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REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR


ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

Université Larbi Ben M’Hidi * Oum El Bouaghi *


Faculté des Lettres et des Langues
Département De Français
Mémoire de Fin d’Etude pour l’Obtention du Diplôme
Master en Langue Française
Spécialité : Littérature Francophone et Comparée
Thème :

L’écrivain de Yasmina Khadra


Autobiographie ou Autofiction ?

Présenté par : Sous la direction de :


Melle.Merazga Souheila Mme.Labed.

Devant le jury :
Présidente :Mme.Zeghib Nardjas.
Rapporteur: Mme.Labed Yasmina
Examinateur: Mr.Laalaoui Adel.

Promotion : 2013-2014

1
Remerciements
Je remercie Dieu Le Tout puissant et le Miséricordieux d’avoir
guidé mes pas et éclairé ma pensée.

Je tiens , tout d’abord, à exprimer toute ma gratitude et tout mon


respect à Mme Labed d’avoir accepter de m’encadrer , pour sa bien
veillance et ses conseils.

Sans oublier tous nos enseignants et précisément à Mme Harkou.

Aux membres du jury pour l’honneur qu’ils m’ont fait en acceptant


d’examiner mon travail.

2
Dédicace
A celui dont la présence me procure : la volonté, le courage : mon père :
Ammar.
A celle qui réchauffe ma vie de tendresse et d’affection ma mère :
Warda.
A mes très chers frères : Azo, Najo.
A ma chère sœur : Majda.
A mes très chers amis qui n’ont aidé ou encouragée toute mon parcours
d’étude :
Écrivain : Salleh Deradji.
Prof d’anglais : Meriem.
Prof d’Histoire : Salima.
Prof d’arabe : Samouna.
Chirurgien : Saber et sa femme Zineb
Chirurgienne : Dawia.
Pharmacien : Fayçal et sa femme Labiba.
Adel et sa femme Amel.
Exceptionnellement à monsieur Mounir et ses enfants (Salma, Mahdi).
A tous les esprits en quête de savoir qu’il m’a été de connaitre au
cours de ma scolarité .

3
Sommaire
Introduction…………………………………………………………………..05
Première partie: L’auteur, sa carrière littéraire et son œuvre.
I-1-Biographie de l’auteur…………………………………………………………………11
I-2-Bibliographie et différentes types d’écritures................................................................16

I-3-Critiques et jugements des lecteurs et des Hommes de lettres………………………...23

I-4-Présentation et résumé de l’œuvre……………………………………………………..29

I-5-Contexte du roman…………………………………………………………………….31

Deuxième partie : Théories et techniques analytiques.

Introduction……………………………………………………………………………….35
II-1-Autobiographie……………………………………………………………………….36

II-2-Autobiographie fictive………………………………………………………………..40
II-3-Autofiction……………………………………………………………………………41

II-4-L’onomastie…………………………………………………………………………..43

II-5-L’analyse sémiologique des personnages selon Philippe Hamon…………………….46

Troisième partie : L’analyse du corpus.


III-1-Quête de l’autobiographie…………………………………………………………..54
III-2-Quête de l’autofiction………………………………………………………………63

III-3-L’analyse onomastique des noms des personnages…………………………………65

III-4-L’analyse sémiologique des personnages selon Philippe Hamon…………………..67

Conclusion générale………………………………………………………….71
Les références bibliographiques……………………………………………74
Annexes……………………………………………………………………….78
Résumé……………………………………………………………………….94

4
Introduction

5
La littérature maghrébine d’expression française ou francophone est la fille
légitime de la colonisation, elle a à peine un peu plus d’un demi siècle d’existence. Mais,
bien qu’assez récemment apparue sur la scène intellectuelle, son émergence au lendemain de
la Seconde Guerre Mondiale ne peut s’expliquer que par et dans le contexte colonial au
Maroc, en Tunisie, et en Algérie. Née sous la période coloniale française.

Elle appartient donc à la grande famille des littératures francophones qui couvrent des
espaces géographiques très diversifiés « la littérature englobe plusieurs cultures en un seul
style d’écriture, comme c’est le cas de la littérature maghrébine d’expression française. » 1

La première génération d’après 1950, sont les écrivains les plus connus qu’il est
difficile de les passer sous silence, c’est au lendemain de la Deuxième Guerre Mondiale et
plus précisément dans les années 50 que cette littérature est née, comme : Mouloud Feraoun,
2
Mouloud Mammeri, Mohamed Dib, Malek Haddad…etc.

Alors que la génération des années 1970, est une génération d’écrivains qui
poursuivent fidèlement l’événement tragique de déchirement en Algérie. L’écrivain algérien
se veut historien et ne veut sociologue en faisant des bilans et des constats d’une situation
économique, politique et sociale, décorables sont penchées sur les mêmes thèmes que son
propose cependant une écriture plus violente. On peut citer pour illustrer cette deuxième
vague d’auteurs maghrébins : Rachid Boudjedra par « La Répudiation » qui opère un
bouleversement majeur dans la littérature algérienne c'est-à-dire qu’il se situe aux carrefours
de la modernité littéraire et signe adieux à la littérature traditionnelle, Yamina Méchakra
par « La grotte éclatée »et Ahmed Akache par « L’évasion »en 1973.

Les années 80 ont vu la naissance une nouvelle littérature beur née sur la terre d’exile,
ils écrivaient à partir de la langue française et non à partir de Maghreb se sont les fils de
travailleur qui se sont immigrés autrefois de pères algériens. Pour les algériens, ils sont
toujours considérés comme des algériens ; même s’ils sont français. Cette littérature est
particulièrement féconde, nouveaux thèmes sont abordés citons : Nina Bouraoui, Azouz
Begag…etc.

La génération 90 d’auteurs maghrébins d’expression française est plus engagée dans la


réalité politique et sociale actuelle. Ce type de la littérature nomme « la littérature
d’urgence »suite aux évènements tragiques d’octobre 1988, l’Algérie connait la période la
1
-Cours donnée par M me Zeghibe, Littérature maghrébine, 3eme année licence ,2011-2012.
2
-Albert M emmi, Anthologie du roman maghrébin de la langue française, Nathan, Paris, 1987, p : 5.

6
plus douloureuse après la période coloniale : la décennie noire (1990-2000), durant la quelle
le pays est plongé dans le chaos absolu, et la confusion la plus total. Comme le dit si bien
Charles Bonn :

« Les années 90 sont pour l’Algérie, chacun le sait, celles d’une guerre civile
particulièrement cruelle. »1

De ce fait, la littérature maghrébine contemporaine s’est penchée avec une telle


insistance sur les multiples vagues de violence et leur origines dans l’Algérie de la décennie
quatre-vingt-dix, qu’il serait difficile de faire abstraction des conditions dans lesquelles un
champ socioculturel et historique soumis à la violence peut affecter une écriture et ses modes
de représentation ,loin d’annoncer la réémergence d’une littérature engagée, cette littérature
2
travaille bien aux niveaux lingual, textuel, structurel et générique.

En particulier elle met en œuvre une hybridité générique qui rend les frontières
établies entre les disciplines, notamment entre la littérature et l’histoire extrêmement labiles.
Ce faisant, elle n’en revendique pas moins une urgence de dire la violence en Algérie dans
son rapport à la question identitaire et à la mémoire historique. Elle interroge les possibles de
la littérature face à la marche de l’histoire. Nombres d’auteures ont dénoncé dans des
colloques ou dans leurs œuvres les termes de cette violence.

Yasmina Khadra, de formation militaire, a combattu au maquis les terroristes sur le


3
terrain et ses deux romans « A quoi rêvent les loups » et « les agneaux du seigneur » 4 sont
le reflet de cette réalité puisqu’il y a une contiguïté temporelle entre le commandant qu’il fut à
la tête des troupes antiterroristes et ses témoignages brutes ou romancés ont été produits dans
la tragédie, dans son déroulement même.5

« L’écrivain » de Yasmina Khadra est un roman de coïncidence entre sa production


littéraire et sa détermination à la révéler parce qu’est un prêt nom qu’a utilisé l’auteur qui
tenait taire son identité réelle.

Nous avons choisi « L’écrivain » de Yasmina Khadra pour des raisons personnelles :

1
- Bonn Charles, Paysages algériens des années 90 : Témoignage d’une tragédie ?, L’Harmattan, Paris, 1999, p : 7.
2
- D.fisher, Ecrire de l’urgence, (Assai Djebar et Tahar Djaout), L’Harmattan, Paris, 2007, p : 7.
3
- Julliard, 1999.
4
- Julliard, 1998.
5
- Rachid M okhtari, Le nouveau souffle du roman algérien, Chihab, Alger, 2006, p : 13.

7
Tous le parcours littéraire à l’université et précisément « la littérature franco-
algérienne » nous a passionnée plutôt c’était impressionnant, le fait de découvrir ce tas
d’écrivains, une telle diversité synonyme d’une richesse culturelle, c’était le premier déclic,
qui m’a poussé à baigner dans l’océan choisi et on ne peut pas passer a coté d’un roman qui
sauta à mes yeux et captura mon âme.

Le titre « L’écrivain » accrocheur, non indépendamment des sujets d’actualités qu’il


traite : l’identité et la vie de Yasmina Khadra qui constitue une mosaïque.

Une œuvre qui suscite une affinité, un grand intérêt qui augmente au fil de ses lignes.
J’avais hâte de rencontrer cette personne, ce qui m’a donné envie de connaitre Yasmina
Khadra cette source mystérieuse plus on lit ses œuvres, plus on est attirée par son écriture on
et voudrait la comprendre, et l’analyser. A l’occasion du 18ème salon international du livre à
Alger le 02 novembre 2013 .Yasmina Khadra a animé une conférence à la salle Ali Mâachi
au niveau du palais des expositions des pins maritimes (Safex) et j’avais la chance de le
rencontrer c’est une personne qui a pu s’équilibrer entre la simplicité d’écrire et la profonde
des idées.

Donc c’est la curiosité qui nous a poussées à découvrir cet auteur à travers son roman
« L’écrivain ».

Dans le cadre de ce mémoire notre objectif est de mettre en exergue une écriture
particulière et riche et d’essayer de classer ce roman.

Notre problématique consiste à montrer si ce roman « L’écrivain » est une


autobiographie, ou une autofiction, ou bien les deux à la fois, car le texte s’ouvre sur une
déclaration d’autobiographique, ou l’auteur raconte son enfance jusqu’ce qu’il obtient son
bac, dans ce roman coïncident avec la vie d’écrivains, ajoutons cela cette narration à la
première personne.

Des lors les questions qui nous viennent à l’esprit :

-Quelles sont les marques de l’autobiographie qui jalonnent « L’écrivain » et les


marques de l’autofiction ? Suite aux questions que nous avons posées, nous mettons
également comme hypothèse de recherche « L’écrivain » est un titre significatif qui met
l’accent sur l’importance de la vie de Mohammed Moulessehoul. Etonnée qu’un militaire
puisse être un écrivain, à la ligne d’un autre coté et d’un point de vue structurale, notre récit

8
se divise en deux chapitres seulement deux sont intitulés le premier « Les murailles d’El
Mechouar » et le sixième « L’ile Koléa ».

L’approche que nous utiliserons tout long de notre travail c’est l’analyse
sémiotique des personnages selon Philippe Hamon pour mener à terme notre projet d’étude
nous ferons appel à l’autobiographie et l’autofiction.

Pour atteindre nos objectifs, nous avons jugé utile de subdiviser notre petit travail
en trois parties :

Dans la première partie nous parlerons d’une manière générale du parcours


littéraire de l’auteur, mais de sa biographie, nous retracerons ses différents types
d’écritures, avec des lecteurs et des hommes de lettres et intellectuelles comme nous allons de
présenter l’œuvre et le résumé, en fin nous présenterons brièvement l’œuvre par rapport
l’histoire.

Dans la deuxième partie, nous allons aborder toutes les théories dont nous allons
avoir besoin durant notre recherche.

Nous allons commencer par voir tout ce qui concerne l’autobiographie nous allons
traiter la théorie et ses différentes et définitions.

Puis nous allons passer aux théories de serge Dobrovsky « l’autofiction est un
terme inauguré par serge Dobrovsky pour présenter son roman Fils 1977 » et de Philippe
Gasparini qui concernent l’autofiction et que nous allons expliquer aussi, et dans un deuxième
temps nous étudierons l’onomastie « l’interprétation des noms » et nous allons côtoyer la
théorie des personnages de Philippe Hamon, pour arriver à déterminer la relation entre
Yasmina Khadra et les personnages dans le roman.

Dans le troisième chapitre, nous analyserons l’œuvre en nous appuyons sur


l’autobiographie parce que c’est le point le plus importante dans notre travail, nous allons
chercher si notre œuvre est une autobiographie ou autofictionnelle ? Pour réussir notre étude
nous allons faire appel à la théorie de Philippe Lejeune, et nous allons appliquer la théorie de
Philippe Gasparini pour voir si le roman, répond aux exigences de l’autofiction ou pas. Nous
analyserons les noms des personnages en essayant de leur donner des significations avec
l’analyse sémiologique du personnage selon Philippe Hamon. Nous achèverons notre travail

9
par une conclusion générale, dans laquelle nous comptons répondre aux questions posées ci-
dessus. Dans conclusion qu’est en fait un constat de notre analyse.

10
Première partie :
L’auteur, sa carrière littéraire et son œuvre

11
I-1- Biographie de l’auteur :

Yasmina Khadra est l’une des plus importantes voix du monde arabe est un digne
ambassadeur de la langue française, ses romans sont traduits dans vingt deux pays et
rencontrent un intérêt grandissant. C’est un bédouin, né au Sahara, le 10-janvier-1955, à une
ville Kenadsa, historique, qui se situe au Sud- Ouest de wilaya de Béchar au sein d’une
famille nombreuse. Il descend d’une famille de poètes, les Moulessehouls qui gouvernent la
Saoura depuis huit siècles une famille quasiment religieuse.

Derrière le double prénom féminin « Yasmina Khadra » se cache un homme qui


1
s’appelle Mohammed Moulessehoul, un pseudonyme composé, en hommage aux femmes
algériennes, des deux prénoms, de son épouse .Mohammed Moulessehoul, est un ancien
officier supérieur de l’armée algérien qu’il a du quitter pour se consacrer entièrement à
l’écriture.

Son père lieutenant nombre actif de l’ALN 2 (l’armée de libération national)et d’une
mère nomade, il voulait faire de lui un soldat en l’envoyant des l’âge de neuf ans dans l’école
militaire ,où il fit toutes ses études avant de servir comme officier dans l’armée algérienne
pendant 36 ans .Durant la période sombre de la guerre civile algérienne, dans les années 90,il
fut l’un des principaux responsables de lutte contre l’AIS(Armée Islamique de Salut) puis le
GIA (Groupe Islamique Armée) en particulier à Oran .

Mohammed Moulessehoul choisit en 1997, avec son roman « Morituri » d’écrire sous
pseudonyme diverses raisons l’y poussèrent, mais la première c’est la clandestinité. Comme il
le dit dans une de ses interviews « propos étonnant dans la bouche d’un militaire, quand on y
songe ! » Lui permettra pour le moins d’en finir avec une sorte d’autocensure qu’il perçoit
dans ses premiers écrits .Il se doit donc de rompre avec le cadre rigide de la vie militaire.

S’interrogeant sur les causes qui l’ont poussées a camouflé sa véritable identité, il a
déclaré dans une interview diffusée sur une chaine française « visages inattendus de
personnalités », face à une journaliste française « la hiérarchie ne le voyait pas d’un bon œil.
En 1988, l’armée m’imposait comme un comité soucieux, j’avais refusé pas oralement mais

1
-M ohamed Ridha Bouguerra, Histoire de la littérature du Maghreb, Ellipses, 2010, p : 118.
2
-Achour Cheurfi, L’Anthologie Algérienne, Gasbah, 2005, p : 701.

12
au moi-même, j’avais décidé d’arrêter d’écrire mais ma femme m’avait encouragé à
poursuivre cette vocation. »1

S’interrogeant aussi sur son choix, d’un nom féminin Yasmina Khadra. Il a déclaré
dans une interview sur les raisons qui l’ont incité à choisir un nom féminin que tout
simplement parce qu’il éprouve une certaine admiration pour les femmes algériennes,
« j’admire leur courage et l’espoir qu’elles entretiennent. Mais aussi écrire avec ma situation
2
de militaire à l’époque était condamné à mort. »

Il ajoute dans une interview « d’un autre coté, je reste persuadé que le malheur des
notions arabo-musulmanes, vient exclusivement de la disqualification de la femme
.marginaliser, voire déprécier la participation de la femme dans la construction plurielle de
nos sociétés est une incroyable stupidité qu’il va nous falloir proscrire de nos mentalités.
Garder mon pseudonyme féminin est une façon, pour moi, de combattre apurés de la femme
arabo-musulmane, de lui dire tout le respect qu’elle m’inspire et tout l’amour que j’ai pour
3
elle. »

On l’interroge à propos de son écriture par la langue française et il répond : « je n’ai


pas choisi, je voulais écrire .en russe, en chinois, en arabe, mais écrire !au départ, j’écrivais
en arabe » et pour lui, arabe est fait pour la poésie et le français pour le roman.

Il a déclaré dans une interview : « je suis un écrivain français parce que je suis un
poète raté. »4

En1962, la famille Moulessehoul déménage à Oran. Mohammed n’avait que sept ans.
L’Algérie venait d’avoir son indépendance les chances de travailler étaient réduites, pour
assurer l’avenir de son enfant Mohammed, le père l’inscrivit à l’école des cadets d’El
Mechouar.

Il n’avait que neuf ans quand son père le confie à cette école militaire, pour faire de lui
un officier.

Dans les deux écoles (l’école militaire d’El Mechouar ensuite à l’école des Cadets de
la révolution) tout en menant sa carrière militaire, il entreprend d’écrire des livres au début

1
-Yasmina Khadra, Une interview ,13 mars 2014-54min –ajouté par KTOTV.www.youtube.com /Watch ?v=fahi2fnnnwjw.
Consulté le 18 avril 2014à 23 :54.
2
-Yasmina Khadra, Entretien avec Youcef Merahi, Qui êtes-vous Monsieur Khadra ? , Sedia, 2007, p : 19.
3
-Yasmina Khadra, file://D:/yasmina khadra .html. Consulté le 14 février 2014 à 00 :15.
4
-Yasmina Khadra, http:/www.youtube.com/watch?v=fahi2fnnnwjw. Consulté le 15 mars 2014 à 19 :45.

13
des années 80 mais ne connait la célébrité que quinze ans plus tard, grâce à ses romans
policiers publies sous le pseudonyme qu’il adopte en 1989 de Yasmina Khadra, les deux
prénoms de son épouse.

À l’école d’El Mechouar, il vivait dans un système rigide trop sévère : le clairon à cinq
heures du matin avec un matelas qu’il doit reverser, Mohammed avait toujours besoin de sa
famille et surtout de son père qu’il l’a oublie au jour de la visite parental.

À l’école des Cadets, il vivait dans l’enfer, il rencontra des enfants orphelins de la
guerre nationale, il était terrifié parce qu’il était encadré par des caporaux analphabète pour
accompagner ces enfants à un destin inconnu. Au même temps c’était l’endroit de ses
moments de joies, quand il a réussi son examen de sixième parmi les premiers ce qui lui
permit d’accéder à l’école des officiers.

En 1975, à l’âge de vingt sept ans il en obtenant son baccalauréat, il s’inscrit à l’école
militaire de Cherchell.

En 1987, il part en Espagne, avec sa femme, il fut invité par une association religieuse,
où il a donnée son point de vue sur le style des évangiles.

