Treillis RDM PDF
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L'objectif de ce chapitre est de vous initier au calcul analytique de la réponse statique d'un treillis
bidimensionnel. Ces calculs permettent d'obtenir très rapidement l'état de contrainte (effort normal) dans
les éléments d'une structure simple. La connaissance de l'effort normal dans les éléments du treillis permet
de vérifier que la structure reste dans le domaine élastique, et qu'il n'y a pas d'instabilité (étude du
flambement). Utile pour le pré dimensionnement, savoir effectuer ces calculs analytiques permet
d'assimiler l'utilisation des outils d'analyse qui sont utilisés lors des calculs numériques.
Pour les treillis plus complexes (géométrie, forte hyperstaticité, ou cas de chargement multiples) ou pour
les études dynamiques, la méthode des éléments finis présentée dans le chapitre suivant, permettra
d'effectuer les calculs numériques.
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Théorème de Castigliano.
La dérivée partielle de l'énergie de déformation de la structure par rapport à un effort est égale au
déplacement du point d'application selon la ligne d'action de cet effort.
∂Ed
Ce que nous pouvons énoncer sous la forme : = δF
∂F
Ce théorème est très pratique, puisqu'il permet de calculer le déplacement d'un point de la structure sans
avoir à intégrer les équations différentielles locales. Pour calculer le déplacement d'un point qui n'est pas
chargé on introduit une charge fictive X dans la direction souhaitée.
∂Ed ( F , X )
= δX
∂X X =0
Ménabréa a eu l'idée d'utiliser le théorème de Castigliano pour déterminer les inconnues hyperstatiques
d'un problème. Cette utilisation particulière porte le nom de théorème de Ménabréa.
Théorème de Ménabréa.
Pour une structure hyperstatique de degré N, les N inconnues hyperstatiques X i minimisent
l'énergie de déformation élastique de la structure.
∂Ed ( F , X i )
Ce que nous pouvons énoncer sous la forme : ∀i ∈ [1, N ] =0
∂X i
L'intérêt est évident puisque ce théorème permet de construire le système matriciel des N équations pour
déterminer les N inconnues hyperstatiques.
Ce théorème peut être vu comme l'utilisation des multiplicateurs de Lagrange, puisqu'il consiste à couper
les liaisons hyperstatiques pour faire apparaitre soit des efforts internes soit des efforts de liaison. On
calcul alors l'énergie de déformation en fonction de ces inconnues. Pour respecter les liaisons coupées il
faut écrire que le travail de l'effort de liaison est nul, c'est le théorème de Ménabréa.
Hyperstaticité
La première question à se poser lorsque l'on aborde le calcul statique d'une structure treillis est celle de
l'hyperstaticité de la structure.
Dans un premier temps il faut considérer l'hyperstaticité "extérieure" c'est à dire l'ensemble des liaisons
cinématiques qui bloquent les mouvements d'ensemble de la structure. Si la structure possède des
mouvements rigides (champ de déplacement non nul n'entrainant pas de déformation de la structure) il
faudra tenir compte de ces mouvements d'ensemble dans le bilan des inconnues du problème.
Pour la grande majorité des structures les liaisons cinématiques sont généralement surabondantes
(structures portantes de type; ponts, pylônes, grues, etc.) et le problème est hyperstatique extérieur.
Cependant pour certains problèmes les conditions aux limites ne font intervenir que des chargements
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RDM : calculs en statique des treillis 3/11
extérieurs (conditions naturelles), le modèle possède alors un ou plusieurs modes rigides dont il faudra
tenir compte dans le bilan des inconnues du problème.
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RDM : calculs en statique des treillis 4/11
Les structures industrielles sont en général fortement hyperstatiques, car cela leur assure de la raideur
supplémentaire et donc une meilleure stabilité (au détriment du poids). Pour les structures hyperstatiques
la distribution des efforts internes et externes dépend de la géométrie et des matériaux. La résolution de
ces problèmes est de ce fait plus complexe et fera appel aux théorèmes énergétiques.
Dans le cas d'une structure isostatique la répartition des efforts ne dépend que de la géométrie, ce type
de problème se résout "assez simplement" en utilisant les équations d'équilibre.
