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Analyse comparative entre le référentiel IFRS et le cadre algérien

Mr. MOKHEFI Amine


Maitre assistant A
Université de Mostaganem
E-mail: [email protected]

Résumé

De tous les temps, la comptabilité n’a cessé d’accompagner et de s’adapter aux changements
de la scène économique et aux besoins de ces différents utilisateurs. C’est la raison pour la quelle,
on aboutit au jour d’aujourd’hui, à l’utilisation de référentiels comptables qui différent d’un pays à
l’autre en fonctions des orientations économiques de ces pays.
Même si les différents référentiels comptables convergent vers deux bloques ou deux écoles
à savoir l’école anglo-saxonne et celle de l’Europe continentale, l’hétérogénéité des référentiels
comptables conduit à donner à l’entreprise une appréciation qui diffère en fonction du référentiel
comptable appliqué. L’exemple le plus spectaculaire des effets de l'application de normes
comptables différentes est le cas de la société Daimler Benz dont les comptes dégageaient, en 1993,
un bénéfice de 602 millions de DM en normes allemandes et une perte de 1 839 millions de DM en
normes américaines !
Cet exemple là, montre que la comptabilité n’échappe pas au processus de mondialisation.
Les firmes sont internationales, cotées sur plusieurs places financières et leurs marchés sont à
l’échelle mondiale. Les comptes des groupes doivent représenter cette internationalisation et
s’adapter à des investisseurs de nationalités variées d’où la nécessité d’une harmonisation
comptable internationale.
Ainsi, pour harmoniser et perfectionner le marché financier européen, l’Union Européenne
(UE), a pris la décision de prescrire l’application des normes comptables internationales IAS/IFRS.
Celles-ci sont entrées en vigueur à partir du 1er janvier 2005, pour les comptes consolidés des
entreprises européennes faisant appel public à l’épargne. Ce choix s’intègre parfaitement dans le
processus de globalisation évoqué ci avant.
Les normes IAS/IFRS sont «produites» par l’International Accounting Standards Board
(IASB), organisme privé et indépendant n’ayant aucune attache étatique. L’IASB établit des normes
internationales qui sont appliquées indistinctement par l’Australie, le Japon ou la Russie entre
autres; Elles ne sont donc pas spécifiquement adaptées aux exigences et attentes européennes.
Dans ce contexte, l’Algérie continue à utilisé le Plan Comptable National, adopté en 1975 et
orienté essentiellement vers une économie planifiée, malgré le fait qu’elle s’est inscrit depuis les
années 90 dans un processus de passage vers une économie libérale avec l’ouverture de son marché
aux investisseurs étrangers.
Compte tenu des éléments précédents, notre travail se fixe pour objectif d’étudier le nouveau
référentiel comptable IFRS et de le comparer par rapport au système comptable algérien :
Aussi, L’ambition de notre travail est d’essayer de répondre aux interrogations suivantes :
 En quoi ces méthodes différent elles de celle préconisées par le Plan Comptable National ?
 Quel serait l’impact de l’application des nouvelles normes comptables en Algérie ?
Mots clés : IFRS – PCN – Différence – Impact.

1
L’étude exhaustive de l’ensemble des normes IAS/IFRS n’est pas envisageable dans le cadre
d’une communication. C’est pourquoi, après une lecture attentive de la littérature comptable et
l’analyse du corps normatif, nous avons choisis de centrer la recherche sur les normes IAS/IFRS
régissant la vie économique d’une entreprise en faisant abstraction aux aspects liés à la
consolidation, au regroupement des entreprises ainsi qu’aux méthodes d’évaluation et de
comptabilisation des instruments financiers.

1. La présentation de l’information financière

L’information financière joue un rôle très important et décisif pour les différents acteurs
économiques à savoir les investisseurs, l’Etat, les salariés…etc. Elle est diffusée sous forme d’états
financiers qui retracent l’activité des entreprises sur une période donnée.

Partout dans le monde, les états financiers sont soumis à une réglementation très stricte qui
précise leur contenu et leur forme. Cette réglementation diffère d’un pays à un autre selon les choix
et les orientations économique des normalisateurs.

1.1. Les états financiers

L’IAS 1 « Présentation des états financiers » est la norme fondamentale pour la préparation
et la présentation des états financiers.

L’IAS 1 a été publiée par l’IASB le 18 décembre 2003 et amendée le 18 août 2005. Son
introduction au sein de l’Europe a été faite par le règlement CE n° 2238/2004 du 29 décembre 2004
et son amendement a été homologué par le règlement n° 108/2006 du 11 janvier 2006.

La version 2003 d'IAS 1 remplace celle révisée en 1997 ; elle annule et remplace SIC 18
"Cohérence et permanence des méthodes – Méthodes alternatives".

La norme « IAS 1 » rappelle certains principes comptables 1, énoncés dans le cadre


conceptuel, définit le contenu des états financiers et en réglemente la présentation.

Selon cette norme, les entreprises sont dans l’obligation de fournir une information
financière complète, c'est-à-dire un jeu complet d’états financiers qui comprend (§ 8)2 :

 Un bilan ;
 Un compte de résultat ;
 Un tableau de variation des capitaux propres ;
 Un tableau des flux de trésorerie ;
 Des notes annexes qui présentent notamment les principales méthodes comptables retenues
par l’entité.

Les principales divergences entre le cadre comptable algérien et les deux normes régissant
les états financiers IAS 1 et IAS 7 résident dans les éléments suivants :

1
Cf première partie P 17.
2
Paragraphe de la norme IAS1.
2
1.1.1. Composantes des états financiers

Le tableau des flux de trésorerie et le tableau des variations des capitaux propres qui sont
des composantes des états financiers selon l’IAS 1, ne sont pas obligatoires en Algérie.

