Les Antimétabolites PDF

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FACULTE DE MEDECINE DE BLIDA

Les antimétabolites
Les inhibiteurs de synthèse des acides nucléiques
Par : Dr. R .LETTREUCH- Sous la Direction de : Dr .B. GUERFI
01/05/2020
I- Introduction et définitions
• Historique : « Les anticancéreux »
Avant 1942 pas de médicaments pour traiter le cancer.
Chirurgie et radiothérapie.
1942 utilisations de moutardes à l'azote leucopéniantes.
Dérivés de l’ypérite : gaz moutarde de la première guerre mondiale.
1948 : METHOTREXATE.
Guérison spectaculaire de certaines leucémies.
Ces dernières années :
➢ Les Cytotoxiques : ne sont qu'une classe d'anticancéreux
➢ La Thérapeutiques ciblées
➢ L’Hormonothérapie
➢ L’Immunomodulateurs.
• Les cytotoxiques :
Sont des substances qui altèrent le fonctionnement de la cellule cancéreuse en :
-empêchant la cellule de se diviser,
-provoquant des altérations métaboliques ou morphologiques
⇒provoquant la mort cellulaire
Ils ciblent la synthèse du matériel génétique et des protéines impliquées dans la mitose.
En fonction de leur mécanisme d’action, les cytotoxiques peuvent être divisés en 03 groupes :
a) Médicaments interagissant indirectement avec l’ADN (dont font partie les
antimétabolites)
b) Médicaments interagissant directement avec l’ADN
c) Médicaments interagissant avec les protéines.
• Les antimétabolites :
Sont des agents qui se substituent à des métabolites fondamentaux de la cellule.
Ils interfèrent avec la synthèse des acides nucléiques soit en s’incorporant dans ces derniers,
soit en inhibant leur biosynthèse (ou parfois par les deux mécanismes).
Ces produits bloquent ou détournent les voies de synthèse de l’ADN.
II- Rappel sur les acides nucleiques
• Les nucléotides :
Ce sont les unités de base des acides nucléiques :
✓ Acides désoxyribonucléiques dans l'ADN
✓ Acides ribonucléiques dans l'ARN.
Un nucléotide est forme de :
- un ou plusieurs groupements phosphate (mono, di ou triphosphate),
-un pentose : le 2-desoxy-£]-D-ribofuranose ou £]-D-ribofuranose,
-et une des 5 bases azotées ou nucléiques (A, C, G, T ou U).
Les bases azotées :
Elles sont partagées en 2 séries. Ce sont des dérivées oxy ou/et amino de l’un des 2
noyaux:
*Pyrimidine
* Purine = pyrimidine + imidazole

En fonction de la base azotée, les nucléotides varient :


III- Les antimétabolites

1-Les principales molécules :


A) Antipyrimidines :

➢ 5-fluorouracile « 5-FU »:

5-fluoro-1H,3H-pyrimidine-2,4-dione

• Synthèse :
1-La synthèse du 5-fluorouracile commence par une condensation de Claisen entre le
fluoroacétated’éthyle et le formiate d’éthyle en présence d’éthanolate de potassium.
2-Il se forme leformylfluoroacétate d’éthyle, qui se cyclise en le faisant réagir avec le S-
méthylisothiourée.
3-Unehydrolyse ultérieure dans l’acide chlorhydrique aqueux permet de libérer le 5-
fluorouracile.
Pour résoudre ce problème de stabilité au cours du temps, il faudra éviter tout stockage du
5-FU en solution basique ⇒ lyophilisat.
• Mécanisme d’action :
Le chef de file des antipyrimidines est le 5-fluorouracile, c’est un analogue d’uracile et de
thymine.

