80-Article Text-284-1-10-20200729
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ISSN: 2665-7473
Numéro 3 : Avril 2019
Résumé :
Toute entreprise risque de se confronter au cours de sa vie à des difficultés. Celles-ci ne
surviennent pas brusquement, elles peuvent être liées à des facteurs micro ou
macroéconomiques et qui risquent de la conduire à une défaillance financière puis juridique.
Le nombre de défaillance des entreprises marocaines a connu une évolution inquiétante
depuis l’année 2007. Cet accroissement confirme la nécessité de prévoir la défaillance afin de
veiller à la protection des créanciers, notamment les banques qui demeurent la principale
source de financement externe des entreprises marocaines.
La problématique de notre recherche se propose de mettre en évidence les variables les plus
discriminantes entre les entreprises saines et celles défaillantes, à travers un échantillon de
200 entreprises marocaines. L’objectif de notre contribution sera de proposer un modèle de
prédiction de la défaillance des entreprises marocaines, qui constituera à la fois un moyen de
diagnostic et un outil de prévention des difficultés. Ainsi, le choix de notre sujet s’inscrit dans
la perspective de maîtrise du risque de défaillance de la clientèle entreprise des banques.
Mots clés : La défaillance, entreprises défaillantes, entreprises saines, variables
discriminantes, prédiction du risque.
Abstract :
Any company may face difficulties during its life. These do not occur abruptly, they can be
linked to micro or macroeconomic factors and which may lead to financial and then legal
failure. The number of failure Moroccan companies has experienced a worrying evolution
since 2007. This increase confirms the need to foresee default in order to ensure the protection
of creditors, including banks, which remain the main source of external financing for
Moroccan companies. .
The problematic of our research is to highlight the most discriminating variables between
healthy and failing companies, through a sample of 200 Moroccan companies. The objective
of our contribution will be to propose a model for predicting the default of Moroccan
companies, which will be both a means of diagnosis and a tool for preventing difficulties.
Thus, the choice of our subject is in line with the prospect of controlling the risk of bank
customer default.
Keywords: Failure, failing companies, healthy firms, discriminating variables, risk prediction.
Introduction
Lors d’une décision d’octroi de crédit, les banques font face à un principal problème à savoir
leur incapacité à déterminer avec certitude si le client va honorer ou non ses engagements.
Cette décision repose sur l’évaluation préalable de l’agent de crédit. Ce dernier, en fonction
de son expérience, de l’évaluation de la solvabilité du client et de son historique de
remboursement, arrive à distinguer intuitivement le « bon » client du « mauvais », avant de
présenter le dossier au comité de crédit. Toutefois, cette évaluation basée sur la subjectivité du
banquier n’est pas toujours efficace, et présente certains biais. Les méthodes de l’évaluation
du risque de crédit par la technique des scores dite encore : ‘crédit scoring’ a été développée
afin de prédire le profil de risque du client de manière objective à travers la connaissance du
passé.
L’observation du tissu économique marocain montre que chaque année certaines entreprises
disparaissent et d’autres survivent et même parmi les survivantes, certaines rencontrent de
graves difficultés, alors que d’autres continuent de prospérer. La question qui se pose :
pourquoi une telle entreprise arrive à survivre et une autre rencontre des difficultés et risque
même de disparaître ?
En effet, le nombre de défaillance des entreprises marocaines a connu une évolution
inquiétante depuis l’année 2007. Le chiffre est passé de 1730 en 2007 à 5808 en 2015, soit
une hausse de plus de 200% en 8 ans. Le rythme d’augmentation des défaillances des
entreprises au Maroc continue avec un pic de 21% en 2016, 12% en 2017 pour atteindre 8020
entreprises. Selon ‘Euler Hermès’, le risque d’impayés reste fort au Maroc. En effet, près de
8.500 entreprises sont exposées à ce risque dans le Royaume, en particulier dans l’immobilier,
le commerce et les BTP. Cet accroissement confirme la nécessité de prévoir la défaillance afin
de veiller à la protection des créanciers. Les situations de défaillance sont néfastes pour
l’ensemble des créanciers. Leurs conséquences sont majeures aussi bien pour les autres
partenaires, qui risquent à leur tour de devenir défaillants que pour les banques qui demeurent
la principale source de financement externe des entreprises marocaines.
Ce rôle important et décisif des banques est accouplé d’un risque non-négligeable puisque les
défaillances représentent un coût très élevé pour les banques. Les créances en souffrance ont
totalisé en 2015 : 57 milliards de DH soit un taux de contentieux de 7,3%. Ce taux est resté
relativement stable en 2016 et 2017 affichant 7,5% avec un encours de 63,6 milliards de DH
fin décembre et 66 milliards de DH jusqu’à novembre 2018.
La question qu’on pourrait se poser à ce niveau est la suivante : est-il possible, grâce aux
outils d’analyse et de prévision de prédire le risque de défaillance des entreprises marocaines
de manière probante ?
L’objectif de notre contribution sera de proposer un modèle de prédiction de la défaillance
pour les entreprises marocaines, qui constituera à la fois un moyen de diagnostic et un outil de
prévention des difficultés.
Pour cela, nous proposons de présenter dans une première partie, une revue de littérature des
méthodes de prédiction de la défaillance (1). La méthodologie de recherche ainsi que les
critères de choix de notre échantillon et des ratios d’analyse feront l’objet d’une deuxième
partie (2). Les résultats obtenus à travers l’analyse discriminante ainsi que le modèle de
prédiction seront présentés dans une troisième partie (3). Enfin nous présenterons nos
principales conclusions.