En effet l'article 25 de l'arrêté d'application traitant des documents de synthèse renvoie à


l'annexe 2 de l'arrêté ou est présentée leurs formes. Les documents de synthèse sont composés de
dix-sept documents ainsi décomposés : bilan, tableau des comptes de résultats (TCR) et quinze
tableaux explicatifs qui fournissent des informations complémentaires aux deux premiers
documents.

1.1.2. Forme et contenu du bilan

Selon les règles algériennes le bilan doit être présenté sou la forme d’un tableau schématisé
dans l’annexe n°2 de l’arrêté d’application. Un tableau qui ne permet pas de comparer avec
l’exercice précédant. L’IAS 1 n’indiquant pas un modèle de présentation oblige cependant à
présenter au moins une période comparative.

Le bilan est présenté selon un ordre croissant de liquidité et non selon une distinction entre
les éléments courants et non courants.

La liste des rubriques obligatoires du cadre comptable algérien est moins importante que la
liste fournie par la norme IAS 1. Entre autres, les rubriques suivantes ne sont pas citées : les actifs
destinés à la vente (immeuble de placement), les actifs et passifs d’impôts, les actifs biologiques, les
actifs financiers et enfin les intérêts minoritaires.

1.1.3. Forme et contenu du compte de résultat

En Algérie le compte de résultat est obligatoirement présenté par nature selon un format
précis, alors que l’IAS 1 ne fournit pas de modèle pour la présentation du compte de résultat et
autorise que cette présentation soit faite par nature ou par destination.

Les rubriques minimales sont différentes entre les deux référentiels. D’une part, certaines
rubriques qui sont obligatoires en IFRS, ne sont même pas citées selon le PCN. C’est à l’image des
rubriques “quote-part dans le résultat des entités associées et des coentités“ et “le un montant
unique comprenant le total du résultat après impôt des activités abandonnées ou de la cession des
actifs“.

D’autre part des rubriques utilisées par le PCN sont interdites en IFRS. En effet les comptes
75 « Transfert de charge de production » et 78 « Transfert de charge d’exploitation » utilisés par le
PCN dans le but de ne pas fausser l’analyse du résultat d’exploitation de la manière suivante :

Lors de la survenance d’un paiement d’une charge des exercices antérieurs, une première
écriture est passée à savoir :

Dt : compte de charge par nature


Ct : compte de disponibilité ou de dettes

Ensuite une deuxième écriture est passée

Dt compte 696 « charges des exercice antérieurs »


Ct 75 ou 78 en fonction de la nature de la charge

3
Ainsi l’effet de cette charge sur le résultat d’exploitation est annulé par le biais du compte
75. Il est affecté ainsi au résultat hors exploitation.

Cette technique de comptabilisation est interdite en IFRS.

De plus, la notion de résultat hors exploitation et résultat exceptionnel disparaît


complètement du référentiel IFRS et qui constitue donc une divergence majeure entre ces deux
référentiels.

1.1.4. Tableau des capitaux propres

L’IAS 1 prévoit que sois présenté comme état à part entière le tableau des capitaux propre,
alors que le PCN ne prévoit qu’un tableau annexe qui est établis sur une seul période.

1.1.5. Notes annexes

Le niveau de détail et beaucoup plus important que celui exigé par le PCN, qui se contente
de 12 tableau explicatifs donnant une analyse détaillée des sous comptes du bilan et du TCR.

L’essentiel

La forme et le contenu des états financiers diffèrent d’un pays à une autre selon les choix
économiques des normalisateurs. Les différences entre les exigences du cadre comptable algérien et
celles IFRS en est le meilleur exemple.

L’Algérie avec son Plan Comptable National a adopté une approche comptable fondée sur
une standardisation poussée des états financiers. Cette approche qui présente des avantages certains
pour la fiscalité et la comptabilité nationale, favorise la comparabilité entre les entreprise et
simplifie l’analyse financière. Cependant, la quantité d’information requise n’est pas assez
importante, ce qui pénalise considérablement les acteurs économiques à l’image des investisseurs
pour qui l’information financière est primordiale pour leur prise de décision.

Cette approche n’est pas celle retenue par les nouvelles normes comptables. Celles-ci
exigent une information financière plus riche et réglementent dans le détail la nature et la quantité
d’information à fournir dans les états financiers. Néanmoins elle ne donne que très peut
d’indications sur la forme des différents états financiers (bilan, compte d résultat,…). L’absence de
standardisation du format des états financier a été interprétée par certains auteurs comme étant une
nouvelle zone de risque auxquelles les investisseur, les analystes financiers et les auditeurs.

Etant donné que les deux référentiels se basent sur deux approches différentes pour la
présentation de l’information financière, et que cette information n’est rien d’autre que le résultat
d’une activité couvrant une certaine période, il en résulte que des différences subsistent en ce qui
concerne les méthodes d’enregistrement des opérations affectant le patrimoine des entreprises
thématique.

2. Les normes d’enregistrement

L’IASB définie dans son cadre conceptuel les actifs comme étant des ressources contrôlées
par l’entreprise du fait d’événement passés et dont les avantages économiques futurs sont attendus
par l’entreprise. A travers cette définition, il en ressort que les méthodes d’enregistrement
préconisées par l’IASB différent de celles exigées par le cadre comptable algérien.

4
2.1. Les immobilisations corporelles

Les immobilisations corporelles sont définies selon la norme IAS 16 comme étant des actifs
corporels destinés à être utilisés pendant plus d’une année, dans la production de biens ou la
fourniture de services, soit pour être loués à des tiers ou l’administration du public (§ 6) 3.

