Sommaire: Introduction Générale Partie 1: Présentation de La Norme IASB IFRS Pour PME
Sommaire: Introduction Générale Partie 1: Présentation de La Norme IASB IFRS Pour PME
Sommaire: Introduction Générale Partie 1: Présentation de La Norme IASB IFRS Pour PME
Introduction générale.................................................................................................. 5
1
2.7 Actifs biologiques ................................................................................................. 87
2.8 Paiements fondés sur des actions ......................................................................... 88
2.9 Immeubles de placement ..................................................................................... 90
2.10 Les avantages aux personnels -régimes à prestations définies ............................. 91
2.11 Les Impôts sur les bénéfices ............................................................................... 96
Section 3 : La Simplification des méthodes de présentation des états financiers et
l’allégement des obligations en matière d’information à fournir .........98
3.1 Simplification en matière de présentation du bilan ............................................... 99
3.2 Simplification en matière de présentation de l’état de résultat et de l’état de
variation des capitaux propres ........................................................................... 100
3.3 Simplifications concernant les informations à fournir au niveau des notes aux états
financiers et au niveau des sections ................................................................... 101
Chapitre 2 : Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au
système comptable tunisien............................................................ 128
Section 1 : Analyse du cadre conceptuel tunisien par rapport aux principes
généraux régissant la norme « IFRS pour PME ».............................. 130
1.1 Objectifs et utilisateurs des états financiers ....................................................... 130
1.2 Les caractéristiques qualitatives de l’information dans les états financiers .........137
1.3 Principe généraux de comptabilisation et d’évaluation des éléments des états
Financiers ......................................................................................................... 144
1.4 Présentation des états financiers ........................................................................ 157
Section 2 : Analyse des principaux points de divergence entre les normes
tunisiennes par rapport aux dispositions de la norme « IFRS pour
PME »...................................................................................................... 160
2.1 Les Immobilisations corporelles .......................................................................... 161
2.2 Les immobilisations incorporelles ....................................................................... 162
2.3 Les impôts différés ............................................................................................. 162
2.4 Les avantages aux personnels et stock-options .................................................. 163
2.5 Consolidations et regroupement d’entreprises .................................................... 164
2.6 Les immeubles de placement ............................................................................. 169
2.7 Contrats de location et de location-finance ........................................................ 169
2.8 Les opérations en monnaie étrangères ................................................................ 170
2.9 Les parties liées ................................................................................................. 170
2.10 Les stocks ........................................................................................................ 170
2.11 Les subventions publiques ................................................................................ 171
2.12 Les produits des activités ordinaires ................................................................. 172
2
Chapitre 3 : Incidences d’une adoption de la norme IFRS pour PME sur la
gouvernance de l’entreprise, le droit des affaires et la
fiscalité................................................................................................... 174
Section 1 : Incidence sur la gouvernance de l’entreprise.................................... 176
1.1 Nouvelle perception de la notion de résultat ....................................................... 176
1.2 Amélioration du système d’information et de gestion ......................................... 178
1.3 Mise en place et/ou renforcement des procédures de contrôle interne ...............180
1.4 Nécessité de la mise en place d’un plan de formation continue .......................... 182
Section 2 : L’incidence sur la fiscalité................................................................... 183
2.1 Impact sur la connexité entre la comptabilité et la fiscalité ............................... 184
2.2 Complexification des retraitements fiscaux ........................................................ 191
2.3 Nécessité d’une amélioration de la réactivité de la législation fiscale ................201
Section 3 : Incidence sur le droit des affaires....................................................... 204
3.1 Effet sur les branches de droit du changement de paradigme comptable ............206
3.2 L’incidence sur le droit comptable ..................................................................... 209
3.3 Incidence indirecte sur le droit des affaires en général ....................................... 212
3.4 Incidence sur le comportement des acteurs ........................................................ 214
Webographie................................................................................................................ 262
3
Liste des abréviations et acronymes
AICPA : American Institute of Certified Public Accountant’s (États-Unis)
ANC : Autorité des Normes Comptables (France)1 ex CNC
ARC : Accounting Regulatory Committee (Union Européenne)
CESR : Committee of European Securities Regulators (Union Européenne)
CNC : Conseil National de la Comptabilité (France) remplacé par l’ANC
CNCC : Conseil des Normes Comptables (Canada)
CNCT : Conseil des Normes Comptables (Tunisie)
CPCFR : Committee on Private Company Financial Reporting (États-Unis)
EFRAG : European Financial Reporting Advisory Group (Union Européenne)
FASB : Federal Accounting Standards Board (États-Unis)
IAS : International Accounting Standards (International)
IASB : International Accounting Standards Board (International)
IFRS Foundation2/IASCF : International Accounting Standards Foundation
(International) remplacé par l’IFRS Foundation
ICCA : Institut Canadien des Comptables Agrès (Canada)
IFAC : International Federation of Accountants
IFRS : International Financial Reporting Standards (International)
IFRS Interpretation Committee/3IFRIC : International Financial Reporting
Interpretations Committee (International) remplacé par l’IFRS Interpretation Committee
ISAR : International Standard of Accounting and Reporting (International)
OECT : Ordre des Experts Comptables en Tunisie (Tunisie)
OHADA : Organisation d’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (International)
PCGR : Principe Comptable Généralement Reconnus (Canada)
PME : Petites et Moyennes Entreprises
SEC : Securities & Exchange Commission (États-Unis)
SIC : Standard Interpretation Committee (International)
TPE : Très Petites Entités
UE : Union Européenne
US GAAP : Generally Accepted Accounting Principles (États-Unis)
1
Ex CNC Comité Nationale de Comptabilité
2
Remplacé en 2010
3
Remplacé en 2010
4
Introduction générale
5
Introduction générale
4
GELARD. G (2010), « Présentation de la norme internationale IFRS pour PME », Bamako, JOAC Juillet 2010.
6
Introduction générale
7
Introduction générale
8
Introduction générale
9
Introduction générale
10
Partie 1 :
Présentation
de la norme
IASB « IFRS
pour PME »
11
Partie 1
Au départ, le besoin d’une information différentielle pour les PME n’était pas
réellement exprimé par les différentes législations comptables. En effet, on a considérait
généralement que l’utilité de l’information comptable et financière était la même pour toutes
les entreprises.
Ce n’est qu’en début des années quatre vingt que commençaient les premières
interrogations sur ce sujet. Les travaux de l’AICPA faisaient dans ce cadre référence. Plus
tard, plusieurs législateurs nationaux ont commencé à s’interroger sur le sujet et certains
même ont mis en œuvre des démarches, certes diverses, mais qui témoignaient néanmoins de
la prise de conscience que les besoins des utilisateurs des états financiers des petites et
moyennes entreprises étaient largement différents de ceux des autres utilisateurs et qu’à partir
de là une normalisation comptable spécifique à ces entités était plus que justifiée.
Dans ce contexte, l’IASB, normalisateur international privé, a lui aussi entamé des
recherches sur l’opportunité d’une normalisation spécifique au PME à partir de 2003. Ses
travaux plus approfondis, par rapport à ceux faites par les organismes nationaux, ont
nettement démontré la justification de la démarche de l’information différentielle pour les
PME. Ainsi, en 2009, l’IASB a publié la norme « IFRS pour PME » qui représente
l’aboutissement de ses travaux.
Dans ce cadre, nous allons présenter lors de cette première partie les principales
recherches faites par les organismes nationaux ainsi que de l’IASB sur la normalisation
spécifique des PME, les motivations de ces recherches ainsi que leurs résultats. Ensuite, nous
allons étudier le champ d’application de cette normalisation qui est la PME et les différentes
notions utilisées pour sa définition. Finalement lors du dernier chapitre, nous allons analyser
l’approche de normalisation adoptée par l’IASB pour l’élaboration de la norme IFRS pour
PME ainsi que les différentes simplifications retenues par rapport aux normes IAS/IFRS
complètes.
12
Chapitre 1 :
13
Recherches antérieures des normes comptables différentielles pour les PME
Historiquement, le débat sur la conception des normes comptables différentielles pour les
PME est relativement ancien. Il a, en effet, commencé aux Etats-Unis depuis 1976 et a été
relayé, ensuite, par d’autres pays à l’instar de l’Angleterre et d’autres pays européens, ainsi
que l’Australie et le Canada.
Parmi ces comités, l’ISAR6, groupe de travail intergouvernemental d'experts des normes
internationales de comptabilité, a aussi discuté de l’utilité des normes différentielles aux
PME. Les résultats des études entreprises par ce groupe ont abouti, à travers deux rapports
publiés en 20047, aux conclusions que les cadres et normes comptables adoptés à travers le
monde n’étaient pas pertinents aussi bien pour les pays en voie de développement que pour
les petites et moyennes entreprises dans pays développés. Il a, dans cadre, proposé un
ensemble de simplifications des règles de mesure et de publication spécifiquement pour ces
entités.
5
IASB: International Accounting Standards Board. est le bras armé de l’IFRS foundation en matière
de normalisation comptable. Composé de quatorze membres désignés pour leur compétence
reconnue en matière comptable, il est chargé d’élaborer, dans le respect d’un due process, les
normes IFRS. La composition des membres de l’IASB doit respecter un certain équilibre entre
experts comptables, financiers d'entreprise, investisseurs et universitaires.
6
ISAR: Intergovernmental Working Group of Experts on International Standards Accounting and
Reporting. Il s’agit d’un groupe de travail rattaché aux Nations Unis regroupant essentiellement les
représentants des pays de l’OCDE (Organisation pour la Coopération et le Développement
Economique).
7
CNUCED, (2004) « Directives de comptabilité et d’information financière pour les petites et
moyennes entreprises —Orientations pour les PME du niveau II et Directives de comptabilité et
d’information financière pour les petites et moyennes entreprises — Orientations pour les PME du
niveau III », New York et Genève, CNUCED, 2004. Les orientations pour les PME du niveau III visent
les micro-entreprises.
14
Recherches antérieures des normes comptables différentielles pour les PME
Outre l’ISAR, des initiatives de normalisation différentielle ont été prises par plusieurs
organismes comptables. Les approches suivies ont été différentes dans plusieurs pays tels que
les Etats-Unis, les pays de l’Union européenne, l’Australie, la Nouvelle Zélande, le Canada, la
Malaisie, le Sri-lanka, l’Afrique du Sud, Hong-Kong. Chaque pays où communauté a adopté
une approche spécifique en ce qui concerne les normes différentielles. Des critères différents
sont également retenus pour distinguer la grande de la petite entreprise tels que : le chiffre
d’affaires, l’effectif du personnel employé, le total des capitaux propres, le total brute de
l’actif, le volume des crédits reçus des banques. Le tableau présenté en Annexe 2 récapitule
ces différentes initiatives.
Un premier constat nous permettrait donc d’avancer que ces différentes approches
quoique diversifiées et non homogènes ont amorcé déjà les prémices de l’acceptation du
principe de la diversité des besoins des utilisateurs des états financiers des PME par rapport
aux utilisateurs des états financiers grandes entités. Ces efforts ont été repris, en 2001, par
l’IASB, à l’époque en pleine croissance, qui a publié un « Discussion Paper » sur le sujet afin
de fédérer toutes les opinions.
15
Recherches antérieures des normes comptables différentielles pour les PME
L’IFRS Foundation s’était appuyé, dans ce cadre, sur le fait qu’en général, le recours à
différentes méthodes comptables pourrait altérer les comparaisons effectuées par les
investisseurs, les prêteurs et d’autres utilisateurs de l’information financières. D’autre part, il a
affirmé que la présentation de normes mondiales d’information financière de haute qualité
serait bénéfique aussi bien pour les bailleurs de capitaux que pour les entités à la recherche de
capitaux. Tel serait le cas des PME dont les voies de financement seraient limitées à défaut de
pouvoir atteindre les marchés de capitaux exigeant une information financière de haute
qualité.
En juillet 2005, les Trustees de l’IFRS Foundation ont réaffirmé les objectifs de l’IASB
tel qu’énoncés dans ses statuts en ajoutant l’objectif (c), qui emploie l’expression « petites et
moyennes entités » ; ces objectifs sont les suivants :
(a) élaborer, dans l’intérêt général, un jeu unique de normes comptables de haute
qualité, compréhensibles et applicables dans le monde entier, imposant la fourniture dans les
états financiers et autres informations financières, d’informations de haute qualité,
transparentes et comparables, de manière à aider les différents intervenants sur les marchés de
capitaux dans le monde, ainsi que les autres utilisateurs, dans leurs prises de décisions
économiques ;
(b) promouvoir l’utilisation et l’application rigoureuse de ces normes ;
(c) remplir les objectifs associés aux points (a) et (b), tenir compte, comme il convient,
des besoins spécifiques des petites et moyennes entités et des économies émergentes ; et
(d) amener la convergence des normes comptables nationales, des normes comptables
internationales IAS et des normes internationales d’information financière IFRS vers des
solutions de haute qualité.
8
International Accounting Standards Comitee Foundation, (fondation IASC) qui constitue avec l’IFRS
Advisory Council, l’IFRS Interpretation Council, et le Conseil, les quatre organismes principaux de la
structure de l’IASB. Il est notamment chargé d’établir la stratégie de l’organisation.
16
Recherches antérieures des normes comptables différentielles pour les PME
Ces problématiques ont incité l’IASB à se pencher sur la question de développement des
normes comptables distinctes pour cette catégorie de sociétés en ayant comme objectif, tels
que présentés au niveau du document « Base de conclusion », de :
Fournir un référentiel comptable pour les PME de haute qualité, compréhensible et
surtout applicable : ce qui permettrait essentiellement de réduire l’asymétrie de l’information
comptable ; de favoriser la comparabilité des états financiers et d’augmenter la confiance des
lecteurs des états financiers dans la communication financière et comptable qui est faite;
Se focaliser sur la satisfaction des besoins des utilisateurs des états financiers des
PME : cet objectif pourrait être considéré comme la base de tout le travail qui a été fait vu que
la prise de conscience des particularités des utilisateurs des états financiers des PME et de
leurs besoins constitue un des principaux motifs qui a poussé l’IASB à entretenir un tel projet;
Développer un référentiel à partir du cadre conceptuel de l’IASB en optant dans son
approche pour le principe de l’information différentielle : ce qui a constitué un des facteurs
clés de succès de ce projet, car l’IASB, fort de la notoriété des normes IAS/IFRS, a estimé
que construire son projet de norme pour les PME à partir du cadre conceptuel et des normes
internationales IAS/IFRS ne peut qu’augmenter la confiance des lecteurs des états financiers
et leurs intérêts pour cette norme ;
Enfin, réduire le poids des obligations en termes de publications comptables pour les
PME qui voulaient utiliser un ensemble de règle comptable en prenant en considération
l’équilibre avantage/coût et les besoins des utilisateurs des états financiers.
17
Recherches antérieures des normes comptables différentielles pour les PME
18
Recherches antérieures des normes comptables différentielles pour les PME
C’est dans ce cadre d’idée que l’IASB a publié en février 2007 un exposé sondage
pour un projet de norme internationale intitulé « IFRS pour PME ».
19
Recherches antérieures des normes comptables différentielles pour les PME
Ces tendances ont été stimulées par la complexité des transactions financières et la
mondialisation des économies ainsi que le manque de confiance qui s’était emparé des
utilisateurs des états financiers vis-à-vis de l’information financière publiée par les sociétés
suite aux scandales qui ont secoué le monde des affaires.
Cette situation n’a pas été sans conséquence pour les PME qui, de plus en plus, se
seraient trouvé face à une surabondance des normes pour la plupart inadaptées à leurs besoins.
Néanmoins, selon l’approche suivie par les différents organismes de normalisation pour
adopter des normes différentielles, aussi bien les critères de distinction que le degré et
l’étendu des simplifications et adaptations pouvaient être différents. Ces approches variaient
largement au niveau du degré de l’allégement de certaines obligations de divulgation, de
mesure, ou de présentation et qui pesaient lourd pour les entreprises auxquelles seraient
destinées la réglementation.
20
Recherches antérieures des normes comptables différentielles pour les PME
Quatre ans plus tard, le FASB, l’organe de normalisation comptable américain sous la
tutelle du l’AICPA, a publié en novembre 1981 un appel à commentaires 13sur le sujet de
l’information comptable des sociétés fermées. Pour ses travaux, le FASB a demandé à une
équipe d’universitaires d’effectuer une étude sur l’information financière des sociétés
fermées.
9
AICPA : American Institute of Certified Public Accountants.
10
FASB: Financial Accounting Standards Board.
11
US GAAP: United State Generally Accepted Accounting Principales.
12
AICPA, 1976: 8-9
13
FASB, (1981), “Financial Reporting by Private and Small Public Companies; Is There need for a
change?” Stamford (Connecticut), 20 novembre 1981.
21
Recherches antérieures des normes comptables différentielles pour les PME
Le FASB, compte tenu de ces travaux, a conclu lors de rapport final que l’existence de
normes comptables distinctes pour les sociétés fermées n’était pas justifiée. Toutefois, il a
reconnu que quelques-unes de ses exigences et notamment en matière de divulgation et de
présentation ne devraient pas être appliquées à certaines entreprises de petite taille et il en a
décidé donc de leur restreindre le champ d'application.
Dés lors, ce n’est qu’en 2004, que l’AICPA a mis sur pied un groupe de travail pour
mener des recherches sur la mesure dans laquelle les états financiers selon le US GAAP, à
vocation générale, répondaient aux besoins des parties prenantes des sociétés fermées et pour
comparer les coûts associés à la production de ces états financiers aux avantages qui en
découlaient.
Un certain nombre de sondages a été effectué dans ce cadre. L’une des principales
conclusions qui s’en dégageait était que : « des changements fondamentaux doivent être
apportés au processus actuel de normalisation comptable pour faire en sorte que les besoins
d’information financière des parties prenantes des sociétés fermées soient satisfaits15».
Deux ans après, en juin 2006, le FASB et l’AICPA ont publié conjointement un appel à
commentaires sous l’intitulé « Enhancing the Financial Accounting and Reporting Standard
Setting Process for Private Companies », afin de cerner d’avantage les besoins des PME en
matière de divulgation financière et comptable.
En se basant sur les commentaires reçus, les deux organismes ont mis sur pied, en
décembre 2006, le Committee on Private Company Financial Reporting (CPCFR) dans le but
14
Ces sociétés doivent répondre à certains critères de taille.
15
AICPA, (2005), “Private Company Task Force Report”, New York, 28 février 2005, page 6.
22
Recherches antérieures des normes comptables différentielles pour les PME
«d’améliorer le processus actuel de normalisation du FASB de sorte que les besoins des
sociétés fermées soient pris en compte16» et d'identifier des secteurs dans les standards
existants et à d’adopter où des ajustements pourraient être faits pour les PME et faire ensuite
des recommandations au FASB.
Ce groupe de travail s’était aussi intéressé à relever les problèmes que rencontraient
spécifiquement les PME et de concevoir d’éventuelles solutions. Dans ce cadre, le CPCFR a
notamment été impliqué dans de nouvelles normes adoptées par le FASB, en mettant en
exergue le point de vue des sociétés fermées sur les questions comptables traitées et les
recommandations sur les manières les plus adaptées pour que ces normes soient applicables
pour ces sociétés. C’était notamment le cas du rapport fait par ce comité « FASB Exposure
Draft, Conceptual Framework for Financial Reporting: The Objective of Financial Reporting
and Qualitative Characteristics and Constraints of Decision-Useful Financial Reporting
Information ». Ce rapport faisait suite à l’exposé sondage du FASB relatif à « l’information
financière : objectifs et qualités ». Ce rapport publié en 2009, a exposé le point de vue des
sociétés fermées sur cette problématique et les recommandations pour une meilleure prise en
considération des besoins des PME dans ce cadre.
Cette situation a été différente de celle connu en Canada bien que la normalisation
comptable canadienne était historiquement fortement imprégnée par celle des Etats-Unis.
16
O’DELL. J H (2006), « to Chair Committee on Private Company Financial Reporting», communiqué
de presse de l’AICPA et du FASB, Norwalk (Connecticut, Etats-Unis), 7 décembre 2006
23
Recherches antérieures des normes comptables différentielles pour les PME
L’ICCA s’était basé sur le principe que « ce sont les besoins des
utilisateurs des états financiers qui déterminent le contenu des normes
comptables » (Chapitre 1000 du Manuel de l’ICCA). Ces besoins
d’informations dépendaient de facteurs, tels que, la mesure dans laquelle
les investisseurs, les prêteurs et d’autres personnes s’appuyaient sur les
états financiers pour prendre des décisions, et la nature des décisions
17
CNC : Conseil National de Comptabilité canadien.
18
ICCA : Institut Canadien des Comptables Agréés.
19
Principes Comptables Généralement Reconnus.
24
Recherches antérieures des normes comptables différentielles pour les PME
Par ailleurs, les PME, qui feraient partie du champ d’application de ces
traitements, pouvaient opter pour l’application totale ou partielle de ces
traitements comptables différentiels. Lorsqu’elles optaient pour un
traitement particulier, les PME ont été tenues d’en faire mention au niveau
des notes sur les principales conventions comptables appliquées. Par
ailleurs, une entreprise sans obligation publique de rendre des comptes ne
pouvait appliquer les traitements différentiels énoncés dans une norme
comptable que moyennant le consentement unanime de ses
propriétaires21.
20
Ce groupe d’étude canadien est chargé par l’ICCA d’établir un rapport de recherche ayant pour objectif d'examiner en
profondeur comment répondre de manière plus efficace aux besoins d'information financière des fournisseurs de capitaux des
PME, et dans quelle mesure il est possible de modifier l'information financière établie selon les PCGR afin de mieux
répondre à ces besoins.
21
Les PCGR canadiens Chapitre 1300 paragraphes 06.
25
Recherches antérieures des normes comptables différentielles pour les PME
Sur cette base, le groupe d'étude sur l'information financière des PME
a évalué les avantages et les inconvénients des différentes stratégies de
normalisation suivantes :
Un ensemble de PCGR propre aux PME ;
Des états financiers établis selon des règles comptables
appropriées communiquées aux lecteurs, autres que les PCGR, pour
répondre aux besoins d'utilisateurs prévus et identifiés ;
Des états financiers à vocation générale établis selon des
ensembles définis de règles comptables autres que les PCGR,
comme des méthodes fondées sur la comptabilité de caisse ou sur
les règles fiscales ;
Un nouveau type de rapport financier axé davantage sur les
décisions de gestion ; et
Un seul ensemble de PCGR comportant des règles différentielles
pour les PME.
26
Recherches antérieures des normes comptables différentielles pour les PME
Par contre, le CCID a estimé que cette voie impliquerait que la tenue à
jour des normes incomberait au normalisateur canadien d’ou qu’elle
pourrait être relativement coûteuse en temps et en argent et qu’elle
engendrerait au fil du temps, des différences importantes par rapport aux
IFRS et à l’IFRS proposée pour les PME ceci alors que le Canada se trouvait
dans une phase de convergence vers le référentiel IAS/IFRS 22 et que cela
pourrait se traduire par un manque de comparabilité par rapport aux PME
dans le monde et par un besoin constant de formation théorique et
pratique à l’égard de deux ensembles de normes différents.
27
Recherches antérieures des normes comptables différentielles pour les PME
28
Chapitre 2 :
29
Les objectifs de l’élaboration de la norme IFRS pour PME et la structure de la norme
30
Les objectifs de l’élaboration de la norme IFRS pour PME et la structure de la norme
31
Les objectifs de l’élaboration de la norme IFRS pour PME et la structure de la norme
32
Les objectifs de l’élaboration de la norme IFRS pour PME et la structure de la norme
Ce constat est particulièrement valable pour les PME que pour les
entreprises de grande taille. En effet, pour les grandes entreprises et les
multinationales, la solution était à travers l’application du référentiel
comptable international proposé par l’IASB. On remarquerait
certainement, dans ce cadre, l’engouement mondial qu’ont connu les
normes IAS/IFRS depuis un certain temps. Ceci était dû eu égard du besoin
des ces grandes sociétés d’un référentiel unique et fiable afin
d’harmoniser les pratiques comptables et d’uniformiser, ainsi, les clés de
performance.
24
IASB, « Base des Conclusions sur l’exposé sondage norme internationale IFRS pour PME » §12
33
Les objectifs de l’élaboration de la norme IFRS pour PME et la structure de la norme
25
Source : www.focusifrs.com/content/.../1/.../mazars-cdp_ifrspme_fev2008_fr.pdf
26
EFRAG: European Financial Reporting Advisory Group.
34
Les objectifs de l’élaboration de la norme IFRS pour PME et la structure de la norme
Par définition, une information est dite pertinente lorsqu’elle est de nature à favoriser une
prise de décision adéquate pour les utilisateurs en ayant une valeur prédictive, une valeur
rétrospective ou de confirmation et en étant divulguer en temps opportun. De même, une
information fiable est une information fidèle, neutre et vérifiable et n’inclut pas d’erreurs ou
de biais. La fiabilité englobe trois critères essentiels qui sont : la représentation fidèle, la
neutralité et la vérifiabilité.
Pour le cas des PME, une première observation, eu égard de ces définitions, nous a
permis de nous interroger déjà sur l’adéquation des cadres comptables et des traitements qui y
sont préconisés par rapport aux besoins particuliers des PME et de son impact sur l’assurance
de l’image fidèle des états financiers des PME.
En effet, les complexités des traitements et leurs déphasages par rapport aux opérations
faites par ces entités conjugué aux ressources humaines et matérielles limitées des PME ont
rendu difficile pour ces entités l’expression d’un jugement professionnel et les ont poussé
d’avantage à se conformer aux prescriptions d’ordre fiscales plus faciles et plus
contraignantes au détriment des règles comptables. De plus, ces difficultés ont impacté
nécessairement les délais de préparation des états financiers qui s’en trouvaient généralement
plus long ce qui a nuit particulièrement à la pertinence de l’information étant donné que les
utilisateurs des états financiers n’auraient pas une information en temps opportun.
35
Les objectifs de l’élaboration de la norme IFRS pour PME et la structure de la norme
Ces difficultés, qui entachaient considérablement l’effort des PME dans leurs quêtes
d’une information transparente, ont des répercussions négatives, pour le moins, sur leurs
relations que ce soit avec leurs partenaires économiques ou avec leurs bailleurs de fond et
autres investisseurs. En effet, pour les PME, on pourrait légitimement croire que ce besoin de
transparence était primordial à la nécessité de renforcer la confiance des investisseurs,
bailleurs de fonds, banquiers et autres acteurs intéressés par ces sociétés et d’améliorer par
conséquent la valorisation de l’entreprise. Dans ce cadre, le professeur BIHERAU a expliqué
que « cette transparence rend visible l’entreprise et permet d’appréhender les perspectives de
croissance et d’éviter les effets de surprise qui génèrent de fortes variations sur le cours de
bourse ».
C’est dans ce contexte que la norme IFRS pour PME, présentée par l’IASB, pourrait sans
doute contribuer à apporter plus de transparence et de comparabilité dans l’information
financière des PME et donner, en théorie, une crédibilité certaine, fondée sur la notoriété de
l’IASB comme organisme de normalisation. Cette crédibilité serait susceptible d’atténuer le
risque perçu de ces entités, de limiter l’asymétrie d’information et élargir ainsi le champ des
bailleurs de fond susceptibles de les financer et du même coup abaisser leurs coûts du capital.
Ce postulat pourrait être justifié à travers l’analyse des répercussions observées lors de
l’adoption par les grandes entreprises européennes et internationales des normes IAS/IFRS
puisque la norme « IFRS pour PME » était inspiré de l’idéologie des IFRS complètes. En
effet, il a été admis que pour arriver à une information transparente et de haute qualité, selon
le référentiel international, il serait nécessaire la mise en place de système d’information
capable de traiter l’information d’une manière fiable, systématique et sans biais, de
communiquer cette information aussi bien a niveau interne qu’externe sans retard ni
modification, et la nécessité de veiller d’une manière quasi permanente à ce que les
intervenants au niveau de ces système soient en phase avec ces derniers à travers la formation
continue et la mise à niveau. Ces changements organisationnels seraient sans doute un gage de
qualité bien appréciable par les utilisateurs des informations comptables et un support solide
pour la préparation des états financiers.
36
Les objectifs de l’élaboration de la norme IFRS pour PME et la structure de la norme
communication, bien détaillée et présentée, fournirait aux différents lecteurs une panoplie
d’informations utiles à la prise de décision.
Parmi ces nouveaux principes promus par les IFRS, on citerait celui de la prééminence de
la réalité économique sur la forme juridique. Ce principe explique que les traitements
comptables devaient traduire le plus fidèlement possible les opérations en tirant toutes les
conséquences des droits et obligations sans s'attacher à la forme juridique apparente. Il
conviendrait, désormais, de considérer les risques assumés et les avantages retirés par
l’entreprise pour déterminer le traitement à adopter pour une transaction, sans tenir compte de
montages juridiques qui pourraient masquer la réalité économique des relations entre
l’entreprise et un tiers. De ce concept, on noterait bien que les traitements comptables
devraient être l’acheminement d’un ensemble de processus de recherche et de reconnaissance
des différents aspects qui entoureraient les opérations et non seulement du simple constat figé
de la situation juridique.
Un autre principe promulgué par les normes internationales était celui de la juste valeur
(faire value). En effet, la plupart des comptabilités que nous connaissons, ont été basés sur des
principes de base bien établis, comme le concept de coût historique et le concept de prudence.
Cependant, à travers les divers études et recherches qui ont été réalisées, ces deux concepts
n’ont pas permit de fournir une évaluation suffisamment représentative de la situation des
entreprises ; d'ailleurs on a noté généralement un décalage important entre les valeurs
comptables et les valeurs de marché des biens détenus par les sociétés et ceci impactait
indéniablement la valeur des titres ou part des PME. Et c’est afin d'atteindre un meilleur degré
de pertinence que les normes IAS/lFRS ont introduit le principe de la juste valeur qui
reléguait en second plan ces deux concepts fondateurs.
37
Les objectifs de l’élaboration de la norme IFRS pour PME et la structure de la norme
Sur un plan externe, une normalisation comptable de haute qualité était de nature, d’une
part, à dynamiser l’investissement et notamment dans les PME. En effet, la globalisation des
marchés financiers dans le monde a imposé aux investisseurs la recherche en permanence des
niveaux de performance de plus en plus élevés. Ceci s’était traduit notamment par
l’accroissement de l’intérêt de ces porteurs de capitaux aux PME qui, de plus en plus, ont été
apporteurs de nouveaux concepts technologiques et économiques. Toutefois, sans une
information comptable claire et fiable renseignant sur les performances de ces entités, ces
investisseurs n’ont pas pu pas juger des rendements de ces dernières et étaient donc moins
tenter d’investir.
38
Les objectifs de l’élaboration de la norme IFRS pour PME et la structure de la norme
D’autre part, parmi les plus graves problèmes qui ont nuit au développement des PME,
en Tunisie et ailleurs dans le monde, seraient sans doute le manque de financement externe et
le coût élevé des fonds obtenus. Ces problèmes étaient dus au manque de visibilité par les
bailleurs de fond des performances et des risques liés aux activités des PME. Dans ce cadre, il
serait important de rappeler que les normes IAS/IFRS et notamment la norme IFRS pour PME
a été conçue particulièrement pour répondre aux besoins de cette catégorie d’utilisateur. C’est
la raison pour laquelle on parlait désormais d’information financière. D’ ailleurs parmi les
membres de l’IASB et des équipes techniques y figuraient des représentants des institutions
financières qui ont contribué à la préparation des dispositions normatives.
Sur un plan managérial, l’idéologie de la norme internationale IFRS pour les PME,
inspirée des normes IAS/IFRS, devrait contribuer à développer une nouvelle méthodologie de
gestion des PME. Cette méthodologie serait basée sur une nouvelle panoplie d’indicateurs de
performance et une approche de gestion de la PME fondée sur l’optimisation des rendements
des différents processus formant l’activité plutôt qu’à une approche liée au seul critère de
résultat. En effet, les dirigeants des PME se soucieraient d’avantage à de nouveaux facteurs de
performance différents de ceux précédemment utilisés et principalement liés aux les liquidités
et le résultat d’exploitation.
Dans ce cadre, en terme de performance, la PME ne serait plus analysée et jugée à partir
des seuls résultats qu’elle a enregistré ou de la situation de ses liquidités mais plutôt à partir
de la manière avec laquelle elle a obtenu et alloué ses ressources. Cette nouvelle vision
pourrait faciliter notamment l’accès des PME aux crédits du secteur financier « en
remplaçant progressivement les garanties réelles par l’analyse des performances
financières »27.
39
Les objectifs de l’élaboration de la norme IFRS pour PME et la structure de la norme
à ces besoins tels les systèmes liés à la gestion des immobilisations (définition des modes et
taux d’amortissement, impairement test, etc.), à la gestion commerciale (distinctions des
ventes à crédit, ventes à tempérament, etc.) et au système comptable.
Par ailleurs, la norme internationale pour les PME serait, aussi, une opportunité de
repenser et redéfinir les rôles de certains acteurs dans les PME. En effet, l’objectif de fiabilité
et de pertinence de l’information induirait, nécessairement, la décentralisation de
l’information ce qui engendrerait l’implication de différents acteurs dans la collecte, la
sélection, l’analyse et la transmission de l’information ce qui inciterait les PME de tirer profit
de son actif intellectuel qui est souvent mal exploité.
Tous ces changements, tant sur le niveau interne qu’externe, constitueraient sans doute
une plate forme idéale pour le développement des PME qui, n’oublions pas, un des piliers de
toute économie dans le monde. En effet, l’importance et le poids de ces entités ne serait pas à
vérifier même si les définitions proposées au niveau de chaque pays pouvaient varier parfois
sensiblement. C’est la raison pour laquelle nous présenterons dans la section suivante les
principales définitions et caractéristiques de la notion de PME dans différentes législations.
Dans ce cadre, nous allons présenter les diverses définitions proposées par l’IASB dans le
cadre de la norme IFRS pour PME et certaines législations comptables.
40
Les objectifs de l’élaboration de la norme IFRS pour PME et la structure de la norme
Cette distinction a été basée sur des critères qualitatifs quoique, lors des discussions et au
niveau du document « Base de conclusion » publié avec l’exposé sondage, les membres de
l’IASB ont évoqué un seuil de 50 salariés comme critère quantitatif afin de les aider à décider
des genres de transactions, d’événements et de conditions que l’on devrait explicitement
aborder dans l’IFRS pour les PME proposée.
Ces critères qualitatifs29 indiquaient que les PME, visées par cette réglementation, étaient
celles qui :
n’avaient pas de responsabilité publique ; et
publiaient des états financiers à usage général pour des utilisateurs externes. Les
utilisateurs externes comprenaient par exemple les propriétaires qui ne participaient
pas à la gestion de l’activité, les créanciers existants et potentiels et les agences de
notation de crédit.
28
Base de conclusion § 20.
29
Exposé sondage « IFRS pour PME » champs d’application Section 1-1
41
Les objectifs de l’élaboration de la norme IFRS pour PME et la structure de la norme
besoins spécifiques30. Cette première distinction des PME à travers l’identification des
utilisateurs des informations comptables a été largement critiquée puisque autant qu’elle était
cohérente elle ne pouvait pas être universelle et laissait un domaine vaste pour le jugement et
l’interprétation ce qui pourrait nuire à l’objectif de comparabilité recherché.
Pour définir le critère de responsabilité publique, l’IASB a précisé qu’une entité devait
satisfaire les deux critères suivants :
qu’elle a déposé ou était sur le point de déposer ses états financiers auprès d’une
autorité de réglementation des valeurs mobilières ou d’un autre organisme de régulation, aux
fins d’émettre une catégorie d’instruments sur un marché public ; ou
qu’elle détenait des actifs en qualité de fiduciaire pour de nombreux tiers, tels que les
banques, les entités d’assurance, les courtiers en valeurs mobilières, les fonds communs de
placement.31
30
Dans le cadre de son projet de norme l’IASB a identifié les banques, agences de notation,
fournisseurs, clients et associés non impliqués dans la gestion comme les destinataires qui font
partie de cette catégorie. Exposé-sondage « IFRS pour les PME » 1.1 (b) ; Base des conclusions sur
l’exposé sondage de la norme § 55.
31
Base de conclusion sur l’exposé sondage « IFRS pour PME », §34.
42
Les objectifs de l’élaboration de la norme IFRS pour PME et la structure de la norme
indiqué qu’il existait certaines situations où une entité pourrait être considérée comme ayant
une responsabilité publique, à savoir :
Les PME qui fournissent un service public essentiel32, et
Les PME importantes du point de vue économique dans leur propre pays33.
Ces deux situations ont été discutées au niveau des groupes de travail, instauré par
l’IASB, et même au niveau des réponses au document de réflexion qui ont précédé la
publication de l’exposé sondage. En effet, ces intervenants ont fait valoir qu’en plus de la
nature des utilisateurs des états financiers, la nature de l’activité commerciale, devait
déterminer si l’entité a une responsabilité publique. Dans ce cadre, ils ont fait remarquer que,
dans de nombreux pays, les entités qui fournissaient des services publics pouvaient être très
petites, par exemple, les sociétés de ramassage des ordures, les compagnies des eaux, les
compagnies locales de production ou de distribution d’énergie et sociétés locales de télévision
par câble. Le caractère de l’activité et son importance pour le pays pouvait l’amener à avoir
une responsabilité publique même si de point de vue de sa taille elle était considérée comme
une PME.
En outre, certains intervenants ont noté qu’une entité pourrait avoir aussi une
responsabilité publique si elle était importante du point de vue économique dans son propre
pays, sur la base de critères tels que l’actif total, le résultat total, le nombre d’employés, le
degré de domination du marché et la nature et l’ampleur des emprunts externes.