Si la structure est hypostatique (degré d'hyperstaticité négatif) au moins un élément conserve une ou
plusieurs possibilités de mouvement. Du point de vue mécanique le système n'est pas stable on ne peut
pas le traiter en statique. En général cette situation est dû à une erreur de modélisation car un système
hypostatique est un mécanisme, et ne peut pas être modélisée en statique sauf à considérer des
mouvements stationnaires ce qui impose des liaisons cinématiques.
F F F
A B A B A B
C C
F F F
A B A B A B
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RDM : calculs en statique des treillis 5/11
Analyse
Exemple
2 Barres ==> 2 inconnues internes ( N1 , N 2 )
B
CL ==> 4 inconnues efforts de liaison ( X A , YA ) et ( X B , YB )
h
Soit 6 inconnues pour 6 équations le problème est isostatique
yo
A h C
xo N = F 2 N1
Équilibre du nœud C ==> 1 C
N 2 = − F
F
N2
On connait les efforts dans les barres, on donc passer au post-traitement. F
X = F X = −F
L'équilibre du nœud A donne A et celui du nœud B B
YA = 0 YB = F
Les 3 équations d'équilibre X A + X B = 0 ; YA + YB − F = 0 ; et −hX B − hF = 0 sont vérifiées.
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RDM : calculs en statique des treillis 6/11
Analyse
Exemple
A 3 Barres ==> 3 inconnues internes ( N1 , N 2 , N 3 )
CL ==> 6 inconnues efforts de liaison ( X A , YA X B , YB X C , YC )
h 1
Soit 9 inconnues pour 8 équations le problème est hyperstatique de degré 1
2
B N1 N3 N1
2 − F − =0
h
F 2 N2 C
3 Équilibre du nœud chargé ==>
N + N1 + N 3 = 0
C
2 2 2 F
N3
N = N 3 + F 2
Choisissons N 3 comme inconnue hyperstatique ==> 1
N 2 = − F − N 3 2
∂Ed h 2 h h 2
= ( N 3 + F 2) + (− F − N 3 2)(− 2) + N3
∂N 3 ES ES ES
∂Ed
Le théorème de Ménabréa = 0 ==> N 3 (2 + 2 2) + F (2 + 2) = 0 soit N 3 = − F / 2
∂N 3
F
N1 = F 2 − N = F / 2
D'où 2 ==> 1 La barre 2 ne sert à rien ! (pour ce chargement)
N = −F + F N 2 = 0
2
On connait les efforts dans les barres, on donc passer au post-traitement.
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Si l'on atteint la limite élastique dans une barre celle ci plastifie sur toute sa section et sur toute sa
longueur (l'état de contrainte est uniforme dans les barres), et si l'on considère que l'écoulement
plastique se fait sans écrouissage il y aura ruine plastique de la barre. Si la structure est isostatique,
elle deviendra hypostatique, il y aura ruine plastique du treillis. Si la structure treillis est fortement
hyperstatique nous aurons une réserve de sécurité plastique par rapport au chargement maximal
élastique (il faudra plastifier n barres, n étant le degré d'hyperstaticité). Sachant que l'énergie de
déformation absorbée dans les déformations plastiques est beaucoup plus importante que l'énergie
de déformation élastique, la réserve de sécurité passive d'un treillis hyperstatique peut être très
importante.
Vérification au flambement
Le flambement élastique est une instabilité beaucoup plus sévère car une barre qui flambe
n'absorbe plus d'énergie (instabilité). Le flambement est un phénomène brutal qui se produit sous
de forte charge de compression. Les aspects théoriques sur le flambement sont présentés dans le
chapitre sur les poutres en flexion. Le critère d'instabilité par flambement élastique d'un treillis est
relatif à la charge critique d'Euler Fc définie par
EI I est le moment quadratique de la section droite, c'est
Fc = π 2 une donnée géométrique caractéristique de la section.
ℓ 2c
Pour les structures treillis la longueur de flambement ℓ c est la longueur des barres
entre les nœuds.
En pratique on cherchera à avoir N Max ≪ Fc pour avoir une réserve de sécurité plastique.
EI
Soit pour une barre donnée SRe ≪ π 2 2
ℓ
Regroupons les caractéristiques matériaux et les caractéristiques mécaniques entre elles.