1. REVUE DE LITTERATURE :
1.1. Le scoring :
L’évaluation du risque de défaut de paiement des entreprises par la technique du scoring part
du principe selon lequel le passé est le meilleur estimateur du futur. Selon (Saporta, 2011) le
scoring est la notation statistique des emprunteurs. En matière de gestion de risque lié au
crédit bancaire, le crédit scoring est compris selon (Flaman, 1997) comme étant le processus
d’assignation d’une note (ou score) à un emprunteur potentiel pour estimer la performance
future de son prêt.
Le Crédit Scoring utilise des mesures quantitatives de performance ainsi que les
caractéristiques des prêts précédents pour prédire la qualité des prêts futurs avec des
caractéristiques similaires. Il n’approuve, ni rejette une demande de prêt, il peut plutôt prédire
la probabilité d’occurrence de mauvaise performance (défaut) telle que définie par le prêteur
(Caire & Kossmann, 2003).
Selon (Saporta, 2011) « Le terme Crédit Scoring désigne un ensemble d'outils d'aide à la
décision utilisés par les organismes financiers pour évaluer le risque de non remboursement
des prêts. Un score est une note de risque, ou une probabilité de défaut »
Selon (Mark Schreiner, 2003) « L’évaluation statistique est l’utilisation de connaissances
quantitatives des résultats de remboursement et des caractéristiques des prêts remboursés dans
le passé et enregistrées dans une base de données électroniques afin de pronostiquer les
résultats de remboursement des futurs prêts ».
Selon (Anderson, 2007), le scoring est le recours aux modèles statistiques en vue de
transformer des données (qualitatives, quantitatives) en indicateurs numériques mesurables à
des fins d'aide à la décision d'octroi ou de rejet de crédit. La définition du scoring diffère selon
le but pour lequel il lui est fait recours, mais le principe reste le même. Le scoring est un outil
d’aide à la décision, à travers la recherche des caractéristiques opposant des groupes
prédéfinis.
Les méthodes des scores sont essentiellement utilisées par les banques et les établissements de
crédit afin de discriminer les clients et les classifier en deux sous-groupes : bons et mauvais,
en les différenciant par un certain nombre de critères. Le scoring repose sur la mise en place
d’une méthode ou système de notation permettant de déterminer si X (le client, le prospect...)
possède des caractéristiques susceptibles de prédire s'il va rentrer dans un cas favorable :
acheter un produit, continuer à consommer des produits de l'entreprise, honorer régulièrement
ses échéances, etc…Le calcul de ces notes se base, schématiquement, sur trois éléments : des
données, des variables et des méthodes. Les données, ce sont les informations que l'on connaît
du client : nom, prénom, coordonnées, sexe, ainsi que les informations que l'on a pu recueillir
au cours de sa relation avec la banque. Plusieurs explications peuvent être fournies sur la
définition et le rôle du Crédit Scoring, elles peuvent être résumées comme suit :
Figure 1 : Processus du Crédit Scoring
Modèle de
Prédiction Nouvelles
Prêts Construction
notation de crédit demandes de prêt
précédents
Source : Boubacar Diallo, Mai 2006
Historiquement, bien que le crédit scoring ait été pour la première fois utilisé dans les années
1950 aux USA, ses origines remontent en fait au début du XXe siècle, avec la publication de
la première grille de notation par John MOODY pour ses Trade bonds (obligations
commerciales). La notion de « scores financiers » dans le sens de notation financière en tant
que tel, est née avec la crise économique après la première guerre mondiale. C’est là où la
première étude des ratios a été réalisée. En 1923-1931, Winakor & Smith furent les premiers à
réaliser une étude importante sur les entreprises en difficulté à travers un échantillon de 103
entreprises. Ensuite, Fitzpatrick, Merwin, Hickmann,…les succèderont.
Cependant, les ratios financiers pris isolément ne donnent pas une idée globale de la situation
de l’entreprise, et c’est là où les analystes financiers ont senti le besoin d’élaborer un
indicateur global de situation financière. C’est ainsi que les modèles de score furent élaborés.
En fait, Fisher est le précurseur de cette idée de discrimination au sein d’un groupe. Il a
cherché en 1939 à faire la différence entre les origines de crâne en utilisant leur mesure
physique. Il a proposé une technique utilisée à nos jours, vu ses grandes qualités de robustesse
et d’interprétabilité. D’ailleurs, sa technique reste une référence en matière d’analyse
discriminante en dépit des différentes techniques développées par la suite.
Après le travail pilote de Fisher sur l’analyse discriminante, (David Durand,1941) fut le
premier à reconnaître la possibilité d’utiliser les techniques statistiques pour discriminer entre
bons et mauvais emprunteurs. Il montra que le risque de défaillance d’un emprunteur peut être
modélisé par une analyse discriminante en se basant sur ses caractéristiques.
Les fonctions scores se sont développées grâce aux travaux qui ont été entrepris aux Etats-
Unis d’Amérique dans les années 1960, notamment avec le fameux Z-score d’Altman inventé
en 1968, fonction discriminante de cinq ratios financiers, qui permet de prédire un an à
l’avance la défaillance d’une entreprise, avec une fiabilité allant jusqu’à 94%. Le modèle
d’Altman a significativement contribué au développement, à la promotion et à une meilleure
compréhension du Credit Scoring et de ses techniques, (Altman, et al.,1977), etc.
