Senoussi - Badia

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UNIVERSITÉ KASDI MERBAH OUARGLA

Faculté des Lettres et des Langues

Département de Lettres et Langue Française

Mémoire

Master Académique
Domaine : Lettres et langues étrangères
Filière : Langue française
Spécialité : Littérature et analyse du discours
Présenté par
Mlle SENOUSSI Badia
Titre

L’écriture entre Histoire et fiction dans Ce que le jour doit à la nuit de


Yasmina KHADRA

ouet
Soutenu publiquement
Le : 19/05 /2016
Devant le jury :
Mme MOUDIR Sabrina (MAA) Président UKM Ouargla
M KHELFAOUI Bneaoumeur (MAA) Encadreur/rapporteur UKMOuargla
Mme Harket Sabah (MAA) Examinateur UKM Ouargla
Année universitaire 2015-2016
Remerciement
Je tiens d’abord à remercier Allah le Tout Miséricordieux de
m’avoir donné la patience, le courage et la volonté qui m’ont
permis d’accomplir ce travail de recherche.

Je remercie mon encadreur M. Khelfaoui Benaoumeur pour


sa disponibilité et son aide précieuse.

Je remercie ma tante Senoussi Massika, docteur d’état au


département de français à l’université Kasdi Merbah, pour
son aide et son soutien.

Qu’il me soit permis de remercier tous les enseignants du


département de français qui ont assuré ma formation
pendant les cinq ans de mon cursus.

Mes remerciements les plus tendres vont à ma mère Lila et


mon père Nadir qui m’ont beaucoup aidé et soutenu pendant
toutes les années de mes études je leur exprime toute ma
reconnaissance, qu’Allah le Tout Puissant vous récompense
par le prix de son vaste paradis.
Dédicace
Avec tout l’amour éternel et avec l’intensité de mes
sentiments je dédie ce mémoire à mes chers parents.
À mon frère Anis et ma petite soeur Ghizlane.
À ma chère cousine Khadija.
À ma chère amie Mouna et sa petite famille.
À toute la famille Senoussi et Bougaba.
Table des matières

Introduction ..............................................................................................07

Chapitre I : Rapport entre littérature et Histoire


1- La littérature ...........................................................................................11

1-1- L’évolution du mot « littérature » ..................................................11

1-2- Le genre littéraire narratif et sa typologie ……....................……..12

2- L’Histoire .........................................................................................15

2-1- Entre le passé, l’Histoire et la mémoire ……….............................15

2-2- La construction spatio-temporelle des concepts

d’Histoire et de mémoire ……………………………......………..16

3- La rencontre de la littérature et de l’Histoire ..............................................17

3-1- Les rapports entre littérature et Histoire ………….............…..…17

3-2- La figure de l’Histoire dans la fiction …………......…………..….17

Chapitre II : Le roman historique

1- Qu’est ce qu’un roman historique ? .....................................................20


1-1- Aperçu sur le roman historique …………………...….…………..20
1-2- Caractéristiques du roman historique ………………....…………..21

2- Le roman historique entre fiction et Histoire ...........................................22


2-1- L’Histoire dans le roman ………………………...…….…….……22

3- La sociocritique comme approche d’analyse des roman Historiques ....... ...24


3-1 La sociocritique et socialité littéraire.................................................24

3-2- Les principes de Claude Duchet et Lucien Goldman.......................26


Chapitre III : les indices historiques dans la création romanesque

de Ce que le jour doit à la nuit de Yasmina Khadra

1- Présentation du roman et de l’écrivain ....................................................29

2- Les indices spatio-temporels .............................................................31

1-1- L’espace ……………………………………….............…………31

1-2- Le temps …………………………………….……...........……….34

3- Les personnalités historiques ..................................................................38

Conclusion .................................................................................................43

Bibliographie .............................................................................................47

Résumé
Introduction
Introduction

Ancien commandant dans l'armée algérienne, Yasmina Khadra, de son vrai nom
Mohamed Moulessehoul, est un écrivain algérien d'expression française. L'ambiguïté
qui l’entoure ainsi que sa profession n'étaient que la source de son inspiration. Le style
adopté par Khadra n'est qu'une simple affirmation de la réalité ; comme le montre
Dantec lorsqu'il définit le roman noir comme : « le récit d’une guerre privée entre la
vérité et le mensonge, entre la fiction et le réel : le réel ment. La fiction reste le seul
moyen de le subvertir et de le faire avouer.»1

Ce que le jour doit à la nuit est l’un des romans de cet écrivain qui ont connu un
grand succès dans le monde de la littérature. D’ailleurs, Khadra témoigne dans une
interview dans le journal El Watan à propos de son œuvre : « Je l’ai déclaré avant sa
sortie : c’est mon meilleur roman, je l’ai tellement rêvé depuis plus de vingt ans. J’ai
toujours voulu écrire une saga algérienne... »2. Ce que le jour doit à la nuit est, avant
tout, un roman sur l’amour, l’amitié, l’honneur et l’amour de sa patrie. Un roman sur la
complexité des relations entre les êtres humains de différentes cultures, différentes
religions et différentes traditions et coutumes où Younes/Jonas et Émilie, les deux
personnages principaux du roman, s’attachent à leur lieu de naissance, à savoir
l’Algérie. L’auteur nous met entre les mains une histoire d’amitié et d’amour impossible
qui se déroule en pleine guerre, cette histoire commence à Jenan Jato auprès d’Oran en
1930 et s’achève à Aix-en-Provence (aujourd’hui) en 2008.

Notre travail de recherche s’intitule « L’écriture romanesque entre Histoire et


fiction dans Ce que le jour doit à la nuit de Yasmina Khadra ».
Dans ce travail de recherche, nous essayons de répondre aux problématiques suivantes :
Dans quelle mesure l’auteur investit-il l’Histoire pour monter un projet romanesque ?

Quels sont les points de rencontre entre la réalité et la fiction au niveau de l’espace, du
temps et des personnages du roman ?

1
M., DANTEC, « Le goût du réel contre l’hyper-réalité de la postmodernité », in F. EVRARD, Lire le
romanpolicier,Dunod, Paris, 1996, p. 109.
2
F., AMEZIAN, « La littérature est d’abord un élan narcissique », in El Watan n° 5622, Art & Lettres,
Alger, jeudi 30 avril 2009.

7
Introduction

Les hypothèses qui en découlent sont comme suit :

- Les lieux cités dans le romans existent-ils réellement en Algérie ainsi qu’en France ?

- Existe-il une relation entre les années où se déroulent l’histoire de l’œuvre et les
années de la colonisation française en Algérie ?

- Existe-il un rapport entre les personnages de l’œuvre et les personnalités historiques


algériens ?

Les écrits de Yasmina Khadra sont connus par leur simplicité, qui les rende
faciles à être abordés par un large public, et la plupart d’entre eux sont considérés
comme une mise en œuvre de la réalité.

Notre choix de corpus correspond, d’une part, à un attachement personnel aux


écrits de Yasmina Khadra et Ce que le jour doit à la nuit en particulier car il s’agit
d’une représentation nouvelle de la situation algérienne par rapport aux œuvres
précédentes, qualifiées par l’écriture de la violence ou bien l’écriture noire. D’autre part,
cette période de l’Histoire (la colonisation) nous paraît être particulièrement symbolique
dans l’Histoire de notre pays, elle est marquée par la réduction des libertés,
l’envahissement de la violence qui crée un sentiment de captivité et de menace
perpétuelle.

La façon fascinante avec laquelle Yasmina KhADRA nous peint une histoire
d’amour impossible, durant une période et des circonstances critiques. Il nous semble
nécessaire d’élaborer une méthodologie qui permet d’analyser cette œuvre. Donc notre
recherche nécessite une analyse approfondie du corpus, afin de pouvoir repérer les
indices historiques, ce qui nous a mené à opter pour une méthode sociocritique, qui
étudie en partie l’Histoire, en nous basant sur les travaux de Lucien Goldman et en
ayant recours aux théories de Paul RICOEUR, Pierre NORA et Gérard GENGEMBRE.
Tout comme nous ferons une étude sur la littérature en nous basons sur SARTRE et
STALLONI.

8
Introduction

Notre travail de recherche se subdivise en trois chapitres :

Le premier chapitre intitulé « Le rapport entre littérature et Histoire » dans


lequel nous allons, dans un premier lieu, montrer l’évolution de la littérature à travers le
temps voire même le genre littéraire et sa typologie. Dans un second lieu, nous allons
faire la distinction entre le passé, l’Histoire et la mémoire ; ainsi que la construction
spatio-temporelle de l’Histoire et de la mémoire. Enfin nous tenterons de montrer les
rapports entre littérature et Histoire et voir la figure de l’Histoire dans la fiction.

Dans le second chapitre, intitulé « Le roman historique », nous donnerons un


aperçu sur le roman historique et ses caractéristiques, par la suite, nous montrerons
comment l’Histoire se manifeste dans le roman, et enfin, nous allons expliquer
comment la sociocritique, en tant que démarche analytique, nous aide à analyser l’ouvre
littéraire en citant les principes des théoriciens DUCHET et GOLDMAN.

Enfin, le dernier chapitre s’intitule « La réalité historique dans la création


romanesque de Ce que le jour doit à la nuit de Yasmina KHADRA », sera consacré à
l’analyse du corpus, et de repérer les passages qui indiquent l’espace, le temps et les
personnalités.

9
Chapitre I
Rapport entre littérature
et Histoire
Chapitre I : Rapport entre littérature et Histoire

1- Littérature

Le terme littérature ne se plie pas à une seule définition précise et immuable.