L’inscription d’une immobilisation corporelle à l’actif du bilan est conditionnée par le


contrôle par l’entreprise des avantages économiques futurs et par la fiabilité de la mesure de son
coût (§17).

Les immobilisations corporelles sont comptabilisées initialement à leur coût, celui-ci est
déterminé selon qu’il s’agit d’immobilisations acquises, produites ou échangées contre d’autres
actifs.

Par ailleurs, il y a lieu de préciser que le traitement et la comptabilisation des


immobilisations corporelles en Algérie sont définis par le plan comptable national et par les règles
comptables émises par la direction générale des impôts.

2.1.1. Le coût d’acquisition

Selon le PCN les immobilisations sont inscrites comme en IFRS pour leur coût d’acquisition
ou pour leur coût de production pour celles crées par l’entreprise. Cependant le type de charges
pouvant ou non être intégrées au coût de l’immobilisation n’a pas été précisé.

De plus, les droits de mutation, les honoraires ou commission et les frais d’acte sur
investissement ne sont pas inclus dans le coût de l’immobilisation mais portés à l’actifs dans le
compte des « frais préliminaires » pour être ensuite amortis sur une période ne dépassant pas les cinq
ans.

2.1.2 Les dépenses de maintien en état

Les dépenses d'entretien et de réparation sont considérées comme des charges dans la
mesure où elles ne font que maintenir l'immobilisation en bon état de fonctionnement.

En revanche, les dépenses relatives aux pièces qui donnent à un matériel déterminé de
nouvelles capacités et sont indispensables au maintien du potentiel de ces biens et seraient
inutilisables ailleurs, sont considérées comme un des éléments de l'immobilisation et sont amorties
sur la même durée de vie. Elles sont considérées comme "matériel de réserve"4.

2.1.3. Les amortissements

L'amortissement est défini comme étant la constatation comptable de la perte subie par la
valeur d'actif des immobilisations qui se déprécient avec le temps.

Les amortissements sont constatés suivant la mode linéaire qui est appliqué sans aucune
condition ou suivant la mode dégressif ou progressif. Ces deux derniers modes sont applicables

3
Paragraphe de la norme IAS 16.
4
Guide des amortissements disponible sur le site de la Direction Générale des Impôts : www.impot-dz.org.
5
sous certaines conditions et avec accord de l’administration fiscale. En IFRS seul le mode linéaire,
dégressif et par unités sont admis comme mode d’amortissement.

Le mode d’amortissement choisi doit être maintenu sur toute la durée d’amortissement
conformément au principe de permanence de méthodes. Alors que la norme IAS 16 prévoit la revue
annuelle des durées et méthode d’amortissement.

La base d’amortissement est égale au pris d’achat ou au prix de revient. On notera l’absence
de la notion de valeur résiduelle qui constitue un élément de la base amortissable en IFRS.

Concernant le point de départ de l'amortissement linéaire, il intervient au jour de la mise en


service effective de chaque élément amortissable.

Si le point de départ de l'amortissement se situe en cours de l'exercice, la première annuité


doit être réduite au prorata du temps. Cette réduction se calcul en jours. Quat à l'amortissement
dégressif ou progressif son point de départ est la date d'acquisition du matériel.

Le point de départ des amortissements en IFRS est le moment ou l’immobilisation est prête
à être utilisée.

2.1.4. L’évaluation postérieure

A l’inverse de la norme IAS 16 qui permet de choisir entre la méthode du coût historique et
la juste valeur par catégorie d’immobilisation, le PCN ne retient comme mode d’évaluation que la
valeur d’origine (coût historique).

La réévaluation des immobilisations n’est pas instituée de façon permanente, ces modalités
et ses conditions sont fixées par le législateur lorsque les circonstances économiques l’exigent.

Les réévaluations appliquées depuis 1962 à nos jours sont :

 Première réévaluation (Décret exécutif n° 90-103- du 27-03-1990) fixant les conditions de


réévaluation des immobilisations corporelles amortissables figurant au bilan des entreprises
et organismes régis par le droit commercial ;
 Deuxième réévaluation (Décret exécutif n° 93-250 du 24-10-1993) fixant les conditions de
réévaluation des immobilisations corporelles amortissables figurant au bilan des entreprises
et organismes régis par le droit commercial ;
 La troisième réévaluation (Décret exécutif no 96-336 du 12-10-1996) fixant les conditions
de réévaluation des immobilisations corporelles amortissables figurant au bilan des
entreprises et organismes régis par le droit commercial.

2.2. Les immobilisations incorporelles


La norme IAS 38 définit l’immobilisation incorporelle comme un actif non monétaire
identifiable sans substances physique (§8)5.

Pour être identifiable, un actif doit répondre à l’une des deux conditions suivantes (§12):

5
Paragraphe de la norme IAS 38.
6
 L’actif est séparable de l’entreprise, c'est-à-dire qu’il peut être séparé de l’entité, et être
vendu, transféré, concédé par licence, loué ou échangé, soit d’une façon individuelle, soit
dans le cadre d’un contrat, avec un actif ou un passif liés ;
 Il résulte de droits contractuels ou autres droits légaux, que ces droits soient cessibles ou
séparable de l’entité ou d’autres droits et obligations.

2.2.1. Composantes des valeurs incorporelles et comptabilisation

A l’inverse de l’IAS 38, qui fournit une définition précise des immobilisations incorporelles
et une liste complète des éléments constitutifs de leur coût, le Plan Comptable National ne fournit
qu’une définition des immobilisations incorporelles selon laquelle « les valeurs incorporelles »
représentent les droits d’exploitation des propriétés industrielles ou commerciales et les fonds de
commerce.

De plus, il stipule que les valeurs incorporelles doivent être comptabilisées à leur coût
d’acquisition, sans pour autant que soient précisés les éléments constitutifs de ce coût.