En septembre 2000, après trente six ans de vie militaire, Mohammed Moulessehoul
décide de quitter l’armée avec le grade de commandant, pour se consacrer à sa vocation :
l’écriture et choisi de s’exprimer en langue française, après un court passage au Mexique avec
sa femme et ses trois enfants .Il s’installe en 2001 en France à Aix-en Provence, où il réside
encore aujourd’hui. Il ne révèle son identité masculine qu’en 2001 avec la parution de son
roman « L’écrivain »1 , et son identité tout entière dans « L’imposture des mots » 2
, livre dans
lequel il justifie sa démarche.

Yasmina Khadra n’est pas le seul pseudonyme que l’écrivain a utilisé pour publier ses
écrits « Le commissaire Liob » est son autre pseudonyme qu’il a choisi pour signer ses polars
qui ont marqué sa carrière d’écrivain « Le dingue au bistouri 3 » et « La foire des foirés »4 ,dont
le personnage principale est le commissaire Brahim Liob.

1
- Julliard, Paris, 2001.
2
- Julliard, Paris, 2002.
3
- Laphomic, Alger, 1990.
4
- Baleine, Paris, 1997.

14
Le romancier signale avec « Les agneaux du seigneur »1 et « A quoi rêvent les
loups »2 , les transformations qui ont fait de l’Algérie la scène des terribles massacres
perpétrés sur la population civile.

Yasmina Khadra fait partie de la génération de : Aziz Chouaki (1951), Anouar


Benmakek (1956),Boualem Sansal (1949),Maissa Bey (1950).Cette génération est désignée,
par les critiques ,sous l’appellation : ‘’ écrivains de l’urgence ‘’ et à ce propos Yasmina
Khadra déclare : « Je ne suis pas un écrivain de l’urgence et je ne sais pas ce que ça
signifie.je suis seulement un romancier qui essaye de donner le meilleur de lui-même ,et qui
sans être obliger (…)touche des centaines et des centaines de milliers de lecteurs. »3

En 2001, il a déclaré dans une interview face au un journaliste E. Borgers : « je ne


parle toujours pas très bien le français …Avant c’était pire.Ca s’est amélioré depuis que
j’habite en France !j’ai toujours écrit en français, pour moi la relation que j’ai avec la langue
française est silencieuse …c’est une relation intériorisée textuelle, pas orale. »4

Cette langue était pour lui la langue de générosité. Au début sa relation avec le
français était restreinte car quand il était dans l’armée, il avait une inversion pour cette langue
.Il ne commence à l’apprendre qu’en arrivant sur le territoire français.

En 2007, il est nommé par Bouteflika « Directeur du Centre Algérien à Paris », lui qui a
toujours écrit contre le ‘sérail algérien’ est récupéré par le ‘‘système algérien’’ (comme Richelieu avait
créé l’Académie Française).

En 2014, Yasmina Khadra a annoncé son intention de se présenter à l’élection


présidentielle d’avril prochain en Algérie, était l’invité de l’émission « Grand angle » sur
TV5 Monde. L’occasion pour lui de revenir pour la première fois à la télévision sur ses
motivations et d’esquisser quelques lignes directrices de son projet pour le pays.

La biographie de l’auteur est utile pour cerner l’effet de réalité et l’effet de fiction
et pour déterminer le type de narration dans le corpus.

1
- Julliard, Paris, 1998.
2
- Julliard, Paris, 1999.
3
-Interview de Yasmina Khadra par Bouziane Benachour, El-Watan, 15 mai 2005, p : 06.
4
-Yasmina Khadra, Polar noir, une interview, 15 février 2005.polar noir .net 16 /Khadra-interview –html. Consulté le 24
janvier 2014 à 17 :35.

15
I-2-Bibliographie et différentes types d’écritures :

 Bibliographie :

Yasmina Khadra a écrit des romans sur des thèmes qui lui sont chers, traitant du combat
de l’homme contre l’injustice et pour la liberté1 .

Mohammed Moulessehoul a publie sous son pseudonyme Yasmina Khadra , « Le dingue


au bistouri » (Alger,1990 ;Flammarion) « La Foire des Enfoirés»(Alger,1993),
« Morituri » (1997) , « Double Blanc » (1997) ; « L’automne des chimères » (1998) aux
édition Baleine ;et « Les agneaux du Seigneur » (1998) ; « A quoi rêvent les loups » (1999), «
L’écrivain » (2001) ; « L’imposture des mots » (2002) ; «Les hirondelles de Kaboul »
(2002)aux édition Julliard .

Yasmina Khadra s’équilibre entre la simplicité d’écrire et la profondeur des idées, le


romantisme et le réalisme des deux bouts, ça fait en toussant toute génération, la nature d’une
œuvre qui décrit les origines de cet écrivain qui met sous lumière les conditions,
l’environnements, la nature qui fini par construire une telle personne surtout si c’est transmis
par elle-même.

Il a écrit ses six premiers romans en Algérie et en France sous son vrai nom Mohammed
Moulessehoul. Dans un souci de cohérence et de cohésion, pour la suite de nos travaux, nous
retracerons le parcours littéraire de Yasmina Khadra et l’ensemble de ses œuvres.

En 1984, il publie (Houria, Amen) aux éditions ENAL, Alger.

En 1985, il publie aussi chez la même édition « La fille du pont » et « El Kahira » en


1986.

En 1989, il publie chez la maison d’édition ENAL « Le privilège du phénix », en


une fable se basant sur deux personnages Liaz et Flen.

Chez la maison d’édition Laphomic, il publie « Le digue au bistouri » 1990, et « La


Foire des Enfoirés »en 1993 à Alger.

Après la publication de ses romans, il est détesté par la hiérarchie militaire. Il publia ses
premiers romans policiers « Morituri » en 1997, « L’automne des chimères »et « Double

1
-Cours donnée par M me Zeghibe, Littérature maghrébine, 3 ème année licence ,2011-2012.

16
blanc » en 1998, avec son personnage commun : le commissaire Liob, chez la maison
d’édition Baleine, Paris.

Il publie des romans policiers qui s’inspirent de la tragédie vécue par le peuple
algérien durant les années quatre vingt dix citons : « Les agneaux du Seigneur » et « A quoi
rêvent les loups », publiaient chez la maison d’édition Julliard.

Yasmina Khadra décide de révéler son identité réelle à travers ses premiers romans
d’inspiration En 2002, il publie chez la même édition ‘’l’imposture des mots’’ c’est-à-dire ses
trois romans : « L’écrivain », « L’imposture des mots », « La rose de Blida» sont réservés à
relater sa vie personnel, ses aventures, ses blessures, ses échecs, et ses premiers sentiments
d’amours.

Presque toutes les œuvres de Yasmina Khadra ont été récompensées : pour l’ensemble
de son œuvre l’Académie Française lui a décerné le Grand prix de littérature Henri Gal, prix
de l’institut de France 2011.

Après la publication de son roman L’écrivain, il prend la médaille vermeille de


l’académie française.

Il publie sa fameuse trilogie « Les hirondelles de Kaboul » 2002, «


L’attentat »2005, « Les sirènes de Bagdad » 2006 ; chez la même maison d’édition Julliard.
Pour le premier roman de sa trilogie, il reçut le prix Asie de l’association des écrivains de
langue française et pour le deuxième il reçut le prix Découverte Figaro Magazine – Fouquet’s,
et le prix des libraires pour le troisième volet.

En 2003, il publie chez Julliard « Cousine K » puis un an après « La part du mort »qui
signa la résurrection du commissaire Brahim Liob après son assassinat dans le dernier volet
de sa trilogie policière et il reçut le prix de polar francophone et le prix Beur Fm 2005 1 .

En 2008, il publie son fabuleux roman : « ce que le jour doit à la nuit » aux éditions
Julliard, loin de cette actualité sanglante2 , mais revisite un passe non moins douloureux, celui
de la période coloniale l’amour et impossible d’un algérien et d’une française.

En 2010, il publie « L’Olympe des infortunes», un an après « L’équation africaine »,


chez la même maison d’édition Julliard.

1
-Cité par Ismail Slimani dans son mémoire de magistère (l’Ecriture Autobiographique chez Yasmina Khadra : UN ACTE
DE RESILIENCE) ,2005-2006, p : 17.
2
- M ohamed Ridha Bouguerra, Histoire de la littérature du Maghreb, Ellipses, 2010, p : 118.

17
Deux ans après, il publie chez l’édition Casbah à Alger son roman « Les chants
cannibales ».

« Les anges meurent de nos blessures », sa dernière œuvre vu le jour en 2013 aux
éditions Julliard.

18
 Ses différentes écritures :

 Ecritures documentaires :

Au cours des années 1980, les trois œuvres pionnières de Yasmina Khadra « Le
privilège du phénix », « La fille du pont » et « El kahira », constituent indéniablement une
trilogie inédite dans une forme.

En effet, si elles sont traversées par une même thématique place dans une chronologie
historique de l’Algérie, sous l’occupation coloniale, les trois parties constituent cette trilogie
s’investissent, chacune dans un genre littéraire : un roman fort allégorique avec le privilège du
phénix, un recueil de nouvelles proches du récit regroupées sous le titre , « La fille du
pont »,et un témoignage sur les premiers condamné à mort des résistants algériens dans les
premiers années de la guerre de libération nationale.

Ce recueil de nouvelle entretient consacrée aux rêves impossibles de l’enfance


algérienne dans les premières années de la conquête coloniale,

Et recouvre, peint et dénonce les désastres affectifs contenus dans la nouvelle qui
donne son titre au recueil La fille du pont.

Garçon de ferme ; Khemmas, joueur de flute, les jeunes protagonistes découvrent


l’amour, l’amitié et la beauté dans un monde d’expropriation et de violence.

L’allégorie qui construit l’univers du privilège du phénix partage ses espaces dans
« La fille du pont », avec la réalité historique.

« Le privilège du phénix », « La fille du pont» et « El kahira » constituent une fresque


de la terre algérienne, de la conquête coloniale à la guerre de libération.

Ses récits enregistrent dans un cadre historique documentaire.

 Ecritures autobiographiques :

Le romancier centre son intérêt sur la représentation de sa vie personnelle, une


situation sociale précise, l’injustice, la violence…avec l’utilisation du pronom personnel
« je », il revient aussi à « légitimer son travail mémoriel »1 .La personnalité de Yasmina
Khadra est divisée en morceaux dans chacun de ses romans on trouve une partie de son être :

1
-Philippe Gasparini, Est-il je ? Roman autobiographique et autofiction, Seuil, Paris, 2004, p : 339.

19
 L’écrivain :

En 2001, Yasmina Khadra a décidé de révéler sa véritable identité son vrai nom
Mohammed Moulessehoul, une jeune nation, neuf ans confie par son père à l’école
nationale des cadets de la révolution, y reçoit une éducation spartiate faite de brimades,
de discipline et de solitude, c’est vers 11ans qu’il découvre sa passion pour l’écriture. 1

 L’imposture des mots :

Yasmina Khadra dénonçait l’Algérie de l’intégrisme, islamique et des massacres,


l’ancien officier s’est retrouvé, par un incroyable retournent de situation, sur le banc des
accuses .Le témoin révulsé de la barbare en devenait un complice honteux, sinon un
acteur, l’écrivain s’explique avec humour, face à ses doutes de créateur et à la montée
2
créneau de ses détracteurs.

 La rose de Blida :

Dans ce roman Yasmina Khadra raconte comment il a vécu ses sentiments d’amour
quand il était un enfant à l’école militaire d’El Mechouar ,pour lui cette femme qui était
comme une espèce de lumière qui a figuré dans sa grisaille, parce que ce garçon qui vit
dans une univers carcéral qui l’interdit de voir les choses qu’il voit devant lui. Cette
femme révèle en lui l’existence après une grande désespérance du monde .Il évoque ses
premiers sentiments d’amours, il décrit cette femme dans son roman « La première fois
que je l’ai vue je sortais de la prison de l’école ma couverture enroulée sur l’aisselle mon
oreilles sous l’autre bras. Elle était belle comme un rêve impossible, presque irréelle
dans son tailleur blanc, les mains croisées sur la poitrine et le regard insaisissable.je ne
3
souviens pas d’avoir vu créature plus faxinante avant. »

 Ecriture psychologique :

Yasmina Khadra saute de l’écriture autobiographique à l’écriture psychologique.

 Cousine K :

1
- Pocket n°11485.
2
-Pocket n°11743.
3
- Yasmina Khadra, La rose de Blida, La lune, Paris, 2005, p : 09.

20
« Cousine k était belle portant .lorsque je pense à elle, ses grands yeux s’effacent derrière sa
cruauté .qui était –belle ?un ange, un démon, les deux à la fois ?que dois –je garder
d’elle ?sa grâce ou sa vilenie ?en vérité, je peux tout garder comme je peux tout rejeter. »1

Cousine K un court roman qui raconte l’histoire d’un jeune algérien 2 blessé par
l’oublie de son père et l’absence de son frère adoré, il souffert de l’indifférence de sa mère et
de la préférence de celle-ci pour son frère adoré, la solitude, le rejet de sa cousine k. Cette
dernière qui évoque chez lui une déception qui le mènera à la folie meurtrière.

 Sa fameuse trilogie :

Yasmina Khadra qui fait le succès de sa fameuse trilogie, centrée sur les problèmes
politiques avec un point de vue occidental.

 Les Hirondelles de Kaboul :

Est le premier volet de sa trilogie, L’histoire se passe en Afghanistan la capitale de


Kaboul qui est sous le joug des taliban et la ville sombre peu à peu dans la folie, les hommes
fanatiques et violents s’en prenant aux femmes qu’ils humilient. Zunairat ne supporte plus son
épouse, Mohsen, qui ne s’oppose même pas au nouveau régime. Lorsqu’il meurt après une
dispute violente, Zunairat est accusée de l’avoir tué, ce monde ne connaitra le salut et la
félicité que lorsque les Hirondelles auront fait le printemps.

 L’attentat :

Le deuxième volet de sa trilogie, ce roman aborde de façon originale le thème de


conflit Israélo-palestinien, malheureusement encore d’actualité, et qui dure depuis trop
longtemps, une opinion internationale divisé et inefficace pour faire cesser l’affront que subit
le peuple Palestinien.

Il veut raconter l’histoire d’un couple palestinien vit dans la ville de Tel Avive, Amin
Jaafari et Sihem .L’époux est un chirurgien israélien d’origine arabe, consacre son temps à
son travail et l’épouse et calme ne s’intéresse pas aux problèmes des autres .cette derrière qui
participait à un attentat à Tel –Avive ce que fait choc à son marie qui restait toujours en pensé
sur les causes qui lui pousser à faire ce crime.

1
-cours donné par monsieur Lalaoui Adel, grammaire- textuel ,1ère année master, 2012-2013.
2
-Pocket n°12271.

21
L’histoire se termine par la mort du docteur lors d’un bombardement commis par les
Israélien prés de la mosquée contre l’imam, et cela parce qu’il tenter d’empêchait sa cousine
de se faire tuer.

 Les Sirènes de Bagdad :

Est le dernier volet de la trilogie que l’auteur consacre au dialogue de sourds opposant
l’orient et l’occident .Ce roman situe clairement l’origine de ce malentendu dans les
mentalités. Il raconte l’histoire d’un jeune bédouin est partie en Bagdad afin de continuer ses
études pour venger l’honneur de son père, il décide de rejoindre Bagdad et les fédayins, il
rejoint un groupe des jeunes terroristes de son village, qu’ils l’envoient à Beyrouth pour le
préparer à la grande mission plus grande même que les événements du 11 septembre, c’est la
transmission d’un virus à Londres ,une fois après avoir eu le virus dans son corps ,il laisse
passer son avion puisqu’il aperçoit qu’il faut combattre l’ennemi et n’ont pas les innocents?

 Ecriture de violence :

Avec ‘’ les Agneaux du Seigneur’’ , Yasmina Khadra signale les transformations qui
ont fait de l’Algérie la scène des terribles massacres perpétrés sur la population civile ,car ce
roman raconte les bouleversements de GHACHIMAT, l’histoire d’un petit village qui bascule
dans la barbarie et la violence à cause du retour d’un jeune prisonnier CHEIKH ABBAS .Ce
imam a introduit les idées des frères musulmans dans la vie banale des habitants qui se
déchirent et se divisent par la nécessité du choix de la voie entre pro et non islamistes.

Les Ghachimatois semblent disparus et plongés dans le tourbillon de la terreur, le


rouge et le noir ont tracé leurs vies ou la vie humaine devient moins que rien avec l’arriver du
FIS. Ce n’était pas facile de se marier, il fallait s’affronter secrètement pour obtenir la main
d’une jeune fille, une sorte de compétitions et de jalousie sur les jeunes de cette bourgade.

22
I-3-Critiques et jugements des lecteurs et des Hommes de lettres :

La critique littéraire qu’elle soit celle parue dans la presse nationale ou étrangère, dans les
revues spécialisées ou générales, traduit bien la place que s’est procuré Yasmina Khadra au
sein de l’univers littéraire en tant qu’écrivain consacré :1

À propos de Yasmina Khadra lui-même :

Connu et salué dans le monde entier, Yasmina Khadra est traduit dans vingt-cinq pays ; il
explore inlassablement l’histoire contemporaine en militant pour le triomphe de
l’humanisme.2

-Le monde de TV5 : « Le prix Nobel de littérature 2003, le sud –africain .J.M Coetzee,
le considère comme un des écrivains majeurs d’aujourd’hui .Yasmina Khadra est devenu
l’une des voies les plus importantes du monde arabe, et ses œuvres rencontrent un intérêt
grandissant. »

C’est en rapport avec les thèmes brûlants et d’actualité, mettant en relief l’intégrisme et ses
conséquences.

-El Watan : « Yasmina Khadra est à l’étroit dans son pays, il est un écrivain
contemporain majeur, sans frontières, sinon celles de la littérature. »

Sa littérature est celle de l’urgence et du constamment neuf concernant l’intégrisme.

-L’express : « Yasmina Khadra est un romancier qui écrit avec les braises de notre
temps. Il calque ses songes sur les convulsions du monde et campe ses décors la où la terre et
les hommes brûlent. »

Il écrit des sujets d’actualité où le terrorisme intégriste est toujours présent, il capte
l’intérêt surtout de l’occident chrétien avide d’en savoir toujours plus sur l’intégrisme et le
terrorisme.

1
- Samira Ben Daamouche, M émoire du diplôme de magister dans « Yasmina Khadra : un humaniste contemporain dans un
contexte idéologique et politique de conflits et sa stratégie de succès »2008-2009, p : 112.
2
-Yasmina Khadra, Etretien avec Youcef Merahi, Qui êtes –vous Monsieur Khadra ?, Sedia, 2007, p : 01.

23
-Le Nouvel observateur : « Contre un manichéisme simpliste, Yasmina Khadra a pris
le parti de la complexité historique et de la nuance psychologique. C’est dire que ce
talentueux romancier politique et aussi un grand humaniste. »

Il dénonce tout ce qui se fait comme abus et destructions au nom de l’Islam qui n’a
jamais prôné cela.

-La liberté : « Rarement un écrivain a su mettre au jour avec autant de clarté et de


pénétration la complexité des comportements et des situations dans les sociétés
musulmanes déchirées par l’intégrisme religieux. »

Cela tient au fait qu’il est d’abord musulman ,qu’il connait ses préceptes d’une part et
d’autre part ,il faut souligner qu’il a été un acteur de premier plan pour avoir combattu lui-
même ce phénomène .Il a eu à analyser les comportements de ses semblables mal
endoctrinés et exhortés à la violence .

