
L’application d’un bandage compressif doit être effectuée par une infirmière détenant les compétences cliniques requises.
Il est préférable d’utiliser une compression facile d’application dans les établissements de santé où il y a beaucoup de changement du personnel soignant.
Un bandage compressif non appliqué selon les règles de l’art peut causer une détérioration de l’ulcère, une ischémie, une complication et même une amputation.
(Wounds UK, 2016; Harding et coll., 2015; Wounds UK, 2015)
Types de système de compression
La sélection du système de compression est un processus dynamique. Il doit tenir compte des caractéristiques évolutives de l’usager et de sa plaie et, doit être adapté à sa
situation clinique pendant tout l’épisode de soins. Ainsi, il est possible qu’en cours de traitement, un système soit remplacé par un autre. La liste suivante présente différents
systèmes de compression veineuse mais n’est pas exhaustive.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 6 – Ulcère des membres inférieurs 21
Phase de traitement
Phase de maintenance / prévention
Présence d'un ulcère
Ulcère guérie
Bandage de compression
Bas de compression
Compression pneumatique
Harding K. et coll., (2015)
Bandage de compression
Habituellement utilisé durant la phase de traitement alors que le volume de la jambe diminue rapidement au fur et à mesure que l’œdème est géré. La pression exercée sur
la jambe est plus élevée à la cheville et elle diminue de façon constante jusqu’au genou (pression dégressive). Certains bandages sont élastiques et d’autres sont non
élastiques. Le bandage doit demeurer en place 24 heures / 24 heures et peut être changé fréquemment selon la quantité d’exsudat et le niveau de tolérance de l’usager
(maximum 7 jours).
Il est utilisé en présence d’un ulcère (changé DIE à une fois par semaine selon la qualité et la quantité d’exsudat).
Il est utilisé en présence d’œdème (nécessite un changement plus fréquent en début de traitement compte tenu de la diminution de l’œdème).
Il peut nécessiter l’ajout de ouate orthopédique sous le bandage afin d’uniformiser la circonférence de la région pré‐malléolaire et minimiser le risque de lésion de
pression causée par le bandage au niveau des proéminences osseuses.
Attention : Les bandages de type Tensor ou Velpo ne sont pas considérés comme des bandages de compression veineuse.
(Bryant et Nix, 2016; British Columbia Provincial Nursing Skin and Wound Committee, 2016; Woo et coll. 2013; O’Meara et coll., 2012)
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Technique et particularités d’application d’un bandage de compression
Vérifier les recommandations du fabricant avant l’application, car ils prévalent sur ceux‐ci‐dessous.
Lors de l’application des bandages de compression :
installer l'usager en position dorsale ou assise;
nettoyer la jambe avec de l’eau tiède et une lotion nettoyante sans savon au pH balancé. Consulter Traitements locaux (F10);
s’assurer que la circonférence de la cheville est ≥ 18 cm, si non, ajouter une ouate orthopédique sous le bandage;
protéger les proéminences osseuses (malléoles et tibias) avec une ouate orthopédique, si nécessaire;
s’assurer que les pieds de l'usager sont en dorsiflexion à 90° afin d’éviter la formation de lésions au niveau de la cheville;
toujours utiliser un bandage d’une largeur d’au moins 10 cm (4 pouces);
se rappeler qu’un bandage s’applique de la base des orteils (laisser les orteils à l’air libre) jusqu’en dessous du genou, sauf si indication contraire du fabricant. Laisser
un espace d’une largeur d’un doigt entre la fin du bandage et le creux poplité;
éviter d’effectuer une extension du bandage au niveau du pied;
couvrir le talon;
s’assurer que le bandage soit déroulé le plus près de la jambe car l’hyperextension du bandage loin de la jambe cause des plis dans le bandage (Armstrong et Meyer,
2013);
informer l'usager qu’il doit retirer son bandage et aviser l’infirmière ou le médecin IMMÉDIATEMENT dans l’une ou l’autre des situations suivantes :
o les orteils deviennent pâles, froids, bleutés à violacés,
o sensation d’engourdissement ou de picotements des orteils,
o augmentation importante de la douleur à la suite de l’installation d’un bandage,
o apparition d’œdème au niveau des orteils.
(Bryant et Nix, 2016; Woo et coll., 2013; Armstrong et Meyer, 2013)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 6 – Ulcère des membres inférieurs 23
Bandage de compression tissé imprégné
Dr. Paul Unna a été le premier à introduire l’utilisation de bandage de zinc dans les années 1900 afin de créer une botte confortable mais inélastique pour la compression
veineuse. À ce jour, plusieurs types bandages de compression tissé imprégné sont disponibles sur le marché tel que les bandages tissés imprégnés de zinc, glycérine, gélatine,
calamine, etc. (Bryant et Nix, 2016).
Exemple Technique d’application Caractéristiques
Botte d’Unna Application du bandage de compression imprégnée Compression : environ 10‐20 mm Hg
Bandage de compression tissé imprégné d’oxyde en spirale avec chevauchement de 50 % sans
Indications
de zinc ou autre substance appliquer de tension.
usager actif;
Ex: ViscopasteMD, IchtopasteMD, GelocastMD Application d’un bandage omniforme de type
ulcères veineux avec dermatite, eczéma, peau
ET « kling » en spirale sans appliquer de tension.
environnante friable ou lésions satellites
Bandage omniforme de type « kling » superficielles;
ulcère mixte avec IPSCB ˃ 0,6 (ordonnance requise).
Informations complémentaires
possibilité de dermatite de contact;
usage unique;
port de la chaussure possible.
Botte de Duke Application du bandage de compression imprégnée Compression : environ 20‐30 mm Hg
Bandage de compression tissé imprégné d’oxyde en spirale avec chevauchement de 50 % sans
de zinc ou autre substance. appliquer de tension. Indications
(ex:ViscopasteMD, IchtopasteMD, GelocastMD) Application du bandage cohésif : usager actif;
ET o pied : en spirale sans extension et avec ulcères veineux avec dermatite, eczéma, peau
Bandage cohésif (ex: CobanMD) chevauchement de 50 %; environnante friable ou lésions satellites superficielles;
o cheville : en figure de 8, une seule fois pour ulcère mixte avec IPSCB ˃ 0,8 (ordonnance requise).
couvrir le talon;
Informations complémentaires
o jambe : en spirale avec extension de 50 % et
possibilité de dermatite de contact;
chevauchement de 50 %.
usage unique;
port de la chaussure possible.
(British Columbia Provincial Nursing Skin and Wound Committee, 2016; Bryant et Nix, 2016; Armstrong et Meyr, 2013)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 6 – Ulcère des membres inférieurs 24
Compression inélastique ou de courte élasticité
La pression d’un système inélastique est rigide et résiste à l’expansion générée par les muscles des mollets lors de la marche tout en améliorant le retour veineux.
Les bandages de compression inélastique ou de courte élasticité, procurent alors une compression veineuse à la marche et lors de la formation d’œdème en position debout,
mais a une faible compression en période de repos (Alavi et coll., 2016a; Woo et coll., 2013).
Exemple Caractéristiques
Système de compression multicouche inélastique Compression : environ 20‐30 mm Hg
Ex. Coban 2 liteMD (2 couches),
Jobst Compri liteMD (3 couches) Indications
usager actif;
ulcère veineux avec IPSCB ˃ 0,8;
ulcère mixte (ordonnance requise);
lymphœdème (ordonnance requise);
œdème des membres inférieurs.
Informations complémentaires
port de la chaussure possible;
usage unique.
Système de compression inélastique réutilisable Compression : environ 30‐40mm Hg
Ex : ComprilanMD
Indications
usager actif;
ulcère veineux avec IPSCB ˃ 0,9;
lymphœdème (ordonnance requise);
œdème des membres inférieurs.
Informations complémentaires
réutilisable plus de 10 fois;
lavable;
peut avoir tendance à se déplacer vers le bas lorsque la morphologie de la jambe correspond à une
bouteille de champagne inversée;
peu couteux;
port de la chaussure possible.
Système de compression multicouche inélastique Compression : environ 30‐40mm Hg
Coban 2MD (2 couches)
JobstMD Compri 2 (2 couches) Indications
usager actif;
ulcère veineux avec IPSCB ˃ 0,9;
lymphœdème (ordonnance requise);
œdème des membres inférieurs.
Informations complémentaires
usage unique;
port de la chaussure possible.
(Bryant et Nix, 2016; Alavi et coll., 2016a; St‐Cyr , 2014)
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Compression élastique
La compression élastique est composée de fibres d’élastopolymère qui exerce une pression constante sur les tissus (de l’ordre de 50 %) et qui résiste à l’expansion générée
par les muscles des mollets lors de la marche, améliorant le retour veineux (Alavi et coll., 2016, Woo et coll., 2013).
Exemple Caractéristiques
Système de compression multicouche Compression : environ 20‐30 mm Hg
élastique Indications
Ex : Profore liteMD (3 couches) usager actif et sédentaire;
ulcère veineux avec IPSCB ˃ 0,8;
Comprifore liteMD (3 couches)
ulcère mixte (ordonnance requise).
Informations complémentaires
usage unique;
couteux.
Système de compression élastique Compression : environ 30‐40 mm Hg
réutilisable Indications
Ex : SurePressMD (avec indicateur) et usager actif et sédentaire;
TensopressMD (sans indicateur d’extension) ulcère veineux avec IPSCB ˃ 0,9.
(2 couches) Informations complémentaires
lavable jusqu’à 20 fois;
peu coûteux;
peut avoir tendance à se déplacer vers le bas lorsque la morphologie de la jambe correspond à une bouteille de
champagne inversée;
utiliser de la ouate orthopédique sous le bandage.
Compression : environ 30‐40 mm Hg
Indications
Système de compression multicouche
élastique usager actif et sédentaire;
Proguide (2 couches) ulcère veineux avec IPSCB ˃ 0,9.
ProforeMD (4 couches) Informations complémentaires
CompriforeMD(4 couches) usage unique;
reste bien en place;
couteux.
(Bryant et Nix, 2016; Alavi et coll., 2016a; St‐Cyr, 2014)
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Compression pneumatique intermittente
Correspond à un manchon gonflable placé autour de la jambe puis gonflé à une pression prédéterminée suite à une ordonnance (30‐60 mmHg). La compression
peut être intermittente (chambre d’air gonflée par intermittence) ou séquentielle (série de chambres d’air gonflées en séquences selon un axe distal‐proximal).
Effets et mécanismes d’action Indications Application clinique
Réduction de l’œdème. Usager grabataire/ immobile. L’installation d’un système de compression pneumatique doit être
Augmentation du débit sanguin dans Présence maladie artérielle légère à effectuée par un professionnel de la santé (ex. : médecin,
l’artère poplité et dans la région modéré. physiothérapeute, infirmière) détenant une attestation de compétences
distale. Nécessité de diminuer rapidement la reconnue par l’établissement.
Augmentation de la synthèse d’oxyde dimension de la jambe avant Ce type de système n’est pas disponible dans tous les milieux de soins
nitrique. d’appliquer un bandage compressif ou mais il est possible d’effectuer une location de l’appareillage (selon les
un bas élastique. politiques et procédures de l’établissement).
Pour un traitement optimal, la compression pneumatique doit être
Besoin de contrôler un œdème utilisée une à deux fois par jour pendant une heure à deux heures par
récalcitrant ou un lymphœdème. séance.
Alternative aux bandages de Ce type de thérapie peut être utilisé avec ou sans bandage de
compression chez l’usager qui ne tolère compression entre les séances.
pas un autre système de compression, Couteux.
se mobilisant peu ou souffrant
d’obésité morbide.
Morphologie atypique de la jambe.
(Ratliff, 2016; Bryant et Nix, 2016; Alavi et coll., 2016a)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 6 – Ulcère des membres inférieurs 27
Vêtement de compression
Manchon de compression tubulaire
La compression tubulaire est une compression élastique et réutilisable (ex. : TubigripMD) permettant d’appliquer une compression de 10 à 25mmHg lorsque la mesure du
mollet et l’application en deux couches est fait correctement. Ceci est une alternative pour les gens ne pouvant supporter les autres types de compression. Facile
d’utilisation, peu couteux mais offre une compression moindre (Bryant et Nix, 2016; Alavi et coll., 2016a; St‐Cyr, 2014).
Dispositif de compression inélastique réutilisable
Vêtement de compression inélastique maintenu en place à l’aide de velcros (ex : CircaidMD, Juxta‐fitMD Juxta fit careMD). Ce dispositif est rigide et résiste à l’expansion générée
par les muscles des mollets lors de la marche, améliorant le retour veineux. Ce type de compression inélastique exerce une compression à la marche et lorsqu’il y a de
l’œdème en position debout, mais période de repos, sa compression est faible.
Bien suivre les recommandations du fabricant pour la technique d’application. S’ajuste selon une charte afin d’obtenir une compression variant entre :
20‐30 mm Hg;
30‐40 mm Hg;
40‐50 mm Hg.
Indications
conseillé pour les usagers actifs;
réutilisable jusqu’à 6 mois;
lavable;
possibilité d’installation et repositionnement par l’usager;
possibilité de retrait afin de prendre une douche;
permet l’accès facile à l’ulcère pour le traitement local;
permet le port de chaussures.
(Bryant et Nix, 2016; Alavi et coll., 2016a; St‐Cyr, 2014)
Source : Medi
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 6 – Ulcère des membres inférieurs 28
Bas de compression
Les bas de compression sont des systèmes réutilisables et élastiques utilisés lorsque l’ulcère est guéri, en présence d’une maladie veineuse chronique stable (œdème
résorbé) ou à titre préventif. Ils sont appropriés autant pour les usagers sédentaires ou actifs. Dans la pratique et dans certains cas, les bas de compression seront utilisés
malgré la présence d’un ulcère.
Considérations
Un système de compression doit initialement être installé afin de diminuer l’œdème.
Les bas de compression doivent être débutés seulement lorsque l’œdème s’est résorbé.
Au préalable, aviser l’usager qu’il doit faire mesurer ses jambes (idéalement le matin)
par un professionnel compétent avant d’acheter ses bas de compression. De cette
manière, l’œdème sera moindre, voire nulle et les bas seront ajustés à la morphologie
de l’usager dans son état de base.
Pour une efficacité optimale, l’achat d’une paire de bas élastiques confectionnée sur
mesure et adaptée aux besoins et à la morphologie de l’usager est fortement
recommandé. Privilégier les bas sans latex.
Le critère à privilégier dans le choix d’un bas élastique destiné à prévenir une récidive est
le confort de l’usager. Le port d’un bas avec une compression moindre est préférable à
l’arrêt de port du bas dû à un inconfort (souvent causé par une pression trop élevée ou à
l’incapacité de les mettre de façon autonome).
Les bouts de pieds du bas peuvent être ouverts ou fermés.
La longueur du bas peut varier du genou à la cuisse. Un bas au genou est à privilégier
sauf avis médical contraire.
La durée de vie des bas est d’environ 4‐6 mois.
Possibilité de remboursement par les assurances privées (avec ordonnance médicale Source : BSN Médical
individuelle).
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 6 – Ulcère des membres inférieurs 29
Le système de classification varie selon les compagnies et la littérature. Afin de ne pas occasionner de confusion, voici les bas de compression selon leur niveau de
compression à la cheville. Les bas antiemboliques utilisés en période postopératoire sont inefficaces pour une thérapie de compression.
Pression très légère 15‐20 mmHg Disponible sans ordonnance;
Peut être facilement appliqué par l’usager lui‐même.
Pression légère de 20‐30 mm Hg Disponible sans ordonnance;
Peut être appliqué par l’usager lui‐même.
Pression modérée de 30‐40 mm Hg En respectant les conditions établies par l’OIIQ, l’infirmière peut prescrire ce type de bas;
Peut être appliqué par l’usager lui‐même;
Possibilité d’utiliser un dispositif d’aide à l’enfilement.
Pression forte de 40‐50 mm Hg Disponible avec une ordonnance médicale individuelle;
Peut être appliqué par l’usager lui‐même mais l’application peut s’avérer ardue. Possibilité d’utiliser un dispositif d’aide à
l’enfilement.
Pression forte de 50‐60 mmHg Pour le traitement du lymphœdème;
Disponible avec une ordonnance médicale individuelle.
Peut être appliqué par l’usager lui‐même, mais l’application peut s’avérer ardue. Possibilité d’utiliser un dispositif d’aide à
l’enfilement.
(Bryant et Nix, 2016; British Columbia Provincial Nursing Skin and Wound Committee, 2016; Alavi et coll., 2016a, Wounds UK, 2018)
Informations complémentaires
Entretien des bas de compression
o Doivent être lavés avec un détergent doux à la main ou à la machine à laver;
o Sécher à l’air ambiant;
o L’ajout d’assouplissant ou de javellisant est contre‐indiqué.
Enseignement à l’usager
o Enfiler les bas dès le lever du lit et les retirer avant de se coucher;
o Les bas de compression sont essentiels et à vie.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 6 – Ulcère des membres inférieurs 30
Dispositif d’aide à l’enfilement
Support d’enfilement Dispositif d’enfilement Port de gants de caoutchouc.
Source : Sigvaris Source : Sigvaris Source : Sigvaris
Manchon de nylon Colle
Il est possible d’ajouter une colle en bande ou en
vaporisateur dans la partie supérieure du bas afin de
le maintenir en place.
Éviter ce produit s’il y a des problèmes de peau.
Source : Valco
Source : Sigvaris
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 6 – Ulcère des membres inférieurs 31
LA MALADIE ARTÉRIELLE PÉRIPHÉRIQUE
La maladie artérielle périphérique (MAP) se caractérise par une occlusion progressive des artères causant une souffrance tissulaire. Elle peut être aiguë ou chronique et elle
peut atteindre une ou plusieurs artères.
La maladie artérielle chronique est causée principalement par l’athérosclérose. C’est un processus physiopathologique systémique caractérisé par le dépôt de cholestérol sur
la paroi des artères pouvant se manifester autant au niveau coronarien, cérébral qu’aux membres inférieurs. La maladie artérielle des membres inférieurs est le résultat
d’une ischémie chronique de sévérité variable; le processus de la maladie progresse avec le temps et produit graduellement une détérioration symptomatologique incluant
l’ulcère. Le terme utilisé pour illustrer une atteinte aux membres inférieurs est « la maladie vasculaire artérielle périphérique (MVAP) » ou « artériopathie oblitérante des
membres inférieurs (AOMI) ».
L’ischémie aiguë est caractérisée par une diminution soudaine de la perfusion du membre. Les tissus situés en distal deviennent ischémiques puis nécrotiques. Les signes
d’une ischémie aiguë incluent :
douleur intense;
paralysie;
paresthésie;
coloration pâle, bleutée, violacée;
absence de pouls;
extrémités froides.
En anglais, ceci fait référence aux 6P : Pain, Paralysis, Paresthesia, Pallor, Pulselessness, Poikilotheric. Puisque des dommages irréversibles aux muscles et nerfs peuvent se
produire rapidement dans les heures suivant l’épisode ischémique, tous les usagers pour lesquels une ischémie aiguë des membres inférieurs est suspectée nécessitent une
évaluation urgente par un chirurgien vasculaire.
L’ischémie critique correspond à un rétrécissement très prononcé des artères se manifestant principalement par une douleur au pied souvent intolérable, accentuée la nuit
en position couchée et soulagée par la position déclive ou, une atteinte cutanée telle :
orteils pâles, décolorés ou bleutés;
pied froid au toucher;
pouls pédieux, tibial et poplités très faibles ou absents;
possibilité de gangrène ou d’ulcère;
IPSCB : ≤ 4.
(Bryant et Nix, 2016; St‐Cyr, 2013a)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 6 – Ulcère des membres inférieurs 32
Épidémiologie
La maladie artérielle périphérique est responsable de 15 % des ulcères des membres inférieurs (Marin et Woo, 2017).
Elle affecte le tiers de la population âgée de 65 ans et plus (Bryant et Nix, 2016).
Les maladies vasculaires sont fréquemment asymptomatiques (St‐Cyr, 2013).
o En fait, les symptômes de claudication sont identifiés dans 30 % des cas.
o Les autres usagers ne consultent pas soit car ils sont asymptomatiques, soit car ils sont dyspnéiques ou angineux avant de présenter de la claudication ou soit car
ils ne marchent pas ou sont sédentaires (et donc n’ont pas de symptôme).
Physiopathologie
Il existe plusieurs étiologies menant à la maladie artérielle soit :
Athérosclérose : Cause la plus commune du développement de la maladie artérielle périphérique. La formation de plaque dans les vaisseaux sanguins diminue la
lumière du vaisseau. Les cellules endothéliales des vaisseaux sont endommagées provoquant une réponse inflammatoire entrainant une fibrose et un durcissement
des vaisseaux sanguins.
Source : 123RF ‐ 37591319
Dépanocytose : maladie héréditaire caractérisée par des globules rouges en forme de croissant. Ces globules se lient les unes aux autres et causent des occlusions.
Vasculite : inflammation des parois des vaisseaux sanguins.
Thromboangéite oblitérante : implique les quatre membres. Serait liée à des facteurs prothrombotique et des cytokines inflammatoires causant la formation de
plaque.
Syndrome de compartiment.
Syndrome d’embolie aiguë.
Traumatisme artériel.
(Bryant et Nix, 2016)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 6 – Ulcère des membres inférieurs 33
Facteurs de risque
Facteurs de risque modifiable Informations complémentaires
Tabagisme La nicotine cause une vasoconstriction, produit une agrégation plaquettaire et la formation de caillot. Le monoxyde de carbone
et le cyanure d’hydrogène ont également des effets négatifs sur le système vasculaire.
Selon St‐Cyr (2013a), une seule cigarette diminue la circulation sanguine de 30 % pendant une heure.
Diabète Provoque des phénomènes physiologiques au niveau des vaisseaux sanguins et se manifeste par :
une vasoconstriction des vaisseaux;
une hypercoagulabilité;
une surproduction des muscles lisses vasculaires.
Chaque 1 % d’augmentation de l’HbA1c = Augmentation 28 % du risque mort et 10 fois plus probable de progresser vers l’ischémie
critique des membres inférieurs suivie d’une amputation (Bryant et Nix, 2016).
Hypertension artérielle L’hypertension artérielle est associée à un risque élevé de maladie cardiovasculaire, incluant la maladie vasculaire périphérique.
Dyslipidémie Les niveaux de cholestérol élevé, les LDL, les triglycérides et la lipoprotéine sont des facteurs de risque au développement des
maladies artérielles. Une augmentation du cholestérol total de 10 mg/dl augmente de 10 % le risque de maladie artérielle
périphérique (Bryant et Nix, 2016).
Facteurs prédisposants Facteurs de risque non modifiable Facteurs émergents
Obésité Âge avancé (65 ans et plus) Infection
Inactivité Homme Hyperhomocysteinémie
Alimentation Statut postménopause Insuffisance rénale chronique
Stress Antécédents familiaux Inflammation
Isolement social Ethnicité afroaméricaine
(Bryant et Nix, 2016; Doughty et McNichol, 2016; St‐Cyr, 2013a)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 6 – Ulcère des membres inférieurs 34
.
Manifestations cliniques de la maladie artérielle périphérique
Caractéristiques Informations complémentaires
Douleur Le site de la douleur est un indicateur du niveau de l’occlusion :
pied : artère infrapoplitée;
mollet : artère fémorale superficielle;
hanche ou fesse : artère iliofémorale.
Il est à noter que la neuropathie périphérique peut masquer ce symptôme (Bryant et Nix, 2016).
Claudication intermittente
Se manifeste par une douleur crampiforme survenant à la marche et soulagée rapidement par le repos. Signifie qu’il y a une
ou plusieurs artères atteintes dans le membre inférieur.
Douleur nocturne
Se manifeste par une douleur dans le pied alors que l’usager est au lit. Est causée par une combinaison de surélévation des
membres inférieurs et une diminution du débit cardiaque. Est soulagée lorsque l’usager abaisse ses jambes.
Douleur au repos
Se manifeste en l’absence d’une activité physique sans égard au positionnement des membres inférieurs. Signifie
habituellement une occlusion d’une artère de 90 %.
Poils Poils absents ou en petite quantité pouvant être expliqué par un apport sanguin insuffisant pour supporter la croissance
normale du follicule pileux.
Ongles Ongles épais, jaunes et cassants.
Coloration de la peau Pâle ou ischémique en position couchée.
Devient rouge pourpre en déclive en raison de la dilatation des artérioles de surface en réaction à l’apport sanguin insuffisant.
Sensibilité tactile Diminuée.
Œdème Habituellement absent.
Lorsque présent, peut être variable et relié à la position de la jambe ou à des maladies coexistantes.
Pouls Faible ou absent.
Température du membre Une froideur au toucher (dans un environnement tempéré ou chaud).
(Bryant et Nix, 2016; Doughty et McNichol, 2016, St‐Cyr, 2013a)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 6 – Ulcère des membres inférieurs 35
Diagnostic de la maladie artérielle périphérique
Une évaluation complète des membres inférieurs est recommandée. Consulter Évaluation des membres inférieurs (F5) et l’interprétation de ceux‐ci.
Prise du pouls tibial postérieur et pédieux
Doppler à ondes entretenues (doppler portatif)
Temps de remplissage capillaire
Test de coloration du membre inférieur
Indice de pression systolique cheville‐bras (IPSCB)
Test à l’effort
Le duplex artériel
Indice premier orteil (IPO)
Pléthysmographie / Étude des ondes artérielles
Pression d’oxygène transcutanée (TcPO2)
Pression de perfusion à la peau
Angiographies.
Complications de la maladie artérielle périphérique
Complications Informations complémentaires
L’infection L’ischémie augmente les risques d’infection due à la réduction de l’apport sanguin et à une réponse inflammatoire diminuée.
Peut se présenter sans signe clinique.
Chez les usagers neuro‐ischémique, l’infection peut être silencieuse.
La gangrène Dû à une diminution de la circulation artérielle, la plaie s’assèche et les tissus nécrosent.
L’amputation Intervention de dernier recours lors :
d’ischémie irréversible;
d’infection invasive.
Classification de l’insuffisance artérielle (Leriche et Fontaine)
Stade Description
I Asymptomatique, mais disparition d’un ou de plusieurs pouls traduisant l’oblitération d’un ou de plusieurs troncs artériels.
II Ischémie musculaire à l’effort, se manifestant par une claudication intermittente à la marche. À ce stade, le débit sanguin au repos est
suffisant.
II A Marche plus de 200 mètres sans douleur.
II B Marche moins de 200 mètres sans douleur (ou atteinte des activités de la vie quotidienne).
III Ischémie tissulaire permanente. Le débit au repos est limité. En position debout, la pression hydrostatique assure une perfusion
limitée. En position couchée, l’absence de la pression hydrostatique fait apparaître des phénomènes ischémiques entrainant des
douleurs.
IV Ischémie avancée avec des troubles trophiques, ulcérations et gangrènes.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 6 – Ulcère des membres inférieurs 36
(Doughty et McNichol, 2016; St‐Cyr, 2013a)
Traitement de la maladie artérielle périphérique
La présence de maladie artérielle périphérique signifie la présence de maladie coronarienne ou carotidienne sous‐jacente. À cinq ans, 10 % des usagers qui claudiquent
présenteront une détérioration de leur condition menant à une intervention chirurgicale. Cela veut dire qu’il faut que l’usager atteint d’une maladie artérielle périphérique
soit dirigé vers une équipe médicale afin qu’un antiplaquettaire, un contrôle du diabète (si présent), un arrêt tabagique, une statine (DLPD) ou un inhibiteur de l’enzyme de
conversion (HOPE trail) soit évalué et prescrit afin de diminuer le risque de mortalité (révisé par Dr Despatis, M. A. chirurgien vasculaire, 2017).
Habitudes de vie
Les modifications des habitudes de vie sont des stratégies simples ayant pour but d’améliorer la perfusion sanguine et éviter une détérioration. Dans certains cas, le
changement des habitudes de vie se fera en combinaison avec une approche chirurgicale. Il ne faut pas sous‐estimer l’effet bénéfique des changements d’habitude de vies
tels que :
cessation du tabagisme;
contrôle du diabète;
contrôle de l’hypertension artérielle;
contrôle de la dyslipidémie.
Programme de marche supervisé
Pour les usagers ayant une maladie artérielle périphérique de légère à modéré ou ayant subi un traitement chirurgical avec revascularisation, les programmes de marche ont
démontré leur efficacité dans l’amélioration de la distance de marche.
Programme supervisé composé de session de 30 à 60 minutes alternant entre la marche (ou jusqu’au point de douleur) et le repos. Il est à noter que l’usager ayant
des douleurs après deux minutes de marche aura besoin d’un temps similaire, voire supérieur pour être soulagé par le repos (Doughty et McNichol, 2016; Bryant et
Nix, 2016).
Traitements pharmacologiques
Agent antiplaquettaire (aspirine ou clopidogrel)
Réduit l’agrégation plaquettaire.
Réduit la mobilité et la mortalité des maladies cérébrovasculaires et cardiovasculaires.
Vasodilatateur (pentoxifylline)
Provoque une vasodilatation systémique :
o améliore la distance de marche;
o réduit la claudication intermittente;
o améliore la perfusion sanguine;
o a un impact favorable sur les lipoprotéines plasmiques.
Statines (hypolipidémiants)
Traite de l’athérosclérose systémique.
Augmente la perméabilité des pontages et greffes :
o améliore la perfusion sanguine,
o améliore la distance de marche,
o réduit les risques de maladies cardiovasculaires.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 6 – Ulcère des membres inférieurs 37
Niacine ou vitamine B6
Diminue le taux de triglycérides.
Prise d’analgésiques
Soulage la douleur chez les usagers ayant une ischémie critique du membre inférieur.
Améliore la perfusion car l’analgésie prévient la vasoconstriction induite par la stimulation sympathique (Doughty et McNichol, 2016; Bryant et Nix, 2016).
Inhibiteur de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (Ramipril)
Provoque une vasodilatation systémique.
Améliore la distance de marche.
(Ahimastos et coll., 2013)
Traitements chirurgicaux
Le traitement chirurgical vise une revascularisation suite à l’identification des niveaux de sténose ou d’occlusion par une angiographie ou un angioscan. Majoritairement trois
raisons vont conduire à une revascularisation, soit une ischémie critique du membre inférieur, un ulcère artériel qui ne guérit pas ou une claudication intermittente limitante.
Procédure endovasculaire
Chirurgie moins invasive que le pontage, la procédure endovasculaire se fait sous anesthésie locale.
Endoprothèse (stents).
Dilatation percutanée (angioplastie).
Le pontage
Le pontage est une procédure invasive et ayant plus de risque de l’angioplastie. Peut être réalisé chez les usagers ayant une veine saphène saine (autologue) ou avec
l’utilisation d’une prothèse synthétique. Cette procédure est en générale plus durable qu’une procédure endovasculaire, mais n’est presque plus pratiqué en raison des
excellents résultats des angioplasties (endovasculaires) iliaques (Despatis, 2017; Doughty et McNichol, 2016; Bryant et Nix, 2016).
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 6 – Ulcère des membres inférieurs 38
L’ULCÈRE ARTÉRIEL
Physiopathologie de l’ulcère artériel
Occlusion progressive des artères par l’athérome
Réduction du débit sanguin
Diminution O2
Diminution de l’apport des nutriments essentiels
Détérioration progressive de tissus
Ischémie et nécrose tissulaire
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 6 – Ulcère des membres inférieurs 39
Caractéristiques de l’ulcère artériel
Éléments d’évaluation Caractéristiques
Localisation de l’ulcère Surtout aux pieds, orteils (extrémités)
Points de pression
Taille et forme de l’ulcère Ponctiformes (emporte‐pièce)
Bords de la plaie Définis
Lit de la plaie Pâle ou tissu non viable
Profond
Peau environnante Peu d’œdème
Extrémités froides, pâles, bleutées
Peau luisante et tendue
Téguments secs
Exsudat Léger
Pouls pédieux et tibial postérieur Diminué ou absent
Température du pied Froid
Couleur de la peau Pâle
Douleur Ischémique (Claudication intermittente/ Douleur nocturne/ Douleur au repos)
Potentiel de cicatrisation Absent
Présent, si revascularisation
(Bryant et Nix, 2016; Alavi et coll., 2016b)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 6 – Ulcère des membres inférieurs 40
Traitement local de l’ulcère artériel
Traitement local de l’ulcère artériel non revascularisé
L’évaluation de l’apport sanguin au niveau de la plaie afin de déterminer le potentiel de cicatrisation de l’ulcère artériel est essentielle à la planification d’un plan de soins et
de traitements infirmiers. Une diminution de l’apport sanguin ou une occlusion artérielle réduit le potentiel de cicatrisation. Une intervention visant le rétablissement ou
l’amélioration du réseau artériel s’impose au préalable. Le traitement de l’ulcère artériel non revascularisé est basé sur la gestion des complications potentielles.
Les objectifs de soins sont :
diminution ou contrôle de la charge bactérienne;
éviter les traumatismes.
Selon St‐Cyr et Martineau (2013), les ulcères artériels nécrotiques et fermés, couverts d’une escarre intacte et sans signes d’infection ne devrait pas être débridés car
l’escarre offre une protection contre l’invasion des microorganismes et, par le fait même, diminue le risque d’infection. L’utilisation quotidienne d’un antiseptique et d’une
compresse sèche est conseillée. Pour les orteils ayant une escarre sèche bien délimitée, l’utilisation d’un antiseptique favorise le processus d’autoamputation naturelle. Afin
de limiter un excès d’humidité entre les orteils, ou la fusion de deux orteils, l’application de compresses sèches est conseillé.
Traitement local de l’ulcère artériel revascularisé (IPSCB ≥ 0,6)
Le traitement de l’ulcère artériel revascularisé doit toujours impliquer le médecin traitant qui sera en mesure de déterminer l’efficacité de la revascularisation et d’établir le
potentiel de cicatrisation. Un traitement conservateur est toujours à privilégier en cas de doute. Lorsque la perfusion sanguine est rétablie, le concept TIME et les principes de
base pour les plaies peuvent être appliqués. Toutefois, les ulcères artériels nécrotiques et fermés, couverts d’une escarre intacte et sans signes d’infection ne devraient pas
être débridés, car l’escarre offre une protection contre l’invasion des microorganismes et, par le fait même, diminue le risque d’infection. L’utilisation quotidienne d’un
antiseptique et d’une compresse sèche est conseillée (Bryant et Nix, 2016; St‐Cyr, 2013b).
L’oxygénothérapie hyperbare a démontré une amélioration du niveau d’oxygène des tissus ischémiques aux régions où l’apport sanguin est présent. Il supporte également
l’angiogenèse et la cicatrisation des plaies.
Elle est recommandée aux usagers ayant :
une ischémie sévère et n’étant pas candidats à la revascularisation;
bénéficié d’une revascularisation, mais démontrant des signes d’hypoxémie des tissus ou ayant un retard de cicatrisation.
Consulter Traitements adjuvants (F11) pour d’autres options de traitement après revascularisation.
Bien que peu d’études supportent cette pratique, l’usage de compression pneumatique intermittente favoriserait le retour veineux sans compromettre le réseau artériel et
améliorerait la perfusion distale.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 6 – Ulcère des membres inférieurs 41
L’ULCÈRE MIXTE
L’ulcère mixte résulte d’une combinaison de signes et de symptômes associés à la fois à la maladie veineuse et à la maladie artérielle ou, dans certains cas, d’une combinaison avec :
diabète ou neuropathie périphérique;
arthrite rhumatoïde;
vasculite;
insuffisance cardiaque décompensée.
(Hedayati et coll., 2015; Harding et coll., 2015)
Épidémiologie
La coexistence de maladie artérielle et veineuse est présente chez 26 % des usagers ayant des ulcères des membres inférieurs. (Hedayati et coll., 2015; Harding et coll., 2015)
Diagnostic
L’identification de l’étiologie de la plaie est un incontournable à la planification d’un plan de soins et traitements infirmiers. L’évaluation de la qualité du réseau artériel est
essentielle à l’initiation de certaines interventions cliniques telles le débridement et la compression veineuse. À cet effet, il est important de tenir compte de l’évaluation
globale de l’usager. Consulter Évaluation des membres inférieurs (F5) et Collecte de données et l’évaluation de la plaie (F9)
Caractéristiques
L’ulcère mixte possède des caractéristiques de la maladie veineuse chronique. Surajouté à ces symptômes, l’un des éléments suivants est présent :
IPSCB : ˂ 0,9 ou > 1,3;
absence de pouls;
symptômes de maladie artérielle (claudication intermittente, douleur au repose) et ce, même si l’IPSCB est dans les valeurs normales;
diabète/ neuropathie périphérique;
arthrite rhumatoïde;
insuffisance cardiaque décompensée.
Cependant, malgré une évaluation exhaustive de la situation clinique, il s’avère très difficile de diagnostiquer clairement un ulcère mixte (Hedayati et coll., 2015; Harding et coll., 2015).
Interventions
En présence d’un ulcère mixte, il importe de discuter avec le médecin traitant afin de déterminer l’étiologie prioritaire soit l’ulcère veineux ou l’ulcère artériel avant de
planifier un plan de soins et traitements infirmiers. La collaboration de l’équipe interdisciplinaire aide à optimiser le plan de traitement de ce type d’ulcère.
En présence d’une incertitude concernant l’atteinte du réseau artériel et l’apport sanguin au niveau de la plaie, l’approche thérapeutique sécuritaire à privilégier est de :
NE JAMAIS EFFECTUER DE DÉBRIDEMENT;
NE JAMAIS APPLIQUER DE PANSEMENT MAINTENANT LA PLAIE DANS UN MILIEU HUMIDE;
NE JAMAIS APPLIQUER UNE COMPRESSION VEINEUSE 30‐40 mm Hg.
Compression modifiée pour usagers ayant une atteinte mixte
Compte tenu que l’œdème peut compromettre la perfusion, des stratégies visant le contrôle de l’œdème sont indiquées :
IPSCB entre 0,5‐0,8 : une compression modifiée (entre 20 et 30mmHg) à utiliser sous supervision étroite;
IPSCB ≤ 0,5 : favoriser la surélévation légère des jambes ou l’utilisation de compression pneumatique intermittente;
Encourager l’usager à faire les exercices de Buerger.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 6 – Ulcère des membres inférieurs 42
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Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 6 – Ulcère des membres inférieurs 44
FASCICULE 7
Ulcère du pied diabétique
TABLE DES MATIÈRES – FASCICULE 7
LE DIABÈTE ....................................................................................................................................................................................................................................... 1
ÉPIDÉMIOLOGIE/POPULATION CANADIENNE ........................................................................................................................................................................................................... 1
CLASSIFICATION DES TYPES DE DIABÈTE .................................................................................................................................................................................................................. 2
FACTEURS DE RISQUE DU DIABÈTE ........................................................................................................................................................................................................................ 3
TEST DIAGNOSTIQUE DU DIABÈTE ......................................................................................................................................................................................................................... 4
TRAITEMENT DU DIABÈTE ................................................................................................................................................................................................................. 4
HABITUDES DE VIE ............................................................................................................................................................................................................................................. 4
CONTRÔLE OPTIMAL DE LA GLYCÉMIE CHEZ LA PERSONNE DIABÉTIQUE ......................................................................................................................................................................... 6
TRAITEMENT PHARMACOLOGIQUE ........................................................................................................................................................................................................................ 6
COMPLICATIONS DU DIABÈTE ............................................................................................................................................................................................................................... 7
ANATOMIE DU PIED ........................................................................................................................................................................................................................ 14
ULCÈRE DU PIED DIABÉTIQUE ......................................................................................................................................................................................................... 16
FACTEURS DE RISQUE DE L’ULCÈRE DU PIED DIABÉTIQUE .......................................................................................................................................................................................... 16
PHYSIOPATHOLOGIE DE L’ULCÈRE DU PIED DIABÉTIQUE ........................................................................................................................................................................................... 17
L’INFECTION DU PIED DIABÉTIQUE ...................................................................................................................................................................................................................... 19
OUTIL DE DÉPISTAGE DU RISQUE DE DÉVELOPPER UN ULCÈRE DU PIED DIABÉTIQUE ....................................................................................................................................................... 22
CARACTÉRISTIQUES D’UN ULCÈRE DU PIED DIABÉTIQUE ................................................................................................................................................................. 23
CLASSIFICATION D’UN ULCÈRE DU PIED DIABÉTIQUE ....................................................................................................................................................................... 25
UNIVERSITÉ DU TEXAS ..................................................................................................................................................................................................................................... 25
PEDIS .......................................................................................................................................................................................................................................................... 26
WAGNER ...................................................................................................................................................................................................................................................... 26
INTERVENTIONS PRÉVENTIVES ET CURATIVES SELON LE NIVEAU DE RISQUE D’ULCÉRATION ............................................................................................................ 27
TRAITEMENT DE L’ULCÈRE DU PIED DIABÉTIQUE ............................................................................................................................................................................. 29
LA CHAUSSURE ............................................................................................................................................................................................................................................... 30
LES ORTHÈSES PLANTAIRES ................................................................................................................................................................................................................................ 31
LA MISE EN DÉCHARGE ................................................................................................................................................................................................................... 32
ASSURANCES PRIVÉES OU COLLECTIVES, CSST, SAAQ ............................................................................................................................................................................................ 36
RÉGIE DE L’ASSURANCE MALADIE DU QUÉBEC (RAMQ) – PROGRAMME D’APPAREILS SUPPLÉANT À UNE DÉFICIENCE PHYSIQUE ........................................................................................... 36
DISTINCTION ENTRE LES PROFESSIONNELS DE LA SANTÉ ........................................................................................................................................................................................... 36
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 7 – Ulcère du pied diabétique i
LE DIABÈTE
Le diabète est une maladie métabolique chronique caractérisée par un défaut de la production d’insuline du pancréas ou une incapacité à utiliser l’insuline produite.
L’insuline étant l’hormone qui contrôle le niveau de glucose sanguin, cette maladie entraine une hyperglycémie qui endommage les organes, les vaisseaux sanguins et
les nerfs (Diabetes Canada, 2018).
Épidémiologie/population canadienne
Prévalence
Selon l’Association canadienne du diabète :
o au Canada, en 2015, la prévalence est de 9,3 % (Diabetes Canada, 2018b);
o en 2005, 1,8 million de Canadiens ont reçu un diagnostic de diabète et les chercheurs ont estimé qu’en 2016, il y aurait 2,4 millions de diabétiques au
Canada (2008). Ces chercheurs se sont trompés, car en 2015, le nombre de diabétique a grimpé à 3,4 millions de Canadiens, soit nettement plus que leurs
projections initiales;
o d’ici 2030, 1 personne sur 10 souffrira du diabète.
Selon le Registered Nurses' Association of Ontario (2013) :
o de 10 à 15 % des usagers diabétiques souffrent du diabète de type 1, tandis que 90 % ont un diabète de type 2.
Selon l’Agence de la santé publique du Canada (2011), le Canada se retrouve au 3e rang des pays ayant la plus grande prévalence de personnes diabétiques, et
ce, à travers les pays d’Europe, l’Amérique du Nord et l’Océanie.
Morbidité
Selon l’Association canadienne du diabète (2018b), un usager diabétique, comparativement à la population en général, est :
3 fois plus à risque d’être hospitalisé pour une maladie cardiovasculaire;
12 fois plus à risque d’être hospitalisé pour une insuffisance rénale terminale;
20 fois plus à risque d’être hospitalisé pour une amputation.
Chaque 1 % d’augmentation du taux d’HbA1c représente :
une augmentation de 28 % du risque de mortalité;
un risque 10 fois plus élevé de progresser vers l’ischémie critique des membres inférieurs et l’amputation (Bryant et Nix, 2016).
Mortalité
En 1999, 2,6 % des décès ont été attribués au diabète en comparaison à 3 % en 2016 (OMS, 2016).
Le diabète est la 7e cause de décès au Canada (OMS, 2016).
Le diabète est la première cause de cécité chez les personnes âgées de moins de 65 ans.
(Diabète Québec, 2017)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 7 – Ulcère du pied diabétique 1
Coût
Au Canada :
Cinquante‐sept pour cent (57 %) des diabétiques canadiens affirment qu’ils ne suivent pas les traitements prescrits en raison du coût important relié aux
fournitures de soins et aux médicaments qui représente plus de 3 % de leurs revenus ou plus de 1 500 $ annuellement (Canadian Diabetes Association, 2011).
En 2015, les coûts indirects et directs reliés au diabète étaient d’environ 17 141 888 000 $ (Diabète Québec, 2017).
Au Québec, le diabète entraine des coûts directs et indirects de près de 3 milliards de dollars annuellement. Ceci inclut seulement les coûts liés à une chirurgie,
à une hospitalisation, à la médication et aux fournitures et appareils de soins, mais exclut les coûts liés à la réadaptation à la suite d’une chirurgie majeure ou
d’une amputation (Diabète Québec, 2017).
Classification des types de diabète
Classification Caractéristiques
Type 1 Résulte de la destruction des cellules bêta des îlots de Langerhans du pancréas qui entraine une insuffisance totale en
Auto‐immune insuline.
Idiopathique Attribuable à un processus auto‐immun ou à une cause inconnue (idiopathique).
Le diabète de type 1 se manifeste habituellement chez les personnes de 40 ans et moins.
Type 2 Résulte d’une production insuffisante d’insuline par le pancréas ou d’une incapacité à utiliser l’insuline produite
(insulinorésistance).
Se manifeste habituellement chez les personnes de 40 ans et plus.
Diabète gestationnel Résulte d’une incapacité à utiliser l’insuline (intolérance au glucose) au cours de la grossesse.
Autres types Diabète secondaire pouvant être induit par un défaut génétique des cellules bêta du pancréas, un défaut génétique dans
l’action de l’insuline, une maladie du pancréas exocrine, une endocrinopathie, l’utilisation de certains médicaments, une
infection ou autres syndromes génétiques.
(Goldenberg et Punthakee, 2013)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 7 – Ulcère du pied diabétique 2
Facteurs de risque du diabète
Diabète de type 1
Facteurs génétiques;
Recherches en cours pour déterminer les facteurs de risque.
Diabète de type 2
Âge : 40 ans et plus;
Sexe : homme plus vulnérable que la femme;
Facteurs génétiques : parent du 1er degré atteint de diabète de type 2;
Population à risque : Autochtones, Hispaniques, Sud‐Asiatiques, Asiatiques, Africains;
Antécédents de prédiabète;
Accouchement d’un enfant ayant un poids élevé à la naissance;
Antécédents de diabète gestationnel;
Maladies associées :
o Syndrome des ovaires polykystiques,
o Acanthosis nigricans,
o Apnée du sommeil,
o Désordre psychologique (maladie bipolaire, dépression, schizophrénie),
o Infection par le VIH;
Facteurs de risque de maladies vasculaires :
o Cholestérol (HDL) : ˂ 1,0 mmol/L (homme) et ˂ 1,3 (femme),
o Dyslipidémie (DLPD),
o Hypertension artérielle;
Embonpoint et obésité abdominale;
Utilisation de certains médicaments comme les glucocorticoïdes ou les antipsychotiques atypiques;
Présence de lésions au pancréas ou aux organes cibles du diabète .
(Ekoé et coll., 2013; Diabète Québec, 2017)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 7 – Ulcère du pied diabétique 3
Test diagnostique du diabète
TRAITEMENT DU DIABÈTE
Habitudes de vie
Activité physique
Augmente la santé cardiovasculaire;
Augmente le niveau d’énergie;
Améliore le contrôle glycémique;
Diminue la résistance à l’insuline;
Aide à la gestion de la dyslipidémie;
Aide à la gestion de l’hypertension artérielle;
Permet une saine gestion du poids.
Activité physique modérée à
Favoriser une activité
intense permet de réduire Considérer l'activité comme
physique d'environ 150
l'incidence des problèmes une partie du traitement
minutes par semaine
cardiovasculaires de 39 à 70 %
(Sigal et coll., 2013)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 7 – Ulcère du pied diabétique 4
Alimentation
Permet une gestion des glycémies;
Permet une saine gestion du poids;
Augmente la sensibilité à l’insuline;
Aide à la gestion de l’hypertension artérielle;
Aide à la gestion de la dyslipidémie.
Favoriser une alimentation Une alimentation saine permet
De 80 à 90 % des diabétiques
riche en fibres, faible en gras de réduire de 1 à 2 %
présentent un surplus de poids
saturés et réduite en calories l'hémoglobine glyquée
ou sont obèses.
(HbA1c).
(Dworatzek et coll., 2013)
Alcool
Peut masquer les hypoglycémies;
Hypoglycémiant (réduit la production de glucose par le foie);
Augmente les cétones;
Augmente l’hypertension artérielle;
Entraine une prise de poids.
(Dworatzek et coll., 2013)
Gestion du stress
Le stress entraine la sécrétion de catécholamines, de cortisol, de glucagon et de l’hormone de croissance, ce qui provoque une hausse de la glycémie.
(Diabetes Canada, 2018c)
Tabagisme
Augmente les complications reliées au diabète (atteintes micro et macrovasculaire, système nerveux…);
Augmente le risque de développer des plaies en raison d’une mauvaise circulation sanguine et ralentit le processus de cicatrisation.
(Wounds Canada, 2018; Dwortatzek et coll., 2013; Sigal et coll., 2013; Comité d’experts des Lignes directrices de pratique clinique de l’Association canadienne du diabète, 2013)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 7 – Ulcère du pied diabétique 5
Contrôle optimal de la glycémie chez la personne diabétique
Épreuves Résultats
Glycémie capillaire à jeun Valeurs de référence :
entre 4,0 et 7,0 mmol/L à jeun ou avant un repas
entre 5,0 et 10,0 mmol/L 2 heures après le début du repas
Hémoglobine glyquée (HbA1c) < 7 %
(Diabète Québec, 2017)
Traitement pharmacologique
Insulinothérapie
L’insulinothérapie demeure la pierre angulaire du traitement du diabète de type 1. Les préparations d’insuline sont classées en fonction de leur durée
d’action, leur délai d’action et du moment de leur activité maximale.
L’insuline peut être administrée avec une seringue, un stylo injecteur (facilite l’administration de multiples injections d’insuline) ou une pompe (perfusion
continue sous‐cutanée d’insuline).
L’usager doit recevoir un enseignement axé sur l’utilisation et l’administration de l’insuline, les symptômes et le traitement de l’hypoglycémie, l’alimentation,
l’activité physique et l’autosurveillance de la glycémie.
(McGibbon et coll., 2013)
Hypoglycémiants oraux
Le choix du traitement du diabète de type 2 dépend du degré d’hyperglycémie, des risques d’hypoglycémie, de l’efficacité de la médication à réduire les
complications, de l’effet de la médication sur le poids de l’usager, des effets secondaires, des comorbidités, de la capacité de l’usager à adhérer au traitement
et de ses préférences.
L’usager doit aussi recevoir un enseignement individualisé et un accompagnement pour modifier ses habitudes de vies.
(McGibbon et coll., 2013)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 7 – Ulcère du pied diabétique 6
Complications du diabète
Maladies cardiovasculaires et maladies artérielles périphériques
Selon St‐Cyr et Martineau (2017), la diminution du diamètre des artères est expliquée par une accumulation de sels de calcium et de cholestérol qui se durcit et forme
des plaques occasionnant une perte d’élasticité, appelée artériosclérose. Cliniquement, la présence de ces plaques diminue chroniquement l’apport en nutriments et
en oxygène aux cellules et occasionne une incapacité pour l’organisme à fournir un débit sanguin plus élevé lorsque les demandes métaboliques augmentent.
Maladies cardiovasculaires associées :
maladie coronarienne;
accident vasculaire cérébral;
maladie vasculaire périphérique.
Le diabète est un facteur de risque du développement de la MAP et ce risque augmente au fur et à mesure que le diabète évolue. De ce fait, les usagers diabétiques
sont deux à quatre fois plus susceptibles de développer une MAP que la population en général (St‐Cyr et Martineau, 2017). Selon Bryant et Nix (2016), l’usager diabétique
atteint d’une MAP est cinq fois plus à risque de subir une amputation.
Consulter Ulcère des membres inférieurs (F6)
Atteinte vasculaire Caractéristiques Signes et symptômes
Peut être asymptomatique;
Atteinte macrovascualire Chez l’usager diabétique, la MAP affecte principalement les artères
tibiales antérieure et postérieure ou l’artère péronière. L’artère Claudication intermittente;
pédieuse, quant à elle, est exclue. Absence de pouls pédieux et tibial postérieur;
Coloration pâle;
(St‐Cyr et Marineau, 2017) Température froide;
Douleur ischémique;
Atteinte microvasculaire Spécifique à l’usager diabétique. L’hyperglycémie prolongée et la Nécrose sèche;
résistance à l’insuline entrainent des changements métaboliques qui Perte de poils, ongles trophiques;
ont un effet synergique. Ces changements expliquent la dysfonction Peau luisante, mince et sèche.
microvasculaire et contribuent à l’apparition d’infections et d’ulcères
aux pieds.
(St‐Cyr et Martineau, 2017)
(Bryant et Nix, 2016; RNAO, 2013; St‐Cyr et Martineau, 2017)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 7 – Ulcère du pied diabétique 7
Néphropathie (complication microvasculaire)
Augmentation graduelle de la protéinurie chez un usager diabétique de longue date, suivi d’un dysfonctionnement rénal et, ultimement, d’une insuffisance rénale au
stade terminal. Selon Garceau (2013), la néphropathie peut s’exprimer de deux façons : par une albuminurie/microalbuminurie ou par une augmentation de la
créatinine sanguine et de la filtration glomérulaire.
L’albuminurie (ou la microalbuminurie) se définit comme une excrétion urinaire d’albumine se situant entre 30 et 300 mg/jour. Si elle atteint un taux de plus de
300 mg/jour, on parle alors d’une macroalbuminerie.
Progression de la néphropathie :
Macroalbuminurie Hypertension
Hyperfiltration Microalbuminurie Insuffisance rénale
artérielle
Rétinopathie (complication microvasculaire)
L’hyperglycémie contribue à la calcification et à l’épaississement prématuré des vaisseaux sanguins qui irriguent l’œil. Le glaucome et les cataractes tendent à apparaitre
prématurément chez les diabétiques, mais le diabète n’en est pas la cause principale (Diabète Québec, 2017). Selon Boyd, Advani, Altomare et Stockl (2013), la rétinopathie
occasionne une augmentation des chutes, une hausse des fractures de la hanche secondaires aux chutes et un taux de mortalité quatre fois plus élevé.
Il existe 3 formes de rétinopathie diabétique :
œdème maculaire (fuite vasculaire de la macula);
rétinopathie non proliférante (altération des vaisseaux sanguins);
occlusion vasculaire.
Neuropathie
L’hyperglycémie contribue à la démyélinisation de la gaine de myéline conduisant à une diminution de la conduction des influx nerveux. Il existe 3 types de
neuropathies : neuropathie sensitive, neuropathie motrice et neuropathie autonome. La neuropathie symptomatique survient dans les dix ans suivant l’apparition du
diabète chez 40 à 50 % des diabétiques. Elle est irréversible.
(Wounds Canada, 2018)
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Neuropathie sensitive
Les nerfs sensitifs exercent de multiples fonctions comme la transmission au cerveau de stimuli
concernant la température, la douleur, la pression et la position du pied... L’atteinte du
système nerveux périphérique engendré par une hyperglycémie entraine une réduction de la
Hyperglycémie
conduction nerveuse et une ischémie des nerfs. La neuropathie sensorielle sensitive touche
principalement les membres inférieurs, mais elle peut affecter les organes internes comme le
cœur, les organes génitaux, l’estomac, les intestins et la vessie. (Diabète Québec, 2017)
Les nerfs endommagés produiront des douleurs intenses, généralement décrites sous forme de
Démyélinisation segmentaire de la gaine
brûlures, de fourmillements, de picotements et de décharges électriques qui s’intensifient de myéline
souvent durant la nuit (OIIQ, 2007). La phase douloureuse peut durer de huit à dix ans avant de
faire place à une insensibilité (St‐Cyr et Martineau, 2017). Cette perte de sensation empêche
l’usager de ressentir les traumatismes suivants :
pression associée à la marche; Altération de la conduction nerveuse
pression associée au port de chaussures inadéquates;
pénétration de corps étrangers (caillou, vitre, aiguille…) dans le pied.
Questions de dépistage :
Vos pieds sont‐ils parfois engourdis? Perte de sensibilité et de perception
Ressentez‐vous parfois des picotements?
Ressentez‐vous parfois une sensation de brûlure?
Ressentez‐vous parfois des fourmillements?
Une réponse positive à l’une des 4 questions indique la présence d’un symptôme de
neuropathie sensorielle. (St‐Cyr et Martineau, 2017) Traumatisme indolore
Signes et symptômes
Perte de sensation
Ataxie sensitive
Hausse des chutes Ulcère
Callosité
Consulter Évaluation des membres inférieurs (F5)
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Neuropathie autonome ou végétative
Les nerfs autonomes ou végétatifs
contrôlent les fonctions biologiques comme la Hyperglycémie
thermorégulation et la sudation. L’hyperglycémie entraine une dénervation des nerfs
sympathiques, ce qui cause une diminution ou une absence de sudation favorisant le
développement de durillons, de callosités et de fissures (St‐Cyr et Martineau, 2017).
Signes et symptômes
Dénervation des nerfs sympathiques
Anhidrose
(système nerveux autonome)
Crevasses
Callosit
Macération
Perte de poils Diminution de la thermorégulation
Œdème périphérique Diminution de la sudation
Peau luisante Diminution du contrôle des vaisseaux sanguins
Onychomycose (dimension/tonus)
Difformité du pied
Pouls pédieux bondissant
Consulter Évaluation des membres inférieurs (F5) Diminution de la production de sébum et de sueur
Perte du contrôle de la température
La neuropathie autonome peut causer une ouverture des shunts artérioveineux (aussi appelés Shunt artérioveineux
anastomoses artérioveineuses) entre les artérioles et les veinules (microcirculation). Ces shunts
artérioveineux agissent comme des canaux de dérivation entre les artères et les veines quand le
réseau de capillaires n’assure plus adéquatement la communication. Sans le contrôle du système
autonome, le débit sanguin dans les artérioles, les shunts et les veinules augmente, mais diminue
dans les capillaires, ce qui conduit à un manque d’éléments nutritifs au niveau de la peau et Anhidrose
entraine, conséquemment, de l’œdème et une ostéopénie.
Fissures, crevasses, callosités
Ulcère
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 7 – Ulcère du pied diabétique 10
Neuropathie motrice
Dénervation des nerfs moteurs contrôlant les mouvements et le tonus du pied conduisant à une Hyperglycémie
déformation du pied, à une distribution anormale du poids et à une altération de la démarche.
L’hyperglycémie entraine la glycosylation non enzymatique de certaines protéines, ce qui
provoque un épaississement de la membrane basale et une diminution de la mobilité articulaire.
(Doughty et McNicol, 2016; Bryant et Nix, 2016)
Signes et symptômes :
Dénervation des nerfs moteurs
Diminution de la force musculaire
Rétrécissement du tendon d’Achille
Déformation du pied :
o Orteils en marteau ou en griffe Altération du tonus musculaire
o Saillie des têtes métatarsiennes
o Pied plat Diminution du contrôle des mouvements du pied
o Pied creux
o Pied de Charcot
o Cheville équine
o Hallux valgus. Déformation du pied
Déplacement des coussins adipeux
Consulter Évaluation des membres inférieurs (F5) Modification de la marche
(St‐Cyr et Martineau, 2017; Doughty et McNicol, 2016; Bryant et Nix, 2016; RNAO, 2013)
Hyperpression, friction, cisaillement
Callosité
Ulcère
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 7 – Ulcère du pied diabétique 11
Altération du système immunitaire
La personne diabétique est plus à risque de développer des infections en raison de :
l’immunosuppression qui occasionne une altération de la réponse inflammatoire;
la diminution de la qualité de la circulation périphérique;
l’altération de la fonction des leucocytes.
La glycosylation non enzymatique diminue également le chimiotactisme des neutrophiles. (RNAO, 2013)
Atteinte psychologique
Le stress psychologique entraine une activation de l’axe hypothalamo‐hypophyso‐surrénalien et la sécrétion de cortisol, ce qui contribue au déséquilibre glycémique.
Selon Diabète Québec (2017), il existe un lien entre la maladie mentale et le diabète, car les facteurs de risque sont similaires. Dans certains cas, la maladie mentale
est un facteur contributif au développement du diabète tandis que dans d’autres cas, le diabète est un facteur contributif aux problèmes de santé mentale.
Le diabète peut entrainer des effets psychologiques :
o perturbation de la qualité de vie;
o adaptation à la présence de la maladie;
o adaptation à l’observance thérapeutique;
o stress;
o manque de soutien social;
o problèmes d’ordre personnel et interpersonnel;
o fardeau financier.
Impact sur la gestion du diabète :
o difficulté à gérer son diabète;
o difficulté à se mobiliser pour prendre en charge son diabète;
o sédentarité et obésité.
Dysfonction érectile
Difficulté à avoir ou à maintenir une érection en raison d’une atteinte microvasculaire, macrovasculaire ou neuropathique. Chez la femme, le diabète peut causer une
diminution de la lubrification vaginale.
Ulcère diabétique et amputation
Les neuropathies et les maladies artérielles périphériques chez l’usager diabétique le prédisposent à l’ulcération et à l’infection, lesquelles sont intimement liées au
risque d’amputation.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 7 – Ulcère du pied diabétique 12
Pied de Charcot ou arthropathie de Charcot ou neuroarthropathie de Charcot
Complication de la neuropathie diabétique (sensitive et motrice) caractérisée par la déformation des pieds. Il s’agit de la complication la plus grave du pied diabétique.
Incidence
Apparait chez 10 % des usagers diabétiques;
Plus de 80 % des usagers ayant un diagnostic de pied de Charcot sont diabétiques depuis plus de 10 ans;
L’usager ayant un pied de Charcot a 4 fois plus de risque de développer un ulcère.
(Bryant et Nix, 2016)
Physiopathologie
La physiopathologie exacte du pied de Charcot est actuellement inconnue. La combinaison des trois types
de neuropathie semble contribuer au développement de cette déformation :
La neuropathie sensitive empêche la transmission de stimulus douloureux;
La neuropathie motrice entraine une déformation du pied;
La neuropathie autonome occasionne une diminution du contrôle des vaisseaux sanguins et leur
vasodilatation. Il s’ensuit une déminéralisation des os, ce qui rend le pied plus susceptible aux
fractures et contribue à sa déformation;
La déformation osseuse atteint surtout l’articulation tarsométatartasienne ou talo‐naviculaire.
Phases de développement Source : CIUSSS de l’Estrie – CHUS
Phases Description
0 Prodromique Caractérisée par une rougeur et une augmentation de la température du pied avec ou sans œdème. Les pouls sont bondissants.
Instabilité du pied. Ce stade peut être détecté ou non aux rayons X. Ne pas confondre avec une cellulite.
1 Développement Période de destruction aigüe induite par un traumatisme mineur résultant de la fragmentation des os, d’une dislocation ou d’une
subluxation des articulations.
2 Coalescence Phase subaigüe caractérisée par une résorption des débris d’os, une fusion des fragments osseux et la formation d’une sclérose
sur les marges osseuses.
Signes et symptômes
Diminution de l’œdème;
Déformation du pied (voûte plantaire affaissée ou bombée).
3 Reconstruction Fusion et remodelage osseux.
Signes et symptômes
Déformation du pied;
Diminution de la mobilité du pied.
(Gastaldi, Ruiz et Borens, 2013)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 7 – Ulcère du pied diabétique 13
ANATOMIE DU PIED
Le pied
Le pied comprend 26 os, 29 articulations, 42 muscles ainsi que plusieurs tendons et ligaments.
Os du pied
VUE
LATÉRALE
VUE
MÉDIALE
VUE DORSALE
Source : http://www.corpshumain.ca/Os_jambe.php#_ Source : http://www.corpshumain.ca/Os_jambe.php#_
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 7 – Ulcère du pied diabétique 14
Principaux muscles et tendons du pied
Source : http://www.drjulienchappuis.com/cheville/
http://www.anat‐jg.com/Membre_pelvien/mpied/mpiedcadre.html
Source : http://www.drjulienchappuis.com/cheville/
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 7 – Ulcère du pied diabétique 15
ULCÈRE DU PIED DIABÉTIQUE
Facteurs de risque de l’ulcère du pied diabétique
Le diabète affecte le processus de cicatrisation, car il est associé à un processus inflammatoire anormalement prolongé, à une diminution de la synthèse du collagène,
à une diminution de la résistance à la traction et à une altération de la migration des cellules épithéliales (Bryant et Nix, 2016).
Modifiables Non modifiables
Glycémie L’hyperglycémie retarde le processus de cicatrisation et Neuropathie Les neuropathies motrice, autonome et sensitive entrainent
compromet le chimiotactisme et la phagocytose. Le contrôle des changements sur le plan du tonus musculaire, de la
de la glycémie est donc fortement recommandé. sudation, de la thermorégulation, du contrôle des vaisseaux
sanguins et des propriétés sensitives. Ces changements
progressifs et irréversibles augmentent le risque de
développer des ulcères.
Activité La pratique sportive est bénéfique afin de maintenir un poids Déformations Les déformations osseuses et structurelles peuvent être liées
physique santé. Cependant, certains sports peuvent occasionner des osseuses et les au vieillissement, à un traumatisme récurrent, à une maladie
ulcères ou des traumatismes. Il faut donc choisir avec callosités systémique, ou encore à une neuropathie motrice ou
prudence le type d’activité sportive et l’adapter en fonction sensorielle. Elles peuvent contribuer à l’apparition de
de ses propres restrictions. callosités et d’ulcères sur les protubérances osseuses
soumises à une pression localisée.
Les anomalies structurelles et biomécaniques observables
entrainent :
une redistribution du poids;
une pression plantaire accrue;
un cisaillement des tissus mous.
Tabagisme Les produits du tabac (nicotine, monoxyde de carbone, Maladie La MAP augmente le risque d’ulcération compte tenu d’une
cyanure d’hydrogène) réduisent l’oxygénation, diminuent la artérielle diminution de l’apport en oxygène et nutriments.
réponse immunitaire, réduisent l’activité des fibroblastes, périphérique
provoquent une vasoconstriction et augmentent l’adhésion
des plaquettes et la formation de caillot.
Consulter Contraintes à la cicatrisation (F2)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 7 – Ulcère du pied diabétique 16
Modifiables Non modifiables
Traumatisme Les trois types de neuropathie rendent l’usager plus à risque Antécédent de Les anciens sites d’ulcération sont plus vulnérables et plus à
de développer des ulcères. plaie risque en raison de la perte de résilience et d’élasticité des
tissus.
Chaussures La perte de sensibilité peut entrainer un mauvais ajustement Amputation L’amputation d’un orteil ou d’une partie du pied peut
de la chaussure et causer des ulcères. Les points occasionner des déformations du pied et une modification
d’hyperpression occasionnent la formation des ulcères. de la démarche. Ces déformations peuvent à leur tour
entrainer des points d’hyperpression et, ultimement, des
ulcères.
Âge Les changements liés à l’âge rendent la peau plus vulnérable
aux traumatismes et augmentent le temps de cicatrisation
des plaies.
Consulter Contraintes à la cicatrisation (F2)
Obésité L’obésité est un facteur qui contribue au développement du Limitation de la Les modifications de la démarche et de l’équilibre peuvent
diabète et des comorbidités ainsi qu’aux changements de la mobilité augmenter les risques de traumatisme. De plus, la limitation
structure du pied. du mouvement de certaines articulations peut occasionner
des points d’hyperpression et des ulcères.
(Wounds Canada, 2018; RNAO, 2013; Bryant et Nix, 2016)
Physiopathologie de l’ulcère du pied diabétique
Le développement des ulcères diabétiques est d’origine multifactorielle. Le principal facteur causal du développement d’un ulcère du pied diabétique est la
neuropathie périphérique. Cependant, les changements structuraux et morphologiques, combinés à la maladie artérielle périphérique et au dysfonctionnement du
système immunitaire sont également des facteurs prédisposant la formation d’ulcères du pied diabétique (St‐Cyr et Martineau, 2017). Il est à noter que la clé réside
dans le bon contrôle des glycémies qui permettra d’éviter ou de retarder l’apparition de ces complications.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 7 – Ulcère du pied diabétique 17
Diabète type 1 et 2
Maladie artérielle
périphérique Neuropathies périphériques
Mauvaise cicatrisation
Difficultés liées aux autosoins
Mauvais contrôle glycémique
Chaussures mal ajustées
Obésité
Absence de ressources aux
moments opportuns
Ulcération
Infection Amputation
Source : OIIQ. (2007). « Physiopathologie de l’ulcère du pied diabétique »; RNAO, 2013; St‐Cyr et Martineau, 2017
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 7 – Ulcère du pied diabétique 18
L’infection du pied diabétique
L’usager diabétique est plus à risque de développer une infection, car l’hyperglycémie altère la fonction des leucocytes. La glycosylation non enzymatique diminue
également le chimiotactisme des neutrophiles. La présence d’hyperglycémie et d’œdème des membres inférieurs crée un milieu favorable à la croissance bactérienne
et fongique. La MAP affecte également l’efficacité du système immunitaire, car le flux sanguin est moindre (St‐Cyr et Martineau, 2017). Selon Bryant et Nix (2016),
l’infection est un agent causal de 59 % des amputations chez les usagers diabétiques et est la complication qui nécessite le plus fréquemment une hospitalisation.
Facteurs de risque
Selon Wounds Canada (2018), les facteurs qui augmentent le risque d’infection et d’ostéomyélite en présence d’un ulcère du pied diabétique sont :
un contact osseux positif;
une ulcération présente depuis plus de 30 jours;
une récurrence des ulcères du pied;
une maladie artérielle périphérique;
un antécédent d’amputation au membre inférieur;
des neuropathies périphériques;
une insuffisance rénale;
la marche pieds nus.
Signes et symptômes
Chez l’usager diabétique, l’infection d’une plaie peut passer inaperçue en raison de la neuropathie périphérique, de la maladie artérielle périphérique et de
l’hyperglycémie. Les signes cliniques tels que la présence de tissus non viables et de tissus de granulation friables, la qualité et la quantité de l’exsudat ainsi que
l’augmentation de la douleur et de l’odeur peuvent indiquer une infection. Une hyperglycémie récalcitrante est également un des indicateurs d’une infection
profonde.
Consulter Préparation du lit de la plaie (F3)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 7 – Ulcère du pied diabétique 19
L’ostéomyélite est une infection de la structure osseuse et de la moelle osseuse et est une complication de l’infection de la plaie caractérisée par de l’inflammation, de
la fibrose et de la nécrose osseuse. L’ostéite est une inflammation et une infection sans atteinte de la moelle osseuse. Une ostéomyélite ou une ostéite doit être
suspectée en présence de signes cliniques d’infection combinés à une exposition de l’os. Elle peut être :
aigüe, soit un premier épisode se résorbant en moins de 6 semaines après une antibiothérapie systémique;
chronique, soit une récidive après une première infection ou un épisode de plus de 6 semaines.
Dépistage
Contact osseux
Culture de la plaie
Biopsie quantitative/biopsie osseuse
Radiographie
Scintigraphie osseuse
Imagerie par résonance magnétique (IRM) (examen le plus spécifique et le plus sensible pour détecter une ostéomyélite)
Scintigraphie par leucocytes marqués
Test de la vitesse de sédimentation
(Bryant et Nix, 2016)
Consulter Évaluation des membres inférieurs (F5)
Évaluation physique et diagnostique du pied diabétique (avec ou sans ulcère)
Comme le diabète est une maladie touchant presque tous les systèmes, il est important de procéder à une évaluation complète des membres inférieurs, comme
recommandé par Wounds Canada (2018).
Consulter Évaluation des membres inférieurs (F5) pour plus de détails sur l’évaluation des membres inférieurs,
Consulter Collecte de données et évaluation de la plaie (F9) pour l’évaluation globale de l’usager.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 7 – Ulcère du pied diabétique 20
Évaluation des neuropathies
Test au monofilament de Semmes‐Weinstein (10 lb/gr)
Test du diapason
Biodensiométrie ou neurothésiomètre
Test de position
Évaluation de la force musculaire
Réflexe achilléen
Évaluation de la démarche
Empreinte de pied (matelas de Harris)
Évaluation de la chaussure
Inspection de la chaussure
Tracé du pied
Évaluation de la maladie artérielle périphérique
Prise du pouls tibial postérieur
Prise du pouls pédieux
Doppler à ondes entretenues
Temps de remplissage capillaire
Test de coloration du membre inférieur
Indice de pression systolique cheville‐bras (IPSCB)
Test à l’effort
Duplex artériel
Indice premier orteil
Pléthysmographie/étude des ondes artérielles
Pression d’oxygène transcutanée (TcPO2)
Pression de perfusion à la peau
Angiographie
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 7 – Ulcère du pied diabétique 21
Outil de dépistage du risque de développer un ulcère du pied diabétique
L’outil de dépistage d’Inlow peut être utilisé par les professionnels de la
santé et son emploi est recommandé par l’Association canadienne du soin
des plaies chez les usagers diabétiques présentant une plaie ou ayant des
facteurs de risque de développer une plaie. Il fait partie de l’examen
clinique, comporte douze paramètres d’évaluation et peut être fait en un
temps minimal de 60 secondes.
Source : Association canadienne du soin des plaies. (2014). Adapté d’Inlow S. (2004). Un dépistage de pied de
60 secondres pour les personnes atteintes de diabète. Soins de plaies Canada, 2(2), 10‐11. Version française
adaptée par Richard Belley.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 7 – Ulcère du pied diabétique 22
CARACTÉRISTIQUES D’UN ULCÈRE DU PIED DIABÉTIQUE
Caractéristiques ulcère neuro‐
Éléments d’évaluation Ulcère diabétique neuropathique Ulcère ischémique
ischémique
Localisation de l’ulcère (l’emplacement Surface plantaire, têtes Surtout aux pieds, extrémité des Surface plantaire, têtes
oriente la recherche du facteur causal métatarsiennes et points de orteils métatarsiennes et points de
de la plaie) pression ou traumatismes répétés Faces latérales du pied pression ou traumatismes
répétés
Espaces interdigitaux
Faces latérales du pied et orteils
Taille et forme de l’ulcère Rond Ponctiformes (emporte‐pièce) Rond
Superficiel à profond Superficiel à profond
Peut comporter des sinus et du Peut comporter des sinus et du
sous‐minage sous‐minage
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 7 – Ulcère du pied diabétique 23
Température du pied Normale Froide Froide ou tiède
Si chaleur : possibilité d’une
infection ou formation d’un pied
de Charcot en cours
Couleur de la peau Normale Pâle Pâle
Douleur Douleur neuropathique ou Douleur due à l’ischémie des tissus Selon la sévérité de l’ischémie
absence de douleur à la suite
d’une neuropathie sensitive
o perception erronée de la
température, paresthésie
o douleur chaude, brûlante,
pénétrante, lancinante ou en
coup de poignard
o hyperesthésie
Une douleur locale accrue ou
l’apparition d’une douleur
accompagnée d’une détérioration de la
plaie indiquent une infection.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 7 – Ulcère du pied diabétique 24
CLASSIFICATION D’UN ULCÈRE DU PIED DIABÉTIQUE
Il existe une multitude de systèmes de classification des ulcères du pied diabétique dont : Université du Texas, PEDIS, Wagner. La liste ci‐dessous est non exhaustive. Il
importe d’utiliser l’échelle qui est reconnue dans le milieu de soins.
Université du Texas
Classe : complication(s) reliée(s) à l’ulcère
Degré : profondeur de l’ulcère
DEGRÉS
Classes O I 2 3
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 7 – Ulcère du pied diabétique 25
PEDIS
L’International Working Group on the Diabetic Foot (IWGDF) a développé un système de classification, le PEDIS, qui tient compte de cinq points d’évaluation, soit la
perfusion, l’étendue (dimension), la profondeur incluant la perte de tissus, l’infection et la perte de sensation protectrice de l’ulcère.
Grade Perfusion Étendue Profondeur (Depth) Infection Sensation
(Dimensions)
1 Pas de maladie artérielle Peau intacte Peau intacte Aucune Pas de perte de
sensation protectrice
2 Maladie artérielle Ulcère < 1 cm2 Couche superficielle Locale ou propagation de Perte de sensation
périphérique l’infection protectrice
3 Ischémie critique Ulcère 1‐3 cm2 Fascia, muscle, tendon visible Abcès, fasciite, arthrite
septique
4 Ulcère > 3 cm2 Perception de l’os ou de l’articulation avec Ostéomyélite
une sonde Sepsis
(RNAO, 2013; Chuan et coll., 2015)
Wagner
L’échelle de Wagner est un système de classification qui évalue le pied selon des grades.
Le grade 0 est un pied à haut risque d’ulcère, mais sans lésion.
Le grade 5 est un pied présentant une gangrène et une infection.
(St‐Cyr et Martineau, 2017)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 7 – Ulcère du pied diabétique 26
INTERVENTIONS PRÉVENTIVES ET CURATIVES SELON LE NIVEAU DE RISQUE D’ULCÉRATION
Risque d’ulcère
Orientation et suivi
Catégories Interventions
(selon les besoins spécifiques de l’usager)
Sans pathologie Éduquer l’usager sur la gestion du diabète, le Visite médicale annuelle
port de chaussures adaptées Orthésiste : au besoin
Usager diabétique
Possibilité d’ajustement de chaussures Au besoin, orienter l’usager vers une infirmière
Déformation du pied peut être présente
en soins podologiques
Neuropathie, sans déformation Éduquer l’usager sur la gestion du diabète, le Suivi médical : semi‐annuel
port de chaussures adaptées, l’inspection Orthésiste : suivi tous les 3 à 6 mois
Perte de sensation protectrice
régulière des pieds et sur l’importance de
Orienter l’usager vers une infirmière en soins
consulter dès l’apparition d’une plaie
podologiques
Ajustement de chaussures ou d’orthèses
Neuropathie avec déformation Éduquer l’usager sur la gestion du diabète, le Visite médicale : suivi tous les 3 mois
port de chaussures adaptées, l’inspection Orthésiste : suivi tous les 3 à 6 mois
Perte de sensation protectrice régulière des pieds, les soins des pieds et des
Déformation du pied Consultation en orthopédie
ongles et sur l’importance de consulter dès
l’apparition d’une plaie Orienter l’usager vers un podiatre
Chaussures profondes moulées sur mesure ou Orienter l’usager vers une infirmière en soins
orthèses podologiques
Chirurgie correctrice de la déformation
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 7 – Ulcère du pied diabétique 27
Risque d’amputation
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 7 – Ulcère du pied diabétique 28
TRAITEMENT DE L’ULCÈRE DU PIED DIABÉTIQUE
Traitement local de l’ulcère du pied diabétique
Ulcère diabétique
Préoccupations et désirs de l'usager
• Enseignement individualisé et personnalisé
• Engagement de l'usager et de sa famille dans le plan de traitement
• Exploration des barrières potentielles liées à la non‐adhésion au plan de traitement
Traiter la cause
Vascularisation
Infection
Pression « Sharp »
Débridement
Comorbidités
Pression Maladie artérielle périphérique
Mise en décharge Revascularisation Pas de revascularisation possible
T.I.M.E. Traitement conservateur
Traitement local ou Milieu permettant Retrait des callosités,
Débridement systémique l’interaction entre la plaie gestion de la
et le pansement macération
Traitement adjuvant si aucun changement après 4 semaines (Hingorani)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 7 – Ulcère du pied diabétique 29
Préoccupations et désirs de l'usager
Selon Wounds Canada (2018), l’usager doit être partie prenante de l’équipe interdisciplaire, car il joue un rôle de la plus haute importance dans le processus de
cicatrisation de son ulcère. Dès le départ, impliquer et accompagner l’usager dans le processus et l’encourager à se prendre en charge afin qu’il puisse :
contrôler sa glycémie;
cesser de fumer;
effectuer un examen de ses pieds quotidiennement;
sélectionner des souliers adaptés selon les recommandations qui figurent ci‐dessous;
effectuer une hygiène rigoureuse de ses pieds, incluant les ongles. L’inciter à recourir aux services d’un podiatre ou d’une infirmière en soins de pieds, au
besoin;
être en mesure de déceler les signes de complication qui nécessitent de consulter un professionnel de la santé;
obtenir une évaluation annuelle complète par son médecin de famille.
La chaussure
La prévention des ulcères est la clé chez les usagers diabétiques. De simples actions peuvent permettre d’éviter la formation d’ulcères, d’infection et, ultimement,
d’amputation. L’usager doit comprendre l’importance de prendre soin de ses pieds et l’enseignement est un moyen utile pour y arriver (RNAO, 2013).
Critères d’une chaussure bien adaptée
Doit être confortable et correspondre à la forme du pied.
Porter progressivement les chaussures neuves et inspecter les pieds toutes les heures à la recherche de rougeurs.
Ne pas porter la même paire de chaussures plus de 6 heures, sans la retirer. Chaque chaussure distribue la pression de façon différente.
Faire mesurer les deux pieds chaque fois que des chaussures sont achetées. Le pied devient plus long et plus large avec l’âge.
L’achat et la mesure du pied doivent être effectués en fin de journée, car le pied a tendance à enfler et à élargir pendant la journée.
La chaussure doit dépasser de 10 à 12 mm le bout de l’orteil le plus long.
Opter pour un soulier dont le bout renforcé est profond et large.
Opter pour des chaussures munies de velcros ou de lacets, car ils offrent plus de soutien au pied.
Acheter une chaussure fermée au talon et aux orteils.
S’assurer de l’absence de coutures sur le devant de l’empeigne.
Si une chaussure occasionne une plaie, elle ne devrait plus être remise, sauf si un ajustement a été fait par un professionnel de la santé (ex. : orthésiste).