La méthode scoring n’est utilisée en France qu’à partir de 1975, essentiellement en matière de
crédit à la consommation, sous l’impulsion de plusieurs auteurs : (Collongues,1977), (Conan
& Holder, 1979), (Holder, et al., 1984) et les responsables successifs des travaux effectués au
sein de la Banque de France à partir de l’exploitation des données de sa centrale de bilans. Par
la suite, (Eisenbeis, 1996) a présenté une vue générale sur l’histoire et l’application des
techniques de Credit Scoring au portefeuille des banques «business portfolios». Un tableau
résumant les 10 dates clés du scoring crédit est présenté en annexe I.
1.2. Les méthodes de prédiction du risque de défaillance :
« Il n'y a aucune manière sûre d'identifier si une entreprise va faire défaut. Le but de
l'estimation du risque de crédit est, donc, de classer les clients par catégories, dont chacune est
homogène en termes de sa probabilité de défaut ».
(Angela Madalina Petrescu, 2007), a classé les modèles de prédiction du risque de crédit en
trois grandes catégories : les méthodes basées sur le jugement humain, les méthodes basées
sur l’intelligence artificielle et celles statistiques. Ces dernières à leur tour se subdivisent en
trois : les méthodes structurelles, les modèles hybrides et les méthodes économétriques basées
sur des données comptables. Seules ces dernières retiendront notre attention dans ce travail.
Le facteur situation financière est estimé à travers cinq ratios qui sont choisis grâce à la
pratique des analystes, sans aucune analyse statistique.
R1 : Ratio de trésorerie = Réalisable et disponible / Dettes à court terme.
R2 : Ratio d’indépendance financière ou ratio de solvabilité = Capitaux propres /
Dettes à moyen et long terme.
R3 : Ratio de rotation crédit clients = Ventes TTC / (clients + effets à recevoir + effets
escomptés non échus).
R4 : Ratio de rotation des stocks = Achats / Stock moyen.
R5 : Ratio de couverture = Capitaux propres / Valeurs immobilisées nettes.
Chaque ratio est une comparaison du ratio de l’entreprise par rapport au ratio type du secteur.
Ri = Ratio de l’entreprise/ Ratio type du secteur = REi / RSi
existent entre les deux groupes afin d’aider les analystes à prévoir la défaillance. L’analyse du
pouvoir prédictif des ratios financiers considérés de manière isolée, a fait l’objet de quatre
recherches effectuées toutes aux états-unis, qui sont celles de :
(Fitzpatrick,1932) qui a travaillé sur un échantillon de 19 entreprises saines et 19
défaillantes. Afin de prévoir le risque de défaillance, il emploie la tendance des deux
ratios suivants : bénéfice net / situation nette et situation nette / dettes totales, trois ans
avant la défaillance.
(Winkar & Smith, 1935), utilisent le ratio fonds de roulement / actif total, comme meilleur
indicateur du risque de défaillance.
(Merwin, 1942), a observé l’évolution, six ans avant la défaillance, de trois ratios
importants : fonds de roulement / actif total ; situation nette / dettes totales et actif
circulant / dettes à court terme. Son étude se réfère à la période 1926-1936.
Et l’étude la plus caractéristique dans ce cadre est celle de (Beaver, 1966), qui avait pour
objectif de classer les entreprises sur la base du ratio le plus discriminant.
BEAVER fit son étude sur un échantillon de 79 entreprises défaillantes et 79 saines. Cette
étude comprenait deux phases : d’abord la comparaison de la moyenne des groupes pour un
ratio donné, ensuite la détermination du seuil critique de chaque ratio, qui permet de
discriminer les entreprises et classer chacune dans un des deux groupes. Si le ratio d’une
entreprise est supérieur au seuil critique, elle sera classée comme saine et inversement. La
valeur de prédiction de cette méthode est testée par la qualité de classification réalisée sur un
échantillon témoin.
Ainsi, pour la totalité des entreprises de l’échantillon, BEAVER a calculé 30 ratios financiers
sélectionnés selon leur importance dans des études précédentes, pour garder seulement 6
ratios après traitement statistique. Les ratios qui ont donné le plus bas taux d’erreur de
classement des entreprises sont : Cash flow/Total dette ; Résultat net/Total actif ; Total
dette/Total actif ; Fonds de roulement/Total actif et Dettes à court terme/Total dettes. L’auteur
constata que les ratios d’autofinancement notamment : Cash flow/Endettement, est celui qui a
le plus grand pouvoir discriminant (taux global d’entreprises bien classées = 87%, 1 an avant
la défaillance et 77%, 5ans avant).
Le modèle statistique univarié de BEAVER a certes l’avantage de sa simplicité et
l’aboutissement à de bons résultats. Toutefois, il ne prend pas en considération l’effet conjoint
et la forte interdépendance des ratios. Chaque ratio étudié séparément risque d’aboutir à des
résultats contradictoires ce qui rend la décision de la situation d’une entreprise difficile. Cette
critique lui a été adressée notamment par (ZAVGREN, 1983) qui est le fondateur de
l’approche multidimensionnelle.