Toutefois, la plupart des personnes ayant répondu et le groupe de travail ont estimé que
l’importance économique d’une entité ne devait pas entraîner systématiquement la
responsabilité publique.
Sur ces deux aspects, le conseil a conclu que l’importance économique pouvait être plus
pertinente que la responsabilité politique et sociétale. La question de savoir si une telle
obligation de rendre compte exigeait des états financiers à usage général en appliquant les
IAS/IFRS complètes était une question dont il valait mieux laisser aux juridictions locales.
Nous partageons cette position d’autant que nous estimons que les situations et les
structures économiques pouvaient varier de manière considérable pour chaque pays et que
32
Base de conclusion sur l’exposé sondage « IFRS pour PME », §38.
33
Base de conclusion sur l’exposé sondage « IFRS pour PME », §39-40.
43
Les objectifs de l’élaboration de la norme IFRS pour PME et la structure de la norme
chaque législateur devait étudier ces aspects en tenant compte de la propre réalité économique
de son pays.
Néanmoins, il nous apparaît que les contours théoriques de la PME dessinés par l’IASB
pourraient servir de base pour toutes réflexions sur cette problématique.
Sur un autre plan, l’IASB a tenu de discuter de la question des très petites et micro entités
(TPE) et de leurs inclusion dans le périmètre de la norme IFRS pour PME. Il a conclut, lors de
ses délibérations qui ont précédé l’approbation de la norme, que sa norme ne s’adressait pas à
cette catégorie d’entreprise et ceci pour des raisons évidentes d’adéquation du rapport
avantage-coût. En effet, le normalisateur international a estimé que pour ces entités la norme
serait trop complexe et inappropriée par rapport à leurs besoins en raison notamment de la
nature des opérations qu’elles effectuent. De ce fait, l’IASB a considéré que les TPE ne
devraient pas être concernés par la norme IFRS pour PME.
44
Les objectifs de l’élaboration de la norme IFRS pour PME et la structure de la norme
34
FONAPRAM : Fond National de Promotion de l’Artisanat et des petits Métiers.
35
FOPRODI : Fond de Promotion et de la Décentralisation Industrielle.
45
Les objectifs de l’élaboration de la norme IFRS pour PME et la structure de la norme
36
Le critère «montant d’immobilisations nettes» s'entend «actifs nets immobilisés» conformément au système comptable des entreprises
et englobe :- les immobilisations incorporelles, - les immobilisations corporelles et les immobilisations financières.
46
Les objectifs de l’élaboration de la norme IFRS pour PME et la structure de la norme
47
Les objectifs de l’élaboration de la norme IFRS pour PME et la structure de la norme
2.2.3
Définition de la PME au Maroc :
Depuis la loi 53-00 formant « Charte de la PME » du 23 juillet 2002,
cette catégorie d'entreprise a une définition "officielle". Cette définition
reposait, entre autre, sur des critères qualitatifs et quantitatifs.
48
Les objectifs de l’élaboration de la norme IFRS pour PME et la structure de la norme
Par ailleurs, des critères de taille devaient aussi être satisfaits, ainsi
deux conditions ont été imposées pour qualifier une entité en tant que
PME, à savoir :
Avoir un effectif permanent ne dépassant pas 200 personnes,
Avoir réalisé, au cours des deux derniers exercices, soit un chiffre
d’affaires hors taxes inférieur à 12,5 millions de dinars tunisien, soit un
total de bilan inférieur à 8,3 millions de dinars tunisien.
Même si le SBA n’a pas été le premier aux Etats-Unis à proposer une définition de la
notion de PME il n’en demeurait pas moins, à notre avis, qu’elle était la plus importante.
37
Ce seuil peut, toutefois, être dépassé lorsque l'entreprise est détenue par des fonds collectifs
d'investissement, des sociétés d'investissement en capital, des organismes de capital risque, des
organismes financiers habilités à faire appel à l'épargne publique - à condition que ceux-ci
n'exercent, à titre individuel ou conjointement, aucun contrôle sur l'entreprise.
49
Les objectifs de l’élaboration de la norme IFRS pour PME et la structure de la norme
On remarquerait certainement que malgré que les critères qualitatifs jouaient un rôle
prépondérant dans cette définition de la PME, l’appréciation de leurs respects relevait du
domaine du jugement du l’administration.
Dans ce cadre, et en général, une petite entreprise était celle qui employait moins de
500 salariés, mais ce seuil était porté à 1.500 dans l'industrie manufacturière. Le chiffre
d'affaire annuel devait être inférieur à 5 millions de dollars dans les services, à 13,5 millions
de dollars dans le commerce, et à 17 millions de dollars dans la construction.
Dans ce cadre, ce groupe de travail, dans son rapport publié en 2005, a proposé une
structure différenciée des sociétés en trois niveaux, chaque niveau se caractérisait par des
obligations comptables différentes. Ces trois catégories de PME étaient : la micro entreprise,
la petite entreprise et la moyenne entreprise :
La micro entreprise se caractérisait par la conduite d’une activité simple comprenant
l’offre d’un seul produit, d’un seul service ou d’un seul type d’opération et occupant une à
cinq personnes. La taille et la nature de ses opérations ne nécessitaient pas réellement un
service comptable. La comptabilité de ces entreprises se résumait d’ailleurs à sa plus simple
expression : enregistrement des ventes, contrôle des dépenses et de rentabilité, et
établissement du décompte fiscal.
Cette définition de l’ISAR était intéressante dans la mesure où elle tenait compte de
l’hétérogénéité des PME, et de la diversité de leurs profils économiques. Elle comportait
également certaine précisions quant à la dimension du service comptable. Cependant, elle
présentait l’inconvénient de ne pas pouvoir être transposable dans tous les pays. D’ailleurs, le
groupe de travail de l’ISAR lui-même a conclut que la définition de l’entreprise par le critère
du nombre d’employés restait arbitraire et devait être utilisée avec nuance selon les pays.
L’ISAR, a estimé enfin qu’il était impossible de déterminer avec précision les lignes
de partage entre chacun de ces trois niveaux sans avoir une bonne connaissance de l’économie
dans laquelle l’entreprise exerçait ses activités. C’était à chaque État membre qui choisissait
d’appliquer cette solution qu’il revenait de définir ces niveaux.
C’était cet état d’indépendance par rapport aux normes IFRS complètes que l’IASB, dés
les premiers documents de recherche élaborés, a toujours soutenu concernant la norme IFRS
pour PME. En effet, pour l’IASB, même si ce projet a été conçu comme une continuité
logique des normes IFRS complètes, ceci n’empêchait nullement le fait que cette norme
devait être un référentiel à part entière pour les sociétés visées. Pour ce faire, l’IASB, ayant
38
Source: Http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais
51
Les objectifs de l’élaboration de la norme IFRS pour PME et la structure de la norme
étudié les différentes approches à suivre, a finalement opté pour l’approche de l’information
différentielle qui, selon lui, était la plus adéquate et ce afin de garantir la qualité et la fiabilité
de la norme.
Cette approche différentielle, définie comme une démarche « top down », s’était donc
caractérisée par un lien étroit entre la norme IFRS pour PME et les IFRS complètes. Sur le
plan pratique, ce lien a été matérialisé à travers divers aspects à savoir : les modifications et
les simplifications des dispositions des IFRS complètes ; l’adoption, pour la norme IFRS pour
PME, des choix ou options liés aux règles d’identification et de mesure les plus simples par
rapport à celles figurant aux normes IAS/IFRS ; l’allégement important du volume des
informations à fournir et finalement l’élimination des sujets et des traitements jugés non
pertinents ou complexes pour les PME.
En effet, malgré l’affirmation de l’IASB que la norme IFRS pour PME, tel que présenté
au niveau de l’exposé sondage, pouvait être utilisé sans retour aux normes IFRS complètes,
cette dernière en était tributaire puisque elle contenait plusieurs renvois aux dispositions des
normes IFRS complètes.
Ces renvois ont été fermement critiqués par les diverses personnes et organismes ayants
répondu au document de réflexion ou à l’exposé sondage de l’IASB car ils ont jugé qu’ils
pourraient créer une certaine confusion pour les préparateurs des états financiers des PME.
Cette confusion trouverait son origine dans le fait que ces derniers pouvaient estimer avoir à
choisir le traitement à appliquer en cas de divergences, entre les dispositions de la norme
IFRS pour PME et ceux des normes IFRS complètes, motivés par l’obligation de donner une
image fidèle de leurs situations.
l’appliquer dans son intégralité et ne devait pas être autorisée à appliquer le référentiel
IAS/IFRS en choisissant norme par norme ou principe par principe même au cas où les
dispositions de la norme IFRS pour PME ne permettaient pas la présentation d’une
information pertinente.
Dans ce cadre, l’IASB a jugé que si une telle situation se présentait pour une entité, cette
dernière aurait à considérer si elle devrait appliquer le référentiel IAS/IFRS et non la norme
IFRS pour PME.
Hormis ce point, les normalisateurs nationaux ainsi que les cabinets d’audit et les
professionnels exerçant dans le domaine de la comptabilité, ayant commenté l’exposé de
sondage, ont aussi critiqué le caractère autonome de la norme eu égard que, pour eux, pour
être autonome le projet de norme se devait de disposer d’un cadre conceptuel complet qui
définirait les concepts, principes et règles fondamentales d’évaluation et qui constituerait
l’ossature principale du projet et sa structure de référence.
En effet, le projet de norme, malgré qu’il a inclut une section consacrée au cadre
conceptuel, à été jugé par les divers intervenants comme insuffisant et incomplet, d’ailleurs,
l’IASB a recommandé aux sociétés qui appliqueraient la norme IFRS pour PME, et
rencontreraient potentiellement des situations non prévues par la dite section, qu’elles
devraient s’orienter vers le cadre conceptuel des IFRS complètes.
De plus, ces intervenants ont relevé que le fait que le projet de norme IFRS pour PME n’a
pas inclut parmi ses dispositions certains sujets comptables jugés non pertinents et non
fréquents pour les PME, et qui, par ailleurs, ont été présentés dans les IFRS complètes ; ceci
obligerait les PME au recours aux renvois à une IFRS particulière ou à une section de l’une
d’elles39 afin de présenter l’opération ou la transaction.
De plus, ils ont remarqué qu’au cas où le projet d’IFRS pour les PME n’aurait pas
couvert une transaction ou autre événement ou condition il a été prévu que la PME devrait
choisir une méthode comptable qui permettrait d’obtenir une information pertinente et fiable.
En faisant ce jugement, une entité aurait à considérer premièrement, les dispositions et les
commentaires de l’IFRS pour les PME proposée, traitant de questions similaires et liées, et
deuxièmement, des définitions, des critères de comptabilisation et des notions d’évaluation
39
Base de conclusion sur l’exposé sondage « IFRS pour PME » § 56(b)
53
Les objectifs de l’élaboration de la norme IFRS pour PME et la structure de la norme
relatives aux actifs, aux passifs, aux produits et aux charges et des principes généraux de la
section « concepts et principes généraux » du projet de norme. Si ces textes ne fournissaient
pas de guide, l’entité pourrait se référer aux dispositions et aux commentaires des IFRS, ainsi
qu’aux interprétations des IFRS traitant de questions similaires et liées40.
Tous ces aspects, bien que motivé par la volonté de faire bénéficier les PME des
différentes options et choix comptables prévues pour les sociétés cotées, pourraient créer,
selon ces intervenants, une véritable connexion entre les deux référentiels.
Pour ces organismes cette connexion présentait plus d’inconvénients que d’avantages. En
effet, quoique le recours aux IFRS complètes augmenterait indéniablement la fiabilité et la
pertinence des informations financières produites par les PME et pourrait constituer un palier
pour les PME pour l’apprentissage voir même l’application progressive des IFRS complètes,
elle limitait considérablement l’objectif d’allégement des obligations comptables en faveur
des PME puisque le recours aussi bien à la norme IFRS pour PME qu’ aux normes IFRS
complètes impliquerait la connaissance, la compréhension et l’application d’un volume
important de normes comptables. D’autre part, cette situation risquerait de diversifier
énormément les pratiques comptables des sociétés fermées qui auront un large éventail de
choix et méthodes comptables et par conséquent marginaliser l’objectif essentiel de
comparabilité des informations financières.
Tous ces critiques, que nous partageons, risquaient d’annihiler considérablement les
avantages dévolus à ce projet, à savoir la simplicité vu que plusieurs options seraient offertes
aux PME, la compréhensibilité eu égard que les PME auraient à traiter deux référentiels et
surtout l’adaptabilité aux besoins des PME si on considérait que sur certains sujets il n’y
aurait pas de simplifications importantes à introduire.
40
Base de conclusion sur l’exposé sondage « IFRS pour PME » § 56(c)
54
Les objectifs de l’élaboration de la norme IFRS pour PME et la structure de la norme
Ces recommandations ont été finalement approuvées et retenu par l’IASB pour la version
définitive de la norme IFRS pour PME, toutefois une seule exception a été introduite : la
norme IFRS pour PME a prévu pour les besoins d’évaluation et de présentation des
instruments financiers que les entités ont la faculté de choisir d'appliquer les dispositions des
sections 11 et 12 de la norme IFRS pour PME ou bien les dispositions d'IAS 39 "Instruments
financiers : comptabilisation et évaluation" selon le fait quel référentiel permet une
présentation meilleure.
Dans ce cadre, nous pensons que quoique cette dissociation pourrait impliquer une
meilleure prise en compte des besoins spécifiques utilisateurs des états financiers des PME,
elle demeurait inappropriée car elle risquerait de créer des déphasages importants.
Néanmoins, nous pensons que l’IASB devrait veiller, lors des discussions ou développement
des futures normes internationales, à analyser l’opportunité d’intégration des nouvelles
dispositions au niveau de la norme IFRS pour PME et les modalités de cette intégration.
55
Les objectifs de l’élaboration de la norme IFRS pour PME et la structure de la norme
l’inclusion des dispositions relatives aux PME au sein de chacune des normes IFRS complètes
auxquelles elles se rattachaient.
Pour l’IASB, afin de se prononcer sur le choix à faire, il a été primordial de définir
d’abord les critères de choix à adopter. Ces critères ont été concentrés autour de la satisfaction
des besoins des utilisateurs, l’objectif de simplicité et d’allégement des obligations des PME
et l’assurance de la compréhension à travers la clarté des dispositions de la norme.
Dans ce cadre, l’IASB a soutenu que la présentation d’un volume distinct pour la norme
procurerait, au regard de ces critères, certains avantages dont :
La facilité d’usage pour ceux qui chercheraient à appliquer l’IFRS pour les PME. Si
l’IFRS pour les PME traitait des transactions, des événements et des conditions rencontrés en
règle générale par les PME comptant environ 50 employés, une grande partie des dispositions
dans les IFRS complètes ne s’appliquerait pas normalement aux PME41.
La norme IFRS pour les PME pourrait être rédigée avec un langage simplifié sans les
détails nécessaires dans les IFRS complètes.
Cette première approche a d’ailleurs été retenue par le groupe de travail de l’ISAR, ainsi
qu’au Canada et au Royaume-Unis, où un document spécifique a été publié regroupant
l’ensemble des dispositions qui s’appliquaient aux PME.
Quant à une présentation se basant sur l’inclusion des dispositions relatives aux PME en
tant que section distincte de chaque IFRS (y compris les Interprétations), elle présentait les
avantages suivants :
Les modifications ou les exemptions seraient mises en lumière42.
Cela réduirait la probabilité que, en rédigeant des normes IASB pour les PME, une
différence non intentionnelle soit générée entre une IFRS et les dispositions correspondantes
dans l’IFRS pour les PME.
Cette approche serait aussi intéressante, à notre sens, afin d’assurer une certaine facilité
d’utilisation dans le cas où une PME, appliquant la norme IFRS pour PME, effectuerait une
opération ou se trouverait face à une situation non prévue par cette dernière et qu’elle devait
alors s’orienter vers le cadre comptable du référentiel IAS/IFRS.
41
Base de conclusion sur l’exposé sondage « IFRS pour PME » § 121.
42
Base de conclusion sur l’exposé sondage « IFRS pour PME » § 122.
56
Les objectifs de l’élaboration de la norme IFRS pour PME et la structure de la norme
Cette deuxième approche a été adoptée pour la normalisation comptable pour les PME
aux Etats-Unis et en Nouvelle Zélande.
Finalement, ayant considéré l’ensemble de ces arguments, l’IASB a plutôt privilégié une
présentation sous un volume distinct de la norme IFRS pour PME au lieu de la présentation au
sein des IFRS complètes.
A notre avis ce choix était nettement plus judicieux car, en plus des avantages procurés
déjà citées, ce choix offrirait aux utilisateurs de la norme pour les PME un référentiel moins
volumineux, plus lisible et par conséquent plus compréhensible. En effet, il nous semble que
se référer à un document comportant plus de deux mille pages 43, tel que les IFRS complètes,
pourrait constituer un frein psychologique à l’application pour les PME des différentes
dispositions de la norme.
Par ailleurs, ce choix était plus en harmonie avec le caractère autonome de la norme. En
effet, l’organisation par sujet ferait, d’une part, de la norme IFRS pour les PME une sorte de
manuel de référence et d’autre part, les utilisateurs de la norme auraient moins à se référer
et/où à comparer de manière systématique les principes et options inclus au sein de la norme
par rapport à ceux des IFRS complètes à moins que les cas étaient prévus déjà par la norme
elle même.
Sur un autre plan, en faisant le choix d’un volume distinct de la norme, l’IASB a estimé
bien fondée, pour son exposé sondage, la numérotation des dispositions relatives aux PME,
similaire à celle des IFRS complètes. Ce choix a été préféré à l’organisation par thème basée
sur l’ordre du bilan et du compte de résultat. En effet, l’utilisation du même système de
numérotation que les IFRS complètes permettrait ainsi à un utilisateur de se reporter plus
facilement aux IFRS complètes pour obtenir d’autres commentaires sur une question
comptable.
Cependant, les commentaires recueillis par l’IASB ont été majoritaires à préférer
l’organisation par thème du référentiel avec toutefois la possibilité d’inclure une référence à la
norme IAS/IFRS correspondante.
Ayant arrêté ses choix de présentation, l’IASB a publié la norme IFRS pour PME au
cours du mois de juillet 2009 seulement en langue anglaise. La norme était accompagnée
43
Le référentiel international IAS/IFRS dans sa version publié en 2004 contient 2200 pages.
57
Les objectifs de l’élaboration de la norme IFRS pour PME et la structure de la norme
d’une base de conclusions, d’un modèle d’états financiers et d’une check-list des informations
à fournir. La base de conclusions (50 pages) a explicité les positions prises par l’IASB
concernant les objectifs de la nouvelle norme, les entités concernées, la définition de la petite
et moyenne entité retenue, les utilisateurs des états financiers pour les PME, les sujets non
abordés, la base des simplifications souscrites et celles non adoptées.
La norme proprement dite (230 pages) a comporté une préface, 35 sections dont les titres
étaient souvent semblables à ceux des normes IAS/IFRS, un glossaire et une table de
correspondance des sections de la nouvelle norme avec les IFRS existantes.
Pour la question relative à la présentation des états financiers, le référentiel, tant dans sa
version ultime qu’au niveau de l'exposé-sondage, a prescrit le format des états financiers, les
titres, les sous-totaux, le nombre minimum de postes, l'ordre de présentation et les notes
annexes avec plus ou moins de précision.
Ce choix de la part de l’IASB était motivé, à notre sens, par la volonté d’assurer plus de
conformité et de comparabilité des états financiers. En effet, laisser ce choix aux différentes
juridictions nuirait, vraisemblablement, à la lecture des états financiers et impliquerait la
connaissance préalable ou la divulgation des principes de présentation retenus.
Par ailleurs, l’IASB a constitué un tableau des sources de la norme IFRS pour PME,
mettant en correspondance chaque section de la norme avec les normes IAS/IFRS, traitant du
même sujet (Annexe3). Ce tableau permettrait, en cas de difficulté d’application de certaines
dispositions de la norme IFRS PME, de se ressourcer à partir des normes IFRS complètes. Ce
tableau était d’autant plus important car certains sujets n’ont pas été traités par la norme pour
les PME et que les préparateurs des états financiers des PME pourraient y être confrontés.
particulier de comptabilisation ou d’évaluation et qui était traité par ailleurs dans une IFRS, ce
seraient les normes IAS/IFRS qui devraient s’appliquer. L’entité continuerait d’appliquer la
norme IFRS adaptée pour les PME pour le reste des états financiers. Chaque section de la
norme IFRS adaptée pour les PME devrait dans ce cadre mentionner explicitement ce recours
obligatoire aux IFRS.
Comme indiqué aux paragraphes précédents, cette question a été longtemps débattue par
l’IASB qui a finalement opté pour l’élimination de ces renvois par souci d’homogénéité et de
compréhensibilité de la norme IFRS pour les PME.
Néanmoins une exception a été maintenue concernant les méthodes d’évaluation des
instruments financiers. Ainsi, les préparateurs des états financiers d’une PME pourraient
choisir d'appliquer les dispositions d'IAS 39 « Instruments financiers : comptabilisation et
évaluation » au lieu des dispositions des sections 11 et 12 de la norme IFRS pour PME
relative au même sujet. Ce traitement a été adopté en raison notamment à cause de la
particularité de ces valeurs et des conséquences non moins importantes de la diversité des
méthodes d’évaluations.
Néanmoins, nous pensons que l’IASB aurait dû conditionner ce recours pour les entités
appliquant la norme IFRS pour PME. En effet, l’IASB a laissé le libre jugement aux entités
pour actionner cette option ce qui était, à notre sens, très risqué puisque les divergences
importantes entre les dispositions de ces deux normes seraient telles que la comparabilité de
l’information se trouverait fortement remise en cause.
3.4 Les traitements issus du référentiel « full IFRS » non traitées par
la norme IFRS pour PME :
A l’évidence, les PME, de par leurs tailles et la nature de leurs transactions, seraient
moins concernées par certains sujets ou traitements. Ce constat pourrait être considéré, à notre
avis, comme une des assertions essentielles liées au développement de la norme IFRS pour les
PME.
En tenant compte de cette assertion, certains thèmes n’ont pas été traité au niveau de
l’exposé sondage de la norme IFRS pour PME en considérant que ces derniers seraient soit
hors champ d’application de la norme eu égard de la définition de la PME retenue soit peu
susceptible d’intéresser les PME et/où supposés ne pas être pertinents pour une PME typique.
59
Les objectifs de l’élaboration de la norme IFRS pour PME et la structure de la norme
Parmi les principaux thèmes ayant été supprimés, on citerait : la limitation l'utilisation de
la juste valeur pour la détermination de la valeur des actifs biologiques, la suppression du
thème sur la comptabilisation chez le bailleur des contrats de location-financement puisque
les bailleurs financiers sont généralement des institutions financières et seraient de ce fait
situées hors du champ des PME, l’élimination aussi le dispositions relatives aux contrats
d’assurance car les assureurs ne seraient pas placés dans le champ d'application des PME.
Toutefois, suite à la quasi suppression des renvois aux normes IFRS complètes, l’IASB a
dû réécrire la norme IFRS pour les PME en la rendant plus détaillée et plus généraliste par
rapport au projet initial. En effet, l’IASB a décidé d’inclure parmi les dispositions de la norme
les transactions et les circonstances que les PME rencontreraient parfois mais non de manière
générale. Cette décision a donc induit la redéfinition des thèmes non traités par la norme.
Finalement le nouveau référentiel IFRS pour PME n'a pas abordé les sujets suivants, qui
en revanche pouvaient être appliqués par référence aux normes spécifiques dans les IFRS
complètes :
Les résultats par action ;
L'information financière intermédiaire ;
L'information sectorielle ; et
Les règles spécifiques de comptabilisation des actifs détenus en vue de la vente.
Nous allons discuter des raisons ayant motivées l’IASB dans sa logique de suppression de
ces thèmes au niveau du prochain chapitre.
En effet, l’IASB a décidé de reconduire, pour les besoins de la norme IFRS pour PME,
les mêmes dispositions de l’IFRS 1 « Première adoption des IFRS ». Cette dernière,
d’application obligatoire pour les grandes entreprises, s’appliquerait une seule fois et au
moment du basculement vers les normes IFRS. Elle permettait de fixer un point de départ à
60
Les objectifs de l’élaboration de la norme IFRS pour PME et la structure de la norme
partir duquel on présumait que les IFRS ont toujours été appliquées par la voie de
l’application rétrospective et/ou rétroactive de chaque IFRS.
Une autre procédure de simplification relative à la transition vers la norme IFRS pour
PME a été proposée par certains intervenants. En effet, ces derniers ont recommandé à l’IASB
d’inclure au niveau de la norme IFRS pour PME une exemption pour « impossibilité »
limitant ainsi, de manière générale, le traitement rétroactif des éléments bilanciels.
Face à cette requête l’IASB, au niveau de la version finale de la norme IFRS pour
PME, a décidé d’introduire une particularité qui n’était pas, dés lors, prévue au niveau des
IFRS complètes. En effet, l’IASB a inclut une exception générale à l’application rétrospective
de la norme. Toutefois, cette exception ne pourrait être invoquée que s’il est « irréalisable
44
» pour une entité de retraiter le bilan d’ouverture à la date de transition selon la norme IFRS
pour PME. Dans ce cadre, l’entité devait appliquer les retraitements à la première période
pour laquelle il serait réalisable de le faire, et devait indiquer cette exception à la date de
transition et le fait que les données présentées pour des périodes antérieures ne seraient pas
comparables.
Nous pensons, dans ce cadre, que cette exception générale quoiqu’elle inciterait
d’avantage les PME à appliquer la norme IFRS pour PME, elle pourrait être une échappatoire
44
Le glossaire des normes IAS/IFRS définit l’application d’une disposition comme irréalisable lorsque
« l’entité ne peut pas appliquer cette disposition après avoir mis en œuvre tous les efforts
raisonnable pour y parvenir ».
61
Les objectifs de l’élaboration de la norme IFRS pour PME et la structure de la norme
aisément invoquée pour ces entités face aux exigences de la norme. En effet, ce sont les PME
qui décideraient si elles sont ou non dans une telle situation et si cette exigence risquerait lors
de la transition vers la norme IFRS pour PME de retarder l’établissement des comptes.
45
Base de conclusion sur l’exposé sondage « IFRS pour PME » § 125.
62
Les objectifs de l’élaboration de la norme IFRS pour PME et la structure de la norme
Toutefois, les normalisateurs nationaux et les cabinets d’audit ont exprimé leurs
désaccords avec cette approche. Ils ont estimé que cette dernière imposerait aux PME des
obligations et des coûts de conformité probablement élevés or la plupart des PME n’ont pas
de ressources comptables internes ni la capacité d’utiliser les services de conseillers
comptables sur une base continue.
Ils ont alors demandé à ce que l’IFRS pour les PME devrait être mise à jour
uniquement de manière périodique, peut-être seulement une fois tous les deux ou trois ans. En
plus, ils ont exigé que chaque nouvelle IFRS ou Interprétation ou chaque amendement apporté
à une IFRS (y compris aux Interprétations) n’affecterait l’IFRS pour les PME que si il était
établi qu’elle satisferait les besoins des utilisateurs des états financiers des PME et en tenant
compte de la contrainte coût/avantage, certaines de ces modifications ne seraient peut-être
pertinentes que pour les IFRS complètes.
63
Chapitre 3 :
64
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
Afin d’assurer la réussite de la norme IFRS pour PME, et compte tenue de l’approche
différentielle adopté basée sur les normes IAS/IFRS, l’IASB était tenu de proposer des
simplifications quant aux méthodes de comptabilisation et d’évaluation par rapport à ces
normes. En outre, ces simplifications devaient se baser sur le postulat que les petites et
moyennes entreprises ne disposaient pas de ressources financières et humaines nécessaires
pour pouvoir se conformer d’une manière adéquate et satisfaisante à des obligations
comptables complexes et coûteuse que le référentiel international prévoyait.
En effet, l’IASB et le groupe de travail qu’il a mis en place ont, tout au long du processus
de développement de la norme IFRS pour PME, essayé de répondre à deux problématiques
majeures à savoir : partant des dispositions spécifiques des normes IFRS quelles sont les
simplifications et les allégements que nous devons inclure pour la norme IFRS pour
PME sans faire perdre à la norme sa qualité ? Et, est-ce que ces simplifications ou allégement
satisferons les besoins des utilisateurs sans dispenser aux PME des efforts démesurés ?
Partant de ces problématiques, l’IASB a scindé son travail en trois catégories que nous
allons présenter au niveau des prochaines sections. Ces catégories sont :
Les sujets non traités au niveau de la norme IFRS pour PME (section 1) ;
La simplification des méthodes de reconnaissance et de mesure et suppression de
certaines options comptables prévues par les IFRS complètes (section 2) ; et
La simplification des méthodes de présentation des états financiers et d’allégement
des informations à fournir (section 3).
65
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
Ces informations ont certainement une valeur prédictive car ils pouvaient être utiles pour
anticiper les résultats annuels de l’exercice en cours et ceux des exercices futurs, ou encore
pour dégager des tendances en matière d’évolution des résultats de l’entreprise, ou des cours
des actions.
Dans le cas particuliers des PME, en se basant sur le critère du besoin des utilisateurs,
l’IASB a considéré que des états financiers dressés sur une base annuelle seraient largement
suffisants à ces utilisateurs. Il a présumé que ces derniers seraient d’ailleurs beaucoup moins
concernés par les questions de prévision dans la mesure où leurs horizons temporels est
relativement plus court, et où leurs préoccupations seraient tournées beaucoup plus vers la
situation de trésorerie et ou les liquidités de la société que vers l’achat ou la vente de titres.
Pour ces raisons, l’IASB a cru évident que l’information financière intermédiaire ne
semblerait pas réellement être pertinente pour les PME. Par ailleurs, il a invoqué certaines
difficultés liées à l’établissement des états financiers intermédiaires, difficultés susceptibles
d’engendrer pour les PME des coûts supérieurs aux avantages procurés par cette information
intermédiaire. A partir de là, l’IASB a finalement décidé de ne pas inclure les dispositions
relatives aux états financiers intermédiaires parmi les dispositions de la norme IFRS pour
PME.
Nous pensons, dans ce cadre, que même si l’argumentation de l’IASB parait bien
construite, il est, néanmoins, évident que certaines PME pourraient avoir des obligations
contractuelles, envers les banques par exemple, ou réglementaires de présenter une
information intermédiaire. En plus, il nous paraît que l’établissement des états financiers
intermédiaires cadrerait parfaitement avec la volonté d’instaurer au sein des PME d’un
système d’information homogène et performant. Par ailleurs, autant que le normalisateur
international prônait que la norme IFRS pour PME serait plus qu’un système comptable mais
un outil de gestion, il serait évident que l’établissement de ces états intermédiaires seraient un
moyen efficace pour la bonne conduite des affaires.
Cependant, il nous semble utile de remarquer que pour être pertinent, ces états
intermédiaires devraient être publiés en temps opportun. Cette charge de travail importante et
les moyens financiers, que les PME auraient à sacrifier, pourraient sembler excessifs pour les
PME
66
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
Notons dans ce cadre qu’en Tunisie, la même démarche a été adoptée. Ainsi, malgré
l’existence de la norme comptable tunisienne 19 relative aux états financiers intermédiaires ;
celle ci n’était pas obligatoire pour les PME. En effet, elle ne s’appliquait qu’aux entreprises
qui en seraient tenues par la loi ou par les autorités de régulation ainsi qu’à celles qui
choisiraient de publier des états financiers intermédiaires couvrant une période plus courte
46
qu’un exercice complet à l’exemple des sociétés qui font appel public à l’épargne ainsi que
les sociétés d’investissement à capital variable47.
Ainsi, ces informations relatives aux différents types de produits ou services que
proposerait une entreprise et aux différentes zones géographiques dans lesquelles elle
opèrerait seraient utiles pour comprendre la performance passée de l’entreprise, évaluer les
risques et la rentabilité de l’entreprise et porter des jugements s’appuyant sur une meilleure
information. Toutefois, ces informations ne pouvaient pas nécessairement être déterminées à
partir des données globales issues des états financiers. C’est la raison pour laquelle l’IASB,
dans le cadre des normes IFRS complètes, a introduit la norme IFRS 8 qui traitait d’abord de
la segmentation de l’entité (en se basant sur des critères de gestion interne liés aux produits
vendus et/ou aux zones couvertes) et ensuite des types d’informations à fournir.
Dans ce cadre, les entités pouvant appliquées cette norme devaient disposer certainement
de système d’information détaillé permettant de ventiler les données selon le secteur d’activité
ou la zone géographique et à même de fournir cette catégorie d’information. Et même si dans
les cas où ces systèmes d’information « métier » ne disposeraient pas de cette information,
des modifications significatives des bases de donnée existantes et des processus
d’alimentation et de collecte de l’information s’avéreraient nécessaires pour pouvoir
divulguer d’une manière fiable une information sur les segments opérationnels et leurs
caractéristiques. Ces modifications amèneraient les entreprises à revoir la pertinence de
46
Article 21 de la loi n°94-117 du 14 novembre 1994, portant réorganisation du marché financier.
47
Article 8 de la loi n°2001-83 du 24 juillet 2001, portant promulgation du code des organismes de
placement.
67
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
Cette position a été largement soutenue par les diverses personnes ayants commentées le
projet de norme quoique certains d’entre elles ont indiqué que, même pour le cas des PME à
l’image des PME européennes et canadiennes, certaines d’entre elles pouvaient avoir
plusieurs lignes de produits ou de service et/ou qu’elles seraient implantées dans divers
régions dans le monde et que les dispenser de cette information remettrait certainement en
cause la qualité du reporting comptable et financier.
C’est pourquoi l’IASB a décidé que si une PME ressentirait le besoin de présenter une
information sectorielle et disposerait de l’infrastructure nécessaire pour le faire ; elle pourrait
divulguer une telle information en indiquant sur quel référentiel elle s’était basée.
Cette position nous paraît satisfaisante dans la mesure où nous croyons que, pour le cas
particulier des PME, l’information sectorielle représenterait une charge de travail très lourde
qui mobiliserait des ressources financières de l’entité alors qu’hormis le cas de certains pays
cette information serait superflue.
68
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
En ce sens, l’activité pourrait être soit un secteur isolable soit une unité d’exploitation soit
une filiale ou d’un groupe d’actifs. C’est pourquoi chaque activité de l’entreprise a sa propre
valeur et son propre risque qui en seraient associés.
Sur ce plan, l’information relative aux activités abandonnées permettait, par définition,
aux utilisateurs des états financiers d’évaluer les effets financiers de l’abandon de certaines
activités et de renseigner ainsi sur les évolutions futures des rendements et des risques de
l’entité.
S’appuyant sur le même ordre d’idée qui l’a motivé pour ne pas inclure parmi les
dispositions de la norme IFRS pour PME les dispositions relatives à l’information sectorielle,
l’IASB a jugé que l’information relative à l’abandon d’activité serait susceptible de
s’appliquer plutôt aux grandes entreprises multinationales qui disposeraient de plusieurs
lignes d’activité, ou qui opèreraient sur plusieurs zones géographiques.
69
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
Par ailleurs, au niveau de la section 38 «Transition à l’IFRS pour les PME » de la norme
IFRS pour PME, le normalisateur internationale a prévu une exception obligatoire lors de la
première adoption de la norme IFRS pour PME concernant l’information relative aux activités
abandonnées. En effet, la section a prévu qu’une entité ne devrait pas changer lors de
première application de la norme IFRS pour PME la méthode qu’elle a suivi pour la
présentation des informations relatives aux activités abandonnées et préparé en vertu de son
cadre comptable précédent. Cette exception a été adoptée pour les mêmes raisons que celles
qui ont motivé le normalisateur international de ne pas inclure les dispositions relatives à ce
sujet parmi les dispositions de la norme à savoir la difficulté inhérente au retraitement
rétroactif et les coûts excessifs qui seraient engagés pour un tel retraitement et qui, par
ailleurs, ne procureraient pas d’avantages significatifs par rapport à ces coûts48.
Même si les données de l’information sur « le résultat par action » présentaient des
limites en raison de l’emploi de méthodes comptables différentes pour déterminer le « résultat
», l’IAS 33 s’est concentré sur le dénominateur du calcul du résultat par action en se basant
sur le fait qu’un dénominateur déterminé de façon cohérente et permanente améliorerait
l’information financière.
48
IASB Update « norme IFRS pour PME » mois de Septembre 2008.
70
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
Intrinsèquement, la norme IAS devrait être appliquée par les entités dont les actions
ordinaires ou les actions ordinaires potentielles seraient cotées et par les entités qui seraient
dans un processus d’émission d’actions ordinaires ou d’actions ordinaires potentielles sur des
marchés organisés.
Ainsi, il semblerait évident que les dispositions de cette norme ne seraient pas pertinents
pour les petites et moyennes entreprises en raison du fait que son périmètre d’application
n’inclut pas les entités n’ayant pas de responsabilité public.
Nous allons, dans ce cadre, analyser les principales simplifications qui ont été introduites
au niveau de certaines sections de la norme IFRS pour PME.
De ce fait, une des principales simplifications liées aux traitements des instruments
financiers, était sans doute la limitation du recours à l’estimation de la juste valeur. En effet,
sur cette question, l’IASB, lors de ses réunions, a toujours émis le souhait que dans le cas où
49
Un instrument financier est un contrat qui, pour l’une des parties, est à l’origine d’un actif
financier et, pour l’autre, à l’origine soit d’un passif financier, soit d’un instrument de capitaux
propres. Les instruments financiers regroupent, d’une part, les instruments financiers primaires tels
que les créances, les dettes et les instruments de capitaux propres émis par une autre entreprise
et, d’autre part, les instruments financiers secondaires ou dérivés comme les swaps, les opérations
d’achat ou de vente à terme et les options.
