Marketing
Marketing
Marketing
MÉMOIRE PRÉSENTÉ À
L'UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À TROIS-RIVIÈRES
PAR
DAVID GELINAS
AOUT 2015
Université du Québec à Trois-Rivières
Service de la bibliothèque
Avertissement
Les chercheurs admettent que l'économie est « Service - Dominant» ; dirigée par
le marché (Day, 1999) et très centrée sur le consommateur (Sheth, Sisodia, et Sharma,
2000), plutôt qu'être « Produit - Dominant ». Comme plusieurs ont noté, l' accent n'est
plus mis sur l'efficacité à produire pour stocker davantage, sur la standardisation des
produits ou sur la distribution (Bonsu, Darmody et Zwick, 2008), mais il est plutôt mis
sur la collaboration et l'apprentissage en lien avec le consommateur pour mieux
s'adapter à ses besoins individuels et changeants. Plusieurs PME manufacturières
œuvrant dans divers secteurs doivent s'adapter à cette nouvelle perspective afin de rester
compétitives, tel est le cas des PME de l'industrie du meuble dont la vulnérabilité face
aux changements de l' environnement externe a été mise en exergue ces dernières
années. D'après le Ministère de l'Économie, de l' Innovation et de l' Exportation, les
PME de cette industrie se doivent d' envisager différentes avenues pour se rapprocher
des consommateurs finaux, ils doivent tenir compte de la montée du consomm 'acteur,
c'est-à-dire s'adapter au rôle actif du consommateur ainsi qu' à l'augmentation de son
pouvoir face aux variables du mi x-marketing (Wathieu et al. , 2002) afin d' attirer
l'attention du consommateur sur leur offre commerciale.
11
Dans la présente étude, la réflexion s'articule autour des pratiques de
marketing collaboratif au sein des PME manufacturières de l' industrie du meuble. La
collaboration entre l' entreprise et le consommateur peut effectivement prendre
différentes formes dans des stratégies liées aux « 4 P » : produit, place, prix, promotion
McCarthy (1960). En effet, il y a quelques années, le pouvoir du consommateur sur
certaines variables du mix-marketing a déjà fait l' objet de questionnements comme en
témoignent les travaux de Wathieu et al. , 2002. Dans la présente étude, nous tenterons
donc de comprendre comment s' intègre le marketing collaboratif aux « 4 P » dans les
PME manufacturières de meubles québécoises, compte tenu de cette préoccupation pour
la montée du consomm 'acteur, comment il est géré de façon optimale et quels sont les
résultats réels de ce choix stratégique en termes de création de valeur.
En ce qui a trait aux résultats obtenus, ils ne nous permettent pas de tirer
des conclusions claires quant au rôle du marketing collaboratif dans les stratégies liées
au 4 variables du mix-marketing, Par ailleurs, nos analyses révèlent qu' il n' y a qu' un
seul axe tactique lié au mix-marketing où les manufacturiers sollicitent intensivement et
directement la collaboration du consommateur final et il s' agit de la personnalisation de
111
masse. Comme la personnalisation de masse s' avère, dans le cas de cette industrie, le
cœur du modèle d' affaire des PME, sa mesure s' avère faussée . Toutes les autres
initiatives concernant le sujet de notre étude demeurent très secondaires, ce qui empêche
de tirer certaines conclusions. Quoi qu'il en soit, une prise de conscience importante sur
la place que doit prendre le consommateur dans les pratiques d' affaires des PME
manufacturières de meuble au Québec est en train de s' effectuer et nous jugeons qu' une
meilleure compréhension pourrait être possible dans les années à venir. Ainsi, nous
offrons des recommandations pour une prochaine étude abordant le même thème.
IV
TABLE DES MATIÈRES
TABLE DES MATIÈRES .................... ........ ......... ............ ......... ........ ................... ............ v
LISTE DES FIGURES .................... ..... ........ ........... ..... ............ ............ ..... ...... .. ........ ....... ix
INTRODUCTION ............................ ................... ..... ....... ....... ... .. .. .............. .. .... .............. 13
v
2.3.3 La problématique spécifique de la recherche ................................................................ 82
2.3.4 Le modèle de recherche ...................................................................................... 85
CHAPITRE III: MÉTHODOLOGIE ...... ..... .... ... ........... .. ... ............................................ 88
Annexe A: GUIDE D' ENTRETIEN ..... ............... ...... .. ... ......... ............ ... ........... .. ........ 196
VI
LISTE DES TABLEAUX
vu
Tableau 25 - Analyse FFOM de l'entreprise 6 ..... ........... ........ ... ............ ....................... 156
Tableau 26 - Mix-marketing de l' entreprise 6 .................... ........ ...................... ............. 159
Tableau 27 - Les résultats (co-création de valeur) de l' entreprise 6 .............................. 162
Tableau 28 - Analyse de la variable « clients» dans les entreprises .... ........................ 165
Tableau 29 - Analyse des variables « produits » et « services » dans les entreprises ... 166
Tableau 30 - Analyse des variables «finances» et «infrastructures» dans les
entreprises ........................................................................................ ......................... .. ... 167
Tableau 31 - Analyse des variables « prix» et « coûts » dans les entreprises .............. 168
Tableau 32 - Rôles des détaillants face aux manufacturiers .. .................. .................. ... 169
Tableau 33 - Rôles du consommateur final face aux manufacturiers .......................... . 172
Tableau 34 - Évaluation globale des résultats associés à la personnalisation de masse .
..... .. ............................ .... .. ... ......... ........................... .. ..... .. ... .. ........ .................. ................ 173
Vlll
LISTE DES FIGURES
IX
LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS
x
Que ce travail soit un témoignage de la gratitude et du profond respect que j 'ai
pour vous. Mon père, Denis, que je ne cesserai d 'admirer, mon exemple de réussite et de
détermination. Ma mère, Danielle, à la force inspirante, dont le soutien est
inconditionnel. Rien au monde ne vaut les efforts que vous avez fournis et les sacrifices
que vous avez faits pour mon épanouissement personnel, mon bien-être et mon
éducation. Aucune dédicace ne saurait exprimer l 'amour et l 'estime que j 'ai toujours
eus pour vous, mes chers parents.
David
Xl
REMERCIEMENTS
De plus, je tiens à remercier ma conjointe pour son inestimable soutien sur tous
les plans tout au long de cette maîtrise et cela malgré les années qu' il aura fallu pour
compléter. Merci d' avoir toujours cru en moi et encouragé. Un grand merci également
aux autres membres de ma famille immédiate, qui ont toujours été une grande source de
motivation.
Et enfin, je tiens à dire merci à la communauté d' affaires qui me côtoie, c' est-à-
dire aux actionnaires et dirigeants de mes différentes entreprises, aux membres des
conseils d' administration sur lesquels je siège et à tous les autres entrepreneurs qui
m' inspirent à devenir une meilleure personne.
Xll
INTRODUCTION
13
(Sheth, Sisodia, et Shanna, 2000) plutôt qu' être «Produit - Dominant ». Alors,
comme plusieurs ont noté que l' accent n' est plus mis sur l' efficacité à produire pour
stocker davantage, sur la standardisation des produits ou sur la distribution (Bonsu,
Dannody et Zwick, 2008) mais qu' il est plutôt mis sur la collaboration et
l' apprentissage en lien avec le consommateur pour mieux s' adapter à ses besoins
individuels et changeants, plusieurs PME manufacturières œuvrant dans divers
secteurs doivent s' adapter à cette nouvelle perspective afin de rester compétitives et
de maintenir 60% des emplois du secteur privé mondial (Ayyagari et al. , 2011).
À cet égard, le profil du meuble publié par le MDEIE en 2007 faisait état du
besoin de rapprochement entre les fabricants et les détaillants alors qu' en 2014, le
même Ministère recommande aux entreprises manufacturières de meubles
québécoises, dont la vulnérabilité face aux changements de l' environnement externe
a été démontrée ces dernières années, de pousser plus loin la réflexion et envisager
différentes avenues pour se rapprocher aussi des consommateurs finaux. Selon le
gouvernement, un tel rapprochement est nécessaire à l'élaboration d' une offre de
produits adaptée à leurs besoins. Les fabricants de meubles de maison ont donc le
double défi de conserver une relation de confiance avec les détaillants ayant pignon
sur rue et d' aller au-delà de ce rapport pour tenir compte de la montée du
consomm 'acteur, c' est-à-dire de s' adapter au rôle actif du consommateur ainsi qu' à
l' augmentation de son pouvoir face aux variables du mix-marketing (Wathieu et al. ,
2002) afin d' attirer l' attention du consommateur sur leur offre commerciale.
14
Dans la présente étude, la réflexion s' articule autour des pratiques de
marketing collaboratif au sein des PME manufacturières de l'industrie du meuble.
La collaboration entre l' entreprise et le consommateur peut effectivement prendre
différentes formes dans des stratégies liées aux « 4 p»: produit, place, prix,
promotion McCarthy (1960) . Cela sera mis en lumière dans la présente étude. En
effet, il y a quelques années, le pouvoir du consommateur sur certaines variables du
mi x-marketing a déjà fait l'objet de questionnements comme en témoignent les
travaux de Wathieu et al. , 2002. Dans la présente étude, nous tenterons donc de
comprendre comment s' intègre le marketing collaboratif aux « 4 P » dans les PME
manufacturières de meubles québécoises, compte tenu de cette préoccupation pour la
montée du consomm 'acteur, et ce qu'elles en retirent.
Dans un premier temps, aux fins d' une meilleure compréhension de l' étude,
il semble être essentiel de dresser un portrait de l' industrie du meuble, de la
circonscrire et de mettre en exergue son rôle dans l' économie. Par la suite, le
concept de marketing collaboratif sera défini et approfondi selon toutes ses facettes.
Pour ce faire, l'historique et l' évolution du marketing jusqu' au marketing
collaboratif ainsi que les critiques faites par les chercheurs sur ce sujet sont décrits.
L' importance jouée par son intégration au sein des pratiques d' affaires sera aussi
mise en évidence, cela compte tenu des différents enjeux liés « consumer
empowerment». L' utilité et les effets de la mise en pratique du marketing
collaboratif sont également développés.
Cela permettra d' en arriver au cadre conceptuel au cours duquel les variables
de recherches vont être définies, la problématique de recherche sera énoncée et
l'objectif de recherche sera spécifié. Cela permettra de dresser le modèle de
recherche. Ensuite, l'approche méthodologique employée lors de la collecte et
l' analyse des données sera détaillée avant de présenter les résultats de la recherche.
15
Pour terminer, les principales limites de la présente étude seront évoquées et
quelques recommandations seront proposées pour de futures recherches, allant dans
la même lignée.
16
CHAPITRE 1- LA PROBLÉMATIQUE DE RECHERCHE POUR LA PME
Tel que décrit antérieurement, l' intérêt principal de l'étude est l' insertion de
principes de marketing collaboratif dans les stratégies des entreprises, et plus
précisément au niveau de ses stratégies du mix marketing. Principalement, la
recherche consiste à l' étude du phénomène de marketing collaboratif auprès des
Petites et Moyennes Entreprises (PME).
17
Britannique (93,7 %). Ces écarts se justifient en bonne partie par la structure des
économies provinciales.
Bien qu'il soit difficile d'obtenir des données à jour sur le rôle que jouent les
PME dans l'économie mondiale, il est possible d'avancer que plus de 95% des
entreprises à travers le monde sont de petite ou de moyenne taille et qu'elles
regroupent 60% des emplois du secteur privé (Ayyagari et al., 2011). En guise
d'exemple, au Canada, le Registre des entreprises Guin 2013) comptait 98,1% de
petites entreprises (1 - 99 employés) et 1,7% de moyennes entreprises (100 - 499
employés) générant ainsi 89,9% des emplois du secteur privé (PSRPE, 2013) alors
que les données de l'Union Européenne (27 pays), pour l'année 2012, évaluaient
leur place à 99,8% de toutes les entreprises employant 67% de tous les travailleurs
(Wymenga et al., 2012). Pour la même année, le Québec comptait 98,2 % de petites
entreprises et 1,6% de moyennes entreprises 1. Environ le tiers des 3,4 millions
d'emplois sont créés par les petites entreprises et près du quart émane des moyennes
entreprises. 2 Ces données illustrent l'importance générale des PME dans l'économie
régionale, nationale et mondiale. Non seulement les PME sont d'importants moteurs
de la création d'emplois et de la croissance économique, mais elles ont un impact
important sur la productivité, puisqu'elles ont dépassé à ce chapitre les grandes
entreprises au cours des dix dernières années précédant 2006 3 . Leur place imposante
dans l'activité économique intéresse plusieurs chercheurs menant en outre à la
création de l'Institut de Recherche sur les PME, à Trois-Rivières, en 1997.
Bien que les PME québécoises exercent leurs activités dans tous les grands
secteurs d'activités, certains occupent une part enviable au sein du tissu
manufacturier du Québec et tel est le cas de l'industrie du meuble. Ayant pris
1 Statistique Canada, Registre des entreprises, décembre 2012; Comptes nationaux des revenus et
dépenses, 2010 ; Enquête sur la population active (EPA), 2012.
2 Statistique Canada, Enquête sur l'emploi, la rémunération et les heures (EERH), 2012
3 RBC Groupe financier (2006), Les petites entreprises en tête des gains de productivité au Canada,
Consulté le 17 décembre 2014, tiré de http://www.rbc.com/nouvelles/20061030smallbiz.html.
18
rapidement de l'expansion à la suite de l'Accord de libre-échange Nord-américain
(ALENA) de 1994, l'industrie du meuble est aujourd'hui l'un des sept plus
importants employeurs du secteur manufacturier au Québec (Statistiques Canada,
2013). En 2014, 1488 entreprises fabricantes de meubles et de produits connexes
(SCIAN 337) employaient 22 292 4 salariés au Québec. Parmi celles-ci, moins d'une
dizaine d'entreprises comptaient chacune plus de 500 employés, alors que la
proportion de microentreprises embauchant de un à quatre employés s'élevait à 61 %
en 2009 5 •
4 Statistique Canada, « Enquête sur l'emploi, la rémunération et des heures (EERH) », CANSIM,
tableaux 281-0024 [en ligne J, avril 2014
5 Statistique Canada, Structures des industries canadiennes, 2006
6 li faut noter que les données sur l'emploi , à ce niveau de segmentation de l'industrie (codes SCIAN à
6 chiffres), ont été publiées pour la dernière fois en 2010.
19
ce qui a trait aux livraisons des différentes catégories de meubles de maison, le sous-
secteur des meubles de maison en bois est celui qui remporte la palme avec 76 % des
livraisons totales du secteur, au Québec, en 2013 (EMIM, 2014) alors que les
meubles de maison rembourrés et les meubles de maison ni en bois ni rembourrés
représentent respectivement 14 % et 10 % des livraisons. Caractérisée par sa
présence dans la quasi-totalité des régions du Québec, l' industrie du meuble et de
produits connexes compte une plus grande proportion d' emplois dans les régions de
la Montérégie (19 %), de Montréal (18%) et de Chaudière-Appalaches (15 %).
1%
• Montérégie
• Montréal
• Chaudière-Appalaches
• Estrie
• Autres
• Centre-du-Québec
• Mauricie
• Laurentides
• Capitale-Nationale
• Lanaudière
• Laval
Bas-Saint-Laurent
• Outaouais
20
En 20 Il, les principales entreprises étaient réparties dans pas moins de dix
régions du Québec. Comparativement à leurs rivales américaines, les entreprises
québécoises sont de taille relativement modeste, ce qui leur donne, en principe, une
flexibilité et une capacité d'ajustement plus grande (MElE, 2007).
NOMBRE CHIFFRE
NOM DE L'ENTREPRlSE RÉGION
D'EMPLOYÉS D'AFFAIRES
Industries Dorel Inc. Montréal Entre 200 et 500 100 M à 250 M$
Ameublement EI-Ran Ltée. Montréal Entre 200 et 500 50 M$ à 100 M$
Canadel Inc. Mauricie Entre 500 et 1000 50 M$ À 100 M$
Groupe BDM+ Mauricie Entre 500 et 1000 50 M$ À 100 M$
Groupe Lacasse Inc. Montérégie Entre 200 et 500 50 M$ à 100 M$
Matelas SSH Canada Montréal Entre 200 et 500 50 M$ à 100 M$
Meubles Foliot Inc. Laurentides Entre 100 et 200 50 M$ à 100 M$
Armoires Fabrictec Ltée. Montérégie Entre 200 et 500 25 M$ à 50 M$
Armoires Cuisines Action Montérégie Entre 200 et 500 25 M$ À 50 M$
Artopex Montérégie Entre 200 et 500 25 M$ À 50 M$
Meuble Idéal Ltée Chaudière/Appalaches Entre 200 et 500 10 M$ à25 M$
Bestar Inc. Estrie Entre 100 et 200 10 M$ à25 M$
Industrie Amisco Ltée (Les) Chaudière/Appalaches Entre 100 et 200 10 M$à25 M$
Source: ICRlQ-2014
7Statistique Canada, «Enquête mensuelle sur les industries manufacturières (EMIM)>>, CANSIM
tableaux 304-0014 et 304-0015 [en ligne], avril 2014.
21
traditionnels, l'industrie québécoise du meuble de maIson demeure la plus
importante au pays regroupant 45 % 8 de tous les emplois canadiens de ce secteur.
8Statistique Canada, «Enquête annuelle sur les manufactures et l'exploitation forestière (EAMEF)>>,
CANSIM tableau 301-0006 [en ligne], avril 2013 . Compilation et conception: Direction de la
coordination et de l'analyse sectorielle.
22
problématique de la recherche proprement dite, il semble plus logique de définir ce
qu'on entend par marketing collaboratif.
23
1.2 DÉFINITION DE L' OBJET DE RECHERCHE
24
• Usuellement : donner un rôle aux individus dans une pnse de décision
affectant une organisation, une communauté.
• Économiquement: s' intéresser à la direction d'une société et à la détention
de son capital par un capitaliste (était, banque, entreprise, individu).
• En psychologie sociale : l' engagement personnel, en tant qu'individu d'un
groupe, pour coopérer et faire avancer, d'une part le fonctionnement du
groupe et d'autre part la réalisation de la tâche et ses objectifs.
• En éducation : l' action éducative et pédagogique qui sollicite l' intervention,
l' adhésion de l' élève dans les processus de formation et d' enseignement.
25
Tableau 3- Approche lexicale du concept de participation
Termes Définitions
ACTION
ACTEUR
26
Selon les définitions présentées ci-dessus, s' intéresser au phénomène de
« participation» nécessite de porter une attention particulière au « type
d'interaction ». C' est de ce type d' interaction dont il sera question dans ce mémoire.
« Donner un rôle aux individus dans une prise de décision affectant une
organisation, une communauté» est la définition générale que nous retenons.
27
Dans le cas de « l' autoproduction dirigée » le consommateur peut avoir le
statut de «travailleur» puisqu' il prend en charge des tâches extemalisées par
l' entreprise (Dujarier, 2008). Il intervient alors dans la chaîne d'activités
opérationnelles (Porter, 1986) de l'organisation (fabrication/assemblage et
livraison). Il utilisera certains intrants ou de ressources émotionnelles, cognitives,
physiques, financières, culturelles, pour réaliser l'activité (Vargo et Lusch, 2006).
