DS Commentaire - Tensions Fin République Cicéron
DS Commentaire - Tensions Fin République Cicéron
DS Commentaire - Tensions Fin République Cicéron
Source : MARCUS TULLIUS CICERO, Pro Sestio, 96-100 (45-46), JEAN COUSIN éd., CUF, Les Belles Lettres,
Paris, 1981
« Il y a toujours eu dans notre cité deux groupes de gens, parmi ceux qui ont aspiré à
s’occuper des affaires publiques, et à s’y distinguer ; ces deux groupes ont voulu être, de
réputation et de fait, les uns des démocrates, les autres des aristocrates. Ceux qui, dans leurs
actes et dans leurs paroles, voulaient être agréables à la masse, étaient tenus pour des
5 démocrates ; ceux qui se comportaient de manière à rencontrer, dans leur politique,
l’approbation des honnêtes gens étaient tenus pour des aristocrates.
"Qui sont ces "honnêtes gens" dont tu parles ?"
Leur nombre, si tu veux le savoir, est innombrable — nous ne saurions nous maintenir
autrement — ; il y a les chefs de file du conseil de l’Etat ; il y a ceux qui suivent leur sillage ; il y
10 a les membres des grandes classes à qui la route du Sénat est ouverte ; il y a les Romains qui
résident dans les municipes et les régions rurales ; il y a les hommes d’affaires ; il y a même
des affranchis. Leur nombre, comme je l’ai dit, est largement étendu, et il est composite, mais,
pour écarter toute équivoque, le caractère général de cette classe peut être cerné en peu de
mots. Sont du parti des "honnêtes gens" tous ceux qui ne sont ni malfaisants, ni malhonnêtes
15 par nature, ni forcenés, ni gênés par des embarras domestiques. Il s’ensuit donc que ce que tu
as appelé une "caste", est formé d’hommes irréprochables, sains, pourvus d’une situation bien
assise. Ceux qui secondent la volonté, les intérêts, les vues de ces gens-là dans
l’administration des affaires publiques, sont les défenseurs des aristocrates et ils sont comptés
parmi les aristocrates les plus influents, les citoyens les plus distingués, et les notables de
20 l’Etat. Quel est donc le but, vers lequel ces pilotes de l’Etat doivent tourner leurs regards et
diriger leur course ? Ce qui de loin est le meilleur et le plus désirable pour tous ceux qui sont
sains, honnêtes et aisés, c’est-à-dire la tranquillité et les honneurs. Ceux qui y tendent sont
réputés aristocrates ; ceux qui y parviennent sont des personnages de premier plan, des
mainteneurs de l’Etat. Il ne convient pas en effet que des hommes se laissent égarer par
25 l’honneur de conduire les affaires publiques jusqu’à perdre de vue la tranquillité, ni qu’ils aient
pour la tranquillité un attachement qui éloigne des honneurs.
Or les fondements de cette honorable tranquillité, les éléments que des chefs de file doivent
protéger et défendre, même au péril de leur vie, ce sont les institutions religieuses, les
auspices, les pouvoirs des magistrats, l’autorité du Sénat, les lois, la coutume des ancêtres, les
30 juridictions pénale et civile, la bonne foi, les provinces, les alliés, le prestige de l’empire,
l’armée, le trésor public. Défendre et protéger tant et de si grands intérêts exige un grand
caractère, un grand talent, une grande fermeté. Car dans un nombre si élevé de citoyens, il en
est une foule que la crainte du châtiment et la conscience de leurs fautes amènent à chercher
l’agitation révolutionnaire et les changements politiques, ou qu’une sorte de dérèglement
35 naturel de l’esprit entraîne à se repaître de discordes civiles et de subversion, ou que les
embarras de leurs affaires privées portent à préférer périr dans une conflagration qui
embraserait tout le monde plutôt qu’eux seuls. Quand de tels hommes ont trouvé des gens pour
conseiller et guider leurs penchants et leurs vices, les remous s’élèvent dans la République, et
ceux qui ont revendiqué de tenir le gouvernail de la patrie doivent veiller et travailler, avec toute
40 leur science et toute leur diligence, à maintenir intacts les fondements et les éléments dont j’ai
parlé il y a un instant, à ne pas dévier de leur course et à gagner ce havre de tranquillité et
d’honneur.