2.2.2. L’amortissement

Comme pour les IFRS Les valeurs incorporelles ne sont pas amortissables du moment ou
leur durée de vie est indéterminée.

Elles peuvent être amorties dans la mesure où l’entreprise certaine que les avantages liés à
l’exploitation de cet actif prendront fin à une date bien déterminée6.

Cependant les modalités des amortissements de ces immobilisations n’ont pas été énoncées

2.2.3. Les frais de recherche et de développement

Le traitement des frais de recherche et de développement diffère de celui préconisé par les
IFRS. En effet les frais de recherche et de développement relatifs à la création d’un actif sont
directement portés à l’actif du bilan sous la rubrique « frais préliminaires ». Ils sont amortis dans un
délai n’excédant pas les 5 ans.

2.3. Les stocks

L’IAS 2 définit Les stocks comme étant des actifs (§6)7 :

 Détenus pour être vendus dans le cours normal de l’activité ;


 En cours de production pour une telle vente ;
 Sous forme de matières premières ou de fournitures devant être consommées dans le
processus de production ou de prestation de services.

La liste des coûts inclus dans le calcul des coûts fixes de production est plus restreinte dans
le PCN. La norme IAS 2 inclut tous les coûts liés à la production et au stockage comme
l’amortissement et les frais d’entretien des bâtiments et les frais de gestion de l’usine. Ces éléments
n’entrent pas dans la valorisation des stocks selon le PCN et sont comptabilisés comme étant des
charges de l’exercice.

6
Guide des amortissements disponible sur le site de la Direction Générale des Impôts : www.impot-dz.org.
7
Paragraphe de la norme IAS 2.
7
En IFRS les charges fixes sont incorporées selon le niveau normal d’activité. Ce traitement
n’est pas institué dans le cadre comptable algérien.

De plus la notion d’actualisation des paiements différés n’est pas admise en Algérie alors
qu’elle est obligatoire en IFRS des que l’effet temps est significatif.

Enfin, le PCN ne préconise aucune méthode de valorisation pour les sorties de stocks, en
IFRS seul les méthodes LIFO et CMP sont autorisées.

2.4. La dépréciation d’actifs

La dépréciation d’actifs est traitée par l’IAS 36 « Dépréciation d’actif » qui s’applique aussi
bien pour les immobilisations corporelles que pour les immobilisations incorporelles.

La dépréciation d’actif s’effectue selon une démarche scindée en trois parties8 :


l’identification de la perte de valeur, la mesure de cette perte et enfin la constatation comptable de la
perte de valeur.

Il existe une très grande divergence entre le cadre comptable algérien et les IFRS concernant
les dépréciations d’actifs.

2.4.1. L’identification des pertes de valeur

Contrairement au IFRS qui fournissent une liste de critère et d’indices de perte de valeur, le
cadre comptable algérien précise seulement que les pertes de valeur sont constatées lorsque la
valeur actuelle de l’actif corporel est inférieure à sa valeur nette comptable et pour les éléments
incorporels lorsque sa valeur subit une dépréciation réelle en raison de circonstances
exceptionnelles, sans pour autant préciser la nature de ces circonstances.

2.4.2. L’évaluation et la comptabilisation de la perte de valeur

Le cadre comptable algérien indique que la perte de valeur est égale à la différence entre la
valeur actuelle de l’actif et sa valeur nette comptable pour les actifs corporels et sa valeur d’origine
pour les actifs incorporels.

Aucune précision n’est donnée concernant la méthode de calcul de la valeur actuelle.

La perte de valeur des actifs corporels est comptabilisée par le biais :

 D'un amortissement exceptionnel, qui a pour conséquence la modification du plan


d’amortissement;
 D'une provision lorsque cette dépréciation n'est pas jugée définitive.

Quant aux pertes de valeur des éléments incorporels, elles ne peuvent être comptabilisées
que par voie de provisions.

Les reprises de perte de valeur sont autorisées lorsqu’elles sont comptabilisées initialement
par le biais de provisions.

8
Annexe VI : exemple complet d’un test de dépréciation d’actif.
8
Selon l’IAS 36, l’évaluation et la comptabilisation des pertes de valeur sont réalisées selon
un processus assez complexe qui comprend plusieurs étapes et qui se base sur des notions et des
techniques non définies dans le cadre comptable algérien à l’image du goodwill, des unités
génératrices de trésorerie et de l’actualisation …etc.

2.5. Les provisions

L’IAS 37 définit une provision pour risques et charges comme un passif1 dont l’échéance ou
le montant est incertain (§ 10)9.

Par ailleurs, le référentiel algérien définit les provisions comme étant la fraction de bénéfice
que l'entreprise met de côté en vue de faire face ultérieurement à une perte ou charge, dont l'objet
est nettement précisé et qui n'est pas encore effective à la clôture de l'exercice mais que des
événements en cours rendent probable.

Leur enregistrement sur le relevé des provisions annexé à la déclaration annuelle, et ce, par
nature des provisions avec la désignation des débiteurs le cas échéant, et l'indication du montant
(Article 152 CID).

La provision doit être, nettement, précise .Dans ce cas, il doit y avoir une individualisation
précise de la nature de la charge soit susceptible d'être évaluée avec une précision suffisante. En
sont exclues, les provisions forfaitaires.

La perte ou la charge doit être probable et non seulement éventuelle. Ainsi, les provisions
fondées sur des risques simplement éventuels en sont exclues.

La probabilité de la perte où de la charge doit résulter d'événements en cours à la clôture de


l'exercice. Ainsi, une provision n'est pas déductible si elle trouve son origine dans un événement
ayant pris naissance après la clôture de l'exercice comptable même si cet événement survient à un
moment ou les écritures comptables n'ont pas encore été arrêtées matériellement.