L’écriture de Yasmina Khadra est un lyrisme étourdissant .Il use et abuse d’effet de
rhétorique qui prodiguent au récit une richesse de la langue est une expressivité
particulière, traduisant le style et la personnalité de l’auteur :

Ce que résume la formule célèbre de Bouffon : « Le style est l’homme même. »1

Toutes ses œuvres rencontrent un accueil phénoménal tut après du public qu’après
des critiques, Jean Déjeux dira de Yasmina Khadra : «…et quelle plume ! Enfin on sort des
conventions et des précautions : critique de la société pourrie, style enfiévré, argot
savoureux, clin d’œil par –ci, par-là, de la tendresse aussi .Pour la première fois voila
donc un polar à la hauteur, la pudibonderie et la respectabilité volant en éclats. »2

Ces propos sont relatifs, d’autant que cet auteur a par le passé, émis des réserves
concernant nos écrivains de 1990. Il faut noter qu’il y a de sa part une quête à l’exotisme.

L’écriture Khadarienne peut designer aussi une écriture blanche, un concept forgé par
Roland Barthes dans le degré zéro de l’écriture pour designer cette manière qui se veut le
plus neutre possible.

1
-Georges-Louis le clerc de Buffon, Discours sur le style prononcé à l’Académie française ,25 Août 1753.
2
-Jean Dejeux, La littérature Maghrébine d’expression française, Paris, PUF, 1992cité par Burtscher Bechter, in
Algérie /action n°31/32 cité p : 227.

24
« Créer une écriture blanche, libérée de toute servitude à un ordre marqué du langage 1 »
Cette opinion rejoint la précédente qui se libère des convenances pour dire crument les
choses.

Au contraire de ces commentaire Rachid Boudjedra n’a pas changé d’avis sur
l’écriture de Yasmina Khadra ,il déclare : « Yasmina Khadra n’est pas un écrivain .Et je le
dis en tant que lecteur » a déclaré l’auteur des 1001 années de la nostalgie ,hier lors d’un
débat à la salle Ali Maâchi ,au Palais des expositions des Pins maritimes ,à l’Est de la
capitale ,à la faveur du 17ème salon international du livre d’Alger (sila) « je vous demande
son avis à Yasmina Khadra sur ce qu’il pense de moi .Je refuse de polémiquer. »

C’est un point de vue d’écrivain qui s’exprime comme lecteur ; un avis disputé qui
demande éclaircissement si ce n’est qu’il se refuse à polémiquer.

Les qualités de l’œuvre notamment celles de la biographie, et les conditions de la


tragique disparition, de l’homme font que Yasmina Khadra est probablement le plus
connus de nos écrivains et aussi l’un des romanciers les plus fameux. Au sujet de sa
fameuse trilogie, les lecteurs sont écrits :

À propos de son roman « L’attentat » :

« Khadra raconte un attentat terroriste en Israël pour mieux comprendre l’impasse


de l’islamisme »Thomas Régnier, le nouvel observateur.

Il est vrai que L’attentat et surtout le climat sociopolitique que ressemblent,


notamment pour les oppositions religieuses (judaïsme et islam).

« Nous tenons avec Yasmina Khadra, un écrivain capital .Il y’a du camus dans cette
œuvre puissante et impressionnante, d’une justesse »Jean –Claude Raspiegeas, La croix.

C’est un écrivain de talent qui raconte des événements vécus dans diverses régions du
monde (Afrique, Asie…) sa ressemblance avec Camus est qu’il se place comme enfant de sa
terre qui raconte sa peine de voir son pays en destruction.

« L’attentat est une tragédie antique » disait Jean –Luc Douin, le monde.

1
-Roland Barthes, Le degré zéro de l’écriture, Seuil, Paris, 1953et 1972, p : 55.

25
« Le portrait saisissant d’un pays rongé par la terreur, une belle réflexion sur le
fanatisme et ses essors » Mohammed Aissaoui, Le figaro.

Il est vrai que la narration est tellement précise et passionnée qu’elle fait adhérer le
lecteur aux misères vécues :

« Peu d’écrivains étaient jusqu’à présent parvenus à une telle représentation de la


complexité des histoires, individuelles et collectives, l’attentat frémit de vérité humaine » Jean
–Claude Lebrun de L’humanité.

C’est un témoignage objectif qui traduit une vérité contemporaine polarisée par deux
extrémismes religieux (judaïsme et islam)

« Ce qu’il a de bien avec Khadra c’est qu’il laisse le mystère conduire son
récit » Daniel Rondeau, L’express.

Ce journaliste met en relief l’intrigue que sait entretenir Yasmina Khadra chez ses
lecteurs.

« Récit de la dérive d’une palestinienne vers le terrorisme, l’attentat est un des


romans les plus réussis de la saison » Etienne de Montety, Le Figaro Magazine.

Il est fait allusion au fanatisme qui conduit à la violence.

« À travers son héros magnifique, Yasmina Khadra explore les relations israélo-
palestiniennes. Passionnant »Valérie Marin la Mesleé, Le Point.

Le héros en question se situe entre deux religions et deux cultures, bien qu’il soit
musulman, il vit dans une société juive où il s’intègre pleinement.

« Ce roman est une petite bombe l’un des livres les plus dérangeant et les plus réussis
de cet automne » Jérôme Bélgé du journal Paris Match.

Il est vrai qu’écrire un pareil roman, c’est raviver encore plus les tensions .C’est pour
cela qu’il est semblable à un bombe et c’est pour cette même raison qu’il est réussir :
beaucoup lu, beaucoup médiatisé.

« Dans l’attentat, son nouveau chef d’œuvre, Khadra raconte en mots simples et forts
le scénario atrocement banal qui tisse l’actualité de l’horreur. Son roman, algérien, arabe,
musulman, universel, est un acte de résistance » Martine Gozlan de la Marianne.

26
Qualifié de chef-d’œuvre,’’L’attentat’’ est exprimé ici par des oppositions (mots
simples /forts-atrocement /banal) et des récurrences progressives (algérien, arabe, musulman,
universel). Il est considéré comme une résistance, un engagement.

« On ne parler pas ici de beauté, le terme serait à juste titre déplacé .Mais l’attentat
frémit de vérité humaine, ne cède rien de cet humanisme lucide qui anime chacun des livres
de Yasmina Khadra, il confirme un art magistral de se saisir d’un sujet brulant et de le mettre
en scène, jusque dans ses plus insupportables contradictions » 1 J.C. Lebrun, L’Humanité.

Certes, le mot ‘’beauté’’ n’est pas admis quand on raconte l’horreur .Mais l’opinion
rejoint celle de J-C Lebrun (l’humanité), qui reprend la même expression ‘’frémit de vérité
humaine’’.le connotation de l’humanisme y et aussi présenté.

À propos de son roman « Les Sirènes de Bagdad » :

« Amener deux civilisations qui se méconnaissent à entrevoir une aitre issue que la
violence, c’est la voie que s’est fixée Yasmina Khadra …la langue de Yasmina khadra pétrit
le français dans la glaise de l’arabe parlé. Elle surprend par ses images, enchaine comme
une respiration : le lecteur devient littéralement le narrateur, il va rouler avec lui au bord du
gouffre. » Nadine Sautel, le Magazine Littéraire2

Le but de Yasmina Khadra est de présenter deux civilisations qui se repoussent et se


battent le style de cet auteur provient du français adopté au dialecte arabe pour mieux traduire
les scènes qu’il raconte .il tient son lecteur en haleine et le laisse conduire lui –même la
narration, car il a l’impression de vivre les événements racontés.

À propos de son roman « L’imposture des mots » :

«C’est le témoignage abrupt d’un être partagé entre deux identités, c’est le récit
d’une réconciliation d’un homme avec lui-même, dans une langue à la fois brutale, poétique
et imagée. » 3

En effet, il y a le militaire et l’écrivain, c’est cette double identité qui emprunte à la


rigueur et à la finesse (poésie).

1
-J.C. Lebrun, L’Humanité, 14 octobre 2005.
2
- Nadine Sautel, Le Magazine Littéraire, Octobre 2006.

3
-M alaura, Le Magazine Littéraire, 5mai 2011.

27
À propos de son roman « Le dingue au bistouri » :

« Le style très percutant de cet auteur, son immense richesse de vocabulaire, ses
formules à l’emporte-pièce, qui ne manquent pas d’humour mais sa façon incomparable
de brosser la caricature impayable d’un personnage, le dingue au bistouri n’est sans doute
pas la meilleur œuvre de Yasmina Khadra elle est moins forte que l’attentat, les sirènes de
Bagdad … » Fava 17 octobre 2010.

C’est la reconnaissance d’un auteur de talent que traduisent les expressions utilisées, les
scènes décrites avec détail, où l’humour n’est jamais absent .Les thèmes d’urgence
(intégrisme, religieux, terrorisme) s’expriment avec plus de force que « Le dingue au
bistouri ».

28
I-4-Présentation et résumé de l’œuvre :

 Présentation de l’œuvre :

« L’écrivain » est le quatorzième roman de Yasmina Khadra, il est publie sous ce


pseudonyme alliant les deux prénoms de sa femme, aux éditions Julliard, en 2001, où
Yasmina Khadra révèle pour la première fois son identité masculine de Mohammed
Moulessehoul ; il se compose de 286 pages et de 12 chapitres seulement deux sont intitulés le
premier « Les murailles d’El Mechouar »et le sixième « L’ile Koléa ».

Le roman commence avec une dédicace « Aux cadets, avec toute mon affection » 1 et
juste après une citation du roman « À quoi rêvent les loups » « De mes torts, je n’ai pas de
regrets .de mes joies, aucune mérite .L’Histoire n’aura que l’âge de mes souvenirs, et
2
l’éternité, la fausseté de mon sommeil. »

Le titre « L’écrivain » n’évoque pas le contenu du roman car il parle juste de sa


jeunesse jusqu’à ce qu’il obtient son bac et non pas de son aventure littéraire, signalons que ce
roman a eu une médaille de vermeil de l’académie française.

 Résumé de l’œuvre :

C’est un roman qui nous relate les souvenirs et les expériences vécues par Mohammed
Moulessehoul en 1964, il sera conduit par son père à l’école des cadets d’Oran à Tlemcen,
jusqu'à « L’école d’El Mechouar », l’auteur relate le voyage avec les yeux des l’enfant qui vit
sa première déchirure avec sa famille de laquelle il se sentait abandonné .Il plongé dans
l’univers aride de pensionnant, et ne comprenais pas ce qui lui arrivait.

Après la période de sixième, Mohammed se retrouva seul, au lycée, car on le sépara


de son ami Moumen qui avait échoué et avait quitté l’école d’El Mechouar pour aller à l’école
de Koléa où il fit les connaissances de nombreux amis trouve de nombreux amis avec qu’il
parla de la littérature et de l’écriture. En tant que militaire il a pris l’identité (matricule
561), en même temps ses parents divorcèrent ce qui le manque .Il se sentit tel un orphelin
adopté par l’armée ,des lors l’auteur a perdu l’envie d’étudier et devint un faible dans toutes
les matières sauf en arabe .Mais cela ne le laisse pas être démoralisa pas au contraire ,il a
continu son cursus grâce aux gens qui lui ont prêté la mainforte pour apprécier la langue

1
-Yasmina Khadra, L’écrivain, Julliard, Paris, 2001, p : 10
2
-Sid Ali, À quoi rêvent les loups, cité dans L’écrivain, p : 10.

29
française et à la perfectionner citons : Mr David qui est son professeur de français ,ainsi que
Mr Kouadri et son ami Ghalmi qu’il l’a rester dans l’armée .Mohammed Moulessehoul parle
de ses premières pas dans la littérature et ,cita ses premiers textes réadaptation de « Petit
Poucet » rédigé en arabe « Le petit Mouh »,ainsi qu’il a décrit un autre texte intitulé « Bahia à
Bahi ».

L’auteur n’oubliait pas de lever le voile sur ses relations amoureuses, du sa première
relation avec sa cousine qu’il nomma K, de sa relation avec Leila, qui ne dura pas longtemps.

Il raconta se qui se passa après qu’il eu passé son bac, son père le menaça de le
situer s’il ne continua pas dans l’armée, c’est donc pour cette raison au moment, où il a
obtenu son bac avec mention dont il a eu beaucoup de difficulté avec l’arabisation des
matières (math et philosophie) ,il rejoint l’académie de Cherchell pour devenir un grand
officier dans l’armée algérienne.

30
I-5-Le contexte historique :

Dans ce roman, Yasmina Khadra relate presque touts les événements qui a connu
l’Algérie, après l’indépendance à partir de 1964 jusqu’aux années 2000.

Il parle de ses origines en bédouins, et le mot bédouin1 tire son étymologie du mot
arabe « Bedewe » qui veut dire l’oppose de celui qui habite les villes. On peut aussi le définir
par campagnard, puisqu’il habite la compagne et qu’aussi il campe et change de lieu.

Et les bédouins se devisent en deux classes, ou pour mieux dire, en deux peuples
distincts ,ceux qui habitent la pleine, sont de vrais arabes qui tirent leur origine de l’orient et
descendent de différentes tribus arabes .cette classe parle la langue arabe ,ceux qui habitent
les montagnes ou les lieux escarpés, sont les vrais berbères ou kabyles, dont le langage est
différent de celui des arabes.la distinction est notable entre les deux langues .Par exemple en
arabe pour exprimer le mot homme ,on dit « rajoul » ,et en berbère, « argaz » ;et en parlant
d’une pierre ,on dit en arabe « hajar », et en berbère « adghagh » ,etc.

Il fut parla aussi de son une expédition à Blida2 , ville qui se trouve au pouvoir et sous
la protection des français, et, comme à Ouffia, les habitants furent massacrés.les habitants de
Blida étaient soumis aux français, lui au contraire des au : les français les ont abandonnés au
ressentiment de ces derniers, et les ont laissés périr sans leur procurer aucun moyen de
défense.

De Blida Yasmina Khadra décrivit le Sahara, où les habitants de cette région ne


connaissent point les costumes européens, excepté ceux d’entre eux qui vont dans les villes
situés sur le bord de la mer comme Alger .On trouve au milieu du Sahara quelques villes,
comme Biskra ,Mzab, Laghouat, Béchar ,…etc. Cette dernière ville est bâti sur des ruisseaux
ou des sources ;elle est sous la juridiction de cheiks de Sahara, à qui les habitants paient une
contribution ,et le rôle de ce chef était de protéger les habitants de cette ville .

Le Sahara ou le désert, est un pays sablonneux, on y aperçoit de temps à autre une


montagne très élevée et cette même montagne disparait en un clin d’œil, étant formée de sable
et non d’un corps solide. Le vent fait et défait des montagnes à son gré ; il forme des plaines
et des collines, on ne trouve ni arbres, ni pierres, ni fleuves ; aucun signe pour se reconnaitre
1
-H. Khodja, Le miroir .aperçu historique et statistique sur la régence d’Alger .Introduction d’A.Djeghloul, Sindbad, Paris,
1985, p : 45.
2
-Ibid, p : 70.

31
malgré tout ça les gens de Sahara sont généreux, il est confirme par l’auteur : « les gens du
sud sont extraordinaires de bonté et de générosité, dit-il. C’est un bonheur de s’oublier dans
les oasis de Taghit, Igli, Kerzaz et Kenadsa. » 1

2
Comme tout régime politique, le régime algérien joue de la correction et de
l’adhésion pour assurer sa stabilité, sinon sa légitimité. La correction a toujours été minime en
Algérie, si on la compare à ce qui est comparable, à savoir tous les régimes du tiers monde,
spécialement les régimes militaires, c’est donc que l’adhésion populaire y est relativement
supérieur .Il semble qu’il faillait à voir là deux raisons principales : le nationalisme et la rente
minière. Il n’y a aucune raison de douter de la sincérité de Boumediene lors qu’il proclamait
vouloir faire le bonheur de son peuple, il a dit ses parole à l’école des cadets : « vous êtes
l’Algérie de demain .je vous sais capables de relever tous les défis

Ce n’étaient pas des fleurs…

Les fleurs viendront plus tard, se recueillir sur la tombe des serments terrassés par la
démesure criarde et l’impudence des slogans3 . »

Plusieurs conséquences découlent du succès de la première phase de la stratégie de


Boumediene, permet ses conséquences : la croyance que le nationalisme ne peut réussir que
s’il est techniquement à la hauteur ,de la découle la modernisation de l’armée et inversement
l’alliance de la technocratie civile au pouvoir militaire, car l’Algérie est une dictature militaire
« depuis l’indépendance ,en 1962l’armée ,à travers son commandent et ses services de
renseignement ,est le véritable détenteur du pouvoir en Algérie. » 4

« Le pouvoir politique est inhérent à toute société : il provoque le respect des règles
qui la fondent ; il l’a défend contre ses propres imperfections ; il limite en son sein les effets
de la compétition entre les individus et les groupes. »5

« L’islam est ici comme partout religion de mode de vie, c’est également un élément
fondamental d’enracinement national et d’identification culturelle »6 . Il est aussi au centre de
la vie sociale ,le mois sacré du ramadan est d’ailleurs l’occasion d’une intensification des
relations familiales et d’une communion nationale accrue ,la vie individuelle a donc à se

1
-Yasmina Khadra, L’écrivain, Julliard, Paris, 2001, p : 196.
2
-Louis Blin, L’Algérie du Sahara au sahel, L’ Harmattan, Paris, 1990, p : 45.
3
Yasmina Khadra, L’écrivain, Julliard, Paris, 2001, p : 189.
4
-Akram B .Ellyas « les notes de l’IFRI »n°37,2002.
5
-Georges Balandier, Anthropologie politique, Paris, P.U.F., 1969, p : 43.
6
-Bernard Gubertafond, L’Algérie contemporaine, Vendôme, Paris, 1981, p : 20.

32
fondre dans une vie collective prédéterminée par l’islam tout à la fois racine et enveloppe
sociale ,dans des conditions ,la crainte sociale est très forte .Yasmina Khadra déclare ça dans
son œuvre : « L’événement eut lieu une nuit de ramadan ,à l’heure du s’hour, dernier repas
avant l’observation du jeûne .» 12

1
-Yasmina Khadra, L’écrivain, Julliard, Paris, 2001, p : 224.

33
Deuxième partie :
Théories et techniques analytiques

34
Introduction :
La notion de genre en littérature et assez insaisissable selon l’encyclopédie encarta1
bien qu’existante depuis Aristote. Qu’elle s’attache à la forme, à l’objet ou combine les deux,
elle a toujours suscité l’intérêt des plus grands écrivains et critiques, qui ont cherché à la
théoriser, à la comprendre ou même à la rejeter. Face à la passion qu’elle déchaine, surtout
depuis le XXe siècle, elle n’a pourtant jamais cessé de s’imposer comme une des façons, peut-
être la plus naturelle, de classer et de catégoriser des œuvres littéraires.
Au XXe siècle, la notion de genre pose un véritable problème aux critiques et
théoriciens littéraires et toutes les questions qu’elle soulève restent sans réponse évidente et
partagée malgré les différentes tentatives d’approches. C’est une réelle querelle qui nait pour
définir si la notion de genre existe ou non.
Selon Tzevetan Todorov, les genres sont :

« Des unités qu’on peut décrire de deux points de vue différents, celui de l’observation
empirique et celui de l’analyse abstraite .dans une societé, on institutionnalise la récurrence
de certaine propriétés discursives, et les textes individuels sont produits et perçue par rapport
à la norme que constitue cette codification.»2

Le critique Hans Robert Jauss affirme que les genres se transforment dans la mesure
ou ils participent de l’histoire et ils s’inscrivent dans la mesure ou ils se transforment :

« Les genres majeurs et mineurs consacrés ne sont pas les seuls que l’on puisse réunir
et décrire dans des variantes historique. »3

Chaqu’un inventa de nouvelles règles Todorov par exemple déclare :

« L’œuvre présuppose nécessairement une règle : mais aussi que, à peine reconnu
dans son statut exceptionnel, cette œuvre devient à son tour, grâce au succès de librairie et à
4
l’attention des critiques, une règle.»

1-M icrosoft R encarta R 2009-C 1993-2008 M icrosoft corporation.