Remarques générales :
Introd° Accroche Indispensable / Evitez long récit des origines à la fin République / concis et efficace : Salluste ou Polybe ?
Nature Pro Sestio = discours de défense de Sestius. Plaidoirie procès.
Démarche sc : Exercice type du travail des historiens donc interroger véracité / plausibilité pour connaissance d’un sujet / événement /
croisement mentalités comparaison pour confirmer / nuancer / infirmer. Principe de la mise en série.
sources permet aussi de montrer vos connaissances, votre culture et votre capacité à l’analyse comparative.
Ccl° Réponse pbtiq Une phrase qui répond explicitement à la pbtique d’introduction.
Reprise axes Reprise claire et succinte de l’argumentaire (Une à deux phrases pour résumer chaque partie)
Ouverture ? Proche dans thématique et/ou chrono on n’ouvre pas sur la RF 1789 !
Ecrit : Correction Guillemets / mots latins et titres soulignés
Style littéraire Majuscules
Clarté Syntaxe Longueur des phrases
Gestion tps Finir la copie / Equilibre
Eléments d’introduction et plan
- Accroche / amorce : Salluste, Polybe ou Cicéron lui-mm : « Quand les armes parlent les lois se taisent » pour amorcer sur dérèglements, contexte GC
- Nature précise du document : discours / texte = superficiel plaidoirie ou plaidoyer = discours d’un avocat / si accuse on peut parler de réquisitoire.
- Contexte précis de création / réception du document : inutile de connaitre précisément le procès de Sestius (mal connu). On pouvait déduire au titre
que ct une plaidoirie de défense (Pro Sestius) mais Cicéron évoque surtout des considérations générale (contexte assez implicite) donc ne nécessite
pas de connaissances très précises sur acteurs et enjeux du procès. Mais situation politique et sociale romaine en 56 aC oui.
Après 1ère GC et dictature / ‘’constitution’’ syllanienne, tentative de retour à l’équilibre mais précaire (conjuration de Catilina en 63) et montée des
tensions et rivalités entre César et Pompée (2e GC n’éclatera qu’en 49 aC).
- Auteur : Dates précises 106-43 aC. Chevalier italien = aristo.
Conservateur mais très soucieux de la concorde publique. Soutien Pompée puis César.
Rappel de ses Verrines ou Catilinaires à manier avec doigté : rapport au document étudié ?
Consul en 63 aC. Exilé de 58-57 aC puis revient à Rome mais sans occuper devant de la scène politique
Romaniste spécialiste : Pierre GRIMAL
- Analyse (facultatif) : Distinction de deux groupes, factions dans la politique romaine / gestion des affaires publiques / longue identification critériée
des « honnêtes gens » , circonscrivant aussi implicitement les « démocrates voulant être agréables à la masse » / Enjeu politique : préserver les
fondements de « l’honorable tranquillité » = valeurs et institutions République. Comportements adéquats et risques, mises en garde
- Problématisation = identification / mise en évidence des enjeux du texte S’inscrit dans contexte des factions qui se radicalisent et déchirent la
communauté citoyenne romaine depuis les Gracques (130-120 aC) : Optimates / Populares qu’on pourrait simplifier entre pro-aristo / pro-plèbe,
« aristocrates » et « démocrates » mais distingue un 3e groupe : « honnêtes gens » dont la sociabilité est plus large, englobante, et qui sont les
défenseurs de « la tranquillité et les honneurs » = concorde sociale. C’est sur eux, dans le dépassement du clivage Populares / Optimates, que
reposerait le bon fonctionnement de la politique romaine. Une sorte de « citoyen idéal ».
assimiler simplement « honnêtes gens » à « aristocrates » = lecture qui manque de finesse et passe à côté d’un enjeu majeur du texte.