Les fluoropyrimidines (5-FU et prodrogues) :


inhibiteurs directs de la thymidylate synthétase (TS),
Peuvent aussi être incorporées dans l’ADN et surtout dans l’ARN.
Incorporation dans les acides nucléiques :
Incorporé à la place de l'uracile dans les ARNs, le 5-FU entraine des erreurs de lecture du
code génétique lors de la synthèse de protéines et d'enzymes, et la production de coenzymes
inefficaces et de ribosomes immatures.
Son incorporation dans l’ADN est responsable de mutations ponctuelles, dues à un
mésappariement de son tautomère iminol. La formation de ce dernier étant favorisée par la
présence de l’atome de F, qui, par son effet électroattracteur, affaiblit le cycle pyrimidique
attirant alors les électrons des substituants vers ce cycle, la molécule se présente donc sous
forme iminol (forme très rare pour les autres nucléotides à pH physiologique).
Mécanisme de l’inhibition de TS :
L’affinité du 5-FdUMP pour la thymidylate synthétase est environs 1000 fois plus grande que
celle du substrat naturel, le dUMP.
Dans le cas normal, le complexe ternaire associant la TS, le dUMP et le tétrahydrofolate se
décompose en libérant un proton (lié au C5 de l’uracile) qui sera capturé par le groupement
amino de l’enzyme. A l’opposé, le complexe formé en présence de 5-FdUMP ne peut se
décomposer car l’atome de F est beaucoup moins labile que l’H et l’enzyme est ainsi bloquée.
La carence en thymine qui en résulte, provoquant l’arrêt de synthèse de l’ADN, représente le
principal mécanisme de lyse cellulaire.

• Indications :
# Adénocarcinomes digestifs évolués, mammaires après trt locorégional ou rechute et
ovariens.
# Carcinomes colorectaux et épidermoïdes des voies aérodigestives supérieures.
# Trt local des kératoses préépithéliomateuses, maladie de Bowen, …
➢ Autres fluoropyrimidines = prodrogues du 5-FU :
Elles ont fait l’objet d’investigations précliniques, notamment avec pour objectif de trouver
des analogues actifs par voie orale.
Ce sont des nucléosides ou désoxyribonucléosides :

➢ Gemcitabine « DFdC » :

2’,2’-difluoro-2’-désoxycytidine

Indication :

Cancer du pancréas métastatique, cancer de la vessie (stade invasif).


➢ Cytarabine = cytosine arabinoside « Ara-C » :

Indication :
Le dérivé antileucémique considéré le plus puissant chez l’Homme.
Il a peu d’activité sur les tumeurs solides.

B) Antipurines :
➢ Développement des recherches :
De manière analogue à l’utilisation de sulfamides anti-infectieux comme antimétabolites
susceptibles de réduire l’incorporation de l’acide p-aminobenzoique par les bacteries, il a ete
propose, des 1944, qu’il est possible d’interrompre la synthese des acides nucleiques de la
cellule a l’aide d’analogues de bases nucleiques (puriques et pyrimidiniques).

Les modifications structurales des bases et nucléosides puriques, ayant conduit aux
médicaments antipuriques antitumoraux actuels, sont décrites ci-dessous :
1) Substitution de l’atome d’O en position 6 de la guanine par un atome de S

2) Substitution en position 2 par un halogène

Après la mise en évidence de l’intérêt des analogues fluorés de l’uracile ⇒ recherche


d’analogues chlorés ou fluorés des bases et des nucléosides puriques :

3) Modifications simultanées du fragment osidique et de la base purique :

- Remplacement du ribose par l’arabinose.

L’intérêt d’un fragment arabinose a été prouvé en série pyrimidine avec l’Ara-C, d’activité
antileucémique, et en série purine avec l’Ara-A.

L’utilisation de l’Ara-A (Vidarabine) a été limitée à cause de sa métabolisation rapide par


l’adénosine désaminase. ⇒ Des nucléosides analogues insensibles à cette désamination
métabolique ont été recherchés :

- Substitution en position 2 par un atome de F : la 2-fluoroadénosine, qui s’était montrée


assez résistante à cette enzyme, a servi de modèle à l’obtention d’halogénoadénosines et
d’analogues nucléosidiques variés.

- La Fludarabine est ainsi synthétisée en associant ces deux modifications structurales.


4) Homologation de l’hétérocycle purique

L’agrandissement de l’hétérocycle pyrimidinique en un heptacycle diazépinique a conduit à


de nouveaux et puissants inhibiteurs de l’adénosine désaminase comme la Pentostatine :

Ce sont des analogues de bases ou de nucléosides puriques :

6-MP : analogue soufré de l’hupoxanthine ;


6-TG : analogue soufré de la guanine ;

Cladribine

Fludarabine analogues d’adénosine ou de désoxyadénosine.