S ℓ2 E S ℓ 2 / I est un coefficient adimensionnel caractéristique
≪π2 de l'élancement de la barre.
I Re
Plus la barre est élancée plus le risque de flambement élastique est important.
I
Introduisons le rapport i = qui est le rayon de giration de la section droite.
S
Plus le rayon de giration est élevé plus la matière est éloignée du centre de la section droite
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RDM : calculs en statique des treillis 8/11
R
Barre de section circulaire R I = π R 4 / 4 S = π R 2 ==> i = R / 2
R>>e
Tube creux d'épaisseur e << R I ≅ π R 3e S ≅ 2π Re ==> i ≅ R / 2
ℓ S ℓ2
Le rapport λ = = caractérise l'élancement de la barre.
i I
E
Avec ces notations, la condition pour éviter le flambement élastique SRe < Fc conduit à λ < π
Re
Cette relation donne par exemple la longueur maximale de la barre en fonction du matériau
et de la section, pour que le flambement n'ait pas lieu dans le domaine élastique.
Calcul de la déformée
Pour chaque barre du treillis nous pouvons calculer son allongement à partir de l'effort normal en
utilisant la loi de comportement du matériau.
eAB Direction unitaire
∆ℓ N Nℓ
Pour une barre AB : ε AB ==> ( uB − u A ) . eAB =
= = de la barre de A vers B
ℓ AB ES AB ES AB
Nous disposons donc de N b relations entre les déplacements nodaux ( 2 N n inconnues), or nous
avons aussi les p conditions aux limites.
Si la structure est isostatique 2 N n = p + N b
si la structure est hyperstatique 2 N n < p + N b
==> Nombre d'équations supérieur ou égale au nombre d'inconnues déplacements, nous
pouvons déterminer la déformée complète du treillis.
La démarche consiste à partir des conditions aux limites, pour de proche en proche utiliser la
compatibilité des déformations et des déplacements aux nœuds de la structure.
Ces calculs peuvent devenir longs si le nombre de barres et de nœuds est important
Fh Fh
Exemple Pour la barre AC : N AC = − F ==> ∆ℓ AC = − or u A = 0 ==> uC = −
ES ES
B
F 2h 2 Fh
Pour la barre BC : N BC = − F 2 ==> ∆ℓ BC = =2
h ES ES
yo
1/ 2
or ∆ℓ BC = ( uC − uB ) . eBC avec uB = 0 et eBC =
A h C
xo
F −1/ 2
( u − v ) Fh
==> C C = 2
2 ES
Fh
il faut alors utiliser la compatibilité des déplacements uC = −
ES
pour trouver vC = −
Fh
ES
(2 2 +1 )
Si l'on fait le bilan des équations utilisées
2 Lois de comportement (une par barre)
4 conditions aux limites pour un total de 6 inconnues (ui , vi )
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Exercices
Les exercices de cours sont corrigés sur le site, il faut chercher les réponses avant de consulter le corrigé.
Exercice 6 : étude d'un treillis de deux barres
Objectifs : Approche "RDM" pour les structures isostatiques.
Notions de critères de dimensionnement (limite élastique, flambement)
Calcul du champ de déplacement (géométrique et Castigliano).
ℓ
1. Montrer que cette structure est isostatique.
A C
2. Calculer l’effort normal dans les barres ainsi que les réactions aux
h = ℓ/ 3 F appuis.
L = 2ℓ / 3
yo
3. En déduire la charge maximale que peut supporter cette structure
π /6
B pour rester dans le domaine élastique.
xo
Barres de section S 4. pour quelle valeur de la portée maximale ℓ Max y a-t-il un risque de
et de module d’Young E flambement élastique ?
5. Calculer la déformation de la structure
6. Vérifier les résultats en utilisant le théorème de Castigliano.
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F
1. Montrer que cette structure est hyperstatique.
h 2. Simplifier le modèle en tenant compte des symétries.
3. Utiliser le TH de Ménabréa pour calculer les efforts dans les barres.
h
4. En déduire l'allongement de la diagonale chargée.
À partir des déformations
Retrouver ce résultat à partir de Castigliano.
F
Les barres sont de section S et de module d’Young E
Pour assimiler le cours il faut traiter des exercices non corrigés.
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RDM : calculs en statique des treillis 11/11
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