71
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
une réestimation serait imposée tout commentaire « se bornant » à imposer la juste valeur
devrait être évité et remplacé par une description claire de la base d’évaluation requise.
Cette volonté a été motivée par le souci de préserver une plus grande lisibilité et d’une
meilleure compréhension des dispositions traitant des instruments financiers et qui pouvaient
être compromises par une sollicitation fréquente du jugement professionnel des préparateurs
des états financiers due à la recherche de la juste valeur des instruments financiers. En plus,
l’évaluation de la juste valeur des instruments financiers nécessitait souvent le recours à des
expertises généralement coûteuses et démesurées par rapport à l’utilité de l’information.
Un autre moyen de simplification a été aussi prévu par l’IASB quant à la présentation des
dispositions relatives aux instruments financiers. En effet, et afin d’assurer une plus grande
compréhension des dispositions traitant des instruments financiers, il a opté pour une
présentation de deux sections distinctes pour traiter les instruments financiers. Une première
section a été intitulée « Instruments financiers de base50 ». Cette section traitait des
instruments évalués au coût et au coût amorti 51 tels que les créances, les dettes et autres
instruments financiers de base. Une seconde section « Autres instruments financiers52 »
traitait des instruments financiers plus complexes qui seraient évalués à la juste valeur. Dans
le cas où une entité réaliserait uniquement des transactions impliquant des instruments
financiers de base, la section 12 ne s’appliquerait pas. Toutefois, l’entité devrait examiner s’il
y a lieu d’appliquer la section 12 et s’assurer qu’elle était dispensée de son application.
50
Traduction tirée des éditions Francis LEFEBVRE, « IFRS pour PME ».
51
La notion du coût amorti s’appuie sur l’identification de l’ensemble des flux de trésorerie liés à
une opération particulière. Cette notion consiste à dégager le taux d’intérêt effectif qui permet
d’égaliser la valeur actuelle des flux de trésorerie futurs à la valeur nette comptable de l’actif ou
passif financier.
52
Traduction tirée des éditions Francis LEFEBVRE, « IFRS pour PME ».
72
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
Dans ce cadre, et par mesure de simplification pour les PME, l’IASB a proposé de
réduire les attributs d’évaluation par défaut et de limiter l’emploi d’autres. Ainsi, ces attributs
ont été limités au seul recours à la juste valeur. Ainsi, la norme IFRS pour PME a prévu deux
classes d’instruments financiers, à savoir :
Les instruments financiers de base et qui sont évalués au coût ou au coût amorti ;
et
Les instruments financiers complexes, évalués à la juste valeur par le biais du
résultat.
Cette classification serait beaucoup plus aisée par rapport à celle imposée au niveau
de l’IAS 39. À ce titre, la norme IAS 39 identifiait quatre types d’instruments financiers, à
savoir : les actifs 53 et les passifs54 financiers détenus à des fins de transaction; les prêts et
53
Les actifs financiers détenus à des fins de transaction sont ceux acquis ou générés par
l’entreprise en vue de réaliser une plus-value sur des fluctuations à court terme des cours (ils ne
doivent pas être détenus pour une durée indéterminée) ou en vue de dégager une marge sur la
transaction.
54
Il s’agit de passifs financiers dont l’objectif principal est de dégager un bénéfice lié à une
fluctuation de prix à court terme ou à une marge sur la transaction.
73
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
créances55 ; les actifs financiers détenus jusqu’à leur échéance56 et les actifs financiers
disponibles à la vente57. Dans ce cadre, on remarquerait bien que certaines catégories
d’instrument financiers prévues par la norme IAS 39 tel que « les instruments financiers
disponibles à la vente » et « les instruments financiers détenus jusqu’à l’échéance » ne
figureraient plus au niveau de la norme IFRS pour PME.
Par ailleurs, la méthodologie appliquée au niveau de la norme pour les PME a évité à
ces dernières aussi bien d’évaluer de manière systématique les instruments financiers suite
aux changements qui pourraient intervenir au niveau des intentions de la direction ou des
données contractuelles que de procéder à des calculs complexes de rendements pour évaluer
ces derniers.
55
Les prêts et créances sont des actifs financiers que l’entreprise n’a pas l’intention de céder à
court terme, assortis d’échéances déterminées ou déterminables, non cotés sur un marché actif,
créés ou acquis par l’entreprise par mise à disposition de trésorerie, de biens ou de services
directement à un débiteur.
56
Les actifs financiers détenus jusqu’à leur échéance sont des actifs que l’entreprise a l’intention et
la capacité de conserver jusqu’à leur échéance et qui génèrent des paiements de flux de trésorerie
déterminés ou déterminables à une date d’échéance fixe.
57
La catégorie « actifs financiers disponibles à la vente » comprend tous les actifs financiers qui ne
répondent pas aux définitions des trois autres catégories. Elle inclut notamment tous les titres
cotés qui ne sont pas classés en titres de transaction.
58
Source IAS 39 « Instrument financier : comptabilisation et évaluation » §43. AG64-AG65
74
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
Evaluation ultérieure :
La divergence la plus significative qui se dégagerait entre la norme IFRS pour PME
et la norme IAS 39 serait l’application de la juste valeur lors de l’évaluation ultérieure des
instruments financiers.
Cette notion d’effort excessif n’a pas été développée par la norme mais nous
pensons que l’IASB a laissé le choix aux préparateurs des états financiers de juger de
l’importance et des coûts des travaux qu’ils auraient à accomplir pour obtenir l’évaluation
pour juger du caractère excessif de l’effort fourni.
59
Norme IFRS pour PME Section 11 §13
60
Norme IFRS pour PME Section 11 §14
75
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
En effet, selon les dispositions des deux normes, la meilleure mesure de cette juste
valeur serait le prix coté sur un marché actif 61. En l’absence de prix coté, le prix de la plus
récente transaction pour un instrument analogue fournissait des indications pertinentes sur la
juste valeur de l’instrument à moins que des changements significatifs des conditions
économiques ou un laps de temps significatif n’ait passé depuis la dernière transaction ou que
l’entité puisse prouver que le prix de la dernière transaction n’était pas une estimation fiable
de la juste valeur de l’instrument financier (par exemple vente forcée, liquidation involontaire,
etc.).
61
Norme IFRS pour PME Section 11 §27. IAS 39 « Instrument financier : comptabilisation et
évaluation ». §48
62
Norme IFRS pour PME Section 11 §28-§29. IAS 39.48. AG69-AG79.
63
Norme IFRS pour PME Section 11 §21, §26.
64
IAS 39 « Instrument financier : comptabilisation et évaluation » §58,§ 66,§69.
76
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
Un autre volet de simplification a été aussi introduit au niveau de la norme IFRS pour
PME, ce volet était relatif aux techniques de détermination de la dépréciation des instruments
financiers. En effet, la norme IFRS pour PME a présenté la dépréciation, pour un instrument
évalué au coût, comme égale à la différence entre la valeur comptable de l’actif et la meilleure
estimation du montant que l’entité recevrait si l’actif devait être vendu65.
Cette technique s’opposait à celle prévue au niveau de l’IAS 39 qui consistait au calcul
de la différence entre la valeur comptable de l’actif financier et la valeur actualisée des flux de
trésorerie futurs estimés, déterminée au taux d’intérêt actuel du marché pour un actif financier
similaire66.
On remarquerait bien, dans ce cadre, que, contrairement à l’IAS 39, la norme IFRS
pour PME a accordé à l’entité le choix de la méthode de détermination de la valeur
recouvrable de l’actif financier (meilleure estimation) sans lui imposer les modèles complexes
de calcul des rendements effectifs actualisés lié à l’instrument.
Ceci étant, à notre avis, cette simplification accorderait un large champ au jugement
professionnel des préparateurs des états financiers des PME, ce qui ne serait pas toujours la
meilleure alternative à choisir ni celle la plus prudente.
2.1.3 Décomptabilisation :
La décomptabilisation d’un instrument financier est l’opération comptable qui consiste
en la suppression du bilan d’une entité d’un actif financier ou d’un passif financier
comptabilisé antérieurement.
Dans ce cadre, les dispositions, qui ont régie l’opération de décomptabilisation d’un
instrument financier, tant au niveau IAS 39 et qu’au niveau de la norme IFRS pour PME, ont
65
Norme IFRS pour PME Section 11 §25b
66
IAS 39 « Instrument financier : comptabilisation et évaluation ». §66.
77
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
été particulièrement similaires aussi bien de part les conditions de sa réalisation que des
conséquences comptables qu’elle engendrerait. En effet, l’IASB n’a pas estimé nécessaire la
modification ou la simplification des dispositions traitant de la décomptabilisation des
instruments financiers.
67
Norme IFRS pour PME Section 12 §16.
78
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
68
IAS 39 « Instrument financier : comptabilisation et évaluation »§ 88.
69
Source : Focus IFRS, lettre trimestrielle N°10.
79
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
70
Norme IFRS pour PME Section 12 §18.
71
IAS 39 « Instrument financier : comptabilisation et évaluation §.82, IAS 32. »Instruments
financiers : classement Ȥ88.
80
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
À cet égard, nous avons relevé que la norme IFRS pour PME
n’exigeait pas de tests complexes et très détaillés sur l’efficacité d’une
couverture72comme le préconisait l’IAS 39. En effet, la norme IFRS pour
PME ne prévoyait pas d’évaluation quantitative de l’efficacité de
couverture73puisque cette évaluation serait, selon l’IASB, très complexe et
par conséquent difficile à réaliser pour les PME. Ceci constituerait une
simplification de taille par rapport aux dispositions de l’IAS 39 qui exigeait
que l’entité devrait réaliser ces tests rétrospectifs et prospectifs de
l’efficacité au moins une fois par période de reporting.
72
L’efficacité d’une couverture est le degré de compensation des variations de juste valeur ou de
flux de trésorerie de l’élément couvert attribuables au risque couvert par des variations de la juste
valeur ou des flux de trésorerie de l’instrument de couverture
73
Norme IFRS pour PME Section 12 §16d.
74
IAS 39 « Instrument financier : comptabilisation et évaluation »§95 au § 105
75
Norme IFRS pour PME Section 12 §23 – §25.
81
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
Les raisons qui ont motivé l’IASB pour proposer une telle option
seraient les suivantes:
(a) Bien que la section 11 proposait une approche plus simple de la
comptabilisation des instruments financiers que IAS 39, certaines des
simplifications impliqueraient l’élimination d’options qui sont disponibles
aux sociétés à responsabilité publique selon IAS 39.
(b) Du fait que la catégorie par défaut proposée selon l’IFRS pour les
PME pour les instruments financiers était la juste valeur par le biais du
compte de résultat, et que la catégorie évaluée au coût ou le coût amorti
n’était permise que lorsque des conditions spécifiées étaient réunies ;
alors que certains éléments évalués au coût ou au coût amorti selon IAS
39, en raison de leur nature, seraient évalués à la juste valeur par le biais
du compte de résultat en appliquant l’IFRS pour les PME. Certaines PME
pourraient trouver pesante cette valorisation à la juste valeur et voudront
opter pour les dispositions de l’IAS 39.
(c) Une entité pourrait prendre parfois ce qu’elle considèrerait
comme une « participation stratégique »77 dans des instruments de
capitaux propres émis par une autre entité. Ces entités estimeraient
généralement que la classification disponible à la vente de l’IAS 39 serait
appropriée pour rendre compte des participations stratégiques. Selon la
norme IFRS pour les PME, toutefois, ces participations stratégiques
devraient être comptabilisées à la juste valeur par le biais du compte de
résultat.
(d) Les dispositions relatives aux opérations de décomptabilisation
incluses au niveau de la norme IFRS pour les PME ne donneraient pas lieu
76
Norme IFRS pour PME Section 11§2 et Section 12 §2
77
Glossaire du référentiel IAS/IFRS : Une participation est dite « stratégique » si elle est faite dans
l’intention d’établir ou de maintenir sur le long terme une relation opérationnelle avec l’entité dans
laquelle une participation est prise.
82
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
Nous pensons dans ce cadre que le fait que la norme IFRS pour PME
était élaborée alors qu’une grande polémique, autour des normes IFRS 32
et 39 et leurs impacts sur les crises mondiales, s’était propagée a pesé
lourd dans ce choix. En effet, nous pensons que l’IASB a voulu, pour la
question spécifique des instruments financiers, mettre à la disposition des
PME toutes les options et choix de comptabilisation afin qu’elle détermine
la manière la plus adéquate pour transcrire dans ses comptes ces valeurs.
Parmi les dispositions pour lesquelles la norme IFRS pour PME se serait aligner à l’IFRS
3 nous pourrons citer la méthode de reconnaissance initiale et mesure du goodwill qui
préconisait que le goodwill serait calculé en tant que l’excédent du coût du regroupement
d’entreprises par rapport à la part d’intérêt de l’acquéreur dans la juste valeur nette des actifs,
passifs et passifs éventuels identifiables de l’entreprise acquise78.
83
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
goodwill seraient onéreuses pour les PME en raison des compétences et frais impliqués eu
égard que ces compétences seraient pour la plupart des cas extérieures à l’entité. Or il aurait
fallu éviter aux PME un effort démesuré dans leurs démarches de détermination de la juste
valeur de goodwill.
La norme IFRS pour PME, quant à elle, a proposé, qu’après sa comptabilisation initiale,
le goodwill acquis lors d’un regroupement devait être constaté au coût diminué des
amortissements et des dépréciations de valeur79. En plus, et c’est certainement la plus
importante innovation, si la PME n’était pas en mesure d’estimer de manière fiable la durée
de vie du goodwill, celle-ci serait présumée être de 10 ans.
Toutefois, jugeant que proposer uniquement une telle méthode serait arbitraire et ne
représenterait pas fidèlement la réalité économique, surtout au cas où la PME a la capacité à
partir d’indicateurs de dépréciation fournis d’estimer de manière fiable la durée de vie et la
valeur recouvrable du goodwill, l’IASB a décidé d’autoriser les dispositions régissant la
dépréciation des actifs.
En outre, l’IASB a jugé nécessaire, pour les cas où des PME opteraient pour la
détermination de la durée de vie du goodwill et non pas de prendre en compte la durée
79
Norme IFRS pour PME Section 19 §22-§23.
84
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
forfaitaire de 10 ans, d’ajouter des précisions pour leurs faciliter la tâche. Ces précisions
pourraient servir de guide pour les PME.
Parmi ces précisions, on noterait que la norme IFRS pour PME a précisé que dans le cas
où cette durée de vie serait issue des dispositions contractuelles ou autres dispositions
juridiques alors elle ne devait pas excéder cette période néanmoins elle pourrait être plus
courte selon les attentes de l’entité de l’utilisation de l’actif. En plus, si ces dispositions
contractuelles ou juridiques permettaient à l’entité de renouveler la période contractuelle ou
juridique alors la durée de vie de l’actif incorporel se devait d’inclure celle-ci seulement s’il
existerait des évidences que l’entité opterait pour le renouvellement et que ce dernier
n’impliquerait pas pour l’entité des coûts significatifs.
Toutefois, si malgré ces indices une entité n’était pas en mesure de calculer de manière
fiable la durée de vie de l’actif incorporel celle-ci serait présumée être de 10 ans.
À notre avis, quoique cette mesure de simplification puisse éviter aux préparateurs des
états financiers des PME la complexité de l’estimation de la durée de vie du goodwill et des
actifs incorporels, elle demeurait, à notre sens, trop arbitraire et altérerait la qualité de
l’information comptable puisque les entités auraient un libre choix de la détermination de la
durée de vie et pourraient utiliser ce choix pour niveler leurs résultats. En plus, la multitude
d’options offertes, dans ce cadre, limiterait certainement la comparabilité des états financiers.
Dans ce cadre, la norme IFRS pour PME a proposé une approche par indicateurs pour
relever si une dépréciation était présumée. Elle en a, d’ailleurs, inclue une liste d’indicateurs
de la dépréciation du goodwill à titre de guide pour les PME.
85
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
Ces indicateurs seraient fondés sur des sources d’information tant internes qu’externes ;
tels que le changement de la manière dont l’actif incorporel serait utilisé, l’obsolescence
technologique et le changement significatif dans le prix de l’actif sur le marché.
Autre simplification proposée par la norme IFRS pour PME était notamment celle
relative aux traitements des dépenses supportées pour la fabrication ou la création en interne
d’un actif incorporel ou du goodwill généré en interne, y compris les dépenses liées aux
activités de recherche et de développement.
La norme a indiqué que ces dépenses devaient être constatées comme des charges de
l’exercice. Ce traitement diffèrerait de celui prévu au niveau de la norme IAS 38
« Immobilisation Incorporelle » qui permettait, lors de la phase de développement, et sous
certaines conditions, d’immobiliser ces dépenses.
Enfin, la dernière simplification, par rapport aux IFRS complètes, incluse au niveau de la
norme IFRS pour PME, serait celle relative à l’évaluation de la valeur résiduelle 80 de l’actif
incorporel. En effet, l’IFRS 38 exigeait la mesure de la valeur résiduelle de l’actif
incorporel pour le besoin du calcul de son amortissement. Ce traitement impliquait le recours
à des expertises souvent coûteuses, c’est la raison pour laquelle la norme IFRS pour PME a
stipulé qu’une entité devait supposer que la valeur résiduelle d’une immobilisation
incorporelle à durée d’utilité finie est nulle, sauf si :
Toutes ces simplifications seraient, à notre avis, intéressantes dans la mesure où elles
éviteraient aux PME une charge de travail souvent importante et parfois démesurée par
rapport au volume d’actifs incorporels dont elles disposeraient. Néanmoins, en fixant ces
mesures, l’IASB aurait dû, à notre sens, limiter au minimum le recours au jugement
professionnel des préparateurs des états financiers des PME. Ceci serait en raison notamment
80
Glossaire référentiel IAS/IFRS : La valeur résiduelle d’une immobilisation incorporelle est le
montant estimé qu’une entité obtiendrait à ce jour de la sortie de l’actif, après déduction des coûts
de sortie estimés, si l’actif avait déjà l’âge et se trouvait déjà dans l’état prévu à la fin de sa durée
d’utilité.
86
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
Ainsi, adoptant cette logique, l’IASB a entrepris des modifications sur certaines
dispositions de l’IAS 27 « États financiers consolidés et individuels », de l’IAS 28
« Participations dans des entreprises associées » et l’IAS 31 « Participations dans des
coentreprises » afin de les adapter aux besoins des préparateurs des états financiers des PME.
Parmi ces modifications, on noterait celles relatives aux exemptions de consolidation qui
ont été prévues au niveau de la norme IFRS pour PME et qui en constituaient, d’ailleurs, une
particularité. En effet, la norme IFRS pour PME énonçait qu’une société mère n’était pas
tenue de consolider lorsque le contrôle qu’elle exerçait était temporaire et qu’il s’agissait de
filiale unique81.
Par ailleurs, la différence la plus significative entre la norme IFRS pour PME et les
normes IFRS complètes, concernait les méthodes d’évaluation de la participation.
Sur ce sujet, de nombreux préparateurs d’états financiers des PME ont mis en doute,
concernant la présentation des participations dans les sociétés associées et les sociétés
81
Norme IFRS pour PME Section 9§7- 9§9.
87
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
En effet, les commentaires de ces derniers ont indiqué à l’IASB que les PME pourraient
avoir certaine incommodité à appliquer cette méthode en raison de leurs difficultés voir même
incapacités à obtenir les informations exigées et que la nécessité de se conformer à ces
méthodes ne ferait qu’augmenter le fardeau des préparateurs des états financiers sans que ceci
ne procurerait à la PME un avantage particulier surtout qu’il existait des méthodes moins
contraignantes et adaptées à leurs besoins.
En outre, consulté par l’IASB, les prêteurs et les bailleurs de fonds ont indiqué, qu’en
règle générale, l’information présentée selon la méthode de la mise en équivalence et de
l’intégration proportionnelle serait d’un usage limité pour eux car elle ne serait pas utile dans
l’appréciation ni des flux de trésorerie futurs ni de la garantie du prêt. Les justes valeurs
seraient plus pertinentes à ces fins.
De plus, la majorité des avis ont été d’accord que la méthode du coût, qui est interdite
selon l’IAS 28 et l’IAS 31 sauf pour des cas bien déterminés, devrait être présentée comme la
méthode de base au niveau de l’IFRS pour les PME pour la comptabilisation de ces
participations. Selon cette méthode, une entité évaluerait ses titres dans des entreprises
associées et des entreprises contrôlées conjointement au coût diminué des dépréciations.
Après réflexions, l’IASB, en reconnaissant les problèmes spécifiques des PME dans
l’application de l’intégration proportionnelle ainsi que la pertinence des justes valeurs pour les
prêteurs, a conclu que les PME, pour la présentation de leurs participations dans des
entreprises associées et des entreprises contrôlées conjointement devraient être autorisées à
appliquer82 :
Soit la méthode du coût ;
Soit la méthode de la juste valeur par le biais du compte de résultat si un prix coté sur
un marché actif était disponible (méthode interdite au niveau de l’IAS 28 ;
Soit la méthode de mise en équivalence.
Enfin, notons que certains domaines couverts par les IFRS complètes n’ont pas été repris
au niveau de la norme IFRS pour PME, en raison notamment de l’improbabilité que les PME
82
Norme IFRS pour PME Section 14 §4, Section 15 §9.
88
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
en devaient faire face. Ces sujets seraient notamment : les conséquences de perte d’influence
notable pour la méthode de mise en équivalence, l’acquisition d’une participation dans une
entreprise associée, les accords contractuels.
Evaluation ultérieure des actifs corporels : au niveau de la norme IAS 16, deux
modèles d’évaluation ultérieure à la comptabilisation initiale d’un actif ont été prévus à
savoir : le modèle de coût indiquant qu’une immobilisation corporelle devait être
comptabilisée à son coût diminué du cumul des amortissements et du cumul des pertes de
valeur ; et le modèle optionnel de la réévaluation qui, quant à lui, proposait qu’une
immobilisation corporelle dont la juste valeur pouvait être évaluée de manière fiable devait
être comptabilisée à son montant réévalué à savoir sa juste valeur à la date de la réévaluation
diminuée du cumul des amortissements ultérieurs et du cumul de pertes de valeur ultérieures.
Au niveau de la norme IFRS pour PME, seul le modèle de coût a été préconisé84.
83
Norme IFRS pour PME Section 17 §2.
84
Norme IFRS pour PME Section 17 §15.
89
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
Les réévaluations ultérieures : l’IAS 16 a exigé que ces dernières soient effectuées
avec une régularité suffisante pour que la valeur comptable ne diffère pas de façon
significative de celle qui aurait été déterminée en utilisant la juste valeur à la date de clôture85.
Pour la norme IFRS pour PME, aussi bien la valeur résiduelle, la durée d’utilisation
que la dépréciation des immobilisations corporelles, ne seraient revues qu’en cas d’existence
d’indices indiquant que des changements significatifs ont été relevés nécessitant la
réestimation de ces éléments86. Ce traitement était différent de celui de la norme IAS 36
« Dépréciation d’Actifs » qui prévoyait une révision obligatoire de tous les éléments liés à
l’immobilisation même en cas d’inexistence d’indices les remettant en cause ; en plus cette
révision était à observer annuellement sauf si des indices indiquent qu’une période plus courte
serait plus appropriée87.
Nous relevons dans ce cadre les mêmes remarques faites auparavant à savoir qu’à
force de simplifier les dispositions des normes IAS/IFRS, l’IASB a laissé un large champ
d’interprétation et de jugement qui pourrait s’avérer risqué.
Notons enfin, que par rapport, à l’IAS 16, la norme IFRS pour PME ne traitait pas des
échanges d’actifs parmi ses dispositions. Sur ce point, l’IASB, après analyse des différents
tests sur le terrain que son staff a mené et qui ont montré que les PME en général ne traitaient
pas de cet aspect, a décidé de ne pas introduire au sein de la norme dédiée aux PME les
dispositions relatives à l’échange de bien car elles ne feraient qu’alourdir cette dernière.
85
IAS 16 « Immobilisation corporelles » §29-§ 31.
86
Norme IFRS pour PME Section 17 §22- §23.
87
IAS 16 « Immobilisation corporelles ». §60-§ 62.
88
Glossaire du référentiel IAS/IFRS : Un actif qualifié est un actif qui exige une longue période de
préparation avant de pouvoir être utilisé ou vendu.
90
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
Comparativement nous pensons que le traitement préconisé par la norme IFRS pour PME
était trop simpliste et risquerait de ne pas renseigner les utilisateurs des états financiers sur le
coût réel de l’actif ayant consommé le financement. En plus, nous croyons que les méthodes
de calcul de ces coûts ne sont pas très complexes pour les PME et que les informations
nécessaires pour ces calculs pourraient être aisément obtenues sans effort excessif ni de coût
important.
D’ailleurs, les normes tunisiennes traitant de ce sujet s’alignait sur le traitement préconisé
par l’IAS 23.
Nous pensons que ce traitement serait logique eu égard que les conditions d’activation de
ces coûts sont complexes puisque parmi ces conditions il y aurait la nécessité de
détermination des rendements futurs de ces actifs qui, à notre sens, ne serait pas adaptée au
cadre des PME.
Il a estimé, dans ce cadre, que la présomption, figurant dans IAS 41, que la juste
valeur pouvait être estimée pour les actifs biologiques n’était pas réaliste en ce qui concerne
les actifs biologiques de certaines PME. Certains commentaires ont même proposé que les
89
Actif biologique : selon IAS 41 l’actif biologique peut être soit un animal soit plante vivants.
91
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
De ce fait, l’IASB a conclu que les PME devraient être tenues d’appliquer le modèle
de la juste valeur par le biais du compte de résultat, uniquement lorsque la juste valeur serait
facile à déterminer sans coût ou effort excessif. Lorsque tel n’était pas le cas, les PME se
devaient de suivre le modèle du « coût – amortissement – dépréciation ». –
En effet, les plans d’achat d’actions et les plans d’options sur actions ont devenu une
pratique courante de la rémunération des membres du personnel, des administrateurs, des
cadres supérieurs et de bien d’autres salariés, y compris pour les PME. Par ailleurs, ces
dernières feraient de plus en plus souvent des émissions d’actions ou d’options sur actions
pour payer les fournisseurs, tels que les prestataires de services professionnels.
Néanmoins, l’IASB a jugé que certaines dispositions de l’IFRS 2 pourraient entraîner des
difficultés d’application pour les PME surtout celles ne disposant de personnel qualifié. Parmi
ces dispositions, il a, notamment, invoqué celles concernant l’évaluation des transactions dont
le paiement était fondé sur des actions et qui seraient réglées en instruments de capitaux
propres.
Pour cette évaluation, l’IFRS 2 imposait que ces transactions soient évaluées à la juste
valeur des biens ou des services reçus. Si l’entité ne pouvait estimer ces justes valeurs de
façon fiable, ce qui a été réputé être toujours le cas pour les transactions avec les membres du
personnel, les transactions seraient évaluées à la juste valeur des instruments de capitaux
92
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
propres attribués sans tenir compte des conditions d’acquisition des droits liées aux services
ou des conditions autres que les conditions de marché90.
Dans le cas d’une attribution d’options sur action, l’accord dont le paiement est fondé sur
des actions ne serait réglé définitivement que lorsque les options sur action seraient exercées
ou perdues (par exemple parce que la relation d’emploi a pris fin) ou lorsque les options se
périmeraient (par exemple à la fin de la durée de vie de l’option). De ce fait, l’entité devrait
comptabiliser les biens ou services reçus ou acquis au moment où elle aurait obtenu les biens
ou au fur et à mesure qu’elle aurait reçu les services, et évaluer la juste valeur de ces
instruments à la date de la transaction et à la fin de chaque période de reporting.
Jugeant que cette fréquence d’évaluation était trop lourde pour les PME, l’IASB a décidé,
dans le cadre de la norme IFRS pour PME, que la méthode de la valeur intrinsèque ne serait
évaluée que seulement lors de l'émission. Par conséquent les PME n’auront pas à actualiser
cette valeur en fonction de la date de règlement. Ce choix diffèrerait des recommandations
que certains normalisateurs nationaux qui ont proposé de limiter les obligations des PME aux
seules informations en notes annexes sans comptabilisation d'une charge.
Concernant l’évaluation de la juste valeur, l’IASB a décidé que les PME devraient
comptabiliser une charge pour les paiements fondés sur des actions et qui sont réglés en
instruments de capitaux propres, cette charge étant évaluée91 :
Sur la base des cours observables sur le marché, s'ils seraient disponibles, ou,
Sur la base de données de marché spécifiques observables, telles qu’une transaction
récente portant sur les actions de l’entité ou une évaluation indépendante récente à la
juste valeur de l’entité, ou à défaut,
A la juste valeur de ces instruments issue des meilleures estimations de la direction.
90
IFRS 2 « Paiement fondé sur des actions »§.10- §12-24.
91
Norme IFRS pour PME Section 26 §14.
93
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
Il ressort de ces dispositions que l’IASB a limité le recours à la juste valeur au cas où
aucunes autres informations fiables ne seraient obtenues. Par ailleurs, au cas où l’entité serait
obligée de recourir à la juste valeur, l’IASB a laissé le choix de la détermination de cette juste
valeur aux préparateurs des états financiers.
Cette approche nous semblerait non pertinente eu égard au faite que si une entité faisait
recours aux techniques du paiement fondé sur action, elle serait probablement en mesure de
déterminer la valeur de la contre partie en capitaux propres à décaisser. En effet, il serait
difficile de croire que les propriétaires des PME aient pris de telles décisions sans savoir, au
préalable, l’impact de ces décisions.
Selon les tests de terrains réalisés par l’IASB, cette catégorie d’actif n’était pas très
répondue au niveau des PME qui se caractérisaient plutôt par une préférence pour les dépôts
liquides que pour des actifs plus difficiles à liquider. De ce fait, l’IASB a décidé de simplifier
les méthodes de comptabilisation des immeubles de placement et notamment des modèles
d’évaluation initiale et ultérieure de ces actifs.
92
Norme IFRS pour PME Section 16 §1. IAS 40 §5.
93
Norme IFRS pour PME Section 16 §5- Section 25 §2.
94
IAS 40 » Immeuble de placement »§.30.
94
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
La norme IFRS pour PME, quant à elle, a permit l’évaluation des immeubles de
placement, sur option, en ayant recours soit au modèle du coût soit à celui de la juste valeur.
Dans ce cadre, la méthode à retenir serait tributaire de la capacité de la PME à déterminer la
juste valeur de l’actif de manière fiable et sans coût ni effort démesuré95.
Nous pensons, à l’instar de l’IASB, que cette catégorie d’actif n’était pas propre aux
PME de ce fait les simplifications proposées nous semblerait adéquates.
Dans certains cas, ces conventions seraient imposées par la législation et ne seraient donc
pas introduites à l’initiative de l’entité. Elles incluaient par exemple : les prestations de
retraite, telles que les pensions, et les autres prestations postérieures à l’emploi, telles que
l’assurance vie et l’assistance médicale postérieure à l’emploi.
Les régimes d’avantages postérieurs à l’emploi ont été classés en deux 96 :
Le régime à cotisations définies en vertu duquel l’entité serait tenue de verser des
cotisations définies à une entité distincte (fonds), et que cette entité n’a aucune obligation
juridique ou implicite de payer des cotisations supplémentaires ou des prestations directes aux
membres du personnel si le régime ne comportait pas suffisamment d’actifs pour servir tous
95
Norme IFRS pour PME Section 16 §.7- §8
96
Norme IFRS pour PME Section 28 §10. IAS 19 §7, §25-§26.
95
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
les avantages correspondant aux services rendus par le personnel pendant la période en cours
et les périodes antérieures.
Le régime à prestations définies qui désigne les régimes d’avantages postérieurs à
l’emploi autres que les régimes à cotisations définies.
Sur la question des simplifications à apporter au niveau de cette rubrique, l’IASB avait
initialement prévu de ne pas inclure au niveau de l’IFRS pour PME de commentaires sur la
comptabilisation des régimes à prestations définies, au motif que peu de PME ont de tels
régimes. L’IFRS pour les PME aurait inclue un renvoi aux dispositions de l’IAS 19 pour les
PME « atypiques » qui auraient de tels régimes.
Toutefois, de nombreux commentaires ont indiqué à l’IASB que dans certains pays, la
législation imposait aux PME de fournir des avantages aux membres du personnel selon des
modalités équivalentes à celles d’un régime de retraite à prestations définies. Ils ont
recommandé que l’IFRS pour les PME devait inclure des dispositions comptables relatives à
de tels régimes fondées sur celles figurant dans IAS 19 mais sous une forme simplifiée.
L’IASB a finalement partagé cet avis.
Ce dernier a, donc, demandé au staff technique de développer une approche qui serait
plus en ligne avec l'actuelle norme IAS 19 et qui pourrait en plus être mise en œuvre par les
PME sans avoir à recourir à des experts extérieurs. En effet, parmi les principales complexités
de la norme internationale on distinguait celle relative à la comptabilisation des profits et
pertes actuariels97 et le recours à la méthode des unités projetées pour déterminer d’une part la
valeur actualisée des obligations au titre des prestations définies et d’autre part le coût
correspondant aux services rendus au cours de la période et, le cas échéant, le coût des
services passés.
Et c’est sur ces points que l’IASB a introduit les simplifications les plus notables. Nous
allons, dans les tableaux qui suivent, présenter les principaux points ayants été modifiés pour
les besoins de la norme IFRS pour PME :
IFRS pour PME « full IFRS »
Si une entité est à même, sans coût ni effort excessifs, La méthode des unités de crédit
d’utiliser la méthode des unités de crédit projetées pour projetées) doit être utilisée pour le
97
Méthode d’évaluation actuarielle qui considère que chaque période de service donne lieu à une
unité supplémentaire de droits à prestations et évalue séparément chacune de ces unités pour
obtenir l’obligation finale (parfois appelée méthode de répartition au prorata des années de service
ou méthode des prestations par année de service).
96
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
évaluer son obligation au titre des prestations définies et calcul des obligations au titre des
la charge y afférente, elle doit le faire. prestations définies.
Cette IFRS n’impose pas à une entité d’engager un
actuaire indépendant pour mener l’évaluation actuarielle
complète nécessaire. Elle n’impose pas non plus de mener
une évaluation actuarielle complète chaque année.
IFRS pour PME §28.18-28.20 IAS 19.64-.65
Tableau 1 : Simplification des méthodes d’évaluation actuarielle
Une autre simplification majeure, par rapport à l’IAS 19, introduite au niveau de la norme
IFRS pour PME concernait la considération qu’il n’y avait pas de différence entre le
rendement attendu des actifs d’un régime et le rendement effectif de ces derniers.
En effet, l’IASB, au cours de ces tests de terrain, a constaté qu’il était pratique courante
pour les entités de faire appel aux services d’un actuaire pour effectuer l’évaluation actuarielle
des obligations liées aux régimes à prestations définies. Ce recours a été nécessité par la
98
Dans les pays où il n’y a pas de marché actif pour de telles obligations, l’entité doit utiliser les
rendements du marché des obligations d’Etat.
97
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
grande variété des hypothèses en jeu entrainant la complexité des calculs des rendements
effectifs des actifs du régime. C’est pourquoi la section 28 de la norme IFRS pour PME n’a
pas imposé de tels calculs et a prévu qu’à la date de l’échéance des dits actifs la différence
entre la juste valeur de l’actif à cette date et sa valeur comptable est inscrite en résultat de
l’exercice.
98
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
Cette mesure est conséquente du non prise en compte des écarts actuariels lors de
l’évaluation de l’obligation liée au régime
99
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
cette méthode, seuls les impôts sur le résultat actuellement à payer ou à rembourser seraient
comptabilisés. Ainsi, les impôts différés ne seraient pas comptabilisés.
Toutefois, d’autres utilisateurs des états financiers de PME n’ont été pas d’accord sur
l’éventuelle application de cette méthode en raison notamment du faite que les impôts différés
seraient des passifs (ou parfois des actifs) pouvant entraîner des sorties (entrées) importantes
de trésorerie dans un avenir proche et qu’à partir de là, ils devraient être comptabilisés afin de
préserver la sincérité des états financiers.
Après avoir analysé tous ces commentaires, l’IASB a conclu que s’écarter
fondamentalement des principes de comptabilisation de l’IAS 12 « Impôts sur le résultat »
n’était pas justifié sur la base du rapport coût-avantage.
En outre, l’IASB a estimé que les impôts différés répondaient aux dispositions de
comptabilisation en actifs et passifs et pourraient faire l’objet d’une évaluation fiable.
Cependant, tout en estimant que le principe de la comptabilisation d’actifs et de passifs
d’impôt différé était approprié pour les PME, il a été jugé que la mise en œuvre de ce principe
pourrait être simplifiée pour les PME afin de ne pas obliger ces dernières à un effort excessif.
Dans ce cadre, la section 29 de la norme IFRS pour les PME a introduit la notion de
dépréciation pour traduire la différence entre la valeur comptable nette de l‘actif de l’impôt
différé et le montant le plus élevé dont le recouvrement était plus probable qu’improbable100.
Ce concept de dépréciation était une spécificité de la norme IFRS pour PME et qui ne
s’appliquait pas au niveau de l’IAS 12. En effet, cette dernière indiquait que pour
comptabiliser un actif d’impôt différé il aurait fallu qu’il soit probable que les bénéfices
imposables futurs suffiront pour recouvrer cet actif. Cette exigence prévue par l’IAS 12
impliquait certainement un effort de projection future de la part des préparateurs des états
financiers qui serait très délicat surtout au cas ou cette projection s’étalerait sur une période
longue ou au cas ou les conjonctures économiques ne faciliterait pas de tel exercice.
C’est alors pourquoi qu’au niveau de la norme IFRS pour les PME, l’IASB a utilisé la
notion de « plus probable qu’improbable ». Ce recours laisse un large domaine de liberté pour
les PME pour ce genre de calcul tout en introduisant cette notion de dépréciation afin
100
Norme IFRS pour PME Section 29 §18- §19.