Tandis que dans le cas « co-production collaborative » le consommateur peut avoir
le statut de «collaborateur» puisqu' il se verra déléguer un certain pouvoir sur les
variables du mlX marketing (produit, pnx, communication, distribution)
habituellement définies par l' entreprise (Wathieu et al. , 2002).
AIlto
prodllc:tlOD Miel d'adJat
dirip Automati.
Los.iltique
28
autoproduction (Pinçon, 1986). « L' autoproduction dirigée» s' inscrit selon
Dujarier (2008) dans une première perspective de l' activité de consommation :
« travailler pour consommer ». Le client effectue des tâches à faible valeur ajoutée
que l' entreprise externalise telles que réserver et acheter ses billets d' avion sur
internet. L' autoproduction dirigée se réalise dans l' interaction entre le
consommateur et une machine ou par le consommateur seulement.
L' autoproduction peut aussi être déclinée en différents modes que Dujarier
(2008) a définis comme suit:
Cova et al. , (2013) ont repris ces modalités pour mieux les catégoriser. 10).
10Consulter le tableau 8 : Catégorisation de l' autoproduction et rôle des acteurs concernés à la page
56.
29
1.2.1.2.2 Le marketing collaboratif (<< collaborateur»)
30
En fonction des motivations, il est possible de raffiner la classification des
formes de participation. La matrice ci-dessous propose une nouvelle typologie que
nous expliquons ensuite dans les paragraphes subséquents. :
r ""
tI
' 41
PARTICIPATION AUXILLl AIRE
• Parrainaae
• ~ filiation
• Assemblage complexe (cuisine.
installatioo internet._l
PARTICIPATION EXPERTE
• Co-lnnovatioo jprodult)
• Co-promot lon jpubliclté... l
• Forum d'entr 1
.-
~
.0
0
LE CLIENT RElAIS 1 SOUS-
TRAITANT
LE ClIEI'lT APPORTEU R DE
SOLUTIONS
E
PARTICIPATlON AUTO-DIRIGEE PARTICIPATlON AUTO-DIRIGEE
u
""
41
LOGI STl QUE MARKETING
L.
:l • Assembla e simpi • Tests de produits
0 • CUstomls.a .on
• Self-scanning
""""41 • hhot de services sur internet • Releves de prix
a:: • Achat sur des bornes • Participation actions RSE
!
ordinaires
LE CLI ENT EXECUTANT
LE CLIENT ASSISTANT
MARKETING OPERATlONNEL
31
contrôle de l'entreprise et au service de sa productivité. Par exemple: IKEA,
RONA et Structube exigent que les clients prennent en charge le transport et
le montage simple des meubles qu' ils achètent en kit.
32
professionnels de l'ameublement. En s' impliquant, les consommateurs
ressentent une véritable fierté.
33
1.3 LA PROBLÉMATIQUE MANAGÉRIALE
Bien que l' industrie du meuble ait connu la prospérité à la fin des années
1990 à la suite de la signature de l' Accord de libre-échange nord-américain
(ALENA), la situation est, depuis, bien différente. La hausse du dollar canadien, la
présence imposante de concurrents asiatiques produisant à faibles coûts et le
ralentissement de l'économie américaine ont eu des répercussions majeures et
négatives sur le niveau de livraison et d' exportation depuis 2002. La reprise lente et
faible de l'économie canadienne jumelée à la difficulté à concurrencer les produits
importés sur les seules bases de la qualité du prix nuit à la relance de cette industrie.
Selon l'Enquête mensuelle sur les industries manufacturières (EMIM) menée en
avril 2014, la valeur des exportations québécoises de l' industrie du meuble de
maison s' est élevée à 197 millions de dollars en 2013, une diminution de 64 %
depuis 2005 alors qu'elles atteignaient plus de 544 millions de dollars. Alors que les
importations québécoises de meubles de maison ont atteint 468 millions de dollars
en 2013, une progression de 41 % depuis 2005. Plus précisément, 51 % des
importations québécoises de meubles de maison proviennent de la Chine en 2013 et
viennent ensuite, dans l' ordre, les importations des pays suivants: l'Italie (10 %), la
Pologne (8 %), le Vietnam (6 %) et les États-Unis (5 %).
c:
III
2000
1500 ...
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-.... ___ Exportations
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E
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
34
Pour ces sérieux motifs, plusieurs fabricants québécois de l'industrie du
meuble cherchent d'autres pistes de développement et mettent l'accent, par exemple,
sur des produits plus distinctifs, personnalisés ou de niche. Afin de faciliter leurs
démarches, comme le recommandait le Ministère du Développement Économique de
l'Innovation et de l'Exportation dans sa publication Le profil du meuble en 2007 et
dans sa version actualisée de 2014, les manufacturiers devraient viser à se
rapprocher des détaillants et des consommateurs finaux. Pour se démarquer sur un
autre critère que la qualité, ils tentent de tenir compte de la montée du
consomm 'acteur (MElE, 2014) c' est-à-dire de s'adapter au rôle actif du
consommateur ainsi qu'à l'augmentation de son pouvoir face aux variables du mix-
marketing (Wathieu et al., 2002) et anticiper les changements de comportement en
revoyant leurs stratégies, leurs actions et leurs pratiques.
35
Si nous voulons comprendre comment une entreprise intègre le marketing
collaboratif, cela signifie que nous voulons comprendre les motivations du
propriétaire-dirigeant de PME, cerner la valeur ajoutée qu'il pourrait espérer créer en
adoptant cette stratégie et surtout connaitre les variables déterminantes des activités
de marketing collaboratif de son entreprise afin de mieux saisir la dynamique.
36
2) De cibler les principaux mécanismes développés par l' entreprise permettant aux
consommateurs de contrôler certaines variables du mix-marketing.
3) De mettre en évidence les principaux risques et défis du marketing collaboratif
ainsi que ses conditions de succès.
4) D' identifier les facteurs motivant les PME à faire participer le client au
processus stratégique ou tactique de ses actions de marketing.
5) D' identifier la méthode d' évaluation des résultats associés à cette stratégie en
termes de création de valeur.
Pour ce faire , la présente étude s' articule autour des questions de recherche
suivantes:
37
CHAPITRE 11- LA REVUE DE LA LITTÉRATURE ET LE CADRE
CONCEPTUEL
Cette partie vise à faire ressortir les grandes théories, les études déjà publiées,
les résultats des recherches, les différents points de vue d' auteurs, etc., recensés dans
la documentation. En premier lieu, la macro théorie, qui est le concept du marketing
collaboratif, sera exposée. Cela permettra d' identifier les théories descriptives et
d'acquérir une meilleure compréhension de ces dernières.
38
Au début de l'ère industrielle, l' offre limitée de plusieurs produits entraînait des
pénuries qui ont mené naturellement les premiers chercheurs en marketing à étudier
le processus de distribution et d' échange des produits (Marshall 1927; Shaw 1912;
Smith 1904, cités dans Vargo et Lusch, 2004) afin d' en améliorer sa performance.
Dès sa création en 1937, l' American Marketing Association définit le marketing
comme étant « l' ensemble des activités d' affaires impliquées dans le processus
allant de la production à la consommation des produits et des services » (Lusch,
2007). La logique dominante de cette définition visait à accélérer les différentes
étapes allant de la production jusqu' à la consommation. La distribution était la
raison d' être du marketing.
39
l' analyse dans la pnse de décision des dirigeants (Chandrasekar, 2010). Ces
ingrédients du « mix-marketing » incluent: le plan produit, la tarification, la marque,
les canaux de distribution, la vente personnelle, la publicité, les promotions, le
packaging, la présentation, le service, la manutention, la recherche et l'analyse des
faits et données (Gr6nroos, 1994). McCarthy (1960) a ensuite catégorisé ces
ingrédients en quatre groupes reconnus aujourd' hui comme les « 4 P » ; produit,
place, prix, promotion (Yudelson, 1999).
40
logique dominante inclusive. Vargo et Lusch popularisent cette nouvelle approche
appelée la logique dominante de service (Service-Dominant Logic) (Lusch et Vargo,
2006a, b, c; Lusch, Vargo, et Malter 2006). La« logique Service-Dominant »
propose une logique centrée autour des échanges de services.
41
leur article spécial suite au forum paru en 2006. Les nombreuses contributions des
chercheurs ont permis à Vargo et Lusch de constater que la logique Service-
Dominant ou certains éléments avaient été mal compris et qu'ils avaient avantage à
redéfinir les prémisses fondamentales telles qu'elles avaient été présentées
originalement. En effet, la logique Service-Dominant est scindée en dix prémisses
fondamentales qui entendent établir un cadre de référence pour la nouvelle logique
centrée sur le service, elles sont présentées dans le tableau 4 ci-dessous.
42
De nombreux concepts (ex: co-production, co-création de valeur et
propositions de valeur) sont aussi centrés sur le service et donc les prémisses
fondamentales ne sont pas exclusives, ni inventées par la logique Service-Dominant,
tel que présenté dans ce tableau:
Systèmes
Équilibre des systèmes Systèmes complexes et à adapter
dynamiques
Source: Traduit et adapté de Lusch and Vargo (2006)
43
Dominant propose une nouvelle perspective, passant d'un modèle centré sur les
«biens» (je vends donc je suis) où la transaction est l' élément clé, à un modèle
interactif de création de valeur. Les prémisses fondamentales présentées dans le
tableau 4 donnent les pistes à suivre pour les acteurs économiques désireux de
survivre dans un environnement de plus en plus difficile.
En résumé, les organisations ne mettent pas sur le marché des produits pour
que leurs clients les achètent (en anglais : "make-and-sell" strategy); elles émettent
des propositions de produits ou de services, que leurs clients empruntent (c' est-à-
dire pour une durée limitée, et non dans une transaction instantanée) pour les aider à
faire leur travail (utilité du produit ou du service). Il Y a co-création de valeur par
l' entreprise et ses clients pendant toute la durée pendant laquelle le client utilise le
produit / service (Vargo et Lusch, 2004: 7).
44
fondamentale #3 : "goods are distribution mechanisms for service provision" (Lusch
et Vargo, 2006). La co-création peut aussi s' effectuer à un autre moment, soit lors de
la production. Impliquant la participation du consommateur et/ou d' autres
partenaires, l' élaboration de l' offre peut se faire par de l' inventivité partagée, de la
co-conception ou de la production commune de produits liés, par exemple. En effet,
l' interaction et/ou les réseaux jouent un rôle central dans la création de valeur tel que
plusieurs chercheurs énoncent (Achrol et Kotler, 2006; Grônroos, 2006;
Gummesson, 2006), bien que ce soit implicite dans les énoncés généraux de la
logique Service-Dominant. La valeur se réinvente continuellement basée sur les
interactions des organisations et des individus, menant le processus de co-création à
évoluer à travers le temps (Reinartz et Kumar, 2000).
45
général» (Terranova, 2000: 37). Pour bien comprendre ce qu'est le concept de co-
création, le tableau ci-dessous présente bien les nuances.
46
2.1.1.3.1 Système de co-création de valeur
Dialogue
Transparence Accès
Ri sque-bénéfices
47
l'information. Les entreprises ont longtemps bénéficié de l' asymétrie d' information
existante entre eux et les consommateurs; maintenant ces derniers sont connectés et
ont accès à autant de renseignements dont ils ont besoin que ce soit par le biais de la
communauté web, d' autres consommateurs ou d' entreprises. L' accès et la
transparence sont donc deux éléments essentiels à un dialogue significatif.
Plusieurs points d' interaction peuvent donc exister, comme personne ne peut
prédire l'expérience qu' aura un consommateur avec l' entreprise et que les
interactions peuvent survenir à tout moment, l'une des tâches de l' entreprise est
d' innover continuellement pour offrir un environnement optimal aux interactions
(Prahalad et Ramaswamy, 2003). Le marché est un forum où le consommateur, les
communautés de consommateurs, la firme et ses réseaux dialoguent. La
transformation des relations entre les firmes et les consommateurs dans une optique
de co-création est illustrée dans le tableau suivant.
48
Tableau 7 - Transformation des relations entre les firmes et les
consommateurs
De À
• Le consommateur veut/est
• Segmentation et clientèle-cible ; autorisé à co-construire ses
consommateurs doivent « s'ajuster» à expériences personnalisées
l'expérience offerte par l'entreprise dans l'environnement offerte
par l'entreprise.
L'un des points les plus souvent soulevés dans les textes sur le marketing
collaboratif est que les consommateurs sont devenus des êtres plus puissants et
créatifs (Muniz et Schau, 2007), grâce à Internet, et que cette façon d'être a un effet
d' entraînement sur leurs habitudes de consommation et sur leur façon de tirer
avantage de l'offre (Berthon et al., 2007). La place grandissante d'internet et
plusieurs autres phénomènes suggèrent que les citoyens rejettent certains éléments
du marketing traditionnel. Le marketing tente donc de se réinventer en faisant
49
participer les clients grâce au marketing collaboratif (Capelli et Dantas, 2012).
Selon Capelli et Dantas (2012), lorsque le client prend part à la conception de
l' offre, celle-ci sera adaptée à ses attentes, tout commentaire négatif concernant la
démarche commerciale de l' entreprise s'apparenteraient alors à une autocritique. Le
consommateur, lorsqu' il est sollicité, devient partie prenante de l' entreprise et se
sent moins agressé par des actions marketing, ce qui évite des comportements de
résistance à la publicité (Friestad et Wright, 1994). Ainsi, intégrer un client à son
processus stratégique ou tactique de ses actions de marketing permet de légitimer les
ces dernier et de créer de la valeur.
Selon Vargo et Lusch (2004), pour qu' une entreprise crée de la valeur, elle
doit intégrer dorénavant le consommateur dans la démarche marketing. Comme
mentionné précédemment, la valeur est définie par le consommateur et co-créée avec
lui plutôt qu' imbriquée dans le résultat final de la production de l' entreprise. La
« valeur» est l'évaluation globale, faite par le consommateur, de l' utilité d' un
produit basé sur sa perception de ce qui est reçu et de ce qui est donné (Zeithaml,
1998). La valeur pour le client découle d' un ratio entre les bénéfices et les sacrifices
perçus liés à sa consommation (Aurier et al., 2004). Autrement dit, si un produit
correspond exactement à nos besoins, puisque nous avons participé à sa production,
il sera perçu comme ayant une valeur accrue.
50
consommation. En effet, la participation des consommateurs aux activités marketing
contribue en quelque sorte à externaliser, gratuitement ou presque, certaines tâches
(réduction des coûts financiers) normalement acquittées par des employés de
l' entreprise.
Par le même fait, le rapport entre le prix payé et le bien reçu augmente, ce qui
entraîne un accroissement de la valeur perçue par le consommateur. Un produit,
conçu avec la collaboration des clients, a plus de probabilités de satisfaire ces
derniers, surtout si la personnalisation vise un but utilitaire. Comme la
personnalisation accroît la différenciation d' un produit par rapport à la concurrence,
il devient quasi impossible de comparer des offres personnalisées et ainsi cela
permet à l' entreprise de pratiquer des prix supérieurs à ceux de la concurrence
(Capelli et Dantas, 2012).
51
2.1.1.4.2 Les risques, les défis et les conditions de succès du marketing
collaboratif
L'un des défis pour les entreprises qui veulent profiter de l' interaction avec
les clients est de garder une certaine flexibilité afin d'établir un dialogue avec des
clients de plus en plus avisés et ayant des besoins spécifiques. L' entreprise doit être
prête à intégrer la voix du client, mais surtout tolérer les délais supplémentaires
qu'entraîne cette nouvelle pratique lors de l'implantation de la démarche marketing,
alors que ces mêmes étapes sont souvent accélérées. Par exemple, le recours
systématique à des consommateurs pendant un processus d' innovation ajoute des
étapes au processus que les gestionnaires cherchent toujours à accélérer (Capelli et
Dantas 2012). Les entreprises font aussi face à des risques en entreprenant le
marketing collaboratif, ils devront composer avec des clients qui ne seront pas
toujours prêts à investir le temps et les efforts nécessaires pour passer à travers
certains processus s' ils ne sentent pas que les bénéfices apportés par leur
participation sont suffisamment élevés. De plus, il faut que les gestionnaires soient
vigilants pour éviter que la participation du client réduise la clientèle cible en
entraînant une forme de sur-segmentation ou l' occupation de niches peu rentables
(Lovelock et Young, 1979). Par exemple, ce ne sont pas tous les clients qui sont
prêts à assembler un meuble lKEA. Au-delà des risques et des défis, Capelli et
Dantas (2012) ont identifié des conditions de succès :
1) Donner aux clients des signaux les incitant à interagir tout en communiquant
les moyens d' entrer en contact avec l'entreprise et les façons dont le client
peut participer.
2) Distinguer les compétences relationnelles ; l' entreprise doit recruter les
employés en contact pour leurs compétences relationnelles et non pour leur
habileté à vendre. Remy et Gentric (2009) montrent qu' un distributeur qui
met en place une expérience de consommation basée sur le lien humain doit
52
recruter des employés passionnés par le produit vendu en magasin plutôt que
de bons vendeurs.
3) Mettre au point un système d'information interactif adapté, qui permet de
mémoriser les interactions passées afin d'améliorer son offre future.
4) Respecter la voix du client en honorant ses propositions et en l'encourageant
afin qu'il continue à s'engager positivement dans l'entreprise (Sabadie,
2010).
53
domaine des services, bien que la participation du client comme facteur de réussite
est reconnue depuis longtemps, la capacité d' amener les clients à acquérir et à
appliquer la compétence est nécessaire afin d' assurer une bonne prestation de
service. Certains auteurs vont jusqu' à recommander de socialiser le client dans
l' organisation au même titre que l' employé (Gourdarzi et Eiglier, 2006).
54
de l' entreprise. L' autoproduction émancipée s' envisage comme un désir du
consommateur de s' approprier les valeurs de la marque à partir des compétences
spécifiques que le consommateur aura lui-même développées. Cette forme
d'autoproduction constitue une forme de reconnaissance des bénéfices de la marque,
de fascination qu' elle exerce auprès des fans. L' entreprise pourrait tirer profit de ces
auto-productions (Hatch et Schultz, 2010) par des activités de veille visant à les
cibler. Par contre, ses bénéfices ne sont pas aussi grands que ceux de
l' autoproduction dirigée. Par exemple, Hein (20 Il) décrit le cas des fans-clubs où
des jeunes fabriquent des vêtements aux couleurs de leur groupe de musique favori
qui n' en vend pas, ces jeunes iront jusqu' à en vendre à leurs proches. En ce qui a
trait à l' autoproduction facilitée, l' entreprise ne fournit pas de support automatisé tel
que vu précédemment mais plutôt une plateforme offline (magasin) ou online (site
web) où les consommateurs pourront autoproduire leurs expériences. L' interaction
avec les autres consommateurs compétents et/ou passionnés (utilisateurs leaders)
favorise l'autonomie donc l'autoproduction (Cova et al. , 2013).