1-1- L’évolution du mot littérature

Pendant des siècles, la littérature était distinguée comme un ensemble de savoirs


ou d’ouvrages concernant un sujet précis. La définition de la littérature se transforma
vers un ensemble des œuvres écrites ou orales ayant un aspect esthétique.

Selon LAROUSSE3, la littérature est le l’ensemble des œuvres écrites auxquelles


on reconnaît une finalité esthétique. Ces œuvres, considérées du point de vue du pays,
de l'époque, du milieu où elles s'inscrivent, du genre auquel elles appartiennent : La
littérature française du XVIIe s.
Andreï Makine, un écrivain russe, définit la bonne littérature comme une magie
que les mots peuvent nous faire vivre dans un instant indéterminé de beauté. Nous
trouvons encore une fois la notion d’esthétique dans sa définition, alors que la littérature
est forcément liée à un autre concept qui est le travail de l’écrivain, comme le montre
Paul Valéry4 que la littérature n’est qu’une progression des idées élaborées par
l’écrivain.

Au XVIIIe siècle, siècle des lumières, le mot « littérature » est rigoureusement


associé aux « belles-lettres ». VOLTAIRE , de sa part, évalue que : « La littérature
désigne dans toute l'Europe une connaissance des ouvrages de goût »5.

Le mot évolue encore, à partir du XIXe siècle, la « littérature » obtient un sens


unique appliqué à des textes auxquels on accorde des caractéristiques stylistique que l'on
peut discuter.

Enfin, au XXe siècle, le champ de la « littérature » prend de l’ampleur à toutes


les productions écrites, surtout en ce qui concerne le contenu et la forme.6

3
Pluri dictionnaire LAROUSSE, Libraire LAROUSSE, Paris, 2010
4
M., JARRETY, L’idée de littérature chez Valéry, Fabula / Les colloques, Paul Valéry et l'idée de
littérature, URL : http : //www.fabula.org/colloques/document1413.php, consultée le 016 avril 2016.
5
VOLTAIRE, Œuvres complètes, Volume 08, LIBRAIRE, Paris, 1835, p 18.
6
Http : //lifim2010.over-blog.com/article-qu-est-ce-que-la-litterature-75696778.html, consulté le 23 Avril
2016.

11
Chapitre I : Rapport entre littérature et Histoire

1-2- Le genre littéraire narratif et sa typologie

Paul ARON et Alain VIALA, dans Les 100 mots du littéraire, définissent le
genre comme le suit : « un genre est une classe d’objets ayant des traits communs ; il
s’agit donc d’une catégorie construite, y compris pour les genres littéraires.»7. Gérard
Genette, de sa part, rejoint cette définition : « les genres sont des catégories proprement
littéraires. »8.

Yves STALLONI, dans Les genres littéraires, détermine l’idée de GENETTE :

Le genre se définit moins par la réalisation d’un modèle préexistant, par le respect d’une
codification abstraite, que par la concrétisation d’une sorte de « pacte » passé entre l’œuvre et
le public ou encore, pour parler comme Maingueneau, de « contrat littéraire » plus ou moins
conforme aux limites d’un genre.9

D’après les précédentes citations, nous constatons que les genres sont un
ensemble de règles à suivre qui nous aident à orienter et diriger le développement de
l’écriture des œuvres. Ils se constituent à partir de différentes lectures de ces œuvres,
c’est pour cela nous constatons que les genres littéraires sont ontologiquement instables à
cause de cette multiplicité de lectures.

La production littéraire est généralement soumise à la typologie suivante :

a- L’autobiographie

Le genre autobiographique, comme l’affirme MONTAIGNE dans Essais, qui est


un écrit autobiographique : « Je suis moi-même la matière de mon livre ». C’est l’écriture
de sa propre vie.

Parmi ses sous genres :

- les confessions : dans lesquelles l’auteur avoue ses sentiments, nous pouvons citer
l’exemple des confessions de Saint Augustin de Jean Jacques ROUSSEAU ;

7
P., ARON, & VIALA, Al, Les 100 mots du littéraire, Paris, PUF, coll. Que sais-je ?, 2008, p.48.
8
G., GENETTE, Introduction à l’architexte, Paris, Seuil, coll. Poétique, 1979, p. 68.
9
Y., STALLONI, Les Genres littéraires, Paris, Armand Colin, coll. 128, [2000] 2008, p.9.

12
Chapitre I : Rapport entre littérature et Histoire

- le journal intime : l’auteur raconte mets ses réflexions et confie ses jours, l’exemple de
Et Nunc Manet In Te d’André GIDE.

- les mémoires : l’auteur doit avoir joué dans l’Histoire afin d’en rédiger, comme celle de
Jean Paul SARTRE Les mots.

- L’autofiction : elle est proche du roman autobiographique, car elle met en scène un
personnage au nom fictif et de l’autobiographie fictive, tel Mémoires d’Hadrien de
Marguerite YOURCENAR

b- Le genre romanesque

Le roman est un récit long en prose, qui est apparu au XVIème siècle, mais il
s’est propagé qu’au XIXème siècle. Connu par son discours narratif et descriptif, il
tourne autour d’un point de vue ou d’une focalisation dans laquelle l’auteur choisit un
seul pacte de lecture.
Parmi ses sous genres nous citons :
- Le conte : un récit court, généralement destiné aux enfants, il prend souvent une
dimension morale, comme Trois contes de FLAUBERT ;

- La nouvelle : un récit bref destiné aux adultes, et ayant une dimension psychologique,
comme le cas de Les Journées perdues D. BUZZATI ;

- Le nouveau roman : est venu pour désacraliser le roman traditionnel par la mort du
personnage, et parmi ses auteurs : Alain ROBBE- GRILET et Nathalie SAROTTE.

c- Le genre tragique

C’est un genre sacré. À l’encontre du drame, il repose sur la conscience de la


fatalité ; ses sujets sont souvent extraordinaires. Dans le registre tragique, le langage est
noble.
Parmi ses sous genres :
- la tragédie comédienne : une tragédie avec une fin heureuse, comme Le Cid de Pierre
CORNEILLE :

-la tragédie religieuse : exemples de Phèdre Jean RACINE.

13
Chapitre I : Rapport entre littérature et Histoire

2- L’Histoire

L’Histoire est l’ensemble des évènements et faits passés relatifs à l’humanité.

2-1- Entre le passé, l’Histoire et la mémoire

Selon le dictionnaire français LAROUSSE


L’Histoire est nom féminin (latin historia, du grec historia, recherche,
de histôr). Connaissance du passé de l'humanité et des sociétés humaines ;
discipline qui étudie ce passé et cherche à le reconstituer. C’est aussi une suite des
événements, des faits réels, des états marquant l'évolution d'un groupe humain, d'un
personnage, d'un aspect de l'activité humaine...10

D’après Henri-Irénée MARROU : « l'histoire est la connaissance du passé


humain. »11 . L’Histoire est parmi les anciennes disciplines qui étudient la vie des
sociétés et l’évolution humaine. Elle est apparue avec l’invention de l’écriture. Elle
envisage les faits les plus importants surtout en ce qui concerne l’Histoire des nations,
elle s’intéresse également aux grands hommes qui ont marqué l’Histoire de l’humanité.

Dans la pratique de l’historien, il doit accéder à différentes documentations


qu’elles soient abondantes sous plusieurs aspects et il fera une synthèse générale des
informations, trouvées dans les documents, pour les établir dans une langue bien claire.

La mémoire n’est qu’une partie de l’histoire, nous pourrons alors dire que le
passé est une réalité des événements qui se sont déroulés à une époque bien déterminée.
Mais aujourd'hui, la mémoire semble impliquer une relation au passé concurrente de
celle sur laquelle repose l’histoire en tant que science humaine, comme le détermine
Pierre NORA dans la préface à ses Lieux de mémoire12, alors que la mémoire est associée
à la société et la communauté, l’Histoire, attribue un retour critique, et donc
désacralisation sur le passé.

10
Pluri dictionnaire LAROUSSE, op.cit.
11
H-I., Marrou, De la connaissance historique, Paris, Seuil, 1954, p. 32.
12
P., NORA, Entre Mémoire et Histoire, Lieux de Mémoire, I, La République, 1984, p. 17-19.

14
Chapitre I : Rapport entre littérature et Histoire

La différence entre la mémoire et l’histoire traitée par Paul RICOEUR dans La


13
Mémoire, l’histoire, l’oubli recouvre des enjeux semblables : là où la mémoire est
fidèle au passé, l’histoire n’est qu’une vérité. Pour autant, il souligne que l’histoire ne
peut faire l’économie du témoignage et donc d’une relation intime au passé, propre à la
mémoire. La concurrence entre l’histoire et la mémoire a toutes les raisons d’être
aggravée dans différents contextes issus de l’histoire.

La relation de la mémoire à l’histoire peut être plus problématique qu’une


société de tradition orale, d’après l’expression de Pierre NORA14 , n’a pas le même
rapport au passé qu’une société qui se détache de son passé jusqu’à en faire un objet
d’étude. La mémoire conserve et nourrit l’identité et le lien social. Mais elle est
également accessible, sélective et s’inscrit dans une période éphémère. Elle s’organise en
fonction du point de vue d’un sujet, collectif ou personnel. Par contre l’histoire constitue
une démarche pour saisir le passé de manière objective, critique et distante. Elle s’appuie
généralement sur des traces du passé étrangères au sujet qui est l’historien, et organisée
chronologiquement sur l’expérience du sujet.

2-2- La construction spatio-temporelle des concepts d’Histoire et de la


mémoire

Pour traiter la question de la construction spatio-temporelle de la mémoire et de


l’Histoire, nous allons d’abord mesurer l’impact de nos conceptions de l’espace et du
temps sur notre maitrise de la mémoire et de l’histoire. Puisqu’il évalue, situe
l’événement et dirige notre perception du changement, le temps organise l’histoire, cette
« science des hommes dans le temps » selon la définition de Marc BLOCH, reprise par
P. RICOEUR15. L’idée n’a pas été toujours évidente que l’espace aussi puisse structurer
l’histoire.