100
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
d’obliger ces derniers de revoir périodiquement leurs estimations des bénéfices imposables
futurs101.
Un autre nouveau concept a été utilisé au niveau de la norme IFRS pour les PME, par
rapport aux IFRS complètes, c’est celui de la comptabilisation d’un impôt différé sur les
positions fiscales incertaines de la PME pour lesquelles un redressement serait possible en cas
de contrôle fiscal. L’impôt serait évalué en utilisant la probabilité moyenne pondérée de tous
les résultats envisageables102.
Cette procédure n’étant pas actuellement incluse au niveau de l’IAS 12 103. En effet,
l’IASB a estimé que clarifier pour les PME les traitements à faire en matière d’impôt différé
lié à une situation fiscale incertaine ne ferait qu’augmenter la fiabilité des états financiers de
ces entités et faciliterait la tâche des préparateurs des états financiers des PME.
Dans ce cadre, l’IASB lors de l’élaboration de la norme IFRS pour PME a décidé de
garder, pour leurs majeures parties, les mêmes formats et les mêmes structures qu’il a déjà
imposé au niveau de son référentiel pour les grandes entreprises.
101
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
résultat, un état des variations des capitaux propres, un tableau des flux de trésorerie et des
notes contenant un résumé des principales méthodes comptables et les autres notes
explicatives.
Toutefois, certaines modifications étaient nécessaires d’une part pour tenir compte des
simplifications entreprises au niveau des normes techniques et d’autre part suite au constat
que l’IASB a fait concernant l’adaptabilité de certains états aux besoins spécifiques des
utilisateurs des états financiers des PME.
Dans ce cadre, bien que l’IAS 1 et la section 3 de la norme IFRS pour PME ont fixé les
mêmes critères de distinction pour la présentation au bilan les actifs courants et non courants
et les passifs courants et non courants, une exception a été prévue pour la norme dédiée aux
PME. En effet, l’IASB a jugé opportun de prévoir qu’une PME pourrait opter pour une
présentation de ces postes selon le critère de liquidité s’il était démontré que celle-ci
apporterait des informations fiables et plus pertinentes. Lorsque cette exception s’applique,
tous les actifs et passifs doivent être présentés par ordre de liquidité.
102
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
103
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
La première consisterait à présenter un seul état de résultat global intégrant les produits et
charges identifiés par la norme comme étant « les autres éléments du résultat global105 et les
éléments directement imputés en capitaux propres. L’analyse des charges serait présentée soit
par nature soit par fonction.
Cette option, prévue par le normalisateur international, présenterait, à notre avis, une
mesure importante de simplification dans la mesure où cela permettrait de condenser les
informations au niveau d’un seul état qui serait à la fois l’indicateur de performance de la
société et en même temps le révélateur de la source des autres éléments de performance non
imputé directement à l’exploitation.
En ce qui concerne le tableau de variation des capitaux propres, cet état reflèterait
l’augmentation ou la diminution de l’actif net d’une société au cours de la période. A
l’exception des variations des capitaux propres résultant de transactions avec des porteurs de
capitaux propres agissant en cette qualité (telles que apports de capitaux, rachat par
105
Selon la version actuelle d'IAS 1 "Présentation des états financiers" (§ 7), le "résultat" est le total
des produits diminués des charges, à l'exclusion des composantes des autres éléments du résultat
global. Les "autres éléments du résultat global" comprennent les éléments de produits et de
charges (y compris les ajustements de reclassement) qui ne sont pas comptabilisés dans le résultat
comme l'imposent ou l'autorisent d'autres IFRS ; ils incluent, notamment, les variations de
l'excédent de réévaluation des immobilisations incorporelles et corporelles, les écarts actuariels sur
l'obligation au titre des prestations définies, les profits et pertes résultant de la conversion des
états financiers d'une activité à l'étranger ou encore, les profits et pertes relatifs à la réévaluation
d'actifs financiers disponibles à la vente. Le "résultat global total" est la variation des capitaux
propres, au cours d'une période, qui résulte de transactions et d'autres évènements autres que les
variations résultant de transactions avec les propriétaires agissant en cette qualité.
104
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
L’IASB a estimé dans ce cadre que si les seules variations des capitaux propres d’une
entité au cours de la période au titre desquelles les états financiers qui seraient présentées
découleraient du résultat, du paiement de dividendes, des corrections d’erreurs d’une période
précédente et de changements de méthode comptable, l’entité pourrait alors présenter un état
unique dénommé compte de résultat et résultats non distribués au lieu du compte de
résultat et de l’état des variations des capitaux propres.
Le compte de résultat et résultats non distribués refléterait donc le résultat d’une entité
ainsi que les variations des résultats non distribués au titre d’une période de reporting.
Les raisons avancées par l’IASB pour légitimer ces réductions sont de trois principaux
types à savoir que :
Certaines informations à fournir ne seraient pas incluses car elles se rapportaient aux
sujets couverts dans les IFRS et qui sont omis dans le projet d’IFRS pour les PME.
105
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
Sur cet aspect, nous pensons que ces postulats, ayant servis de guide pour l’IASB dans sa
démarche de sélection des informations qui seraient pertinentes ou non pour les utilisateurs
des PME, seraient inadaptés au processus de développement de la norme IFRS pour PME.
En effet, nous croyons que ces postulats seraient en désaccord avec l’objectif de
développement des PME car une des motivations pour les législateurs nationaux liées à
l’adoption de la norme était que cette dernière serait un « passeport » pour les PME afin de
s’exporter au-delà de ces frontières nationales. A partir de là, la gamme des utilisateurs des
106
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
états financiers des PME serait largement modifiée et les besoins en informations seraient
beaucoup plus vastes. Nous pensons, en outre, que l’IASB a pris en compte ces critères en
visant afin notamment de garantir la réussite de cette norme et par conséquent son acceptation
et non pour des raisons d’allégement ce qui constituerait à notre avis une entrave majeure à la
qualité de l’information.
Ce choix a conduit, d’ailleurs, l’IASB à écarter de la norme IFRS pour PME certaines
exigences en matière d’information à fournir préconisées au niveau des IFRS complètes à
l’image des analyses de sensibilité prévues au niveau de certaines normes IFRS106.
Cette analyse de sensibilité consistait en une démarche selon laquelle une entité testait la
sensibilité des valeurs comptables aux méthodes, hypothèses et estimations qui formaient la
base de leur calcul et en évaluerait les conséquences que ce soit sur le résultat ou sur les
capitaux propres et donnerait en conséquence information aux actionnaires sur les raisons de
cette sensibilité. Cette analyse de sensibilité a été jugée trop complexe et inappropriée pour le
contexte des PME tenant compte des longs traitements à réaliser nécessitant le recours
permanent aux jugements professionnels et que pour ces entités, la majeure partie des
opérations liées à l’exploitation réalisées se caractérisaient le plus souvent par la simplicité et
donc ne justifiant pas le recours à de telle analyse.
Finalement, nous allons présenter dans le tableau qui sut les principales informations à
fournir exigées au niveau des normes full IFRS et qui ont été supprimées pour les besoins de
la norme IFRS pour PME :
106
IFRS 4.39c/ IAS 12 0b/ IAS 32.IN17.
107
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
IAS 12 Impôt sur le résultat/ IFRS Les actifs d’impôt différé comptabilisé à la juste valeur
pour PME section 29 Impôt sur le Les réévaluations des actifs d’impôt différé non
résultat comptabilisés
Les impôts différés découlant d’un regroupement
d’entreprise
Tableau 6 : Allégements au niveau des informations à fournir au sein des sections
108
Les principales simplifications proposées par rapport aux full IFRS
Conclusion
A travers cette partie, nous avons essayé d’une part de situer le
contexte dans lequel la norme internationale « IFRS pour PME » a été
établi et d’autre part de présenter la démarche de normalisation adoptée
par l’IASB basée sur l’approche différentielle.
109
Partie 2 :
Analyse du système
comptable tunisien par
rapport à la norme et
étude d’opportunité
d’adoption ou
d’adaptation
110
Chapitre 1 :
L’intérêt de l’harmonisation
du système comptable
tunisien avec le référentiel
international
111
L’intérêt de l’harmonisation du système comptable tunisien avec le référentiel international
Chaque pays a son propre système comptable qui s’inscrit dans un environnement aux
multiples facettes d’ordre politique, juridique, social, économique et culturel. C’est le cas
notamment de la Tunisie qui à travers son histoire a connu plusieurs modèles comptables.
Ce n’est qu’en 1947 que la Tunisie a adopté son premier système comptable toujours
influencé par le protectorat français et en l’occurrence par le plan comptable français.
En 1956 la Tunisie, ayant retrouvée son indépendance, a entamé depuis cette date des
108
études et recherches afin de remplacer son système comptable. Ces recherches ont été
motivées d’une part par la volonté de la Tunisie d’assoir sa souveraineté et de se libérer
totalement et définitivement des séquelles du colonialisme et d’autre part pour faire face à
l'incapacité du plan comptable de jouer son rôle économique vu les insuffisances qu’il
comportait notamment en matière d’adaptation de la comptabilité des entreprises aux besoins
de la comptabilité nationale qui était, à l’époque, un souci majeur pour l’Etat tunisien.
Et c’est en 1968, que le premier plan comptable tunisien d’inspiration francophone a été
mis en place. Ce plan comptable, de part son contenu que des états qu’il imposait, servait
d'instrument de la politique économique dans un contexte ou l'Etat tunisien se voulait le
principal gestionnaire des ressources économiques du pays.
On remarquerait, dans ce cadre, que les orientations aussi bien du plan comptable de
1947 que du plan comptable de 1968 ont été caractérisées par la dominance de l’Etat comme
principal utilisateur des informations issues des états financiers. En effet, l’Etat tunisien, à
travers ses politiques, a toujours cherché à adapter essentiellement son système comptable par
rapport à ses besoins stratégiques nationaux en négligeant l’utilité de l’information comptable
pour les autres acteurs économiques.
Ainsi, l’objectif du plan comptable de 1947 était d’instaurer une rigueur et une
réglementation dans la discipline comptable, alors que le plan comptable de 1968, qui a été
107
Une charge pour les entreprises d'établir un bilan et un compte de perte et de profit
108
Une commission nationale crée à cet effet et qui est dirigée par le président de la compagnie
des experts comptables et le directeur général de la BCT.
112
L’intérêt de l’harmonisation du système comptable tunisien avec le référentiel international
introduit dans le cadre de la tunisification de l’économie, voulait, à travers ses quatre comptes
de résultat, servir les intérêts de l’Etat soit en matière de détermination de l’assiette de l’impôt
soit pour des besoins de statistiques et d’orientation des politiques économiques.
Toutefois, et à partir du début des années 90, les orientations économiques de l’Etat
tunisien ont radicalement changé et se seraient davantage tournées vers une politique
d’économie de marché sous l’influence de la globalisation des marchés internationaux et
l’affluence massive des investisseurs étrangers.
Ainsi, la loi 96-112 a promulgué en 1996 le Système Comptable des Entreprises (SCE)
dont les buts recherchés étaient orientés vers d’une part la mise à niveau de l'information
financière qui se devait d’être pourvue de certaines caractéristiques qualitatives essentielles
pour qu'elle puisse répondre aux besoins des différents opérateurs et d’autre part afin de
mettre à niveau le langage comptable tunisien par rapport aux pratiques internationales.
Il est important, dans ce contexte, de souligner que pour le besoin d’adoption du SCE,
l’Etat tunisien a pris le choix stratégique d’harmoniser les pratiques comptables tunisiennes
avec les pratiques comptables internationales en l’occurrence les normes IAS élaborées par
l’IASB. Ce choix constituait, à cette époque, un véritable défi puisque, loin de la
113
L’intérêt de l’harmonisation du système comptable tunisien avec le référentiel international
reconnaissance mondiale dont jouit ce référentiel à présent, aussi bien l’organisme que les
normes n’étaient pas reconnus par la plupart des normalisateurs nationaux.
Toutefois, malgré son caractère novateur à l’époque de son adoption, le SCE, quatorze
ans plus tard, a profondément dévié de ses objectifs initiaux en matière de préparation et de
présentation des informations comptables. En effet, alors que les normes internationales
élaborées par l’IASB et source d’inspiration du SCE, ont connu une multitude de
changements et notamment celui de l’introduction des normes IFRS et généralisation de la
notion de juste valeur et la consécration de la réalité économique des transactions comme
principale critère de prise en compte, le SCE n’a pas, pour autant, suivi ces mutations
remettant même en cause la garantie de la qualité et la fiabilité de l’information comptable et
financière et par conséquent de sa transparence.
Ce constat a été aussi dégagé par le rapport RRNC élaboré en 2006 par des experts de la
banque mondiale qui ont étudié, entre autre, l’état de la normalisation comptable tunisienne.
En effet, selon ce rapport : « les normes comptables tunisiennes (NCT) ne suivent pas les
114
L’intérêt de l’harmonisation du système comptable tunisien avec le référentiel international
mises à jour des IFRS. Les normes comptables internationales sont en continuelle
amélioration, en partie pour tenir compte des changements liés à l’environnement ».
Donc il serait légitime de se demander si le saut qualitatif réalisé par la Tunisie en 1996
avec le système comptable des entreprises n'a il pas été gaspillé par le quasi-sommeil qu'a
enregistré la normalisation comptable en Tunisie par rapport au dynamisme affiché par des
pays voisins de l'une ou l'autre des rives de la méditerranée.
Ce dynamisme serait d’autant plus évident si nous faisant l’analyse des tendances
actuelles en matière de normalisation. En effet, la cartographie actuelle des pays adoptant les
IFRS ou en voie de le faire ne cessait de s’agrandir et la Tunisie, alors que forte de son
système comptable inspiré des normes internationales, n’a pas pour autant suivie cette
mouvance mondiale109. Pourtant, nombreuses seraient les raisons et même les contraintes qui
motiveraient le législateur tunisien à suivre ce mouvement.
Ce nouveau contexte économique a incité, entre autre, les Etats à d’une part protéger les
investisseurs, véritable plaque tournante du ce système, et d’autre part faciliter au maximum
le mouvement de fond afin de stimuler les échanges commerciaux.
109
Banque mondiale (2006), « Rapport sur le Respect des Normes et des Codes » § 25, rapport final
Octobre 2006.
115
L’intérêt de l’harmonisation du système comptable tunisien avec le référentiel international
confiance vis-à-vis des informations comptables et financières divulguées et qui ont été
accusées d’être utiliser comme un vecteur du disfonctionnement des marchés.
C’était cette crise de confiance qui a incité les normalisateurs comptables nationaux et
internationaux à essayer de mettre en place un jeu de normes capable de garantir une
information fiable, pertinente et surtout transparente mais aussi à harmoniser leurs pratiques
comptables afin de limiter l’asymétrie de l’information comptable présentée à travers les
marchés financiers mondiaux et qui favoriserait, par la même occasion, l’application des
meilleures pratiques comptables sous la pression des utilisateurs de ces informations
comptables.
En effet, il est apparu concrètement que l'hétérogénéité des systèmes comptables adoptés
par chaque pays nuisait considérablement à l'information financière et à ses qualités. En effet,
cette hétérogénéité a été représentée comme un des facteurs d'inefficience des marchés
financiers eu égard des disparités parfois profondes des principes et règles de mesure et de
présentation entre les différents référentiels comptables. Cet état de la réglementation
comptable, à l’échelle mondial, mettait l'investisseur en état de doute car il favorisait une
communication opportuniste voir trompeuse et par conséquent ne facilitait pas la fluidité de
l'offre et de la demande sur les marchés.
Ces limites pourraient avoir des conséquences très néfastes aussi bien sur les
investisseurs que pour les économies nationales et particulièrement celles en voie de
développement qui seraient en quête de ressources étrangères.
C’était le cas de la Tunisie qui, bien décidée d’être partie prenante du mouvement de
globalisation mondiale, a littéralement changé ses orientation et ses politiques économiques et
particulièrement en matière d’investissements directs étrangers (IDE) au cours des 20
dernières années en passant d'une économie planifiée vers une économie de marché. Cette
orientation stratégique avait essentiellement pour objectifs de promouvoir l'investissement
116
L’intérêt de l’harmonisation du système comptable tunisien avec le référentiel international
Dans ce cadre, la Tunisie forte de ses multiples avantages soit géographiques dont la
proximité de l’Europe, soit économiques, fiscales et politiques tels que l’existence d’une
main d’œuvre qualifiée et compétitive, la stabilité politique et sociale, les performances
économiques ainsi qu’une politique fiscale privilégiée et l’existence d’un état de droit,
constituerait un site attractif pour les investisseurs étrangers et notamment européen.
En effet, les IDE représentaient, jusqu’en 2007, 10% des investissements productifs,
génèreraient le tiers des exportations et le 1/6 du total des emplois et contribuaient à
l’équilibre des comptes extérieurs. A la fin de l’année 2005, le stock d'investissement étranger
a été évalué à près de 15 milliards de dinars et le nombre d'entreprises à participation
étrangère était de 2703 entreprises offrant plus de 192 000 postes d'emploi111.
Dés lors, forte de ces réalisations et pour assurer dans les meilleures conditions cette
transition économique, le cadre institutionnel tunisien a été fortement remodelé pour garantir
à l’entreprise un environnement stable et incitatif à une allocation optimale des ressources
disponibles.
Dans ce cadre, et face à cette exigence, les autorités tunisiennes ont décidé d’entamer un
mouvement d’harmonisation avec les normes et standards internationaux et particulièrement
110
WILMOTS A (2003), « De Bourguiba à Ben Ali. L’étonnant parcours économique de la Tunisie
(1960-2000") », éd. L’Harmattan, Paris, 2003, p. 44
111
Source Foreign Investment Promotion Agency FIPA Tunisie.
117
L’intérêt de l’harmonisation du système comptable tunisien avec le référentiel international
les normes de l’IASB à travers l’adoption du système comptable des entreprises en 1996.
Cette harmonisation était autant plus réussie grâce à la notoriété de plus en plus reconnue de
l’IASB et des normes IAS/IFRS.
En effet, s’approprié ce label était un pas important pour les entreprises tunisiennes afin
de légitimer la pertinence, la fiabilité et la transparence des informations comptables et
financières qu’elles présentaient même si le SCE a été, sur plusieurs aspects, adapté selon les
spécificités des entreprises tunisiennes et notamment la dominance des PME et la non
pertinence de certaines dispositions par rapport à la nature des activités et des opérations
réalisées en Tunisie.
Dans ce cadre, et pour ne citer que le rapport RRNC, ce dernier a, entre autre, relevé
plusieurs disparités entre les normes comptables tunisiennes et les normes internationales et a
indiqué que ces disparités pourraient être considérées comme des éléments remettant en cause
la transparence et la fiabilité des informations comptables et financières divulguées par
entreprises tunisiennes et particulièrement les PME.
Le rapport a, dans ce cadre, estimé que : « Bien que les récents changements des normes
comptables tunisiennes aient contribué au renforcement de la transparence, certaines
faiblesses continuent encore à entraver la fiabilité et la comparabilité de l’information
financière….. Même si les changements dans les pratiques comptables tunisiennes peuvent
être considérés comme un pas important vers l’harmonisation avec les IFRS, certaines
différences fondamentales subsistent et les NCT ne fournissent pas au grand public
suffisamment d’informations sur les entreprises d’intérêt public ».
118
L’intérêt de l’harmonisation du système comptable tunisien avec le référentiel international
Par ailleurs, ce rapport a estimé que les disparités entre le SCE tunisien et les normes
internationales avaient probablement crée une certaine réticence des investisseurs étrangers
vis à vis des informations comptables présentées par les sociétés tunisiennes due au manque
de confiance de ces derniers lié à la qualité du référentiel tunisien.
Sur cet aspect, nous pensons que cette réticence, malgré qu’elle soit difficile à quantifier,
serait bien réelle et elle ne pouvait que constituer un désavantage majeur par rapport à d’autre
pays ayant les mêmes caractéristiques économiques que la Tunisie mais qui ont harmonisé
leurs systèmes comptables par rapport aux normes internationales, à l’instar du Maroc et de
l’Algérie, offrant ainsi un gage de transparence des états financiers divulgués.
Cet inconvénient pourrait, à notre sens, amener investisseurs étrangers à privilégier les
investissements dont ils ont une appréciation plus concrète des risques et des rendements
plutôt qu’à un investissement dans des entreprises dont les comptes seraient préparés sur la
base de normes dont ils ne connaissaient pas les principes et pour lesquelles ils auront à se
méfier de sa pertinence et fiabilité.
112
Par ailleurs, certaines recherches ont relevé que la plus part des investisseurs étrangers,
désirant réaliser des affaires en Tunisie, exigeaient pour le besoins de leurs prises de décision
la présentation d’états financiers préparés sur la base des normes IAS/IFRS ou que ces états
financiers soient audités par un cabinet de renommé international. Ce traitement représentait
outre un coût financier non négligeable pour les sociétés tunisiennes, et particulièrement pour
les PME tunisiennes, un exercice pénible et long qui nécessitait un grand laps de temps pour
sa réalisation.
Donc, nous pensons que, et pour les même raisons qui ont amené le législateur tunisien à
basculer vers le référentiel internationale en 1996, ce dernier devrait tenir compte des
exigences des investisseurs, particulièrement étrangers, véritable vecteur de croissance pour
l’économie tunisienne en matière d’outil de prise de décision.
112
ZARROUK. R et BOUASSIDA. S (2007), « Coût d’opportunité de la démarche de mise en place
des IFRS », congrès OECT mai 2007.
119
L’intérêt de l’harmonisation du système comptable tunisien avec le référentiel international
D’autant plus, que la crise que traverserait les économies à travers le monde, caractérisée
par une des plus importantes récessions jamais connu, a incité ces investisseurs à chercher des
niveaux de performance plus élevés et donc d’élargir leurs champs d’action ce qui
constituerait une opportunité pour les pays comme la Tunisie.
Cette connexion entre l’entreprise et son banquier se basait sur le principe que la
préoccupation principale de ce dernier en matière d’états comptables était de pouvoir évaluer
de manière sûre et rapide la qualité du crédit de l’entreprise. Cette évaluation ne pouvait se
s’asseoir que sur la base des états financiers préparés par l’entreprise et sur lesquels le
banquier n’a pas de contrôle. On pourrait alors légitimement croire que, dans la relation entre
l’entreprise et son banquier, la confiance y occupe une place importante et que cette confiance
supposerait donc une communication suffisamment transparente de la part des entreprises.
A partir de là, une réduction de la transparence, liée soit à des états financiers moins
adaptés aux besoins de la profession bancaire soit à des états financiers ne reflétant pas de
manière fiable et sincère la situation de l’entreprise, aurait pour corollaire logique la demande
de documents complémentaires spécifiques par les banques à l’image de la certification de ces
états financiers par un expert comptable et potentiellement un allongement des délais
d’examen des demandes.
120
L’intérêt de l’harmonisation du système comptable tunisien avec le référentiel international
Ce scénario s’avèrerait d’autant plus réalisable pour le cas des pays, à l’image de la
Tunisie, dont les systèmes comptables ne permettraient pas de présenter une image sincère et
fiable de la situation des entreprises et particulièrement des PME qui par nature manquaient
des moyens techniques et financiers pour mettre en place une organisation comptable capable
de générer des informations pertinentes.
Parmi ces difficultés d’application on pourrait citer le non adaptation des entreprises
tunisiennes par rapport à la révolution dans la culture comptable que constituait le SCE.
D’autre part, sachant que 97% des sociétés tunisiennes sont des PME113; ce dernier,
d’inspiration anglo-saxonne même ayant subi des adaptations, était conçu pour répondre aux
besoins des grandes entreprises d’ou les PME se seraient trouvées face à des difficultés
d’assimilation et d’application.
Face à cette situation, on pourrait noter que les banques tunisiennes, n’ayant pas de
véritable base d’évaluation des entreprises et particulièrement des PME, ont naturellement
développé une certaine aversion face aux risques liés aux crédits ou aux participations
concernant les PME. Cette aversion se serait aussi traduite soit par la taxation de ces crédits
par des taux d’intérêt élevés eu égard que les PME ont été classée dans une classe de risque
113
Source : Agence de Promotion de l’Industrie, Juin 2002.
121
L’intérêt de l’harmonisation du système comptable tunisien avec le référentiel international
plus élevé soit par la subordination de ces crédits à la présentation de garanties réelles que la
plus part des PME ne possédaient pas et particulièrement en période de démarrage.
Par conséquent, la majorité des entreprises tunisiennes, et surtout les PME, se seraient
trouvées face à des problèmes majeurs touchant à leurs performances et à leurs croissances
qui étaient le manque de financement à moyen et long terme et l’obtention de taux de
financement raisonnables. Ce constat à été, par ailleurs, relevé lors de l’étude menée par un
expert des Nations Unis mandaté par l’Etat tunisien pour analyser les voies de développement
futurs de l’économie tunisienne et qui évoquait que « pour le cas de la Tunisie, l’un des
problèmes majeurs touchant aux performances de la plupart des entreprises tunisiennes,
surtout les PME, est le manque de financement à moyen et long terme à des taux
raisonnables. Les prêts bancaires sont en fait disponibles seulement pour les grandes
entreprises bien connues ou les PME qui ont des garanties solides. La plupart des PME
doivent faire face à des taux d’intérêt réel de 7 à 8 %114 ».
Toujours dans ce cadre, l’enquête réalisée par l’IACE115 en 2002, a montré que 40 % des
entreprises et particulièrement les PME n’avaient pas eu recours à des prêts bancaires au
cours des trois dernières années.
Il apparait donc que le système comptable tunisien a joué un rôle négatif dans la relation
entre les PME et les banques puisqu’il a limité la perception des banques de la réalité des
performances et risques que présentaient ces entreprises. En effet, le SCE était incapable de
jouer un rôle d’intermédiaire ente la PME et sa banque en raison des défaillances qu’il
comportait et de sa non adaptation à la réalité économique et son incapacité à suivre et à
traduire les nouvelles opérations économiques et financières.
En effet, le développement des opérations sur les marché financiers et notamment celles
relatives aux opérations financières complexes, telles que les opérations de couverture et les
opérations sur le capital ont favorisé la mutation comptable vers la notion de juste valeur.
Ainsi, alors que les entreprises ont massivement développé l’utilisation des instruments
financiers, accroissant notamment leurs expositions aux risques, le système comptable en
114
ABBATE. F, (2001) « L’intégration de la Tunisie dans l’économie mondiale: Opportunités et
défis »; Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement : Programme des
Nations Unies sur le Développement. Disponible sur le site www.globalprogramme.org/tunisie
115
Institut Arabe des Chefs d’Entreprise, (2002) « L’entreprise et le financement ».
122
L’intérêt de l’harmonisation du système comptable tunisien avec le référentiel international
Tunisie n’a pas pour autant adapté le contenu informatif de ses comptes annuels et par
conséquent a favorisé une certaine opacité de la communication financière.
Partant de ce constat, nous estimons que l’adaptation du SCE par rapport aux pratiques
internationales pourrait corriger cette opacité. Ceci est d’autant plus réaliste si on analyserait
le référentiel international qui, en promulguant de nouveaux concepts essentiellement liés à la
mesure et à la présentation des informations comptables et financières, engendrerait le
changement de la valorisation et l’évaluation des entreprises et particulièrement celle des
PME. Notons, dans ce cadre, que pour mieux cerner les besoins des institutions financières
en matière d’information, l’IFRS Foundation a tenu à ce que les comités techniques,
travaillant sur les différents processus d’élaboration des normes IFRS, incluaient, entre autres,
des représentants des banques et que ces derniers participaient activement à l’établissement
des dispositions normatives en axant leurs interventions sur les besoins de ces institutions en
matière de décision de financement.
123
L’intérêt de l’harmonisation du système comptable tunisien avec le référentiel international
Tous ces aspects ont montré clairement que nous sommes passés, en
faite, d’un capitalisme industriel d’entreprenariat et d’une économie
financée par les crédits (dont la rentabilité était évaluée sur un long
terme) à un capitalisme financier de marché, où non seulement les
entreprises, leur risques, leurs crédits, mais aussi des ensembles
d’entreprises (fonds d’investissement), des indices boursiers ou de prix de
matières premières énergétiques, se négociaient comme les
marchandises.
116
Communication au congrès de l’AFC (Association Francophone de Comptabilité), 2009.
125
L’intérêt de l’harmonisation du système comptable tunisien avec le référentiel international
Par ailleurs, les études menées ont été majoritaires à conclure que la
volatilité induite par le recours à la notion de juste valeur pouvait toujours
être identifiée, prévue et à la limite contrôlée au prix d’un suivi et d’une
attention particulière des organes de régulation des marchés conjugués à
un jugement professionnel rationnel et diligent de la part des préparateurs
des états financiers.
126
L’intérêt de l’harmonisation du système comptable tunisien avec le référentiel international
Tous ces aspects, nous ont mené à croire que la logique de prévention
des crises systémiques et la recherche d’une plus grande pertinence de
l’information financière sont à l’origine de la formulation d’une offre
d’évaluation à la juste valeur.
Ceci est aussi valable pour le cas de la Tunisie. En effet, nous croyons
que la volonté de l’Etat tunisien d’émerger en tant que pôle financier du
méditerranée et l’essor du marché financier tunisien qui proposait de plus
en plus de choix de financement ’’non traditionnels’’ aux entités devraient
être déterminants au niveau de son choix de modèle comptable.
117
DISLE. C et NOEL. C (2007), « La révolution des normes I.F.R.S. : convergence de la comptabilité
vers la finance ? ».
128
L’intérêt de l’harmonisation du système comptable tunisien avec le référentiel international
129
L’intérêt de l’harmonisation du système comptable tunisien avec le référentiel international
Ce dernier, se caractérisait par l’existence d'un cadre conceptuel explicite, une méthode
de normalisation comptable plutôt déductive118, une norme comptable générale, des normes
sectorielles, une profession comptable matérialisée par l’existence de l’Ordre des Experts
Comptables Tunisiens (OECT) et la Compagnie Comptables de Tunisie (CCT) et l’existence
d’un organe chargé de traiter les questions relatives au domaine de la comptabilité : le Conseil
National de Comptabilité (CNC). D’autres organismes nationaux intervenaient aussi dans le
cadre de la réglementation comptable en Tunisie et ce pour des domaines particuliers à
l’image de la BCT pour ce qui est de la réglementation comptable des banques 119 et le CMF et
BVMT pour ce qui est des sociétés qui font appel public à l’épargne.
Dans ce cadre, il était important de souligner que, selon ses prorogatives, le CNC n’a pas
un réel pouvoir de normalisation comptable. En effet, les articles 7 et 8 du décret 2007-1096
indiquait que ce dernier a seulement une mission consultative et d’étude concernant les
questions ayant trait à la comptabilité qui lui ont été soumises par les divers intervenants
publics et privés. Juridiquement donc, les avis du CNC ne seraient généralement considérés
comme une source de droit que dans la mesure où ils n’auront pas été infirmés par la
118
Le cadre conceptuel constitue la plateforme sur la base du quelle les normes techniques et sectorielles sont issues.
119
Les normes sectorielles bancaires sont complétées par la réglementation de la Banque Centrale
de Tunisie. Les nonnes comptables applicables aux banques sont originellement parties intégrantes
du système comptable des entreprises, qui comprend cinq normes sectorielles (NCT 21 à 25),
lesquelles sont complétées par des directives de la Banque Centrale de Tunisie. Ces directives
doivent être utilisées dans l'établissement des états financiers à usage externe, même si elles
reflètent de toute évidence la vision prudentielle des organismes de contrôle du secteur bancaire,
en particulier quant à l'évaluation des comptes de crédits à la clientèle. Ces directives tendent à
évaluer les actifs et les résultats de manière prudente.
120
Le Conseil Supérieur de la Comptabilité a été créé par décret en décembre 1975 et dissout en
1996.
130
L’intérêt de l’harmonisation du système comptable tunisien avec le référentiel international
réglementation et notamment le Ministère des Finances à qui revenait par la loi la tâche de
promulguer et d’amender les normes comptables.
Dans ce cadre, le CNC a été, depuis 1996, à l’origine de l’adoption des normes générales
et sectorielles à l’image des normes sur les associations sportives et les associations autorisées
à accorder des microcrédits. Toutefois, le CNC, et faute de moyens, n’a pas pu exercer son
devoir de veille stratégique par rapport aux problèmes et défis en matière comptable aux quels
la Tunisie faisait face en raison notamment du manque de ressources dont il disposait. C’était
d’ailleurs la raison pour laquelle que malgré que le référentiel international de l’IASB, source
d’inspiration de la réforme comptable en Tunisie, a connu depuis 2002 d’importantes
mutations conceptuelles le SCE, quant à lui, a resté figé sur des principes largement dépassés.
Une question, alors, est à poser : D’où la Tunisie tire sa réglementation comptable ?
La réponse à cette question serait que, tout au long de son histoire, la Tunisie ne s’était
pas dotée ni d’organe officiel de normalisation comptable ni d’une doctrine comptable propre
à elle. En effet, partant du plan comptable de 1947 en passant par le plan comptable de 1968
et jusqu’au système comptable de 1996, toutes ces réglementations comptables ont été
largement inspirées de référentiels étrangers moyennant des adaptations liées aux contextes
économiques internes au niveau de quelques domaines comptables
De plus, la mission d'élaboration des normes en Tunisie a été toujours soustraitée aux
cabinets d'audit. Le rôle des organismes publics et des professionnels a été limité au suivie des
131
L’intérêt de l’harmonisation du système comptable tunisien avec le référentiel international
Nous pensons que tous ces aspects ont joué un rôle à la création d’un déphasage
important entre les pratiques internationales et le SCE. En effet, faute d’organe réglementaire
capable d’assurer la veille normative du SCE ce dernier a fini par être dépassé par les
pratiques internationales en perpétuelles évolutions. Par conséquent, ceci a fini aussi par
affecter la qualité de l’information comptable en Tunisie.
Face à cette situation, nous croyons que la Tunisie devrait rapidement trouver les moyens
de se mettre au diapason de la nouvelle dynamique des marchés financiers en matière de
réglementation comptable. Dans ce cadre, une des voies possibles pour la Tunisie résiderait en
la réactivation du mouvement d’harmonisation comptable avec les normes internationales
entamé en 1996.
L’Union des Experts Comptables a indiqué dans ce cadre que « force est de constater que
dix après (l’adoption du SCE) et compte tenu du rythme auquel évolue la réglementation
comptable internationale, notre système comptable se trouve être largement dépassé. C’est
la raison pour laquelle nous pensons qu’il est nécessaire d’adopter les normes comptables
internationales, ou de réformer en profondeur le système comptable actuelle afin d’assimiler
les règles comptables internationales dans la normalisation nationale122».
121
Suite à la promulgation du nouveau système comptable des entreprises en 1997, le Conseil de
l'Ordre des experts-comptables a adopté les normes ISA de l'IFAC, d'application obligatoire à partir
de l'année 2000. Paradoxalement, le vide du cadre normatif d'audit en Tunisie a largement facilité
la transition vers les normes ISA, dont la prééminence n'a pas soulevé de questions particulières.
En 2007, l’OECT a adopté la nouvelle version des normes ISA.
122
UEC (2007), « Adoption des normes comptables internationales IAS/IFRS : avantages et
contraintes ».
132
L’intérêt de l’harmonisation du système comptable tunisien avec le référentiel international
En plus, nous soutenons qu’une éventuelle adaptation, par rapport aux normes
internationales, impliquerait aussi que les prérogatives du CNC devraient changer
qualitativement pour permettre à cet organe de veiller à la compatibilité des normes nationales
par rapport aux besoins des entreprises tunisiennes et de s’assurer que ces dernières soient en
phase avec l’actualité économique et financière.
Dans ce cadre, Nourriddine Hajji, expert comptable tunisien et associé du cabinet Ernest
& Young Tunisie, a expliqué qu’une implémentation éventuelle des IFRS pourrait être source
de : « légitimation du CNC en tant qu’organe unique de normalisation, fédérateur de
l’ensemble des régulateurs… bien qu’ayant été insuffisamment actif dans l’encadrement de
l’application du système, ni d’ailleurs dans sa mise à jour régulière en fonction de l’évolution
des IAS »123.
Selon cet expert aussi, la nécessaire réforme organisationnelle du CNC permettrait de : «
a) Assurer plus d’autonomie dans l’action de l’organe opérationnel du CNC pour
situer sa production au niveau requis ;
b) Supporter le travail du CNC par des programmes annuels précis et un système
effectif de suivi de leurs réalisations dans le cadre d’un modèle de gouvernance approprié ;
c) Encadrer l’application du système et créer un canal de communication permanent
avec les acteurs : observatoire de l’application du système, feedback des opérateurs,
réactivité par rapport aux besoins des entreprises et des utilisateurs, activités de recherche
sur la comptabilité, etc. et ;
d) Accroître la présence du Conseil sur la scène internationale : présence auprès de
l’IASB, relations avec les normalisateurs d’autres pays, etc ».
Finalement, nous pouvons avancer que la Tunisie a effectué un grand pas vers
l'intégration dans l'économie mondiale en optant pour les normes internationales. En
prévoyant que les normes internationales gagneraient du terrain sur les normes nationales, le
normalisateur tunisien a fait preuve de grande prévoyance. Mais, ce choix stratégique serait en
train de se dissiper en raison du faussée de plus en plus grand qui se creusait entre les normes
tunisiennes et les normes internationales.
On a assisté ces dernières années à une acceptation presque universelle des normes
internationales tant au niveau européen qu’aux Etats-Unis d’Amériques qu’ailleurs dans le
123
HAJJI. N (2007), « La transition vers les IFRS en Tunisie : facteurs clés de succès », Congrès de
l’OECT mai 2007.