L’analyse discriminante multi-variée, Le pionnier de cette méthode est Fisher, à travers
l’initiation des travaux sur l’analyse discriminante en 1933, il a proposé une technique
d’analyse utilisée jusqu’à aujourd’hui étant donné ses résultats pertinents. Par la suite,
d’autres techniques se sont développées mais celle de Fisher reste une référence pour la
plupart des fonctions de crédit-scoring actuellement.
2ème type d’erreur : Le modèle classe une entreprise saine comme étant défaillante.
Les fonctions scores sont nombreuses. Les premiers travaux ont débuté aux Etats-Unis
d’Amérique dans les années 1960, notamment par (Altman, 1968 ;), (Haldeman & Narayanan,
1977),…. En Europe, il fallait attendre les années 1970 pour se développer grâce aux travaux
de : (Collongues, 1977), (Conan & Holder, 1979), (Holder, et al.,1984) et les travaux
effectués au sein de la banque de France par ses responsables à partir des données de sa
centrale de bilans.
Nous présenterons dans ce qui suit les principaux modèles d’analyse discriminante :
score de la zone entre 1,81 et 2,99 donnait un signal ambigu : certaines entreprises étaient
saines alors que d’autres en faillite.
Par conséquent, l’utilisation d’un seuil unique pour classer les entreprises risque d’entrainer
des erreurs. Altman a fixé la valeur critique de son score à Z = 2,675 afin de minimiser ces
erreurs. Ainsi, une entreprise qui obtient un score Z < 2,675 sera classée en situation
défaillante, ou plus précisément un score Z < 1,81 annonce sa défaillance dans un délai d’un
an ; et un score Z > 2,99 signale que l’entreprise est en bonne santé financière.
A travers ce score, Altman a aboutit aux résultats suivants :
- 95% de bon classement 1 an avant,
- 72% deux ans avant,
- 48% trois ans avant,
- 29% quatre ans avant,
- 36% cinq ans avant l’événement de défaillance.
Le modèle z-score d’Altman a connu par la suite, des limites d’utilisation vu la petitesse de
l’échantillon sur lequel a porté l’étude (33 sociétés saines et 33 défaillantes) et sa
concentration uniquement sur des entreprises du secteur manufacturier ; ce qui laisse planer
un doute sur la précision des coefficients. Afin d’améliorer son modèle à cinq variables,
Altman a développé en 1977 un nouveau modèle commercial plus élaboré appelé le modèle
ZETA, avec de nouvelles variables de classification. Il abandonna la variable X5 afin de
minimiser l’effet de l’industrie relié à la rotation des actifs et remplaça la variable X4 par les
actifs nets comptables / passifs totaux.
Sa deuxième étude a porté sur un échantillon de détaillants et de firmes manufacturières ayant
fait faillite durant les années 1969-1975. L’échantillon contient 53 défaillantes et 58 saines. Il
conclut que ce modèle ZETA est bon pour estimer les faillites jusqu’à un horizon de cinq ans.
Par ailleurs, le modèle ZETA (1977), comparativement au modèle de 1968, donnait des
résultats équivalents pour l’horizon d’un an, très légèrement supérieurs à un horizon de 2
années pour la classification des non défauts et beaucoup plus précis pour la classification des
faillites sur un horizon de 2 à 5 ans.
1.3.2. Le modèle de Collongues :
Yves COLLONGUES a entreprit en 1977 une étude en France sur un échantillon composé
de 35 entreprises saines et 35 défaillantes. Il a analysé au départ 19 ratios pour ne retenir que
9 ratios les plus discriminants. Sa fonction discriminante est la suivante :
Z = 4,983 X1 + 60,0366 X2 - 11,834 X3
Avec :
X1 = frais de personnel / valeur ajoutée.
X2 = frais financiers / chiffres d'affaires hors taxes.
X3 = fonds de roulement net / total bilan.
La règle de décision est la suivante :
Si Z > 5,455, l'entreprise sera considérée défaillante.
Si Z< 5,455, l'entreprise sera considérée saine.
Afin d’affiner son étude, COLLONGUES a testé sa fonction de nouveau sur deux
échantillons distincts. Le premier composé de 27 entreprises ayant déposé leur bilan, le
second de 21 entreprises en bonne santé. Suite à ce test, il a modifié son score pour aboutir à
la fonction suivante :
Z= 4,6159 X1- 22 X4 - 1,9623 X5
Avec :
X4 = résultat d'exploitation / chiffre d'affaires H.T.
X5 = fonds de roulement net / stocks.
La règle de décision est ainsi :
Si Z > 3,0774, l'entreprise est déclarée défaillante.
Si Z < 3,0774, l'entreprise est déclarée saine.
1.3.3. Le modèle de CONAN-HOLDER
En France, de nombreuses études ont essayé de prédire la défaillance des entreprises à
travers l’analyse discriminante, mais la plus importante est celle de CONAN & HOLDER du
fait qu’ils ont testé la multinormalité des ratios financiers utilisés et ont validé leur modèle sur
un échantillon de contrôle. Leur étude a été réalisée en 1978 et a porté sur un échantillon de
95 entreprises saines et 95 en difficulté sur la période 1970-1975. Au début, 31 ratios ont été
sélectionnés pour n’en garder que 5 à la fin.
La fonction discriminante de Conan & Holder se présente comme suit :
Z= 0,24 X1 + 0,22 X2 + 0,16 X3 - 0,87 X4 - 0,10 X5.
Avec :
X1 = EBE / endettement global.
X2 = capitaux permanents/ total du bilan.
