Droit Budgétaire Séance 6
Droit Budgétaire Séance 6
Droit Budgétaire Séance 6
Semestre 3
Séance n° 6
1/ Le dépôt du projet
1
(2) rapport économique et financier;
(3) rapport sur les établissements et entreprises publics ;
(4) rapport sur les services de l'Etat gérés de manière autonome;
(5) rapport sur les comptes spéciaux du Trésor;
(6) rapport sur les dépenses fiscales ;
(7) rapport sur la dette publique;
(8) rapport sur le budget axé sur les résultats tenant compte de l'aspect
genre;
(9) rapport sur les ressources humaines ;
(10) rapport sur la compensation ;
(11) note sur les dépenses relatives aux charges communes ;
(12) rapport sur le foncier public mobilisé pour l'investissement ;
(13) note sur la répartition régionale de l'investissement.
14)Le projet de loi de finances de l'année peut être également accompagné
d'un rapport sur les comptes consolidés du secteur public.))
1
Art 66 de la LOLF 130.13.
2
Art 49 de la LOLF 130.13.
2
30 jours : Examen et vote par la Chambre des Représentants
22 jours : Examen et vote par la chambre des Conseillers
6 jours : Deuxième lecture par la chambre des Représentants
Dès lors qu’ils sont déposés sur le bureau de la chambre des représentants, les
projets de loi de finances sont immédiatement renvoyés pour examen aux
commissions parlementaire, puis discutés dans chacune des chambres et enfin
discutés en séance publique.
3
Art 51 de la LOLF 130.13.
4
Art 48 de la LOLF «… Il est immédiatement soumis à l'examen de la commission chargée des finances de la
Chambre des représentants. .. »
3
2/ La discussion du projet de loi de finances au sein de chaque chambre
Le projet de loi de finances est déposé en priorité sur le bureau de la chambre des
représentants, conformément à l’art 84 de la constitution5.
Le texte adopté est ensuite transmis à la chambre des conseillers qui doit adopter
un texte identique. Si tel est le cas, la loi de finances est définitivement adoptée.
Dans le cas où le projet n’a pas pu être adopté par l’une ou l’autre chambre, une
commission mixte paritaire est constituée pour proposer un texte sur les
questions restant en discussion dans un délai n’excédant pas sept jours.
5
L’article 84 de la constitution prévoit que «tout projet ou proposition de loi est examiné successivement par les
deux Chambres du Parlement pour parvenir à l’adoption d’un texte identique. La Chambre des représentants
délibère la première et successivement sur les projets de loi et sur les propositions de loi initiés par ses membres.
La Chambre des conseillers délibère en premier et successivement sur les projets de loi ainsi que sur les
propositions de loi initiés par ses membres. Une Chambre saisie d’un texte voté par l’autre Chambre délibère sur
le texte tel qu’il lui a été transmis».
4
gouvernement. En cas de vote identique par les deux chambres, le texte est
adopté en l’état.
Si la commission n’élabore pas de texte de compromis, ou si les deux Chambres
ou l’une de deux le rejettent, le gouvernement peut donner le dernier mot à la
chambre des représentants.
La structure bipartite des lois de finances détermine l’ordre de vote des projets
de lois de finances (initiales ou rectificatives). L’article 52 de la LOLF 130.13
dispose que « La seconde partie du projet de loi de finances de l'année ne peut être
soumise au vote de l'une des deux Chambres du Parlement avant le vote de la
première partie », sous peine d’inconstitutionnalité.
Dans le cas où la première partie est rejetée, la seconde partie ne peut être
soumise au vote. Le rejet de la première partie par l'une des deux Chambres du
Parlement est considéré comme rejet du projet dans son ensemble par la même
Chambre.
En cas de rejet du projet par la Chambre des conseillers, la Chambre des
représentants est saisie pour examen, dans le cadre de la deuxième lecture, du
texte rejeté par la Chambre des conseillers.
5
Les dépenses des comptes spéciaux du Trésor sont votées par catégorie de comptes
spéciaux7.
L’article 75 de la constitution prévoit que « Les dépenses d'investissement
nécessaires à la réalisation des plans de développement stratégiques ou des
programmes pluriannuels, ne sont votées qu'une seule fois, lors de l'approbation de
ces derniers par le Parlement et sont reconduites automatiquement pendant leur
durée ».
Modifier, amender les textes qui leur sont soumis, constitue un droit fondamental
de la fonction parlementaire.