On pouvait aussi pbtiser autour de l'intérêt supérieur de l'Etat pbtisation selon ses affinités personnelles.
- Problématique : Dans un contexte de bipartition et tensions socio-politiques entre populares et optimates, comment Cicéron utilise-t-il sa plaidoirie au
procès de Sestius pour proposer une 3e voie, source de concorde autour des valeurs et institutions fondatrices de Rome ?
- Annonce du plan : (ici il suit le texte, Cicéron argumente très bien donc texte construit et évolutif = plus facile)
o I ) La communauté des citoyens scindée en deux
o II ) La 3e voie pour dépasser le clivage délétère : le parti des « honnêtes gens »
o III ) Un projet de concorde : se rassembler autour de valeurs communes.
Grille pour développer le commentaire en en conscientisant chaque étape
I ) La communauté des citoyens scindée en deux
Dans le premier paragraphe du texte, Cicéron évoque brièvement la situation de la communauté politique romaine (citoyens) victime d’une scission entre
« aristocrates » et démocrates ». Son but est de brosser un rapide constat, de clarifier (si nécessaire ?) sa position mais sans cliver, plutôt en cherchant à
rallier qu’à confronter son adversaire.
A ) Populares / Optimates mais Cicéron choisit « démocrates » / « aristocrates »
« Il y a toujours eu dans notre cité deux groupes » Constat d’une scission mais qui n’est pas « toujours » = terme vaque, manière de banaliser
(ligne 1) nouvelle. On peut la faire remonter aux origines de situation ? peut permettre de dédramatiser enjeux
Rome (Romulus fonderait le patriciat) ou bien aux du procès pour apaiser situation, la banaliser.
Tribunat des frères Gracques (130-120 aC) que
certains contemporains mais aussi historiens Sestius accusé de violence indue dans la cité =
comme Claude Nicolet considèrent comme un moyen de le déresponsabiliser, déconstruire cette
point de scission, bascule de l’équilibre républicain accusation.
Mais Cicéron choisit le flou….
« démocrates » (lignes 3 et 5 puis le mot n’est plus Etymologie. Faction qui représente les intérêts du
Le peuple dans société romaine se définit par
prononcé) peuple, la hausse de leurs droits et participation à
opposition à la noblesse = « les gdes
la politique romaine = Populares classes »(l.10) = plèbe. Groupe large 95% pop, svt
pauvre et mal perçus par contemporains (Juvénal,
Suétone) mais historiens insistent sur sa pluralité
sociale. Politiquement, plèbe rurale assez
conservatrice.
« Aristocrates » (lignes 3 et 5 puis 18, 19) Etymologie. Gouvernement des meilleurs aristoï, Minorité 5%. Elite financière et politique puisque la
suppose une élite mais à voir comment elle est république romaine n’est pas démocratique mais
définie. Critères surtout de richesse à Rome + bien oligarchique. Pt de vue conservateur de
Ancienneté des patriciens. Cicéron qui valorise l’aristocratie à laquelle il
appartient ; un terme comme oligarchie aurait été
plus neutre.
B ) Distinction d’abord par la manière de faire
« Ces deux groupes ont voulu être, de réputation Importance de la réputation à Rome = fama Vision globale : sortir de la confrontation de
et de fait » (lignes 2-3) Mais difficile à cerner pour historiens. l’accusé / accusateur du procès ?
Faits = actes tangibles, pdt magistratures et Expression que la politique est bien la vie de la
assemblées ? polis au sens aristotélicien = très englobant.