Pentostatine

Ils pénètrent facilement dans les cellules et sont transformés, à l’exception de la pentostatine,
en métabolites actifs après phosphorylations successives. Ces métabolites sont capables de
leurrer l’organisme en s’intégrant à l’une ou l’autre des étapes de l’anabolisme des
nucléotides à purine :

- Comme "faux substarts" d’enzymes-clés telles la ribonucléotide réductase et diverses


polymérases, ils entravent la synthèse de novo des nucléotides puriques.

Cette synthèse de novo est particulièrement inhibée par 6-MP et 6-TG : ils bloquent la
formation de la phosphoribosylamine, ainsi que la transformation de l’inosine monophosphate
(IMP) en ribonucléotides à guanine (GMP). La transformation de l’IMP en AMP est inhibée
par la 6-MP plus spécifiquement.

- Comme "faux nucléotides", les antipurines perturbent le système de récupération des bases
et nucléosides susceptible de régénérer les nucléotides.
• Indication :

*Actuellement, ces antitumoraux sont essentiellement préconisés dans le traitement des


leucémies. Ceux, comme la cladribine, la fludarabine et la pentostatine, qui s’accumulent
particulièrement dans les lymphocytes sont utilisés dans le traitement des leucémies
lymphoblastiques.

La mercaptopurine est utilisée pour le traitement d’entretien des leucémies lympho et


myéloblstiques. La thioguanine est utilisée principalement dans le traitement des LAM.

• Pricipales propriétés physicochimiques :

- Les antipurines se présentent sous forme de poudres jaunes (6-MP, 6-thioguanine) ou


blanches (cladribine, fludarabine, pentostatine).

- La pentostatine est dénaturée en milieu trop fortement acide : sa dénaturation est totale en 6h
à pH = 2.

- Ils peuvent être identifiés par la formation, en solution alcoolique, d’un précipité blanc en
présence d’acétate mercurique et d’un précipité jaune en présence d’acétate de plomb.

C) Antifoliques :
➢ Méthotrexate :

Comporte trois parties structurales :

1. Une ptéridine substituée par 2 groupements amino en 2 et en 4 ;

2. Une partie p-aminobenzoïque, dont l’azote aminé est relié à l’hétérocycle par un

méthylène et dont la fonction acide forme une liaison amide avec la troisième partie :

3. L’acide L-glutamique.
Principales propriétés physicochimiques :

o Poudre jaune à orangé.

o Stabilité chimique :

•Indications :

Choriocarcinome placentaire, adénocarcinomes mammaire et ovarien, CBPC et LAL.


# A posologie élevée : LA de l’enfant, lymphomes malins non hodgkiniens et ostéosarcomes.

# Par voie orale : carcinomes des voies aérodigestives supérieures et de la vessie, ainsi que

d’autres pathologies non néoplasiques : la PAR et le psoriasis résistant de l’adulte.

➢ Raltitrexed :

Indication : Cancers colorectauxmétastasés.

• Origine :

Le Raltitrexed était synthétisé pour pallier à la résistance au MTX par certaines tumeurs. Ce

Phénomène peut apparaître suite à :

↑ du catabolisme en 7-OH MTX,

↓ de la pénétration cellulaire du MTX par le transport actif des folates,

↓ de l’affinité avec la DHFR (principale cible du MTX),

↑ de la biosynthèse de cette enzyme,

↓ de la capacité de former des polyglutamates (métabolites actifs de MTX).

Ces problèmes ont conduit à l’exploration d’autres cibles potentielles pour les antifoliques. En

particulier, la thymidylate synthétase (TS) s’est révélé un facteur limitant de la croissance des

cellules résistantes au MTX et surexprimant la dihydrofolate réductase (DHFR).


➢ Pémétrexed :

Indications pneumologiques (mésothéliome, CBNPC).