55
Tableau 8 - Catégorisation de l'auto production et rôle des acteurs concernés
Catégorie Dirigée par Accompagnée Facilitée par Émancipée de
d'autoproduction l'entreprise par l'entreprise l'entreprise l'entreprise
Exemples Ikea Self garage Bla-Bla Car Fan-club
RATP Casa Barilla eBay Warhammer Lego Brickfairs
Klikobil
56
préférences (personnalisation explicite) (Moon, 2002 ; Fan et Poole, 2006 ; Kaplan
et Haelein, 2006). La volonté des consommateurs à participer serait inutile sans leur
capacité à être créatifs. Les consommateurs, bien qu' ils soient des gens ordinaires,
sont de plus en plus professionnels dans leur approche de création et ce, grâce à tous
les outils technologiques qu' ils peuvent utiliser leur permettant de faire des choix de
spécifications judicieux et ce, sans qu' ils détiennent toutes les compétences (Carù et
al. , 2014). Par exemple, l'entreprise de meuble Canadel permet aux consommateurs
de spécifier leurs choix de composantes et de couleurs pour chaque pièce de leur
futur mobilier de salle à manger grâce à leur logiciel en ligne UDesign, le
consommateur devient alors designer et peut se permettre de tester plusieurs
combinaisons et ce, sans avoir à se soucier du niveau de difficulté à le fabriquer ou
des ressources requises. De plus, il est aussi possible d'intégrer le consommateur au
niveau du groupe c' est-à-dire qu ' un nombre important de fans d'une marque
peuvent participer à la co-création d'un ou de plusieurs nouveaux produits qui est
offert par une entreprise et ce grâce, entre autres, à l' utilisation des réseaux sociaux.
Les consommateurs peuvent collaborer à presque toutes les étapes du
développement du produit telles que déterminer la saveur, la couleur, le nom, le
modèle d' emballage etc.). À titre d' exemple, on pourrait analyser le cas de « The
Mountain Dew DEWmocracy 2 » alors que 60 000 personnes I l ont reçu, lors d'une
tournée dans les plus grandes villes américaines, des échantillons de trois nouvelles
saveurs de boisson gazeuse parmi lesquelles ils devaient choisir pour ensuite faire
part de leur préférence sur les réseaux sociaux. Cinquante d' entre elles ont été
sélectionnées pour collaborer au développement de l' étiquette, déterminer le nom,
sélectionner l' agence de publicité qui s' occuperait de la campagne de promotions et
du lancement de la nouvelle saveur de boisson, etc.
57
2.1.1.4.3.3 Le client assembleur
Le consommateur devient un « consommateur assembleur de pièces»,
il assure une partie de la fabrication du produit tel qu'on le ferait avec un jouet à
assembler, il réorganise un ensemble de pièces fournies par l'entreprise. Le rendu
final peut être standard ou personnalisé. Dans le premier cas, le client participe à la
production en suivant un mode d' emploi fourni par l' entreprise, nous n' avons qu' à
penser à IKEA qui offre des meubles à bas prix en déléguant le montage aux
acheteurs. Dans le second cas, l'entreprise offre un produit, depuis 1943, sans
déterminer l'usage ou le rendu final , alors les consommateurs exécutent le montage
des objets personnalisés à l' aide de prêts-à-monter (kits); tel est le principe du
collimage (scrapbooking). Le rôle du marketing est de fournir une vision des usages
potentiels et de faciliter au consommateur l'accès à son rôle de créateur (fournir des
fiches d' aide, travailler sur l'ergonomie des produits, etc.) (Cammarano et Honebein,
2005).
58
au marché, mais d' établir un processus d' échange (Vargo et Lusch, 2004). La
rapidité de transmission d' un message peut être rapide et sans coût (Brodie et al,
2013). Le marketing viral (Godin, 2001) est une forme de marketing participatif qui
compte sur les internautes pour faire circuler un message à d' autres utilisateurs
d' Internet permettant ainsi une croissance exponentielle de la visibilité du message.
59
négatifs auront un impact plus grand sur la variation des ventes que les
commentaires positifs.
60
leurs productions vidéo. Sans que ce soit toujours l' objectif, les vidéos produites par
des utilisateurs deviennent des formes de publicités gratuites pour les organisations
qui, par contre, ne contrôlent plus le message qui est porté (Berthon, Campbell et
Pitt, 2008) Or, cela représente un risque important pour les organisations lorsqu' elles
ne peuvent plus contrôler ces messages.
61
Figure 6 - Les positions stratégiques à adopter vis-à-vis les messages générés par les
consommateurs
Actif ~
Actions de la
firme
Désappro uv er Encourager
,
Passi f ~
"'
Négatif
-..
Pos itif
Attitudes de la firme
62
moins cher que s' il l' achète 5 jours avant ou un consommateur qui séjournera plus
longtemps au même hôtel pourrait voir le coût unitaire par nuitée être réduit.
63
par un particulier. Tableau 9- Intégration du consommateur au mix marketing: les
modes de participation
Étape de la
démarche Participation du client Avantages Défis
marketing
Valorisation du client,
Adaptation de l'outil
adaptation aux besoins,
de production (coûts),
Client spécificateur différenciation du produit,
augmentation du délai
engagement plus poussé du
de livraison.
client
...:<Il
Valorisation du client,
=
'C adaptation aux besoins,
Absence de maîtrise de
0
"-
Client modificateur l'image des produits de
Q. détermination de nouveaux
la marque
usages
Résultat final et
Participation du client,
satisfaction du client
Client assembleur réduction des coûts de
relevant de ses
production
compétences.
Pas de dépassement de
;.< Client co-décideur du Personnalisation, adaptation au budget; respect de la
ï:
Q. pnx budget du client contrainte énoncée par
le client.
Participation, bouche-à-oreille,
Délais de création,
Client créateur du animation de la communauté de
reprise possible par les
message marque, source d' inspiration
-=
professionnels.
.9 pour les professionnels
œ Complexité du
.~
=
= Client co-créateur de
Mémorisation, complicité
message, décodage de
la publicité suivant les
E
E sens
0 capacités des
U consommateurs.
Client porteur de Aguichage (teasing), bouche à Pas de contrôle sur la
message oreille, crédibilité de la source perception des clients
Densité du réseau, coût, Aucune maîtrise de
"-
-=
Q,j
=
Client vendeur flexibilité, crédibilité du
vendeur
l' image, ni de l'affilié
-
.c
.L:
Q
<Il
Client livreur
Augmentation de la couverture,
coût
Problème de maîtrise
des conditions de
transport
64
2.1.2 Le marketing tribal et la communauté de marque
Les consommateurs sont de moins en moins perçus comme des cibles, ils
sont plutôt perçus comme des partenaires d' affaires et c' est encore plus vrai lorsque
les consommateurs en question sont unis par une passion commune et regroupés en
communauté (Cova et Paranque, 2012). Le comportement des consommateurs
influencé par une même passion ou une philosophie au point de se regrouper, créant
ainsi une sous-culture ou une tribu comme le dit Maffesoli (1996), a été considéré
comme un objet d' étude du marketing (Kozinets, 2001 , 2002; Thompson et
Troester, 2002). La prise en considération d' études récentes sur la relation complexe
entre les marques et les consommateurs (Fournier, 1998; HoIt, 2004) a mené au
développement d'un concept de «communauté de marque» (Algesheimer et al. ,
2005 ; McAlexander et al. , 2002; Muniz et O'Guinn, 2001) ou «marketing tribal ».
L' approche tribale se perçoit par une forme de segmentation, c' est-à-dire que
des regroupements de personnes ayant les mêmes habitudes de consommations sont
détectés lors des analyses ethnographiques. Muniz et O'Guinn (2001) ont identifié
des caractéristiques distinctives permettant de reconnaitre les communautés de
marque:
1. La conscience collective, c' est-à-dire le sentiment d'appartenance à un
groupe grâce à une marque commune que tous les membres du groupe
fréquentent.
2. La preuve de rituels et de traditions qui entourent la marque
3. Un sentiment d' obligation de la communauté et de ses membres qui est
souvent, mais pas toujours, partagé par les membres du groupe (par
exemple, en ce qui concerne la réparation de produit ou un service plus
pointu).
65
O'Guinn et Muniz (2004) ont aUSSI ciblé des problèmes auxquels les
communautés de marque font face :
1. La fidélité par opposition à une autre marque (ce qui définit le mieux la
tribu de marque, c' est son opposition à une autre marque et à sa tribu).
2. Légitimité (ou non) ; il est parfois difficile de reconnaitre un acheteur
légitime d' un produit de la marque et un vrai membre de la
communauté de marque.
3. Le désir de marginalité ; les communautés ont tendance à vouloir rester
petites et marginales et à ne pas être récupérées.
4. La politisation de la marque ; une tribu de marque qui a une orientation
politique marquée.
5. La tribu abandonnée ; une marque dont sa commercialisation est
abandonnée mais dont la tribu continue de se développer.
6. La propriété de la marque ; la tribu peut affirmer avoir plus de pouvoir
sur la marque que l' entreprise elle-même.
C'est l' offre de produits se trouvant sur le marché qui a comme objectifs de
renforcer les liens dans les groupes de consommateurs et à favoriser le sentiment
d'appartenance tribal (Cova, 1996). Le point de vue tribal de la consommation
considère que ces gens aiment se rassembler et qu' ils sont plus efficaces à influencer
mutuellement leurs comportements que pourraient le faire les institutions de
marketing ou les autres groupes d' autorités culturelles formelles (Cova et Cova,
2002). Les recherches en marketing (Algesheimer et al. , 2005 ; Veloutsou et
Moutinho, 2009) ont démontré que l' identification à la marque par le biais de la
communauté de marque entraine la loyauté envers la marque, comme il s' agit d' un
des buts ultimes en marketing, la communauté de marque est devenue l' un des sujets
les plus intéressants en marketing et plus spécifiquement sur le marketing en ligne
66
(Vescovi, 2007). Par contre, une étude menée par le groupe de chercheurs CCT
(Consumer Culture Theory) nord-américain démontre que les gens sont davantage
intéressés par les liens sociaux tissés grâce à l'affiliation à une marque qu'en la
marque elle-même (Fournier et Lee, 2009).
Tableau 10- Les différences entre le concept de communauté de marque perçu par
les entreprises et le groupe de chercheurs du Consumer Culture Theory
Entreprises CCT
Une communauté de marque est une stratégie Une communauté de marque est une stratégie
marketing d' entreprise.
Une communauté de marque existe pour servir Une communauté de marque existe pour servir
l'entreprise les personnes qui la composent.
Construire la marque et la communauté suit. Nourrissez la communauté, et la marque sera
forte .
Les communautés de marque devraient remercier Les compagntes intelligentes acceptent les
les fidèles qui défendent la marque. conflits qui renforcent la communauté.
Les leaders d'opinons forment des communautés Les communautés sont plus fortes quand tous
fortes . jouent un rôle.
Les réseaux sociaux en ligne sont la clé d' une Les réseaux sociaux ne sont qu' un outil, pas une
stratégie de communauté. stratégie de communauté.
Les meilleures communautés de marques sont Les communautés défient les contrôles
gérées et contrôlées. managériaux.
Source: Traduit et Adapté de Fournier et Lee (2009)
67
2.1.2.1 Les utilisateurs leaders (en anglais: lead users)
Le développement des communautés a permis de regrouper ce que Von
Hippel (1978) a nommé les utilisateurs leaders (Füller et al., 2007 ; Sawhney et al. ,
2005 ; Prandelli et al. , 2006). Il a défini les utilisateurs leaders comme des usages
experts à l' avant-garde d' un domaine ayant intérêt à ce que celui-ci évolue pour
répondre à leurs attentes et imaginant des solutions pour améliorer les produits
existants. Les innovations qu' ils suggèrent vont de l' amélioration de produits
existants à la création complète de nouveaux produits (Béji-Bécheur et Gollety,
2007). L' innovation collaborative peut s' effectuer en sélectionnant des utilisateurs
leaders qui partagent les mêmes intérêts, pour échanger leurs expériences et pour
travailler ensemble sur des projets innovateurs et créatifs (Füller et al. , 2007). Les
rencontres peuvent s'effectuer par la mise en place de plateformes virtuelles où
l' interaction peut s' effectuer en continu ou lors d' un événement organisé à un
moment précis.
68
librement et volontairement, sans être salarié, pour le bien d'un producteur. La
distance entre l' entreprise et les utilisateurs est ainsi réduite (Piller, Vossen, et le
IHL, 2012). Le savoir- faire des consommateurs est partagée via des plateformes
comptant des centaines de millions d'utilisateurs telles que Facebook, Twitter,
LinkedIn etc. Ces plateformes sociales créent un écosystème virtuel où les
consommateurs peuvent communiquer et collaborer avec les entreprises et la
communauté, via des forums de discussion, des blogues ou autres applications
virtuelles (Antorini, Muniz, et Askildsen, 2012).
69
2.2 LE CADRE CONCEPTUEL
Dans cette section, un agencement des théories et des idées présentées lors de
la recension critique de la documentation sera effectué. C' est ici que l' orientation de
la recherche sera déterminée. Les variables de la recherche seront définies et
l'objectif de recherche sera spécifié, après quoi le modèle de recherche sera alors
posé.
Lorsque l' emphase était mise sur l' efficacité à produire pour stocker
davantage, sur la standardisation des produits ou sur la distribution (Bonsu,
Darmody et Zwick, 2008) le rôle du consommateur était négligeable. Aujourd'hui,
c' est tout le contraire, les chercheurs admettent que l' économie est ce qu' ils
appellent « service - dominant» ; dirigée par le marché (Day 1999) et très centrée
sur le consommateur (Sheth, Sisodia, et Sharma 2000) qui est devenu plus puissant
et créatif (Muniz and Schau, 2007), notamment grâce à l' Internet et aux réseaux
sociaux. De plus en plus d' entreprises misent sur la collaboration et l' apprentissage
en lien avec le consommateur pour mieux s' adapter à ses besoins individuels et
changeants (en anglais: "sense-and-respond strategy") (Haeckel, 1999). Ainsi,
lorsqu' une entreprise intègre le consommateur à sa démarche marketing, elle est plus
susceptible de créer de la valeur (Vargo et Lusch, 2004).
70
y a une plus grande probabilité de répondre plus précisément aux besoins des
consommateurs. Les consommateurs peuvent participer à l' égard des produits et des
services, à la production, à la communication, à la fixation des prix et à la
distribution (Capelli et Dantas, 2012). Ils peuvent être intégrés au mix marketing à
différents moments puisqu'ils possèdent de plus en plus les compétences et le
savoir-faire pour orienter les stratégies et les actions de l'entreprise dans le sens
qu'ils désirent (Denegri-Knott, Zwick et Schroeder, 2006).
71
• Les variables du marketing « 4 P » impliquant le consommateur
• La création de valeur ajoutée associés à l' usage du marketing
collaboratif par la PME
Par ailleurs, pour mener cette étude nous allons nous placer du côté de la
PME. Pour les manufacturiers de meubles québécois, le modèle d' affaires le plus
répandu est la fabrication destinée à la traditionnelle vente au détail. Ainsi, la
relation entre le fabricant et le détaillant « business-to-business » devient
primordiale. Dans le contexte qui nous intéresse, la définition que prendrait le terme
« consommateur» serait celle de « détaillant ». Cette relation s' inscrit dans le cadre
d' objectifs orientés principalement sur la distribution « to market» et non sur la
commercialisation « market to », ce qui nous apparaît être moins d' actualité. À cet
effet, le profil du meuble publié par le MDEIE, en 2007, faisait état du besoin de
rapprochement entre les fabricants et les détaillants. Aujourd' hui, le ministère
constate plutôt que les fabricants doivent pousser plus loin la réflexion et envisager
différentes avenues pour se rapprocher aussi des consommateurs finaux afin
d'élaborer une offre de produits adaptée à leurs besoins ! Il apparait donc plus
évident que la recherche effectuée sous l' angle « business-to-consumer »
contribuerait davantage au champ de connaissances du marketing collaboratif et à
l' émergence de nouveaux modèles d' affaires dans cette industrie. Nous chercherons
donc à mieux comprendre : les raisons qui ont mené les fabricants à adopter le
concept de marketing collaboratif, le processus stratégique menant les
consommateurs à influencer, à différents degrés, les variables clés du marketing et
finalement, à comprendre les méthodes d' évaluation de la création de valeur issue de
ce rapprochement entre la PME et le « end-user ». Cela permettra d' étudier en
profondeur comment les manufacturiers de meubles québécois intègrent le
marketing collaboratif. Cette démarche nous aidera aussi à comprendre les
motivations des PME pour le marketing collaboratif et ce qu' ils en retirent.
72
Ainsi, pour concrétiser cette étude, il a été jugé perspicace de représenter la
PME par son propriétaire dirigeant. Le rôle central qu'il a, son pouvoir de décision
et sa vision de la PME justifient ce choix. Les variables étudiées seront
conceptualisées en fonction du regard que leur portent les dirigeants. Cela conduit à
la prochaine partie : le cadre conceptuel spécifique. Les variables de recherches
énumérées plus haut seront alors reformulées et définies. Par la suite, nous pourrons
spécifier la problématique de recherche.
73
intervenir et quelles variables du mix-marketing (prix, produit, promotion,
distribution) ne sont/seront plus contrôlées en partie ou en totalité par l' entreprise.
Dans la section suivante, les différentes variables vont être définies une par
une. Ensuite, le modèle de recherche sera élaboré.
2.3.1.1 Les raisons ayant mené les PME à opter pour le marketing collaboratif
L' analyse FFOM est un instrument largement utilisé qui repère les forces, les
faiblesses, les opportunités et les menaces d' une entreprise servant de bases au
développement du plan marketing (Ferrell, Hartline, et Luck, 1998). Alors que
l' analyse des forces et des faiblesses tend à se concentrer sur les problèmes et
l' expérience passée interne, celle des opportunités et des menaces est axée sur
l' extérieur et l' avenir.
74
Michel et Petitpierre (2010) suggèrent sept dimensions à analyser pouvant
déterminer les forces et les faiblesses de l' entreprise :
75
3. Socio-Culturel (niveau d' éducation, style de vie, démographie, citoyenneté,
etc.)
4. Technologique (support du gouvernement pour la recherche et le
développement, adaptation aux technologies, etc.)
5. Environnement (infrastructures pour le transport, sécurité et santé publique,
urbanisme, etc.)
6. Légale (lois, système judiciaire, loi sur la protection des consommateurs,
conformités douanières, etc.)
76
2.3.2 Les variables du marketing « 4 P » impliquant le consommateur
2.3.2.1 Prix
Le prix est une variable fondamentale présente dans toute transaction
commerciale. Même si un produit est disponible sur le marché, ce n' est que lorsque
le vendeur et l' acheteur se seront entendus sur le prix que l' échange pourra avoir
lieu. Habituellement, le vendeur propose un prix et l' acheteur est libre d' acheter ou
non, bien évidemment le prix peut aussi faire l' objet de négociations entre les deux
parties, mais ce n' est vrai que dans très peu de cas (Vandercammen, 2006).
Généralement, les techniques de fixation de prix intègrent peu le consommateur.
Seules les études concernant le prix psychologique ou l' élasticité de la demande au
prix proposent une approche approximative des volontés des consommateurs en
matière de prix des produits (Capelli et Dantas, 2012) alors que les approches les
plus communes sont: la fixation des prix à partir des coûts, à partir de la demande et
à partir de la concurrence (Mc Donald, 2004).
77
une place déterminée dans l'esprit du consommateur et de se différencier de la
concurrence. Comme la « SDL » rappelle que l' accent n' est plus mis sur l' efficacité
à produire pour stocker davantage, sur la standardisation des produits ou sur la
distribution (Bonsu, Darmody et Zwick, 2008) mais qu' il est plutôt mis sur la
collaboration et l'apprentissage en lien avec le consommateur pour mieux s' adapter
à ses besoins individuels et changeants (en anglais : "sense-and-respond strategy")
(Haeckel, 1999), de nouvelles approches liées à cette variable du marketing mix ont
fait leur apparition afin de co-créer de la valeur.