133
L’intérêt de l’harmonisation du système comptable tunisien avec le référentiel international
monde. La Tunisie, quant à elle, devrait décider si elle doit ou non faire partie de ce
mouvement en sachant que ce choix pourrait avoir des conséquences notables sur la vie
économiques du pays et notamment la capacité de la Tunisie à attirer les IDE véritables
leviers de croissance et de compétitivité.
134
Chapitre 2 :
135
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
Ces circonstances différentes ont conduit à utiliser une variété de définitions des éléments
des états financiers à l’image des actifs, des passifs, des capitaux propres, des produits et des
charges. Elles ont également eu pour résultat l’utilisation de critères différents pour la
comptabilisation des éléments dans les états financiers, et une préférence pour différentes
conventions d’évaluation. Le champ d’application des états financiers et les informations qui
y ont été fournies en ont également été affectés.
Notre travail sera scindé en deux sections : la première analyserait le cadre conceptuel
tunisien par rapport principes généraux de la norme IFRS pour PME. La deuxième
présenterait les principaux points de divergences entre les normes tunisiennes et les
dispositions de la norme IFRS pour PME.
136
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
Les utilisateurs des états financiers sont : L’objectif des états financiers est de
Utilisateurs internes : fournir une information sur la situation
Les dirigeants ; financière, la performance et les
Les organes d’administration ; variations de la situation financière
Les différentes structures internes de l’entreprise. d’une entité, qui soit utile à un large
Utilisateurs externes : éventail d’utilisateurs pour prendre des
Les fournisseurs de capitaux qui sont les décisions économiques.
investisseurs, les prêteurs et les subventionneurs ;
L’administration, et autres institutions dotées de La norme précise que ces utilisateurs
Les autres partenaires de l’entreprise tels que les se procurer de telles informations de
On remarque, dans ce cadre, que la norme IFRS pour PME au niveau de la section
2 « Concept et principes généraux», et à l’opposé du cadre conceptuel tunisien, n’a pas listé
les utilisateurs des états financiers mais en a proposé une description.
137
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
Néanmoins, les utilisateurs des états financiers selon la norme IFRS pour PME pourraient
être déduits à partir du document « Base de conclusion sur l’Exposé-sondage norme
internationale d’information financière pour les petites et moyennes entités » publié
conjointement avec le projet de norme. Ce document a indiqué que « la norme proposée est
destinée aux entités sans responsabilité publique qui publient des états financiers à usage
général pour les utilisateurs externes. Les principaux groupes d’utilisateurs externes
comprennent :
En analysant ce listing, Il apparait donc que, pour l’IASB, les informations issues des
états financiers seraient destinées essentiellement à des utilisateurs externes pour qui les états
financiers constituaient la principale base pour assoir leurs décisions économiques.
Les raisons de cette démarche ont été fondées sur le fait que l’IASB a considéré que les
gérants et les gérants propriétaires des PME seraient capables d’obtenir les informations
nécessaires à leurs gestions indépendamment des états financiers. Dans ce cadre, il a expliqué
que « l’objectif de l’IFRS pour les PME proposée n’est pas de fournir aux dirigeants
propriétaires une information pour les aider à prendre des décisions de gestion. Les
dirigeants peuvent obtenir l’information dont ils ont besoin pour exercer leurs activités124».
Cette position n’a pas été partagée par le SCE. Pour ce dernier, les états financiers
pourraient être utiles aussi bien pour les utilisateurs internes qu’externe. En effet, le cadre
conceptuel tunisien a énoncé expressément que parmi les utilisateurs pour qui les états
financiers seraient utiles, il y aurait les utilisateurs internes de l’entité à savoir : les
dirigeants, les organes d’administration, et les différentes structures internes de l’entreprise.
124
« Base de conclusion sur l’Exposé-sondage norme internationale d’information financière pour
les petites et moyennes entités » BC § 31.
138
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
Cette position tenait sa logique dans le fait que même étant destinés, principalement, à
fournir des informations qui répondaient aux besoins des utilisateurs externes, les états
financiers pouvaient, dans une certaine mesure, se révéler utiles aux dirigeants et ce,
notamment dans le cas des PME qui ne disposaient souvent que de moyens limités pour
pouvoir produire des informations répondant à leurs besoins spécifiques de gestion. Le cadre
conceptuel tunisien a énoncé ainsi que « Ils (directions) ont également besoin d'informations
de gestion pour leur permettre d'assurer convenablement leur responsabilité de planification,
de conduite et de contrôle des activités de l'entreprise 125 ».
Sur ce point, Bernard Colasse, dans son analyse du système comptable tunisien, a précisé
que « en ce qui concerne les objectifs des états financiers, il y a certes alignement (par
rapport aux objectifs prévues dans le cadre et l’IASB) mais aussi adaptation au contexte
tunisien actuel et à la tradition comptable tunisienne et française. En effet, cette tradition a
toujours voulu que la norme comptable serve non seulement les tiers mais aussi l’entreprise
elle-même, et contribue à la fois à la productivité de ses services comptables et à
l’amélioration de sa gestion. Une telle préoccupation se justifie tout particulièrement dans les
pays dont les entreprises sont peu dotées en moyen interne de gestion et attendent de leur
comptabilité générale une aide à la gestion126».
Sur un autre plan, on noterait bien que le cadre conceptuel tunisien a désigné clairement
les investisseurs et les bailleurs de fonds comme utilisateur de référence des états financiers.
L’analyse de la section 2 de la norme IFRS pour PME nous a indiqué que les objectifs
des états financiers sont communs à tous les utilisateurs des états financiers. Toutefois, la
section 2 a ajouté, en plus, un autre objectif à savoir « de mesurer les résultats de la gestion
des dirigeants de l’entreprise et de juger de cette gestion par rapport aux ressources mis à
leurs dispositions 127».
Cet objectif formulé par la norme mettait en avant un souci important pour le l’IASB. En
effet, et à l’image des full IFRS, la norme IFRS pour PME a été conçue particulièrement pour
satisfaire les besoins des investisseurs à risques de l’entité en leur permettant non seulement
125
Décret n° 96-2459 du 30 décembre 1996, portant approbation du cadre conceptuel de la
comptabilité Art 7.
126
COLASSE B, (1997) « La comptabilité financière ».
127
Norme IFRS pour PME Section 2§ 3
139
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
de juger des indicateurs financiers et de rentabilité de l’entité mais aussi en appréciant les
indicateurs qualitatifs liés à sa gestion.
Nous pensons, dans ce cadre, que quoique les deux référentiels ont fait recours à un
langage différent pour désigner les utilisateurs des états financiers il n’en demeurait pas moins
vrai qu’ils proposaient la même logique et concordaient sur les principaux aspects.
L’objectif des états financiers consiste à fournir des Pour l'IASB l'objectif des états financiers
informations sur : consiste à présenter une image fidèle :
La situation financière de l'entreprise et Sur la situation financière de l'entreprise
particulièrement sur les ressources économiques et son évolution, en premier lieu, et qui est
qu'elle contrôle ainsi que sur les obligations et les présentée par le bilan.
effets des transactions, événements et circonstances En second lieu, renseigner sur la
susceptibles de modifier les ressources et les performance de l'entreprise et en
obligations ; particulier sur sa rentabilité
La performance financière de l'entreprise ; En troisième lieu, renseigner sur la
La manière dont l'entreprise a obtenu et dépensé variation de la situation financière de
des liquidités à travers ses activités d'exploitation, l'entité et sur sa capacité à générer des
de financement et d'investissement et à travers liquidités, puisqu'elle permet d'apprécier
d'autres facteurs qui affectent la liquidité et la les activités d'investissement, de
solvabilité ; financement et opérationnelle au cours de
Le degré et la manière dont les dirigeants ont l'exercice. Ceci étant, l'information sur la
réalisé les objectifs qui leur ont été assignés dans le variation de situation financière peut être
cadre du mandat social ; donnée dans un état séparé.
Le degré de conformité de l'entreprise aux lois,
règlements et autres dispositions contractuelles La norme ajoute aussi un quatrième
Le cadre conceptuel tunisien ajoute les objectifs objectif qui est de pouvoir apprécier les
Fournir des informations utiles à la prise de rapport aux ressources qui leurs ont été
140
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
Il apparait selon ce tableau que les objectifs des états financiers tels
que présentés par les deux cadres comptables convergeaient pour la
plupart des dispositions. Cette convergence serait principalement due au
fait que les objectifs des états financiers au niveau des deux référentiels
ont trait, principalement, aux besoins des utilisateurs et que ces derniers
tels que on l’a déjà analysé seraient semblables.
Donc, selon ces définitions et même si les deux notions ont été
souvent utilisées pour décrire les mêmes phénomènes, nous pensons que
la notion de résultat resterait toujours d’une portée plus générale que
celle de la performance puisque la performance est une manière
d’expliquer le résultat.
128
www.verminen.com
141
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
Ce constat a été d’autant plus motivé par le fait que le législateur tunisien
a définie l’état de résultat comme un état qui « retrace les revenus et
gains et les charges et pertes découlant d'un exercice comptable complet
engendrant le résultat net de l'exercice et reflétant ainsi la performance
financière et la rentabilité de l'entreprise »129. Par ailleurs, le cadre
conceptuel tunisien, et pour présenter l’objectif de l’état de résultat, fait
recours à la notion de performance en stipulant que « l'information sur la
performance est essentiellement fournie par l'état de résultat ».
142
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
143
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
Toutefois, pour la norme IFRS pour PME, et aussi pour les IFRS
complètes, « une entité ne doit pas présenter ou décrire des éléments de
produits et de charges en tant qu’« éléments extraordinaires, que ce soit
dans le compte de résultat ou dans les notes130. ».
A notre avis, cette divergence entre les deux cadres pourrait créer, au
niveau de la présentation des états financiers, une différence de taille car
souvent ces éléments pourraient être importants et pourrait donc
influencer sur la lecture des états financiers. Nous pensons, dans ce cadre,
qu’une présentation d’un élément en tant qu’élément extraordinaire, et
surtout dans le cadre des PME, ne serait pas appropriée. En effet, la
considération du caractère extraordinaire d’un élément restait toujours de
la compétence des préparateurs des états financiers des PME qui doivent
entre autre prendre en compte une multitude de critère tel que (la nature
de l’activité, l’emplacement géographique, la fréquence de l’élément…) ce
recours risquerait, à notre avis, d’être biaiser par une importante part de
subjectivité et d’augmenter surtout la charge des préparateurs des états
financiers des PME.
130
Norme IFRS pour PME Section 5 § 6
144
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
C’est la raison pour laquelle toute réglementation comptable se basant sur des
principes, et non des règles à appliquer, se devait d’expliquer, de définir ces principes et de
décrire les liens qui reliaient ces principes.
Sur cet aspect, et même si les objectifs du cadre conceptuel de la norme IFRS pour
PME n’ont pas été explicitement présentés, on pourrait légitimement rapprocher ces derniers à
certains objectifs issus du cadre de préparation et de présentation des états financiers de
l'IASB pour les IFRS complètes.
Dans ce cadre, l’analyse des objectifs du cadre conceptuel, tels que présentés par le
normalisateur international et le cadre conceptuel tunisien, nous a permis de conclure que ces
derniers convergeaient pour leurs majeures parties. Ceci nous paraît fort logique, puisque le
145
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
cadre conceptuel tunisien à été bâti par référence à celui du référentiel comptable
internationale.
Cette problématique ne seraient pas neutre pour les préparateurs des états financiers
qui pourraient être confrontés à deux traitements applicables et de qui pouvaient résulter des
évaluations ou des présentations différentes ; ce qui nuirait aussi bien à la comparabilité des
comptes que sur les décisions des utilisateurs des états financiers.
Sur cet aspect, le cadre de l’IASB a, quant à lui, arbitré ce problème en indiquant que
le cadre conceptuel ne pourrait supplanter une norme. En effet, en cas de conflit, les
dispositions de la norme prévalaient sur celles du cadre. Cette position a été motivée par le
fait que le normalisateur international était toujours en train de modifier les normes
thématiques déjà présentées selon l’évolution des opérations et des besoins des utilisateurs
sans pou autant procédé à la modification de son cadre conceptuel au même rythme. Donc,
pour le normalisateur international les normes thématiques seraient plus amène à répondre
aux besoins des utilisateurs que le cadre conceptuel.
Nous pensons que cette divergence est une grande lacune du cadre conceptuel et que
son absence est très risquée.
146
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
Selon le cadre conceptuel tunisien les principales Les principales caractéristiques qualitatives qui
caractéristiques qualitatives que doivent revêtir rendent les informations fournies dans les états
l’information comptable sont : financiers utiles pour les utilisateurs sont :
L’intelligibilité, L’intelligibilité,
La pertinence englobant : La pertinence,
La valeur prédictive L’importance relative
La valeur prospective ou d’affirmation La fiabilité,
La rapidité de divulgation La prééminence de la substance sur la forme,
La fiabilité, englobant : La prudence,
La représentation fidèle L’exhaustivité,
La neutralité La comparabilité,
La vérifiabilité Le rapport coût avantage, et
La comparabilité. La célérité.
Les caractéristiques qualitatives de l’information comptable sont les attributs que doit
revêtir cette information pour être utile pour les utilisateurs.
Une analyse des différentes caractéristiques de l’information comptables selon les deux
cadres comptables nous a permis de distinguer certains points de divergence qui pourraient
avoir des répercussions au niveau de l’évaluation et de la présentation des informations
comptables, ces divergences seraient :
147
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
La réponse à cette question selon le cadre conceptuel tunisien était que l’information
jugée trop complexe pour les utilisateurs et dont ils ne tireraient pas d’avantage pouvait être
omise des états financiers.
Cependant, et sur ce point, le cadre de la norme IFRS pour PME a indiqué, quant à lui,
que pour répondre à cette question le préparateur des états financiers devaient apprécier les
autres caractéristiques qualitatives de l’information jugée complexe avant de décider de ne
pas l’inclure dans ces états. Ainsi, une information jugée complexe alors que, par ailleurs, elle
serait pertinente pour les utilisateurs ne devrait pas être exclue au seul motif qu'elle serait trop
difficile à comprendre pour certains utilisateurs.
Nous pensons, dans ce cadre, que l’approche prescrite par la norme internationale était
plus en adéquation avec l’essence même de la normalisation comptable. En effet, à notre avis,
laissé le choix aux préparateurs des états financiers de juger de l’inclusion ou non d’une
information sur la seule base de sa complexité serait très inappropriée et pourrait être source
de désinformation et une forte entrave à la transparence de l’information.
Sur un autre plan, au niveau du cadre conceptuel tunisien, les critères de l'importance
relative et du rapport avantage-coût ont été considérées comme des caractéristiques
qualitatives de l’information alors qu’ils seraient jugés plutôt comme des seuils ou des critères
de séparation au sens la norme IFRS pour PME.
148
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
l'omission ou l'inexactitude de cette information risquerait d'influencer les décisions prises par
les utilisateurs.
Cette démarche appliquée par le cadre conceptuel a impliqué que les préparateurs des
états financiers devaient exercer leurs jugements professionnels selon un double niveau. En
premier lieu ils devaient juger si l’information répond aux caractéristiques essentielles
imposées par la réglementation et en second lieu ils prenaient en considération l’importance
relative de l’information et le couple avantage/coût lié à cette information. Donc, dans un
cadre théorique, une information considérée fiable et/ou pertinente alors qu’ils jugeraient que
celle-ci n’ayant pas une importance relative pour les utilisateurs ou que les coûts liés à sa
production serait supérieurs à ses avantages pourrait ne pas être incluse au niveau des états
financiers.
Ce cas de figure ne serait pas envisageable au niveau de la norme IFRS pour PME
puisque les critères d’importance relative et de rapport avantages-coût constituaient des
caractéristiques qualitatives de l’information. Par ailleurs, la norme a envisagé qu’en cas de
conflit entre certains critères un arbitrage, suivant le jugement professionnel du préparateur
des états financiers, s’imposait. Ainsi, la réponse à la même problématique posée au niveau du
paragraphe précédent serait que l’information pourrait être incluse au niveau des états
financiers.
Nous pensons, dans ce cadre, que eu égard que l’information comptable a été destinée
essentiellement à des utilisateurs bien déterminés, les besoins de ces utilisateurs devraient
primés alors en cas d’arbitrage entre ces critères. De ce fait, l’approche de la norme IFRS
pour PME semblerait plus orientée vers cette logique. En effet selon le SCE, les préparateurs
des états financiers pourraient dissimuler ou non communiquer une information due au fait
qu’ils jugeraient qu’elle n’était pas pertinente pour les utilisateurs. Ce cas de figure serait, à
notre sens, très risqué.
149
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
Les conventions comptables sont des principes, postulats, et règles concrètes ayant
pour objectif de guider la pratique comptable. Elles sont développées par les pratiques en
conformité avec les objectifs et les caractéristiques qualitatives de l’information comptable.
Il est important, en premier lieu, de constater que le cadre comptable tunisien, de part
sa conception, largement inspirée par la normalisation internationale, a été construit sur les
mêmes principes et postulats théoriques que la norme IFRS pour PME. Néanmoins, une
certaine adaptation à la réalité économique et managériale tunisienne a été opérée par le
législateur tunisien. Ainsi, même si la majorité de ces principes seraient communs entre les
deux référentiels certaines divergences, parfois de taille, subsistaient.
150
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
rubriques. Donc, pour le référentiel comptable tunisien le coût historique constituait l’unique
base de comptabilisation des actifs et des actifs.
Cependant, la norme IFRS pour PME, inspiré par le cadre conceptuel des IFRS
complètes, a prévu que le processus de détermination des montants monétaires auxquels les
éléments des états financiers pourront être comptabilisés et inscrits au bilan et au compte de
résultat, dépendait du choix de la convention appropriée d’évaluation. La convention
d’évaluation la plus communément adoptée par les entités pour préparer leurs états financiers
était celle du coût historique. Cependant, la norme a prévu un modèle « d'évaluation mixte ».
En effet, la norme a indiqué que certaines transactions devaient être évaluées au coût
historique, d'autres à la juste valeur et d'autres encore selon l'une ou l'autre méthode au choix.
Ainsi, les immobilisations corporelles, les immobilisations incorporelles acquises et la plupart
des instruments financiers de base devaient être évalués au coût. Les actions cotées détenues,
les instruments financiers complexes (instruments convertibles, options, forwards, swaps,
etc.) et les immeubles de placement (cultures, cheptels) sont évalués à la juste valeur. Les
participations dans des entreprises associées et dans des coentreprises peuvent être évaluées
au coût, à la juste valeur ou selon la méthode de mise en équivalence.
De même, la norme a proposé que lorsque l'évaluation à la juste valeur serait requise
en principe, mais qu'elle nécessite des coûts ou des efforts excessifs, une méthode
d'évaluation alternative est généralement autorisée à savoir la méthode du coût.
date de clôture.
151
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
Sur un autre plan, la deuxième divergence entre la norme IFRS pour PME et le cadre
conceptuel tunisien consistait en le fait que ce dernier a instauré la convention de l’unité
monétaire qui n’pas été prévue au niveau de la norme internationale.
Par définition, cette convention imposait la nécessité d'une unité de mesure unique
pour enregistrer les transactions d'une entreprise et que seules les transactions susceptibles
d’être quantifiées «monétairement » sont comptabilisées.
Cette convention malgré son objectivité et sa simplicité a été critiquée sur deux
aspects. Premièrement, du fait que le cadre conceptuel tunisien ne tenaitt pas compte
systématiquement des variations des prix, allant même jusqu’à consacrer l’hypothèse de la
stabilité de l’unité monétaire. Cette position était peu envisageable sur le plan pratique
puisque la valeur de la monnaie variait dans le temps. D’où, la convention de l'unité
monétaire n’était plus envisageable dès lors que la stabilité de la monnaie n'était plus assurée.
De part ces analyses, nous estimons que le cadre conceptuel devrait limiter le recours à
la convention de l’unité monétaire afin de tenir compte de la période inflationniste que nous
traversons.
Définition :
152
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
L'actif est constitué par les ressources Un actif est une ressource contrôlée par une
économiques obtenues ou contrôlées par entité à la suite d’événements passés et dont on
l'entreprise, à la suite d'événements ou de s’attend à ce que des avantages économiques
transactions passés, à même d'engendrer : futurs bénéficient à l’entité.
Des avantages économiques futurs au
bénéfice de l'entreprise ; Ces avantages économiques futurs peuvent
Il ressort de ce tableau qu’aussi bien le cadre conceptuel tunisien que la norme IFRS
pour PME proposaient fondamentalement la même définition de l’actif en se basant sur la
capacité de ce dernier à procurer à l’entité des avantages économiques futurs.
Ceci étant, la norme IFRS pour PME a spécifié expressément que ni la substance
physique ni le droit de propriété ne pouvaient influencer les préparateurs des états financiers
lors de la prise en compte des éléments d’actifs.
153
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
monétaires identifiables, sans substance physique » tel que notamment les droits de brevets
et marques et le fond de commerce132.
Prise en compte :
Un actif est pris en compte dans le bilan lorsque : La comptabilisation d’un actif dépend de :
Il est probable que des avantages économiques Niveau de certitude attaché à la probabilité
futurs bénéficieront à l’entreprise ; que des avantages économiques iront à
L’actif a un coût ou une valeur qui peut être l’entité.
évalué d’une façon fiable. La possibilité d’évaluer de manière fiable le
coût ou la valeur de l’élément.
Dans ce cadre, on remarquerait certainement que les deux cadres ont proposé la même
méthodologie concernant la prise en compte des actifs. Cette méthodologie s’était reposée sur
la notion de probabilité de réalisation des avantages économiques futurs liés à l’actif.
Cependant, on relève que par rapport au cadre conceptuel tunisien, la norme IFRS
pour PME a fourni des moyens d’appréciation du caractère probable de la réalisation des
avantages économiques futurs. En effet, selon la norme, le concept de probabilité était utilisé
dans les critères de comptabilisation par référence au degré d’incertitude selon lequel les
avantages économiques futurs associés à l’élément iront à l’entité ou en proviendront. Les
appréciations du degré d’incertitude attaché aux flux d’avantages économiques futurs seraient
faites sur la base des éléments probants relatifs aux conditions disponibles à la fin de la
période de reporting lorsque les états financiers seraient préparés. Ces évaluations seraient
faites individuellement pour des éléments qui, pris individuellement seraient significatifs, et
pour un groupe pour une vaste population d’éléments qui, pris individuellement seraient non
significatifs.
132
Système Comptable des Entreprises tunisien norme technique 06 « Immobilisation Incorporelle »
§ 8.
154
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
par conséquent facilité cette appréciation des incertitudes liées à la réalisation des avantages
économiques futurs et enfin réduire au minimum le recours aux jugements professionnels.
133
Norme IFRS pour PME, Section 13§7, Section 17 §13.
155
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
Définition :
Le passif est constitué par les obligations Un passif est une obligation actuelle de l’entité
actuelles de l’entreprise, résultant de résultant d’événements passés et dont
transactions ou d’événements passés, nécessitant l’extinction devrait se traduire pour l’entité par
le transfert futur à d’autres entités de ressources une sortie de ressources représentatives
représentatives d’avantages économiques. d’avantages économiques.
Elle a indiqué aux tiers, par ses pratiques passées, par sa politique affichée ou par
une déclaration récente suffisamment explicite, qu’elle assumera certaines responsabilités ; et
En conséquence, l’entité a créé chez ces tiers une attente fondée qu’elle assumera
ces responsabilités.
Au niveau cadre du conceptuel tunisien, notre analyse nous a permit de conclure que
ce dernier ne traitait pas de la notion d’obligation implicite et se limitait seulement à la forme
juridique de cette dernière. Toutefois, selon Abderrazak GABSI, expert comptable et
enseignant tunisien, la notion d’obligation au niveau du cadre conceptuel tunisien couvrait
aussi bien les obligations issues des contrats et autres transactions juridiques que celles issues
de l’usage ou des pratiques de l’entité. Ainsi, il a préconisé qu’ « une obligation est le devoir
ou la responsabilité d’agir ou de faire quelque chose d’une certaine façon. Elle peut résulter
156
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
de la loi, des statuts, d’un contrat, des usages ou du simple désir de conserver de bonnes
relations d’affaires ou d’agir équitablement134 ».
134
GABSI. A (2007), « Le cadre conceptuel de la comptabilité financière », cours IHEC CES révision.
157
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
Prise en compte :
Un passif est pris en compte dans le bilan La comptabilisation d’un passif dépend :
lorsque: Du niveau de certitude attaché à la
Il est probable qu’un transfert de ressources probabilité de sortie des avantages
économiques résultera du règlement de économiques de l’entité.
l’obligation à la charge de l’entreprise ; Ainsi que la possibilité d’évaluer de manière
Le montant de ce règlement peut être mesuré fiable le coût de l’élément.
de façon fiable.
A notre sens, cette divergence serait de nature à créer des différences importantes au
niveau de l’évaluation de la dette de l’entité et par conséquent sur de la détermination du
résultat de l’exercice et des exercices futurs.
158
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
Ces capitaux propres présentent l’intérêt Les capitaux propres sont l’intérêt résiduel dans les
résiduel dans les actifs de l’entité, après actifs d’une entité après déduction de tous ses passifs.
déduction de tous ses passifs. Ils
comportent les diverses catégories de Les capitaux propres comprennent les investissements
capital, les surplus d'apport, les réserves et par les détenteurs de l’entité :
équivalents et les résultats non répartis. Majorés des compléments à ces placements
obtenus par le biais d’activités rentables et
conservés pour les utiliser dans les opérations de
l’entité ;
Diminués de la réduction des investissements des
propriétaires par suite d’opérations non rentables et
des distributions aux propriétaires.
Tableau 16 : Analyse des principes de prises en compte des capitaux propres
Même si la notion de capitaux propres pour les deux cadres comptables revêtait les
mêmes caractéristiques, il n’en était pas du moins que son étendu différait largement.
En effet, la norme IFRS pour PME traitait aussi bien des formes classiques des
capitaux propres (apports, dotation, etc.) que des instruments financiers qui ont les
caractéristiques de capitaux propres à savoir les dettes convertibles en actions, les titres
participatifs, etc.
159
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
160
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
Le cadre conceptuel tunisien distingue entre les La norme IFRS pour PME distingue les produits
revenus et les gains. qui sont des accroissements d’avantages
économiques au cours de la période de reporting,
En effet, le cadre conceptuel tunisien distingue, sous forme d’entrées ou d’accroissements
d’une part, les revenus qui sont soit : d’actifs ou de diminutions de passifs qui ont pour
Les rentrées de fonds ou autre augmentation résultat l’augmentation des capitaux propres,
de l’actif d’une entreprise ; autres que les augmentations provenant des
Le règlement des dettes de l’entreprise ; apports des actionnaires.
Les deux.
centrales de l’entreprise. sont définis en tant que produits générés par les
activités ordinaires d’une entité et que l’on
Et d’autre part, les gains qui sont les désigne sous différentes appellations telles que
accroissements des capitaux propres résultant de les ventes, intérêts, dividendes, redevances et
transactions périphériques ainsi que de toutes loyers.
autres transactions à l’exception de celles
résultant des revenus ou des apports des
propriétaires sur capital.
Cette classification a été interdite par la norme IFRS pour PME en raison notamment de
l’inadaptation de cette désignation avec la réalité économique des opérations que l’entité
aurait effectuée. En plus, cette distinction a souvent trait aux jugements professionnels des
préparateurs des états financiers ce qui limiterait son utilité et sa substance.
161
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
Prise en compte :
Le cadre conceptuel tunisien prévoit que les Selon la norme IFRS pour PME les produits des
revenus sont pris en compte lorsque : activités ordinaires sont comptabilisés dés lors
Une augmentation des avantages que :
économiques futurs liée à une augmentation L’entité a transféré à l’acheteur les principaux
d’actif s’est produite ; risques et avantages liés à la propriété,
Les revenus peuvent être mesurés de façon Elle n’est plus impliquée dans la gestion et ne
fiable. dispose pas du contrôle des biens vendus,
Il est probable que les avantages économiques
associés à la transaction iront à l’entité, et
Les montants des produits et des charges
générés par la transaction peuvent être évalués
de manière fiable.
162
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
gestion ou le contrôle des biens vendus. D’où par exemple, au niveau de la norme, les ventes
sous conditions résolutoire ne génèreraient pas systématiquement de produit dés la conclusion
du contrat.
Sur cet aspect, il serait à relever que la norme comptable tunisienne relative aux
« Revenus » quoiqu’elle imposait une analyse similaire à celle prévue par la norme IFRS pour
PME ne fournissait pas de détails ou des instructions quant à vérification de ces conditions.
Ceci nous semble impertinent, particulièrement dans le cadre des PME, car l’analyse
de ce type d’opération requiert un niveau de connaissance élevé qui pourrait ne pas être
disponibles au niveau de ces entités.
Par ailleurs, un autre point de divergence entre les deux référentiels serait à noter
concernant la détermination de la juste valeur des produits reçus ou à recevoir lorsque la vente
de biens ou service engendrerait pour l’entité des coûts directement liés à la réalisation de ces
derniers. En effet, la norme IFRS pour PME, à l’image des IFRS complètes, a proposé de
défalquer les avantages reçus ou à recevoir au titre de la vente d’un bien ou d’un service entre
la juste valeur du produit et celle des autres composantes de la vente. Ce cas était
particulièrement pertinent dans le cadre des opérations de mise en place des programmes de
fidélisation comportant lors de l’achat d’un bien l’octroi de bons de réduction, chèques
cadeaux, cartes de fidélité, etc.
Le cadre conceptuel tunisien distingue entre les charges et Les charges désignent des diminutions
les pertes, d’avantages économiques au cours de
la période de reporting sous formes de
En effet, le cadre conceptuel tunisien distingue, d’une part, sorties ou de diminutions d’actifs, ou
les charges qui sont soit : de la survenance de passifs qui ont
Les sorties de fonds ou autres formes d’utilisation des pour résultat de diminuer les capitaux
163
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
éléments actifs ;
La constitution de passifs ; propres autrement que par des
On noterait bien à ce niveau que les deux cadres conceptuels s’accordaient sur une
même définition de la notion de charge.
Toutefois, pour la prise en compte des charges, la norme IFRS pour PME a admit un
champ plus large que celui du cadre conceptuel tunisien. En effet, la norme internationale
reconnait comme charges, outre les opérations se traduisant par une diminution d’actifs ou
une augmentation de passifs, celles se traduisant par des paiements en actions. Ainsi, les biens
et les services obtenus moyennant paiement en actions donneraient naissance à une charge
correspondante en contre partie des capitaux propres. C’est le cas notamment des charges de
rémunération relatives aux plans stock-options, attributions gratuites d’actions, etc.
Prise en compte :
Les charges sont prises en compte lorsque : La comptabilisation des charges résulte
Une diminution d’avantages économiques directement de la comptabilisation et de
futurs, liée à la diminution d’un actif ou à l’évaluation des actifs et des passifs.
l’augmentation d’un passif s’est produite ;
La charge peut être mesurée de façon fiable.
164
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
Le montant de la perte peut être déterminé économiques futurs liés à la diminution d’un actif
ou à l’augmentation d’un passif s’est produite et
avec un certain degré de précision.
peut être évaluée de façon fiable.
Les dispositions relatives à la prise en compte des charges seraient similaires entre les
deux cadres.
165
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
166
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
de réalisation nette.
Les stocks doivent être évalués
au coût historique ou à la valeur
de réalisation nette si elle est
inférieure. Il est à noter que la
valeur de marché, connue à la
clôture de l'exercice, constitue
généralement une mesure
appropriée de la valeur probable
de réalisation des éléments de
stocks destinés à être vendus
(marchandises, produits finis).
Le prix de détail : évalue le coût N/A Stock de produit finis
des stocks en déduisant de la
valeur de vente des stocks le
pourcentage de marge brute
approprié.
Coût de standard : le calcul des N/A Stock de produit finis
niveaux normaux d’utilisation
de matières premières et de
fournitures, de main-d’œuvre,
d’efficience et de capacité.
Valeur actualisée ou valeur Dépréciation des actifs non Dépréciation des actifs non
d’utilité: C’est la valeur financiers autres que les stocks financiers autres que les stocks
actualisée des rentrées de fonds immobilisations corporelles, (immobilisations corporelles,
futurs que procurera incorporelles, titres de incorporelles, titres de
vraisemblablement un élément. participations, etc.) participations...)
Pour le calcul de la dépréciation
d’actif.
Dans ce cadre, nous avons relevé qu’aussi bien pour le cadre conceptuel tunisien que
la norme IFRS pour PME le coût historique a demeuré la base de mesure la plus
communément utilisée pour préparer les états financiers. Ceci étant, cette méthode a été
combinée avec d’autres bases de mesure.
167
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
En effet, malgré les inconvénients du principe du coût historique qui ont été dénoncés
et continuent de l’être, ce principe présenterait l'avantage, par rapport à d’autres procédés de
mesure, d’une part de sa vérifiabilité puisque il s'appuyait sur des données difficilement
contestables d’autre part par son objectivité et surtout par sa simplicité.
168
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
Conceptuellement, les composantes des états financiers, telles que énumérées par le
cadre conceptuel tunisien et celui de la norme IFRS pour PME, seraient semblables. Ces
composantes comportaient notamment : un bilan, un état de résultat, un état de flux de
trésorerie, un tableau de variation des capitaux propres, et des notes aux états financiers.
Par ailleurs, les deux référentiels s’accordaient pour ne pas imposer de formats
particuliers pour les états financiers. Quant bien même que le guide d’application de la norme
IFRS pour PME et la norme générale du SCE ont présenté un jeu complet d’états financiers
ainsi qu’une liste d’informations à fournir et ce à titre d’indication.
169
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
D’autre part, les états financiers, selon ces référentiels, devraient présenter des
informations comparatives incluant le dernier exercice clôturé, à moins que des exemptions
et/ou des exceptions aient été prévues.
Au niveau des modèles de présentation, les deux référentiels comptables ont prévu au
niveau de la présentation de l’état de résultat et de l’état de flux de trésorerie le choix pour les
préparateurs des états financiers entre deux modèles. Cette option a été particulièrement
adaptée aux besoins des PME.
Toutefois, certaines divergences entre ces deux référentiels seraient à relever. Parmi ces
divergences on pourrait soulever celle relative au tableau de variation des capitaux propres et
celle à la présentation de l’état de résultat.
En effet, et à l’image du cadre conceptuel des IFRS complètes, la norme IFRS pour PME
a exigé la présentation du tableau de variation des capitaux propres comme élément des états
financiers. Cet état présenterait le rapprochement entre les différents éléments des capitaux
propres à l’ouverture et à la clôture de la période.
Ceci étant, alors que la norme internationale a considéré cet état comme une composante
des états financiers, le cadre conceptuel tunisien, quant à lui, a prévu la présentation du
tableau de variation des capitaux propres parmi les notes aux états financiers toutefois il n’a
pas fournit de détail sur la manière de présenter ce tableau ni sur les rubriques qu’il doit
comporter.
Par ailleurs, l’IASB, au niveau de la norme IFRS pour PME, par mesure de simplification
a opté pour une présentation de l’état de résultat et du tableau de variation des capitaux
propres dans un même état si les seuls changements impactant les capitaux propres d’une
entité au cours de la période provenaient du résultat, du versement des dividendes, des
corrections d’erreurs d’une période antérieure ou de changements de méthodes comptables.
Cet état était présenté comme « le compte de résultat et des résultats non distribués ».
Sur un autre plan, la norme générale du SCE tunisien a prévu au niveau des notes aux
états financiers le tableau des soldes intermédiaires de gestion, lequel n’a pas été pas prévu
par la norme IFRS pour PME. Ces soldes seraient publiés pour les besoins d'agrégation à
l'échelle sectorielle ou nationale et constituait une des particularités du SCE tunisien.
170
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
Le tableau suivant recense certaines divergences au sein des composantes des états
financiers entre les deux référentiels :
L'état de résultat fournit des Une entité doit présenter un état du résultat global soit
renseignements sur la performance de dans un état unique soit dans deux états incluant un
l'entreprise. compte de résultat et un état des gains et des pertes
comptabilisés en capitaux propres.
Au cas où l'entreprise utilise la méthode de Aucun format n’est prescrit. L’entité choisit de
référence, elle doit obligatoirement fournir présenter ses charges par fonction ou par nature.
l'information sur la nature de ses charges Lorsque le compte de résultat est présenté par fonction,
dans les notes aux états financiers. des informations supplémentaires par rapport aux
charges par nature sont requises en notes annexes.
Au cas où une entreprise utilise la méthode
autorisée, elle est encouragée à publier
dans ses notes une répartition de ses
charges par destination.
Le cadre conceptuel tunisien prévoit Les exigences en matière d’information présentées par
d’autres informations à communiquer aux notes aux états financiers ne sont pas aussi importantes.
utilisateurs des états financiers au niveau Parmi ces exigences :
des notes à savoir : Notes sur les jugements réalisés par la direction, à
171
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
172
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
Toutefois, il serait à noter que même si des référentiels comptables bâtissaient leurs
réglementations sur la base de cadres conceptuelles très proches ; les normes techniques qui
composaient ce référentiel et les choix et options comptables proposées par ces normes
pouvaient diverger sensiblement. Cette divergence serait certainement due à diverses raisons
telles que la différence au niveau de l’arbitrage entres les qualités qualitatives et les
conventions comptables adoptées par chaque réglementation ou bien le degré d’application ou
de généralisation d’un principe.
Dans le cadre de notre analyse du SCE tunisien et de la norme IFRS pour PME, une des
principales sources de divergence entre la norme IFRS pour PME et le référentiel tunisien
serait simplement due au fait que certains sujets développés par la normalisation
internationale ne seraient pas traités par les normes tunisiennes à l’image des instruments
financiers, les avantages aux personnels, l’hyperinflation, activités abandonnées et actifs
détenus en vue de la vente et les activités spécialisées tels que l’agriculture, les activités
extractives et les concessions de marché.