Ce qui est remarquable, là où le temps et l’espace sont des sortes que la pensée
occidentale les sépare, les définitions données au temps ne font pas l’économie de la
métaphore spatiale. Le mot espace pourra également désigner une étendue de temps. En

13
P., RICOEUR, La Mémoire, l’histoire, l’oubli, Seuil, Paris, 2000, 696 p
14
P., NORA, op. cit., p. XVIII.
15
P., RICŒUR, op.cit, pp. 453-454.

15
Chapitre I : Rapport entre littérature et Histoire

français nous pourrons relever beaucoup d’expressions qui se rapportent à cette


dimension spatiale du temps : l’espace d’un instant, en l’espace d’un mois, le temps suit
son cours, avoir lieu … Tout se passe comme si ces deux concepts, étaient à ce point
associés afin que l’un puisse servir à exprimer l’autre.

16
Chapitre I : Rapport entre littérature et Histoire

3- La rencontre de la littérature et de l’Histoire

Certes, la littérature est connue par sa littérarité, alors que l’Histoire est un
domaine excellent du domaine du temps. Dans ce point, nous allons traiter la relation
entre ces deux concepts.

3-1- Les rapports entre Histoire et littérature

Le rôle de l’historien est de dire le réel et au romancier d’élaborer des fictions.


La fiction ne cesse d’emprunter le matériau de l’Histoire, et l’Histoire, de son côté,
utilise les procédés narratifs et stylistiques de la fiction : comme l’a montré P.
RICOEUR, on peut ainsi identifier un entrecroisement entre le récit de fiction et le récit
historique16. Mais une grande différence est censée les séparer : l’Histoire rend compte
des faits passés dans leur réalité, elle est fondamentalement référentielle, alors que la
fiction relève de l’imaginaire et produit des références qui sont propres au monde de la
fiction. Pour les théoriciens de la fiction comme Jean-Louis SCHAEFFER17, ils la
distinguent du discours historique sur un plan pragmatique : La fiction ne peut pas être
définie au niveau sémantique mais seulement au niveau pragmatique.

Il existe certains récits de fiction qui ne s’arrête de jouer avec les références
historiques. Considérer que la fiction est originaire du jeu, quelles que soient les
références dont elle profite nous voyons qu’il est nécessaire que les usages sociaux des
genres historiques et fictionnels nécessitent d’être nettement séparés.

3-2- Les figures de l’Histoire dans la fiction

Le récit fictionnel ne cesse d’emprunter au récit historique et réciproquement. Il


construit nécessairement une diachronie et donc une forme d’historicité, générique ou
personnelle. Cependant, si tous les récits de fiction créent des représentations du temps
et d’un « quasi passé », l’absence des marques historiques et de modifications des
personnages se montre ainsi un temps vide qui ne laisse aucune trace, où le passé ne
joue aucun rôle puisque l’intrigue est gérée au hasard. Le roman moderne maintient des
relations étroites avec l’Histoire : il s’en nourrit, tout en ne pouvant prétendre le même

16
P., RICŒUR, Temps et récit, 3 : Le temps raconté, Points, 1983, p. 329.
17
J-L., SCHAEFFER, Pourquoi la fiction ?, Paris, Seuil, 1999.

17
Chapitre I : Rapport entre littérature et Histoire

régime référentiel de vérité scientifique que le discours historiographique. Alors que la


littérature classique se déroulait autour d’un modèle référentiel universel et intemporel,
le roman moderne fait invasion sur le terrain de l’Histoire et se consacre à la peinture
d’individus. Il est nécessaire également de rappeler que le réalisme de BALZAC est
celui d’un auteur qui se présente comme « un historien du présent ». Comme l’a montré
Gérard GENGEMBRE, ce qui est original dans le roman moderne, c’est « le fait que la
particularité des personnages dérive de la spécificité historique de leur temps. »18
Donc, la représentation romanesque est tout surtout historique que sociale. Nous
pourrons cependant admettre que le récit de fiction maintient toujours, de près ou de
loin, une relation avec l’histoire mais avec des représentations différentes de l’histoire.
Se cache derrière chaque genre narratif une relation à l’Histoire et au temps. Il s’agit
donc de mettre en lumière les figures du passé et de l’Histoire.

18
G., GENGEMBRE, Le Roman historique, Paris, Klincksieck, 2006, p. 23.

18
Chapitre II
Le roman historique
Chapitre II : Le roman historique

1- Qu’est ce qu’un roman historique ?

L’Histoire est un domaine purement lié au temps et de nombreux romans ont


pour cadre une période historique, et tant qu’il est plus proche de la réalité, il devient
même un moyen de connaissance dans divers domaines.

1-1- Aperçu sur le roman historique

D’après GENGEMBRE :

Si l’Histoire accompagne le roman depuis l’origine, le roman


historique proprement dit est d’apparition récente. Encore que l’on discute
fermement de cette relative jeunesse du genre. Alors que beaucoup
s’accordent à situer sa véritable naissance en France au XIXème siècle,
après le premier Empire, d’autres se plaisent à faire observer que les
rapports entre Histoire et roman se manifestent bien plus tôt. Si le roman
historique stricto sensu ne se constitue pas encore, les romans d’aventures,
philosophiques, Psychologiques s’approprient le passé. 19

Nous avons déjà abordé, dans le chapitre précédent, le rapport entre littérature et
Histoire. Il nous parait donc intéressant d’analyser les liens entre roman et Histoire.

Au XVIIème siècle, les romans rendaient compte d’une Histoire qui se référait
plus au présent de la société des auteurs qu’à un réel passé. Donc, les auteurs
complotent sur le passé les préoccupations de leur temps. L’exemple le plus connu en
est La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette, roman dans lequel l’auteure
expose les mentalités de la cour de Louis XIV.

Au XVIIIème siècle, les rapports entre Histoire et fiction varient.

En référence aux travaux historiques liés aux préoccupations


philosophiques tentant de dégager des lois, des types de civilisation, des
rapports entre faits collectifs et comportements individuels, de comprendre
les principes organisateurs et dynamiques d’une continuité temporelle20.

19
G., GENGEMBRE, op.cit, p. 23
20
Ibid, p 25.

20
Chapitre II : Le roman historique

La présence de l’Histoire dans le roman est très loin de ce que le lecteur pourra
montrer un siècle plus tard. De plus, au XVIIIème, l’Histoire comme genre est toujours
inférieure au roman dans la hiérarchie des Belles-lettres21. Le roman a été renouvelé aux
XVIIIème et XIXème siècles, et a bouleversé la conception du monde : la Révolution
Française, les Guerres, la chute de Napoléon Bonaparte ont provoqué une expérience
unique de l’Histoire qui est sortie du concept de soi, sur la façon d’être au monde. Les
hommes de lettres et les intellectuels s’en reflètent.

Au XIXème siècle, le statut de l’Histoire évolue encore plus, et la hiérarchie des


genres est bouleversée : l’Histoire est devenue une science, le roman, un genre à part
entière. Par ailleurs, le personnage du roman va petit à petit se transformer pour devenir
un type socioculturel, en s’éloignant de la figure particulière pour mener les expériences
déjà vécues par le plus grand nombre. Du fait de sa souplesse, de l’absence des règles
recommandées et de sa capacité à s’emparer de tous les sujets, le roman devient un
moyen de saisir un réel et une société troublée.

1-2-Les caractéristiques du roman historique

Selon walter SCOTT22 , le roman historique est lié à la fiction, il présente une
intrigue fictive mais dans un contexte réel, historique. Dans le roman historique, le
personnage est celui qui fait appel au passé, et aussi celui qui éclaire le présent à la
lumière des événements passés.

Il est composé par des souvenirs qu’en a appris l’auteur, l’exemple de Victor
HUGO Notre dame de Paris. Il est un symbole de l’ironie tragique, il doit être surtout
unique des documents trouvés. Le roman historique nécessite une recherche
approfondie de la part de l’écrivain, il recherche des données originales.

21
G., GENGEMBRE, op.cit, p 25.
22
G., Louis, Le Roman historique à l'époque romantique : essai sur l'influence de Walter Scott, Paris,
Honoré Champion, 1912

21
Chapitre II : Le roman historique

2- Le roman historique entre fiction et Histoire

Comme nous l’avons déjà mentionné, le roman est lié à une période historique
bien précise ainsi que la société. L’écrivain est évidemment influencé par son milieu
social, ce qui rend son œuvre fictionnelle plus réaliste.

2-1- L’Histoire dans le roman

Si nous prenons le terme d’ « Histoire » dans un sens plus large, en tant


qu’événements déterminés ou situations générales, concernant des personnalités
reconnues comme des acteurs inconnus, et relevant d’un passé plus ou moins récent,
mais que l’on peut relier à un espace et à un temps identifiables.

TODOROV23 certifie en effet qu’il existe une différence entre la récupération du


passé et son utilisation. Donc Nous ne rechercherons pas l’’authencité historique, ni ne
poursuivons les indices qui révèlent cette Histoire. Nous voyons ici plutôt le roman
comme un « lieu de mémoire », comme un moment dans l’histoire des représentations
d’un monde. Pour ce, il convient de refuser en premier lieu la confrontation entre
mémoire et oubli qui renferme le présupposé qu’il existe une mémoire objective,
comme s’il s’agissait d’un lieu où se conservent intactes les représentations du passé.