L' Internet a permis d' étendre ces considérations à l' univers des produits de
masse, où le consommateur et l' entreprise deviennent coproducteurs (Wilkstrom,
1995). Selon l' état d' avancement du processus de fabrication et le niveau de
collaboration de l' entreprise, les consommateurs peuvent participer de différentes
façons à la production du produit ou du service, entre autres grâce à l' autoproduction
telle que présentée à la section 2.1.1.4.3.1.
78
fabrication du produit telle qu' on le ferait avec un jouet à assembler, il réorganise un
ensemble de pièces fournies par l' entreprise. Le rendu final peut être standard ou
personnalisé. Des entreprises misent sur le consommateur assembleur dans d' autres
circonstances que vous observez à la section 2.1.1.4.3.3.
79
Le biais lié à l' encodage du sens dans un message ainsi qu' à son décodage
par la cible est l' un des défis que doit traditionnellement relever le communicant.
L' implication du consommateur peut l' amener à donner un sens, une valeur réelle
(culturelle, symbolique, fonctionnelle) à un produit ordinaire comme à un meuble
(Cova et Dalli, 2014), il est alors co-créateur de sens.
2.3.2.4 Distribution
La distribution des produits peut passer par le consommateur, nous n' avons
qu' à penser au concept de vente libre-service. Le client est co-distributeur. D' autres
fois, le consommateur peut avoir le rôle de vendeur. Il a comme mandat de présenter
l'offre de produits à d' autres clients telles les « conseillères Avon ou Tupperware ».
Les observateurs s' attendent à ce que la Génération C voudra personnaliser de
nombreux biens physiques à partir de zéro (make-it-yourself ; MIY) par le biais du
numérique avant qu' ils soient fabriqués et vendus par eux-mêmes (sell-it-yourself ;
SIY) dans un futur rapproché (www.trendwatching.com).
Sans oublier, le client peut jouer le rôle du livreur. Lorsqu ' un réseau de
distribution est sélectif et que certains consommateurs n' ont pas facilement accès à
un produit, les membres d' une communauté de consommation peuvent passer des
commandes groupées et déléguer l' achat à l' un des membres. Le produit est ensuite
acheminé jusqu' à l' acheteur par un particulier.
80
2.3.3 Les résultats associés à l 'usage du marketing collaboratifpar la PME
Bien que le concept de la performance en marketing a été un sujet
suffisamment couvert dans la littérature et par les entreprises, la relation entre la
stratégie marketing et les systèmes de mesure de sa performance restent floue
(Lamberti et Noci, 2010).
Pour nous aider à mieux comprendre les résultats qUi sont associés au
marketing collaboratif, nous avons retenu les variables issues des travaux de
Morgan et al., (2011) sur le marketing et la performance d' entreprise. Grâce à un
croisement de certaines théories sur la gestion stratégique du management et de la
gestion stratégique du marketing, Morgan et al. , (2001) ont constaté que les
chercheurs et que, fondamentalement, les gestionnaires sont intéressés à la
performance des produits sur leur marché respectif et à la performance financière .
D' abord, l' évaluation de la performance des produits inclut l' étude du
comportement d' achat des clients et des clients potentiels sur le marché cible jusqu' à
l'analyse du positionnement stratégique (Morgan et al. , 2012). À titre d'exemple, en
détenant un avantage concurrentiel qui se distingue des alternatives se trouvant sur le
marché, la valeur associée à l'offre d' une entreprise sera perçue plus positivement
par les clients, ainsi puisqu' une perception positive et améliorée modifie
favorablement le comportement d' achat des clients, l' entreprise devrait augmenter
ses revenus. Ainsi, on peut mesurer la performance des produits sur leur marché
respectif grâce à des indicateurs tels que: la variation du volume de ventes, le niveau
de satisfaction de la clientèle et sa fidélité , leur sensibilité au prix, la croissance des
parts de marché de l' entreprise, etc.
Bien qu'il ne faille pas présumer qu' une performance financière supérieure
est le but ultime de toute activité de gestion ou d' investissement, elle est clairement
un aspect central de la performance des entreprises. D' une perspective fmancière, le
81
succès des organisations se définit et se mesure typiquement par des indicateurs
comptables associés aux profits et à la trésorerie ainsi que par des indicateurs liés au
marché financier intéressant les investisseurs tels que la valeur de l' entreprise, le
niveau d' endettement, la valeur des actions, etc. (Srivastava et al., 1999). En termes
comptables, l' analyse des flux de trésorerie est différente de l' analyse des profits
puisque les profits dépendent de la politique de l'entreprise à l'égard de la
comptabilisation des revenus et de la répartition des coûts, tandis que l'analyse de
l'état des flux de trésorerie (anciennement l' état de l' évolution de la situation
financière) permet de compléter le diagnostic de la performance et de contourner la
plupart des difficultés associées à une analyse qui se limite à l' examen de l'état des
résultats et du bilan (St-Cyr et Pinsonneault, 2000). Elle représente un complément
essentiel à tout diagnostic de la situation financière d'une entreprise et précise le
jugement porté sur la rentabilité, l'efficacité et la solvabilité.
82
fabrication de meubles, se doivent de réviser leurs stratégies afin que celles-ci
s'allient au concept du marketing collaboratif.
83
meubles au Québec intègrent-elles le consommateur ? L' intégration des
consommateurs à la démarche marketing implique que l'entreprise écoute les clients,
intègre leurs demandes, stimule leur participation et qu' elle formule une réponse à la
hauteur de leurs attentes. Des mécanismes doivent être développés et des ressources
doivent être mobilisées pour favoriser leur intégration. Quels sont-ils ? Comment
l'entreprise intègre-t-elle la voix du client lors de la prise de décision ? Les
entreprises font aussi face à des risques en entreprenant le marketing collaboratif, en
sont-elles conscientes? Comment l'entreprise s' assure de diminuer les risques et les
défis associés au marketing collaboratif? En élaborant une politique de
participation ?
84
2.3.4 Le modèle de recherche
Le cadre conceptuel démontre qu' outre le désir d'actualiser ses pratiques
marketing afin d' adopter les principes du marketing contemporain (aussi connue
sous le nom de la « logique Service-Dominant ») où le marketing est perçu comme
un facilitateur des processus d'échange volontaire par le biais de la collaboration et
par le développement de relations entre les acteurs qui créent de la valeur, d'autres
préoccupations auraient également pu influencer le propriétaire dirigeant de la PME
manufacturière de meubles au Québec à s' intéresser au concept du marketing
collaboratif.
Le modèle ci-dessous, créé par l' étudiant, résume alors ce que nous retenons
de la littérature et que nous vérifierons auprès des PME québécoises manufacturières
de meubles. Il permet de mettre en exergue les mécanismes et les ressources mises
en place, les défis et les risques associés à la démarche d' adoption du concept de
marketing collaboratif en contexte de PME. De plus, le modèle suggère également
que les variables du mix marketing ont un impact sur l' entreprise et qu'il est possible
pour les propriétaires dirigeants d' évaluer les résultats liés à l' adaptation des
variables du mix marketing. Toutefois, nous désirons plutôt comprendre comment ils
évaluent le succès ou l' échec de l'intégration du marketing collaboratif à différents
niveaux dans leur organisation.
85
Figure 8 - Modèle de l'application du marketing collaboratif dans la PME québécoise manufacturière de meubles 13
Logique "Service-Dominant"
Marketin2 Collaboratif
Objectif 4 : Identifier les facteurs motivant les PME à faire Objectif 1 : Préciser les ressources organisationnelles
participer le client au processus stratégique ou tactique de ses ~ ~ (structurels, financiers, humains) favorisant l'intégration du
actions de marketing client à la démarche marketing
Objectif2 : Cibler les principaux mécanismes développés
Environnement Interne Environnement Externe
permettant aux consommateurs de contrôler certaines variables
• Clients • Politique
du mix-marketing.
• Produits et • Économique
services • Socio-Culturel
Co-Prod ucteur
• Distribution • Technologique Auto-producteur, Spécificateur, Assembleur, Modificateur
Co-décideur de ~rix
• Communication • Environnement
• Finance et Co-Distribute ur
Objectif3 : mettre en évidence les principaux risques et défis du marketing collaboratif ainsi que ses conditions de succès
Objectif 5 : identifier la méthode d'évaluation des résultats associés à cette stratégie en termes de création de valeur.
Performance des produits: niveau des ventes, la satisfaction de la clientèle, la fidélité, la sensibilité au prix et la croissance
Performance financière: dettes, les coûts, les marges, le profit, le ROI, la valeur des actions et la valeur de l'entreprise
87
CHAPITRE III : MÉTHODOLOGIE
« l' étude de cas est une approche de recherche empirique qui consiste à
enquêter sur un phénomène, un événement, un groupe ou un ensemble d' individus,
88
sélectionné de façon non aléatoire, afin d' en tirer une description précise et une
interprétation qui dépasse ses bornes ».
Ainsi, il s' agit d' une étude exploratoire étant donné qu' elle Vise à se
familiariser avec le marketing collaboratif dans le contexte de l' industrie du meuble
au Québec, un sujet peu documenté et que l' on désire décrire en profondeur.
89
C'est suite à la parution du cahier spécial sur l'industrie du meuble au Québec
à l' intérieur du journal Les Affaires (édition du 15 Novembre 2014), où la
collaboration entre cette association et ses membres était palpable, qu' il a été jugé
logique d' entrer en contact avec le P.D.G, M. Pierre Richard, afin qu' il dresse une
liste d' entreprises à contacter, incluant les coordonnées des propriétaires-dirigeants,
selon nos critères de sélection.
L' échantillon désiré inclut des PME manufacturières de meubles ayant leur
siège social au Québec et exclut celles dont le siège social est à l' extérieur du
Québec ou qui sont considérées comme des grandes entreprises.
La taille de l' échantillon n' a pas été convenue selon une représentativité
statistique, elle est restreinte à douze entreprises. Ce nombre permettra de présenter
des cas provenant suffisamment d' entreprises différentes pour mener à bien notre
étude et de bâtir une théorie (Eisenhardt, 1989). Il se peut que les douze entreprises
ne soit pas toutes participantes si nous atteignons la saturation empirique, c' est-à-
dire lorsque les données n' ajoutent aucune information nouvelle au phénomène
étudié.
90
3.3 LA COLLECTE DES DONNÉES
La collecte de données s' est faite au moyen d' une entrevue semi-dirigée,
avec enregistrement sonore, menée quelques fois à l' intérieur de l'entreprise, ce qui
permettait de procéder à diverses observations pouvant être utiles à l' étude de cas ou
dans un lieu neutre à proximité de son siège social. L' entrevue est la principale
méthode de collecte de données dans les recherches qualitatives. Selon
Campenhoudt et Quivy (20 Il), l' entrevue est la méthode qui convient
particulièrement pour 1) l'analyse du sens que les acteurs donnent à leurs pratiques et
aux événements auxquels ils sont confrontés 2) l' étude de la perception par
l'interlocuteur d'un événement ou d'une situation, ses interprétations ou ses
expériences 3) l'analyse d'un problème précis : ses données, les points de vue en
présence, ses enjeux, les systèmes de relation, le fonctionnement d'une
organisation, etc. Dans le contexte de la présente étude, les trois objectifs que
proposent Quivy et Van Campenhoudt (20 Il ), et pour lesquels l' emploi de
91
l'entrevue est suggéré, s'appliquent. L'entrevue la plus longue a eu une durée
maximale d'une heure et demie.
92
Ainsi, l'échantillon final est donc composé de 5 PME implantées au Québec
dont l'activité consiste à fabriquer des meubles de maison et ces PME doivent avoir
adopté le concept de marketing collaboratif.
L' objectif de la présente recherche tel qu' il a déjà été spécifié plus haut est de
comprendre, d'une part, comment des propriétaires-dirigeants de PME
manufacturières de meubles québécoises intègrent le marketing collaboratif et,
d' autre part, ce qu' ils en retirent. Pour rencontrer cet objectif, le questionnaire
mesure distinctement chaque groupe de variables à savoir les raisons ayant mené les
PME à opter pour le marketing collaboratif, les variables du marketing-mi x « 4 P »
impliquant le consommateur et les résultats associés à l' usage du marketing
collaboratifpar la PME.
93
L' entrevue se divise en six sections :
Les questions 2.1 et 2.3 visent à mesurer, à différents niveaux, les facteurs
motivant l' entreprise à intégrer le consommateur au centre des pratiques de
marketing collaboratif. Ces questions permettent d' en apprendre davantage
sur le besoin d' origine, actuel et futur à collaborer avec ce dernier. Les
facteurs identifiés seront issus de l' environnement interne ou externe à
l' entreprise.
94
d' avancement de l' entreprise dans la démarche d' intégration du marketing
collaboratif et comment les employés s' y adaptent.
• Les questions 3.1 à 3.5 de la troisième section concernent l' objectif #1 c' est-
à-dire la mobilisation des ressources organisationnelles (structurelles,
financières, humaines) favorisant une intégration significative et
déterminante des consommateurs dans la démarche marketing.
95
elle oriente ses actions marketing en fonction des pouvoirs qu' elle désire y
concéder. Les questions 4.7 et 4.8 visent à y répondre. Plus spécifiquement,
aux questions 4.2 à 4.6, nous cherchons à connaitre à quels moments le
consommateur intervient et quelles variables du mix-marketing (prix,
produit, promotion, distribution) sont/seront contrôlées en partie ou en
totalité par ce dernier Finalement, aux questions 4.9 et 4.10, on désire
connaitre les actions que l' entreprise pose pour solliciter la participation des
consommateurs.
96
Par ailleurs, l'entrevue n' excède pas une heure et demie afin de s' assurer que
l' interviewer et le répondant ne perdent pas leur concentration. En effet, une
entrevue trop longue pourrait les dissuader à participer à la recherche ou amener le
répondant à négliger la qualité de ses réponses par manque d' intérêt ou de
concentration. Ainsi , avant même de commencer l'entretien, les participants ont été
avertis de la durée. Le guide d' entretien se trouve à l'annexe A.
Suite au déroulement des entrevues, tous les enregistrements ont été écoutés
et les séquences les plus pertinentes ont été retranscrites en vue de leur analyse. Une
transcription «verbatim », c' est-à-dire mot à mot a été privilégiée afin de préserver
l' authenticité du matériel verbal amassé et ainsi d' éviter d' insérer un biais dans les
données recueillies. Ensuite, nous avons circonscrit les observations et les
retranscriptions significatives afin de les classer en fonction des variables figurant
dans le cadre conceptuel.
97
Une analyse du mix-marketing «4 P », dont les variables sont adaptées au
rôle actif du consommateur qui collabore en tant que co-producteur, co-
décideur de prix, co-communicateur et co-distributeur, permet de mieux
comprendre l' ampleur de cette intégration au sein de l' entreprise.
L' interview permet de préciser les .ressources organisationnelles (structurels,
financiers, humains) qui favorise l'intégration du client à la démarche
marketing et de cibler les principaux mécanismes développés par l' entreprise
qui permettent aux consommateurs de contrôler certaines variables du mix-
marketing.
98
meilleure compréhension de l' usage du marketing collaboratif au sein des PME,
mais plus spécifiquement, au sein de celles évoluant dans l' industrie manufacturière
de meubles au Québec. Une série de recommandations, issues de l' analyse des
résultats contribueront à l' avancement théorique du concept et pourront inspirer des
PME afin d' améliorer leur positionnement stratégique et ultimement, mieux se
porter financièrement.
99
CHAPITRE IV: PRÉSENTATION DES RÉSULTATS DE LA
RECHERCHE
• Valider comment l' entreprise a fait naître le marketing collaboratif dans son
organisation et comment ce concept imprègne sa culture. Cette section
permet de cerner plus précisément les facteurs motivationnels derrière
l' intégration du marketing collaboratif et sa portée au sein de l' organisation.
100
• Analyser les mécanismes mis en place pour intégrer la voix du client lors de
la prise de décisions stratégiques marketing et pour collaborer à la co-
création de valeur dans les différentes activités liées aux «4 P ».
• Saisir les méthodes d' évaluation des résultats que privilégie l' organisation
pour mesurer ses efforts liés au marketing collaboratif et tenter d' en savoir
plus sur la façon dont cette entreprise qualifie le succès en matière de
marketing collaboratif.
Par ailleurs, l' analyse de chaque entreprise ne s'est pas arrêtée là, puisque la
flexibilité des entrevues a permis d'amasser une quantité d' informations secondaires
fortes intéressantes qui ont mené au dépassement des six points d'analyse ci-haut
mentionnés.
Tel qu' il a été indiqué dans le chapitre précédent, l' échantillon final est
composé de 6 PME québécoises. Les participants sont sélectionnés en fonction de
leurs liens avec un « noyau » d' individus, c' est-à-dire qu' ils sont membres de
l'Association des Fabricants de Meubles du Québec. On peut déduire que les
entreprises participantes, par définition, sont prédisposées à « travailler en
association» puisqu' ils sont membres de l' A.F.M.Q.
101
Figure 9 - Tableau synthèse des caractéristiques des répondants
102
Les répondants sont tous propriétaires-dirigeants, à l' exception d' une seule
personne qui agit à titre de vice-présidente marketing, d' entreprises manufacturières
de meubles ayant leur siège social et leur usine dans la province du Québec. La
fabrication de leurs produits s' effectue localement. Aucune d' entre elles ne comptait
un effectif inférieur à 50 employés, ce qui classifie les entreprises comme étant des
PME et non des TPE dont l' effectif se situe normalement entre 0 et 9 employés
(Marchesnay, 1991).
Aussi, il ressort que les propriétaires-dirigeants ont tous débuté, sous une
forme ou une autre, l' intégration du concept de marketing collaboratif à leurs
activités liées au marketing mix (produit, promotion distribution et prix) et dans
divers départements de l'entreprise (ressources humaines, finance, etc.). Ainsi, toutes
les PME participantes sont engagées dans un processus d' intégration du concept de
marketing collaboratif à différentes intensités.
104
4.2 PRÉSENTATION DES ÉTUDES DE CAS
4.2.1 Entreprise 1
Cette entreprise se distingue par la fabrication de meubles
contemporains qui allient le bois, le métal et le verre dans une gamme presque
infinie de dimensions, de tissus et de finis. La distribution des produits de
l'entreprise s'effectue par l'intermédiaire de magasins spécialisés uniquement
dans la vente de meubles et de quelques sites de ventes en ligne.
4.2.1 .1 Les raisons ayant mené la PME à opter pour le marketing collaboratif
105
Tableau Il - Analyse FFOM de l' entreprise #1
Forces Faiblesses
• Numéro un dans son • Manque d' offre différenciée,
créneau en Amérique du produit distribué et non,
Nord. commercialisé.
• Se distingue par la • La «valeur» du produit n' est
fabrication de meubles pas suffisamment élevée
contemporains qui allient pour que l' entreprise puisse
le bois, le métal et le poursuivre ses activités à long
verre terme en n' offrant qu' un seul
(1)
-
.....
(1)
>
1=1
réseau de distribution très
limité
qu' ils devaient commander et
stocker en lot de douze.
~
• La clientèle-cible • Le même produit, fabriqué dans
représente près de 5% de une seule couleur en Asie, se
la population, clientèle vend en moyenne cinq fois
aisée dont le prix n' est moins cher que s' il est fabriqué
pas un critère d' achat en sol québécois.
important mais qui désire
de l' exclusivité, un
produit qu' il imagine et
qui n' existe pas.