• Mécanisme d’action

L’acide folique ou vitamine B9 (« folique » vient du mot latin « folium » : feuille, pour
rappeler la richesse des feuilles d’épinards en cette vitamine) est une substance indispensable
à la synthèse de d’ARN et de l’ADN. Les besoins sont particulièrement importants pour
toutes les cellules normales en croissance rapide (embryon, foetus, enfant, épithélium) mais
aussi, bien entendu, pour les cellules cancéreuses. Elle va subir plusieurs réductions
permettant de générer de l’acide tétrahydrofolique qui est un cofacteur indispensable à la
synthèse des bases puriques et de la thymidine passant par la thymidylate synthase (TS).
A/ lors de la synthèse de novo des bases puriques, la constitution du noyau purine à partir
du ribosyle phosphate aminé se produit en plusieurs étapes faisant intervenir entre autres des
amnioacides, du CO2 et le pool des folates réduits.

B/ la formation de la thymine à partir de l’uracile par la thymidylate synthétase, qui


transforme le dUMP en dTMP, nécessite un transfert du groupement méthylène à partir de la
co-enzyme N,N’-méthylènetétrahydrofolate ou N5,N10-méthylènetétrahydrofolate vers la
dUMP. La réduction du carbone méthylénique en un groupement méthyle sur la base
pyrimidique se produit aux dépens de l’oxydation du tétrahydrofolate en dihydrofolate (voir
mécanisme d’action des antipyrimidines). Ce dernier régénère la co-enzyme grâce à l’action
de la dihydrofolate réductase.

Son activité cytotoxique est liée à son pouvoir inhibiteur, de nature compétitive, de la
dihydrofolate réductase (DHFR), enzyme pour laquelle il possède une forte affinité.
⇒ Il bloque ou perturbe la biosynthèse des bases puriques, pyrimidiques et des
tétrahydrofolates.

Après pénétration intracellulaire, il est rapidement métabolisé en dérivés polyglutamiques, qui


sont de puissants inhibiteurs d’enzymes nécessaires à la biosynthèse des purines
(glycinamide-ribonucléotide transformylase "GAR", aminoimidazolecarboxamide-
ribonucléotide transformylase "AICAR") et la biosynthèse des pyrimidines (TS). Les
polyglutamates persistent dans la cellule après élimination du MTX et prolongent ainsi
l’inhibition enzymatique.

Le Méthotrexate inhibe la production de thymine de manière indirecte (ǂantipyrimidines) par


la diminution du pool des folates réduits. Par contre, ses métabolites polyglutamates bloquent
directement la TS.
D) Inhibiteurs de la ribonucléotide réductase (RNR) :

➢ Hydroxycarbamide = hydroxyurée « HU » :

• Synthèse :

L’hydroxycarbamide peut être obtenu par réaction du chlorhydrate d’hydroxylamine sur le

carbamate d’éthyle en présence de soude.

• Principales propriétés physicochimiques :

- Hygroscopique.

- pH de la solution aqueuse = 6,1.

- En présence de sulfate de cuivre, pyridine et chloroforme, l’HU conduit à une coloration


verte de la phase chloroformique.

• Mécanisme d’action :

La ribonucléotide réductase est une enzyme qui joue un rôle clé dans la biosynthèse de l’ADN
: transformation des nucléosides diphosphates en désoxynucléotides diphosphates (réd en
C2’). Elle possède la particularité de renfermer un radical libre stable dans sa structure.

Une hypothèse faisant intervenir un radical anion a été proposée.

Cette réductase (de type I) peut être inhibée par trois mécanismes distincts, faisant appel à :

Des réducteurs monoélectroniques du radical tyrosyle (hydroxycarbamide) ;

Des analogues nucléotidiques (analogues de substrats naturels : gemcitabine, ou analogues


intervenant dans la régulation de l’enzyme : cladribine et fludarabine) ;
Des composés perturbant l’interaction entre les sous-unités constitutives de l’enzyme et
ainsi le fonctionnement de son site actif, qui se trouve à l’interface.

Seulement quelques molécules se prêtant à ces mécanismes sont actuellement


commercialisées.

RQ : Ces différentes stratégies d’inhibition étaient à visée essentiellement antitumorale, elles


semblent actuellement s’orienter vers la recherche de composés dont les indications
s’élargissent à la thérapeutique antivirale.

Hydroxycarbamide :

Il est admis que l’HU (ainsi que les dérivés apparentés) réagisse avec le radical tyrosyle de la
RNR par une réduction à un électron avec formation de tyrosine ⇒ RNR inactive.

• Indications :

Affections hématologiquesprolifératives ;

# Chimiothérapie adjudantede certaines tumeurs.

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