« Ceux qui dans leurs actes et dans leurs paroles Etre agréable = flatter ? loin des exigences Critique implicite = démagogie ? perversion
voulaient être agréables à la masse étaient tenus nécessaires à la protection de la cité (gd classique du système démocratique (Périclès)
pour des démocrates » (lignes 4-5) caractère, gd talent et gde fermeté » ligne 32)
Masse = groupe informe. Correspond aux Correspond aux préjugés de l’époque ou bien
préjugés de l’époque volonté péjorative de Cicéron ? Risque de vexer
Actes et paroles : discours aux comices ? votes ? une partie auditoire qu’il cherche à rallier…
magistratures des tribuns ? Evergétisme ?
« ceux qui se comportaient de manière à Ne cherchent pas à plaire, se soumettre aux Oppose les « actes et paroles » des démocrates à
rencontrer, dans leur politique l’approbation des désirs de leurs concitoyens mais agissent = la « politique des aristocrates », c’est plus sérieux,
honnêtes gens étaient tenus pour des magistratures. Responsabilité de l’imperium. déjà plus concret dans le service de la res publica.
aristocrates » (lignes 5-6) Présentation faussement neutre « sont tenus
pour » comme si constat et distance. Ne veut pas
exacerber tensions mais rallier.
C ) Distinction ensuite par les objectifs
« parmi ceux qui ont aspiré à s’occuper des Objectif des deux camps est de gouverner la cité. objectif suprême de la citoyenneté antique, perçue
affaires publiques et à s’y distinguer » (lignes 1-2) Affaires publiques = res publica. Confirme que le comme un devoir et un honneur (polysémie du
procès est politique. terme honor dans cursus honorum)
Se distinguer = prestige personnel dans exercice
des affaires de toute la cité
« être agréable à la masse » Accusation voilée de démagogie. Plaisir / devoir et De même il oppose « être agréable » / être
masse / cité entière approuvé » : un parallélisme entre bonheur et
« se comporter de manière à rencontrer But = approbation, assentiment, confirmation devoir (épicurisme / stoïcisme ?)
l’approbation des honnêtes gens » Salluste : les institutions républicaines
permettent de contenir l’orgueil individuel = se
prémunir de la monarchie-tyrannie ; rediriger cette
virtus vers l’intérêt commun.
II ) Le parti des « honnêtes gens » : une 3e voie pour dépasser le clivage délétère plèbe / aristocratie
Le constat du clivage ne peut que renforcer les tensions. Pour se sortir de l’impasse, Cicéron ne choisit pas d’argumenter sur faiblesses des populares ni
forces des optimates mais propose (position rare dans la Rome de l’époque) une 3e voie exprimée dans le texte par les « honnêtes gens » (tout en
construisant leur soutien aux aristocrates comme naturel…)
A ) « Qui sont-ils ? » Réponse par « innombrables » et indispensables
« leur nombre […] est innombrable » (l.8-9) Innombrable donne impression incapacité à Procédé rhétorique du dialogue, style direct ou
compter ; pourtant la pratique du recensement à mise en scène.
Rome est régulière et encadrée par la Impression de gd nombre pour convaincre public
magistrature des censeurs du procès de se rallier.
mais sur critères uniquement censitaires, filiaux Idée de majorité silencieuse opposée à une
et territoriaux…. Pas moraux et politiques. minorité agitée ?
« -nous ne saurions nous maintenir autrement- Nous = cité ? aristocrates ? Flou pour faciliter identification donc ralliement.
« (incise) (l.8-9) « Honnêtes gens » donc présentés comme
indispensables à la survie de la cité.
« Leur nombre, comme je l’ai dot, est largement
étendu et il est composite. » (l.12)
B ) Une sociologie ouverte, Cicéron rejette le terme de « caste »
« Chefs de file du Conseil de l’Etat, il y a ceux qui = consuls Aristocratie souvent décrite et décriée comme
suivent leur sillage ; ils y a les membres des = sénateurs ? ou plus largement la clientèle caste = groupe fermé sur lui-mm.
grandes classes à qui la route du Sénat est = ordres sénatorial et équestre ; census à 400 000 critères d'accès théoriquement ouvert (richesse
ouverte. » (l.9-10) sesterces. Passerelle des homo novi et magistratures) mais réalité ? Patriciat réduit à
Cicéron commence énumération par aristocratie 30aine de familles / Metelli monopolisent consulat.