2
-Tzevetan Todorov, Les genres du discours, Seuil, Paris, 1978, p : 49.
3
-Gérard Genette et Tzevetan Todorov, Théorie des genres, Seuil, Paris, 1986, p : 43.
4
-Tzevetan Todorov, La notion littérature, Seuil, Paris, 1987, p : 29.

35
II – 1- L’autobiographie :

Le mot « autobiographie » apparait au XVIII siècle en Angleterre et en Allemagne, il


est Formé de trois mots grecs, désignant : auto (soi-même), bio (vie), et graphie (écrire), ce
néologisme apparait en France en 1830 pour remplacer le mot « mémoires », mettant l’accent
non sur l’histoire collective, mais sur l’histoire individuelle du mémorialiste.

L’autobiographie est donc un genre littéraire qui sert à désigner le récit qu’une
personne fait de sa vie.

Le genre autobiographique fait actuellement l’objet d’une dissémination, d’un


élargissement générique dont l’une des manifestations nous semble être la présence de plus en
plus fréquente d’images aux côtés des textes1 autobiographique, un genre littéraire de l’époque
moderne, que l’on s’accorde à faire naitre avec les « Confessions » de J.J.Rousseau dans la
deuxième partie du XVIII e siècle2 ,dans l’incipit desquelles l’auteur souligne le caractère
innovateur de son projet

« Je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemple et dont l’exécution n’aura point
d’imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et
cet homme ce sera moi.»3

Ainsi, dans les années soixante-dix, la réflexion sur l’autobiographie a été enrichie par
les travaux de Philippe Lejeune comme « un récit rétrospectif en prose qu’une personne
réelle fait de sa propre existence, lorsqu’elle met l’accent sur sa vie individuelle, en
particulier sur l’histoire de sa personnalité »4 .

Il faut bien, dès l’abord, qu’il ait pris conscience de lui-même, qu’il sache se
reconnaitre et accepte son identité5 .

La définition proposée par Philippe Lejeune repose sur quatre critères différents 6 :

1-La forme du langage qui est soit en vers soit en prose.

1 - Françoise Simonet-Tenant, Le propre de l’écriture de soi, Corlet, France, 2007, p : 55.


2 - Lauce Camus, L a littérature française de A à Z, 2006, p : 13
3-Sylvie Jopeck, La photographie et l’ (auto) biographie, Gallimard, Paris, 2004, p : 07.
4 -Philippe Lejeune, Le pacte autobiographique, nouvelle édition augmentée, Seuil, Paris, 1975, p : 14.
5 -Robert Ferrieux, La littérature autobiographique en Grande- Bretagne et en Irlande, Ellipses, Paris, 2001, p : 73.
6 - Philippe Lejeune, Le pacte autobiographique, nouvelle édition augmentée, Seuil, Paris, 1975, p : 14.

36
2-Le thème et le sujet de l’œuvre : l’histoire d’une vie ou d’une personnalité réelle. Le
lecteur lit l’autobiographie comme si l’auteur lui demande de bien croire que c’est de sa
propre vie qu’il parle.

3-Situation de l’auteur :(identité de l’auteur) : le nom de l’auteur renvoie à une personne


réelle, le personnage principal et le narrateur ont la même identité.

4-Position du narrateur

-Identité du narrateur et du personnage principal; l’énonciation est en « je ».

-perspectives, rétrospectives du récit : la charge mnémonique est capitale.

« Est une autobiographie, toute œuvre qui remplit à la fois les conditions indiquées
dans chacune des catégories, les genres voisins de l’autobiographie ne remplissant pas
toutes les conditions »1 .

Ses critères font la spécificité d’une roman autobiographie.’’L’écrivain ‘de Yasmina


Khadra est un roman autobiographique.

Le tableau fait par Gasparini nous aidera dans notre travail. 2

Identité Autres Identité contractuelle


Onomastique Opérateurs ou fictionnelle
Auteur-narrateur d’identification (vraisemblance)
héros

Autobiographie Nécessaire nécessaire contractuelle


(confession)
Autobiographie fictive Disjonction disjonction disjonction
Autofiction Facultative nécessaire fictionnelle
Roman Facultative (souvent Nécessaire Ambigüité, indices
autobiographique partielle, parfois complète) -Le nom contradictoires.
Identité onomastique Mohammed -il relate des détails
Complète Moulessehoul subtils : ce qui mène
Auteur=narrateur=héros l’école des cadets. en relief la notion de

1 -Philippe Lejeune, Le pacte autobiographique, nouvelle édition augmentée, Seuil, Paris, 1975, p : 14.
2
-Philippe Gasparini, Est-il je ?, Roman autobiographique et autofiction, Seuil, Paris, 2004, p : 27.

37
Yasmina Khadra Il nait à Kenadsa l’inconscient.
Mohammed Moulessehoul Sa vocation :
l’écriture
Son talent littéraire
(écriture des
romans littéraires)

La définition de Lejeune a le mérite d’attirer l’attention sur plusieurs dimensions


importantes du pacte autobiographique ainsi, seule une « personne réelle » à la quelle
s’oppose la personne imaginaire de la fiction, cette rénovation du « réel » distingue très
clairement l’autobiographie du roman autobiographique ,pour Philippe Lejeune l’analyse
interne de l’œuvre ne nous donne aucun critère valable pour délimiter les deux
genres : « comment distinguer l’autobiographie du roman autobiographique ? Il faut bien
l’avouer, si en reste sur le plan de l’analyse interne du texte, il n’y a aucune différence. Tous
les procédés que l’autobiographie emploie pour nous convaincre de l’authenticité de son
récit, le roman peut les imiter et il les a souvent imités »1 .

Ce sont les indices externes qui renseigneront mieux le lecteur notamment le nom de
l’auteur sur la couverture.

Le roman autobiographique est la combinaison de la vie de l’écrivain (autobiographie)


et de la mise en texte de cette vie. La précision générique « roman » est souvent revendiquée
par l’auteur lui-même et figure sur la première de couverture. S’ajoute à cela le fait que le
roman autobiographique est différent de l’autobiographie ou du témoignage2 .

Il faut toujours vérifier cette revendication générique, les critères de vérifications


sont :

1- De l'ordre du narratif (une histoire qui est un récit et non un discours, ça peut être un
récit romantique, théâtral…)
3
2- La fiction et la littérature (caractère de ce qui donne à un texte son statut littérature) et
quand on dit fiction c'est-à-dire il y a distanciation avec le réel.

1
-Philippe Lejeune, Le Pacte autobiographique, nouvelle édition augmentée, Seuil, Paris, 1975, p : 26.
2
-Cours donné par M . Lalaoui Adel, Littérature maghrébine, 3ème année, (2ème promotion LM D)
3
-Brodard et Taupin, Dictionnaire fondamentale du français littéraire, France, 2004, p : 250.

38
3- La rupture entre l'auteur et le narrateur, à l'inverse du discours référentiel qui est
assumé par auteur.

Lejeune a abordé quelques problèmes concernant l’autobiographie, et parmi ces


problèmes on trouve celui de la classification, c’est-à-dire comment peut-on classer le roman
dont le héros de l’histoire ou le narrateur porte un autre nom que celui de l’auteur ?

39
II-2- L'autobiographie Fictive:

Sous genre interrogeant sur la différance qui existe entre les deux genres littérature
L'autobiographie et L'autobiographie fictive. Ce point réside aux niveaux de l'identité
onomastique qui est complète entre les trois instances narratifs (auteur- narrateur-
personnage). En effet, dans L'autobiographie fictive nous trouverons l'identité du narrateur
personnage veut se distinguer ou bien discrimine de celle de l'auteur.

Au niveau de l’autobiographie fictive, nous trouvons une ressemblance entre les noms
que porte le narrateur –personnage avec celui de l’auteur.

Ce cas est confirme par Philippe Lejeune qui a donné son point de vue, d’où son
commentaire :

« Le héros d'un roman déclare tel peut- il avoir le même nom que l'auteur? Rien
n'empêcherait la chose d'exister, et c'est peut- être une contradiction interne dont on pourrait
tirer des effets intéressants. Mais, dans la pratique, aucun exemple ne se présente à l’esprit
d’une telle recherche. »1

En effet, l’autobiographie fictive inclut l’aspect hétéronyme .Cette notion est définie
comme suit : « L’auteur se cache derrière un narrateur fictif pour éviter la censure et de
parler librement de sa vie.»

Gasparini écrit dans son ouvrage « Est-il je ?, Roman autobiographique et


autofiction »: « Toute autobiographie fictive crée, de fait, un hétéronyme, mais, pour le
créateur du terme, Pessoa, l’hétéronyme est avant tout un écrivain fictif dont l’auteur prétend
éditer ses œuvres. »2

1
-Philippe Lejeune, Le pacte autobiographique .op .cit, p : 31cité in Philippe Gasparini Est –il je ? Roman autobiographique
et autofiction, Seuil, Paris, 2004, p : 22.
2
- Philippe Gasparini, Est-il je ? Roman autobiographie et autofiction, Seuil, Paris, 2004, p : 21.

40
II-3- L'autofiction:

L'autofiction est un terme littéraire français, hybride et contesté, de la deuxième moitié


du XXème siècle, initié par Serge Dobrovsky critique littéraire et romancier pour designer son
roman « Fils », puis élargi par Vincent Colonna, qui projette l'auteur au cœur de sa fiction le
terme est composé d’un préfixe grec : auto (soi-même) et de fiction.

" L’autofiction, c’est la fiction que j'ai décide, en tant qu'écrivain, de me donner à moi-
même et par moi –même, en y incorporant, au sens plein du terme, l'expérience de l'analyse,
non point seulement dans la thématique, mais dans la production du texte." 1

L'autofiction s'inscrit dans la lignée du style autobiographe, mais en offrant une


variation transgressive et moderne. Ce genre va à l'encontre de l'autobiographie telle qu‘il
définie par Philippe Lejeune dans le pacte autobiographie, qui veut que « pour qu’il y’avait
une autobiographie, il faut que l'auteur passe avec ses lecteurs un pacte, un contrat, qu'il lui
raconte sa vie en détail, et rien que sa vie. Il postule également qu'il ne peut
vraisemblablement pas y avoir de roman, si l'écrivain choisit ce " pacte romanesque" ou
l'auteur, héros ou narrateur seraient les mêmes. »

L'autofiction se caractériserait par une mise en fiction d'éléments réels et romprait avec
ce pacte romanesque. Elle à pour thème principale l'identité ou le sujet prend conscience de
soi en tant qu’autre, elle aborderait également le thème de l’écriture et du statut de l’écrivain à
travers les multiples tentatives autofictionnelles.

‘’J'existe à peine, je suis un être fictif, j'écris mon autofiction’’2

Philippe Lejeune déclare : « exclus par définition la coexistence de l’identité du nom


et du pacte romanesque et celle du nom et du pacte autobiographique. »3

Après Serge Dobrovsky décider de relever le défi et répond à Lejeune : « j’ai voulu
très profondément remplir cette « case »que votre analyse laissait vide, et c’est un véritable
désir qui a soudain lié votre texte critique et ce que j’étais en train d’écrire. » 4

1
-Serge Dobrovsky, Fils, Galilée, Paris, 1977, p : 18.
2
-Serge Dobrovsky, Un amour de soi, Hachette, Paris 1982, p : 74 cité in L’autofiction Dobrovskyenne à travers l’enfance de
Nathalie Sarraute.www.teheran.ir/spip.php ?article1383.
3
-Philippe Lejeune, Le pacte autobiographique, Seuil, Paris, 1975, p : 28.
4
- Lettre du 17octobre 1997citée par Philippe Lejeune dans le chapitre « Autobiographie, roman et nom propre » de Moi
aussi, op.cit , p : 63 cités in Philippe Gasparini Est-il je ? Roman autobiographique et autofiction, Seuil, Paris ,2004.

41
Vincent Colonna ajoute : « L’autofiction est d’abord un avatar de l’autobiographie,
un moyen pour résoudre certaines difficultés propres à l’écriture de soi.1 »

Serge Dobrovsky, insiste sur trois éléments :

1-Une parfaite identité onomastique entre les trois instances narratifs (auteur-narrateur-
personnage)

2-L’écriture littéraire.

3-L’importance du recourt à la psychanalyse .car le roman est chargé de l’inconscient de


l’auteur.

L’écriture littéraire a un lien avec la dimension psychanalytique, Dobrovsky ajoute à


ce sujet : « L’autofiction est rattache à la psychanalyse.»2

S’interrogeant sur la différence entre le roman autobiographique et l’autofiction,


comment peut s’en distinguer l’autofiction du roman autobiographique ?

Gasparini établit la différence qui réside entre les deux genres : le roman
autobiographique, s’enregistre dans la vraisemblance, n’englobe pas les deux codes
antagonistes (la réalité et la fiction), mais ils les coexistent en revanche, l’autofiction englobe
deux registres contradictoires (la vraisemblance et l’invraisemblance) sa voix s’ouvre à la
fiction mais se nourrit des faits existés dans la vie de l’auteur en effet, Gasparini a noté que
l’autofiction : « un avatar sophistiqué »3 du roman autobiographique .

Quant à Colonna qui propose le commentaire suivant : « l’antithèse précise du roman


personnel, de la fiction d’inspiration autobiographique. »4

En 1989, il propose une autre définition un peu différente de celle de Dobrovsky :

« la fonctionnalisation de soi consiste à s’inventer des aventures que l’on s’attribuera,


à donner son nom d’écrivain à un personnage introduit dans des situations imaginaire .En
outre ,pour que cette fonctionnalisation soit total, il faut que l’écrivain ne donne pas cette
invention une valeur figurable ou métaphorique ,qu’il n’encourage pas une lecture

1
-Colonna, v, Essai sur la fonctionnalisation de soi en littérature, EHES, 1989, p : 18.
2
-Serge Dobrovsky, Un amour de soi, Hachette, Paris, 1982,p :48.
3
-Gasparini Philippe, Est –il je ?roman autobiographique et autofiction, Seuil, Paris, 2004, p : 24.
4
-Colonna v, L’autofiction, op.cit, p : 2 cités in Philippe Gasparini, Est-il je ? Roman autobiographique et autofiction, Seuil,
Paris, 2004, p : 24.

42
référentielle qui déchiffrerait dans le texte des confidences indirectes »1 ,c'est-à-dire :Colonna
insiste toujours sur la présence des trois instances narratifs (auteur-narrateur-personnage),le
texte s’ouvre à la fiction pure sans faire allusion à la réalité.

Gasparini a distingué trois catégories de fonctionnalisation du vécu :

1-La fonctionnalisation inconsciente : tout ce qui a une relation avec l’inconscient.

2-L’auto fabulation : le texte s’ouvre à l’autofiction, nous trouvons dans ce genre que le
lecteur est attentif pour faire la différence entre les faits réels et fictifs.

3-L’autofiction volontaire : le lecteur peut être dupe à cause de l’appartenance des faits réels.

Lejeune ne se prive pas de donner son opinion sur l’autofiction .Il déclare : « pour que
le lecteur envisage une narration apparemment autobiographique comme une fiction, comme
une autofiction, il faut qu’il perçoive l’histoire comme impossible. Ou incompatible avec une
information qu’il possède déjà. »2

1
- Philippe Gasparini, Est-il je ? Roman autobiographique et autofiction, Seuil, Paris, 2004, p : 24.
.
2
-Philippe Lejeune, Moi aussi, Collection « poétique », 1986, op.cit, p : 65, cité in Philippe Gasparini, Est –il je ? Roman
autobiographique et autofiction, Seuil, Paris, 2004, p : 25.

43
II-4-L’onomastie:

« L’onomastie étudie l’expansion des noms de personne et de lieu dans le


temps et l’espace .Elle se distingue donc nettement de la prosopographie, dont le
but est l’identification des personnages. »1

L’œuvre de Yasmina Khadra est un récit de souvenirs, estampillé


autobiographique. IL est chargé de personnages réels, cités par l’auteur possédant des
noms qui sont riches de connotations et interprétations sociale. Philippe Hamon a
donné une définition concernant le personnage :

« Un signifiant discontinu renvoyant à un signifié discontinu. »2

Dans ce travail est dans la partie analytique nous essayerons de découvrir la


signification du nom de chaque personnage et le rôle qu’il remplit et sa relation
avec le héros . Nous choisissons quelques noms qui nous semblent les plus
manifestant dans le roman.

Le personnage joue un rôle prépondérant dans le texte. Il est difficile


d’imaginer un texte sans personnage .Maurice Molho a écrit :

« Souvent la nomination du personnage est un acte d’onomatomancie,


c’est-à-dire l’art de prédire à travers le nom la qualité de l’être. » 3

Donc le lecteur , s’emploie à découvrir les signes , il doit être attentif sur le
choix des noms des personnages qui peuvent répondre aux intentions de l’auteur.

Dans le fameux article de Proust et les noms, en 1976. Roland Barthes


s’intéresse à découvrir les noms propres, et le sens que porte chaque nom propre
des personnages :

« Le nom propre est en quelque sorte la forme linguistique de la


réminiscence .une fois le système onomastique trouvé, la Recherche a pu s’écrire. »4

1
-bcs .fltr.ucl.ac.be /proso.html.consulté le : 15 mars 2014 à 22 :17.
2
- Philippe Hamon, Pour un statut sémiologique du personnage, in R .Barthes, w.Kayseret al, Poétique de récit, Seuil, Paris
,1997.
3
-M aurice M olho (S.E.L1984, p :88), cité in Christiane Achour, Simone Rezzoug, Convergences critiques, introduction à la
lecture de la littérature
4
- Roland Barthes, www.centrepompidou.fr/education/ressources/ens-barthes/ens-barthes.html.consulté le 13 mars 2014 à
19 :48.

44
Il ajoute :

« Le nom propre est lui aussi un signe, et non bien entendu, un simple
indice qui désignerait, sans signifier, comme le veut la tradition courante, de Pierce à
Russell. Comme signe, le Nom propre s’offre à une exploration un
déchiffrement(…) »1

Ce signe est volumineux, « toujours gros d’une épaisseur touffue de sens,


qu’aucun usage ne vient réduire, aplatir, contrairement au nom commun qui ne livre jamais
qu’un de ses sens par syntagme ».2

Il ajoute : « le nom propre est un signe, et non, et bien entendu, un simple indice qui
désignerait, sans signifier(…) comme signe, le nom propre s’offre à une exploration un
déchiffrement(…) c’est un signe volumineux, un signe toujours. Gros d’une épaisseur touffue
de sens, qu’aucun usage ne vient réduire, aplatir, contrairement au nom commun.» 3

« Le nom propre est un signe, et non, bien entendu, un simple indice qui désignerait,
qui ne livre jamais qu’un de ses sens par syntagme.» 4

1
- Roland Barthes, www.centrepompidou.fr/education/ressources/ens-barthes/ens-barthes.html.consulté le 13 mars 2014 à
19 :48.
2
- Idem.
3
-Idem.
4
-Idem.

45
II-5-L’analyse sémiologique du personnage selon Philippe Hamon 1:
Le personnage est la présentation d’un être fictif dans une œuvre littéraire.
L’étymologie du terme remonte eu latin « persona », qui signifie masque, et à l’antiquité
romaine qui signifie masque de théâtre servant à tromper et à se coucher .qu’un acteur utilise
pour jouer un rôle.
Mais c’est à travers l’usage grammatical du terme qu’il prend le sens d’un être animé.
Il y a donc un éloignement entre la personne qui porte le masque n’ayant pas un portrait
psychologique et celle qu’en est datée.
Plus tard, avec le courant du romantisme et après le réalisme, la notion de personnage
a pris une toute autre dimension. En effet, pour avoir un effet de réel, le personnage est doté
d’un psychologisme, ce qui ramène le lecteur à s’identifier à cet être de papier, le considérant
comme une personne.
Le personnage joue un rôle affectif dans l’œuvre littéraire il remplit de nombreuses
fonctions Vigner écrit à ce propos :
«La notion de personnage est assurément une des meilleures preuves de l’efficacité du
texte comme producteur de sens puisqu’il parvient, à partir de dissémination d’un certain
nombre de signes verbaux, à donner l’illusion d’une vie, à faire croire à l’existence d’une
personne donnée d’autonomie comme s’il s’agissait réellement d’être vivants.» 2
Avec Propp c’est l'arrivée du structuralisme, le personnage n'est plus cet être humain
doté d'un psychologisme mais un actant ayant une fonction dans un récit et qui incarne une
action. Il pourrait donc être un objet, ce dernier prend une place considérable dans le courant
du nouveau roman.

