Conclusion de Candide v3

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Conclusion de Candide

De « Candide, en retournant dans la métairie,… » jusqu’à la fin


C’est l’épilogue du conte philosophique Candide qu’on ne peut comprendre que si l’on regarde
rétrospectivement quelques autres chapitres du conte.

Introduction
      A la suite d’un certain nombre de rencontres déterminantes qui engagent la vie de toute la petite
communauté, il est décidé de composer une sorte de microcosme (monde en miniature) dans lequel chacun
trouvera sa place et son équilibre. L’épilogue du conte décrit cette installation et souligne l’évolution des
personnages. La fin du conte Candide n’est-elle pas l’affirmation de l’avènement d’un monde ou l’homme
prend enfin son destin en mains ?

I. Une clôture du récit

A. Clôture Spatiale
      La formule classique par laquelle débute le conte : « Il y avait en Westphalie » nous permet d’attendre
une clôture classique du genre, c’est-à-dire une fin heureuse. Mais en fait, c’est un horizon trompé : le jardin
a succédé au château : régression spatiale ; la Turquie a remplacé la Westphalie et un derviche remplace
Pangloss. Pour Candide le monde est désormais plus vaste et ne se limite pas à la province de Thunder-Ten-
Tronc ou à la Westphalie. L’espace se clôt de manière ambivalente : rétrécissement social, du château à la
métairie, et l’élargissement politique. En opposition à l’Occident, l’Orient apparaît comme la terre du retour
aux origines, retour à la sagesse fait d’expériences et de pragmatisme. D’ailleurs, le discours du vieillard au
derviche rappelle le discours du vieillard de l’utopie de l’Eldorado et la religion est réhabilitée. L’installation
dans le jardin marque la fermeture de l’espace géographique.

B. Le recyclage des personnages


      Le Turc au début du texte (le paragraphe précédant l’extrait étudié ici) dit : « Je n’ai que vingt arpents. »
A son image, la métairie est une « petite ère » dans laquelle vie une « petite société ». La modestie de la
surface est compensée par les principes d’une sage économie. Même les vestiges dérisoires du monde
aristocratique sont recyclés. Le conte recycle la laideur de Cunégonde en utilité. Giroflée est recyclée en
honnête homme qui passe du vice à la vertu. Tous les personnages du début trouvent leurs places et leurs
destins sont scellés.
      Le baron n’est pas recyclable car il est encore attaché à ses préjugés et à ses stéréotypes.
      Fermeture du conte : Candide prononce la morale finale et sa parole est créatrice d’un nouvel age.

II. Les critères de la sagesse

A. Le refus des ambitions


      Candide, dès le début du texte montre sa préférence pour une vie simple, notamment il dit : « Ce bon
vieillard … des six rois »
      Une vie modeste et réglée est plus enviable qu’à celle d’un roi. Il renonce donc à toute ambition de
pouvoir et de richesse. De toute façon, il y a un caractère éphémère et aléatoire à une gloire des hommes.
Dans le texte, il y a une litanie des rois qui ont subit des malheurs. Cela montre que le fait d’être puissant et
riche ne fait rien. Référence au chapitre XXVI : les rois déchus. Par contraste, la vie simple dans la métairie
est valorisée.

B. Refus des raisonnements stériles


      Il ne s’agit pas pour Voltaire de s’opposer à toute forme de raisonnement puisque Candide au début du
texte est plongé dans de profondes réflexions. Il s’agit plutôt d’une pensée nourrie d’expériences et
d’observations. Ce qui est par exemple rejeté est le discours de Pangloss et des métaphysiques qui a une
tendance affirmée à bavarder, à brasser des idées, à délayer. Et ses pensées débouchent toujours sur une
action cohérente. D’ailleurs, Pangloss ne travaille pas. Dans le second discours, on voit bien qu’il n a pas
renoncé à l’absurdité et à l’incohérence. Critique des raisonnements interminables sur des questions
métaphysiques. Pangloss use encore de la terminologie optimiste quand il parle du meilleur des mondes
possibles. Candide contredit et interrompt à deux reprises Pangloss : « Je sais », « Mais » et Martin s’y
oppose aussi.