L’article 77 de la Constitution : « Le Parlement et le gouvernement veillent à la
préservation de l’équilibre des finances de l’Etat. Le gouvernement peut opposer, de
manière motivée, l’irrecevabilité à toute proposition ou amendement formulés par
les membres du Parlement lorsque leur adoption aurait pour conséquence, par
rapport à la loi de finances, soit une diminution des ressources publiques, soit la
création ou l’aggravation d’une charge publique »8.
Cette clause apparaît comme une entrave sérieuse à l’exercice du pouvoir
budgétaire par le Parlement au Maroc. Au-delà, une autre limite plus générale
prévoyant l’irrecevabilité des amendements non conformes aux dispositions de la loi
organique9. Les amendements qui perturbent l'équilibre du projet de loi de
finances dans le sens d'une augmentation de recettes ou de dépenses sans
propositions d'économie ou d'augmentation de recettes d'égal montant, sont donc
sanctionnés au Maroc par l'irrecevabilité.
L'interdiction des amendements qui n'ont aucun rapport avec le projet de loi de
finances a pour objet de protéger l'équilibre global des finances publiques, en
évitant les dispositions à caractère démagogique qui pourraient fausser l'équilibre
budgétaire entre les ressources et les dépenses de l'État ; tout comme il vise à
empêcher l'adoption de cavaliers budgétaires, c'est à dire d'articles n'ayant aucun
lien avec les opérations financières de l'État10. Il convient cependant de préciser que
des dispositions à caractère fiscal ne peuvent pas être considérées comme des
7
art 55 de la LOLF 130.13.
8
Art 56- 1 de la LOLF 130.13.
9
Art 56-4 de la LOLF 130.13.
10
L. Chikhaoui, Module préparé en Droit. Axe 3 : Finances publiques. ENA. Tunis, Septembre 2007, p. 144.
6
cavaliers budgétaires, car elles auront une influence sur les recettes de l'État, ce qui
entre dans le cadre des mesures en rapport avec les opérations financières de l'État.
Les amendements fiscaux sont recevables lors des projets de lois de finances,
soit qu’ils augmentent une ressource publique, soit qu’ils la diminuent mais en la
gageant11, c’est-à-dire en la compensant par l’accroissement d’une autre
ressource, de façon à ne pas diminuer les ressources publiques. Les amendements
fiscaux constituent la plus grande masse des amendements déposés aux projets de
lois de finances.
Une innovation essentielle résulte de l’article 56 -2et 3 de la LOLF 130.13
« S'agissant des articles additionnels ou amendements, la charge publique s'entend
des crédits ouverts au titre du chapitre. A l'intérieur d'un même chapitre, des
articles additionnels ou amendements, qui doivent être justifiés et accompagnés des
ajustements nécessaires aux objectifs et indicateurs relatifs aux programmes
concernés, peuvent augmenter ou diminuer les crédits afférents à un programme,
dans la limite des crédits prévus au titre dudit chapitre ».
Ce qui veut dire que si le montant global de crédits d’un chapitre ne peut être affecté
par des amendements parlementaires, à l’intérieur de celui-ci des modifications,
sous forme de compensations, pourront intervenir. Tel programme connaîtra ainsi
une diminution de ses crédits ce qui permettra d’augmenter les crédits bénéficiant à
tel autre programme relevant du même chapitre. On découvrira là une souplesse que
seules les ressources avaient pu connaître. Avec cette réserve que « tout autre
article additionnel ou amendement doit être justifié »12.
11
A. Baudu, « contribution à l’étude des pouvoirs budgétaires du Parlement en France. Éclairage historique et
perspectives d’évolution ». Thèse de Doctorat en Droit. Université de Toulouse. 2008, p. 329.
12
Art 56-5 de la LOLF 130.13.
7
« Si le gouvernement le demande, la Chambre saisie du texte en discussion, se
prononce par un seul vote sur tout ou partie de celui-ci, en ne retenant que les
amendements proposés ou acceptés par le gouvernement. La Chambre concernée
peut s'opposer à cette procédure à la majorité de ses membres ».
Le vote bloqué est donc un excellent moyen pour rétablir un texte dans sa
logique et obliger le parlement à prendre ses responsabilités en limitant son choix
au rejet complet du texte ou à son adoption.
Cependant, le vote bloqué porte atteinte au droit d’amendement et au principe de
spécialité de vote en vertu duquel le parlement doit pouvoir se prononcer
spécialement sur chaque article. Cette pratique est dangereuse dans la mesure où
elle dispense les représentants du gouvernement de tout effort pour rapprocher les
points de vue en leur permettant d’imposer le texte préparé par l’administration
sans aucun amendement.
13
Art 50 de la LOLF 130.13.