Ainsi le personnage est " la base de la bonne prose" 3 il est l'axe central de toute
réaction romanesque. C’est ce que confirme Roland Barthes qui voit que « comme il ne peut
y avoir un récit sans narrateur, sans auditeur ou lecteur, on peut bien dire qu'il n'existe pas
un seul récit un monde sans personnage. » 4

Aussi, le personnage occupe une place très importante voire primordiale dans un récit,
car c'est lui le moteur de l'histoire, qui fait évoluer l'événement et leur attribue un sens.

1
- Philippe Hamon, Pour un statut sémiologique du personnage, in poétique du récit, Seuil, Paris, 1977, p : 117.
2
-Vigner, G, Lire du texte au sens, Clé international, Paris, 1992, p : 88.
3
-Philippe Hamon, Pour un statut sémiologique du personnage, in poétique du récit, Seuil, Paris, 1977, p : 117.
4
-Roland Barthes, Introduction à l’analyse structurale du récit, in poétique de récit, Seuil, Paris, 1977, p : 07.

46
La notion de personnage à été diversement approchée en fonction des orientations de
recherches des théoriciens pour Tomasheveski, le personnage est utilisé « pour faciliter
l'attention du lecteur en représentant un point de convergence dans l'amoncellement des
motifs, il va de la simple caractérisation nominale à des constructions plus complexes (…) il
organise le texte et le rythme, le discours. » 1

Le personnage qui, selon William Golding est « Construction de l'esprit, découpée


dans du bois ou une matière quelconque. Un plasma psychique et semblables les un aux
autres comme des poupées russes », doit alors remplir une tache auprès du lecteur: « le
romancier tâche ses personnages sur le monde et les charge d'une mission. » 2

Les personnages: « Agissent, ils ont une action sur les hommes s'ils échouent à les
présenter ils réussissent à troubler leur quiétude, ils les réveillent. » 3

Ce "être de papier" comme le conçoit Gérard Genette est « Un individu, une personne,
bref un être pleinement constitue. » 4

C’est dans le même sens que Philippe Hamon développe l’idée qu’ « Une conception de

personnage ne peut pas être indépendante d’une conception générale de la personne, du sujet, de

l’individu. »5

Pour éclairer donc la notion de personnage, il est indispensable de définir la notion de


personne qui selon Michel Zerrafa est « L'homme et sa présence dans le monde tel que le
romancier les perçoit d'abord, les conçoit ensuite. »6

Philippe Hamon fait une analyse sémiologique du personnage, celle-ci considère le


personnage comme un signe (il n'est pas donné).

Son analyse s'appuie sur trois aspects fondamentaux : l'être, le faire l'importance
hiérarchique.

1
- Tinchevski cité in Simone Rezzoug et Christiane Achour, Convergences critiques, introduction à la lecture de la
littérature.
, édition n° 2013, p : 200.
2
-William Golding cité in Pierre Louis Rey, Le roman, Hachette, Paris, p : 61.
3
-François M auriac, Le romancier et ses personnages, presses Pocket, 1990, p : 53.
4
-Ibid, p : 08.
5
-Philippe Hamon, Pour un statut du personnage, in poétique du récit, Seuil, Paris, 1977, p : 117.
6- M ichel Zerrafa, cité in William Golding cité par Pierre Louis Ray, le roman, Hachette, Paris, P : 61.

47
I-L'être : Comporte trois éléments : le nom, les dénominations, le portrait, (la psychologie, la
biographie)

L'être du personnage est l'ensemble de ses propriétés c'est-à-dire son portrait physique
et les différentes qualités que lui prête l'auteur (le romancier) cependant son être est très
attaché aux autres aspects du personnage: de son faire, de son dire, ou de son rapport aux lois
morales.

Donc l'être du personnage c'est tant ce qui a un rapport avec le portrait physique ainsi
que toutes les qualités que l'auteur donne à son personnage. L’être est lie aux autres
composantes du personnage, comme ses actes, ses parole...etc.

I-1-Le Nom: dans les romans littéraires le nom du personnage peut être un anonymat (le nom
peut renvoyer à un sens ou à une valeur, comme il peut ainsi avoir une connotation sociale,
littéraire).

Nous pouvons aussi des fois trouver un personnage sans nom, c'est-à-dire un
personnage anonyme.

I-2- Les dénominations: la souche du nom.

I-3- Le portrait: est l'ensemble des caractères physiques et moraux du personnage. Il


comporte quatre éléments.

- Le Corp.: une description du personnage du coté physique, nous pouvons trouver un


personnage beau, moche…
- L'habit: l'habit peut nous donner des indices sur la place sociale qu'occupe notre
personnage (son appartenance sociale).
- La biographique: le biographique aborde la vie du personnage, son passé, sa famille,
famille unie, déchirée, c'est-à-dire les éléments communs entre l'auteur et son
personnage.
- Le psychologique: il s'intéresse à l'état psychologique du personne et sa relation aux
quatre modalités (pouvoir, savoir, vouloir, devoir).

II- Le faire: le faire du personnage est l'ensemble des actions menées par celui-ci constituant
la base de l'intrigue. Le personnage joue un rôle effectif dans le récit, il remplit un nombre de
fonction, donc il passe de l'être au faire (de la description à la narration).

48
Hamon affirme que le faire du personnage étroitement lie à son être, ce dernier ne
résulte que d'un faire antérieur ; de même que le faire présent détermine l'être futur du
personnage repose sur ce que Hamon appel :
des fonctions thématiques et actanciels.

 Les rôles thématiques: les rôles thématiques sont nombreux mais l'analyse tient
surtout compte de ceux qui renvoient aux actions narratives capitales. Ils sont appelés
les axes préférentiels qui aident à comparer les personnages entre eux ils renvoient à
des thèmes généraux tels : le sexe (homme, femme), l'origine géographique,
l'appartenance idéologique ou politique peut être aussi explicite.
 Les rôles actantiels: à partir de la morphologie de Propp (1970) ;Greimas propose
une autre grille dite (modèle actantiel) en donnant six rôles actantiels, chez Greimas ;
le mot personnage connoté psychologiquement cède la place au mot "acteur" ; les
acteurs sont repartis en classe d'actant anthropomorphe "un portrait humain" ou non
anthropomorphe, mais ils jouent le rôle de l'être humain, l'exemple " les minotaures
dans " qui se souvient de la mer" de Dib cependant, un actant peut représenter
plusieurs acteurs et inversement par ailleurs, les rôles actantiels se repartissent en trois
axes sémantiques
 Axe du savoir: c'est le destinateur apposé au destinataire.
 Axe du vouloir: (le désir) c'est le sujet par rapport à l'objet.
 Axe du pouvoir: il met en jeu des actants du genre adjuvant, opposant.

Les actants ne sont pas donnés par le texte, mais construit par l'analyse ou le lecteur, ils
sont selon Greimas au nombre de six.

 Le sujet par rapport à l'objet.


 Le destinateur par rapport au destinataire.
 L'adjuvant par rapport à l'opposant.

Tout récit est recherche d'un objet par un sujet la quête peut être de types multiples
(amoureuse, identitaire, anthologique, la quête de richesse, d'un statut social...), la quête
rencontre souvent des obstacles (opposants) auquel le sujet fait face en demandant l'aide
aux adjuvants.

49
Greimas fait la synthèse de tout ceci dans le schéma ci-dessous:1

Destinateur (Émetteur) Objet Destinataire (Récepteur)


(Objectif)

Quête

Adjuvant (aidant) Sujet Opposant (adversaire)


(Héros)
Schéma actantiel2

Ainsi la signification d'une œuvre renvient à la fusion entre les rôles thématiques et les rôles
actantiels.

III- L'importance hiérarchique: il s'agit d'identifier la classification du personnage


principale qui se distingue des autres personnages par "sa qualification sa distribution, son
autonomie et sa fonctionnalité, il est l'objet d'une pré désignation conventionnelle et d'un
commentaire explicite".

Philippe Hamon défient ces traits comme "des précèdes différentiels donc repérables
et enregistrables à l'analyse immanente l'énonce et servant à designer le héros."3

Ainsi le personnage principale se distingue par:4

III-1- La qualification différentielle:

Est la nature des actions donnés aux personnages, ce dernier se définit dans un champ
d'étude de complexe par un certain nombre de qualification que possèdent ou ne possèdent à
un degré moindre les autres personnages de l'œuvre.

1
- Cours donné par M elle Zemmouchi Soumia, , Technique d'expression écrite,1ère année licence,2009.
2
- Philippe Hamon cité in Christiane Achour, Amina Bekkat, clefs, pour la lecture des récits, Convergences critiques, II
Tell,Alger, 2002, p : 45
3
- Philippe Hamon, Pour un statut sémiologique du personnage, Seuil, Paris, 1977, p : 15
4
-Idem.

50
III-2-La distribution différentielle:

Est le nombre d'apparition du personnage dans le roman et le personnage principal


apparait souvent et au moment stratégique du récit. Il s’agit là d’un mode d'accentuation
purement quantitatif et tactique jouant essentiellement sur 1 :

- Apparition à un moment non marqué


-Apparition aux moments marqués du
(transition, description…) ou à des
récit (début) fin des séquences et du places non marquées.
récit ‘’épreuves’’ principale, contrat - Apparition unique où épisodique
initial, etc.)
-Apparition fréquente
- Apparition fréquente
III3- L'autonome différentielle: concerne les héros avec les autres personnages « Certains
personnage apparition toujours en compagne d'un ou plusieurs autres personnage alors que
2
le héros apparait seul.»

III4- La pré désignation conventionnelle:

Le genre du récit joue une fonction importante dans le choix du personnage. Ainsi dans le
théâtre, l'usage des costumes, des masques d'un type de phraséologie permet d'identifier
rapidement le héros.

III5- La fonctionnalité différentielle:

Le personnage principal effectue des actions qui font évoluer le récit, à ce sujet
Philippe Hamon annonce: « Le héros est enregistrer comme tel à partir d'un corpus déterminé
et à posteriori une référence à la globalité de la narration et à la somme ordonnance des
prédicats fonctionnelles dont il a été le support.» 3

III6- Le commentaire explicité:

Le héros est qualifié comme tel par le narrateur ou par d’autres personnages.

Ce schéma englobe l'analyse sémiotique selon Philippe Hamon:

1
- Philippe Hamon, Pour un statut sémiologique du personnage, Seuil, Paris, 1977, p : 155.
2- Idem.
3
- Idem,p : 154.

51
Le Personnage

L'être Le faire L'importance hiérarchique


 Le nom -Les rôles thématiques -La qualification
 Les dénominations -Les rôles actantiels -La distribution
 Le portrait -L'autonomie
- Le corps -La fonctionnalité
- L'habit -La pré-désignation Conventionnelle
- Le psychologique -Le commentaire explicite du narrateur
- Le biographique

52
Troisième partie :
L’analyse du corpus

53
L’analyse de l'autobiographie et de l’autofiction dans L’écrivain de
Yasmina Khadra :
III-1-L’analyse de l’autobiographie :
Dans cette partie, nous essayerons d'analyser le texte et de cerner l'effet de réalité et
l'effet de fiction. Avant de commencer notre analyse, nous mettrons en lumière les définitions
de deux concepts : l’autobiographie et l’autofiction.
Dans un premier temps, nous essayons d'établit les différences existantes entre
l'autobiographie et le roman autobiographique dans le texte, ces différences se fait au niveau
de l'identité onomastique des trois instances narratives «auteur, narrateur, personnage».
Comme nous avons mentionné précédemment dans le chapitre théorique la définition
de Philippe Lejeune sur l'autobiographie repose sur quatre critères, ces critères nous aident à
justifier que notre roman ‘’L'écrivain’’ de Yasmina Khadra est une autobiographie.
- Le langage:
Notre roman est un récit. En effet, c'est les discours des personnages sur les autres qui
donnerait lieu à un commentaire sur leur savoir dire.
-Le sujet:
L’auteur est réel, qui tenait à taire son identité, dernière ce vœu de discrétion ou de
dissimulation de sa vie personnelle :
« Nous avions quitté Oran depuis plus d'une heure, et pas une fois les lèvres de mon père
n'avaient frémi.» 1
Ce passage témoigne de la détermination du père, son silence le dit.
« Le retour à l'école des cadets fut atroce. J’avais passé une nuit blanche. Le voyage fut
terrible. Je me maudissais à chaque virage. Cette fois, je savais à quoi m'en tenir.» 2
L’auteur exprime son déchirement, sa douleur à quitter les siens .Il sait que désormais
la décision de son père est définitive.
«Mon père ne nous accompagna pas à l'école d'El Mechouar. À peine les premières ruelles
de Tlemcen franchies, sa raideur fléchit et sa conduite devint nerveuse.» 3
.
Ce passage exprime la douleur aussi du père à la séparation

-Le narrateur :

1
-Yasmina Khadra, L’écrivain, Julliard, Paris, 2001, p : 12.
2
-Ibid, p : 69.
3
-Idid, p : 19.

54
Occupe le même rôle du personnage principal, il est entrain de révéler son identité et
rien beau dans cette vie que la vérité et la réalité.
«Le retour à l'école des cadets fut atroce. J’avais passé une nuit blanche .le voyage fut terrible
.je me maudissais à chaque virage. Cette fois, je savais à quoi m’en tenir.les réveils en sursaut, le
mugissement apocalyptique du clairon, le rassemblement au pas de course, la vie chronométrée
pesaient sur mon âme telle une enclume. » 1
L’auteur à beaucoup d’appréhensions .Il sait qu’il va être privé totalement de liberté.
Yasmina Khadra rassemble à une pièce de monnaie de deux façades, puisqu’ il occupe
le rôle du narrateur- personnage principale qui est un pseudonyme composé, en hommage aux
femmes algériennes, des deux prénoms de son épouse 2
Dans les deux chapitres du roman « Les murailles d'El Mechouar »et «L'ile Koléa», il
relate ses souvenirs.
«À l'école des cadets, impossible de s'isoler sans être interpellé par un moniteur.
J’avais le sentiment qu'on m'épiait, traquait. Je détestais manger quand je n'avais pas faim» 3.
Il évoque les contraintes du métier de soldat.
Ainsi, l'identité onomastique est complète, l'auteur est Mohammed Moulessehoul qui
se cache derrière le double prénom féminin Yasmina Khadra pour éviter La censure en tant
que militaire, à l’époque risquait des représailles, et pour parler franchement de sa vie il était
obligé de se cacher et de chercher une couverture.
L'auteur- narrateur occupe le même rôle du personnage principal dans ce roman, en
utilisant la première personne du singulier «Je».
«J’ignore si j’ai souffert outre mesure de ma captivité. J’étais un enfant. Pour moi, la
vie était ainsi. Si des adultes n'y pouvaient pas grand-chose.» 4
Il fait un parallèle entre sa vie d’enfant et celle des adultes qui ne peuvent pas le

comprendre à travers ce détails, nous découvrons que ses critères sont appliqués par Yasmina

Khadra, de ce fait, nous pouvons dire que ce roman est autobiographique.

Certains évènements sont vrais. Ils ont réellement eu lieux dans la vie de l'auteur, nous
ferons recourt à sa biographie que nous avons abordée précédemment à ce propos Christiane
Achour et Simone Rezzoug dans sa fameuse œuvre théorique convergences critiques.

1
- Yasmina Khadra, L’écrivain, Julliard, Paris, 2001, p : 69.
2
-M ohamed Ridha Bouguerra, Histoire de la littérature du Maghreb, Ellipses, Paris, 2010, p : 108.
3
- Yasmina Khadra, L’écrivain, Julliard, Paris, 2001, p : 69.
4
-Ibid, p : 35.

55
« Il faut étudier la biographie d'un auteur parce qu'elle est considérée comme
écran et Circonscription de l'œuvre.» 1

C'est-à-dire la biographie est considérée comme un miroir pour bien comprendre le


sens et le cheminement d'une œuvre.
Les choses importantes ce n'est pas la biographie, mais les mémoires de passé,
qu'existent dans le roman.
Il est né le:10/01/1955 à Kenadsa dans la wilaya de Béchar.

Cette vérité est confirmée dans son roman L'écrivain : « Kenadsa…j'ai parlé d'elle à
mes amis, je l’ai chantée dans mes livres, portant je ne connais pas grand-chose sur elle je
sais seulement que c’est une bourgade quasi millénaire, que son Ksar croule sous huit siècle
d’histoire et quarante années d’oubli et que, à l’heure ou le soleil se replie derrière la
barkhane, la nuit l’investit comme l’opium engourdit l’esprit .elle m’a vu naitre un lundi
2
10janvier 1955. »
L’auteur déclare clairement sans aucune ambiguïté qu’il s’agit de lui, il donne même
sa date et son lieu de naissance.
«Je suis natif de Kenadsa» 3
Dans L'écrivain l’auteur révèle pour la première fois son identité masculine de
Mohammed Moulessehoul.
«Cadet Moulessehoul Mohammed, matricule 129, à vos ordres, monsieur l'officier.» 4
C’est encore un passage qui prouve qu’il s’agit d’une autobiographie .

Le départ de Mohammed avec son cousin Kader à l'école «d'El Mechouar» à Tlemcen
en 1964.
« Sur la banquette arrière, mon petit cousin Kader dormait, terrassé par les interminables
virages qui se contorsionnaient au milieu des vignes et des mamelons». 5

Le fait de mentionner son cousin Kader confirme qu’il s’agit bien d’une réalité dans la vie de

l’auteur.

1
- Christiane Achour et Simone Rezzoug, Convergences critiques, Introduction à la lecture du littéraire, Offices des
publications Universitaire, Alger, 2009, p : 115.
2
-Yasmina Khadra, L’écrivain, Julliard, Paris, 2001, p : 196.
3
- Ibid, p: 198.
4
-Ibid, p: 49.
5
-Ibid, p: 13.

56
La rentrée de son frère Houari ainsi à El Mechouar en 1965 et son père se remaria
pour la troisième fois.

« Houari nous rejoignit à El Mechouar en septembre 1965.»1

Houari est le frère de l’auteur : encore une confirmation de l’autobiographie.

« La même année, mon père se maria pour la troisième fois. Avec une émigrée
presque adolescente. »2

Cette outre insertion du père fait référence à la polygamie du père qui on fait réel.

Le divorce des ses parents à l'âge de 11 ans son père les abandonne, ils prennent un
appartement dans le bon lieu de la ville petit lac ou la misère prend place et depuis, il se
refugier dans les livres où il se sent mieux.

«En 1966, j'avais onze ans quand mon père se maria pour la quatrième fois et divorça
d'avec ma mère pour de bon» 3

La précision de l’année et de l’âge souligne à quel point la douleur de l’auteur est


grande à cause du divorce de sa mère.

À l’école d’El Mechouar, Mohammed Moulessehoul fait des nouveaux amis :


Moumen et Souriceau qui deviennent inséparable.

«Moumen, Souriceau et moi avions opté pour un repli creusé dans le mur .Souriceau
débarquait de Nantes où il vivait avec ses parents. »4
L’auteur décrit les fréquentations qu’il préfère « Moumen, Souriceau »
« De mon côté, je préférais la compagnie de Moumen, un sacré petit bonhomme
originaire de Perrégaux dodu, presque bedonnant, les narines aussi larges que le sourire» 5
La préférence est donnée à Moumen est due à son physique et ses qualités.
La situation de sa famille s'empirait, ils déménagent dans un garage car son père n'a
pas payé le loyer tout ça a poussé Mohammed de perdre l'envie d'étudier, et il devient nul en
toute les matières sauf en Arabe 17/20.