X3= réalisable et disponible / total du bilan.
X4 = frais financiers / chiffre d'affaires H.T.
X5 = frais de personnel / valeur ajoutée.
Règle de décision :
Z < 0,04 signifie difficulté.
0,04 < Z < 0,09, zone de prudence.
Z > 0,09 l’entreprise est jugée bonne.
Ce modèle a été testé sur les entreprises du secteur industriel (PMI). Il permet une prévision
de défaillance de 75% à trois ans.
1.3.4. Le modèle de la Banque de France
La banque de France a choisi un échantillon assez large d’entreprises, grâce à sa centrale
des bilans. L’étude a porté sur : 1036 entreprises en difficultés (procédure judiciaire ou de
sauvetage) et 1150 entreprises normales. A partir de 30 ratios sélectionnés au départ,
seulement 19 ont été retenus. Entre 1972 et 1979, le pourcentage de bon classement obtenu
par le modèle sur les entreprises testées était de :
- 85,3 % à 1 an de la défaillance,
- 81,3 % 2 ans avant,
- 78,8 % 3 ans avant.
Le score de la Banque de France s'intéresse plus à l'endettement financier (importance,
structure et coût de l'endettement). La fonction discriminante de la Banque de France est la
suivante :
100 Z = - 1,255 X1 + 2,003 X2 - 0,824 X3 + 5,221 X4 - 0,689 X5 - 1,164 X6 + 0,706 X7 +
1,408 X8 - 85,544
Avec :
X1 = frais financiers/ EBE
X2 = ressources stables / actif économique
X3 = CAF / endettement
X4= EBE / CA HT
X5= délai crédit fournisseurs : (dettes commerciales / achats TTC)*365
X6= taux de variation de la valeur ajoutée
X7= délai découvert clients : (stocks en cours + créances d’exploitation - avances clients) /
production TTC
X8= investissements physiques / valeur ajoutée
La règle de décision est la suivante :
Si Z > 0,125 : l'entreprise est saine.
Si -0,250< Z <0,125 : l'entreprise est en zone d'incertitude.
historique trop restreint (moins de trois ans d’existence) et celles dont des informations sont
manquantes pour au moins trois années consécutives.
A la fin, nous nous sommes retrouvés avec un échantillon final représentatif, qui est composé
de 200 entreprises, dont on dispose de toutes les informations comptables et financières
durant trois années régulières. Ces entreprises sont divisées en deux sous-échantillons : 100
entreprises saines et 100 défaillantes.
La sélection des ratios d’analyse s’est effectuée suite à un choix logique et méthodologique
dans le but de constituer une liste pertinente et crédible capable de répondre aux objectifs et
attentes de notre analyse. Nous avons donc sélectionné une batterie de 33 variables
explicatives. Le choix de ces ratios se justifie par Leur récurrence dans la littérature française
(Les travaux de la Banque de France à partir des années 80, Bardos 1995) et internationale
(Altman 1968, Conan & Holder 1979, Rose & Giroux 1984 et Refait 2004).
En effet, à travers ces ratios, nous cherchons à intégrer les principales préoccupations ayant
trait à l’analyse de la situation financière de l’entreprise afin d’examiner sa bonne santé. Les
thèmes que nous avons adoptés dans notre analyse sont : la structure, la solvabilité, la
rentabilité, la liquidité, l’endettement, et la gestion commerciale.
La liste de tous les ratios ayant fait l’objet de notre analyse est présenté en annexe II. Ces
ratios sont énumérés et groupés selon sept facteurs de risque. Nous avons effectué l’analyse à
travers le logiciel SPSS 20.
Ainsi, la qualité de l’indicateur de risque élaboré est jugée à travers des erreurs de classement
: il s’agit du pourcentage d’entreprises saines considérées comme défaillantes (erreur de type
I) et, inversement, le pourcentage d’entreprises défaillantes considérées comme saines (erreur
de type II).
Le coût microéconomique d’erreur de type (I) est égal à la perte d’une marge bénéficiaire si
l’entreprise n’a pas obtenu le prêt. Tandis que, celui d’erreur de type (II) peut être associé au
coût d’une faillite d’un créancier, qui va dépendre de la rapidité d’examen du dossier selon
des procédures et des garanties attachées à ce créancier.
L’objet commun des modèles de prévision de la faillite est celui de tenter, grâce à des ratios
comptables choisis, de classer une entreprise quelconque à l’un des deux groupes :
défaillantes ou saines. Pour cela, trois grandes familles de méthodes de classification existent
: la méthodologie unidimensionnelle (Beaver, 1966), l’analyse discriminante linéaire et non
linéaire (Altman, 1968) et les régressions sur variables qualitatives telles que le modèle Logit
et Probit (Ohlson, 1980 ; Zmijjewsji, 1984, Jones & Hensher, 2007). Le but de toutes ces
méthodes est d’établir une relation statistique stable entre les variables explicatives de chacun
des deux groupes (Refait, 2004).
Nous présenterons dans un premier temps, l’étude des corrélations et du pouvoir discriminant
des variables à travers la moyenne des trois années précédant la défaillance, avant de
présenter dans un deuxième temps les résultats de l’analyse discriminante pour les trois
années de prédiction.