Dans ce cadre, nous essayerons de présenter les principales sources de divergence entre
les deux référentiels ainsi que la nature de l’impact sur l’entité. A cet effet, nous allons
défalquer ces impacts en trois catégories : ceux affectant le résultat et ceux affectant le
système d’information et ceux affectant les deux.
173
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
174
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
175
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
176
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
Prise en compte des rémunérations du personnel basées sur des instruments de capitaux propres
Prise en compte des engagements de retraite du personnel au titre des régimes à prestation définie
177
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
Périmètre de consolidation
Système d’information
3-amortissement du goodwill
Amortissement
Selon la NCT 38 amortissement obligatoire obligatoire du goodwill Niveau de résultat
178
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
4-dépréciation du goodwill
Pas de tests de
Selon NCT 38 possible s’il existe des dépréciation du Système d’information
éléments indiquant que le goodwill a perdu goodwill
de la valeur.
179
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
selon la méthode de la
mise en équivalence.
Distinction entre les contrats de prestation de services et les contrats de location selon la
substance économique du contrat et non sa forme juridique
Les contrats de prestation
La norme 41 ne s’applique pas aux de services qui sont en Niveau de résultat
contrats de services qui ne substance des contrats de
transfèrent pas le droit d’utilisation locations doivent être
des actifs. traités comme tels.
180
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
NCT 39 ne traite pas Une entité doit indiquer la rémunération des Système d’information
de ce sujet principaux dirigeants, en cumul, et pour
chacune des catégories suivantes :
Avantages à court terme ;
Avantages postérieurs à l’emploi ;
Autres avantages à long terme;
Indemnités de fin de contrat de travail ; et
Paiements fondés sur des actions.
181
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
provenant directement de
l'acquisition récente des stocks
facturés dans une monnaie
étrangère et à l'occasion d'une
grave dévaluation ou d'une
dépréciation.
Méthode de valorisation des stocks
Suppression de la méthode Système d’information
NCT 04 § 25 le coût des LIFO. Pour les éléments
éléments de stocks identifiables, l’évaluation est
interchangeables doit être individuelle et spécifique. Pour
déterminé en utilisant la le deuxième cas, il y a lieu
méthode du coût
moyen d'utiliser soit la méthode FIFO
pondéré ou la méthode du soit la méthode du CMP.
premier entré, premier sorti,
selon celle qui permet le
meilleur rattachement des
charges aux produits.
182
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
charges d'amortissement.
183
Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au système comptable tunisien
l'entreprise ; et
Les coûts encourus ou à
encourir concernant l'opération
peuvent être mesurés de façon
fiable.
Système d’information
Système d’information
Tableau 34 : Analyse des divergences au niveau des produits des activités ordinaires
184
Chapitre 3 :
185
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
Au-delà des implications strictement comptables, le passage pour les PME tunisiennes à
la norme IFRS pour PME serait sans doute porteur de modifications méthodologiques et
comportementales pour les acteurs internes et externes à l’entreprise.
Ces modifications auraient certainement des effets bénéfiques sur la visibilité des
performances des PME et sur leurs capacités de développement. Par ailleurs, ces
modifications constitueraient également des nouveaux défis d’une part pour les dirigeants des
entités en matière de management et de qualité d’organisation et d’autre part pour le
législateur national en matière de mise en place d’une réglementation adéquate et appropriée
afin de garantir l’application rigoureuse du nouveau dispositif comptable.
Ainsi sur le plan fiscal, l’expérience du SCE de 1996 en Tunisie a permit de mettre en
évidence que faute d’une véritable séparation des questions fiscales par rapport aux
préoccupations comptables, l’implémentation de norme comptable d’inspiration internationale
ou l’adoption simple des normes internationales, qui à priori devrait donner à la discipline
comptable une entière autonomie, ne saurait pleinement consommée. Ceci eu égard que
l’attachement affiché par la plus part des entités aux règles fiscales, pourrait limiter et même
annihiler partiellement les avantages escomptés d’un tel changement.
186
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
On le sait déjà, les normes IAS/IFRS sortent du cadre purement comptable pour toucher
aux exigences de gouvernance des entreprises et, en particulier, de rendre compte des
décisions prises et de leurs impacts sur la création de valeur économique.
Dans ce cadre, toute adoption ou adaptation du référentiel national par rapport aux
normes IAS/IFRS devrait certainement avoir un impact aussi bien sur la manière de concevoir
l’entité que sur les modes de gestion et de décision : centralisation de l’information et de la
décision ou implication généralisée des différents acteurs associée avec des procédures de
contrôle et de pilotage.
Ce changement de vision serait particulièrement valable pour le cas des PME pour qui on
a associé fréquemment des modèles de gestion unipersonnels dépendant le plus souvent du
dirigeant-propriétaire et une perception réduite de l’entité axée sur le résultat comme principal
indicateur de performance. Cette perception de la PME serait aussi très fréquente en Tunisie.
Donc il serait intéressant d’analyser les effets d’une éventuelle application de la norme
IFRS pour PME dans le cadre tunisien et son incidence sur la perception de la performance de
la PME, sur les systèmes d’information et de gestion, sur les systèmes de contrôle interne et
sur la gestion des compétences internes de l’entité à travers la formation continue.
Toute organisation, à but lucratif on non, consomme des ressources afin d’offrir des
produits ou des services. Ce faisant, elle crée et répartit de la valeur. Dans ce contexte, le rôle
de la comptabilité serait de produire de l’information sur ce processus afin de satisfaire une
demande interne et externe.
187
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
la perception de sa capacité à générer des flux financiers positifs et donc sa capacité d’honorer
ses engagements envers les banques, créanciers, l’Etat... De ce fait, ce critère conditionnerait
généralement la capacité de l’entité à survivre ou à se développer dans la mesure où aussi bien
les décisions d’investissement, celles de financement ainsi que sa relation avec ses partenaires
commerciaux en ait tributaire.
Sur ce plan, la normalisation comptable internationale, dont est issue la norme IFRS pour
PME, a essayé de sortir du cadre purement comptable de l’évaluation des performances de
l’entité pour toucher aux exigences de gouvernance des entreprises et, en particulier, au
besoin de rendre compte des actions effectuées, des décisions prises et de leurs impacts sur la
création de valeur économique.
188
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
développement durable et sur la responsabilité sociale (ou sociétale) des entreprises. En effet,
la norme IFRS pour PME constituerait un dispositif fédérateur intégrant les préoccupations
financières et managériales de l’entreprise. Le choix et la définition des orientations
comptables conduiraient nécessairement à reformuler les données historiques, analytiques et
prévisionnelles.
189
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
190
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
Depuis l’apparition des scandales financiers de ces dernières années, qui ont ébranlé la
confiance du public dans les marchés financiers et les entreprises commerciales, l’exigence de
la part de ces consommateurs d’informations comptables et financières d’une plus grande
transparence de ces informations s’était amplifiée de façon vertigineuse.
191
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
Face à ces exigences, aussi bien les organes de régulations des marchés financiers que les
professionnels d’audit ont pris conscience que la mise en œuvre d’un système de contrôle
interne efficace serait indissociable d’une bonne gouvernance des entreprises.
Cette prise de conscience s’était notamment traduite, depuis le début des années 2000, par
la multiplication des lois sur la sécurité financière (Sorbanne-Oxly Act aux Etats-Unis, Loi
sur la Sécurité Financière en France, Kon TraG en Allemagne, Loi sur le Renforcement de la
Sécurité Financière en Tunisie, etc.). Ces lois ont introduit, entre autre, l’obligation de mettre
en place des systèmes de contrôle interne fiables, structurés capables de jouer pleinement
leurs rôles en matière d’assurance de la conformité aux lois et règlements, de l’application des
instructions et des orientations fixées par la direction générale ou le directoire, du bon
fonctionnement des processus internes de la société, notamment ceux concourant à la
sauvegarde de ses actifs et essentiellement de la fiabilité des informations financières.
De ce fait, le contrôle interne était devenu une véritable technique à part entière dont il
faut dégager la philosophie et les règles d'application. Le temps n'était plus où le chef
d'entreprise, même d'importance moyenne ou modeste, pouvait s'en tenir à son sens de
l'équilibre financier et à ses intuitions personnelles. C'est désormais une méthode ancienne qui
avait probablement eu ses raisons d'être au temps où les marges de profit étaient plus larges et
où la vie d'une entreprise ne comportait pas une lutte incessante contre les pertes par friction
ou par négligence. A cette époque, un contrôle interne systématisé eût été presque superflu et
eût constitué sans doute une charge inutile pour l'entreprise.
Or dans le contexte tunisien, il apparait que sous l’égide du système comptable, malgré
qu’il imposait aussi bien pour les grandes entreprises que pour les PME la mise en place d’un
tel système de contrôle, ce dernier a été occulté par les fragilités organisationnelles et
fonctionnelles de ces entités ce qui a induit entre autre la perte du reporting financier de sa
valeur de gestion et de pilotage des activités de l’entité.
192
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
C’est dans ce cadre que la norme IFRS pour PME pourrait constituer un vecteur
important pour rétablir et stimuler l’intérêt des dirigeants des PME au système de contrôle
interne. Cet intérêt s’accentuerait à travers la multiplication et la décentralisation des flux
d’informations horizontaux et verticaux sur lesquelles le reporting financier devrait
dorénavant se baser et que ces dirigeants auront à s’assurer de leurs fiabilités et leurs
sincérités car c’est sur ce reporting que, par exemple, les dirigeants fonderaient leurs
stratégies et leurs prévisions et que les banquiers appuieraient leurs décisions d’octroie de
crédit.
Par ailleurs, puisqu’elle était fondée sur des principes, la norme IFRS pour PME exigeait
des préparateurs d’états financiers qu’ils émettraient davantage de jugements comptables. Par
conséquent, les PME devraient mettre en place des contrôles plus serrés des éléments
nécessitant un jugement comptable. Et, si l’exercice du jugement comptable serait déjà
difficile, il le sera encore davantage si la norme IFRS pour PME serait adoptée. En plus, la
difficulté ne se résumerait pas seulement au fait de l’établissement et du contrôle de
l’information liée au jugement professionnel mais aussi dans sa communication.
193
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
vraisemblablement créer des opportunités mais aussi peut être source des problèmes que les
entreprises devraient analyser puis résoudre et qui seraient à la fois des questions techniques
et des questions de communication : anticiper, produire et communiquer.
En effet, Il faudrait concevoir le passage à la norme IFRS pour PME comme un véritable
projet qui associerait les différents services et directions comptables, financières, les
ressources humaines, les systèmes d’information, et qui nécessiterait une réflexion sur les
moyens de pilotage internes, la refonte des systèmes d’information comptables et financiers et
sur la communication financière auprès des investisseurs, banquiers, bailleurs de fond et
autres intervenants externes.
De ce fait, ce projet devrait reposer aussi sur les compétences, savoir faire et capacités
non seulement des dirigeants de l’entité mais aussi de l’ensemble du personnel. En effet, la
décentralisation et la spécialisation de l’information induites par l’application de la norme
internationale obligeraient les managers de la société de veiller à assurer à leurs personnels un
niveau de qualification de qualité, une forte réactivité face aux problèmes posés et un sens de
communication facile et adéquat car c’est sur leurs compétences et capacités que reposerait la
pertinence de l’information et sa fiabilité.
En plus, et à l’opposé des normes comptables tunisiennes, l’IASB a prévu la mise à jours
de la norme IFRS pour PME dés qu’un nombre suffisant de nouveauté ou de mise à jours des
normes IFRS complètes aurait été réalisé. Cette situation impliquerait pour les dirigeants des
entités, notamment des PME, la nécessité de mise en place d’une procédure de veille
stratégique qui engloberait aussi bien les domaines comptables et financiers que les domaines
liés aux systèmes d’information et de mise à niveau des connaissances.
Cette procédure de veille impliquerait notamment la mise en place par les dirigeants d’un
système d’évaluation et de suivie des compétences de leurs personnels afin d’abord de mieux
exploiter les compétences acquises dans l’entreprise et ensuite de déceler en temps opportun
les défaillances à ce niveau et d’entreprendre les mesures nécessaires pour les corriger.
194
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
De ce fait, l’avènement des normes comptables IFRS et leurs adoptions dans les
différents référentiels comptables nationaux ont suscité particulièrement la problématique
autour de l’incidence fiscale de ces normes et les risques de complexité des traitements que
l’entité devait accomplir pour pouvoir liquider l’impôt dont elle serait redevable.
Ces interrogations ont été d’autant plus vives par la position affichée sur ce sujet par
l’IASB. En effet, ce dernier a considéré que même si l’administration fiscale était souvent un
« autre » utilisateur externe important des états financiers des entités et particulièrement des
PME et qu’elle a pour politique de minimiser les ajustements du résultat comptable dans le
but de déterminer le résultat imposable ; néanmoins, les normes comptables mondiales et
notamment celle pour les PME ne pouvaient pas « traiter de la présentation de l’information
fiscale dans les juridictions individuelles 137».
137
Base de conclusion § 54.
138
Base de conclusion § 55.
139
Base de conclusion § 56.
195
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
Pour analyser ce sujet nous allons tenter d’analyser, au niveau de cette section, les
incidences d’une éventuelle application de la norme IFRS pour PME au niveau du référentiel
comptable tunisien. Nous allons étudier pour cela les incidences de cette application sur la
relation de connexion entre la fiscalité et la comptabilité et les risques que cela représenterait
sur la détermination du résultat fiscal et finalement les incidences sur la théorie fiscale de
cette adoption.
Ainsi, les liens entre la comptabilité et la fiscalité ont été, dans ces pays, si étroits qu’il
était parfois difficile de savoir quelle discipline avait plus d’influence l’autre, de sorte qu’il
n’était pas possible d’adopter une norme comptable sans s’interroger, préalablement, sur ses
incidences fiscales et que chaque loi fiscale prenait en compte les aspects comptables des
dispositions à légiférer.
Cette état de figure était notamment le cas de la Tunisie pour qui, depuis les réformes
fiscales et comptables entreprises dans les années 90, a veillé à établir une connexion directe
entre ces deux disciplines. Le principe de la connexion a été établi en imposant de déterminer
le résultat fiscal, base de calcul de l’impôt sur le bénéfice, à partir du résultat dégagé par la
comptabilité et donc sur la base des règles comptables moyennant des traitements qui
marquaient les divergences entre le droit fiscal et comptable sur certains aspect.
Toutefois, en établissant cette connexion, le législateur tunisien n’a pas pour autant
légiférer les conflits qui pouvaient naître à partir de ces liens de connexion et particulièrement
dans les cas où il y aurait existence de divergences, parfois importantes, entre les règles et les
principes régissant ces deux domaines. En effet, il n’existe pas en droit tunisien l’équivalent
d’un article du code général des impôts français qui disposait que « les entreprises doivent
respecter les définitions dictées par le plan comptable général sous réserve que celles-ci ne
soient incompatibles avec les règles applicables pour l’assiette de l’impôt ».
196
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
Ainsi, en l’état actuel de la législation tunisienne, et sur le plan pratique, lorsqu’une règle
comptable heurtait une autre règle divergente résultant d’une disposition fiscale expresse, il
serait fait application du principe de l’autonomie : la norme comptable appliquée serait
retraitée pour les besoins de la détermination du résultat fiscal.
En revanche, toutes les règles comptables qui ne heurtaient aucune disposition expresse
de la réglementation fiscale s’imposaient comme règles communes aux deux matières. Ainsi,
le juge administratif a considéré que les règles comptables seraient opposables à
l’administration fiscale en cas de silence de la norme fiscale140.
A partir de là, et très souvent aussi, on a observé en Tunisie la prédominance des règles
fiscales sur les règles comptable. En effet, les entités ont eu tendance à appliquer les principes
d’ordre fiscale au détriment des principes comptables et donc de privilégier les besoins de
l’administration fiscale en termes de détermination de la base imposable sur les besoins des
autres utilisateurs des états financiers. Cette prédominance a fait que la portée des réformes
comptables entreprises en Tunisie aurait été très limitée voir même annihilée.
Ce constat a été notamment relevé par le rapport RRNC qui a stipulé que « les états
financiers sont souvent influencés par les règles fiscales…. (dans plusieurs domaines:
amortissements, provisions comptabilisation des revenus). La transparence souffre de cette
prédominance des considérations fiscales, et des écarts qui en découlent par rapport aux
normes comptables applicables».
Ainsi, Il conviendrait, dans ce cadre, d’examiner deux interrogations ; quels seraient les
effets d’une éventuelle application de la norme IFRS pour PME sur la relation entre les
140
Cassation N°31425 du Tribunal administratif de Tunis du 27/1/1997
197
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
disciplines comptables et fiscales ? Et, plus généralement, y avait-il une opportunité d’une
déconnexion entre le droit comptable et le droit fiscal ?
Pour répondre à ces interrogations, il aurait fallu d’abord analyser les principales
conséquences d’une éventuelle application de la norme IFRS pour PME sur la théorie
comptable et ensuite, par ricochet, sur le principe de connexion.
Dans ce cadre, et à travers l’analyse faite au niveau des chapitres précédents, nous
pouvons avancer que, principalement, les conséquences de l’application de la norme
internationale devraient interpeller la théorie du bilan tel que préconisée par le référentiel
comptable tunisien, car les fondements de cette norme différait des axiomes de la
réglementation comptable tunisienne. En effet, la norme IFRS pour PME créerait un résultat
comptable plus volatil et caractérisé par une plus grande incertitude par le fait d’une part
d’une application plus généralisée du principe de juste valeur et d’autre part de l’induction du
principe de primauté de la réalité économique sur l’apparence juridique.
Sur le plan fiscal, ces deux principes ne seraient certainement pas en phase avec la théorie
fiscale. En effet, l'évaluation progressive des actifs et des passifs à leurs justes valeurs se
fondait sur l'idée que la meilleure évaluation d’un actif ou d’un passif financier serait sa
valeur de mobilisation. Or, la notion de juste valeur s'intègrerait difficilement avec les
principes fiscaux actuellement en vigueur en Tunisie. Il serait donc peu probable que
l’administration fiscale accepterait de déterminer la base taxable d'une entreprise sur d'autres
données que les coûts historiques, car ces derniers correspondaient a des faits vérifiables et
démontrables.
L'utilisation à titre fiscal de la juste valeur pourrait d'ailleurs entrainer des difficultés
d’interprétations liées par exemple à la complexité d'évaluer comptablement et de manière
consensuelle certains postes d’actifs pour lesquels il n'existerait pas de marche liquide. On
voit tout de suite la difficulté d’établir un impôt des sociétés sur la base de certains agrégats
comptables évalués selon la juste valeur : la base d’imposition serait moins fiable et donc
moins prévisible en termes budgétaires. En plus, cela conduirait aussi à prélever l’impôt sur
des bénéfices latents, c’est-a-dire non réalisés.
198
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
Sur un autre plan, l’inadaptation de la norme IFRS pour PME au cadre fiscal tunisien
relèverait également du recours plus accentué au principe comptable de « substance over
form » par la norme internationale. En effet, dans son acception anglo-saxonne, ce principe
privilégiait la réalité économique d’une opération à son apparence légale et/ou contractuelle.
C’est l'expression d’une autre notion comptable à savoir la subordination de certaines règles
d’évaluation comptable à l’intention qui a présidé leurs mises en œuvre. Ainsi, ce concept
informel a été qualifié de « comptabilité selon l’intention ». L’application de ce principe
consisterait à tenir compte dans la perspective de la traduction comptable des fondements
économiques et de l'intention sous-jacente à la mise en œuvre des transactions plutôt
qu'uniquement à leurs formulations légales et/ou contractuelles. Il conviendrait donc de
retenir le critère de la réalité économique de l'événement qui reflèterait l'intention de sa mise
en œuvre, par rapport à sa formulation juridique.
En tant que tel, ce principe comptable ne serait pas transposable à un calcul d’impôt des
sociétés car, lui aussi, il a la particularité, sur le plan fiscal, de s’opposer de nature aux
exigences de preuve du fisc.
Par conséquent, cette opposition, aussi bien théorique que pragmatique, entre les
nouveaux concepts promulgués par la norme IFRS pour PME et la doctrine fiscale tunisienne
pourrait être très préjudiciable à la relation de connexion entre les disciplines comptables et
fiscales telle qu’établie aujourd’hui.
Donc cette connexion entre les deux disciplines a été articulée sur le principe que la
fiscalité des entreprises en Tunisie intervenait à titre supplétif pour déroger au droit comptable
soit pour baliser des mesures incitatives (intérêts notionnels, par exemple) soit pour indiquer
199
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
Toutefois, tel qu’on l’a expliqué, une substitution de référentiel comptable applicable
aujourd’hui en Tunisie par la norme internationale IFRS pour PME entrainerait
mécaniquement des divergences avec de nombreuses règles fiscales. Incessamment, cette
situation impliquerait la réflexion sur une définition autonome du résultat fiscal et sur
éventuellement l’opportunité d’une déconnexion entre le droit comptable et le droit fiscal.
200
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
D’où, l’implémentation des normes IFRS, et notamment la norme IFRS pour PME, dans
les comptes sociaux deviendrait plus facile. Dans ce cadre aussi, les lois régissant la
détermination de l’impôt étant d’ordre public, elles s’accommoderaient mal avec les
exigences de flexibilité et d’autonomie d’appréciation propres à la comptabilité. De ce fait,
une telle déconnexion présenterait l’avantage de pleinement assurer la neutralité fiscale
particulièrement en cas d’évolution future des normes comptables qui serait dès lors sans
aucune incidence en matière fiscale.
Dans le cas contraire, les autorités fiscales seraient contraintes d’adopter un système de
mesure du résultat des entreprises, c’est-a-dire d’assumer la charge de devoir déterminer des
règles d’évaluation, en se substituant au conseil d’administration responsable du choix de ces
règles. Cet axe de réflexion serait important car les principes comptables et les règles
d'évaluation qui en découleraient constituaient le cadre de référence servant à la mesure
comptable des événements économiques dans le but de présenter un impact sur le patrimoine
de la société.
Aussi sur un plan théorique, la démarche qui présiderait a l’établissement des principes
comptables serait une démarche inductive dans la mesure où ceux-ci ne seraient pas
déterminés a priori mais seraient issus des pratiques comptables au sein desquelles les
éléments normatifs invariants seraient identifies et systématisés. Ceci ramènerait à la notion
de sincérité qui, malgré ses faiblesses conceptuelles en termes de définition comptable,
s’imposerait par dérivation ou transitivité en droit fiscal. Dans l’hypothèse de la formalisation
d’un résultat fiscal autonome, il conviendrait de définir une sincérité objective fiscale dont la
définition réglementaire et non plus normative (comme c’est actuellement le cas en droit
comptable tunisien) fournirait une réponse aux trois fonctions associées a l'exigence
comptable tunisienne d'une image fidele, à savoir une fonction de complémentarité, une
201
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
fonction dérogatoire, et surtout une fonction interprétative dans l'hypothèse ou les règles
d'évaluation applicables a une situation comptable seraient absentes de la réglementation.
Par ailleurs, un résultat fiscal indépendant du résultat comptable poserait d’autres soucis.
En effet, la connexion entre le résultat comptable et fiscale a été dictée par le constat que le
résultat comptable apparaît comme le meilleur moyen d’appréhender la richesse produite par
l’entreprise. Donc, la déconnexion qui imposerait la détermination du résultat comptable et
celui fiscal de manière distincte pourrait déroger à ce fondement très important. Ainsi, soit le
résultat fiscal serait inferieur au résultat comptable, et donc défavorable a l’Administration
fiscale, soit, au contraire, le résultat fiscal serait supérieur au résultat comptable, ce qui
conduirait à lever l’impôt sur des résultats non réalisés ce qui serait contraire au principe de
neutralité fiscale. Cette position a été fondée sur le fait que la connexion limiterait la
possibilité de créer des impositions déconnectées de la performance de l’entreprise. En outre,
la connexion éviterait aux entreprises n’établissant pas de comptes consolidés le coût de
l’établissement de deux liasses, l’une fiscale et l’autre comptable.
Finalement, outre que l’application de la norme IFRS pour PME aux comptes individuels
n’était pas – connexion fiscalo-comptable ou pas – souhaitable par elle-même, la déconnexion
aboutirait à des incohérences graves par rapport à notre tradition comptable. De plus, les
complications d’une telle déconnexion seraient loin d’avoir été analysées en profondeur et les
coûts de sa mise en œuvre seraient, sans doute, considérables particulièrement pour les PME.
Dans ce cadre, M. René Ricol, président d’honneur de l’IFAC141, a affirmé, en 1997, qu’il
ne pouvait y avoir de déconnexion durable entre les comptes sociaux et les comptes fiscaux
sans que cela ne serait contraire aux intérêts de l’entreprise contribuable142. En effet, la
détermination d'une base imposable arrêtée à partir de comptes individuels audités – et par-là
141
IFAC : International Federation of Accountants.
142
Magasine « La Tribune », N° 22 mai 1997, site www.latribune.fr.
202
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
Donc, force est de constater que l’administration fiscale en Tunisie a longtemps maintenu
son attachement au principe de la connexion entre la comptabilité et la fiscalité. Même si cette
connexion n’a été possible qu’à travers des retraitements qui au fil des années ne cessaient de
se multiplier.
Dans ce cadre, nous avons essayés de déterminer l’ampleur de ces retraitements dans la
perspective d’une adoption éventuelle de la norme IFRS pour PME en Tunisie afin de cerner
leurs ampleurs et le degré de complexité qui leurs sont associés.
L’application éventuelle de la norme IFRS pour PME au niveau des comptes tunisiens
affecterait de manière significative le nombre et la nature des retraitements fiscaux à appliquer
pour aboutir au résultat fiscal et à l’impôt à payer.
En effet, cette norme relevait d’une approche très différente des normes tunisiennes
actuelles et donc elle serait susceptible d’entraîner, logiquement, d’importants changements
capables eux même de modifier les comptes et la structure des bilans des entreprises à l’image
de la notion d’actif qui a évolué en privilégiant l’idée de droit d’usage par rapport à la
propriété.
Dans ce cadre, nous avons essayé de déterminer les principales divergences entre les
principes comptables et ceux fiscaux qui naîtrons d’une éventuelle application de la norme
IFRS pour PME. Pour cela nous allons nous baser sur la distinction proposée par Mr Fayçal
DERBEL et Mr Abderraouf YAICH, experts comptable et enseignants universitaires, au
203
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
niveau de l’atelier « l’impact fiscal des IFRS »143 tenu lors du congrès de l’OECT. En effet,
ces deux experts ont recensé quatre types de divergences que les normes IFRS et notamment
IFRS pour PME peuvent entrainer à savoir :
Nous allons au niveau les tableaux ci-dessous analyser, selon chaque type de
divergence, les principaux domaines impliqués par cette divergence, leurs types et leur degré
de compatibilité avec le principe de connexion comptable.
d’amortissement de certaines
143
OECT – Congrès 2007 - Les normes internationales IAS – IFRS.
204
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
résiduelle rétrospective.
(réestimée tous les
ans) est déduite de La base
Charges reportées Traitement interdit Activées avec Activation admise Convergence facile.
résorption selon le avec résorption en
rythme de une ou trois ans.
consommation des
avantages.
(Niveau d’usage
dépendant des
résultats pour les
charges reportées,
source de
manipulation des
résultats
Divergences temporelles
205
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
206
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
montant nominal de
l’opération) et
éventuellement leur
présentation dans
207
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
Les coûts de
transaction sont
incorporés pour le
calcul du taux
effectif.
208
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
Si la juste valeur ne
209
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
peut être
déterminée,
l’entreprise
applique la méthode
du coût amorti.
210
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
admise.
Tout amortissement
non constaté est
irrégulièrement
différé
Contrat de Prise en compte des Mêmes règles que Prise en compte des
construction produits selon la l’IAS produits selon la
méthode de méthode des
l’avancement et décomptes
211
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
Il ressort de ces tableaux, certes non exhaustive, que l’introduction de la norme IFRS
pour PME dans les comptes individuels tunisiens aurait dans le cadre du maintien du principe
de connexion des résultats comptable et fiscal, de fortes incidences sur les règles fiscales de
détermination du résultat imposable à l’impôt sur les sociétés mais aussi sur les bases
d’imposition d’autres impôts et taxes (impôts locaux, TVA, droit d’enregistrement) qu’il
conviendrait d’approfondir.
212
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
Ceci était du notamment au fait que tout rejet par la fiscalité d’un traitement comptable
économiquement fondé décourageait la présentation fidèle de l’information et portait atteinte
à la transparence comptable tant recherchée par la norme internationale.
C’est pour cette raison que le projet d’implantation de la norme internationale devrait être
précédé par une adaptation de législation fiscale qui devrait être capable de suivre le
changement et surtout d’assurer deux objectifs majeurs à savoir :
213
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
Par ailleurs, il est aussi important, autant pour l’administration fiscale que le législateur
comptable, de ne pas complexifier encore plus les retraitements extra comptables que les
entreprises et particulièrement les PME devraient effectuer pour aboutir à la base de taxation,
d’autant que ces retraitements engendreraient certainement des coûts supplémentaires pour
ces dernières et qu’ils remettraient en cause le degré d’application des règles soit comptables
soit fiscales vu que les contribuables, implicitement ou non, privilégieraient l’une des deux.
En effet les IFRS et notamment la norme IFRS pour PME sont des normes extrêmement
évolutives. L’IASB a décidé, dans ce cadre, d’inclure les dispositions des nouvelles normes et
interprétations qui seraient mises en place suivant une périodicité triennale. Ces nouvelles
normes et interprétations seraient donc appliquer bien avant que les normes et interprétations
antérieures se seraient stabilisées. Cela été justifié, à la rigueur, par l’exigence d’une
information pertinente dans un environnement qui changeait rapidement.
214
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
Par contre, cette évolution ne serait précisément pas souhaitable pour un droit fiscal. Déjà
avec le droit fiscal actuel, les plaintes sur des « réformes » fiscales trop nombreuses se
multipliaient. En effet, les professionnels ont du mal à rester à la pointe et les cursus
universitaires et les formations professionnelles devenaient rapidement obsolètes. Et le tout
aboutissait à un gaspillage de ressources, une sécurité juridique diminuée et une
désorientation généralisée du contribuable.
Dans ce cadre, nous avons proposé certaines recommandations portant sur les procédés
applicables afin d’assurer une implémentation saine et durable de la norme internationale
IFRS pour PME au niveau de la législation comptable tunisienne. Ces recommandations se
résumeraient en :
Limiter les divergences aux seuls points de discorde dont le retraitement est
techniquement compatible avec le principe de connexité. Lorsque le retraitement est
inévitable, il faut qu’il soit le plus simple, le plus léger et le plus limité possible ;
215
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
Eviter toutes les règles fiscales qui sont de nature à imposer des règles comptables
(constatation des amortissements, vente à la valeur nominale..) et finalement
Simplifier davantage la fiscalité en évitant toutes les différences qui sont « peu
rentables fiscalement » et qui sont de nature à rendre très compliqué l’ajustement du
résultat comptable et le calcul de l’impôt différé.
Nous pensons, dans ce cadre, que pour réaliser ces objectifs il y a nécessité de créer une
direction comptable au sein de l’administration fiscale afin qu’elle soit la jonction qui
concilierait entre les objectifs des deux disciplines en assurant la convergence des règles
fiscales vers le nouveau référentiel comptable qui est la norme IFRS pour PME.
Cette convergence serait à notre avis nécessaire pour une meilleure transparence
financière et fiscale et pour une économie qui s’ouvrerait de plus en plus à l’international.
Plus lisible, c'est-à-dire plus stable et plus prévisible car les investisseurs voudraient
connaître les règles de jeu et ne voudraient pas que celles-ci changent à tout moment, surtout
rétroactivement.
Plus adaptée, car pour optimiser le rendement de l’impôt, le législateur devrait taxer sans
faire fuir la matière taxable. Il se verrait donc contraint d’établir des règles de plus en plus
précises et adaptées à la complexité du réel.
Par ailleurs, le législateur tunisien devrait veiller à ce que la convergence avec la norme
IFRS pour PME devrait être neutre fiscalement pour ne pas déséquilibrer le Budget de l’Etat
ni celui des entreprises. En outre, même si de plus nombreux retraitements devraient être
effectués entre le résultat fiscal et le résultat comptable, la fiscalité devrait rester adosser à a
comptabilité.
216
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
Durant les dernières décennies, le droit comptable s’est largement développé sous
l’influence de la pratique comptable, qui elle-même était le fruit et le reflet des contraintes
inhérentes aux échanges économiques privés.
Dans ce cadre, et malgré que les sources matérielles ne faisaient pas partie du codex des
sources formelles, elles ne seraient pas moins essentielles pour la pratique du droit et ce en
raison notamment de la capacité de ces sources à s’adapter aux évolutions rapides que connait
le monde de comptabilité. C’était le cas notamment de la normalisation comptable anglo-
saxonne dont les systèmes juridiques se caractérisaient par une importance relative de la
doctrine et de la jurisprudence supérieure à la législation144.
Cet état de figure se poserait, certainement, dans le cadre d’une éventuelle adoption au
niveau de sa législation comptable tunisienne de la norme internationale IFRS pour PME. En
effet, à l’image des normes de l’IASB, la norme IFRS pour PME, forme un tout qui de part sa
conception ne pourrait se rapporter à un droit et par ailleurs qui se prêtrait mal à la hiérarchie
constitutionnelle des sources de droit tunisien (loi, décret, arrêté).
144
CAUSIN, Eric, « Droit comptable des entreprises », Larcier, 2002, p. 336-338, n° 435; p. 334-
335, n° 433.
217
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
Par ailleurs, l’introduction de la norme pour les PME de l’IASB pour l’établissement des
comptes consolidés et/ou individuels des PME en Tunisie créerait certainement un problème
de gestion et de validité juridique des interprétations des règles et des principes
particulièrement en cas de conflit ou de litige ou de doute.
145
International Financial Reporting Iinterpretations Committee : élabore des interprétations des
IFRS pour assurer une application homogène de ces normes, y apporter des précisions et trouver
des solutions pratiques. Ses membres sont nommés par l'IFRS Foundation.
218
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
d’un organisme supranational n’ayant pas autorité et dont les décisions pouvaient être guidées
par des prérogatives divergentes de l’intérêt ou de l’état de la législation tunisienne.
Selon cette optique on pourrait craindre que ces incidences puissent être source d’une
plus forte déconnection entre le droit et des normes comptables. Ce risque serait très
préjudiciable surtout dans le cadre de la législation tunisienne. En effet, la connexion entre les
normes comptables avec le cadre juridique des entreprises en Tunisie, pays traditionnellement
attaché aux règles de droit (droit de société, droit commercial..) était primordiale pour une
sécurité des transactions et des opérations.
Dans ce cadre, notre étude, loin d’être exhaustive ni généralisée sur tous les aspects,
porterait sur les effets éventuelles de l’application en Tunisie de la norme internationale IFRS
pour PME et particulièrement au niveau des divergences qu’elle pourrait susciter par rapport
aux règles et principe de droit déjà en application.
219
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
Par rapport aux plus part des réglementations comptables et notamment tunisienne, il était
convenu qu’avec la normalisation internationale les règles comptables passaient d’une
représentation patrimoniale (ou prudentielle) de l’entreprise à une représentation financière et
économique (image de la performance économique). En effet, impulsé par la dominance des
marchés financiers et de capitaux, l’objectif de valorisation de l’entreprise à un moment
donné a privilégié une représentation de l’entité axée sur une forte différenciation entre le
financier et le non financier.
La norme IFRS pour PME, malgré qu’elle a traduit la volonté de ce dernier de limiter ou
de tempérer cette tendance eu égard des spécificités inhérentes à cette catégorie d’entreprise,
n’a pas pour autant changé cette orientation. De ce fait, toute éventuelle adoption au niveau
des législations comptables de cette norme devrait tenir compte de ce changement et surtout
des conséquences liées à ce changement.
Cette déconnexion serait notamment due aux différentes divergences entre l’évaluation
d’une situation en terme de patrimoine et en terme de situation financière et notamment entre
la définition des actifs selon la norme IFRS et celle issue du droit de propriété et de ses
démembrements selon le codex juridique tunisien.
Les raisons de cette déconnexion seraient à rechercher dans le cadre des approches
adoptées par chaque partie au niveau de la considération de l’entité et de ses transactions.
L’approche adoptée par la norme internationale serait plus globale, elle a incorporé, par
exemple, pour l’évaluation des actifs tous les décaissements passés et à venir. En outre, la
norme a intégré dans la définition des passifs tout ce qui est passif implicite, c’est-à-dire, en
langage anglo-saxon, les « constructive obligations » qui n’existaient pas en droit tunisien.
Par ailleurs, le caractère éminemment variable et résiduel des capitaux propres serait
aussi un point important au niveau de cette divergence dans la mesure où, selon la norme
220
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
Dans ce cadre, nous observons encore de très fortes différences s’agissant de la nature des
capitaux propres. En effet, dans le droit tunisien, le capital c’est la garantie du créancier. Il y a
donc implicitement, dans la notion tunisienne du capital, la notion de fixité du capital puisque
seulement une décision prise par l’assemblée des actionnaires pourrait y modifier moyennant
en plus certaines contraintes. La norme IFRS pour PME, quant à elle, a stipulé que les
capitaux propres seraient un élément résiduel, c'est-à-dire la différence qui resterait entre les
actifs et les passifs ; cette différence variait tout le temps et de plus on pouvait y toucher
directement dans l’année et pas seulement au moment des assemblées générales comme l’a
préconisé le droit tunisien et notamment le code des sociétés commerciales.