Opportunités Menaces
..... • Décroissance économique qui a
1=1
(1) • NID débuté en 2005 et qui a pris fin
S en 2010.
(1) a
êo .....
(1)
.-
>
~
1=1
><
~
des produits d' importations
asiatiques, vendus à bas prix,
dans des magasins grandes
~
surfaces.
106
À la lumière de cette analyse, les propriétaires ont fait preuve de
proactivité et ont voulu changer les règles du jeu, dans le domaine de la vente
de leur produit vedette, en adoptant inconsciemment et pour la première fois ,
le concept de marketing collaboratif au sein de leur entreprise.
107
n'intègrent jamais les consommateurs dans la détermination des autres
variables du mix marketing puisque selon eux : « le consommateur ne sait pas
ce qu'il veut tant qu'il n'a pas vu le produit ».
108
Tableau 12 - Mix-marketing de l' entreprise 1
\'ariahles du mi:\:-markl·ting Actions posées par le consommateur
109
Comme le dit le propriétaire dirigeant: « Les clients sont incapables
d' imaginer, de concevoir les produits ou de déterminer le prix tant qu' ils ne les
ont pas sous les yeux. » Ils me rappelèrent la fameuse citation du célèbre
constructeur automobile Henry Ford : « Si j'avais demandé à mes clients ce
qu ' ils désiraient, ils m' auraient répondu un cheval plus rapide ». Suivant cette
prémisse, les propriétaire-dirigeants s' efforcent de devancer les désirs des
consommateurs lorsqu' ils effectuent le développement de produit et la
détermination des variables liées aux « 4 P ».
110
4.2.1.3 Les résultats associés à l 'usage du marketing collaboratif par la
PME
111
• Offre co-développée donc répond plus précisément aux besoins des
consommateurs (meilleur taux de satisfaction)
Performance tinancière
• Accroissement de la différenciation d' un produit par rapport à la
concurrence, il devient quasi impossible de comparer des offres
personnalisées et ainsi cela permet à l' entreprise de pratiquer des prix
supérieurs à ceux de la concurrence (Capelli et Dantas 2012) et de
générer plus de profits.
• Les coûts de production, de main d' œuvre, de gestion des inventaires
et de ventes sont augmentés. Huit fois plus de produits sont
nécessaires aujourd' hui pour générer un chiffre d' affaires deux fois
moins élevé qu' autrefois.
• L' entreprise sent qu' elle impose une barrière plus importante à
l' entrée de son marché pour les futurs concurrents qui voudraient s' y
aventurer lorsqu'elle investit dans des équipements qui repoussent les
limites de ce qu' elle peut offrir aux consommateurs afin de satisfaire
davantage leur besoin. (augmentation de la valeur de l' entreprise)
Le rôle que jouent les détaillants dans la détermination de l' offre est
encore très important. En tant qu' intermédiaire, leur pouvoir demeure plus
important que le pouvoir des consommateurs. Les propriétaires-dirigeants
doivent donc faire très attention aux messages qu'ils communiquent et aux
actions marketing qu' ils mettent en place auprès des consommateurs pour
éviter d' aller à l' encontre des stratégies des détaillants. L' entreprise #1 porte
donc une attention particulière aux choix des détaillants qui offriront ses
produits puisque l' intégration du consommateur à titre de spécificateur exige
que les vendeurs aient un niveau de connaissance et d' expérience considérable,
ce qui ne semble pas être toujours le cas. Les résultats de l' entreprise varient
112
beaucoup en fonction du choix du distributeur et de son degré de souplesse
face aux initiatives proposées par le manufacturier.
113
4.2.2 Entreprise 2
L' entreprise se spécialise dans la fabrication de chaises, tables,
tabourets et lits en métal, milieu de gamme. L' entreprise s' est fait connaître en
Amérique du Nord, grâce à son premier produit vedette qui était destiné à une
clientèle juvénile et qui a toujours été offert dans plusieurs choix de couleurs,
contribuant à son succès au fil des cinquante dernières années. La distribution
des produits de l'entreprise s' effectue par l' intermédiaire de magasins
d' ameublement (divers types) où l' entreprise compte plusieurs concurrents et
via quelques sites de ventes en ligne.
114
Tableau 14 - Analyse FFOM de l'entreprise #2
• NID.
Depuis les années 80, l' entreprise est reconnue pour offrir un certain
niveau de personnalisation aux consommateurs. Cependant, les lots de
production de l' entreprise ne lui permettaient pas de livrer tous les items
commandés par le consommateur au même moment. L' entreprise mettait
l' accent sur l' efficacité à produire pour stocker davantage, sur la
standardisation des produits et sur la distribution (Bonsu, Darmody et Zwick,
2008).
Comme la « SDL » rappelait que l'accent n' était plus mIS sur
l' efficacité à produire pour stocker davantage mais qu' il était plutôt mis sur
la collaboration et l' apprentissage en lien avec le consommateur pour mieux
s' adapter à ses besoins individuels et changeants (en anglais: "sense-and-
respond strategy") (Haeckel, 1999), l' entreprise a investi massivement dans
ses équipements de production afin de faire passer la production d' une
fabrication de masse à une par petits lots.
116
misait sur le marketing tactique sans laisser la place aux réflexions
stratégiques.
En somme, une étude menée par des experts, qui ne présentait rien de
moins que des recommandations issues d' une analyse approfondie du secteur
d' activité (FFOM), s'est avérée l' élément déclencheur menant à la vraie
naissance du marketing collaboratif dans l' entreprise. Évidemment, le
propriétaire-dirigeant reconnaissait que l' analyse menée par les chercheurs
était juste à la lumière de son expérience et que son entreprise était susceptible
de rencontrer des problématiques d' affaires si elle ne suivait pas ces
recommandations. Heureusement, l'entreprise n' avait qu' une seule des deux
recommandations à mettre en exécution et c' est le mandat de développement
d'un plan stratégique de marketing, donné à une firme externe, qui a permis de
débuter l'intégration du concept de marketing participatif.
117
4.2.2.2 Les variables du marketing « 4 P » impliquant le consommateur
Puisque l' entreprise n' a pas eu les résultats escomptés suite au plan
stratégique marketing confié à une firme externe et que peu de temps s'est
écoulé entre ce moment et aujourd' hui, peu d' actions concrètes liées au
marketing collaboratif sont effectuées par l'entreprise. Le propriétaire
reconnait le potentiel, les défis et les limites à solliciter la participation du
consommateur, c'est pourquoi il préfère poursuivre l'étude de ce concept avant
d'aller plus loin pour le moment. Le tableau suivant montre que l'entreprise
intègre peu le consommateur mais que le propriétaire prévoit solliciter sa
participation à différents niveaux dans un avenir rapproché.
118
stratégie de co-création de nouveau produits
mais à une plus petite échelle.
Co-décideur de prix • Dans le segment de marché du milieu de
gamme où se retrouve l' entreprise #2, la
variable prix est très importante, rien ne peut
être laissé au hasard ou être mal analysé.
L' entreprise n' intègre pas le consommateur
lors de la fixation des prix.
• L' entreprise se base principalement sur
l' élasticité de la demande au prix puisque
cette approche propose une approximation
des volontés des consommateurs en matière
de pnx des produits (Capelli et Dantas,
2012).
• Les détaillants, qUI sont les pnnCIpaux
intermédiaires entre l' entreprise et les
consommateurs, connaissent les volontés des
consommateurs en matière de prix et en font
part au propriétaire pour qu' il fixe les prix en
conséquence.
Co-communicateur • Aucune intégration spécifique malS
l' entreprise a amélioré le dialogue sur son
site internet et son imagerie virtuelle afin de
mIeux commumquer avec les
consommateurs dans un premier temps.
• L' entreprise ne communique et ne collabore
par avec la communauté virtuelle, via des
forums de discussion, des blogues, réseaux
SOCIaux ou autres applications virtuelles
119
(Antorini, Muniz, et Askildsen, 2012) pour
l' instant
• La croissance des ventes « e-commerce » se
fait de plus en plus sentir et l'entreprise
compte s' y attaquer en mettant de l' avant
des stratégies marketing centrée sur le
consommateur final tel qu'une gestion des
réseaux sociaux où il pourra, entre autres,
Jouer
Co-distributeur • Aucune intégration spécifique
120
Le propriétaire-dirigeant a tendance à privilégier la voix du détaillant
plutôt que la voix du client. Il arrive beaucoup plus souvent que des détaillants
influencent les décisions marketing de l' entreprise. En sollicitant le détaillant,
ce dernier se sent impliqué dans la prise de décision et sent qu' une forme de
pouvoir lui est attribuée quant aux variables du marketing mix (Wathieu et al,
2002) de son fournisseur, soit l'entreprise #2. Ainsi, le propriétaire sent qu' il
minimise les risques et maximise les chances de succès dans le déploiement
des activités de marketing puisqu' il a tenu compte des besoins des
distributeurs qui savent comment satisfaire les consommateurs finaux.
121
Le propriétaire-dirigeant reconnait que l' expérience du personnel
œuvrant sur ce comité permet à l' entreprise de tout de même orienter les
décisions vers le consommateur sans qu' il soit complètement impliqué. Des
mécanismes sont mis en place pour amener aux oreilles de ce comité des
informations provenant des consommateurs. Parmi ces mécanismes, une veille
mensuelle est effectuée, sur le web et les réseaux sociaux, par un employé qui
prend soin de lire le bouche à oreille électronique (en anglais : electronique
word-of-mouth, e-WOM). Le comité prend donc soin d' écouter et de réagir
aux commentaires positifs et négatifs. Le propriétaire-dirigeant soutient que la
formation de ce comité permet à l' entreprise d' effectuer de plus en plus
d' actions concrètes liées au marketing collaboratif sans commettre certaines
erreurs du passé, sans aller trop rapidement et à l' encontre des distributeurs qui
demeurent l'intermédiaire entre le manufacturier et les consommateurs finaux.
« Pour que l' assemblage soit facile et le fun , on doit fournir des outils
qui aideront lors du montage du produit et c'est sur quoi on devra miser au fil
des prochaines années. », souligne le propriétaire.
122
formes, en tant que co-décideur de prix et de co-communicateur, par exemple.
Certaines expériences négatives vécues par l'entreprise l'a menée à s'éloigner
du consommateur plutôt qu'à s'y rapprocher au fil des dernières années. On
note cependant que l'entreprise désire continuer ses efforts de marketing
stratégique tout en intégrant le marketing collaboratif mais d' une façon plus
modérée et contrôlée à l'interne par un comité formé d ' employés
expérimentés.
123
fabriquer donc de l' offrir, le produit sera perçu comme ayant une
valeur accrue (meilleure performance)
• Offre co-développée donc répond plus précisément aux besoins des
consommateurs (meilleur taux de satisfaction)
• Proximité des marchés que l' entreprise désert permet une intégration
plus efficace des consommateurs puisqu' il a moins d'adaptation à
effectuer à divers niveaux. (meilleur taux de satisfaction)
• Puisque l' entreprise offre maintenant une multitude de possibilités
liées aux produits, le volume qui sera généré par un produit vedette
sera toujours moins important qu' auparavant puisque le volume total
est réparti sur plus de produits. Ainsi, lorsque l' entreprise regarde la
rentabilité par produit, elle doit considérer l'impact de la
personnalisation de masse
Performance financière
124
• Niveau de personnalisation offert comme étant de« base », ce qui
selon lui ne complexifie pas la gestion interne des commandes et qui
n' a pas exigé l'ajout de ressources supplémentaires pour assurer le
traitement des commandes.
125
afin de mettre en exergue les dépenses opérationnelles du département telles
que les coûts d' échantillonnage, de développement de produit, de publicité,
etc. Le propriétaire peut mieux mesurer le succès de certaines initiatives de
marketing collaboratif s'il ya lieu en calculant des ratios à partir du volume de
ventes. Cependant, le propriétaire considère que le succès se mesure
différemment depuis que l'entreprise implique les consommateurs.
126
encore beaucoup d'efforts à mettre pour l'intégrer davantage à la prise de
décision et pour mieux mesurer son impact.
4.2.3 Entreprise 3
L'entreprise a été créée au milieu des années 60 et vendue, en 2010, à
un jeune entrepreneur qui désirait se lancer en affaire.
14 Le style européen se distingue dans le monde entier en raison du patrimoine culturel qu'il intègre,
de la qualité et de l'excellence des compétences artisanales utilisées pour créer les meubles. Le style
européen est guidé par des critères autres que le prix tels que l'écologie, la créativité, l'innovation et
la technologie (EFIC, 2015)
127
4.2.3.1 Les raisons ayant mené la PME à opter pour le marketing
collaboratif
128
Tableau 17 - Analyse FFOM de l'entreprise #3
• Les clients s'inspirent de plus en plus des • L'offre de l' entreprise était identique à ses
images qu'ils découvrent sur des sites tels que compétiteurs, les produits n'offraient aucune utilité
www.houzz.com. un réseau social où l' on peut supplémentaire ou distinction.
trouver des millions de photos d'architecture, • 68% des ventes étaient concentrées dans une seule
des idées déco, trucs et astuces d'agencement, région du Québec.
(1)
des professionnels de rénovation, construction
a de maison, etc.
• Les anciens propriétaires avaient oublié de stimuler
et de générer une demande en développant une
:s
(1)
• L' entreprise compte sur des installations en marque et une meilleure distribution ayant eu pour
bon état puisque des investissements avaient conséquence de concéder un pouvoir trop important
~
(1) toujours été faits pour maintenir l' état des aux distributeurs.
8
(1)
lieux et des équipements de production • Les anciens propriétaires n' investissaient plus en
communication et en marketing depuis quelques
ê années.
.....8 • Seul le prix du produit comptait aux yeux des
6
~
détaillants puisque le produit était non différencié et
qu ' il ne présentait aucune valeur ajoutée.
• Accent mis sur la production et la gestion des coûts
pour survivre au centre d' une bataille de prix auprès
de ses compétiteurs
• L' entreprise ne comptait pas d' équipe de direction,
le couple propriétaire avait la responsabilité de
diri CTpr l ' pntrpnrl
~
(1)
8
(1) • NID • NID.
ê
.....8
~
6
129
Le nouveau propriétaire rappelle: « La stratégie qu'empruntait les anCIens
propriétaires de l'entreprise était la même que leurs compétiteurs et d'ailleurs, un nombre
important d'entre eux avaient fermé leurs portes, incapables de se différencier assez pour
générer plus de profits. » Pour redresser la situation et dégager une rentabilité suffisante
pour rembourser les emprunts liés à l'acquisition de l'entreprise et des nouveaux
équipements, le nouveau propriétaire n'a eu d'autre choix que de développer une vision
claire qui tient compte de cette analyse de l'environnement. Cette nouvelle vision du
propriétaire vise le développement d'une marque et de produits suffisamment distinctifs et
désirés pour susciter leur intérêt sur les marchés locaux et étrangers. Ainsi, l'innovation et le
design sont devenus les moteurs de l'entreprise et c'est ainsi que le marketing collaboratif a
pris naissance.
En somme, cette situation dans laquelle se trouvait l'entreprise a été reconnue lors
d'une analyse. Cette analyse de l'environnement a fait prendre conscience de l'importance
de développer une marque forte et d'intégrer les consommateurs dans les pratiques
d'affaires afin de répondre plus précisément à leurs besoins plutôt que de continuer à offrir
des produits similaires à ceux de ses compétiteurs, de toujours essayer de produire à plus
faible coût pour rencontrer les attentes des détaillants en terme de prix, pour finalement
laisser le détaillant détenir un trop grand pouvoir. Le propriétaire croit et le mentionne :
« Le développement d'un brand fort qui est appréciée des consommateurs peut faire en
sorte qu'ils la demandent aux détaillants et ces distributeurs n'auront pas d'autres choix que
de te céder une partie de leur pouvoir. » Selon lui, seule la mise en place d'un plan
stratégique où le marketing collaboratif rapprocherait son entreprise des «end-users»
permettrait d'éloigner le détaillant et ses compétiteurs. De plus, il serait légitime de se
demander si des données utilisées lors de l'analyse auraient été recueillies dans les études
effectuées, en 2009, par l'AFMQ en collaboration avec le gouvernement du Québec,
puisque le propriétaire, sans le mentionner, faisait plusieurs parallèles avec les
recommandations présentées. Rappelons-nous que les recommandations faisaient état de
130
l'importance que les entreprises optent pour la personnalisation de masse afin de se
distinguer des produits fabriqués dans les pays à faibles coûts de production et de
l'importance d'accroître les efforts de marketing stratégique.
A priori, il faut noter que l'entreprise, gouvernée depuis moins de 5 ans par un
nouveau propriétaire, a eu plusieurs investissements à effectuer et a dû se réorganiser et
relever plusieurs défis liés à la relève d'entreprise qui ont ralenti ou nui au déploiement de
plusieurs actions stratégiques et tactiques de marketing.
« La mise en exécution de cette vision a exigé que je une révise toutes les méthodes
de fabrication et les façons de faire. J'ai aussi dû acheter des équipements permettant
d'introduire le style européen dont la valeur est mieux perçue par les consommateurs afin
qu'on puisse trouver un nouveau positionnement à l'entreprise, se distinguer de nos
compétiteurs et, ultimement, exiger un prix plus élevé. », mentionne le propriétaire.
Ensuite, le propriétaire a fait l'embauche d'un designer afin qu'il développe une
offre de produits disponibles« sur-mesure» où des consommateurs dits spécificateurs
peuvent effectuer certains choix (couleurs, hauteurs, recouvrements) quant à la fabrication
de leur meuble, ce que les vrais compétiteurs européens ne pouvaient se permettre en
exportant en Amérique du Nord. L'intégration du client spécificateur jumelé à un produit au
style distinctif permet à l' entreprise de se positionner stratégiquement et confortablement
dans l'intention d'accroître ses ventes. L'entreprise espère ainsi pouvoir détenir les moyens
nécessaires à l'ajout de ressources liées au marketing afin de poursuivre ses objectifs
stratégiques au fil des années à venir.
131
Tableau 18 - Mix-marketing de l'entreprise 3
Variables du mix-markl,ting Actions posées par le consommateur
132
vendus à des marges moins élevées par les
détaillants.
• L'entreprise se base principalement sur
l'élasticité de la demande au prix puisque
cette approche propose une approximation
des volontés des consommateurs en matière
de pnx des produits (Capelli et Dantas,
2012).
• Les détaillants, qUI sont les pnnClpaux
intermédiaires entre l'entreprise et les
consommateurs, connaissent les volontés des
consommateurs en matière de prix et en font
part au propriétaire pour qu'il fixe les prix en
conséquence.
Co-communicateur • Ne communique et ne collabore pas avec la
communauté virtuelle, via des forums de
discussion, des blogues, réseaux sociaux ou
autres applications virtuelles (Antorini,
Muniz, et Askildsen, 2012) malS qu'elle
ajoute des photos de ses nouveaux produits,
sur le réseau social «Houzz ». Le
propriétaire mesure le nombre de fois, que
les photos de ses produits sont partagées, ce
qUI lui indique l'appréciation des
consommateurs à l'égard de certains d'entre
eux.