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 7 – Ulcère du pied diabétique 30
La semelle
Doit être antidérapante et suffisamment flexible pour permettre le déroulement du pied à la marche.
Le talon
Ne doit pas excéder plus de 2,5 cm afin de ne pas accentuer la pression au niveau des têtes métatarsiennes.
Les bas
Porter des bas propres tous les jours.
Favoriser le coton et la laine qui sont des matériaux permettant une absorption de la transpiration.
Éviter les élastiques serrés et les coutures.
Ne pas porter de bas ayant été réparés (cause des points de pression) ou qui comportent des trous (cause de la friction).
En présence d’une déformation du pied :
une chaussure moulée est recommandée.
Les orthèses plantaires
En présence d’une déformation du pied, d’un excès de pression caractérisé par l’apparition de callosités au niveau de la région plantaire du pied ou de la présence
d’une neuropathie, il est conseillé de diriger l’usager diabétique vers un orthésiste ou un podiatre. Il pourra ainsi obtenir des orthèses plantaires fabriquées sur
mesure, ce qui permettra de réduire la pression aux endroits à risque et prévenir la création d’ulcères. Ces professionnels peuvent également suggérer une chaussure
adaptée à la forme du pied de l’usager. Il est recommandé de faire évaluer les orthèses tous les 3 mois. En présence d’un orteil amputé ou d’une partie du
pied amputée, le vide doit être comblé : le programme d’aide « Appareils suppléant à une déficience physique » de la Régie de l’assurance maladie du Québec
(RAMQ) peut couvrir certains usagers selon des critères spécifiques. En présence d’un point d’hyperpression (callosité), l’orthèse plantaire doit être composée d’un
matériau souple tel le PlastazoteMD.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 7 – Ulcère du pied diabétique 31
LA MISE EN DÉCHARGE
Quatre‐vingt‐dix pour cent (90 %) des ulcères du pied diabétique sont occasionnés par une ou des zones d’hyperpression. De ce fait, la mise en décharge est la
stratégie incontournable et essentielle dans la gestion de l’ulcère diabétique. Il importe d’évaluer l’usager dans sa globalité afin d’obtenir un traitement optimal, car
l’utilisation d’une mise en décharge modifie la démarche et peut exposer l’usager à un risque accru de chute. En prévention, il est possible d’ajouter un dispositif sous
la chaussure opposée, afin de réduire l’écart de hauteur entre les deux chaussures. L’efficacité de la mise en décharge est proportionnelle à l’adhésion de l’usager au
plan de traitement.
Le choix de la mise en décharge dépend :
de la localisation et des caractéristiques de l’ulcère;
de l’état de santé de l’usager;
du coût;
de la disponibilité dans le milieu de soins;
du niveau de collaboration de l’usager au port de la mise en décharge;
de la présence d’une maladie artérielle périphérique;
de l’adhésion de l’usager au plan de traitement.
(Bryant et Nix, 2016)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 7 – Ulcère du pied diabétique 32
Il existe une multitude de dispositifs de mise en décharge ayant leurs avantages et leurs inconvénients. La liste ci‐dessous est non exhaustive, mais regroupe les
principaux types. Dans la littérature québécoise et canadienne, d’autres types de mise en décharge sont nommés tels que la sandale plate ou postchirurgicale, la
mousse de feutre, la chaussure avec berceau, etc.
Localisation de l’ulcère sur le
Types Avantages et inconvénients
pied
Plâtre de contact total Face plantaire, orteils et talon Avantages
Très efficace (stratégie incontournable et essentielle);
Plâtre moulé muni d’un rembourrage
minimal Mise en décharge complète de l’ulcère et redistribution de la pression sur le reste du
pied;
Contrôle l’œdème;
Garantit la collaboration de l’usager, car ne peut être enlevé par celui‐ci.
Inconvénients
Affecte le sommeil et l’hygiène;
Affecte la posture et l’équilibre;
Doit être mis en place par un professionnel ayant les compétences requises, car
nécessite une technique d’application spécifique;
Risque de développer une lésion de pression causée par le plâtre;
L’usage du plâtre de contact total est à surveiller en présence d’œdème, d’une peau
fragile ou d’une instabilité de l’usager causée par le plâtre (risque de chute).
Contre‐indications
Infection profonde, sepsis ou gangrène;
Usager souffrant d’une maladie artérielle périphérique;
Usager ayant une peau fragile, de l’œdème important, un ulcère profond ou de grande
dimension ainsi que dans les cas de non‐observance (ex. : l’usager ne se présente pas à
ses rendez‐vous de suivi);
Ulcère est très exsudatif et requiert des changements de pansements fréquents.
Source : CIUSSS de l’Estrie‐CHUS
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 7 – Ulcère du pied diabétique 33
Types Localisation de l’ulcère sur le pied Avantages et inconvénients
Botte de décharge Face plantaire et orteils Avantages
pneumatique amovible Très efficace, si portée selon les recommandations;
(AircastMD) Amovible, ce qui permet des changements de pansements plus fréquents;
Peut être portée en présence d’un ulcère infecté;
Permet l’hygiène, car amovible;
Possibilité d’ajouter un bandage cohésif autour de la botte afin de la rendre non amovible
(ex. : usager qui l’enlève malgré les recommandations de la laisser en place);
Possibilité de la porter avec une orthèse.
Inconvénients
Botte amovible, ce qui peut diminuer son efficacité en cas de non‐observance de l’usager;
Demande une collaboration de l’usager, car il doit respecter les recommandations
inhérentes au port de la botte;
La manipulation de la botte exige que l’usager possède une certaine dextérité manuelle et
une bonne vision;
Coût élevé.
Contre‐indications
Déformation importante du pied (ex. : pied de Charcot);
Usager souffrant d’une maladie artérielle périphérique;
Ulcère localisé au talon.
Source : Orthèse Prothèse Rive Sud.
© Tous droits réservés – OP RIVE
SUD 2014
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 7 – Ulcère du pied diabétique 34
Types Localisation de l’ulcère sur le pied Avantages et inconvénients
Sandale orthopédique de Ulcère à l’avant du pied ou au Avantages
décharge talon Peu coûteuse;
(DarcoMD, BaroukMD) Facile à enfiler.
Inconvénients
Rend la démarche instable et augmente les risques de chute chez l’usager qui présente
un trouble de l’équilibre ou un trouble de locomotion;
Amovible, ce qui peut diminuer l’efficacité en raison de la non‐observance de l’usager;
Difficile d’adapter la marche pour obtenir les effets bénéfiques de la sandale.
Contre‐indication
Source : https://osmeuspes.pt/loja/sapato‐ Ulcère localisé au milieu du pied.
pos‐cirurgico‐tacao/
Botte orthopédique de Charcot Ulcère sur un pied de Charcot Avantages
(C.R.O.W.) Convient au pied déformé, car fabriquée sur mesure.
Inconvénients
Coûteuse;
Botte amovible, ce qui diminue l’efficacité en raison de la non‐observance possible de
l’usager.
Source :CIUSSSE de l’Estrie‐CHUS/Éric Doré
Plusieurs organismes défraient les coûts des dispositifs de mise en décharge. Toutefois, une ordonnance médicale individuelle est nécessaire.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 7 – Ulcère du pied diabétique 35
Assurances privées ou collectives, CSST, SAAQ
Plusieurs compagnies d’assurances privées ou collectives défraient les coûts des dispositifs de mise en décharge.
Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) – Programme d’appareils suppléant à une déficience physique
Critères d’admissibilité (2018) :
1. Avoir une ordonnance médicale écrite d’un orthopédiste, d’un physiatre, d’un neurologue, d’un neurochirurgien, d’un rhumatologue, d’un gériatre ou, dans
certains cas, d’un pédiatre ou d’un omnipraticien.
2. Avoir subi une amputation au 1er orteil, une amputation transmétatarsienne ou transcalcanéenne ou encore une amputation de plus de deux orteils (excepté
le 5e orteil).
Santé et services sociaux du Québec‐ Programme d'attribution de chaussures orthétiques et de l'appareillage de la chaussure
Doit correspondre à la définition d’une personne handicapée au sens de la Loi assurant l’exercice des droits des personnes handicapées et avoir une anomalie
congénitale ou de croissance du complexe pied‐cheville, des séquelles traumatiques ou pathologiques ou des déformations secondaires à une maladie
organique ou neurologique.
Distinction entre les professionnels de la santé
Médecin détenant un doctorat de premier cycle en médecine générale, ainsi qu’une résidence en chirurgie orthopédique. Il prodigue des soins
Orthopédiste médicaux et chirurgicaux qui traitent les os, les articulations, les ligaments, les muscles, les tendons et les nerfs.
Professionnel de la santé possédant l’expertise et les compétences nécessaires pour diagnostiquer et traiter les conditions relatives au pied. Il
Podiatre possède une formation universitaire, soit un doctorat de premier cycle en médecine podiatrique. Certains podiatres détiennent également une
résidence en chirurgie podiatrique.
Technicien détenant un diplôme d’études collégiales qui fabrique et ajuste les orthèses et prothèses selon l’ordonnance du médecin ou du
Orthésiste podiatre (ex. : orthèses plantaires).
Infirmier(ère) en
soins Infirmier(ère) détenant une formation de 160 heures en soins des pieds.
podologiques
Hygiéniste en
Formation axée sur la beauté du corps et l’esthétisme.
soins des pieds
Le podologue n’est pas membre de l’Ordre des podiatres du Québec et n’est pas considéré comme un professionnel au sens de la Loi sur la
Podologue podiatrie.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 7 – Ulcère du pied diabétique 36
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Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 7 – Ulcère du pied diabétique 38
FASCICULE 8
Lésion de pression
TABLE DES MATIÈRES – FASCICULE 8
LÉSION DE PRESSION ........................................................................................................................................................................................................................ 1
DÉFINITION................................................ ...............................................................................................................................................................................................1
ÉPIDÉMIOLOGIE .........................................................................................................................
.................................................................................................................4
PHYSIOPATHOLOGIE DE LA LÉSION DE PRESSION .............................................................................................................................................................................. 6
LOCALISATION DES LÉSIONS DE PRESSION ............................................................................................................................................................... 7
FACTEURS DE RISQUE ....................................................................................................................................................................................................................... 8
LA PRESSION ET SES FACTEURS CAUSALS ............................................................................................................................................................................................... 8
OUTIL D’ÉVALUATION DU RISQUE DE DÉVELOPPEMENT D’UNE LÉSION DE PRESSION : ÉCHELLE DE BRADEN ................................................................................... 13
CLASSIFICATION DES LÉSIONS DE PRESSION (STADE) SELON LE NPUAP (2016) ................................................................................................................................. 16
TRAITEMENT DES LÉSIONS DE PRESSION ......................................................................................................................................................................................... 20
SURFACES D’APPUI ......................................................................................................................................................................................................................... 23
TYPES DE SURFACE D’APPUI .................................................................................................................................................................................................................. 23
FONCTIONNALITÉS D’UNE SURFACE D’APPUI ....................................................................................................................................................................................... 26
CRITÈRES À CONSIDÉRER AVANT DE SÉLECTIONNER UNE SURFACE D’APPUI ...................................................................................................................................... 27
RISQUE DE PIÉGEAGE ............................................................................................................................................................................................................................ 28
LA SÉLECTION D’UNE SURFACE D’APPUI ............................................................................................................................................................................................... 29
SURFACE D’APPUI RÉACTIVE ................................................................................................................................................................................................................. 31
TRAITEMENT LOCAL D’UNE LÉSION DE PRESSION ................................................................................................................................................................................ 36
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 8 – Lésion de pression i
LÉSION DE PRESSION
Définition
Les lésions de pression sont un indicateur de la qualité et de la sécurité des soins dans les établissements de santé. Selon le National Pressure Ulcer Advisory
Panel (NPUAP), l’European Pressure Ulcer Advisory Panel (EPUAP) et la Pan Pacific Pressure Injury Alliance (PPPIA) (2014), une lésion de pression est un dommage
localisé à la peau et/ou aux tissus mous sous-jacents, habituellement au niveau d’une proéminence osseuse ou sous un dispositif médical. La lésion peut être présente
même si la peau semble intacte et être très douloureuse. Cette lésion est le résultat d’une pression intense, ou prolongée, combinée au cisaillement. La tolérance des
tissus mous à la pression et au cisaillement contribue ainsi à la formation des lésions de pression. Outre la condition des tissus mous, les tissus peuvent être affectés
par le microclimat, la nutrition, la perfusion et les facteurs de comorbidité. Selon le NPUAP (2017), il existe des lésions de pression « évitables » et « inévitables », et
ce, malgré l’implantation d’interventions préventives. Certains usagers peuvent donc développer une lésion de pression « inévitable » dans les circonstances
suivantes :
un statut cardiopulmonaire significativement altéré (hypotension, vasoconstriction, hypoxémie, anémie, hypoventilation, insuffisance cardiaque, etc.);
un état nutritionnel et hydrique inapproprié (l’usager est incapable de s’alimenter et de s’hydrater, en per os ou artificiellement (alimentation entérale ou
parentérale));
une instabilité hémodynamique nécessitant l’utilisation de vasopresseurs;
une instabilité hémodynamique critique faisant en sorte que les interventions préventives liées aux lésions de pression ne peuvent être appliquées;
une élévation de la tête du lit supérieure à 30°;
un choc septique ou une réponse systémique inflammatoire intense (infection, hypoalbuminémie, syndrome inflammatoire immunitaire, etc.);
un œdème pancorporel extensif (anasarque);
des brûlures sévères;
des dispositifs médicaux empêchant la mobilisation de l’usager;
des fractures pelviennes ou spinales instables empêchant la mobilisation de l’usager et l’installation de certaines surfaces d’appui (réactive et active);
une maladie artérielle périphérique;
des facteurs de comorbidité multiples (insuffisance rénale chronique, fonction hépatique dysfonctionnelle, niveau de conscience altéré, sclérose multiple, AVC,
obésité, coma, lésion vertébrale, anesthésie/temps opératoire, âge, etc.);
en fin de vie (défaillance des fonctions de la peau, dysfonction des organes);
une cachexie ou dénutrition avec plusieurs facteurs de comorbidité;
lors de toute autre circonstance qui empêche ou limite l’optimisation des interventions préventives.
(Edsberg, Langemo, Baharestani, Posthauer et Goldberg, 2014)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 8 – Lésion de pression 1
Lésions de pression des muqueuses
Terme utilisé lorsqu’une lésion de la muqueuse est causée par une pression exercée par du matériel médical. Ces lésions sont localisées au niveau de la bouche, du
tractus gastro-intestinal (anus, rectum), de la muqueuse du nez, du tractus urinaire et du vagin. Une pression à ces endroits peut causer une ischémie des tissus et
entraîner le développement d’une lésion. Les dispositifs médicaux en cause sont divers et comprennent, entre autres, le matériel d’oxygénothérapie (ex. : lunette
nasale, tube endothrachéal), les tubes orogastriques et nasogastriques, les cathéters urinaires et les entérocollecteurs rectaux à ballonnet. La classification des lésions
de pression de la peau ne peut s’appliquer aux lésions de pression des muqueuses. Selon le NPUAP (2016), on ne peut comparer analogiquement les tissus de la peau
et ceux des muqueuses. De plus, les lésions des muqueuses sont souvent difficiles à identifier visuellement. Elles sont donc nommées « lésions de pression des
muqueuses » sans classification. Le processus de cicatrisation d’une lésion des muqueuses est identique à celui d’une lésion de la peau hormis l’absence de cicatrice.
La fin de vie est définie comme étant la phase durant laquelle un individu est atteint d’une maladie qui va s'aggraver et va, dans un avenir rapproché, décéder. Il est
clairement établi que, durant cette phase, les organes vitaux tels que les reins, le foie, le cœur, les poumons et le système nerveux, peuvent être défaillants à
différents degrés, et vont éventuellement cesser de fonctionner. Ce processus de défaillance des organes vitaux interfère avec le bon fonctionnement d'autres
organes contribuant, par le fait même, à une plus grande détérioration du fonctionnement global du corps, et éventuellement à la mort de l'individu. La peau, le plus
grand organe du corps humain, n’est pas exclue de ce processus. La condition de la peau informe sur la santé du corps : elle est le reflet de ce qui se passe à l'intérieur
de ce dernier. Une évaluation globale de la peau chez les usagers en fin de vie doit être faite régulièrement, et les interventions, qui en découlent, doivent tenir compte de
la condition et des besoins/désirs de l'usager. C'est à ce moment qu’on peut observer l’apparition d’un type de lésion de pression appelé « ulcère terminal de Kennedy ».
Cette lésion fait partie des lésions de pression dites « inévitables » en fin de vie et qui sont considérées comme un sous-groupe des lésions de pression (Sibbald, Krasner et
Lutz, 2010).
Un panel composé de 18 experts reconnus internationalement a émis 10 constats reliés aux changements physiologiques de la peau en fin de vie (Sibbald, Krasner et
Lutz, 2010). Ils les ont regroupés sous l’acronyme SCALE (Skin Changes at Life’s End).
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 8 – Lésion de pression 2
Constats :
1. Les changements physiologiques, apparaissant dans un processus de défaillance des organes (fin de vie), peuvent affecter la peau et les tissus mous. Ils se
manifestent par des changements observables au niveau de la couleur et de l’intégrité de la peau, ainsi que par la douleur subjective ressentie par l'usager. Ces
changements sont « inévitables », et ce, malgré une prestation de soins optimale (interventions rencontrant tous les standards de qualité).
Défaillance des mécanismes d'homéostasie liés au fonctionnement de la peau
Diminution de la perfusion cutanée et des tissus sous-cutanés
Réaction inflammatoire extrême
Hypoxie tissulaire localisée
Diminution de l’oxygène disponible
Diminution des nutriments disponibles
Altération dans les mécanismes d'élimination des déchets métaboliques
2. Les interventions et les résultats obtenus doivent être documentés au dossier de l'usager.
3. Les préoccupations de l'usager doivent être considérées, incluant le soulagement de la douleur et les activités de la vie quotidienne.
4. Les changements observés au niveau de la peau sont le reflet de changements physiologiques souvent irréversibles; il peut donc s'avérer impossible de protéger la
peau de traumatismes externes, et ce, malgré une prestation de soins optimale.
5. Les attentes et préoccupations de l'usager doivent être communiquées à l'ensemble des intervenants (incluant la famille de l'usager) œuvrant dans le parcours de
soins de cet usager.
6. Les facteurs de risque reliés au développement d’un ulcère terminal de Kennedy et aux changements physiologiques de la peau en fin de vie (SCALE) sont :
faiblesse et diminution progressive de la mobilité de l'usager;
statut nutritionnel sous-optimal :
o perte d'appétit,
o perte de poids,
o cachexie,
o diminution des taux d'albumine et de préalbumine,
o diminution du taux d'hémoglobine,
o déshydratation;
diminution de la perfusion tissulaire :
o altération de l'oxygénation cutanée,
o diminution de la température de la peau,
o nécrose de la peau;
perte d'intégrité cutanée reliée à :
o l’utilisation de matériel médical,
o l’incontinence (urinaire ou fécale ou les deux),
o des irritants chimiques (ex. : antiseptiques),
o une exposition chronique à des liquides (ex. : exsudat d'une plaie),
o des déchirures cutanées,
o la présence de pression, friction, cisaillement,
o la présence d'infection;
système immunitaire déficient (altéré).
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 8 – Lésion de pression 3
7. Une évaluation de la peau doit être faite régulièrement. Les régions à risque sont les proéminences osseuses et les régions de la peau où nous retrouvons du
cartilage sous-jacent.
8. Orienter vers un professionnel qualifié (médecin, infectiologue, pharmacien, dermatologue, infirmière stomothérapeute, etc.) pour tout changement de peau relié
à la présence de douleur, de signes d’infection et d’un bris cutané (lorsque l'objectif est une guérison).
Pour les lésions de pression ou un ulcère terminal de Kennedy, il faut déterminer s’il y a un potentiel de cicatrisation en fonction du pronostic de vie de
l'usager.
9. Déterminer l'objectif de soins en fonction des « 5 P » :
prévention (interventions préventives);
prescription (traitement local favorisant une cicatrisation);
préservation (traitement local de maintenance = plaie de maintenance);
palliation (traitement local visant le confort de l'usager);
préférences (tenir compte des désirs de l'usager).
10. Informer l'usager, sa famille et tous les intervenants, œuvrant dans le parcours de soins de l'usager, du plan de soins élaboré en fonction du SCALE.
Épidémiologie
Incidence
Selon Bryant et Nix (2016), le taux d’incidence correspond au pourcentage d’usagers qui initialement n’ont pas de lésion et qui ont développé une lésion de pression à
l’intérieur d’une période définie (ex. : séjour hospitalier).
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 8 – Lésion de pression 4
Prévalence
Selon Bryant et Nix (2016), le taux de prévalence correspond au pourcentage d’usagers qui ont au moins une lésion de pression à un moment précis. Cette lésion peut
être présente à l’admission de l’usager ou s’être développée au cours d’un séjour en établissement.
Taux de prévalence aux États‐Unis selon le milieu de soins :
soins à domicile : 2,9 à 19,1%;
soins aigus et chroniques : 0 à 15 %;
soins de longue durée : 8,2 à 32,2 %;
soins pédiatriques : 0,47 à 72,5 % (dont 34,5 % est relié au matériel médical).
(Bryant et Nix, 2016)
Au Canada, le taux de prévalence global des lésions de pression dans les milieux de soins de courte durée est de 25,1 % Il est à noter que 98,6 % des lésions de
pression sont de stade 1.
(Bourque, Kergoat, Girouard et Boyer, 2012)
Impact financier
Aux États‐Unis, le cout annuel estimé pour traiter l’ensemble des usagers avec une ou des lésion(s) de pression est de 11 milliards de dollars (NPUAP, EPUAP et PPPIA,
2014). Le cout du traitement d’une lésion de pression pour un usager est d’environ 27 000 $ en plus d’augmenter le temps en soins infirmiers de l’ordre de 50 %
(Registered Nurses' Association of Ontario (RNAO), 2016)
Au Canada, le traitement d’une lésion de pression dans un CHSLD coute en moyenne 24,000 $ pour un traitement de 12 semaines
(Woodbury et Houghton, 2004)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 8 – Lésion de pression 5
PHYSIOPATHOLOGIE DE LA LÉSION DE PRESSION
Occlusion des vaisseaux sanguins causée par une pression externe
(vaisseaux sanguins, fascia, muscle, tissus sous‐cutanés et peau sont comprimés entre l’os et le point de pression
externe relié à la friction, au cisaillement et à l’humidité)
Dilatation des capillaires et hyperémie réactive (rougeur)
Extravasation de liquides dans l’espace interstitiel
Œdème +augmentation de la pression au niveau de la région atteinte
Infiltration de sang dans les tissus sous‐cutanés cause un érythème qui ne blanchit pas à la pression exercée par
un doigt
Hypoxie
Mort du tissu musculaire, du tissu adipeux, du derme et de l’épiderme (nécrose)
Source : www.escarre.fr
Lésion de pression
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 8 – Lésion de pression 6
Localisation des lésions de pression
Les lésions de pression sont principalement localisées sur les proéminences osseuses puisque ces régions ont peu de tissus sous‐cutanés et les saillies osseuses sont plus
marquées. Elles peuvent aussi se développer lors de l’utilisation de matériel médical, soit sous un plâtre, un collier cervical, un système de compression veineuse aux
membres inférieurs, etc., et ce, principalement chez un usager obèse et la clientèle pédiatrique.
ATTENTION
Lorsqu’une lésion est localisée au siège, il importe de ne pas confondre une lésion de pression et une dermatite associée à l’incontinence (DAI) ou à l’humidité.
Consulter Traitements locaux (F10) pour la gestion des DAI.
50 % des lésions de pression sont localisées au niveau du
sacrum et des talons :
sacrum : 28,3 %;
ischions : 3,2 %;
trochanters : 2,8 %;
talons : 23,6 %;
malléoles : 2,5 %.
Autres sites :
occiput : 0,7 %;
omoplates : 0,6 %;
coudes : 3,9 %;
genoux : 1,1 %.
Source : Bryant et Nix (2016)
Source : http://www.pegasushealthcare.com/clinical/clinical‐knowledge‐centre/
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 8 – Lésion de pression 7
FACTEURS DE RISQUE
Le développement d’une lésion de pression dépend de la pression exercée sur une région précise et de la tolérance des tissus dans cette région.
La pression et ses facteurs causals
Intensité : pour comprendre l’importance de l’intensité de la pression, il importe de différencier les termes « pression capillaire » et « pression de fermeture des capillaires ».
Pression capillaire : La pression hydrostatique normale est approximativement de 32 mm Hg à la fin du réseau capillaire artériel et de 12 mm Hg à la fin du réseau
veineux. La pression osmotique moyenne dans les tissus est d’environ 25 mm Hg.
Pression de fermeture des capillaires : Fait référence à la pression minimale requise pour qu’un capillaire s’affaisse. Il s’avère qu’une pression externe supérieure à
12 mm Hg est suffisante pour que les capillaires se ferment et produisent une hypoxie tissulaire, une anoxie et conséquemment une mort cellulaire.
(Bryant et Nix, 2016)
À titre indicatif, la pression exercée sur les tissus est :
en position dorsale, latérale ou ventrale : 100 mm Hg;
en position assise : atteint jusqu’à 300 mm Hg aux ischions.
Durée : Les dommages tissulaires sont tributaires de l’intensité et de la durée de la pression.
Beaucoup de pression pendant peu de temps est aussi dommageable que peu de pression
pendant une longue période.
Tolérance des tissus : La tolérance des tissus est un facteur déterminant dans l'effet
pathologique d'une pression prolongée. La condition, ou l’intégrité, de la peau et des
structures de soutien sous‐jacentes (vaisseaux sanguins, liquide interstitiel, collagène, etc.)
influencent la capacité de la peau à redistribuer la pression. La peau et ses structures de
soutien sous‐jacentes travaillent de concert comme un ensemble de ressorts parallèles afin
de redistribuer la pression sur tout le squelette. Plusieurs facteurs intrinsèques et
extrinsèques altèrent la capacité à effectuer cette tâche. Source : Escarre.fr (s. d.‐a)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 8 – Lésion de pression 8
Les facteurs de risques extrinsèques affectant la tolérance des tissus
Facteurs extrinsèques Notes explicatives
Friction Le NPUAP, l’EPUAP et la PPPIA (2014) ont retiré le phénomène de friction de la définition des lésions de pression afin de renforcer le fait que
les lésions cutanées, causées par la friction, ne doivent pas être considérées comme des lésions de pression. En effet, la friction n’est pas une
cause directe de lésion de pression. Elle vient altérer l’épiderme et les couches supérieures du derme. Par contre, l’effet synergique de deux
facteurs, comme la friction et la gravité, provoque un effet de cisaillement qui, lui, est une cause directe de lésion de pression.
(Bryant et Nix, 2016)
Cisaillement Causé par deux phénomènes : la friction et la gravité qui exercent une force parallèle à la peau. Le cisaillement est le résultat de la gravité
poussant vers le bas et la résistance du corps (friction) entre l’usager et la surface, engendrant une force mécanique caractérisée par le
déplacement des plans osseux et sous‐cutanés l’un par rapport à l’autre. Comme la peau ne bouge que très peu, on observe une torsion de
celle‐ci par un déplacement parallèle.
En conséquence, le cisaillement :
déforme les vaisseaux sanguins;
déchire les tissus;
favorise le développement du sous‐minage dans une plaie.
Source : Escarre.fr (s. d.‐b)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 8 – Lésion de pression 9
Facteurs extrinsèques Notes explicatives
Humidité Facteur prédisposant au développement d’une lésion de pression. L’humidité persistante altère la résilience de l’épiderme aux forces externes
en affaiblissant la couche lipidique de la couche cornée. Les phénomènes de friction et de cisaillement sont augmentés en présence
d’humidité légère à modérée tandis qu’ils sont diminués en présence d’humidité abondante. La température corporelle et le niveau
d’humidité de la peau correspondent au microclimat.
Sources d’humidité :
incontinence :
o urinaire : la présence de l’urine sur la peau modifie le pH de la peau (qui devient alcalin) et altère la flore cutanée, ce qui rend la
peau plus vulnérable,
o urinaire et fécale : l’urée dans l’urine et les bactéries des selles se transforment en ammoniac, et libèrent des toxines et des
irritants chimiques qui, conséquemment, agressent davantage la peau;
transpiration, diaphorèse et fièvre;
exsudat d’une plaie.
Microclimat :
Le microclimat est une fonctionnalité thérapeutique de certaines surfaces permettant de maintenir la température de la peau dans les valeurs
normales, et gérer l’humidité entre la surface et l’usager. Le microclimat est créé via une circulation d’air sous le tissu semi‐perméable de
recouvrement, via un recouvrement imperméable ou via une circulation d’air entre l’usager et le recouvrement.
(Bryant et Nix, 2016)
Sources : Bryant et Nix (2016); RNAO (2016); Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ, 2007)
Les facteurs de risque intrinsèques influençant la tolérance des tissus
Facteurs intrinsèques Notes explicatives
Âge (> 65 ans) Plusieurs changements apparaissent au niveau de la peau chez la personne âgée. La jonction dermo‐épidermique s’amincit, se sépare, et on
note une altération de l’orientation des fibres de collagène ainsi qu’une diminution dans les échanges d’éléments nutritifs, ce qui entraîne
une diminution de la résistance au cisaillement. Une atrophie graduelle de la peau ainsi que des changements/altérations des systèmes
sanguin et lymphatique au niveau de la peau apparaissent.
Des changements au niveau du système nerveux cutané entraînent une diminution de la perception de la douleur, un retard dans la réaction
sensorielle, une augmentation de la fragilité vasculaire et une perte de tissu gras sous‐cutané. On note également un déclin dans la réponse
inflammatoire avec l’âge. Avec ces changements, la capacité des tissus mous à redistribuer la pression sans compromettre la circulation est
réduite. Soixante‐dix pour cent (70 %) des usagers avec une lésion de pression sont des personnes âgées. En plus d’être un facteur lié aux
lésions de pression, ces changements physiologiques dus à l’âge prédisposent les personnes d’âge avancé aux déchirures cutanées.
Consulter Contraintes à la cicatrisation (F2)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 8 – Lésion de pression 10
Facteurs intrinsèques Notes explicatives
Hypotension L’hypotension occasionne une redistribution fonctionnelle du sang des structures de la peau vers les organes vitaux. Étant moins vascularisés,
la pression de fermeture des capillaires s’abaisse ce qui entraîne une prédisposition au processus d’ischémie. Les tissus profonds sont plus
vulnérables en raison de leur vascularisation extensive. Une étude a démontré que les talons chez un usager présentant une basse pression
(hypotension, état de choc, déshydratation) sont plus à risque de lésion de pression.
Consulter Contraintes à la cicatrisation (F2)
Stress Le stress émotionnel augmente la libération de cortisol dans le corps humain. En plus grande concentration, le cortisol altère les propriétés
mécaniques de la peau en augmentant disproportionnellement la dégradation du collagène par rapport à sa synthèse. Les glucocorticoïdes
jouent également un rôle dans le métabolisme cellulaire en interférant avec la diffusion de l’eau, des minéraux et des nutriments entre les
réseaux capillaire et cellulaire, et ils entraînent également des changements structuraux dans le tissu conjonctif.
Consulter Contraintes à la cicatrisation (F2)
Tabagisme Le tabagisme est relié à l’hypoxie des tissus. La nicotine stimule le système nerveux sympathique et produit une libération d’épinéphrine
causant ainsi une vasoconstriction périphérique, une diminution de la circulation sanguine, une augmentation de la fixation du monoxyde de
carbone à l’hémoglobine, au détriment de l’oxygène, et une interférence dans le métabolisme de l’oxygène due à la présence de cyanure
d’hydrogène. Ces effets entraînent une hypoxie des tissus et contribuent au développement des lésions de pression tout en limitant la
capacité de cicatrisation.
Consulter Contraintes à la cicatrisation (F2)
Dénutrition et La dénutrition est souvent présente chez les usagers porteurs d’une lésion de pression. Un lien très important existe entre les carences en
déshydratation calories, protéines et fer, et le développement d’une lésion de pression. Par exemple, la maigreur (IMC < 19) ou l’obésité (IMC > 40) indique
un apport alimentaire insuffisant ou inadéquat. La déshydratation, quant à elle, contribue à fragiliser la peau.
Consulter Contraintes à la cicatrisation (F2)
Élévation de la température Le corps démontre une augmentation de 10 % de son métabolisme pour chaque augmentation de 1 °C de la température corporelle.
corporelle L’élévation de la température augmente le métabolisme et la consommation d’oxygène, aggravant ainsi l’effet d’ischémie en augmentant les
besoins en oxygène. Le contrôle de la température corporelle est une composante de la tolérance des tissus à la pression.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 8 – Lésion de pression 11
Facteurs intrinsèques Notes explicatives
Maladies ou autres Problèmes cardiovasculaires, p. ex. : MCAS, MVAS;
problématiques Diabète;
concomitantes Problèmes respiratoires, p. ex. : MPOC;
Problèmes sanguins, p. ex. : anémie, dyscrasie, augmentation de la viscosité du sang, hématocrite élevé;
Perception sensorielle diminuée;
Antécédents de lésions de pression : résistance du tissu cicatriciel moindre;
Usager en fin de vie;
État de conscience diminué qui influence la réponse à un stimulus douloureux et la capacité à réagir pour obtenir un soulagement
(changement de position), p. ex. : coma, sédation, léthargie, confusion;
Spasmes et contractures : Les mouvements involontaires et volontaires peuvent causer des lésions aux coudes et aux talons à cause de
la friction et du cisaillement;
Immobilité, p. ex. : quadriplégie, paraplégie;
Interventions chirurgicales, dont les principaux facteurs de risque en cause sont :
o durée de la chirurgie (moyenne de 4 heures et plus),
o type de chirurgie (traumatologique, bariatrique, vasculaire, orthopédique) ou transplantation,
o position lors de la chirurgie (lithotomique, dorsale, latérale),
o dispositif de thermorégulation,
o type de matelas, équipement de positionnement,
o médicaments anesthésiques (utilisation de 3 agents et plus),
o médicaments vasopresseurs,
o paramètres hémodynamiques (ex. : circulation extracorporelle),
o hypoalbuminémie (albumine < 3,5 g/dl),
o présence d’au moins un des facteurs contributifs : diabète, congestion cardiaque, hypoalbuminémie préopératoire, insuffisance
rénale aiguë, perte de poids significative récente.
Médication Médicaments qui dépriment le système nerveux central et qui diminuent la capacité de l'usager à ressentir la douleur et l’inconfort.
Douleur La douleur diminue la mobilité (ex. : fracture de hanche). L’administration de narcotiques pour soulager la douleur peut entraîner une
dépression du système nerveux central empêchant l'usager de ressentir la douleur causée par une pression prolongée.
Obésité Les usagers obèses peuvent présenter plus de difficulté lors des mobilisations au lit ou au fauteuil. De plus, l’obésité peut entraîner une
augmentation du niveau d’humidité entre l’usager et la literie ainsi qu’entre deux plis cutanés. La personne obèse aurait 20 % plus de risque
de développer une lésion de pression qu’un usager ayant un poids santé ou une obésité légère à modérée.
Sources : Bryant et Nix (2016); NPUAP, EPUAP et PPPIA (2014); O’Brien, Shanks, Talsma, Brenner et Ramachandran (2014);
Palfreyman (2016); RNAO (2016); Wounds Canada (2016); Wounds International (2014)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 8 – Lésion de pression 12
Outil d’évaluation du risque de développement d’une lésion de pression : Échelle de Braden
L’échelle de Braden est un des outils d'évaluation du risque de développement d’une lésion de pression les plus utilisés dans le monde, avec une sensibilité et une fiabilité
démontrée de 0,83 à 0,95 (Bryant et Nix, 2016). Elle est composée de 6 facteurs de risque (paramètres) reconnus pour contribuer au développement d'une lésion de pression.
L'identification de ces facteurs de risque (ceux qui sont présents chez un usager) nous permet de déterminer les interventions spécifiques et prioritaires pour prévenir les lésions
de pression. Tout outil d'évaluation du risque de développement d’une lésion de pression ne peut être utilisé SANS le jugement clinique d'une infirmière. En effet, il est reconnu
que les outils actuellement disponibles sont limités au niveau de la détermination (importance d'un facteur de risque par rapport à un autre) et du traitement de l'effet cumulatif
de deux ou plusieurs facteurs de risque chez un usager (NPUAP, EPUAP et PPPIA, 2014). Le jugement clinique de l'infirmière est donc requis pour compléter le résultat obtenu
avec ce type d’outil d'évaluation.
L’échelle de Braden évalue 6 paramètres reliés à :
Perception sensorielle : Fait référence à la capacité de l’usager de ressentir et communiquer une douleur secondaire à la pression. La diminution ou l’absence de la
proprioception limite la réaction à la douleur chez certains usagers comme, par exemple, ceux qui ont des lésions médullaires ou neurologiques, des neuropathies sensitives
(diabète, trauma, etc.), ou ceux qui sont confus, désorientés, sous sédation ou comateux.
Activité : Fait référence au niveau d’activité lorsque l’usager est alité, assis dans un fauteuil ou ambulant. L’activité et les mouvements favorisent la circulation sanguine et
l’irrigation des tissus, et soulagent également la pression (selon la localisation de la lésion).
Mobilité : Fait référence à la capacité de l’usager à changer de position et à maintenir une position adéquate au lit ou dans un fauteuil comme, par exemple, lorsqu’il se tourne
seul dans son lit ou dégage ses ischions (transfert de poids au lit ou dans un fauteuil). Une restriction de la mobilisation peut être liée à l’état de santé de l’usager de façon
involontaire (ex. : coma, sédation) ou par une interdiction médicale (ex. : trauma en investigation). L’usager peut également être incapable d’effectuer une mobilisation de façon
autonome (ex. : perte de masse musculaire, obésité, douleur).
Humidité : Fait référence à l’exposition secondaire de la peau à l’incontinence urinaire et/ou fécale, la fièvre, la diaphorèse ou l’exsudat abondant d’une plaie.
Nutrition : L’évaluation nutritionnelle fait référence à la qualité et la quantité des aliments. Il importe de ne pas se fier à l’apport nutritionnel actuel de l’usager; il faut évaluer
cet apport sur une période plus étendue. Par exemple, un usager, étant NPO depuis 00h00, ne sera pas considéré comme étant dénutri si son apport est normalement adéquat.
Il est à noter que l’obésité n’est pas un indicateur de nutrition adéquate.
Friction et cisaillement : La friction et le cisaillement se produisent lorsque la peau frotte contre une surface. Pour les usagers ayant des spasmes, de l’agitation, une incapacité à
se soulever lors des transferts ou subissant un glissement dans le lit en raison d’une tête de lit trop élevée, la peau sera soumise à la friction et au cisaillement, et ces derniers
seront donc plus à risque de développer des lésions de pression.
(Bryant et Nix, 2016)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 8 – Lésion de pression 13
Le tableau ci‐dessous présente les 4 niveaux de l’Échelle de Braden pour chacun des 6 paramètres évalués afin de déterminer le risque de développement d’une lésion de
pression.
Échelle de Braden, date :
Perception 1. Complètement limitée 2. Très limitée 3. Légèrement limitée 4. Aucune atteinte
sensorielle
Absence de réaction (ne guérit pas, Répond seulement aux stimuli Répond aux ordres verbaux, mais Répond aux ordres verbaux. N’a
Capacité de ne sursaute pas, n’a pas de réflexe dangereux. Ne peut communiquer ne peut pas toujours aucun déficit sensoriel qui pourrait
répondre d’une de préhension) aux stimuli l’inconfort que par des gémissements communiquer l’inconfort ou le limiter sa capacité de ressentir ou
manière douloureux due à une diminution ou de l’agitation; besoin d’être tourné; d’exprimer de la douleur ou de
significative à du niveau de conscience; ou ou l’inconfort.
l’inconfort causé ou A une altération sensorielle qui limite A une certaine altération
par la pression A une capacité limitée de ressentir la capacité de ressentir de la douleur sensorielle qui limite sa capacité
de la douleur ou de l’inconfort sur ou l’inconfort sur la moitié de son de ressentir de la douleur ou
la majeure partie de son corps. corps. l’inconfort dans un ou deux de
ses membres.
Humidité 1. Constamment humide 2. Très humide 3. Occasionnellement humide 4. Rarement humide
Degré d’humidité La peau est presque constamment La peau est souvent, mais pas La peau est occasionnellement La peau est habituellement sèche.
auquel la peau est humide à cause de la transpiration, toujours, humide. La literie doit être humide et nécessite un La literie est changée aux intervalles
exposée l’urine, etc. La moiteur est notée changée au moins une fois par quart changement de literie habituels.
chaque fois que la personne est de travail. additionnel environ une fois par
changée de position. jour.
Activité 1. Alité 2. Confinement au fauteuil 3. Marche à l’occasion 4. Marche fréquemment
Degré d’activité Confinement au lit. La capacité de marcher est très Marche occasionnellement dans Marche hors de la chambre au
physique limitée ou inexistante. Ne peut la journée, mais sur de très moins 2 fois par jour et dans la
supporter son propre poids et / ou a courtes distances, avec ou sans chambre au moins une fois toutes
besoin d’aide pour s’asseoir dans le aide. Passe la plupart du temps les 2 heures en dehors des heures
fauteuil ou le fauteuil roulant. de chaque quart de travail au lit de sommeil.
ou dans le fauteuil.
Mobilité 1. Complètement immobile 2. Très limitée 3. Légèrement limitée 4. Non limitée
Capacité de changer Incapable de faire le moindre Fait occasionnellement de légers Fait de fréquents mais légers Fait des changements de position
et de contrôler la changement de position de son changements de position de son changements de position de son importants et fréquents sans aide.
position de son corps ou de ses membres sans corps ou de ses membres; incapable corps ou de ses membres de
corps assistance. de faire des changements fréquents façon indépendante.
ou importants de façon
indépendante.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 8 – Lésion de pression 14
Nutrition 1. Très pauvre 2. Probablement inadéquate 3. Adéquate 4. Excellente
Profil de Ne mange jamais un repas Mange rarement un repas complet Mange plus de la moitié de la Mange presque entièrement son
l’alimentation complet. Mange rarement plus du et ne mange généralement que la plupart des repas. Mange un repas. Ne refuse jamais un repas.
habituelle tiers de tout aliment offert. Mange moitié de tout aliment offert. total de 4 portions de protéines Mange habituellement un total de
2 portions ou moins de protéines L’apport de protéines comporte 3 (viande, produits laitiers) 4 portions ou plus de viande et de
(viande ou produits laitiers) par portions de viande ou de produits chaque jour. Peut refuser à produits laitiers. Mange
jour. Boit peu de liquide. Ne prend laitiers par jour. Prend l’occasion un repas, mais prend occasionnellement entre les repas.
pas de supplément nutritionnel occasionnellement un supplément habituellement un supplément Un supplément nutritionnel n’est
liquide; nutritif; nutritionnel s’il est offert; pas nécessaire.
ou ou ou
Ne prend rien par la bouche et / Reçoit une quantité insuffisante de Est alimenté par gavage ou par
ou reçoit une diète liquide ou une liquide ou de gavage. alimentation parentérale totale
perfusion intraveineuse pendant qui répond probablement à la
plus de 5 jours. plupart des besoins
nutritionnels.
Friction et 1. Problème 2. Problème potentiel 3. Aucun problème apparent
cisaillement
A besoin d’une aide modérée à Bouge faiblement ou requiert une Bouge de façon indépendante
maximale pour bouger. Il est aide minimale. Pendant un dans le lit ou le fauteuil et a
impossible de le soulever changement de position, la peau suffisamment de force
complètement sans que sa peau frotte probablement jusqu’à un musculaire pour se soulever
frotte sur les draps. Il glisse certain degré contre les draps, le complètement pendant un
fréquemment dans le lit ou le fauteuil, les contentions ou autres changement de position. Il
fauteuil, ce qui requiert qu’il soit appareils. Il maintient la plupart du maintient en tout temps une
positionné fréquemment avec une temps une assez bonne position dans bonne position dans le lit et le
aide maximale. La spasticité, les le fauteuil ou le lit, mais il glisse à fauteuil.
contractures ou l’agitation l’occasion.
entraînent une friction presque
constante.
Résultat
(©Barbara Braden et Nancy Bergstrom, 1988. Version française approuvée par les auteurs : © Diane St‐Cyr et Nicole Denis, 2004)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 8 – Lésion de pression 15
Interprétation de l’échelle de Braden
≥ 19 points Pas de risque
15‐18 points Risque faible
13‐14 points Risque moyen
10‐12 points Risque élevé
≤ 9 points Risque très élevé
Fréquence de l’évaluation du risque de développer des lésions de pression
Environnement de l’usager Fréquence
Courte durée À l’admission (maximum 8 heures postadmission), puis toutes les 48 heures ou lorsqu’il y a un changement important
dans la condition de santé de l’usager.
Long terme À l’admission (maximum 8 heures postadmission), puis 1 fois par semaine durant 4 semaines, 1 mois plus tard, puis aux
3 mois.
Soins à domicile À la première visite, puis lorsqu’il y a un changement important dans la condition de santé de l’usager.
Urgences et soins intensifs À l’admission (maximum 8 heures postadmission), puis aux 24 heures.
(NPUAP, EPUAP et PPPIA, 2014; Bryant et Nix, 2016; Bourque, Kergoat, Girouard et Boyer, 2012)
CLASSIFICATION DES LÉSIONS DE PRESSION (STADE) SELON LE NPUAP (2016)
Les lésions de pression sont classées par stades. L’identification du stade de chaque lésion :
est basée sur la profondeur de l’atteinte tissulaire;
n’est pas un indicateur du processus de cicatrisation de la lésion;
est réalisée lors de l’évaluation initiale de la lésion, et ce, relativement à la couche la plus profonde visible. Lors des évaluations subséquentes, le stade demeure
inchangé, sauf si une couche tissulaire plus profonde est maintenant visible (ex. : après un débridement).
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 8 – Lésion de pression 16
Le tableau ci‐dessous présente les différents stades de classification des lésions de pression.
Stades Définitions Schémas Photographies
Stade 1 Absence de perte cutanée
Présentation clinique :
Peau intacte présentant une
rougeur qui ne blanchit pas à la
pression du doigt. Chez l'usager
avec le teint foncé ou pigmenté,
une décoloration de la peau reliée à
de la chaleur, de l’œdème et de
l’induration peuvent être observés.
Source : CIUSSS de l’Estrie ‐ CHUS
Blanchie Non blanchie
Source : NPUAP (2016)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 8 – Lésion de pression 17
Stades Définitions Schémas Photographies
Stade 2 Perte de peau partielle touchant
l’épiderme et le derme.
Présentation clinique :
Phlyctène ou lésion peu profonde,
avec un lit de lésion rouge à rosé,
sans tissu non viable. Possibilité
d’ecchymose (laisse suspecter une
lésion des tissus profonds).
Cette catégorie ne doit pas être
utilisée pour décrire les déchirures
cutanées, les réactions allergique ou Source : NPUAP (2016) Source : CIUSSS de l’Estrie – CHUS
traumatique, les lésions dues au
retrait d’adhésifs ainsi que celles
dues aux dermatites associées à
l’incontinence ou à l’humidité.
Stade 3 Perte de peau complète touchant
l’épiderme et le derme
Présentation clinique :
Tissu graisseux sous‐cutané pouvant
être visible, mais les os, tendons et
muscles ne sont pas exposés. Des
tissus non viables peuvent être
présents, mais ils n’empêchent pas
de voir la profondeur de la lésion
(l’atteinte). Possibilité de sinus et de
Source : NPUAP (2016) Source :
tunnel.
https://www.anatomicalconcepts.com/blog/2017/3/30/dealing‐with‐
pressure‐ulcers
La profondeur de la lésion de stade
3 varie en fonction de sa
localisation. Étant donné que le nez,
l’oreille et l’occiput possèdent peu
de tissu adipeux, les lésions seront
peu profondes contrairement à la
région de l’ischion.
(Bryant et Nix, 2016)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 8 – Lésion de pression 18
Stades Définitions Schémas Photographies
Stade 4 Perte tissulaire complète
Présentation clinique :
Lésion profonde avec os, tendons,
et muscles exposés. Des tissus non
viables peuvent être présents.
Possibilité de sinus et de tunnel.
Source : CIUSSS de l’Estrie ‐ CHUS
Source : NPUAP (2016)
Stade Perte tissulaire complète dont la
indéterminé base est recouverte de tissus non
viables (escarre/nécrose).
Dans ce cas, il est impossible de
déterminer la profondeur de
l’atteinte tissulaire. Toutefois, un
stade 3 ou 4 pourra être attribué à
la lésion après un débridement.
Attention :
Source : CIUSSS de l’Estrie ‐ CHUS
Une escarre SÈCHE, stable, sans
érythème, ou fluctuante sur un
talon, ne doit pas être débridée.
Cette dernière sert de protection
aux structures sous‐jacentes contre
l’invasion de microorganismes.
Cependant, un débridement
s’impose s’il y a présence de signes
d’infection.
Source : NPUAP (2016)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 8 – Lésion de pression 19
Stades Définitions Schémas Photographies
Lésion des tissus Zone de décoloration violacée ou
profonds (LTP) marron bien définie, ou phlyctène
sanguine causée par la pression et
le cisaillement.
Évolution rapide possible pouvant
affecter les couches tissulaires sous‐
jacentes malgré un plan de
traitement optimal.
Source : CIUSSS de l’Estrie – CHUS
Source : NPUAP (2016)
TRAITEMENT DES LÉSIONS DE PRESSION
Interventions préventives et curatives selon les paramètres de l’Échelle de Braden
Note : Les interventions doivent être choisies en fonction des facteurs de risque jugés prioritaires lors de l'évaluation et adaptées en fonction du milieu de soins ou de vie de
l'usager.
Facteurs de risque Interventions préventives et curatives (liste non exhaustive de suggestions)
Perception sensorielle Mettre en place des horaires de positionnement et des routines de soins.
Retirer les bas et les chaussures à tous les quarts de travail (selon le milieu de soins).
Installer une surface d’appui préventive, réactive ou active, avec ou sans gestion du microclimat (ex. : tissu imperméable tel que du Gore‐
TexMD ou à faible perte d’air), sur le lit et le fauteuil.
Limiter le positionnement au fauteuil à une heure TID chez les usagers ayant une lésion de pression ne pouvant être dégagée.
Humidité Traiter la cause de l’humidité.
Établir un horaire pour l’élimination urinaire/fécale.
Instaurer une routine de vérification de la culotte d’incontinence.
Nettoyer la peau avec un produit nettoyant ayant un pH neutre, après chaque incontinence.
Utiliser une barrière cutanée et un hydratant pour la peau.
Appliquer des pansements mousses au niveau des proéminences osseuses où des lésions de pression peuvent se développer (gérer le
microclimat; NPUAP, EPUAP et PPPIA, 2014).
Observer la peau lors des changements de culotte d’incontinence ou changements de position.
Installer une surface d’appui avec gestion du microclimat (ex. : tissu imperméable tel que du Gore‐TexMD ou à faible perte d’air).
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 8 – Lésion de pression 20
Facteurs de risque Interventions préventives et curatives (liste non exhaustive de suggestions)
Activité Encourager l’usager à effectuer ses mobilisations au fauteuil et dans la chambre selon sa tolérance.
Mettre en place un horaire de repositionnement.
Encourager l’usager à faire le transfert de poids en avant et en arrière, puis à gauche et à droite aux quinze minutes.
Encourager l’usager à faire des répulsions (push‐ups) aux 15 minutes (Bryant et Nix, 2016).
Idéalement, l'usager ne devrait jamais s’asseoir sur une lésion de pression. Cependant, certains doivent s’asseoir dans un fauteuil afin
d’augmenter leurs mobilité et activité, et de prévenir des complications pulmonaires et circulatoires. En collaboration avec
l’ergothérapeute, lorsqu’un usager s’assoit dans le fauteuil :
o limiter le positionnement au fauteuil à une durée ≤ 1 heure, 3 fois/jour :
choisir un fauteuil à dossier haut et muni d’accoudoirs,
s’il y a utilisation d’un lève‐personne : enlever les sangles et les supports de transfert une fois la manœuvre terminée, car ce sont
des sources potentielles de pression.
Installer d’une surface d’appui préventive, réactive ou active, sur le fauteuil (Arias et al., 2015).
Orienter en physiothérapie.
Noter que l’utilisation d’aides techniques peut causer ou résoudre une problématique de friction et de cisaillement (ex. : trapèze de lit).
Mobilité Encourager l’usager à effectuer ses mobilisations au lit (seul ou avec aide).
Effectuer les mobilisations aux 2 heures / Instaurer un horaire de positionnement.
Placer l’usager en position latérale à 30° par rapport à la surface d’appui (ajout de coussins, d’un coussin avec angle de 30° ou d’oreillers).
Dégager les talons (placer un oreiller sous les jambes, des genoux aux chevilles; utiliser du matériel de mise en décharge ou des coussins
avec angle de 30°).
Placer le genou en légère flexion (5 à 10°).
Installer une surface d’appui préventive, réactive ou active, sur le lit et le fauteuil.
Vérifier l’effet d’écrasement de la surface d’appui.
Orienter en physiothérapie.
Orienter en ergothérapie.
Noter que l’utilisation d’aides techniques peut causer ou résoudre une problématique de friction et de cisaillement (ex. : trapèze de lit).
Nutrition Augmenter l’apport en protéines.
Ajouter des suppléments de vitamines et minéraux.
Offrir à boire et encourager la consommation de liquides (sauf s’il y a une limite hydrique à respecter).
Évaluer la capacité à s’alimenter seul.
Encourager la consommation de collations riches en protéines.
Orienter vers une nutritionniste.
Friction et cisaillement Mettre des bas à l'usager afin de minimiser la friction au niveau des talons.
Mettre des vêtements à manches longues à l’usager afin de minimiser la friction au niveau des coudes.
Effectuer les mobilisations à l’aide d’une alèse de glissement (doit être placée sous tout le corps).
Élever le pied de lit à 30° et la tête de lit jusqu’à un maximum de 30°.
Installer l’usager dans un fauteuil, dos adossé et pieds reposant sur le sol ou sur un appui‐pied (pour répartir le poids).
Appliquer des pansements mousses au niveau des proéminences osseuses où des lésions de pression peuvent se développer (pour gérer la
friction et le cisaillement; NPUAP, EPUAP et PPPIA, 2014).
Installer une surface d’appui qui répond spécifiquement aux problématiques de friction et de cisaillement.
Installer et encourager l’utilisation d’un trapèze au lit.
Orienter en ergothérapie.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 8 – Lésion de pression 21
(Doughty, McNichol et Wound, Ostomy and Continence Nurses Society, 2016; NPUAP, EPUAP et PPPIA, 2014; Bryant et Nix, 2016)
Horaire de positionnement
Un horaire de positionnement permet à l’infirmière d’individualiser ses interventions, de varier les positions de l'usager et d’optimiser l’utilisation de toutes les positions
possibles dans une proportion égale tout en tenant compte des heures de repas et de repos. Selon l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ, 2007), il tient lieu
d’aide‐mémoire qui permet à l’équipe de soins de vérifier si les mobilisations ont été effectuées selon la séquence et la fréquence établies pour l’usager.
Source : Centre hospitalier universitaire de Québec
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 8 – Lésion de pression 22
SURFACES D’APPUI
Les surfaces d’appui sont des aides techniques spécialisées permettant une redistribution de la pression lorsque l’usager est couché ou assis. Selon la composition et les
mécanismes d’action de la surface d’appui, cette dernière peut également gérer la friction, le cisaillement et le microclimat (Bryant et Nix, 2016). Cependant, l’utilisation
d’une surface d’appui seule n’est pas suffisante pour prévenir et traiter une lésion de pression (Doughty, McNichol et Wound, Ostomy and Continence Nurses Society, 2016).
Types de surface d’appui
Types Caractéristiques
Surmatelas Surface d’appui qui se place par‐dessus le matelas et qui est plus mince que le matelas de remplacement.
Elle peut limiter les transferts de l’usager;
Risque d’effet d’écrasement;
Risque de piégeage;
Risque de chute;
Elle peut occasionner des problèmes lors de l’installation de la literie.
Attention : Le surmatelas en coquilles d’œufs favorise le confort chez l’usager, mais il n’a pas de propriétés préventives ou
curatives reliées à la prévention et au traitement des lésions de pression.
Matelas et matelas de remplacement Le matelas est une surface pouvant être achetée avec la base du lit ou dans un deuxième temps. La majorité des matelas en milieu
hospitalier permettent une redistribution de la pression (surfaces préventives).
Le matelas de remplacement est une surface d’appui spécialisée qui remplace la surface préventive et qui peut être installée sur
une base de lit régulière.
Système de lit intégré Surface d’appui et lit sont combinés et non dissociables.
Elle remplace le lit régulier en entier.
Coussin Il peut être installé dans un fauteuil ou un fauteuil roulant.
Risque d’effet d’écrasement;
Vérification régulière du bon fonctionnement (gonflement) requise;
Les dispositifs en forme de beigne sont à proscrire.
(OIIQ, 2007; Bryant et Nix, 2016; Doughty, McNichol et Wound, Ostomy and Continence Nurses Society, 2016)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 8 – Lésion de pression 23
Composition d’une surface d’appui
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 8 – Lésion de pression 24
Effet d’écrasement
L’effet d’écrasement survient lorsque le matériel de la surface d’appui se comprime pour ne laisser qu’une épaisseur de moins de 2,5 cm
(OIIQ, 2007; Bryant et Nix, 2016)
Évaluation de l’effet d’écrasement :
Il se mesure en glissant une main, paume vers le haut, sous la surface vis‐à‐vis une proéminence osseuse à risque de développer une lésion de pression.
o Si l’épaisseur est ≥ 2,5 cm : la surface est adéquate;
o Si l’épaisseur est < 2,5 cm : la surface doit être réévaluée.
Il est important d’adapter la surface à l’usager en raison de l’effet d’écrasement potentiel, qui survient lorsque :
o le poids excède les recommandations du fabricant;
o il y a une disproportion entre le poids et la taille (ex. : amputation des membres inférieurs);
o il y a une tendance à garder la tête de lit à plus de 30°;
o la surface n’est pas bien ajustée (dégonflée ou surgonflée).
(Bryant et Nix, 2016)
Source : RNAO (2016)
ATTENTION
Cette manœuvre doit être effectuée sous toutes les régions à risque, et ce, pour les différentes positions de l’usager.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 8 – Lésion de pression 25
Fonctionnalités d’une surface d’appui
Note : L’utilisation de surfaces d'appui se fait selon un programme développé en fonction de la situation clinique de l’usager et de ses besoins. L'intervenant doit donc
pouvoir comprendre les fonctionnalités des diverses surfaces afin de développer un programme adéquat pour chaque usager.
Alternance entre pression et pulsation
La surface d’appui est motorisée (bruit).
Le gonflement d’une ou plusieurs cellules d’air est effectué sur une courte période selon un cycle rapide.
Le gonflement des cellules se fait de façon graduelle.
Un réglage en fonction du poids et de la taille de l'usager doit être effectué pour certaines surfaces d’appui.
Les mobilisations au lit et lors des transferts peuvent être difficiles.
Faible perte d’air
La surface d’appui est motorisée (bruit).
La surface est composée d’un groupe de cellules d’air interreliées.
La faible perte d’air permet de diminuer la chaleur sous la surface corporelle et favorise le contrôle de l’humidité (microclimat).
Rotation latérale
La surface d’appui est motorisée (bruit).
La rotation longitudinale de l’usager est possible jusqu’à un maximum de 40°.
Les rotations peuvent être en continu ou seulement lors des mobilisations au lit.
Les mobilisations au lit et lors des transferts peuvent être difficiles.
Haute perte d’air (air fluidisé)
La surface d’appui est motorisée (bruit).
Cette fonctionnalité est uniquement disponible pour les systèmes de lit intégré (lit et surface combinée).
La haute perte d’air permet à l’air de pénétrer dans les billes de silicone créant ainsi la sensation d’être sur un fluide.
Elle réduit la pression au niveau des capillaires à < 32 mm Hg en permanence.
Elle a des propriétés hautement curatives : à privilégier pour les grands brûlés; les lésions de pression étendues; les lésions de pression de stade 3, 4 et les lésions de
pression LTP (sacrum et tronc); et les greffes (ex. : lambeaux myocutanés pédiculés).
Les mobilisations au lit et lors des transferts peuvent être difficiles.
Elle est utilisée majoritairement en milieu hospitalier et est très couteuse.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 8 – Lésion de pression 26
Critères à considérer avant de sélectionner une surface d’appui
Facteurs liés à l’usager
La sélection de la surface d’appui ne doit pas être basée sur le fait d’avoir ou non une lésion de pression, mais sur les besoins de l’usager.
Poids et taille maximums de l'usager
Vérifier si la surface d’appui a des limites relativement au poids et à la taille du l'usager.
Prendre en considération le fait que le poids peut varier selon la condition de santé de l'usager (ex. : œdème).
Humidité :
La gestion du microclimat (température et humidité) doit être considérée lors de la sélection de la surface. Opter préférablement pour une surface à faible perte d’air.
L’utilisation conjointe de certaines alèses spécifiques (ex. : alèse glissante), ou toiles, avec une surface, a un impact sur la gestion du microclimat (ex. : Skin IQMD de
ArjoHuntleigh, recouvrement en Gore‐TexMD ou recouvrement de surface d’appui à faible perte d’air).
Activité
Pour les soins actifs en réadaptation physique, la mobilisation de l’usager doit être possible afin d’effectuer les transferts : opter préférablement pour des surfaces
préventives ou réactives.
Si l’usager est alité ou est incapable de faire de grands changements de positionnement, opter préférablement pour une surface active.
Une surface d’appui devrait être installée au fauteuil s’il y en a une au lit.
Mobilité
Considérer les objectifs de rééducation et de remobilisation (physiothérapie) lors du choix de la surface d’appui.
Attention : les usagers agités, confus, ou à risque de chute, ne devraient pas être installés sur une surface réactive ou active sans une surveillance accrue.
Friction et cisaillement
Ils peuvent être occasionnés par des mouvements involontaires de l’usager (ex. : Parkinson, sur un fauteuil roulant), un glissement de l’usager dans le lit ou lors des
transferts, etc. Certaines surfaces réactives et actives permettent de gérer ce type de problématique.
L’usager ayant besoin d’une élévation constante de la tête du lit peut bénéficier d’une surface avec laquelle la friction et le cisaillement sont réduits.
Maladies concomitantes liées au développement d’une lésion de pression
Pour un usager ayant une traction squelettique ou cutanée, consulter le médecin pour vérifier si une surface réactive ou active peut être utilisée.
Lésion
Tenir compte du nombre de lésions de pression, ainsi que de leurs dimensions et stade. Lorsqu’un usager peut effectuer ses mobilisations pour plus de deux positions
(excluant les positions qui appuient sur une lésion de pression), il peut bénéficier d’une surface réactive.
La localisation de la lésion détermine les interventions à mettre en place pour soulager la pression : par exemple, il n’est pas nécessaire d’avoir une surface d’appui
pour des lésions de pression au talon et à l’occiput.
Douleur
La douleur peut limiter la mobilité et l’activité chez l’usager. Certaines surfaces sont plus confortables que d’autres; toutefois, le confort ressenti avec une surface
donnée est subjectif et varie donc selon l’usager.
Niveau de risque de chute
Certaines surfaces rendent les transferts difficiles.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 8 – Lésion de pression 27
Risque de piégeage
Le piégeage se réfère à un incident où un usager est « pris, piégé ou coincé dans ou autour de l’espace de la barrière du lit, du matelas ou du cadre de lit d’hôpital » (Santé
Canada, 2008). Le piégeage peut entraîner la mort et des blessures graves. Santé Canada (2008) a émis des lignes directrices sur les risques de piégeage afin d’aider les
fabricants et les établissements de santé à réduire le nombre d’incident de ce genre. Les professionnels de la santé sont encouragés à procéder à une évaluation globale de
l’usager afin de déterminer s’il est approprié de mettre une surface d’appui ou des barrières de lit. Voici quelques points à considérer lors de l’évaluation de l’usager:
l’état mental de l’usager (orienté, alerte, confus, somnolent, désorienté, inconscient);
le degré de mobilité de l’usager (immobile ou autonome);
le risque de chute (chutes antérieures, obésité, état de semi‐conscience, paralysie partielle, convulsions ou spasmes, sédation, déficience visuelle, confusion);
le risque de blessures causées par une chute (âge avancé, ostéoporose, prise d’anticoagulants, peau fragile, maladie vasculaire, maladie grave);
le degré d’anxiété de l’usager par rapport à l’utilisation de barrières de lit;
les médicaments consommés par l’usager.
Voici les principales zones à risque selon Santé Canada (2008) :
Zone 1 : entre les barreaux de la barrière;
Zone 2 : sous la barrière, entre les montants de la barrière ou à côté d'un seul montant de la barrière;
Zone 3 : entre la barrière et le matelas;
Zone 4 : sous la barrière, à l'extrémité de la barrière;
Zone 5 : entre les demi‐barrières;
Zone 6 : entre l'extrémité de la barrière et le côté de la tête ou du pied de lit;
Zone 7 : entre la tête ou le pied de lit et l'extrémité du matelas.
Source : Santé Canada (2008)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 8 – Lésion de pression 28
Zone 7 Zone 5
Source : Santé Canada (2008)
Le risque de piégeage ne devrait pas prévaloir sur le risque de développer une lésion de pression, mais il importe d’effectuer une surveillance étroite de ces usagers.
La sélection d’une surface d’appui
Le guide des surfaces d’appui est une aide à la décision pour les infirmières, mais il ne prévaut pas sur le jugement clinique du professionnel de la santé (Laferrière et al.,
2018). Afin d’obtenir une évaluation complète de la situation clinique de l’usager relativement à ses habiletés fonctionnelles, une consultation en ergothérapie est
recommandée. La plupart des surfaces d’appui sont disponibles en location journalière. Toutefois, il est important de cesser l’utilisation d’une surface d’appui lorsque
l’usager ne répond plus aux critères d’admissibilité, car une utilisation non judicieuse prédispose à des couts de location non efficients. Voici un exemple d’aide à la décision
pour les surfaces d’appui (Laferrière et al., 2018).
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 8 – Lésion de pression 29
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 8 – Lésion de pression 30
Surface d’appui préventive
Mousse de polyuréthane à haute résilience, durable et confortable, qui s’ajuste proportionnellement au poids appliqué. (Doughty, McNichol et Wound, Ostomy and Continence
Nurses Society, 2016)
Indications
Niveau de risque faible (échelle de Braden)
Surface d’appui réactive
Surface d’appui, motorisée ou non, qui permet une distribution de la pression en réaction au poids appliqué. Elle peut être composée de mousse (viscoélastique ou
élastique), de gel, d’air, d’un fluide visqueux ou d’une combinaison de matériaux. Le but est de permettre une immersion profonde (enfoncement) et un enveloppement de
l’usager afin de réduire la déformation des tissus aux points de pression. Exemples : Fusion XCMC (Permobil), RikMD Fluid (ArjoHuntleigh), Mensa (Leika).
(NPUAP, EPUAP et PPPIA, 2014; Bryant et Nix, 2016)
Indications
Niveau de risque moyen à élevé (échelle de Braden);
En salle d’opération avec des facteurs de risque (surtout si chirurgie dure > 3 – 4 heures);
Avec des facteurs de risque selon l’évaluation de la situation clinique (médecin, infirmière, ergothérapeute, physiothérapeute, nutritionniste);
Lésion de pression (peu importe le stade) chez un usager qui effectue une mobilisation ou lorsqu’une remobilisation est envisagée;
L'usager peut changer lui‐même de position sans s'appuyer sur sa plaie, et ce, pour au moins deux positions différentes et sans effet d'écrasement de la surface
d'appui.
Contre‐indications
Instabilité cervicale, thoracique ou lombaire;
Traction cervicale ou squelettique;
Usager agité, confus, etc. (voir risque de piégeage).
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 8 – Lésion de pression 31
Surface d’appui réactive avec faible perte d’air
Surface thérapeutique, motorisée ou non, qui permet une distribution de la pression en réaction au poids appliqué. Elle peut être composée de mousse, de gel, d’air, d’un
fluide visqueux ou d’une combinaison de matériaux. Cette surface a également la capacité de maintenir un microclimat soit via une circulation d’air sous le tissu semi‐
perméable de recouvrement, via un recouvrement imperméable ou via une circulation d’air entre l’usager et le recouvrement. Exemple : Pressure IQ EvolveMC combiné au
Skin IQMD (ArjoHuntleigh).
(NPUAP, EPUAP et PPPIA, 2014; Bryant et Nix, 2016; Doughty, McNichol et Wound, Ostomy and Continence Nurses Society, 2016)
Indications
Niveau de risque moyen à élevé (échelle de Braden);
En salle d’opération avec des facteurs de risque (surtout si chirurgie dure > 3 – 4 heures);
Avec des facteurs de risque selon l’évaluation de la situation clinique (médecin, infirmière, ergothérapeute, physiothérapeute, nutritionniste);
Incontinence urinaire ou fécale, humidité excessive ou plaie(s) suintante(s);
Lésion de pression (peu importe le stade) chez un usager qui effectue une mobilisation ou lorsqu’une remobilisation est envisagée;
L'usager peut changer lui‐même de position sans s'appuyer sur sa plaie, et ce, pour au moins deux positions différentes et sans effet d'écrasement de la surface
d'appui.
Contre‐indications
Instabilité cervicale, thoracique ou lombaire;
Traction cervicale ou squelettique;
Usager agité, confus, etc. (voir risque de piégeage).
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 8 – Lésion de pression 32
Surface d’appui réactive avec air fluidisé
Lit et surface combinés contenant des billes de silicone qui permettent une redistribution de la pression caractérisée par l’immersion (enfoncement) et l’enveloppement. La
haute perte d’air permet à l’air de pénétrer dans les billes de silicone créant ainsi la sensation d’être sur un fluide. Les deux tiers (2/3) de la surface corporelle sont alors
enfoncés dans la surface composée de billes chaudes, sèches et fluidisées. Exemple : FluidAirMD Elite Therapy System (ArjoHuntleigh).
(Doughty et McNichol, 2016).
Indications
Niveau de risque moyen à élevé (échelle de Braden);
Usager confiné au lit ou au fauteuil, ou pour lequel on ne peut effectuer des mobilisations (ex. : lambeau, instabilité hémodynamique);
Avec des facteurs de risque selon l’évaluation de la situation clinique (médecin, infirmière, ergothérapeute, physiothérapeute, nutritionniste);
Incontinence urinaire ou fécale, humidité excessive ou plaie(s) suintante(s);
Impossibilité d’effectuer ses mobilisations pour plus de deux positions (excluant les positions qui appuient sur une lésion de pression).
Contre‐indications
Instabilité cervicale, thoracique ou lombaire;
Traction cervicale ou squelettique;
Problème pulmonaire;
Claustrophobie;
Usager agité, confus, etc. (voir risque de piégeage).
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 8 – Lésion de pression 33
Surface d’appui active
Surface d’appui motorisée, caractérisée par un changement périodique de la pression, avec redistribution de la pression peu importe le poids appliqué (NPUAP, EPUAP et
PPPIA (2014); Bryant et Nix, 2016; Doughty, McNichol et Wound, Ostomy and Continence Nurses Society, 2016). Elle est disponible sous forme de surmatelas, matelas et
coussins. Exemple : Domus Auto (Leika)
Indications
Niveau de risque élevé à très élevé (échelle de Braden);
Usager confiné au lit ou au fauteuil, ou pour lequel on ne peut effectuer des mobilisations (ex. : lambeau, instabilité hémodynamique);
Avec des facteurs de risque selon l’évaluation de la situation clinique (médecin, infirmière, ergothérapeute, physiothérapeute, nutritionniste);
Usager dont le poids provoque un effet d’écrasement de la surface d’appui en place (ex. : obèse);
Avec un syndrome d’immobilisation (ex. : détérioration de l’état général, anasarque, période postopératoire);
Présence d’une douleur grave ou exacerbée par les changements de position (ex. : métastases osseuses, arthrite);
Usager a des antécédents de lésions de pression et ne peut effectuer ses mobilisations seul;
Usager pour lequel on ne peut effectuer des mobilisations sans un appui sur sa lésion de pression;
Présence d’une lésion de pression ne présentant aucun signe d’amélioration après 2 à 4 semaines de traitement, et ce, malgré un plan de soins et traitements optimal;
Présence d’une brûlure (selon la localisation, le grade et l’étendue).
Contre‐indications
Instabilité cervicale, thoracique ou lombaire;
Traction cervicale ou squelettique;
Mobilité et activité de l’usager sont favorisées;
Usager agité, confus, etc. (voir risque de piégeage).
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 8 – Lésion de pression 34
Surface d’appui active avec faible perte d’air
Surface d’appui motorisée, caractérisée par un changement périodique de la pression, avec redistribution de la pression peu importe le poids appliqué (NPUAP, EPUAP et
PPPIA (2014); Bryant et Nix, 2016; Doughty, McNichol et Wound, Ostomy and Continence Nurses Society, 2016). Cette surface a également la capacité de maintenir un
microclimat soit via une circulation d’air sous le tissu semi‐perméable de recouvrement ou via un recouvrement perméable à l’air. Elle est disponible sous forme de
surmatelas, matelas et coussins. Exemples : PressureGuardMD Easy AirMC
(Span America), Serene (Leika)
Indications
Niveau de risque élevé à très élevé (échelle de Braden);
Usager confiné au lit ou au fauteuil, ou pour lequel on ne peut effectuer des mobilisations (ex. : lambeau, instabilité hémodynamique);
Avec des facteurs de risque selon l’évaluation de la situation clinique (médecin, infirmière, ergothérapeute, physiothérapeute, nutritionniste);
Usager dont le poids provoque un effet d’écrasement de la surface d’appui en place (ex. : obèse);
Avec un syndrome d’immobilisation (ex. : détérioration de l’état général, anasarque, période postopératoire);
Présence d’une douleur grave ou exacerbée par les changements de position (ex. : métastases osseuses, arthrite);
Incontinence urinaire ou fécale, humidité excessive ou plaie (s) suintante(s);
Usager pour lequel on ne peut effectuer des mobilisations sans un appui sur sa lésion de pression;
Présence d’une lésion de pression ne présentant aucun signe d’amélioration après 2 à 4 semaines de traitement, et ce, malgré un plan de soins et traitements optimal;
Présence d’une brûlure (selon la localisation, le grade et l’étendue).
Contre‐indications
Instabilité cervicale, thoracique ou lombaire;
Traction cervicale ou squelettique;
Usager agité, confus, etc. (voir risque de piégeage).
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 8 – Lésion de pression 35
Traitement local d’une lésion de pression
Le traitement local des lésions se fait selon les principes du concept TIME et est ajusté selon les caractéristiques de la lésion. Il est à noter qu’un traitement local est
insuffisant s’il n’est pas combiné à la gestion de la pression, de la friction et du cisaillement.
Consulter Préparation du lit de la plaie (F3)
Consulter Traitements locaux (F10)
Lorsque la lésion de pression ne guérit pas malgré un traitement local optimal, incluant la présence d’une surface d’appui, le respect des mobilisations et le changement des
habitudes de vie, les traitements adjuvants suivants sont des options à explorer :
thérapie par pression négative;
stimulation électrique;
ultrasons;
rayonnement ultraviolet;
laser.
Consulter Traitements adjuvants (F11)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 8 – Lésion de pression 36
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Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 8 – Lésion de pression 38
FASCICULE 9
Collecte de données et
évaluation de la plaie
TABLE DES MATIÈRES – FASCICULE 9
ÉVALUATION GLOBALE .......................................................................................................................... 1
NOTE D'ÉVOLUTION ET DE TRAITEMENT DE PLAIES .................................................................................... 5
ÉVALUATION DE LA PLAIE ........................................................................................................................... 6
GUIDE DE RÉDACTION ................................................................................................................................. 8
OUTILS POUR CALCULER ET INTERPRÉTER L'INDICE DE PRESSION SYSTOLIQUE CHEVILLE‐BRAS ……………19
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 9 – Collecte de données et évaluation de la plaie i
ÉVALUATION GLOBALE
Médecin de famille : _______________________________ Médecin spécialiste : _____________________________
Pharmacie : _______________________________________ Téléphone : ____________________________________
Collecte de données
Âge : _____________ Allergies : ________________________ SARM □ ERV □ Autre : ___________
Occupation : ____________________ Milieu de vie : Seul □ Conjoint(e) □ Famille □ Autre : ___________
Sommeil : Adéquat □ Insuffisant □ Hygiène : Adéquate □ Inadéquate □
Tabagisme : Oui □ Non □ Drogue / ROH: Oui □ Non □
Quelles sont les attentes de l’usager en regard au traitement : ____________________________________________
Antécédents médicaux
HTA IRC Diabète
MPOC MVAS Neuropathie périphérique
MCAS Insuffisance veineuse Néphropathie
Blessé médullaire Thrombophlébite profonde Rétinopathie
DLPD Antécédent d'ulcère
Médication pouvant influencer le processus de guérison
Hypoglycémiant : Anticoagulant :
Corticostéroïde : Antibiotique :
Immunosuppresseur : Analgésique :
Antinéoplasique : Autre :
Consultations médicales ou autres services professionnels pertinents
Date Spécialité Informations pertinentes
Analyses de laboratoire
Date Laboratoire Résultat Date Laboratoire Résultat
Hb CRP
H 130‐180 F : 120‐160 (g/L) 0‐8 (mg/L)
Leucocytes HbA1C
3.8‐10.6 (109 g/L) Ø diabétique : 4‐6
Diabétique ≤ 7 (%)
Préalbumine Glucose
0.20‐0.40 (g/L) 3.3‐6.1 (mmol/L)
Albumine
35‐52 (g/L)
Cultures de plaies
Date Site Résultat
Radiologie / Médecine nucléaire / Autres
Date Examen Résultat
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 9 – Collecte de données et évaluation de la plaie 1
Évaluation des membres inférieurs
Jambes
Droite Gauche
Amputation (date et type)
Coloration du membre
Température du membre
Texture et turgescence
Pilosité
Hyperpigmentation brunâtre
Lipodermatosclérose
Atrophie blanche
Œdème
Varices/Varicosités/Télangiectasies/Veines réticulaires
Dermatite
Xérose/Anhidrose
Autre : _______________________________________________
Pieds, orteils et ongles
Droite Gauche
Amputation (date et type)
Callosité/Durillon/Cor
Hyperhydrose/Bromhydrose
Crevasses/Fissures
Pied creux/plat
Pied de Charcot
Proéminence têtes métatarsiennes
Hallux valgus
Chevauchement des orteils
Orteils en griffe/marteau
Mycose cutanée
Onychomycose
Autre : _______________________________________________
Date Examen physique Droite Gauche
IPSCB (Indice cheville‐bras)
Pouls tibial postérieur
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 9 – Collecte de données et évaluation de la plaie 2
Compression veineuse
Bas de compression : Oui □ Non □ Fréquence du port : _______________________________________
Légère (20‐30 mm Hg) □ Modérée (30‐40 mm Hg) □ Forte (40‐50 mm Hg) □ Date d’achat : _____________
Bandage de compression
Élastique ______________________________________ Inélastique________________________________________
Multicouches__________________________ Manchon de compression tubulaire _____________________________
Clientèle diabétique
Évaluation de la chaussure (particularité notée) : _______________________________________________________
Mise en décharge (chaussure/orthèse/prothèse/botte de décharge) ________________________________________
Dernière évaluation par un orthésiste : _________________________
Soins de pied par une infirmière soin podologique/podiatrie : Oui □ Non □ Fréquence : ________________
Évaluation du risque de développer une lésion de pression (Échelle de Braden)
Date Résultat Problématique prioritaire
Perception sensorielle □
____________________ Humidité □
≥ 18 : pas de risque Activité □
15‐17 : risque faible
13‐14 : risque moyen
Mobilité □
10‐12 : risque élevé Nutrition □
≤ 9 : risque très élevé Friction et cisaillement □
Interventions préventives et curatives en place
Mobilisations aux deux heures □
Protection des talons □
Coussin d’appui au fauteuil □
Type de surface d'appui :
Surface standard (ex. : lit de l’usager) : _________________________________
Préventive : ____________________________________
Réactive : ______________________________________
Active : ________________________________________
Évaluation de la douleur
Le PQRSTUV
P (Provoqué par)
Q (Qualité de la
douleur)
R (Région anatomique
et irradiation)
S (Sévérité et
intensité) Type d’analgésie : locale : _______________ PO : _______________ SC: _____________
T (Temps)
U (Comprendre)
V (Valeurs)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 9 – Collecte de données et évaluation de la plaie 3
Questionnaire DN4 ‐ La douleur neuropathique
Questions Oui Non
La douleur présente‐elle une ou plusieurs des caractéristiques suivantes :
Brûlure?
Sensation de froid douloureux?
Décharge électrique?
La douleur est‐elle associée dans la même région à un ou plusieurs symptômes suivants :
Fourmillement?
Picotement?
Engourdissement?
Démangeaison?
Examen de l’usager
La douleur est‐elle localisée dans une région ou l’examen met en évidence une :
Hypoesthésie au tact (diminution de la sensibilité au toucher)?
Hypoesthésie à la piqûre (diminution de la sensibilité à la piqûre)?
La douleur est‐elle augmentée par le frottement?