Sur un autre plan, la divergence entre les considérations juridiques des opérations et leurs
réalités économiques serait parmi les principales raisons de la déconnexion entre l’aspect
comptable et l’aspect juridique des opérations. En effet, la norme IFRS pour PME a préconisé
qu’une opération devait regrouper tous les engagements liés à celle-ci indépendamment de
son traitement juridique et en particulier de son fractionnement. Tout montage déconsolidant
devait être pris dans son ensemble et non élément par élément.
Le même genre de découplage est à noter au niveau du compte de résultat pour la prise en
compte de la notion traditionnelle de chiffre d’affaire. Sur le plan juridique, le chiffre
d’affaires serait la consécration chiffrée d’un contrat. Alors qu’en norme IFRS pour PME,
nous avons passé à un principe différent : le chiffre d’affaires serait la juste valeur de la
contrepartie de ce que l’on donnait à son cocontractant. A partir de là, la notion d’opérations
comptables devait avoir un périmètre très différent de la notion du contrat. On pourrait
découper un contrat en plusieurs opérations comptables, à l’inverse, on pourrait considérer
qu’une opération comptable correspondrait à plusieurs contrats.
Un autre point de divergence concernerait la date de prise d’effet des opérations qui
pouvait aussi être différente entre la doctrine juridique et les prescriptions de la norme
internationale. Sur le plan comptable, selon le système comptable actuel, les comptables
distinguaient entre le protocole qui faisait les pourparlers, l’avant-contrat, la promesse de
contrat, le contrat et finalement le service après-vente. Sur cet aspect la norme international a
exigé de prendre en compte tous les effets présents et futurs de la transaction à condition
221
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
qu’ils seraient certains ; tout ceci ne correspondrait pas à la façon dont les choses pourraient
être juridiquement fixées.
Cette autonomie comptabilité/droit aurait des conséquences sur la relation entre les deux
disciplines, quoi que extrêmement variées, pourraient être représentées par ces situations :
De ce fait, se poserait alors, à notre avis, un certain nombre de questions sur les
conséquences de cette relation et qui principalement peut se résumer en trois volets :
146
Le concept de defeasance, ou défaisance, est un élargissement de celui de titrisation :
l'emprunteur cède simultanément de la dette et un portefeuille d'actifs à une société ad hoc
indépendante de l'emprunteur. Les actifs sans risque transférés à cette entité peuvent être des
obligations d'État ou des bons du Trésor, voire un portefeuille de créances, d'actifs immobiliers ou
de participations. La cession des actifs et des dettes est irrévocable. Comptablement, l'opération se
traduit par une sortie du bilan des titres et des dettes à une valeur inférieure à leur valeur
comptable. La différence entre ces deux valeurs apparaît au compte de résultat. L'entreprise
supporte donc en une seule fois le coût de l'opération. Cette technique permet de faire table rase
du passé : rendre actuel le coût de la dette, faire apparaître dans le bilan un endettement global
correspondant au niveau d'endettement réel de l'entreprise
222
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
Il est évident que, si demain nous devions passer à un outil IFRS, il faudrait que nous
revoyions le Code des Sociétés Commerciales tunisien, le Système Comptable des Entreprises
et l’ensemble des décrets qui se trouveraient entre les deux. Avec, probablement, quelques
difficultés dans la répartition des matières comptables entre la loi et le décret, problème
constitutionnel qui n’a jamais été très clairement résolu s’agissant de notre matière.
Il faudrait aussi réécrire le plan comptable puisque la norme IFRS pour PME a énoncé
le traitement de tel ou tel type d’opération, mais sans donner aucun cadre comptable
ressemblant à notre plan comptable général.
Sur cet aspect se poserait aussi certaines interrogations sur l’application de ces règles :
La première serait relative à la probité des documents comptables. En droit tunisien 147
la comptabilité faisait foi entre commerçants et faisait foi contre le commerçant. Il va falloir
que les entreprises s’habituent au fait que plus vous avez des écritures compliquées, de
caractère calculatoire et plus la question de la preuve de la justification des écritures
deviendrait un vrai sujet. Quand l’entité passerait une écriture de vente sur la base d’une
facture client, ce serait simple : la facture client serait considérée comme preuve.
Cependant, en norme IFRS pour PME, quand le commerçant passerait une écriture
d’impairement de ses actifs sur la base d’un business plan compliqué qui résulterait de ses
estimations, il serait évident que, vis-à-vis d’un juge d’instruction qui lui poserait des
questions dans 5 ans, il a tout intérêt à avoir gardé le détail de tous ses calculs.
223
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
224
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
Au niveau des principes d’interprétation. Il nous paraît clair que les juges
tunisiens seraient arcboutés, en tout cas c’est la jurisprudence traditionnelle, sur la notion de
prudence. Même en matière fiscale, on pencherait plutôt vers un excès de prudence, et que
l’inverse non. Il faudrait bien savoir que les normes IFRS ne seraient pas fondées sur la notion
de prudence, elles ont été fondées sur la notion d’image fidèle, ce qui est différent.
Au niveau du mode d’interprétation, dès lors que la plupart des règles comptables
trouveraient des sanctions fiscales et même des sanctions pénales, qui seraient des sanctions
de droit public. Comment ces règles vont-elles être appliquées ?
Pour répondre à cette question on devrait se référer au mode d’application des règles
de droit selon le droit pénal tunisien. Or, traditionnellement en droit pénal tunisien, on
considèrerait que les textes répressifs devraient faire l’objet d’une interprétation stricte, c’est-
à-dire littérale.
Donc pour adhérer à cette conception le législateur ainsi que les juges tunisiens
seraient obligés à rechercher l’intention des rédacteurs de la norme, en l’occurrence l’IASB, le
plus souvent mentionnée dans des documents annexes (bases des conclusions, exemples
illustratifs et commentaires d’application). Ce qui n’irait pas sans poser des difficultés, en
225
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
effet, ces textes n’existant pas pour toutes les normes et n’étant par ailleurs ni publiés par le
JORT ni traduits en arabe ni parfois même en français.
Ainsi, le choix du mode d’interprétation des nouvelles règles comptables par les
tribunaux resterait entier, chaque mode, ayant pour chaque type d’acteurs et selon les cas des
avantages et des inconvénients, ne manquerait pas de susciter chez les différentes parties le
sentiment d’insécurité.
Cette complexité du référentiel IFRS, largement soulignée par ses détracteurs, ne serait
pas inhérente à la norme elle-même mais à la transaction sous-jacente qu’elle devait traduire.
Il va de soi que la sophistication croissante des opérations, l’application de normes
comptables plus élaborées et plus détaillées notamment pour les instruments financiers ou les
dépréciations créeraient une charge supplémentaire pour les entreprises, en matière
d’application de suivi et de preuve, pour éviter des litiges ou pour mieux les défendre.
226
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
De nombreuses notions du droit des sociétés ont pris en compte des éléments
comptables comme en matière de présentation de bilan d’appréciation du montant des fonds
propres ou de la notion de bénéfice distribuable. Inversement, les règles du droit des sociétés
ont imposé des solutions comptables qui ne seraient plus compatibles avec les normes de
l’IASB.
Ainsi, dans les comptes individuels, une augmentation du capital ne serait réputée
réalisée et ne pourrait être enregistrée en droit des sociétés que lorsqu’elle serait souscrite. Or,
en matière d’option de souscription d’actions, la norme IFRS pour PME a imposé de
comptabiliser les options en charge en contrepartie des capitaux propres dès lors qu’elles ont
été attribuées quel que soit le délai accordé aux bénéficiaires pour les lever éventuellement.
Par ailleurs, les sections 11 et 12 de la dite norme, relatifs aux instruments financiers,
ont assimilé à des dettes une partie de certains postes de passif considérés en droit national
comme des capitaux propres. Ce classement binaire, capitaux propres ou dettes, serait plus un
classement financier qu’un classement juridique. Il en résulterait que les tiers ne seraient plus
directement informés du montant réel des passifs et notamment de ceux qui seraient reconnus
en cas de cessation d’activité de l’entreprise.
227
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
Dans ce cadre, nous soulignons que la norme IFRS pour PME a imposé d’inscrire les
engagements de retraite et des avantages similaires au passif sous forme de dette. Cette
obligation n’était pas mentionnée au niveau du code de travail tunisien. En effet, en Tunisie
les prestations de pensions de retraite et d’assurance maladie ont été monopolisées par l’Etat
et ces prestations relevaient plutôt du régime à cotisations définies qui n’obligeait pas les
PME à constituer des réserves pour couvrir ces prestations même si le code de travail a prévu
de rémunérations futures à la charge des PME à l’image de celles de départ à la retraite.
Enfin, quelle serait l’influence sur ce même calcul des opérations désormais
directement enregistrées dans les capitaux propres sans transiter par le compte de résultat?
C’est le cas notamment des stocks options pour lesquels les questions posées ne soulèveraient
pas seulement des problèmes législatifs ou réglementaires. Elles suggèreraient un nouvel
environnement que les partenaires sociaux devraient appréhender pour adapter voire redéfinir
les accords existants dans ce nouveau contexte.
Les difficultés exposées pour le droit social valent aussi pour le droit des contrats. En
effet, les principes de base n’auront aucune raison d’être modifiés : le droit des obligations a
proposé un cadre qui était universel et le contrat constituait la loi des parties.
Certaines définitions devraient être tout de même adaptées, et chaque contrat existant,
faisant appel à des références comptables, devrait faire l’objet d’une remise à plat en
établissant, de manière systématique, contractuellement une concordance entre les éléments
qui auront servi à leur élaboration et les éléments des comptes établis selon la norme de
l’IASB.
Les parties 3.2 et 3.3 ont été consacrées aux changements que l’introduction de la norme
de l’IASB pourrait apporter au droit. Il resterait naturellement à envisager la réaction des
acteurs (personnes sur lesquelles pèseraient des obligations nouvelles : rédacteurs de contrats,
juges, avocats, etc.) qui auront à travailler dans le nouveau contexte et donc à « s’approprier »
la norme de l’IASB, qui ne sauraient appartenir aux seuls comptables.
228
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
La teneur de ces questions serait fonction de l’ampleur des changements liés au passage à
la norme de l’IASB. Elles se poseraient déjà pour la traduction comptable de certaines
obligations juridiques lors de l’établissement des comptes consolidés.
L’un des objectifs de l’IASB été de produire des normes comptables qui seraient
neutres par rapport aux décisions économiques des entreprises et celui-ci espérait y parvenir
en fondant ses normes sur le raisonnement économique.
Ce résultat pourrait ne pas être atteint dans une phase de transition. En effet,
l’instrument de mesure ne serait pas neutre par rapport à celui qui opèrerait la mesure et celui
qui l’utiliserait. La simple existence de la règle comptable la fait entrer dans le processus de
décision des acteurs ; leur comportement économique pourrait être influencé au moment du
changement de celle-ci.
229
Incidence d’une adoption de norme IFRS pour PME sur la gouvernance d’entreprise, le droit des
affaires et la fiscalité
Il est par ailleurs évident que tous les professionnels comptables et a fortiori les autres
intervenants dans les décisions des entreprises (commerciaux, juristes, etc.) n’ont pas encore
assimilé la norme de l’IASB et pris la mesure de leur portée.
Finalement, nous pouvons avancer que les principes du droit des sociétés ne seraient
pas remis en cause, mais la manière de les appliquer en fonction de la connotation
essentiellement économique plutôt que juridique des comptes individuels poserait des
problèmes d’interprétation dont la solution ne pourrait incomber qu’à la seule jurisprudence.
Il serait nécessaire pour éviter les incertitudes de définir ou redéfinir nombre de notions dont
les cas cités ne seraient que des exemples. Il conviendrait de trouver un point de rencontre
entre ces deux formulations : la vision juridique du droit tunisien et celle, plus économique, de
la norme de l’IASB.
Le législateur national devrait trouver les formules qui permettraient d’éviter toute
ambiguïté, mais peut-être aussi le normalisateur pourrait-il interpréter certaines formulations
de la norme elle-même pour prendre plus directement en compte le contexte juridique, malgré
la règle « substance over form ».
230
Chapitre 4 :
Opportunités et voies de
convergence vers le
référentiel international
pour la Tunisie
231
Opportunités et voies de convergence vers le référentiel international pour la Tunisie
Comme nous l’avons déjà remarqué, durant le 20ème siècle, la normalisation comptable a
profondément été remodelée. Ce changement a été le fruit de plusieurs facteurs : courants
d’internationalisation et de globalisation des marchés, accroissement de l’importance
accordée aux informations comptables suite à la complexification des opérations financières
et l’intérêt grandissant aux travaux des organismes privés de normalisation comptable
dépourvus de contraintes juridico-fiscales. Ces facteurs, entre autre, ont amené les acteurs
sociaux liés au processus de la normalisation, à différent niveau, à être plus attentifs à ce qui
se passait à l’échelle international.
Cette percée s’était d’autant confirmée après la publication par l’IASB d’une norme
internationale destinée aux PME. En effet, les PME, aussi bien à travers le monde qu’en
Tunisie, constituaient la majorité écrasante des entreprises et ont une importance particulière
en matière de création de richesse et de l’emploi. Et c’est notamment pour ces raisons que
148
DERBAL F (2009), « IFRS : comment réussir leur mise en œuvre en Tunisie » site
www.leaders.com
149
Point 7 du 13ème axe du programme présidentiel prévoyant : « La réforme du système
comptable dans le sens de l’adoption des normes internationales ».
232
Opportunités et voies de convergence vers le référentiel international pour la Tunisie
l’IASB, en établissant cette norme, a essayé d’être à l’écoute de leurs besoins en matière de
production d’information comptable et de reporting.
Jugeant, à juste titre, que les normes IAS/IFRS étaient trop complexes et inappropriées
pour ces entreprises, l’IASB, tout en adoptant une approche déductive se basant sur le cadre
conceptuelle et les normes IFRS complètes, a, par rapport à ces dernières, introduit d’une part
plusieurs simplifications et aménagements quant aux méthodes de mesure et de présentation
et d’autre part supprimer quelques dispositions normatives qui par ailleurs intéressaient moins
les PME.
Quant aux critères de détermination de la PME pour qui l’application de la norme serait
proposée, l’IASB a laissé à chaque pays le soin de définir le critère de taille à partir duquel
une société serait autorisée pour l’application de cette norme. Toutefois, le chiffre de 50
salariés a été évoqué mais de manière non officielle. Ces entités devraient toutefois ne pas
avoir d’obligation publique de rendre des comptes (au sens de la définition donnée par
l’IASB).
Depuis la publication de cette norme, elle n’a cessé d’intéresser aussi bien les pays qui
ont adopté le référentiel IAS/IFRS ou qui s’orienteraient, aujourd’hui, vers l’adoption à
l’instar du Canada ; en témoigne de cet intérêt la consultation réalisée par l’Union
Européenne150 autour de la norme IFRS PME qui s’était inscrit dans le cadre du réexamen des
quatrième et septième directives.
C’est pour ces raisons que l’intérêt suscité pour cette norme devrait vraisemblablement
attirer l’attention du législateur tunisien. En effet, la Tunisie, qui a été en matière de
normalisation comptable avant-gardiste et précurseur sur les voies de la modernisation à
travers son système comptable des entreprises promulgué en 1996, a officiellement déclaré
son intention de se mettre au diapason du référentiel international.
Ce choix serait, à notre avis, en harmonie avec les stratégies économiques de la Tunisie
particulièrement axées à l’attraction des investisseurs et des capitaux étrangers et la
dynamisation du marché financier et notamment la Bourse de Tunisie. Or, dans son état
actuel, le système comptable des entreprises a montré ses limites d’une part en matière de
préparation et de présentation des informations comptables et financières d’autre part en
150
UE (2009), « Consultation sur la norme internationale d’information financière pour les petites et
moyennes entreprises », Commission Européenne DG Marché intérieur et services, Novembre 2009.
233
Opportunités et voies de convergence vers le référentiel international pour la Tunisie
matière de prise en compte des nouvelles techniques financières. De plus, le SCE a été conçu
pour satisfaire les besoins de toutes les entités. Or il s’était avéré que les besoins des PME en
matière de normalisation comptable étaient sensiblement différents des grandes entités. C’est
d’ailleurs ce constat qui a poussé divers normalisateurs nationaux à l’instar du Canada et de
Royaume Unis et internationaux à l’image de l’ISAR et l’IASB à entamer des études
théoriques et empiriques pour évaluer l’opportunité d’une information différentielle pour les
PME.
Par ailleurs, l’inadaptation du SCE par rapport aux objectifs de communication des PME
pourrait être un des principaux freins à leurs développements puisque le manque d’une
information pertinente a rendu difficile l’évaluation correcte par les bailleurs de fonds du
risque lié à ces entités et par conséquent à augmenter les coûts d’obtention des capitaux et à
priver donc les PME de ressources de financement externes et notamment par les banques
d’affaires. Dans ce cadre, le rapport des Nations Unis sur « les opportunités et les défis de
l’intégration de la Tunisie dans l’économie mondiale » a clairement mis l’accent sur les
difficultés des PME tunisiennes à obtenir des crédits faute de garanties réelles et que même en
obtenant ces crédits les taux de financement étaient très élevés (entre 7% et 8%) ce qui
constituait une charge pesante.
Sur un autre plan, nous croyons que l’intérêt des investisseurs étrangers à cette catégorie
d’entité ne pourrait que se renforcer par l’existence d’une information comptable de qualité
basée sur un référentiel qui fait unanimité. Dans ce cadre, Mr Zarrouk Ridha et Mr Bouassida
Sami, deux experts comptables tunisiens et enseignants universitaires, ont jugé que la
production d’une information comptable de haute qualité aurait le mérite d’accroitre l’intérêt
des investisseurs étrangers et de permettre aux entités de conquérir de nouveaux marchés151.
C’est dans ce contexte que nous pouvons estimer que pour que l’information comptable
des PME en Tunisie joue pleinement son rôle de reflet des performances et capacités des
PME, le législateur tunisien devrait considérer de modifier la normalisation comptable qui
leurs aient imposées.
Dans ce cadre, la Tunisie ayant fait, depuis 1996, le choix de converger vers le référentiel
de l’IASB et que ce choix a été encore une fois confirmé par les pouvoirs politiques, la norme
internationale IFRS pour PME pourrait constituer alors la solution adéquate.
151
ZARROUK R, BOUASSIDA S (2007), « Coût d’opportunité de la démarche de mise en place des
IFRS », Congrés OECT, 2007.
234
Opportunités et voies de convergence vers le référentiel international pour la Tunisie
Ce choix serait, sans doute, entrepris dans une démarche plus global d’intégration des
normes internationales en Tunisie. Toutefois, dans le cadre de notre mémoire nous nous
sommes focalisé sur les choix de stratégie de convergence vers le référentiel internationale
basée sur la norme internationale IFRS pour les PME sans développer les autres choix quant
aux autres entités quoique l’approche qui serait développé pourrait être généralisée.
Ces stratégies de convergence seraient sans doute le moyen le plus efficace pour le
législateur tunisien en matière de normalisation comptable. En effet, les expériences
étrangères en matière de passage aux normes IFRS et plus particulièrement l’expérience
canadienne, qui à nos yeux serait la plus édifiante en raison de la richesse des études et des
recherches effectuées, montraient que l’opération de transition vers les normes IFRS a été
relativement complexe et ne se limitait pas à une simple modification du plan et des
procédures comptables. A l’échelle de l’entreprise, cette opération de passage devrait être
minutieusement planifiée et correctement menée en conformité avec un plan de passage défini
à cet effet par le normalisateur.
Au niveau macro, après que les autorités aient défini le périmètre d’application des IFRS,
l’opération de transition ne saurait être réalisée sans le recours à un comité de pilotage qui
définirait et suivrait la stratégie du passage.
C’est particulièrement cette stratégie de passage vers la norme internationale IFRS pour
PME que nous tenterons de développer au niveau des sections qui suivront.
Pour développer cet aspect nous nous baserons sur l’étude réalisée par Salma DAMAK-
AYADI152, basée sur le modèle proposé par Nobes (1992), sur la typologie de normalisation
comptable adoptée à travers le monde. En se basant sur deux critères relatifs au degré
d’intervention de l’Etat et des organismes professionnels du pays à la normalisation
comptable et au recours aux normes internationales de l’IASB, l’étude a distingué quatre
stratégies possibles à savoir :
Une stratégie de délégation de la normalisation à l’IASB : où ni les pouvoirs publics
ni les organismes professionnels nationaux ne participent à la normalisation puisque les
entreprises dans ce cas doivent se référer directement aux IAS/IFRS. Cela correspond
actuellement aux pays faisant partie de l’Union Européenne en ce qui concerne les comptes
152
DAMAK-AYADI S, (2007), « De l’efficacité des mesures de convergences pour préparer le
passage aux IAS/IFRS en France » CREFIGE, Université de Paris Dauphine UREMO, IHEC Carthage.
235
Opportunités et voies de convergence vers le référentiel international pour la Tunisie
consolidés des sociétés cotées. Si cette stratégie sera développée à travers le monde, cela
pourrait amener à la standardisation des IAS/IFRS.
Une stratégie de convergence vers les IAS/IFRS : où les pouvoirs publics et/ou les
organismes professionnels nationaux produisent des normes qui convergent et se réfèrent aux
IAS/IFRS. Tel est le cas de la Tunisie. Cette stratégie pourrait conduire à une certaine
harmonie au niveau international mais qui reste partielle vue les spécificités de normalisation
de chaque pays.
Une stratégie de délégation de la normalisation aux autres organismes de
normalisation internationaux : où les pouvoirs publics et/ou les organismes professionnels du
pays ne jouent aucun rôle (ou jouent un faible rôle d’approbation), la mission de
normalisation est confiée à d’autres organismes de normalisation internationaux. Cette
stratégie répond généralement à des objectifs économiques et politiques (cas de certains pays
d’Afrique avec l’OHADA153 et des pays européens avec les directives) et conduit à une
certaine harmonisation mais régionale.
Une stratégie d’auto-normalisation : où les pouvoirs publics et/ou organismes
professionnels de chaque pays produisent des normes qui leur sont propres sans se référer aux
IAS/IFRS, (c’était la stratégie longtemps préconisée par certains pays comme l’Allemagne et
la France) ou qui sont fortement inspirés d’autres référentiels. Elle a permis de produire des
modèles comptables diversifiés notamment le modèle continental par opposition au modèle
anglo-saxon.
Pour le besoins de notre mémoire, nous nous contenterons d’analyser les avantages et les
inconvénients associés aux stratégies de délégation de la normalisation à l’IASB et celle de la
convergence vers les normes IAS/IFRS.
153
OHADA: Organisation d’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires.
236
Opportunités et voies de convergence vers le référentiel international pour la Tunisie
développer un organisme national, doté des moyens nécessaires, capable d’édifier et de gérer
la normalisation comptable nationale quant bien même qu’il a été instauré le Conseil National
de Comptabilité ; le pouvoir de normalisation de ce dernier a été marginalisé et donc très
faible et ses travaux ont été très limités.
Cette harmonisation s’était traduite en 1996 par l’adoption du système comptable des
entreprises qui à l’époque de son adoption constituait un véritable changement de paradigme
comptable. En effet, la réglementation comptable tunisienne, longtemps imprégnée par le
modèle comptable continentale, a basculé vers une vision anglo-saxonne matérialisée par la
consécration de l’investisseur et de l’actionnaire comme utilisateurs privilégiés de
l’information comptable et par la mise en place d’un cadre conceptuel considéré comme
fondement de la hiérarchisation de la construction comptable.
Ainsi, le législateur tunisien n’a pas pu assurer une « veille comptable » quant bien même
qu’il a instauré, dés l’adoption du SCE, un organisme de normalisation, en l’occurrence le
237
Opportunités et voies de convergence vers le référentiel international pour la Tunisie
CNC, ce dernier n’a pas été doté des moyens humains, matériels et financiers capables de
soutenir une telle mission.
C’est la raison pour laquelle le législateur tunisien se devait de considérer les stratégies à
adopter afin de niveler sa réglementation comptable par rapport aux pratiques comptables
actuelles sur le plan international tout en prenant en considération les difficultés techniques et
financières qui seraient en jeu.
En effet, durant cette dernière décennie, la normalisation comptable entretenue par des
organismes privés tels que l’IASB a pris largement le relais de la normalisation nationale.
A partir de là, et en réponse à cette problématique, il s’était offert à ces législateurs des
voies d’harmonisation comptable basées sur les normes internationales issues des travaux de
l’IASB. Parmi ces voies, la stratégie de délégation de la normalisation comptable à l’IASB.
Cette voie a été adoptée par plusieurs Etats à l’instar l’Union Européenne 154 qui a rendu
obligatoire, au 1er Janvier 2005, pour toutes les entreprises cotées sur un marché financier en
Europe et établissant des comptes consolidés, l’application des normes IAS/IFRS tel que
publié par l’IASB.
En effet, l’IASB, de part sa structure que son organisation, a présenté des gages
d’indépendance vis-à-vis des différents Etats et organismes nationaux ce qui a permit de
154
BAERT. D et YANNO. G (2009), « Rapport d’information présentée par la commission des
finances, de l’économie générale et du plan relatif aux enjeux des nouvelles normes comptables ».
238
Opportunités et voies de convergence vers le référentiel international pour la Tunisie
s’assurer de la neutralité de ses travaux par rapport à toutes préoccupations d’ordre politiques
et économiques155.
Dans ce cadre, l’objectif principal de l’IASB était d’élaborer, dans l’intérêt général, des
normes comptables de qualité pour les besoins de prise de décisions économiques et
financières156. Afin d’atteindre cet objectif, un processus international de consultation,
préalable à la publication des normes comptables, le « due process », a été mis en place,
constitué d’étapes de discussion, d’études et de consultation avec l’ensemble des parties
prenante à la comptabilité. Ainsi, les travaux de ce dernier ont été largement reconnus dans le
monde que ce soit par les Etats que par les sociétés et les professionnels.
Dans ce qui suit, nous tenterons de développer aussi bien les avantages que les
inconvénients liés à la stratégie de délégation de la normalisation comptable en à l’IASB :
Principaux arguments Principaux inconvénients
Comparabilité par rapport aux marchés Perte de la souveraineté de l’état tunisien pour les
internationaux : pouvoir situer le niveau de questions relative à la normalisation comptable : le
performance des PME tunisienne non normalisateur tunisien perdrait son autorité et son
seulement dans un cadre régional restreint pouvoir décisionnel en matière de normalisation, du
mais également par rapport à d’autres moins dans une large mesure. De plus la
économies ayant les mêmes caractéristiques responsabilité de la tenue à jour des normes
ou les mêmes stratégies économiques que la incomberait à l’IASB. La participation tunisienne se
Tunisie ; limiterait à examiner et à commenter les
155
L’IFRS Foundation doit veiller à ce que « l’IASB n’est dominé par aucune partie prenante
particulière ou intérêt géographique ».
156
selon le 6§ de Cadre conceptuel, l’IASB a pour mission « d’élaborer, dans l’intérêt général, un jeu
unique de normes comptables de haute qualité, compréhensibles et que l’on puisse appliquer dans
le monde entier, imposant la fourniture dans les états financiers et autres informations financières,
d’informations de haute qualité, transparentes et comparables, de manière à aider les différents
intervenants sur les marchés de capitaux du monde, ainsi que les autres utilisateurs de ces
informations dans leur prise de décisions économiques ».
239
Opportunités et voies de convergence vers le référentiel international pour la Tunisie
Minimiser le coût de capital pour les PME Incertitude par rapport éventuelles modifications
en leurs permettant de lever des fonds sur le de la norme internationale : l’IASB prévoit la
marché international à des conditions plus modification des dispositions de la norme IFRS pour
avantageuses que celles offertes par le PME selon une périodicité triennale sauf si des
marché financier tunisien ; modifications jugées importantes des normes
IAS/IFRS nécessiteraient le raccourcissement de ce
délais ; la fréquence de ces changements et les délais
de leurs traductions (document original en anglais) et
de leurs adoptions pourraient porter préjudices aux les
PME puisqu’elles auront à se réadapter par rapport à
ces changements avec tous les conséquences
comptables, organisationnelles et fiscales que cela
comporte.
Aide au développement des PME grâce à L’IFRS pour PME ne tient pas nécessairement
une meilleure visibilité vis-à-vis des compte du contexte tunisien : malgré les gages
investisseurs étrangers : les investisseurs d’indépendance et de neutralité de l’IASB il n’est pas
étrangers toujours en recherche de meilleur moins que cet organisme reste fortement influencé
niveau de rentabilité et de performance par l’idéologie et les contraintes conceptuelles des
pourront grâce aux outils de reporting avoir grandes puissances économiques et des
une visibilité plus claire et structurée des multinationales qui contribuent essentiellement à son
capacités de développement des PME financement ; à partir de là on peut légitimement
tunisienne. croire que la norme IFRS pour PME a été conçue
pour répondre essentiellement aux besoins des PME
des pays développés puisque beaucoup de sujets
relevés n’intéressent guère les PME en Tunisie
(Instruments financiers, avantages aux personnels..).
En plus la norme comporte des traitements (règle de
corridor, comptabilisation des ventes avec services…)
qui sont inadaptés au contexte tunisien;
Développement des marchés financiers en Il existe, dans certains cas, des divergences entre
garantissant une information de qualité ayant les dispositions juridiques et réglementaires
été adopté après un processus (due process) nationales et la norme internationale; un strict respect
très performant : En effet, sans normes de la norme IFRS pour PME poserait divers
comptables fiables, unanimement reconnues problèmes juridiques (voir chapitre 3),
pour leur qualité, il n’y a pas Risque de rompre la connexité fiscalité-
d’investissement possible et, dans une comptabilité et l’alourdissement des obligations des
240
Opportunités et voies de convergence vers le référentiel international pour la Tunisie
241
Opportunités et voies de convergence vers le référentiel international pour la Tunisie
Conclusion
Toutefois, nous pensons que les PME tunisiennes, au cœur de ce débat, seraient
fortement pénalisées par cette stratégie. En effet, l’étude faite par KADDOUR Samia 157, a
montré que ces entreprises trouvaient déjà certaines difficultés au niveau de l’application du
SCE malgré que ce dernier, par rapport à la norme IFRS pour PME, pourrait être considéré
moins complexe et plus adapté à leurs besoins.
En plus, en Tunisie l’environnement économique ainsi que les usages et les pratiques
commerciales ont été organisés de telle sorte que l’approche prescrite dans cette norme ne
serait pas applicable. Par exemple, il nous paraît difficile d’appliquer la méthode fondée sur la
juste valeur prescrite dans certaines sections de la norme internationale car les marchés en
Tunisie ne permettaient pas de déterminer cette valeur d’une manière fiable. En effet,
certaines dispositions de la norme IFRS pour PME seraient manifestement conçues pour des
marchés parvenus à maturité ce qui ne serait pas forcément le cas en Tunisie. A titre
d’exemple nous pouvons citer les dispositions traitant des actifs biologiques qui reposeraient
sur le principe de la juste valeur selon la norme internationale, et dont il a été présumé qu’elle
serait disponible pour différents actifs biologiques tels végétaux, récoltes, animaux vivants.
Donc, nous avons estimé que la norme n’était pertinente que si les justes valeurs sont fiables.
Par ailleurs, l’adoption pure et simple de la norme internationale dédiée aux PME, qui par
nature dépourvue de contraintes fiscales, aurait certainement des répercussions fiscales et
juridiques non moins importantes. En effet, cette adoption risquerait de rompre les liens entre
la comptabilité et le droit fiscal. Ce lien, qui a été depuis longtemps instauré en Tunisie, a
permit d’assurer la neutralité fiscale des dispositions comptables. L’introduction de cette
norme risquerait, donc, de rompre ce lien et donc d’augmenter la charge des PME
puisqu’elles auront à préparer deux liasses de comptes.
157
KADDOUR. S (2007), L’information comptable et financière des PME: vers la conception d’un
cadre comptable adapté a leurs besoins”, mémoire d’expertise comptable, Université 7 Novembre
de Carthage, IHEC.
242
Opportunités et voies de convergence vers le référentiel international pour la Tunisie
Quant aux liens entre la comptabilité et les branches du droit des affaires, certaines
notions véhiculées par cette norme seraient en déphasage avec les notions utilisées par les
branches de droit et notamment le code des sociétés commerciales. En effet, il serait
nécessaire d’engager l’étude des différentes implications de ce changement sur ce plan
associée à des travaux d’harmonisation complexes.
Par ailleurs, l’environnement juridique tunisien caractérisé par la dominance des règles de
droit formelle, et par conséquent par un faible recours à la jurisprudence, a consacré la
comptabilité comme moyen de preuve devant les tribunaux. Or, l’application de la norme
IFRS pour PME impliquerait généralement le recours à des interprétations. Or ces dernières
seraient formulées par l’IFRIC, l’organisme rattaché à l’IASB dont il a la tâche, de ce fait, il
serait légitime de se demander de la valeur juridique de ces interprétations puisque cet
organisme n’a pas de valeur juridique en Tunisie et donc ses travaux ne lient pas les tribunaux
tunisiens. Par ailleurs, ce problème risquerait bien de poser un dilemme pour les PME ; en
effet ces interprétations augmenteraient certainement la qualité de l’information comptable
mais au risque, en cas de litige, que ces dernières ne seraient pas opposables aux tiers et
notamment l’administration fiscale.
Ces conclusions nous amènent à croire que l’adoption pure et simple de la norme IFRS
pour PME pour les PME tunisiennes ne serait pas la solution optimale. En effet, à notre sens,
le législateur tunisien devrait privilégier l’intérêt de ces entités eu égard des contraintes
qu’elles auraient à confronter en cas d’adoption de cette stratégie au risque d’un rejet explicite
ou implicite de cette norme. En effet, les ressources humaines, matérielles et financières
limitées de la majorité de ces entités ne sauraient supporter les coûts directs induits par la
norme. Cette disproportion risquerait de peser lourd dans la balance lors de l’adoption de la
norme.
Sur le plan macro, nous pensons que la perte du pouvoir décisionnel de l’Etat tunisien en
matière de normalisation comptable ne serait pas dans l’intérêt économique du pays. En effet,
l’histoire nous a prouvé que la comptabilité a été toujours intimement liée aux grandes
évolutions politiques, économiques et sociales du pays. Loin de n’être qu’une science ou un
art, la comptabilité serait aussi une norme. Or, une norme ne serait jamais neutre ; elle
porterait en elle un jugement de valeur et le choix qui devrait être fait entre telle ou telle
norme comptable – parce que celle-ci mesure in fine la richesse (celle de l’entreprise, de
243
Opportunités et voies de convergence vers le référentiel international pour la Tunisie
l’actionnaire, du pays, etc.) – emporterait avec lui une certaine vision de l’entreprise, des
rapports économiques et, au-delà, du modèle social d’un pays.
Dés lors, d’autres voies se présenteraient pour le législateur tunisien et qui pourraient
permettre de sauvegarder la main mise de l’Etat sur la normalisation comptable tout en
assurant une harmonisation du référentiel comptable tunisien par rapport aux pratiques
comptables internationales. Parmi ces voies il y aurait la stratégie de convergence par
adaptation de la normalisation comptable en Tunisie par rapport au référentiel international.
Cette voie sera développée au niveau de la prochaine section.
158
“As is generally accepted, standardization is supposed to lead to a global uniformity, whereas
harmonization refers to a process of increasing comparability and the avoidance of total diversity”.
244
Opportunités et voies de convergence vers le référentiel international pour la Tunisie
C’est dans cet ordre d’idée que la Tunisie, en 1996, a opté pour la voie de
l’harmonisation de sa réglementation comptable par rapport aux pratiques internationales. Le
choix de la Tunisie était motivé par le souci de la recherche d’une meilleure information
comptable et financière qui cadrait avec les orientations économiques du pays. En effet, le
diagnostic des pratiques comptables tunisiennes et l’étude de positionnement qui ont été
réalisés ont démontré que le système comptable tunisien était incapable de suivre le
mouvement de financiarisation des économies à travers le monde et les besoins des acteurs en
matière d’information comptable. Dés lors, le référentiel de l’IASB a été plébiscité comme la
solution la plus pertinente pour réaliser ces objectifs.
Quinze ans plus tard, la normalisation comptable tunisienne s’était retrouvée dans les
mêmes problématiques qui l’ont poussé à adopter initialement le SCE. Eloignement des
pratiques comptables par rapport aux pratiques comptables internationales, comparabilité de
l’information issue du SCE diminuée, transparence mitigée et inadéquation du cadre normatif
tunisien par rapport aux besoins aussi bien des entités que des besoins stratégiques et
économique du pays.
Néanmoins, des différences de taille devaient être notées entre la situation qui existait
avant la réforme de 1996 et la situation actuelle de la réglementation comptable tunisienne.
D’une part, alors que le mouvement de convergence initié en 1996 a été perçu comme un
changement de modèle comptable caractérisé par une rupture avec le modèle comptable
continentale applicable à l’époque ; la convergence actuelle ne constituerait qu’une « simple »
mise à jour ou une mise en conformité de la réglementation comptable tunisienne par rapport
aux nouvelles pratiques internationales eu égard que le système comptable tunisien actuel a
été bâti sur une assise conceptuelle internationale.
245
Opportunités et voies de convergence vers le référentiel international pour la Tunisie
D’autre part, les entités tunisiennes ayant déjà été familiarisées avec les concepts
comptables véhiculés par la normalisation internationale auront vraisemblablement moins de
mal à accepter et à assimiler le changement induit par la convergence par rapport à
l’expérience du passage au SCE. Cette expérience, en effet, constituait, pour elles, une
nouvelle manière de penser et de communiquer qui a nécessité une période d’adaptation et
d’apprentissage. Enfin, malgré son originalité, le mouvement de convergence vers la
normalisation internationale instauré par le SCE a été jugée, par beaucoup de spécialiste,
comme une réussite eu égard du degré d’assimilation et d’application par les entités des
dispositions du SCE. De ce fait, cette expérience pourrait certainement être prise comme un
modèle à suivre ou une expérience pilote qui devrait être retenue afin de dégager aussi bien
les préalables organisationnels liés à ce changement que les pièges à éviter et les atouts à
prévaloir pour assurer une meilleure transition vers le modèle internationale.