2.5.1. Actualisation

Les textes algériens ne font aucune référence à l’actualisation des provisions, quant à la
norme IAS 37, elle la rend obligatoire à partir du moment ou l’effet du temps est significatif.

2.5.2. Provision pour grosses réparations

Le cadre comptable algérien permet aux entreprises de comptabiliser les dépenses pour
grosses réparations sous forme de provisions, et d’étaler ses provisions sur la période séparant deux
grosses réparations.

La norme IAS 37 interdit les provisions pour grosses réparations du moment ou l’entreprise
n’a aucune obligation au titre de cette décision pour le futur. Cependant, il est à signaler que la
norme IAS 16 permet d’intégrer le montant des maintenances dans le coût de l’actif et de l’amortir
sur la période séparant les deux réparations.

9
Paragraphe de la norme IAS 37.
9
L’essentiel

Directement liés à l’évaluation de la situation financière de l’entreprise, les actifs et les


passifs font l’objet de nouvelles définitions et méthodes de comptabilisation. Ces définitions
viennent conforter la politique de l’IASB à savoir privilégier une approche économique pour
l’évaluation du patrimoine de l’entreprise.

L’innovation majeure des IFRS consiste en l’introduction du concept de la juste valeur dans
la valorisation des immobilisations corporelles et incorporelles. Les entreprises disposent en plus,
d’une marge significative sur les choix des méthodes et durée d’amortissement et sur les chois des
taux d’actualisation pour les tests de dépréciation.

Quant aux passifs, ils sont soumis à des définitions strictes, à l’image des provisions pour
lesquelles l’IASB impose une méthodologie stricte pour leurs constatations et comptabilisations.

Inversement aux IFRS, le Plan Comptable National ne privilégie en aucun cas l’approche
économique. En effet les actifs son comptabilisés selon leur coût historique et les réévaluations ne
sont pratiquées que par voie réglementaire. De plus les entreprises ne disposent d’aucun choix quant
aux méthodes d’amortissement et aux modalités de dépréciation, celles-ci sont imposées par
l’administration fiscale qui impose aussi les modalités de comptabilisation des provisions.

L’appréciation de la situation économique de l’entreprise ne peut être faite sont l’évaluation


de son activité.

3. Les normes d’évaluation

L’activité d’une entreprise pendant une période donnée est sanctionnée par un résultat. Ce
dernier peut être défini comme étant la différence entre les produits et les charges de cette période.

Etant donné que l’IASB donne dans son cadre conceptuel de nouvelles définitions des
charges et des produits, ce dernier sont soumis à de nouvelle méthode de comptabilisation.

3.1. Les produits

Les produits sont régis par la norme l’IAS 18 « produits des activités ordinaires ». Ils
regroupent les produits des activités ordinaires10 qui sont composé des ventes de biens, des
prestations de services, des intérêts, redevances et dividendes (§ 1)11.

Les produits sont comptabilisés que s’ils répondent à la définition donnée dans le cadre
conceptuel de l’IASB12. En plus de cette définition, ils ne sont comptabilisés que s’ils remplissent
les conditions suivantes :

 Ils peuvent être évalués de façon fiable ;


 Il est probable que la transaction générera des avantages économiques pour l’entreprise ;
 Les coûts correspondants à ces produits peuvent être déterminés de façon fiable.

10
Les activités ordinaires sont selon l’IASB celle pour lesquelles l’entreprise est engagée, de manière ponctuelle ou
récurrente
11
Paragraphe de la norme IAS 18.
12
Cf. partie 1 chapitre …
10
3.1.1. Conditions de comptabilisation

Le cadre comptable algérien conditionne la comptabilisation des produits par la forme


juridique du contrat (transfert du titre de propriété). A contrario le référentiel IFRS prend en compte
la substance du contrat (transfert des risques sans l’obligation d’avoir un accord écrit).

3.1.2. Les méthodes d’évaluation

Le PCN ne prévoit pas l’actualisation des produits même si les délais de paiement sont trop
longs. En IFRS ce traitement est obligatoire du moment ou l’effet du temps sur la valeur des
paiements est significatif.

3.1.3. Les méthodes de comptabilisation

En Algérie, la comptabilisation des produits liés aux prestations de services qui s’étalent sur
plusieurs exercices, se fait en fonction des modalités figurantes dans le contrat de prestation de
service. Alors que la norme IAS 18 prévoit l’utilisation de la méthode de l’avancement pour les
prestations de services.

3.1.4. Les éléments extraordinaires

A la différence du référentiel IFRS, qui interdit les éléments exceptionnels ou


extraordinaires, le PCN distingue entre les produits d’exploitation et les produits hors exploitation.

Les produits d’exploitation sont ceux provenant de l’activité ordinaire de l’entreprise, ils
sont constitués des :

 Ventes de marchandises et de production


 Prestations fournies ;
 Transferts des charges de production et d’exploitation ;
 Produits divers

Quant aux produits hors exploitation, ils sont composés des produits qui ne résultent pas de
l’activité ordinaire de l’entreprise à savoir :

 Subventions de fonctionnement reçues ;


 Produits de cession d’actifs ;
 Rentrée sur créances annulées ;
 Reprise sur charges des exercices antérieurs ;
 Produis des exercices antérieurs ;
 Produits exceptionnels.

Les produits exceptionnels regroupent le montant des produits non comptabilisés dans les
autres rubriques.