Évaluation de l’état nutritionnel
Poids : _________________kg Indice de masse corporelle : kg ÷ m2 = _______________________
Taille : _________________ m
Diète : Oui □ Non □
Type : _________________________________ Respectée □ Non respectée □
Dépister les usagers présentant un risque de malnutrition
(Deux réponses affirmatives indiquent un risque de malnutrition)
Au cours des 6 derniers mois, avez‐vous perdu du poids sans avoir essayé de perdre du poids? Oui □ Non □
Depuis plus d’une semaine mangez‐vous moins que d’habitude? Oui □ Non □
(Canadian Malnutrition Task Force, 2017)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 9 – Collecte de données et évaluation de la plaie 4
Notes d’évolution et de traitement de plaies
Évaluation globale de l’usager complétée □
Localisation ____________________________________ Date d’apparition : __________________________________
Plans de traitement antérieurs: ______________________________________________________________________
_____________________________________________________________________
Étiologie de la plaie (hypothèse sur le type de plaie)
Plaie chirurgicale ouverte □ Plaie néoplasique □
Brûlure Degré : 0 1 2 3
Autres :
Schéma de la plaie
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 9 – Collecte de données et évaluation de la plaie 5
Évaluation de la plaie
Date
Photographie médicale
Dimensions (cm)
Longueur
Largeur
Profondeur
Sinus ou sous‐minage (cm et
heure)
Bord de la plaie (heure)
Attachés
Non attachés
Roulés/fibrosés
Tissus dans la plaie (%)
Épithélial
Granulation
Tissu viable sans granulation
Hypergranulation
Structure profonde exposée
Escarre / Nécrose
Tissu dévitalisé
Croûte
Type d’exsudat
Séreux
Séro‐sanguin
Sanguin
Purulent
Quantité d’exsudat Aucune □ Aucune □ Aucune □
Légère □ Légère □ Légère □
Modérée □ Modérée □ Modérée □
Forte □ Forte □ Forte □
Qualité de l’exsudat Liquide □ Liquide □ Liquide □
Visqueux □ Visqueux □ Visqueux □
Odeur Faible □ Faible □ Faible □
(après le nettoyage) Modérée □ Modérée □ Modérée □
Forte □ Forte □ Forte □
Peau environnante (cm)
Saine
Sèche
Excoriée
Érythème
Macérée
Callosité
Douleur (type et intensité) Nociceptive □ Nociceptive □ Nociceptive □
Neuropathique □ Neuropathique □ Neuropathique □
/10 /10 /10
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 9 – Collecte de données et évaluation de la plaie 6
Signes d’infection
Biofilm suspecté
Hypergranulation / tissu de
granulation friable
Formation de sinus ou tunnel ou
de pochette dans le tissu de
granulation
Exsudat purulent
Apparition ou augmentation de
la douleur
Apparition ou augmentation de
l’odeur
Érythème périlésionnel
Œdème périlésionnel
Arrêt de la cicatrisation
Détérioration de la plaie
Déhiscence et/ou plaies satellites
Potentiel de cicatrisation Curable □ Curable □ Curable □
Maintenance □ Maintenance □ Maintenance □
Palliative (non curable) □ Palliative (non curable) □ Palliative (non curable) □
Objectifs de soins prioritaires □ Débrider □ Débrider □ Débrider
(Concept TIME) □ Nettoyer la plaie □ Nettoyer la plaie □ Nettoyer la plaie
□ Contrôler la □ Contrôler la charge □ Contrôler la charge
charge microbienne microbienne microbienne
□ Milieu humide □ Milieu humide □ Milieu humide
contrôlé contrôlé contrôlé
□ Assécher la plaie □ Assécher la plaie □ Assécher la plaie
□ Protéger la peau □ Protéger la peau □ Protéger la peau
environnante environnante environnante
□ Prévenir ou soulager □ Prévenir ou soulager □ Prévenir ou soulager
la douleur la douleur la douleur
□ ________________ □ ________________ □ ________________
□ ________________ □ ________________ □ ________________
Plan de traitement local
1. Nettoyage
2. Pansement primaire
3. Pansement secondaire
4. Fréquence des changements
5. Autres
Interventions complémentaires
Signature de l’infirmière
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 9 – Collecte de données et évaluation de la plaie 7
Notes d’évolution et de traitement de plaies
Évaluation globale de l’usager complétée
L’évaluation globale de l’usager permet de recueillir des informations sur l’usager et sa plaie afin de
déterminer un plan de traitement adéquat et personnalisé. Il est conseillé d’utiliser une feuille
d’évaluation par plaie.
Localisation
La localisation exacte de la plaie permet de documenter la plaie d’un point de vue légal, mais fournit
également des indices sur son étiologie. L’usage d’une terminologie médicale assure une bonne
compréhension entre les intervenants et un meilleur suivi (Bryant et Nix, 2016).
Proximal Près
Distal Loin
Latéral Côté
Médial Milieu/centre
Postérieur Arrière
Antérieure Avant
Plantaire Sous le pied
Dorsal Dessus
Palmaire Intérieur de
la main
Source : Boutillier et Outrequin (2004)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 9 – Collecte de données et évaluation de la plaie 8
Date d’apparition de la plaie
La date d’apparition de la plaie et la durée de l’épisode de soin permet de déterminer si celle‐ci suit le
processus normal de cicatrisation mais également d’estimer la durée de la cicatrisation jusqu’à la
fermeture de la plaie. Une plaie n’ayant pas évolué ou qui a peu évolué (surface diminuée de moins de 30
%) depuis plus de deux semaines indique la présence de cofacteurs qui n’ont pas été pris en charge et qui
retardent la cicatrisation.
(Bryant et Nix 2016)
Étiologie de la plaie (hypothèse sur le type de plaie)
Connaître et comprendre l’étiologie est la première étape dans la prise en charge d’une plaie.
L’identification du type de plaie et de sa cause permet d’instaurer un plan de traitement local optimal et
des interventions reliées à la(aux) pathologie(s) sous‐jacente(s). Consulter Ulcère des membres inférieurs
(F6), Ulcère du pied diabétique (F7) et Lésion de pression (F8) afin d’obtenir plus d’informations sur leurs
classifications respectives.
En autre temps, lorsque l’étiologie n’est pas déterminée ou lorsqu’il n’y a pas de système de classification,
il importe de noter l’atteinte des tissus afin de guider les interventions.
Épaisseur partielle Limitation de l’atteinte à l’épiderme, mais n’atteint pas le derme.
La cicatrisation se fera par la réépithélialisation ou régénération
Épaisseur totale Atteinte des couches de l’épiderme, du derme et des tissus sous‐cutanés pouvant
impliquer les structures profondes (ex. muscles, tendons, ligaments, os).
La cicatrisation se fera au moyen de la néovascularisation, de la fibroplasie, de la
contraction et de la migration des cellules épithéliales à partir des bords de la
plaie.
(Bryant et Nix, 2016; Goldberg et Smith, 2014)
Schéma de la plaie
La forme de la plaie (ex. : ronde avec contour délimité ou avec contour irrégulier) donne également des
informations sur son étiologie. L’ajout d’un schéma ou d’une photographie médicale facilite la
compréhension de la description de la plaie (Bryant et Nix, 2016; Doughty et McNichol, 2016).
Évaluation de la plaie
Date La fréquence de l’évaluation d’une plaie est variable selon l’état de l’usager et
l’évolution de sa plaie. Une plaie évoluant favorablement doit être réévaluée
minimalement aux 7 jours tandis qu’une plaie étant à risque d’infection ou de
détérioration doit être réévaluée plus souvent (DIE). L’évolution dans le temps
permet de valider l’efficacité des interventions en cours.
(Bryant et Nix, 2016; Young, 2015)
Photographie La photographie est un complément à l’évaluation complète de la plaie. La prise
médicale de photographie est encadrée par l’Ordre des infirmières et infirmiers du
Québec et par les établissements de santé. Afin de respecter les règles de l’art,
une photographe médicale de qualité est recommandée. Il importe d’indiquer
l’orientation de l’usager par rapport à sa plaie, la localisation de la plaie et la
date de la prise de la photographie. S’assurer que les photos sont prises dans le
même angle. Il est nécessaire d’obtenir l’autorisation de l’usager pour la prise
de photographies.
(Bryant et Nix, 2016; Pagnamenta, 2016; Wounds UK, 2016)
Dimensions (cm) Les dimensions sont mesurées de façon tridimensionnelle soit la longueur, la
largeur et la profondeur. L’usager doit toujours être dans la même position lors
des prises de mesure. L’utilisation d’une règle jetable est recommandée.
(Bryant et Nix, 2016; Nichols, 2015; Ousey et Cook, 2012)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 9 – Collecte de données et évaluation de la plaie 9
Longueur La longueur correspond à la partie
la plus longue selon une
orientation (tête‐pied).
Largeur La largeur correspond à la partie
la plus large selon une orientation
(hanche‐hanche).
Source : CIUSSS de l’Estrie – CHUS
Profondeur La profondeur est mesurée à
l’aide d’un coton tige ou d’un
stylet stérile placé dans la partie la
plus profonde de la plaie selon un
angle de 90° par rapport à la
peau. Si la profondeur n’est pas
mesurable, inscrire < 1 mm.
Source : CIUSSS de l’Estrie – CHUS
Sinus ou sous‐ Dans la littérature, les termes
minage (cm et heure) sinus et tunnels sont
interchangeables. Dans la
pratique, il existe une distinction
entre les deux termes. La tête de
l’usager étant midi, les mesures
doivent indiquer l’orientation Ex. : sous‐minage de 1 cm de 12h à 2h
(heure) et la mesure (cm).
Le sinus est un trajet formé dans
le lit de la plaie qui s’étend aux
tissus sous‐cutanés et dont un
fond est présent.
Source: CIUSSS de l’Estrie‐CHUS
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 9 – Collecte de données et évaluation de la plaie 10
Le tunnel est un trajet ayant une
sortie à la peau.
Source : Medetec.co.uk
Le sous‐minage est un espace
causé par une destruction de tissus
sous le niveau de la peau
(parallèlement à la peau) en
périphérie de la plaie. Il est
habituellement causé par la
friction et le cisaillement, mais
peut également indiquer la
présence d’une charge
microbienne importante.
Source: Medetec.co.uk
(Bryant et Nix, 2016; Lockwood, 2016)
Bords de la plaie Les bords de la plaie fournissent des informations concernant l’étiologie et
(heure) l’évolution de la plaie
(Bryant et Nix, 2016; WUWHS, 2016; Pagnamenta, 2016)
Bords attachés Le tissu épithélial est en contact
avec la granulation.
Source: CIUSSS de l’Estrie‐CHUS
Bords non attachés Présence de sous‐minage entre le
derme et le tissu sous‐cutané. Un
bord de plaie non attaché est
habituellement causé par la
friction et le cisaillement, mais
peut également indiquer la
présence d’une charge
microbienne importante.
Source : Medetec.co.uk
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 9 – Collecte de données et évaluation de la plaie 11
Roulés/fibrosés Les bords sont épaissis et roulent
vers l’intérieur.
Les bords de la plaie empêchent la
migration des cellules épithéliales
vers le centre de la plaie et sa
fermeture.
Source: CIUSSS de l’Estrie – CHUS
Tissus dans la plaie La quantité et le type de tissus dans le lit de la plaie fournit des informations sur
(%) sa sévérité et le processus de cicatrisation. L’évaluation devrait totaliser 100 %
de la plaie.
(Bryant et Nix, 2016; Pagnamenta, 2016; WUWHS, 2016;
Goldberg et Smith, 2014; Nichols, 2015; Ousey et Cook, 2012)
Tissus viables
Épithélial Peau rose pâle, sèche et
luisante.
Peau régénérée à la surface de
la plaie.
Source: CIUSSS de l’Estrie – CHUS
Granulation Petits bourgeons rouges ou
roses foncés, luisants, humides,
d’aspect granuleux.
La granulation démontre une
néovascularisation, une
prolifération des tissus conjonctifs,
des fibroblastes et des médiateurs
inflammatoires favorables au
processus de cicatrisation.
Source : Medetec.co.uk
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Tissu viable sans La surface de la plaie est rouge
granulation et lisse, mais n’a pas l’aspect
granuleux ou n’a pas de
bourgeons rouges.
Le tissu viable sans granulation
peut être présent après un
débridement alors que le
processus de granulation n’a pas
débuté.
Ce type de tissus peut indiquer Source : CIUSSS de l’Estrie CHUS
une faible vascularisation, une
déshydratation, une dénutrition,
une anémie ou une charge
microbienne importante.
Hypergranulation Tissus rouges ou roses (d’aspect
framboisé), friables, luisants et
souples pouvant être surélevés
par rapport au niveau de la
peau.
Cette surproduction de tissus de
granulation est causée par un
excès d’humidité, de la friction
répétée, une charge bactérienne
augmentée, un faible niveau Source : Medetec.co.uk
d’oxygène, un processus
inflammatoire excessif ou
certains médicaments.
Structures Les tendons et les ligaments
profondes exposées sont jaunes, ou blanc nacré, et
d’aspect filamenteux. Il importe
de ne pas les confondre avec du
tissu dévitalisé. Afin de bien les
identifier, il est suggéré de
demander à l’usager de
mobiliser son membre. Un
tendon ou un ligament bouge à
la mobilisation.
Source : Medetec.co.uk
Les muscles sont des tissus
rouges striés recouverts par du
fascia.
Source: https://plasticsurgerykey.com/wound‐
debridement/
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 9 – Collecte de données et évaluation de la plaie 13
Une structure osseuse est
blanchâtre à jaunâtre, dure au
toucher. Le fait de toucher à l’os
avec une sonde est un
indicateur clinique suggérant
une infection à l’os (ostéite ou
ostéomyélite).
Source : https://plasticsurgerykey.com/wound‐
debridement/
Tissus non viables
Escarre Tissus non viables et
avasculaires noirs ou bruns, qui
peuvent être secs, durs ou
cuirassés, adhérents ou mobiles.
La présence d’une escarre peut
masquer une atteinte plus
profonde, ce qui peut expliquer
un agrandissement de la plaie
au fur et à mesure que la plaie
se débride. Source : CIUSSS de l’Estrie – CHUS
Nécrose Tissu mort ayant perdu ses
propriétés physiques et ses
activités biologiques.
Exemple : un orteil nécrosé.
Source : Medetec.co.uk
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Croûtes Sang ou sérum séché recouvrant
la plaie.
Source : CIUSSS de l’Estrie – CHUS
Autres
L’exsudat Les caractéristiques de l’exsudat réfèrent au type, à la quantité et à la qualité.
L’exsudat contient de l’eau, des électrolytes, des nutriments, des protéines, des
médiateurs inflammatoires, des facteurs de croissance, des globules blancs et des
micro‐organismes. Ces éléments sont importants pour la cicatrisation car
l’exsudat permet la migration des cellules épithéliales afin d’obtenir une
fermeture de la plaie.
(Bryant et Nix, 2016; Pagnamenta, 2016; Nichols, 2016)
Séreux Exsudat transparent ou jaune clair pouvant contenir des filaments.
L’exsudat séreux correspond au processus normal de la cicatrisation. Les filaments
peuvent signifier la présence de médiateurs inflammatoires.
Séro‐sanguin L’exsudat rosé correspond à la présence de globules rouges pouvant signifier un
bris capillaire secondaire à un trauma (réfection d’un pansement) ou une chirurgie
récente.
Sanguin L’exsudat rouge clair correspond à la présence de globules rouges pouvant
signifier un bris capillaire secondaire à un trauma, un débridement, ou à une
chirurgie récente.
Purulent L’exsudat opaque, laiteux, jaune, brun, rouge ou vert est un des signes de la
présence d’une infection.
Cet exsudat contient des globules blancs, des bactéries, des médiateurs
inflammatoires ou des tissus dévitalisés. Ce type d’exsudat peut également être
présent dans le cas de fistule entérique ou urinaire.
Quantité d’exsudat La quantité d’exsudat varie selon l’étiologie et la dimension de la plaie.
L’évaluation de la quantité de l’exsudat est difficile à quantifier. Les informations
suivantes sont inscrites à titre indicatif uniquement. La quantité d’exsudat doit
être évaluée en fonction du type de pansement utilisé. Une augmentation de
l’exsudat peut être expliquée par une infection, la présence de biofilm, d’œdème
ou d’hyperplasie, etc.
Aucune Le lit de la plaie est sec, il n’y a pas d’humidité visible.
L’absence d’exsudat peut créer un assèchement du lit de la plaie, inhiber l’activité
cellulaire et conduire à la formation d’escarre. L’environnement n’est pas
favorable à la guérison de la plaie.
Légère (< 5 ml / 24 h) ou pansement souillé à 25 % ou moins d’un changement par jour.
Modérée (5‐10 ml / 24 h) ou pansement souillé à 50 % ou 2‐3 changements par jour.
Forte (> 10 ml / 24 h) ou pansement souillé à 100 % ou 3 changements ou plus par jour.
Présence de liquide libre visible à la surface de la plaie.
Un excès d’exsudat peut retarder le processus de cicatrisation, causer de la
macération, de l’excoriation de la peau environnante et un risque accru
d’infection.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 9 – Collecte de données et évaluation de la plaie 15
Qualité de l’exsudat
Liquide Un exsudat normal est liquide.
Visqueux Un exsudat épais et visqueux peut indiquer une infection, une fistule entérique
et la présence de tissus non viables.
Odeur L’odeur peut être causée par une infection, une interaction entre le pansement
(après le nettoyage) et l’exsudat, la présence d’une fistule et une hygiène corporelle déficiente.
(Bryant et Nix, 2016; WUWHS, 2016)
Faible Il est normal que la plaie ait une légère odeur, non nauséabonde.
Modéré Une odeur est présente après le nettoyage de la plaie.
Forte Une odeur est présente avant la réfection du pansement et l’usager en est
incommodé.
Peau environnante La peau environnante inclus 4 cm autour de la plaie. Les facteurs pouvant
(cm) mener à une atteinte de la peau environnante sont l’exsudat et ses
composantes, une charge microbienne élevée et la présence de toxines
associées aux médiateurs inflammatoires. (Bryant et Nix, 2016; WUWHS, 2016)
Saine La peau est intacte, souple, bien
colorée et bien hydratée.
Source : CIUSSS de l’Estrie‐CHUS
Xérose sèche La peau sèche est desquamée
et/ou fendillée.
La déshydratation doit être
traitée afin de permettre une
cicatrisation optimale. Une peau
sèche prédispose au
développement de dermatites
de contact. Peut être associée à
une neuropathie.
Source : CIUSSS de l’Estrie‐CHUS
Excoriée L’excoriation est une perte
d’épiderme. Peut être causée
par la présence de l’exsudat sur
la peau environnante, un
trauma, une dermatite de
contact, une dermatite
allergique, une brûlure chimique
ou thermique.
Source : Medetec.co.uk
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 9 – Collecte de données et évaluation de la plaie 16
Érythème Peau rouge et chaude due à une
vasodilatation locale pouvant
suspecter une infection ou une
dermatite allergique.
Source : CIUSSS de l’Estrie – CHUS
Macérée Aspect blanchâtre et
épaississement de la peau.
La macération empêche la
migration des cellules à la
surface de la plaie car l’exsudat
modifie le pH de la peau et
débalance la flore cutanée.
La macération peut être causée
par un excès d’exsudat
secondaire, à un pansement
inapproprié, une fréquence de
Source : Medetec.co.uk
changement de pansement
inapproprié, l’hyperhidrose, la
neuropathie, etc.
Autres
Callosité La callosité est l’épaississement
de la peau observée aux points
d’appui. Se présente comme
une peau sèche ou humide
épaissie, dure et jaunâtre.
La formation de callosité autour
de la plaie est souvent observée
chez les usagers diabétiques en
raison de leur neuropathie
autonome. La formation de
callosité augmente la pression
plantaire.
Source : CIUSSS de l’Estrie – CHUS
Douleur La douleur est un facteur important à considérer dans le soin de plaie. La
douleur occasionne une augmentation des catécholamines, incluant
l’épinéphrine, qui entraine une vasoconstriction périphérique. Une réduction de
la vascularisation locale entraine une hypoxémie locale qui rend l’usager plus
vulnérable aux infections.
L’utilisation d’une échelle numérique facilitent le suivi de l'usager, permet une
évaluation comparative strictement individuelle et permet d’apprécier l’effet des
analgésiques (début d’action, pic et durée d’action).
(Bryant et Nix, 2016; Woo, 2012)
Nociceptive Douleur aiguë survenant lors d’un changement de pansement (procédurale), un
mouvement, un débridement ou une douleur de fond. Les douleurs nociceptives
sont localisées, constantes et limitées dans le temps.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 9 – Collecte de données et évaluation de la plaie 17
Neuropathique La douleur neuropathique est causée par un dommage ou une dysfonction des
fibres nerveuses. Les douleurs sont diffuses et souvent décrites comme des
chocs électriques ou une sensation de brûlure.
Signes d’infection Signes d’infection nécessitant un traitement local et/ou systémique selon le
niveau d’atteinte de l’infection.
Infection locale : Progression et prolifération des bactéries et des micro‐
organismes dans le lit de la plaie entraînant une réponse inflammatoire.
L’infection locale est limitée à un site anatomique, un système ou une structure.
Propagation de l’infection : invasion et prolifération bactérienne dans les tissus
environnant la plaie. Si non traitée, elle peut atteindre les tissus profonds, les
muscles, le fascia, les organes et les cavités du corps.
(IWII, 2016).
Potentiel de L’étiologie est déterminée et a été corrigée, les facteurs intrinsèques et
cicatrisation extrinsèques ont également été adressés. Le but est de guérir la plaie.
Le potentiel de cicatrisation correspond à la capacité d’une plaie à guérir. Ce
potentiel dépend de l’état global de l’usager (comorbidités, état nutritionnel,
collaboration aux soins locaux et prise en charge des comorbidités, etc.) et de la
plaie (étiologie, récurrence, etc.).
Les objectifs de soins seront établis en fonction du potentiel de cicatrisation.
Curable L’étiologie de la plaie est déterminée et a été corrigée, les facteurs intrinsèques
et extrinsèques ont également été adressés. Le but est de guérir la plaie
(Doughty et McNichol, 2016).
Maintenance Incapacité de corriger l’étiologie de la plaie ou les facteurs intrinsèques et
extrinsèques n’ont pas été ou ne peuvent être corrigés. Le but est de prévenir
l’infection ou la détérioration de la plaie. Ex. : Un usager diabétique refuse le
port de la botte de décharge et marche sur sa plaie.
(Doughty et McNichol, 2016)
Palliative (non La plaie est considérée comme palliative (non curable) lorsque la maladie est en
curable) phase terminale et qu’il est impossible de la traiter. Les interventions visent le
confort et la prévention de l’infection. Ex. : Un usager ne pouvant être
revascularisé ou un usager avec une plaie néoplasique.
(Doughty et McNichol, 2016)
Objectifs de soins □ Débrider
□ Nettoyer la plaie
□ Contrôler la charge microbienne
□ Obtenir une cicatrisation en milieu humide contrôlé
□ Assécher la plaie
□ Protéger la peau environnante
□ Prévenir ou soulager la douleur
□ Autres : ______________________________________________________
Plan de traitement Le traitement local doit être justifié par l’évaluation de la plaie et de l’usager.
local
1. Nettoyage
2. Pansement
primaire
3. Pansement
secondaire
4. Fréquence des
changements de
pansements
5. Autres
Interventions Les interventions complémentaires sont en lien avec l’étiologie de la plaie, les
complémentaires facteurs de risques, la gestion des maladies sous‐jacentes, etc. Ex. : mise en
décharge, compression veineuse, gestion du diabète, consultation en nutrition.
Signature de
l’infirmière
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 9 – Collecte de données et évaluation de la plaie 18
Outils pour calculer et interpréter l’indice de pression systolique cheville‐bras (IPSCB)
Tension systolique bras droit Tension systolique bras gauche
__________ mm Hg __________ mm Hg
Tension systolique tibiale post. droit Tension systolique tibiale post. gauche
__________ mm Hg __________ mm Hg
Tension systolique pédieuse droit Tension systolique pédieuse gauche
__________ mm Hg __________ mm Hg
Source : L’appareil circulatoire. Dessin Michel Saemann – Dictionnaire Larousse en ligne
IPSCB : Pression systolique la plus élevée entre la tibiale postérieure et la pédieuse (du même côté)
Pression systolique du bras (la plus élevée : bras gauche vs bras droit)
Droite Gauche
mm Hg mm Hg
= _________ = _________
mm Hg
mm Hg
Interprétation des résultats
Résultats de l’IPSCB Interprétation
Valeur élevée démontrant des artères non compressibles. L’évaluation de l’indice au premier
≥ 1,3
orteil (IPO) est indiquée.
≥ 0,9‐1,2 Valeur normale
> 0,8 ‐ < 0,9 Insuffisance artérielle légère
0,60‐0,8 Insuffisance artérielle modérée
≤ 0,5 Ischémie sévère
≤ 0,4 Ischémie critique
(Bryant et Nix, 2016; Doughty et McNichol, 2016; Guttorsmen et Smith, 2016; Hingorani et al., 2016; RNAO, 2013; révisé par M.A. Despatis,
chirurgien vasculaire, 2017)
Date : ___________________ Signature de l’infirmière : _________________________
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 9 – Collecte de données et évaluation de la plaie 19
Bibliographie
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Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 9 – Collecte de données et évaluation de la plaie 20
FASCICULE 10
Traitements locaux
TABLE DES MATIÈRES ‐ FASCICULE 10
AGENTS ALLERGÈNES À ÉVITER DANS LA COMPOSITION DES PRODUITS TOPIQUES ...................................................................................................................................... 1
LES DERMATITES ET LES PISTES DE SOLUTIONS ............................................................................................................................................................................................ 2
LES DERMATITES ASSOCIÉES À L’INCONTINENCE ................................................................................................................................................................................................................... 3
L’HYGIÈNE CORPORELLE .............................................................................................................................................................................................................................. 4
LES PRODUITS NETTOYANTS ....................................................................................................................................................................................................................... 4
CRITÈRES DE SÉLECTION D’UN NETTOYANT POUR LE CORPS .................................................................................................................................................................................................... 4
HYGIÈNE PÉRINÉALE ...................................................................................................................................................................................................................................................... 5
BARRIÈRES CUTANÉES ................................................................................................................................................................................................................................. 6
CRÈMES HYDRATANTES .............................................................................................................................................................................................................................. 7
DÉFINITION DES TERMES ................................................................................................................................................................................................................................................ 7
SÉLECTION D’UN PRODUIT HYDRATANT POUR LA PEAU SAINE ................................................................................................................................................................................................. 8
ÉVALUATION ET ÉTABLISSEMENT DU PLAN DE TRAITEMENT ..................................................................................................................................................................... 10
CATÉGORIES DE PANSEMENTS .................................................................................................................................................................................................................. 12
LES PANSEMENTS AVEC AGENT ANTIMICROBIEN ................................................................................................................................................................................................................ 29
LES PANSEMENTS AU CHARBON ..................................................................................................................................................................................................................................... 45
LES AGENTS DE DÉBRIDEMENT ....................................................................................................................................................................................................................................... 47
LES PANSEMENTS BIOACTIFS ......................................................................................................................................................................................................................................... 48
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux i
Avant d’introduire les traitements locaux, il est important, comme mentionné dans le fascicule Processus de cicatrisation (F3), de prendre en charge le E du concept TIME.
Une intégrité de la barrière cutanée est très importante pour la prévention et pour la fermeture d’une plaie. Nous avons donc voulu vous présenter les principes de base en
lien avec l’hygiène, l’hydratation et la protection de la peau.
AGENTS ALLERGÈNES À ÉVITER DANS LA COMPOSITION DES PRODUITS TOPIQUES
Il est relativement commun de voir des réactions allergiques aux produits utilisés en application topique (crème, barrière cutanée, antimicrobien, antiseptique, pansement,
etc.). Dès la manifestation d’une dermatite allergique, il importe d’en trouver la source et de l’éliminer. La localisation de l’inflammation et sa distribution sur la peau peuvent
donner des indices sur l’agent allergène, mais il est possible que ce dernier soit difficile à identifier. L’accès aux composants des produits peut également être un obstacle :
n’hésitez pas à communiquer avec les fabricants afin d’obtenir la composition exacte de leurs produits. Une consultation médicale pourrait être nécessaire afin de procéder à
un « Patch test ». (Kostner, L. et coll., 2017). Consulter Contraintes à la cicatrisation (F2) afin d’obtenir plus de renseignements sur les autres types d’allergènes.
Le développement d’une dermatite allergique implique une exposition à un agent allergène et se fait en deux phases :
La première est la phase de la sensibilisation au cours de laquelle les molécules de l’allergène passent à travers l’épiderme et se lient aux protéines à la surface des
cellules de Langerhans. Consulter Processus de cicatrisation (F1). Ces cellules migrent jusqu’aux lymphocytes T qui identifieront la substance.
La deuxième phase est la réexposition à l’agent allergène qui est reconnu par les antigènes; il s’ensuit la réaction inflammatoire (dans les 48 heures suivant la
réexposition) (Bryant et Nix, 2016).
Voici les principaux agents allergènes topiques :
fragrances;
parabènes;
vitamine E;
huiles essentielles et additifs biologiques : ylang ylang, arbre à thé, propolis d'abeille, la colophane (résine de pin) et l’alcool benzylique;
propylène glycol :
o les hydratants contenant du propylène glycol sont connus pour augmenter la pénétration cutanée des médicaments topiques,
o le propylène glycol est présent dans les hydrogels et les émulsions;
conservateurs libérant du formaldéhyde : quaternium‐15, urée de diazolidinyle, DMDM hydantoïne, urée imidazolidinyle, bronopol, trinitro :
o présents dans les shampoings, les lotions, les savons corporels, etc.;
butylcarbamate d’iodopropynyle (IPBC);
lanoline;
kathon CG;
aloe vera;
diphenhydramine (lotion ou vaporisateur);
néomycine;
acide para‐aminobenzoïque.
(Bryant et Nix, 2016; Mowad et coll., 2016)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 1
LES DERMATITES ET LES PISTES DE SOLUTIONS
La dermatite se définit comme étant l’inflammation de l’épiderme et du derme. La dermatite est caractérisée par des croutes, des squames, de l’érythème et de la
démangeaison. Il existe divers types de dermatites comme la dermatite de contact, chimique (incluant les dermatites associées à l’incontinence), allergique, de stase
(associée à la maladie veineuse) et la radiodermite (associée à de la radiothérapie). Il importe de connaitre et de comprendre la cause avant d’utiliser les suggestions
suivantes, au risque d‘occasionner une détérioration de la peau. Voici des pistes de solutions pour le traitement d’une dermatite :
Utilisation d’une corticothérapie topique :
o La puissance du corticostéroïde topique est déterminée en fonction de sa structure moléculaire et non de sa concentration. Le pourcentage se réfère à la
puissance du corticostéroïde d’une même molécule.
o Le traitement d’une dermatite nécessitant une corticothérapie topique se doit d’être fait selon les pratiques exemplaires.
La durée du traitement dépend de l’étiologie et de la sévérité de la dermatite et est d’ordre médical. Il est important de ne pas cesser l’application de la
corticothérapie topique dès la disparition des rougeurs. Il est nécessaire de poursuivre le traitement et de cesser progressivement son application. Ceci
permettra de traiter en profondeur la dermatite et évitera les effets rebonds (réapparition de la dermatite après l’arrêt du traitement). À titre d’exemple, une
prescription de corticostéroïdes topiques à appliquer deux fois par jour pour deux semaines nécessitera un sevrage, c’est‐à‐dire une diminution de l’application
à une fois par jour pour une autre semaine avant d’être cessée.
Il est essentiel de respecter la posologie, la fréquence d’application et la durée du traitement.
Les effets secondaires sont à craindre en cas de mauvais usage ou d’utilisation prolongée (> 4‐6 semaines). Il est à noter qu’il est possible qu’une dermatologue
prolonge volontairement le temps de traitement : respectez cette ordonnance. Les effets secondaires possibles sont : l’atrophie, les vergetures, l’acné, la
dermatite périorificielle, l’exacerbation d’infections fongiques cutanées, le retard de la guérison, la dermatite de contact allergique, le glaucome et les
cataractes.
o Il est recommandé d’utiliser de la crème hydratante en combinaison avec une corticothérapie topique.
o Si l’usage d’une corticothérapie est nécessaire en périphérie d’une lésion, éviter le premier centimètre autour de celle‐ci (Jean et coll., 2018).
Application topique de compresses de solution Burrow (sulfate d’aluminium et acétate de calcium pour solution topique), 30 à 60 minutes BID à TID, aidera à réduire
l’inflammation.
Utilisation d’un bandage de compression veineuse au niveau des membres inférieurs (en l’absence de maladie artérielle périphérique). La compression contribue à la
diminution de l’œdème et de la dermatite de stase.
o Utilisation d’un produit à base de zinc : par exemple, un bandage de compression tissé imprégné d’oxyde de zinc ou d’une autre substance.
Consulter Ulcère des membres inférieurs (F6).
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Les dermatites associées à l’incontinence
Les dermatites associées à l’incontinence sont des affections cutanées causées par l’exposition prolongée de la peau aux urines, aux selles ou à une combinaison des deux
types d’incontinence. Les selles contiennent des enzymes lipolytiques et protéolytiques qui altèrent la couche lipidique et la membrane des kératinocytes de la couche
cornée, détériorant ainsi la barrière cutanée naturelle de la peau (Faucher et Philippe, 2017; Beeckman et coll., 2015). La présence de l’urine sur la peau modifie son pH
(devient alcalin) et altère la flore cutanée, ce qui rend la peau plus vulnérable. En présence des deux types d’incontinence, l’urée dans l’urine et les bactéries des selles se
transforment en ammoniac et libèrent des toxines et des irritants chimiques qui, conséquemment, agressent davantage la peau (Bryant et Nix, 2016).
Consulter le fascicule Lésion de pression (F8) pour les interventions préventives en matière d’incontinence.
Le personnel soignant joue un rôle essentiel dans la prévention des dermatites associées à l’incontinence. En plus de prendre en charge la cause de l’incontinence, les actions
visant à nettoyer, hydrater et protéger la peau sont la base pour la prévention des dermatites associées à l’incontinence (Faucher et Philippe, 2017).
Voici un tableau catégorisant la sévérité des dermatites liées à l’incontinence et les interventions préventives et curatives qui leur sont associées.
Sévérité Présentation Signes cliniques Interventions préventives et curatives
Usager à risque Usager souffrant d’incontinence 1. Nettoyer la peau avec un nettoyant sans rinçage, au pH neutre, ou à
urinaire ou fécale. La peau est saine. l’aide d’une lingette périnéale sans rinçage (3 dans 1).
2. Protéger la peau à l’aide d’une barrière cutanée :
• gelée de pétrole;
• diméthicone;
• protecteur cutané liquide.
Source : CIUSSS de l’Estrie‐CHUS
Catégorie 1 – Rougeur et érythème. La peau ne 1. Nettoyer la peau avec un nettoyant sans rinçage, au pH neutre, ou à
Modérée présente pas de perte tissulaire. Un l’aide d’une lingette périnéale sans rinçage (3 dans 1).
œdème peut occasionnellement y être 2. Protéger la peau à l’aide d’une barrière cutanée :
associé. • gelée de pétrole;
• diméthicone;
• protecteur cutané liquide.
Source : Buttocks, stage 1, Close up
Catégorie 2 – Rougeur et excoriation de la peau. La 1. Nettoyer la peau avec un nettoyant sans rinçage, au pH neutre, ou à
Modérée à sévère peau présente une perte tissulaire l’aide d’une lingette périnéale sans rinçage (3 dans 1).
(excoriation). Œdème, vésicules, bulles, 2. Protéger et hydrater la peau à l’aide d’une barrière cutanée :
et infection de la peau peuvent y être • gelée de pétrole;
associés. • diméthicone;
• oxyde de zinc (15‐25‐40 %);
• crème magistrale au Questran;
Source : • considérer l’usage d’une sonde urinaire ou d’un appareillage
https://www.sciencedirect.com/science/
collecteur fécal.
Article/pii/S2468911417303717
3. Considérer l’utilisation d’une corticothérapie topique.
4. Considérer l’utilisation d’une crème antifongique en présence d’une
infection fongique. Source : Beeckman et coll. (2015)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 3
L’HYGIÈNE CORPORELLE
Selon Draelos (2012), la peau est une barrière naturelle et essentielle séparant le corps du monde extérieur. Sans cette barrière, l’humain ne pourrait exister, ne pourrait
vivre. Bien qu’elle se régénère normalement dans un délai de 14 jours, certains facteurs intrinsèques et extrinsèques viennent perturber sa structure et sa capacité à se
régénérer. Consulter Processus de cicatrisation (F1) et Contraintes à la cicatrisation (F2). Beaucoup de produits topiques ont fait leur apparition sur le marché afin de
combler les besoins, tant sur le plan de l’hygiène corporelle, de l’hygiène périnéale, de l’hydratation de la peau que de sa protection. Selon Lichterfeld et coll. (2015),
l’intégrité de la peau est considérée comme un indicateur de qualité et toutes les interventions visant le maintien de cette intégrité font partie des mesures recommandées
pour prévenir l'apparition des lésions de pression, des ulcères du pied diabétique et des ulcères aux jambes.
L’hygiène fait partie intégrante de notre mode de vie. Mais outre le bien‐être qu’offre une douche ou un bain, ce soin permet de :
éliminer les saletés, microorganismes, surplus de sébum, cornéocytes (présents dans la couche cornée) et autres substances indésirables de la peau;
réduire ou soulager les sensations désagréables de la peau (odeur, prurit, etc.);
renforcer la peau vulnérable, etc.
(Draelos, 2012; Lichterfeld et coll., 2015)
LES PRODUITS NETTOYANTS
Critères de sélection d’un nettoyant pour le corps
Critères pour les régions exposées à l’air (tête, bras, jambes, etc.) Explicatif
Le pH normal de la peau se situe autour de 5,5. Un agent nettoyant légèrement
Choisir un nettoyant contenant un surfactant doux, au pH neutre (pH entre 5 et 6).
acide est compatible avec le pH de la peau.
Privilégier les nettoyants contenant un humectant (urée, acide lactique, glycérine) Il a été démontré que l’usage d’un humectant tel que l’urée ou la glycérine procure
chez les usagers ayant de la xérose. une hydratation de la peau (Lichterfeld et coll., 2015).
Préférer un nettoyant pour le corps sans savon. Le savon est alcalin, il peut altérer le pH de la peau et exacerber la xérose.
MD MD MD
Exemples : Cerave Nettoyant hydratant, Gentle Rain Extra Doux (Coloplast), Xémose Syndet Nettoyant doux (Uriage)
L’hygiène en 5 points
1. Douche rapide (environ 5 minutes) à l’eau tiède (éviter l’eau très chaude et les bains).
2. Utiliser un savon ou un nettoyant au pH neutre et sans parfum.
3. Savonner les endroits humides ou gras seulement.
4. Sécher en tapotant : éviter de frotter vigoureusement la peau.
5. Appliquer une crème hydratante (étape essentielle) dans les 3 minutes suivant la douche.
(Lichterfeld et coll., 2015; Hurlow et Bliss, 2011; Mrdjenovich et Fleck, 2011)
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Hygiène périnéale
L’hygiène périnéale est un enjeu lorsqu’un usager souffre d’une problématique de peau liée à l’incontinence. Les dermatites associées à l’incontinence et les problèmes de
peau sont fréquents chez ces usagers, qu’ils vivent dans la communauté ou en milieu de soins. Une attention particulière doit donc y être apportée. Selon Faucher et Philippe
(2017), une hygiène rigoureuse permet souvent d’éviter l’apparition d’une dermatite associée à l’incontinence. Pour les usagers ne présentant pas d’incontinence, un
nettoyant pour le corps est suffisant.
L’utilisation d’un nettoyant sans rinçage avec pH balancé (pH 5,5) permet d’éliminer l’urine et les selles sans compromettre le pH acide de la peau. Les nettoyants sans
rinçage constituent la solution idéale, car ils permettent de limiter les étapes de nettoyage et, par le fait même, les risques de cisaillement et de friction liés aux soins cutanés.
Exemples :
lotion 3 dans 1 (comprend un nettoyant, un hydratant et un agent protecteur) : nettoyant RestoreMD (Hollister), lotion Baza Cleanse & ProtectMD (Coloplast);
lingettes périnéales 3 dans 1 : AloetouchMD PROTECT (Medline), Ultra FlushMD (Tena);
nettoyant sans rinçage 2 dans 1 (comprend un nettoyant et un hydratant) : nettoyant SproamMD (Coloplast).
Selon Beeckman et coll. (2015), les deux interventions prioritaires dans la prévention de l’incontinence est l’hygiène périnéale et la protection de la peau. Certains usagers
peuvent bénéficier d’une intervention supplémentaire, soit d’hydrater la peau. Pour cette raison, les fabricants ont mis en marché des produits combinant jusqu’à trois
fonctions.
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BARRIÈRES CUTANÉES
Toutes les barrières cutanées préviennent et traitent une atteinte à l’intégrité de la peau (rougeur, macération, excoriation, brûlure chimique) causée par le contact des selles
et de l’urine avec la peau. Il est à noter que certains produits offrent une combinaison de deux protecteurs cutanés. Par ailleurs, il importe de vérifier la disponibilité de ces
produits auprès des fabricants, car la liste ci‐dessous est non exhaustive. Il est indiqué d’utiliser les produits selon les recommandations du fabricant. En règle générale, les
principes d’application sont :
appliquer la barrière cutanée une fois par jour et après chaque incontinence;
appliquer sur la peau pouvant être en contact avec les selles ou les urines;
s’assurer que la barrière cutanée est compatible avec le nettoyant et les autres produits pour la peau.
Noms commerciaux (exemple) Application et particularités
ProshieldMD Le diméthicone forme une barrière cutanée non occlusive qui protège la peau contre les contaminants tout en maintenant son
Diméthicone
SecuraMD hydratation.
RestoreMD Dimethicreme Peut être appliqué sur une peau excoriée.
Les produits transparents sont à privilégier, car ils permettent l’observation de la peau environnante, sans avoir à les retirer
complètement.
Pâte d’ihle L’oxyde de zinc est insoluble dans l’eau. Cette particularité lui confère ses propriétés protectrices. La concentration d’oxyde de zinc
Oxyde de zinc
ZincofaxMD détermine son utilité. Une concentration de 15 % sera utilisée à titre préventif, tandis qu’une concentration de 40 % sera utilisée à titre
curatif. Propriétés astringentes douces.
S’applique facilement à l’aide d’un abaisse‐langue ou de gants. Éviter de frotter.
Prévention : couche mince de 1 mm
Traitement : couche épaisse de 3‐4 mm
Onguent protecteur Forme une couche occlusive qui augmente l’hydratation de la peau.
Gelée de
pétrole
Aloes VestaMD La gelée de pétrole peut altérer l’absorption des produits d’incontinence (culottes d’incontinence).
Critic‐AidMD Clear
Crème au Questran La cholestyramine est une résine synthétique échangeuse d’ions, fortement basique, présentant une forte affinité pour les acides.
(préparation magistrale) Utiliser en présence d’une peau rouge, excoriée et exposée aux selles diarrhéiques ou à une combinaison des deux types
1. 100 ml de pâte d’ihle d’incontinence.
2. 28 g de poudre
Crème au Questran
StomahésiveMD Peut aussi être appliquée sur la peau autour des fistules lorsqu’un appareillage s’avère impossible à réaliser.
3. 1 sachet de poudre Lors des soins d’hygiène, éviter d’enlever la barrière cutanée complètement : retirer seulement le produit souillé (afin de diminuer le risque
QuestranMD d’irritation et d’altération supplémentaire de la peau) et en appliquer de nouveau, de façon à avoir une épaisseur de 3‐4 mm.
4. 10 ml d’huile minérale Cependant, une fois par jour, lors du bain quotidien :
retirer complètement la barrière à l’aide d’un nettoyant périnéal ou d’une huile minérale;
bien assécher la peau en tapotant;
appliquer de nouveau le produit sélectionné.
Utiliser conformément aux recommandations du pharmacien.
(Beeckman et coll., 2015)
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CRÈMES HYDRATANTES
Définition des termes
Il n’existe pas de consensus clair en ce qui a trait aux soins de la peau. Les termes sont souvent utilisés de manière équivalente, même si le mode d’action ou le véhicule
diffèrent, rendant difficile une revue de littérature. Selon Kottner et Surber (2016), ce qui distingue principalement une crème d’une lotion est leur viscosité : les crèmes sont
semi‐solides tandis que les lotions sont liquides et souvent versables.
Onguent Peut‐être à base de gelée de pétrole, contient peu ou pas d’eau.
La plupart des pommades ne contiennent pas d’agents de conservation, ce qui diminue le risque de dermatite de contact.
Caractéristiques : transparent, très hydratant et procure un milieu occlusif. À éviter en présence d’une peau très humide.
Lotion La lotion est un liquide contenant une suspension d’ingrédients inertes ou actifs. Peut contenir de l’alcool.
Caractéristiques : d’apparence laiteuse, pénètre facilement dans la peau, s’enlève facilement et ne laisse pas de résidus.
Selon Moncrieff et coll. (2013), une étude a démontré que l’utilisation d’une lotion aqueuse sur une peau saine diminue l’épaisseur de la couche cornée
et augmente la perte d’eau transépidermique. Une lotion aqueuse contient un détergent plutôt que seulement des hydratants. Des chercheurs ont
constaté que les peaux fragilisées par des dermatoses (ex. : eczéma, dermatite) démontraient une aggravation des symptômes et un amincissement
après quelques semaines d'utilisation. Toujours selon Moncrieff et coll. (2013), les crèmes aqueuses ne devraient jamais être utilisées comme crèmes
hydratantes, ni même comme produits nettoyants, étant donné qu’elles contiennent du laurylsulfate de sodium.
Crème Émulsion d’huile et d’eau (solution lipophile).
Caractéristiques : consistance onctueuse, couleur blanche, propriétés hydratantes. Peut contenir de la gelée de pétrole, de l’oxyde de zinc et du
diméthicone (seul ou en combinaison).
Les crèmes hydratantes ajoutent de l'humidité et aident à la retenir sur la surface de la peau (Lichterfeld et coll., 2015).
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Sélection d’un produit hydratant pour la peau saine
La crème hydratante idéale remplit quatre fonctions :
1. Elle répare la barrière cutanée;
2. Elle maintient l’intégrité et l’apparence de la peau;
3. Elle diminue la perte d’eau transépidermique;
4. Elle restaure la capacité de la barrière lipidique en plus d’attirer, de retenir et de redistribuer l’eau.
Crème hydratante avec humectant, émollient (occlusif ou non), ou une combinaison des deux
La crème barrière qui contient un agent humectant et un émollient a la propriété d’imperméabiliser la barrière protectrice des couches superficielles de l’épiderme,
d’augmenter le contenu en eau de la couche cornée, de réduire la sensation de peau sèche et participe à la régénération de la barrière de protection naturelle de la peau.
Les humectants agissent en augmentant l’absorption de l’eau par l’épiderme. Les humectants sont l’urée, les acides alpha‐hydroxylés (acide lactique, acide glycolique
et acide tartarique), la glycérine et le propylène glycol. Exemples : Glaxal baseMD, LubridermMD, lotion CetaphilMD, AveenoMD, lotion KeriMD, lotion Vaseline soins
intensifsMD, AquaphorMD, EucerinMD, etc.
Les émollients compensent la perte lipidique et ont des propriétés anti‐inflammatoires. Les émollients sont les céramides, l’acide linoléique, l’huile végétale, l’acide
hyaluronique, etc. Ils sont plus efficaces lorsqu'ils sont appliqués sur une peau déjà humidifiée (soit après un bain ou une douche).
Les émollients occlusifs agissent en empêchant la perte d’eau à partir de la peau. Les émollients occlusifs sont la lanoline, la vaseline, les huiles minérales et les
silicones. Exemple : le diméthicone.
Application des crèmes hydratantes
1. Appliquer en couche mince après le bain ou la douche;
2. Bien faire pénétrer dans la peau;
3. Enlever l’excédent de produit qui n’a pas été absorbé par la peau;
4. Réappliquer sur les zones plus sèches (BID).
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Crème hydratante avec céramides
La synthèse des céramides est la première étape dans la guérison de la fonction de barrière de la peau endommagée. La perte des céramides est inversement proportionnelle
à la perte d’eau transépidermique, ce qui se manifeste par de la xérose. Il a été démontré que l’application d’une crème à base de céramides était bénéfique pour diminuer la
perte d’eau transépidermique, pour améliorer la fonction de barrière et pour maintenir l’hydratation de la couche cornée de l’épiderme. Elle devrait donc être à la base du
traitement des usagers souffrant de xérose ou d’eczéma. Les hydratants avec céramides peuvent contenir de l’acide hyaluronique, de l’urée, du propylène glycol, du
diméthicone, de la paraffine, de la lanoline, etc. Exemples : lotion et crèmes CeraveMD, lotion et crèmes CutibaseMD, Lotion hydratante Complete RepairMC d’EucérinMD, lotion
CetaphilMD Restoradem.
Hydratant avec urée
Les crèmes hydratantes à base d’urée en vente libre (5 à 22% de concentration d’urée) sont indiquées pour la xérose. L’urée agit en augmentant la capacité de fixation de
l’eau de la couche cornée et diminue la perte d’eau transépidermique. Exemples : EucerinMD en crème (5 %), UremolMD à 10 % en crème ou en lotion, EucerinMD en lotion ou
en crème (10 %), UrisecMD en crème (10 %), Atrac‐tainMD (10 %), UrisecMD en lotion (12%).
La formulation à plus forte concentration d’urée (40 %) entraine une activité kératolytique (elle accélère la chute des cellules mortes de la couche cornée et en facilite le
renouvellement). Appliquer sur les pieds au niveau des callosités. Cette crème n’est pas une crème hydratante (Kurian et Barankin, 2016).
À privilégier pour la clientèle diabétique présentant une anhidrose ou des callosités
Usager diabétique
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ÉVALUATION ET ÉTABLISSEMENT DU PLAN DE TRAITEMENT
Bien que les pansements semblent, a priori, la pierre angulaire des soins de plaies, l’évaluation et la collecte de données (consulter Collecte de données et évaluation de la
plaie (F9) et Évaluation des membres inférieurs (F5)), sont les étapes les plus importantes dans la prise en charge d’une plaie. De plus, avant de sélectionner un pansement, il
est important de mettre en place les stratégies pouvant influencer le processus de cicatrisation (consulter Contraintes à la cicatrisation (F2), Préparation du lit de la plaie
(F3), Douleur (F4), Ulcère des membres inférieurs (F6), Ulcère du pied diabétique (F7), Lésion de pression (F8), L’interdisciplinarité dans les soins (F12). La démarche clinique
Traitement local de la plaie (D4) est un bel outil pouvant aider à organiser et structurer vos soins.
À la suite de l’évaluation globale et environnementale de l’usager, il importe d’établir un plan de soins et de traitement individualisé et centré sur les objectifs de soin. Ce
plan doit tenir compte des facteurs de risque, des comorbidités et des problématiques liés à la qualité de vie de l’usager et doit tenir compte du potentiel de cicatrisation. Ce
plan de soins doit être réévalué minimalement toutes les deux semaines (Bryant et Nix, 2016).
L’application d’un pansement permet de moduler l’environnement physiologique d’une plaie afin d’obtenir un milieu humide et une température contrôlés ainsi qu’une
régulation du pH et du niveau de charge bactérienne. Plusieurs éléments doivent être pris en considération lors de la sélection d’un pansement dont :
1. Évaluation du potentiel de cicatrisation
Curable L’étiologie est déterminée et a été corrigée. Les facteurs intrinsèques et extrinsèques ont également été corrigés.
Le but est de guérir la plaie.
Maintenance Incapacité de corriger l’étiologie de la plaie ou les facteurs intrinsèques et extrinsèques n’ont pas été ou ne peuvent être corrigés. Le but est de
prévenir l’infection ou la détérioration de la plaie. Ex. : un usager diabétique refuse le port de la botte de décharge et marche sur sa plaie.
Palliative/non La plaie est considérée comme palliative (non curable) lorsque la maladie est en phase terminale et qu’il est impossible de la traiter. Les interventions
curable visent le confort et la prévention des infections.
Ex. : usager ne pouvant être revascularisé ou présentant une plaie néoplasique.
(Doughty et McNichol, 2016)
2. Évaluation de la plaie
Afin de bien compléter l’évaluation de la plaie, on doit se référer à la collecte de données et au guide de rédaction. Consulter Collecte de données et évaluation de la plaie (F9).
Tenir compte de toutes les caractéristiques de la plaie : les dimensions, la présence de sinus ou sous‐minage, les bords de la plaie, le lit de la plaie, l’exsudat, l’odeur et la
peau environnante.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 10
3. Objectifs et interventions pour la création d’un environnement physiologique favorable à la guérison d’une plaie
Prévention et gestion de l'infection :
• Utiliser un pansement imperméable aux bactéries et aux contaminants;
• Choisir une méthode d'asepsie;
• Nettoyer la plaie de façon appropriée;
• Débrider les tissus non viables;
• Utiliser un pansement antimicrobien lorsque nécessaire;
• Effectuer la culture au bon moment et de façon adéquate.
Nettoyage de la plaie :
• Irriguer à haute pression entre 4 et 15 psi;
• Irriguer à basse pression;
• Utiliser la douche;
• Utiliser une solution à température ambiante.
Débridement des tissus non viables :
• Utiliser un mode de débridement approprié.
Milieu humide contrôlé :
• Choisir un pansement selon la quantité d'exsudat.
Élimination des espaces morts :
• Combler les espaces morts, sans les comprimer;
• S'assurer que le pansement a été retiré dans son intégralité.
Contrôle de l'odeur :
• Ajuster la fréquence des changements de pansements;
• Nettoyer la plaie à chaque changement de pansement;
• Débrider si nécessaire;
• Utiliser une solution antiseptique ou un pansement antimicrobien;
• Utiliser un pansement au charbon.
Soulagement ou diminution de la douleur :
• Utiliser un pansement non adhérent;
• Diminuer la fréquence des changements de pansements;
• S'assurer de la bonne analgésie (topique, systémique). Consulter Évaluation de la douleur (F4)
Protéger le lit de la plaie et la peau environnante :
• Appliquer une barrière cutanée ou un protecteur cutané sur la peau environnante;
• Ajuster la fréquence des changements de pansement selon l'exsudat.
Traduction libre : Bryant et Nix (2016)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 11
4. Disponibilité des fournitures de soins et coût des fournitures de soins et des ressources humaines (salaires du personnel soignant et frais de déplacement)
Tenir compte de la disponibilité des fournitures de soins dans l’établissement de santé :
Certains pansements sont couverts par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ). L’usager a accès au pansement une seule fois au cours de sa vie. Une
demande d’exception est requise par la suite.
Demander à l’usager de se renseigner sur les modalités de couverture de son assurance privée en ce qui concerne les pansements.
En tout temps, privilégier des pansements à moindre coût pour un objectif équivalent.
CATÉGORIES DE PANSEMENTS
Les pansements ci‐dessous sont classés par catégories. Les informations inscrites dans ces tableaux sont générales et à titre indicatif uniquement. Il est de la
responsabilité du professionnel de la santé de consulter les monographies afin :
d’obtenir des informations spécifiques sur la composition du pansement, ce qui permettra d’identifier les agents à risque d’allergie ou d’intolérance;
d’avoir une bonne compréhension du mode d’action du pansement ou du produit;
de connaitre les indications et les contre‐indications relatives à son utilisation;
de connaitre les effets secondaires possibles;
de connaitre les modalités d’application et la fréquence des changements de pansements;
d’identifier la date de péremption et le mode d’entreposage.
Chaque plaie doit être traitée individuellement. Il n’existe pas de modèle d’intervention unique associé à un type de plaie. Les pansements sont des outils qui permettent
d’atteindre un objectif de soins :
L’infirmière doit posséder les connaissances et les habiletés requises pour sélectionner et appliquer un pansement ou un produit.
L’infirmière doit utiliser son jugement clinique pour sélectionner un pansement ou un produit et elle doit maintenir ses connaissances à jour en ce qui a trait aux
catégories de pansements et de produits ainsi qu’en ce qui concerne leurs indications et contre‐indications.
La fréquence du changement de pansements doit être cohérente avec l’objectif de soins (besoins de la plaie).
Rappel
L’escarre sèche au talon ne doit pas être débridée.
Il est conseillé d’utiliser un agent antiseptique et une compresse sèche sur ce type de plaie
Tous les pansements décrits ci‐dessous créent ou maintiennent un certain niveau d’humidité et donc, de débridement autolytique.
Consulter Préparation du lit de la plaie (F3)
Définitions des termes
Pansement primaire : pansement appliqué directement dans le lit de la plaie. Dans certains cas, peut aussi être utilisé comme pansement secondaire.
Pansement secondaire : pansement de recouvrement appliqué par‐dessus le pansement primaire.
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• Est un agent scellant transparent.
PROTECTEUR CUTANÉ LIQUIDE
• Contient de l’alcool et des copolymères.
Noms commerciaux (exemples) Objectifs et indications Contre‐indications Application et particularités
Avec alcool Augmenter l’adhérence d’un Exige peu d’applications (souvent tous
Skin prepMD pansement les 2‐3 jours selon la quantité
d’exsudat) :
AllkareMD Protéger la peau environnante
tampon : appliquer au pourtour de
Skin gelMD Protéger la peau en présence
d’incontinence urinaire ou fécale la plaie et laisser sécher;
Prep Skin GelMD
sans perte d’épiderme vaporisateur : appliquer au
pourtour de la plaie (éviter d’en
Sans alcool appliquer dans la plaie) et laisser
Appliquer sur une peau saine et sèche.
CavilonMD sécher.
Pour les peaux lésées : utiliser un
Skin prepMD No sting protecteur cutané liquide sans alcool.
Trucs
Tous les protecteurs cutanés liquides Espacer les applications si la peau
peuvent être utilisés pour protéger la devient sèche.
peau environnante lors d’un traitement
par pression négative.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 13
• Hydrate et donne de l’humidité au lit de la plaie.
HYDROGEL • Contient des polymères hydrophiles hydratés à base d'eau ou de glycérine. Il peut contenir des agents de conservation,
du chlorure de sodium, du collagène et de la fibronectine.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 14
• Maintien un milieu humide, mais n'a pas la fonction d'hydrater la plaie.
PANSEMENT PÂTE HYDROPHILE
• Composé d’oxyde de zinc, de poudre hydrophile, de gelée de pétrole et d’huile minérale.
(Coloplast, 2018a; CLWK, 2018)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 15
PANSEMENT NON ADHÉRENT • Permet d’absorber de légère quantité d’exsudat sans adhérer au lit de la plaie.
NON IMPRÉGNÉ • Composé de toile de nylon, de coton ou d'acrylique recouvert d'une pellicule perforée composée de polyester ou autre.
Noms commerciaux (exemples) Objectifs et indications Contre‐indications Application et particularités
TelfaMD, Prévenir ou soulager la douleur Plaie sans potentiel de cicatrisation Pansement primaire ou secondaire :
MeloliteMD Protéger le lit de la plaie peut être taillé;
Plaie profonde ou avec : doit dépasser d’au moins 2,5 cm le
Plaie superficielle, exsudat nul à léger o exsudat visqueux pourtour de la plaie.
o sinus, tunnel et sous‐minage
Trucs
Exsudat modéré à fort (car non Si adhère à la plaie au retrait :
absorbant) réévaluer et opter pour un autre
type de pansement.
Plaie présentant des signes Si macération : augmenter la
d’infection, car n’a pas de fréquence des changements de
propriétés antimicrobiennes pansements ou choisir un
pansement plus absorbant.
(RNAO, 2013; Smith & Nephew, 2018a)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 16
• Permet de protéger le lit de la plaie des traumatismes lors des changements de pansements. N’a pas la fonction
PANSEMENT NON ADHÉRENT d’ajouter de l’humidité dans le lit de la plaie, mais peut maintenir un certain niveau d’humidité.
IMPRÉGNÉ NON MÉDICAMENTÉ • Peut contenir de la viscose, être tissé ou perforé, imprégné de différentes substances telles que la paraffine, la gelée de
pétrole, la silicone ou une interface lipido‐colloïde.
Noms commerciaux (exemples) Objectifs et indications Contre‐indications Application et particularités
À base de gelée de pétrole Protéger le lit de la plaie Plaie avec cavité non accessible, Pansement primaire nécessitant un
AdapticMD Prévenir ou soulager la douleur sinus et tunnel pansement secondaire :
JelonetMD peut être taillé;
Exsudat visqueux peut dépasser du lit de la plaie,
Plaie superficielle ou profonde, exsudat sauf si macération.
À base de silicone
nul à fort Plaie présentant des signes
MepitelMD d’infection, car n’a pas de
Trucs
Adaptic touchMD propriétés antimicrobiennes
Certains pansements non adhérents (à
base de silicone) peuvent rester en
Interface lipido‐colloïde
place jusqu’à 7 jours, tandis que le
Pansement interface Restore Flex pansement secondaire sera changé au
avec TriactMD besoin.
(Bryant et Nix, 2016; Doughty et McNichol, 2016; RNAO, 2013)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 17
• Crée un environnement semi‐occlusif permettant de l’utiliser dans diverses situations pour divers objectifs de soin.
PELLICULE TRANSPARENTE
• Composé de polyuréthane enduit d’un adhésif acrylique transparent.
Noms commerciaux (exemples) Objectifs et indications Contre‐indications Application et particularités
TegadermMD Débridement autolytique Plaie sans potentiel de cicatrisation Pansement primaire ou secondaire :
Op‐siteMD plaie profonde, sinus, tunnel et
Maintenir ou renforcer l’adhérence
BioclusiveMD Exsudat modéré à fort (aucune sous‐minage : dans ce cas,
d’un pansement primaire (tout en
EpiviewMD propriété d’absorption) nécessite un pansement primaire
le gardant semi‐occlusif)
pour combler l’espace mort;
Milieu humide contrôlé
Plaie présentant des signes peut être taillé;
Prévenir la contamination d’infection, car n’a pas de
doit dépasser d’au moins 2,5 cm le
Protéger la peau environnante propriétés antimicrobiennes
pourtour de la plaie.
Réduire la friction (pour les régions
à risque de lésions de pression) Trucs
Peau fragile : l’utilisation d’un
Plaie superficielle avec exsudat nul
protecteur cutané liquide sous la
pellicule transparente est
conseillée au préalable.
Au retrait, tirer délicatement en
exerçant une traction parallèle à la
peau afin d’éviter une déchirure
cutanée.
Ne pas l’étirer ou faire de traction
lors de l’application.
L’usager peut prendre sa douche
avec ce type de pansement,
puisqu’il est imperméable.
(Bryant et Nix, 2016; Weir, 2012)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 18
• Capacité d’absorber une faible quantité d’exsudat.
PANSEMENT ABSORBANT ACRYLIQUE
• Composé de polymère acrylique et de polyuréthane enduit d’un adhésif acrylique transparent.
Noms commerciaux (exemple) Objectifs et indications Contre‐indications Application et particularités
Pansement absorbant en acrylique Débridement autolytique Plaie sans potentiel de cicatrisation Pansement primaire ou secondaire :
transparent TegadermMD Milieu humide contrôlé plaie profonde, sinus, tunnel et
Plaie avec exsudat modéré à fort sous‐minage : dans ce cas,
Observer la plaie sans retirer le
nécessite un pansement primaire
pansement
Plaie présentant des signes pour combler l’espace mort;
Protéger le lit de la plaie d’infection, car n’a pas de ne pas tailler;
Prévenir la contamination propriétés antimicrobiennes
doit dépasser d’au moins 2,5 cm le
pourtour de la plaie.
Plaie superficielle avec exsudat nul à
léger Trucs
Inscrire la date sur le pansement
pour un meilleur suivi.
Si utilisé en présence d’une
déchirure cutanée, indiquez, à
l’aide d’une flèche, dans quel sens
le retirer.
Changer lorsque saturé, décollé ou
en présence de fuite de l’exsudat.
Il est recommandé de réévaluer le
type de pansement si la fréquence
des changements de pansements
est supérieure à 1 fois/semaine.
L’usager peut prendre sa douche
avec ce type de pansement,
puisqu’il est imperméable.
(3M, 2018a; Bryant et Nix, 2016)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 19
• Se transforme en substance gélatineuse au contact de l’exsudat, créant et maintenant un milieu humide contrôlé et
réduisant le pH local. L’adhésivité se retrouve au niveau de la peau saine uniquement.
PANSEMENT HYDROCOLLOÏDE
• Contient des agents gellifiants (carboxyméthylcellulose, gélatine, pectine), des élastomères, des polymères et de
l'adhésif et est recouvert d’une couche mince de polyuréthane.
Noms commerciaux (exemples) Objectifs et indications Contre‐indications Application et particularités
DuoDERMMD Débridement autolytique Plaie sans potentiel de Pansement primaire ou secondaire :
DuoDERMMD extra thin Milieu humide contrôlé cicatrisation disponible en divers formats, formes et épaisseurs;
Restore hydrocolloïde disponible avec ou sans bordure adhésive;
Prévenir la contamination
Cutinova HydroMD Plaie avec exsudat modéré à fort
Protéger la peau plaie profonde, sinus, tunnel et sous‐minage : dans
ComfeelMD environnante ce cas, nécessite un pansement primaire pour
Plaie présentant des signes
combler l’espace mort;
Protéger le lit de la plaie d’infection, car n’a pas de
propriétés antimicrobiennes peut être taillé;
Plaie superficielle, exsudat nul à doit dépasser d’au moins 2,5 cm le pourtour de la
léger À utiliser avec précaution chez plaie;
les usagers présentant une peau possibilité d’odeur au retrait en raison des
fragile (risque de causer des composants du produit. Ne pas confondre avec une
déchirures cutanées au retrait) infection.
Trucs
Peau fragile : ajouter, au préalable, un protecteur
cutané liquide sur la peau environnante ou opter
pour un autre type de pansement.
Il est recommandé de réévaluer le type de
pansement si la fréquence des changements de
pansements est supérieure à 2 fois/semaine.
L’usager peut prendre sa douche avec ce type de
pansement, puisqu’il est imperméable.
(Bryant et Nix, 2016; Doughty et McNichol, 2016; Fowler, 2012)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 20
PANSEMENT ABSORBANT AVEC • Possède un îlot central non adhérent et bordures adhésives.
BORDURES ADHÉSIVES • Composé d'un film de polyuréthane, de polyester non tissé ou de polyacrylate.
Noms commerciaux (exemples) Objectifs et indications Contre‐indications Application et particularités
AlldressMD Milieu humide contrôlé Exsudat modéré à fort Pansement primaire ou secondaire :
MeporeMD Prévenir la contamination doit dépasser d’au moins 2,5 cm le
PrimaporeMD Plaie présentant des signes pourtour de la plaie;
Plaie superficielle avec exsudat léger à d’infection, car n’a pas de plaie profonde, sinus, tunnel et
OpsiteMD Post Op
modéré (selon les fabricants) propriétés antimicrobiennes sous‐minage : dans ce cas,
TegadermMD +Pad® nécessite un pansement primaire
TelfaMD Plus pour combler l’espace mort.
LeukomedMD T plus®
Trucs
Doit être appliqué sur une peau
environnante saine.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 21
• Absorbe l’exsudat et maintient un milieu humide contrôlé dans le lit de la plaie.
PANSEMENT ABSORBANT MOUSSE
• Composé de mousse de polyuréthane à cellules ouvertes.
Noms commerciaux (exemples) Objectifs et indications Contre‐indications Application et particularités
AllevynMD Absorber l’exsudat Plaie sans potentiel de cicatrisation Pansement primaire ou secondaire :
MepilexMD Border disponible en divers formats, formes et
Débridement autolytique
TielleMD Exsudat nul ou léger épaisseurs;
TielleMD Silicone Border Milieu humide contrôlé
disponible avec ou sans bordure adhésive;
BiatainMD Prévenir ou soulager la Plaie présentant des signes
BiatainMD Silicone douleur disponible avec ou sans interface;
d’infection, car n’a pas de
TegadermMD Foam Protéger le lit de la plaie propriétés antimicrobiennes plaie profonde, sinus, tunnel et sous‐minage :
CuraFoamMD dans ce cas, nécessite un pansement primaire
CurityMD Cavity Plaie superficielle ou profonde Incompatibilité pour combler l’espace mort;
Pansement mousse Restore avec avec exsudat léger à fort (selon le hypochlorite de sodium (Dakin) peut être taillé;
technologie TRIACT niveau d’absorption) doit dépasser d’au moins 2,5 cm le pourtour de
peroxyde d’hydrogène
la plaie;
certaines mousses ont des propriétés de micro‐
adhérence.
Trucs
Si adhère à la plaie ou à la peau environnante au
retrait : diminuer la fréquence des changements
ou opter pour une autre catégorie de
pansement.
Avec la mousse pour cavité, laisser
suffisamment d’espace pour que la mousse
prenne de l’expansion lors de l’absorption.
L’usager peut prendre sa douche avec les
mousses comportant des bordures adhésives,
puisqu’elles sont imperméables.
(Bryant et Nix, 2016; Doughty et McNichol, 2016; RNAO, 2013; Weir, 2012)
Certains pansements non adhérents et non médicamentés sont fusionnés avec un pansement mousse. Afin d’alléger le tableau, ceux‐ci ne sont pas mentionnés.
Renseignez‐vous auprès des fabricants.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 22
• Absorbe l’exsudat et maintient un milieu humide contrôlé dans le lit de la plaie, sans l’assécher, tandis que l’ibuprofène
PANSEMENT ABSORBANT MOUSSE
est libéré lentement au contact de l’exsudat de la plaie.
AVEC IBUPROFÈNE
• Contient 0,5 mg/cm2 d'ibuprofène
Noms commerciaux (exemple) Objectifs et indications Contre‐indications Application et particularités
BiatainMD Ibu Absorber l’exsudat Exsudat nul ou léger (car sans Pansement primaire :
peut être taillé;
Débridement autolytique exsudat, il n’y a aucune libération
d’ibuprofène)
Milieu humide contrôlé doit dépasser d’au moins 2,5 cm le
pourtour de la plaie;
Protéger le lit de la plaie
Plaie présentant des signes
Prévenir ou soulager la douleur doit être en contact avec l’exsudat
d’infection, car n’a pas de
et le lit de la plaie.
propriétés antimicrobiennes
Plaie superficielle ou profonde avec
exsudat modéré à fort Incompatibilité
hypochlorite de sodium (Dakin)
peroxyde d’hydrogène
(Coloplast, 2018b)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 23
• Agit grâce à un mécanisme d’échange d’ions (ou autre mécanisme) pour absorber l’exsudat permettant à la fibre de se
PANSEMENT ABSORBANT FIBRES
gélifier et de se conformer au lit de la plaie.
GÉLIFIANTES TYPE HYDROFIBRE
• Peut être composé de carboxyméthylcellulose, de cellulose ou d'alcool polyvinylique, se transformant en gel au contact
OU ÉQUIVALENT
de l’exsudat.
Noms commerciaux (exemples) Objectifs et indications Contre‐indications Application et particularités
AquacelMD Absorber l’exsudat Plaie sans potentiel de cicatrisation Pansement primaire nécessitant un
AquacelMD ExtraMC Combler l'espace mort pansement secondaire :
ExufiberMD Plaie avec cavité non accessible et peut être taillé, plié et superposé;
Débridement autolytique
sinus étroit disponible sous forme de feuille ou
BiosorbMC Milieu humide contrôlé de mèche;
Protéger le lit de la plaie Exsudat nul ou léger
se gélifie au contact de l’exsudat;
Plaie superficielle ou profonde avec Plaie présentant des signes les fibres gélifiantes ont une faible
exsudat modéré à fort d’infection, car n’a pas de résistance à la traction. Vérifier
propriétés antimicrobiennes l’intégrité du pansement lors du
retrait.
Trucs
Si le pansement adhère au retrait,
l’humidifier avant de le retirer et
diminuer la fréquence des changements
ou opter pour un autre type de
pansement.
(Mölnlycke, 2017; Convatec, 2018a, 2018b; Bryant et Nix, 2016; Doughty et McNichol, 2016; Hedger, 2014; RNAO, 2013; Weir, 2012)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 24
• Agit grâce à un mécanisme d’échange d’ions de calcium pour des ions de sodium. Ce pansement absorbe l’exsudat et
facilite l’hémostase, tout en formant une substance gélatineuse non adhésive qui se conforme au lit de la plaie.
ALGINATE • Composé de polysaccharides ou de xérogel (acide mannuronique ou acide guluronique dans différentes proportions)
dérivés d'extraits d'algues brunes. Peut contenir de la carboxymethycellulose, du dilaurate de polyéthylène glycol, du
nylon, etc.
Noms commerciaux (exemples) Objectifs et indications Contre‐indications Application et particularités
KaltostatMD Absorber l’exsudat Plaie sans potentiel de cicatrisation Pansement primaire nécessitant un
CalcicareMD Calcium Alginate Dressing pansement secondaire :
Combler l'espace mort
AlgisiteMD Plaie avec cavité non accessible ou peut être taillé, plié et superposé;
Débridement autolytique
sinus étroit disponible en mèche ou en feuille;
MelgisorbMD Protéger le lit de la plaie
Nu‐DermMD se gélifie au contact de l’exsudat;
Milieu humide contrôlé Exsudat nul ou léger
BiatainMD Alginate les alginates ont une faible
Obtenir une hémostase lorsque
TegagenMD résistance à la traction. Vérifier
saignement léger Plaie présentant des signes
l’intégrité du pansement lors du
d’infection, car n’a pas de
retrait.
Plaie superficielle ou profonde avec propriétés antimicrobiennes
exsudat modéré à fort
Trucs
Si le pansement adhère au retrait,
l’humidifier avant de le retirer et
diminuer la fréquence des changements
ou opter pour un autre type de
pansement.
(Bryant et Nix, 2016; Doughty et McNichol, 2016; Hedger, 2014; Société Française et Francophone des Plaies et Cicatrisations, s. d.; Weir, 2012)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 25
PANSEMENT COMPOSÉ • Composé de plusieurs technologies (dans un seul pansement) afin d’augmenter le niveau d’absorption.
Noms commerciaux (exemples) Objectifs et indications Contre‐indications Application et particularités
CombidermMD (granules de Absorber l’exsudat Plaie sans potentiel de cicatrisation
Pansement primaire ou secondaire :
carboxyméthylcellulose + Débridement autolytique
Exsudat nul à modéré disponible en divers formats,
hydrocolloïde)
Milieu humide contrôlé formes et épaisseurs;
Protéger le lit de la plaie Plaie présentant des signes disponible avec ou sans bordure
VersivaMD XCMD (hydrofibre + d’infection, car n’a pas de adhésive;
hydrocolloïde) Plaie superficielle ou profonde avec propriétés antimicrobiennes doit dépasser d’au moins 2,5 cm le
exsudat de fort à très fort pourtour de la plaie;
AquacelMD Foam (hydrofibre + mousse)
ne peut être taillé;
plaie profonde, sinus étroit et sous‐
minage : dans ce cas, nécessite un
pansement primaire pour combler
l’espace mort.
Trucs
L’usager peut prendre sa douche avec
un pansement composé ayant une
bordure adhésive, puisqu’il est
imperméable.
(Bryant et Nix, 2016; Doughty et McNichol, 2016; Weir, 2012)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 26
• Permet l’absorption et l’emprisonnement d’une grande quantité d’exsudat.
PANSEMENT ULTRA ABSORBANT
• Composé d'une couche non adhérente ou semi‐adhérente et de plusieurs couches d'absorbants hydrophiles (cellulose,
SPÉCIALISÉ
polymère, coton ou rayonne).
Noms commerciaux (exemples) Objectifs et indications Contre‐indications Application et particularités
MextraMD Absorber l’exsudat Exsudat nul à modéré Pansement primaire ou secondaire :
CutisorbMD Ultra Milieu humide contrôlé disponible en divers formats;
XtrasorbMD Plaie présentant des signes
disponible avec ou sans bordure
Plaie superficielle ou profonde avec d’infection, car n’a pas de
adhésive;
exsudat de fort à très fort propriétés antimicrobiennes
ne pas tailler;
doit dépasser d’au moins 2,5 cm le
pourtour de la plaie;
plaie profonde, sinus étroit et
espace sous‐ miné : dans ce cas,
nécessite un pansement primaire
pour combler l’espace mort.
Trucs
L’usage de ce type de pansement est
réservé aux plaies très exsudatives.
(Bryant et Nix, 2016; Doughty et McNichol, 2016; Tickle et Fletcher, 2012)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 27
• Composé de rayonne, de viscose, de coton, de cellulose ou de polyester imprégné de cristaux de chlorure de sodium à
PANSEMENT IMPRÉGNÉ DE CHLORURE 20 %. Les cristaux de sodium entrant en contact avec l’exsudat créent un milieu hypertonique hostile aux
DE SODIUM (NACI) microorganismes. Par osmose, ce pansement attire l’exsudat, les liquides interstitiels et les débris cellulaires
(débridement du tissu non viable).
Noms commerciaux (exemples) Objectifs et indications Contre‐indications Application et particularités
MesaltMD Absorber l’exsudat Plaie sans potentiel de cicatrisation Pansement primaire seulement
CurasaltMD nécessitant un pansement secondaire :
Milieu humide contrôlé
CurityMC Pansement au chlorure de Exsudat nul ou faible disponible sous forme de mèche ou
Combler les espaces morts
sodium de compresse;
Débridement autolytique Incompatibilité peut être taillé, plié ou superposé;
Absorber l’exsudat stimulation électrique nécessite de l'exsudat pour être
Contrôler la charge bactérienne efficace;
protéger la peau environnante avec
Plaie infectée ou non, superficielle ou une barrière cutanée : ne doit pas
profonde, avec exsudat modéré à fort. entrer en contact avec la peau
environnante, car est
hypertonique.
Trucs
Si le pansement adhère au retrait,
l’humidifier au préalable et opter pour
un autre type de pansement.
(Bryant et Nix, 2016; CLWK, 2012)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 28
Les pansements avec agent antimicrobien
• Peut contenir de l'alcool cétylique, de l'eau distillée, du stéarate de glycérol, de la paraffine liquide, du sorbate 60, du
SULFADIAZINE D'ARGENT 1 %
polysorbate 80 et du propylène glycol.
Noms commerciaux (exemple) Objectifs et indications Contre‐indications Application et particularités
FlamazineMD Milieu humide contrôlé Plaie sans potentiel de cicatrisation Pansement primaire, nécessite un
Prévenir une infection ou contrôler pansement secondaire :
la charge microbienne Plaie avec cavité non accessible ou risque de macération : protéger la
sinus étroit peau environnante au besoin;
Plaie superficielle avec exsudat nul à appliquer une couche de 3 à 5 mm
léger Exsudat modéré ou fort de sulfadiazine d’argent dans le lit
de la plaie.
Contre‐indications relatives à
l’usager : Mode d’action
Plaie présentant des signes d’infection
o femmes enceintes L’argent se lie aux protéines et cause
ou d’un biofilm
o bébés prématurés des changements à la paroi cellulaire
o nouveau‐nés au cours des des bactéries et, par le fait même, les
premiers mois de vie affaiblit.
o insuffisance hépatique ou
rénale sévère Efficace contre :
o hypoglycémiants oraux,
phénytoïne, autre traitement Staphylococcus aureus
simultané avec sulfamide, etc. Streptocoques
Pseudomonas aeruginosa
Incompatibilité Bactéries anaérobies
agents de débridement SARM‐ERV
enzymatique
(Smith & Nephew, 2018b)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 29
• Hydrate et ajoute de l’humidité au lit de la plaie.
HYDROGEL AVEC ARGENT • Contient des polymères hydrophiles hydratés à base d'eau (amorphe ou isotonique) ou de glycérine et de l'argent. Il peut
aussi contenir de l’alginate de sodium ou de la pectine.
Noms commerciaux (exemple) Objectifs et indications Contre‐indications Application et particularités
SilvasorbMD Gel Débridement autolytique Plaie sans potentiel de Pansement primaire nécessitant un pansement
Milieu humide contrôlé cicatrisation secondaire :
Prévenir une infection ou
risque de macération : protéger la peau
contrôler la charge Plaie avec cavité non accessible, environnante au besoin.
microbienne sinus étroit ou avec tissu :
o épithélial Mode d’action
Plaie superficielle ou profonde o hypergranulation L’argent se lie aux protéines et cause des changements à
avec exsudat nul à léger la paroi cellulaire des bactéries. Il provoque une rupture
Exsudat modéré ou fort de la paroi, altère son intégrité, inhibe la respiration
cellulaire, dénature l’acide nucléique (ADN) et altère la
Incompatibilité perméabilité de la membrane cellulaire.
Plaie présentant des signes
d’infection ou d’un biofilm produits à base d’huile (oxyde (Sibbald et coll., 2017)
de zinc, gelée de pétrole, etc.) Large spectre, efficace contre :
radiothérapie Staphylococcus aureus
IRM Streptocoques
Pseudomonas aeruginosa
Bactéries anaérobies
SARM
ERV
Fongus
Virus
Biofilm
(RNAO, 2013)
(Sibbald et coll., 2017; Wounds UK, 2017; Bryant et Nix, 2016; WUWHS, 2016; IWII, 2016; RNAO, 2013; Weir, 2012)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 30
• Le cadexomère assure une libération lente d’iode et possède des propriétés d’absorption.
PANSEMENT ANTIMICROBIEN À BASE
• Composé de cadexomère et d'iode; peut également contenir du poloxamère, du polyéthylène glycol 400 et du
DE CADEXOMÈRE D'IODE
polyéthylène glycol 4000.
Noms commerciaux (exemple) Objectifs et indications Contre‐indications Application et particularités
IodosorbMD Combler les espaces Escarre Pansement primaire nécessitant un pansement secondaire :
morts
Plaie avec cavité non disponible en onguent ou en pâte.