C. Les bienfaits du travail


      Le travail est présenté comme une concentration de toutes les vertus. Notamment si on analyse la phrase
du vieillard « Le travail… ». Le travail est une nécessité spécifique, il éloigne l’ennui. C’est aussi une
nécessité morale car il éloigne de nous le vice et c’est une nécessité économique puisqu’il éloigne de nous le
besoin.
      Dans la seconde partie du texte, on note l’importance des activités manuelles préservées de manière
laudative : « très bonne pâtissière ».
      Champ lexical des activités artisanales connoté laudativement : « Roda, très bon menuisier ». On peut
voir que le verbe « travailler » et « cultiver » viennent deux fois dans le texte. Cela montre l’orientation
claire de la spécificité de Candide vers les bienfaits du travail. « La petite terre rapporta beaucoup » montre
une satisfaction personnelle en même temps qu’une satisfaction du travail.

Conclusion partielle
      On peut voir que la parabole (petit apologue du jardin (chapitre 30)) oppose clairement l’activité aux
discours inutiles. « Cultiver son jardin » signifie travailler socialement, travailler intérieurement son
raisonnement ainsi que sa pensée. Cela veut également dire se cultiver intellectuellement. En effet, la
situation que décrit Candide dans ce chapitre est aussi la situation de Voltaire à Carnet. La conclusion de ce
conte est très sibylline. C’est une leçon de modestie et de simplicité qui donne à l’homme une place acceptée
dans une situation matériellement supportable.

III. L’évolution des deux protagonistes


      Pangloss est le maître à penser de Candide. Bien qu’il ait beaucoup douté, il ne l’a jamais confronté.
      Dans ce texte Candide coupe la parole à Pangloss deux fois. C’est Candide qui a le dernier mot : le
maître a perdu tout son prestige aux yeux de Candide. Renversement des rôles par rapport à l’incipit.

A. Candide
      Candide apparaît mûri. Il a tiré profit de ses expériences, de son voyage initiatique et de ses
observations. Il a en plus acquis de l’autorité, et il peut même juger de lui-même. Candide est devenu
philosophe. D’après Voltaire, un philosophe est quelqu'un qui possède un esprit critique sur un raisonnement
qui lui est propre. Candide est au début un personnage sans épaisseur. Il acquiert une dimension patriarcale
car c’est le chef, figure centrale de la communauté, celui dont la parole résume et rassemble. Sa fonction
n’est plus d’apporter une contradiction à Pangloss, il est désormais le maître financier et intellectuel.

B. Pangloss
      Contrairement à Candide, Pangloss n’a pas évolué. Il s’entête dans des raisonnements qui tournent à
vide. Il est incapable de penser par lui-même car son premier raisonnement est « selon le rapport de tous ». Il
se refère en effet à la bible « Ut operatum eum » = « pour qu’il travaille » et aux philosophes. C’est pourquoi
Pangloss ne maîtrise pas les théories auxquelles il adhère. Raisonnement de fausse logique. Toute l’ironie du
faux rapport logique dans « des cédrats confits et des pistaches.». Il n’a jamais été philosophe car il n’a pas
aptitude à modifier son jugement en fonction des informations qu’il enregistre.

Conclusion
      Candide est un conte et, de ce fait, le lecteur aurait pu s’attendre à un dénouement heureux. Mais c’est
un conte philosophique. Candide trouve une paix dans un choix de vie supportable bien loin des rêves de
l’Eldorado. Ce choix est un aboutissement de tout un parcours et bien que ce ne soit pas parfait, il ne dépend
plus des caprices du sort.
      Le héros se libère des illusions du monde de l’enfance pour devenir enfin adulte et autonome ce qui est
le projet même des lumières.
      En 1773, Voltaire écrit à D’Alembert : « si j’ai encore quelque temps à vivre, je le passerai à cultiver
mon jardin comme Candide. J’ai assez vécu comme lui ».

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