Candide PDF
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Le conte philosophique
VOLTAIRE Candide
(9782081211414 2,50 )
squence tudiera la faon dont les composantes du rcit servent les deux voies de largumentation : le pour et le contre. Mais Voltaire ninterroge pas seulement lOptimisme en tant que contenu philosophique, il remet aussi en question le conte de fes en tant que forme littraire. Une double mystification, littraire et intellectuelle, est donc dnonce avec Candide. La squence tentera de dgager progressivement les liens complexes quentretiennent le conte et la rflexion philosophique ; elle se droulera en trois tapes. Premire tape : analyse de deux extraits ou ` conte et philosophie ont le mme effet sparer de la ralit. Deuxime tape : analyse de trois extraits qui relvent de lanticonte et de lantiphilosophie (ou de lanti-Optimisme). Le texte sert alors dsillusionner et ramener la ralit. Troisime tape : analyse dun extrait ou ` le conte construit une vraie philosophie labore sur la ralit.
Le volet narratif
Conte de fes et fausse philosophie Lnonciation ironique Le discours : fiction (plaisante) et rflexion (savante)
Lensemble des chapitres XVII-XVIII et un extrait du chapitre XVIII (le patriarche dEldorado)
Antithse : lOptimisme nest pas 3 Lensemble du chapitre V et, plus prcisment, un extrait (la tempte et le tremblement de terre) Chapitre
VI
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(lautodaf)
Le conte philosophique
Sances
Supports
Le volet narratif
Conte concret et philosophie applique Une structure concerte
Lensemble du chapitre XXX et, plus prcisment, un extrait (lexplicit) Un extrait du chapitre XIX (lesclave)
valuation de la squence E
intensifs ( trs grande ), etc. Le champ lexical est celui de la haute noblesse fortune ( parc , meute , piqueur ). Latmosphre gnrale parat bon enfant ( bonne foi , riaient ).
etc. En fait, en quelques lignes, Voltaire expose la fois le problme dlicat quil traite (la tension entre conte et philosophie) et le procd majeur quil utilise (lironie).
Sance no 2
Objectifs Supports LOptimisme, version srieuse (et ses limites). Le jeu fiction/rflexion. Lensemble des chapitres XVII-XVIII. Un extrait : le patriarche dEldorado (de Cacambo tmoigna son hte pour les conduire la cour , p. 105-108).
Questions prparatoires : quels sont les lments qui relvent du merveilleux ? En quoi sagit-il dun monde lenvers ? Quel est le registre dominant ? Comment Candide, le lecteur et Voltaire voient-ils ce royaume inca ? Pistes pour la lecture analytique :
Un monde lenvers
Par rapport au monde connu, sont inverses la psychologie (l ignorant reconnat quil lest), les manires (abord poli), les
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coutumes (accueil prvenant des trangers), les valeurs (lor ne vaut rien), les institutions politiques (importance du consentement de la nation ), les relations Dieu (directes, non mdiatises), etc. Les relations humaines sont idales (accueil chaleureux, monarque accessible, commerce des ides menant demble aux grandes questions des Lumires comme les formes de gouvernements, les murs , etc.). Dans ce pays des Lumires vivant en autarcie et prserv, il ny a pas de conflits, pas de clerg, pas de maux naturels (maladies, catastrophes).
Sance no 3
Objectifs LOptimisme discrdit par lexistence des catastrophes naturelles. Le drglement spatio-temporel. Supports Lensemble du chapitre V. Un extrait : la tempte et le tremblement de terre (de Tandis quil raisonnait, lair sobscurcit , fin du chapitre IV, et de tout sexe sont crass sous les ruines , p. 57-59).