1
- Yasmina Khadra, L’écrivain, Julliard, Paris, 2001, p: 70.
2
-Idem.
3
-Ibidem, p : 78.
4
-Ibidem, p: 94.
5
- Ibidem, p: 36.

57
« Vous avez une imagination extraordinaire, monsieur Moulessehoul .Mais votre
français laisse à désirer, et c’est dommage … 8 sur 20. »1
C’est l’observation qui lui a été faite la première fois pour la médiocrité de son
français.
« En revanche, je cartonnais en arabe .je récoltais les 17/20 à la pelle » 2
Paradoxalement, il était excellent en langue arabe.
Sa rencontre avec le président Houari Boumediene qu'il l’à encouragée et de créer de
lui un homme et un soldat an même temps ; je cite :
« Houari Boumediene veillait personnellement sur notre établissement, il fondait
dessus ses plus grands espoirs»3
C’est l’indice que l’école des cadets était la plus grande préoccupation du président
Houari Boumediene, dont il attendait beaucoup.
Il écrit son premier texte réadapté du « petit poucet» rédigé en arabe « le petit
Mohammed » c'était en 1966 et dans cette même année son frère Saïd entre à leur tour à
l'école.
« Ce n'est qu'en lisant le petit poucet que la foudre s'abattit sur moi, avec l’âpreté
d’une révélation .c’étais cela le don du ciel : le verbe. J’étais né pour écrire!»4
C’est une sorte d’inspiration, de stimulation qui m’encourager à écrire.
Mohammed Moulessehoul ait une relation amoureuse avec cousine K, cette dernière
le rejette, ce qui évoque chez lui déception qui le mènera aux frontières de la folie meurtrière.
« Depuis cousine K, je n'avais plus renoué avec le bonheur d'aimer. J’avoue n'avoir
pas eu beaucoup de succès auprès des demoiselles.» 5
Il affirme son amour pour la cousine k et reconnait qu’il n’a pas de chance avec les
filles.
Il rencontre un nouveau ami «Ghalmi» qu’il l’aidé beaucoup dans sa vocation littéraire
car il était surdoué et il lisait beaucoup et Mohammed le défait. Après avoir lit une douzaine
de livre un besoin d'écrire s'éveilla en lui.
« La tiédeur de Ghalmi et son "rapport" approximatif me coupèrent en deux. je repris
mes feuillets d'une main découragée, un poids insurmontable sur la nuque; j'étais comme
dévitalisé»6

1
- Yasmina Khadra, L’écrivain, Julliard, Paris, 2001, p: 174.
2
-Idem.
3
-Ibidem, p : 189.
4
-Ibidem, p: 102.
5
-Ibidem, p: 256.
6
-Ibidem, p: 218.

58
Il évoque sa déprime face à l’attitude froide de Ghalmi quant il est lui a donné à lire
ses manuscrits.
Son professeur de français qu'il l'aida à perfectionner son français comme, c’était le
cas de M. Kouadri pour l'aide.
«À l’usure, convaincu de ne rencontrer auprès de mon professeur d’arabe que mépris et
1
humiliation, je me mis à écouter, avec un intérêt grandissant les conseils de M Davis.»
La citation des deux enseignants atteste de la scolarité à l’école.

L'émergence d'une nouvelle relation amoureuse avec Leila, mais qui très vite leur
relation se dissous.
« Pour moi, Leila était une sublimation. Pour elle, j'étais le prince des contes de fées.»2
Ce passage réitéré l’idée que se fait l’auteur de sa personne, aucune chance avec les filles
à cause de son physique.
Dans cette œuvre l’auteur a parlé de réalités historiques, d'actualités algériennes au
courant de la décennie de violence dues essentiellement au terrorisme durant les années 1990,
dans un souci de dénonciation et de révolte contre les horreurs vécues quotidiennement.
« Nous ne nous revîmes jamais plus. Suite à l’arrêt du processus électoral de janvier
1992, Saïd Mekhloufi entra dans l'insurrection armée. Il commandera le mouvement islamique
armée ensuite l'armée islamique du salut» 3
L’auteur annonce qu’il fait partie de la lutte anti terroriste durant les décennies noires : le
nom du chef terroriste le confirme.
Le choix de la langue française dans la production littéraire de l’auteur pour lui le
français accorderait à l'écrivain ce que l'autre langue ne saurait tout a fait lui offrir, presque le cas
de tous les écrivains algériens et précisément Malek Haddad qui disait que le français était son
exil, et son choix remonte à ses années d'études à l'école des cadets où il était étudié dans une
classe bilingue. Il a trouvé de difficulté avec l'arabisation du programme scolaire dans les maths,
et la philosophie, et il fait par son père de ses projets littéraire mais ce dernier refuse cette idée
catégoriquement.
«A ma grande stupeur, mes professeurs de littérature arabe entraient dans une colère
aussi noire qu’inexplicable, froissaient mes feuillets d’une main offensée et les balançaient dans

1
- Yasmina Khadra, L’écrivain, Julliard, Paris, 2001, p: 177.
2
-Ibid, p: 257.
3
-Ibid, p: 111.

59
le panier à ordures : c’est la place qu’ils méritent, petit prétentieux .Ahmed Chawki doit ruer
dans sa tombe à cause du toupet avec lequel du torpilles l’insigne langue d'El Akkad.» 1
C’est aussi un indice qu’il a été à l’école des cadets.
Le sens et cheminement de l'œuvre "L’écrivain" commence par une vocation d'écrivain
chez le jeune Moulessehoul l'écriture est perçue comme un don du ciel. Sa carrière de conteur et
de romancier commence par ses lecteurs de ceux qui furent ses maitres, de la littérature
universelle de son temps.
«Les cadets étaient de grands lecteurs .dans les deux langues .ils connaissaient aussi
bien Abderrahmane El Kawakibi que Maxime Gorki, Mark Twain ou Colette, et lisaient, avec
la même boulimie, tout ce qui leur tombait entre les mains, de la bibliothèque verte aux
ouvrages classiques.»2

De l’assiduité de ses camarades cadets et de leur ferveur à la lecture.

«Je devinais que je portais en moi un don du ciel, mais j’ignorais tout de ses vertus. » 3

L’auteur se découvre désormais son don d’écriture.

D’une autre déclaration dans son roman, où il évoquait la scène dans la quelle il a pu
vivre son rêve d'être écrivain grâce a son camarade.

« Hichem avait le sens des affaires et le flair des opportunités lucratives. Il commença
par récupérer l'ensemble de mes nouvelle, les répertoria selon les sujets qu’elles abordaient, les
regroupa en "collections" »4 .

Le camarade Hichem c’est fait l’éditeur .Mais il s’avérait malhonnête en prenant l’argent
de l’auteur :

« Hichem sautait au plafond. Hélas ! Comme tout éditeur qui se respecte, il me


cachait l'essentiel et empochait la totalité des dividendes avec une touchante discrétion» 5 .

C'est un descendent de la tribu des Doui Menia dont il se réclame avec fierté.
« J’appartiens à la tribu des Doui Menia, une race de poètes gnomiques, cavaliers émérites et
amants fabuleux, qui maniaient le verbe et le sabre comme on fait un enfant.» 1

1
- Yasmina Khadra, L’écrivain, Julliard, Paris, 2001, p: 176.
2
-Ibid, p: 180.
3
-Ibid, p : 101.
4
-Ibid, p : 253.
5
-Ibid, p:253.

60
Le fait que l’auteur cite encore ses origines avec leurs vertus prouve qu’il s’agit bien de lui.

Au sein de cette institution militaire celui des cadets, qui étaient inscrits à l’école des cadets de
la révolution d’El Mechouar de Tlemcen. Mohammed Moulessehoul découvrit et se familiarisa avec le
don de l’écriture qu’il bénéficie de la qualité de l’enseignement que procure ce prestigieux collège :

« Il aurait du être content pourtant : il m’emmenait à l’école des cadets, un collège


prestigieux ou l’on dispensait la meilleur éducation et la meilleur formation, ou l’on allait faire de
moi un futur officier, un grand meneur de troupes et, pourquoi pas, un seigneur de guerre et un
2
héros. »

Ce passage prouve encore une fois le déchirement du père à la séparation de son


enfant qui ne comprend pas son attitude.

Il parle aussi de la ville el Asnam qui est le premier nom de la ville actuellement
s'appel Chlef, situe à 20 Km sud ouest d'Alger et à 210 Km au nord Est d'Oran.
«À partir d'El Asnam, les bousculades cessèrent» 3
Il décrit cette ville comme le point de départ du terrorisme.
L'audace se manifestait chez lui depuis son jeune âge alors qu'il était étudiant au sein
de l'école des cadets. Sa vision pour les choses était différente à celle de ses camarades aussi
que celle de ses professeurs, son professeur d'arabe lui trouvait un gout pour le sordide selon
l'aveu de Yasmina Khadra :
« Mon professeur, M-Hammouche, me notait honnêtement, sans, toutefois, apprécier
ma façon de voir les choses ; il me trouvait un gout prononcé pour le sordide.par exemple, si
la campagne était traditionnellement synonyme …que l’on retrouvait sur mes copies. »4
L'école des cadets était pour l'écrivain un microcosme au sein du quel il avait goûté
aux vertus du statut d'écrivain.
« À Koléa nous avions crée notre monde et le consolidions en fonction de nos besoins
et de nos aspirations. Nous avions nos "docteurs», nos "cheiks", nos "Che", nos
"progressistes’’, nos ‘‘politiciens’’, nos’’inventeurs’’unecommunauté saine et équilibrée »5
L’auteur parle du son transfert à l’école des cadets du Koléa (secondaire), il
reconstitue son équipe avec les camarades qu’il préfère est elle comprend des personnages
divers mais reste soudée.

1
- Yasmina Khadra, L’écrivain, Julliard, Paris, 2001, p : 197.
2
-Ibid, p : 13.
3
-Ibid, p : 194.
4
- Ibid, p : 174.
5
- Ibid, p : 252.

61
Il a quitté sa ville natale presque à l’âge de six ans, par la suite il revient à dire de sa
tante Bahria ; et la silhouette de son grand- père.

« Le visage exténué de tante Bahria, sa main sur mon toupet et les murs laid du
dispensaire ; un raidillon broutant dans un patio ou un homme m’attendait, une paire de
ciseaux sous le tablier, pour me circoncire ; puis entre deux tornades lascives, la silhouette
évanescente de grand –père. » 1

La description détaillée de sa tante Bahria et de l’état de dispensaire prouve que


l’enfant a été frappé par cette image qui a été gravée dans son esprit à vie.

1
- Yasmina Khadra, L’écrivain, Julliard, Paris, 2001, p : 197.

62
III-2-L'analyse de l'autofiction:
La littérature est un domaine très important qui permet à l'auteur de parler de ses
imaginations inspirées de ses expériences vécues et réelles à ce proposes Pierre Janet a écrit :
« Ce qui créa l’humanité, c’est la narration.» 1
Dans L'écrivain l’auteur intégré la fiction. Il à besoin de créer des faits fictifs qui n'ont
jamais existés dans sa vie réelle.
Il a déclaré dans une interview face à un journaliste français E. Borgers :
«En dehors du roman noir et de certains de mes autres roman, j'ai besoin aussi de
créer des choses assez légères ; je dois aboutir à un équilibre, sinon je vais finir par trop me
prendre au sérieux!»2
Il raconte un événement se déroula à Casablanca dont il n'est fait mention nulle part,
ni dans ses innombrables interviews, ni dans ses biographies.
«À Casablanca, j'étais allé sur la falaise contempler l'océan.» 3
Aucune trace ni dans la biographie de l’auteur ni dans son œuvre n’évoque sa visite à
Casablanca.
Donc le lecteur n'est pas dupe, il est attentif afin de découvrir la fiction et dans ce cas
l'auteur intégré son imagination. C'est également ce qu’écrit Philippe Lejeune dans son
ouvrage théorique de Gasparini « Est- il je? Roman autobiographie et autofiction ».
« Pour que le lecteur envisage une narration apparemment autobiographique comme
une fiction comme une « autofiction », il faut qu'il perçoive l'histoire comme impossible ou
incompatible avec une information qu'il possède déjà» 4 ce qui confirme notre point de vue.
Le lecteur dans L'écrivain est attiré par beaucoup de choses, quand l’auteur relate ses
souvenirs d’enfance à l’école des cadets peut-il raconter et évoquer ses souvenirs d’enfance
avec autant de détails sans en oublier le plus petit ?
Surtout si nous nous référons ce qu’il affirme, lui-même dans une interview :
« Quand je pense à l’enfance, c’est une grisaille que je vois, dans la quelle je n’arrive
pas à retrouver mon image même pas une silhouette. »5
Dans ce sens, Laurent Jenny a proposé la définition suivante :
« le sujet de l’autobiographie entend placer sa parole et son histoire sous le contrôle

1
-Echanges et mutation des modèles littéraires entre Europe et Algérie, sous la direction de Charles Bonn, L’Harmattan,
Paris, 2004, p : 238.
2
- Yasmina Khadra, polar noir, interview, 15fevrier 2005.polar noir .net 16/khadra .
3
-Yasmina Khadra, L’écrivain, Julliard, Paris, 2001, p : 15.
4
-Philippe Lejeune, Moi aussi, op, cit, p : 65cité in Philipe Gasparini, Est –il je ?, roman autobiographique et autofiction,
Seuil, Paris, 2004, p : 25.
5
-Yasmina Khadra, une interview,http://leblogdevictoire.canalblog.com/archives/2006/11/17/3547490.html.consulté le 04
février 2014 à22 :39.

63
de sa conscience .Et l’inverse, l’autofiction serait en somme une autobiographie de
l’inconscient, ou le moi abdique la volonté de maitre et laisse placer le ça.»1
Donc, l’auteur relate avec autant de détails subtils, ce qui met en relief la notion de
l’inconscience. Dobrovsky qui résout le problème de la mémoire, de l’oubli avec
l’inconscient.
L’auteur écrit dans son roman :
« Je ne souviens pas de Kenadsa .Aussi loin ou portent mes repères, je n’arrive à
remuer que de rares éclaboussures en noir et blanc, aussi insaisissables qu’un tour de
magie. » 2
Ce passage prouve le départ de l’auteur en très jeune âge : le fait qu’il se souvient très
vaguement de Kenadsa, se situe entre le réal et le fictionnel.
Donc, l’autofiction, et d’inspiration psychanalytique l’auteur parle dans son œuvre
librement sans qu’il se limite et sans qu’il se suite obligée à raconter que la vérité car les
souvenirs d’enfance sont flous.

1
-Jenny Laurent, cité in L’autofiction Dobrvskyenne à travers l’enfance de Nathalie Sarraute .www.tehren .Ir
/spip.php ?article 1383, consulté le : 18-mars-2014 à 21 :15.
2
-Yasmina Khadra, L’écrivain, Julliard, Paris, 2001, p : 197.

64
III-3-L’analyse onomastique des noms des personnages dans L’écrivain de
Yasmina Khadra :
Notre corpus est très riche en noms de personnage, c’est pour cette raison une étude
onomastique est nécessaire. Les personnages son réels dans le roman, dans cette partie, nous
nous baserons sur l’analyse des sens du nom du personnage principale Mohammed et le rôle
que remplit ce personnage dans l’œuvre et sa relation avec les autres personnages de l’œuvre.
Dans le texte, l’identité onomastique est complète entre : l’auteur –narrateur –
personnage- Mohammed Moulessehoul occupe le rôle en même temps, du narrateur,
personnage qui se cache derrière un pseudonyme féminin Yasmina Khadra (l’auteur). Donc
notre roman est autobiographie.
Mohammed est un personnage réel, il vient de la vie de l’auteur, sauf que le rôle qu’il
remplit dans la fiction est de moindre importance.
Chartier déclare: « Le personnage est un être unique, exceptionnelle, ‘’inoubliable’’
mais il est en même temps, à son rang, à sa place, représentatif du genre humain. En lui se
réalise un équilibre entre les exigences de l’individu, exigences qui le définissent du dehors :
il a un nom, un titre, une fonction, des biens. »1
En effet, Mohammed et le nom de notre prophète et qui revoir à la culture musulmane.
André Miquel écrit «Un nom, c’est d’abord le nom : Muhamed, Ali, Ahmed, Ibrahim, mais
précède d’une indication de paternité (Abu, père de) et suivi de celle de filiation (Iben, fils
de), faisant suite à ce bloc, et non nécessaires, un surnom, titre ou titulature et la mention
d’une relation : à un lieu, un évènement, une l’école, un maitre.»2
Nous remarquons le nom de personnage Kader est construit par l’auteur, cette
nomination peut répondre aux intentions narratives de l’auteur. On peut définir l’art qui
s’intéresse à nommer les personnages est : « L’art de prédire à travers le nom, la qualité de
l’être. »3

Kader est un personnage puissant, courageux, capable. Il était le cousin du


Mohammed qu’il accompagne à l’école des cadets d’El Mechouar :

1
-Chartier. p, Introduction aux grandes théories du roman, Nathan, Paris, 2000, p : 185.
2
-M iquel, André cite par Christiane Achour, AminaBekkat, Clefs pour la lecture des récits, Convergences Critiques, II,
Tell, Alger, 2002, OP.cit, p : 81.
3
-Christiane Achour, Amina Bekkat, Clefs pour la lecture des récits, Convergences Critiques, II, Tell, Alger, 2002, OP.cit,
p: 81.

65
« Mon cousin vint à mon secours.il poussa sur le coté le lit métallique qui m’écrasait,
retira le matelas et m’aida à sortir de sous les « décombres » .Autour de moi, mes camarades
1
de chambrée finissaient de plier leurs couvertures, indifférents. »

La scène se passe dans le dortoir de l’école des cadets, le fait que l’auteur se retrouve
sous le lit prouve son bas âge, donc sa faiblesse physique .c’est d’ailleurs son cousin qui
l’aidera à tirer d’affaire .en n’ autres plus indices signifiant que c’est le début de l’année et de
la carrière para- militaire, car ses camarades sans restés indifférents : ils ne l’ont pas aidé
parce qu’ils ne le connaissaient pas encore et parce que eux-mêmes étaient préoccupés à
apprendre cette nouvelle vie.

1
- Yasmina Khadra, L’écrivain, Julliard, Paris, 2001, p:30.

66
III-4-L’analyse sémiologique du personnage selon Philippe Hamon :
Comme chaque roman, L’écrivain est chargé de personnages masculins et féminins, et
comme notre travail consiste à montrer s’il s’agit d’une autobiographie ou une autofiction,
nous devons vérifier la relation entre Mohammed Moulessehoul et ses personnages en
général. Donc chaque personnage a un rôle déterminant dans le livre :
Dans cette partie, nous essayerons d’analyser le personnage principale Mohammed,
selon les trois aspects, l’être, le faire, l’importance hiérarchique de Philippe Hamon que nous
avons déjà présenté dans la partie théorique.
I- L’être :
Yasmina Khadra est un bédouin. Sa ville natale est Kenadsa, il déclare dans une
interview :
« Je tiens cela de ma tribu bédouine dont le savoir et le verbe avaient rayonné
pendant des siècles sur le Sahara algérien et dans la région limitrophe. »1
À l’école des cadets, Mohammed était solitaire, terrifié d’un système militaire trop
sévère ou des caporaux analphabètes accompagnaient ces enfants à leur destin. Il était trop
chagriné surtout au jour de la visite parentale :
«C’était le jour de la visite parentale ; le jour le plus long, le plus éprouvant…à partir
de neuf heures, le nom des premiers bienheureux retentissait dans le crachotement du micro,
effarouchant la nuée de pigeons juchés sur les toits. »2
Il était sensible, déchiré quand il voit les sujets tristes :
« J’étais un émotif, un écorché vif, immédiatement interpellé par les sujets tristes. »3
Il était déçu des précédents mariages de son père et son éloignement de son épouse et
ses enfants :

« Je n’éprouvais aucune haine à l’encontre de mon père. J’étais seulement dérouté,


pris de court par la tournure des choses.»4

2- Le faire :

Nous intéressons à citer les actions thématiques de notre personnage principale


Mohammed Moulessehoul en tant-qu’écrivain.