Débridement accessible et sinus étroit
autolytique Trucs
Milieu humide contrôlé Absence d’exsudat Une décoloration du produit dans la plaie indique que le pansement
doit être changé, car la forme inactive de l’iode est incolore.
Prévenir une infection Contre‐indications
ou contrôler la charge relatives à l’usager : Mode d’action
microbienne o enfant prématuré et L’iode bloque les échanges intermembranaires, interfère avec le
Protéger le lit de la plaie de moins de 30 mois processus respiratoire de la cellule, modifie la structure de l’ADN et
o grossesse et dénature les protéines et les enzymes cellulaires de la bactérie.
Plaie avec exsudat léger à allaitement (Wounds UK, 2017; Doughty et McNichol, 2016; IWII, 2016)
fort o grand brulé
o insuffisance rénale Bien que la forme élémentaire de l'iode soit toxique, l'iodophore
o affections
(cadexomère d'iode et povidone iodée) à libération lente ne l’est pas.
thyroïdiennes (larges (Bryant et Nix, 2016; Sibbald et coll., 2017)
Plaie présentant des signes
plaies ou utilisation
d’infection ou d’un biofilm
prolongée) L’application maximale est de 50 g par jour et de 150 g par semaine.
(Moesch et Buxeraud, 2017b; IWII, Un usage restreint de 3 mois est indiqué.
2016)
Large spectre, efficace contre :
Précautions Staphylococcus aureus
antécédent d’allergie à la Streptocoques
povidone iodée Pseudomonas aeruginosa
hypersensibilisation à Bactéries anaérobies
l’iode est possible
SARM
réaction cutanée locale
ERV
possible
Fongus
(Moesch et Buxeraud, 2017b)
Virus
Biofilm (RNAO, 2013)
(Wounds UK, 2017; Moesch et Buxeraud, 2017a, 2017b; Sibbald et coll., 2017; IWII, 2016; Doughty et McNichol, 2016; Bryant et Nix, 2016; RNAO, 2013)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 31
PANSEMENT NON ADHÉRENT • Composé de coton, de viscose ou de paraffine et imprégné de différentes substances antimicrobiennes.
IMPRÉGNÉ D'UN AGENT • Permet de protéger le lit de la plaie des traumatismes lors du changement de pansement.
ANTIMICROBIEN • N'ajoute pas de l’humidité dans le lit de la plaie, mais peut maintenir un certain niveau d’humidité.
Noms commerciaux Objectifs et indications Contre‐indications Application et particularités
(exemple)
BactigrasMD Prévenir une infection ou Plaie avec cavité non accessible, Pansement primaire nécessitant un pansement
Paraffine et acétate de chlorhexidine BP 0,5
(Smith & Nephew, 2018c)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 32
PANSEMENT NON ADHÉRENT • Composé de coton, de viscose ou de paraffine et imprégné de différentes substances antimicrobiennes.
IMPRÉGNÉ D'UN AGENT • Permet de protéger le lit de la plaie des traumatismes lors du changement de pansement.
ANTIMICROBIEN (SUITE) • N'a pas la fonction d’ajouter de l’humidité dans le lit de la plaie, mais peut maintenir un certain niveau d’humidité.
Noms commerciaux Objectifs et indications Contre‐indications Application et particularités
Tulle de viscose imprégnée de polyéthylène glycol (PEG) contenant 10 % de povidone iodée.
(exemple)
InadineMC Prévenir une infection ou Contre‐indications relatives à Pansement primaire nécessitant un pansement secondaire :
contrôler la charge l’usager : peut être taillé;
microbienne enfant prématuré et de moins peut déborder sur la peau environnante.
Protéger le lit de la plaie de 6 mois
grossesse et allaitement Trucs
Plaie avec exsudat léger à fort grand brulé Une décoloration du produit dans la plaie indique que le
insuffisance rénale pansement doit être changé, car la forme inactive de l’iode est
incolore.
affections thyroïdiennes
(larges plaies ou utilisation Mode d’action
Plaie présentant des signes prolongée)
La viscose du tulle permet une libération lente de l’iode dans la
d’infection et d’un biofilm
(Moesch et Buxeraud, 2017b; plaie. L’iode bloque les échanges intermembranaires, interfère
MD
Systagenix , 2018; IWII, 2016) avec le processus respiratoire de la cellule, modifie la structure
de l’ADN et dénature les protéines et les enzymes cellulaires de
Précautions la bactérie.
antécédent d’allergie à la (Wounds UK, 2017; Doughty et McNichol, 2016; IWII, 2016)
povidone iodée
Bien que la forme élémentaire de l’iode soit toxique,
hypersensibilisation à l’iode
l'iodophore (cadexomère d'iode et povidone iodée) à libération
est possible
lente ne l’est pas (Bryant et Nix, 2016; Sibbald et coll., 2017).
réaction cutanée locale
possible Large spectre, efficace contre :
(Moesch et Buxeraud, 2017b) Staphylococcus aureus
Streptocoques
Pseudomonas aeruginosa
Bactéries anaérobies
SARM
ERV
Fongus
Virus
Biofilm
MD
(Moesch et Buxeraud, 2017a, 2017b; Systagenix , 2018; Sibbald et coll., 2017; IWII, 2016; Bryant et Nix, 2016; Wounds UK, 2017; Doughty et McNichol, 2016)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 33
PANSEMENT NON ADHÉRENT • Composé de coton, de viscose ou de paraffine et imprégné de différentes substances antimicrobiennes.
IMPRÉGNÉ D'UN AGENT • Permet de protéger le lit de la plaie des traumatismes lors du changement de pansement.
ANTIMICROBIEN (SUITE) • N'a pas la fonction d’ajouter de l’humidité dans le lit de la plaie, mais peut maintenir un certain niveau d’humidité.
d’argent l‘argent métallique est bactéricide. L’argent se lie aux protéines
TegadermMD Ag Mesh et cause des changements à la paroi cellulaire des bactéries. Il
provoque une rupture de la paroi, altère son intégrité, inhibe la
Interface de silicone avec respiration cellulaire, dénature l’acide nucléique (ADN) et altère
mousse de transfert la perméabilité de la membrane cellulaire. Propriétés anti‐
d’argent inflammatoires (Sibbald et coll., 2017)
MepilexMD Transfer Ag Large spectre, efficace contre :
Staphylococcus aureus
Streptocoques
Pseudomonas aeruginosa
Bactéries anaérobies
SARM
ERV
Fongus
Virus
Biofilm
(RNAO, 2013)
(Sibbald et coll., 2017; Bryant et Nix, 2016; Wounds UK, 2017; WUWHS, 2016; IWII, 2016; RNAO, 2013)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 34
PANSEMENT NON ADHÉRENT • Composé de coton, de viscose ou de paraffine et imprégné de différentes substances antimicrobiennes.
IMPRÉGNÉ D'UN AGENT • Permet de protéger le lit de la plaie des traumatismes lors du changement de pansement.
ANTIMICROBIEN (SUITE) • N'a pas la fonction d’ajouter de l’humidité dans le lit de la plaie, mais peut maintenir un certain niveau d’humidité.
pétrole
Plaie superficielle ou profonde propriétés chimiophysiques du pansement.
solutions antiseptiques
avec exsudat faible à fort
topiques
analgésiques topiques Mode d’action
(incluant l’EMLA) L'action antimicrobienne est chimiophysique. Les particules
hydrophobiques d’acide gras du pansement entrent en
Plaie présentant des signes contact avec les bactéries (hydrophobes) dans un
d’infection et d’un biofilm environnement aqueux, liant irréversiblement la bactérie et
le biofilm au pansement.
(WUWHS, 2016; Bullough, Little, Hodson, et Morris, 2012)
Efficace contre :
Staphyloccocus aureus
SARM
Pseudomonas aeruginosa
Enterococcus faecalis
Escherichia coli
Candida albicans
Fongus
Biofilm
(Bullough, Little, Hodson, et Morris, 2012)
(Bryant et Nix, 2016; WUWHS, 2016; Bullough, Little, Hodson, et Morris, 2012)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 35
PANSEMENT NON ADHÉRENT
• Imprégné de paraffine, de lanoline ou d'autres substances et contenant un agent antibiotique
IMPRÉGNÉ D'UN AGENT ANTIBIOTIQUE
Noms commerciaux (exemples) Objectifs et indications Contre‐indications Application et particularités
Sulfate de framycétine 1 % Milieu humide contrôlé Plaie sans potentiel de Pansement primaire, nécessitant un
Sofra‐Tulle Prévenir une infection ou cicatrisation pansement secondaire :
contrôler la charge microbienne peut être taillé;
Fusidate de sodium 2 % Protéger le lit de la plaie Le fusidate de sodium (FucidinMD peut dépasser du lit de la plaie, sauf
FucidinMD Intertulle 2 % Intertulle 2 %) est contre‐indiqué si macération.
en présence de Pseudomonas
Exsudat nul à fort aeruginosa et d’hypersensibilité à Mode d’action
l’acide fusidique et son sel. Inhibe la synthèse protéique de la
bactérie.
Plaie présentant des signes d’infection
et d’un biofilm Un usage maximal de deux semaines est
recommandé. Une réévaluation est
nécessaire en raison du risque de
résistance bactérienne.
Efficace contre :
Sofra‐Tulle :
Staphylococcus aureus
Escherichia coli
Pseudomonas aeruginosa
Fucidin tulle :
Bactéries à Gram ‐
Staphylococcus aureus
Streptocoques
Corynebacterium
Clostridium (certaines souches)
(IWII, 2016)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 36
• Absorbe l’exsudat et maintien un milieu humide contrôlé dans le lit de la plaie.
PANSEMENT ABSORBANT MOUSSE
• Perméable à la vapeur d’eau et aux gaz et peut contenir de l'argent, du bleu de méthylène, du violet de gentiane ou
AVEC AGENT ANTIMICROBIEN
d'autres agents antimicrobiens
Noms commerciaux ex. Objectifs et indications Contre‐indications Application et particularités
ActicoatMD Moisture Absorber l’exsudat Plaie sans Pansement primaire ou secondaire :
Control Débridement potentiel de disponible en divers formats, formes et épaisseurs;
MepilexMD Ag autolytique cicatrisation disponible avec ou sans bordure adhésive;
BiatainMD Ag Milieu humide plaie profonde, sinus étroit et sous‐minage : dans ce cas, nécessite un
Exsudat nul à
contrôlé pansement primaire pour combler l’espace mort;
léger
Prévenir une peut être taillé;
infection ou doit dépasser d’au moins 2,5 cm le pourtour de la plaie;
Incompatibilité
contrôler la charge garder le pansement à l’abri de la lumière;
hypochlorite de
microbienne certaines mousses ont des propriétés de micro‐adhérence.
sodium (Dakin)
Protéger le lit de la
peroxyde Trucs
plaie
Pansement mousse avec argent
d’hydrogène Si le pansement adhère au lit de la plaie au retrait : diminuer la fréquence des
produits à base changements ou opter pour un autre type de pansement.
Plaie superficielle ou
d’huile (ex. : oxyde Avec la mousse pour cavité, laisser suffisamment d’espace pour que la mousse
profonde avec exsudat
de zinc, gelée de prenne de l’expansion lors de l’absorption.
modéré à fort
pétrole) L’usager peut prendre sa douche avec une mousse ayant une bordure
radiothérapie
adhésive puisqu’elle est imperméable.
IRM Mode d’action
Plaie présentant des Les sels d’argent ont un effet bactériostatique. L’argent se lie aux protéines et
signes d’infection et cause des changements à la paroi cellulaire des bactéries. Il provoque une rupture
d’un biofilm de la paroi, altère son intégrité, inhibe la respiration cellulaire, dénature l’acide
nucléique (ADN) et altère la perméabilité de la membrane cellulaire. Propriétés
anti‐inflammatoires (Sibbald et coll., 2017).
Large spectre, efficace contre :
Staphylococcus aureus
Streptocoques
Pseudomonas aeruginosa
Bactéries anaérobies
SARM
ERV
Fongus
Virus
Biofilm (RNAO, 2013)
(Sibbald et coll., 2017; Wounds UK, 2017; Bryant et Nix, 2016; WUWHS, 2016; IWII, 2016; RNAO, 2013, Weir, 2012)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 37
Certains pansements non adhérents imprégnés d’un agent antimicrobien sont fusionnés avec un pansement mousse. Afin d'alléger le texte, ceux‐ci ne sont pas
mentionnés. Renseignez‐vous auprès des fabricants.
Noms commerciaux Objectifs et indications Contre‐indications Application et particularités
(exemple)
Pansement mousse avec bleu de méthylène et violet de
une réaction d’oxydoréduction qui inhibe la croissance bactérienne et sa
READYMD microbienne division cellulaire. Le composé d’alcool de polyvinyle se lie au tissu non viable
et procure un effet de débridement autolytique. A également des effets anti‐
Plaie superficielle ou inflammatoires.
profonde avec exsudat (Sibbald et coll., 2017; Bryant et Nix, 2016)
faible à fort Efficace contre :
SARM
ERV
Plaie présentant des signes Staphylococcus aureus
d’infection et d’un biofilm Staphylococcus epidermidis
Serratia
Escherichia coli
(Bryant et Nix, 2016)
(Sibbald et coll., 2017; Hollister, 2018a, 2018b; Bryant et Nix, 2016)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 38
• Agit grâce à un mécanisme d’échange d’ions (ou autre mécanisme) qui absorbe l’exsudat et permet à la fibre de se
PANSEMENT ABSORBANT, FIBRES gélifier et de se conformer au lit de la plaie.
GÉLIFIANTES, TYPE HYDROFIBRE • Se transforme en gel au contact de l’exsudat grâce aux fibres synthétiques de carboxyméthylcellulose sodique.
OU ÉQUIVALENT AVEC ARGENT • Contient de l'argent et peut contenir un agent tensio‐actif (surfactant). La composition et la quantité d'ions d'argent
libérée dans la plaie varient selon les fabricants.
Noms commerciaux Objectifs et indications Contre‐indications Application et particularités
(exemples)
AquacelMD Ag Absorber l’exsudat Plaie sans potentiel Pansement primaire nécessitant un pansement secondaire :
AquacelMD Ag Extra Combler les espaces de cicatrisation peut être taillé, plié et superposé;
Fibres gélifiantes de type hydrofibre ou l’équivalent avec argent
morts disponible sous forme de feuille ou de mèche;
Débridement Plaie avec cavité non se gélifie au contact de l’exsudat;
autolytique accessible ou sinus les fibres gélifiantes ont une faible résistance à la traction. Il faut vérifier
Milieu humide étroit l’intégrité du pansement lors du retrait;
contrôlé garder le pansement à l’abri de la lumière.
Prévenir une infection Incompatibilité
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 39
Noms commerciaux Objectifs et indications Contre‐indications Application et particularités
(exemple)
AquacelMD Ag Extra+ Absorber l’exsudat Plaie sans potentiel Pansement primaire nécessitant un pansement secondaire :
Combler les espaces de cicatrisation peut être taillé, plié et superposé;
Fibres gélifiantes de type hydrofibre ou l’équivalent avec argent combiné à un chélateur et un agent tensio‐actif
morts disponible sous forme de feuille ou de mèche;
Débridement Plaie avec cavité non se gélifie au contact de l’exsudat;
autolytique accessible ou sinus les fibres gélifiantes ont une faible résistance à la traction. Il faut vérifier
Milieu humide étroit l’intégrité du pansement lors du retrait;
contrôlé garder le pansement à l’abri de la lumière.
Prévenir une Incompatibilité
infection ou contrôler produits à base Trucs
la charge d’huile (ex. : oxyde Si le pansement adhère au retrait, l’humidifier avant de le retirer et diminuer
microbienne de zinc, gelée de la fréquence des changements ou opter pour un autre type de pansement.
Protéger le lit de la pétrole)
plaie radiothérapie Mode d’action
IRM Les sels d’argent ont un effet bactériostatique. L’argent se lie aux protéines et
Plaie superficielle ou cause des changements à la paroi cellulaire des bactéries. Il provoque une
profonde avec exsudat rupture de la paroi, altère son intégrité, inhibe la respiration cellulaire,
modéré à fort dénature l’acide nucléique (ADN) et altère la perméabilité de la membrane
cellulaire. Propriétés anti‐inflammatoires.
(Sibbald et coll., 2017)
Plaie présentant des
signes d’infection et d’un Bactéricide, l’EDTA chélate les ions essentiels à la fonction bactérienne (CA++,
biofilm Fe+++). L’agent tensio‐actif permet de réduire la surface de tension entre les
bactéries et le tissu non viable, perturbant la fixation des bactéries.
(Moesch et Buxeraud, 2017b; Bryant et Nix, 2016; IWII, 2016)
Large spectre, efficace contre :
Staphylococcus aureus
Streptocoques
Pseudomonas aeruginosa
Bactéries anaérobies
SARM
ERV
Fongus
Virus
(surfactant)
Biofilm
Bactérie à Gram ‐
(RNAO, 2013)
(Moesch et Buxeraud, 2017b; Sibbald et coll., 2017; Wounds UK, 2017; Bryant et Nix, 2016; WUWHS, 2016; IWII, 2016; Doughty et McNichol, 2016; RNAO, 2013; Weir, 2012)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 40
• Agit grâce à un mécanisme d’échange d’ions de calcium pour des ions de sodium qui absorbe l’exsudat et facilite
l’hémostase, tout en formant une substance gélatineuse non adhésive qui se conforme au lit de la plaie.
ALGINATE AVEC ARGENT • Composé de polysaccharides ou de xérogel (acide mannuronique ou acide guluronique dans différentes proportions),
dérivés d'extraits d'algues brunes. Peut contenir de la carboxymethycellulose, du dilaurate de polyéthylène glycol, du
nylon, etc. Contient de l'argent.
Noms commerciaux Objectifs et indications Contre‐indications Application et particularités
(exemples)
ActicoatMD Absorbent Absorber l’exsudat; Plaie sans potentiel Pansement primaire nécessitant un pansement secondaire :
SilvercelMC Combler les espaces de cicatrisation, plaie peut être taillé, plié et superposé;
SeaSorb Ag morts qui saigne disponible en mèche ou en feuille;
Restore alginate de calcium Débridement abondamment se gélifie au contact de l’exsudat;
avec Argent autolytique les alginates ont une faible résistance à la traction. Il faut vérifier
Milieu humide Plaie avec cavité non l’intégrité du pansement lors du retrait;
contrôlé accessible ou sinus garder le pansement à l’abri de la lumière.
Obtenir une étroit
hémostase, si léger Trucs
Si le pansement adhère au retrait, l’humidifier avant de le retirer et diminuer
saignement Exsudat nul ou léger
la fréquence des changements ou opter pour un autre type de pansement.
Prévenir une infection
ou contrôler la charge Incompatibilité Mode d’action
microbienne produits à base Les sels d’argent ont un effet bactériostatique. L’argent se lie aux protéines et
Protéger le lit de la d’huile (ex. : oxyde cause des changements à la paroi cellulaire des bactéries. Il provoque une
plaie de zinc, gelée de rupture de la paroi, altère son intégrité, inhibe la respiration cellulaire,
pétrole) dénature l’acide nucléique (ADN) et altère la perméabilité de la membrane
Plaie superficielle ou radiothérapie cellulaire. Propriétés anti‐inflammatoires (Sibbald et coll., 2017).
profonde avec exsudat
IRM
modéré à fort Large spectre, efficace contre :
Staphylococcus aureus
Streptocoques
Plaie présentant des signes Pseudomonas aeruginosa
d’infection et d’un biofilm Bactéries anaérobies
SARM
ERV
Fongus
Virus (RNAO, 2013)
(Sibbald et coll., 2017; Wounds UK, 2017; Wound Source, 2016; Bryant et Nix, 2016; WUWHS, 2016; IWII, 2016; Doughty et McNichol, 2016; RNAO, 2013; Weir, 2012)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 41
• Composé de plusieurs technologies (dans un seul pansement) afin d’augmenter le niveau d’absorption.
PANSEMENT COMPOSÉ AVEC ARGENT
• Contient de l'argent.
Noms commerciaux Objectifs et indications Contre‐indications Application et particularités
(exemple)
AquacelMD Ag Foam Absorber l’exsudat Plaie sans potentiel de Pansement primaire ou secondaire :
Débridement cicatrisation disponible avec ou sans bordures adhésives;
autolytique doit dépasser d’au moins 2,5 cm le pourtour de la plaie;
Milieu humide Incompatibilité ne peut être taillé;
contrôlé produits à base plaie profonde, sinus étroit et sous‐minage : dans ce cas, nécessite un pansement
Prévenir une d’huile (ex. : oxyde primaire pour combler l’espace mort.
infection ou de zinc, gelée de
Trucs
contrôler la charge pétrole)
L’usager peut prendre sa douche avec un pansement composé ayant une bordure
microbienne radiothérapie adhésive puisqu’il est imperméable.
Protéger le lit de la IRM
Mode d’action
plaie
L’argent se lie aux protéines et cause des changements à la paroi cellulaire des
bactéries. Il provoque une rupture de la paroi, altère son intégrité, inhibe la
Plaie superficielle ou
respiration cellulaire, dénature l’acide nucléique (ADN) et altère la perméabilité de
profonde avec exsudat
la membrane cellulaire. Propriétés anti‐inflammatoires
fort à très fort (Sibbald et coll., 2017).
Large spectre, efficace contre :
Staphylococcus aureus
Plaie présentant des Streptocoques
signes d’infection et d’un Pseudomonas aeruginosa
biofilm Bactéries anaérobies
SARM
ERV
Fongus
Virus
Biofilm
Bactérie à Gram ‐ (RNAO, 2013)
(Sibbald et coll., 2017; Wounds UK, 2017; Bryant et Nix, 2016; WUWHS, 2016; IWII, 2016; RNAO, 2013; Weir, 2012)
,
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 42
PANSEMENT ANTIMICROBIEN AVEC
POLYHEXAMÉTHYLÈNE BIGUANIDE • Composé d’un polymère cationique (hydrophobe) chargé positivement.
(PHMB)
Noms commerciaux Objectifs et indications Contre‐indications Application et particularités
(exemple)
KendallMC AMD Combler l’espace mort Pansement primaire nécessitant un pansement secondaire :
Absence d’exsudat
Milieu humide peut être taillé;
Polyhexaméthylène biguanide (PHMB) Concentration de 0,2‐0,5 %
contrôlé disponible sou forme de compresses, de mèches ou de rouleaux
Prévenir une infection Incompatibilité imprégnés de PHMB de 0,2 %;
ou contrôler la charge agents antioxydants disponible en mousse imprégnée de PHMB à 0,5 %;
microbienne (Dakin, peroxyde le pansement ne relâche pas de PHMB, mais procure son effet dans le
d’hydrogène…) pansement. La présence d’exsudat est donc nécessaire.
Plaie avec exsudat faible à
fort Mode d’action
Antiseptique biocide nouvelle génération (moindre cytotoxicité) composé
d’un polymère cationique hydrophone chargé positivement. Ce composé se
lie à la membrane bactérienne (chargé négativement) et en altère les
échanges intermembranaires, provoquant sa dissolution. Il a la propriété de
Plaie présentant des signes
réduire la surface de tension entre les bactéries et le tissu non viable, ce qui
d’infection et d’un biofilm
perturbe la fixation des bactéries (Sibbald et coll., 2017; King et Barrett, 2016; Bryant et
Nix, 2016).
Efficace contre :
Bactéries à Gram+ et Gram ‐
Staphylococcus aureus
Streptocoques
Pseudomonas aeruginosa
Bactéries anaérobies
SARM
ERV
Fongus
Virus
(King et Barrett, 2016; Bryant et Nix, 2016; RNAO, 2013)
(Sibbald et coll., 2017; Doughty et McNichol, 2016; King et Barrett, 2016; Bryant et Nix, 2016; IWII, 2016)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 43
• Composé de miel de Leptospermum scoparium ou de Leptospermum polygalifolium ayant une action osmotique
MIEL MÉDICAL
puissante.
Noms commerciaux (exemple) Objectifs et indications Contre‐indications Application et particularités
MedihoneyMD Débridement autolytique Plaie sans potentiel de cicatrisation Pansement primaire et peut nécessiter
Milieu humide contrôlé un pansement secondaire (si en gel ou
Prévenir une infection ou Plaie avec cavité non accessible ou pâte) :
contrôler la charge microbienne sinus étroit (selon le type de disponible sous forme de gel,
pansement) d’hydrogel, de pâte, hydrocolloïde
ou d’alginate.
Plaie avec exsudat léger à fort Sensibilité au venin d’abeille, aux
abeilles ou au miel Mode d’action
Bactéricide, le miel de Leptospermum
Plaie présentant des signes d’infection scoparium ou de Leptospermum
Plaie de grande dimension chez un
et d’un biofilm polygalifolium exerce une action
usager diabétique (risque de
osmotique puissante. Son PH acide (3,2‐
débalancement de la glycémie)
4,5) et la production de peroxyde
d'hydrogène (peroxydase) inhibent la
croissance bactérienne. Ce pansement
possède des effets anti‐inflammatoires,
produit un débridement autolytique et
pourrait activer les métalloprotéases
(Sibbald et coll., 2017; IWII, 2016; Grothier et
Cooper, 2011).
Large spectre efficace contre :
Pseudomonas aeruginosa
Staphylococcus aureus
SARM
ERV
Biofilm
(Grothier et Cooper, 2011)
(Sibbald et coll., 2017; Bryant et Nix, 2016; IWII, 2016; Grothier et Cooper, 2011; Bradbury, Callaghan et Ivins, 2011)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 44
Les pansements au charbon
• Contient du charbon actif destiné à absorber les odeurs nauséabondes (plaies infectées ou néoplasiques) par
PANSEMENT ABSORBANT
l'absorption des toxines et des produits de dégradation de la plaie et par l'absorption des amines volatiles et des acides
CHARBON ACTIF
gras responsables de l’odeur.
• Contient du charbon activé, peut être multicouche et contenir différents types de matériaux comme le nylon.
Noms commerciaux (exemples) Objectifs et indications Contre‐indications Application et particularités
CarbonetMD Contrôler les odeurs Plaie présentant des signes d’infection, Pansement primaire ou secondaire :
CarboflexMD (alginate) car n’a pas de propriétés peut être taillé (CarbonetMD
Plaie superficielle ou profonde avec antimicrobiennes seulement);
exsudat léger à modéré doit dépasser du lit de la plaie;
doit être bien étanche pour être
efficace;
certains pansements aux charbons
sont inactivés par l’humidité
(exsudat);
peut être porté sous une
compression veineuse.
Trucs
Il importe de traiter la cause de
l‘odeur avant d’appliquer un
pansement au charbon.
L’utilisation des pansements au
charbon avec la thérapie par
pression négative est contre‐
indiquée. S’il y a présence d’odeur
avec la thérapie par pression
négative, traiter la cause.
(CAWC, 2017; RNAO, 2013)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 45
• Contient du charbon actif destiné à absorber les odeurs nauséabondes (plaies infectées ou néoplasiques) par
PANSEMENT ABSORBANT CHARBON l'absorption des toxines et des produits de dégradation de la plaie et par l'absorption des amines volatiles et des acides
ACTIF AVEC ARGENT gras responsables de l’odeur.
• Contient du charbon actif et un composé d'argent; peut contenir différents types de matériaux comme le nylon.
Noms commerciaux Objectifs et indications Contre‐indications Application et particularités
(exemple)
ActisorbMD Silver 220 Prévenir une Incompatibilité Pansement primaire ou secondaire :
infection et contrôler produits à base d’huile (ex. : ne pas tailler;
la charge oxyde de zinc, gelée de pétrole, doit être bien étanche pour être efficace;
microbienne etc.); certains pansements au charbon sont inactivés par l’humidité
Contrôler les odeurs radiothérapie (exsudat).
Milieu humide IRM
Trucs
contrôlé
Il importe de traiter la cause de l‘odeur avant d’appliquer un
pansement au charbon.
Plaie superficielle ou
L’utilisation des pansements au charbon avec la thérapie par
profonde avec exsudat
pression négative est contre‐indiquée. S’il y a présence d’odeur
léger à modéré
avec la thérapie par pression négative, traiter la cause.
Mode d’action
Plaie présentant des L’argent se lie aux protéines et cause des changements à la paroi
signes d’infection et d’un cellulaire des bactéries. Il provoque une rupture de la paroi, altère son
biofilm intégrité, inhibe la respiration cellulaire, dénature l’acide nucléique
(ADN) et altère la perméabilité de la membrane cellulaire. Propriétés
anti‐inflammatoires (Sibbald et coll., 2017).
Large spectre, efficace contre :
Staphylococcus aureus
Streptocoques
Pseudomonas aeruginosa
Bactéries anaérobies
SARM
ERV
Fongus
Virus;
Biofilm (RNAO, 2013)
(Sibbald et coll., 2017; CAWC, 2017; RNAO, 2013)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 46
Les agents de débridement
Agents de débridement enzymatique • Contient des enzymes exogènes dérivés de la bactérie Clostridium (collagénase) dans une base de gelée de pétrole.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 47
Les pansements bioactifs
Les pansements bioactifs ont la propriété de mimer les tissus du corps humain afin de favoriser la guérison. Le mode d'action diffère selon le pansement bioactif choisi :
tandis que certaines matrices extracellulaires offrent une structure à laquelle les vaisseaux sanguins, les cytokines et les facteurs de croissance peuvent migrer, d’autres
contiennent des facteurs de croissance, des fibroblastes ou des kératinocytes qui seront déposés directement dans le lit de la plaie.
Ces types de pansements sont utilisés comme traitement adjuvant après que tout ait été mis en place pour la guérison d’une plaie :
l’étiologie de la plaie et les comorbidités (incluant la vascularisation, la gestion de l'œdème, la mise en décharge...) sont corrigées;
les traitements locaux sont optimaux;
tous les principes du concept TIME ont été appliqués et le lit de la plaie est sain : consulter Préparation du lit de la plaie (F3);
les cofacteurs ont été pris en charge (incluant la nutrition, la cessation tabagique…) : consulter Contraintes à la cicatrisation (F2) et Collecte de données et
évaluation de la plaie (F9).
Ces traitements novateurs sont en constante évolution. Il existe de nombreux produits acellulaires, cellulaires (ex. : DermaCellMD), de source biologique ou synthétique,
etc. La liste des pansements disponibles au Canada ci‐dessous est non exhaustive.
MATRICE DE COLLAGÈNE À EFFET
• Inactive les métalloprotéases et les élastases et permet d’aider à rétablir l’équilibre microenvironnemental de la plaie.
ANTIPROTÉASES
Noms commerciaux Objectifs et indications Contre‐indications Application et particularités
(exemple)
Cellulose oxydée régénérée 45 % +
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 48
Acétate imprégné d’un onguent d’ionogènes Noms commerciaux Objectifs et indications Contre‐indications Application et particularités
polyhydratés : rubudium, potassium, zinc,
acide citrique et de polyéthylène glycol
(exemples)
3MMD TegadermMD Favoriser la granulation Plaie sans potentiel de Pansement primaire nécessitant un pansement
Matrix cicatrisation secondaire pour le maintien d’un milieu humide
Plaie récalcitrante malgré contrôlé :
l’implantation d’un plan de Plaie avec tissu non viable tailler selon la forme de la plaie : ne pas faire
soins et de traitement dépasser sur la peau environnante;
optimal Plaie présentant des signes peut être superposé;
d’infection peut être utilisé sous une compression veineuse;
Plaie avec tissu viable couteux.
Allergie ou hypersensibilité à
Exsudat léger à modéré l’un des composants du Mode d’action
pansement
Ce pansement a pour but de rétablir l’équilibre
microenvironnemental de la plaie.
(3M, 2018b)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 49
PANSEMENT ANTIMICROBIEN BIOACTIF
AVEC MATRICE DE COLLAGÈNE ET
• Composé de 55 % de collagène, de 44 % de cellulose oxydée régénérée (COR) et de 1 % d'argent.
MODULATEUR DE MÉTALLOPROTÉASES
AVEC ARGENT
Noms commerciaux (exemple) Objectifs et indications Contre‐indications Application et particularités
Promogran PrismaMD Matrix Favoriser la granulation Plaie sans potentiel de cicatrisation Pansement primaire nécessitant un
pansement secondaire pour le maintien
Prévenir l’infection Plaie avec tissu non viable d’un milieu humide contrôlé :
tailler selon la dimension de la
Plaie récalcitrante malgré Plaie présentant des signes plaie;
l’implantation d’un plan de soins et d’infection, car n’a que de faibles au contact de l’exsudat, se
de traitement optimal propriétés antimicrobiennes transforme en un gel
biodégradable;
Plaie avec tissu viable Incompatibilité peut être utilisé sous une
produits à base d’huile (ex. : oxyde compression veineuse;
Exsudat nul à modéré de zinc, gelée de pétrole, etc.) couteux.
radiothérapie
IRM Mode d’action
L'inactivation des métalloprotéases et
des élastases permet d’aider à rétablir
l’équilibre du microenvironnement et
de diminuer la chronicité des plaies. La
faible concentration d’argent contribue
à prévenir les infections.
Efficace (préventif) contre :
Staphylococcus aureus
Escherichia coli
Pseudomonas aeruginosa
Pseudomonas
MD
(Acelity , 2018b; Bryant et Nix, 2016)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 50
• Matrice acellulaire composé de matériel allogenique, xénographique, biosynthétique ou synthétique.
PANSEMENT BIOACTIF AVEC MATRICE
• Peut contenir du nylon ou du silicone.
EXTRACELLULAIRE
• Peut contenir du collagène de source porcine, équine, bovine, humaine...
(ACELLULAIRE)
• Peut contenir du collagène, des glycosaminogycanes, des facteurs de croissances et autres composés.
Noms commerciaux (exemples) Objectifs et indications Contre‐indications Application et particularités
Xénographique Favoriser la granulation et Plaie sans potentiel de Pansement primaire nécessitant un
OasisMD l’épithélialisation cicatrisation pansement secondaire maintenant un
milieu humide contrôlé :
Plaie récalcitrante malgré Plaie très exsudative ou qui saigne couteux
Biosynthétique
l’implantation d’un plan de soins activement
BiobraneMD et de traitement optimal Mode d’action
Plaie avec tissu non viable Offre une base structurelle pour induire la
Allogénique Plaie avec tissu viable migration et l’attachement des
AlloDermMD Plaie présentant des signes kératinocytes, des fibroblastes des
Exsudat nul à modéré d’infection, car n’a que de faibles cellules endothéliales et des autres
CymetraMD
propriétés antimicrobiennes cellules nécessaires à la guérison des
plaies.
Croyances religieuses (porc,
cheval, cellules humaines)
(Smith & Nephew, 2018e; Bryant et Nix, 2016)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 51
• Contient un gel à base de bécaplermine (0,01 %) et des facteurs de croissance dérivés de plaquettes humaines.
• Peut contenir également : carmellose sodique, acide acétique glacial, chlorhydrate de lysine, métacrésol,
FACTEURS DE CROISSANCE
parahydroxybenzoate de méthyle (PHB de méthyle), parahydroxybenzoate de propyle (PHB de propyle), acétate de
sodium, chlorure de sodium, eau pour préparations injectables.
Noms commerciaux (exemple) Objectifs et indications Contre‐indications Application et particularités
RegranexMD gel Favorise la granulation et Plaies sans potentiel de Pansement primaire nécessitant un
l’épithélialisation cicatrisation pansement secondaire non adhérent et
non imprégné, permettant le maintien
Plaie récalcitrante malgré Tissu non viable d’un milieu humide contrôlé :
l’implantation d’un plan de soins et couteux
de traitement optimal Usager ayant un diabète débalancé
Trucs
Ulcère du pied diabétique Usager ne respectant pas la mise Les indicateurs d’une bonne guérison
superficiel ou profond avec tissu en décharge en présence d’un sont :
Mode d’action
Stimule la prolifération des fibroblastes
et augmente la synthèse du collagène.
(Regranex, 2018)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 52
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Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 10 – Traitement locaux 56
FASCICULE 11
Traitements adjuvants
TABLE DES MATIÈRES – FASCICULE 11
TRAITEMENTS ADJUVANTS ......................................................................................................................................................................................................................... 1
THÉRAPIE PAR PRESSION NÉGATIVE................................................................................................................................................................................................................................... 2
THÉRAPIE PAR PRESSION NÉGATIVE AVEC INSTILLATION......................................................................................................................................................................................................... 4
STIMULATION ÉLECTRIQUE .............................................................................................................................................................................................................................................. 5
OXYGÉNOTHÉRAPIE HYPERBARE ....................................................................................................................................................................................................................................... 7
OXYGÉNATION TOPIQUE ................................................................................................................................................................................................................................................ 9
ULTRASONS ............................................................................................................................................................................................................................................................... 10
ULTRAVIOLETS (UVC) ................................................................................................................................................................................................................................................. 11
BAIN TOURBILLON ...................................................................................................................................................................................................................................................... 12
LASER ....................................................................................................................................................................................................................................................................... 13
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 11 – Traitements adjuvants i
TRAITEMENTS ADJUVANTS
Définition
Selon l’OIIQ (2007), les traitements adjuvants sont des « thérapies qui soutiennent, bonifient ou remplacent les thérapies traditionnelles ». Certaines plaies complexes avec
perte tissulaire importante ou qui ne répondent pas de manière satisfaisante aux traitements conventionnels peuvent bénéficier de modalités des traitements adjuvants (St‐
Cyr, D., 2017).
Types
Thérapie par pression négative
Thérapie par pression négative avec instillation
Stimulation électrique
Oxygénothérapie hyperbare
Oxygénation topique
Ultrasons
Ultraviolets
Laser
L’efficacité des traitements adjuvants varie selon le type de plaie et le type de traitement sélectionné. Avant d’amorcer un traitement adjuvant, les professionnels concernés
doivent, au préalable, vérifier si des résultats probants en lien avec la situation clinique de l’usager sont disponibles (OIIQ, 2007). L’utilisation de ces traitements doit se
limiter aux plaies récalcitrantes malgré un plan de soins et traitements infirmiers jugés optimaux depuis au moins quatre (4) semaines (Keast et coll., 2006).
Avant de sélectionner et offrir un traitement adjuvant à la clientèle, il importe de bien vérifier :
la disponibilité du traitement sélectionné dans le milieu de soins et le cas échéant, la possibilité de recourir à une clinique privée et les coûts inhérents;
les indications et contre‐indications;
les modalités du traitement : durée et nombre de séances, rôle et responsabilités de l’usager, coûts inhérents (ex. : mobilisation et transport de l’usager);
les professionnels autorisés à offrir le traitement.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 11 – Traitements adjuvants 1
Thérapie par pression négative
La thérapie par pression négative (TPN) consiste en l’administration d’une pression subatmosphérique dans le lit d’une plaie à l’aide d’un pansement spécifique recouvert
d’une pellicule étanche. Ce pansement est lié à un appareil produisant la pression négative selon une programmation. Il existe plusieurs fonctionnalités selon le type de
thérapie par pression négative utilisé. En 2015, l’Institut national d’excellence en santé et services sociaux (INESSS) a émis des recommandations afin d’encadrer cette
pratique.
Effets et mécanismes d’action Indications Contre‐indications
Oxygénation des tissus Plaies aigües Contre‐indications absolues
Diminution de l’œdème tissulaire Plaie traumatique avec perte de Tissu non viable
Gestion de l’exsudat interstitiel substance Infection profonde ou ostéomyélite non traitée
Augmentation de la circulation sanguine Exérèse chirurgicale Usager en état de choc (septique, hypovolémique ou cardiogénique)
Déhiscence de plaie Tissus néoplasiques
Diminution de la charge bactérienne
Retrait des bactéries du lit de la plaie Lambeaux et greffe cutanée Organes et structures profondes exposées et non protégées (nerfs,
Gestion de l’exsudat Ligne de suture avec risque de vaisseaux sanguins, site anastomotique, organes)
déhiscence Fracture ouverte non stabilisée
Macrodéformation Plaie ouverte de l’abdomen et du Fistule non entérique et non exploré
Contraction des berges de la plaie par des thorax Plaie atypique (ex. : pyoderma gangrenosum, vasculite)
forces mécaniques Préparation d’un site de greffe Allergie aux composantes du pansement
Saignement actif
Fasciotomie
Microdéformation
Angiogenèse Fracture ouverte Contre‐indications relatives/surveillance requise
Stimulation de la prolifération cellulaire Ulcère artériel non revascularisé
Granulation Plaies chroniques Organes et structures profondes exposées et non protégées (os,
Étirement mécanique au niveau cellulaire Ulcère diabétique
muscles, tendons, ligaments…)
Ulcère artériel ou mixte
Anticoagulothérapie/usager a risque de saignement
(revascularisé ou ayant un
Site d’excision de néoplasie.
potentiel de cicatrisation)
Plaie circonférentielle
Lésion de pression stade 3 et 4
Infection profonde ou ostéomyélite traitée
Fistule entérique explorée
Lésion de la moelle épinière
Utilisation à proximité du nerf vague (bradycardie)
Fistule entérique non explorée
Usager ayant besoin de résonnance magnétique, d’oxygénation
hyperbare ou de défibrillation
Facteurs de nature sociale ou médicale (troubles cognitifs ou
psychologiques)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 11 – Traitements adjuvants 2
Application clinique
La thérapie par pression négative (TPN) est un système nécessitant une unité électronique permettant de maintenir une pression négative à un certain niveau. La fréquence
de changement de pansement s’effectue à tous les 48 à 72 heures selon l’état de la plaie, la quantité d’exsudat et les objectifs visés. Selon les appareils, la pression peut être
réglée entre 10 et 200 mm Hg, mais l’INESSS recommande un réglage entre 80 et 125 mm Hg. Le mode peut être continu ou intermittent.
Selon l’INESS (2015), le prescripteur doit suivre l’évolution de la plaie et ajuster la thérapie à toutes les deux semaines. Sauf exception, la TPN ne doit pas être utilisée pour
une période de plus d’un mois.
Critères justifiant l’arrêt du traitement (INESSS, 2015)
La plaie se comble d’un tissu de granulation de qualité, mais le traitement est cessé avant que le tissu de granulation atteigne les bords de la plaie.
Les objectifs visés sont atteints.
Présence de tissus non viables, d’hypergranulation, de stagnation ou absence d’une évolution favorable de la plaie après deux semaines de traitement.
Absence d’avantage relativement aux objectifs de soins et aux critères cliniques préétablis.
Situation où l’application de la TPN n’est pas appropriée (ex. : difficulté de maintien de la pression négative dû à l’emplacement de la plaie).
Absence d’équipes de soins ou de professionnels de la santé autorisés à changer les pansements et programmer la TPN.
Présence d’une complication menaçant la vie de l’usager.
Effets indésirables modérément graves en cours de traitement, notamment :
o saignement excessif;
o infection grave dans la plaie ou au pourtour de la plaie;
o douleur important;
o apparition d’une allergie ou intolérance suivant l’application.
Absence d’adhésion au traitement de la part de l’usager et/ou de sa famille.
(St‐Cyr, 2017; Bryant et Nix, 2016; INESSS, 2015; Alavi et coll., 2015)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 11 – Traitements adjuvants 3
Thérapie par pression négative avec instillation
La thérapie par pression négative (TPN) consiste en l’administration d’une pression subatmosphérique dans le lit d’une plaie à l’aide d’un pansement spécifique recouvert
d’une pellicule étanche. L’instillation correspond à l’instillation contrôlée et automatisée d’une solution dans le lit de plaie. Un temps de trempage prédéterminé permet de
solubiliser les débris et les contaminants du lit de la plaie, tandis que la thérapie par pression négative retire ces débris de la plaie.
Effets et mécanismes d’action Indications Contre‐indications
Diminution de la charge bactérienne Plaies avec tissus non viables en Contre‐indications absolues
Retrait des bactéries du lit de la plaie quantité légère Tissu non viable en grande quantité
Débridement Plaies avec infection et/ou biofilm Infection profonde ou ostéomyélite non traitée
Fragmentation du tissu non viable humide Structure profonde exposée et/ou Usager en état de choc (septique, hypovolémique ou cardiogénique)
Dilution et solubilisation des tissus non infectée Tissus néoplasiques
viables Organes et structures profondes exposées et non protégées (cœur,
Préparation du lit de la plaie en
nerfs, vaisseaux sanguins…)
Gestion de la viscosité de l’exsudat vue d’une fermeture ou d’une
Fracture ouverte non stabilisée
Dilution de l’exsudat procédure chirurgicale (ex. : greffe,
Fistule non entérique et non exploré
Oxygénation des tissus lambeau) Plaie atypique (ex. : pyoderma gangrenosum et vasculite)
Diminution de l’œdème tissulaire Allergie aux composantes du pansement
Gestion de l’exsudat Saignement actif
Augmentation de la circulation sanguine Site de greffe cutané ou lambeau
Gestion de l’exsudat du troisième espace
Contre‐indications relatives/surveillance requise
Macrodéformation Ulcère artériel non revascularisée
Contraction des bords de la plaie par des Structures profondes exposées et non protégées (os, muscles,
forces mécaniques tendons, ligaments…)
Anticoagulothérapie/usager à risque de saignement
Microdéformation et étirement mécanique Site d’excision de tissus néoplasiques
Angiogenèse Plaie circonférentielle
Stimulation de la prolifération cellulaire Facteurs de nature sociale ou médicale (troubles cognitifs ou
Granulation psychologiques)
Application clinique
La thérapie par pression négative (TPN) avec instillation est un système nécessitant une unité électronique permettant de maintenir une pression négative à un certain
niveau et d’injecter une solution dans le lit de la plaie de façon automatisée. La fréquence de changement de pansement s’effectue à tous les 48 heures selon l’état de la
plaie et la quantité d’exsudat. L’utilisation d’une éponge hydrophile est nécessaire pour combler la cavité et diffuser la solution. Lors de l’utilisation de la TPN avec instillation,
il importe de sélectionner le type de solution à instiller, la fréquence des instillations, la quantité de solution à instiller et la durée de trempage. Cette thérapie doit être de
courte durée et utilisé dans des cas spécifiques, en interdisciplinarité avec l’équipe médicale et ce, dans un établissement de santé.
Critères justifiant l’arrêt du traitement :
les objectifs ont été atteints (ex. : préparation du lit de la plaie en vue d’une greffe);
absence de signe d’infection.
(McKanna et coll., 2016; Bryant et Nix, 2016; Kim et coll., 2015; Gupta, Gabriel, Lantis et Téot, 2016; NESSS, 2015)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 11 – Traitements adjuvants 4
Stimulation électrique
La stimulation électrique consiste en l’application d’un courant électrique de faible intensité et intermittent à l’aide de deux électrodes, soit l’anion pour le pôle négatif et le
cation pour le pôle positif. Les électrodes sont positionnées dans le lit de la plaie ou sur la peau environnante. Naturellement, lors d’un bris cutané, la lésion devient chargée
positivement tandis que la peau environnante est chargée négativement. Le courant unidirectionnel provoque une réaction physiologique entrainant les cellules chargées
positivement (neutrophiles activés, fibroblastes) et les ions positifs (NA+, K+, H+) vers le pôle négatif tandis que les cellules chargées négativement (l’épiderme, neutrophiles,
macrophages) et les ions négatifs (Cl‐, HCO3‐, P‐) vers le pôle positif. Cette force unidirectionnelle, qui se nomme galvanotaxie, permet d’attirer les cellules réparatrices dans le
lit de la plaie à la phase inflammatoire, la phase de prolifération et la phase de remodelage.
Effets et mécanismes d’action Indications Contre‐indications
Galvanotaxie Lésion de pression stade 2 à 4 Tissus néoplasiques
Les cellules et les ions chargés positivement sont attirés vers le pôle négatif. Ulcère diabétique Ostéomyélite
Les cellules et les ions chargés négativement sont attirés vers le pôle positif. Plaie chez un usager ayant une Plaie au niveau de la tête, du cou et
de la région sternale
lésion de la moelle épinière
Oxygénation des tissus Stimulateur cardiaque
Ulcère veineux
Angiogenèse Utilisation de pansement contenant
Ulcère artériel avec IPSCB > 0,5 des ions métalliques tels que
Perfusion et oxygénation des tissus
Vasodilatation l’argent, l’iode, le zinc ou le
mercurochrome
Diminution de l’œdème Femme enceinte
Stimulation la prolifération cellulaire Thrombophlébite
Augmentation des neutrophiles et des fibroblastes Hémophilie
Synthèse de l’ADN, des protéines, du collagène et des cellules épithéliales Tuberculose
Contraction de la plaie
Antimicrobien
Effet bactériostatique et bactéricide
Migration des kératinocytes (première ligne de défense)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 11 – Traitements adjuvants 5
Application clinique
La stimulation électrique en soins de plaie consiste en un traitement de courant direct en continue, avec des ondes monophasiques ou biphasiques à un bas voltage (˂ 100 V)
à des paramètres de 200 à 300 microampères. Deux techniques d’application existent. La première consiste en l’application d’une gaze imbibée de solution saline dans le lit
de la plaie et de placer une électrode sur cette gaze. La seconde technique consiste à placer les électrodes en périphérie (10 à 20 cm) de la plaie à des côtés opposés. La
durée du traitement varie selon la littérature mais peut durer entre 30 et 90 minutes, de 3 à 7 fois par semaine sur une période de 8 à 12 semaines.
Phases :
Phase inflammatoire
Phase de prolifération
Phase de remodelage
Abréviations
Courant intermittent
Courant direct
Courant pulsé
Onde asymétrique
Temps de guérison de plaie
Source : Ud‐Din et Bayat (2014)
Bien qu’actuellement la FDS (Food & Drug Administration) n’approuve pas la stimulation électrique pour le traitement des plaies, cette thérapie est soutenue et
recommandée par la littérature à titre de modalité adjuvante dans le traitement des plaies (AIIAO, 2013).
(St‐Cyr, 2017; Ennis, Lee, Gellada, Corbiere et Koh, 2016; Bryant et Nix, 2016; Doughty et McNichol, 2016; Ud‐Din et Bayat, 2014; Thakral et coll., 2013; OIIQ, 2007)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 11 – Traitements adjuvants 6
Oxygénothérapie hyperbare
L’oxygénation hyperbare est l’administration systémique d’oxygène sous pression. L’usager doit respirer 100 % d’oxygène et être physiquement exposé dans un caisson
hyperbare, l’atmosphère absolue (ATA) varie entre 2,0 et 3,0 pour la guérison des plaies. L’oxygénation hyperbare augmente la capacité du sang à transporter et délivrer
l’oxygène aux tissus. L’effet de cette thérapie est instantané et obtient un plateau après une heure. Son effet diminue progressivement entre deux et quatre heures après
l’exposition. Cette thérapie devrait être considérée lorsque le processus de cicatrisation est compromis par une infection sévère ou une perfusion tissulaire réduite. Elle peut
être bénéfique lorsque la plaie est ischémique à condition que les tissus soient viables car l’oxygène se déplace via le plasma.
Effets et mécanismes d’action Indications Contre‐indications
Hyperoxygénation Syndrome du compartiment, lésion Contre‐indications absolues
Transport et diffusion de l’oxygène par écrasement, ischémie Pneumothorax non traité
Diminution œdème locale traumatique aigüe Utilisation en cours ou antérieure
Métabolisme cellulaire Gangrène gazeuse de bléomycine
Greffe cutanée et lambeau Administration concomitante de :
Améliore de l’expression des facteurs de croissances compromis DoxorubicineMC /AdriamycinMC /
Angiogenèse Plaies radiques et radionécrose disulfirame/SulfamylonMD /acétate
Matrice extracellulaire et granulation Ostéomyélite (réfractaire) de mafénide /cisplatine
Épithélialisation Brûlure thermale aigüe
Activation des facteurs de croissance Fasciite nécrosante
Contre‐indications relatives
Plaie chronique réfractaire
Grossesse
Stimulation de la prolifération cellulaire Ulcère artériel
Augmentation des fibroblastes Ulcère diabétique réfractaire (peu Infection des voies respiratoires
Synthèse du collagène d’études supportant cette pratique) Emphysème avec rétention C02
Adhésion des cellules à la matrice extracellulaire Hyperthermie
Amélioration de l’activité des neutrophiles, des macrophages et des Antécédents de pneumothorax
leucocytes spontané
Amélioration de l’efficacité des antibiotiques
Épilepsie
Augmentation de la production acide nitrique
Sphérocytose
Antécédent de névrite optique
Antécédent de chirurgie pour
otosclérose
Tissus néoplasiques
Il n’y a pas de données probantes démontrant l’efficacité de l’oxygénothérapie hyperbare sur les ulcères veineux et les lésions de pressions et très peu sur les ulcères
diabétiques.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 11 – Traitements adjuvants 7
Effets secondaires
Claustrophobie
Barotraumatisme de l’oreille
Barotraumatisme des sinus
Détérioration de la myopie après 20 traitements d’hyperbare (temporaire)
Pneumothorax de tension
Convulsion secondaire à la toxicité de l’oxygène
Œdème pulmonaire
Exacerbation d’une insuffisance cardiaque congestive
Dommage à la rétine
Application clinique
Le protocole de l’oxygénothérapie hyperbare est défini selon le type de maladie. Typiquement, le traitement pour une plaie dure 90 minutes de 5 à 7 fois par semaine pour
un total de 40 à 60 traitements. Il existe deux types de chambre hyperbare soit des monoplaces ou des multiplaces. Il existe peu d’établissement au Québec offrant ce
service.
L’oxygène topique ne doit pas être confondu avec l’oxygénation hyperbare car leurs mécanismes d’action sont différents (St‐Cyr, 2017; Bryant et Nix, 2016; Doughty et
McNichol, 2016; Krank et coll., 2015; Howard, Asmis, Evans et Mustoe, 2013; OIIQ, 2007).
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 11 – Traitements adjuvants 8
Oxygénation topique
L’oxygénation topique est l’administration continue d’oxygène à 100 % dans un espace fermé (sac de plastique, chambre scellée ou botte) autour d’un membre avec une
plaie permettant une élévation de la pression atmosphérique autour de 1,03 à 1,07 ATA. L’oxygène topique ne doit pas être confondu avec l’oxygénation hyperbare car
leurs mécanismes d’action sont différents.
Effets et mécanismes d’action Indications Contre‐indications
Stimule la réponse inflammatoire Plaies chroniques Fistule
Augmentation des cytokines Sinus profonds
Tissus non viables
Oxygénation des tissus
Angiogenèse
Perfusion et oxygénation des tissus durant la thérapie
Stimulation prolifération cellulaire
Expression des protéines
Diminution de la douleur
L’oxygène est introduit rapidement soit à un débit variant de 5 à 60 L/min et il doit être en contact avec la surface de la plaie pour être efficace. Le traitement dure de
90 minutes à 4 heures, de 5 à 7 fois par semaine.
En raison du nombre insuffisant de données scientifiques, l’oxygénation topique n’est pas une pratique recommandée pour le traitement des plaies.
Effet secondaire :
Assèchement de la plaie
(Bryant et Nix, 2016; Howard, Asmis, Evans et Mustoe, 2013)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 11 – Traitements adjuvants 9
Ultrasons
Radiation non ionisée sous forme d’ondes sonores de plus de 20 000 Hz, soit plus que la limite perceptible à l’oreille de l’humain. L’électricité passe à travers un cristal qui
émet des vibrations mécaniques. Il existe trois formes d’ultrasons ayant des propriétés différentes et des modes d’application différents. L’ultrason est indiqué à la phase
inflammatoire et la phase de prolifération uniquement.
Effets et mécanismes d’action Indications Contre‐indications
Ultrason traditionnel à haute fréquence (1‐3 MHz, intensité de 1500 W/cm2)
Effet non thermal Lésion de pression stade 1 et 2 Traitement au niveau des yeux, du cœur,
Stimule la réponse inflammatoire infectée du cou (carotide), tête, utérus, organes
Adhésion des leucocytes Ulcère diabétique génitaux, seins ou implants mammaires
Dégranulation des mastocytes qui entraine l’augmentation de l’histamine de silicone, du système nerveux central
Augmentation de la fibrinolyse et de la production de facteurs de exposé
croissance Saignement actif
Infection non traitée
Stimulation de la prolifération cellulaire Tissus néoplasiques
Amélioration de l’activité des macrophages et des fibroblastes Thrombophlébite
Synthèse du collagène Stimulateur cardiaque
Implant orthopédique
Effet thermal Femme enceinte
Augmentation de la température locale et de l’oxygénation tissulaire Enfants
Vasodilatation Ulcère artériel
Diminution de l’œdème Ischémie locale
Angiogenèse Usager n’étant pas en mesure de
2 communiquer sa douleur en raison d’un
Ultrason à basse fréquence sans contact (40 kHz, intensité de 0,05‐1,5 W/cm )
trouble cognitif, d’une neuropathie
Stimulation de la prolifération cellulaire Ulcère veineux sensitive
Amélioration de l’activité des macrophages Ulcère diabétique
Synthèse du collagène Plaie avec une infection locale
Synthèse de l’ADN et des tissus Biofilm
Diminution de la charge bactérienne
Endommage la paroi cellulaire des bactéries et du biofilm
Débridement ultrasonique à faible fréquence (22,5, 25, 35 kHz; intensité de 0,05‐1 W/cm2)
Diminution de la charge bactérienne Plaie avec une infection locale
Endommage la paroi cellulaire des bactéries et du biofilm Plaie avec du tissu dévitalisé
Biofilm
Débridement
Fragmentation du tissu non viable
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 11 – Traitements adjuvants 10
Application clinique
Il existe plusieurs variabilités dans les paramètres de l’ultrason rendant son application difficile. La thérapie dure entre 1 et 10 minutes de 1 à 5 fois par semaine pour une
période allant de 2 semaines ou jusqu’à ce que la plaie soit complètement guérie. Des études additionnelles sont nécessaires afin de mettre en lumière les mécanismes
d’actions et également déterminer le traitement adéquat (Bryant et Nix, 2016; Doughty et McNichol, 2016; Yadollahpour, A., Jalilifar, M., Rashidi, S. et Rezaee, Z., 2014; Seth
et coll., 2013; OIIQ, 2007).
Ultraviolets (UVC)
L’utilisation de la lumière aux ultraviolets est une modalité de traitement facile à utiliser. Utilisant les spectres électromagnétiques de la lumière, les rayons UVC sont utilisés
dans le contexte des soins de plaie, spectre qui pénètre dans la couche superficielle de l’épiderme. Quant aux rayons UVA et UVB, ils sont plutôt utilisés dans un contexte de
problème dermatologique (Bryant & Nix, 2016).
Effets et mécanismes d’action Indication Contre‐indications
Bactéricides (fonction principale) Lésions de pression de stade 3 et 4 Contre‐indications absolues
Inhibition de la synthèse de l’ADN infectées Antécédent de cancer de peau
Plaies infectées aux : Lupus érythémateux
Stimulation de la prolifération cellulaire o staphyloccocus aureus résistant Fièvre
Favorise la régénération cellulaire, la à la méthicilline (SARM) Radiothérapie dans les trois derniers mois
formation de tissu de granulation et o enterococcus résistant à la Sarcoïdose
l’épithélialisation vancomycine (ERV) Traitement près des yeux
Perfusion des tissus (faibles doses) o candidas albicans Persistance de l’érythème suite au dernier traitement
Transformation des facteurs de croissance o pseudomonas aeruginosa,
Conditions qui peuvent être exacerbées par le traitement ‐ surtout les
Adhésion des cellules à la matrice mycobacterium abcessus,
Acinetobacter rayons UVA et UVB
extracellulaire
o biofilms Tuberculose pulmonaire
Débridement Maladie cardiaque
Favorise le débridement autolytique Insuffisance rénale
Maladie hépatique
VIH ou SIDA
Hyperthyroïdisme
Diabète
Herpès simplex
Précautions
Eczéma et dermatite aigüe
Antécédent de radiothérapie
Photosensibilité
VIH ou SIDA
Médication qui augmente la photosensibilité :
psoralènes, tétracycline, sulfonamides, quinolones, médication pour la
polyarthrite rhumatoïde, contraceptifs oraux, phénothiazines.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 11 – Traitements adjuvants 11
Application clinique
Il n’y a pas de standardisation quant à la méthode d’application de la lumière aux ultraviolets UVC dans le lit d’une plaie. Il importe de protéger la peau environnante avec
une gelée de pétrole, une serviette ou une pellicule transparente, d’installer la lumière à 2,5 cm de la plaie de façon perpendiculaire et d’effectuer le traitement pour une
durée variant de 90 à 120 secondes (Bryant et Nix, 2016).
Bain tourbillon
Immersion corporelle partielle ou complète dans un bain muni de buses permettant le nettoyage vigoureux de la plaie à l’aide d’un tourbillon d’eau et d’injection d’air (OIIQ,
2007; Bellavance, 2013).
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 11 – Traitements adjuvants 12
Laser
Lumière monochrome, cohérente et colinéaire pénétrant dans les tissus de façon non‐invasive tout en interagissant avec les cellules photoréceptrices. Le laser est une
thérapie non thermale devant être utilisée à la phase inflammatoire, de prolifération et de remodelage. Les mécanismes d’action du laser ne sont pas clairement définis
actuellement.
Effets et mécanismes d’action Indications Contre‐indications
Stimulation de la prolifération cellulaire Lésion de pression Tissu néoplasique
Synthèse et dépôt collagène
Brûlure Plaie avec saignement actif
Amélioration de l’activité des macrophages
Site donneur de greffe Région des glandes endocrines
Prolifération cellulaire
Synthèse du collagène Plaie chirurgicale Grossesse
Prolifération des fibroblastes Plaie douloureuse Épilepsie
Plaie fermée à risque d’infection
Analgésie/antinévralgique/antispasmodique
Ulcère diabétique
Soulagement de la douleur reliée aux nerfs et muscles
Stimulation de la réponse inflammatoire
Diminution des médiateurs inflammatoires
Augmentation de la prolifération des fibroblastes
Oxygénation des tissus
Diminution de l’œdème
Angiogenèse
Antimicrobien (paramètres spécifiques)
Inhibition de la prolifération bactérienne
Application clinique
Le laser doit être paramétré selon les ondes, la fréquence et la durée de la pulsation, la densité et l’intensité ainsi que les conditions d’irradiation, soit le temps d’exposition,
la fréquence et la durée du traitement, ce qui rend l’établissement d’un protocole complexe. Le contact direct avec la plaie est nécessaire en ce qui a trait aux soins des plaies
afin de permettre une pénétration dans les tissus. Le temps d’exposition est d’environ 60 secondes. Il n’y a pas de dosage recommandé. Par contre, tous les auteurs
s’entendent pour dire qu’une faible dose utilisée plus souvent est supérieure à une dose plus forte utilisée moins souvent. La fréquence des traitements varie selon les types
de plaies. Un traitement quotidien est recommandé pour une plaie aigüe tandis qu’une fréquence variant entre 1 à 3 fois par semaine est recommandée pour une plaie
chronique.
(Mathur et coll., 2017; Alavi et coll., 2015; Rashidi, 2015a, 2015b)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 11 – Traitements adjuvants 13
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Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 11 – Traitements adjuvants 15
FASCICULE 12
L’interdisciplinarité dans les soins de plaies
TABLE DES MATIÈRES – FASCICULE 12
L’INTERDISCIPLINARITÉ DANS LES SOINS DE PLAIES ..................................................................................................................................................................................... 1
LE CONTEXTE DE PRATIQUE ............................................................................................................................................................................................................................................. 3
LE RÔLE DE L’INFIRMIÈRE ................................................................................................................................................................................................................................................ 5
LES RÈGLES D’ÉTABLISSEMENT ......................................................................................................................................................................................................................................... 5
INDICATEURS D’UNE CONSULTATION AUPRÈS D’UN PROFESSIONNEL DE LA SANTÉ ..................................................................................................................................... 6
INFIRMIÈRE STOMOTHÉRAPEUTE / INFIRMIÈRE EXPERTE EN SOINS DE PLAIES ............................................................................................................................................................................. 6
INFIRMIÈRE EN SOINS PODOLOGIQUES ............................................................................................................................................................................................................................... 7
L’ERGOTHÉRAPEUTE .................................................................................................................................................................................................................................................... 10
PROFESSIONNELS DE LA PHYSIOTHÉRAPIE ......................................................................................................................................................................................................................... 11
NUTRITIONNISTE ........................................................................................................................................................................................................................................................ 12
ORTHÉSISTES ET PROTHÉSISTES ...................................................................................................................................................................................................................................... 12
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 12 – L’interdisciplinarité dans les soins de plaie i
À la suite de l’adoption de la Loi modifiant le Code des professions et d’autres dispositions législatives dans le domaine de la santé (Éditeur officiel du Québec, 2002), les
nutritionnistes/diététistes, ergothérapeutes, infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes, médecins, orthophonistes, audiologistes, pharmaciens,
physiothérapeutes, technologistes médicaux et technologues en radiologie peuvent exercer des activités qui leurs sont réservées, en exclusivité ou en partage, sous réserve
d’une ou plusieurs conditions. Une des activités réservées mettant à contribution plusieurs professionnels de la santé concerne « les soins de plaies » (Éditeur officiel du
Québec, 2018a).
L’INTERDISCIPLINARITÉ DANS LES SOINS DE PLAIES
Il est illusoire de croire que les soins de plaies peuvent être gérés en « silo ». En consultant un dossier médical, il n’est pas rare d’y retrouver des consultations avec des
ergothérapeutes, physiothérapeutes, infirmières stomothérapeutes, orthésistes, nutritionnistes, infectiologues, orthopédistes, chirurgiens vasculaires, endocrinologues,
infirmières en diabétologie, etc. La gestion des plaies chroniques et complexes requiert une approche interdisciplinaire. En 2014, l’Ordre des ergothérapeutes du Québec
(OEQ), l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) et l’Ordre professionnel de la physiothérapie du Québec (OPPQ), se sont concertés pour élaborer un cadre
interprofessionnel visant l’optimisation des soins aux usagers ayant des plaies. Voici, en préambule, quelques extraits du document « Une action concertée pour optimiser le
traitement des plaies chroniques et complexes » (Bouffard et coll., 2014) qui expliquent leur démarche.
Nous incitons le lecteur à consulter les documents suivants pour de plus amples informations, car le présent fascicule ne dresse que les grandes lignes.
Une action concertée pour optimiser le traitement des plaies chroniques et complexes (juin 2014)
Le champ d’exercice et les activités réservées des infirmières et infirmiers (3e édition, 2016)
« À l’instar d’autres pays occidentaux, le Québec se voit confronté à de nouveaux défis en matière de santé. Le vieillissement de la population et la prévalence des
maladies chroniques complexifient les besoins de santé et de soins. Les personnes âgées et celles atteintes de maladies chroniques sont plus à risque de présenter des
plaies chroniques et complexes.
Selon l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS), en 2011‐2012, les plaies chroniques et complexes représentent, à l’échelle nationale, un imposant fardeau dans
l’ensemble des milieux de soins. En effet, environ 4 % des patients hospitalisés en soins de courte durée, plus de 7 % des clients des services à domicile, moins de 10 % des
patients en soins de longue durée et près de 30 % des patients en soins continus complexes présentent une plaie chronique et complexe. Le diabète et les maladies
vasculaires périphériques constituent des facteurs de risques significatifs pour l’apparition de ces plaies et diminuent le potentiel de cicatrisation (ICIS, 2013). »
« La pratique interdisciplinaire permet d’allier les connaissances, les habiletés et l’expérience propres à chacun des professionnels concernés, de manière à élargir les
perspectives et à optimiser les soins aux patients (Krasner, Rodeheaver, Sibbald et Woo, 2012). En ce qui a trait à la prévention et au traitement des plaies chroniques et
complexes, l’interdisciplinarité comporte plusieurs avantages dont la réduction de l’incidence et de la prévalence des plaies, une diminution de la durée d’intervention, des
coûts et du temps de guérison, ainsi qu’une contribution à la réduction du taux de récidive. (AAWC, 2005; Integrated client care Project, 2009; Woo et coll., 2007).
Dans la recherche d’une collaboration interprofessionnelle optimale, la communication et la concertation entre les membres de l’équipe s’avèrent essentielles afin de
coordonner l’ensemble des soins, des interventions et des traitements appropriés aux besoins du patient. Cette approche permet aux différents professionnels d’établir un
plan d’intervention intégré, d’éviter la duplication indue des actions, de maximiser l’efficacité du travail des membres de l’équipe et, de ce fait, de diminuer les pertes de
temps et d’optimiser la prestation de services au patient.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 12 – L’interdisciplinarité dans les soins de plaie 1
L’approche interdisciplinaire implique aussi l’intégration du patient et de ses proches comme réels partenaires d’une prise de décision libre et éclairée quant au plan
d’intervention. Leurs savoirs expérientiels sont alors reconnus et leurs compétences en soins sont développées avec l’aide des intervenants de l’équipe (Réseau
universitaire intégré de santé de l’université de Montréal, 2013). Ainsi, considérés comme des membres à part entière de l’équipe, le patient et ses proches participent
activement à tous les moments du processus de traitement d’une plaie chronique et complexe.
La pratique en interdisciplinarité nécessite la connaissance du rôle de chacune des disciplines concernées et la reconnaissance de l’apport de leurs compétences
respectives. Selon la nature de la situation clinique, chaque membre de l’équipe peut, à un moment ou l’autre, avoir un rôle prédominant, en raison des actions
privilégiées dans le plan d’intervention interdisciplinaire. Toutefois, ses interventions doivent s’inscrire dans la continuité et en interaction avec celles des autres
professionnels. »
« L’étiologie d’une plaie chronique et complexe est multifactorielle et son traitement requiert une approche interdisciplinaire et de collaboration (Association for the
Advancement of Wound Care [AAWC], 2005). La Loi modifiant le Code des professions et d’autres dispositions législatives dans le domaine de la santé, adoptée en 2002,
soutient cette approche, puisqu’elle renforce la compétence spécifique et complémentaire des différentes disciplines professionnelles, notamment en ce qui concerne le
traitement des plaies. »
« […] le présent document cible tout particulièrement la complémentarité et les interfaces entre les ergothérapeutes, les infirmières et les professionnels de la
physiothérapie3 dont une de leurs activités réservées porte spécifiquement sur le traitement des plaies. »
Dans ce contexte, il importe de bien comprendre que, même si l’objectif ultime est d’offrir tous les outils nécessaires à l’usager pour la guérison de sa plaie,
l’interdisciplinarité évoque que chaque professionnel doit respecter les balises fixées par son champ d'exercice : par exemple, le traitement d’une plaie peut être appliqué
pour « favoriser l’autonomie optimale de [l'usager] en interaction avec son environnement » (ergothérapeute), « pour rétablir la santé de [l’usager] en interaction avec son
environnement » (infirmière) ou encore afin « d’obtenir un rendement fonctionnel optimal » (professionnel de la physiothérapie) ».
(Bouffard et coll., 2014)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 12 – L’interdisciplinarité dans les soins de plaie 2
Le contexte de pratique
« Le contexte de pratique dans lequel exercent les professionnels qui interviennent dans le domaine du traitement des plaies influence inévitablement le travail en
interdisciplinarité. En effet, la mission de l’établissement, l’organisation des services cliniques, les règles de soins et les protocoles internes, les ressources humaines et
matérielles disponibles ainsi que d’autres facteurs organisationnels peuvent faire varier la constitution des équipes interdisciplinaires et l’attribution de certaines
responsabilités cliniques. »
(Bouffard et coll., 2014)
FIGURE 1
Schématisation de la collaboration interdisciplinaire pour le traitement
des plaies chroniques et complexes
Contribution de l’ergothérapeute, de l’infirmière et du professionnel de la physiothérapie
au traitement des plaies chroniques et complexes (voir figure 2, p. 13)
Source : Bouffard et coll., 2014
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 12 – L’interdisciplinarité dans les soins de plaie 3
FIGURE 2
Contribution de l’ergothérapeute, de l’infirmière et du professionnel de la physiothérapie
au traitement des plaies chroniques et complexes
Source : Bouffard et coll., 2014
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 12 – L’interdisciplinarité dans les soins de plaie 4
Le rôle de l’infirmière
Selon le document « Le champ d’exercice et les activités réservées des infirmières et infirmiers » (Durand, 2016), 17 activités sont réservées à l’infirmière et à l’infirmier dont
celle de « Déterminer le plan de traitement relié aux plaies et aux altérations de la peau et des téguments et prodiguer les soins et les traitements qui s’y rattachent ».
« En présence d’une plaie et avant d’intervenir, l’infirmière doit procéder à une évaluation appropriée de la situation clinique du patient, de sa condition de santé et de la
plaie (étiologie possible, type de plaie, caractéristiques) et s’assurer du potentiel de cicatrisation de la plaie. Dans le cas d’une plaie à un membre inférieur, elle devrait
obtenir la mesure de l’indice de pression systolique cheville‐bras (IPSCB) avant de commencer une intervention en milieu humide. » (Durand, 2016). Il y stipule clairement
qu’il est de la responsabilité de l’infirmière de baser sa pratique sur les pratiques exemplaires.
« De façon plus spécifique, l’activité réservée consistant à déterminer et à ajuster le plan de traitement relié aux plaies signifie que l’infirmière peut effectuer des actions,
telles que :
demander les analyses de laboratoire requises pour le traitement des plaies, entre autres le bilan nutritionnel afin d’identifier le potentiel de cicatrisation en vertu du
règlement sur la prescription infirmière ou en conformité avec une ordonnance collective si l’infirmière n’est pas habilitée à prescrire;
déterminer les mesures d’asepsie requises (p. ex. : technique propre ou stérile);
décider de procéder au nettoyage de la plaie et déterminer la technique (p. ex. : seringue 30 ml et aiguille ou cathéter périphérique #18 ou #20 donne 5 à 15 lb ̸ po2 à
10 cm de la plaie; type, quantité et température de la solution de nettoyage à utiliser);
décider de procéder au débridement de la plaie, au retrait des corps étrangers ou au retrait des tissus et débris non adhérents; en déterminer la fréquence et la
méthode selon la condition de santé du patient, le but du traitement;
décider de procéder à la scarification d’une escarre, afin d’accélérer le débridement autolytique ou enzymatique;
décider de cautériser une plaie avec du nitrate d’argent;
décider du choix de traitement en milieu sec ou en milieu humide;
décider des produits et des pansements à utiliser, selon une ordonnance ou en vertu du droit de prescrire, le cas échéant, en tenant compte des résultats de
l’évaluation clinique, des analyses de laboratoire et des évaluations subséquentes; du type de plaie, de son étiologie, de sa gravité et de son évolution; ainsi que de la
condition systémique du patient et de l’utilisation d’agents médicamenteux;
décider d’appliquer certaines modalités adjuvantes (p. ex. : la thérapie par pression négative, la stimulation électrique);
décider des mesures à prendre, autres que les médicaments d’ordonnance, pour soulager la douleur au site de la plaie (p. ex. : appliquer la crème EMLA® avant de
procéder au débridement chirurgical conservateur, soulager le patient de la douleur chronique causée par des ulcères des membres inférieurs);
décider d’enlever les mèches, les sutures et les agrafes selon le type de plaie et son évolution;
décider des bandages et des systèmes de compression à appliquer dans les cas d’ulcères veineux sans insuffisance artérielle concomitante en s’appuyant sur les
valeurs des mesures de l’IPSCB;
décider des mesures à appliquer pour soulager les forces de pression, de friction ou de cisaillement (p. ex. : surfaces thérapeutiques). » (Durand, 2016)
Les règles d’établissement
Avant de mettre en pratique ses actions, il est essentiel que l’infirmière s’informe des actions qui sont autorisées et non autorisées ainsi que les balises qui les règlementent
dans son établissement de santé.
« La Loi sur les services de santé et les services sociaux (LSSSS) confie aux établissements des responsabilités qui leur permettent de baliser la pratique des
professionnels en fonction des besoins et du contexte propres au milieu. Ces mécanismes englobent, notamment, les règles de soins médicaux, les règles
d’utilisation des médicaments, les règles de soins infirmiers ainsi que les décisions de l’établissement et des instances professionnelles quant à la gestion et à
l’utilisation des ressources et à la distribution appropriée des soins médicaux et infirmiers. » (Durand, 2016)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 12 – L’interdisciplinarité dans les soins de plaie 5
INDICATEURS D’UNE CONSULTATION AUPRÈS D’UN PROFESSIONNEL DE LA SANTÉ
Infirmière stomothérapeute/Infirmière experte en soins de plaies
Une infirmière stomothérapeute est une experte clinique qui a complété le programme de formation d’infirmière stomothérapeute (PFIS) et qui possède des connaissances
spécialisées pour prendre soin des personnes avec des stomies, des plaies complexes ou souffrant de problèmes liés à l’incontinence. (Association des infirmières et
infirmiers stomothérapeutes du Québec (AIISQ), 2018a). La stomothérapie est une spécialité reconnue par l’Association des infirmières et infirmiers du Canada (AIIC). Elle est
d’ailleurs la seule spécialité qui requiert un PFIS pour s’inscrire à la certification de l'AIIC (AIISQ, 2018b). Bien que volontaire, l’adhésion à l’AIISQ est fortement recommandée.
L’inscription à l’OIIQ est, par contre, obligatoire.
Rôle
Le rôle de l’infirmière stomothérapeute et de l’infirmière experte en soins de plaies « consiste à évaluer l’état de santé, à déterminer et à assurer la réalisation du plan de
soins et de traitements infirmiers, à prodiguer les soins et les traitements infirmiers et médicaux dans le but de maintenir et de rétablir la santé de l’être humain en
interaction avec son environnement et de prévenir la maladie ainsi qu’à fournir les soins palliatifs. » (Éditeur officiel du Québec, 2018b).
Indicateurs de consultation et activités réservées (Durand, 2016; AIISQ, 2018a)
Besoin d’évaluer et collaborer pour déterminer l’étiologie de la plaie et élaborer un plan de traitement infirmier approprié.
Besoin de coordonner les soins en travaillant en collaboration avec l'équipe interdisciplinaire afin d'offrir des soins qui sont basés sur les lignes directrices des
pratiques exemplaires et les résultats probants.
Besoin d'enseignement auprès des professionnels de la santé pour améliorer la qualité des soins de plaies et de favoriser la prévention des récidives.
Besoin d’assurer le suivi et l'enseignement auprès des personnes qui en souffrent et leurs familles, sur les stratégies à mettre en place pour optimiser les soins de leur
plaie et éviter une récidive.
Besoin de clarifier certains éléments lors de situations de soins complexes :
o Plaie récalcitrante : plaie qui n’évolue pas après 4 semaines malgré un plan de soins et traitements jugé optimal;
o Plaie dont l’étiologie est multifactorielle (ex. : ulcère des membres inférieurs d’étiologie veineuse et artérielle, ulcère de pied diabétique d’étiologie
neuropathique et artérielle);
o Plaie avec des signes d'infection locale ou disséminée;
o Plaie localisée à la région cervicale ou faciale;
o Plaie qui nécessite une approche thérapeutique spécifique ou novatrice;
o Toute autre situation de soins jugée complexe.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 12 – L’interdisciplinarité dans les soins de plaie 6
Besoin de soutien concernant :
o L’identification du type de plaie, ses caractéristiques et ses facteurs de risque;
o L’exécution d’une épreuve diagnostique;
o L’identification de l’objectif de soins prioritaire;
o L’identification d’une méthode de débridement;
o L’établissement du plan de soins et de traitements infirmiers;
o L’obtention d’information sur un type de pansement ou de traitement spécifique;
o La supervision d’une méthode de soins;
o L’identification des situations suggérant, au médecin traitant, que des examens ou analyses de laboratoire sont requis;
o L’identification des situations suggérant, au médecin traitant, qu’une consultation auprès d’un médecin spécialiste ou d’un professionnel de la santé est requise;
o Etc.
Besoin de maintenir ses connaissances à jour :
o Participation à une activité éducative afin de développer des compétences cliniques spécifiques reliées à une nouvelle approche diagnostique, approche
thérapeutique ou méthode de soins.
Infirmière en soins podologiques
Infirmière ayant suivi une formation en soins podologiques dispensée par un établissement reconnu. Bien que volontaire, l’adhésion à l’Association des Infirmières et
infirmiers en soins podologiques du Québec (AIISPQ) est fortement recommandée. L’inscription à l’OIIQ est, par contre, obligatoire.
Rôle
« L’exercice infirmier consiste à évaluer l’état de santé, à déterminer et à assurer la réalisation du plan de soins et de traitements infirmiers, à prodiguer les soins et les
traitements infirmiers et médicaux dans le but de maintenir et de rétablir la santé de l’être humain en interaction avec son environnement et de prévenir la maladie ainsi
qu’à fournir les soins palliatifs. » (Éditeur officiel du Québec, 2018b)
« La détermination du plan de traitement des altérations de la peau et des téguments peut inclure différentes actions sans ordonnance comme, par exemple :
décider de procéder au débridement d’hyperkératose ou d’ongle mycosé, à la réduction d’hyperonychie, à l’énucléation de cors;
recommander les produits et agents médicamenteux à utiliser, selon les résultats de l’évaluation initiale et des évaluations subséquentes, tout en tenant compte du
type d’altération, de son étiologie, de sa gravité, de son évolution et des résultats de traitements antérieurs appliqués;
utiliser des produits topiques en vente libre sous forme de liquide, crème, pommade, laque, virucide;
décider d’appliquer certaines modalités adjuvantes (p. ex. : le laser pour traiter l’onychomycose, la cryothérapie pour traiter les verrues plantaires);
décider de cautériser une lésion avec du nitrate d’argent (p. ex. : un botriomycome);
décider des mesures à prendre, autres que les médicaments d’ordonnance, pour soulager la douleur lors d’un soin (p. ex. : appliquer la crème EMLA® avant de
procéder au traitement d’un ongle incarné);
décider de procéder à l’installation de lamelles pour corriger la courbure de l’ongle;
décider des mesures à appliquer pour soulager les forces de pression, de friction ou de cisaillement (p. ex. : coussinage de décharge ou de protection, orthoplastie,
installation de mèche en gutta percha dans le sillon de l’ongle).» (Durand, 2016)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 12 – L’interdisciplinarité dans les soins de plaie 7
Indicateurs de consultation et activités réservées
Besoin d’une évaluation exhaustive de la santé des pieds de l'usager (surtout pour la clientèle diabétique ou avec une maladie vasculaire artérielle périphérique).