Le genre romanesque, c’est-à-dire du roman au sens le plus large du terme,


intègre selon différents procédés une histoire qui donne son historicité au roman. Et s’il
existe romanesque, il est légitimé, de différentes manières, par l’histoire qui donne ainsi
au roman cette valeur historique.
Bernard GENDREL dans L’histoire dans la cosmologie romanesque24 , explique
la manière dont le romanesque et l’histoire sont liés dans le roman et, ainsi, dans
l’histoire du roman. Il existe deux formes du romanesque : le romanesque narratif, est
celui qui gère l’action à la ligne narrative principale et nous avons le romanesque
explicatif, celui qui a trait à l’invraisemblance qui émaille parfois un récit, il propose
une explication étrange de l’action. Si le romanesque narratif est nécessairement

23
T., TODOROV, Abus de mémoire, Paidós. Barcelone, 2000, p 11.
24
B., GENDREL, L’Histoire dans la cosmologie romanesque, dans Histoire et romanesque, Encrage,
Collection Romanesques, Amiens, 2008, p. 55.

22
Chapitre II : Le roman historique

présent dans tout roman, le romanesque explicatif ne figure pas dans tous les romans.
L’Histoire pénètre le roman en donnant à l’action son cadre spatio-temporel ou en
justifiant le déroulement même de l’action. Les actions et les personnages sont motivés
d’une manière que le lecteur voit une rationalité qui les gouverne et non une fantaisie
proprement romanesque. Ces deux types d’historicisation du romanesque conduisent B.
GENDREL à préciser l’importance de ce rapport entre histoire et romanesque dans
l’histoire même du roman.

23
Chapitre II : Le roman historique

- La sociocritique comme approche d’analyse

Il existe pleinement de méthodes d’analyse littéraire, mais une méthode se


diffère de l’ autre dépendamment du corpus traité.

3-1- La sociocritique et la sociologie littéraire

La sociocritique est une approche littéraire qui se prolonge vers l'univers social
présent dans le texte. La sociocritique a vu le jour par Claude DUCHET en 1971, elle
propose une lecture socio-historique du texte.

Ce qui rend la sociocritique originale est le fait d’établir les rapports entre la
société et l’œuvre littéraire, et la société est une partie indissociable de l’œuvre et
l’écrivain ne pourra s’en dépasser.

La sociologie littéraire de son côté, est considérée comme une des méthodes de
la littérature, une des méthodes qui se base sur la critiques tournées vers le texte ainsi
qu’à la façon dont est présenté, analysé, ou révélé dans l’œuvre romanesque. Pierre
ZIMA détermine qu’elle ne se tend pas seulement sur la qualité esthétique du texte
littéraire pour montrer uniquement sa fonction sociale, c’est-à-dire son influence ou son
succès, mais aussi pour définir sa fonction idéologique ou critique. Selon lui :

La différence fondamentale entre les méthodes empiriques et


dialectiques en sociologie de la littérature peut être expliquée par le fait
que les premières s’orientent vers le postulat wébérien de l’objectivité
scientifique, éliminant tout jugement de valeur esthétique ou autre, alors
que les secondes développent certaines théories esthétiques et
philosophiques existantes à l’aide des notions sociologiques et
25
sémiotiques.

Donc, depuis son accession dans l’univers des théories littéraires, la


sociocritique a connu une évolution remarquable. Aujourd’hui, le point de départ de
cette approche critique de type littéraire, comme l’indique son préfixe socio- est la
société. Deux types de société sont mises en œuvre : celle du monde réel, et celle du

25
P., ZIMA, Manuel de sociocritique, Bonchamp-Lès-Laval, L’Harmattan, 2000, p.30.

24
Chapitre II : Le roman historique

texte. La société réelle demeure au centre de ses préoccupations, mais son approche
passe principalement par la société du texte. A ce titre, Pierre Barbéris affirme que la
sociocritique « vise le texte comme le lieu où se joue une certaine socialité »26. Le
renouvèlement des structures sociales à partir des structures textuelles, tel est la
contribution majeure de la sociocritique. C’est également cette réalité sociale qui oriente
la lecture du texte. Une lecture qui puise tout ce qui se narre et s’argumente, tout
discours énoncé dans la société et sur la société. A ce propos, Duchet affirme : « Que
serait la science des textes si elle ne nous remettait pas en possession du monde, à
travers le lire et la parole humaine ? Lire pour voir clair, lire pour apprendre et
s'apprendre... »27.

3-2-Les principes de la théorie sociocritique de Claude Duchet et


Lucien Goldman

Duchet et Goldman sont des théoriciens qui ont marqué la sociocritique par leurs
théories.

a- Claude Duchet

La théorie sociocritique de Duchet appartient aux concepts de : société du texte


ou du roman, société de référence, co-texte, discours social et sociogramme. Mais avant
d’expliciter ces concepts, nous avons jugé utile de parler d’un concept aussi important à
savoir l’autonomie.

Pour étudier un texte littéraire, la sociocritique a trouvé la notion d’autonomie


relative qui résidait à définir le texte comme une totalité sociale autonome, tout en étant
d’abord, un système de relations internes. Par conséquent, pour établir un sens au texte,
nous devons commencer par une étude de l’immanence, c’est- à-dire partir de l’intérieur
pour aller à l’extérieur. Duchet et ses confrères ont proposé la construction du sens du
texte à trois niveaux, information, signe et valeur, qu’ils résument ainsi :

26
P., BARBERIS, « Sociocritique » in Introduction aux méthodes critiques pour l’analyse littéraire,
Dunod, Paris, 1999, p.123.
27
Ibid

25
Chapitre II : Le roman historique

Chaque élément du texte, un personnage, une heure, un lieu, une


notion abstraite, existe dans le texte selon trois modalit : une information
sur le monde, un signe d’autre chose que lui-même […] et une valeur […],
chaque élément prend sa valeur par un système d’opposition avec les
28
autres éléments du texte …

À la fin Duchet a établi quelque modification concernant deux notions, il a


trouve que le concept signe est trop lourd et risque de conduire à des anomalies, et
préfère le remplacer par indice qui parait facile à saisir.

L’indice reste la référence inscrite dans le texte à ce qui n’est pas


lui, qui renvoie à un système d’interprétation culturelle extérieures au
texte (la famille, l’état, la nation, le père, la mère, la mort), à un milieu
socioculturel qui fait fonctionner le terme. Ce que j’appelle « indice » est
un emploi culturel et discursif extérieur au texte 29

La deuxième notion est information qui un statut plus au moins objectif, Duchet
préfère le remplacer par trace d’information afin d’indiquer des marques référentielles
en dehors du texte. Il précise si nous acceptons le mot information« ça suppose que le
texte informe sur le réel, ce que je nie : il ne donne que des indications »30

Enfin, ces deux concepts constituent la base d’une opération textuelle selon la
conception de Duchet.

b- Lucien Goldman

L’Autrichien Lucien Goldman est un sociologue marxiste de la philosophie et de


la littérature. C’est le fondateur du Centre de sociologie de la littérature. Il est connu par
sa théorie originale de la littérature et par ses analyses de l'Histoire des idées et de la
culture. Il pensa toute réalité dans le cadre d'un matérialisme dialectique31. Selon lui, la
philosophie se différencie de l'idéologie, dans le but où cette dernière est une vision
réduite, et habitée par l'illusion d'être le centre de vérité du monde, mais la philosophie

28
C., DUCHET, MAURUS, P., « Entretiens de 1995 », p.03, in Sociocritique.com/fr/.
29
Ibid, p.10.
30
Ibid.
31
L., GOLDMANN, in Dictionnaire Encarta, Microsoft Corporation, 2006.

26
Chapitre II : Le roman historique

est soit un système conceptuel, soit la manifestation conceptuelle et systématisant d'une


vision historique du monde (Recherches dialectiques, 1959). Goldmann estime que pour
que la littérature soit bénéfique, il faut qu’elle transcrit la vision du monde et qu’elle
soit une copie fidèle de la réalité sociale, sinon une représentation de l’ensemble des
aspirations et des idées qui englobe les membres d’une classe sociale et les oppose aux
autres classes. A ce sujet, il souligne que :

Notre hypothèse est que le fait esthétique consiste en deux paliers


d’équation nécessaire : -a) Celle entre la vision du monde comme réalité
vécue et l’univers créé par l’écrivain.
Ŕb) Celle entre cet univers et le genre littéraire, le style, la syntaxe, les
images, bref les moyens proprement littéraires qu’a employés l’écrivain
pour s’exprimer. Or si l’hypothèse est juste, toutes les œuvres littéraires
sont cohérentes et expérimentent une vision du monde. 32

Dans les travaux de Goldman, la sociocritique gardera la dialectique du rapport


au monde. Cette dialectique se manifeste en trois points. Le premier, il convient de dire
que la littérature se saisit à travers deux entités : l’une est fonctionnelle et l’autre est
structurelle. Alors l’on ne peut pas comprendre la structure sans la signification et la
fonctionnalité. Le deuxième point, toute structure a un caractère fonctionnel étant donné
que la structure elle-même est faite de fonctions. Enfin, ce sont les hommes qui
transforment les structures, créent les antagonismes, effectuent le passage d’une
structure ancienne et dépassée à une structure nouvelle, fonctionnelle et significative.
L’homme est capable de faire de son monde un paradis ou un enfer. Mais la vision du
monde dans la perspective de Goldman repose sur un humanisme matérialiste et
dialectique. C’est ainsi qu’il lutte pour une Histoire qui accouche d'un monde sans
classes, ni réification, ni exploitation, en somme un monde d'hommes libres.