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Le chaos spatio-temporel
Le cadre spatial nest pas orient ( des quatre coins du monde ), et il est sans visibilit ( lair sobscurcit ) ; les lieux de vie sont dmolis par en haut ( suspendu ), par en bas (brche), par les cts (tsunami dans le port) ; sur mer, sur terre, petite ou grande chelle (vaisseau/ville), toute construction est rduite en morceaux, totalement ruine sous leffet de forces surhumaines dtermines nuire ( slve en bouillonnant ). Le droulement temporel est galement caractris par lincohrence ; les actions des passagers (malades ou affols) sont inefficaces et non articules (parataxe) ; leurs gestes saccads (verbes en srie) ne mnent qu une agitation anarchique (le sauve-qui-peut) et une succession de malheurs ; ensuite, Voltaire laisse le lecteur se figurer lui-mme, lchelle dune capitale de 200 000 habitants, la panique provoque par le tremblement de terre ; mais alors quil recourait au registre pathtique pour animer le naufrage (motions extrmes, images frappantes), il adopte un ton neutre pour dcrire Lisbonne dvaste.
Sance no 4
Objectifs LOptimisme discrdit par lexistence de lInfa me. Les personnages : pantins ou pauvres diables ? Support Lautodaf (ensemble du bref chapitre VI, p. 62-64).
Questions prparatoires : qui sont les reprsentants du mal reli tudiez comment lautodaf est gieux ? Sur quoi sappuient-ils ? E transform en spectacle de marionnettes. Comment lOptimisme est-il condamn dans cet extrait ? Pistes pour la lecture analytique :
1. Voir aussi dans la mme phrase cette fois : Tandis quil le prouvait a priori, le vaisseau sentrouvre.
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Limposture ecclsiastique
Avec un dtachement ironique, Voltaire dpeint une autorit religieuse compose de pseudo-enquteurs : les docteurs de l universit de Combre et les inquisiteurs. Le savoir des uns (premier paragraphe) sappuie sur la superstition, sur des prjugs irrationnels qui relvent quasiment de la sorcellerie (le secret infaillible trouv) ; laction des autres (deuxime paragraphe) se fonde sur le principe de lintolrance qui consiste dnigrer la libert religieuse et conduit torturer des innocents pour des peccadilles (le lard dans un poulet et l air dapprobation ). Ces puissances conjugues du mal, qui bafouent la raison et les droits humains, furent les cibles privilgies de Voltaire et des philosophes des Lumires.
Spectacle et excution
Les personnages sont forcs dexcuter malgr eux un beau spectacle (voir le champ lexical de lesthtique). Anonymes et dsigns arbitrairement, les cinq condamns, telles des marionnettes (comme le montrent les verbes la voix passive, les sujets on ), sont pris dans une crmonie mcanique, bien rgle (voir les tapes : procession, musique, sermon, etc.), bien rythme (rapidit des actions, cadence) et faite pour plaire. La machine tuer inquisitoriale est pare dattributs visuels sduisants. La reprsentation dune excution atroce sinverse en excution dun spectacle grand public. Le narrateur feint dadopter un regard objectif de clinicien et pousse bout cette logique : les sacrifis sont comme vids de toute motivit, dcrbrs, et ne sont plus quune apparence vestimentaire ; dshumaniss, ils deviennent des accessoires sans importance, des figures carnavalesques (mitres en papier, diables drles, flammes lenvers). Ce faisant, Voltaire enlve tout contenu spirituel cette crmonie satirise qui tournerait la mascarade si les cha timents ntaient pas eux bien rels (brls, pendus, et Candide tout sanglant ).
LOptimisme en question
Lide que le monde est dans un ordre harmonieux et comprhensible est rfute par lapparition dune seconde secousse
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( trembla de nouveau avec ) qui rvle linefficacit propitiatoire de lautodaf (et linutilit des excutions) ; en revanche, il est clair que lordre du clerg, lui, se maintient en faisant trembler la population, sous le prtexte de lutter contre lhrsie. Ensuite, cest par labsence de logique que les tenants de lordre prtabli sont dconsidrs : relations irraisonnes entre les effets et les causes (voir lenchanement des paragraphes), liens absurdes entre les griefs et les peines, mascarade pour clbrer Dieu, etc. Enfin, Candide lui-mme est cit en train de chercher sexpliquer la cause ( sans que je sache pourquoi ) de lcart entre la reprsentation du monde quil stait construite et la ralit telle quil lendure, comme un automate (voir la squence prch, fess, absous et bni ). La remise en question de la ncessit, que Pangloss lui a inculque au chapitre I Les choses ne peuvent tre autrement , par lemploi de la formule interrogative faut-il ? , marque une tape dans lvolution de Candide vers une philosophie raliste dbarrasse de toute mtaphysique.