3.1. Etude des corrélations et du pouvoir discriminant des variables
L’objectif sera de détecter les variables prédictives les plus corrélées avec la variable à
prédire qui est la défaillance de l’entreprise, puis à la détection des variables les plus
discriminantes entre les deux catégories d’entreprises. Nous procéderons à travers la moyenne
des trois années de chaque variable explicative. L’importance de cette section est d’avoir une
idée préalable sur les variables les plus significatives durant les trois années d’analyse, avant
de procéder à une modélisation par année.
Nous avons procédé à une analyse des coefficients de corrélation entre les différentes
variables explicatives potentielles1 et la variable expliquée, dite aussi variable à prédire, qui
est la variable de défaut. Cette analyse a révélé que la plupart des variables prédictives, dont
les coefficients de corrélation de Pearson sont supérieurs à 5% et significatifs à 1% et 5%,
sont fortement corrélées avec la variable à prédire qui est le défaut de paiement, sauf 11
1
Pour les variables explicatives, nous avons calculé la moyenne des trois années de chaque ratio.
2
Voir Annexe III.
3
Lambda de Wilks est le rapport de la variation intra-groupes à la variation totale. La variation intra-groupes est,
pour chaque groupe, la somme des carrés des différences entre les scores discriminants individuels et le
centroïde du groupe. La variation totale est la somme des carrés des différences entre tous les scores
discriminants individuels et le score discriminant moyen global. Le Lambda de Wilks est une statistique utilisée
par l’analyse discriminante dans le but de tester si plusieurs groupes d’observations multivariées ont des
moyennes significativement différentes.
les groupes et de fortes valeurs désignent de faibles différences. Ces tests permettent de
centrer l’analyse de notre recherche, uniquement, sur les variables les plus importantes. Ils
contribuent également à l’amélioration de la fiabilité du modèle en écartant les autres
variables de moindre importance.
L’examen du test de Fisher indique au seuil de 5%, que 22 variables sont significatives, c’est-
à-dire, possèdent un pouvoir discriminant entre les deux groupes d’entreprises. Ce test
confirme les résultats obtenus par la corrélation entre la variable dépendante et les variables
explicatives.
Le test de significativité de Fisher indique, à travers l’examen du tableau (Cf annexe IV), au
seuil de 5% que la première variable la plus significative est celle de l’équilibre financier
représentée par le ratio FP/AI, suivi de ceux de la rentabilité surtout celle des actifs puis de la
marge nette d’exploitation, la marge bénéficiaire totale et la capacité bénéficiaire. Les ratios
de gestion commerciale notamment ceux de la rotation des crédits fournisseurs et clients
fournissent une appréciation sur le mode de gestion de l’entreprise, et donc ils s’avèrent aussi
très significatifs.
En outre, les ratios d’endettement permettent de discriminer entre les entreprises saines et
celles défaillantes, en mesurant le poids des dettes dans le total passif de l’entreprise et sa
capacité à couvrir les charges financières à travers son chiffre d’affaires. Les ratios de
structure possèdent également un pouvoir discriminant puisqu’ils mesurent le degré
d’autonomie financière de l’entreprise ainsi que sa structure de financement.
De même, les ratios de liquidité générale et immédiate fournissent une idée sur la capacité de
l’entreprise à honorer ses engagements et donc à être solvable vis-à-vis de ses créanciers.
Enfin pour les ratios de répartition de la valeur ajoutée notamment la part de l’Etat, de
l’entreprise et celle des bailleurs de fonds s’avèrent des ratios discriminants car ils permettent
d’apprécier la répartition de la richesse de l’entreprise entre ses différents partenaires surtout
pour la part qui revient aux bailleurs de fonds.
Donc, à ce stade nous pouvons confirmer que nos hypothèses de départ sont validées et que
les sept catégories de ratios utilisées permettent de discriminer entre les deux types
d’entreprises.
3.1.2. Tests du pouvoir discriminant du modèle
Généralement, la capacité prédictive de la fonction discriminante est vérifiée soit par des
tests statistiques faisant appel à des hypothèses probabilistes, soit par la matrice de confusion.
Résultats du classement a
DEFAILLANCE Classe(s) d'affectation Total
prévue(s)
0 1
0 83 17 100
Effectif
1 14 86 100
Original
0 83,0 17,0 100,0
%
1 14,0 86,0 100,0
a. 84,5% des observations originales classées correctement.
Source : Résultats SPSS
Cette fonction discriminante permet de classer 84,5% des entreprises correctement, soit un
taux d’erreur (entreprises mal classées) de seulement 15,5%. De plus on note que 83% des
entreprises de la classe ‘0’ (groupe des entreprises saines) sont bien classées, et 86% de la
classe ‘1’ (entreprises défaillantes), sont également bien classées.
L’erreur de type I est celle de classer à tort, une entreprise saine parmi celles en défaillance.
Ce taux de classement lié à ce groupe est de 14%. L’erreur de type II implique un classement
à tort d’une entreprise défaillante parmi celles saines. Ce taux est de 17% de l’effectif total de
ce groupe.
Le principe est le suivant : il faut établir au départ un critère de sélection des variables qui
mesure, pour le modèle discriminant, l’information additionnelle que peut apporter une
variable par rapport aux autres. Ce critère utilisé est fondé sur le choix des ratios les plus
significatifs. Le but est d’aboutir à une meilleure discrimination entre les entreprises saines et
celles défaillantes et d’associer un score à chacune d’elles.