• Reconnait le potentiel du Web 2.0 malS
avoue être très peu familier avec les médias
sociaux, ce qui ne l'incite pas à les utiliser
133
très stratégiquement. Les réseaux sociaux
sont davantage utilisés pour partager du
contenu relatif à la vie de l' entreprise afin
que les consommateurs et les distributeurs,
principalement ceux localisés à l' extérieur du
Québec, sentent qu' ils restent en contact avec
l' entreprise et qu' ils vivent certaine forme de
proximité avec les employés.
• L' entreprise désire évidemment augmenter
son capital de sympathie auprès de la
population et bénéficier d' une visibilité
gratuite grâce à la force du marketing viral
(Godin, 2001).
• Les designers intérieurs sont très souvent
sollicités par l' entreprise afin qu'ils assistent
à des lancements de produits sachant très
bien qu' ils peuvent aussI être des co-
communicateurs.
Co-distributeur • Collaboration avec des designers d' intérieur,
qUI agissent en quelque sorte à titre de
covendeur, puisqu' ils sont mandatés par des
consommateurs afin qu' ils choisissent les
meubles pour leur maison.
• Ces professionnels de la décoration peuvent
compter sur une aide accrue du
manufacturier qui a mis à leur disposition
plusieurs services : une personne ressource
consacrée au traitement de leur commande,
des termes de paiements avantageux, une
134
livraison au domicile des consommateurs
finaux plutôt qu'à un entrepôt, etc.
• Le propriétaire n'hésite pas à conclure des
ententes avec des designers de renom qUI
participent au co-développement de certains
styles de meubles et de « signer » les
collections.
135
Tableau 19 - Les résultats (co-création de valeur) de l' entreprise 3
136
de comparer des offres personnalisées et ainsi cela permet à l'entreprise de
pratiquer des prix supérieurs à ceux de la concurrence (Capelli et Dantas
2012) et de générer plus de profits.
• Les ressources consacrées au marketing par l'entreprise représentent 3%
de ses ventes.
Le propriétaire-dirigeant est conscient que l'un des défis pour les entreprises qui
veulent profiter de l'interaction avec les clients est de garder une certaine flexibilité afin
d'établir un dialogue avec des clients de plus en plus avisés et ayant des besoins spécifiques.
L'entreprise reconnait qu'elle sera prête à intégrer la voix du client que lorsqu'elle comptera
sur des ressources spécialisées et en nombre suffisant.
137
Le propriétaire reconnait qu' un des autres défis, avec lequel son entreprise doit
composer et qui nuit à l' acquisition de meilleurs résultats, est de transmettre aux
consommateurs un message dont l' encodage du sens n' est pas biaisé. Il estime que l' ajout
d' un intermédiaire, tel un agent manufacturier ou un vendeur en magasin, augmente le
risque de biais lors de la transmission du message si celui-ci est mal contrôlé. Le
propriétaire admet:« L'entreprise connaitrait un plus grand succès si les messages qu'on
veut communiquer étaient transmis directement au consommateur ou étaient faits
stratégiquement avec leur aide. » Pour pallier ce risque, le propriétaire a entrepris l' initiative
de créer des ateliers, qui ressemblent à des petites galeries, où il contrôle tous les stimuli
marketing dont les messages qu' il désire transmettre, les outils de ventes et de
personnalisation, etc. Le propriétaire reconnait que lorsque ses distributeurs sont engagés
sous une ou plusieurs formes, telle que lors de la co-création ou lors de l' implantation des
ateliers, la satisfaction du client et les intentions futures de la firme sont influencées
positivement. Cependant, l' un des défis soulevé par le propriétaire est qu' il est souvent
difficile d' attirer et de conserver les distributeurs engagés lorsque les ressources et les
mécanismes sont limités.
138
4.2.4 Entreprise 4
L'entreprise fabrique essentiellement des ensembles de salles à manger (80% du
chiffre d'affaires), des ensembles de chambre à coucher et des meubles audio-vidéos. Le
réseau de distribution de l'entreprise se résume à la vente par l'intermédiaire des détaillants
de meubles grandes surfaces et spécialisés uniquement.
4.2.4.1 Les raisons ayant mené la PME à opter pour le marketing collaboratif
Forces Faiblesses
• Montée du pouvoir du consommateur « • L'entreprise a l'obligation de s'adapter
acteur de sa destinée, de ses choix, des aux besoins individuels et changeants du
produits qu'il imagine, qu'il critique et consommateur et de co-produire des
dont il fait ou pas, le succès » (Florès, meubles avec le consommateur final.
2008, p.79).
• L'entreprise fabrique la plus vaste
gamme d'ensemble de salles à manger
dans l'industrie du meuble au Québec,
à un prix légèrement plus bas que les
produits concurrents, en plus d'offrir
un nombre quasi illimité de possibilités
liées à la personnalisation. Cette
combinaison lui permet de détenir un
avantage concurrentiel très important
sur ses marchés
• Elle énère soixante our cent de ses
139
ventes aux Etats-Unis et quarante pour
cents au Canada. La vice-présidente
considère que l' entreprise compte sur
un réseau de distribution mieux établie
au Canada. ,
• Soucieuse de rester un fournisseur de
choix, l' entreprise a décidé de profiter
du pouvoir que profère la force d' un
regroupement d' entreprises en offrant
des possibilités de configuration
difficilement égalables au niveau du
prix et de la quantité.
• Le déploiement de la stratégie de co-
production avec le consommateur a
intentionnellement mené certains
concurrents à s' éloigner puisqu' ils ne
pouvaient rivaliser en offrant un aussi
vaste choix de configurations.
• Le propriétaire a procédé à
l' acquisition de plusieurs entreprises
sous-traitantes ou concurrentes, qui
forment maintenant un seul groupe,
dans l'intention d' acquérir les
compétences permettant de livrer plus
rapidement les produits aux clients
grâce à l'internalisation des procédés et
de compter sur des équipements
permettant de produire plus facilement
de multiples composantes utiles à la
personnalisation de masse.
• Ces acquisitions ont aussi permis au
propriétaire de mieux contrôler ses
activités et ses coûts en éliminant bon
nombre d' intermédiaires.
Opportunités Menaces
140
leur capacité à être créatifs. Grâce à
tous les outils technologiques qu'ils
peuvent utiliser et surtout grâce aux
réseaux SOCIaux sur lesquels ils
s'inspirent (Carù et al., 2014), les
consommateurs font de plus en plus de
choix de spécifications judicieux et
précis, sans pour autant avoir l'offre
complète sous leurs yeux.
141
de certains produits.
• Il arnve fréquemment que les détaillants
conscients de la capacité à répondre à leurs
besoins soumettront leurs suggestions de
nouveaux produits.
• L' entreprise a développé des mécanismes
afin d' intégrer la voix des détaillants à sa
prise de décision tels que des focus groupes
ou des activités de validation de produits à
l' usine.
• Des galeries visent aussi à aider les
distributeurs à créer des environnements qui
sont propices à engager le consommateur
dans un processus convivial de co-
production, le développement de présentoirs
plus complets, regroupant tous les scénarios
de personnalisation, assurent un niveau
d' interactivité entre le consommateur et
l' entreprise qui facilite la co-création de
valeur.
• Le client doit participer à l'assemblage
partiel du produit, on parle donc de
participation autodirigée logistique
Co-décideur de prix • Le consommateur, sensible au pnx, se
dirigera vers des points de ventes dont la
gamme de produit offerts correspond à sa
capacité à débourser pour des meubles, il
devient en quelque sort co-décideur du prix
puisque l' entreprise adaptera son offre aux
prix que la clientèle recherche lorsqu' elle
magasme dans les magasms de ses
distributeurs selon la V-P.
• L' entreprise se base principalement sur
l' élasticité de la demande au prix puisque
cette approche propose une approximation
des volontés des consommateurs en matière
de pnx des produits (Capelli et Dantas,
2012).
• Les détaillants, qm sont les pnnclpaux
intermédiaires entre l' entreprise et les
consommateurs, connaissent les volontés des
consommateurs en matière de prix et en font
part au propriétaire pour qu' il fixe les prix en
142
conséquence.
Co-communicateur • Ne communique et ne collabore pas avec la
communauté virtuelle, via des forums de
discussion, des blogues, réseaux sociaux ou
autres applications virtuelles (Antorini,
Muniz, et Askildsen, 2012).
• La vice-présidente admet que l' entreprise
pourrait établir un processus d' échange
(Vargo et Lusch, 2004) avec le
consommateur puisqu' elle détient une
banque de données importantes sur les
consommateurs qUI s' intéressent à sa
marque.
Co-distributeur • Aucune intégration spécifique
L' entreprise a reconnu qu' un des défis avec lequel son entreprise a dû composer et
que ses compétiteurs doivent encore relever est de transmettre aux consommateurs un
message dont l' encodage du sens est le moins biaisé possible. Comme il s' agit d' une
pratique courante dans l' industrie, la représentation des entreprises manufacturières auprès
des distributeurs s' effectue par l'entremise d' agents manufacturiers indépendants qui
travaillent pour le compte de plusieurs fabricants . Normalement, leur niveau de
connaissances liées aux différentes facettes de l' entreprise est beaucoup moins grand que
s'ils ne travaillaient exclusivement que pour un seul manufacturier. Leur capacité à
transmettre aux vendeurs l' information sur les produits et les services de l' entreprise est
moins grande. L' ajout de deux intermédiaires, c' est-à-dire l' agent manufacturier
indépendant et le vendeur en magasin, augmente le risque de biais lors de la transmission du
message si celui-ci n'est pas bien maitrisé à la source. Cette problématique nuisait
considérablement à l' atteinte de résultat de l' entreprise puisque les consommateurs ne
détenaient jamais un aussi haut niveau de support qu' ils s' attendaient des vendeurs qui
étaient mal formés par les agents manufacturiers. L' entreprise a décidé de remplacer les
agents manufacturiers pour des représentants corporatifs dont l'apport à l' entreprise s' avère
beaucoup plus prometteur surtout lorsque viendra le temps de déployer des initiatives de
marketing collaboratif plus structurés.
143
« Le niveau de collaboration entre l'entreprise et les représentants rapportent déjà
gros. », remarque la vice-présidente
Bien que l'entreprise pUIsse aller plus loin dans son rapprochement avec le
consommateur en lui faisant vivre une expérience améliorée, elle ne peut aller à l'encontre
des contraintes qu'imposent les distributeurs. Ainsi, l'entreprise ne pourrait ouvrir ses
propres boutiques, à l'image de ses galeries, pour vendre directement aux consommateurs.
Elle ne veut surtout pas devenir un compétiteur de plus pour ses détaillants.
144
création en magasin puisqu' une partie ou la totalité pourrait s' effectuer à partir du domicile
du consommateur. Le plus important compétiteur de l' entreprise met à la disposition des
consommateurs un outil comparable et ces derniers semblent en tirer avantage.
L' entreprise a déjà investi plus massivement dans l' achat de publicité dans
différents médias afin d' accroître sa notoriété. Cependant, il a été constaté que les
consommateurs étaient peu sensibles à la marque de leur mobilier. Ainsi, l' entreprise a revu
ses budgets et a décidé de solliciter l' aide des détaillants afin de partager une partie des
coûts de placement médias. Les nouvelles publicités présentent dorénavant des offres
promotionnelles, compte tenu que les consommateurs ont une plus forte sensibilité aux prix.
Ces coûts publicitaires sont calculés dans les prix de ventes, l' entreprise compte donc des
listes de prix différentes pour les clients qui génèrent des volumes plus importants et qui
contribuent aux efforts de promotions ainsi que de communication.
La vice-présidente admet que l' entreprise pourrait établir un processus d' échange
(Vargo et Lusch, 2004) avec le consommateur puisqu' elle détient une banque de données
importantes sur les consommateurs qui s' intéressent à sa marque. En fait, les détaillants
demandent régulièrement à l' entreprise de livrer directement au domicile des
consommateurs intéressés par les produits des échantillons de couleurs ou de tissus, c' est
ainsi, qu' elle cumule cette information. La rapidité de transmission d' un message peut être
rapide et sans coût (Brodie et al, 2013) grâce à la co-communication et l' accès à ses
coordonnées.
Comme le client peut parfois être appelé à participer à l' assemblage partiel du
produit (participation autodirigée logistique), l' entreprise met à la disposition du
consommateur des instructions de montage qui lui permet de ressentir une satisfaction et
qu' elle demeure facile. Cependant, l'entreprise remarque que les consommateurs qui
achètent ses produits recherchent plutôt une solution clé en main et ne désirent pas courir le
risque de faire une installation inadéquate de leur nouveau mobilier qu' ils ont eux-mêmes
145
conçu. Ces derniers s'éloignent donc de l'assemblage et requièrent une installation lors de la
livraison. L'entreprise offre, depuis peu de temps, un service de réparation personnalisé aux
détaillants. La vice-présidente explique: « Plutôt que ce soit les techniciens des détaillants
qui se déplacent aux domiciles des consommateurs pour effectuer une réparation, ce sont
ceux du manufacturier qui s'y rendent. Les consommateurs sont donc témoins d' un service
supérieur et voient leur problème se régler.»
En somme, l'entreprise ne fait pas exception des autres entreprises rencontrées, elle
n'intègre complètement le consommateur qu'à l'étape de la détermination du produit, son
rôle de spécificateur influence la conception finale du produit. Le consommateur joue un
rôle beaucoup plus important auprès des détaillants qui à leur tour influencent les décisions
liées aux « 4 P» du manufacturier. Dans ce cas précisément, nous remarquons sous
plusieurs angles que la voix du détaillant est considérée et que ce dernier participe à
plusieurs niveaux en tant que co-décideur du prix, co-développeur de produits et co-
communicateur. Nous pouvons constater que l'effort que l'entreprise déploie pour satisfaire
les besoins spécifiques des détaillants l'amène à se rapprocher des consommateurs. L'envoi
d'échantillons directement aux consommateurs, le service de réparations à domicile, les
activités promotionnelles, l'ajout de galeries sont tous des exemples d'amélioration du lien
entre le « end-user» et le manufacturier, bien que ses actions restent souvent tactiques.
146
de l' offrir, le produit sera perçu comme ayant une valeur accrue (meilleure
performance)
• Offre co-développée donc répond plus précisément aux besoins des
consommateurs (meilleur taux de satisfaction)
• Au-delà de la personnalisation, le changement dans les habitudes des
consommateurs a mené l' entreprise à entreprendre une réflexion
stratégique quant aux moyens qu' elle devait prendre pour mIeux se
distinguer de ses compétiteurs et améliorer la valeur perçue de ses produits
en développant une offre et une image de marque qui devait mieux
répondre aux besoins d' une clientèle plus informée et exigeante (meilleure
satisfaction)
Performance financière
147
4.2.5 Entreprise 5
Cette entreprise se spécialise dans la fabrication de fauteuil de détente depuis bientôt
30 ans. "En 2003 , l'entreprise a fait l' acquisition d'une entité spécialisée dans la
fabrication de mobilier de chambre à coucher haut de gamme pour bébés, enfants et
adolescents. Dorénavant, l' entreprise distribue ses produits auprès de deux segments de
marché c' est-à-dire les détaillants de meubles traditionnels et les détaillants d' articles pour
jeunes enfants. Chacun de ces segments se divisent en trois réseaux, les produits sont
vendus dans les magasins à grandes surfaces, dans des magasins dits indépendants et
finalement, sur les sites transactionnels en ligne. Le propriétaire rencontré affirme
fièrement: « Nous sommes reconnus comme chef de file dans sa catégorie et on se classe
parmi les fabricants de meubles les plus importants en Amérique du Nord. »
4.2.5.1 Les raisons ayant mené la PME à opter pour le marketing collaboratif
Cette entreprise, considérée comme leader dans la fabrication de fauteuils oscillants,
n' a plus à faire connaitre son nom au sein de l' industrie de l'ameublement en Amérique.
Que ce soit par ses innovations ou par sa vaste sélection de meubles personnalisés,
disponibles dans plus de 250 tissus et 25 finis, l' entreprise a réussi à vendre plusieurs
millions d' exemplaires de ces fauteuils et ce, sans avoir eu à opter pour le marketing
collaboratif. Cependant, en faisant l' acquisition de l' entité spécialisée dans la fabrication de
mobilier de chambre à coucher haut de gamme pour bébés, enfants et adolescents,
l'entreprise désirait se diversifier. L' entreprise entrevoyait l' opportunité que ses chaises
oscillantes soient aussi vendues aux côtés des meubles de chambre à coucher pour bébés
chez des détaillants d' articles pour jeunes enfants auxquels elle ne s'était pas encore
intéressée.
148
Rapidement, il a remarqué que les consommateurs ne considéraient plus les mêmes critères
et qu' ils se comportaient d' une toute autre manière avant de procéder à l' achat d' un meuble
pour leur enfant. Les principaux constats sont notés dans le tableau ci-dessous.
149
Tableau 23 - Analyse FFOM de l' entreprise 5
• Les consommateurs paraissent plus sensibles à • Les consommateurs n'accordent tout simplement pas
l' esthétique du produit, au confort et au prix d' importance à la marque puisque, selon le
plutôt qu'à sa provenance ou à sa marque. propriétaire, un fauteuil est classifié comme un
• L'apparence du produit demeure l'attribut meuble d' accent, c' est-à-dire qu' il contribue d'abord
<1.) principal recherché. à accentuer l'apparence d'une pièce.
e
<1.)
• Réussi en coproduisant avec les • L' achat de meubles d'accent s' effectue souvent de
façon impulsive, au moment où les consommateurs
consommateurs et leurs designers, à répondre
~
~ aux spécifications esthétiques qui permet magasinent de plus gros meubles et qu' ils cherchent
~
<1.)
d' accentuer leurs pièces en fonction des à remplir certains espaces vides.
tendances actuelles. • Malgré tout son succès, l' entreprise a de la difficulté
S
<1.) • L' entreprise n'hésite pas à mettre en valeur les à faire connaitre son nom et à ce que les
ê avantages associés à la personnalisation de consommateurs l' associent à des fauteuils.
.....8 masse dans le but de donner à ses produits une
place déterminée auprès d' un marché cible
• Les efforts de marketing améliorent sa visibilité sur
les lieux de ventes afin d' attirer l' attention des
~
6 (Mayrhofer, 2006) sans pour autant, mettre en acheteurs impulsifs mais sans plus.
place des stratégies de fidélisation de cette • Seul le prix du produit comptait aux yeux des
clientèle. détaillants puisque le produit était non différencié et
• Les produits sont distribués dans trois qu' il ne présentait aucune valeur ajoutée.
réseaux : les magasins à grandes surfaces, dans • Accent mis sur la production et la gestion des coûts
des magasins dits indépendants et finalement, pour survivre au centre d'une bataille de prix auprès
sur les sites transactionnels en de ses compétiteur
~
<1.)
S
<1.) • NID. • NID.
êo
.....;...
~
6
150
Lors de cette analyse, il a été noté que l' achat de meubles pour un bébé ou pour un
enfant s'effectue plus lentement. Le propriétaire explique: « La mère, souvent ralentie dans
ses activités quotidiennes puisqu' elle est enceinte, consacre plus de temps à ramasser de l'
information et à comparer les options qui s' offrent à elle, la femme enceinte veut être
certaine que l'achat qu' elle s' apprête à faire est sécuritaire pour son enfant.»
Elle considère la qualité du produit et est prête à débourser davantage pour s' en
assurer, souvent un manufacturier réputé ou dont le nom n' est plus à faire touche cette corde
sensible de la consommatrice. De plus, la venue d' un enfant entraine une fébrilité que les
familles aiment partager avec leur entourage, elles n'hésitent pas à prendre des photos des
articles achetés ou à les montrer afin que de prouver qu' ils n' ont pas hésité à investir pour la
sécurité et le bien-être de leur bébé.