3.2. Les subventions publiques

Les subventions publiques sont régies par la norme IAS 20 « subventions publiques »,
elles sont des aides publiques13 prenant la forme de transfert de ressources à une entreprise, en
13
Les aides publiques visées par la norme IAS 20 sont celles destinées à fournir un avantage spécifique à une
entreprise. De ce fait sont exclues les mesures d’aide affectant les conditions générales de l’activité économique.
11
échange du fait que celle-ci s'est conformée ou se conformera à certaines conditions liées à ses
activités opérationnelles (§ 3-6)14. Iles ne doivent pas être comptabilisées tant qu'il n'existe pas une
assurance raisonnable que (§ 7) :

 L’entreprise se conformera aux conditions attachées aux subventions ;


 Les subventions seront reçues.

En Algérie les subventions liées à des actifs sont portées aux capitaux propres de l’entreprise
et sont par la suite progressivement intégrées au résultat. Ce traitement n’est pas admis par l’IAS
20, les subventions sont inscrites soit en produits différés, soit en déduction du coût des actifs.

De plus, la réintégration des subventions liées à des actifs non amortissables se fait d’une
somme calculée en fonction du nombre d’années durant lesquelles l’investissement non
amortissable acquis est inaliénable, et à défaut d’une clause d’inaliénabilité d’une somme égale au
dixième de la subvention. L’IAS 20 a prévu un traitement plus strict, en indiquant que si elles sont
conditionnées par l’accomplissement de certaines obligations, il y a lieu de les étaler sur la période
supportant les coûts de réalisation de ces obligations.

Selon le PCN les subventions de fonctionnement directement sont rapportées au résultat par
le bais du compte 790 « subventions reçues », alors que l’IAS 20 permet de les porter soit au
résultat soit en diminution des charges.

3.3. Le coût de l’emprunt

Les coûts d’emprunt sont régis par la norme IAS 23 « coûts de l’emprunt ». Ils sont les
intérêts et autres coûts supportés par une entreprise dans le cadre d'un emprunt de fonds (§ 4-6)15.

Les coûts regroupent :

 Les intérêts sur découverts et emprunts à court et long terme ;


 L'amortissement des primes d'émission ou de remboursement des emprunts ;
 L'amortissement des coûts accessoires relatifs à la mise en place de l'emprunt ;
 Les différences de change sur emprunts en monnaie étranger.

En Algérie le coût d’emprunt ne peut pas être inscrit au coût de l’actif, ils sont considérés
comme charges financières pour tous ce qui est des intérêts sur découverts et emprunts à court et
long terme.

Les coûts accessoires relatifs à la mise an place de l’emprunt sont portés à l’actif du bilan de
l’entreprise dans les frais préliminaires: compte 201 « frais d’emprunts » et ils sont amortis sur
toute la durée de cet emprunt.

3.4. Les avantages au personnel

Les avantages au personnel sont régis par la norme IAS 19 « avantage au personnel ».

Les avantages du personnel désignent toutes formes de contreparties données par une entité
au titre des services rendus au personnel.

14
Paragraphe de la norme IAS 20.
15
Paragraphe de la norme IAS 23.
12
La norme IAS 19 doit s'appliquer à la comptabilisation de tous les avantages du personnel,
qui comprennent :

 Les avantages à court terme ;


 Les avantages postérieurs à l'emploi ;
 Les autres avantages à long terme ;
 Les indemnités de fin de contrat de travail.

En Algérie, il existe un régime unique de retraite basé sur l’uniformisation des règles
relatives à l’appréciation des droits, des avantages et au financement. La pension de retraite
constitue un droit à caractère pécuniaire, personnel et viager. La retraite constitue une pension
directe attribuée au travailleur, une pension en faveur du conjoint survivant, de l’orphelin et de
l’ascendant.

Pour bénéficier de la pension de retraite, le travailleur doit :

 Etre âgé de 60 ans au moins pour l’homme, et de 55 ans révolus, pour la femme ;
 Avoir travaillé pendant 15 ans au moins ;

Cependant, le travailleur peut bénéficier de la retraite ave jouissance immédiate avant l’âge
ci-dessus, lorsqu’il justifie de :

 32 ans au moins de travail effectif, sans condition d’âge (100%) ;


 20 ans de travail effectifs à partir de 50 ans, sur sa demande (proportionnelle).

Il existe des dérogations à la condition d’âge liées à la nuisance du travail occupé, à


l’incapacité totale et définitive de travail, à la qualité d’ancien moudjahidine, de fils ou fille de
chahid.

Lorsque le travailleur a atteint l’âge de la retraite, sans avoir réuni les conditions de travail et
de cotisations, il bénéficie d’une validation d’années d’assurance, dans la limite de 5 ans, à la
condition que son employeur prenne à sa charge une cotisation de rachat et une contribution
forfaitaire égale à 3 fois le salaire mensuel soumis à cotisation par année de rachat.

Le montant de la cotisation de retraite est fixé à 2,5% du salaire mensuel moyen des cinq
dernières années par le nombre d’années de cotisation (soit par exemple durant 32 ans x 2,5% =
80% du salaire moyen cotisable). Sauf pour les anciens moudjahidine, ou il peut être 100% sans
qu’il puisse être inférieur à 75% du montant du salaire national minimum garanti et supérieur à 15
fois le même salaire.

3.5. L'impôt sur le résultat

L'impôt sur le résultat est régit par la norme IAS 12 « Impôt sur le résultat ».

Il arrive souvent que les règles comptables de calcul des bénéfices diffèrent des règles
fiscales, en effet certaines charges peuvent ne pas être déductibles lors de leurs comptabilisations, et
certains produits ne sont pas comptabilisés jusqu' à ce qu'ils soient fiscalement imposables.