Cas Cicéron = exception.
« il y a les Romains qui résident dans les = citoyens romains italiens ou gens de culture Cicéron extrapole à partir de son cas personnel ?
municipes et les régions rurales ; il y a les romaine (romanisés) ? Formule floue mais qui Sait que c une exception mais son but est de
hommes d’affaires » (L.10-11) élargit sociologie hors du pomoerium romain où se rallier donc d’ouvrir l’identification aux « honnêtes
déroule le procès = Italie voire empire gens » à une assise bcp plus large que la seule
Extension validée par référence aux commerçants aristocratie de Rome pour rallier public du procès.
/ publicains, principalement chevaliers.
« Il y a même des affranchis » (l.13) Apogée de l’ouverture sociologique car affranchis
perçus comme citoyens de seconde zone dans
société romaine. Macule servile demeure.
Ouverture à tous ?
Nie en tous cas critères écoq ni des droits
politiques (transition)
C ) Sorte de citoyen idéal défini par la conscience et le service de la res publica / intérêt supérieur de l’Etat
« Sont su parti des honnêtes gens tous ceux qui = idée d’équilibre moral, éthique, santé mentale etSociologie très ouverte a pu éveiller curiosité du
ne sont ni malfaisants, ni malhonnêtes par nature, économique public et en amorcer ouverture unité de ce
no forcenés, ni gênés par des embarras Anaphore ni… ni… ni… = définition en creux de groupe étendu et composite = critères moraux.
domestiques » (l.14-15) ceux à qui il oppose les « honnêtes gens » ? Critique implicite du cas adverse
« hommes irréprochables, sains, pourvus d’une factieux, masse // proposition de se rallier, s’identifier à un modèle
situation bien assise. » (l.16) = exemple idéal ? attrayant au-delà des modes de ségrégation
habituels (« caste » aristocratique).
« ceux qui secondent la volonté, les intérêts, les Unité de vue, d’intérêt, d’objectifs entre = transcender, dépasser les écarts économiques
vues de ces gens-là dans l’administration des aristocrates et « honnêtes gens » et idéologiques (populares / optimates)
affaires publiques, sont les défenseurs des
aristocrates et ils sont comptés parmi les Inversion : aristocrates souvent peints comme
aristocrates les plus influents, les citoyens les plus asservissant les autres ; ici Cicéron les décrit au
distingués et les notables de l’Etat. » (l.17 à 20) service des « honnêtes gens ».
« pilotes de l’Etat » (l.20) Idéel du citoyen antique reste la participation Souci de défendre et valoriser cause et actions
« personnages de premier plan, des mainteneurs active au gvmt de la cité des aristocrates.
de l’Etat. » (l.18-19) Double sens honor
« protéger et défendre même au péril de leur vie. » Magistratures = engagement très fort opposer le sacrifice à l’idée de privilège
(l.27-28) Notion d’égalité géométrique ?
Fierté des « honnêtes gens » d’y être raccrochés,
s’y rallier.
III ) Un projet de concorde : se rassembler autour de valeurs communes
La dernière partie du texte propose un projet de dépassement des clivages par le rassemblement complet de la société romaine autour de valeurs
communes et supérieures permettant la concorde des ordres, chère à Cicéron.
A ) « protéger et défendre […] l’honorable tranquillité »
« Le but, vers lequel […] tourner leurs regards et Valeurs du mos maiorum
diriger leur course ? Ce qui de loin est le meilleur Appel aux traditions immémorielle mythe de
et plus désirable […] c’est-à-dire la tranquillité et l’âge d’or originel.
les honneurs. » (l.20-22)
Dernier paragraphe commence par longue Fides = parole donnée, engagement comme
énumération des fondements de la République / support de toutes les relations sociale et de la
société romaine : « coutumes des ancêtres »(l.29), confiance.