32
L., GOLDMANN, cité par DIDIER, J., La critique littéraire, Dunod, Paris, 1997, p.66.

27
Chapitre III
La réalité historique dans
la création romanesque de
Ce que le jour doit à la nuit
de Yasmina Khadra
Chapitre III : La réalité historique dans la création romanesque de Ce
que le jour doit à la nuit de Yasmina Khadra

1- Présentation du roman et de l’écrivain

Yasmina Khadra est un écrivain algérien, d’expression française mondialement


connu, issu d’une école militaire, un ex militaire, et fils d’un officier de l’armée
nationale algérienne, ce dernier le confie à l’école des cadets de la révolution, qui
devenue Institution militaire de l’après indépendance de l’Algérie. Yasmina Khadra de
son vrai nom Mohamed Moulessehoul, a écrit pendant plusieurs années sous le
pseudonyme de Yasmina Khadra qui est le nom de sa femme, avant de déclarer sa
véritable identité, ce n’est que dans son roman autobiographique L’écrivain que l’auteur
a pu révéler que sous cette identité féminine se cache un homme. En 2000, il quitte
l’armée algérienne après une longue carrière qui a duré plus de 36 ans, avec le grade de
commandant. En 2001, il s’installe en France.
Lorsqu’il arrive en France, il publie chez l’édition Julliard L’écrivain ce qui lui
permet de révéler son identité à la presse et au public. Ses ouvrages les plus célèbres
sont Les hirondelles de Kaboul publié en 2002, L’attentat publié en 2005, les sirènes de
Baghdâd publié en 2006 ou encore Ce que le jour doit à la nuit publié en 2008 qui s’est
vendu à plus de 800 000 exemplaires et pour lequel il a obtenu le Prix Roman France
Télévisions.
Le roman « Ce que le Jour doit à la Nuit », avait rejoint ses vingt précédents
suite à une longue période, qui n’avait jamais dépassé les quatre mois. En effet, cette
œuvre n’a pu voir le jour, au sein de l’édition Julliard qu’en août 2008, un roman de 413
pages, édité par Julliard le 21 Aout 2008.
Un Roman partagé en quatre chapitres, dont l’auteur raconte l’histoire d’un amour
impossible entre Younes un jeune Algérien et Émilie une Française. Une autofiction
relate le récit de vie du narrateur Younes dès son enfance jusqu’à la vieillesse.

- Le premier chapitre « Jenane Jato »: dans les années 1930, Younes et sa famille
quittent leur ville natale et partent à Oran, après la ruine de son père Issa. Ce dernier
était obligé de laisser son fils chez son frère Mahi pharmacien, marié avec une française,
Germaine. Quant à eux, ils débarquaient dans un bidonville, Jenane Jato.

29
Chapitre III : La réalité historique dans la création romanesque de Ce
que le jour doit à la nuit de Yasmina Khadra

Younes, dans sa nouvelle vie avec son oncle et Germaine, devient Jonas, a appris à lire
et à écrire et fréquente l’école française. Leurs vie était aisée, jusqu’au jour où son oncle
fut arrêté par la police pour ses activités nationalistes.
- Le deuxième chapitre « Rio Salado » : Mahi l’oncle de Jonas se senti humilié à
Oran, donc il décida de la quitter et s’installa à Rio Salado, située près d’Ain
Timouchent, et habitée par des européens. Le petit Jonas s’est habitué à la vie et devient
amis avec trois garçons, une amitié sincère et solide jusqu’à ce qu’ils deviennent des
jeunes hommes.
- Le troisième chapitre « Émilie » : Émilie est une jeune fille française qui apparait
dans la vie des jeunes hommes et devient leurs rêve caché, mais elle aime Jonas qui, de
sa part hésite d’être avec elle, vu une relation vécue avec sa mère. Ce qui pousse la
jeune fille d’épouser l’un de ses amis, Simon.
Au sein de cette histoire d’amour, existent des évènements historiques symboliques qui
ont marqué l’Histoire de l’Algérie.
- Quatrième chapitre « Aix-en-Provence (Aujourd’hui) » : plus de quarante ans
après la révolution, en 2008, Younes part pour voir ses amis, se rappellent de leurs
souvenirs d’enfance, et recueillir la tombe d’Émilie, l’amour de sa vie à Aix-en-
Provence en France.33

33
B., KHELFAOUI, L’écriture de l’histoire : un dialogue entre les deux rives dans « Ce que le jour doit
à la nuit » de Yasmina Khadra, Éditions EDILIVRE, Paris, 93200 Saint-Denis Ŕ 2011, p 33-35

30
Chapitre III : La réalité historique dans la création romanesque de Ce
que le jour doit à la nuit de Yasmina Khadra

2- Les indices spatio-temporels

Le cadre spatio-temporel nous permet de situer les événements racontés dans


une œuvre. Ceux de Ce que le jour doit à la nuit se déroulent en Algérie (1930-1962),
ainsi qu’en France (2008).

2-1- L’espace

En lisant Ce que le jour doit à la nuit, nous constatons que l’auteur a cité
différents lieux géographiques ayan un aspect symboliques que ce soit en Algérie ou en
France ce qui donne un sens profond à cette œuvre. Nous allons repérer les lieux cités et
les faire recours à la réalité.

La ville !…Je ne soupçonnais pas que des agglomérations aussi


tentaculaires puissent exister. C’était délirant. Un instant, je m’étais
demandé si le malaise chopé dans l’autocar ne me jouait pas des tours (…)
Je n’en revenais pas, ne savais même pas mettre un nom sur les choses qui
me sautaient aux yeux comme des flashs. (…) J’étais sur une autre planète.
(…) C’était Oran.34

Jenane Jato : un foutoir de broussailles et de taudis grouillant de


charrettes geignardes, de mendiants, de crieurs, d’âniers aux prises avec
leurs bêtes (...), dépassait les bornes. Quant aux hommes Ŕ ces drames
itinérants Ŕ, ils se diluaient carrément dans leurs ombres 35

« Nous prîmes l’autobus pour retourner en ville. La corniche en lacets serrés


qui menait au Vieil Oran accentua mon malaise. J’avais envie de vomir à
chaque virage ». 36

Dans le premier chapitre « Jenane Jato », Yasmina KHADRA raconte l’histoire


du jeune enfant Younes au cours des années 1930 dès son arrivé à Oran, là où il
connaitra le sens de la misère avec sa famille à Jenane Jato avant qu’il partira vivre avec

34
Y., KHADRA, Ce que le jour doit à la nuit, 24 avenue Marceau 75008 Paris, Éditions Julliard, Pans,
2008, p 12
35
Ibid, p14
36
Ibid, p 56

31
Chapitre III : La réalité historique dans la création romanesque de Ce
que le jour doit à la nuit de Yasmina Khadra

son oncle le pharmacien et découvrir un autre mode de vie différent à celui qu’il a déjà
vécu.
En réalité, Oran est une ville littorale situé au nord-ouest de l’Algérie, elle fut
habitée par les français durant les années de la colonisation française en Algérie, qui a
duré plus de 132 ans (1830-1962).

« Río Salado se trouvait à une soixantaine de kilomètres à l’ouest d’Oran. Jamais


voyage ne m’avait paru si long » 37

J’ai beaucoup aimé Río Salado Ŕ Fulmen Salsum, pour les Romains ;
El-Maleh, de nos jours. D’ailleurs, je n’ai pas cessé de l’aimer, incapable
de m’imaginer en train de vieillir sous un ciel qui ne soit pas le sien ou de
mourir loin de ses fantômes. C’était un superbe village colonial aux rues
verdoyantes et aux maisons cossues. La place, où s’organisaient les bals et
défilaient les troupes musicales les plus prestigieuses... 38

Rio Salado citée dans l’œuvre existe réellement, El Maleh comme on la nomme
de nos jours, un village situé à 11km d’Ain Témouchent, une ville agricole, connue par
son climat doux près de la mer.

Yasmina KHADRA a fait recours à cette ville, habitée par des familles
françaises chrétiennes et juives, dont Jones y est parti avec son oncle et Germaine.

Sur l’enveloppe, le tampon postal indiquait la localité de Khemis


Méliana. Fabrice décida de s’y rendre. Nous l’accompagnâmes, Simon et
moi, jusqu’à la caserne de la ville en question où l’on nous certifia que
l’école n’accueillait plus que les « indigènes » depuis trois ou quatre
années ; on nous orienta sur Cherchell. Christophe n’était pas à l’école
militaire de Cherchell, ni à celle de Koléa. Nous frappâmes à différentes
portes, vérifiâmes auprès des garnisons d’Alger, de Blida ; sans succès.
Nous étions en train de pourchasser un spectre… Nous rentrâmes à Rio
aussi esquintés que bredouilles.39

37
Y., KHADRA, op.cit, p. 56
38
Ibid, p 61.
39
Ibid, p 134.

32
Chapitre III : La réalité historique dans la création romanesque de Ce
que le jour doit à la nuit de Yasmina Khadra

L’école militaire de Cherchell que KHADRA a cité dans le passage ci dessus,


était créée par la France pendant la guerre, en 1942. Après la révolution, en 1963, elle
est devenue l’académie militaire de Cherchell, propre à l’Algérie, elle forme des
officiers de l’armée algérienne jusqu’à nos jours.

J’avais pensé à Alger. À Bougie. À Timimoun. Sauter dans un train et me laisser


emporter loin de Río Salado. Je m’étais imaginé à Alger. À Bougie. À Timimoun.
Pas une fois je ne m’étais vu en train de flâner sur les boulevards, de contempler la
mer assis sur un rocher, de méditer dans une grotte au pied d’un erg… J’avais un
compte à régler avec moi-même. On ne fuit jamais soi-même.40

Les villes indiquées par l’écrivain dans son œuvre se trouvent réellement en
Algérie, disant : Bougie c’est la ville de Bejaia située au nord du pays, Alger qui est la
capitale et Timimoune ville saharienne situé à la wilaya d’Adrar au sud -ouest de
l’Algérie.