Besoin de déterminer un plan de soins et traitements afin de maintenir la santé des pieds concernant :
o le débridement (amincissement) des cors et callosités, et des ongles;
o le ponçage de la peau et des ongles;
o les soins des ongles problématiques (ex. : ongle incarné);
o le coussinage de confort.
Informations complémentaires reliées aux soins podologiques
L'OIIQ, de concert avec l'AIISPQ, a émis, en 2016, les lignes directrices relatives à la prévention et au contrôle des infections à l'intention des infirmières en soins
podologiques (Bouffard et Perazzelli (coll.), 2016).
Voici des extraits de ces lignes directrices :
« Toute infirmière est tenue d’offrir des soins de qualité dans un environnement sain et sécuritaire. Les infirmières en soins podologiques exercent auprès de diverses
clientèles souvent vulnérables, que ce soit en cabinet, en établissement de santé ou au domicile des patients. Durant leurs interventions, elles posent divers actes
considérés comme étant à risque d’exposition et de transmission d’agents pathogènes, tels que les bactéries (par exemple, le Staphylococcus aureus), les virus (par
exemple, le papillomavirus humain, le virus de l’hépatite B et le virus de l’immunodéficience humaine) et les champignons (par exemple, le Candida albicans et
Trichophyton rubrum). Les infirmières en soins podologiques se doivent donc d’intégrer prioritairement la prévention des infections à leur pratique. »
« Ces lignes directrices reposent sur une compréhension juste de la chaîne de transmission des infections. Elles sont axées sur l’évaluation et la gestion des risques,
tant au moment d’une consultation clinique que dans l’organisation clinico‐administrative de la pratique professionnelle. Elles mettent l’accent sur l’importance
d’appliquer rigoureusement les pratiques de base telles que l’hygiène des mains et le port d’équipement de protection individuelle lors d’un soin podologique auprès
de tout patient, en tout moment et en tous lieux. »
« Voici quelques agents pathogènes les plus susceptibles d’être rencontrés dans le domaine des soins podologiques :
les bactéries – Staphylococcus aureus et streptocoques de type A;
les virus – papillomavirus humain (verrue), virus de l’hépatite B (VHB), virus de l’hépatite C (VHC) et virus de l’immunodéficience humaine (VIH);
les champignons – Candida albicans (candidose), Trichophyton rubrum, Trichophyton mentagrophytes et Epidermophyton floccosum.
Les personnes symptomatiques ou asymptomatiques (le patient, ses proches ou l’infirmière), les animaux de compagnie présents au domicile du patient et
l’environnement (par exemple, l’air, l’eau, les produits contaminés, les appareils réutilisables, les surfaces, l’équipement, les instruments, les ordinateurs et les
claviers) constituent des sources ou réservoirs d’agents infectieux. Certaines mesures de PCI peuvent agir sur ces éléments de la chaîne de transmission des infections
en réduisant le nombre de micro‐organismes […]. »
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 12 – L’interdisciplinarité dans les soins de plaie 8
La contamination et la transmission d’agents pathogènes est une source de préoccupation constante chez les infirmières en soins podologiques. Les sources de ces contaminants
sont multiples d’où le besoin d’y porter une attention particulière. Voici la chaine de transmission des infections en soins podologiques afin d’imager ces propos.
Source : Bouffard et Perazzelli (coll.), 2016
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 12 – L’interdisciplinarité dans les soins de plaie 9
L’ergothérapeute
Selon l’OEQ (2017), « l’ergothérapeute travaille avec des personnes de tous les âges, des nouveau‐nés jusqu’aux aînés. Il intervient auprès de groupes, de communautés,
d’organismes et des entreprises ». De plus, il travaille avec des usagers « ayant des problèmes liés à leur santé physique ou à leur santé mentale, ou pour prévenir l’apparition
de tels problèmes. Il travaille aussi auprès de personnes sans problèmes de santé, mais qui présentent des enjeux liés à leur fonctionnement ou à leur intégration sociale, par
exemple les enjeux liés au maintien d’une vie active chez les aînés. »
Rôle
Le champ d'exercice de l'ergothérapeute est d’ « [...] évaluer les habiletés fonctionnelles, déterminer et mettre en œuvre un plan de traitement et d’intervention,
développer, restaurer ou maintenir les aptitudes, compenser les incapacités, diminuer les situations de handicap et adapter l’environnement dans le but de favoriser
l’autonomie optimale de l’être humain en interaction avec son environnement. » (Éditeur officiel du Québec, 2018c)
Indicateurs de consultation et activités réservées (Bouffard et coll., 2014)
Besoin d’évaluer les habiletés fonctionnelles (analyse des habitudes de vie) d’un usager présentant une déficience ou une incapacité de sa fonction physique.
À titre d’exemple :
o Méthodes de transfert, posture, mobilité;
o Surfaces d’appui, aides techniques;
o Réalisation des habitudes de vie (s’hydrater, s’alimenter, effectuer son hygiène personnelle);
o Impact de la plaie sur les habitudes de vie et sur l’environnement de l’usager;
o Moyens de prévention des lésions de pression.
Besoin de déterminer un plan de traitement afin de :
o Utiliser des mesures visant à contrôler la douleur dans la région de la plaie :
le positionnement, l’utilisation de surfaces thérapeutiques et d’aides techniques, les stratégies d’adaptation pour les activités de la vie courante et
les orthèses.
o Utiliser des mesures visant à stimuler ou à favoriser la circulation veineuse ou artérielle, ou encore à contrôler l’œdème :
l’horaire de positionnement ainsi que l’utilisation de surfaces d'appui et d’équipements.
o Besoin de nettoyer la plaie lorsque l’ergothérapeute doit procéder à la réfection du pansement dans un contexte d’évaluation ou d’intervention.
o Besoin de déterminer les caractéristiques d’une orthèse, d’un équipement ou d’une surface d’appui, et l’administration d’un médicament topique, selon une
ordonnance (Éditeur officiel du Québec, 2018e).
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 12 – L’interdisciplinarité dans les soins de plaie 10
Professionnels de la physiothérapie
« La physiothérapie est une discipline de la santé intervenant au niveau de la prévention et promotion de la santé, de l’évaluation, du diagnostic, du traitement et de la
réadaptation des déficiences et incapacités touchant les systèmes neurologique, musculosquelettique et cardiorespiratoire de la personne. » (OPPQ, 2018a)
« Le physiothérapeute et le thérapeute en réadaptation physique sont les seuls professionnels de la physiothérapie reconnus par le système professionnel québécois. Pour
porter le titre de physiothérapeute (pht), il faut avoir complété une « Maîtrise en sciences » en physiothérapie et être membre de l’Ordre professionnel de la physiothérapie
du Québec (OPPQ). Pour porter le titre de thérapeute en réadaptation physique (T.R.P.), il faut avoir complété un diplôme collégial en « Techniques de physiothérapie » et
être membre de l’Ordre professionnel de la physiothérapie du Québec (OPPQ). » (OPPQ, 2018b)
Rôle
Le physiothérapeute a pour rôle d'« évaluer les déficiences et les incapacités de la fonction physique reliées aux systèmes neurologique, musculosquelettique et
cardiorespiratoire, déterminer un plan de traitement et réaliser les interventions dans le but d’obtenir un rendement fonctionnel optimal. » (Éditeur officiel du Québec,
2018d). Selon l’OPPQ (2018a), « le rôle de la physiothérapie est d’aider [l’usager] à recouvrer le maximum de ses capacités physiques en fonction de son propre potentiel de
récupération » et ce, en intégrant l’usager de façon active dans les interventions et en axant ces interventions sur l’autoresponsabilisation de ce dernier.
Indicateurs de consultation et activités réservées (Bouffard et coll., 2014; OPPQ, 2017)
Besoin d’évaluer les déficiences et incapacités de la fonction physique reliées au système neurologique, musculosquelettique et cardiorespiratoire. (Ex : Mobilité de
l’articulation de la cheville pour un ulcère des membres inférieurs ou du pied diabétique.)
Besoin de déterminer un plan de traitement dans le but d’obtenir un rendement fonctionnel optimal.
o Utiliser des modalités de traitement afin de contrôler la douleur dans la région de la plaie
formes d’énergie invasives, thermothérapie, positionnement, techniques de transfert et de déplacement.
o Utiliser des modalités adjuvantes afin d’aider au contrôle de l’infection :
hydrothérapie, formes d’énergie invasives, thérapie par pression négative, etc.
o Utiliser des modalités de traitement visant à stimuler ou à favoriser la circulation veineuse ou artérielle, ou encore à contrôler l’œdème :
modalités de compression, exercices d’assouplissement ou de mobilité, exercices de renforcement, positionnement, stimulation électrique, ultrasons,
rayonnement ultraviolet, laser, oxygénothérapie topique et normothérapie.
Besoin de procéder dans un contexte d’application d’une modalité de traitement en physiothérapie seulement :
o Au nettoyage et à l’irrigation de la plaie;
o Au débridement de la plaie (autolytique, chirurgical conservateur, mécanique, enzymatique ou biologique);
o À la scarification de la plaie;
o À la cautérisation avec du nitrate d’argent, selon une ordonnance individuelle.
Besoin de contribuer à la détermination du type de pansement et des produits à utiliser (dans un contexte d’application d’une modalité de traitement en
physiothérapie seulement) :
o Dans le cadre de la réfection du pansement (ex. : l’application d’une modalité adjuvante à la plaie post‐hydrothérapie, y compris l’administration de
médicaments topiques selon une ordonnance (Éditeur officiel du Québec, 2018f);
o Dans le cadre de l’utilisation de produits et de pansements interactifs et bioactifs;
o « En plus du Code des professions, le Collège des médecins a autorisé par Règlement les membres de l’OPPQ à exercer quelques activités médicales à la suite
d’une ordonnance. Ces activités sont définies comme suit : Le physiothérapeute et le thérapeute en réadaptation physique peuvent administrer des
médicaments topiques dans le cadre de l’utilisation des formes d’énergie invasives ainsi que lors des traitements reliés aux plaies. […] » (OPPQ, 2017).
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 12 – L’interdisciplinarité dans les soins de plaie 11
Nutritionniste
« Les titres réservés de diététiste et de nutritionniste désignent une même profession. Les diététistes/nutritionnistes sont les spécialistes de l’alimentation et de la nutrition humaine.
Cette profession de la santé est la seule reconnue par le Code des professions dans ce champ d’expertise. » (Ordre professionnel des diététistes du Québec (OPDQ), 2018)
Rôle
Les nutritionnistes sont des expertes de l’alimentation et de la nutrition. Dans les milieux hospitaliers, la nutritionniste a le rôle d’évaluer l’état nutritionnel de l’usager,
déterminer des stratégies visant au maintien ou au rétablissement du statut nutritionnel en fonction des besoins spécifiques de ce dernier. La nutritionniste va également
promouvoir les saines habitudes de vie et faire de l’enseignement auprès des usagers, leurs familles, mais également auprès des professionnels de la santé.
Indicateurs de consultation et activités réservées (Office des professions du Québec (OPQ), 2018; https://opdq.org/ ; https://www.dietitians.ca/ )
Besoin d’évaluer l’état nutritionnel d’un usager :
o Identification des besoins nutritionnels (distribution énergétique, macronutriments et micronutriments) du client;
o Surveiller l’état nutritionnel des personnes dont le plan de traitement nutritionnel a été déterminé;
o Déterminer le plan de traitement nutritionnel, incluant la voie d’alimentation appropriée, lorsqu’une ordonnance individuelle indique que la nutrition constitue
un facteur déterminant du traitement de la maladie ou d'une plaie.
Besoin de déterminer et assurer la mise en œuvre d’une stratégie d’intervention visant à adapter l’alimentation en fonction des besoins pour maintenir ou rétablir la santé.
Besoin d’une évaluation de l’état nutritionnel en présence de signes et symptômes de malnutrition, dénutrition ou de déshydratation.
Besoin d’un enseignement nutritionnel.
Besoin d’adapter une ou plusieurs restrictions alimentaires (diète) aux besoins et goûts d'un usager.
Orthésistes et prothésistes
La conception d’une orthèse ou d’une prothèse est basée sur la maîtrise des particularités des matériaux, des principes biomédicaux et des pathologies. L’orthésiste et le
prothésiste doivent être membres de l’Ordre des technologues professionnels du Québec (Association des orthésistes et prothésistes du Québec (AOPQ), 2018a).
Rôle
Les orthésistes et prothésistes procèdent à l’évaluation des besoins de l’usager en matière d’appareillage orthopédique en tenant compte du diagnostic médical et des
réalités de la personne qui consulte. (AOPQ, 2018b)
Indicateurs de consultation et activités réservées (http://www.aopq.ca/index.php?id_langue=3&id_cms=61&id_portail=4 ; http://www.otpq.qc.ca/profession/profession.html )
Besoin d’acheter, de remplacer ou d’ajuster une orthèse plantaire (présence d'un point d'hyperpression (callosité)).
Besoin d’acheter, d’ajuster, de remplacer, de modifier ou de réparer une chaussure moulée (présence d’une déformation du pied).
Besoin d’acheter, d’ajuster, de remplacer, de réparer ou de modifier une orthèse ou une prothèse.
Besoin d’acheter ou d’ajuster une orthèse plantaire à contact total (moulée), une chaussure orthopédique sur mesure, une sandale orthopédique de décharge sur
mesure (chaussure de marque Darco, chaussure de Barouk) et une botte (de marche) amovible.
Besoin d’acheter, d’ajuster, de remplacer, de réparer ou de modifier une orthèse ou une prothèse après une amputation partielle ou complète d’un membre.
Besoin de connaitre les programmes gouvernementaux et les critères spécifiques.
Une ordonnance médicale individuelle est nécessaire pour la fabrication de l’orthèse ou la prothèse. Une ordonnance n’est toutefois pas nécessaire pour l’évaluation
(la consultation avec l’orthésiste).
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 12 – L’interdisciplinarité dans les soins de plaie 12
Bibliographie
Association des infirmières et infirmières stomothérapeutes du Québec (AIISQ). (2018a). Programme de formation d’infirmière stomothérapeute. Repéré à
https://aiisq.com/membre‐2/qu‐est‐ce‐qu‐une‐infirmiere‐stomotherapeute
Association des infirmières et infirmières stomothérapeutes du Québec (AIISQ). (2018b). Certification en stomothérapie. Repéré à https://aiisq.com/formation/certification‐
en‐stomotherapie
Association des orthésistes et prothésistes du Québec (AOPQ). (2018a). Ordre et les orthésistes‐prothésistes. Repéré à
http://www.aopq.ca/index.php?id_langue=3&id_cms=67&id_portail=4
Association des orthésistes et prothésistes du Québec (AOPQ). (2018b). Page d’accueil. Repéré à http://www.aopq.ca/index.php?id_portail=4&id_langue=3
Bouchard, H. et Morin, J. (2009). Cadre de référence régional en soins de plaies chroniques. Sherbrooke: Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke.
Bouffard, L. et Perazzelli, M. (coll.). (2016). Lignes directrices relatives à la prévention et au contrôle des infections à l'intention des infirmières en soins podologiques. Repéré à
https://www.oiiq.org/documents/20147/237836/2461_doc.pdf
Bouffard, L., Gauthier, J., Lajoie, M., Plourde, P., Roy, C., Sadler, S. et Thompson, N. (2014). Une action concertée pour optimiser le traitement des plaies chroniques et
complexes. Cadre de collaboration interprofessionnelle pour les ergothérapeutes, les infirmières et les professionnels de la physiothérapie. Repéré à
https://www.oiiq.org/documents/20147/237836/8403_doc.pdf
Durand, S. (dir.). (2016). Le champ d’exercice et les activités réservées des infirmières et infirmiers (3e édition). Repéré à
https://www.oiiq.org/documents/20147/1306047/1466‐exercice‐infirmier‐activites‐reservees‐web+%282%29.pdf/84aaaa05‐af1d‐680a‐9be1‐29fcde8075e3
Éditeur officiel du Québec. (2002, 14 juin). Projet de loi no 90 : loi modifiant le Code des professions et d’autres dispositions législatives dans le domaine de la santé. Repéré à
http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/dynamicSearch/telecharge.php?type=5&file=2002C33F.PDF
Éditeur officiel du Québec. (à jour au 1er mars 2018a). Code des professions, chapitre C‐26, article 37.1, paragr.3f, paragr.4c et paragr.5c. Repéré à
http://legisquebec.gouv.qc.ca/fr/pdf/cs/C‐26.pdf
Éditeur officiel du Québec. (à jour au 1er mars 2018b). Loi sur les infirmières et les infirmiers, chapitre I‐8, article 36. Repéré à http://legisquebec.gouv.qc.ca/fr/pdf/cs/I‐8.pdf
Éditeur officiel du Québec. (à jour au 1er mars 2018c). Code des professions, chapitre C‐26, article 37, paragr.o. Repéré à http://legisquebec.gouv.qc.ca/fr/pdf/cs/C‐26.pdf
Éditeur officiel du Québec. (à jour au 1er mars 2018d). Code des professions, chapitre C‐26, article 37, paragr.n. Repéré à http://legisquebec.gouv.qc.ca/fr/pdf/cs/C‐26.pdf
Éditeur officiel du Québec. (à jour au 1er mars 2018e). Règlement sur certaines activités professionnelles pouvant être exercées par un ergothérapeute, chapitre M‐9, r. 12.
Repéré à http://legisquebec.gouv.qc.ca/fr/ShowDoc/cr/M‐9,%20r.%2012/
Éditeur officiel du Québec. (à jour au 1er mars 2018f). Règlement sur les activités professionnelles pouvant être exercées par les membres de l’Ordre professionnel de la
physiothérapie du Québec, chapitre M‐9, r. 4. Repéré à http://legisquebec.gouv.qc.ca/fr/ShowDoc/cr/M‐9,%20r.%204/
Office des professions du Québec (OPQ). (2018). Fiches descriptives des ordres professionnels : Diététistes. Repéré à https://www.opq.gouv.qc.ca//ordres‐
professionnels/liste‐des‐ordres/ordre/dietetistes/
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 12 – L’interdisciplinarité dans les soins de plaie 13
Ordre des ergothérapeutes du Québec (OEQ). (2017). Qu'est‐ce que l'ergothérapie? Repéré à http://www.oeq.org/m‐informer/qu‐est‐ce‐que‐l‐ergotherapie.html
Ordre professionnel de la physiothérapie du Québec (OPPQ). (2017). Activités professionnelles en physiothérapie. Repéré à https://oppq.qc.ca/wp‐
content/uploads/2017/07/OPPQ‐ficheChampExercice.pdf
Ordre professionnel de la physiothérapie du Québec (OPPQ). (2018a).Qu’est‐ce que la physiothérapie? Repéré à https://oppq.qc.ca/grand‐public/definitions‐et‐presentation/
Ordre professionnel de la physiothérapie du Québec (OPPQ). (2018b). Les deux professions de la physiothérapie. Repéré à https://oppq.qc.ca/grand‐public/les‐deux‐
professions‐de‐la‐physiotherapie/
Ordre professionnel des diététistes du Québec (OPDQ). (2018). Deux titres, une profession. Repéré à https://opdq.org/qui‐sommes‐nous/deux‐titres‐une‐profession/
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Fascicule 12 – L’interdisciplinarité dans les soins de plaie 14
DÉMARCHE CLINIQUE 1
Lésion de pression
TABLE DES MATIÈRES – DÉMARCHE CLINIQUE 1
ÉVALUER LA SITUATION CLINIQUE INITIALE ................................................................................................................................................................................................. 2
RECUEILLIR DES DONNÉES ............................................................................................................................................................................................................................................... 2
ÉMETTRE DES HYPOTHÈSES ........................................................................................................................................................................................................................................... 11
COMMUNIQUER AVEC LE MÉDECIN TRAITANT .................................................................................................................................................................................................................... 11
CONCEVOIR LE PLAN DE SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS ET LE PLAN THÉRAPEUTIQUE INFIRMIER ..................................................................................................... 15
ÉTABLIR LES OBJECTIFS PRIORITAIRES DE SOINS DE L’USAGER ET NOTER LES INTERVENTIONS CLINIQUES SÉLECTIONNÉES DANS LE PLAN DE SOINS ET DE TRAITEMENTS INFIRMIERS ......................................... 15
AVISER LE MÉDECIN TRAITANT DU PLAN DE SOINS ET DE TRAITEMENTS INFIRMIERS ................................................................................................................................................................... 33
METTRE EN ŒUVRE LE PLAN DE SOINS ET DE TRAITEMENTS INFIRMIERS ET Y NOTER TOUTES LES INTERVENTIONS RÉALISÉES .............................................................................................................. 35
ASSURER LE SUIVI ET LA CONTINUITÉ DES SOINS ....................................................................................................................................................................................... 36
RECUEILLIR LES DONNÉES ÉVOLUTIVES, RÉÉVALUER LES RÉSULTATS ET RÉVISER LE PLAN DE SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS RÉGULIÈREMENT ................................................................................... 36
ASSURER LA CONTINUITÉ DES SOINS................................................................................................................................................................................................................................ 39
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression i
ARBRE DE DÉCISION
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression 1
Démarche clinique de soins et traitements infirmiers
1. LÉSION DE PRESSION
ÉVALUER LA SITUATION CLINIQUE INITIALE
À L’AIDE DES OUTILS CLINIQUES DISPONIBLES, EXPLORER LE RISQUE DE DÉVELOPPEMENT D’UNE LÉSION DE PRESSION OU, LE CAS ÉCHÉANT,
ÉVALUER LA LÉSION DE PRESSION ET LES RISQUES DE COMPLICATIONS.
Recueillir des données
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Procéder à l’évaluation du risque de développer une lésion de pression dès l’admission de l’usager et noter la présence d’une lésion de pression
Reconstituer les circonstances associées aux antécédents de lésion de Procéder à la collecte de données à l'aide de l’outil « Collecte de données et
pression et à l’apparition de la plaie : évaluation de la plaie » (F9) :
o localisation de l’ulcère; DOSSIER clinique;
o circonstances liées à l’apparition de l’ulcère; RENCONTRE avec l'usager et sa famille;
o antécédents de lésion de pression : RENCONTRE avec l’équipe interdisciplinaire.
facteurs précipitants,
âge à la première apparition, L’utilisation d'un outil de collecte de données :
nombre de récidives, facilite le recueil d’informations cliniques spécifiques;
traitements antérieurs (pansements, médicaments, produits topiques,
met en évidence les renseignements qui auront une incidence sur le
compression veineuse) et temps de cicatrisation.
traitement et la cicatrisation de la lésion.
La chronologie des évènements liés à la lésion est essentielle pour établir
l’étiologie de la plaie.
Plusieurs usagers ont tendance à traiter leurs lésions eux‐mêmes avant de
consulter.
Consulter :
Contraintes à la cicatrisation (F2);
Lésion de pression (F8);
Collecte de données et évaluation de la plaie (F9).
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression 2
Noter la présence d’allergies ou d’intolérances
Évaluer les facteurs de risque de développement d’une lésion de pression
Mesurer le niveau de risque à l’aide de l’échelle de Braden (résultat et Plusieurs facteurs de risque ne font pas partie de cette échelle. Le résultat de chacun
identification des paramètres prioritaires). des paramètres constitue un indicateur des besoins prioritaires de l'usager. Le
pointage global (maximum 23 points) oriente les interventions préventives.
Selon le National Pressure Ulcer Advisory Panel (NPUAP), l’European Pressure Ulcer
Advisory Panel (EPUAP) et la Pan Pacific Pressure Injury Alliance (PPPIA) (2014), il
existe des lésions de pression inévitables, et ce, malgré l’implantation
d’interventions préventives.
Consulter Lésion de pression (F8) :
Outil d’évaluation du risque de développement d’une lésion de pression :
Échelle de Braden
Facteurs de risque
Les ulcères terminaux de Kennedy
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression 3
Évaluer les facteurs de risque de développement d’une lésion de pression
Facteurs de risque pouvant nuire au processus de cicatrisation : Le traitement des maladies concomitantes est d’ordre médical. Cependant,
antécédents médicaux; l’infirmière doit en tenir compte lors de l’élaboration du plan de soins et de
facteurs reliés à l’usager; traitements infirmiers.
médicaments susceptibles de nuire au processus de cicatrisation;
Consulter Contraintes à la cicatrisation (F2)
facteurs locaux;
carences nutritionnelles susceptibles de nuire au processus de cicatrisation;
tabagisme, alcoolisme, toxicomanie.
Consulter les résultats des examens et des analyses de laboratoire présents au dossier clinique
Analyses de laboratoire Consulter :
Radiographies et autres Les tests de laboratoire dans Contraintes à la cicatrisation (F2)
Tests et examens diagnostiques en présence d’infection dans Préparation du
lit de la plaie (F3)
Évaluation des membres inférieurs (F5)
Consulter les résultats des épreuves diagnostiques en présence d’une lésion de pression aux membres inférieurs
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression 4
Procéder à l’examen clinique de la peau et des téguments, principalement au niveau des proéminences osseuses, afin de rechercher une lésion de pression
Localiser une ou des lésions de pression Évaluer la peau, de la tête aux pieds, mais porter une attention particulière aux
En présence d’une rougeur suspecte, appliquer une pression du doigt pendant régions suivantes :
quelques secondes, puis relâcher le doigt (l’érythème doit blanchir, puis le sacrum et les talons (régions avec un risque le plus élevé de développer une
disparaître). Si l’érythème persiste, il s’agit d’une lésion de pression de stade 1; lésion);
À ce moment, palper la peau et rechercher une induration et une augmentation de les zones de contractures;
la chaleur locale (présence probable d’une atteinte plus profonde); sous une attelle, un collier cervical, un plâtre, un bas anti‐embolique, un
Considérer la possibilité d’identifier un ulcère terminal de Kennedy chez la clientèle bandage de compression, etc.
en fin de vie.
Lorsque la peau est visuellement inaccessible, faire une évaluation tactile.
Consulter :
Lésion de pression (F8) :
o Les ulcères terminaux de Kennedy;
Collecte de données et évaluation de la plaie (F9).
En présence d’une lésion de pression aux membres inférieurs, procéder à l’examen physique des deux jambes et des deux pieds afin de rechercher des signes de la
maladie veineuse et de la maladie artérielle.
Évaluation des membres inférieur Consulter :
Évaluation de la douleur (F4)
Évaluation des membres inférieurs (F5) :
o Évaluation de la jambe
o Évaluation du pied
o Évaluation des ongles
o Évaluation des chaussures
Manifestations cliniques de la maladie veineuse chronique Une combinaison des signes de maladie veineuse et artérielle indique la présence
d’un ulcère mixte. Dans ce cas, il importe d’évaluer l’étiologie prioritaire de
l’ulcère avant de concevoir un Plan de soins et traitement infirmiers.
Consulter :
Évaluation de la douleur (F4)
Évaluation des membres inférieurs (F5) :
o Évaluation de la jambe
o Évaluation du pied
o Évaluation des ongles
Ulcère des membres inférieurs (F6) :
o Ulcère veineux
Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression 5
Manifestations cliniques de la maladie artérielle périphérique Une combinaison des signes de maladie veineuse et artérielle indique la présence
d’un ulcère mixte. Dans ce cas, il importe d’évaluer l’étiologie prioritaire de
l’ulcère avant de concevoir un Plan de soins et traitement infirmiers.
Consulter :
Évaluation de la douleur (F4)
Évaluation des membres inférieurs (F5) :
o Évaluation de la jambe
o Évaluation du pied
o Évaluation des ongles
Ulcère des membres inférieurs (F6) :
o Ulcère artériel
o Ulcère mixte
Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
Procéder aux tests diagnostiques en présence d’une lésion de pression aux membres inférieurs
Évaluation de la maladie veineuse chronique Consulter :
Évaluation des membres inférieurs (F5) :
o Évaluation de l’œdème
o Évaluation du signe de Stemmer ou signe de Stemmer‐Kaposi
o Évaluation de la force musculaire et de la mobilité de la cheville
o Duplex ultrason/Doppler veineux
Évaluation de la maladie artérielle périphérique Consulter :
Évaluation des membres inférieurs (F5) :
o Prise du pouls tibial postérieur
o Prise du pouls pédieux
o Temps de remplissage capillaire
o Test de coloration du membre inférieur
o Indice de pression systolique cheville‐bras (IPSCB)
o Test à l’effort
o Indice de pression systolique au premier orteil (IPO)
o Pléthysmographie / Étude des ondes artérielles
o Doppler à ondes entretenues
o Angiographie duplex
o La pression artérielle segmentée
o Pression d’oxygène transcutanée (TcPO2)
o Pression de la perfusion à la peau
o Angiographies
Ulcère des membres inférieurs (F6)
Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression 6
Évaluer la douleur
Déterminer le type de douleur : Utiliser l’échelle préconisée dans le milieu de soins (s’assurer que l'usager
o neuropathique; comprenne cette échelle; s’il ne comprend pas, utiliser une autre échelle validée
o nociceptive. qui puisse convenir à celui‐ci).
Pour préciser le type de douleur, consulter :
Évaluer la douleur avec précision (PQRSTUV). Évaluation de la douleur (F4) qui facilite l’évaluation en fonction de :
o la cause : douleur nociceptive, neuropathique ou mixte;
o la durée : douleur aiguë, chronique, transitoire ou procédurale.
Consulter :
Ulcère du pied diabétique (F7)
Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
Démarche clinique « Traitement local de la plaie » (D4)
Évaluer l’état nutritionnel / Dépister les signes de dénutrition ou de déshydratation
Utiliser les outils de dépistages de dénutrition et de malnutrition (F2) et Les outils de dépistage permettent d’identifier l’usager à risque de dénutrition afin
questionner l’usager s’il a eu une perte de poids récente. qu’il soit évalué par une nutritionniste.
o Noter les facteurs susceptibles d'influencer les apports alimentaires (F2). Peu importe l’outil choisi, il est nécessaire de le combiner avec l’évaluation globale de
Noter les mesures anthropométriques. l’usager, les mesures anthropométriques, les valeurs de laboratoire, le contexte
Noter les analyses de laboratoire en lien avec l’aspect nutritionnel : socio‐économique de l’usager et les comportements alimentaires.
o Si nécessaire, prescrire d’autres analyses de laboratoire. Il n’existe pas d’analyses de laboratoire spécifiques pour diagnostiquer la
malnutrition. Historiquement, l’albumine et la préalbumine étaient considérées
comme étant des indicateurs de l’état nutritionnel. Il est maintenant reconnu que
Consulter la nutritionniste lorsque l'usager présente un risque ou des signes de
ces indicateurs sont grandement influencés par les processus inflammatoires aigus
dénutrition.
ou chroniques. L’utilisation seule de ces analyses de laboratoire n’est pas
suffisante pour évaluer l’état nutritionnel.
Vu les besoins accrus en nutriments chez l‘usagers ayant une lésion cutanée, une
brûlure ou une plaie, l’évaluation initiale de l’infirmière vise d’abord à dépister
l’usager qui présente des risques de complications ou qui souffre de dénutrition.
Dans un deuxième temps, s’il y a lieu, la référence à une nutritionniste permet
une évaluation des besoins de façon plus approfondie.
Consulter :
Contraintes à la cicatrisation (F2) :
o Carences nutritionnelles et incidences sur la cicatrisation
o Facteurs de risque de la dénutrition
o Rôle de la nutrition dans la prévention et le traitement des plaies
o Dépistage
L’interdisciplinarité dans les soins de plaies (F12)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression 7
Évaluer les mesures préventives et curatives en cours
Les mesures de protection des talons : L’usager atteint d’une maladie vasculaire périphérique risque davantage d’avoir
o oreillers, coussins, matériel de mise en décharge des talons, etc.; une lésion de pression au talon (diminution de la perfusion tissulaire distale).
o pellicule transparente, etc.
Consulter Lésion de pression (F8)
Le positionnement : Puisque la personne alitée et confinée au fauteuil présente un risque élevé de
o l’horaire de positionnement; développer une lésion de pression, elle doit être examinée dans toutes les
o les positions à éviter; positions.
o les positions à privilégier.
Consulter Horaire de positionnement dans Lésion de pression (F8)
Pour un usager alité, en fauteuil roulant ou ayant subi une intervention chirurgicale
récente :
o évaluer la peau à chaque changement de position.
Évaluer la lésion et la peau environnante
Identifier le stade de la lésion de pression. Consulter :
Préparation du lit de la plaie (F3) :
Noter les caractéristiques de l’ulcère et la peau environnante : o Définitions des termes utilisés dans le continuum de l’infection
o Rechercher les signes et symptômes d’infection. o Signes et symptômes d’infection d’une plaie chronique
o Continuum d’une infection de plaie
o Technique de Levine
Classification des lésions de pression (stade) selon le NPUAP (2016) dans
Lésion de pression (F8)
Collecte des données et évaluation de la plaie (F9)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression 8
Rechercher les signes indicateurs d’une cause sous‐jacente
Rechercher les signes indiquant une cause sous‐jacente autre que la lésion de Le traitement des maladies concomitantes est d’ordre médical. Cependant,
pression ou une atteinte artérielle (ex. : néoplasie, pyoderma gangrenosum), etc. l’infirmière doit en tenir compte lors de l’élaboration du plan de soins et de
traitements infirmiers.
La détermination de la cause sous‐jacente de l’ulcère est préalable à
l’élaboration du plan de soins et de traitements infirmiers.
Consulter l’équipe médicale au besoin pour déterminer la cause de l’ulcère.
Consulter le plan de traitement local en cours (s’il y a lieu)
Méthode d’asepsie Consulter :
Nettoyage Préparation du lit de la plaie (F3)
Pansement primaire Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
Pansement secondaire Traitements locaux (F10)
Autres (protection ou traitement de la peau environnante, méthode de Démarche clinique « Traitement local de la plaie » (D4)
compression veineuse (s’il y a lieu)
Évaluer les connaissances de l’usager sur les autosoins
Vérifier s’il est capable d’observer sa peau quotidiennement. La personne qui connait les autosoins réduisant les risques et qui les met en
Connaît‐il les moyens de prévenir les lésions de pression? pratique est moins exposée au risque d’ulcération, et ce, même en présence
Sait‐il quand et qui consulter en cas d’apparition d’une plaie? d’autres facteurs de risque.
A‐t‐il les capacités d’apprentissage nécessaires?
Est‐il motivé à collaborer et à apprendre?
A‐t‐il confiance en ses capacités?
Est‐il limité par son âge, son niveau de scolarité, son état affectif ou son état
physique?
Évaluer les incidences de la maladie sous‐jacente et de la lésion sur la qualité de vie de l’usager
Poser des questions ouvertes sur : La détérioration de ces indicateurs peut avoir des conséquences sur la qualité de
o les situations stressantes dans sa vie; vie de l’usager et entraîner la manifestation de différents comportements tels
o la disponibilité et la qualité du soutien social; que la peur, l’isolement, la colère et la dépression.
o son opinion quant à la cause de sa lésion de pression, au risque de La connaissance et la compréhension du problème de santé par l’usager et sa
complications et à l’efficacité des interventions en cours;
famille ainsi que l’amélioration des indicateurs de la qualité de vie incitent
o les signes de découragement, de dépression.
l’usager à collaborer et à poursuivre son engagement dans le processus de
cicatrisation (respect des rendez‐vous, du plan de soins et de traitements
infirmiers).
Consulter :
Contraintes à la cicatrisation (F2)
Lésion de pression (F8)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression 9
Préciser les ressources personnelles de l’usager et de sa famille
En lien avec sa capacité d’effectuer ses autosoins (ex. : soutien d’un aidant Étant donné que le processus de cicatrisation peut être long, le soutien social est
naturel, etc.). indispensable à l'usager afin qu’il respecte le plan de traitement et évite les
Est‐il suivi en service social? Par une gestionnaire de cas? Un psychologue? récidives.
En lien avec : L’infirmière peut conseiller l’usager sur les moyens d’améliorer son confort. Il
o sa capacité d’effectuer ses autosoins; importe aussi de le soutenir face à ce qu’il vit.
o le risque, la présence ou la récidive d’une lésion de pression.
Consulter l’équipe médicale et les professionnels concernés afin d’obtenir de l’informations complémentaires
Afin d’obtenir de l’informations complémentaires, consulter l’équipe de soins Les modèles de pratique de gestion des maladies chroniques tiennent compte,
infirmiers, la nutritionniste, le physiothérapeute, l’ergothérapeute, le travailleur entre autres, d’une des variables pour améliorer la qualité des soins et la qualité
social, l’auxiliaire familiale, etc. de vie des usagers : une équipe de soignants formée, proactive, qui travaille en
interdisciplinarité et offre les soins appropriés.
Consulter L’interdisciplinarité dans les soins de plaies (F12)
Remplir la collecte de données et l’évaluation de la plaie
Noter les données pertinentes au plan thérapeutique infirmier Utiliser Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
Le niveau de risque (résultat de l’échelle de Braden) et les facteurs de risque en
cause. Inscrire ces données dans les sections appropriées.
Les éléments de surveillance clinique en lien avec le risque de développer une Adapter la fréquence des évaluations à la situation clinique de chaque usager.
lésion de pression :
o les régions corporelles les plus à risque;
o les régions corporelles présentant une perte d’intégrité de la peau (rougeur,
abrasion, déchirure cutanée, zone cyanosée, etc.).
Les éléments en lien avec la présence d’une lésion de pression :
o la localisation et le stade de la lésion;
o la référence au plan de soins et de traitements infirmiers;
o la fréquence des évaluations de la lésion;
o la fréquence des changements de pansements;
o les signes de surveillance clinique.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression 10
Émettre des hypothèses
Une problématique sous‐jacente c’est‐à‐dire :
o lésion de pression avec ou sans atteinte artérielle, ulcère terminal de
Kennedy :
pression, tolérance tissulaire, maladies concomitantes, syndrome
d’immobilisation, etc.),
o neuropathie ou ischémie (ex. : lésion au pied chez un usager diabétique), Consulter le Tableau d’interprétation des résultats à la page suivante.
o veineux, artériel ou mixte (ex. : lésion à la malléole);
Les complications possibles;
Les résultats attendus :
o compte tenu du diagnostic médical, de la ou les causes et du degré
d’apport sanguin à la lésion.
Communiquer avec le médecin traitant
Le type de lésion, sa localisation et ses caractéristiques;
Les résultats des examens et des analyses de laboratoire;
La ou les causes sous‐jacentes;
Les complications actuelles et possibles (ex. : infection);
La nécessité de consulter un autre professionnel de la santé (spécialiste ou
professionnel);
Les résultats attendus, compte tenu du diagnostic médical, des causes et du
degré d’apport sanguin à la lésion.
En présence de signes et de symptômes d’infection indiquant la possibilité d’une
infection locale, systémique, de la propagation de l’infection, d’un abcès, d’une
Consulter le Tableau d’interprétation des résultats à la page suivante.
cellulite ou d’une ostéomyélite :
► Aviser le médecin traitant dans un DÉLAI MAXIMAL DE 24 H.
En présence d’un IPSCB < 0,4 et de signes de maladie artérielle périphérique :
► Aviser le médecin traitant dans UN DÉLAI MAXIMAL DE 24H, car le
risque d’ischémie critique est élevé (orteils pâles, décolorées ou bleuâtres;
pied froid au toucher; pouls tibial; poplités faibles ou absents, gangrène).
En présence de signes d’ischémie critique :
► Aviser le médecin traitant IMMÉDIATEMENT.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression 11
TABLEAU D’INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS D’ÉVALUATION
Lésion de pression ou
Absence de lésion Lésion de pression aux MI
lésion de pression aux MI
(prévention) avec atteinte artérielle
sans atteinte artérielle
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression 12
Complications possibles
Développement d’une lésion de pression Infection locale, propagation de l’infection Infection locale, propagation de l’infection
Douleur croissante Ischémie critique au membre inférieur
Détérioration de la lésion Douleur ↑
Manque de collaboration de l’usager et de la Détérioration de la lésion
famille, anxiété, découragement et frustration Gangrène
Amputation
Manque de collaboration de l’usager et de la
famille et anxiété (douleur, risque d’amputation)
Résultats attendus
Absence de lésion de pression Cicatrisation en milieu humide : pansements selon Cicatrisation conservatrice par assèchement de la
Évaluation régulière du risque : échelle de Braden l’évaluation de la lésion lésion : pansement sec
Soins de la peau et surveillance des régions à Débridement des tissus non viables et contrôle de Pas de débridement, mais contrôle de la charge
risque la charge microbienne (s’il y a lieu) microbienne
Positionnement + protection des talons + surface Soulagement de la douleur (s’il y a lieu) Soulagement de la douleur (s’il y a lieu)
d’appui selon les facteurs de risque Positionnement et protection des talons + surface Positionnement + protection des talons + surface
Collaboration de l’usager et de sa famille d’appui (selon les facteurs de risque) d’appui selon les facteurs de risque
Prévention des complications (infection,
détérioration) Prévention des complications (infection,
Diminution de l’anxiété détérioration, ischémie critique)
Collaboration de l’usager et de sa famille Diminution de l’anxiété
Collaboration de l’usager et de sa famille
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression 13
ATTENTION : si une revascularisation est impossible, le
potentiel de cicatrisation est compromis (apport sanguin
insuffisant au site de la lésion).
À LA SUITE D’UNE CHIRURGIE DE REVASCULARISATION
Quelques jours à quelques semaines après
l’intervention, réévaluer l’apport sanguin au niveau du
membre : le suivi médical post‐revascularisation
comprend habituellement un examen en laboratoire
vasculaire tel que le doppler artériel, pour évaluer le
résultat de l’intervention.
Pouls périphériques
Doppler artériel + IPSCB + pression au
premier orteil, selon le cas
Aviser le médecin traitant des résultats
(apport sanguin suffisant ou insuffisant).
À la suite d’une ordonnance médicale individuelle :
concevoir, selon le cas, un plan de soins et de
traitements infirmiers :
Se référer à la section lésion de pression aux
membres inférieurs sans atteinte artérielle.
Effectuer une surveillance clinique des signes de
maladie artérielle, d’ischémie ou d’infection.
Poursuivre la présente démarche de soins seulement en présence d’une Dans les autres cas de lésions de pression, adopter le plan de soins et de traitements
lésion de pression AVEC un potentiel de cicatrisation en fonction du site et de l’étiologie de la plaie :
(apport sanguin suffisant au niveau de la plaie)
► Appliquer les principes du TIME Démarche clinique 2 : Ulcère des membres inférieurs
Démarche clinique 3 : Ulcère du pied diabétique
1
Membres inférieurs
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression 14
CONCEVOIR LE PLAN DE SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS ET
LE PLAN THÉRAPEUTIQUE INFIRMIER
Buts : traiter la lésion, assurer le confort de l’usager, prévenir les complications et les récidives.
Établir les objectifs prioritaires de soins de l’usager et noter les interventions cliniques sélectionnées dans
le plan de soins et de traitements infirmiers
► Lors de l’hygiène quotidienne
Objectif 3. Maintenir l’intégrité de la peau ► En cas d’incontinence urinaire ou fécale
► En présence d’irritation ou d’excoriation
Objectif 4. Soulager la douleur
Objectif 5. Éliminer ou réduire la pression au niveau des proéminences
osseuses, la friction et le cisaillement
Objectif 6. Accompagner l’usager et sa famille dans le processus de cicatrisation
Objectif 7. Maximiser l’état nutritionnel
Objectif 8. Enseigner les autosoins
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression 15
OBJECTIF 1. TRAITER LES CAUSES SOUS‐JACENTES DE LA LÉSION
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Explorer les facteurs extrinsèques pouvant causer la lésion La précision et le traitement des causes sous‐jacentes sont essentiels au processus
Préciser le ou les agents causals et réaliser les interventions appropriées. de cicatrisation.
Explorer les facteurs intrinsèques pouvant causer la lésion Les facteurs extrinsèques et intrinsèques exigent souvent une intervention
► Aviser le médecin traitant. interdisciplinaire pour réussir à maîtriser les risques de complications qu’ils
représentent.
Noter les causes sous‐jacentes de la lésion
au plan de soins et de traitements infirmiers. Consulter :
Ulcère des membres inférieurs (F6) :
o Ulcère veineux
o Ulcère artériel
o Ulcère mixte
Lésion de pression (F8) :
o Facteurs de risque
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression 16
OBJECTIF 2 : TRAITER LA LÉSION ET PRÉVENIR LES COMPLICATIONS (appliquer les principes du TIME)
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Avant d’instaurer un plan de soins et de traitements, tenir compte des éléments Consulter :
suivants : Le concept TIME dans Préparation du lit de la plaie (F3)
potentiel de cicatrisation de l’usager; Évaluation des membres inférieurs (F5)
plaie curable, de maintenance ou palliative; Ulcère des membres inférieurs (F6)
apport sanguin au niveau de la plaie; Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
atteinte artérielle ou sans atteinte artérielle; Démarche clinique « Traitement local de la plaie » (D4)
désirs, besoins et ressources de l’usager.
Adopter des mesures de prévention des infections (asepsie médicale ou Consulter :
chirurgicale) en lien avec la plaie et l’objectif de soins prioritaire : Préparation du lit de la plaie (F3) :
type de plaie; o Les mesures de prévention des infections
présence ou absence d’infection; o Signes et symptômes d’infection d’une plaie chronique
présence ou absence de facteurs de risque d’infection. o Continuum d’une infection de plaie
L’arbre de décision « La prévention des infections »
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression 17
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Traiter la lésion de pression sans atteinte artérielle selon le processus de Le traitement local d’une lésion de pression vise principalement à (sauf pour une
cicatrisation en milieu humide contrôlé (concept TIME). lésion de pression de stade X au talon) :
débrider les tissus non viables;
ATTENTION : Une lésion de pression avec tissu viable, assurée d’un apport sanguin
adéquat et traitée de façon optimale devrait montrer des signes de cicatrisation diminuer la charge microbienne;
dans un intervalle de 2 à 4 semaines. favoriser la cicatrisation en milieu humide.
Consulter :
Le concept TIME dans Préparation du lit de la plaie (F3)
Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
Démarche clinique « Traitement local de la plaie » (D4)
Nettoyer la lésion à l’aide d’une solution physiologique. La douche est une des façons de débarrasser la lésion des contaminants, mais il faut
prendre soin de bien assécher la peau environnante par la suite. Cependant, certaines
restrictions et conditions s’imposent.
Consulter :
Arbre décision « La prévention des infections »
Démarche clinique « Traitement local de la plaie » (D4)
Surveiller et caractériser les bords de la lésion et la peau environnante Les bords non attachés sont fréquents dans les lésions de pression profondes et
dans les lésions où les forces de cisaillement ont contribué à leur
développement.
En présence de bords roulés, la lésion demeure ouverte jusqu’à ce que cette zone
soit excisée pour redémarrer la cicatrisation.
Débrider les tissus non viables dans le lit de la plaie (s’il y a lieu). La meilleure méthode pour prévenir une infection est le retrait des tissus non
Évaluer la situation clinique. viables.
En présence de tissus non viables/structures profondes :
► Aviser le médecin traitant. Consulter :
Tenir compte des désirs de l’usager, des risques inhérents à la procédure de
Méthodes de débridement dans préparation du lit de la plaie (F3)
débridement incluant la douleur procédurale,
Traitements locaux (F10)
Identifier une méthode et procéder au débridement :
o débridement autolytique,
o débridement mécanique :
consultation en physiothérapie (selon les politiques et procédures de
l’établissement),
o débridement enzymatique,
o débridement chimique/surfactant,
o débridement biologique/enzymatique,
o débridement chirurgical conservateur.
Assurer le suivi postdébridement (éléments de surveillance clinique).
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression 18
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Sélectionner un pansement : Tenir compte des critères de sélection d’un pansement.
o qui garde la plaie en milieu humide,
L’infirmière doit veiller à procurer à l’usager le plus grand confort et la meilleure
o qui est adapté à l’état de la plaie et à la peau environnante,
qualité de vie possible en tenant compte de sa situation.
o qui est adapté aux désirs et à la condition de l’usager;
Adapter la fréquence des changements de pansements à l’évolution de la plaie; Consulter :
Tenir compte du niveau de confort et de douleur de l’usager. Évaluation de la douleur (F4)
Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
Éviter d’utiliser des médicaments, des produits et des pansements contenant des Traitements locaux (F10)
agents allergènes. Démarche clinique « Traitement local de la plaie » (D4)
En présence d’une plaie localisée au siège, à l’ischion ou au trochanter : L’utilisation de barrières cutanées augmente l’adhérence des pansements au
Choisir un pansement qui : siège.
o adhère bien à la peau environnante;
Consulter Traitements locaux (F10)
o est imperméable aux selles et à l’urine;
o présente une forme qui s’adapte à la configuration de la région traitée
(ex. : triangle).
Considérer l’ajout d’une barrière cutanée :
o liquide, sur la peau environnante;
o solide, pour combler le pli interfessier au niveau de la région périanale.
En présence d’incontinence : Le traitement de la cause exige une collaboration médicale et interdisciplinaire.
Déterminer la cause (stress lié à l’hospitalisation, médication, retrait d’une Facteurs de risque liés à la diarrhée : l’âge, la prise d’antibiotiques,
sonde urinaire, etc.); l’alimentation entérale, etc. Le traitement de la diarrhée exige une collaboration
Consulter les membres de la famille afin de connaître les habitudes d’élimination médicale et multidisciplinaire (infirmières, infirmières auxiliaires, préposés aux
antérieures de l’usager; bénéficiaires, nutritionnistes, aidants naturels).
Préciser le type d’incontinence (ex. : d’urgence) et consulter le Programme de
Consulter :
rééducation en vigueur dans l’établissement;
Mettre en place des interventions préventives et curatives : Lésion de pression (F8) :
o traiter la cause de l’humidité (horaire mictionnel / fécal), o Les facteurs de risque intrinsèques influençant la tolérance des tissus
o instaurer une routine de vérification de la culotte d’incontinence, o Interventions préventives et curatives
o nettoyer la peau avec un produit nettoyant ayant un PH neutre
Hygiène périnéale dans Traitements locaux (F10)
minimalement deux fois par jour, puis après chaque incontinence,
o utiliser une barrière cutanée et un hydratant pour la peau,
o appliquer des pansements mousses en prophylaxie au niveau des
proéminences osseuses à risque de lésion de pression (gérer le microclimat)
(NPUAP, EPUAP et PPPIA, 2014),
o observer la peau aux changements de culotte d’incontinence ou aux
changements de position.
Installer une surface d’appui assurant une gestion du microclimat (Gore‐Tex /
MD
faible perte d’air…).
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression 19
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
En présence d’incontinence urinaire :
Le plastique et la peau de mouton augmentent la chaleur et, par conséquent,
Dans le cas d’une lésion localisée au siège, à l’ischion ou au trochanter,
l’humidité. Éviter d’utiliser du matériel plastifié (recouvrement, piqué) ainsi
envisager la possibilité d’installer :
qu’une alèse ou des talonnières en peau de mouton.
o une sonde à demeure;
o un cathéter urinaire externe chez un homme.
► Aviser le médecin traitant afin d’obtenir une ordonnance médicale individuelle.
En présence d’incontinence fécale : Le système clos est une solution différente du tube rectal traditionnel. Le tube
Dans le cas d’une lésion localisée au siège, à l’ischion ou au trochanter, rectal d’un système clos peut demeurer en place pendant 28 jours. Cependant,
envisager la possibilité d’installer : il importe de connaître les indications, les contre‐indications, les modalités
o un sac collecteur fécal; d’installation, les éléments de surveillance clinique et le risque de complications.
o un dispositif pour drainer les selles liquides dans un système clos (ex. : Flexi‐ L’installation d’un système clos nécessite une ordonnance médicale individuelle
SealMD). et un niveau de surveillance accru en raison du risque de lésion de la muqueuse
rectale.
► Aviser le médecin traitant afin d’obtenir une ordonnance médicale individuelle.
En présence d’irritation ou d’excoriation causée par l’incontinence ou l’humidité En présence d'une peau irritée et excoriée, viser un nettoyage en profondeur de la
(dermatite associée à l'incontinence) ou DAI : peau (retrait de la pâte de zinc, par exemple) et l'hygiène quotidienne seulement,
car les nettoyages fréquents augmentent la douleur chez l'usager et peuvent même
Trouver l’agent causal : urine alcaline, selles protéolytiques, infection fongique. aggraver l'excoriation. (L'utilisation d'huile minérale, par exemple, pour le retrait de
Il existe une relation entre le risque de développer une lésion de pression et la la pâte de zinc, s'avère doux et efficace).
dermatite associée à l'incontinence :
► Discutez avec le médecin traitant.
Consulter Traitements locaux (F10) :
o Hygiène périnéale
Nettoyer la peau avec un nettoyant périnéal, appliquer une crème barrière, une
o Barrières cutanées
médication topique antifongique ou des produits visant le soulagement de la
douleur locale, etc. Si ces mesures sont inefficaces :
► Aviser le médecin traitant.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression 20
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Objectif de soins : Traiter l'infection locale ou la propagation de l’infection : Consulter :
Préparation du lit de la plaie (F3)
• Abcès
Lésion de pression (F8)
• Cellulite
Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
• Ostéomyélite
Traitements locaux (F10)
• Bactériémie Démarche clinique « Traitement local de la plaie » (D4)
• Septicémie
1. Désinfecter la plaie à l’aide d’un antiseptique. Irrigation à haute ou à basse pression
Adopter une méthode d’asepsie chirurgicale lors des changements de pansements. Consulter l'arbre de décision « La prévention des infections »
2. Débrider les tissus non viables dans le lit de la plaie (s’il y a lieu). Principaux objectifs du traitement local d'une lésion de pression infectée :
Si apport sanguin insuffisant, ne pas débrider et discuter de la situation clinique • débrider les tissus non viables;
avec le médecin traitant.
• débrider les biofilms suspectés;
Débridement autolytique • traiter l’infection locale ou la propagation de l’infection (assurer le contrôle de la
charge bactérienne).
Débridement enzymatique
Débridement chimique La meilleure méthode pour prévenir une infection de plaie demeure le retrait des
Débridement biologique tissus non viables.
Débridement mécanique :
► consultation en physiothérapie selon les politiques et procédures de Le débridement des tissus non viables superficiels se réalise par débridement
l’établissement (l’interdisciplinarité dans les soins de plaies (F12) mécanique ou chirurgical conservateur. En présence de tissus non viables plus
Débridement chirurgical conservateur profonds, un débridement chirurgical au bloc opératoire s’impose.
Débridement chirurgical en salle d’opération : Consulter :
► par un chirurgien Contraintes à la cicatrisation (F2)
Les méthodes de débridement dans Préparation du lit de la plaie (F3)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression 21
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
3. Procéder à une culture de plaie. ATTENTION : avant une culture de plaie, un nettoyage avec une solution saline
s’impose (sans antiseptique).
Habituellement, en présence d'infection locale ou de propagation de l’infection,
la quantité d’exsudat est souvent augmentée.
4. Considérer la nécessité d’utiliser un antiseptique ou un agent antimicrobien. ATTENTION :
Éviter l’utilisation d’antibiotiques topiques.
► Aviser le médecin traitant, car une antibiothérapie systémique s’impose dans
la plupart des cas. Éviter l’utilisation conjointe d’un antiseptique et d’un antimicrobien.
Un traitement antimicrobien topique peut être complémentaire aux traitements Le traitement de la propagation d’une infection ou d’une infection systémique est
antibiotiques systémiques. d’ordre médical.
Consulter Traitements locaux (F10)
► Consulter le médecin traitant
Adapter la fréquence des changements de pansements à l’évolution de la lésion de
pression.
En présence d’une lésion de pression de stade 3 ou 4 qui ne cicatrise pas, Considérer certains traitements adjuvants lorsqu’une lésion de pression de stade 3 ou
considérer certains traitements adjuvants : 4 ne cicatrise pas malgré les traitements conventionnels ou chez un usager qui ne peut
bénéficier d’une approche chirurgicale.
la stimulation électrique;
les rayons ultraviolets;
Consulter Traitements adjuvants (F11)
la thérapie par pression négative (TPN);
l’ajout de facteurs de croissance, etc.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression 22
OBJECTIF 3 : MAINTENIR L’INTÉGRITÉ DE LA PEAU
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Lors de l’hygiène quotidienne Les soins d’hygiène visent à enlever les souillures et les contaminants divers qui
fragilisent la peau.
Adapter l’horaire du bain ou de la douche aux besoins de l’usager.
Réduire la fréquence des bains chez : Consulter Traitements locaux (F10) :
o la personne âgée; o Les produits nettoyants
o l’usager ayant une sécheresse de la peau; o L’hygiène corporelle
o l’usager ayant une peau sensible. o Hygiène périnéale
Opter pour un savon au pH neutre ou une solution nettoyante sans savon pour
le corps.
Bien assécher la peau et les plis cutanés.
Hydrater la peau en appliquant une crème hydratante non parfumée, sans
frotter. Éviter d’en appliquer entre les orteils chez la clientèle diabétique.
ATTENTION : Ne pas masser une proéminence osseuse en présence d’une
rougeur.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression 23
OBJECTIF 4 : SOULAGER LA DOULEUR
Interventions Outils cliniques et informations complémentaire
Soulager la douleur (s’il y a lieu) En présence d’une douleur associée au débridement chirurgical : consulter
Traitements pharmacologiques topiques dans Évaluation de la douleur (F4).
Soulager la douleur en prenant en considération les caractéristiques suivantes : Le soulagement de la douleur est essentiel à la collaboration de l’usager et
Type; contribue à augmenter sa qualité de vie. La méthode de soulagement
Durée; sélectionnée doit être inscrite au plan de soins et de traitements infirmiers.
Localisation; Les lésions de pression peuvent causer de la douleur, de l’inconfort et même la
Facteurs précipitants; mort. Cependant, l’étiologie de la douleur demeure inconnue. La douleur au
Intensité associée aux soins et traitements de l’ulcère : niveau d’une lésion de pression est reliée non seulement au stade, mais peut
aussi être reliée aux changements de pansements.
o privilégier le débridement chirurgical conservateur,
o privilégier une coanalgésie (topique et systémique),
Szors et Bourguignon (1999), repris par Upton, D. (2015), affirment que la douleur au
o lors des changements de pansements : offrir d’abord un analgésique, puis
niveau d’une lésion de pression est reliée non seulement au stade, mais aussi aux
humecter le pansement en place avant son retrait (à domicile, prendre une
changements de pansements (Baranoski, S. et E. Ayello, 2003).
douche), sélectionner un pansement qui n’adhère pas au lit de la plaie et à la
peau environnante;
Consulter :
Tenir compte du Protocole de soulagement de la douleur en vigueur dans Évaluation de la douleur (F4) :
l’établissement : o Soulagement de la douleur
o offrir des moyens de soulagement de la douleur ou de l’inconfort, o Traitements pharmacologiques topiques
o si la douleur est non soulagée : o Douleur associée à une lésion de pression
► Aviser le médecin traitant.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression 24
OBJECTIF 5 : LIMINER OU RÉDUIRE LA PRESSION AU NIVEAU DES PROÉMINENCES OSSEUSES, LA FRICTION ET LE CISAILLEMENT
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Les usagers présentant des facteurs de risque ne doivent jamais être sur un
matelas standard.
Échelle de Braden : entre 10 et 18 points
ATTENTION : L’utilisation d’une surface d’appui ne remplace pas les changements de
En tout temps, en présence d’un usager avec une lésion de pression, éviter les position.
positions causant une pression sur le site de la lésion. Les talons sont plus vulnérables à l’apparition de lésions, car la pression y est
concentrée sur une petite surface. De plus, plusieurs usagers présentent des
Usager alité : facteurs de risque intrinsèques (maladie vasculaire artérielle périphérique, âge
Alterner les positions aux 2 heures. avancé, diabète, immobilité, perte de sensation protectrice).
Installer une surface d’appui active ou réactive (lit et fauteuil), adaptée aux L’élévation de la tête de lit et pied de lit à plus de 30 degrés favorise le
besoins de l’usager et lui permettant d’être transféré de façon sécuritaire du lit cisaillement et la friction et augmente la pression aux ischions.
au fauteuil.
Mobiliser l’usager à l’aide d’une alèse glissante. Consulter Lésion de pression (F8) :
o Outil d’évaluation du risque de développement d’une lésion de pression :
Éviter la superposition de literies.
Échelle de Braden
Protéger les talons en tout temps : libérer les talons de la pression, de friction et o Interventions préventives et curatives
du cisaillement en plaçant un oreiller dans le sens de la longueur, sous les o Surfaces d’appui
mollets jusqu’à l’articulation des genoux ou en utilisant un dispositif de o La sélection d’une surface d’appui
dégagement des talons.
Encourager l’usager à se mouvoir dans le lit, tout en évitant de s’appuyer sur sa
lésion.
Maintenir l’élévation de la tête du lit et le pied du lit à 30 degrés ou moins :
o Si cette mesure est contre‐indiquée par l’état de l’usager, limiter l’élévation à
la période des repas et à une durée de 30 minutes.
Tourner l’usager sur le côté pour installer ou enlever la bassine au lit.
Évaluer régulièrement l’effet d’écrasement et le risque de piégeage de la surface
d’appui.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression 25
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
En position ventrale La position ventrale peut être suggérée à certains usagers suite à l’évaluation de
Placer un coussin sous l’abdomen. leur situation clinique (absence de problèmes respiratoires). Elle vise à soulager
la pression à la région coccygienne et aux talons.
Au fauteuil
Choisir un fauteuil à bascule, à dossier haut et muni d’accoudoirs. Une surface d’appui doit être installée au fauteuil si elle est présente au lit.
S’assurer que l’ensemble de la surface corporelle bénéficie de suffisamment La position assise est celle qui impose la plus grande pression sur les ischions
d’appui pour répartir le poids : (concentrée sur deux petites zones).
o dos bien appuyé; Les cuisses de l’usager doivent former un angle droit avec les jambes et les
o pieds au sol ou sur un appui; hanches. Lorsque les genoux sont plus hauts que les hanches, la pression aux
o bras sur les appuie‐bras. ischions augmente.
Lorsque les jambes sont surélevées sur un repose‐pied, incliner le dossier vers La surélévation des jambes sur un repose‐pied associée à une position au
l’arrière de façon à former un angle d’environ 130 degrés. fauteuil à 90 degrés augmente la pression aux ischions.
Évaluer régulièrement l’effet d’écrasement du coussin.
En fauteuil roulant
S’assurer que le fauteuil roulant est adapté à la morphologie de l’usager. Au Un changement de position au fauteuil roulant peut aussi inclure :
besoin, consulter l’ergothérapeute. o se lever, puis s’asseoir de nouveau;
S’assurer que l’usager exerce des soulèvements (push‐up) aux 15 minutes ou o surélever les jambes;
qu’il effectue des mouvements de balancement du tronc de l’avant vers o pencher la tête d’un côté, puis de l’autre.
l’arrière ou d’un côté vers l’autre.
Sinon, repositionner l’usager toutes les heures. Lors de l’utilisation d’un lève‐
personne, enlever les sangles et les supports de transfert.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression 26
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
En salle d’opération Les principaux facteurs de risque de développer une lésion de pression pendant
Privilégier une surface assurant une réduction de la pression lorsque (NPUAP, une intervention chirurgicale sont : l’âge, la comorbidité (diabète, HTA, maladie
EPUAP et PPPIA, 2014) : respiratoire, maladie vasculaire), la diminution de l’état nutritionnel et du taux
o l’usager présente plusieurs facteurs de risque intrinsèques; d’hémoglobine et un résultat à l’échelle de Braden ≤ 18 points.
o les résultats de l’échelle de Braden sont ≤ 18 points;
o une chirurgie cardiaque, vasculaire, orthopédique ou neurologique est en Les soignants doivent utiliser une technique éprouvée et des appareils
cause et sa durée est de 3 heures ou plus. permettant des transferts sécuritaires et sans traumatisme.
► Aviser le personnel de la salle d’opération avant l’opération.
Bien positionner l’usager et le surélever lors des changements de position. Une peau mouillée a tendance à adhérer aux draps et augmente le risque d’une
Surveiller la présence de corps étrangers (matériel de soins, instruments, etc.) altération de la peau alors due à la macération. Dans certaines situations, une
sous l’usager. brûlure d’origine chimique peut survenir, causée par la présence d’antiseptiques
Prévenir l’humidité causée par les antiseptiques utilisés lors de la préparation de sur la peau pendant une période prolongée.
la peau en période préopératoire et par l’écoulement de liquides biologiques
pendant l’intervention chirurgicale.
Évaluer et respecter les besoins de l’usager L’ergothérapeute peut recommander des techniques de positionnement et des
aides techniques permettant d’obtenir des postures fonctionnelles, qui
Consulter l’ergothérapeute (fauteuil roulant, techniques de positionnement, soulagent ou réduisent la pression aux points d’appui. Après l’évaluation des
techniques de transfert, coussin thérapeutique, etc.). besoins de l’usager, il ou elle formule un plan personnalisé d’interventions.
Un horaire de positionnement précise la rotation des différentes positions, la
Instaurer un horaire personnalisé de positionnement. fréquence de rotation et les besoins particuliers de l’usager. Il permet de
Tenir compte des besoins et des limites de l’usager. personnaliser les interventions, d’optimiser l’utilisation et la répartition égale de
Lors des changements de position : toutes les positions possibles, tout en tenant compte des heures de repas et de
o si possible, surélever l’usager; repos.
o utiliser des dispositifs de soulèvement (trapèze, planche de transfert, etc.) et Pour un exemple d’horaire de positionnement,
des techniques de transfert adéquates afin d’éviter la friction : consulter Lésion de pression (F8).
► Consulter l’ergothérapeute; L’ergothérapeute évalue les besoins de l’usager et propose des techniques et
des appareils de transfert adaptés à ses besoins.
o surveiller la présence de corps étranger dans le lit (capuchon d’aiguilles,
nourriture, etc.).
Consulter L’interdisciplinarité dans les soins de plaies (F12)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression 27
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Chez les usagers ayant des mouvements involontaires : L’application d’une pellicule transparente protège de la friction et du cisaillement.
Protéger le sacrum, les talons et les coudes par l’application d’une pellicule
transparente.
Si des mesures de contentions physiques sont nécessaires :
les installer de façon sécuritaire;
augmenter la surveillance de la peau sous les contentions aux 8 heures.
Instaurer un programme adapté de mobilisations et d’activités Un programme de mobilisations et d’activités a pour but d’aider l’usager à
(exercices actifs et passifs des membres supérieurs et inférieurs). maintenir une grande autonomie de mouvement ou à augmenter son degré
d’autonomie. Il permet de réduire les effets nocifs de la pression, de garder ou
► Consulter la physiothérapeute. d’améliorer le tonus musculaire et d’activer la circulation.
o La physiothérapeute peut rédiger un programme personnalisé où la
fréquence des mobilisations et des activités ainsi que leurs particularités
sont établies en fonction des besoins de l’usager.
Chez les usagers mobiles : Les chaussures serrées provoquent des points d’hyperpression et prédisposent
éviter le port de chaussures trop serrées. au développement de lésion de pression.
Une surface d’appui doit être installée au fauteuil si elle est présente au lit.
Échelle de Braden : ≤ 9 points ATTENTION : L’utilisation d’une surface d’appui ne remplace pas les
changements de position.
En tout temps, en présence d’un usager avec une lésion de pression, éviter les
positions causant une pression sur le site de la lésion. L’ergothérapeute peut recommander des techniques de positionnement et des
aides techniques afin d’obtenir des postures fonctionnelles permettant de
Instaurer des mesures de réduction de la pression soulager ou réduire la pression aux points d’appui. Après l’évaluation des
Mesures de soulagements identiques à celles mises en place pour les usagers dont besoins de l’usager, il ou elle formule un plan personnalisé d’interventions.
le score de l’échelle de Braden est entre 10 et 18 points, auxquelles on ajoute les
mesures suivantes : Consulter :
augmenter la fréquence des changements de position; Lésion de pression (F8) :
ajouter de courtes rotations de positions; o Outil d’évaluation du risque de développement d’une lésion de pression :
Échelle de Braden
installer une surface d’appui permettant de réduire la pression :
o Interventions préventives et curatives
o choisir une surface d’appui en lien avec les facteurs de risque établis; o Surfaces d’appui
o La sélection d’une surface d’appui
Évaluer les besoins de l’usager (fauteuil roulant, techniques de positionnement, L’interdisciplinarité dans les soins de plaies (F12)
techniques de transfert, coussin thérapeutique, etc.) :
► Consulter l’ergothérapeute
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression 28
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Lésion de pression en fin de vie (soins palliatifs)
Instaurer des mesures de soulagement de la pression La douleur (ex. : celle causée par des métastases osseuses) peut empêcher
Mesures de soulagement identiques à celles mises en place pour les usagers dont le l’usager de se mouvoir.
score de l’échelle de Braden est entre 10 et 18 points, auxquelles on ajoute les
L’enseignement à l'usager et à sa famille est un élément essentiel du plan de
mesures suivantes :
soins et de traitements infirmiers afin de prévenir le développement de
Choisir une surface d’appui qui : nouvelles lésions de pression et l’observance du Plan de traitement.
o diminue la douleur lors des changements de position et favorise surtout le
confort.
Enseigner à l'usager et à sa famille l’importance de :
o respecter l’horaire de positionnement;
o ne pas s’appuyer sur sa lésion lors des changements de position.
Les changements de la peau en fin de vie et l'ulcère terminal de Kennedy Une évaluation globale de la peau chez les usagers en fin de vie doit être faite
régulièrement et les interventions qui en découlent doivent tenir compte de la
Instaurer des mesures de soulagement de la pression condition et des besoins (désirs) de l'usager. C'est malheureusement à ce
Mesures de soulagement identiques à celles mises en place pour les usagers en moment que l’apparition d’un type de lésion de pression appelé « ulcère terminal
soins palliatifs. de Kennedy » est observée. Ce type de lésion fait partie en quelques sortes des
lésions de pression dites « inévitables » en fin de vie. On les considère comme un
Déterminer l'objectif de soin en fonction des 5 P : sous‐groupe des lésions de pression.
1. Prévention (interventions préventives);
2. Prescription (traitement local favorisant une cicatrisation); Les changements physiologiques apparaissant dans un processus de défaillance
3. Préservation (traitement local de maintenance : plaie de maintenance); des organes (fin de vie) peuvent affecter la peau et les tissus mous et se
4. Palliation (traitement local visant le confort de l'usager); manifeste par des changements observables dans la couleur de la peau, son
5. Préférences (tenir compte des désirs de l'usager). intégrité et de la douleur subjectivée par l'usager.
Informer l'usager et sa famille (ainsi que tous les intervenants professionnels) du Ces changements peuvent être inévitables même avec l'application
plan de soins. d'interventions rencontrant tous les standards de qualité (malgré des soins
optimaux). (Sibbald et al., 2009).
Consulter Lésion de pression (F8) :
o Constats (10 constats reliés aux changements physiologiques de la peau en
fin de vie) dans Lésion de pression
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression 29
OBJECTIF 6 : MAXIMISER L’ÉTAT NUTRITIONNEL
En présence d’indicateurs de dénutrition ou d’un risque de dénutrition : Selon le National Pressure Ulcer Advisory Panel (NPUAP), l’European Pressure Ulcer
Perte de poids > 5 % au cours du dernier mois Advisory Panel (EPUAP) et la Pan Pacific Pressure Injury Alliance (PPPIA) (2014), la
Perte de poids > 10 % au cours des 6 derniers mois dénutrition se définit par la présence de plus de deux des caractéristiques suivante :
Indice de masse corporelle (IMC) < 18,5 apport insuffisant;
Signes de dénutrition ou de déshydratation perte de poids involontaire;
Mesures anthropométriques perte de masse musculaire;
Outils de dépistage de la dénutrition perte de gras sous‐cutanée;
Obésité accumulation localisée ou généralisée de fluide.
► Aviser le médecin traitant et la nutritionniste.
► Aviser le médecin traitant et la nutritionniste. La nutrition joue un rôle déterminant dans le maintien de l’intégrité des téguments,
la prévention des lésions de pression ou leur détérioration.
La gestion d’un soutien alimentaire relève des compétences de la nutritionniste et
doit respecter quatre règles d’intervention :
o déterminer l’apport nutritionnel;
o assurer un apport nutritionnel adéquat;
o amorcer la consommation de nutriments additionnels et de suppléments;
o déterminer les carences en vitamines, minéraux et oligoéléments et les
combler.
Consulter L’interdisciplinarité dans les soins de plaies (F12)
Évaluer les facteurs les plus courants susceptibles de nuire à un apport Une plaie qui stagne, ou se détériore, peut être un indicateur de différents déficits
alimentaire adéquat : nutritionnels.
Diminution de l’appétit; S’assurer d’un suivi par la nutritionniste.
Restriction diététique thérapeutique;
Incapacité d’acheter ou de préparer des aliments;
Perte de dents ou mauvais ajustement des dentiers; Consulter Contraintes à la cicatrisation (F2) :
Incapacité à se nourrir de façon autonome; Carences nutritionnelles et incidences sur la cicatrisation
Intolérance à la nourriture (ex. : induite par la chimiothérapie); Facteurs les plus courants susceptibles d’influencer un apport alimentaire
Altération des capacités d’ingestion, de digestion, d’absorption, ou du adéquat
métabolisme :
o changements dans la variété d’aliments ingérés,
o nausée, vomissement, anorexie ou diarrhée,
o revenu limité,
o isolation sociale.
Autres : vieillissement, allergies ou intolérances alimentaires, tableau
infectieux, désordre électrolytique, intervention chirurgicale, hospitalisation,
hébergement.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression 30
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Encourager l’usager à avoir un apport nutritionnel et hydrique adéquat en tenant L’usager avec une plaie chronique doit avoir une diète riche en protéines et en
compte de : calories afin de favoriser la cicatrisation, maintenir ses défenses immunitaires et
ses problèmes de santé (diète, intolérances, allergies alimentaires); diminuer le risque d’infection.
ses attentes;
Des carences en glucides, en protéines, en gras, en vitamines ou en oligo‐
ses habitudes alimentaires et ses goûts;
éléments peuvent retarder la cicatrisation.
ses croyances religieuses et son origine ethnique;
son âge et son état de santé; Consulter :
ses revenus et ressources. Rôle de la nutrition dans la prévention et le traitement des plaies dans
► Consulter la nutritionniste. Contraintes à la cicatrisation (F2)
L’interdisciplinarité dans les soins de plaies (F12)
En présence d’une lésion de pression produisant un exsudat abondant
Surveiller l’apparition de carences en glucides, en protéines, en gras, en
vitamines ou en oligo‐éléments.
Encourager l’hydratation.
En présence d’un arrêt du processus de cicatrisation ou d’une détérioration de la
lésion
► Consulter la nutritionniste.
► Communiquer avec le médecin traitant
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression 31
OBJECTIF 7 : ACCOMPAGNER L’USAGER ET SA FAMILLE DANS LE PROCESSUS DE CICATRISATION
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Favoriser l’expression des sentiments, frustrations et craintes de l’usager face à Les principaux indicateurs de malaises associés à une lésion de pression chronique
la présence d'une lésion et aux conséquences. sont :
o la lenteur de la cicatrisation;
Privilégier une relation d’accompagnement. o le risque de récidives;
Faire participer l’usager et sa famille à l’élaboration du plan de soins et de o les douleurs chroniques;
traitements infirmiers. o la modification de l’image corporelle;
o la perte de mobilité temporaire.
Insister sur le fait que l’alternance des positions fait partie du traitement et
préviendra ultérieurement une récidive.
Interventions susceptibles d’aider l’usager :
o l’écouter;
o l’aider à exprimer ses craintes;
o lui donner une information exacte;
o le renseigner sur les ressources disponibles dans sa communauté;
o au besoin, le diriger vers d’autres professionnels de la santé.
Un soutien particulier doit être apporté à l'usager :
o blessé médullaire, aux prises avec une récidive de lésion de pression;
o en phase terminale.
Élaborer un programme de soutien et d’accompagnement en consultant les Pour obtenir des soins optimaux, il est recommandé de mettre en place une équipe
membres de l’équipe des soins infirmiers et l’équipe interdisciplinaire interdisciplinaire afin d’assurer la prise en charge de l’état de santé global de
concernés : l’usager.
L’usager et sa famille doivent être au cœur de l’équipe interdisciplinaire et les
infirmière, infirmière auxiliaire, préposé aux bénéficiaires; particularités de la situation clinique déterminent qui en fera partie.
auxiliaire familiale;
physiothérapeute;
ergothérapeute; Consulter L’interdisciplinarité dans les soins de plaies (F12)
nutritionniste;
travail social.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression 32
OBJECTIF 8 : ENSEIGNER LES AUTOSOINS ET PRÉVENIR LE DÉVELOPPEMENT D'UNE LÉSION DE PRESSION
Enseigner à l'usager et à sa famille les autosoins reliés au traitement de la lésion
et à la prévention des récidives.
Remettre à l’usager et à sa famille une brochure d’enseignement et répondre Le Plan d’enseignement vise à aider l’usager et sa famille à :
à leurs questions. o acquérir les connaissances et compétences qui lui permettront d’atteindre les
Encourager la collaboration de l’usager et de sa famille. objectifs du plan de soins et de traitements infirmiers;
Dispenser un enseignement individuel basé sur les capacités d’apprentissage o accroître son autonomie en regard de la prévention et des soins de lésion de
de l’usager (physiques, psychologiques, intellectuelles, socioculturelles et pression;
économiques). o faire des choix éclairés.
o Éléments d’enseignement :
causes et facteurs de risque intrinsèques et extrinsèques de Afin d’assurer des soins optimaux visant une cicatrisation de la lésion, il est essentiel
développer une lésion de pression; d’effectuer une surveillance clinique hebdomadaire afin d’évaluer :
soins, traitements en cours et éléments de surveillance clinique
o l’évolution de la lésion;
(horaire de positionnement, complications, risques de complication,
zones à risque); o l’observance du plan de soins et de traitements infirmiers.
surfaces d’appui;
soins de la peau : hygiène quotidienne en cas d’incontinence; Consulter la brochure d’enseignement « Risquez‐vous de développer une lésion de
médication; pression? »
saines habitudes de vie : cessation du tabagisme, alimentation,
contrôle du poids, programme personnalisé d’exercices et de
mobilisations;
moyens de soulagement de la douleur;
ressources communautaires.
Aviser le médecin traitant du plan de soins et de traitements infirmiers
Objectifs de soins priorisés
Interventions cliniques prévues (soins et traitements)
Consultations professionnelles demandées ou en cours
Consultations suggérées auprès d’un médecin spécialiste (s’il y a lieu)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression 33
À TITRE INDICATIF
Suggestions de consultations auprès d’un médecin spécialiste Outils cliniques et informations complémentaires
En présence de signes de maladie artérielle associée à une lésion de pression aux Une demande consultation médicale en vue d’une évaluation vasculaire doit
membres inférieurs : être remplie par le médecin traitant.
nécessitant une investigation vasculaire approfondie en prévision d’une
revascularisation ou d’une angioplastie percutanée;
nécessitant de vérifier si l’usager est apte à subir une chirurgie vasculaire;
► Référer l’usager en médecine ou chirurgie.
Dès l’observation de signes ou symptômes d’infection ►propagation de En cas de signes ou symptômes d’infection, l’usager doit consulter
l’infection, cellulite, abcès, ostéomyélite ou infection systémique : immédiatement son médecin traitant ou se rendre à une urgence (clinique
privée ou centre hospitalier). Le médecin traitant communiquera avec un
► Référer IMMÉDIATEMENT l’usager à son médecin traitant.
médecin spécialiste pour une consultation.
Consulter Signes et symptômes d’infection d’une plaie chronique dans
Préparation du lit de la plaie (F3)
En présence d’une déformation au pied : Une demande de consultation médicale en orthopédie doit être remplie par le
nécessitant une chirurgie correctrice afin de diminuer les points de médecin traitant.
pression (ex. : déformation secondaire causée par l’arthrite ou la neuropathie).
En présence d’une lésion à un membre inférieur :
nécessitant un débridement extensif urgent des tissus dévitalisés en salle
d’opération (propagation de l’infection, infection systémique, gangrène
humide, risque d’amputation).
► Référer l’usager en chirurgie.
En présence d’une lésion de pression profonde ou de grande taille : Une demande de consultation médicale doit être remplie par le médecin traitant.
nécessitant un débridement extensif au chevet ou en salle d’opération;
nécessitant une greffe cutanée ou musculocutanée (après l’évaluation de la
situation clinique par le médecin traitant).
En présence d’une paraplégie ou d’une quadriplégie :
déjà connue et suivie par l’équipe de plastie;
manifestant une récidive de lésion de pression.
► Référer l’usager en chirurgie ou en plastie.
En présence d’une lésion qui ne guérit pas malgré un plan de soins et de Une demande de consultation médicale doit être remplie par le médecin traitant.
traitements optimal;
En présence d’une lésion qui présente des caractéristiques inhabituelles :
► Référer l’usager auprès d’un spécialiste (dermatologie, médecine, plastie,
etc.).
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression 34
Mettre en œuvre le plan de soins et de traitements infirmiers et y noter toutes les interventions réalisées
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Consigner au dossier tous les documents relatifs aux soins et aux traitements de la Consulter toutes les sections du Plan standardisé afin de bien documenter les
lésion de pression de pression de l’usager. données et les interventions de soins.