« L' objectif de la futur maman n' est pas de payer l' article le moins cher possible
mais plutôt de payer le juste prix et ce, pour un produit dont les gens savent reconnaitre la
qualité et certaines fois, son prestige. », rappelle le propriétaire
Conscient que les consommateurs sont beaucoup plus engagés lors du processus
d' achat d'un meuble pour bébé ou pour enfant (intensification de l' expérience) et que la
création de valeur avec le client (Prahalad et Ramaswamy, 2000) peut assurer une plus
grande fidélité de ces clients qui risquent d' avoir plus d' un enfant ou qui devront acheter
plus tard des meubles juvéniles, l' entreprise a décidé de débuter l' intégration du marketing
collaboratif tout récemment et de mobiliser des ressources.
Le propriétaire comprend que les clients qui ont acheté ses chaises, au fil des trente
dernières années, ne sont pas les mêmes qui effectuent l' achat de meubles pour enfants
aujourd'hui. L' entreprise se doit d' être visible auprès de cette nouvelle clientèle-cible afin
151
de se faire connaitre. Les stratégies marketing à employer sont différentes de celles qu' elle a
l ' habitude de mettre en place, compte tenu que le comportement du consommateur a
changé.
Tableau 24 - Mix-marketing de l' entreprise 5
152
Co-communicateur • Aucune intégration spécifique maIS le
propriétaire perçoit le Web 2.0 comme une
source d' informations importantes où sa
clientèle-cible s' alimente et comme un outil
idéal par pour interagir avec celle-ci. Le
propriétaire espère que le consommateur
devienne un média à part entière, où il peut
élaborer des messages et promouvOIr la
marque.
• Le propriétaire perçoit que les Jeunes
mamans, puisqu' elles ont les mêmes
habitudes de consommation ou les mêmes
passIOns, aiment se rassembler par
l'intermédiaire des réseaux SOCiaUX et
s' influencent mutuellement.
• Comme l' ont démontré les recherches en
marketing (Algesheimer et al. , 2005 ;
Veloutsou et Moutinho, 2009), le propriétaire
souhaite que l' identification à la marque par
le biais de la communauté de marque
entraine la loyauté envers la marque qui lui
appartient
Co-distributeur • Aucune intégration spécifique
En somme, le propriétaire démontre un intérêt très élevé par rapport aux autres
entreprises rencontrées quant à l' atteinte d' objectif clair face aux clients co-
communicateurs, l' entreprise implique le consommateur de façon très similaire aux autres
entreprises interviewées.
153
qui participera au déploiement de la stratégie de réseaux sociaux. De plus, l' entreprise
remarque que les commentaires négatifs écrits sur le Web risquent de se retrouver parmi
les informations que trouveront ses futurs clients. Ces commentaires devront être
considérés et traités adéquatement.
4.2.6 Entreprise 6
L' entreprise réalise presque la totalité de son chiffre d' affaires par la vente de
mobilier haut de gamme pour la salle à diner. Tous les produits sont faits à partir de merisier
massif et sont fabriqués localement selon des procédés écoresponsables. L' entreprise
distribue 70% de ses produits aux États-Unis contre 30% au Canada à l' intérieur de
magasins d' ameublement en tout genre. Le succès de l' entreprise, depuis plus de 30 ans,
repose sur l' assemblage à la main de ses produits qui sont personnalisés et adaptées aux
besoins particuliers de chaque client. Dans sa catégorie de produit, ce manufacturier est
considéré comme le plus important en Amérique du Nord, aucun autre fabricant ne vend
autant de produits comparables.
4.2.6.1 Les raisons ayant mené la PME à opter pour le marketing collaboratif
154
Cependant, pendant plusieurs années et malgré elle, l' entreprise a été victime du
pouvoir du consommateur « acteur de sa destinée, de ses choix, des produits qu 'il imagine,
qu 'il critique et dont il fait ou pas, le succès » (Florès, 2008, p.79) jumelé à celui de ses
compétiteurs qui offraient des meubles à plus bas prix.
«Nos analyses ont démontré que les vendeurs en magasin prenaient entre 45 et 60
minutes afin de spécifier les choix du consommateur et conclure la vente alors qu' il en
prenait entre 15 et 20 pour vendre un meuble de mes concurrents qui était moins
dispendieux. [ ... ] En plus, comme les vendeurs étaient certaines fois moins habiletés, ils se
dirigeaient avec les clients vers les produits les plus faciles à vendre et les moins
dispendieux ce qui nuisaient à l' augmentation de nos ventes» me racontait le propriétaire-
dirigeant.
Dans ce cas -ci, l'adoption du marketing a pris en compte les forces, faiblesses,
opportunités et menaces de l'entreprise mais la raison principale ayant mené à la naissance
155
du marketing collaboratif dans l'entreprise est issue majoritairement d'une étude de
l'expérience de ventes et d'achats de ses produits en magasin. Pour l'intérêt du lecteur, nous
présentons tout de même, comme nous l'avons fait dans le cas précédents, la matrice
FFOM.
Forces Faiblesses
• Fabrication qui respecte les plus • Offre une seule catégorie de produit
CI) hautes normes de l'industrie. qui lui permet d'être spécialisée mais
S • Utilise des procédés écologiques qui nuit à sa diversification
....s::
- •
CI)
• Offre des produits personnalisés, Effacement de la tendance pour les
adaptés aux besoins particuliers de mobiliers classiques, traditionnels et
.s::... chaque client depuis plus de vingt rustiques.
CI)
Oppol1unités Menaces
156
Suite à l' analyse stratégique de l' entreprise, au début des années 2000, le
propriétaire dirigeant a mis sur un pied un important projet visant le développement d' un
logiciel informatique conceptualisant en temps réel le mobilier de salle à diner du
consommateur selon ses préférences. Aucune autre entreprise rencontrée n' a démontré, ni le
désir et ni la réussite face à une intégration aussi concrète et interactive du consommateur à
l' étape de la détermination des spécifications du produit. Ainsi, l' analyse du cas de cette
entreprise, sous un nouvel angle, permet de comprendre comment le consommateur joue le
rôle de « spécificateur » grâce à l' utilisation des nouvelles technologies.
Nous rappelons qu' un produit, conçu avec la collaboration des clients, a plus de
probabilités de satisfaire ces derniers, surtout si la personnalisation vise un but utilitaire.
Comme la personnalisation accroît la différenciation d' un produit par rapport à la
concurrence, il devient quasi impossible de comparer des offres personnalisées et ainsi, cela
permet à l'entreprise de pratiquer des prix supérieurs à ceux de la concurrence (Capelli et
Dantas, 2012). Ayant bien compris ces notions, le propriétaire dirigeant nous a fait
connaitre les objectifs derrière le développement d' un logiciel d' animation 3D qUI
nécessitait, au début des années 2000, des avancées technologiques plus poussées que
l'industrie du jeu vidéo et du cinéma:
157
consommateurs en fabriquant pour lui, un produit qUI correspond exactement à ses
besoins.»
L' entreprise a investi massivement dans le développement de ce logiciel dont la
résultante finale est quelque peu différente de ce qui était prévu au départ. Cependant, le
logiciel permet aujourd'hui à l'entreprise de bénéficier d' un avantage concurrentiel
indéniable qui, selon le dirigeant, profitera encore plus considérablement à l' entreprise dans
les années à venir lorsque les détaillants intègreront davantage les technologies dans leur
stratégie d' affaires. Le logiciel installé dans un ordinateur qui prend place sur un petit
mobilier au centre d' un présentoir de l' entreprise permet aux détaillants d' offrir des milliers
de combinaison possibles sans prendre plus d' espaces que ceux des concurrents. Ce logiciel,
disponible aussi sur le site de l' entreprise, permet aux consommateurs de faire leur sélection
à domicile et de se rendre chez le détaillant autorisé le plus près afin de confirmer leur
commande. Certains détaillants acceptent même d' ajouter le module du logiciel sur leur
propre site internet afin que les consommateurs qui magasinent en ligne puissent accéder au
même choix et ce, sans avoir à intégrer un seul produit sur leur site.
À ce point-ci, très peu d' autres actions concrètes liées au marketing collaboratif
sont effectuées par l' entreprise #6, la participation du consommateur est requise uniquement
à l' étape de la co-conception du produit et les ressources y sont concentrées. L' une des
raisons qui expliquent pourquoi l' entreprise n' investit pas davantage dans le développement
d' autres mécanismes d' intégration du consommateur est que le logiciel exige encore du
développement et qu' il deviendra le point central à partir duquel d' autres variables
marketing seront influencées par le consommateur. Plus précisément, le logiciel permettra à
158
terme, grâce à ses filtres et à aux données qu' il recueillera, d' analyser le comportement du
consommateur (comprendre ce qu'il aime ou n' aime pas, quel ajout il est prêt à faire et à
quel prix, etc.), par quel moyen il est parvenu à visiter la page du logiciel (publicité?
promotions ?), à inscrire des commentaires et à partager le contenu tel qu' on le fait sur les
réseaux sociaux, etc. Très brièvement, il était difficile de connaitre tout le potentiel dont
regorge ce logiciel, mais nous pouvons facilement l' imaginer en naviguant sur la plateforme
et en voyant ce qu' offre le pouvoir de la technologie au moment d' écrire ce mémoire.
En somme, quoi qu' il en soit, l' entreprise implique, à plus faible intensité, le
consommateur dans la détermination de d' autres variables du mix-marketing que nous vous
présentons dans le tableau suivant:
159
navigation du consommateur pour co-créer
des produits.
Co-décideur de prix • Le consommateur décide, selon les choix
qu'il effectue, du prix qu'il paie pour son
ensemble de salle à diner. Chaque élément
pouvant être sélectionné fait varier le prix.
Co-communicateur • L'entreprise communique et collabore avec
la communauté virtuelle, via des forums de
discussion, des blogues, réseaux sociaux ou
autres applications virtuelles (Antorini,
Muniz, et Askildsen, 2012).
• La croissance des ventes « e-commerce » se
fait de plus en plus sentir et l'entreprise
compte s'y attaquer en mettant de l'avant
des stratégies marketing centrées sur le
consommateur final telles qu'une gestion
des réseaux sociaux où il pourra, entre
autres, jouer le rôle de co-communicateur.
Les réseaux utilisés par l'entreprise sont :
Houzz, Pinterest, Facebook, YouTube et
Twitter.
Co-distributeur • L'entreprise détient une salle de montre
permanente à Toronto, où les designers
d'intérieur, qui agissent en quelque sorte à
titre de covendeurs peuvent se présenter
pour choisir les meubles de leurs clients. Si
les designers connaissent bien ce que
l'entreprise offre, ils seront davantage
motivés à suggérer leurs meubles aux
consommateurs et à co-créer de la valeur.
160
4.2.6.3 Les résultats associés à l 'usage du marketing collaboratifpar la PME
Dans ce cas-ci, comme l' entreprise implique le consommateur de façon très similaire
aux autres entreprises interviewées à l'exception de l' étape de la co-production, nous
désirons mettre l' accent uniquement sur les résultats associés à l'usage du marketing
collaboratif grâce à l' outil mis en place par l' entreprise. En d' autres mots, nous nous
intéressons aux résultats qui sont associés à l' intégration du consommateur en tant que
client spécificateur lorsqu' il utilise le logiciel d' animation 3D de l' entreprise #6.
L' entreprise connait exactement le nIveau de ressources qu' elle consacre aux
activités de développement et de maintien du logiciel. Elle a mis en place un budget
consacré uniquement à la cellule de développement du logiciel qui est composée de
plusieurs développeurs informatiques. Cependant, l' entreprise peine à tracer le portrait
précis des ventes qui sont générées à domicile grâce à l' outil versus celles générées grâce à
l' outil en magasin avec l'aide d' un vendeur. Pour le dirigeant, bien qu' il soit convaincu de
l' aide qu' apporte cet outil et de son impact sur les ventes, il aimerait pouvoir mieux évaluer
sa rentabilité. Une chose est certaine, l' entreprise a diminué le temps de traitement des
commandes et les coûts associés depuis que le logiciel oblige l' informatisation des données
qui y sont liées. Le propriétaire-dirigeant mentionnait : «Avant que les vendeurs utilisent le
logiciel, le département de commande notait une erreur à chaque huit lignes de
spécifications, nos employés devaient rappeler le vendeur pour connaitre la correction à
apporter, ce qui retardait le lancement en production et par le même fait, la livraison. »
Comme l' entreprise est la seule à détenir un tel outil, elle effectue un «
benchmarking » avec ses compétiteurs afin d' identifier ceux qui ont les ressources
financières et humaines d' entreprendre le développement d' un logiciel comparable et de le
maintenir à jour. Cette pratique lui permet de connaitre les risques associés à l' arrivée
d' une plateforme concurrente et de mieux évaluer si les ressources qu' elle consacre sont
suffisantes afin de conserver une telle avance au point de vue technologique. L' entreprise ne
161
se le cache pas puisqu' elle est fière de recevoir un tel compliment, mais son logiciel fait
l' envie de plusieurs entreprises concurrentes ou du même secteur qui l' ont approchée afin
de partager son équipe de développement ou de tout simplement vendre une licence de son
logiciel. Cet indicateur intangible révèle la performance de l' outil et son potentiel à moyen
et long terme.
162
• L'entreprise impose une barrière plus importante à l'entrée de son marché
pour les futurs concurrents qui voudraient s'y aventurer lorsqu' elle investit
dans le maintien et l' amélioration de son logiciel. Tel que mentionné,
l' expertise informatique que détient l' entreprise fait l' envie de concurrents
et d' entreprises de d' autres secteurs, ce qui augmente inévitablement la
valeur de l' entreprise.
163
CHAPITRE V : DISCUSSION
Suite à l'analyse des données recueillies, il est maintenant possible de tirer certaines
conclusions sur les éléments observés. Ces conclusions démontrent des similitudes
intéressantes pour les six PME du secteur du meuble québécois ayant entrepris l' intégration
du marketing collaboratif. Il semble donc exister une constance dans la façon dont
entreprise manufacturière de meubles québécoise intègre le concept du marketing
collaboratif aux « 4 P » mais une faible variance.
Au terme de cette étude, les résultats portent à croire que les facteurs identifiés par la
littérature comme étant à l'origine de l'intégration du marketing collaboratif dans la PME
présentent un lien avec l' intégration de ce concept dans la PME manufacturière de. meubles
au Québec. Il apparaît évident que les propriétaires-dirigeants d' entreprises manufacturières
de meubles effectuent l' analyse de l' environnement dans lequel ils évoluent, plus
particulièrement l'analyse interne de leur entreprise. Plus précisément, entreprises sur six
ont fait une analyse plus approfondie de l' environnement. Plusieurs facteurs communs que
l' on peut regrouper sous différentes variables ont été mentionné comme étant les raisons
ayant mené la PME à opter pour le marketing collaboratif.
5.1.1 Les raisons ayant mené la PME à opter pour le marketing collaboratif
D' abord, toutes les entreprises ont mentionné dans différents mots qu' ils constatent
que les consommateurs sont devenus des êtres plus puissants et créatifs (Muniz et Schau,
2007), tel que soulevé à de nombreuses reprises dans les textes sur le marketing collaboratif.
Les consommateurs s' inspirent que ce soit par les réseaux sociaux, les revues ou les
émissions de décorations, ils savent ce qu' ils veulent et désirent être acteur de leur destinée
lorsqu' ils consomment et ne plus se laisser imposer des produits.
164
Tableau 28 - Analyse de la variable « clients» dans les entreprises
Analyse des forces et des t~liblcsses cOllllllunes
Clients Entreprise
Forces • Montée du pouvoir du consommateur « acteur de sa 1 -2 - 3 - 4
-5 - 6
destinée, de ses choix, des produits qu' il imagine,
qu' il critique et dont il fait ou pas, le succès »
(Florès, 2008, p.79).
Faiblesses • Néant Aucune
165
Tableau 29 - Analyse des variables « produits» et « services» dans les entreprises
Analyse des l'orees ct des t~lib\csses
Produits et services
Forces • Un nombre quasi illimité de possibilités liées à la 1-2-3-4-5-
6
personnalisation. Cette combinaison lui permet de
détenir un avantage concurrentiel très important sur
ses marchés.
Faiblesses • Manque d' offre différenciée, produit distribué et non, 2-3
commercialisé
Très peu de temps s' est écoulé entre le moment où l' industrie du meuble a connu
de grandes difficultés liées à l' arrivée de concurrents provenant de pays à faible coûts de
productions jumelée à la crise économique mondiale de 2008 et aujourd'hui comme l' a
évoquée l'entreprise #1. La première réaction des propriétaires a été de mobiliser des
ressources organisationnelles (structurelles, financières, humaines) à l'amélioration de la
productivité et de la chaîne logistique afin de réduire les coûts de fabrication ainsi
qu' accroître leur flexibilité. Tous les manufacturiers comprennent que l' objectif du marketing
n' est plus d' amener des produits finis au marché « to market» c' est-à-dire de distribuer, mais
plutôt de commercialiser « market to » afin que les consommateurs achètent les produits et ils
conviennent tous que l' infrastructure de production doit être adaptée aux intentions futures de
la firme, dont à la personnalisation de masse et à une livraison rapide. Conséquemment, les
ressources mobilisées, au fil des dernières années, visaient alors à moderniser les
équipements ou les infrastructures de production en général, à faire l' acquisition de sous-
traitants ou de concurrents et à faire l'embauche de spécialistes liés à la conception de
produits. On peut maintenant dire que les propriétaires de PME de l' industrie du meubles ont
relevé un premier défi, soit celui de mobiliser les ressources nécessaires pour adapter les
outils de production afin d' être en mesure de fabriquer des produits qui correspondent
exactement aux besoins des consommateurs et dont la valeur perçue est plus accrue.
166
Tableau 30 - Analyse des variables « finances» et « infrastructures» dans les entreprises
Analyse des forces ct des Llibksses 1 Iltrèplï~è '
Finances et infrastructures
Forces • L' entreprise a investi massivement dans ses équipements 1-2- 3
de production afin de passer d' une production de masse à -4 - 5
Sans aller trop loin dans la théorie des ressources, plusieurs manufacturiers
rappellent qu' ils sont propriétaires de PME dont les ressources limitées ne permettaient pas
d' investir davantage dans une démarche de marketing collaboratif, alors qu' ils investissaient
dans l' amélioration de leur infrastructure de production. Cependant, plusieurs d' entre eux
anticipent le faire dans un futur rapproché et éliminer l' une de leur plus grande faiblesse qui
se résume à: offrir un produit non-différencié, entrant en concurrence directe avec celui
provenant d'Asie et qui amène les détaillants à considérer uniquement le plus bas prix donc
les manufacturiers à vouloir toujours égaler un prix plus bas. Dorénavant, la personnalisation
de masse permet aux manufacturiers de fixer des prix supérieurs à ceux de la concurrence
(Capelli et Dantas 2012) et de dégager de meilleures marges de profits puisque le «sur-
mesure» accroît la différenciation d' un produit par rapport à la concurrence (provenant
d' Asie) il devient quasi impossible de comparer des offres personnalisées. À ce propos, les
techniques de fixation de prix, généralement utilisées par les entrepreneurs rencontrés,
intègrent peu le consommateur. Seuls les détaillants interviennent puisqu' ils sont sensibles
aux volontés des consommateurs en matière de prix des produits (Capelli et Dantas, 2012).