Bientôt, les montagnes rocheuses me renvoient les reflets du jour.


Sentinelles éternelles et inflexibles, elles veillent sur le rivage, nullement
impressionnées par la mer démontée ruant dans les brancards à leur pied.
Puis, au bout du virage, Marseille !… semblable à une vestale se dorant au
soleil. Répandue sur ses collines, éclatante de lumière, le nombril dégagé
et la hanche offerte aux quatre vents, elle feint de somnoler, faussement
inattentive aux rumeurs des vagues et à celles qui lui parviennent de
l’arrière-pays. Marseille, la ville-légende, la terre des titans
convalescents, le point de chute des dieux sans Olympe, la croisée
providentielle des horizons perdus, multiple parce que inépuisable de
générosité ; Marseille, mon dernier champ de bataille où je dus rendre les
armes, vaincu par mon inaptitude à relever les défis, à mériter mon
41
bonheur

Aix est une ville magnifique. Ma mère disait que son soleil la
consolait presque de celui de Río Salado. Le cimetière Saint-Pierre, où
repose, entre autres gloires et martyrs, Paul Cézanne, est désert. Un

40
Y., KHADRA, op.cit, p. 145.
41
Ibid, p.192.

33
Chapitre III : La réalité historique dans la création romanesque de Ce
que le jour doit à la nuit de Yasmina Khadra

Mémorial national, en pierre de rogne, dédié aux Français d’Algérie et


aux rapatriés d’outre-mer, m’accueille à l’entrée. 42

Passant de l’Algérie à la France, Yasmina KHADRA dans son roman mentionne


que le narrateur Jonas, vieillard de quatre vingt huit ans, est parti en France en 2008,
quarante six ans après l’indépendance de l’Algérie, afin de rencontrer encore une fois
ses amis d’enfance, là où il apprend qu’Émilie, l’amour de sa vie, est morte.
Aix-en-Provence est une commune située à 33 km de la ville de Marseille, en France,
elle est aujourd'hui mondialement connue avec ses festivals d'art lyrique et de Pâques,
son riche et magnifique patrimoine architectural, réputée par ses hôtels particuliers,
ainsi que pour son élégance et son art de vivre.

Donc, la mise en œuvre de ces lieux symboliques de l’Algérie et de la France par


l’auteur donne un aspect plus profond afin de situer l’œuvre dans son contexte
historique et géographique ce qui nous permet de mieux vivre l’histoire du roman et non
seulement la lire.

2-2- Le temps

Nous avons dit auparavant que les évènements de cette œuvre se sont déroulés
entre 1930 et 1961 la période coloniale de l’Algérie par la France, et une partie, 46 ans
après l’indépendance en 2008. Yasmina KHADRA a évoqué assez de dates
symboliques de l’Histoire de l’Algérie que nous allons montrer dans l’analyse qui suit.

Commençons à partir de 1930 date à laquelle Jonas était un petit garçon jusqu’à
l’indépendance en 1962 :

En ces années 1930, la misère et les épidémies décimaient les familles et


le cheptel avec une incroyable perversité, contraignant les rescapés à
l’exode, sinon à la clochardisation. Nos rares parents ne donnaient plus
signe de vie. Quant aux loques qui se silhouettaient au loin, nous étions
certains qu’elles ne faisaient que passer en coup de vent, le sentier qui
43
traînait ses ornières jusqu’à notre gourbi était en passe de s’effacer.

42
Y., KHADRA, op.cit, p. 198
43
Ibid, p.6

34
Chapitre III : La réalité historique dans la création romanesque de Ce
que le jour doit à la nuit de Yasmina Khadra

Notre premier été à Río Salado débuta mal. Le 3 juillet 1940, le


pays fut ébranlé par l’opération Catapult qui vit l’escadre britannique «
Force H » bombarde les vaisseaux de guerre français amarrés en rade à la
44
base navale de Mers el-Kébir.

Bernadette… Je l’avais connue haute comme trois pommes, lors des


funérailles de son père tué dans l’attaque contre la base navale de Mers
el-Kébir en 1940. Une gamine menue aux tresses volantes qui se tenait à
l’écart pendant que ses cousines jouaient au cerceau. 45

L’Algérie fut colonisée par les français le 05 juillet 1830, cela a duré un siècle et
trente ans. Cent ans après, en 1930 Alger est une partie des grandes villes française,
avec son université, son musée national, son institut Pasteur... Le président de la France
est même venu en Algérie pour célébrer ces cent ans de colonialisme et c’était pour eux
l’âge d’or de l’Algérie française.

Donc l’auteur dans Ce que le jour doit à la nuit fait recours à cette époque là
pour symboliser l’Histoire franco-algérienne et montrer ce que le peuple algérien a vécu
durant cette époque critique.

Bernadette… Je l’avais connue haute comme trois pommes, lors des


funérailles de son père tué dans l’attaque contre la base navale de Mers
el-Kébir en 1940. Une gamine menue aux tresses volantes qui se tenait à
l’écart pendant que ses cousines jouaient au cerceau. 46
En mai 1940, la défaite de la France face aux armées allemandes, gérés par Adolf Hitler
ce qui a influencé la colonisation française et s’est sentie menacée par les algériens.47

Et arriva le 8 mai 1945. Alors que la planète fêtait la fin du


Cauchemar, en Algérie un autre cauchemar se déclara, aussi foudroyant
qu’une pandémie, aussi monstrueux que l’Apocalypse. Les liesses
populaires virèrent à la tragédie. Tout près de Río Salado, à Aïn

44
Y., KHADRA, op.cit, p. 67.
45
Ibid, p 159.
46
Ibid, p 159.
47
http://forum.setif.info/index.php?topic=6599.0, HARBI, M, consulté le 29-04-2016

35
Chapitre III : La réalité historique dans la création romanesque de Ce
que le jour doit à la nuit de Yasmina Khadra

Témouchent, les marches pour l’indépendance de l’Algérie furent


réprimées par la police (...) La station arabe de sa TSF racontait la
répression sanglante qui frappait les musulmans de Guelma, Kherrata et
Sétif, les charniers où pourrissaient des dépouilles par milliers, la chasse à
l’Arabe à travers les champs et les vergers, le lâcher des molosses et le
lynchage sur les places publiques. Les nouvelles étaient tellement
épouvantables que ni moi ni mon oncle n’eûmes la force de nous
solidariser avec la marche pacifique qui défila sur l’avenue principale de
48
Río Salado

Le 08 mai 1945, une date qui reste inoubliable pour tous les algériens, jour de
fête pour la France et les français et de deuil pour l’Algérie, des massacres à Sétif,
Guelma et Kharrata ont donné un bilan de plus de 45000 morts qui sont sortis pour fêter
l’indépendance de l’Algérie que la France avait promise après la guerre mondiale contre
l’Allemagne. 49

J’avais frappé à toutes les portes, à Saint-Hubert. Sans succès. Où


était-elle ? Où se terrait-elle ? La ville était sens dessus dessous. Le
cessez-le-feu du 19 mars 1962 mit le feu aux poudres des ultimes poches de
résistance. Les couteaux croisaient le fer avec les mitraillettes ; les
grenades relayaient les bombes ; les balles perdues engendraient des
carnages.50

Cessez-le-feu en Algérie, ce qui met fin à la guerre de révolution après huit ans,
Yasmina KHADRA a mis en œuvre ce jour dans son écrit. L’Algérie et la France ont
signé l’accord d’Évian la veille du 19 mars1962 et aujourd’hui, le19 mars est une
journée nationale du souvenir en mémoire des victimes du conflit franco-algérien.

«Le 4 juillet 1962, une Peugeot 203 s’arrêta devant la pharmacie. Deux
hommes en costume et lunettes noires m’ordonnèrent de les suivre... »51

48
Y., KHADRA, op.cit, p. 93.
49
http://www.algerie-focus.com/2014/05/8-mai-1945-de-part-et-dautre-de-la-mediterranee-une-histoire-
franco-algerienne/, consulté le 29-04-2016.
50
Y., KHADRA, op.cit, p. 185
51
Ibid, p. 187.

36
Chapitre III : La réalité historique dans la création romanesque de Ce
que le jour doit à la nuit de Yasmina Khadra

Demain, le 5 juillet, l’Algérie aurait une carte d’identité, un


emblème et un hymne nationaux, et des milliers de repères à réinventer.
Sur les balcons, les femmes laissaient éclater et leur joie et leurs sanglots.
Les mioches dansaient dans les squares, prenaient d’assaut stèles, jets
d’eau, réverbères, toits de voitures, dévalaient les boulevards comme
autant de cascades. Leurs cris supplantaient les fanfares et les clameurs,
les sirènes et les discours ; ils étaient déjà demain. 52

Cent trente deux ans d’humiliation, d’esclavage et d’oppression, l’Algérie a pu


recouvrir son indépendance le 05 juillet 1962, au prix fort des millions de martyrs, dont
un 1.5 million seulement entre 1954 et 1962, 40.000 villages détruits, des centaines de
milliers de personnes réfugiées, des veuves et des orphelins qui ne se comptent plus…
Ces sept années ont été marquées par une guerre de libération sanglante pour que le
drapeau algérien flotte dans le ciel de l’Algérie.

Yasmina KHADRA a décrit ce jour dans son roman fictionnel, comment était la
joie du peuple, ainsi que le malheur des colons qui ont quitté l’Algérie juste après la
déclaration de l’indépendance de l’Algérie.

Toutes ces dates citées dans les passages ci-dessus que l’écrivain a mises afin de
situer son œuvre dans un contexte historique bien précis qui est celui de la colonisation.
Une période délicate qui a marqué l’Algérie pendant des années.