► Plan thérapeutique infirmier La documentation des soins infirmiers fait partie intégrante de certains éléments
► Plan de soins et de traitements infirmiers d’exercice énoncés dans le document Perspectives de l’exercice de la profession
► Notes d’évolution rédigées par l’infirmière d’infirmière émise (Durand, Leprohon et Roy, 2014a, 2014b; Durand, 2016).
Inscrire les données en lien avec les aspects suivants : Elle remplit également une obligation déontologique, puisque le Code de
la collecte des données d’évaluation initiale et en cours d’évolution : déontologie des infirmières et infirmiers est explicite en ce qui concerne
o les facteurs de risque (ex. : Échelle de Braden) en lien avec la pression et la l’inscription des informations au dossier de l’usager et la continuité de soins.
résistance des tissus,
o le type de surface d’appui, De plus, le suivi clinique de l’usager fait l’objet d’une norme, le plan
o les soins reliés à l’hygiène de la peau et à l’incontinence, thérapeutique infirmier, qui rend son inscription au dossier obligatoire.
o les antécédents de lésions de pression,
o l’état nutritionnel (carences, besoins) et l’hydratation,
o l’état de la peau,
o le degré d’atteinte vasculaire (en présence d’une lésion aux MI : IPSCB, pouls Consulter :
périphériques), Contraintes à la cicatrisation (F2)
o la douleur, les méthodes visant à la soulager l’inconfort, Évaluation de la douleur (F4)
o l’incidence de la lésion sur les AVQ et AVD; Évaluation des membres inférieurs (F5)
type de lésion; Lésion de pression (F8)
caractéristiques de la lésion et de la peau environnante (selon la classification du Démarche clinique « Traitement local de la plaie » (D4)
NPUAP);
Plan de soins et de traitements infirmiers en cours;
références à une ordonnance collective ou à un protocole de soins, le cas
échéant;
éléments de surveillance clinique, la fréquence des évaluations et les situations
où le médecin doit être avisé (ex. : douleur, infection);
résultats des épreuves diagnostiques (ex. : IPSCB, pouls périphériques, culture de
plaie, etc.);
consultations médicales et professionnelles;
éléments d’enseignement à l'usager et à sa famille déjà fournis, en cours et à
compléter ou à renforcer;
observance de l’usager :
o alternance des positions sans appui sur sa lésion;
résultats obtenus.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression 35
ASSURER LE SUIVI ET LA CONTINUITÉ DES SOINS
Recueillir les données évolutives, réévaluer les résultats et réviser le plan de soins et traitements infirmiers régulièrement
Pendant l’ensemble de l’épisode de soins, exercer une surveillance clinique continue.
Déceler rapidement l’aggravation des signes cliniques associés à la pression, à la friction, au cisaillement ou à l’humidité.
Déceler rapidement une lésion de pression ou une complication de la lésion existante (ex. : infection, stagnation ou détérioration).
Évaluer les résultats escomptés.
Réviser le plan de soins et de traitements infirmiers (au besoin).
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Surveiller l’évolution des facteurs de risque, de la lésion et de la situation clinique Documenter la lésion à l’aide de l’outil « Collecte de données et évaluation de
de l’usager la plaie » dans le fascicule du même nom (F9).
Lors de chaque changement de pansement : Consulter :
noter, en présence d’une lésion infectée, les signes d’amélioration, d’arrêt du La peau dans Processus de cicatrisation (F1)
processus de cicatrisation ou la détérioration de la lésion; Contraintes à la cicatrisation (F2)
évaluer et mesurer la douleur à l’aide d’une échelle reconnue par Préparation du lit de la plaie (F3) :
l’établissement; o Signes et symptômes d’infection d’une plaie chronique
apprécier le degré d’observance du plan de traitement (ex. : respect de l’horaire o Définitions des termes utilisés dans le continuum de l’infection
de positionnement); Évaluation de la douleur (F4)
noter l’adhérence du pansement (lésion au siège); Lésion de pression (F8)
réaliser l’inspection quotidienne de la peau et noter : Démarche clinique « Traitement local de la plaie » (D4)
o l’apparition de pâleur, d’érythème,
o l’apparition de phlyctène, d’abrasion, brûlures, zones violacées et
induration.
1 fois par semaine : L’évaluation des caractéristiques d’une lésion est une activité infirmière qui
exige une habileté clinique particulière, acquise par l’observation minutieuse
évaluer (échelle de Braden) le risque de développer une lésion de pression,
des aspects de la lésion, et un jugement clinique qui s’appuie sur des
selon l’évolution de l’état de santé de l’usager et le milieu de soins;
connaissances à jour et des résultats probants dans le domaine des plaies.
évaluer les caractéristiques de la lésion et de la peau environnante; noter les
résultats du traitement en cours : Puisque la cicatrisation est un processus dynamique qui modifie constamment
o diminution (ou non) de la dimension de la lésion, l’aspect clinique de la lésion, une évaluation rigoureuse et régulière de celle‐ci
o diminution ou absence (ou apparition) de tissue non viable, permet à l’infirmière de constater son évolution et de modifier, au besoin, le
o peau environnante exempte (ou non) de macération et de lésions satellites; plan de soins et de traitements infirmiers.
observer les soins de peau et ceux associés à l’incontinence (s’il y a lieu); Consulter :
vérifier si la surface d’appui et les moyens de protection des talons répondent aux Préparation du lit de la plaie (F3)
besoins de la situation clinique et si l’usager évite de s’appuyer sur sa lésion; Lésion de pression (F8)
vérifier si l’usager collabore au programme d’exercices et de mobilisations; Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
vérifier l’apparition de nouveaux facteurs de risque intrinsèques et
extrinsèques.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression 36
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Après 3 mois L’infirmière doit exercer son jugement clinique pour établir, selon
Si la lésion est toujours présente : l’évolution de la situation particulière de l’usager, la surveillance clinique et
réévaluer la situation clinique avec l’aide des membres de l’équipe interdisciplinaire la fréquence nécessaires de cette surveillance.
(échelle de Braden, état nutritionnel, etc.);
considérer l’utilisation de traitements adjuvants; Consulter :
Contraintes à la cicatrisation (F2)
considérer la nécessité d’une consultation auprès d’un médecin spécialiste (ex. :
Traitements adjuvants (F11)
dermatologie, chirurgie plastique ou autre).
Lors des visites de suivi
Une fois la lésion guérie, pour la clientèle à risque (aux prises avec des problèmes
Assurer le suivi prévu au programme de suivi de l’établissement.
neurologiques, alitée ou en fauteuil roulant) :
Noter :
Consulter :
o toute récidive de la lésion de pression; Évaluation de la douleur (F4)
o les facteurs de risque intrinsèques et extrinsèques (échelle de Braden); Facteur de risque dans Lésion de pression (F8)
o l’utilisation de la surface et du coussin d’appui;
Outils d’évaluation du risque de développement d’une lésion de
o le respect de l’horaire de positionnement;
pression : échelle de Braden dans Lésion de pression (F8)
o le respect des mesures en cours, relatives à la protection des talons, aux soins
de la peau et à ceux associés à l’incontinence; La sélection d’une surface d’appui dans Lésion de pression (F8)
o la réalisation du programme de mobilisations et d’activités en cours; Les dermatites liées à l’incontinence dans Traitements locaux (F10)
o l’évaluation des membres inférieurs;
o la présence de douleur;
o les habitudes de vie.
Tous les ans
Faire le dépistage et les interventions préventives auprès de la clientèle à risque en
milieu hospitalier et en milieu communautaire.
Réviser les autosoins.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression 37
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Consulter les intervenants concernés
Le plan de soins et de traitements infirmiers a également pour but de favoriser
Évaluer si l’usager collabore aux plans d’intervention nutritionnelle,
la participation de l’usager à ses soins.
d’exercices musculaires et de réadaptation (selon le cas).
o L’équipe de soins infirmiers Le médecin traitant et les intervenants concernés doivent être consultés
o L’équipe interdisciplinaire : ergothérapeute, physiothérapeute, régulièrement afin de recueillir des renseignements additionnels.
nutritionniste, travailleur social
o L’équipe médicale : médecin traitant et médecins spécialistes (ex. : Consulter L’interdisciplinarité dans les soins de plaies (F12)
infectiologue, chirurgien plastique, chirurgien vasculaire, dermatologue,
orthopédiste)
Aviser régulièrement le médecin traitant et ajuster le plan de soins et Le médecin traitant doit être :
traitements infirmiers
informé régulièrement de l’état de santé de l’usager;
Tenir compte des éléments suivants : avisé de tout changement dans son état de santé.
o l’évolution de la lésion;
o l’apparition, la persistance ou l’augmentation des signes de propagation de
l’infection, d’infection locale ou profonde; Consulter :
o l’arrêt du processus de cicatrisation ou la détérioration de la lésion; Contraintes à la cicatrisation (F2)
o le niveau d’observance de l’horaire de positionnement, du programme de L’infection dans Préparation du lit de la plaie (F3)
mobilisations et d’activités; Évaluation de la douleur (F4)
o l’apparition de nouveaux facteurs de risque; Collecte des données (F9)
o l’apparence non saine de la peau;
o la douleur non soulagée;
o les besoins de l’usager et de sa famille.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression 38
Assurer la continuité des soins
Communiquer régulièrement l’information tout en contrôlant et en supervisant les soins.
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Prévoir le congé ou le transfert de l’usager vers un autre établissement Utiliser Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
Informer par écrit l’usager et le personnel soignant concerné. Plusieurs outils de documentation servent à assurer la continuité des soins intra
Remettre à l’établissement concerné une copie des données colligées; ainsi que et interdisciplinaires : se référer aux politiques et procédures de l’établissement
tous les autres documents pertinents, relatifs aux éléments suivants : de santé.
o évaluation du risque (Échelle de Braden);
Les résumés de départ et les formulaires de transfert, de liaison, de suivi ou de
o facteurs de risque reliés spécifiquement à la lésion (pression, tolérance des
départ assurent la continuité des soins intra et inter établissement. Par
tissus);
exemple :
o localisation et caractéristiques de la lésion (selon la classification de la lésion
o collectes de données;
de pression du NPUAP);
o grilles d’évaluation clinique (douleur, plaie);
o état de la peau environnante;
o grille d’éléments de surveillance;
o résultats des analyses pertinentes de laboratoire;
o Plan de soins et de traitements infirmiers;
o résultats des examens et tests diagnostiques pertinents;
o Plan thérapeutique infirmier;
o surface d’appui en place;
o formulaires de transfert, de liaison, etc.
o Plan de soins et de traitements infirmiers en cours :
objectifs et interventions de soins,
responsabilités des membres de l’équipe de soins infirmiers,
éléments de surveillance clinique,
méthode de soulagement de la douleur, s’il y a lieu,
médication en cours.
Selon le cas, communiquer également les documents relatifs aux aspects suivants :
o soutien nutritionnel;
o réactions indésirables secondaires à l’utilisation d’un médicament, d’un
produit ou d’un pansement;
o recommandations des professionnels concernés;
o accompagnement et soutien (usager et famille);
o besoins et objectifs d’apprentissage en cours, favorisant les autosoins reliés
aux soins et traitements la lésion et à la prévention d’une récidive.
Utiliser les outils de communication intradisciplinaire, interdisciplinaire et Utiliser les documents de communication en usage dans l’établissement et dans le
interétablissements : réseau régional de la santé.
Plan thérapeutique infirmier et Plan de soins et de traitements infirmiers en lien
avec la lésion de pression;
consultations médicales et professionnelles;
outils de communication additionnels.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression 39
Bibliographie
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Price, M. C., Whitney, D. et King, C. A. (2005). Development of a risk assessment tool for intraoperative pressure ulcers. Journal of Wound, Ostomy and
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Publishing.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression 40
DÉMARCHE CLINIQUE 2
Ulcère des membres inférieurs
TABLES DES MATIÈRES ‐ DÉMARCHE CLINIQUE 2
ÉVALUER LA SITUATION CLINIQUE INITIALE ................................................................................................................................................................................................. 2
RECUEILLIR DES DONNÉES .................................................................................................................................................................................................................................................... 2
ÉMETTRE DES HYPOTHÈSES : .............................................................................................................................................................................................................................................. 10
COMMUNIQUER AVEC LE MÉDECIN TRAITANT : ...................................................................................................................................................................................................................... 10
CONCEVOIR LE PLAN DE SOINS ET DE TRAITEMENTS INFIRMIERS ET LE PLAN THÉRAPEUTIQUE INFIRMIER ................................................................................................ 14
ÉTABLIR LES OBJECTIFS PRIORITAIRES DE SOINS DE L’USAGER ET NOTER LES INTERVENTIONS CLINIQUES SÉLECTIONNÉES DANS LE PLAN DE SOINS ET DE TRAITEMENTS INFIRMIERS ............................................. 14
AVISER LE MÉDECIN TRAITANT DU PLAN DE SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS ............................................................................................................................................................................ 36
METTRE EN ŒUVRE LE PLAN DE SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS ET Y NOTER TOUTES LES INTERVENTIONS RÉALISÉES ....................................................................................................................... 37
ASSURER LE SUIVI ET LA CONTINUITÉ DES SOINS ....................................................................................................................................................................................... 38
RECUEILLIR LES DONNÉES ÉVOLUTIVES, RÉÉVALUER LES RÉSULTATS ET RÉVISER LE PLAN DE SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS ............................................................................................................... 38
ASSURER LA CONTINUITÉ DES SOINS .................................................................................................................................................................................................................................... 41
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs i
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs 1
Démarche clinique et traitements infirmiers
ULCÈRE DES MEMBRES INFERIEURS
ÉVALUER LA SITUATION CLINIQUE INITIALE
À L’AIDE DES OUTILS CLINIQUES DISPONIBLES, RECUEILLIR LES DONNÉES LIÉES
À LA MALADIE ARTÉRIELLE PÉRIPHÉRIQUE, LA MALADIE VEINEUSE CHRONIQUE ET L’ULCÈRE, ET LES RISQUES DE COMPLICATIONS
Recueillir des données
Collecte de données Outils cliniques et informations complémentaires
Procéder à la collecte de données
Reconstituer les circonstances reliées aux antécédents d’ulcère des membres Recueillir les données à l’aide de l’outil « Collecte de données et évaluation de la
inférieurs et à l’apparition de la plaie : plaie » (F9) :
o Localisation de l’ulcère; DOSSIER clinique
o Circonstances liées à l’apparition de l’ulcère; RENCONTRE avec l’usager et sa famille
o Antécédents d’ulcère aux membres inférieurs : RENCONTRE avec l’équipe interdisciplinaire
facteurs précipitants, L’utilisation d'un outil de collecte de données :
âge à la première apparition, o facilite la collecte d’information clinique spécifique;
nombre de récidives, o met en évidence les renseignements qui auront une incidence sur le
traitements antérieurs (pansements, médicaments, produits topiques, traitement et la cicatrisation de la plaie.
compression veineuse) et temps de guérison;
La chronologie des évènements liés à l’ulcère est essentielle pour établir l’étiologie
o Système de compression veineuse actuellement utilisé; de la plaie.
o Problèmes de mobilité. o plusieurs usagers ont tendance à traiter leur plaie eux‐mêmes avant de
consulter.
Consulter :
Contraintes à la cicatrisation (F2)
Ulcère des membres inférieurs (F6)
Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs 2
Noter la présence d’allergies ou d’intolérances
Médicaments Noter au plan de soins et de traitements infirmiers et éviter l’agent allergène.
Produits
Pansements Consulter Agents allergènes à éviter dans la composition des produits
topiques dans Traitements locaux (F10)
Identifier les facteurs de risque
Facteurs de risque associés à la maladie veineuse chronique : Trois éléments sont essentiels au fonctionnement du système veineux, soit la
o incompétence valvulaire; compétence valvulaire, les propriétés et l’anatomie du système veineux ainsi que le
o défaillance de la pompe musculaire du mollet; fonctionnement de la pompe musculaire du mollet.
o obstruction des veines;
o maladie congénitale. Consulter Physiopathologie et facteurs de risque de la maladie veineuse dans
Ulcère des membres inférieurs (F6)
Les facteurs de risque associés à la maladie artérielle périphérique (MAP) sont : Consulter Manifestations cliniques de la maladie artérielle périphérique dans Ulcère
o modifiables; des membres inférieurs (F6)
o qui prédisposent;
o non modifiables.
Facteurs de risque pouvant nuire au processus de cicatrisation : Le traitement des maladies concomitantes est d’ordre médical. Cependant,
o antécédents médicaux; l’infirmière doit en tenir compte lors de l’élaboration du plan de soins et de
o facteurs reliés à l’usager; traitements infirmiers.
o médicaments susceptibles de nuire au processus de cicatrisation;
o facteurs locaux; Consulter Contraintes à la cicatrisation (F2)
o carences nutritionnelles susceptibles de nuire au processus de cicatrisation;
o facteurs de risque de la dénutrition;
o tabagisme, alcoolisme, toxicomanie.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs 3
Consulter les résultats des examens et des analyses de laboratoire présents au dossier clinique
Analyses de laboratoire Consulter :
Radiographies et autres Les tests de laboratoire dans Contraintes à la cicatrisation (F2)
Tests et examens diagnostiques en présence d’infection dans Préparation du lit
de la plaie (F3)
Évaluation des membres inférieurs (F5)
Consulter les résultats des épreuves diagnostiques
Évaluation de la maladie veineuse chronique Consulter Duplex ultrason/Doppler veineux dans Évaluation des membres
inférieurs (F5)
Évaluation de la maladie artérielle périphérique Consulter Évaluation des membres inférieurs (F5) :
Indice de pression systolique cheville‐bras (IPSCB)
Indice de pression systolique au premier orteil (IPO)
Pléthysmographie / Étude des ondes artérielles
Angiographie duplex
La pression artérielle segmentée
Pression d’oxygène transcutanée (TcPO2)
Pression de la perfusion à la peau
Angiographies
Procéder à l’examen physique des deux jambes et des deux pieds afin de rechercher des signes de la maladie veineuse chronique et de maladie artérielle périphérique
Évaluation des membres inférieurs Consulter :
Évaluation de la douleur (F4)
Évaluation des membres inférieurs (F5) :
o Évaluation de la jambe
o Évaluation du pied
o Évaluation des ongles
o Évaluation des chaussures
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs 4
Procéder à l’examen physique des deux jambes et des deux pieds afin de rechercher des signes de la maladie veineuse chronique et de maladie artérielle périphérique
Manifestations cliniques de la maladie veineuse chronique Une combinaison des signes de maladies veineuse et artérielle indique la présence
d’un ulcère mixte. Dans ce cas, il importe d’évaluer l’étiologie prioritaire de l’ulcère
avant de concevoir un plan de soins et de traitements infirmiers.
Consulter :
Évaluation de la douleur (F4)
Évaluation des membres inférieurs (F5)
o Évaluation de la jambe
o Évaluation du pied
o Évaluation des ongles
Ulcère des membres inférieurs (F6) :
o Ulcère veineux
Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
Manifestations cliniques de la maladie artérielle périphérique Une combinaison des signes de maladies veineuse et artérielle indique la présence
d’un ulcère mixte. Dans ce cas, il importe d’évaluer l’étiologie prioritaire de l’ulcère
avant de concevoir un plan de soins et de traitements infirmiers.
Consulter :
Évaluation de la douleur (F4)
Évaluation des membres inférieurs (F5) :
o Évaluation de la jambe
o Évaluation du pied
o Évaluation des ongles
Ulcère des membres inférieurs (F6) :
o Ulcère artériel
o Ulcère mixte
Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
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Procéder aux tests diagnostiques
Évaluation de la maladie veineuse chronique Consulter Évaluation des membres inférieurs (F5) :
o Évaluation de l’œdème
o Évaluation du signe de Stemmer ou signe de Stemmer‐Kaposi
o Évaluation de la force musculaire et de la mobilité de la cheville
Évaluation de la maladie artérielle périphérique Consulter :
Évaluation des membres inférieurs (F5) :
o Prise du pouls tibial postérieur
o Prise du pouls pédieux
o Temps de remplissage capillaire
o Test de coloration du membre inférieur
o Indice de pression systolique cheville‐bras (IPSCB)
o Test à l’effort
o Indice de pression systolique au premier orteil (IPO)
o Pléthysmographie / Étude des ondes artérielles
o Doppler à ondes entretenues
o Angiographie duplex
o La pression artérielle segmentée
o Pression d’oxygène transcutanée (TcPO2)
o Pression de la perfusion à la peau
o Angiographies
Ulcère des membres inférieurs (F6)
Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
Évaluer la douleur
Déterminer le type de douleur : Utiliser l’échelle préconisée dans le milieu de soins et s’assurer que l'usager
o neuropathique; comprenne cette échelle; s’il ne comprend pas, utiliser une autre échelle validée qui
o nociceptive. puisse convenir à cet usager.
Pour préciser le type de douleur, consulter Évaluation de la douleur (F4) qui facilite
Évaluer la douleur avec précision : PQRSTUV. l’évaluation en fonction de :
la cause (douleur nociceptive, neuropathique ou mixte);
la durée (douleur aiguë, chronique, transitoire ou procédurale).
Consulter :
Ulcère des membres inférieurs (F6)
Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
Démarche clinique « Traitement local de la plaie » (D4)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs 6
Évaluer l’état nutritionnel / Dépister les signes de dénutrition ou de déshydratation
Utiliser les outils de dépistage de dénutrition et de malnutrition (F2) et Les outils de dépistage permettent d’identifier l’usager à risque de dénutrition afin qu’il
questionner l’usager s’il a eu une perte de poids récente. puisse être évalué par une nutritionniste.
o Noter les facteurs susceptibles d'influencer les apports alimentaires (F2).
Peu importe l’outil choisi, il est nécessaire de l’utiliser en combinaison avec l’évaluation
Noter les mesures anthropométriques. globale de l’usager, les mesures anthropométriques, les valeurs de laboratoire, le
Noter les analyses de laboratoire en lien avec l’aspect nutritionnel. contexte socio‐économique de l’usager et les comportements alimentaires.
o S’il est nécessaire, prescrire d’autres analyses de laboratoire.
Il n’existe pas d’analyses de laboratoire spécifique pour diagnostiquer la dénutrition.
Consulter la nutritionniste lorsque l'usager présente un risque ou des signes de Historiquement, l’albumine et la préalbumine étaient considérées comme étant des
dénutrition. indicateurs de l’état nutritionnel. Il est maintenant reconnu que ces indicateurs sont
grandement influencés par les processus inflammatoires aigus ou chroniques.
L’utilisation seule de ces analyses de laboratoire n’est pas suffisante pour évaluer
l’état nutritionnel.
Vu les besoins accrus en nutriments chez l‘usager ayant une lésion cutanée, une
brûlure ou une plaie, l’évaluation initiale de l’infirmière vise d’abord à dépister
l’usager qui présente des risques de complications ou qui souffre de dénutrition.
Dans un deuxième temps, s’il y a lieu, une orientation vers une nutritionniste permet
une évaluation des besoins de façon plus approfondie.
Consulter :
Contraintes à la cicatrisation (F2) :
o Carences nutritionnelles et incidences sur la cicatrisation
o Facteurs de risque de la dénutrition
o Rôle de la nutrition dans la prévention et le traitement des plaies
o Dépistage
L’interdisciplinarité dans les soins de plaies (F12)
Évaluer les mesures mises en place pour traiter la maladie veineuse ou artérielle
Méthode de compression veineuse actuelle (s’il y a lieu) : Consulter :
o noter le type de compression et la force de compression. Contraintes à la cicatrisation (F2)
Contrôle du poids Traitement de la maladie veineuse dans Ulcère des membres inférieurs (F6)
Exercice physique Compression veineuse dans Ulcère des membres inférieurs (F6)
Cessation du tabagisme
Médication
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs 7
Évaluer l’ulcère et la peau environnante
Noter les caractéristiques de l’ulcère. Consulter :
o Rechercher les signes et symptômes d’infection. Ulcère des membres inférieurs (F6) :
o Ulcère veineux
o Ulcère artériel
o Ulcère mixte
Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
Démarche clinique « Traitement local de la plaie » (D4)
Rechercher les signes indiquant une problématique sous‐jacente autre qu’une atteinte veineuse ou artérielle
Rechercher les signes indiquant une cause sous‐jacente autre que l’atteinte artérielle Le traitement des maladies concomitantes est d’ordre médical. Cependant,
ou veineuse (ex. : néoplasie, pyoderma gangrenosum, etc.). l’infirmière doit en tenir compte lors de l’élaboration du Plan de soins et traitements
infirmiers.
La détermination de la cause sous‐jacente de l’ulcère est préalable à
l’élaboration du plan de soins et de traitements infirmiers.
Consulter l’équipe médicale au besoin pour déterminer la cause de l’ulcère.
Consulter le plan de traitement local en cours (s’il y a lieu)
Méthode d’asepsie Consulter :
Nettoyage Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
Pansement primaire
Traitements locaux (F10)
Pansement secondaire
Autres : protection ou traitement de la peau environnante, méthode de Démarche clinique « Traitement local de la plaie » (D4)
compression veineuse (s’il y a lieu)
Évaluer les connaissances de l'usager relatives aux autosoins
Vérifier si l'usager est capable d’examiner sa peau quotidiennement. Les personnes qui connaissent les autosoins réduisant les risques, et qui les mettent
Connaît‐il les moyens de prévention de l’ulcère veineux (port de bas de en pratique, peuvent être moins exposées au risque d’ulcération et ce, même en
compression, élévation des jambes, hydratation de la peau)? présence d’autres facteurs de risque.
Connaît‐il les moyens de prévention de l’ulcère artériel?
Sait‐il quand et qui consulter à la suite de l’apparition d’un ulcère?
A‐t‐il les capacités d’apprentissage nécessaires?
Est‐il motivé à collaborer et à apprendre?
A‐t‐il confiance en ses capacités?
Est‐il limité par son âge, son niveau de scolarité, son état affectif, son état
physique?
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs 8
Évaluer les incidences de la maladie sous‐jacente et de l’ulcère sur la qualité de vie de l'usager
Les principaux indicateurs affectant la qualité de vie sont : La détérioration de ces indicateurs peut avoir des conséquences sur la qualité de
o la douleur; vie de l’usager et entraîner la manifestation de différents comportements, tels
o le sommeil; que la peur, l’isolement, la colère et la dépression.
o la mobilité; La connaissance et la compréhension du problème de santé par l’usager et sa
o les incidences de la paie sur le travail et les loisirs. famille, ainsi que l’amélioration des indicateurs de la qualité de vie, incitent
l’usager à collaborer et à poursuivre son engagement dans le processus de
Poser des questions ouvertes sur : cicatrisation (respect des rendez‐vous et du plan de soins et de traitements
o les situations stressantes dans sa vie; infirmiers).
o la disponibilité et la qualité du soutien social;
Consulter :
o son opinion quant à la cause de sa lésion de pression, au risque de
complications et à l’efficacité des interventions en cours; Contraintes à la cicatrisation (F2)
o les signes de découragement, de dépression. Ulcère des membres inférieurs (F6)
Préciser les ressources personnelles de l'usager et de sa famille
Ressources relativement à la capacité d’effectuer les autosoins (ex. : soutien d’un Étant donné que le processus de cicatrisation de l’ulcère veineux est souvent
aidant naturel). long (environ 12 semaines en absence de complications), le soutien social est
Est‐il suivi par un intervenant en service social? Par un gestionnaire de cas? Un indispensable à l'usager afin qu’il respecte le plan de traitement et évite les
psychologue? récidives.
L’infirmière peut conseiller l’usager sur les moyens d’améliorer son confort. Il
importe aussi de le soutenir face à ce qu’il vit.
Consulter l’équipe médicale et les professionnels concernés
Afin d’obtenir des informations complémentaires, consulter l’équipe de soins Les modèles de pratiques de gestion des maladies chroniques tiennent compte,
infirmiers, la nutritionniste, la physiothérapeute, l’ergothérapeute, le travailleur entre autres, d’une des variables pour améliorer la qualité des soins et la qualité
social, l’auxiliaire familiale, etc. de vie des usagers : « une équipe de soignants formée, proactive, qui travaille en
interdisciplinarité et offre les soins appropriés ».
Consulter L’interdisciplinarité dans les soins de plaies (F12)
Remplir la collecte de données et d’évaluation de la plaie
Noter les données pertinentes dans le plan thérapeutique infirmier : Utiliser Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
Éléments de surveillance clinique reliés à la maladie veineuse chronique et/ou la Inscrire ces données dans les sections appropriées.
maladie artérielle périphérique;
Adapter la fréquence des évaluations à la situation clinique de l'usager.
Localisation de la plaie;
Fréquence des évaluations de la plaie;
Référence au plan thérapeutique infirmier en cours
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs 9
Émettre des hypothèses :
Le type d’ulcère :
o veineux;
o artériel;
o mixte;
o autre.
Les causes sous‐jacentes : Consulter le tableau interprétation des résultats à la page suivante
o maladie veineuse chronique;
o maladie artérielle périphérique;
o autre.
Les complications possibles (ex. : infection).
Les résultats attendus relativement au potentiel de cicatrisation.
Communiquer avec le médecin traitant :
Le type d’ulcère, l'état de l'ulcère.
Les résultats des examens et des analyses de laboratoire.
La ou les causes sous‐jacentes.
Les complications actuelles et possibles (ex. : infection).
La nécessité de consulter un spécialiste ou un autre professionnel de la santé.
Les résultats attendus, compte tenu du diagnostic médical, des causes et du
potentiel de cicatrisation.
En présence de signes et symptômes d’infection indiquant une possibilité
d’infection locale, d'une propagation de l'infection (abcès, cellulite, ostéomyélite)
ou d'une infection systémique : Consulter le tableau interprétation des résultats à la page suivante
► Aviser le médecin traitant dans un DÉLAI MAXIMAL DE 24 H.
En présence d’un IPSCB < 0,4 et de signes d’une maladie artérielle périphérique :
► Aviser le médecin traitant dans UN DÉLAI MAXIMAL DE 24 H,
car le risque d’ischémie critique est élevé (orteils pâles, décolorés ou bleuâtres; pied
froid au toucher; pouls tibial et/ou pédieux faibles ou absents, gangrène).
En présence de signes d’ischémie critique :
► Aviser le médecin traitant IMMÉDIATEMENT.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs 10
TABLEAU D’INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS D’ÉVALUATION
Ulcère veineux Ulcère mixte Ulcère artériel
et suggérer une consultation en médecine ou en ► Aviser le médecin traitant
chirurgie vasculaire, car une évaluation et suggérer une consultation en médecine
complémentaire de la situation clinique s’impose. ou en chirurgie vasculaire afin de :
poursuivre l’investigation : rechercher une sténose
ou une occlusion dans le réseau artériel;
évaluer la possibilité d’une revascularisation.
Le choix du type de revascularisation est déterminé en
médecine ou en chirurgie vasculaire et dépend des
facteurs suivants :
o localisation et type d’obstruction de l’artère;
o état général et désirs de l’usager;
o douleur.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs 11
Ulcère veineux Ulcère mixte Ulcère artériel
Quelques jours à quelques semaines après une
chirurgie de revascularisation :
Réévaluer l’apport sanguin au niveau du membre à
l’aide de :
o IPSCB;
o pression au premier orteil;
o pouls périphérique.
► Aviser le médecin traitant des résultats
(apport sanguin suffisant ou insuffisant)
Selon le cas, sur ordonnance médicale individuelle,
concevoir un plan de traitement visant :
o une cicatrisation en milieu humide contrôlé ;
o un débridement ;
o selon le cas, une compression veineuse adaptée
à l’état du réseau artériel (modérée ou faible).
Complications possibles
Infection Infection Ischémie critique ► requiert une chirurgie urgente
Détérioration de l’ulcère Détérioration de l’ulcère dans un délai de 6 heures
Dermatite Dermatite o Douleur subite au membre
Persistance de l’œdème Persistance de l’œdème o Pâleur du membre
Intolérance à un système de compression Intolérance à un système de compression modérée o Absence de pouls distal au site de la lésion
Douleur ou faible o Démarcation franche de la T° (froideur) sous la
Manque de collaboration entre usager et sa famille Douleur lésion
Manque de collaboration entre l'usager et sa o Paresthésie
famille o Paralysie
o Absence de soulagement malgré une position
déclive
Augmentation de la douleur
Détérioration de l’ulcère
Infection
Gangrène
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs 12
Ulcère veineux Ulcère mixte Ulcère artériel
Résultats attendus
Cicatrisation en milieu humide contrôlé Pas de débridement Pas de débridement
Débridement des tissus non viables (s’il y a lieu) Pas de système de compression veineuse Pas de système de compression veineuse (car risque
Traitement de l’infection (s’il y a lieu) Pas de cicatrisation en milieu humide : élevé d’ischémie)
Diminution de l’œdème et contrôle de assèchement de la plaie ► pansement sec Pas de cicatrisation en milieu humide : assèchement
l’hypertension veineuse Traitement de l’infection (s’il y a lieu) de la plaie ► pansement sec
Prévention des complications (infection) Prévention des complications (infection) Traitement de l’infection (s’il y a lieu)
Collaboration de l’usager et de sa famille Prévention des complications (infection)
Si une revascularisation est impossible
Soulagement de la douleur ischémique
Absence de potentiel de cicatrisation en raison d’un
apport sanguin insuffisant au site de l’ulcère
Consulter la colonne « Ulcère artériel » ci‐contre.
À la suite d’une chirurgie de revascularisation
Quelques jours après l’intervention, réévaluer
l’apport sanguin au niveau du membre à l’aide de :
o IPSCB;
o pression au premier orteil;
o pouls périphérique.
► Aviser le médecin traitant des résultats
(apport sanguin suffisant ou insuffisant)
Sur ordonnance médicale individuelle, concevoir un
plan de soins et de traitements infirmiers visant :
o une cicatrisation en milieu humide contrôlé;
o un débridement;
o une compression veineuse adaptée à l’état du
réseau artériel (modérée ou faible).
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs 13
CONCEVOIR LE PLAN DE SOINS ET DE TRAITEMENTS INFIRMIERS ET
LE PLAN THÉRAPEUTIQUE INFIRMIER
Buts : traiter la plaie, assurer le confort de l’usager, prévenir les complications et les récidives.
Établir les objectifs prioritaires de soins de l’usager et noter les interventions cliniques sélectionnées dans
le plan de soins et de traitements infirmiers
Objectif 3. Soulager ou contrôler la douleur
Objectif 4. Utiliser un système de compression veineuse afin de diminuer l’œdème,
traiter l’ulcère veineux et prévenir une récidive
Objectif 5. Encourager la mobilité
Objectif 6. Accompagner l'usager et sa famille dans le processus de cicatrisation
Maximiser l’état nutritionnel
Objectif 7.
Enseigner les autosoins permettant de traiter l’ulcère et de prévenir les
Objectif 8. récidives
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs 14
OBJECTIF 1. TRAITER LES CAUSES SOUS‐JACENTES DE L’ULCÈRE
Ulcère veineux
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
► Aviser le médecin traitant, car le traitement de la cause (maladie veineuse La détermination et le traitement des causes sous‐jacentes sont essentiels au
chronique) exige une collaboration médicale et une approche interdisciplinaire. processus de cicatrisation.
Les principales approches thérapeutiques sont :
Noter les causes sous‐jacentes de l’ulcère au plan de soin et de traitements o traitement médical;
infirmiers. o traitement chirurgical;
o exercices et contrôle du poids;
o compression veineuse.
Ulcère artériel
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
► Aviser le médecin traitant, car le traitement de la cause (maladie artérielle Le traitement de la claudication intermittente réside dans la réduction des facteurs
périphérique) exige une collaboration médicale et une approche de risque et d'un traitement chirurgical :
interdisciplinaire. médication reliée à la maladie artérielle périphérique;
programme d’exercices et saine alimentation;
Noter les causes sous‐jacentes de l’ulcère au plan de soin et traitements infirmiers. cessation du tabagisme;
traitement optimal du diabète (s’il y a lieu) pour diminuer le risque de
microangiopathie, ce qui réduit le risque de complications locales;
traitement chirurgical (s’il y a lieu).
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs 15
OBJECTIF 2. TRAITER L’ULCÈRE ET PRÉVENIR LES COMPLICATIONS
Ulcère veineux
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Avant d’instaurer un plan de soins et de traitements infirmiers, tenir compte de :
Potentiel de cicatrisation de l’usager : Consulter :
o plaie curable, de maintenance ou palliative (incurable) Le concept TIME dans Préparation du lit de la plaie (F3)
Apport sanguin au niveau de la plaie : Évaluation des membres inférieurs (F5)
o avec ou sans atteinte artérielle Ulcère des membres inférieurs (F6)
Désirs, besoins et ressources de l’usager Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
Démarche clinique « Traitement local de la plaie » (D4)
Objectif de soins : en présence d’une plaie curable, traiter l’ulcère selon le Les objectifs du traitement local de l’ulcère veineux sont principalement :
processus de cicatrisation en milieu humide tel que décrit dans le concept TIME. le débridement des tissus non viables;
le contrôle de la charge microbienne ;
la cicatrisation en milieu humide contrôlée;
la protection de la peau environnante;
le soulagement de la douleur.
Consulter :
Le concept TIME dans Préparation du lit de la plaie (F3)
Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
Démarche clinique « Traitement local de la plaie » (D4)
Adopter des mesures de prévention des infections (asepsie médicale ou Consulter :
chirurgicale) reliées à la plaie et à l’objectif de soins prioritaire : Préparation du lit de la plaie (F3) :
type de plaie; o Les mesures de prévention des infections
présence ou absence d’infection; o Signes et symptômes d’infection d’une plaie chronique
présence ou absence de facteurs de risque d’infection. o Continuum d’une infection de plaie
L’arbre de décision « La prévention des infections »
Nettoyer la plaie à l’aide d’une solution physiologique. La douche est aussi une façon de débarrasser la plaie des contaminants, mais il
faut prendre soin de bien assécher la peau environnante par la suite.
L’utilisation d’antiseptiques est à éviter, sauf si la plaie présente une charge
microbienne élevée.
L’exsudat est souvent abondant dans un ulcère veineux, surtout en présence
d’un œdème important. La quantité d’exsudat peut également augmenter peu
après l’installation d’un système de compression, en présence d’une infection.
Consulter :
Préparation du lit de la plaie (F3)
Démarche clinique « Traitement local de la plaie » (D4)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs 16
Ulcère veineux
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Débrider les tissus non viables (s’il y a lieu). La meilleure méthode pour prévenir une infection de plaie est le retrait des
tissus non viables.
Évaluer la situation clinique
Le débridement des tissus non viables superficiels se réalise par un débridement
► conjointement avec le médecin traitant.
autolytique, mécanique ou chirurgical conservateur. En présence de tissus non
viables plus profonds, un débridement chirurgical au bloc opératoire s’impose.
En présence de tissus non viables / structures profondes :
Toutefois, cette dernière option est rarement utilisée pour les ulcères des
► aviser le médecin traitant. membres inférieurs.
Tenir compte des désirs de l’usager et des risques inhérents à la procédure de
débridement, incluant la douleur procédurale. Consulter :
Méthodes de débridement dans Préparation du lit de la plaie (F3)
Identifier une méthode et procéder au débridement : Traitements locaux (F10)
autolytique;
enzymatique;
chimique/surfactant;
biologique/enzymatique;
mécanique
► consultation en physiothérapie selon les politiques et procédures de
l’établissement (L’interdisciplinarité dans les soins de plaies, F12);
débridement chirurgical conservateur.
Assurer le suivi postdébridement (éléments de surveillance clinique).
Sélectionner un pansement en tenant compte des aspects suivants : Tenir compte des critères de sélection d’un pansement.
qui garde la plaie en milieu humide; Consulter :
qui est adapté à l’état de la plaie et à la peau environnante;
Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
qui est adapté aux désirs et à la condition de l’usager.
Traitements locaux (F10)
Adapter la fréquence des changements de pansements à l’évolution de la plaie. Démarche clinique « Traitement local de la plaie » (D4)
Éviter d’utiliser des médicaments, produits et pansements contenant des agents
allergènes.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs 17
Ulcère veineux
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Protéger ou traiter la peau environnante En présence d’œdème ou d’exsudat abondant, augmenter la fréquence des
changements de pansements ou privilégier des pansements très absorbants.
Appliquer un protecteur cutané; selon la situation, considérer le besoin
d’appliquer un corticostéroïde topique. L’irritation de la peau peut être due aux retraits fréquents des pansements
► Aviser le médecin traitant. ou à l’amincissement de l’épiderme, amincissement causé par la friction et
le cisaillement.
Privilégier des pansements sans adhésif ou à microadhérence afin de protéger la
peau environnante. En présence de bords roulés, la plaie demeure ouverte; cette zone doit
être excisée pour redémarrer le processus de cicatrisation.
Éviter les diachylons; privilégier les bandages (bandage omniforme).
Surveiller les bords de la plaie.
Consulter Traitements locaux (F10)
Adapter la fréquence des changements de pansements aux caractéristiques de
l’ulcère.
En présence de signes d’infection locale ou d’une propagation de l’infection
Objectif de soins : traiter l'Infection locale ou la propagation de l'infection Consulter :
Cellulite Préparation du lit de la plaie (F3)
Ostéomyélite Ulcère des membres inférieurs (F6)
Bactériémie Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
Septicémie Traitements locaux (F10)
Démarche clinique « Traitement local de la plaie » (D4)
1. Désinfecter la plaie à l’aide d’un agent antiseptique. Irrigation à haute ou à basse pression
Adopter une méthode d’asepsie chirurgicale lors des changements de Consulter l'arbre de décision « La prévention des infections »
pansements.
2. Débrider les tissus non viables dans le lit de la plaie, s’il y a lieu. Principaux objectifs du traitement local d'une lésion de pression infectée :
débrider les tissus non viables;
débrider les biofilms suspects;
traiter l’infection locale ou la propagation de l'infection (assurer l’équilibre
bactérien).
Consulter Méthodes de débridement dans Préparation du lit de la plaie (F3).
3. Procéder à une culture de plaie. ATTENTION : Avant une culture de plaie, un nettoyage avec une solution saline
s’impose (sans antiseptique).
Habituellement, en présence d'infection locale ou d'une propagation de
l'infection, la quantité d’exsudat est souvent augmentée.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs 18
Ulcère veineux
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
4. Considérer la nécessité d’utiliser un antiseptique ou un agent antimicrobien. Le traitement d’une propagation de l'infection ou d'une infection systémique est
d’ordre médical.
► Aviser le médecin traitant, car une antibiothérapie systémique s’impose ATTENTION :
dans la plupart des cas. Éviter l’utilisation d’antibiotiques topiques.
Éviter l’utilisation conjointe d’un antiseptique et d’un antimicrobien.
ATTENTION : Un traitement antimicrobien topique peut être complémentaire aux
traitements antibiotiques systémiques. Consulter Traitements locaux (F10)
► Consulter le médecin traitant.
Adapter la fréquence des changements de pansements à l’évolution de la lésion
de pression.
En présence de signes d’infection profonde : Une antibiothérapie systémique par voie orale ou intraveineuse peut s’imposer
► Aviser le médecin traitant IMMÉDIATEMENT, car une antibiothérapie selon la gravité de l’infection. Parfois, un débridement chirurgical par le médecin
systémique s’impose dans la plupart des cas. s’avère nécessaire. En dernier recours, une amputation peut être inévitable afin
d’éviter un choc septique.
ATTENTION : Un traitement antimicrobien topique peut être complémentaire aux
traitements antibiotiques systémiques.
En tout temps La surveillance clinique vise, entre autres, à déceler rapidement les situations à
En présence des observations suivantes : risque et les signes de complication, ainsi qu’à intervenir afin d’en minimiser les
conséquences.
détérioration de l’état général de l'usager;
Consulter la section « Complications d’un ulcère veineux » dans le TABLEAU
stagnation ou détérioration de la plaie malgré un plan de traitement optimal;
D’INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS D’ÉVALUATION.
apparition de signes d’infection;
douleur non soulagée;
► Aviser le médecin traitant.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs 19
Ulcère artériel
Interventions Outils cliniques et information complémentaire
Adopter des mesures de prévention des infections (asepsie médicale ou Consulter :
chirurgicale) reliées à la plaie et l’objectif de soins prioritaire : Préparation du lit de la plaie (F3) :
type de plaie; o Les mesures de prévention des infections
présence ou absence d’infection; o Signes et symptômes d’infection d’une plaie chronique
présence ou absence de facteurs de risque d’infection. o Continuum d’une infection de plaie
o Le concept TIME
Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
Démarche clinique « Traitement local de la plaie » (D4)
L’arbre de décision « La prévention des infections »
Objectif de soins : assécher l’ulcère Consulter :
Ulcère des membres inférieurs (F6)
Ulcère sans potentiel de cicatrisation : l’apport sanguin au niveau de la plaie est Démarche clinique « Traitement local de la plaie » (D4)
insuffisant pour assurer la cicatrisation.
Ne pas débrider sauf en présence de signes d’infection.
► Discuter avec le médecin traitant.
Sélectionner un pansement qui répond aux objectifs suivants : Chez les usagers qui :
assécher l’ulcère; ont un ulcère sans potentiel de cicatrisation (en raison d’un apport sanguin
prévenir l’infection; insuffisant à la plaie);
prévenir la macération de la peau environnante; sont en attente d’une chirurgie de revascularisation;
absorber l’exsudat (éviter de garder l’ulcère dans un milieu humide) : ne peuvent avoir recours à une revascularisation en raison d’une problématique
o pansement sec (changé minimalement tous les jours), de santé;
o en présence d’un ulcère distal : porter attention au risque de macération
entre les orteils. les pansements à privilégier sont ceux qui maintiennent le lit de la plaie au sec
Éviter toute pression sur le site d’un ulcère distal : (compresses de coton).
orteils : inspecter les chaussures.
talons : éviter le contact avec le matelas ou le fauteuil roulant.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs 20
Ulcère artériel
Interventions Outils cliniques et information complémentaire
Prévenir l’infection locale Un antiseptique est un agent non sélectif que l'on applique localement (en topique)
Lors des changements de pansements, adopter une méthode d’asepsie pour inhiber la multiplication ou détruire des microorganismes.L’utilisation d’un
médicale ou chirurgicale, selon l’évaluation et la localisation de l’ulcère. antiseptique est à privilégier en présence d’ulcère artériel sans apport sanguin
(sans potentiel de cicatrisation), car il assèche la plaie tandis que l’humidité
Utiliser un antiseptique afin de contrôler la charge microbienne et prévenir une
favorise l’augmentation de la charge microbienne.
infection (Préparation du lit de la plaie F3).
Recouvrir la plaie avec un pansement sec. Les solutions antiseptiques de choix sont la povidone iodée et la chlorhexidine.
Exercer une surveillance clinique étroite. L’utilisation d’une solution antiseptique nécessite un pansement secondaire qui
garde la plaie sèche.
Fréquence des changements de pansements afin de prévenir une infection et
contrôler la charge microbienne : DIE
Consulter :
Préparation du lit de la plaie (F3) :
o Signes et symptômes d’infection d’une plaie chronique
o Continuum d’une infection de plaie
o L’utilisation d’un antiseptique selon le potentiel de cicatrisation
En présence de signes d'infection locale ou d'une propagation de l'infection : ATTENTION : Les antimicrobiens exigent de l’humidité pour interagir avec la plaie.
► aviser le médecin traitant. Ils peuvent être contre‐indiqués si la plaie produit peu d’exsudat. Dans ce cas,
privilégier un antiseptique.
Considérer la nécessité d’utiliser une solution antiseptique ou un agent ATTENTION : Éviter l’utilisation conjointe d’un antiseptique et d’un antimicrobien.
antimicrobien (Traitements locaux, F10). ATTENTION : Éviter l’utilisation d’antibiotiques topiques.
Consulter :
Signes et symptômes d’infection d’une plaie chronique dans Préparation du lit
de la plaie (F3)
Traitements locaux (F10)
En présence de signes d’infection systémique : Une antibiothérapie systémique par voie orale ou intraveineuse peut s’imposer
► aviser le médecin traitant selon la gravité de l’infection. Parfois, un débridement chirurgical par le
médecin s’avère nécessaire et ce, surtout si le risque d’une amputation est
car une antibiothérapie systémique s’impose dans la plupart des cas.
présent.
En dernier recours, une amputation sera nécessaire pour éviter un choc
septique.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs 21
Ulcère artériel
Interventions Outils cliniques et information complémentaire
Hydrater la peau environnante (sans ulcère) afin de prévenir les traumatismes. Consulter Traitements locaux (F10)
Éviter d'appliquer de la crème entre les orteils.
Après une chirurgie de revascularisation associée à un apport sanguin suffisant à
l’ulcère pour assurer un potentiel de cicatrisation :
► Discuter avec le médecin traitant
Sur ordonnance médicale individuelle, prendre l’initiative d’élaborer un plan de
soins et de traitements infirmiers visant :
o une cicatrisation en milieu humide contrôlé;
o un débridement.
En tout temps La surveillance clinique vise, entre autres, à déceler rapidement les situations à
risque et les signes de complication, ainsi qu’à intervenir, afin d’en minimiser les
En présence des observations suivantes : conséquences.
apparition de signes d’infection; Consulter la section « Complications d’un ulcère artériel » dans le TABLEAU
détérioration de l’ulcère; D’INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS D’ÉVALUATION.
douleur ischémique non soulagée;
infection non maîtrisée; Le chirurgien peut envisager l’amputation lorsque :
détérioration de l’état général de l'usager; o l’état de santé de l'usager n’est pas favorable à une revascularisation ou à
une angioplastie;
► Aviser le médecin traitant o la revascularisation ou l’angioplastie n’a pas donné les résultats escomptés;
o l’ulcère se détériore rapidement;
o l’infection ne peut être maîtrisée.
Contrôler la charge bactérienne et prévenir la surinfection La fréquence d’infection associée aux ulcères veineux est élevée. Plusieurs
Adopter une méthode d’asepsie chirurgicale lors des changements de pansements. facteurs liés à l'usager, sa collaboration et la chronicité de l'ulcère favorisent le
développement d'une infection.
Consulter l’arbre de décision « La prévention des infections ».
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs 22
OBJECTIF 3. SOULAGER OU CONTRÔLER LA DOULEUR
Ulcère veineux
Interventions Outils cliniques et information complémentaire
Soulager la douleur en prenant en considération les caractéristiques suivantes : Le soulagement de la douleur est essentiel à la collaboration de l'usager et doit
Type; être inscrit au plan de soins et de traitements infirmiers, car il contribue par le fait
Durée; même à augmenter la qualité de vie.
Localisation; Protocole de soulagement de la douleur en vigueur dans l’établissement.
Facteurs précipitants;
Il est possible de soulager la douleur associée à la maladie veineuse par
Intensité associée aux soins et traitements de l’ulcère : l’élévation de la jambe.
o privilégier le débridement chirurgical conservateur, Habituellement, la douleur associée à l’ulcère veineux est de type
o privilégier une coanalgésie (topique et systémique), neuropathique.
o lors des changements de pansements : offrir d’abord un analgésique, L’infection peut augmenter la douleur locale au niveau de l’ulcère.
humecter le pansement en place avant son retrait (à domicile, prendre une
En présence d’une douleur associée au débridement chirurgical, consulter la
douche) et sélectionner un pansement non adhérent;
section Traitements pharmacologiques topiques dans Évaluation de la douleur
Exigences du Protocole de soulagement de la douleur en vigueur dans (F4).
l’établissement.
Consulter Traitements pharmacologiques topiques dans Évaluation de la douleur
(F4)
Offrir des moyens de soulagement de la douleur adaptés à l’usager avec une Diminuer l’œdème.
maladie veineuse chronique. Croiser les jambes est un obstacle au retour veineux et ralentit la guérison.
Limiter les stations debout ou assises prolongées. Faire des exercices et marcher diminuent la sensation de lourdeur.
Au repos, surélever les membres inférieurs; les chevilles doivent être plus hautes
que le cœur. Consulter Habitudes de vie dans Ulcère des membres inférieurs (F6)
Éviter de croiser les jambes.
Faire des exercices passifs avec les chevilles.
Marcher.
Si la douleur n’est pas soulagée :
► aviser le médecin traitant
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs 23
Ulcère artériel
Interventions Outils cliniques et information complémentaire
Soulager la douleur en prenant en considération les caractéristiques suivantes : La douleur ischémique (claudication intermittente, douleur nocturne) est
Type; présente lorsque l’irrigation sanguine des membres inférieurs ne répond pas aux
besoins d’oxygénation des tissus.
Durée;
Localisation; Le soulagement de la douleur reliée à l’ischémie exige la collaboration du
médecin traitant et, dans certains cas, une approche interdisciplinaire.
Facteurs précipitants;
L’infection peut augmenter la douleur locale au niveau de l’ulcère.
Intensité associée aux soins et traitements de l’ulcère :
o lors des changements de pansements : offrir d’abord un analgésique, Protocole de soulagement de la douleur en vigueur dans l’établissement.
humecter le pansement en place avant son retrait (à domicile, prendre une
douche); Consulter Évaluation de la douleur (F4)
Exigences du Protocole de soulagement de la douleur en vigueur dans
l’établissement.
Offrir des moyens de soulagement de la douleur adaptés à l’usager avec une Le soulagement de la douleur ischémique favorise le sommeil, l’appétit, les
maladie artérielle périphérique activités de la vie quotidienne et la marche, ce qui a, en retour, un impact direct
sur la diminution de la douleur en soi.
Encourager l’exercice physique.
Favoriser la prise d’un analgésique régulièrement et d’une médication
L’exercice physique favorise le développement de la circulation collatérale; p.
appropriée à la maladie artérielle périphérique.
ex. : marcher pendant 30 minutes, 3 fois par semaine.
Alterner les périodes de repos et d’activité.
Éviter le froid, la caféine et les vêtements constrictifs.
Privilégier une relation d’accompagnement, surtout pour l’usager qui anticipe Consulter Habitudes de vie dans Ulcère des membres inférieurs (F6)
une amputation ou qui vient d’être amputé.
Si la douleur n’est pas soulagée :
► Aviser le médecin traitant.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs 24
OBJECTIF 4. UTILISER UN SYSTÈME DE COMPRESSION VEINEUSE AFIN DE DIMINUER L’ŒDÈME, TRAITER L’ULCÈRE VEINEUX ET PRÉVENIR UNE RÉCIDIVE
Ulcère veineux
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Sélectionner un système de compression veineuse adapté à l’usager et à L’évaluation de l’indice de pression systolique cheville‐bras (IPSCB), ainsi que la
l’évolution de son ulcère en tenant compte de : sélection d’un système de compression veineuse, doivent être réalisées par une
niveau de compression désiré selon le résultat de l’IPSCB; infirmière détenant les compétences cliniques requises.
morphologie de la jambe; L’application d’un bandage de compression doit être effectuée par un
caractéristiques de la plaie et de la peau environnante (dimension, localisation, professionnel de la santé détenant les connaissances et compétences requises,
exsudat, dermatite, etc.); ainsi que les autorisations de son milieu de travail (certaines activités réservées
douleur; à des professionnels peuvent être autorisées, selon le milieu, à d'autres
degré de mobilité; professionnels).
préférences et besoins de l'usager; Toujours lire les modalités d’application avant d’installer un système de
coûts et disponibilité du matériel de soins envisagé (selon les politiques et compression.
procédures de l’établissement);
Le contrôle de l’hypertension veineuse nécessite une compression d’au moins
modalités d’application (recommandations du fabricant);
30 mm Hg à la cheville.
type de compression.
Dans le cas où un diagnostic médical confirme un ulcère veineux sans atteinte
artérielle, l'infirmière, qui a les compétences requises, peut débuter une
ATTENTION : Lors de la rencontre avec l'usager, vérifier si la taille de ses chaussures
compression veineuse.
permet l’application d’un bandage de compression.
Un bas à compression graduelle (de 20 à 40 mm Hg) du pied au genou est
efficace pour maîtriser l’hypertension veineuse.
Les bas « anti‐embolie » utilisés en période postopératoire sont inefficaces pour
une thérapie de compression, car leur pression est d’environ 8 à 18 mm Hg.
Consulter :
Ulcère des membres inférieurs (F6) :
o Indications et contre‐indications
o Critères à considérer avant de sélectionner un système de compression
o Types de système de compression
o Technique et particularités d’application d’un bandage de compression
Surveiller le degré de tolérance de l’usager lors des premières applications d’un Une évaluation / un suivi doit toujours être fait lors de l’utilisation d’un nouveau
bandage de compression système de compression afin de déceler toute complication.
En début de traitement, changer souvent le bandage afin de dépister tout signe
d’allergie, de dermatite, de maladie artérielle périphérique ou de douleur.
En présence d’intolérance ou d’inconfort à la suite de l’application d’un bandage
de compression, favoriser la prise d’un analgésique pour une période de 2
semaines. S’il y a peu d'amélioration :
► Aviser le médecin traitant.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs 25
Ulcère veineux
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Privilégier la compression pneumatique dans les cas suivants : La compression pneumatique correspond à un manchon gonflable placé autour de
usager grabataire/immobile (Bryant et Nix, 2016); la jambe puis gonflé à une pression prédéterminée à la suite d’une ordonnance
présence de maladie artérielle périphérique légère à modérée; (30 ‐ 60 mm Hg).
nécessité de diminuer rapidement la dimension de la jambe avant de mettre un La compression peut être intermittente (chambre d’air gonflée par intermittence)
bandage compressif ou un bas élastique; ou séquentielle (série de chambres d’air gonflées l’une après l’autre selon un axe
besoin de contrôler un œdème récalcitrant ou un lymphœdème; distal‐proximal) (Bryant et Nix, 2016).
alternative aux bandages de compression chez l’usager qui ne tolère pas un
autre système de compression, effectue peu de mobilisations ou souffre
d’obésité morbide (Bryant et Nix, 2016);
morphologie atypique de la jambe (Ratliff, Yates, McNichol et Gray, 2016).
Enseigner à l'usager L’usager à risque et celui qui souffre de la maladie veineuse doivent intégrer la
thérapie de compression à leur mode de vie.
Informer l'usager qu’une fois l’ulcère guéri, il devra porter des bas de compression
élastiques en permanence du lever au coucher afin de : L’usager doit comprendre que la prévention de l’ulcère veineux exige le port
maîtriser l’hypertension veineuse; d’un bas élastique à vie.
prévenir l’œdème; Les bas élastiques doivent être mis aux deux jambes avant le lever et être
prévenir une récidive de l’ulcère. enlevés au coucher. En d’autres temps, l'usager doit se coucher et surélever ses
jambes plus hautes que le cœur, minimalement 20 minutes avant d’enfiler ses
bas.
Informer l’usager que la prise régulière d’un analgésique en début de traitement
facilite l'adaptation à la compression et est préférable à une diminution de pression
(nombre de mm Hg) ou au fait de ne pas porter de compression.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs 26
Ulcère mixte
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Sélectionner un système de compression veineuse adapté à l’usager et à Toujours obtenir une ordonnance médicale individuelle avant d’installer une
l’évolution de son ulcère en tenant compte de : compression veineuse chez un usager avec un ulcère mixte.
l’IPSCB (et selon l’ordonnance médicale individuelle) ou en présence de L’application d’un nouveau système de compression doit toujours s’effectuer
symptômes de maladie artérielle périphérique avec un IPSCB normal; sous supervision clinique étroite afin de déceler toute problématique liée au
la qualité du réseau artériel (déterminée par l’évaluation de la situation clinique); traitement.
des informations inscrites de la section Interventions du tableau « Ulcère Un bas à compression graduelle (de 20 à 40 mm Hg) du pied au genou est
veineux ». efficace pour maîtriser l’hypertension veineuse.
► Aviser le médecin traitant. Les bas anti‐embolie utilisés en période postopératoire sont inefficaces pour une
thérapie de compression, car leur pression est d’environ 8 à 18 mm Hg.
et obtenir une ordonnance médicale individuelle qui déterminera le type de
compression.
Surveiller le degré de tolérance de l’usager lors des premières applications d’un
bandage de compression
En début de traitement, changer souvent le bandage afin de dépister tout signe
d’allergie, de dermatite ou de détérioration relié à la maladie artérielle
périphérique.
En présence d’intolérance ou d’inconfort à la suite de l’application d’un bandage
de compression, favoriser la prise d’un analgésique pour une période de 2
semaines. S’il y a peu d'amélioration :
► Aviser le médecin traitant.
Enseigner à l'usager L’usager à risque et celui qui souffre d’un ulcère veineux doivent intégrer la thérapie
Informer l’usager qu’une fois l’ulcère guéri, il devra porter des bas élastiques en de compression à leur mode de vie.
permanence du lever au coucher afin de :
o maîtriser l’hypertension veineuse;
o prévenir l’œdème;
o prévenir une récidive de l’ulcère.
Ulcère artériel
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
NE PAS APPLIQUER DE COMPRESSION VEINEUSE chez l'usager porteur d’un ulcère Dans le cas d’un usager avec maladie artérielle, la compression veineuse est
artériel, c’est‐à‐dire qui présente l’un des signes suivants : contre‐indiquée, car elle risque de provoquer une ischémie.
IPSCB ≤ 0,5;
Chez cette clientèle diabétique, âgée ou avec une maladie rénale, l’IPSCB risque
IPSCB > 1,3 associé à l’une ou l’autre des conditions suivantes :
d’être faussé à cause de la calcification des artères.
o maladie artérielle périphérique,
o diabète,
o arthrite rhumatoïde,
o vasculite.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs 27
OBJECTIF 5. ENCOURAGER LA MOBILITÉ
Ulcère veineux
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Usager mobile La marche et l’exercice activent la pompe musculaire du mollet, maintiennent la
Encourager l'usager à marcher et à faire des exercices actifs et passifs : fonction articulaire de la cheville et favorisent le retour veineux.
o reproduire les lettres de l’alphabet avec le premier orteil et la jambe;
o faire des exercices en utilisant un pédalier.
Usager sédentaire La mobilité de l’articulation de la cheville est essentielle pour activer la pompe
Évaluer la mobilité de l’articulation de la cheville. musculaire du mollet. Si l’articulation est ankylosée, la congestion veineuse sera
exacerbée.
► Aviser la physiothérapeute (selon le cas).
La physiothérapeute peut évaluer les besoins de l'usager et établir un Plan
Aviser l'usager :
d’exercices personnalisé.
o d’éviter la position assise pendant de longues périodes;
o de surélever ses jambes plus haut que le niveau du cœur, en position assise
Consulter L’interdisciplinarité dans les soins de plaies (F12)
ou couchée, pendant au moins 2 heures par jour.
Une fois l’ulcère guéri : Une marche quotidienne d’environ 30 minutes constitue le meilleur exercice.
encourager l'usager à poursuivre son programme d’exercices et à surélever ses L’utilisation de blocs de bois de 15 cm (6 po) de hauteur sous le pied du lit et la
jambes. surélévation des jambes sur l’appui‐bras d’un fauteuil sont des moyens de
surélever les membres inférieurs.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs 28
Ulcère artériel
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Usager mobile Le traitement symptomatique de la claudication intermittente repose
Encourager l'usager à : essentiellement sur un programme d’exercices physiques basé sur la marche.
o marcher : séances de 30 minutes, 3 fois par semaine; Un bon programme de marche est d’une durée de 30 minutes, à un rythme qui
déclenche une douleur quasi maximale à chaque séance, et comporte au moins
o éviter de croiser les jambes.
3 séances par semaine pendant une période de 6 mois.
Consulter Traitement de la maladie artérielle périphérique dans Ulcère des
membres inférieurs (F6)
Usager alité Chez la clientèle aux prises avec une maladie artérielle périphérique, le risque
Instaurer des mesures favorisant la circulation et visant la prévention des d’ulcère de pression aux talons est très élevé.
lésions de pression aux membres inférieurs : Les protecteurs de talon diminuent la friction et le cisaillement, mais pas la
o changer fréquemment la position des membres inférieurs; pression.
o éviter de croiser les jambes;
Consulter :
o garder les jambes plus basses que le cœur (Trendelenburg inversé);
Lésion de pression (F8)
o placer des oreillers sous les mollets de façon à libérer les talons de la pression Démarche clinique « Lésion de pression » (D1)
(talons dans le vide).
Usager ayant récemment subi une amputation
► Aviser le service de physiothérapie et d’ergothérapie. La physiothérapeute et l’ergothérapeute peuvent évaluer les besoins de l'usager
S’assurer qu’un programme de réadaptation est en cours. et établir un plan de traitement personnalisé.
Instaurer des mesures visant la prévention des lésions de pression au membre
restant. Consulter L’interdisciplinarité dans Les soins de plaies (F12)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs 29
OBJECTIF 6. ACCOMPAGNER L’USAGER ET SA FAMILLE DANS LE PROCESSUS DE CICATRISATION
Ulcère veineux
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Favoriser l’expression des sentiments, de la frustration et des craintes face à la Le processus de cicatrisation d’un ulcère veineux dure environ 12 semaines.
présence de l’ulcère et aux conséquences qui s’ensuivent Les principaux indicateurs d’inconfort associés à l’ulcère veineux sont :
o guérison lente;
Favoriser la relation d’accompagnement.
o perte de mobilité;
Faire participer l'usager et sa famille à l’élaboration du plan de soins et de o peur d’une récidive;
traitements infirmiers. o douleur chronique;
o modification de l’image corporelle.
Insister sur le fait que la compression veineuse fait partie du traitement en cours
et préviendra les récidives.
Consulter les membres de l’équipe des soins infirmiers et de l’équipe Pour obtenir des soins optimaux et s’assurer de la prise en charge de l’état de
interdisciplinaire santé global de l'usager, il est recommandé de mettre en place une équipe
Pour élaborer un programme de soutien et d’accompagnement, consulter les interdisciplinaire.
ressources suivantes : L'usager et sa famille doivent être au cœur de l’équipe interdisciplinaire; les
o infirmière, infirmière auxiliaire, préposé aux bénéficiaires; particularités de la situation clinique déterminent quels professionnels en feront
o auxiliaire familiale; partie.
o physiothérapeute; La nutritionniste joue un rôle important pour aider l'usager à faire les bons choix
o ergothérapeute; alimentaires et lui assurer un état nutritionnel optimal favorisant la cicatrisation.
o nutritionniste; La physiothérapeute peut également intervenir, notamment lorsque le
o travailleur social; traitement nécessite d’améliorer la mobilité ou l’efficacité de la pompe
o etc. musculaire du mollet.
Le psychologue et le travailleur etc social peuvent également intervenir, si les
besoins de l'usager l’exigent.
Consulter L’interdisciplinarité dans les soins de plaies (F12)
Une fois l’ulcère guéri Le mode de suivi de l'usager peut varier selon les politiques et procédures de
Réévaluer la situation clinique afin de prévenir les récidives : 1 fois/mois pendant l’établissement.
3 mois, puis aux 3 mois. L’enseignement à l'usager et à sa famille, ainsi qu’un suivi régulier, jouent un rôle
Faire un examen physique des membres inférieurs important dans la prévention des récidives.
Réévaluer l’IPSCB
Réévaluer les facteurs de risque
Consulter la brochure d’enseignement « L’ulcère veineux. Comment en prendre soin
Évaluer le niveau d’observance au plan de traitement : et éviter une récidive? »
o thérapie de compression et renouvellement des bas élastiques aux 6 mois;
o activités physiques;
o contrôle du poids;
o respect de la médication.
Préciser les besoins d’apprentissage et dispenser l’enseignement requis
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs 30
Ulcère artériel
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Favoriser l’expression des sentiments, des frustrations et des craintes face à L’ulcère artériel est une plaie chronique habituellement douloureuse, dont le
l’apparition de l’ulcère et aux conséquences qui s’ensuivent processus de cicatrisation est inexistant (sauf dans les cas de revascularisation).
La présence d’un ulcère artériel cause beaucoup d’inconfort et provoque un
Accompagner l'usager dans son processus de deuil : sentiment de désespoir causé par :
o perte de la qualité de vie; o une douleur ischémique chronique, souvent difficile à soulager;
o anxiété face à la possibilité de subir une amputation; o la perte de mobilité;
o dans les situations les plus graves, perte d’un membre ou d’une partie d’un
o la diminution du sommeil engendrée par la douleur;
membre.
o un risque d’amputation et de modification de l’image corporelle;
o des pertes (processus de deuil).
L’amputation est plus facile à accepter chez un usager ayant une douleur
ischémique intolérable.
Chez l'usager avec une neuropathie diabétique, l’absence de douleur peut nuire
au processus d’acceptation.
Élaborer un programme de soutien et d’accompagnement en consultant les Le confort de l'usager et le soulagement de la douleur se situent parmi les
membres de l’équipe des soins infirmiers et de l’équipe interdisciplinaire priorités du plan thérapeutique infirmier.
concernés : Le psychologue et le travailleur social peuvent également intervenir, si les
infirmière, infirmière auxiliaire, préposé aux bénéficiaires; besoins de l’usager l’exigent.
auxiliaire familiale;
physiothérapeute; Consulter L’interdisciplinarité dans les soins de plaies (F12)
ergothérapeute;
nutritionniste;
travailleur social;
psychologue;
etc.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs 31
OBJECTIF 7. MAXIMISER L’ÉTAT NUTRITIONNEL
Ulcère veineux ‐ Ulcère artériel ‐ Ulcère mixte
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
En présence d’un des indicateurs de dénutrition suivants : Selon le National Pressure Ulcer Advisory Panel (NPUAP), l’European Pressure Ulcer
perte de poids > 5 % dans le dernier mois; Advisory Panel (EPUAP) et la Pan Pacific Pressure Injury Alliance (PPPIA) (2014), la
perte de poids > 10 % au cours des 6 derniers mois; dénutrition se définit par la présence de plus de deux des caractéristiques suivantes :
indice de masse corporelle (IMC) < 18,5; apport insuffisant;
signes de dénutrition ou de déshydratation; perte de poids involontaire;
mesures anthropométriques; perte de masse musculaire;
outils de dépistage de la dénutrition; perte de gras sous‐cutanée;
obésité. accumulation localisée ou généralisée de fluide.
► Aviser le médecin traitant et la nutritionniste
La gestion d’un soutien alimentaire relève des compétences de la nutritionniste et
doit respecter les quatre règles suivantes :
o déterminer l’apport nutritionnel;
o assurer un apport nutritionnel adéquat;
o amorcer la consommation de nutriments additionnels et de suppléments;
o déterminer les carences en vitamines, minéraux et oligoéléments, et les
combler.
Consulter :
Contraintes à la cicatrisation (F2)
L’interdisciplinarité dans les soins de plaies (F12)
Évaluer les facteurs les plus courants susceptibles de nuire à un apport alimentaire Une plaie qui stagne, ou se détériore, peut être un indicateur de différents
adéquat : déficits nutritionnels.
diminution de l’appétit; S'assurer d'un suivi par la nutritionniste.
restriction diététique thérapeutique;
incapacité d’acheter ou de préparer des aliments; Consulter Contraintes à la cicatrisation (F2) :
perte de dents ou mauvais ajustement des dentiers; o Carences nutritionnelles et incidences sur la cicatrisation
incapacité à se nourrir de façon autonome; o Facteurs les plus courants susceptibles d’influencer un apport alimentaire
intolérance à la nourriture (ex. : induite par la chimiothérapie); adéquat
altération des capacités d’ingestion, de digestion, d’absorption, ou du
métabolisme :
o changements dans la variété d’aliments ingérés,
o nausée, vomissement, anorexie ou diarrhée,
o revenu limité,
o isolation sociale.
autres : vieillissement, allergies ou intolérances alimentaires, tableau infectieux,
désordre électrolytique, intervention chirurgicale, hospitalisation, hébergement.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs 32
Ulcère veineux ‐ Ulcère artériel ‐ Ulcère mixte
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Encourager l'usager à avoir des apports nutritionnel et hydrique adéquats en Pour favoriser la cicatrisation, maintenir ses défenses immunitaires et diminuer
tenant compte des éléments suivants : le risque d’infection, l'usager aux prises avec une plaie chronique doit avoir une
ses problèmes de santé (diètes, intolérances, allergies, diabète, etc.) diète riche en protéines et en calories. Il doit aussi s’alimenter selon les
ses attentes; recommandations du guide « Bien manger avec le Guide alimentaire canadien ».
ses habitudes alimentaires et goûts; En effet, aucun nutriment en particulier ne peut, à lui seul, accélérer ni garantir
ses croyances religieuses et origine ethnique; la guérison d’une plaie.
son âge et état de santé; Une carence en apport protéino‐énergétique est fréquente chez les personnes
ses revenus et ressources personnelles (ex. : soutien à domicile, aidants âgées.
naturels).
Consulter :
► Consulter la nutritionniste. Rôle de la prévention et le traitement des plaies dans Contraintes à la
cicatrisation (F2)
L’interdisciplinarité dans les soins de plaies (F12)
Dans les cas d’obésité morbide L’obésité est un facteur de risque important dans le développement de
Informer l'usager du lien entre l’obésité, la maladie veineuse chronique et le l’hypertension veineuse; elle peut être un indicateur de dénutrition. Dans ce cas,
processus de cicatrisation de l’ulcère veineux. un programme d’alimentation visant une perte de poids, adapté aux besoins et
Inciter l'usager à perdre du poids afin d’optimiser le plan de soins et de aux goûts de l'usager, s’impose.
traitements infirmiers. L'usager obèse a souvent de la difficulté à tolérer une compression veineuse.
Sans perte de poids, la compression veineuse est inefficace.
► Consulter la nutritionniste.
Chez la clientèle obèse, l’augmentation de la pression intraabdominale peut
entraîner une maladie veineuse chronique.
Consulter Ulcère des membres inférieurs (F6) :
o Physiopathologie et facteurs de risque de la maladie veineuse chronique
o Traitement de la maladie veineuse
o Traitement de la maladie artérielle
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs 33
OBJECTIF 8 : ACCOMPAGNER L’USAGER ET SA FAMILLE DANS LE PROCESSUS DE CICATRISATION
Interventions Outils cliniques et information complémentaire
Favoriser l’expression des sentiments, frustrations et craintes de l’usager face à Les principaux indicateurs de malaises associés à une lésion de pression chronique
la présence d'une lésion et aux conséquences. sont :
o la lenteur de la cicatrisation;
o le risque de récidives;
Privilégier une relation d’accompagnement.
o les douleurs chroniques;
Faire participer l’usager et sa famille à l’élaboration du plan de soins et de o la modification de l’image corporelle;
traitements infirmiers. o la perte de mobilité temporaire.
Insister sur le fait que l’alternance des positions fait partie du traitement et
préviendra ultérieurement une récidive.
Interventions susceptibles d’aider l’usager :
o l’écouter;
o l’aider à exprimer ses craintes;
o lui donner une information exacte;
o le renseigner sur les ressources disponibles dans sa communauté;
o au besoin, le diriger vers d’autres professionnels de la santé.
Un soutien particulier doit être apporté à l'usager :
o blessé médullaire, aux prises avec une récidive de lésion de pression;
o en phase terminale.
Élaborer un programme de soutien et d’accompagnement en consultant les Pour obtenir des soins optimaux, il est recommandé de mettre en place une équipe
membres de l’équipe des soins infirmiers et l’équipe interdisciplinaire interdisciplinaire afin d’assurer la prise en charge de l’état de santé global de
concernés : l’usager.
L’usager et sa famille doivent être au cœur de l’équipe interdisciplinaire et les
infirmière, infirmière auxiliaire, préposé aux bénéficiaires; particularités de la situation clinique déterminent qui en fera partie.
auxiliaire familiale;
physiothérapeute;
ergothérapeute; Consulter L’interdisciplinarité dans les soins de plaies (F12)
nutritionniste;
travail social.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs 34
OBJECTIF 9. ENSEIGNER LES AUTOSOINS PERMETTANT DE TRAITER L’ULCÈRE ET DE PRÉVENIR LES RÉCIDIVES
Ulcère veineux
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Enseigner à l'usager et sa famille les autosoins reliés au traitement de l’ulcère et à Le plan d’enseignement vise à aider l'usager et sa famille à :
la prévention de récidives o acquérir les connaissances et les compétences qui permettront d’atteindre
Remettre à l'usager et à sa famille une brochure d’enseignement et répondre à les objectifs notés au plan de soins et de traitements infirmiers;
leurs questions. o accroître l’autonomie en regard de la prévention et des soins de plaies;
Encourager la collaboration de l'usager et de sa famille, et leur enseigner les o faire des choix éclairés.
notions suivantes :
o causes et facteurs de risque de l’ulcère veineux; Consulter la brochure d’enseignement « L’ulcère veineux. Comment en prendre soin
o soins, traitements en cours et éléments à surveiller (complications); et éviter une récidive? »
o nécessité d’une thérapie de compression et information pour se procurer des
bas de compression;
o médication;
o saines habitudes de vie : cessation du tabagisme, alimentation, contrôle du
poids, programme d’exercices;
o moyens pour soulager la douleur;
o ressources communautaires.
Donner un enseignement personnalisé, basé sur les capacités d’apprentissage de
l'usager :
o tenir compte de ses contraintes physiques, psychologiques, intellectuelles,
socioculturelles et économiques.
Ulcère artériel
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Enseigner à l'usager et à sa famille les autosoins reliés au traitement de l’ulcère, au Le plan d’enseignement vise à aider l'usager et sa famille à :
soulagement de la douleur et au confort o acquérir les connaissances et les compétences qui permettront d’atteindre
Encourager la collaboration de l'usager et de sa famille, et leur enseigner les les objectifs notés au plan de soins et de traitements infirmiers;
notions suivantes : o d’accroître l’autonomie en regard de la prévention et des soins de plaies;
o causes et facteurs de risque de l’ulcère artériel; o faire des choix éclairés.
o soins, traitements en cours et éléments de surveillance (complications);
o médication;
o saines habitudes de vie : cessation du tabagisme, alimentation, contrôle du
poids, programme d’exercices;
o moyens pour soulager la douleur;
o ressources communautaires.
Donner un enseignement personnalisé, basé sur les capacités d’apprentissage de
l'usager :
o tenir compte de ses contraintes physiques, psychologiques, intellectuelles,
socioculturelles et économiques.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs 35
Aviser le médecin traitant du plan de soins et traitements infirmiers
Objectifs de soins prioritaires
Interventions cliniques prévues (soins et traitements)
Consultations professionnelles demandées ou en cours
Suggestions d’une consultation auprès d’un médecin spécialiste (s’il y a lieu)
À TITRE INDICATIF
Référence à un médecin spécialiste Outils cliniques et informations complémentaires
Si, malgré un plan de soins et de traitements infirmiers jugé optimal et observé Une demande de consultation médicale doit être remplie par le médecin traitant
pendant au moins 1 mois, la cicatrisation de l’ulcère de jambe ne s’améliore pas ou pour orienter l'usager vers un médecin spécialiste (ex. : dermatologie, médecine ou
la plaie se détériore : chirurgie vasculaire).
► Orienter l'usager vers son médecin.
Dès que la situation clinique de l'usager exige : Une demande de consultation médicale auprès d’un spécialiste en médecine
o une investigation vasculaire approfondie en prévision d’une vasculaire ou d’un chirurgien vasculaire doit être complétée par le médecin traitant.
revascularisation ou d’une angioplastie percutanée;
o de vérifier si l'usager est apte à subir une chirurgie veineuse ou artérielle;
► Orienter l'usager vers son médecin.
Dès l’observation de signes et symptômes d’infection : En présence de signes d’infection :
o L'usager doit consulter IMMÉDIATEMENT son médecin traitant ou se rendre
► Propagation de l’infection, cellulite, abcès, ostéomyélite ou infection à une urgence (clinique privée ou centre hospitalier).
systémique o Dans certains cas, le médecin traitant communiquera avec un infectiologue,
► Référer immédiatement l'usager vers son médecin traitant. un microbiologiste ou un spécialiste en médecine interne afin que l'usager
obtienne rapidement une consultation.
Consulter Signes et symptômes d’infection d’une plaie chronique dans Préparation
du lit de la plaie (F3)
En présence d’un ulcère veineux qui ne guérit pas malgré un traitement optimal et Une demande de consultation médicale auprès d’un spécialiste doit être remplie par
un contrôle également optimal de la condition clinique associée à l’ulcère (ex. : le médecin traitant afin d’investiguer si l’étiologie de l’ulcère est autre (ex. :
diabète, maladie artérielle périphérique) : vasculite, pyoderma gangrenosum, calciphylaxie, néoplasie).
► Orienter l’usager vers son médecin traitant.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs 36
Mettre en œuvre le plan de soins et traitements infirmiers et y noter toutes les interventions réalisées
Interventions Outils cliniques et information complémentaire
Consigner au dossier tous les documents relatifs aux soins et aux traitements de Consulter toutes les sections de la démarche clinique afin de bien documenter les
l’ulcère des membres inférieurs de l'usager. données et les interventions de soins.
► Plan thérapeutique infirmier
► Plan de soins et de traitements infirmiers La documentation des soins infirmiers fait partie intégrante de certains éléments
d’exercice énoncés dans le document Perspectives de l’exercice de la profession
► Notes d’évolution rédigées par l’infirmière
d’infirmière (Durand, Leprohon et Roy, 2014a, 2014b; Durand, 2016).