Sance no 5
Objectifs Supports LOptimisme discrdit par la guerre. Lartifice ambigu du point de vue candide. Lensemble du chapitre III. Un extrait : la bataille (de Rien ntait si beau, si leste, si brillant et noubliant jamais mademoiselle Cungonde , p. 50-51).
Lesthtisation de la guerre
La vue simultane et surplombante des deux armes bien ranges puis se livrant mcaniquement bataille (voir les phases vers le corps corps : canons , mousqueterie , baonnette ) est celle dun roi aimant la guerre, mais de loin. Les troupes (de mercenaires) paradent sur le tha tre de la guerre en combinant sons et
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lumires la faon dun spectacle dopra grandiose (voir la gradation liminaire des adjectifs mlioratifs et la rptition de ladverbe intensif si ). La mle meurtrire est occulte au profit de lapidaires communiqus chiffrs permettant de suivre distance lvolution de laffrontement. La cause politique de cette tuerie chappe tous, mais entrane la mort d une trentaine de mille a mes , chiffre identique celui d au tremblement de terre de Lisbonne.
Un odieux carnage
Le revers de la mdaille, ce sont les actes monstrueux commis sur les civils sans dfense des deux camps, comme en tmoigne linsistance sur les tres symbolisant la faiblesse et linnocence : la mre et lenfant, la jeune fille, le vieillard. Les Bulgares et les Abares se comportent pareillement et systmatiquement en barbares. Candide est confront aux pires effets de la cruaut humaine, dcrite le plus crment possible. On peut relever les dtails anatomiques des corps supplicis. Voltaire veut choquer, forcer voir et, pour cela, recourt la puissante figure de lhypotypose qui consiste faire vivre en direct au lecteur (mais par fragments) un tableau dramatique. Ce qui est frappant, cest que les tres croiss sont tous larticle de la mort ( in articulo mortis , chapitre XI) mais quils souffrent, en silence ou en criant, de ne pas encore avoir succomb (comme la femme demandant quon lachve) aux svices quils ont subis (nombreux participes passs). Cette impossibilit de mourir aprs avoir t trait inhumainement et parfois dmembr, coup en morceaux, caractrise plusieurs personnages du conte (la vieille, Cungonde, Pangloss dcoup au scalpel), qui dsarticule ainsi une certaine vision de lHomme.
tires de la philosophie optimiste qui prennent ici un tour idologique ( coquins , infectaient , raison suffisante , minimalisation des pertes, priphrases prcieuses, euphmisation du viol besoins naturels , etc.) ; le massacre semble justifi (le droit ) au nom de Dieu. Cependant, cette faon de donner un faux air de civilisation (le bon alli au beau) au mal ltat pur est lamine par lironie voltairienne. Dabord, les hros sont ramens des tas de viande ( boucherie hroque ) ou des violeurs ; leurs actions des exactions. Ensuite, le bel ordonnancement paradisiaque des armes bnies ne cache quun temps lintention de faire de la terre un enfer . Enfin, Candide, aussi endoctrin par lOptimisme quil soit, est reprsent tremblant ; la possibilit mme dun regard optimiste devient insoutenable (il regarde donc ailleurs, vers ltoile Cungonde).
Sance no 6
Objectifs La Propontide : utopie voltairienne et ralit du mal dexister. Une structure concerte. Supports Lensemble du chapitre XXX. Un long extrait : lexplicit (de Il y avait dans le voisinage un derviche... jusqu la fin du texte, p. 166-169).