13
Un des principes fondamentaux des nouvelles normes comptables, est celui de la
comptabilité d’engagement. En vertu de ce principe, la charge d'impôt d'un exercice doit être
fonction des opérations comptabilisées au cours de l'exercice, indépendamment de leur sort fiscal.
Les différences entre ces deux traitements donnent naissance à des impôts différés qui doivent être
pris en compte lors du calcul de la charge d'impôt d'un exercice.

Charges d'impôt d'un exercice = impôts exigibles + impôts différés.

L'impôt exigible étant le montant des impôts sur le bénéfice payables au titre du bénéfice
imposable d'un exercice.

Les différences temporelles résultent des différences entre la valeur comptable d'un actif ou
d'un passif au bilan et sa base fiscale.

Ces différences temporelles peuvent être :

 Imposables si elles doivent provoquer un paiement lorsqu'elles se résorberont, elles


généreront dans ce cas les passifs d'impôt différé qui sont les montants d'impôts sur le
résultat payables au cours d'exercices futurs ;
 Déductibles si elles doivent provoquer une diminution lorsqu'elles se résorberont, elles
généreront dan ce cas des actifs d'impôt différé qui sont les montants d'impôts sur le résultat
recouvrables au cours d'exercices futurs.

En Algérie les impôts différés n'existent pas, les entreprises sont soumises à un impôt annuel
qui est l'impôt sur les bénéfices des sociétés « IBS ».

Aux termes des dispositions de l'article 135 du code des impôts directs et taxes assimilées
(CID) il est établi un impôt annuel sur l'ensemble des bénéfices et revenus réalisés par les sociétés
et autres personnes morales.

Les bénéfices passibles de l'IBS sont les bénéfices ou revenus réalisés dans les entreprises
exploitées en Algérie.

Conformément au principe de l'annualité de l'impôt, les sociétés concernées par l'IBS sont
imposées chaque année au titre de l'exercice précédent (exercice 1998 / année d'imposition 1999).

Le bénéfice imposable est le bénéfice net déterminé d'après les résultats d'ensemble des
opérations de toute nature effectuées par les entreprises y compris les cessions d'éléments
quelconques de l'actif, soit en cours, soit en fin d'exploitation.

En d'autres termes, le bénéfice net est constitué par la différence entre les valeurs de l'actif
net à la clôture et à l'ouverture de la période, dont les résultats doivent servir de base à l'impôt
diminuée des suppléments d'apports et augmentée des prélèvements effectués au cours de cette
période par l'exploitant ou par les associés.

Déterminer l'assiette de I'IBS consiste à définir l'ensemble des éléments et des règles qui
permettent de calculer le bénéfice qui servira de base à l'impôt.

14
3.6. Les contrats de location

Les contrats de location sont régit par la norme IAS 17 « Contrats de location ».

Un contrat de location est un accord par lequel le bailleur cède au preneur, pour une période
déterminée, le droit d’utilisation d’un actif en échange d’un paiement ou d’une série de paiements.

Par ailleurs, un contrat de location financement est un contrat de location ayant pour effet de
transférer au preneur la quasi-totalité des risques et avantages inhérents à la propriété d’un actif. Le
transfert de propriété peut intervenir ou non, in fine.

Par contre, un contrat de location simple désigne tout contrat de location autre qu’un contrat
de location financement.

En Algérie, les contrats de location sont régis par les dispositions de l’ordonnance n° 96-09
du 10 janvier 1996 qui définit dans son article premier un crédit bail comme une opération
commerciale et financière portant exclusivement sur les biens meubles et immeubles à usage
professionnel ou sur des fonds de commerce ou sur des établissement artisanaux et ayant pour
support un contrat de location pouvant comporter ou non une option d’achat au profit du locataire.

La législation algérienne n’a pas différencié entre les contrats de location simples et les
contrats de location financement.

Les biens mobiliers et immobiliers doivent être inscrits à l’actif du bilan du bailleur, et
amortis sur la base du prix d’acquisition, les loyers perçus sont considérés comme produits
imposables.

Quant au preneur, les loyers versés constituent des charges d’exploitation déductible du
bénéfice imposable.

L’essentiel
Le référentiel IFRS apporte une importance déterminante à la réalité économique. Les
membres de l’IASB ont fait abstraction de toutes considérations juridiques et fiscales dans leur
travail de normalisation.
La reconnaissance du revenu, la comptabilisation des avantages au personnel, des contrats
de location et des impôts qui sont des éléments contribuant à la formation du résultat sont des
exemples illustratifs de la démarche des normalisateurs de l’IASB.
Cette démarche n’est pas sans conséquence sur le résultat. En effet elle tend à rendre ce
dernier plus volatil en raison de la dépendance des marchés des capitaux.
De plus, les méthodes de comptabilisation des produits et des charges ont un impact direct
sur la situation financière de l’entreprise. En effet la comptabilisation de passifs financiers résultant
des contrats de location ou des avantages au personnel impacte directement l’endettement financier
de l’entreprise.
Contrairement à la démarche adoptée par l’IASB, le Plan Comptable National favorise la
forme juridique sur la substance économique. La reconnaissance du revenu, la comptabilisation des
contrats de location dépendent en effet de seules dispositions juridiques contenues dans les contrats.

En Algérie les règles fiscales sont étroitement liées aux règles comptables, l’absence de la
notion d’impôts différés en est la meilleure preuve.

15
Conclusion

L’analyse comparative du cadre comptable algérien avec les normes IAS /IFRS montre qu’il
existe des divergences majeures entre ces deux référentiels dues au fait qu’à la différence des IFRS,
le cadre comptable algérien est orienté vers l’Etat comme principal destinataire de l’information
comptable.