Son talent littéraire apparait à l’école de Koléa :

1
-Yasmina Khadra, file://D:/yasmina Khadra, html, consulté le : 12-mars-2014à 22 :19.
2
-Yasmina Khadra, L’écrivain, Julliard, Paris, 2001, p : 45.
3
-Ibid, p: 75.
4
-Ibid, p: 80.

67
« Je m’enfermais dans ma classe et plongeais dans mes livres. »1

Il a relu tous les écrivains de l’époque : Algériens (Assia Djebar, Mohamed Dib…) et
occidentaux (Albert Camus, Steinbeck, Gorki…).

« L’autre jour, j’ai relu des souris et des hommes de John Steinbeck.»2

Quand il était élève, il écrivit son premier texte qui s’intitula Le manuscrit :

« Mon texte s’intitulait Le manuscrit ; il disait :- je suis désolé .que c’est affligeant de
dire haut ce que l’on ne pense même pas … du bout des doigts, il repousse mon manuscrit
.comme on repousse une offre. Inutile de faire appel : la fatalité bénéficie toujours d’un non-
lieu. »3 .

Après ses écritures en prose, il nous apparait ses penchants pour le théâtre et la poésie :

« Je dirais que Slimane Benaissa est un grand artiste. Sa disponibilité nous touchait
au plus profond notre âme »4

Il écrit un poème à une femme qui s’appelle Leila :


« La femme que j’aimerais
Me donnera sa vie entière
Pour une poignée de blé
Et arrachera ses chairs
Pour en penser mes plaies
Je veux qu’elle soif forte
A détourner le destin »5
À l’âge de dix sept ans, il écrit un recueil de nouvelles :
« C’est –à dire que je n’ai rien publié encore, mais j’écris »6
Dans les années 90, il publie une série de romans policiers et parmi les quels : Double
blanc.
« Dans Double blanc7 , j’ai écrit : « j’ai adoré un homme, il y a très longtemps.
C’était quelqu’un de bien .Il était bon comme du pain blanc et, quand il me prenait sur ses

1
- Yasmina Khadra, L’écrivain, Julliard, Paris, 2001, p: 248.
2
-Ibid, p: 242.
3
-Ibid, p: 214.
4
-Ibid, p: 221.
5
- Ibid, p: 258.
6
-Ibid, P : 198.
7
-Edition, Baleine, 1997.

68
genoux, j’avais la tête dans les nuages. J’ai oublié la couleur de ses yeux, l’odeur de son
corps ; j’ai oublié jusqu’à son visage, mais je me souviendrai de chacune(…) c’est parce qu’il
voulait tellement changer le monde qu’il est mort, car lui seul n’avait pas changé. »1
Toute cette analyse que nous avons effectuée et les indices que nous avons abordés
dans ce chapitre aboutissent à la même idée que « L’écrivain »n’est pas une autofiction, mais
plutôt une autobiographie, où l’auteur réalise un récit rétrospectif en prose de sa vie propre en
s’engageant à être fidèle à la réalité.

1
- Yasmina Khadra, L’écrivain, Julliard, Paris, 2001, p : 208.

69
Conclusion générale

70
Nous voulions arriver à la fin de notre étude, et après avoir exposé plusieurs éléments
en relation directe avec notre corpus, à démontrer que « L’écrivain » n’est pas une autofiction
mais une autobiographie reflétant de la vie de Yasmina Khadra.

L’étude que nous avons menée sur l’œuvre « L’écrivain » se devise en trois parties :
La première partie nommée « l’auteur et sa carrière littéraire » dans laquelle nous avons cité
des indices qui renvoient à la vie de l’auteur, ensuite nous avons présenté sa bibliographie
avec ses différents types d’écritures (documentaire, autobiographiques, psychologique et sans
oublier sa fameuse trilogie), ses écrits qui sont critiqués.

Nous avons mentionné des critiques de ses œuvres, et aussi nous avons présenté le
résumé de l’œuvre, et ainsi que le contexte socio- historique.

Dans un deuxième temps (Théories et techniques analytique), nous exposé les


définitions de l’autobiographie, l’autobiographie fictive, l’autofiction, selon Philippe Lejeune,
Gasparini et Vincent Colonna, comme nous avons fait référence à l’onomastie et l’analyse
sémiologique des personnages selon Philippe Hamon, pour arriver à déterminer le rôle de
chaque personnages dans le roman, ainsi que la relation entre Yasmina Khadra et ses
personnages.

Dans la troisième partie (Analyse du roman), nous avons essayé de réaliser une en
quête détaillée du roman : (l’autobiographie, l’autofiction, l’analyse onomastique des noms
des personnages, l’analyse sémiologique des personnages selon Philippe Hamon.

Le but était de trouver le pacte établi entre l’auteur et le lecteur, et nous avons essayé
de déterminer le genre.

À travers l’analyse onomastique des noms des personnages, nous avons abouti à un
résultat est que leurs noms sont réels, inspirés de la vie de l’auteur.

L’analyse sémiologique des personnages nous a permis de voir les divergences et les
points communs qui existent entre l’auteur et les autres personnages, nous avons essayé de
comprendre ses actions en tant qu’écrivain.

Enfin après avoir effectué toutes ses analyses sur notre corpus, nous concluons par une
réponse à la problématique posée au début du travail, en disant que l‘écrivain est un roman
autobiographique .Yasmina Khadra étant classé par ses écrits dans « la littérature d’urgence »
c'est-à-dire une littérature passagère, conjoncturelle.

71
Les perspectives qui s’ouvrent devant nous c’est par rapport à son futur littéraire :
pense –t-il à changer de style ou de thématique dans ses futurs écrits ?

72
Les références bibliographiques

73
1-Le corpus :

-Yasmina Khadra, L’écrivain, Julliard, Paris, 2001(pocket2003).

2-Autres œuvres littéraires :

-Serge Dobrovsky, Fils, Galilée, Paris ,1977 ; réédition Gallimard, coll, « folio »2001.

3-Ouvrages théoriques :

- Colonna Vincent, L’autofiction, essai sur la fonctionnalisation de soi en littérature,


EHES, 1989 . .
- Chartier. P, Introduction aux grandes théories du roman, Nathan, Paris, 2000.
- François Mauriac, Le romancier et ses personnages, Presses, Pocket, 1990.
- Françoise Simonet-Tenant, Le propre de l’écriture de soi, Corlet, France, Avril 2007.
. -Gérard Genette et Tzevetan Todorov, Théorie des genres, Seuil, Paris, 1986.

- Georges-Louis le clerc de Buffon, Discours sur le style prononcé à l’Académie française


,25 Août 1753.

-Philippe Gasparini ; Est-il je ?, Roman autobiographique et autofiction, Seuil, Paris, 2004.


- Philippe Hamon, pour un statut sémiologique du personnage, in poétique du récit, Seuil,
Paris, 1977.

-Philippe Lejeune, Le pacte autobiographique, Seuil, Paris, 1975,1996.

- Philippe Lejeune, Moi aussi, Seuil, Paris, collection « poétique »1986.


- Pierre Louis Ray, Le roman, Hachette, Paris, 1996.
- Robert Ferrieux, La littérature autobiographique en Grande- Bretagne et en
Irlande ,Ellipses, Paris, 2001.
- Roland Barthes, Introduction à l’analyse structurale du récit, Seuil, Paris, 1977.
- Roland Barthes, Le degré zéro de l’écriture, Seuil, Paris, 1952 et 1972.
- Serge Dobrovsky, Un amour de soi, Hachette, Paris ,1982.
- Sylvie Jopeck, La photographie et l’ (auto) biographie, Gallimard, Paris, 2004.
- Tzevetan Todorov, La notion littérature, Seuil, Paris, 1987.
- Tzevetan Todorov,Les genres du discours, Seuil, Paris, 1978.
- Vigner, G, Lire du texte au sens, Clé international, Paris, 1992.

74
4-Les ouvrages généraux :
-Achour Cheurfi, L’Anthologie Algérienne, Gasbah, 2005.
- Akram B .Ellyas « les notes de l’IFRI »n°37,2002.
- Albert Memmi, Anthologie du roman maghrébin de la langue française, Nathan,
Paris, 1987.
- Bernard Gubertafond, L’Algérie contemporaine, Vendôme, paris, 1981.
- Bonn Charles. Échanges et mutation des modèles littéraires entre Europe et Algérie,
L’Harmattan, Paris, 2004.
- Bonn Charles, Paysages algériens des années 90 : témoignage d’une tragédie ?, In
études littéraires maghrébines, L’Harmattan, Paris ,1999.
- Christiane Achour, Amina Bekkat, Clefs pour la lecture des récits, Convergences
CritiquesII, Tell, Alger ,2002.
- Christiane Achour et Simone Rezzoug, Convergences critiques, Introduction à la
lecture du littéraire, Offices des publications universitaires, Algérie, 2009.
- D.fisher.Ecrire du l’urgence, (Assai Djebar et Tahar Djaout), L’ Harmattan, Paris,
2007.
- H. Khodja, Le miroir aperçu historique et statistique sur la régence d’Alger
.Introduction d’A.Djeghloul, Sindbad, Paris, 1985.
- Jean Dejeux, La littérature Maghrébine d’expression française, paris, 1992.
- Georges Balandier, Anthropologie politique, P.U.F,Paris, 1969.
- Louis Blin, L’Algérie du Sahara au sahel, L’Harmattan, paris ,1990
- Mohamed Ridha Bouguerra, Histoire de la littérature du Maghreb, Ellipses, Paris,
2010.
- Rachid Mokhtari, Le nouveau souffle du roman algérien, Chihab, Alger 2006.
5-Les sites Internet et des interviews :
-bcs .fltr.ucl.ac.be /proso.html.consulté le : 15 mars 2014 à 22 :17.
-Interview de Yasmina Khadra par Bouziane Benachour, El-Watan, 15 mai 2005.
-J.C. Lebrun L’Humanité14 octobre 2005.
-Jenny Laurent, cité in L’autofiction Dobrvskyenne à travers l’enfance de Nathalie
Sarraute .www.tehren .Ir /spip.php ?article 1383.consulté le : 18-mars-2014 à21 :15.

75
- Nadine Sautel, le Magazine Littéraire, Octobre 2006.
- Roland Barthes, www.centrepompidou.fr/education/ressources/ens-barthes/ens-
barthes.html.consulté le 13 mars 2014à 19 :48.
-Yasmina Khadra, Entretien avec Youcef Merahi, Qui êtes-vous Monsieur Khadra ?
Sedia, Alger, 2007.
-Yasmina Khadra, polar noir, interview, 15fevrier 2005.polar noir .net
16/Khadra.interview,http://leblogdevictoire.canalblog.com/archives/2006/11/17/3547490.
html.consulté le 04 février 2014 à22 :39.
-Yasmina khadra, polar noir, une interview, 15 février 2005.polar noir .net 16 /khadra-
interview –html.consultéle 24 janvier 2014 à 17 :35.
-Yasmina Khadra, file://D:/yasmina khadra .html. Consulté le 14fevrier2014à 00 :15.
- Yasmina Khadra, une interview,http://leblogdevictoire.canalblog.com/archives/2006/11
17 /3547490.html.consulté le 04 février 2014 à22 :39.
-Yasmina Khadra http:/www.youtube.com/watch?v=fahi2fnnnwjw. Consulté le 15 mars
2014 à 19 :45.
-Yasmina Khadra http:/www.youtube.com/watch?v=fahi2fnnnwjw. Consulté le 15 mars
2014 à 19 :45.
-Yasmina Khadra, une interview ,13 mars 2014-54min –ajouté par
KTOTV.www.youtube.com /Watch ?v=fahi2fnnnwjw. Consulté le 18 avril 2014à
23 :54.
6-Thèses consultés :

-Voir les travaux d’Amina Nedjar, « L’idée de couple dans les Hirondelles de Kaboul de
Yasmina Khadra »thèse de master, Université Constantine ,2009-2010.

-Voir les travaux de Bouchra Debchi, « La violence dans le roman Les agneaux du
Seigneur de Yasmina Khadra »thèse de master, Université Constantine, 2012-2013.

- Voir les travaux de Ismail Slimani, « L’Ecriture Autobiographique chez Yasmina


Khadra : UN ACTE DE RESILIENCE », thèse de magistère, Université Batna, 2006-2007.

- Voir les travaux de Samira Ben Daamouche, « Yasmina Khadra : un contemporain dans
un contexte idéologique et politique de conflits et sa stratégie de succès », thèse de
magistère, Université Batna, 2008-2009.

76
-Voir les travaux de Zahira Aouiche et Fatiha Amrous, « MOULOUD FERAOUN
ECRIVAIN REVOLTE ETUDE DE CAS : LA TERRE ET LE SANG », thèse de licence,
Université Batna, 1995-1996.

7-Dictionnaire :

-Brodard et Taupin, Dictionnaire fondamentale du français littéraire, France, juin, 2004


-Microsoft R encarta R 2009-C 1993-2008 Microsoft corporation.

77
ANNEXES

78
Annexe 1 : Quelques couvertures des romans de Yasmina Khadra.

79
80
81
82
83
Annexe 2 :
INTERVIEW DE YASM INA KHADRA AU QUOTIDIEN ECONOM IQUE ALGERIEN « LE FINANCIER »Par :

Fayçal Anseur

Algérie le 19/11/2007
« Je veux réconcilier les hautes sphères avec leurs intellectuels»

« Quand je vois de quelle manière les occidentaux se battent pour leur élite, allant parfois
jusqu’à leur bâtir des stèles abracadabrantesques, je reste songeur devant les hostilités qui
mobilisent certains d’entre nous autour d’un succès algérien. »

Fraîchement installé à tête du Centre Culturel Algérien à Paris, Yasmina Khadra,


explique dans l’entretien qui suit, les raisons pour lesquelles il a accepté ce poste, ses
ambitions pour l’avenir du CCA à Paris et par la même occasion il réplique aux
attaques de certains journalistes, dont Leila Aslaoui, qui l’accusent de tourner casaque.

Le Financier : Il y a quelques mois, vous déploriez, dans les colonnes du quotidien d’Oran,
le manque d’intérêt que vous témoignaient les autorités algériennes en tant qu’écrivain à
succès, notamment vis-à-vis de votre dernier roman «L’attentat» qui a séduit jusqu’à
Hollywood. Aujourd’hui vous êtes nommé à la tête du CCA à Paris. Est-ce que c’est ce
genre de reconnaissance que vous cherchiez ?

Yasmina Khadra : Pas le manque d’intérêt du Pouvoir, mais des médias algériens qui, par
moments, passent à côté de ces événements susceptibles de nous redonner confiance en
nous. Quand je vois de quelle manière les occidentaux se battent pour leur élite, allant
parfois jusqu’à leur bâtir des stèles abracadabrantesques, je reste songeur devant les
hostilités qui mobilisent certains d’entre nous autour d’un succès algérien. Je suppose qu’il
s’agit là d’une nature propre aux nations qui régressent. Tirer vers le bas tout ce qui est
susceptible de les aider à sortir la tête de la fange. Les choses sont parfaitement claires. Il
suffit de tendre l’oreille pour être fixé sur cette infamie qui caractérise beaucoup d’entre
nous, et je ne tiens pas à remettre sur le tapis ces horreurs répugnantes qui nous pourrissent
l’existence. Quant à ma nomination à la tête du CCA, je ne l’ai pas provoquée. C’est vrai, à
une époque, je passais par des moments difficiles et je me serais volontiers agrippé à une

84
perche providentielle pour ne pas couler. Plus maintenant. Je suis très bien ancré dans mes
convictions, maître absolu de mes moyens. Il y a à peine deux semaines, j’occupais le plus
beau des postes, le plus beau des trônes, celui de ma liberté. Je n’ai nul besoin de promotion,
le succès de mes livres et le cercle de mon lectorat me suffisent. Mais il s’agit là d’une
première dans la jeune histoire de notre pays. C’est la première fois qu’un Président de la
république charge un écrivain, qui n’est pas du sérail et qui a été particulièrement virulent à
l’encontre du Système, d’une mission aussi importante : rendre la Culture algérienne à ses
enfants, la délivrer des prédateurs et de l’obscurantisme. Je l’ai accepté au nom de tous les
artistes et intellectuels qui étaient inscrits aux abonnés absents des manifestations culturelles
qu’organisait ce Centre, ayant été moi-même persona non grata. J’ai toujours crié sur les
toits ma peine de voir notre élite marginalisée. Pour une fois que j’ai l’occasion de lui tendre
la main, je ne
vais pas me débiner.

L.F. : Comment expliquez-vous le choix du président Bouteflika qui jette son dévolu sur
«quelqu’un qui n’est pas du sérail» et y a-t-il eu des consignes qui ont conditionné votre
nomination au CCA à Paris ?

Y.K. : Il faut poser la question au Président. Pour ma part, je reste convaincu qu’il sait que
je ne suis pas dans le besoin, ce que ça me coûte de renoncer à mes privilèges et mes libertés
pour m’investir au profit des AUTRES. Il serait ridicule de penser une seconde que le poste
de directeur me flatte ou m’élève dans l’estime des gens. Je vaux beaucoup plus que ça.
Mais il ne s’agit pas de moi, il s’agit de notre culture, de notre pays, des espoirs que je
nourrissais personnellement pour notre
élite. Mon intégrité y est pour l’essentiel. J’ai fini par convaincre que je ne suis pas un pou
borgne, que je me venge pas, que je ne renie rien, que ma colère est saine et qu’elle est celle
d’un Algérien qui souffre de voir sa patrie bailler aux corneilles à l’heure où la
mondialisation frénétique
menace de nous bouffer crus. Quant aux consignes, je n’en ai reçues aucune. Là encore, le
Président sait que je n’en ai pas besoin. Il sait le respect que j’ai pour l’élite algérienne, sans
distinction de mœurs ou d’humeurs. J’espère seulement remettre la culture au bon endroit et
rassembler nos créateurs et penseurs autour d’un même idéal : sauver notre pays du
marasme culturel dans lequel il se dilue. Ce n’est pas gagné d’avance ni chose aisée, et la

85
bonne volonté ne suffit pas. Mais je reste confiant. Déjà de grands noms de nos Arts et
lettres m’ont appelé pour me
dire qu’ils sont à mes côtés.

L.F. : Votre nomination a étonné plus d’un dans le milieu intellectuel algérien. D’ailleurs
des voix dans l’opposition à l’instar des journalistes, Leila Aslaoui et Larbi Chalabi (1), se
sont exprimées à ce sujet et ne disent pas moins que le Yasmina Khadra auteur d’un article
réquisitoire contre le gouvernement en place dans le quotidien espagnol El Pais le 1 juin
2007, n’est pas le même écrivain qui accepte aujourd’hui de servir une institution qui
représente ce même gouvernement. En d’autres termes on vous reproche de privilégier votre
carrière à votre indépendance intellectuelle. Que leur répondez-vous ?