Ainsi, le système comptable des entreprises comporterait un ensemble d’atout qui serait
de nature à faciliter la migration vers la norme IFRS pour PME. Toutefois, ce mouvement de
convergence ne serait pas exempt de tous inconvénients. En effet, certaines dispositions de la
norme se heurteraient avec les dispositions fiscales et réglementaires en application. Dans ce
cadre, l’expérience du SCE a montré que l’application concrète de la norme a été marginalisée
par leurs inadéquations avec les prescriptions fiscales. Un autre inconvénient serait que la
stratégie de convergence impliquerait certainement l’existence de différences par rapport à la
norme en question ce qui pourrait, à notre avis, limiter l’intérêt de l’harmonisation.
246
Opportunités et voies de convergence vers le référentiel international pour la Tunisie
247
Opportunités et voies de convergence vers le référentiel international pour la Tunisie
information de qualité qui renseignerait sur les différences entre cette norme et celle qui sera
risques d’exploitation et leurs performances adoptée que ces différences porteraient sur
actuelles et futures. A partir de là les sources de l’aspect des traitements à appliquer ou sur la
financements serait plus faciles à obtenir et présentation des informations et des états
moins coûteux. financiers. L’objectif de comparabilité ne serait
pas alors pleinement atteint ce qui réduira l’intérêt
de l’éventuel norme particulièrement pour les
investisseurs et les bailleurs de fonds étrangers
Tableau 40 : principaux avantages et inconvénients de la stratégie de convergence
Conclusion
L’analyse de ce tableau nous a permis d’estimer que la stratégie de convergence par la
voie de l’adaptation de la norme IFRS pour PME semblerait mieux en harmonie avec le cadre
réglementaire et comptable tunisien.
Ceci nous a mené à croire que la poursuite dans cette voie de convergence gagnerait à ne
pas troubler cette harmonie et d’ancrer même les acquis de cette réforme.
248
Opportunités et voies de convergence vers le référentiel international pour la Tunisie
sensible des coûts de mise en place de la nouvelles réglementation et notamment ceux liés à la
formation et la mise à jour des systèmes d’information.
Ceci étant, l’adaptation de la norme internationale aux besoins spécifiques des PME
tunisiennes ne serait pas exempte de tous risques. En effet, l’objectif de comparabilité des
informations comptables et de benchmarking pour les PME tunisiennes pourrait sérieusement
être déconcerté si le législateur tunisien procèderait à des modifications majeures de la norme
IFRS pour PME. En plus, en cas de simplifications exagérées des dispositions normatives de
la dite norme, cette dernière pourrait perdre son essence puisque déjà au départ l’IASB, lors
de la phase de rédaction de la norme, avait déjà étudié les différentes alternatives de
simplifications qu’elles lui ont été suggérées par les différents normalisateurs nationaux ou
groupes de travail. Simplifier encore plus cette norme pourrait la rendre inefficiente et
incapables de fournir une information de qualité.
Mais, nous croyons, dans ce cadre, que, si des modifications s’imposaient, le législateur
tunisien devrait essentiellement les cantonner aux règles d’évaluation se basant sur la juste
valeur et sur les dispositions ne cadrant pas avec les pratiques courantes des PME tunisiennes
et celles dont l’application imposeraient à celles-ci des efforts démesurés par rapport à l’utilité
de l’information. Dans ce cadre, les PME tunisiennes, en tant que partie prenante de ce
changement, devraient être encadrées et guidées afin de faciliter au maximum le processus de
convergence.
C’est la raison pour laquelle le processus de convergence devrait être conçu comme un
projet qui devrait impliquer toutes les composantes de l’économie tunisienne à savoir les
professionnels de comptabilité et d’audit, les entités, les pouvoirs publics et les enseignants,
dans les domaines de la comptabilité.
Dans ce cadre, nous essayerons au niveau de la section qui suit de proposer un modèle de
démarche à suivre afin d’assurer la réussite de la transition et l’intégration par les PME des
nouvelles dispositions réglementaires.
249
Opportunités et voies de convergence vers le référentiel international pour la Tunisie
Il est évident qu’un changement de normes comptables ne pourrait pas être conçu comme
un simple changement d’outil dont les effets économiques seraient neutres sous prétexte que
la réalité économique retranscrite dans les chiffres serait la même. La comptabilité a un
impact réel, même s’il était bien que difficile à mesurer, sur le fonctionnement de l’économie.
En effet, la comptabilité déterminerait nécessairement la vision que se feraient de l’entreprise
les différents utilisateurs des comptes : dirigeants, actionnaires, Etat, créanciers, salariés,
fournisseurs, clients, etc., et qu’à son tour, cette vision influençait les comportements de ces
acteurs vis-à-vis de l’entreprise.
C’est la raison pour laquelle le législateur tunisien devrait mettre en place un processus
de convergence qui devait s’étaler sur des phases interdépendantes caractérisées chacune par
des travaux spécifiques.
250
Opportunités et voies de convergence vers le référentiel international pour la Tunisie
Pour ces raisons, nous avons tenté de délimiter les phases et proposé les choix de la durée
à consacrer pour chaque phase.
Nous pensons, dans ce cadre, que le législateur tunisien devrait pour le processus de
convergence, à l’image de l’approche de l’IASB, prévoir 3 phases qui se résumerait en :
Phase 1 : réalisation des travaux préparatoires et élaboration d’un projet de norme :
lors de cette phase les parties prenantes à ce projet devraient se concerter sur les lignes et les
axes de la convergence et l’étendue des changements qui seraient proposé par rapport à la
norme de référence.
Phase 2 : Communication et discussions sur le projet et genèse de la nouvelle norme :
il serait opportun que les entités, après avoir mesuré tous les aspects du changement, aient le
temps de s’adapter et de mettre en place les outils et les systèmes capables de supporter et de
faire réussir la transition. Cette phase serait une opportunité pour les entités pour faire le
diagnostic des compétences et des systèmes dont ils disposeraient et éventuellement de les
adapter par rapport aux besoins notamment en matière de formation.
Phase 3 : Publication de la norme et période de transition : cette phase permettrait de
dégager les éventuelles inefficiences survenues en période de mise en place. Cette phase serait
utile pour le législateur afin qu’il mesure le degré d’appréhension des entités de la nouvelle
réglementation et apporter les mesures correctives en cas de défaillance.
Par ailleurs, nous pensons que le choix de la période et du timing relatif au processus et
son allocation au niveau de chaque phase devrait être convenablement choisie et
communiqué.
251
Opportunités et voies de convergence vers le référentiel international pour la Tunisie
Dans ce cadre, après avoir considéré les expériences étrangères en la matière, notamment
européenne et canadienne, nous avons estimé que la transition à la norme IFRS pour PME en
Tunisie devrait durer entre trois à quatre ans. Cette période serait, à notre avis, défalquée
comme suit :
La première phase de conception du projet de norme pourrait durer entre 15 et 18
mois ; outre les questions purement comptables, l’impact de la nouvelle norme sur les autres
branches de droit et notamment le droit fiscal devrait être analysé.
La deuxième phase nécessiterait de 15 à 18 mois incluant la période de collecte des
commentaires et avis sur le projet et leurs discussions et analyses par le législateur. Pour les
PME, cette période serait utile aussi pour intégrer les changements de systèmes, de processus
et de contrôles liés à l’adoption de la nouvelle norme et évaluer les répercussions de la
transition, aligner des ressources et mettre au point les changements à apporter.
En travaillant à rebours, les entreprises utiliseraient en parallèle deux systèmes
comptables durant les derniers 6 à 12 mois afin de vérifier l’efficacité des processus et des
contrôles. De plus, elles pourraient expliquer à l’interne l’effet de la nouvelle norme sur les
états financiers clés et les paramètres tels que l’indicateur de rendement clé du ratio
d’endettement.
Par ailleurs, nous soulignerons qu’il serait important, dans ce cadre, de bien communiqué
ces dates afin que les entités concernées par ce processus de convergence soient en mesure
elles même de planifier leurs plans de transition en fonction de ces dates butoirs.
252
Opportunités et voies de convergence vers le référentiel international pour la Tunisie
Il serait évident que, dans le cadre tunisien, la prise en compte du seul critère de
responsabilité publique pour distinguer les PME ne serait pas appropriée. De ce fait, le
législateur devrait entreprendre certainement des travaux de segmentation et de classification
des PME tunisiennes en tenant compte d’autres critères à la fois qualitatifs et quantitatifs.
Loin d’être exhaustif, nous énumérerons certains de ces critères que nous croyons
pertinents à savoir :
Ainsi, à titre d’exemple, cette arbitrage pourrait amener le législateur tunisien à imposer
l’application de la nouvelle norme à une catégorie de PME exerçant dans certaines activités
plutôt que d’autres en raison notamment de l’intérêt économiques de ces entités que ce soit
pour les investisseurs locaux et étrangers que pour l’Etat. De même, le législateur pourrait
décider si les organismes sans but lucratif ne devraient pas être inclus au niveau du champ
d’application de la norme tenant compte de l’inadéquation de la complexité de la nouvelle
réglementation par rapport à leurs besoins.
Cet arbitrage dépendrait, à notre avis, de la vision économique de l’Etat et de ses choix
stratégiques. Plusieurs exemples dans ce cadre sont à noter à l’image du Corporations Act en
Australie qui a défini les petites entreprises en fonction de certain critère lié à l’actionnariat et
de critère lié à l’intérêt général, ainsi pour lui : les petites entreprises seraient celles qui ne
253
Opportunités et voies de convergence vers le référentiel international pour la Tunisie
seraient pas tenues de préparer des états financiers à moins qu’elles seraient contrôlées par
une entreprise étrangère, qu’au moins 5 % des actionnaires exigeaient des états financiers ou
que les états financiers soient exigés par la Australian Securities and Exchange Commission
(l’ASEC).
Notons enfin que, les critères quantitatifs devraient à notre sens permettre de distinguer
les seuils en deçà desquelles l’entité ne serait pas incluse dans le champ d’application de la
norme. Ainsi, s’agissant des TPE, nous partageons dans ce cadre, l’avis de l’IASB de ne pas
inclure cette catégorie d’entreprise dans le processus de normalisation car il était évident que
les besoins en informations des utilisateurs des états financiers de ces entités seraient
beaucoup plus simples par rapport aux dispositions de la norme.
Toutefois on reprocherait au CNC de ne pas avoir assez communiquer aussi bien avec les
entités que l’ensemble de la profession comptable et d’audit ainsi que le corps éducatif sur la
nature et l’ampleur du changement et sur les moyens à mettre en œuvre pour comprendre et
donc faciliter la transition.
254
Opportunités et voies de convergence vers le référentiel international pour la Tunisie
C’est la raison pour laquelle nous avons délimités ces phases pour qu’elles puissent
constituer un repère sur lequel le comité de pilotage du processus de convergence pourrait
s’inspirer.
Dans ce cadre, l’analyse que nous avons entrepris (chapitre 2) a démontré que le cadre
conceptuel du SCE et le cadre conceptuel de la norme IFRS pour PME seraient pour
beaucoup d’aspect similaires et que les divergences les plus significatives portaient
essentiellement sur :
Le recours plus fréquent par la norme internationale à la notion de juste
valeur ; et
La généralisation de l’application du principe de primauté de la réalité
économique sur l’apparence juridique des opérations
Pour pouvoir arbitrer sur la manière d’intégrer ces deux aspects au sein de la nouvelle
norme le législateur tunisien devrait considérer et étudier plusieurs aspects :
Les particularités du marché tunisien : existence pour les marchandises et biens
de marché liquide et efficient pouvant servir de base fiable pour l’évaluation ;
Les coûts liés à l’obtention de l’évaluation seraient considérables pour les PME
tunisiennes ce qui entraînerait le rejet des dispositions réglementaires ;
Les liens entre le droit comptable et les autres branches de droit : risque de
déconnection des écritures comptables de leur cadre juridique et leurs
incidences en matière de conflit et d’insécurité ;
255
Opportunités et voies de convergence vers le référentiel international pour la Tunisie
L’effet de l’application de la juste valeur sur d’une part les résultats comptables
des PME et la volatilité de ces derniers et d’autre part sur le résultat fiscal et
donc sur les budgets de l’Etat ; et
Analyse de l’impact de ses deux notions sur le principe de connexité entre la
comptabilité et la fiscalité.
Les différences importantes entre les deux référentiels qu’elles porteraient sur les
méthodes de mesures et de comptabilisation ou sur les méthodes de présentation devraient
faire l’objet d’analyse et de dissertation avec tous les partenaires liés au projet. Cette analyse
se référait à l’étude du couple avantages/coût.
Sur un autre plan, le législateur devrait tenir compte que la norme internationale
pourrait faire l’objet de révision lors de la période de transition. A notre avis, le traitement à
suivre dans ce cas dépendra de la phase de transition durant laquelle la révision a été
introduite et de l’importance de l’élément ayant fait l’objet de la révision.
Ainsi, si la révision porterait sur un aspect fondamental à tel point que les dispositions
anciennes ne procureraient plus une information pertinente et fiable et qu’elle a été
homologué par l’IASB avant que la norme définitive ne soit définie et communiquée, le
législateur pourrait envisager d’inclure les nouvelles dispositions. Toutefois, par souci de
réduire la sur-normalisation, le législateur tunisien devrait, pour ce cas, éviter d’imposer de
modifications de normes qui pourraient obliger les entités à modifier considérablement leurs
systèmes ou à recueillir de nombreuses données, mais qui deviendraient superflues après la
date de basculement
Par contre, si cette révision ne porterait pas sur un élément important ou qu’elle a été
adopté après la publication de la nouvelle norme le législateur tunisien devrait, à notre avis,
s’abstenir d’inclure ces révisions et de les ajournées jusqu’à l’adoption définitive de la
nouvelle norme pour d’une part ne pas perturber l’échéancier de transition fixé et
communiqué et d’autre part créer une confusion chez les entités qui auront déjà déterminer
leurs plans de transition.
Après que les détails techniques seraient arrêtés, une phase non moins importante
devrait débutée ; c’est la phase de communication et de concertation avec les parties prenantes
à ce sujet.
257
Opportunités et voies de convergence vers le référentiel international pour la Tunisie
parties concernées par ce sujet. En effet, la question de la normalisation comptable pour les
PME serait de toute évidence importante pour un grand nombre d’intervenant qu’il serait
pertinent de les impliquer dans ce projet afin de garantir la réussite de cette phase.
Dans ce cadre, et pour souligner l’importance de cette étape nous nous référerons à
l’expérience de l’IASB au niveau de la norme IFRS pour PME. En effet, la période de
concertation et de discussion sur cette norme a durée pas moins de six ans ayant impliqué des
centaines d’intervenant et la publication de deux exposés-sondage. Donc il serait important de
communiquer avec toutes les parties sur le sujet mais aussi de bien choisir le format de cette
communication.
Par ailleurs, cette phase serait aussi importante dans la mesure où il y aurait une
vulgarisation de la nouvelle norme sur un plan national et qu’à travers la discussion et
l’analyse des dispositions normatives il y aurait une certaine familiarisation et donc
compréhension de l’étendue et portée de la nouvelle normalisation. Cette familiarisation
pourrait prendre forme d’atelier de discussion, de tables rondes, et de forum. Tous ces aspects
aideront aussi bien les entités, les professionnels et le corps éducatif à mieux cerner les
particularités et les implications de la nouvelle réglementation et donc à mieux s’y préparé.
Donc l’importance de cette phase pour les PME, cibles de la normalisation, serait que
ces dernières auront l’opportunité de prendre contact avec les nouvelles dispositions et de
faire le diagnostic des éventuelles répercussions non seulement sur le résultat mais aussi sur
les systèmes liés à la production, traitement et collecte de l’information.
A partir de là, les PME pourront, selon l’organisation propre à chaque entité, évaluer
l’ampleur des travaux ou des études qu’elles devraient accomplir afin de se conformer à
l’échéancier de transition. Elles pourraient, dans ce cadre, créer un plan de transition pour
l’adoption de la norme, en déterminant l’approche à suivre pour sensibiliser les utilisateurs de
ses états financiers. En plus, en permettant aux utilisateurs de prévoir l’incidence du
258
Opportunités et voies de convergence vers le référentiel international pour la Tunisie
changement, ils leurs seraient possible de limiter les problèmes résultant d’un manque de
connaissances.
D’autre part, un élément non moins important devrait être identifié et analysé lors de
cette phase : ce seraient les coûts liés au passage. Il était clair que les moyens humains et
matériels actuellement en place, pour la plus part des PME, ne pourraient servir de support
pour l’introduction d’une norme d’inspiration internationale. Le passage vers cette norme
représenterait donc un chantier technique complexe qui mobiliserait des ressources parfois
considérables eu égard des capacités de ces entités. L’analyse de ces coûts nous a permis d’en
distinguer deux principales catégories :
Les coûts d’adoption et de la mise en place : Il s’agirait des coûts inhérents à la
mise en place du référentiel et qui pourraient être rattachés à l’un des trois volets suivants :
dépenses de formation; dépenses au titre des investissements immatériels; dépenses liées à la
réorganisation et à la refonte du système d’information qui deviendraient impératives dans
certains cas.
Les coûts liés à l’application de la norme internationale : recours à des expertises
indépendantes (notamment pour les évaluations de la juste valeur).
Dans ce cadre, tant le l’Etat tunisien que PME tunisiennes devraient pouvoir, lors de
cette phase, quantifier les coûts liés à l’application de la nouvelle norme. Le rôle de l’Etat à ce
niveau serait primordial car conscient que ces coûts pourraient constituer un frein à
l’acceptation ou/et l’application adéquate de la nouvelle norme il devrait d’une part
démontrer aux PME que les avantages liées à la cette dernière seraient supérieures aux coûts
159
Publiée au site de l’UBM.
259
Opportunités et voies de convergence vers le référentiel international pour la Tunisie
qu’elles auront à sacrifier et d’autre part mettre en place des mécanismes capables d’aider les
PME à minimiser ces coûts et notamment à travers des incitations fiscales.
Ainsi, une fois que le comité de pilotage a reçu les différents commentaires et avis sur
les choix comptables qui ont été adoptés ; il devrait les analyser et les discuter afin d’aboutir à
la version finale de la norme. Dans ce cadre, certaines modifications pourraient être
envisagées mais, à notre avis, la possibilité d’un changement d’orientation stratégique ne
serait envisagé que dans le cas bien improbable où surviendrait un changement fondamental
de situation qui invaliderait la logique sur laquelle s’appuyait la stratégie du comité de
pilotage.
En effet, les choix stratégiques pris par le comité et qui l’ont guidé au niveau de la
détermination des axes de la normalisation à l’image du choix du périmètre de la norme, des
sujets à traiter ou à omettre, la modification au niveau du cadre conceptuel et le format de
présentation de la norme, ne devraient être revue qu’au cas où les commentaires et avis reçu
sont de nature à modifier profondément ces positions. En plus, l’ampleur des modifications
pourrait même nécessiter la refonte du projet et le lancement d’une nouvelle étape de
réflexion et d’analyse.
A partir de là, le législateur tunisien devrait, à notre avis, imposer une période de
transition durant la quelle les PME continueraient à appliquer l’ancienne réglementation
comptable et en parallèle elles auraient l’obligation de retraiter leurs états financiers selon la
nouvelle norme.
Cette phase ne devrait pas durer plus qu’un exercice comptable durant lequel les PME
mettraient en application les modifications apportées à leurs systèmes d’information,
évalueraient l’efficacité des plans de formation entrepris et affineraient leurs plans de passage.
260
Opportunités et voies de convergence vers le référentiel international pour la Tunisie
Dans ce cadre, il nous parait important que le législateur tunisien devrait accorder,
comme la norme IFRS pour PME le prévoit, des exemptions de la première application de la
norme. Ceci serait au motif que ces exemptions faciliteraient d’avantage aux PME le passage
vers la nouvelle norme même si ces exemptions auraient des conséquences d’une part sur la
comparabilité des comptes et sur la base de détermination de l’impôt.
Par ailleurs, le rôle du législateur ne devrait pas s’estamper durant cette phase. En
effet, le législateur devrait profiter de cette phase de test pour analyser et réguler les pratiques
comptables des PME en matière de préparation des états financiers et de communication. En
effet, se basant sur le jugement professionnel, la nouvelle norme, d’inspiration internationale,
pourrait conduire à divers pratiques parfois antagoniste, c’est pourquoi le législateur tunisien
devrait jouer son rôle de régulateur à travers notamment la publication de :
Notes interprétatives sur des questions relatives aux normes comptables :
Pour répondre à un certain nombre de problèmes complexes concernant l’interprétation de la
nouvelle norme et notamment en matière des exemptions prévues pour la première application
de la norme.
De matériel d’information relatif aux normes comptables : Pour faciliter les
travaux de séminaires, d’ateliers, etc., le législateur tunisien pourrait publier un matériel
d’information sur les nouvelles normes comptables. Ce matériel traite, entre autres choses, des
principales règles, apportant des exemples et répondant aux questions que se posent le plus
fréquemment les comptables et les vérificateurs.
Notes d’orientation. Dès la publication de la nouvelle norme comptable, le
législateur tunisien pourrait publier des notes d’orientation concernant divers problèmes
comptables résultant de la publication de la dite norme ou dus à des modifications survenues
dans l’environnement juridique ou économique ou à d’autres faits encore. Ces notes
d’orientation pourraient constituer une part importante des principes comptables généralement
acceptés en Tunisie et devraient être consultées régulièrement par ceux qui travaillent à
l’établissement et à la présentation des états financiers, ainsi que par ceux qui sont chargés de
les vérifier pour les aider au niveau du de leurs jugements professionnels.
Conclusion
Il nous apparaît clair que pour le législateur tunisien l’adoption d’un référentiel
comptable dédié pour les PME devrait être bâti sur l’intelligence collective de toutes les
parties prenantes à ce domaine et particulièrement si cette norme se réfèrerait à un référentiel
261
Opportunités et voies de convergence vers le référentiel international pour la Tunisie
Ce passage serait, donc, loin d’être une énième refonte d’une nomenclature ou de
technique comptable mais d’un véritable bouleversement des méthodes de management, de
contrôle et communication pour les PME. Dans ce cadre, nous devons rompre avec le postulat
selon lequel les PME seraient de petites unités ayant des modes de gestion simples et des
besoins en information rudimentaires dédiés aux propriétaires/gestionnaires, aux banques et
fisc ; faudra il rappeler que bon nombre de multinationale à travers le monde ont été à un
certain temps des PME !
C’est pour cette raison que ce changement nécessiterait la mobilisation des ressources,
la définition d’une stratégie de passage et d’un périmètre au champ d’application de ce
référentiel.
Les expériences étrangères ont permis, dans ce cadre, de dégager un ensemble précis
de facteurs concourant au succès de la mise en application des IFRS :
(a) Au niveau macro et plus précisément du côté du normalisateur, cette opération,
véritable chantier de grande envergure gagnerait à être confiée à un comité de pilotage qui
définirait et suivrait la stratégie du passage et ce, après que les autorités aient défini le
périmètre d’application ; impliquer et communiquer efficacement avec les parties prenantes et
aider et supporter les PME dans leurs démarches de transition.
(b) A l’échelle de l’entreprise, l’opération de passage vers la nouvelle norme devrait
être minutieusement planifiée et correctement menée en conformité avec le plan de
convergence défini à cet effet par le normalisateur. 1) amorcer la démarche sans tarder, 2)
effectuer la mise en application à partir d’un plan de projet solide incluant la révision des
systèmes d’information et de l’ensemble de l’organisation interne, 4) former le personnel non
seulement lié au service comptable mais aussi ceux liés à l’exploitation car il ne s’agit pas
simplement de modification de techniques comptables mais de d’un changement de la
manière de penser et de communiquer.
De l’avis de beaucoup d’expert, la réforme de 1996 a été une véritable réussite pour la
Tunisie ; cette réussite conjuguée avec l’apport de la profession de l’expert comptable et le
concours du corps universitaire serait sans doute une plateforme idéale pour entamer ce
nouveau projet.
262
Conclusion générale
263
Conclusion générale
Dans une première partie, nous avons présenté les différentes recherches antérieures,
ainsi que les résultats auxquels elles ont aboutis au sujet des normes différentielles pour les
PME et notamment celles de l’IASB qui ont caractérisées par la publication la norme IFRS
pour PME. Nous avons étudié et discuté, dans ce cadre, la démarche de normalisation adoptée
par l’organisme international ainsi que les choix de normalisation qu’il a retenu.
Dans une deuxième partie, nous avons analysé le contexte aussi bien économique, social
que réglementaire des PME tunisiennes et l’apport d’une éventuelle application de la norme
internationale à ce niveau. Nous avons aussi procédé à l’analyse critique de la réglementation
comptable tunisienne par rapport à la norme IFRS pour PME pour situer cette réglementation
par rapport aux dispositions de la norme.
En s’appuyant sur ces analyses, nous avons confirmé l’existence d’un besoin réel en
Tunisie de l’application de la norme internationale IFRS pour PME pour les PME tunisiennes.
Nous avons, dans ce cadre, étudié les différentes modalités d’application de la norme en
Tunisie pour finalement proposer une stratégie de convergence basée sur l’adaptation de la
norme internationale par rapport au contexte tunisien.
Par conséquent, ce travail de recherche présente des apports qui sont essentiellement
d’ordres théoriques, méthodologiques et pratiques.
264
Conclusion générale
reconnu. Cette conclusion confirme le résultat des deux études menées en 2009 sur un large
échantillon de PME situées sur divers marchés internationaux. Ces études ont conclu que :
Il ya de fortes preuves que la qualité de la comptabilité affecte positivement
l’efficacité de l’investissement (c'est-à-dire corrélé négativement à la fois au
sous-investissement et au sur-investissement.
Les firmes privées les plus transparentes financièrement rencontrent
significativement moins de problèmes pour accéder à des financements externes
que les autres firmes privées. .
Nous avons aussi recensé les principales divergences conceptuelles et techniques entre
les dispositions de la norme internationale IFRS pour PME et le système comptable des
entreprises tunisiennes ainsi que les impacts de ces divergences sur le plan managérial, fiscal
et de droit. Cette analyse pourrait servir de base pour toute réflexion quant à une éventuelle
implémentation de normes internationales en Tunisie et particulièrement la norme IFRS pour
PME.
265
Conclusion générale
PME pour les PME tunisiennes peut constituer, dans ce cadre, un premier pas vers
l’implémentation généralisée des normes internationales. La Tunisie pourrait faire valoriser
dans ce cas l’expérience acquise par ses entités de l’application du système comptable des
entreprises dont le référentiel international constitue la source d’inspiration. Néanmoins, il
pourrait être intéressant de concevoir cette convergence non pas comme un changement de
technique comptable mais un véritable changement du mode de réflexion et de
communication.
Par ailleurs, il serait judicieux pour le législateur tunisien, en collaboration avec les
professionnels du domaine de la comptabilité et d’audit ainsi que les universitaires, d’assurer
aux PME tunisiennes des plans de formation sur les aspects conceptuels, techniques et
organisationnels de la norme internationale, de constituer une plateforme de données
accessibles à ces entités comportant des matériels d’information pouvant servir d’outil de
communication des séminaires et des ateliers ainsi que des notes d’orientations traitant des
problèmes comptables et organisationnels soulevés.
266
Conclusion générale
et techniques retenus au niveau de la norme n’a pas été observé, ni par rapport aux besoins
des utilisateurs des états financiers des PME160, ni par rapport aux objectifs de la norme.
160
Quoique certains pays l’ont déjà adopté à l’image de l’Afrique de Sud, la Turquie et le Brésil.
267
Conclusion générale
Cette limite, certainement valable pour toutes les entreprises actuellement, ne peut
qu’affecter négativement le monde des affaires et notamment les investisseurs déjà suspicieux
à cause des différentes crises qui ont touché les marchés financiers. Ainsi, un cadre de
réflexion devrait être mis en place afin de répondre aux questions fondamentales suivantes :
Quel rôle nous voulons que l’information comptable joue, et est-ce que le
cadre comptable que nous appliquons permet à l’information comptable de
jouer ce rôle ?
Quels sont les axes stratégiques et les moyens de mise en œuvre pour
permettre à l’information comptable de constituer une aide fiable à la prise
de décision des différents acteurs ?
Serait-il judicieux en Tunisie d’appliquer les normes internationales de
l’IASB ?
268
Références bibliographiques
269
Références Bibliographiques
Ouvrages de référence :
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433.
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http://www.pme.gouv.fr/informations/editions/etudes/bref-ent17.pdf
276
Annexes
277
Annexes
IFRS Foundation
22 membres
IFRS
Interpretation
Committe 12
membres
Légende
Rapport
Membres
Suivie et direction
Conseil
278
Annexes
Annexe 2 : Recherches antérieures sur des normes différentielles pour les
pme
279
Annexes
ICA au Srilanka Accounting Standard for Ouvertes ou non et la La taille est mesurée par :
Smaller Enterprise taille 1- CA annuel entre 50 et 500 m
RS
2- A la fin de l’année considérée il
y a :
a- Les capitaux propres entre 10
et 100 m RS
b- Total actif entre 30 et 450 m RS
c- Crédits entre 10 et 100 m RS
d- Effectif entre 100 et 1000
ICA Sud Afrique DP 16 des états Besoins des Taille non mesurée
financiers à objectifs utilisateurs
limités
Hong Kong Society Un papier qui propose Besoins des Sont considérées petites
of Acountants un cadre pour des utilisateurs entreprises celles qui ne dépasse
normes différentielles pas un de ces critères :
a- CA total 50 m$
b- Total actif 50 m$
c- Total effectif 50
ISAR Directives comptables Cotées/non cotées
pour les PME
Source Besma Chouchéne 3éme conférence international de finance IFC3
280
Annexes
Tableau de source
281
Annexes
282
Annexes
Exceptions obligatoires :
Décomptabilisation des actifs et passifs financiers ;
Comptabilité de couverture ;
Activités abandonnées ;
Les estimations ; et
L’évaluation des intérêts minoritaires.
Exception optionnelles :
Regroupements d’entreprises ;
Transactions dont le paiement est fondé sur des actions ;
Juste valeur utilisée comme coût présumé pour certains actifs non courants ;
Réévaluation utilisée comme coût présumé pour certains actifs non courants ;
Le montant cumulé des écarts de conversion ;
L’évaluation des participations dans les comptes individuels ;
Instruments financiers composés ;
Impôts différés ;
Contrats de concessions de services ;
Activités extractives ;
Identification des contrats de location ; et
L’évaluation des actifs de démantèlement et de remise en état.
283
Annexes
284
Table des matières
Introduction générale....................................................................................... 5
Partie 1 : Présentation de la norme IASB « IFRS pour PME »
285
2.1.1.1 Classification de l’instrument financier ....................................................... 70
2.1.1.2 Evaluation de l’instrument financier .......................................................... 72
2.1.2 Notion de juste valeur lors de l’évaluation de l’instrument financier ..................... 73
2.1.3 Décomptabilisation ................................................................................. 75
2.1.4 Comptabilité de couverture ...................................................................... 75
2.2 Le goodwill et les autres actifs incorporels à durée indéterminée ...................... 80
2.3 Consolidation des investissements dans les entreprises associées et contrôlées
conjointement ......................................................................................... 83
2.4 Immobilisations corporelles ........................................................................ 85
2.5 Les coûts d’emprunt .................................................................................. 87
2.6 Les coûts de recherche et de développement ................................................. 87
2.7 Actifs biologiques ...................................................................................... 87
2.8 Paiements fondés sur des actions ................................................................. 88
2.9 Immeubles de placement ........................................................................... 90
2.10 Les avantages aux personnels -régimes à prestations définies .......................... 91
2.11 Les Impôts sur les bénéfices ...................................................................... 96
Section 3 : La Simplification des méthodes de présentation des états financiers et
l’allégement des obligations en matière d’information à fournir ........98
3.1 Simplification en matière de présentation du bilan ......................................... 99
3.2 Simplification en matière de présentation de l’état de résultat et de l’état de
variation des capitaux propres .................................................................. 100
3.3 Simplifications concernant les informations à fournir au niveau des notes aux états
financiers et au niveau des sections ........................................................... 101
Chapitre 2 : Analyse critique de la norme IFRS pour PME par rapport au
système comptable tunisien..................................................... 128
Section 1 : Analyse du cadre conceptuel tunisien par rapport aux principes
généraux régissant la norme « IFRS pour PME »........................... 130
1.1 Objectifs et utilisateurs des états financiers ................................................. 130
1.1.1 Utilisateurs des états financiers ................................................................ 130
1.1.2 Les Objectifs des états financiers .............................................................. 133
1.2 Les caractéristiques qualitatives de l’information dans les états financiers ........137
1.2.1 Les Objectifs du cadre conceptuel ............................................................. 137
1.2.2 Les caractéristiques qualitatives de l'information financière .............................. 139
1.2.3 Les conventions comptables .................................................................... 141
1.3 Principe généraux de comptabilisation et d’évaluation des éléments des états
Financiers ............................................................................................. 144
1.3.1 Principes de comptabilisation .................................................................. 144
1.3.1.1 Les actifs ....................................................................................... 144
1.3.1.2 Les passifs .............................................................................................. 147
1.3.1.3 Les capitaux propres .................................................................................149
286
1.3.1.4 Les produits ............................................................................................ 150
1.3.1.5 Les charges ............................................................................................ 152
1.3.2 Principes d’évaluation ........................................................................... 154
1.3.2.1 La mesure des éléments des états financiers ............................................... 154
1.3.2.2 Concepts de capital de l'entreprise .......................................................... 156
1.4 Présentation des états financiers ............................................................... 157
Section 2 : Analyse des principaux points de divergence entre les normes
tunisiennes par rapport aux dispositions de la norme « IFRS pour
PME »........................................................................................... 160
2.1 Les Immobilisations corporelles ................................................................. 161
2.2 Les immobilisations incorporelles ............................................................... 162
2.3 Les impôts différés .................................................................................. 162
2.4 Les avantages aux personnels et stock-options ............................................. 163
2.5 Consolidations et regroupement d’entreprises .............................................. 164
2.6 Les immeubles de placement .................................................................... 169
2.7 Contrats de location et de location-finance ................................................. 169
2.8 Les opérations en monnaie étrangères ........................................................ 170
2.9 Les parties liées ...................................................................................... 170
2.10 Les stocks ............................................................................................ 170
2.11 Les subventions publiques ....................................................................... 171
2.12 Les produits des activités ordinaires .......................................................... 172
Chapitre 3 : Incidences d’une adoption de la norme IFRS pour PME sur la
gouvernance de l’entreprise, le droit des affaires et la
fiscalité........................................................................................ 174
Section 1 : Incidence sur la gouvernance de l’entreprise................................ 176
1.1 Nouvelle perception de la notion de résultat ................................................ 176
1.2 Amélioration du système d’information et de gestion ..................................... 178
1.3 Mise en place et/ou renforcement des procédures de contrôle interne ..............180
1.4 Nécessité de la mise en place d’un plan de formation continue ....................... 182
Section 2 : L’incidence sur la fiscalité............................................................ 183
2.1 Impact sur la connexité entre la comptabilité et la fiscalité ............................ 184
2.2 Complexification des retraitements fiscaux .................................................. 191
2.3 Nécessité d’une amélioration de la réactivité de la législation fiscale ...............201
Section 3 : Incidence sur le droit des affaires................................................. 204
3.1 Effet sur les branches de droit du changement de paradigme comptable ...........206
3.2 L’incidence sur le droit comptable ............................................................. 209
3.2.1 L’incidence sur les règles comptables ......................................................... 209
3.2.2 L’incidence sur l’application des règles ....................................................... 210
3.2.3 L’interprétation et la sanction des normes comptables .................................... 211
3.3 Incidence indirecte sur le droit des affaires en général .................................... 212
3.3.1 En matière de droit des sociétés ............................................................... 212
3.3.2 En matière de droit des entreprises en difficulté ........................................... 213
3.3.3 En matière de droit social ....................................................................... 213
3.3.4 En matière de droit des contrats ou d’autres branches du droit .......................... 214
3.4 Incidence sur le comportement des acteurs .................................................... 214
3.4.1 Les problèmes liés aux changements de principes .......................................... 214
3.4.2 La neutralité des nouvelles règles comptables ............................................... 215
3.4.2.1 La question de la neutralité des règles comptables ....................................... 215
3.4.2.2 Les réactions à la modification des règles comptables..................................... 215
287
Section 1 : Stratégie de délégation de la normalisation à l’IASB : application de
la norme IFRS pour PME aux PME tunisiennes............................... 223
Section 2 : Stratégie de convergence vers les IAS/IFRS : application du principe
de l’information différentielle pour les PME basée sur la norme IFRS
pour PME..................................................................................... 230
Section 3 : Stratégie de convergence : proposition d’un modèle de passage...236
3.1 Choix de la période de transition ............................................................... 237
3.2 Détermination du champ d’application de la norme ....................................... 239
3.3 La stratégie de convergence ...................................................................... 240
3.3.1 Phase 1 : Réalisation des travaux préparatoires et élaboration d’un projet de norme 241
3.3.1.1 Divergences au niveau du cadre conceptuel ................................................ 241
3.3.1.2 Divergences aux niveaux des normes techniques ........................................... 242
3.3.2 Phase 2 : Communication et discussions sur le projet et genèse de la nouvelle norme
............................................................................................................... 244
3.3.3 Phase 3 : Publication de la norme et période de transition ................................ 246
288