L’application des normes IFRS pour une entreprise régie par le droit comptable algérien,
ainsi que la pratique de l’audit montrent aussi que l’application du référentiel IAS/IFRS ne change
pas uniquement les habitudes des préparateurs des états financiers. Elle modifie également la nature
des risques identifiés par les auditeurs lors de leurs missions de contrôle légal des comptes.

Les divergences entre les deux référentiels ainsi que les nouvelles zones de risque inhérentes
de l’application des IFRS sont liées à la nouvelle philosophie comptable. Ces divergences se
résument essentiellement en trois points à savoir :

 L’absence de standardisation des états financiers ;


 L’application du principe de la prédominance de la substance sur l’apparence ;
 La délicate appréciation d’une comptabilité de valeur.

La première différence majeure entre le référentiel IFRS et le plan comptable national est la
plus grande liberté de présentation des états financiers offerte aux préparateurs des comptes, ce qui
induit une responsabilité plus forte des dirigeants et une plus grande vigilance des auditeurs légaux.

Si la norme IAS 1 précise les informations minimales à présenter au bilan et au compte de


résultat, elle n’impose rien sur le contenu des autres rubriques des états financiers à condition que
ceux-ci présentent des caractéristiques qualitatives telles que la pertinence, la fiabilité, la
comparabilité ou l’intelligibilité.

La pertinence existe notamment lorsque les informations communiquées facilitent les


décisions économiques des utilisateurs en les aidant à évaluer les événements passés. Nul doute
qu’il sera compliqué pour l’auditeur d’apprécier la pertinence de l’information comptable et
financière produite.

La deuxième différence est due à l’application du principe de la prédominance de la


substance sur l’apparence qui est l’un des principes majeurs des normes comptables internationales.
L’impact de ce principe est la modification de la définition des actifs.

En effet, en Algérie, un bien acquis est considéré comme actif si l’entité acquérante en
détient la propriété juridique. Dans le référentiel IFRS, un actif est ressource contrôlée susceptible
de générer des avantages économiques futurs. La vérification de l’application de ce principe peut se
révéler particulièrement délicate pour l’auditeur qui doit recenser et identifier les transactions
juridiquement dissociées mais économiquement liées.

En fin, la dernière différence entre les deux référentiels, réside dans le choix laissé aux
préparateurs des états financiers entre une comptabilité de coût, quasiment obligatoire en Algérie
compte tenue des conséquences fiscales de la réévaluation, et une comptabilité de valeur. Le
référentiel IFRS autorise les entreprises à comptabiliser ses actifs et ses passifs en « juste valeur »
définie par IASB comme « le prix auquel un bien pourrait être échangé ou une dette acquittée entre
un acheteur et un vendeur bien informé ».

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Ce changement significatif n’est pas sans incidence sur le niveau du risque d’audit car une
comptabilité traditionnelle en coût historique est plus facile à contrôler même s’il est déjà nécessaire
de tenir compte de l’évolution de la valeur d’un actif à la baisse (dépréciation). On peut en effet
s’interroger sur le caractère pérenne et sur l’objectivité d’une évolution de la valeur d’un actif à la
hausse, et donc l’enregistrement de cette valeur non définitive dans les états financiers.
Ceci dit, les divergences entre le référentiel IFRS et le cadre comptable algérien et les
nouvelles zones de risque liées à l’application des IFRS n’altèrent en rien la qualité et la pertinence
des ces normes, la décision de l’Union Européenne de les appliquer en est la meilleure preuve.

Cependant un renseignement peut être tiré concernant la réalité du cadre comptable algérien.
Ce dernier est resté figé sur les problématiques des années 70 ou l’Algérie été dans une économie
planifiée et ne s’est pas adapté aux nouvelles donnes des marchés mondiaux et à l’avènement des
nouvelles techniques de financement.

Etant donné que notre pays a décidé de basculer vers une économie de marché, une mise en
adéquation de notre cadre comptable est plus que nécessaire. Ainsi cette mise en adéquation passera
soit par un alignement pur et simple sur les nouvelles normes comptables, soit par une mise à
niveau du Plan Comptable National. Les autorités algériennes ont privilégié la deuxième alternative
du moment que le projet du nouveau plan comptable est déjà prés (projet n°6) à travers lequel
l’Algérie s’est inscrite dans la logique des normes IAS/IFRS.

L’application de ce nouveau plan comptable nécessitera certes, énormément d’effort de la


part des différents acteurs de l’économie algérienne et posera des problématiques liées la
concrétisation de l’application de ces normes par rapport à la complexité des règles juridiques et
fiscales, mais elle contribuera de manière sure au développement de l’économie algérienne et à
l’accélération du processus de libéralisation du marché algérien.

Bibliographie

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faut –il faire ? Comment s’y prendre », Editions d’Organisation, Paris 2005.
 Bach. B et SION. M, « Analyse financière des comptes consolidés en normes IAS/IFRS », Duno,
Paris 2005.
 CARPON. M, « Les normes comptables internationales, instruments de capitalisme financier », La
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 DECOCK GOOD. C et DOSNE. F, « Comptabilité internationale : les IAS/ IFRS en pratique »,
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 FRYDLENDER. A et PAGEZY. J, « S’initier aux IFRS », Francis lefebre, Paris 2004.
 HEEM.G , « Lire les états financiers en IFRS », Editions d’Organisation, Paris 2004.
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 OBERT.R, « Pratique des normes IAS/IFRS, Comparaison avec les règles françaises et les US
GAAP », Duno, Paris 2003.
 OBERT.R, « Pratique internationale de la comptabilité et de l’audit », Duno, Paris 1994.
 RAFFOURNIER. B, « Les normes comptables internationales (IAS/IFRS) », Economica, Paris
2005.
 ROBERT.J.F, MECHIN.F et PUTEAUX.H, « Normes IFRS et PME », Duno, Paris 2004.

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