Y.K. : J’ai toujours étonné plus d’un dans le milieu intellectuel algérien. Agréablement, par
endroits ; effroyablement par moments. C’est tout à fait logique. Mais pourquoi voulez-vous
que je redoute les amalgames quand je SAIS qui je suis. John Steinbeck disait « L’insulte ne
demeure telle que lorsqu’elle s’adresse à quelqu’un peu sûr de sa valeur ». Je ne connais pas
Larbi Chalabi. Je n’ai jamais entendu parler de lui et ignore la teneur de ses propos. Quant à
Mme Aslaoui, je suis triste pour elle. C’est une dame que j’ai toujours respectée, et aimée.
J’ai même coupé court avec mes éditeurs espagnols qui avaient refusé de traduire ses œuvres
que moi-même leur avais proposées. Je crois qu’elle aurait du, au nom de notre amitié, me
passer un coup de fil pour comprendre de quoi il retourne au lieu de se baser sur une méprise
de journaliste qui, le lendemain, avait eu l’honnêteté de la rectifier. Cependant, je suis
stupéfait par la méchanceté de son texte. Comment a-t-elle pu m’associer à ces coureurs de
«koursi» moi qui avais renoncé à ma carrière d’officier pour m’aventurer nu et sans repères
dans le monde interlope des Lettres ? Comment peut-elle manquer de tant de discernement
pour croire que la fonction de directeur de CCA est plus importante, plus prestigieuse et plus
convoitée que celle de l’écrivain que je suis ? C’est mon nom qui va donner une crédibilité
et une vocation au CCA, et non le contraire. Par ailleurs, si le hasard a voulu que je sois cet
écrivain qui réconcilierait le Pouvoir avec son élite, eh bien, pourquoi pas ? C’était mon rêve
d’amener nos dirigeants à cesser de nous considérer comme une menace et une subversion.
Ne doutent de la sincérité de mes engagements que ceux qui se sont fossilisés dans la haine
expéditive et le rejet péremptoire de toute conscience et présence d’esprit. Ces gens-là n’ont
qu’à jeter un œil sur toutes les belles choses auxquelles j’ai renoncées pour mesurer combien

86
j’aime mon pays. Parce que l’Algérie ne m’appartient pas ; elle appartient à nos enfants et
que notre devoir absolu est de ne pas en abuser.

L.F. : Vous avez déclaré dans la presse que « si vous consacrer à d’autres auteurs est plus
important qu’écrire, vous le feriez ». Dans ce cas quels sont les auteurs que vous voudriez
mettre en évidence ?

Y.K. : Il ne faut pas exagérer. J’ai dit que nos auteurs mériteraient bien quelques sacrifices,
de là à renoncer à écrire, c’est trop me demander. Je me vois mal bouder mes feuilles
blanches sans mourir un peu. J’essaierais de faire de mon mieux pour donner au Centre une
contenance et une vocation ambitieuse, mais je ne laisserais pas mes personnages languir de
moi. La littérature est plus qu’une passion, elle est ma vraie nature.

L.F. : Mohamed Benchicou vient de publier un livre, « Les geôles d’Alger », dans lequel il
raconte ses conditions de détention en prison, soutenu entre autres par l’écrivain Boualem
Sansal. Tous deux dénoncent la censure dont leurs livres font objets. Auront-ils dorénavant e
droit de cité au CCA de Paris ?

Y.K. : Mohamed Benchicou est mon ami. Il a été l’un des rares journalistes algériens à
m’avoir défendu du temps où tout le monde se liguait contre moi en France. Par
reconnaissance et amitié, j’ai accepté d’écrire pour son journal alors que j’avais refusé des
propositions assez alléchantes en Europe. Personnellement, je préfère qu’on lave notre linge
en famille plutôt que d’aller se torcher devant des étrangers. Mais je sais qu’il ne me
demandera pas de se produire au CCA pour débattre des « Geôles d’Alger ». Pas avant que
je me sois installé et aie fixé l’orientation que je souhaiterais donner au Centre. Je ferais tout
mon possible pour que les Algériens puissent intervenir librement au CCA.

L.F. : D’aucuns s’accordent à dire que le CCA de Paris est moribond. Quelles sont vos
ambitions pour le tirer de ce marasme et avec quels moyens ?

Y.K. : Il est très facile de casser du sucre sur le dos des absents ou de faire porter le chapeau
au directeur sortant. Je préfère ne pas m’attarder sur les dysfonctionnements de ce centre. Je
dirais simplement qu’il souffrait d’un manque d’effectifs hallucinant et qu’il a besoin du

87
budget consistant pour forcer le respect.

L.F. : La journaliste Leila Aslaoui, encore elle, vous reproche déjà le contenu de votre
prochain roman sur « la réconciliation nationale entre Algériens ». Dans la presse on parle
en revanche de « réconciliation entre Algériens et Français ». Deux sujets politiques qui
intéressent Bouteflika. Votre position diffère-t-elle de celle du président ?

Y.K. : Etrangement, lors de mon installation officielle et la petite collation organisée à cette
occasion, la dame du Soir d’Algérie n’a pas apprécié ma méfiance quant aux maladresses de
notre presse. Pourtant elle me prouve encore une fois que je n’avais pas tort. Elle m’a fait
dire ce que je n’ai pas dit. Je parlais de mon prochain roman sur l’Algérie des années 30, 40
et 60. Donc de l’Algérie colonisée. Et j’ai parlé de réconciliation entre Algériens et Français.
Comme rapportés justement dans l’Expression et dans d’autres organes de presse. Mme
Aslaoui a réagi en fonction de ce malentendu. Je la comprends, mais je ne l’approuve pas.
Ce n’est pas bien d’essayer de descendre en flammes quelqu’un à partir d’une méprise qui
incombe à un autre. Elle sait pourtant que je ne suis ni à vendre ni à louer. Quand on a une
notoriété comme la mienne, une crédibilité comme la mienne, une audience comme la
mienne, on ne peut pas saliver devant un morceau de sucre comme un joli toutou. Mais pour
cela, il faudrait d’abord comprendre ce que dignité veut véritablement signifier. Les gens
sincères savent que je le suis aussi. Cependant, je voudrais ajouter ceci : qui sont-ils pour
nous juger ? Que représentent-ils pour nous accabler ? Qui les autorise à faire nos procès et
au nom de quelle justice ? De quel chef d’accusation ? Quel est donc ce crime qui consiste à
servir son pays ? Je crois qu’il est grand temps, pour certains, d’apprendre à mettre un peu
d’eau dans leur vin. Ce n’est pas parce qu’on a un espace dans un journal que l’on s’arroge
le droit d’y déverser son fiel et son dépit sur n’importe qui et à propos de n’importe quoi. Et
puis, ce rappel à l’ordre : Avant de juger les gens, il faut d’abord mériter de le regarder dans
les yeux.

L.F. : Quels conseils donnerez-vous aux jeunes auteurs algériens et quel apport le CCA à
Paris pourrait leur fournir ?

Y.K. : Un seul conseil : ne jamais renoncer. Ecrire relève d’un chemin de croix. C’est une
véritable expédition contre ses propres fléchissements, ses doutes et ses déceptions. Il faut

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que nos jeunes
auteurs s’attendent à l’indifférence, à l’ostracisme et au dédain des crétins. Quand on a
choisi l’excellence, il est évident d’en être digne. Il faut savoir se battre jusqu’au bout,
jusqu’à la dernière cartouche de son imprimante. Ce n’est qu’à ce prix qu’on a une chance
de survivre à la médiocrité et à l’ignominie des vandales et des obscurantistes.

L.F. : Combien gagne aujourd’hui un écrivain algérien, peut-il vivre de sa plume ?

Y.K. : Pas grand-chose, je le crains. Ils sont rares ceux qui peuvent espérer vivre de leur
plume. Dans un pays où les best-sellers n’excèdent pas les 3000 exemplaires, il ne faut pas
rêver. Même en France, les écrivains vivant de leur littérature se comptent sur le bout des
doigts. Et puis, c’est tellement aléatoire. Vous pouvez passer de 100 000 exemplaires à 10
000 en moins d’une saison. Avoir un vrai travail, une fonction serait un sage recours. Certes,
je vis largement de mes livres. J’en ai vendus partout dans le monde. Certains sont portés au
cinéma. Morituri (Franco-algérien), L’Attentat (Hollywood), Les Hirondelles de Kaboul
(France), d’autres adaptés au théâtre : Cousine K (France), Les Sirènes de Bagdad (France),
L’Attentat (Hollande-Afrique noire). Mais l’enthousiasme pourrait nous poser un lapin et il
serait raisonnable de ne pas prendre pour argent comptant ce qui n’est jamais acquis
d’avance.

L.F. : Quels rôles incombent aux maisons d’éditions et les médias dans la promotion des
œuvres algériennes, en Algérie et à l’étranger ?

Y.K. : Le rôle le plus important. L’éditeur se doit de s’impliquer pleinement dans la


promotion d’une œuvre, et sans les médias le livre est au bord du gouffre. Ils sont la
survivance d’une œuvre, et sa longévité par moments. Il arrive, parfois, que le bouche à
oreille sauve un ouvrage de la décomposition ; que des libraires portent à bras le corps un
roman boudé par la presse, comme ça a été le cas des Hirondelles de Kaboul à sa sortie en
France, passé presque inaperçu dans la presse et présent plusieurs semaines sur la liste des
meilleures ventes, mais ce sont des cas rares. Les médias, en particulier la télé et la radio,
restent les meilleurs supports du livre…
(1) dans lematindz.net du 17/11/2007

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« Je n’ai pas le droit de tourner le dos à cette chance historique en mesure de réconcilier les
hautes sphères avec leurs intellectuels. Notre malheur vient de là, de cette incompatibilité
contre nature. Je ne sais pas si on a compris la symbolique de cette nomination, sa portée
véritable et ses enjeux. ».

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Annexe 3 :

Entretien de Yasmina Khadra avec Youcef Merahi. Qui êtes –vous Monsieur Khadra ?

Algérie : juin /2007.

Youcef Merahi : Comment dois –je vous appeler, Yasmina Khadra ou Mohammed
Moulessehoul ?1

Yasmina Khadra : Comme tout le monde, Yasmina Khadra2 .

Yasmina Khadra, vous le porter mieux ?

Comme une bandoulière, parfois comme une croix. Mais je le porte avec foi.3

Youcef Merahi : Vous dites dans L’écrivain, je vous cite : « je n’ai pas besoin de chers ni
d’avion ni de bataillons chevronnés .M .le directeur, donnez –moi une machine à écrire et une
rame de papier et je conquerrai le monde. »4

Yasmina Khadra :Quel prétentieux !...c’est vrai, c’est exactement ce que j’ai dit à notre
directeur d’école Mais beaucoup par dépit que par excès de zèle .On était tout le temps en
train de nous bourrer le crâne de principes soldatesques ,d’agressivité ,de morale militariste
.J’en avais des tourmis jusque dans mes réflexions .Je n’ai jamais cru à la noblesse des armes
.Je n’étais pas né guerroyer .Je m’accrochais à mes livres comme à des obsessions .Il me
semblait que si je venais à lâcher prise ,tout serait foutu .Aussi me cramponnais –je corps et
âme à la musicalité des mots qui ripostait vaillamment à la chorale des mitrailles et aux cris de
sommation . Aujourd’hui, je mesure toute cette schizophrénie qu’il m’a fallu mourir de ma
chair et de mon esprit pour rester moi-même : un poète au milieu des batailles rangées, des
parades millimétrées et des fanfares tonitruantes .C’est fou, mais combien stimulant.

Youcef Merahi : Dans L’imposture des mots et L’écrivain, vous déclarez vouloir être poète ;
puis vous déclarez vouloir être écrivain .avez –vous écrit de la poésie ?5

Yasmina Khadra : Quand j’écris en arabe, je fais de la poésie ; quand j’écris en français, je
fais du roman .Je ne suis arabisant de formation .Petit, je voulais devenir poète comme El-
Mutanabbi. Par la suite, j’ai rencontré Albert Camus et j’ai complètement changé de cap. J’ai
décidé d’être romancier .mes professeurs d’arabe ne m’ont pas encouragé. À chaque fois que
je leur proposais mes poèmes, c’étais carrément l’humiliation que je subissais de leur part .ils
me reprochaient des maladresses alors que je n’avais que quatorze ans …

Youcef Merahi : Quelle sont pour vous les dimensions d’un poète et d’un écrivain ?6

1
-Yasmina Khadra, Entretien avec Youcef M erahi, Qui êtes –vous Monsieur Khadra ?, Sedia, 2007, p : 17.
2
-idem.
3
-idem.
4
-ibid, p : 23.
5
-ibid, p : 25.
6
- Yasmina Khadra, Entretien avec Youcef M erahi, Qui êtes –vous Monsieur Khadra ?, Sedia, 2007, p : 25.

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Yasmina Khadra : Je l’ignore .pour moi, il s’agit de générosité .La seule unité de mesure qui
sied à la générosité est celle de la gratitude. 1

Youcef Merahi : Que représente pour vous l’écriture ?2

Yasmina Khadra : Elle est l’extension du domaine de la vie. La vie en elle-même ne suffit
pas, nous avons besoin de lui créer une fiction pour élargir son audience, apprivoiser les rêves
qui nous échappent.la littérature, c’est le regard, peut être, le plus sincère, qu’on est capable
de porter sur soi-même .J’ai dit quelque part que la fiction est la thérapie de la réalité ; elle
nous aide à mieux interpeller cette réalité, à la domestiquer, à la remodeler, à la réinventer en
la purgeant de sa banalité. Le livre –« ce jumeau sombre» de l’homme, disait Faulkner (je
préférerais « jumeau éclairé »)-n’est pas forcément un faux frère ou un ennemi .Il est notre
« jumeau »parce qu’il nous renvoie à un notre propre image, tel un miroir. Il nous appartient
d’en faire l’usage que nous voulons .Pour ma part, je dirais que le livre est le seul vrai courage
de l’homme, car il ne se retrace jamais, scellé noir sur blanc .Il est le seul endroit où la pudeur
reconnait sa fausseté et où l’impudence se découvre des vertus .Ecrire, c’est vomir ses tripes,
se libérer de son corps, rejoindre ses vieux démons dans un exorcisme salvateur .Après le
vide, toutes les virginités sont possibles, toutes les conquêtes permises.

Youcef Merahi : Je suis quand même curieux de savoir comment vous organisez votre
écriture ?3

Yasmina Khadra :Je ne m’impose aucun planning .je ne suis pas obligé d’écrire tout les
jours ,à des heures fixes ,ni de me retirer dans une résidence conçue de façon à me soustraire
aux chahuts de la ville .J’écris quand ça vient .Je ne vais pas chercher l’inspiration ,je
m’interdis de la provoquer .Je ne la force pas .Je sais qu’elle n’est pas loin ,qu’elle prend son
temps ,qu’il serait malencontreux de la déranger …je peux rester des semaines sans coucher
une seule ligne .Je laisse mariner .Puis, un déclic ,et me voila parti .Il m’arrive d’écrire durant
seize heures d’affilée, sans boire ni manger ,me contenant d’un verre de jus d’orange et d’un
bout de pain ,un grand dam de mon épouse …pour le moment ,j’écris dans ma chambre .Je
dispose d’une petite table et d’un computer que souvent mes enfants me disputent .Par souci
d’équité ,il m’arrive de leur céder ma place ,le temps de griller une cigarette sur le balcon puis
d’aller me dégourdir les jambes et l’esprit dans une traverse pas loin de chez moi ,une allée
souvent déserte que les cyprès escortent d’un bout à l’autre .Je m’évade en suivant les petites
magouilles des écureuils ou en me penchant sur le « déménagement » indolent d’une tortue
.une fois reposé ,je reviens à mon texte et je m’y perds jusque tard dans la nuit. 4

Youcef Merahi : une fois votre roman édité, qu’y a-t-il pour l’écrivain Yasmina Khadra
derrière le miroir de l’écriture ?5

Yasmina Khadra : que reste –t-il à la mère qui vient d’accoucher ? Rien dans le ventre, tout
sur les bras .je retrousse les manches et je vais là où l’on m’invite pour parler de mon roman

1
-idem.
2
- idem : 68.
3
-idem.
4
-idem : 69.
5
- Yasmina Khadra, Entretien avec Youcef M erahi, Qui êtes –vous Monsieur Khadra ?, Sedia, 2007, p : 70.

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.c’est stimulant de rencontrer son lectorat, de l’écouter, de saisir des impressions, de voir où
l’on a fait mouche, où l’on a fait chou blanc .un autre apprentissage commence : la découverte
de soi à travers le regard de l’autre. 1

1
- Yasmina Khadra, Entretien avec Youcef M erahi, Qui êtes –vous Monsieur Khadra ?, Sedia, 2007, p : 70.

93
Résumé :

Ce mémoire a pour but d'étudier le roman "L'écrivain" de Yasmina Khadra, sous le


regard à la fois, de l'autobiographe et de l'autofiction, pour cette raison, nous avons
appuierons sur les définitions avancées par Philippe Lejeune qui pale du pacte
"autobiographique" et par Serge Dobrovsky concernant l'autofiction, et d'autres théoriciens tel
que Philippe Gasparini et Vincent Colonna, dans le but d'avuiez a une approche complète de
notre ventre "L’écrivain» appartienne à tel ou tel genre.

Avec l'approche de Gasparini nous essayons d’aboutir au fait que le roman est une
autobiographie et n’on pas une autofiction, avec l’aide d’une analyse onomastique qui permet
de nous éclaircir sur le caractère autobiographique et autofictionnel du roman.

L'analyse sémiologique du personnage selon Philippe Hamon qui nous permet de


découvrir le personnage principal Mohammed Moulessehoul, ses actions et sa relation avec
les autres personnages.

Les mots clés : autobiographie, autofiction, roman, personnage, analyse.

94
Summary:

The memory is designed to study the novel "L'écrivain" by Yasmina khadra, seen by
both, autobiography and self, fiction this why we relied on the definitions developed by
Philippe Lejeune, who speaks of the covenant « autobiographical » and a Serge Dobrovsky
the authors of a modern kind: the Autofiction, and other theorists such as Philippe Gasparini,
and vincent colonna, in order to achieve a more comprehensive approach to our work
"Lécrivain", belongs to a particular kind.

With the approach of Gasparini we ended that our novel is autobiographical novel but
it is not an autofiction.

The semiotic analysis of the character according to Philippe Hamon, which allowsus
to discover the main character Mohammed Moulessehoul, its actions and its relationship with
other characters.

Key words : autobiographical, autofiction, novel, character, analysis.

95
‫ملخص‪:‬‬

‫هزي انمزكشة حهذف إنً دساست سواَت "انكاحب" نُاسمُىت خضشاء‪ ،‬ححج ضىء انسُشة انزاحُت وانخُال انزاحٍ فٍ آن واحذ‬
‫انشٍء انزٌ دفؼىا نىشكز ػهً وظشَاث "فهُب نىجان" انزٌ َخكهم فٍ مُثاق انسُشة انزاحُت و"ساسج دوبىفشسكٍ" صاحب‬
‫انىظشَت انحذَثت وهٍ انخُال انزاحٍ باإلضافت إنً "فهُب قصبُشوٍ" و"فاوسىن كى نىوا" بهذف انىصىل إنً مىقف َحذد‬
‫إنً أٌ وىع حىخمٍ سواَت "انكاحب" ‪.‬‬

‫بإسخؼمال مقاسبت غاسباسَىٍ حىصهىا إنً أن هزي انشواَت انخٍ بُه أَذَىا هٍ سُشة راحُت ونُسج بانخُال انزاحٍ‪.‬‬

‫انخحهُم انسُىُمائٍ نهشخصُاث وفقا نفهُب هامىن‪ ،‬وانزٌ َسمح نىا بإكخشاف انشخصُت انشئُسُت "محمذ مىنسهىل"‪ ،‬أػمانها‬
‫وػالقاحها مغ انشخصُاث األخشي‪.‬‬

‫الكلمات المفتاحية‬

‫انشخصُت‪ ,‬انخحهُم‪ ,‬انشواَت‪ ,‬انخُال انزاحٍ‪,‬انسُشة انزاحُت‬

‫‪96‬‬

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