« bonne foi »(l.30)
« les pouvoirs des magistrats, l’autorité du Sénat, Institutions républicaines concrètement Polybe aussi dans Histoire romaine brosse un
les lois […] les juridictions pénales et civiques, lesmentionnées mm sans liste exhaustive tableau idéalisé d’un équilibre et symbiose comme
provinces, les alliés, le prestige de l’empire, (impossibilité ? choix ?) fondement de la puissance romaine Cicéron
l’armée, le trésor public. » (l.29-31) Cicéron ne mentionne que les institutions tenues veut raviver fierté pour rallier public du procès ?
par aristocratie ; les comices et tribuns ne sont pas
mentionnés (sauf via mention des lois) moins importants ?
« les institutions religieuses, les auspices » (l.28- Concorde divine très importante pour maintien de Travaux de Paul VEYNE
29) la cité : approbation / protection / assentiment Religion romaine polythéiste pleinement imbriquée
Auspices = actes et fonctions d’interroger les dieux à la vie sociale et politique, individuelle comme
avant un acte important : réunion sénat, collective
campagne militaire, etc difficile à appréhender pour notre regard laïcisé
B ) Dangers et menaces
« Foule que la crainte du châtiment et la Cicéron identifie causes aux désordres socio- Jouer sur la peur = ressort rhétorique
conscience de leurs fautes amènent à chercher politiques de Rome : les causes sont personnelles
l’agitation révolutionnaire et les changements mais entrainent des csq et discordes civiles. S’oppose à ceux que Cicéron décrits comme
politiques, ou qu’une sorte de dérèglement naturel « honnêtes, sains et à la situation bien assise »
de l’esprit entraîne à se repaître de discordes (l.22) + écho à la définition des honnêtes gens par
civiles et de subversion, ou que les embarras de l’anaphore négative des lignes 14-15.
leurs affaires privées portent à préférer périr dans
une conflagration qui embraserait tout le monde
plutôt qu’eux seuls » (l.32-37)
« quand de tels hommes ont trouvé des gens pour Cicéron identifie des responsables Placer la foule dont les travers ont été dénoncés
conseiller et guider leurs penchants et leurs Une foule = vague reprise « masse » du début comme victime de manipulateurs = tk de
vices. » (l.37-38) du texte ? déresponsabilisation qui peut permettre à Cicéron
+ meneurs dénoncés mais sans invective directe de la rallier à son parti et son client.
(mm si Cicéron sait faire !) de l’accusateur
(Clodius) ; ou plus généralement
l’instrumentalisation par les imperatores ou autres.
« les remous s’élèvent dans la République » (l.38) Exemples issus de l’histoire événementielle Rhétorique de la peur.
récente : conjuration de Catilina, guerre civile Concorde nécessaire face à une menace
entre marianistes et syllaniens, bandes violentes ressort classique de la communication politique.
de Milon et Clodius
C ) Besoins, exigences hautes : appel à l’héroïsme ?
« tenir le gouvernail de la patrie » (l.39) contre Objectifs impérieux, vitaux mais exigeants = survie Espoir et défi à relever pour mobiliser la population
« remous » patrie. rassemblée et inquiète des menaces appelle à
« ne pas dévier de leur course » la combativité, réflexe de protection de son
« protéger et défendre mm au péril de leur vie […] auditoire
les fondements de cette honorable tranquillité.» valeurs implicitement convoquées ici : maiestas,
(l.27-28) virtus, patriae
« veiller et travailler avec toute leur science et Valeur de maiestas = sérieux Cicéron justifie par ce biais la domination politique
diligence » (l.39-40) + cursus honorum = valorisation de l’expérience des aristocrates mais pas en se fondant sur
accumulée par les aristocrates dans les l’héritage romuléen ni les critères de richesse qui
magistratures qui en fait des gens compétents sont dénoncés par les « démocrates » ou
(cercle vertueux ?) populares. Il met en avant les compétences (plus
difficile à contester) mais l’acquisition de ces
compétences se construit par l’exercice des
magistratures, sur lesquels les aristocrates
exercent un monopole…
« il ne convient pas en effet que des hommes se Orgueil et apathie, dilettantisme = deux extrêmes, équilibre stoïcien du juste milieu ?