Ainsi, pour construire notre modèle, nous avons des variables indépendantes dites aussi
(exogènes), qui sont les ratios financiers et une variable dépendante dite aussi endogène, qui
est une variable dichotomique. Elle prend la valeur :
‘0’ : pour une entreprise saine et,
‘1’ : pour une entreprise défaillante.
Le modèle sera donc comme suit :
Zi = a0 + a1 R1i + a2 R2i + ……………..+ ak Rki + €
Où: Rki : représente la valeur prise par les ratios de l’entreprise;
ak : le coefficient associé à l’indicateur Rk ;
Zi : le score d’une entreprise.
C’est la valeur de Zi par rapport à la valeur critique Z* qui détermine le classement des
entreprises dans le groupe des entreprises saines ou celui des entreprises défaillantes.
3.2.1. Résultats de l’analyse discriminante trois ans avant la défaillance (A.D. 1)
Pour élaborer notre modèle d’analyse discriminante trois années avant la défaillance,
nous avons procédé à travers les étapes suivantes :
En premier lieu, nous avons testé l’égalité des moyennes des groupes afin de détecter les
ratios les plus significatifs durant cette première année. En deuxième lieu, nous avons calculé
le pouvoir discriminant de chaque ratio afin de les classer selon leur importance. Finalement,
nous avons testé le pouvoir discriminant de notre modèle afin de juger sa pertinence.
Ainsi, le test d’égalité des moyennes des groupes trois années avant la défaillance, montre que
les ratios les plus significatifs pour l’année 1 sont les suivants :
Tableau: les ratios les plus significatifs pour l’AD 1 :
Variables F Signification Variables F Signification
FP/AI 1 24,748 0 RN/CA 1 8,067 0,005
RN/TA 1 12,221 0,001 IN/TA 1 7,973 0,005
DLMT/FP 1 10,977 0,001 EBE/CA 1 7,548 0,007
RE/CA 1 10,832 0,001 RAI/CA 1 7,107 0,008
Les variables les plus significatives sont classées par ordre décroissant selon la statistique de
Fisher. Nous remarquons à travers l’analyse discriminante deux ans avant la défaillance, que
l’importance de certains ratios permettant d’identifier la situation financière future des
entreprises change d’une année à l’autre. Par exemple, les ratios de liquidité prennent de
l’ampleur pour la discrimination entre les deux catégories d’entreprises.
Nous constatons également que respectivement, les ratios de : l’équilibre financier, la
rentabilité, l’endettement, la répartition de la valeur ajoutée puis la liquidité sont les
indicateurs les plus significatifs de la situation financière des entreprises marocaines ; même
s’ils n’ont pas la même capacité prédictive.
Présentation de la fonction score
Les ratios les plus corrélés entre eux ne doivent pas figurer dans la même fonction, ainsi nous
avons éliminé parmi les 21 variables les plus significatives, celles qui sont fortement
corrélées, tout en optant pour celles ayant le plus grand pouvoir discriminant. Nous avons
opté finalement pour ‘8’ ratios dont nous avons extrait, à travers le logiciel SPSS, les
coefficients de la fonction score. Notre fonction score deux ans avant la défaillance est la
suivante :
Z = 0,596 R1 + 0,034 R2 – 0,015 R3 + 0,017 R4 + 0,014 R5 - 0,332 R6 - 0,002 R7 – 0,014
R8 – 0,264.
Le logiciel SPSS donne les scores discriminants moyens pour les deux groupes afin d’affecter
chaque entreprise à sa catégorie. Les scores moyens sont les suivants :
Tableau: Fonctions aux barycentres des groupes (AD 2)
DEFAILLANCE Fonction
0 0,661
1 -0,661
Source : Résultats SPSS
Après avoir calculé la fonction relative à la discrimination, nous aboutissons à la conclusion
suivante :
Si Z < - 0,661 : l’entreprise est considérée comme défaillante.
Si Z > 0,661 : elle est considérée comme saine.
Si -0,661 < Z < 0,661 : l’entreprise est en zone d’incertitude qui se situe entre les deux
centres de gravité des deux groupes. Cette zone ne permet pas de trancher
définitivement sur la défaillance ou non de l’entreprise.
coefficients de la fonction score. Donc notre fonction score deux ans avant la défaillance est
la suivante :
Z = 0,396 R1 + 0,042 R2 – 0,351 R3 + 0,037 R4 - 0,017 R5 + 0,004 R6 - 0,000 R7 – 0,002
R8 + 0,002 R9 – 0,474.
Les scores discriminants moyens pour les deux groupes permettant d’affecter chaque
entreprise à sa catégorie sont les suivants :
Tableau: Fonctions aux barycentres des groupes (AD 3)
DEFAILLANCE Fonction
0 0,724
1 -0,724
Source : Résultats SPSS
Après avoir calculé la fonction relative à la discrimination, nous aboutissons à la conclusion
suivante :
Si Z < - 0,724 : l’entreprise est considérée comme défaillante.
Si Z > 0,724 : elle est considérée comme saine.
Si -0,724 < Z < 0,724 : l’entreprise est en zone d’incertitude qui se situe entre les
deux centres de gravité des deux groupes. Cette zone ne permet pas de trancher
définitivement sur la défaillance ou non de l’entreprise.
La classification des entreprises
Pour s’assurer de la validité du modèle de prévision, nous avons testé sa capacité de
distinguer dans l’échantillon initial des 200 entreprises, celles qui sont saines et celles
défaillantes.