Les manufacturiers en tiennent donc compte lorsqu' ils fixent les prix à partir des coûts et à
partir de la concurrence (Mc Donald, 2004).
167
Tableau 31 - Analyse des variables «prix» et « coûts» dans les entreprises
Analvse des forces et des t~liblcsses 1 I1ln:plï~(~
Prix et coûts
Forces • Néant Aucune
Au fil des années, les PME manufacturières de meubles ont développé un réseau de
distribution passant par des détaillants spécialisés ou les grandes surfaces. Le rôle de ces
derniers est de commercialiser les produits et faire connaitre l' offre de produits disponibles
dans leur magasin auprès des consommateurs finaux. Les six manufacturiers rencontrés
s' intéressent peu aux consommateurs finaux dans l' élaboration des stratégies liées au mix-
marketing, puisqu' ils jugent que cette responsabilité revient à leurs distributeurs exigeant
parfois qde contribuer, sous différentes formes mais principalement financières, à faire
connaitre leur marque auprès des consommateurs. Les propriétaires déplorent ne pas avoir
suffisamment de moyens financiers pour soutenir des efforts de marketing « business to
business» et de « business to consumer ». Comme les ventes proviennent de distributeurs qui
168
connaissent bien leur clientèle-cible, les propriétaires préfèrent développer des mécanismes
permettant aux détaillants d'intervenir dans la détermination de certaines variables du mix-
marketing plutôt que de solliciter directement le consommateur final. Nous avons remarqué
que les six entreprises demandent aux détaillants de collaborer à différentes étapes du
développement du produit (déterminer la couleur, le nom, le modèle d'emballage etc.) lors de
locus groups, par exemple, ou encore de jouer le rôle du « consommateur assembleur de
pièces» où il assure une partie de la fabrication du produit avant de le livrer au « end-user »,
etc. Il a été possible de tracer plusieurs parallèles entre les modes de participation du
détaillant versus ceux présentés dans le tableau 9 qui sont normalement attribués aux
consommateurs finaux que nous verrons dans le prochain tableau. Certes, les manufacturiers
souhaitent donner un rôle aux détaillants dans les prises de décision et leur céder une forme
de pouvoir quant au contrôle de certaines variables du marketing mix (Wathieu et al., 2002)
afin de minimiser les risques et maximiser les chances de succès, mais elles ne doivent perdre
de vue que les détaillants continuent de s'approprier leur marque et qu'ils pourraient avoir
plus de pouvoir sur celle-ci que l'entreprise elle-même ou les consommateurs finaux.
169
regroupant tous les scénarios de
personnalisation, assurent un
ruveau d' interactivité entre le
consommateur et l' entreprise qm
facilite la co-création de valeur.
170
sans trop connaitre leurs vraies motivations ou le contexte, et ce depuis bon nombre d'années.
Cependant, certains remarquent, comme les entreprises #2 , #3 ,#5 et #6 que les
consommateurs ne sont plus sensibles aux mêmes stimuli et que la révolution numérique met
à la disposition de ces derniers des outils technologiques ou des plateformes sociales
permettant aux consommateurs d' autoproduire leurs expériences tout en augmentant leur
niveau de désintérêt vis-à-vis des outils statiques ou face à une absence d' interaction avec une
marque. Les propriétaires sont donc très conscients de l'importance de l' imagerie virtuelle,
des tendances numériques et du pouvoir des réseaux sociaux. Avant d' élaborer des stratégies
d' envergure à ce niveau, puisqu' il existe des risques et que des coûts supplémentaires
pouvant être entrainés, ils désirent être patients dans l' acquisition des ressources nécessaires
pour cheminer vers le succès, ce que l' expérience de l' entreprise #6 nous confirme. Cette
dernière entreprise est l' une des rares entreprises de l'industrie à démontrer autant d' avance à
ce point de vue. L'analyse de son cas permet de confirmer le succès provenant de
l' interaction entre le consommateur et son logiciel d' animation 3D. Entre temps, puisque les
tendances lourdes indiquent que les consommateurs doivent être au cœur des préoccupations
de l' entreprise (Sidibe, 2008), plusieurs manufacturiers tentent des tests afin de mesurer
l' impact d'une intégration des consommateurs à plus petite échelle. Entre autres, les
responsables des ventes ou du marketing des PME manufacturières de meubles écoutent les
clients, intègrent leurs demandes, stimulent leur participation et formulent une réponse à la
hauteur de leurs attentes grâce au web 2.0 ou au site transactionnel de leurs détaillants. Sans
vouloir créer des communautés de marque, les propriétaires profitent de l' émergence des
réseaux sociaux pour interagir directement avec les consommateurs finaux et les rapprocher
des activités de leur entreprise. La plupart s' inspirent des commentaires formulés pour
améliorer, entre autres, leur offre de service et de produits.
171
Tableau 33 - Rôles du consommateur final face aux manufacturiers
Variables du mi\: markl'ting Actions posé('s par le consommateur Entreprise
• Le propriétaire-dirigeant, conscient de 2-5-6
l' utilité du Web 2.0, anticipe effectuer
Co-producteur certains tests dans un avenir rapproché où
il solliciterait la participation de la
communauté virtuelle dans le cadre
d' une stratégie de co-création de nouveau
produits mais à une plus petite échelle.
172
• Reconnait le potentiel du Web 2.0 mais 3-5
Et enfin, il est très difficile d' évaluer les résultats du marketing collaboratifpuisque
nous convenons que la personnalisation de masse, bien qu' il s' agisse d'une pratique de
marketing collaboratif, s' avère, dans le cas de cette industrie, le cœur du modèle d' affaire des
PME et que peu d' autres stratégies d' envergure ne sont mises de l'avant en ce sens. Ainsi,
uniquement dans l' optique de la personnalisation de masse, nous nous sommes permis
d' identifier comment les PME rencontrés évaluaient leur performance ou ce qu' ils en
retiraient en termes de co-création de valeur.
173
aux besoins des consommateurs, puisque l' entreprise
était en mesure de le fabriquer donc de l' offrir, le
produit sera perçu comme ayant une valeur accrue
(meilleure performance)
• Offre co-développée donc répond plus précisément 1 -2-3-4-5 - 6
aux besoins des consommateurs (meilleur taux de
satisfaction)
• Proximité des marchés que l' entreprise désert permet 2-3
une intégration plus efficace des consommateurs
puisqu' il a moins d' adaptation à effectuer à divers
niveaux. (meilleur taux de satisfaction)
PèrformanCè financièlT
Cependant, nous pouvons souligner que les résultats attendus par les
manufacturiers qui solliciteront dans le futur, le consommateur dans le cadre du marketing,
visent à s' en rapprocher suffisamment pour qu ' ils exigent leurs produits quand ils entrent en
magasin afin que les détaillants aient moins de pouvoir et de contrôle sur ce qu' ils offrent aux
174
détaillants. Pour atteindre cet objectif, les manufacturiers sont très vigilants, ils sont avisés
qu'ils doivent recruter des employés ayant de fortes compétences relationnelles, qu'ils
doivent développer des mécanismes d'intégration du consommateur et mémoriser les
interactions pour intégrer la voix du client tout en les encourageant afin qu' ils continuent à
s'engager positivement dans l'entreprise (Sabadie, 2010) à long terme.
175
La troisième hypothèse pourrait stipuler que l 'utilisation active des médias sociaux
par les consommateurs influence le niveau d 'intégration de la voix du client lors de la prise
de décisions stratégies marketing des PME manufacturières de meuble au Québec.
176
CONCLUSION
La présente étude a eu pour objectif général de comprendre, d'une part, comment des
propriétaires-dirigeants de PME manufacturières de meubles québécoises intègrent le marketing
collaboratif et, d' autre part, ce qu' ils en retirent.
177
situation (environnement interne et externe), la détermination des stratégies liées aux «4 P» et
finalement, le contrôle des résultats.
De ce fait, après l' étude de cas de 6 PME québécoises, nous avons tenté de comprendre
comment, dans le cas de l'industrie du meubles au Québec, les propriétaires-dirigeants intègrent
le concept du marketing collaboratif aux « 4 P », comment ils peuvent le gérer de façon optimale
et quels sont les résultats réels de ce choix stratégique. Pour ce faire, nous avons analysé le
contenu noté suite aux interviews et avons catégorisé les éléments pertinents en fonction du cadre
conceptuel afin de mieux cerner la réalité de chaque entreprise et faire ressortir les tendances.
Néanmoins, les résultats obtenus ne nous permettent pas de tirer des conclusions claires quant à
l' intégration du concept du marketing collaboratif aux «4 P ». Par ailleurs, nos analyses révèlent
qu'il n' y a qu'un seul axe tactique lié au mix-marketing où les manufacturiers sollicitent
intensivement et directement la collaboration du consommateur final, il s'agit de la
personnalisation de masse. Comme la personnalisation de masse s' avère, dans le cas de cette
industrie, le cœur du modèle d' affaire des PME, sa mesure s' avère faussée. Toutes les autres
initiatives concernant le sujet de notre étude ne sont pas encore totalement lancées, ce qui
empêche de tirer certaines conclusions. Quoi qu'il en soit, une prise de conscience importante sur
la place que doit prendre le consommateur dans les pratiques d' affaires des PME manufacturières
de meuble au Québec s'effectue.
178
Tableau 35 - Synthèse des résultats de la recherche
Identifier les facteurs motivant les Les facteurs pouvant influencer: Forces: Montée du pouvoir du consommateur « acteur de sa
PME à faire participer le client au L'environnement interne et destinée, de ses choix, des produits qu'il imagine, qu'il critique et
processus stratégique ou tactique de L'environnement externe dont il fait ou pas, le succès» (Florès, 2008, p.79)
ses actions de marketing
Forces : Un nombre quasi illimité de possibilités liées à la
personnalisation. Cette combinaison lui permet de détenir un
avantage concurrentiel très important sur ses marchés.
Préciser les ressources Variables du mix marketing: Sans aller trop loin dans la théorie des ressources, plusieurs
organisationnelles (structurels, Co-Producteur manufacturiers rappellent qu'ils sont propriétaires de PME dont les
financiers, humains) favorisant Co-décideur de prix ressources limitées ne permettaient pas d' investir davantage dans une
l'intégration du client à la démarche Co-Communicateur démarche de marketing collaboratif
marketing. Co-Distributeur
179
Les détaillants, qui sont les principaux intermédiaires entre
l'entreprise et les consommateurs, connaissent les volontés des
consommateurs en matière de prix et en font part au propriétaire pour
qu'il fixe les prix en conséquence.
Mettre en évidence les principaux Variables d'évaluation de la: Les coûts de production, de main d'œuvre, de gestion des inventaires
risques et défis du marketing Performance des produits et et de ventes sont augmentés. Un nombre plus important de
collaboratif ainsi que ses conditions Performance financière produits est nécessaire aujourd'hui pour générer un chiffre
de succès. d'affaires beaucoup moins élevé qu'autrefois.
180
a. LES LIMITES
À la lumière de ces constats, nous pouvons croire que la difficulté de trouver des
PME participantes à cette enquête est attribuable à leur crainte de partager sur un sujet
qu'ils ne maîtrisent pas totalement. En outre, celles qui ont été sollicitées semblaient porter
une certaine réticence à accepter, malgré la lettre d' informations transmise, puisqu' ils
indiquaient d' emblée ne pas pouvoir contribuer suffisamment à l' avancement de la
recherche pour y participer. Ainsi, il a fallu expliquer sous forme d' exemples ce qu' était le
marketing collaboratif. Des relances ont été nécessaires afin d' obtenir ces rencontres. Bien
que nous ayons mentionné que l'approche qualitative pourrait être appropriée dans le
contexte de cette étude afin de mesurer une relation de cause à effet, c' est-à-dire de mesurer
l' impact de l'adoption du marketing collaboratif sur la performance des entreprises, nous
sommes conscients que le défi serait encore plus grand de solliciter un nombre plus
important d'entreprises afin d' avoir une représentativité assez élevée pour confronter ce
modèle à la réalité des PME dans le secteur du meuble. Cependant, dans ce cas, la limite
181
géographique pourrait être revue et les participants pourraient être situés dans les autres
provinces du Canada.
Comme indiqué, puisque l' apport des entrepreneurs était peu riche en informations
pertinentes, il aurait été intéressant d' amener les discussions à un autre niveau en
rencontrant un ou deux employés supplémentaires, mais l' absence de ressources dédiées au
marketing ne le permettait pas. La plupart des organisations donnent la responsabilité du
marketing à des membres de l' équipe de vente qui sont souvent à l' extérieur du bureau
compliquant ainsi la prise de rendez-vous pour une rencontre.
Néanmoins, cette étude a tout de même contribué à enrichir les connaissances sur ce
nouveau phénomène de plus en plus présent qu' est le marketing collaboratif. Bien que les
pratiques du marketing collaboratif ne soient pas très rependues entre les consommateurs
finaux et les PME manufacturières de meubles, nous avons réussi à faire ressortir les aspects
tactiques et stratégiques de la collaboration existante entre les détaillants et les fabricants.
Nous avons démontré que le marketing collaboratif en contexte industriel est beaucoup plus
fort étant donné que les détaillants participent et/ou sont sollicités lors de la détermination
des « 4 P » alors que les consommateurs finaux interviennent qu' au niveau du produit.
182
permettre de mieux cerner le phénomène étudié. Ainsi, bien que les résultats suggèrent la
quasi-inexistence du marketing collaboratif, nous ne pouvons pas affirmer que c' est
effectivement le cas de toutes les PME manufacturières québécoises de meubles.
Nous recommandons alors, pour des recherches futures abordant le même thème,
qu'elles soient de nature qualitative ou quantitative, de cibler un intervenant, autre que le
propriétaire, au sein de l' entreprise. Pour ce faire, il serait judicieux lors du recrutement
d'obtenir les coordonnées d'un gestionnaire de marketing qui sera en mesure, par sa
maîtrise du sujet, de contribuer significativement à l'étude. En effet, les résultats
démontrent que les connaissances des propriétaires à ce sujet étaient limitées et que cette
crainte de ne pouvoir contribuer suffisamment a pu nuire au recrutement. Ainsi, en visant la
même population mais en s'adressant à un autre participant, il serait possible d'augmenter le
nombre de répondants et améliorer la représentativité du même coup, tout en conservant la
limite géographique qui était fixée.
Finalement, cette recherche aura au moins permis d' enrichir les connaissances au
sujet du concept du marketing collaboratif dans toutes ses formes, son origine et ses
manifestations, et dans la PME.
183
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195
Annexe A : GUIDE D'ENTRETIEN
Guide d'entrevue
Il est important de spécifier que ce guide d'entrevue pourrait évoluer tant dans la forme
que dans l'ordre des questions, voire le fond même des questions. Chaque entretien aura bénéficié
des enseignements des entretiens précédents. Une des caractéristiques du présent guide d'entrevue
de base tiendrait à sa grande souplesse. En optant pour un guide qui s'articule autour de SIX
15 Ce qui est noté sur la grille en petit caractère est un ensemble de rubriques que nous voulions aborder avec
l'interviewé. Ces notes sont destinées à faire office de « pense-bête» à l'interviewer, à inspirer des sous-questions
ou des points à approfondir selon les réponses des dirigeants.
196
marketing collaboratif a pris forme pour la première fois dans son organisation et ensuite, de nous
décrire comment ce concept imprègne la culture de l'entreprise. Nous pouvons ainsi mieux cerner
les facteurs motivationnels derrière l'intégration du marketing collaboratif et sa portée au sein de
l'organisation.
Q2.1 Vous intégrez actuellement les pratiques de marketing collaboratif (ou en cours d'intégration)
... Pouvez-vous me raconter comment est née ce désir de collaborer avec les consommateurs?
(exigence du marché/du produit, proactif / réactif, recommandations)
Q2.2 Pouvez-vous m'expliquer comment le rôle du consommateur a évolué au fil des années dans
votre organisation jusqu'à aujourd'hui? (intégration dans d'autres départements, mission/vision/valeurs)
Q2.3 Quelles sont les principales motivations qui vous incitent à intégrer le consommateur dans vos
efforts marketing? (bénéficier d'une expertise externe, augmenter ses revenus, mieux satisfaire les consommateurs,
recherche de nouvelles idées, obtention d' un avantage concurrentiel, offrir une expérience client différenciée)
Q2.4 Est-ce que les différents départements partagent ces mêmes motivations ou sont-ils conscients
des enjeux qui vous motivent?
Q3.2 Pourquoi mobilisez-vous ces ressources? (requises pour aider les consommateurs à réaliser certaines tâches,
Q3.3 Par rapport à vos concurrents, comment évaluez-vous la quantité et la qualité des ressources
destinées au marketing collaboratif?
Q3.4 Pourriez-vous réaliser les mêmes actions marketing, en collaboration avec le consommateur,
sans consacrer ces ressources? (En termes d' investissement; de temps; de personnel)
Q3.5 Demandez-vous l'aide de partenaires externes pour soutenir vos efforts de marketing collaboratif
? (gouvernement, fournisseurs, sous-traitants)
IV - La stratégie
197
Nous demandons ensuite à l'interviewé comment l'intégration du consommateur
s'effectue, à savoir comment l'organisation oriente ses stratégies et ses actions marketing en
fonction des pouvoirs qu'elle désire y concéder. Plus spécifiquement, nous cherchons à connaitre
à quels moments le consommateur intervient et quelles variables du mix-marketing (prix, produit,
promotion, distribution) sont/seront contrôlées en partie ou en totalité par ce dernier.
Q4.1 Comment déterminez-vous les stratégies à mettre en place pour solliciter la participation du
client? (étude de marché, analyse de données, boîte à suggestions)
Q4.2 Est-ce que le consommateur participe à la production du produit ou à des étapes de la prestation
de service? (assemblage, tâches à effectuer pour façonner le produit ou sur support automatisé)
Q4.\O S'il y a lieu, offrez-vous des incitatifs aux consommateurs pour favoriser leur participation?
198
l' attitude de certains clients, clients qui ne sont pas prêts à investir du temps et à faire des efforts, sur segmentation ou
occupation de niches peu rentables)
Q5.2 Quels sont les défis auxquels votre organisation a fait ou fait face lorsque vient le moment
d'intégrer le consommateur à vos activités? (garder une flexibilité, délais supplémentaires)
Q5.3 Décrivez-nous les moyens pris par votre organisation pour maximiser les chances de réussir
l'intégration du marketing collaboratif ... (donner aux clients des signaux les incitants à interagir, employés
aux compétences relationnelles, système d' information interactif, respecter les propositions des clients)
Q6.2 Quelle évaluation feriez-vous de vos efforts de marketing collaboratif jusqu'à maintenant?
Q6.3 Sentez-vous que votre entreprise est en contrôle de ses activités de marketing collaboratif?
Q6.4 Parlez-nous de votre plus grande fierté / réalisation de votre entreprise en partenariat avec le
consommateur ... (en contexte de marketing)
Q6.5 Expliquez-nous l'échec le plus important de votre entreprise qui impliquait le consommateur ...
(en contexte de marketing)
Q7 - Est-ce qu'il y a d'autres aspects que nous n'avons pas abordés et qui vous
semblent préoccupants ou avez-vous quelque chose d'autres à ajouter concernant ce sujet?
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