laissent égarer par l’honneur de conduire les rejetés et pointés comme deux excès néfastes : ni Salluste aussi dénonçait l’orgueil comme une
affaires publiques, jusqu’à perdre e vue la trop ni pas assez menace pour la République mais Cicéron y ajoute
tranquillité, ni qu’ils aient pour la tranquillité un le non-engagement.
attachement qui éloigne des honneurs. » (l.24-26)
Remarques générale :
D’abord invitation à mesurer vos progrès, le chemin parcouru
Des progressions fulgurantes en mettant en œuvre les conseils et remarques précédents. Il suffit de peu pour décoller (surtout sur méthode)
Critère 1 : la forme
- Ingrédients intro et conclusion = cases à cocher (nature du doc, précision contexte, rien postérieur au doc / ccl en 3 pts avec bilan –
portée – ouverture) joue sur 5-6pts au total
- Normes de présentation :
Saut de lignes entre parties
Paragraphes pour scander intro et ccl
Paragraphes dans les parties / Sous-parties marques visuelles qui permet de clarifier mais vous incite aussi à construire
une unité cohérente.
- Critique partout et pas seulement dans une partie (3)
- Argumenter = démontrer des thèses # décrire ce que dit le texte
- Intro : annoncez votre plan, pas celui de Cicéron ; idem dans les transitions distance critique + c’est vous qui pilotez le commentaire.
-
Remarques précises
Lecture précise et subtile « honnêtes gens » (astuce du collège de Strasbourg : cherchez dans le doc la phrase clé et construire enjeu
pbtique avec elle) à distinguer des optimates.
Un discours très général et théorique à vous d’apporter des faits (anétrieurs ou contemporains de 56 aC) et d’exemplifier
Bilan et perspectives
- Commentaire en sommeil mais si vous avez envie de faire de l’histoire en spé en 2 e année c’est cet exercice là qui est travaillé : en 3h en
K2M (2 programmes annuels), 4h en K2C (1 seul programme annuel)
- Passage à la dissertation d’histoire : en mettant à profit tout ce que vous avez travaillé préalablement en lettres, philo, géo avec qques
spécificité historique : la prise en compte de la diachronie dans les logiques de démonstration / plan.
Démontrer, argumenter et pas raconter
Morceaux choisis
Problématiques :
M.H : « Nous verrons comment Cicéron, bien conscient de ces troubles, critique à mots couverts la corruption de la République au Ier siècle aC
pour mieux mettre en valeur sa proposition d’un nouveau modèle politique.
F.D. : « Comment Cicéron met-il en lumière les fondements de la société romaine du Ier siècle aC pour mieux décrédibiliser ses détracteurs,
menaçant son intégrité et son bon fonctionnement ? »
F.D. : « Comment Cicéron cherche-t-il à démontrer logiquement l’efficacité d’une république des ‘’meilleurs’’ dans un contexte de tensions
politique qui bouscule la cité ? »
Paragraphe argumentatif :
E.G. : « Premièrement, Cicéron présente les deux factions politiques divisant Rome, d’une manière plutôt manichéenne en commençant par
celle des populares. En effet, il présente « les démocrates » à la ligne 9 que l’on peut identifier comme étant une référence aux populares, ceux
voulant un renforcement du pouvoir de la plèbe. Ces derniers sont évoqués d’une manière péjorative. Effectivement, il les définit comme ceux
qui « voulaient être agréables à la masse » (l.4). De fait, il les accuse de démagogie en plus de dénigrer leurs actions politiques visant à plaire à
une masse, à tout le monde, sans être vraiment rattachés pour Cicéron. Ainsi en critiquant et en dénigrant la faction des populares ; il
ambitionne de mieux montrer la supériorité de la faction à laquelle il appartient : celle des optimates. »