Ensuite, dans le dernier chapitre du roman intitulé Aix-en-Provence


(Aujourd’hui), l’auteur nous fait atterrir en 2008 dans un cadre temporel et spatial
précis, l’arrivé de Jonas pour rencontrer une autre fois ses amis à cette ville, 46 ans
après l’indépendance :
« Il s’arrête devant une tombe en granit anthracite moucheté de blanc qu’une multitude
de couronnes garnit de fleurs éclatantes. En guise d’épitaphe, on peut lire : Émilie
Benyamin, née Cazenave. 1931-2008. »53

52
Y., KHADRA, op.cit, p. 189.
53
Ibid, p. 198

37
Chapitre III : La réalité historique dans la création romanesque de Ce
que le jour doit à la nuit de Yasmina Khadra

3- Les personnalités historiques

Certes, les personnages représentent des personnes fictives dans l’œuvre


littéraire, mais évidemment, elles veulent refléter une personne réelle à travers cet écrit
fictionnel. Les écrivains essayent toujours de donner une dimension réelle à leurs
personnages afin d’attirer un large public. Donc, toute œuvre littéraire est censée avoir
principalement des personnages.

On peut difficilement imaginer un récit sans personnage. Donnée


essentielle, il est logiquement le point central de nombreuses approches du
fait littéraire. Tomachevski notait qu’il était utilisé par l’écrivain pour
faciliter l’attention du lecteur en représentant un point de convergence
dans « l’amoncellement des motifs » : il est lui-même caractérisé par un
certain nombre de motifs (allant de la simple caractérisation nominale à
des « constructions plus complexes ») : « les personnages portent
habituellement une teinte émotionnelle (… Attirer les sympathies du
lecteur pour certains d’entre eux et sa répulsion pour certains autres
entraîne immanquablement sa participation émotionnelle aux événements
54
exposés et son intérêt pour le sort du héros.

Yasmina KHADRA a utilisé différents personnages dans son écrit, mais ce qui
est remarquable, est le fait qu’il existe certains noms de personnalités historiques
connues, dans l’Histoire franco-Algérienne, que nous tenterons repérer et référer à la
réalité.

Il faut que tu saches une chose, mon garçon. Tu n’es pas tombé
d’un arbre droit dans le fossé…Tu vois cette dame, sur la photo ?…Un
général l’avait surnommée Jeanne d’Arch (…) On raconte que si l’émir
Abd el-Kader l’avait connue, il aurait changé le cours de
l’histoire…Regarde-la bien, mon garçon. Cette dame, cette figure de
55
légende, eh bien, c’est ton arrière-grand-mère.

El Emir Abd el Kader, de son vrai nom Ben Mohiédine Abdelkader, né vers
1808 près de maskara, il a combattu les français pendant des années. C’est un symbole
54
C., ACHOUR, et P., REZZOUG, « Convergences Critiques, introduction à la lecture du littéraire »,
Paris, P.200.
55
Y., KHADRA, op.cit, p. 40

38
Chapitre III : La réalité historique dans la création romanesque de Ce
que le jour doit à la nuit de Yasmina Khadra

de l’Histoire de l’Algérie. C’est un Emir arabe, fondateur du nouvel état algérien,


décédé à Damas le 26 mai 1883.56

Il s’agissait d’un invité de marque, charismatique, devant lequel


mon oncle était en admiration… Ce ne fut que beaucoup plus tard, en
parcourant un magazine politique, que je pus mettre un nom sur son
visage :Messali Hadj, figure de proue du nationalisme algérien. 57

Dans Ce que le jour doit à la nuit KHADRA cite le nom d’un nationaliste
algérien qui a participé à la vie militante algérienne, Messali Hadj, le fondateur de
l’étoile Nord-africaine (ENA) en 1924, la première organisation à revendiquer
l’indépendance pour l’Algérie. Messali Hadj insiste sur l’unité du peuple algérien dans
la lutte nationale contre le colonialisme français. 58

Il avait appris par cœur les textes de Chakib Arslane et découpait


l’ensemble des articles militants parus dans la presse ; articles qu’il
répertoriait, annotait et commentait à travers d’interminables
59
dissertations.

Nous trouvons également le nom de Chakib Arslane, qui est un historien


libanais, héritier du réformisme de la fin du XIXe siècle, il voit que la grandeur les
arabes est due à l’Islam et à traditions. Il a envisagé la Nation arabe comme
confédération d’états unis par la langue, la culture et la religion.60

Beaucoup de noms de personnalités historiques sont apparus durant la lecture du


roman, ce qui nous fait rappeler vivement la guerre de la révolution algérienne. Parmi
eux Yasmina KHADRA a nommé :

56
Encyclopédie 1830-1962 de l’Afrique de nord, http://encyclopedie-afn.org/ABDELKADER, consulté
le 29-04-2016
57
Y., KHADRA, op.cit, p. 53
58
B., STORA, Messali Hadj (1898-1974), Hachette, Paris, 2004.
59
Y., KHADRA, op.cit, p. 57
60
L., ROMEO, CHAKIB ARSLANE, in Les clefs du moyen orient, 06 mai 2011

39
Chapitre III : La réalité historique dans la création romanesque de Ce
que le jour doit à la nuit de Yasmina Khadra

Je me mis à retenir des noms jusque-là inconnus et qui résonnaient


dans la bouche des miens comme l’appel du muezzin : Ben M’hidi,
Zabana, Boudiaf, Abane Ramdane, Hamou Boutlilis, la Soummam,
l’Ouarsenis, Djebel Llouh, Ali la Pointe, noms de héros et noms de lieux
indissociables d’une adhésion populaire que j’étais à mille lieues
d’imaginer aussi concrète, aussi déterminée.61

Larbi BEN M’HIDI : né en 1923 à Ain M’lila, valeureux martyr de la révolution


Algérienne. Jeune militant de la cause nationale, il participe à la mise en place de
l’Organisation Secrète, OS. Il participe à la création du CRUA. Membre du groupe des
22, et il est l’un des membres fondateurs du FLN. Connu pour être l’un des principaux
artisans du déclenchement de la glorieuse révolution du 1er novembre 1954. Arrêté le
23 février 1957 lors de la bataille d’Alger et il fut assassiné par ses bourreaux le 3 mars
1957. 62

Ahmed ZABANA : de son vrai non Ahmed ZAHANA, est né en 1926 à Djenane
à Oran Son patriotisme exacerbé va le pousser à se rapprocher des organisations
nationalistes susceptibles de l'aider à comprendre et surtout à agir. Car malgré son jeune
âge, il était convaincu que c'est seulement en agissant que les Algériens pourraient
récupérer leur pays. En 1940, Ahmed Zabana rejoint le groupe local des Scouts
Musulmans Algériens au sein duquel son patriotisme s'enrichit et se renforça. Ahmed
Zabana est intégré à l'OS et avait, enfin, la possibilité d'étancher sa soif d'action. En
1950. il est nommé responsable de la IVème région de l'OS
Le 3 mai 1955, Zabana fut transféré à la prison de Serkadji à Alger, il dut croupir durant
ces 14 mois qu'il passera dans des cellules, des geôles et autres mitards de condamnés à
mort dans cette forteresse, et y restera jusqu'à son exécution. Pendant ce temps, son
avocat a demandé la grâce du condamné au président Français René Coty, celui-ci a
refusé d'exercer son droit de grâce. Zabana a été exécuté le 19 juin 1956, à 4h00 du
matin, à la prison de Serkadji.63

61
Y., KHADRA, op.cit p 161
62
A., GOUTALI, Ben M’hidi était un fédérateur, in HORIZON, 14 mars 2015
63
A., MOUFOK, Ahmed zabana, executé le 19 juin 1956 : «Je meurs pour l'Algérie…», in HORIZON,
19 juin 2010

40
Chapitre III : La réalité historique dans la création romanesque de Ce
que le jour doit à la nuit de Yasmina Khadra

Nous remarquons donc que l’auteur nous a montré le conflit franco-algérien à


travers un nouvel angle qui est une histoire d’amour impossible entre Jonas (Algérien)
et Émilie (française) tout en se référant à des évènements historiques symboliques qui
l’ont marqué.

Nous avons montré à travers cette analyse, que Yasmina KHADRA a mis en
scène des éléments qui reflètent la réalité existante dans un écrit fictif. Ce qui aide
l’ensemble des lecteurs à vivre le roman en le lisant. Nous citons à titre d’exemples : la
période où se déroulent les évènements de la première partie de l’histoire, dans l’année
1930, l’Algérie fut colonisée par la France depuis cent ans déjà. De plus, les lieux qui
existent réellement tels Oran et Rio Salado (El Maleh aujourd’hui, située à Ain
Timouchent), et quelques personnages utilisés dans l’histoire du roman ayant une
relation avec les personnages principaux, le cas de la relation entre Mahi l’oncle de
Younes/Jonas et Messali Hadj qui est un nationaliste algérien pendant la guerre de la
révolution.

41
Conclusion
Conclusion

« L’écriture entre Histoire et fiction » était notre objet de recherche dans ce


présent travail, nous nous sommes intéressées à montrer comment Yasmina Khadra a pu
utiliser, en filigrane, le matériau de l’Histoire dans son œuvre littéraire Ce que le jour
doit à la nuit. À la fin de la lecture du roman, nous nous sommes trouvés
paradoxalement mêlées entre deux mondes, fictif et réel. En d’autres termes, Khadra
voulait volontairement nous laisser découvrir l’Histoire franco-algérienne à travers son
œuvre autobiographique fictionnelle.