Questions prparatoires : comment se manifeste le mal dexister chez Candide et ses amis ? Comment Candide apprend-il vivre le moins mal possible en Propontide ? Pourquoi peut-on dire que Candide russit incarner un certain idal de la philosophie de Voltaire et des Lumires ? Pistes pour la lecture analytique :
Le mal de vivre
Les tres runis pour le morceau final sont tous des mutils de la vie, marqus par des expriences pnibles (dsamour de Candide) et des cicatrices (Pangloss recousu). Les trois philosophes (loptimiste Pangloss, le pessimiste Martin, lempiriste
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Candide), menacs par lennui, le besoin, le vice, le conflit, linquitude, etc., paraissent pigs dans une situation sans issue ` la fin du conte, errants dans le ( Que faut-il donc faire ? ). A voisinage de la mtairie, ils sont toujours en qute du sens de lexistence et dune raison de vivre alors que tout va mal en eux, autour deux et entre eux.
dira que Candide parvient peu peu, gra ce des conversations, des enqutes et des exprimentations rptes, oser penser seul (spe aude) : il russit finalement se dbarrasser de son culte des idoles et des idologies (sur les plans intellectuel, parental, politique, religieux) pour mettre en uvre le culte dun certain humanisme. Entre la baronnie du chapitre I et la mtairie du cha dens intermdiaires), la progression est pitre XXX (via plusieurs E nette au dbut : un monde ferm, ou ` rgne une philosophie fausse, un trompe-lil, un paradis des illusions ou ` le jardin ne sert qu des futilits ; la fin : un monde ouvert (ou ` sapplique une vraie philosophie), contrl, en prise sur la ralit, un jardin de la sagesse qui a son utilit. Certes, le mal rde toujours (la maladie, Pangloss, les atrocits politiques) mais lutopie parat ra` la fin de Canlisable et viable, au moins pour les personnages. A dide ou lOptimisme, lopposition avec Pangloss est vidente : ce dernier na pas volu, ses raisonnements emprunts Leibniz (voir la fin de lentretien avec le derviche) sur la causalit et son besoin de se rfrer des thories (les philosophes ) sont inchangs, il demeure un phraseur ; en revanche, Candide acquiert une parole productive et un ton incisif (il interrompt son ancien matre penser), il devient un homme daction, un propritaire terrien (lui, le ba tard dclass du chapitre I), sinon la tte pensante (il est assez laconique), du moins le guide dun groupe quil a su former et fdrer.
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valuation de la squence. Objectif E Supports Lensemble de luvre. Un extrait : lesclave (de En approchant de la ville, ils rencontrrent et en pleurant, il entra dans Surinam , p. 112-114).
Questions : Quelles sont les caractristiques de Candide dj observes que lon retrouve dans cet pisode ? Quelles sont les variantes ? Repres pour la correction :
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Caractristiques dj observes...
LOptimisme illusoire
Lironie
Le mal naturel
La machinerie spatio-temporelle
Le mal religieux
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... la sance...
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MAILHOS, Georges, LAUNAY, Michel, Introduction la vie littraire du XVIIIe sicle, Bordas, 1969. Sur Voltaire GOLDZINK, Jean, Voltaire, la lgende de saint Arouet, Gallimard, 1989. POMEAU, Ren, Voltaire par lui-mme, Seuil, 1955. www.societe-voltaire.org
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Le conte philosophique
Sur Candide CALVINO, Italo, La Machine littrature, Candide ou la vlocit , Seuil, 1994. MAGNAN, Andr, Voltaire, Candide ou lOptimisme, PUF, 1987. STAROBINSKI, Jean, Le Remde dans le mal, Le fusil deux coups de Voltaire , Gallimard, 1989. Adaptations, rcritures Roman : SCIASCIA, Leonardo, Candido ou Un rve fait en Sicile, Maurice Nadeau, 1978. BD : MEYRAN, Philippe, Candide, Bulles dencre, 2005. Tha tre : GANZL, Serge, Candide, daprs Voltaire, in LAvant tre, no 617, novembre 1977. Scne Tha Comdie musicale : BERNSTEIN, Leonard, Candide, livret de ditions Deut. H. Wheeler, E Film : CHARBONNAUX, Norbert, Candide, Ren Cha teau, 1960 [rd. DVD, 2004]. Jean-Philippe MARTY.