Inscrire les données reliées aux aspects suivants :
évaluation initiale et en cours d’évolution : Elle remplit également une obligation déontologique puisque le Code de déontologie
o facteurs de risque (ex. : tabagisme, obésité) et mesures visant à les des infirmières et infirmiers est explicite en ce qui concerne l’inscription des
diminuer, informations au dossier de l'usager et la continuité des soins (OIIQ, 2015).
o antécédents d’ulcères aux membres inférieurs,
o état nutritionnel (carences et besoins), De plus, le suivi clinique de l'usager fait l’objet d’une norme, le plan thérapeutique
o état des membres inférieurs, infirmier, qui rend son inscription au dossier obligatoire (Leprohon et Lessard, 2006).
o degré d’atteinte vasculaire (IPSCB) et autres,
o douleur et méthodes visant à la soulager, inconfort, Consulter :
o incidences de la plaie sur les AVQ et AVD; Contraintes à la cicatrisation (F2)
Évaluation de la douleur (F4)
type d’ulcère : veineux, artériel, mixte ou autre;
Évaluation des membres inférieurs (F5)
caractéristiques de l’ulcère et de la peau environnante;
Ulcère des membres inférieurs (F6)
Plan de soins et de traitements infirmiers en cours;
Démarche clinique « Traitement local de la plaie » (D4)
références à une ordonnance médicale collective ou à un protocole de soins;
système de compression utilisé;
éléments de surveillance clinique, fréquence des évaluations et situations où
le médecin doit être avisé (ex. : douleur);
résultats des épreuves diagnostiques (ex. : IPSCB, pouls périphériques, culture
de plaie);
consultations médicales et professionnelles;
éléments d’enseignement à l'usager et à sa famille déjà fournis, en cours, à
compléter ou à renforcer.
Observance de l'usager :
o port d’un système de compression veineuse;
o participation à un programme d’exercices;
o maintien ou diminution du poids;
o cessation du tabagisme.
Résultats obtenus
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs 37
ASSURER LE SUIVI ET LA CONTINUITÉ DES SOINS
Recueillir les données évolutives, réévaluer les résultats et réviser le plan de soins et traitements infirmiers
Pendant l’ensemble de l’épisode de soins, exercer une surveillance clinique continue.
Déceler rapidement l’aggravation des signes cliniques associés à la maladie veineuse chronique ou à la maladie artérielle périphérique.
Déceler rapidement une complication (ex. : infection, ischémie, saignement).
Évaluer les résultats escomptés.
Réviser le plan de soins et de traitements infirmiers (au besoin).
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Surveiller l’évolution des facteurs de risque, de l’ulcère et de la situation L’infirmière doit exercer son jugement clinique pour établir la nature de la
clinique de l'usager. surveillance clinique et sa fréquence, selon la situation particulière de l'usager.
Lors des changements de pansements :
noter, en présence d’infection, les signes d’amélioration ou d’arrêt du Consulter :
processus de cicatrisation, ou la détérioration de l’ulcère; Contraintes à la cicatrisation (F2)
évaluer et mesurer la douleur à l’aide d’une échelle d’évaluation reconnue par Signes et symptômes d’infection d’une plaie chronique dans Préparation du lit
l’établissement; de la plaie (F3)
apprécier le degré d’observance au port du système de compression veineuse Collecte des données (F9)
(ulcère veineux ou mixte) par l’usager et le degré d’efficacité de ce système : Traitements locaux (F10)
o tolérance du système de compression et absence d’inconfort, Démarche clinique « Traitement local de la plaie » (D4)
o diminution de la douleur,
o diminution de l’œdème;
noter le niveau d’efficacité du pansement;
noter l’apparition de lésions satellites ou de signes de dermatite.
1 fois par semaine : L’évaluation des caractéristiques de l'ulcère est une activité, dédiée à
évaluer les caractéristiques de l’ulcère et de la peau environnante; l’infirmière, qui exige une habileté clinique particulière acquise par
noter les résultats du traitement en cours : l’observation minutieuse de l’aspect de celui‐ci et un jugement clinique qui
o diminution des dimensions de l'ulcère, s’appuie sur des connaissances à jour et des résultats probants dans le domaine
o diminution ou absence de tissus non viables, des plaies.
o peau environnante exempte de dermatite ou de lésions satellites, Puisque la cicatrisation est un processus dynamique qui modifie constamment
o absence de signes d’infection locale;, l’aspect clinique de l'ulcère, une évaluation rigoureuse et régulière de celui‐ci
o diminution de la circonférence de la jambe (selon le cas, dû à la diminution permet à l’infirmière de constater son évolution et de modifier, au besoin, le
de l’œdème). plan de soins et de traitements infirmiers.
Consulter :
Signes et symptômes d’infection d’une plaie chronique dans Préparation du lit
de la plaie (F3)
Évaluation de l’œdème dans Évaluation des membres inférieurs (F5)
Collecte des données (F9)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs 38
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Après 3 mois
La stimulation électrique est jugée bénéfique pour les ulcères veineux, car il est
Si l’ulcère veineux ou mixte est toujours présent, réévaluer : clairement démontré que la stimulation électrique est une thérapie adjuvante
permettant une amélioration des tissus et une réduction de la taille des plaies
l’évaluation complète des membres inférieurs incluant l’IPSCB; (Bryant et Nix, 2016).
tout changement dans les habitudes de vie; L’utilisation d’ultrasons diminue de façon significative la taille des ulcères
l’apparition de nouveaux facteurs de risque; veineux chez l’ensemble de la clientèle (Registered Nurses’ Association of
les autosoins. Ontario (RNAO), 2004).
Les études sur l’utilisation du laser, la thérapie par pression négative,
Envisager que l'ulcère ne soit pas relié à une maladie veineuse chronique, mixte l’oxygénothérapie hyperbare ainsi que l’ajout de sucre, de miel, de vitamines,
ou artérielle, mais à une autre étiologie sous‐jacente (mélanome basocellulaire, d’hormones de croissance ou de minéraux dans l’ulcère veineux n’ont pas fait
pyoderma gangrenosum, etc.). l’objet de résultats concluants (RNAO, 2004).
Considérer certains traitements adjuvants, tels que :
o la stimulation électrique; Consulter :
o les ultrasons. Contraintes à la cicatrisation (F2)
Éviter d’utiliser des traitements dont l’efficacité pour le traitement de l’ulcère Évaluation des membres inférieurs (F5)
veineux n’a été démontrée par aucune donnée probante à ce jour. Traitements adjuvants (F11)
En tout temps
Réévaluer les membres inférieurs en présence des observations suivantes : La maladie artérielle périphérique est évolutive chez la plupart des usagers.
o un ulcère qui ne guérit pas;
Consulter :
o une récidive;
o une augmentation soudaine de la douleur; Évaluation des membres inférieurs (F5)
o un changement de coloration ou de la température de la jambe. Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
Consulter les intervenants concernés L’infirmière doit consulter régulièrement le médecin traitant et les professionnels
Évaluer le niveau de collaboration de l’usager aux plans d’intervention de la santé concernés afin de recueillir des informations complémentaires.
nutritionnelle, d’exercices musculaires et de réadaptation (selon le cas). Une approche interdisciplinaire basée sur les besoins de l'usager et de sa famille
favorise le respect du plan de soins et de traitements infirmiers et l’atteinte des
objectifs de soins.
Consulter L’interdisciplinarité dans les soins de plaies (F12)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs 39
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
► Informer régulièrement le médecin traitant et ajuster le plan de soins et de Le médecin traitant doit être :
traitements infirmiers selon l’évolution de la situation clinique (évolution de informé régulièrement de l’état de santé de l'usager;
l’ulcère) : avisé de tout changement dans la situation clinique.
o apparition, persistance ou augmentation des signes d’infection locale ou
d'une propagation de l'infection; Consulter :
o arrêt du processus de cicatrisation ou détérioration de l’ulcère; Contraintes à la cicatrisation (F2)
o dermatite non résolue ou apparition de signes de dermatite; L’infection dans Préparation du lit de la plaie (F3)
o persistance de l’œdème; Évaluation de la douleur (F4)
o apparition de lésions satellites sur la peau environnante; Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
o apparition de nouveaux ulcères;
o intolérance au système de compression;
o apparition de nouveaux facteurs de risque;
o douleur non soulagée;
o besoins particuliers de l'usager et de sa famille.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs 40
Assurer la continuité des soins
Communiquer régulièrement l’information tout en contrôlant et en supervisant les soins.
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Prévoir le congé ou le transfert de l'usager vers un autre établissement Utiliser Collecte de données et évaluation de la plaie (F9) ainsi que tous les autres
Informer par écrit l'usager et le personnel soignant concerné. documents pertinents.
Remettre à l’établissement concerné une copie des données colligées, ainsi Les résumés de départ et les formulaires de transfert, de liaison, de suivi ou de
que tous les autres documents pertinents, relatifs aux éléments suivants : départ assurent la continuité des soins intra et inter‐établissements. Plusieurs outils
o facteurs de risque; de documentation servent, par ailleurs, à assurer la continuité des soins intra et
o type d’ulcère de jambe : veineux, mixte, artériel ou autre; interdisciplinaires.
o localisation et caractéristiques de l’ulcère;
Exemples :
o état de la peau environnante;
o facteurs de risque particuliers reliés au type d’ulcère en cause (veineux, o collectes de données;
mixte, artériel ou autre); o grilles d’évaluation clinique (douleur, plaie);
o résultats des analyses de laboratoire pertinentes; o grille d’éléments de surveillance;
o résultats des examens et tests diagnostiques pertinents; o plan de soins et de traitements infirmiers;
o plan de soins et de traitements infirmiers en cours; o plan thérapeutique infirmier;
o objectifs et interventions de soins; o formulaires de transfert, de liaison.
o responsabilités des membres de l’équipe de soins;
o éléments de surveillance clinique; Consulter les politiques et procédures de l’établissement.
o méthodes de soulagement de la douleur;
o médication en cours.
Selon le cas, transmettre également une copie des documents relatifs aux
aspects suivants :
o soutien nutritionnel;
o réactions indésirables secondaires à l’utilisation d’un médicament, d’un
produit ou d’un pansement;
o recommandations des professionnels concernés;
o accompagnement et soutien (de l'usager et de sa famille);
o besoins actuels de l'usager en matière d’apprentissage des autosoins liés
aux soins et traitements de l’ulcère et à la prévention de récidives,
objectifs d’apprentissage en cours de réalisation.
Utiliser les outils de communication intradisciplinaire, interdisciplinaire et Utiliser les documents de communication en usage dans l’établissement et dans le
interétablissements réseau concerné.
Plan thérapeutique infirmier et plan de soins et de traitements infirmiers reliés
à l’ulcère des membres inférieurs;
Consultations médicales et professionnelles;
Outils de communication complémentaires.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs 41
Bibliographie
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Durand, S., Leprohon, J. et Roy, C. (2014a). Champs d’exercice de l'infirmière et de l'infirmière auxiliaire et liens entre leurs activités réservées ou autorisées. Repéré à
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Durand, S., Leprohon, J. et Roy, C. (2014b). Champ d'exercice et activités réservées de l'infirmière. Repéré à https://www.oiiq.org/documents/20147/237836/8419_doc.pdf
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Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs 42
DÉMARCHE CLINIQUE 3
Ulcère du pied diabétique
TABLES DES MATIÈRES ‐ DÉMARCHE CLINIQUE 3
ÉVALUER LA SITUATION CLINIQUE INITIALE .................................................................................................................................................................................................. 2
RECUEILLIR DES DONNÉES ................................................................................................................................................................................................................................................ 2
ÉMETTRE DES HYPOTHÈSES ............................................................................................................................................................................................................................................ 12
COMMUNIQUER AVEC LE MÉDECIN TRAITANT ................................................................................................................................................................................................................... 12
CONCEVOIR LE PLAN DE SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS ET LE PLAN THÉRAPEUTIQIE INFIRMIER ......................................................................................................... 16
ÉTABLIR LES OBJECTIFS PRIORITAIRES DE SOINS DE L'USAGER ET NOTER LES INTERVENTIONS CLINIQUES SÉLECTIONNÉES DANS LE PLAN DE SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS ......................................... 16
AVISER LE MÉDECIN TRAITANT DU PLAN DE SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS ........................................................................................................................................................................ 35
METTRE EN ŒUVRE LE PLAN DE SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS ET Y NOTER TOUTES LES INTERVENTIONS RÉALISÉES ................................................................................................................... 36
ASSURER LE SUIVI ET LA CONTINUITÉ DES SOINS ........................................................................................................................................................................................ 37
RECUEILLIR LES DONNÉES ÉVOLUTIVES, RÉÉVALUER LES RÉSULTATS ET RÉVISER LE PLAN DE SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS ........................................................................................................... 37
ASSURER LA CONTINUITÉ DES SOINS ................................................................................................................................................................................................................................ 40
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 3 – Ulcère du pied diabétique i
ARBRE DE DÉCISION
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 3 – Ulcère du pied diabétique 1
Démarche clinique et traitements infirmiers
ULCÈRE DE PIED DIABÉTIQUE
ÉVALUER LA SITUATION CLINIQUE INITIALE
À l’aide des outils cliniques disponibles, recueillir les données liées à la neuropathie périphérique et à la maladie artérielle périphérique (map), puis évaluer l’ulcère
RECUEILLIR DES DONNÉES
Collecte de données Outils cliniques et informations complémentaires
Procéder à la collecte de données
Reconstituer les circonstances associées aux antécédents d’ulcère et à Recueillir les données à l’aide de l’outil « Collecte de données et évaluation de la
l’apparition de la plaie. plaie » dans le fascicule du même nom (F9).
o Localisation de l’ulcère DOSSIER clinique
o Circonstances liées à l’apparition de l’ulcère RENCONTRE avec l’usager et sa famille
o Antécédents d’ulcère aux membres inférieurs :
RENCONTRE avec l’équipe interdisciplinaire
facteurs précipitants;
âge à la première apparition; L’utilisation d'un outil de collecte de données :
nombre de récidives; facilite la collecte d’information clinique spécifique;
amputations; met en évidence les renseignements qui auront une incidence sur le
traitements antérieurs (pansements, médicaments, produits traitement et la cicatrisation de la plaie.
topiques) et temps de guérison. La chronologie des évènements liés à l’ulcère est essentielle pour établir l’étiologie
de la plaie.
Plusieurs usagers ont tendance à traiter leurs lésions eux‐mêmes avant de
consulter.
Consulter :
Contraintes à la cicatrisation (F2)
Ulcère du pied diabétique (F7)
Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
Noter la présence d’allergies ou d’intolérances
Médicaments Noter au plan de soins et de traitements infirmiers et éviter l’agent allergène.
Produits
Pansements Consulter Agents allergènes à éviter dans la composition des produits topiques
dans Traitements locaux (F10)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 3 – Ulcère du pied diabétique 2
Identifier les facteurs de risque
Diabète : L’une des principales mesures pour prévenir ou ralentir le développement de
o durée et contrôle du diabète; complications du diabète, en particulier au niveau des pieds, consiste en un contrôle
o antécédents d’ulcères aux pieds; rigoureux de la glycémie.
o antécédents de chirurgies ou de traumatismes aux pieds.
Consulter Ulcère du pied diabétique (F7)
Neuropathie : La perte de sensation protectrice empêche l’usager de ressentir les traumatismes et
o neuropathie sensorielle (perte de sensation protectrice); d’y réagir immédiatement pour se protéger. L’action conjuguée de la perte de
o neuropathie motrice; sensation protectrice du pied et des traumatismes répétitifs favorise l’apparition
o signes de neuropathie autonome. d’un ulcère.
Consulter Les neuropathies périphériques dans Ulcère du pied diabétique (F7)
Facteurs de risque associés à la maladie artérielle périphérique (MAP) : Le diabète est un facteur de risque au développement de la MAP et ce risque
o modifiables; augmente au fur et à mesure que le diabète évolue.
o qui prédisposent;
Consulter :
o non modifiables.
Évaluation des membres inférieurs (F5)
Facteurs de risque pouvant nuire au processus de cicatrisation : Ulcère des membres inférieurs (F6)
o antécédents médicaux; Ulcère du pied diabétique (F7)
o facteurs reliés à l’usager; ATTENTION : l'usager aux prises avec une claudication intermittente, ou une douleur
o médicaments susceptibles de nuire au processus de cicatrisation; aux membres inférieurs au repos ou durant la nuit, exige une investigation vasculaire
o facteurs locaux; approfondie.
o carences nutritionnelles susceptibles de nuire au processus de cicatrisation;
o facteurs de risque de la dénutrition; Le traitement des maladies concomitantes est d’ordre médical. Cependant,
o tabagisme, alcoolisme, toxicomanie. l’infirmière doit en tenir compte lors de l’élaboration du plan de soins et de
traitements infirmiers.
Consulter Contraintes à la cicatrisation (F2)
Consulter les résultats des examens et des analyses de laboratoire présents au dossier clinique
Analyses de laboratoire Consulter :
Radiographies et autres Les tests de laboratoire dans Contraintes à la cicatrisation (F2)
Tests et examens diagnostiques en présence d’infection dans Préparation du lit
de la plaie (F3)
Évaluation des membres inférieurs (F5)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 3 – Ulcère du pied diabétique 3
Consulter les résultats des épreuves diagnostiques
Évaluation de la maladie veineuse chronique Consulter Duplex ultrason/Doppler veineux dans Évaluation des membres
inférieurs (F5)
Évaluation de la maladie artérielle périphérique Consulter Évaluation des membres inférieurs (F5) :
Indice de pression systolique cheville‐bras (IPSCB)
Indice de pression systolique au premier orteil (IPO)
Pléthysmographie / Étude des ondes artérielles
Angiographie duplex
La pression artérielle segmentée
Pression d’oxygène transcutanée (TcPO2)
Pression de la perfusion à la peau
Angiographies
Procéder à l’examen physique des deux jambes et des deux pieds afin de rechercher des signes de neuropathie et de maladie artérielle périphérique
Évaluation des membres inférieurs Consulter :
Évaluation de la douleur (F4)
Évaluation des membres inférieurs (F5) :
o Évaluation de la jambe
o Évaluation du pied
o Évaluation des ongles
o Évaluation des chaussures
Manifestations cliniques de la maladie veineuse chronique Une combinaison des signes de maladies veineuse et artérielle indique la présence
d’un ulcère mixte. Dans ce cas, il importe d’évaluer l’étiologie prioritaire de l’ulcère
avant de concevoir un plan de soins et de traitements infirmiers.
Consulter :
Évaluation de la douleur (F4)
Évaluation des membres inférieurs (F5) :
o Évaluation de la jambe
o Évaluation du pied
o Évaluation des ongles
Ulcère des membres inférieurs (F6) :
o Ulcère veineux
Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 3 – Ulcère du pied diabétique 4
Manifestations cliniques de la maladie artérielle périphérique Une combinaison des signes de maladies veineuse et artérielle indique la présence
d’un ulcère mixte. Dans ce cas, il importe d’évaluer l’étiologie prioritaire de l’ulcère
avant de concevoir un Plan de soins et traitement infirmiers.
Consulter :
Évaluation de la douleur (F4)
Évaluation des membres inférieurs (F5) :
o Évaluation de la jambe
o Évaluation du pied
o Évaluation des ongles
Ulcère des membres inférieurs (F6) :
o Ulcère artériel
o Ulcère mixte
Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
Évaluer la douleur
Déterminer le type de douleur : Utiliser l’échelle préconisée dans le milieu de soins et s’assurer que l'usager
o neuropathique; comprenne cette échelle; s’il ne comprend pas, utiliser une autre échelle validée qui
o nociceptive. puisse convenir à cet usager.
Évaluer la douleur avec précision : PQRSTUV. Pour préciser le type de douleur, consulter Évaluation de la douleur (F4) qui facilite
l’évaluation en fonction de :
la cause : douleur nociceptive, neuropathique ou mixte;
la durée : douleur aiguë, chronique, transitoire ou procédurale.
Consulter :
Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
Ulcère du pied diabétique (F7)
Démarche clinique « Traitement local de la plaie » (D4)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 3 – Ulcère du pied diabétique 5
Évaluer l’état nutritionnel / Dépister les signes de dénutrition et de malnutrition ou de déshydratation
Utiliser les outils de dépistage de dénutrition et de malnutrition (F2) et Les outils de dépistage permettent d’identifier l’usager à risque de dénutrition afin qu’il
questionner l’usager s’il a eu une perte de poids récente. puisse être évalué par une nutritionniste.
o Noter les facteurs susceptibles d'influencer les apports alimentaires (F2).
Peu importe l’outil choisi, il est nécessaire de l’utiliser en combinaison avec l’évaluation
Noter les mesures anthropométriques. globale de l’usager, les mesures anthropométriques, les valeurs de laboratoire, le
Noter les analyses de laboratoire reliées à l’aspect nutritionnel. contexte socio‐économique de l’usager et les comportements alimentaires.
o S’il est nécessaire, prescrire d’autres analyses de laboratoire.
Il n’existe pas d’analyses de laboratoire spécifique pour diagnostiquer la dénutrition.
Consulter la nutritionniste lorsque l'usager présente un risque ou des signes de
Historiquement, l’albumine et la préalbumine étaient considérées comme étant des
dénutrition.
indicateurs de l’état nutritionnel. Il est maintenant reconnu que ces indicateurs sont
grandement influencés par les processus inflammatoires aigus ou chroniques.
L’utilisation seule de ces analyses de laboratoire n’est pas suffisante pour évaluer
l’état nutritionnel.
Vu les besoins accrus en nutriments chez l‘usager ayant une lésion cutanée, une
brûlure ou une plaie, l’évaluation initiale de l’infirmière vise d’abord à dépister
l’usager qui présente des risques de complications ou qui souffre de dénutrition.
Dans un deuxième temps, s’il y a lieu, une orientation vers une nutritionniste
permet une évaluation des besoins de façon plus approfondie.
Consulter :
Contraintes à la cicatrisation (F2) :
o Carences nutritionnelles et incidence sur la cicatrisation
o Facteurs de risque de la dénutrition
o Rôle de la nutrition dans la prévention et le traitement des plaies
o Dépistage
L’interdisciplinarité dans les soins de plaies (F12)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 3 – Ulcère du pied diabétique 6
Procéder aux tests diagnostiques
Manifestations cliniques de la neuropathie sensorielle Consulter :
Rechercher les signes de neuropathie sensorielle. Évaluation des membres inférieurs (F5) :
Questionnaire de dépistage : o Test au monofilament de Semmes‐Weinstein
o Vos pieds sont‐ils parfois engourdis? o Test du diapason
o Sentez‐vous parfois des chocs électriques dans les pieds? o Test de position
o Vous arrive‐t‐il d’avoir une sensation de brûlure aux pieds? o Biothésiométrie ou neurothésiomètre
o Avez‐vous parfois l’impression que des insectes se promènent sur vos Les neuropathies périphériques : neuropathie sensorielle ou sensitive dans
pieds? Ulcère du pied diabétique (F7)
Rechercher les signes de neuropathie motrice et autonome Les déformations osseuses et structurelles peuvent être liées au vieillissement, à un
traumatisme récurrent, à une maladie systémique, à une neuropathie motrice ou
sensorielle. Elles peuvent contribuer à l’apparition d’une callosité et d’ulcères au
niveau des protubérances osseuses soumises à une pression localisée.
Consulter :
Évaluation des membres inférieurs (F5) :
o Évaluation de la neuropathie périphérique
o Évaluation de la force musculaire et de la mobilité de la cheville
o Empreinte de pied
o Tracé du pied
Ulcère du pied diabétique (F7) :
o Les neuropathies périphériques : neuropathie autonome ou
végétative,
o Neuropathies sensitives et neuropathie moteur
o Pied de Charcot ou arthropathie de Charcot ou neuroarthropathie de
Charcot
L’aréflexie achilléenne est fréquente dans les cas de neuropathie et est presque
toujours bilatérale.
Consulter :
Ulcère du pied diabétique (F7) :
Pied diabétique : ajustement des chaussures
Les orthèses plantaires
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 3 – Ulcère du pied diabétique 7
Procéder aux tests diagnostiques
Manifestations cliniques de la maladie artérielle périphérique Une combinaison des signes de maladies veineuse et artérielle indique la présence
d’un ulcère mixte. Dans ce cas, il importe d’évaluer l’étiologie prioritaire de l’ulcère
Évaluation de la maladie artérielle périphérique
avant de concevoir un Plan de soins et traitement infirmiers.
Consulter :
Évaluation de la douleur (F4)
Évaluation des membres inférieurs (F5) :
o Prise du pouls tibial postérieur
o Prise du pouls pédieux
o Temps de remplissage capillaire
o Test de coloration du membre inférieur
o Indice de pression systolique cheville‐bras (IPSCB)
o Test à l’effort
o Indice de pression systolique au premier orteil (IPO)
o Pléthysmographie / Étude des ondes artérielles
o Doppler à ondes entretenues
o Angiographie duplex
o La pression artérielle segmentée
o Pression d’oxygène transcutanée (TcPO2)
o Pression de la perfusion à la peau
o Angiographies
Ulcère des membres inférieurs (F6) :
o Ulcère veineuse
o Ulcère artériel
o Ulcère mixte
Maladie artérielle périphérique dans Ulcère des membres inférieurs (F6) et
Ulcère du pied diabétique (F7)
Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 3 – Ulcère du pied diabétique 8
Évaluer les mesures préventives et curatives en cours : Méthode de mise en décharge
Méthode de mise en décharge actuelle ou port d’orthèse ou de soulier adapté La connaissance des types de dispositifs de mise en décharge, de leurs indications et
Contrôle du poids des limites de leur utilisation, permet à l’infirmière de vérifier si le dispositif employé
Exercice physique correspond à la situation clinique de l'usager et, s’il y a lieu, de le diriger vers un
Cessation du tabagisme spécialiste (médecin, podiatre, orthésiste).
Médication Consulter :
Traitement du diabète dans Ulcère du pied diabétique (F7)
La mise en décharge dans Ulcère du pied diabétique (F7)
Évaluer l’ulcère et la peau environnante
Noter les caractéristiques de l’ulcère. Il importe d’utiliser l’échelle qui est reconnue dans le milieu de soins.
Consulter :
Classer le pied diabétique et l’ulcère à l’aide de l’outil de classification.
Rechercher les signes et symptômes d’infection. Préparation du lit de la plaie (F3) :
o Définitions des termes utilisés dans le continuum de l’infection
o Signes et symptômes d’infection d’une plaie chronique
o Continuum d’une infection de plaie
Ulcère du pied diabétique (F7) :
o Classification d’un ulcère du pied diabétique
Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
Rechercher les signes indicateurs d’une cause sous‐jacente
Rechercher les signes indiquant une autre cause que le diabète ou une atteinte Le traitement des maladies concomitantes est d’ordre médical. Cependant,
artérielle (ex. : néoplasie, pyoderma gangrenosum, etc.). l’infirmière doit en tenir compte lors de l’élaboration du plan de soins et de
traitements infirmiers.
La détermination de la cause sous‐jacente de l’ulcère est préalable à
l’élaboration du plan de soins et de traitements infirmiers.
Consulter l’équipe médicale au besoin pour déterminer la cause de l’ulcère.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 3 – Ulcère du pied diabétique 9
Consulter le plan de traitement local en cours (s’il y a lieu)
Méthode d’asepsie Consulter :
Nettoyage Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
Pansement primaire Traitements locaux (F10)
Pansement secondaire Démarche clinique « Traitement local de la plaie » (D4)
Autres : protection ou traitement de la peau environnante, méthode de
compression veineuse (s’il y a lieu)
Évaluer les connaissances de l'usager sur les autosoins
Vérifier si l'usager est capable d’observer quotidiennement ses pieds. Les personnes qui connaissent les autosoins réduisant les risques et qui les
Connaît‐il les soins de pieds? mettent en pratique pourraient être moins exposées au risque d’ulcération, et ce,
A‐t‐il considéré l'arrêt tabagique? même en présence d’autres facteurs de risque.
Sait‐il quand et qui consulter lorsqu’un problème survient?
A‐t‐il déjà participé à une clinique d’enseignement sur le diabète?
Sait‐il comment bien contrôler sa glycémie?
A‐t‐il les capacités d’apprentissage nécessaires?
A‐t‐il confiance en ses capacités?
Est‐il motivé à collaborer et à apprendre?
Est‐il limité par son âge, son niveau de scolarité, son état affectif, son état
physique?
Évaluer les incidences de la maladie sous‐jacente et de la plaie sur la qualité de vie de l'usager diabétique
Parmi les problèmes les plus susceptibles d’affecter la qualité de vie des La détérioration de ces indicateurs peut avoir des conséquences négatives sur la
personnes diabétiques, notons : qualité de vie de l'usager et entraîner la manifestation de différents
o les dysfonctions érectiles; comportements tels la peur, l’isolement, la colère et la dépression.
o les atteintes psychologiques; Quand l'usager et sa famille connaissent et comprennent le problème de santé de
o l’altération du système immunitaire; celui‐ci, cela incite l’usager à collaborer et à poursuivre son engagement dans le
o certains malaises physiques (sensation de fourmillements, processus de cicatrisation (respect des rendez‐vous, du plan de soins et de
engourdissements, douleur); traitements infirmiers).
o les problèmes financiers (médicaments, orthèses, soins de pieds,
produits pharmaceutiques et pansements); Consulter :
o la perte de mobilité, d’aptitudes au travail et des loisirs limités. Contraintes à la cicatrisation (F2)
Ulcère diabétiques (F7)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 3 – Ulcère du pied diabétique 10
Préciser les ressources personnelles de l'usager et de sa famille
Soutien d’un aidant naturel et/ou d’autres ressources relativement : L’infirmière peut conseiller l'usager sur les moyens d’améliorer son confort. Il
o au risque, à la présence ou à la récidive d’un ulcère; importe aussi de le soutenir dans ce qu’il vit.
o à la crainte d’une amputation.
Consulter l’équipe médicale et les professionnels concernés
Afin d’obtenir de l’information complémentaire, consulter l’équipe de soins Les modèles de pratiques de gestion des maladies chroniques tiennent compte,
infirmiers, la nutritionniste, la physiothérapeute, l’ergothérapeute, le travailleur entre autres, d’une des variables pour améliorer la qualité des soins et la qualité
social, l’auxiliaire familiale, etc. de vie des usagers : « une équipe de soignants formée, proactive, qui travaille en
interdisciplinarité et offre les soins appropriés ».
Seule une équipe interdisciplinaire peut rassembler toutes les connaissances et
les habiletés requises pour bien cerner l’étiologie d’un ulcère du pied diabétique.
Consulter L’interdisciplinarité dans les soins de plaies (pour des besoins en
ergothérapie et physiothérapie) (F12)
Remplir la collecte de données et l’évaluation de la plaie
Noter les données pertinentes au plan thérapeutique infirmier Utiliser Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
Éléments de surveillance clinique reliés à la maladie veineuse chronique et/ou la
maladie artérielle périphérique Inscrire ces données dans les sections appropriées.
Localisation de la plaie Adapter la fréquence des évaluations à la situation clinique de l'usager.
Fréquence des évaluations de la plaie
Référence au plan thérapeutique infirmier en cours
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 3 – Ulcère du pied diabétique 11
ÉMETTRE DES HYPOTHÈSES
Le type d’ulcère
En présence d’un ulcère du pied diabétique, établir d’abord l’étiologie de la
plaie : Consulter :
o neuropathique; Contraintes à la cicatrisation (F2)
o avec ischémie; Préparation du lit de la plaie (F3)
o avec infection. Ulcère des membres inférieurs (F6)
La ou les causes sous‐jacentes : Ulcère du pied diabétique (F7)
o neuropathie périphérique;
o maladie artérielle périphérique; Consulter le tableau d’interprétation des résultats à la page suivante.
o maladies concomitantes;
o autre.
Les complications possibles (ex. : infection).
Les résultats attendus
compte tenu du diagnostic médical, des causes et du degré d’apport
sanguin à l’ulcère.
Communiquer avec le médecin traitant
Le type d’ulcère en cause (l’état de l'ulcère). Consulter :
Les résultats des examens et des analyses de laboratoire. Contraintes à la cicatrisation (F2)
La ou les causes sous‐jacentes. Préparation du lit de la plaie (F3)
Les complications actuelles et possibles. Ulcère des membres inférieurs (F6)
La nécessité de consulter un spécialiste ou un autre professionnel de la santé. Ulcère du pied diabétique (F7)
Les résultats attendus, compte tenu du diagnostic médical, des causes et du
degré d’apport sanguin à la plaie. Consulter le tableau d’interprétation des résultats à la page suivante.
En présence de signes et de symptômes d’infection indiquant une possibilité
d’infection locale, de propagation de l'infection (abcès, cellulite ou ostéomyélite) ou
d'infection systémique :
► Aviser le médecin traitant dans un DÉLAI MAXIMAL DE 24 H.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 3 – Ulcère du pied diabétique 12
TABLEAU D’INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS D’ÉVALUATION
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 3 – Ulcère du pied diabétique 13
Ulcère diabétique Ulcère diabétique avec neuropathie Ulcère diabétique avec atteinte artérielle
Quelques jours à quelques semaines après une
chirurgie de revascularisation :
Réévaluer l’apport sanguin au niveau du membre à
l’aide de :
o IPSCB;
o pression au premier orteil;
o pouls périphérique.
► Aviser le médecin traitant des résultats
(apport sanguin suffisant ou insuffisant)
Selon le cas, sur ordonnance médicale individuelle,
concevoir un plan de traitement visant :
o une cicatrisation en milieu humide contrôlé;
o un débridement.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 3 – Ulcère du pied diabétique 14
Résultats attendus
Cicatrisation en milieu humide contrôlé Cicatrisation en milieu humide contrôlé Pas de débridement
Débridement des tissus non viables (s’il y a lieu) Débridement des tissus non viables (s’il y a lieu) Pas de cicatrisation en milieu humide contrôlé :
assèchement de la plaie : pansement sec
Traitement de l’infection (s’il y a lieu) Traitement de l’infection (s’il y a lieu)
Traitement de l’infection (s’il y a lieu)
Prévention des complications (infection) Prévention des complications (infection) Prévention des complications (infection)
Mise en décharge Mise en décharge Mise en décharge
Collaboration de l’usager et de sa famille Collaboration de l’usager et de sa famille Soulagement de la douleur ischémique
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 3 – Ulcère du pied diabétique 15
CONCEVOIR LE PLAN DE SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS ET
LE PLAN THÉRAPEUTIQIE INFIRMIER
Buts : traiter la plaie, assurer le confort de l’usager, prévenir les complications et les récidives.
ÉTABLIR LES OBJECTIFS PRIORITAIRES DE SOINS DE L'USAGER ET NOTER LES INTERVENTIONS CLINIQUES SÉLECTIONNÉES
DANS
LE PLAN DE SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS
Pour ce faire, consulter la liste des objectifs et des interventions de soins suivante :
Objectif 3. Soulager ou contrôler la douleur
Instaurer une méthode de mise en décharge de la pression afin d’enlever
Objectif 4.
totalement la pression au site de l’ulcère et de prévenir les récidives
Objectif 5. Accompagner l'usager et sa famille dans le processus de cicatrisation
Objectif 6. Maximiser l’état nutritionnel
Enseigner les autosoins permettant de traiter l’ulcère et de prévenir les
Objectif 7.
récidives
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 3 – Ulcère du pied diabétique 16
OBJECTIF 1. TRAITER LES CAUSES SOUS‐JACENTES DE L’ULCÈRE
Ulcère avec une neuropathie
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Facteurs de risque d’ulcération La détermination et le traitement des causes sous‐jacentes sont essentiels au
Les trois facteurs de risque d’ulcération les plus importants sont : processus de cicatrisation.
o absence de sensation protectrice (neuropathie sensorielle); Voici les mesures à respecter pour prévenir le développement de l’ulcère
o déformation du pied; diabétique, ou traiter la ou les causes :
o antécédents d’amputation. o traiter les comorbidités (HTA, atteinte vasculaire, etc.);
En présence de l’un de ces facteurs : o traiter l'infection;
► Aviser le médecin traitant o contrôler la glycémie;
car le traitement de la cause exige une collaboration médicale et une approche o traiter la pression (mise en décharge, ajustement des chaussures, orthèse,
interdisciplinaire. etc.; Ulcère du pied diabétique, F7);
o faire les soins d’hygiène des pieds et des ongles.
Noter les causes sous‐jacentes de l’ulcère de plan de soins et traitements infirmiers.
Ulcère avec une ischémie
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Facteurs de risque d’amputation Le traitement de la maladie artérielle périphérique relève à la fois des domaines
Les trois facteurs de risque d’amputation les plus importants sont : médical et chirurgical :
o absence de sensation vibratoire (test au diapason effectué par le médecin); o médication reliée à la maladie artérielle périphérique;
o indice de pression au premier orteil : o programme d’exercices selon la catégorie de risque du pied diabétique et
> 0,5 mm Hg (maladie artérielle), saine alimentation;
< 30 mm Hg (ischémie sévère); o cessation du tabagisme (la nicotine cause, entre autres, des vasospasmes qui
o IPSCB ≤ 0,5. réduisent considérablement la circulation aux membres inférieurs);
o traitement optimal du diabète pour diminuer le risque de microangiopathie,
ce qui réduit le risque de complications locales;
En présence de l’un de ces facteurs :
o traitement chirurgical (s’il y a lieu).
► Aviser le médecin traitant
car le traitement de la cause (maladie artérielle périphérique) exige une
collaboration médicale et une approche interdisciplinaire.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 3 – Ulcère du pied diabétique 17
OBJECTIF 2. TRAITER L'ULCÈRE ET LA PEAU ENVIRONNANTE
Ulcère avec une neuropathie
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Contrôler la charge bactérienne et prévenir l’infection Consulter :
Adopter une méthode d’asepsie chirurgicale lors des changements de pansements. Préparation du lit de la plaie (F3)
L'arbre de décision « La prévention des infections »
L’incidence d’infection associée à une lésion du pied diabétique est élevée.
Plusieurs facteurs liés à l’usager, tels que la neuropathie et la chronicité de la
plaie, peuvent dissimuler l’apparition des signes caractéristiques d’une infection.
Objectifs de soins : traiter l’ulcère du pied diabétique Consulter :
en tenant compte de la Classification de l’ulcère du pied diabétique; Préparation du lit de la plaie (F3) :
o Le concept TIME;
selon les principes du concept TIME.
Classification de l’ulcère du pied diabétique dans Ulcère du pied diabétique (F7)
Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
Démarche clinique « Traitement local de la plaie » (D4)
Les objectifs du traitement local de l’ulcère neuropathique sont
principalement reliés à l’application des principes du concept TIME.
Nettoyer la plaie à l’aide d’une solution physiologique Consulter :
Préparation du lit de la plaie (F3)
Démarche clinique « Traitement local de la plaie » (D4)
La douche est aussi une façon de débarrasser la plaie des contaminants, mais il
faut prendre soin de bien assécher la peau environnante par la suite.
L’utilisation d’antiseptiques est à éviter, sauf si la lésion présente une charge
microbienne élevée.
Sélectionner un pansement qui maintient la plaie en milieu humide contrôlé et qui L’établissement du plan de traitement local d’un ulcère neuropathique comprend
tient compte des éléments suivants : les éléments suivants :
quantité d’exsudat et ses caractéristiques; o nettoyage de la plaie;
localisation de la plaie; o sélection d’un pansement selon l’état de la plaie et d’autres facteurs dont il
importe de tenir compte :
besoin de porter des chaussures malgré un pansement au pied.
degré nécessaire d’hydratation de la plaie ou d’absorption de l’exsudat,
contrôle de la charge bactérienne au besoin,
Adapter la fréquence des changements de pansements aux caractéristiques de protection de la peau environnante afin de prévenir une macération
l’ulcère. (plusieurs usagers sont atteints d’hyperhidrose),
facilité d’application du pansement,
faible adhérence du pansement au lit de la plaie et à la peau,
confort et prévention de nouvelles zones d’hyperpression,
faible coût.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 3 – Ulcère du pied diabétique 18
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Surveiller les bords de la plaie et la peau environnante Une pression au niveau des proéminences osseuses peut provoquer la formation
Peau : souvent sèche, enflammée, macérée d’une callosité en l’absence de sensation protectrice et créer un ulcère. La callosité
Bords de plaie : dans plusieurs cas, comportent la callosité sèche ou macérée apparaît le plus souvent au talon, sur la face latérale interne du premier orteil ou à la
Zones de callosités plantaires : au niveau des points d’hyperpression et souvent tête du premier métatarse.
sur le pourtour de l’ulcère
Consulter :
Ulcère du pied diabétique (F7)
Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
Traitements locaux (F10)
Amincir les callosités Le débridement de la callosité sur le pourtour de la plaie aide à diminuer la pression
locale d’environ 30 % sous cette zone; le débridement des callosités plantaires peut
réduire les pressions plantaires de 26 %.
Consulter :
Contraintes à la cicatrisation (F2)
Méthodes de débridement dans Préparation du lit de la plaie (F3)
Débrider les tissus non viables dans le lit de la plaie (s’il y a lieu).
Évaluer la situation clinique
► Conjointement avec le médecin traitant.
En présence de tissus non viables / structures profondes,
► Aviser le médecin traitant.
Tenir compte des désirs de l’usager et des risques inhérents à la procédure de
débridement, incluant la douleur procédurale.
Identifier une méthode et procéder au débridement (Préparation du lit de la plaie,
F3) :
o autolytique;
o enzymatique;
o chimique/surfactant;
o biologique/enzymatique;
o mécanique :
consultation en physiothérapie selon les politiques et procédures de
l’établissement (L’interdisciplinarité dans les soins de plaies, F12);
o débridement chirurgical conservateur.
Assurer le suivi postdébridement (éléments de surveillance clinique).
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 3 – Ulcère du pied diabétique 19
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Éviter d’utiliser des médicaments, produits et pansements contenant des agents Consulter Les pansements bioactifs dans Traitements locaux (F10)
allergènes.
Considérer certains traitements adjuvants lorsque l’ulcère n’est pas cicatrisé après Consulter :
6 à 12 semaines. Traitements locaux (F10)
Traitements adjuvants (F11)
Éviter d’utiliser les traitements adjuvants dont l’efficacité, pour un ulcère diabétique,
n’a pas été démontrée par des données probantes.
Hydrater la peau environnante : Consulter Traitements locaux (F10)
peau sèche aux jambes et aux pieds;
peau très sèche (xérose, anhidrose) ou callosités aux pieds.
ATTENTION : pour prévenir la macération, ne pas appliquer de crème entre les orteils.
Ulcère avec une neuropathie et infection
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Objectif de soins : traiter l'Infection locale, la propagation de l'infection ou Consulter :
l'infection systémique Préparation du lit de la plaie (F3)
Abcès Ulcère du pied diabétique (F7)
Cellulite Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
Ostéomyélite Traitements locaux (F10)
Bactériémie Démarche clinique « Traitement local de la plaie » (D4)
Septicémie
1. Désinfecter la plaie à l’aide d’un agent antiseptique. Consulter :
Préparation du lit de la plaie (F3)
Adopter une méthode d’asepsie chirurgicale lors des changements de pansements. Démarche clinique « Traitement local de la plaie » (D4)
L'arbre de décision « La prévention des infections »
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 3 – Ulcère du pied diabétique 20
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
2. Débrider les tissus non viables dans le lit de la plaie (s’il y a lieu). Principaux objectifs du traitement local d'une infection :
Si l’apport sanguin est insuffisant, alors ne pas débrider et discuter de la situation débrider les tissus non viables;
clinique avec le médecin traitant. débrider les biofilms suspectés;
Débridement autolytique traiter l’infection locale ou la propagation de l'infection (assurer l’équilibre
bactérien).
Débridement enzymatique
Débridement chimique/surfactant La meilleure méthode pour prévenir une infection de plaie demeure le retrait des
tissus non viables.
Débridement biologique/enzymatique
Débridement mécanique Le débridement des tissus non viables superficiels se réalise par débridement
Débridement chirurgical conservateur mécanique ou chirurgical conservateur. En présence de tissus non viables plus
profonds, un débridement chirurgical au bloc opératoire s’impose.
Débridement chirurgical en salle d’opération
Consulter :
Contraintes à la cicatrisation (F2)
Méthodes de débridement dans Préparation du lit de la plaie (F3)
Traitement locaux (F10)
Démarche clinique « Traitement local de la plaie » (D4)
3. Procéder à une culture de plaie. ATTENTION : avant une culture de plaie, un nettoyage avec une solution saline
s’impose (sans antiseptique).
Habituellement, en présence d'infection locale ou de propagation de l'infection,
la quantité d’exsudat est souvent augmentée.
4. Considérer la nécessité d’utiliser un antiseptique ou un agent antimicrobien. Le traitement d’une infection, propagation de l’infection ou une infection
systémique est d’ordre médical.
► Aviser le médecin traitant, car une antibiothérapie systémique s’impose dans
la plupart des cas.
ATTENTION : Éviter l’utilisation d’antibiotiques topiques.
Un traitement antimicrobien topique peut être complémentaire aux traitements Éviter l’utilisation conjointe d’un antiseptique et d’un antimicrobien.
antibiotiques systémiques.
Consulter Traitements locaux (F10)
► Consulter le médecin traitant
Adapter la fréquence des changements de pansements à l’évolution de la
lésion de pression.
5. Tenir compte des éléments suivants :
quantité d’exsudat et ses caractéristiques;
localisation de la plaie;
besoin de porter des chaussures malgré un pansement au pied.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 3 – Ulcère du pied diabétique 21
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
En présence de signes de propagation de l’infection :
► Aviser le médecin traitant IMMÉDIATEMENT.
ATTENTION : Un traitement antimicrobien topique peut être complémentaire aux
traitements antibiotiques systémiques.
► Consulter le médecin traitant.
Adapter la fréquence des changements de pansements à l’évolution de l'ulcère.
En tout temps La surveillance clinique vise, entre autres, à déceler rapidement les situations à
En présence des observations suivantes : risque et les signes de complication, ainsi qu’à intervenir afin d’en minimiser les
détérioration de l’état général de l'usager; conséquences.
stagnation ou détérioration de la plaie malgré un plan de traitement infirmier
optimal;
apparition de signes d’infection;
douleur non soulagée;
► Aviser le médecin traitant.
Contrôler la charge bactérienne et prévenir la surinfection L’incidence d’infection associée aux ulcères du pied chez l'usager diabétique est
Adopter une méthode d’asepsie chirurgicale lors des changements de élevée. Plusieurs facteurs liés à l'usager, tels que la neuropathie et la chronicité
pansements. de l'ulcère, peuvent dissimuler l’apparition des signes caractéristiques
d’infection.
Consulter l'arbre de décision « La prévention des infections ».
Surveiller les bords de la plaie et la peau environnante Une pression au niveau des proéminences osseuses peut provoquer la formation
Peau : souvent sèche, enflammée, macérée. d’une callosité en l’absence de sensation protectrice et créer un ulcère. La
Bords de la plaie : avec de la callosité sèche ou macérée. callosité apparaît le plus souvent au talon, à la face latérale interne du premier
Zones de callosités plantaires : au niveau des points d’hyperpression et souvent orteil ou à la tête du premier métatarse.
sur le pourtour de l’ulcère.
Consulter Caractéristiques de l’ulcère du pied diabétique dans Ulcère du pied
diabétique (F7)
Amincir les callosités Une pression au niveau des proéminences osseuses peut provoquer la formation
d’une callosité en l’absence de sensation protectrice et créer un ulcère.
Consulter :
Le débridement dans Préparation du lit de la plaie (F3)
Ulcère du pied diabétique (F7)
Hydrater la peau Consulter Traitements locaux (F10)
Peau sèche aux jambes et aux pieds.
Peau très sèche (xérose) ou callosités aux pieds.
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Ulcère avec une ischémie
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Objectif de soins : assécher l’ulcère Consulter Démarche clinique « Traitement local de la plaie » (D4)
car l’apport sanguin au niveau de la plaie est insuffisant pour assurer une
cicatrisation (ulcère incurable).
Ne pas débrider Le débridement est contre‐indiqué en présence d’un apport sanguin insuffisant
au niveau de la plaie, sauf si la présence de tissus non viables menace le
La décision de procéder à un débridement relève de l’équipe médicale. membre.
Prévenir la macération des tissus environnants Chez les usagers qui :
Éviter les pansements qui gardent la plaie humide. sont en attente d’une chirurgie de revascularisation;
Utiliser un pansement sec. ne peuvent avoir recours à une chirurgie de revascularisation à cause de leur état
Changer le pansement tous les jours. de santé;
Porter attention au risque de macération ente les orteils. o privilégier les pansements qui gardent le lit de la plaie au sec (les compresses
Éviter toute pression au site de l’ulcère et des zones à risque : de coton).
o orteils : inspecter les chaussures;
o talons : éviter le contact avec le matelas ou avec l’appui‐pieds du fauteuil
roulant.
Contrôler la charge bactérienne et prévenir l’infection En présence de nécrose, les orteils ne doivent pas entrer en contact l’un avec l’autre
Adopter une méthode d’asepsie chirurgicale lors des changements de (risque d’humidité).
pansements.
Consulter :
Utiliser un antiseptique à titre préventif. L'arbre de décision « La prévention des infections »
L’utilisation d’un antiseptique est favorable en présence d’ulcère artériel sans
apport sanguin (incurable), car il assèche la plaie. Par contre, l’humidité favorise
l’augmentation de la charge bactérienne.
Hydrater la peau Consulter Traitements locaux (F10)
Peau sèche aux jambes et pieds.
Peau très sèche (xérose, anhidrose) ou callosités aux pieds.
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Ulcère avec une ischémie
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
► Aviser le médecin traitant lorsqu’il y a : Le chirurgien peut envisager l’amputation lorsque :
détérioration de l’état général de l’usager; o l’état de santé de l'usager n’est pas favorable à une revascularisation ou à une
détérioration de l’ulcère; angioplastie;
apparition de signes d’infection; o la revascularisation n’a pas donné les résultats attendus;
non‐soulagement de la douleur ischémique; o l’ulcère et l’état de l'usager se détériorent.
apparition de signes d’ischémie critique :
o changement de la coloration ou de la température des pieds,
o orteils bleutés à violacés.
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Ulcère avec une ischémie et infection
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Même démarche que ci‐dessus, à laquelle on ajoute l’intervention suivante : Consulter Signes et symptômes d’infection d’une plaie chronique dans Préparation
Nettoyer la plaie à l’aide d’un sérum physiologique, puis procéder à une culture du lit de la plaie (F3)
de plaie (sur drainage d'abcès spontané ou tissu sain seulement).
ATTENTION : avant une culture de plaie, un nettoyage avec une solution saline
s’impose.
En présence de signes d'infection locale, de propagation de l'infection ou d'une Une augmentation soudaine de la quantité d’exsudat peut être un effet
infection systémique : secondaire d’une infection locale ou d'une propagation de l'infection.
► Aviser le médecin traitant DANS UN DÉLAI DE 24 HEURES.
Utiliser une solution antiseptique. Le plan de traitement local d’un ulcère avec ischémie et infection comprend :
Garder la plaie au sec et adapter le pansement en fonction des éléments la désinfection de la plaie avec une solution antiseptique;
suivants : le maintien de la plaie en milieu sec (absorber l’exsudat seulement);
o quantité d’exsudat et ses caractéristiques : la protection de la peau environnante afin de prévenir la macération des tissus
peu d’exsudat : compresse sèche seulement, (plusieurs usagers présentent de l’hyperhidrose).
exsudat modéré à abondant : augmenter la fréquence des changements éviter d’utiliser un antibiotique topique.
de compresse sèche;
o localisation de la plaie : un pansement trop épais peut produire un effet de
garrot sur un orteil ou exercer une pression indue qui comprime la circulation
artérielle;
o besoin de porter des chaussures malgré un pansement au pied.
Surveiller les bords de la plaie et la peau environnante
o Peau : enflammée, macérée.
o Bords de plaie : callosité sèche ou macérée.
o Zones de callosités plantaires.
Changer le pansement tous les jours. Chez les usagers qui sont en attente d’une chirurgie de revascularisation, ou qui ne
peuvent y avoir recours à cause de leur état de santé, les pansements à privilégier sont
ceux qui maintiennent le lit de la plaie en milieu sec. De plus, ces pansements doivent
minimalement être changés quotidiennement.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 3 – Ulcère du pied diabétique 25
Ulcère avec une ischémie et infection
En présence de signes d’ischémie critique :
► Aviser le médecin IMMÉDIATEMENT.
En présence de signes d’infection : En présence d’une infection, le risque de perdre un membre est élevé et, dans
► Aviser le médecin traitant IMMÉDIATEMENT certains cas, la survie de l'usager est menacée.
car une antibiothérapie SYSTÉMIQUE peut s’imposer.
Poursuivre les soins en réalisant les mêmes interventions qu’en présence d’une
infection locale.
En présence de : Le chirurgien peut envisager l’amputation lorsque :
détérioration de l’état général de l’usager; l’état de santé de l'usager n’est pas favorable à une revascularisation ou à
détérioration de l’ulcère; une angioplastie;
apparition de signes additionnels d’infection;
la revascularisation ou l’angioplastie n’a pas donné les résultats attendus;
non‐soulagement de la douleur ischémique;
apparition de signes d’ischémie critique : l’ulcère et l’état de l'usager se détériorent;
o changement de la coloration ou de la température des pieds, les signes d’infection ne peuvent être maîtrisés et la survie de l'usager est
o orteils bleutés à violacés; menacée.
► Aviser le médecin traitant.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 3 – Ulcère du pied diabétique 26
OBJECTIF 3. SOULAGER OU CONTRÔLER LA DOULEUR
Ulcère neuropathique
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Soulager la douleur en prenant en considération les caractéristiques suivantes : Le soulagement de la douleur est essentiel pour assurer la collaboration de
Type; l'usager au plan de soins et de traitements infirmiers et contribue, par le fait
même, à augmenter sa qualité de vie.
Durée;
Il est erroné de croire que la neuropathie sensorielle met la clientèle diabétique à
Localisation;
l’abri de la douleur : bien que certains usagers soient complètement insensibles à
Facteurs précipitants, par exemple; la douleur, d’autres peuvent en être extrêmement souffrants.
Intensité associée aux soins et traitements de l’ulcère : La douleur dépend de la sévérité de la maladie (de la neuropathie) et elle est
o privilégier le débridement chirurgical conservateur, causée par la dégénérescence des nerfs sensitifs.
o privilégier une coanalgésie (topique et systémique),
L’infection peut augmenter la douleur locale au niveau de l’ulcère.
o lors des changements de pansements : offrir d’abord un analgésique,
humecter le pansement en place avant son retrait (à domicile, prendre une En présence d’une douleur associée au débridement chirurgical, consulter la
douche) et sélectionner un pansement non adhérent; section Traitements pharmacologiques topiques dans Évaluation de la douleur
(F4).
Exigences du Protocole de soulagement de la douleur en vigueur dans
l’établissement.
Consulter Traitements pharmacologiques topiques dans Évaluation de la douleur
(F4)
Offrir des moyens de soulagement de la douleur ou de l’inconfort engendré Il est recommandé d’administrer un antidépresseur tricyclique ou un
par la neuropathie : anticonvulsivants, antidépresseurs tricycliques. anticonvulsivant pour soulager la douleur de la neuropathie périphérique.
o Si la douleur n’est pas soulagée,
► Aviser le médecin traitant. Consulter Évaluation de la douleur (F4)
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Ulcère ischémique
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Soulager la douleur en prenant en considération les caractéristiques suivantes : Consulter Évaluation de la douleur (F4)
Type; La douleur ischémique (claudication intermittente, douleur nocturne) est
Durée; présente lorsque l’irrigation sanguine des membres inférieurs ne répond pas aux
Localisation; besoins d’oxygénation des tissus.
Facteurs précipitants; Le soulagement de la douleur reliée à l’ischémie exige la collaboration du
Intensité associée aux soins et traitements de l’ulcère : médecin traitant et, dans certains cas, une approche interdisciplinaire.
o lors des changements de pansements : offrir d’abord un analgésique et L’infection peut augmenter la douleur locale au niveau de l’ulcère.
humecter le pansement en place avant son retrait (à domicile, prendre une
douche);
Exigences du Protocole de soulagement de la douleur en vigueur dans
l’établissement.
Offrir des moyens de soulagement d’une douleur spécifique à la maladie Le soulagement de la douleur favorise le sommeil, l’appétit et les activités de la vie
artérielle périphérique : quotidienne, ce qui a, en retour, un impact direct sur la diminution de la douleur en
o prendre un analgésique régulièrement; soi.
o alterner les périodes de repos et d’activité;
o éviter le froid, la caféine et les vêtements constrictifs; L’exercice physique favorise le développement de la circulation collatérale; p. ex. :
o offrir à l'usager une relation d’accompagnement, surtout à celui qui anticipe marcher pendant 30 minutes, 3 fois par semaine.
une amputation ou qui vient d’être amputé.
Consulter Habitudes de vie dans Ulcère des membres inférieurs (F6)
Si la douleur n’est pas soulagée,
► Aviser le médecin traitant.
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OBJECTIF 4. INSTAURER UNE MÉTHODE DE MISE EN DÉCHARGE DE LA PRESSION AFIN D’ENLEVER TOTALEMENT LA PRESSION
AU SITE DE L’ULCÈRE ET DE PRÉVENIR LES RÉCIDIVES
Ulcère neuropathique avec ou sans ischémie
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Sélectionner une méthode de mise en décharge en collaboration avec le médecin Pour sélectionner un système adapté aux besoins de l'usager, consulter Ulcère
traitant et l’équipe interdisciplinaire (orthopédiste, orthésiste, podiatre, du pied diabétique (F7) :
ergothérapeute), et en tenant compte des éléments suivants : o Ulcère du pied diabétique : mise en décharge
morphologie du pied : déformations, anomalie, arthropathie de Charcot; o Pied de Charcot ou arthropathie de Charcot ou neuroarthropathie de
état de la plaie et de la peau environnante : dimension, localisation, exsudat; Charcot
douleur; La pression sur la face plantaire du pied est un facteur étiologique dans 90 % des
degré de mobilité; ulcères diabétiques. La mise en décharge vise donc à éliminer complètement cette
travail et loisirs de l’usager; pression par le recours à des mesures préventives et efficaces, qui deviendront une
préférences, besoins et ressources financières de l’usager; composante majeure du plan d’intervention.
coût et disponibilité de la méthode envisagée. Types de mise en décharge relié au risque d’ulcération ou d’amputation du pied
► Consulter le médecin traitant diabétique.
Une fois l’ulcère guéri : chaussures orthopédiques, orthèses plantaires fabriquées
En présence de déformations, d’une amputation ou d’une anomalie au niveau du sur mesure et ajustées par un professionnel.
complexe pied‐cheville :
► Consulter un orthésiste ou un podiatre.
évaluer la possibilité que l'usager bénéficie du Programme d’appareils
suppléant à une déficience physique (RAMQ).
Consulter Mise en décharge dans Ulcère du pied diabétique (F7)
o Obtenir une ordonnance médicale individuelle.
Enseigner à l'usager, qu’une fois l’ulcère guéri, il devra porter en permanence des L'usager doit comprendre que la prévention de récidives suppose le port de
chaussures adaptées à sa condition physique afin de prévenir une récidive de chaussures, adaptées à la morphologie de son pied, permettant de minimiser les
l’ulcère. points de pression.
Consulter la brochure d’enseignement « Vous êtes diabétique? Information sur la
prévention ».
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 3 – Ulcère du pied diabétique 29
OBJECTIF 5. ACCOMPAGNER L'USAGER ET SA FAMILLE DANS LE PROCESSUS DE CICATRISATON
Ulcère neuropathique avec ou sans ischémie
Interventions Outils cliniques et information complémentaire
Favoriser l’expression des sentiments, des frustrations et des craintes de l'usager Dans des conditions optimales, le processus de cicatrisation d’un ulcère
face à la présence de l’ulcère et à ses conséquences diabétique est de 6 à 12 semaines. Ces conditions optimales sont :
o apport sanguin suffisant au niveau de la plaie;
Privilégier une relation d’accompagnement.
o cicatrisation en milieu humide contrôlé;
Faire participer l'usager et sa famille à l’élaboration du plan de soins et de o équilibre bactérien (afin de prévenir l’infection);
traitements infirmiers. o mise en décharge.
Insister sur le fait que la mise en décharge fait partie du traitement en cours et
préviendra le risque de récidive.
Interventions susceptibles d’aider l'usager:
o l’écouter;
o l’aider à exprimer ses craintes;
o lui donner une information juste;
o le renseigner sur les ressources disponibles dans sa communauté;
o le diriger vers d’autres professionnels de la santé.
Apporter un soutien particulier à l'usager qui craint ou a subi une amputation.
Élaborer un programme de soutien et d’accompagnement. La physiothérapeute peut notamment intervenir lorsque le traitement nécessite
Consulter les membres de l’équipe de soins infirmiers et ceux de l’équipe d’améliorer la mobilité ou l’efficacité de la pompe musculaire du mollet.
interdisciplinaire concernés : Les psychologues et travailleur social peuvent également intervenir si les besoins
o infirmière, infirmière auxiliaire, préposé aux bénéficiaires; de l'usager l’exigent.
o auxiliaire familiale;
o physiothérapeute; Consulter L’interdisciplinarité dans les soins de plaies (F12)
o ergothérapeute;
o travailleur social;
o psychologue;
o etc.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 3 – Ulcère du pied diabétique 30
OBJECTIF 6. MAXIMISER L’ÉTAT NUTRITIONNEL
Ulcère neuropathique avec ou sans ischémie
Interventions Outils cliniques et information complémentaire
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 3 – Ulcère du pied diabétique 31
Ulcère neuropathique avec ou sans ischémie
Interventions Outils cliniques et information complémentaire
Évaluer les facteurs les plus courants susceptibles de nuire à un apport Une plaie qui stagne, ou de détériore, peut être un indicateur de différents
alimentaire adéquat (NPUAP, EPUAP et PPPIA, 2014) : déficits nutritionnels.
diminution de l’appétit; S’assurer d’un suivi par la nutritionniste.
restriction diététique thérapeutique;
Consulter :
incapacité d’acheter ou de préparer des aliments; Contraintes à la cicatrisation (F2) :
perte de dents ou mauvais ajustement des dentiers; o Carences nutritionnelles et incidences sur la cicatrisation
incapacité à se nourrir de façon autonome; o Facteurs les plus courants susceptibles d’influencer un apport alimentaire
adéquat
intolérance à la nourriture (ex. : induite par la chimiothérapie);
altération des capacités d’ingestion, de digestion, d’absorption, ou du
métabolisme;
changement dans la variété d’aliments ingérés;
nausée, vomissement, anorexie ou diarrhée;
revenu limité;
isolation sociale;
âge (perte d’appétit, perte de poids, diminution du métabolisme).
Encourager l'usager à avoir des apports nutritionnel et hydrique adéquats. L'usager aux prises avec une plaie chronique doit avoir une diète riche en
Prendre en considération les particularités de sa situation : protéines et en calories afin de favoriser la cicatrisation, de maintenir ses
o ses problèmes de santé : contrôle de la glycémie, de l’hypertension artérielle défenses immunitaires et de diminuer le risque d’infection.
et de la dyslipidémie; Une carence en apport protéino‐énergétique est fréquente chez les personnes
o ses attentes; âgées.
o ses habitudes alimentaires et ses goûts;
o ses croyances religieuses et son origine ethnique; Consulter :
o son âge et son état de santé; Rôle de la nutrition dans la prévention et le traitement des plaies dans
o ses revenus et autres ressources personnelles. Contraintes à la cicatrisation (F2)
L’interdisciplinarité dans les soins de plaies (F12)
► Consulter la nutritionniste.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 3 – Ulcère du pied diabétique 32
OBJECTIF 7 : ACCOMPAGNER L’USAGER ET SA FAMILLE DANS LE PROCESSUS DE CICATRISATION
Interventions Outils cliniques et information complémentaire
Favoriser l’expression des sentiments, frustrations et craintes de l’usager face à Les principaux indicateurs de malaises associés à une lésion de pression chronique
la présence d'une lésion et aux conséquences. sont :
o la lenteur de la cicatrisation;
Privilégier une relation d’accompagnement. o le risque de récidives;
Faire participer l’usager et sa famille à l’élaboration du plan de soins et de o les douleurs chroniques;
traitements infirmiers. o la modification de l’image corporelle;
o la perte de mobilité temporaire.
Insister sur le fait que l’alternance des positions fait partie du traitement et
préviendra ultérieurement une récidive.
Interventions susceptibles d’aider l’usager :
o l’écouter;
o l’aider à exprimer ses craintes;
o lui donner une information exacte;
o le renseigner sur les ressources disponibles dans sa communauté;
o au besoin, le diriger vers d’autres professionnels de la santé.
Un soutien particulier doit être apporté à l'usager :
o blessé médullaire, aux prises avec une récidive de lésion de pression;
o en phase terminale.
Élaborer un programme de soutien et d’accompagnement en consultant les Pour obtenir des soins optimaux, il est recommandé de mettre en place une équipe
membres de l’équipe des soins infirmiers et l’équipe interdisciplinaire interdisciplinaire afin d’assurer la prise en charge de l’état de santé global de
concernés : l’usager.
L’usager et sa famille doivent être au cœur de l’équipe interdisciplinaire et les
infirmière, infirmière auxiliaire, préposé aux bénéficiaires; particularités de la situation clinique déterminent qui en fera partie.
auxiliaire familiale;
physiothérapeute;
ergothérapeute; Consulter L’interdisciplinarité dans les soins de plaies (F12)
nutritionniste;
travail social.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 3 – Ulcère du pied diabétique 33
Objectif 8. ENSEIGNER LES AUTOSOINS PERMETTANT DE TRAITER L’ULCÈRE ET DE PRÉVENIR LES RÉCIDIVES
Ulcère neuropathique avec ou sans ischémie
Interventions Outils cliniques et information complémentaire
Enseigner à l'usager et à sa famille les autosoins reliés au traitement de l’ulcère et Le plan d’enseignement vise à aider l'usager et sa famille à :
à la prévention de récidives o acquérir les connaissances et compétences qui permettront d’atteindre les
Remettre à l'usager et à sa famille une brochure d’enseignement et répondre à objectifs du plan de soins et de traitements infirmiers;
leurs questions. o accroître l’autonomie relativement à la prévention, et aux soins de plaies et
Encourager la collaboration de l'usager et de sa famille. de pieds;
Enseigner les notions suivantes : o faire des choix éclairés.
o causes et facteurs de risque de l’ulcère du pied diabétique;
o soins, traitements en cours et éléments à surveiller (complications, risques Afin d’assurer des soins optimaux visant une guérison de l’ulcère, il est
de complication); fortement conseillé d’effectuer une surveillance clinique hebdomadaire afin de :
o méthodes de mise en décharge; o traiter la plaie;
o soins des pieds; o débrider les callosités.
o médication;
o saines habitudes de vie; Consulter et remettre la brochure d’enseignement « Vous êtes diabétique?
o moyens pour soulager la douleur; Information sur la prévention »
o ressources communautaires.
Donner un enseignement personnalisé, basé sur les capacités d’apprentissage
de l'usager :
o tenir compte de ses contraintes physiques, psychologiques, intellectuelles,
socioculturelles et économiques.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 3 – Ulcère du pied diabétique 34
AVISER LE MÉDECIN TRAITANT DU PLAN DE SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS
Objectifs de soins prioritaires
Interventions cliniques prévues (soins et traitements)
Consultations professionnelles demandées ou en cours
Consultations suggérées auprès d’un médecin spécialiste (s’il y a lieu)
Médecin spécialiste Outils cliniques et information complémentaire
Dans les cas suivants où il faut : Une demande de consultation médicale en médecine ou en chirurgie vasculaire
procéder à une investigation vasculaire approfondie en prévision d’une doit être remplie par le médecin traitant.
revascularisation ou d’une angioplastie percutanée;
réagir à des signes d’ischémie critique;
► Orienter l'usager en médecine ou en chirurgie vasculaire.
En présence de signes et symptômes d’infection locale, d'une propagation de L'usager doit consulter IMMÉDIATEMENT son médecin traitant ou se rendre à
l'infection (cellulite, abcès ou ostéomyélite) ou d'une infection systémique : une urgence (clinique privée ou centre hospitalier).
► Aviser le médecin traitant IMMÉDIATEMENT. Dans certaines situations,
une consultation en maladies infectieuses ou en microbiologie s’impose. ATTENTION : L'usager diabétique présente souvent peu ou pas de signes cliniques
malgré un processus infectieux.
Consulter Signes et symptômes d’infection d’une plaie chronique dans
Préparation du lit de la plaie (F3)
Dans les cas où il faut procéder : Une demande de consultation médicale auprès d’un spécialiste doit être
à une chirurgie correctrice (déformations); remplie par le médecin traitant.
à un débridement extensif et rapide des tissus non viables en salle d’opération;
à une amputation (propagation de l'infection ou infection systémique, gangrène
humide);
à la sélection d’une méthode de mise en décharge (ex. : plâtre à contact total);
au traitement d’une arthropathie de Charcot;
à la sélection d’une méthode de mise en décharge (une fois l’ulcère guéri) visant
une redistribution de la pression de façon permanente (besoin de conseils
professionnels);
► Orienter l'usager en chirurgie (ex. : orthopédie, générale, vasculaire).
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 3 – Ulcère du pied diabétique 36
ASSURER LE SUIVI ET LA CONTINUITÉ DES SOINS
RECUEILLIR LES DONNÉES ÉVOLUTIVES, RÉÉVALUER LES RÉSULTATS ET RÉVISER LE PLAN DE SOINS ET TRAITEMENTS
INFIRMIERS
Pendant l’ensemble de l’épisode de soins, exercer une surveillance clinique continue.
Déceler rapidement l’aggravation des signes cliniques associés à la neuropathie ou à la maladie artérielle périphérique.
Déceler rapidement une complication (ex. : infection, ischémie, arthropathie de Charcot).
Évaluer les résultats attendus.
Réviser le Plan de soins et traitement infirmiers (au besoin).
Interventions Outils cliniques et information complémentaire
Surveiller l’évolution de l’ulcère et de la situation clinique de l'usager. Le contrôle de la glycémie a pour effet de retarder les effets secondaires liés au
Lors des changements de pansements diabète (maladies coronariennes, maladie artérielle périphérique,
Noter, en présence d’une plaie infectée, les signes d’infection, d’amélioration néphropathies, neuropathies, etc.).
ou d’arrêt du processus de cicatrisation, ou la détérioration de l’ulcère.
Consulter :
Évaluer et mesurer la douleur à l’aide d’une échelle d’évaluation reconnue
Facteurs nuisant au processus de cicatrisation dans Contraintes à la
par l’établissement.
cicatrisation (F2)
Noter le degré d’observance de la méthode de mise en décharge ainsi que Signes et symptômes d’infection d’une plaie chronique dans Préparation du lit
l’absence d’hyperkératose ou de callosités sur la face plantaire. de la plaie (F3)
Noter la fréquence des contrôles glycémiques : Ulcère du pied diabétique (F7) :
o type 1 : doivent être faits 3 fois / jour; o Ulcère du pied diabétique : mise en décharge
o type 2 : doivent être faits 2 fois / jour. o Pied diabétique : ajustement des chaussures
Examiner les pieds : Démarche clinique « Traitement local de la plaie » (D4)
o noter toute apparition d’érythème ou de callosités; Documenter la plaie à l’aide des Notes d’évolution et de traitement de plaies
o noter l’œdème du pied et de la jambe; dans Collecte de données et évaluation de la plaie (F9) et de la Démarche
o porter attention à l’état des ongles. clinique « Traitement local de la plaie » (D4)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 3 – Ulcère du pied diabétique 37
Interventions Outils cliniques et information complémentaire
1 fois par semaine : L’évaluation des caractéristiques de l’ulcère est une activité, défiée à
évaluer les caractéristiques de l’ulcère et de la peau environnante; l’infirmière, qui exige une habileté clinique particulière acquise par
l’observation minutieuse de l’aspect de celui‐ci et un jugement clinique qui
noter les résultats du traitement en cours :
s’appuie sur des connaissances à jour et des résultats probants dans le domaine
o diminution des dimensions de la plaie,
des plaies.
o diminution ou absence de tissus non viables,
Puisque la cicatrisation est un processus dynamique qui modifie constamment
o peau environnante exempte de macération et de callosités;
l’aspect clinique de l’ulcère, une évaluation rigoureuse et régulière de celui‐ci
évaluer le contrôle de l’hypertension artérielle; permet à l’infirmière de constater son évolution et de modifier, au besoin, le
observer les soins et l’hygiène des pieds et des ongles : suggérer une Plan de soins et traitement infirmiers.
consultation auprès d’une infirmière en soins de pieds (service offert
Consulter :
habituellement par le secteur privé).
Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
L’interdisciplinarité dans les soins de plaies (F12)
Après 3 mois, réévaluer si l’ulcère est toujours présent : Consulter :
réévaluer les membres inférieurs incluant l’IPSCB; Contraintes à la cicatrisation (F2)
demander une investigation exhaustive de la circulation artérielle (ex. : Évaluation des membres inférieurs (F5)
Doppler artériel avec pression au premier orteil); Traitements locaux (F10)
noter les changements dans les habitudes de vie; Traitements adjuvants (F11)
noter l’apparition de nouveaux facteurs de risque;
réévaluer les pieds et les chaussures;
refaire le test au monofilament de Semmes‐Weinstein;
réévaluer l’hémoglobine glyquée (HbA1c);
réévaluer les autosoins;
considérer la nécessité d’avoir recours à des approches thérapeutiques non
traditionnelles (agents bioactifs, traitements adjuvants).
Une fois l’ulcère guéri, lors des visites de suivi (tous les 6 mois) : Selon le protocole de suivi de l’établissement.
noter les signes de neuropathie et de maladie artérielle périphérique;
réaliser l’évaluation des membres inférieurs incluant l’IPSCB (selon le cas); Consulter :
pratiquer le test au monofilament de Semmes‐Weinstein; Évaluation des membres inférieurs (F5)
réaliser l’examen des pieds et des chaussures; Interventions préventives et curatives selon le niveau de risque d’ulcération
évaluer les habitudes de vie. dans Ulcère du pied diabétique (F7) afin d’obtenir de l’information sur :
o la fréquence des suivis nécessaires;
o les activités et les exercices permis et contre‐indiqués;
o les conseils à donner à l'usager;
o les orthèses ou chaussure adaptés.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 3 – Ulcère du pied diabétique 38
Interventions Outils cliniques et information complémentaire
Tous les ans Consulter :
Procéder au dépistage de la neuropathie périphérique (test au monofilament Évaluation de la douleur (F4)
de Semmes‐Weinstein, questionnaire de dépistage). Évaluation des membres inférieurs (F5)
En présence de : Ulcère du pied diabétique (F7)
récidive d’ulcère;
augmentation soudaine de la douleur;
changement de la coloration ou de la température du pied (ischémie,
arthropathie de Charcot, infection);
o réévaluer les pouls périphériques et demander un Doppler artériel avec
pression au premier orteil.
Consulter les intervenants concernés Le médecin traitant et les intervenants concernés doivent être consultés
Évaluer si l'usager collabore aux plans d’intervention nutritionnelle, régulièrement afin de recueillir des renseignements complémentaires.
d’exercices musculaires et de réadaptation (selon le cas) : La contribution de l’équipe de soins et de l’équipe interdisciplinaire est
o Équipe de soins infirmiers et équipe interdisciplinaire : podiatre, indispensable pour contrer de manière optimale tous les risques et
physiothérapeute, ergothérapeute, orthésiste, nutritionniste, travailleur complications associés au diabète, et pour assurer une qualité de vie à l'usager.
social.
Consulter L’interdisciplinarité dans les soins de plaies (F12)
o Équipe médicale : médecin traitant, orthopédiste, infectiologue,
chirurgien vasculaire, dermatologue, endocrinologue, chirurgien
plastique.
Informer régulièrement le médecin traitant et ajuster le plan de soins et de Le médecin traitant doit être informé :
traitements infirmiers en tenant compte des aspects suivants : régulièrement de l’état de santé de l’usager;
évolution de l’ulcère; de tout changement dans son état de santé.
apparition, persistance ou augmentation des signes d’infection;
arrêt du processus de cicatrisation ou détérioration de l’ulcère;
Consulter :
persistance des callosités;
Contraintes à la cicatrisation (F2)
apparition de signes de maladie artérielle périphérique;
Préparation du lit de la plaie (F3)
apparition de nouveaux facteurs de risque;
Évaluation de la douleur (F4)
douleur non soulagée;
Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
besoins particuliers de l'usager et de sa famille.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 3 – Ulcère du pied diabétique 39
Assurer la continuité des soins
Communiquer régulièrement l’information tout en contrôlant et en supervisant les soins.
Interventions Outils cliniques et information complémentaire
Consigner au dossier tous les documents relatifs aux soins et aux traitements de La documentation des soins infirmiers fait partie intégrante de certains éléments
l’ulcère du pied d'un usager diabétique. d’exercice énoncés dans le document Perspectives de l’exercice de la profession
► Plan thérapeutique infirmier d’infirmière (Durand, Leprohon et Roy, 2014a, 2014b; Durand, 2016).
► Plan de soins et de traitements infirmiers Elle remplit également une obligation déontologique puisque le Code de
► Notes d’évolution rédigées par l’infirmière déontologie des infirmières et infirmiers est explicite en ce qui concerne
l’inscription de l’information au dossier de l'usager et la continuité des soins (OIIQ,
Inscrire les données reliées aux aspects suivants : 2015).
évaluation initiale et en cours d’évolution :
o facteurs de risque reliés à : De plus, le suivi clinique de l'usager fait l’objet d’une norme, le plan thérapeutique
la neuropathie, infirmier, qui rend son inscription au dossier obligatoire (Leprohon et Lessard,
l’ischémie, 2006).
l’infection;
o méthode de mise en décharge; Consulter :
o soins relatifs à l’hygiène des pieds et des ongles; Contraintes à la cicatrisation (F2)
o antécédents d’ulcères; Évaluation de la douleur (F4)
o état nutritionnel; Ulcère du pied diabétique (F7) :
o état des pieds et de la démarche; o Ulcère du pied diabétique : mise en décharge
o degré d’atteinte vasculaire (IPSCB); o Classification de l’ulcère du pied diabétique selon le degré de gravité
o douleur, inconforts et méthodes de soulagement; Démarche clinique « Ulcère du pied diabétique » (D3)
o incidences de la plaie sur les AVQ et AVD. Démarche clinique « Traitement local de la plaie » (D4)
caractéristiques de la plaie et de la peau environnante (classification de
l’ulcère).
plan de soins et de traitements infirmiers en cours.
références à une règle de soins ou un protocole de soins.
méthode de mise en décharge.
éléments de surveillance, fréquence des évaluations et situations où le
médecin doit être avisé (ex. : douleur, infection, ischémie).
résultats des épreuves diagnostiques (ex. : IPSCB).
consultations médicales et professionnelles.
éléments d’enseignement à l'usager et à sa famille déjà fournis, en cours, à
compléter ou à renforcer.
résultats obtenus.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 3 – Ulcère du pied diabétique 40
Interventions Outils cliniques et information complémentaire
Prévoir le congé ou le transfert de l'usager vers un autre établissement Utiliser la Collecte de données et évaluation de la plaie (F9) ainsi que les
Informer l'usager et le personnel soignant concerné par écrit, en communiquant autres documents pertinents.
les éléments suivants :
Plusieurs outils de documentation servent à assurer la continuité des soins
type d’ulcère de pied diabétique : intra et interdisciplinaires : consulter les politiques et procédures de
o neuropathique, l’établissement.
o avec ischémie,
o avec infection, Les résumés de départ et les formulaires de transfert, de liaison, de suivi ou de
o autre; départ assurent la continuité des soins intra et inter‐établissements.
localisation et caractéristiques de l’ulcère :
Exemples :
o classification de l’ulcère;
o collectes de données;
état de la peau environnante;
o grilles d’évaluation clinique (douleur, plaie);
facteurs de risque reliés spécifiquement à l’ulcère : o grille d’éléments de surveillance;
o classification du risque (d’ulcération ou d’amputation) du pied diabétique; o plan de soins et de traitements infirmiers;
résultats des analyses de laboratoire pertinentes; o plan thérapeutique infirmier;
résultats des épreuves diagnostiques pertinentes; o formulaires de transfert, de liaison.
information liée au plan de soins et de traitements infirmiers :
o objectifs et interventions de soins,
o responsabilités des membres de l’équipe de soins infirmiers;
soulagement de la douleur;
médication en cours.
Selon le cas, communiquer également les documents relatifs aux aspects
suivants :
soutien nutritionnel;
réactions indésirables secondaires à l’utilisation d’un médicament, d’un
produit ou d’un pansement;
recommandations des professionnels concernés;
accompagnement et soutien :
o usager,
o famille;
besoins actuels de l'usager en matière d’apprentissage des autosoins liés aux
soins et traitements de l’ulcère et à la prévention de récidives, objectifs
d’apprentissage en cours de réalisation.
Utiliser les outils de communication intra‐disciplinaire, interdisciplinaire et Utiliser les documents de communication en usage dans l'établissement et
interétablissements : dans le réseau concerné.
plan thérapeutique infirmier et plan de soins et de traitements infirmiers reliés
à l’ulcère du pied diabétique;
consultations médicales et professionnelles;
outils de communication complémentaires (s’il y a lieu).
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 3 – Ulcère du pied diabétique 41
Bibliographie
Durand, S. (dir.). (2016). Le champ d’exercice et les activités réservées des infirmières et infirmiers (3e édition). Repéré à
https://www.oiiq.org/documents/20147/1306047/1466‐exercice‐infirmier‐activites‐reservees‐web+%282%29.pdf/84aaaa05‐af1d‐680a‐9be1‐29fcde8075e3
Durand, S., Leprohon, J. et Roy, C. (2014a). Champs d’exercice de l'infirmière et de l'infirmière auxiliaire et liens entre leurs activités réservées ou autorisées. Repéré à
https://www.oiiq.org/documents/20147/237836/schema‐2‐inf‐et‐infauxiliaire.pdf
Durand, S., Leprohon, J. et Roy, C. (2014b). Champ d'exercice et activités réservées de l'infirmière. Repéré à
https://www.oiiq.org/documents/20147/237836/8419_doc.pdf
Leprohon, J. et Lessard, L.‐M. (2006). Le plan thérapeutique infirmier. La trace des décisions cliniques de l'infirmière. Repéré à
https://www.oiiq.org/documents/20147/237836/222_doc.pdf
National Pressure Ulcer Advisory Panel, European Pressure Ulcer Advisory Panel and Pan Pacific Pressure Injury Alliance (NPUAP, EPUAP et PPPIA). (2014). Prevention and
treatment of pressure ulcers: clinical practice guideline (2e éd.). Osborne Park, Australie : Cambridge Media.
Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ). (2015). Code de déontologie des infirmières et infirmiers. Repéré à
https://www.oiiq.org/documents/20147/1306047/oiiq‐code‐deontologie.pdf/dcac917b‐c471‐7699‐62aa‐9fa4062cdda4
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 3 – Ulcère du pied diabétique 42
DÉMARCHE CLINIQUE 4
Traitement local de la plaie
TABLE DES MATIÈRES – DÉMARCHE CLINIQUE 4
ÉVALUER LA SITUATION CLINIQUE INITIALE ................................................................................................................................................................................................. 2
RECUEILLIR LES DONNÉES ............................................................................................................................................................................................................................................... 2
DÉTERMINER ET CORRIGER LES FACTEURS SYSTÉMIQUES ET LOCAUX POUVANT NUIRE AU PROCESSUS DE CICATRISATION DE LA PLAIE .................................................................................................... 6
ÉMETTRE UNE HYPOTHÈSE SUR L’OBJECTIF DE SOINS PRIORITAIRE D’APRÈS LES ÉLÉMENTS SUIVANTS : ............................................................................................................................................ 7
CONTACTER LE MÉDECIN TRAITANT AFIN DE STATUER SUR LES ASPECTS SUIVANTS : .................................................................................................................................................................... 9
ÉTABLIR LES OBJECTIFS PRIORITAIRES DE L’USAGER ET CONCEVOIR UN PLAN DE TRAITEMENT LOCAL SELON LES PRINCIPES DU CONCEPT TIME (EN FONCTION DU POTENTIEL DE CICATRISATION) ...................... 10
INFORMER RÉGULIÈREMENT LE MÉDECIN TRAITANT : ............................................................................................................................................................................................... 31
DOCUMENTER AU DOSSIER CLINIQUE .............................................................................................................................................................................................................................. 31
ASSURER LE SUIVI ET LA CONTINUITÉ DES SOINS ....................................................................................................................................................................................... 32
RECUEILLIR LES DONNÉES ÉVOLUTIVES, RÉÉVALUER LES RÉSULTATS ET RÉVISER LE PLAN DE SOINS ET DE TRAITEMENTS INFIRMIERS POUR L’ENSEMBLE DE L’ÉPISODE DE SOINS ............................................. 32
COMMUNIQUER RÉGULIÈREMENT L’INFORMATION TOUT EN CONTRÔLANT ET EN SUPERVISANT LES SOINS .................................................................................................................................... 34
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 4 – Traitement local de la plaie i
ARBRE DE DÉCISION
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 4 – Traitement local de la plaie 1
Démarches et traitements infirmiers
TRAITEMENT LOCAL DE LA PLAIE
ÉVALUER LA SITUATION CLINIQUE INITIALE
À l’aide des outils cliniques disponibles, recueillir les données liées à la plaie et aux tissus environnants
Recueillir les données
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Avant d’effectuer un changement de pansement dans le but d’évaluer la plaie
Consulter le Plan de traitement local de la plaie et la méthode d’asepsie en L’évaluation initiale constitue le point de départ de la planification des soins et des
cours. traitements. Les évaluations subséquentes indiquent la progression de la
Réunir le matériel de soins. cicatrisation et la nécessité de poursuivre ou d’ajuster le traitement en cours.
Au chevet de l’usager L’évaluation détaillée de la plaie se fait :
o Retirer le pansement souillé. dès l’admission;
o Nettoyer la plaie. après une chirurgie;
o Observer la plaie et la peau environnante. 1 fois par semaine, ou plus souvent, s’il y a présence de signes d’infection ou si
o Évaluer la plaie. la situation clinique l’exige.
o Appliquer un nouveau pansement.
o Ajuster le Plan de traitement local de la plaie (au besoin). Procéder à la collecte de données à l’aide de l'outil Collecte de données et
o Inscrire au dossier les données recueillies. évaluation de la plaie (F9).
Consulter l’arbre de décision « Prévention des infections ».
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 4 – Traitement local de la plaie 2
Évaluer la plaie en précisant ses caractéristiques
Localisation de la plaie Le site anatomique fournit des indications sur l’étiologie de la plaie et sur son
o Localiser la plaie à l’aide d’une description, d’un schéma ou d’une photo potentiel de cicatrisation :
médicale. plaie sur une proéminence osseuse : probablement une lésion de pression;
o Préciser la région anatomique. plaie sur une malléole interne : probablement d’origine veineuse;
plaie sur les orteils : probablement d’origine artérielle, ischémique ou
diabétique;
plaie à la région plantaire : probablement d’origine diabétique.
Consulter Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
Allergie aux médicaments, aux pansements, aux produits Consulter :
Préciser lesquels et les types de réactions. o Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
o Traitements locaux (F10)
Usager atteint ou porteur d’une infection (c’est‐à‐dire aux prises avec une bactérie Bactéries multirésistantes habituellement en cause :
multirésistante) o ERV (Enterococcus résistant à la vancomycine);
Selon le cas, déterminer les précautions additionnelles qu’il faut prendre. o SARM (Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline);
o SARM‐AC (acquis en communauté);
o Pseudomonas aeruginosa.
Type de plaie Consulter :
o Ulcère des membres inférieurs (F6) :
o L’ulcère veineux
o L’ulcère mixte
o L’ulcère artériel
o Classification d’un ulcère du pied diabétique (F7)
o Classification des lésions de pression (stade) selon le NPUAP dans Lésion de
pression (F8)
o Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
Mesurer les dimensions de la plaie Facilite le suivi de la plaie.
Consulter Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 4 – Traitement local de la plaie 3
Évaluer la plaie en précisant ses caractéristiques
Décrire les bords de la plaie Consulter Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
Indiquer la présence d’un corps étranger dans la plaie Consulter Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
o Indiquer la présence d’agrafes, de points de suture, d’un drain, d’un tube, d’un
cathéter, etc.
Caractériser l’exsudat Consulter Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
o Préciser le type d’exsudat.
o Préciser la qualité.
o Préciser la quantité d’exsudat.
Noter la présence d’odeur et la quantifier Consulter Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
Établir la répartition des différents types de tissus dans la plaie Consulter Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
Évaluer (en pourcentage)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 4 – Traitement local de la plaie 4
Procéder à une culture de plaie
Indiquer la date et la localisation de la plaie où a été effectuée la culture. Les cultures de plaies ne permettent pas de diagnostiquer une infection; elles
peuvent toutefois orienter le traitement antimicrobien ou antibiotique (seuls les
organismes du phénotype planctonique peuvent être identifiés). Il ne faut pas
procéder à une culture de plaie si l'on suspecte un biofilm. Le retrait du biofilm doit
être fait par un débridement au préalable.
Consulter :
o Préparation du lit de la plaie (F3) :
Technique de Levine (culture de plaie faite à l’aide de l’écouvillon)
Bactéries susceptibles d’être présentes dans une plaie chronique
Noter si présence ou absence de douleur
Si présence : L’utilisation d’une échelle numérique facilite le suivi de l'usager, permet une
o Noter l’information recueillie conformément au PQRSTUV. évaluation comparative strictement individuelle et permet d’apprécier l’effet des
o Identifier le type de douleur : nociceptive ou neuropathique. analgésiques (début d’action, pic et durée d’action).
Consulter Évaluation de la douleur (F4)
Fréquence des évaluations
o Indiquer les dates des évaluations subséquentes de la plaie. o Il est préférable de préciser la ou les journées de la semaine (ex. : le mercredi)
où une évaluation doit être réalisée.
Plan de traitement local en cours et fréquence des changements de pansements
o Nettoyage Consulter Traitements locaux (F10)
o Pansement primaire
o Pansement secondaire
o Autres (ex. : barrière cutanée liquide ou en crème sur la peau environnante)
Interventions complémentaires
o Interventions jugées pertinentes
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 4 – Traitement local de la plaie 5
Déterminer et corriger les facteurs systémiques et locaux pouvant nuire au processus de cicatrisation de la plaie
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Facteurs de risque pouvant nuire au processus de cicatrisation
o Facteurs reliés à l’usager o Chaque plaie exige une évaluation exhaustive de ses caractéristiques et des
o Médicaments susceptibles de nuire au processus de cicatrisation divers facteurs relatifs à l'usager et à son environnement.
o Facteurs locaux
o Carences nutritionnelles susceptibles de nuire au processus de cicatrisation Consulter Contraintes à la cicatrisation (F2)
o Facteurs de risque de dénutrition
Noter au Plan de soins et de traitements infirmiers (PSTI) et au Plan thérapeutique infirmier (PTI) les données pertinentes.
Noter au Plan de soins et de traitements infirmier (PSTI) et au Plan thérapeutique Le PTI :
infirmier (PTI) les données pertinentes. o Dans le PTI, inscrire les constats : type de plaie et localisation.
o La norme de documentation au PTI lui confère un caractère obligatoire, alors
que la documentation du Plan de soins et de traitements infirmiers varie d’un
contexte à l’autre, d’une clientèle à l’autre et d’un service ou programme à
l’autre.
o Le PTI doit comprendre :
la fréquence des réévaluations par l’infirmière;
les éléments de surveillance à signaler.
Le Plan de soins et de traitements infirmiers (PSTI) :
Le Plan de traitement local d’une plaie est toujours inscrit au PTI et sa description
est toujours consignée au dossier de l’usager à l’aide des Notes d’évolution et de
traitement de plaies/Collecte de données et évaluation de la plaie (F9) ou Notes
d’évolution rédigées par l’infirmière.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 4 – Traitement local de la plaie 6
Émettre une hypothèse sur l’objectif de soins prioritaire d’après les éléments suivants :
Le type de plaie et ses caractéristiques;
Les facteurs de risque liés à l’apparition de la plaie;
Les facteurs pouvant nuire à la cicatrisation.
Au besoin, consulter les autres Démarches cliniques et traitements infirmiers
(1. Lésion de pression; 2. Ulcère des membres inférieurs; 3. Ulcère du pied diabétique)
Objectifs de soins prioritaires possibles : selon les principes du concept TIME
Apport sanguin suffisant au niveau de la plaie ► Favoriser la cicatrisation en milieu humide contrôlé ► plaie curable
Apport sanguin suffisant, mais l’usager est dans l’impossibilité ou n’a pas le désire de corriger les causes sous‐jacentes ► Assurer le confort de l’usager et prévenir les
complications ► plaie de maintenance
Apport sanguin insuffisant au niveau de la plaie ► Assécher la plaie et prévenir les complications ► plaie non curable/palliative
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 4 – Traitement local de la plaie 7
Favoriser la cicatrisation Assurer le confort de l’usager et Assécher la plaie et
en milieu humide contrôlé prévenir les complications prévenir les complications
(plaie curable) (plaie de maintenance) (plaie non curable/palliative)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 4 – Traitement local de la plaie 8
Contacter le médecin traitant afin de statuer sur les aspects suivants :
Le type de plaie, sa localisation et ses caractéristiques;
Les complications actuelles et possibles;
L’objectif de soins prioritaire;
La nécessité d’une consultation médicale ou professionnelle;
Les résultats attendus compte tenu du diagnostic médical, des causes et du degré d’apport sanguin à la plaie.
En présence de signes et de symptômes indiquant une infection locale ou une propagation de l'infection (cellulite, un abcès, une ostéomyélite) ou une infection
systémique,
► Aviser le médecin traitant IMMÉDIATEMENT
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 4 – Traitement local de la plaie 9
Établir les objectifs prioritaires de l’usager et concevoir un plan de traitement local selon les principes du concept time
(en fonction du potentiel de cicatrisation)
Pour ce, consulter la liste des objectifs et des interventions de soins suivante :
Objectif 1 Nettoyer la plaie
Objectif 2. Débrider les tissus non viables (s’il y a lieu)
Objectif 3. Contrôler l’inflammation/infection
Objectif 4. Favoriser un milieu humide contrôlé (s’il y a lieu)
Objectif 5.
Protéger la peau environnante et les bords de plaie
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 4 – Traitement local de la plaie 10
Objectif 1. NETTOYER LA PLAIE (Le T du TIME)
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Adopter des mesures de prévention des infections (asepsie médicale ou Consulter :
chirurgicale) en fonction du type de plaie et de l’objectif de soins prioritaire : o Préparation du lit de la plaie (F3) :
o Type de plaie; Les mesures de prévention des infections
o Présence ou absence d’infection; Signes et symptômes d’infection d’une plaie chronique
o Présence ou absence de facteurs de risque d’infection. Continuum d’une infection de plaie
o Traitements locaux (F10)
o L’arbre de décision « Prévention des infections »
Sélectionner une solution de nettoyage
L’utilisation d’une solution saline est recommandée pour toutes les plaies.
o Tenir compte des éléments suivants :
évaluation de la plaie;
allergies et intolérances de l’usager; ATTENTION : Éviter d’utiliser un antiseptique, sauf si l’objectif de soins prioritaire est la
produits, pansements et médicaments sélectionnés. diminution de la charge microbienne ou l’assèchement plutôt que la cicatrisation.
o Premier choix : solution saline Dans ce cas, ne pas rincer la plaie par la suite.
Autres choix possibles :
Consulter Traitements locaux (F10)
eau stérile;
eau du robinet potable (sauf chez les usagers immunodéprimés ou dans le cas
d’une structure profonde exposée);
solutions de nettoyage offertes sur le marché et dont le pH se situe entre 5 et 6.
Sélectionner une solution antiseptique topique L’utilisation d’un antiseptique est à privilégier en présence d’un ulcère artériel sans
o Tenir compte des éléments suivants : apport sanguin (sans potentiel de cicatrisation), car il assèche la plaie alors que
évaluation de la plaie; l’humidité favorise l’augmentation de la charge microbienne.
allergies et intolérances de l’usager; Les solutions antiseptiques de choix sont la povidone iodée et la chlorhexidine.
produits, pansements et médicaments sélectionnés.
o Désinfecter la plaie à titre préventif à l’aide d'un antiseptique. Consulter Préparation du lit de la plaie (F3) :
Signes et symptômes d’infection d’une plaie chronique
L’utilisation d’une solution antiseptique nécessite un pansement secondaire qui Continuum d’une infection de plaie
garde la plaie sèche. L’utilisation des antiseptiques selon le potentiel de cicatrisation
Sélectionner une méthode de nettoyage Consulter Préparation du lit de la plaie (F3)
Noter au Plan de traitement local de la plaie la solution et la méthode de nettoyage La norme de documentation au PTI lui confère un caractère obligatoire, alors que la
sélectionnées. documentation au Plan de soins et de traitements infirmiers varie d’un contexte à
l’autre, d’une clientèle à l’autre et d’un service ou programme à l’autre.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 4 – Traitement local de la plaie 11
Objectif 2. DÉBRIDER LES TISSUS NON VIABLES (S’IL Y A LIEU) (Le T du TIME)
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Sélectionner une méthode de débridement
Le moyen le plus efficace pour diminuer la charge microbienne dans une plaie est le
Tenir compte des éléments suivants : débridement des tissus non viables. Les bactéries résident dans les tissus morts. Un
o état de santé de l’usager; des objectifs du débridement est de contrôler/retirer un biofilm.
o indications et contre‐indications liées à chacune des méthodes de débridement;
o quantité et qualité des tissus non viables; Consulter Préparation du lit de la plaie (F3) :
o apport sanguin au niveau de la plaie; Les méthodes de débridement
o présence d’un biofilm.
Méthodes de débridement Avant de sélectionner une méthode de débridement, l’intervenant doit bien évaluer
o Débridement autolytique la situation clinique :
o Débridement mécanique o facteurs de risque liés à l’état de l’usager;
o Enzymatique o dimensions de la plaie;
o Chimique/surfactant o quantité et nature des tissus à débrider;
o Biologique/enzymatique o risque de douleur procédurale;
o Chirurgical conservateur o présence ou absence d’infection;
o Chirurgical en salle d’opération o présence ou absence d’un biofilm
Pour chacune des méthodes, connaître :
o les indications et contre‐indications;
o la rapidité d’action;
o les coûts (produits ou intervention);
o les besoins et les désirs de l’usager.
o s’assurer que l’environnement est sécuritaire.
S’assurer des éléments suivants :
o la méthode est disponible dans l’établissement;
o posséder les connaissances et les habiletés cliniques requises.
Consulter Préparation du lit de la plaie (F3) :
Les méthodes de débridement
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Interventions Outils cliniques et information complémentaire
Noter au Plan thérapeutique infirmier les éléments de surveillance clinique (ex. :
saignement, douleur).
Noter au Plan de traitement local de la plaie la méthode de débridement
sélectionnée.
Inscrire dans les notes d’évolution rédigées par l’infirmière :
o justification de la méthode sélectionnée;
o le % de tissus non viables et les caractéristiques des tissus retirés;
o réactions de l’usager (ex. : besoin d’un analgésique);
o autres éléments jugés pertinents.
Attention : en présence d’une escarre sèche et dure au talon sans signe Dans le cas d’une escarre sèche et dure au talon, peu importe le potentiel de
d’infection cicatrisation (sans signe d’infection), les soins locaux consistent à :
o Ne pas débrider. favoriser l’assèchement de la base de la plaie et la protéger de toute
o Utiliser un antiseptique afin de contrôler la charge microbienne et prévenir une pression;
infection. mettre en place un pansement de protection sec préservant la plaie de tout
frottement ou traumatisme;
L’utilisation d’une solution antiseptique nécessite un pansement secondaire qui utiliser des solutions de povidone iodée ou de chlorhexidine pour désinfecter
garde la plaie sèche. la plaie et l’assécher complètement.
Ne pas débrider signifie aussi ne pas utiliser : Le débridement est contre‐indiqué lorsque l’apport sanguin est insuffisant pour
o un pansement favorisant un milieu humide; assurer un potentiel de cicatrisation.
o des produits ou des médicaments favorisant le débridement enzymatique ou
chimique (incluant les antibiotiques topiques).
Noter au plan thérapeutique infirmier et au plan de traitement local de la plaie La norme de documentation au PTI lui confère un caractère obligatoire, alors que la
o Ne pas débrider. documentation au Plan de soins et de traitements infirmiers varie d’un contexte à
o Préciser les interventions à éviter. l’autre, d’une clientèle à l’autre et d’un service ou programme à l’autre.
Indiquer clairement le raisonnement expliquant qu’un débridement est contre‐
indiqué. Ex. : NE PAS DÉBRIDER, usager ayant une maladie artérielle périphérique
sévère (sans potentiel de guérison).
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 4 – Traitement local de la plaie 13
Objectif 3. CONTRÔLER L’INFLAMMATION/INFECTION LOCALE (Le I du TIME)
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Appliquer les mesures de prévention des infections o Afin d’optimiser les soins, il est recommandé, lors des changements de
o Lors du changement de pansement : pansements, d’appliquer des mesures de prévention des infections.
respecter les mesures d’asepsie;
en présence de tissus non viables, changer les pansements plus Parmi les soins facilitant le contrôle de la charge microbienne, notons :
fréquemment; o le nettoyage de la plaie;
bien irriguer une plaie comportant un sinus, une cavité ou du sous‐minage et o le débridement;
combler l’espace mort lors de l’application du pansement primaire; o l’application d’un agent antimicrobien;
raser les poils ou les cheveux de la peau environnante. o le respect des mesures d’asepsie.
Certaines personnes âgées manifestent des signes d’infection de leur plaie,
uniquement par une diminution d’activités et un changement sur le plan cognitif.
Consulter :
o Préparation du lit de la plaie (F3) :
Les mesures de prévention des infections
o Facteurs de risque associés au développement d’une infection de plaie
Sélectionner un pansement en tenant compte des éléments observés lors de Consulter :
l’évaluation de la plaie. Préparation du lit de la plaie (F3) :
Signes et symptômes d’infection d’une plaie chronique
Continuum d’une infection de plaie
Traitements locaux en présence d’infection
Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
Traitements locaux (F10)
En présence d’une escarre sèche et dure au talon, Dans le cas d’une escarre sèche et dure au talon, peu importe le potentiel de
o utiliser un antiseptique topique afin de contrôler la charge microbienne et cicatrisation (sans signe d’infection), les soins locaux consistent à :
prévenir une infection. o favoriser l’assèchement de la base de la plaie et la protéger de toute pression;
o mettre en place un pansement de protection sec préservant la plaie de tout
frottement ou traumatisme;
o utiliser des solutions de povidone iodée ou de chlorhexidine pour désinfecter la
plaie et l’assécher complètement.
Consulter Préparation du lit de la plaie (F3) :
o Antiseptiques topiques : Indications
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 4 – Traitement local de la plaie 14
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Identifier les signes cliniques d’infection. Consulter :
o Préparation du lit de la plaie (F3) :
Définitions des termes utilisés dans le continuum de l’infection
Signes et symptômes d’infection d’une plaie chronique
Le biofilm
En présence de signes d’infection locale On doit contrôler la charge microbienne des plaies présentant des tissus non
o Procéder à une culture de la plaie. viables, car toutes les plaies chroniques contiennent des microorganismes.
► Aviser le médecin traitant.
Ne jamais faire une culture dans une plaie lorsqu'un biofilm est suspecté au
même titre que l'on ne doit jamais procéder à une culture de tissus non viables.
Consulter :
o Préparation du lit de la plaie (F3) :
Interventions et gestion efficaces de l’infection dans une plaie
Technique de Levine (culture de la plaie à l’aide de l’écouvillon)
o Considérer la nécessité d’utiliser un antimicrobien topique afin de diminuer la Consulter :
charge microbienne et prévenir l’infection. o Préparation du lit de la plaie (F3) :
Antimicrobiens topiques : Indications
o Sélectionner un pansement contenant un agent antimicrobien.
o Traitements locaux (F10)
En présence de signes indiquant une propagation de l'infection ou une infection Le traitement d'une propagation de l'infection ou d'une infection systémique est
systémique : d’ordre médical.
o Procéder à une culture de plaie.
Consulter :
► Aviser le médecin traitant IMMÉDIATEMENT, car il est possible qu’une
o Préparation du lit de la plaie (F3) :
antibiothérapie systémique s’impose.
Antiseptiques topiques
o Considérer la nécessité d’utiliser un antiseptique OU un antimicrobien topique en Antimicrobiens topiques
association avec une antibiothérapie systémique. o Traitements locaux (F10)
► En discuter avec le médecin traitant.
o Sélectionner un pansement.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 4 – Traitement local de la plaie 15
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
En présence d’un biofilm Consulter Préparation du lit de la plaie (F3) :
o Tableau comparatif d'antimicrobiens et leurs effets sur un biofilm
Noter au Plan de traitement local de la plaie La norme de documentation au PTI lui confère un caractère obligatoire, alors que la
o la méthode d’asepsie sélectionnée; documentation au Plan de soins et de traitements infirmiers varie d’un contexte à
o la solution de nettoyage, les pansements primaire et secondaire sélectionnés. l’autre, d’une clientèle à l’autre et d’un service ou programme à l’autre.
Noter au Plan thérapeutique infirmier (PTI)
o le changement au plan de traitement (s’il y a lieu);
o les éléments de surveillance clinique.
En présence de signes d’infection, noter
o l’information relative à la culture de la plaie;
o les signes et symptômes d’infection ou de suspicion d’un biofilm;
o les raisons qui justifient l’ajustement du Plan de traitement local de la plaie et
l’orientation vers un médecin traitant (s’il y a lieu).
Appliquer les mesures de prévention des infections Afin d’optimiser les soins, il est recommandé, lors des changements de pansements,
o Voir la section Favoriser la cicatrisation en milieu humide contrôlé. d’appliquer des mesures de prévention des infections.
Consulter :
o Préparation du lit de la plaie (F3) :
Les mesures de prévention des infections
Facteurs de risque associés au développement d’une infection de plaie
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 4 – Traitement local de la plaie 16
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
En présence de signes de propagation de l'infection ou d'infection systémique : Le traitement d'une propagation de l'infection ou d'une infection systémique est
o Procéder à une culture de la plaie. d’ordre médical.
► Aviser le médecin traitant IMMÉDIATEMENT, car habituellement une
antibiothérapie systémique s’impose. Consulter Préparation du lit de la plaie (F3) :
Signes et symptômes d’infection d’une plaie chronique
Techique de Levine (culture de plaie faite à l’aide de l’écouvillon)
Considérer la nécessité d’utiliser une solution antiseptique OU un agent
antimicrobien en association avec une antibiothérapie systémique.
► En discuter avec le médecin traitant.
Sélectionner un pansement.
Noter au plan de traitement local de la plaie La norme de documentation au PTI lui confère un caractère obligatoire, alors que la
documentation au Plan de soins et de traitements infirmiers varie d’un contexte à
la méthode d’asepsie sélectionnée;
l’autre, d’une clientèle à l’autre et d’un service ou programme à l’autre.
la solution de nettoyage ainsi que les pansements primaire et secondaire
sélectionnés.
Noter au plan thérapeutique infirmier
le changement du plan de traitement, s’il y a lieu;
les éléments de surveillance.
Inscrire dans les Notes d’évolution rédigées par l’infirmière
l’information relative à la culture de plaie;
les signes et symptômes d’infection ou la présence d’un biofilm;
les raisons qui justifient l’ajustement au Plan de traitement local de la plaie et
l’orientation vers un médecin traitant, s’il y a lieu.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 4 – Traitement local de la plaie 17
Objectif 4. FAVORISER UN MILIEU HUMIDE CONTRÔLÉ OU ASSÉCHER LA PLAIE
SÉLECTIONNER UN PANSEMENT ET DES PRODUITS SELON L’OBJECTIF DE SOIN PRIORITAIRE (Le M du TIME)
Lors de cette sélection, tenir compte des éléments suivants :
type de plaie, ses caractéristiques et sa localisation;
besoins et désirs de l’usager;
contexte clinique;
compétences du personnel soignant;
coûts et disponibilité des pansements et des produits envisagés.
Nota bene :
Chaque plaie doit être traitée de façon particulière : il n’existe pas de modèle d’intervention unique associé à un type de plaie.
L’infirmière doit utiliser son jugement clinique pour sélectionner un pansement ou un produit. Pour ce faire, elle doit maintenir ses connaissances à jour sur les catégories
de pansements et de produits ainsi que sur les indications et contre‐indications qui leur sont associées.
C’est en observant l’action des produits et des pansements dans différentes situations cliniques que l’infirmière acquiert les connaissances et la compétence clinique en
soins de plaies.
Milieu humide contrôlé
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Avant la sélection d’un pansement ou d’un produit, répondre aux questions Consulter :
suivantes : Processus de cicatrisation (F1)
Quel est le potentiel de cicatrisation de la plaie? Préparation du lit de la plaie (F3)
Quel est l’objectif de soins prioritaire de la plaie? Évaluation de la douleur (F4)
Quelles sont la solution et la méthode de nettoyage sélectionnées? Collecte des données (F9)
L’usager ressent‐il une douleur au niveau de sa plaie? Traitements locaux (F10)
La plaie est‐elle profonde? A‐t‐elle une cavité, un sinus, des espaces sous‐
jacents? Les bords sont‐ils attachés ou roulés?
L’exsudat est‐il abondant? Quelles sont ses caractéristiques?
Quelle est l’apparence des tissus dans le lit de la plaie?
Y a‐t‐il suspicion d’un biofilm?
La plaie présente‐t‐elle des signes d’infection locale, de propagation de
l'infection ou d'infection systémique? La peau environnante est‐elle saine,
macérée, etc.?
Est‐ce que la plaie nécessite l’application d’un pansement primaire? D’un
pansement secondaire?
Quelles sont les catégories de pansements et de produits disponibles dans
l’établissement?
Quels sont les goûts, désirs, ressources financières et besoins de l’usager?
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 4 – Traitement local de la plaie 18
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Sélectionner un pansement qui garde la plaie dans un milieu humide contrôlé L’équilibre hydrique de la plaie peut être maintenu grâce au choix judicieux d’un
pansement qui stimule le tissu de granulation et l’épithélialisation.
ATTENTION : La production d’exsudat fournit les nutriments nécessaires au processus de
Éviter d’utiliser des pansements, des produits ou des médicaments dont les réparation tissulaire et permet de contrôler l’infection, tout en contribuant à
résultats probants sont inexistants pour le traitement local d’une plaie l’hydratation de la plaie.
chronique. En cas d’utilisation de plusieurs types de pansements pour une même plaie, il
faut toujours vérifier leur compatibilité au préalable.
Consulter :
Préparation du lit de la plaie (F3)
Collecte des données (F9)
Traitements locaux (F10)
Traitements adjuvants (F11)
Tenir compte des données recueillies lors de l’évaluation de la plaie Afin de prévenir une fuite de l’exsudat ou un décollement prématuré du
Localisation de la plaie : pansement, tenir compte de la localisation de la plaie avant de sélectionner un
o siège : pansement qui offre une protection contre la contamination par les pansement.
selles ou l’urine;
o orteils, doigts : pansement mince, fixé de façon à éviter un effet de garrot;
o talons : cranter les bords médians d’un pansement carré ou rectangulaire;
jambes : dans les cas d’une maladie veineuse ou artérielle, privilégier les
pansements sans adhésifs.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 4 – Traitement local de la plaie 19
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
État des tissus dans le lit de la plaie : Le pansement sélectionné doit épouser le lit de la plaie, mais ne doit pas adhérer
o en présence d’une plaie nouvellement épithélialisée, la protéger à l’aide : à celui‐ci.
d’une pellicule transparente;
d’un pansement hydrocolloïde mince;
d’une barrière cutanée (liquide, crème, onguent).
o en présence de tissus de granulation :
exsudat léger : pansement humidifiant ou qui maintient un milieu humide
contrôlé;
exsudat modéré à abondant : pansement absorbant.
o en présence d’hypergranulation :
sans signes d’infection: pansement absorbant;
avec signes d’infection : utiliser un antiseptique ou un antimicrobien;
considérer la possibilité de cautériser la plaie avec du nitrate d’argent.
o en présence de structures profondes exposées :
pansement qui n’adhère pas au lit de la plaie, mais qui maintient un milieu
humide contrôlé;
ajout d’un pansement non adhérent imprégné.
o en présence de tissus non viables :
exsudat léger : pansement humidifiant ou qui maintient un milieu humide
contrôlé;
exsudat modéré à abondant : pansement absorbant.
Présence de cavités, de sinus ou d’espaces sous‐jacents : Afin d’éviter la formation d’abcès, combler les espaces morts dans les cavités, les
o nécessité de combler l’espace mort. sinus et le sous‐minage à l’aide d’un pansement primaire.
L’application d’un pansement primaire dans les cavités, les sinus et les espaces
sous‐jacents doit favoriser la croissance du tissu de granulation. Il faut insérer le
pansement dans la plaie sans le compacter.
Dans ces cas, il est nécessaire d’appliquer un pansement secondaire.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 4 – Traitement local de la plaie 20
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
État de la peau environnante : La peau environnante doit être saine en tout temps afin de favoriser la migration des
o macérée : opter pour un pansement plus absorbant ou protéger la peau à cellules épithéliales.
l’aide d’une barrière cutanée;
La présence de lésions satellites peut indiquer une infection locale ou une
o irritée : ajouter une barrière cutanée, trouver l’agent irritant;
propagation de l’infection.
o sèche : ajouter une crème ou une lotion hydratante;
o lésions satellites :
opter pour un pansement non adhésif ou comportant une interface non
Consulter Traitements locaux (F10)
adhérente (lipido‐colloïde, silicone, etc.),
éviter les diachylons,
privilégier un bandage omniforme.
Présence de signes d’infection locale, de propagation d'infection ou d'infection
systémique :
o antiseptique topique;
o pansement antimicrobien.
Lors du retrait du pansement, si adhérence au lit de la plaie :
o choisir un pansement qui garde davantage la plaie humide ou qui comporte
une interface non adhérente (lipido‐colloïde, silicone, etc.);
o diminuer la fréquence des changements de pansements;
ajouter un pansement non adhérent dans le lit de la plaie.
Douleur au niveau de la plaie : Consulter :
o pansement non adhérent; Évaluation de la douleur (F4)
o utilisation d’une interface; Traitements locaux (F10)
o gestion de la douleur procédurale.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 4 – Traitement local de la plaie 21
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Présence d’odeurs: Il est recommandé de nettoyer la plaie avant d’émettre une opinion clinique.
o utiliser un antiseptique ou un antimicrobien et considérer l’ajout d’un
pansement au charbon.
Fréquence des changements de pansements En présence d’une plaie offrant un bon potentiel de cicatrisation et exempte de signes
o changer le pansement plus fréquemment, dans les cas suivants (dans le but d’infection locale ou de propagation de l'infection, il est important de garder la plaie à
d'évaluer si la plaie répond positivement au traitement local) : une température constante afin de favoriser la mitose cellulaire. Pour ce faire, éviter
infection locale ou propagation de l'infection, biofilm, les changements de pansements trop fréquents.
absence ou faible potentiel de cicatrisation;
o minimiser la fréquence des changements de pansements lorsque la plaie :
ne présente pas de signes d'infection locale ou propagation de l'infection,
présente un bon potentiel de cicatrisation,
est exempte de tissus non viables;
o adapter la fréquence des changements de pansements selon l’évolution de la
plaie constatée lors des évaluations hebdomadaires.
Plaies chroniques (ne répondant pas aux traitements conventionnels) Consulter :
o agents bioactifs; Traitements locaux (F10)
o traitements adjuvants. Traitements adjuvants (F11)
Noter au plan thérapeutique infirmier La norme de documentation au PTI lui confère un caractère obligatoire, alors que la
la fréquence des changements de pansements; documentation au Plan de soins et de traitements infirmiers varie d’un contexte à
la fréquence des évaluations de la plaie; l’autre, d’une clientèle à l’autre et d’un service ou programme à l’autre.
les éléments de surveillance clinique.
Inscrire dans les notes d’évolution rédigées par l’infirmière
la justification d’un ajustement au Plan de traitement local de la plaie (s’il y a lieu);
les réactions de l’usager.
Noter au plan de traitement local de la plaie et dans les notes d’évolution et de
traitement de la plaie
la solution et la méthode de nettoyage;
l’évaluation hebdomadaire systématique de la plaie;
le ou les pansements sélectionnés (primaire et secondaire);
à chaque changement de pansement :
o l’information pertinente liée à l’état de la plaie (ex. : apparition de signes
d’infection),
o le Plan de traitement local de la plaie;
toute autre information pertinente.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 4 – Traitement local de la plaie 22
Assécher la plaie et prévenir les infections
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Avant de sélectionner un pansement ou un produit, répondre aux questions Consulter :
suivantes : Processus de la cicatrisation (F1)
Quel est le potentiel de cicatrisation de la plaie? Contraintes à la cicatrisation (F2)
Quel est l’objectif de soins prioritaire de la plaie? Préparation du lit de la plaie (F3)
Quelles sont la solution et la méthode de nettoyage sélectionnées? Évaluation de la douleur (F4)
L’usager présente‐t‐il une douleur au niveau de sa plaie? Collecte des données (F9)
La plaie est‐elle profonde? A‐t‐elle une cavité, un sinus, des espaces sous‐ Traitements locaux (F10)
jacents? Ses bords sont‐ils attachés ou non attachés?
L’exsudat est‐il abondant? Quelles en sont ses caractéristiques?
La plaie nécessite‐t‐elle l’application d’un pansement primaire? D’un pansement
secondaire?
Quelle est l’apparence des tissus dans le lit de la plaie? Y a‐t‐il suspicion d’un
biofilm?
La plaie présente‐t‐elle des signes d’infection locale, d'une propagation de
l'infection ou d'une infection systémique?
La peau environnante est‐elle saine, macérée?
Quelles sont les catégories de pansements et de produits disponibles dans
l’établissement?
Quels sont les goûts, les désirs, les ressources financières et les besoins de
l’usager?
Sélectionner un pansement qui garde la plaie au sec (compresse sèche par Afin de prévenir une fuite de l’exsudat ou un décollement prématuré du pansement,
exemple). il importe de tenir compte de la localisation de la plaie avant de sélectionner un
pansement.
Tenir compte des éléments suivants :
Localisation :
o siège : pansement qui offre une protection contre la contamination par les
selles ou l’urine;
o orteils, doigts : pansement mince, fixé de façon à éviter un effet de garrot;
o talons : cranter les bords médians d’un pansement carré ou rectangulaire;
o jambes : en cas d’atteinte vasculaire, privilégier les pansements sans adhésifs,
fixés par un bandage omniforme.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 4 – Traitement local de la plaie 23
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Tissu dans le lit de la plaie : Le pansement sélectionné ne doit pas adhérer au lit de la plaie lors de son retrait.
o granulation : Mettre en place un pansement de protection sec préservant la plaie de tout
exsudat léger : pansement sec, frottement ou traumatisme.
exsudat modéré à abondant : pansement absorbant (pansements
hydrofibres ou superabsorbants, fibres gélifiantes, mousse, alginate, etc.).
Lorsque l’exsudat est diminué, appliquer seulement un pansement sec;
o hypergranulation :
sans signes d’infection : pansement sec,
avec signes d’infection : antiseptique ou antimicrobien et pansement sec;
o structures profondes exposées : pansement qui n’adhère pas au lit de la plaie
lors de son retrait (avec antimicrobien ou antiseptique si signes d'infection
locale, de propagation de l'infection ou d’un biofilm);
o tissus non viables :
exsudat léger : pansement sec,
exsudat modéré à abondant : pansement absorbant avec antimicrobien, si
signes d'infection locale, de propagation de l'infection ou d’un biofilm
(pansements hydrofibres ou superabsorbants, fibres gélifiantes, mousse,
alginate, etc.). Lorsque l’exsudat est diminué, appliquer un pansement
sec;
o escarre : pansement sec (désinfection à l’aide d’un antiseptique).
Cavité, sinus, espace sous‐jacent : Afin d’éviter la formation d’abcès, combler les espaces morts des cavités, des
o Nécessité de combler l’espace mort sinus et des espaces sous‐jacents à l’aide d’un pansement primaire.
o exsudat léger, modéré ou abondant : Dans ces cas, il est nécessaire d’appliquer un pansement secondaire.
pansement primaire : pansement absorbant avec antimicrobien
(pansement hydrofibre, fibres gélifiantes, alginate, mousse pour cavité);
pansement secondaire : pansement absorbant (mousse, multicouche,
superabsorbant, etc.); lorsque l’exsudat est diminué, appliquer un
pansement sec.
Peau environnante :
o macérée : opter pour un pansement plus absorbant (fibres gélifiantes, Consulter Traitements locaux (F10)
pansement hydrofibre, multicouche, superabsorbant, alginate);
o irritée : ajouter une barrière cutanée;
o sèche : ajouter une crème ou une lotion hydratante;
o lésions satellites :
opter pour un pansement sans adhésif ou comportant une interface non
adhérente,
éviter les diachylons,
privilégier un bandage omniforme.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 4 – Traitement local de la plaie 24
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Signes d’infection locale, de propagation de l'infection ou d'infection Consulter :
systémique : Préparation du lit de la plaie (F3) :
o pansement incluant un antiseptique ou un agent antimicrobien; o Antiseptiques topiques
o pas de pansement maintenant la plaie humide ou semi‐occlusif; o Antimicrobiens topiques
o changer le pansement plus souvent. Traitements locaux (F10)
► Aviser le médecin traitant
Lors du retrait du pansement, si adhérence au lit de la plaie : ajouter un Consulter Traitements locaux (F10)
pansement non adhérent, imprégné ou non, dans le lit de la plaie.
Douleur au niveau de la plaie : Consulter Évaluation de la douleur (F4)
o choisir un pansement avec interface non adhérente;
o au besoin, humecter le pansement avant de le retirer.
Présence d’odeurs : Il est recommandé de nettoyer la plaie avant d’émettre une opinion clinique.
o utiliser un antiseptique ou un antimicrobien et considérer l’ajout d’un
pansement au charbon.
Fréquence des changements de pansements :
o habituellement DIE.
Noter au plan thérapeutique infirmier : La norme de documentation au PTI lui confère un caractère obligatoire, alors que la
la fréquence des changements de pansements; documentation au Plan de soins et de traitements infirmiers varie d’un contexte à
la fréquence des évaluations de la plaie; l’autre, d’une clientèle à l’autre et d’un service ou programme à l’autre.
les éléments de surveillance.
Noter dans les notes d’évolution rédigées par l’infirmière :
la justification d’un ajustement au Plan de traitement local de la plaie (s’il y a lieu);
les réactions de l’usager.
Noter au plan de traitement local de la plaie et dans les notes d’évolution et de
traitement de la plaie :
la solution et la méthode de nettoyage;
le ou les pansements sélectionnés (primaire et secondaire);
à chaque changement de pansement :
o l’information pertinente reliée à l’état de la plaie (ex. : apparition de signes
d’infection);
toute autre information pertinente.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 4 – Traitement local de la plaie 25
Objectif 5. PROTÉGER LA PEAU ENVIRONNANTE ET LES BORDS DE PLAIE (LE E DU TIME)
Lors de cette sélection, tenir compte des éléments suivants :
type de plaie, ses caractéristiques et sa localisation;
besoins et désirs de l’usager;
contexte clinique;
la progression de la plaie;
compétences du personnel soignant;
coûts et disponibilité des pansements, des traitements adjuvants ou d’autres produits/thérapies/interventions envisagés.
Nota bene :
L'évaluation des bords de la plaie nous indique s'il y a une progression en ce qui concerne la contraction et l'épithélialisation de la plaie (présence de sous‐minage, de
sinus, de tunnel, etc.) et si notre traitement en cours est efficace. C'est à cette étape de la réévaluation que des modalités de traitements peuvent être envisagées afin
d'améliorer le processus de cicatrisation et d’influencer la prolifération cellulaire au niveau des bords de la plaie et de sa fermeture.
Le débridement des bords de la plaie, l'utilisation de greffes, de derme acellulaire, de pansements bioactifs et de thérapies adjuvantes font partie des moyens à utiliser
pour stimuler et corriger les kératinocytes qui ne migrent plus ainsi que les autres déséquilibres cellulaires (comme la matrice extracellulaire, l’activité des protéases, la
sénescence cellulaire, etc.). Ces thérapies adjuvantes incluent : la thérapie électromagnétique, le laser, les ultrasons, la photothérapie, l'oxygénothérapie par
hyperbare ou cutanée et la thérapie par pression négative. Il faut également considérer la condition de la peau autour de la plaie. L'intégrité de celle‐ci affectera
directement l'habileté de la plaie à se contracter et à se fermer (Harries, Bosanquet et Harding, 2016).
Consulter :
Contraintes à la cicatrisation (F2)
Préparation du lit de la plaie (F3)
Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
Traitements locaux (F10)
Traitements adjuvants (F11)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 4 – Traitement local de la plaie 26
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Avant de sélectionner un produit topique comme protecteur cutané vous devez Bien que les pansements semblent, a priori, la pierre angulaire des soins de plaies,
pouvoir répondre aux questions suivantes : la collecte de données (incluant les antécédents médicaux, les médicaments, les
L’usager a‐t‐il des allergies connues à des produits topiques? allergies ou intolérances, les consultants au dossier, etc.) et l'évaluation globale de
L’usager souffre‐t‐il de psoriasis, d’eczéma, de dermatite? l'usager et de sa plaie demeurent les étapes les plus importantes dans la prise en
Quels sont les protecteurs cutanés disponibles dans l’établissement? charge d’une plaie. Avant de sélectionner un pansement, il est important de mettre
Quels sont les goûts, les désirs, les ressources financières et les besoins de en place les stratégies pouvant influencer le processus de cicatrisation.
l’usager?
Une grande quantité d'exsudat (contenant souvent des métalloprotéases (MPP)
Tenir compte des éléments suivants : peut endommager le nouveau tissu dans le lit de la plaie et porter atteinte à
l'intégrité de la peau environnante.
Évaluer l'état de la peau environnante :
o macérée : opter pour un pansement plus absorbant ou protéger la peau à La présence de lésions satellites peut indiquer une infection locale ou une
l’aide d’une barrière cutanée sans alcool; propagation de l'infection.
o irritée : ajouter une barrière cutanée; trouver l’agent irritant;
L'absence de tissu sain sur les bords de la plaie, la présence de bords de plaie
o sèche : ajouter une crème ou une lotion hydratante;
roulés, non accolés ou de sous‐minage indiquent que la plaie ne progresse pas
o lésions satellites : normalement.
opter pour un pansement non adhésif ou comportant une interface non
adhérente (lipido‐colloïde, silicone, etc.),
éviter les diachylons, Consulter :
privilégier un bandage omniforme. Contraintes à la cicatrisation (F2)
Préparation du lit de la plaie (F3)
Évaluer la nécessité de : Collecte de données et évaluation de la plaie (F9)
débrider les bords de la plaie, les callosités; Traitements locaux (F10)
retirer/débrider le biofilm;
demander une biopsie auprès d’un médecin;
protéger la peau environnante;
encourager les autosoins.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 4 – Traitement local de la plaie 27
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Sélectionner un pansement qui : « En présence d’une plaie et avant d’intervenir, l’infirmière doit procéder à une
évaluation appropriée de la situation clinique [de l’usager], de sa condition de santé
peut absorber efficacement l'exsudat sans assécher le lit de la plaie ni macérer et de la plaie (étiologie possible, type de plaie, caractéristiques) et s’assurer du
ou irriter la peau environnante (milieu humide contrôlé); potentiel de cicatrisation de la plaie. » (Durand, Harvey et D’Anjou, 2016, p. 50).
permet d’éviter l'apparition de lésions traumatiques reliées à la friction et au Toujours selon ces auteurs, il est de la responsabilité de l’infirmière de baser sa
retrait des pansements. pratique sur les pratiques exemplaires.
Sélectionner un protecteur cutané qui :
protège les tissus environnants de l'exsudat de la plaie (prévient la macération). Consulter Préparation du lit de la plaie (F3)
ATTENTION : Éviter d’utiliser des produits ou des médicaments qui n’ont pas donné
de résultats probants quant à leur efficacité.
Toute perte d'intégrité de la peau entourant la plaie peut avoir un effet négatif sur La peau environnante doit être saine en tout temps afin de favoriser la migration
son processus de cicatrisation. des cellules épithéliales.
Consulter Traitements locaux (F10) :
Sélectionner un produit topique pour :
Sélection d'un produit hydratant pour la peau saine
traiter la peau environnante (sécheresse, hydratation, dermatite, eczéma,
Traitement d’une dermatite
œdème…)
signes de surveillance clinique suggérant une possibilité de dermatite :
o rougeur;
o suintement;
o inflammation;
o croutes;
o démangeaisons;
o lésions de grattage.
Encourager les autosoins.
Sélectionner un produit topique en présence d'une dermatite Le traitement d'une dermatite nécessite souvent une corticothérapie topique (Jean,
En présence de signes cliniques suggérant une possible dermatite (surtout chez 2018).
l'usager présentant une maladie veineuse chronique) :
tenter de détecter la présence d'un agent irritant ou allergène et l'éviter par Consulter Traitements locaux (F10) :
la suite. Traitement d'une dermatite
Adresser l’usager au médecin traitant et, au besoin, l’orienter en dermatologie
pour une évaluation.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 4 – Traitement local de la plaie 28
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Surveiller l’évolution de la plaie Un bord de plaie non attaché est habituellement causé par la friction et le
cisaillement, mais peut également indiquer la présence d’une charge microbienne
L'évaluation des bords de la plaie permet de déterminer s’il y a une progression en
importante.
matière de contraction et d'épithélialisation. Celle‐ci nous confirme également si le
traitement local en cours est approprié. Les bords de la plaie empêchent la migration des cellules épithéliales vers le centre
de la plaie et sa fermeture.
Une réduction de 20 à 40 % de la plaie après 2 et 4 semaines de traitement nous
permet de confirmer que le traitement en cours est efficace. C'est aussi un L'utilisation de thérapies adjuvantes (laser, stimulation électrique, thérapie par
prédicteur fiable pour la cicatrisation. pression négative, photothérapie, oxygénation topique ou en hyperbare, etc.), de
derme acellulaire, de greffe, de pansements bioactifs, etc. permet de favoriser la
Noter la présence :
contraction des bords de la plaie et l'épithélialisation (Leaper et al., 2012; Harries,
d'un arrêt dans la progression des bords de la plaie (augmentation progressive de
Bosanquet et Harding, 2016).
la dimension de la plaie);
de bords roulés, non attachés, sous‐minage, sinus, tunnels; Consulter :
de signes d'infection, de biofilm. Contraintes à la cicatrisation (F2)
Préparation du lit de la plaie (F3)
Évaluer la nécessité de : Traitements locaux (F10)
débrider les bords de la plaie en présence de bords roulés (orienter l’usager vers Traitements adjuvants (F11)
son médecin traitant si un débridement chirurgical s'impose).
Considérer l'utilisation de thérapies adjuvantes pour favoriser la contraction et Éviter d’utiliser les traitements adjuvants dont l’efficacité n’a pas été démontrée par
l'épithélialisation de la plaie après avoir corrigé tous les autres paramètres du des données probantes.
concept TIME, le T‐I et le M ainsi que toute autre contrainte présente chez l'usager
« Le contexte de pratique dans lequel exercent les professionnels qui interviennent
pouvant faire obstacle au processus de cicatrisation.
dans le domaine du traitement des plaies influence inévitablement le travail en
interdisciplinarité. En effet, la mission de l’établissement, l’organisation des services
cliniques, les règles de soins et les protocoles internes, les ressources humaines et
matérielles disponibles ainsi que d’autres facteurs organisationnels peuvent faire
varier la constitution des équipes interdisciplinaires et l’attribution de certaines
responsabilités cliniques. » (Bouffard et al., 2014, p. 11)
La gestion des plaies chroniques et complexes requiert une approche
interdisciplinaire. L’une des activités réservées mettant à contribution plusieurs
professionnels de la santé concerne « les soins de plaies. » (Bouffard et al., 2014;
Éditeur officiel du Québec, 2018)
Au préalable, il est nécessaire de valider, au préalable, auprès de votre
établissement, les autorisations et les activités réservées en lien avec l'utilisation des
thérapies adjuvantes. Leur utilisation varie d'un établissement à l'autre.
Consulter :
Traitements adjuvants (F11)
L’interdisciplinarité dans les soins de plaies (F12) :
Indicateurs d’une consultation auprès d’un professionnel de la santé
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 4 – Traitement local de la plaie 29
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Noter au plan thérapeutique infirmier : La norme de documentation au PTI lui confère un caractère obligatoire, alors que la
la fréquence des changements de pansements; documentation au Plan de soins et de traitements infirmiers varie d’un contexte à
la fréquence des évaluations de la plaie; l’autre, d’une clientèle à l’autre et d’un service ou programme à l’autre.
les éléments de surveillance clinique.
Inscrire dans les notes d’évolution rédigées par l’infirmière :
la justification d’un ajustement au Plan de traitement local de la plaie (s’il y a
lieu);
les réactions de l’usager.
Noter au plan de traitement local de la plaie et dans les notes d’évolution et de
traitement de la plaie :
la solution et la méthode de nettoyage en lien avec la thérapie adjuvante ou les
produits utilisés;
l’évaluation hebdomadaire systématique de la plaie;
le ou les pansements sélectionnés (primaire et secondaire)/agent bioactif;
la crème hydratante ou le médicamentée utilisés pour traiter la peau
environnante;
la thérapie adjuvante utilisée et ses modalités de traitement;
à chaque changement de pansement :
l’information pertinente liée à l’état de la plaie (ex. : apparition de signes
d’infection, amélioration ou détérioration de la plaie),
le Plan de traitement local de la plaie;
toute autre information pertinente.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 4 – Traitement local de la plaie 30
INFORMER régulièrement LE MÉDECIN TRAITANT :
objectifs de soins prioritaires;
interventions cliniques prévues (soins et traitements);
consultations professionnelles demandées ou en cours;
consultations suggérées auprès d’un médecin spécialiste (s’il y a lieu).
Documenter au dossier clinique
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Consigner au dossier les documents suivants : La documentation des soins infirmiers fait partie intégrante de certains éléments
► Plan thérapeutique infirmier; d’exercice énoncés dans le document Perspectives de l’exercice de la profession
► Plan de soins et de traitements infirmiers; d’infirmière (Lévesque‐Barbès, 2010). Elle remplit également une obligation
► Notes d’évolution rédigées par l’infirmière. déontologique, puisque le Code de déontologie des infirmières et infirmiers est
explicite en ce qui concerne l’inscription des informations au dossier de l’usager et
Plan thérapeutique infirmier (PTI) : l’information relative au suivi clinique : la continuité des soins. De plus, le suivi clinique de l’usager fait l’objet d’une norme,
références au Plan de soins et de traitements infirmiers; le Plan thérapeutique infirmier, qui rend son inscription au dossier obligatoire.
fréquence des changements de pansements;
fréquence des évaluations de la plaie;
responsabilités des membres de l’équipe de soins infirmiers et de celles de
l’équipe interdisciplinaire;
éléments de surveillance clinique (ex. : douleur, saignement, signes d’infection)
Plan de soins et de traitements infirmiers : les données pertinentes relatives aux
objectifs et aux interventions de soins sélectionnés
(Notes d’évolution et de traitement de plaies) :
Hebdomadairement :
o l’évaluation complète de la plaie et du Plan de traitement local de la plaie;
À chaque changement de pansement :
o apparition de signes d'infection locale ou de propagation de l'infection, de
saignement, de douleur, etc.,
o solution de nettoyage, pansement primaire et pansement secondaire
sélectionnés, mesures d’asepsie adoptées,
o autres données pertinentes (ex. : application d’une crème barrière sur la
peau environnante, débridement chirurgical conservateur, gestion de la
douleur, etc.).
Notes d’évolution rédigées par l’infirmière : les justifications des changements
apportés au Plan de traitement local de la plaie
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 4 – Traitement local de la plaie 31
ASSURER LE SUIVI ET LA CONTINUITÉ DES SOINS
Recueillir les données évolutives, réévaluer les résultats et réviser le plan de soins et de traitements infirmiers pour
l’ensemble de l’épisode de soins
Pendant toute l’épisode de soins, exercer une surveillance clinique continue afin de :
déceler rapidement une complication (ex. : apparition ou aggravation d'une infection locale ou de propagation de l'infection, détérioration de la plaie, ischémie, douleur
ou saignement);
évaluer les résultats escomptés;
réviser le Plan de soins et de traitement infirmiers (au besoin).
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Surveiller l’évolution de la plaie et de la situation clinique de l’usager :
À chaque changement de pansement, noter :
o la présence ou l’absence de signes d’infection locale, d'une propagation de
l'infection ou d’un biofilm;
o tout signe d’amélioration, d’arrêt du processus de cicatrisation ou de
détérioration de la plaie;
o la douleur : utiliser une échelle d’évaluation reconnue par l’établissement;
o l’état de la peau environnante;
o etc.
Une (1) fois par semaine Documenter l’évaluation de la plaie à l’aide l'outil Collecte de données et
o évaluer toutes les caractéristiques de la plaie et de la peau environnante; évaluation de la plaie (F9)
o préciser les résultats du traitement en cours :
diminution ou augmentation des dimensions de la plaie, Consulter :
augmentation, diminution ou absence de tissus non viables, Contraintes à la cicatrisation (F2)
peau environnante saine, Préparation du lit de la plaie (F3) :
absence de douleur, Signes et symptômes d’infection d’une plaie chronique
apparition, diminution ou absence de signes d’infection locale ou d'une Définitions des termes utilisés dans le continuum de l’infection (infection
propagation de l'infection. locale, propagation de l'infection ou infection systémique)
Traitements locaux (F10)
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 4 – Traitement local de la plaie 32
Interventions Outils cliniques et informations complémentaires
Selon l’évolution de la plaie, ajuster le Plan de soins et de traitements infirmiers Le médecin traitant doit être :
et informé régulièrement de l’état de santé de l’usager;
► Aviser le médecin traitant des éléments suivants : avisé de tout changement de l’état de santé.
évolution de la plaie et de la peau environnante;
apparition, persistance ou augmentation des signes d’infection locale ou d'une
propagation de l'infection;
arrêt du processus de cicatrisation ou détérioration de la plaie;
apparition de nouveaux facteurs de risque,
saignement;
douleur non soulagée;
besoins de l’usager et de sa famille;
résultats attendus.
Après 3 mois, si la plaie est toujours présente : Les suivis cliniques sont tributaires des protocoles de suivi de l’établissement de santé
Réévaluer la situation clinique de l’usager et le Plan de soins et de traitements concerné.
infirmiers en cours; Au besoin, consulter la démarche clinique correspondant au type de plaie et à sa
Discuter des interventions subséquentes avec les membres de l’équipe de soins localisation :
infirmiers, ceux de l’équipe interdisciplinaire et le médecin traitant; Ulcère des membres inférieurs (F6)
Ulcère du pied diabétique (F7)
Lésion de pression (F8)
Consulter les intervenants concernés et, selon le cas, évaluer si l’usager Le médecin traitant et les intervenants concernés doivent être consultés régulièrement
collabore au Plan d’intervention nutritionnel et de réadaptation : afin de recueillir de l’information complémentaire.
o équipe de soins infirmiers, Une approche interdisciplinaire, basée sur les besoins et les désirs de l’usager, favorise
o équipe interdisciplinaire, le respect du Plan de soins et de traitements infirmiers et l’atteinte des objectifs de
o équipe médicale. soins.
Une fois la plaie guérie
évaluer les risques de récidives;
élaborer un plan d’enseignement préventif.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 4 – Traitement local de la plaie 33
Communiquer régulièrement l’information tout en contrôlant et en supervisant les soins
Interventions Outils cliniques et information complémentaire
Prévoir le congé ou un transfert vers un autre établissement Remettre à l’établissement concerné une copie de la collecte de données Collecte de
Remettre à l’établissement concerné une copie des données colligées ainsi que données et évaluation de la plaie (F9) ainsi que tous les autres documents
tous les autres documents pertinents, relatifs aux éléments suivants : pertinents.
type de plaie et localisation;
caractéristiques de la plaie et de la peau environnante; Plusieurs outils de documentation servent à assurer la continuité des soins intra et
facteurs de risque reliés à l’apparition d’une nouvelle plaie; interdisciplinaires.
résultats des analyses de laboratoire pertinents;
résultats des examens diagnostiques pertinents;
Plan de traitement local de la plaie en cours :
objectif de soins prioritaire et interventions de soins subséquentes :
mesures d’asepsie,
solution de nettoyage,
pansement primaire,
pansement secondaire,
autres,
responsabilités des membres de l’équipe de soins infirmiers;
méthode(s) de soulagement de la douleur (s’il y a lieu);
médication en cours;
selon le cas :
soutien nutritionnel,
réactions indésirables secondaires à l’utilisation d’un médicament, d’un
produit ou d’un pansement,
recommandations des professionnels concernés,
accompagnement et soutien (de l’usager et de sa famille);
besoins et objectifs d’apprentissage en cours reliés aux soins et aux traitements
de la plaie, favorisant les autosoins et la prévention d’une récidive.
Remplir les outils de communication Les résumés de départ et les formulaires de transfert, de liaison, de suivi ou de
(intradisciplinaire, interdisciplinaire et interétablissement) départ assurent la continuité des soins intra et inter‐établissement. Exemples :
Plan thérapeutique infirmier (PTI); collectes de données;
Plan de soins et de traitements infirmiers de la plaie et Notes d’évolution et de grilles d’évaluation clinique : douleur, échelle de risque de Braden;
traitement de plaies; grille d’éléments de surveillance;
Consultations médicales et professionnelles : Plan de soins et de traitements infirmiers;
Plan unidisciplinaire (PIU), Plan thérapeutique infirmier;
Plan interdisciplinaire (PII); formulaires (papier ou informatisé) de transfert et de liaison.
outils de communication interétablissments. Utiliser les documents de communication en usage dans le réseau régional de santé.
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 4 – Traitement local de la plaie 34
Bibliographie
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Harries, R. L., Bosanquet, D. C. et Harding, K. G. (2016). Wound bed preparation: TIME for an update. International Wound Journal, 13(supplément S3), 8–14.
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Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 4 – Traitement local de la plaie 35
ARBRE DE DÉCISION
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 1 – Lésion de pression
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 2 – Ulcère des membres inférieurs
ARBRE DE DÉCISION
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 3 – Ulcère du pied diabétique
ARBRE DE DÉCISION
Cadre de référence relatif aux soins de plaies chroniques – Démarche clinique 4 – Traitement local de la plaie
Brochure
d’enseignement
RISQUEZ-VOUS DE
DÉVELOPPER UNE
LÉSION DE PRESSION?
Information sur sa prévention
TABLE DES MATIÈRES
• Introduction 4
• L’importance de l’alimentation 14
• À éviter 16
• À faire 16
• Références 18
2
3
INTRODUCTION
Vous avez une perte de sensibilité dans une région de votre
corps ou vous avez de la difficulté à bouger?
Vous êtes donc une personne à risque de développer une lésion
de pression mieux connue sous le nom de « plaie de lit ».
Bonne lecture.
L’équipe de soins
4
QU’EST-CE QU’UNE LÉSION DE PRESSION?
C’est une plaie causée par une pression appliquée trop
fortement ou trop longtemps à un même endroit sur votre
corps. Les endroits où on la retrouve habituellement sont :
le siège, les talons et les chevilles (vis-à-vis un os).
Comment survient-elle?
Si une personne est assise ou couchée trop longtemps sans
bouger, la pression empêche le sang de circuler vers la peau
et les muscles.
• Si la peau et les muscles manquent de sang trop
longtemps, ils meurent, ce qui occasionne une plaie.
• Si vous observez une rougeur de la peau lors d’un
changement de position, elle devrait disparaître après
20 minutes. Si elle persiste, vous avez une lésion
de pression.
Une lésion de pression peut aussi apparaître sous la forme
d’une plaie ou d’une croûte noire ressemblant à du cuir, que
l’on nomme escarre. L’apparence dépend de la gravité de
l’atteinte des tissus.
5
QUELLES SONT LES PRINCIPALES CAUSES?
A) LA PERTE DE SENSIBILITÉ
Les personnes les plus atteintes par la perte de sensibilité sont :
• les personnes paralysées;
• les personnes dans le coma;
• les personnes qui souffrent de démence;
• les personnes diabétiques (surtout leurs membres inférieurs).
Elles ne peuvent sentir la douleur ou l’inconfort qui
accompagne une pression trop forte ou prolongée.
6
C) LES PROBLÈMES CIRCULATOIRES ET RESPIRATOIRES
Les personnes ayant des problèmes de circulation sanguine,
cardiaques et respiratoires sont les plus à risque, car le sang
et l’oxygène circulent moins bien dans le corps.
D) LA MÉDICATION
Certains médicaments peuvent changer la sensation
de douleur et ralentir la guérison d’une plaie. Informez-vous
auprès de votre médecin, pharmacien ou infirmière.
E) L’ALIMENTATION
Une mauvaise alimentation augmente le risque de
développer une lésion de pression, car votre peau et vos
muscles sont moins bien nourris et moins résistants.
7
F) LA PRESSION, LA FRICTION ET LE CISAILLEMENT
La pression peut être causée par un matelas ou un fauteuil
lorsque l’on demeure trop longtemps dans la même position.
Elle peut aussi être causée par des chaussures ou des bas
élastiques trop serrés, un plâtre, etc.
La friction et le cisaillement se produisent lorsque l’on
remonte le corps d’une personne alitée vers la tête du lit. Il
peut aussi y avoir friction et cisaillement lorsqu’une personne
est assise dans son lit et que son corps glisse vers le pied
du lit. La friction et le cisaillement peuvent aussi être causés
lors du transfert d’un fauteuil roulant vers un lit ou vice versa.
H) L’HUMIDITÉ
Le risque de plaie est augmenté lorsque la peau est mouillée
par une incontinence ou la transpiration.
Une température chaude et humide (fièvre, chaleur de l’été,
etc.) rend la peau plus fragile.
Chez les personnes incontinentes, il est important de
nettoyer et d’assécher la peau au siège le plus rapidement
possible après une incontinence. L’application d’une crème
protectrice (crème barrière) est aussi conseillée.
QUEL EST VOTRE RÔLE DANS LA PRÉVENTION?
A) SURVEILLEZ VOTRE PEAU
Inspectez votre peau à tous les jours dans les régions où l’on
retrouve un petit point rouge :
Recherchez :
• une rougeur persistante;
• un durcissement de la peau et des tissus qui sont
en dessous;
• une chaleur ou une enflure;
• une peau avec lésion;
• une ampoule.
Source : https://www.revmed.ch/RMS/2012/RMS-364/
Personne-agee-et-escarres-prevention-et-traitement (2012)
Soulagement du
contact des jambes
13
L’IMPORTANCE DE L’ALIMENTATION
• Mangez sainement et de façon équilibrée afin de prévenir,
mais aussi d’aider à guérir une lésion de pression.
• Des fruits, des légumes et des aliments riches en
protéines et calories (viande, tofu, produits laitiers)
sont nécessaires.
• Buvez beaucoup d’eau sauf s’il y a un avis contraire
de votre médecin.
Si vous êtes diabétique ou que vous avez une maladie rénale :
• Votre médecin et une nutritionniste seront en mesure
de vous guider.
• Ils vous conseilleront sur les aliments et les vitamines
à prendre ou à éviter.
14
À FAIRE
• Inspectez vos draps régulièrement afin qu’ils soient
propres, secs et sans objet pouvant vous blesser.
• Changez souvent de position.
• Contactez une ergothérapeute si vous désirez utiliser
des appareils spécialisés pour effectuer vos transferts
du lit au fauteuil afin de diminuer la pression et la friction.
À ÉVITER
• Utiliser un coussin en forme de beigne, car il augmente
la pression sur le pourtour de la plaie et aggrave le
problème.
• Masser une rougeur pour activer la circulation.
• Porter des chaussures trop serrées.
• Porter des vêtements non appropriés pour les personnes
ayant une baisse de sensibilité (pantalons trop serrés,
coutures « épaisses » au niveau des régions à risque
de plaie).
• Demeurer plus de 2 heures dans la même position.
16
QUAND DEVEZ-VOUS CONSULTER
VOTRE MÉDECIN OU UNE INFIRMIÈRE?
Si vous êtes une personne qui reste surtout au lit
ou au fauteuil :
• dès l’apparition d’une rougeur qui ne disparaît pas après
20 minutes;
• dès l’apparition d’une cloque ou ampoule, un bris de la
peau ou une blessure.
Si vous avez une lésion de pression :
• dès l’apparition de signes d’infection :
- douleur, chaleur, gonflement, écoulement avec pus
ou mauvaise odeur de votre plaie;
- fièvre.
En présence d’une lésion de pression, vous devez aviser
une infirmière de votre CLSC. Elle vous offrira les soins
et traitements nécessaires à votre guérison.
Si vous désirez un matelas ou coussin spécialisé, votre
médecin ou infirmière vous dirigera vers un ergothérapeute.
Ces matelas ou coussins peuvent être prêtés, loués ou
achetés selon le cas.
17
RÉFÉRENCES
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L’ULCÈRE VEINEUX
Comment en prendre soin
et éviter une récidive?
TABLE DES MATIÈRES
• Introduction 4
• Questions et réponses 12
• À ne pas oublier 14
• Références 15
2
3
INTRODUCTION
Votre médecin vous a dit que votre ulcère à la jambe est un
ulcère veineux. Cet ulcère a besoin de traitements et de soins
particuliers pour guérir.
Bonne lecture.
L’équipe de soins
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QU’EST-CE QU’UN ULCÈRE VEINEUX
ET QUELLE EST SA CAUSE?
L’ulcère veineux apparaît sur le bas de la jambe des
personnes souffrant d’une mauvaise circulation veineuse.
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LES SIGNES ET SYMPTÔMES DE MALADIE
VEINEUSE AUX JAMBES SONT :
• présence de varices;
• gonflement et enflure de la jambe (oedeme);
• sensation de lourdeur et douleur (surtout en fin de journée);
• brunissement ou rougissement de la peau;
• rougeur ou peau sèche et croûtée, et sensation
de démangeaison;
• apparition d’un ulcère avec un écoulement, situé entre
la cheville et le genou.
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Le bandage de compression :
Le bandage de compression aide vos muscles à comprimer
le sang et à le rediriger vers le cœur afin de diminuer
l’enflure dans votre jambe.
Le bandage et le pansement sont changés à une fréquence
décidée par votre médecin et votre infirmière.
C’est ce bandage qui soutiendra vos veines malades et qui
stimulera la circulation afin de favoriser la guérison de votre
ulcère. Sans cette compression, il ne sera pas possible
de guérir cet ulcère.
Il doit demeurer en place 24 h / 24.
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QUEL EST LE RÔLE DE L’INFIRMIÈRE DANS
LE SOIN DE VOTRE ULCÈRE?
En plus de refaire votre pansement et d’installer le bandage
de compression, votre infirmière :
• effectue les soins sécuritaires et le suivi de votre ulcère;
• enseigne certaines mesures pour aider à la guérison;
• contacte votre médecin au besoin.
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QUEL EST VOTRE RÔLE DANS LA GUÉRISON DE
CET ULCÈRE?
• Marchez au moins 30 minutes par jour. Éviter de rester
debout ou assis trop longtemps.
• Choisissez des chaussures à talons plats afin d’activer les
muscles du mollet (aide le sang à circuler dans les veines).
• En position assise, bougez vos chevilles
à toutes les fois que vous en avez l’occasion
afin d’activer la circulation de votre sang.
• Lors de vos périodes de repos : surélevez vos pieds de
façon à ce qu’ils soient plus hauts que votre cœur, cela
aide le sang à retourner vers ce dernier et accélère la
guérison de votre ulcère.
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QUE DEVEZ-VOUS FAIRE UNE FOIS
L’ULCÈRE GUÉRI?
Ne cessez pas vos bonnes habitudes (exercices, repos)!
• Ne laissez pas vos jambes enfler de nouveau.
• Remplacez vos bandages par les bas compressifs prescrits
par votre médecin.
• Le matin, mettez vos bas avant de descendre du lit
et retirez-les au coucher.
• Après le bain ou la douche, surélevez vos jambes
20 minutes avant de remettre vos bas.
• Appliquer une crème hydratante sur vos jambes à tous
les jours.
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Évitez de vous blesser. Une blessure pourrait provoquer
un nouvel ulcère.
• Si vous constatez de la rougeur, chaleur, douleur, consultez
votre infirmière ou votre médecin le plus tôt possible.
• En tout temps, ne tentez pas de vous donner des soins
vous-même!
• Vous devez porter un bas compressif à vie, et ce, même l’été.
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Quand dois-je enlever mon bandage de compression
(ou mes bas compressifs) et aviser mon infirmière
ou mon médecin?
• Forte douleur, rougeur ou chaleur nouvellement apparue
au niveau de la jambe.
• Sensation de grattage au niveau de la peau.
• Orteils bleutés ou blancs.
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Source : Smith & Nephew dans Morison et Moffatt, 1994
À NE PAS OUBLIER
Saine alimentation : Ayez une alimentaire équilibrée et saine,
et conservez un poids santé. Une prise de poids trop
importante augmentera la pression et l’enflure de vos jambes.
Tabagisme : Diminuez votre consommation ou, mieux encore,
arrêtez de fumer, car le tabac nuit à la circulation du sang
et à la guérison.
Chaussures : Portez des chaussures confortables, pas trop
serrées et à talons plats.
Surveillez votre peau quotidiennement : Votre peau doit être
bien hydratée et non sèche.
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RÉFÉRENCES
Bryant , R. A. et Nix, D. P. (2016). Acute and chronic wounds: current
management concepts (5e éd.). St. Louis, MO : Elsevier.
Burrows, C., MIiller, R., Townsend, D., Bellefontaine, R., MacKean, G., Orsted,
H.L. et Keast, D.H. (2006). Recommandations des pratiques exemplaires pour
la prévention et le traitement des ulcères veineux de la jambe : Mise à jour
2006. Wound Care Canada, 4(1), 99-107. Repéré à https://www.woundscanada.
ca/docman/public/health-care-professional/151-recommandations-des-
pratiques-exemplaires-pour-la-prevention-et-le-traitement-des-ulceres-
veineux-de-la-jambe-mise-a-jour-2006/file
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Le contenu de cette brochure a été élaboré par :
Service de stomothérapie :
Stéphanie Laferrière infirmière clinicienne, stomothérapeute
Josée Morin, infirmière clinicienne, stomothérapeute
Révision et mise en page
Service des communications
Direction des ressources humaines, des communications et des affaires juridiques
© Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l’Estrie – Centre hospitalier
universitaire de Sherbrooke
Mars 2019
santeestrie.qc.ca
Brochure
d’enseignement
VOUS ÊTES
DIABÉTIQUE?
Information sur la prévention
des ulcères du pied diabétique
TABLE DES MATIÈRES
• Introduction 4
• À ne pas oublier 15
• Références 18
2
INTRODUCTION
Vous êtes atteint de diabète? Vous êtes donc à risque
de développer un ulcère aux pieds.
Environ 2 millions de Canadiens sont diabétiques et 15 %
d’entre eux auront une plaie aux pieds.
Cette brochure vous conseille sur les actions à faire pour
éviter d’avoir une plaie aux pieds.
Évitez cette situation! Choisissez la prévention!
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QUELLES SONT LES CAUSES DE L’ULCÈRE
DIABÉTIQUE?
Lorsqu’il est mal contrôlé, le diabète entraîne des
complications telles que :
• une neuropathie (atteinte des nerfs);
• une artériopathie (diminution de la circulation artérielle
aux jambes et aux pieds).
La neuropathie sensitive est une diminution ou une perte
de sensibilité aux pieds.
• Au début, vous pouvez avoir des sensations de brûlure,
fourmillements et picotements.
• Par la suite, votre situation peut se détériorer et vous ne
ressentez plus la chaleur, le froid et la douleur à vos pieds.
Donc, une petite blessure
causée par une chaussure peut
passer inaperçue, s’aggraver
et se transformer en ulcère.
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La neuropathie motrice est un mauvais fonctionnement
des nerfs qui contrôlent les mouvements de vos pieds
et de vos chevilles.
• Votre démarche (façon de marcher) change.
• Vos pieds se déforment.
• Des callosités (corne) apparaissent sous vos pieds.
• Un ulcère apparaît.
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QUELLE EST L’IMPORTANCE DU CONTRÔLE
DE LA GLYCÉMIE?
Un bon contrôle de la glycémie (taux de sucre dans le
sang) diminue le risque de complications chez la personne
diabétique.
À cette fin :
• faites régulièrement vos tests de glycémie capillaire
(test de sucre);
• respectez votre diète diabétique;
• limitez votre consommation d’alcool;
• faites de l’exercice physique (150 minutes par semaine);
• cessez de fumer;
• améliorez votre gestion du stress;
• prenez vos médicaments de façon régulière.
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QUELLE EST L’IMPORTANCE DE L’ACTIVITÉ
PHYSIQUE?
Même en quantité minime, l’exercice peut aider à contrôler
votre diabète. Il diminue aussi vos risques d’avoir une
maladie cardiovasculaire (maladie du cœur).
Quand faire de l’exercice?
• Faites-en tous les jours plutôt que de faire de
l’entraînement intensif une fois par semaine. Allez-y
graduellement.
• Discutez-en avec votre médecin, car une augmentation
soudaine d’exercice pourrait provoquer une hypoglycémie
(baisse du taux de sucre dans le sang) ou un autre
problème de santé.
Comment?
• Vérifier votre glycémie avant et après un exercice.
• Si possible, trouvez-vous un partenaire de marche.
• Fixez-vous un horaire régulier.
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COMMENT PRENDRE SOIN DE VOS PIEDS?
A. L’EXAMEN DE VOS PIEDS
Quand?
• Après le bain ou la douche, avant de mettre vos bas
et vos chaussures.
Comment vérifier?
• Examinez vos pieds dans
un endroit bien éclairé.
• Examinez le dessus, le dessous
de vos pieds ainsi que l’espace entre
les orteils à tous les jours.
• Si vous ne voyez pas le dessous Source : Smith & Nephew
de vos pieds, utilisez un miroir.
• Si vous ne voyez pas très bien, demandez de l’aide.
• Touchez la peau afin de vérifier si elle est anormalement
chaude.
Quoi vérifier?
• La présence d’ampoules, de coupures, d’égratignures,
de callosités (corne), de cors, d’ongles incarnés ou d’une
blessure.
• Les régions où la peau est blanche, moite et ridée, surtout
entre les orteils (cela est dû à trop d’humidité).
• Les zones de chaleur et de rougeur pouvant suggérer une
infection.
E. LES BAS
• Portez des bas propres et changez-les à tous les jours.
• Achetez des bas sans couture et pas trop serrés. (Évitez
les bas avec des coutures épaisses et un élastique serré
qui nuisent à la circulation du sang et font une pression
sur la peau.)
• Ne portez pas de bas troués ou réparés.
• Choisissez des bas qui gardent vos pieds au sec
(en coton ou en laine). Évitez les bas de nylon qui retiennent
trop l’humidité.
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F. LES CHAUSSURES
• Vérifiez avec votre main s’il y a quelque chose (ex. : roche)
à l’intérieur avant de mettre vos chaussures.
• Achetez vos chaussures en fin de journée, car vos pieds
sont un peu enflés en soirée. Faites mesurer la longueur
et la largeur de votre pied.
• Choisissez des chaussures souples, confortables et
ajustées à vos pieds.
• Assurez-vous d’avoir un espace de 1,2 cm (1/2 pouce) entre
la chaussure et le bout de votre pied.
• Portez les bas que vous mettrez avec les chaussures lors
de l’achat de ces dernières.
• Il ne devrait pas y avoir de couture sur la partie supérieure
de la chaussure (du coup de pied jusqu’à la pointe du pied).
• La semelle doit être antidérapante et flexible.
• Évitez les souliers trop pointus et les talons trop hauts
(maximum de 2,5 cm ou 1 pouce), car ils produisent trop
de pression sur vos orteils.
• Choisissez un soulier dont le bout renfort est profond et large.
• Choisissez des chaussures avec des velcros ou des lacets
pour plus de soutien.
• La chaussure devrait être fermée au talon et aux orteils.
• Portez vos chaussures neuves pendant 1 heure le premier
jour et ensuite augmentez la durée progressivement.
Observez vos pieds plus régulièrement.
• Votre médecin, podiatre ou orthésiste peut vous suggérer
de porter des chaussures orthopédiques profondes et
larges, des orthèses plantaires (semelles) ou autres
chaussures spécialisées afin de prévenir un ulcère. Ceci
permettra d’éviter une récidive de la plaie.
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À ÉVITER
• Ne marchez jamais pieds nus ou en sandales, dans la
maison ou à l’extérieur, afin d’éviter les blessures. Porter
des sandales à semelle rigide.
• Si vous avez les pieds froids, n’utilisez pas de bouillotte
d’eau chaude, couverture chauffante, calorifère ou plinthe
chauffante pour les réchauffer. Le risque de brûlure
causée par une perte de sensibilité au niveau de vos pieds
est trop grand.
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RÉFÉRENCES
Centre de jour du diabète de l’Estrie. (2011). Programme d’enseignement
pour la clientèle diabétique. Acidocétose : Complications à long terme,
sexualité, soins des pieds. Repéré à http://www.chus.qc.ca/fileadmin/
doc_chus/Soins_et_services/Enseignement/diabete/08-2011__Brochure_-_
Chapitre_5_-_Fr_CJDE.pdf
Orsted, H.L., Searles, G., Trowell, H., Shapera, L., Miller, P. et Rahman, J.
(2006). Recommandations des pratiques exemplaires pour la prévention, le
diagnostic et le traitement des ulcères du pied diabétique : Mise à jour 2006.
Wound Care Canada, 4(1), 108-121. Repéré à https://www.woundscanada.ca/
docman/public/wound-care-canada-magazine/2006-vol-4-no-1/264-wcc-
2006-vol4n1-bpr-for-prevention-diagnosis-and-treatment-of-diabetic-foot-
ulcers-french/file
Sites Internet :
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Le contenu de cette brochure a été élaboré par :
Service de stomothérapie :
Stéphanie Laferrière infirmière clinicienne, stomothérapeute
Josée Morin, infirmière clinicienne, stomothérapeute
Certains éléments graphiques on été conçus par freepik.
Révision et mise en page
Service des communications
Direction des ressources humaines, des communications et des affaires juridiques
© Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l’Estrie – Centre hospitalier
universitaire de Sherbrooke
Mars 2019
santeestrie.qc.ca
Aidez-moi S’il vous «plaie»!
Contenu :
12 fascicules offrant à l’infirmière de l’information complémentaire en lien avec chaque
démarche de soin, incluant deux formulaires d’enregistrement automatisé (Collecte de
données) sur l’évaluation globale de l’usager et l’évaluation de la plaie.
Quatre démarches cliniques : une démarche à chaque type de plaie chronique ciblé et une
quatrième, relative au traitement local des plaies.
Cinq arbres de décision (algorithmes) en lien avec chaque démarche de soin.
Trois brochures d’enseignement destinées à informer l’usager sur les mesures qu’il doit prendre
pour prévenir une récidive de sa plaie.
Un outil-synthèse comme aide-mémoire.
Josée Morin. B.Sc. Infirmière Stomothérapeute au Centre intégré universitaire de santé et de service
sociaux de l’Estrie – Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CIUSSS de l’Estrie-CHUS)
Stéphanie Laferrière. B.sc. inf., infirmière stomothérapeute au Centre intégré universitaire de santé et
de service sociaux de l’Estrie – Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CIUSSS de l’Estrie-CHUS)