Nous avons préalablement présenté, dans un premier chapitre quelques notions


concernant la littérature, son évolution et le genre littéraire et sa typologie, ensuite nous
avons évoqué la notion de l’Histoire, pour arriver à la fin à montrer le rapport entre la
littérature et l’Histoire.

Dans le deuxième chapitre, nous avons expliqué le concept du roman historique


et montré ses caractéristiques ainsi que sa relation avec la fiction et comment les
écrivains peuvent réécrire l’Histoire d’une manière fictive, de plus, nous avons abordé
la sociocritique comme approche d’analyse des romans historiques, et nous avons suivi
les principes de Claude Duchet et Lucien Goldmann.

Nous avons consacré le troisième chapitre à l’analyse sociocritique du roman,


qui étudie en partie l’Histoire. Pour répondre aux questionnements : Dans quelle mesure
l’auteur investit-il l’Histoire pour monter un projet romanesque ? Et quels sont les
points de rencontre entre la réalité et la fiction au niveau de l’espace, du temps et des
personnages du roman ?

Nous avons, tout d’abord, commencé par analyser le cadre spatio-temporel.


Nous avons entamé par les lieux cités dans l’histoire du roman, que Yasmina Khadra a
utilisé et nous avons découvert, l’aide de nombreuses références à la réalité historique et
la géographique, qu’il existe un rapport étroit avec ce qui est fictif, cité dans l’œuvre, et
ce qui est réel, à savoir des villes : Oran et Rio Salado situées en Algérie et Aix-en-
Provence située en France, exactement à Marseille, ces dernières ont été des symboles
de l’Histoire franco-algérienne.

43
Conclusion

Par la suite, nous sommes passées au temps, en repérant les indices temporels
qui nous ont indiqué la période où se déroulaient les évènements de cet écrit, entre 1930
et 1962, effectivement, cela a reflété une réalité historique qui est la période de la
colonisation française en Algérie. Il existe aussi de nombreuse dates marquantes de
l’Histoire franco-algérienne, le cas des massacres du 08 mai 1945, le congrès du
Soummam 20 aout 1956... Nous avons décelé aussi à la fin du roman, qu’il y avait une
rupture de 1962 jusqu’au 2008, lorsque le narrateur Jonas/Younes est reparti à Aix-en-
Provence afin de revoir ses amis et visiter la tombe d’Émilie, cette date nous a montré
que les relations entre l’Algérie et la France existent à ce jour, et c’était bien l’objectif
de l’auteur.

Enfin, nous avons repéré les personnages de l’œuvre et nous avons remarqué que
les personnages principaux avaient des relations avec d’autres personnages, cités dans
l’histoire du roman, qui sont en réalité des personnalités historiques connues, des
nationalistes, des combattants et martyrs de la guerre franco-algérienne tels que Messali
Hadj, Mohamed Boudiaf, Ahmed Zabana, Laarbi Ben Mhidi, et d’autres. À travers cette
lecture, il nous a semblé que Khadra a pris soin de justifier ou de motiver, l’information
apportée par le texte en se référant à l’Histoire.

À la fin de notre travail, l’analyse sociocritique de Ce que le jour doit à la nuit


de Yasmina Khadra, a confirmé les hypothèses découlant de notre problématique, et
qu’il existe vraiment des rapports entre la réalité historique qui est l’Histoire franco-
algérienne et la création romanesque de cette œuvre. Autrement dit, Khadra a essayé de
nous peindre la réalité à travers une fiction afin de revivre le réel tragique et déchirant
voire tumultueux de la société algérienne dans le contexte de la nuit coloniale de 1930 à
1962...

Mais avant de clore notre conclusion, nous voulons signaler une interrogation
qui est survenue lors de notre analyse et qui pourra mener vers d’autres chemins de
recherche : quelles sont les conditions de vie qui ont poussé Yasmina Khadra à écrire
Ce que le jour doit à la nuit ?

44
Conclusion

Nous croyons qu’une étude psychocritique pourrait nous fournir des


éclaircissements sur les causes qui ont poussé l’écrivain à rédiger cette œuvre ou
d’autres.

45
Bibliographie
Bibliographie

Corpus d’étude

- KHADRA, Yasmina., Ce que le jour doit à la nuit, Éditions Julliard, Paris, 2008.

Ouvrages

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?, Paris, 2008.

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- DANTEC, Maurice., Le goût du réel contre l’hyper-réalité de la postmodernité, in F.


EVRARD, Lire le roman policier, Dunod, Paris, 1996.

- DEJEUX, Jean., La littérature maghrébine d’expression française, PUF, Paris, 1992.

-
GENETTE, Gérard., Introduction à l’architexte, Paris, Seuil, coll. Poétique, 1979.
-GENDREL, Bernard., L’Histoire dans la cosmologie romanesque, dans Histoire et
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2008.

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- ZIMA, Pierre., Manuel de sociocritique, L’Harmattan, Bonchamp-Lès-Laval, 2000.

Articles

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et de rapprochement, in Info Soir, 11 janvier 2010.

- GOUTALI, Amine., Ben M’hidi était un fédérateur, in HORIZON, 14 mars 2015.


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- MOUFFOK, Abderrahmane., Ahmed zabana, executé le 19 juin 1956 : «Je meurs pour
l'Algérie…», in HORIZON, 19 juin 2010.

- ROMEO, Lisa., CHAKIB ARSLEN, in, Les clefs du moyen orient, 06 mai 2011.

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Bibliographie

Webographie

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discours-historique.html.

- CHKAR, Fatima Zahra., Qu’est ce la littérature ?, http://lifim2010.over-


blog.com/article-qu-est-ce-que-la-litterature-75696778.html.

- De LAMARTINE, Alphonse., Qu’est ce que l’Histoire ?,


http://www.espacefrancais.com/lamartine-quest-ce-que-lhistoire

- Dctionnaire de français LAROUSSE,


http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/histoire/40070?q=l%27Histoire#39991.

- LARANE, André., Ä quoi sert l’Histoire ? https://www.herodote.net/Culture-


synthese-668.php.

- LAURENTIN, Emanuel., Ä quoi sert l’Histoire aujourd’hui ? https://clio-


cr.clionautes.org/a-quoi-sert-l-histoire-aujourd-hui.html.

Revues

- DUCHET, Claude., MAURUS, Patrick., « Entretiens de 1995 », p.03, in


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Dictionnaires et encyclopédies

-Dictionnaire de la littérature LAROUSSE, Edition 2011,


http://www.larousse.fr/archives/litterature
-Encyclopédie 1830-1962 de l’Afrique de nord, http://encyclopedie-
afn.org/ABDELKADER.
- GOLDMANN, Lucien., in Dictionnaire Encarta, Microsoft Corporation, 2006.
- Pluri dictionnaire LAROUSSE, Libraire LAROUSSE, Paris, 2010.

49
Résumé

Cette étude est menée sur le roman historique, considéré comme une réécriture de l’Histoire. Ce
travail examine les rapports entre l’Histoire franco-algérienne et la fiction dans l’œuvre Ce que
le jour doit à la nuit de Yasmina KHADRA. Notre objectif est d’analyser l’œuvre et montrer
ces rapports en nous basant sur une méthode sociocritique.

Nous avons tout d’abord présenté le corpus et son auteur pour ensuite, analyser son cadre
spatio-temporel ainsi que les personnages cités, par rapport à la réalité historique dont il reflète,
pour enfin les combiner.

Les résultats de notre étude confirment les hypothèses formulées, dans cette circonstance,
l’histoire dans le roman reflète vraiment la réalité historique franco-algérienne.

Les mots clefs: Roman historique, fiction, sociocritique, Algérie, colonisation française.

: ‫ملخص‬

‫ ويناقش هزا انعمم انعالقح تين ذاسيخ انعالقاخ‬،‫ تحيث ذعرثش إعادج كراتح نهراسيخ‬،‫قامد هزه انذساسح عهى انشوايح انراسيخيح‬
‫ هذفنا هى ذحهيم انشوايح وإظهاس هزه السواتظ اسرنادا‬،‫انفشنكىجزائشيح وانخيال في عمم'' ما نهنهاس عهى انهيم '' ياسمينح خضشا‬
‫ و كزا‬،‫ في تادئ األمش قمنا تعشض انكراب وانكاذة ثم قمنا ترحهيم اإلطاس انزماني و انمكاني‬. ‫عهى طشيقح اننقذ االجرماعي‬
.‫ من أجم انشتظ فيما تينها‬،‫ مقاسنح مع انحقائق انراسيخيح انري ذعكس رنك‬،‫انشخصياخ انمزكىسج‬

‫ في هزه انحانح انقصح في انشوايح ذعكس حقا انحقائق انراسيخيح انفشنسيح‬,‫نرائج دساسرنا ذؤكذ االفرشاضاخ انري وضعناها‬
.‫انجزائشيح‬

.‫ االسرعماس انفشنسي‬،‫ انجزائش‬،‫ اننقذ االجرماعي‬،‫ انخيال‬،‫ انشوايح ذاسيخيح‬:‫الكلمات الدالة‬

Abstract:

This study is basign on the historical novel, which is considering as rewriting of history.
This study discuss the links between the Franco-Algerian history and fiction in the œuvre of
‘‘What the Day Owes the Night '' of Yasmina KHADRA. Our objective is to analyze the work
and demonstrate these links, by basing on a sociocritical method.

First, we have presented the corpus and their writer, then we analyze his framework
spatiotemporal as well as the characters mentioned, compared to the historical reality that
reflects, in order to combine them.

The results of our study confirm the assumptions that we formulated. In this
circumstance, History in the novel really reflects the Franco-Algerian historical reality.

Key words: historical novel, fiction, sociocritical, Algeria, French colonization.

UNIVERSITÉ KASDI MERBAH OUARGLA-

BP. 511, 30 000, Ouargla. Algérie

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