Tableau: Résultats du classement (AD 3)
DEFAILLANCE Classe(s) d'affectation prévue(s) Total
0 1
0 83 17 100
Effectif
1 11 89 100
Original
0 83,0 17,0 100,0
%
1 11,0 89,0 100,0
Source : Résultats SPSS
Nous remarquons que parmi les 100 entreprises saines, le modèle a pu distinguer 83
entreprises. En plus, il a classé 89 entreprises défaillantes parmi 100 qui sont effectivement
défaillantes. En effet, le taux d’erreur de type I, qui est celui de classer une entreprise saine
parmi celles défaillantes, est de l’ordre de 17% alors que celui de type II (classer à tort une
entreprise défaillante parmi celles saines) est de 11%.
Il importe aussi de signaler que le test du pouvoir de classification du modèle dans le temps,
en passant de trois ans à un an avant la défaillance, montre que les taux de classement des
entreprises s’améliorent. Ce taux est passé de 71% à 77% puis 83% pour les entreprises saines
et de 87% à 88% puis 89% pour les entreprises défaillantes. De ce fait, nous pouvons conclure
que, plus l’horizon de prévision est proche, plus le degré de précision du modèle augmente.
Ce constat a été confirmé par la plupart des travaux antérieurs qui ont conclu que plus
l’horizon de la défaillance se rapproche, plus la prévision est précise. Cela est dû à la
dégradation de la situation de l’entreprise quelques mois voire un an avant de passer en
situation de défaillance. Dans ce cas, la discrimination entre les deux catégories d’entreprises
saines et défaillantes sera assez claire. D’ailleurs, dans notre cas, le modèle a permis de bien
classer 89% des entreprises en difficulté.
D’autres ratios tels que la liquidité immédiate et celle réduite se sont avérés discriminants
respectivement un an et deux ans avant la défaillance. De même que le ratio de gestion du
crédit clients qui a pris de l’ampleur un an avant la défaillance. Ce constat est tout à fait
logique, puisque le niveau de liquidité surtout immédiate ainsi que la durée du crédit clients
agissent directement sur la capacité de l’entreprises à honorer ses engagements.
Les résultats obtenus à travers cette étude empirique nous permettent de conclure que les
variables les plus discriminantes entre les entreprises saines et celles défaillantes, sont ceux de
la rentabilité, la liquidité, l’équilibre financier et le poids de l’endettement. D’ailleurs, ces
résultats sont conformes avec les enseignements de l’analyse financière qui préconise
l’analyse du couple rentabilité/risque pour décider de la situation financière de toute
entreprise.
Le test du pouvoir de classification du modèle a révélé des résultats très intéressants. En effet,
le modèle donne un taux global de bon classement respectivement de 79%, 82,5% et 86%
pour les trois années précédant la défaillance.
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Annexe I :
L'histoire du scoring crédit en 10 dates clés.
Dates Evènements
ère
2000 1 utilisation du crédit en Assyrie, à Babylone et en Egypte.
av. JC
1851 1ère utilisation de la notation (classement) crédit par John Bradstreet, pour ses
commerçants demandeurs de crédit, USA.
1909 John M. Moody publie la 1ere grille de notation pour les obligations commerciales
négociées sur le marché marché, USA.
1927 1er « crédit bureau » crée en Allemagne.
1933 Fisher initia les travaux sur l’analyse discriminante.
1941 David Durand professeur de Gestion au MIT écrit un rapport, et suggère le recours
aux statistiques pour assister la décision de crédit, USA.
1950 1ère firme créée par Bill Fair et Earl Isaac à San Fransisco à avoir développé les
premiers systèmes de Credit Scoring pour les crédits de consommation aux Etats-
Unis.
1958 1ère application du scoring par American Investments.
1967- Altman crée le « Z-score » à partir de l'analyse discriminante multivariée.
1970 Réglementation des « crédits bureaux » par le credit reporting act, USA.
1975 Introduction de la méthode scoring en France.
1995 L'assureur d'hypothèques Freddy Mac & Fannie Mae adopte le crédit-scoring, USA.
2000 Moody's KMV introduit le RiskCalc pour le scoring des ratios financiers (financial
ratio scoring - FRS).
2004 Bâle II recommande l'utilisation des méthodes statistiques de prévision du risque de
crédit.
Source : tableau inspiré de Rayon Anderson, « The crédit scoring Toolkit », Oxford University Press, 2007, P. 28
Annexe II :
Liste des 33 ratios financiers identifiés dans l’étude
Structure de financement : dettes à long et moyen terme /
R1 DLMT/FP
financement permanent.
STRUCTURE
RATIOS DE
RAT
SOL
IOS
DE
R6 DLMT/CAF
E
IMPOT/VA
N DE LA VA
RATIOS DE
Ajoutée
R 22 Part des bailleurs de fonds : Charges d’intérêt / Valeur Ajoutée CI/VA
R 23 Part de l’entreprise : Autofinancement / Valeur Ajoutée AF/VA
R 24 Poids des salaires : Charges de personnel / Valeur Ajoutée CHPERS/VA
R 25 Solvabilité : Endettement bancaire / Total Passif EB/TP
RATIOS D'ENDETTEMENT
O
C
N
A
R
ST/CA * 360j
T
T
S
S
I
R 32 CCR/CA *
Clients et Comptes Rattachés / Chiffre d’Affaires * 360j
360j
R 33 FRS/ARC *
Fournisseurs /Achats Revendus et Consommés * 360j
360 j