L'echouement Du Navire
L'echouement Du Navire
L'echouement Du Navire
MÉMOIRE
L’ÉCHOUEMENT DU NAVIRE
Remerciements:
SOMMAIRE
INTRODUCTION ..........................................................................................page 4
BIBLIOGRAPHIE..........................................................................................page 81
INTRODUCTION
Aucune époque n’a été à l’abri d’accidents maritimes majeurs qui, parfois, ont
été meurtriers et ont entraîné d’importantes pollutions maritimes ; les noms de
l’« Amoco Cadiz », de l’« Exxon Valdez» et du « Torrey Canyon » sont tristement
familiers pour tous ; ce sont tous trois des échouements.
1
Définition dictionnaire le « petit robert ».
2
Carénage=nettoyer la partie submergée du navire et la repeindre.
3
Définition dictionnaire le « petit robert ».
4
Rodière, Traité général de droit maritime, Evénements de mer, 151, n°153.
5
Lavergne-Lafage, Les transports par mer, 4ème Ed, 26.
5
6
Georges Ripert, droit maritime, Tome II, collection Haller, Paris 1929, Ed Rousseau et Cie.
7
“The Mariner’s role in collecting evidence in light of ISM”, 3rd Ed 2006.P.131. The Nautical Institute, Dr Phil
Anderson.
8
“The Mariner’s role in collecting evidence in light of ISM”, 3rd Ed 2006.P.131. The Nautical Institute, Dr Phil
Anderson.
6
Selon les Règles d’York et d’Anvers 1994 (règle V) : « Quand un navire est
intentionnellement mis à la côte pour le salut commun, qu’il dût ou non y être drossé,
les pertes ou dommages en résultant et subis par les propriétés engagées dans
l’aventure maritime commune seront admis en avarie commune ». Les dépenses
pour alléger le navire échoué et les dommages en résultant sont également admis en
avarie commune (Règle VIII).
Malgré le fait que les naufrages, les collisions entre navires et les
échouements restent relativement rares par rapport à l’importance du trafic maritime,
ils peuvent avoir des conséquences désastreuses sur l’intégrité du navire, sur la vie
humaine et sur l’environnement.
Ces catastrophes ont néanmoins eu des conséquences juridiques
bénéfiques : L’élaboration et l’enrichissement de règlements, lois et conventions. Par
exemple, les grandes pollutions marines ont entraîné une évolution des règles de
sécurité à bord des navires pour prévenir la pollution et également une augmentation
des plafonds d’indemnisation des victimes.
Un navire échoué peut parfois sortir de cette situation par ses propres
moyens : en se déhalant avec l’aide de ses ancres, en faisant gîter fortement le
navire, ou à marée haute, en vidant ses ballasts. Généralement, le recours à un
remorqueur est nécessaire.
Dans une mer forte l’échouement peut entraîner la destruction progressive du
navire qui va talonner violemment le fond à chaque vague. Si, par ailleurs,
l’échouement se produit sur un écueil entouré d’eaux profondes, le navire risque de
couler après avoir été brisé par la mer. Ces situations peuvent entraîner de
catastrophiques pollutions marines.
Le navire victime d’un échouement risque sa perte. En effet, dans certains cas
il ne sera pas renfloué soit parce qu’il n’est pas possible de le renflouer parce que le
navire est trop endommagé, soit parce que le coût des réparations est supérieur à la
valeur du navire.
CHAPITRE 1
LES ECHOUEMENTS ET LEURS CAUSES
Dans ce chapitre, nous étudierons, à travers une analyse de cas réels, les
différents facteurs qui peuvent causer un échouement.
Dans la première section de ce chapitre, nous exposerons le régime juridique
de l’investigation après un accident maritime et la procédure que les experts
techniques appliquent pour l’enquête et l’analyse des sinistres.
La deuxième section sera consacrée, à travers différents cas réels, à l’exposé
des facteurs qui sont à l’origine d’un échouement.
Enfin dans la dernière section de ce chapitre, nous insisterons sur l’élément
humain, principale cause d’échouement.
Section 1
Les institutions spécialisées dans l’investigation après
accident et leurs procédures
Les situations vécues après les accidents de ces dernières années ont démontré
l’importance de recadrer la réglementation internationale et communautaire sur les
enquêtes techniques. Dans cette section nous exposerons brièvement le rôle de ces
organisations. Une étude plus approfondie des mesures communautaires « paquet
Erika 3 » sera exposée dans le Chapitre 3 du mémoire.
I. Cadre juridique
1. Au plan national :
9
www.bea-mer.fr
10
2. Au plan européen :
Après la « Directive 1999/35/CE du Conseil du 29 avril 1999 relative aux
transbordeurs rouliers et engins à passagers à grande vitesse », en 2001, la
Commission a souligné dans son livre blanc la nécessité de diligenter des enquêtes
techniques indépendantes, basées sur l’analyse des circonstances et des causes
des accidents, dont les résultats seraient orientés vers la prévention des risques et
les moyens d’améliorer la législation.
La gestion des naufrages de l’Erika et du Prestige a montré les insuffisances
et les lacunes des réglementations internationales ainsi que communautaires. Les
enquêtes menées par les experts après ces deux naufrages ont pris beaucoup de
temps et beaucoup de difficultés sont apparues pour les mener à terme. L’UE essaie
de remédier à ces insuffisances dans le paquet Erika III adopté en début d’année
2007.
L’Agence Européenne pour la Sécurité Maritime « EMSA »10 a été chargée de
coordonner ces enquêtes après accident au plan européen.
Ces mesures seront présentées dans le chapitre 3, consacré notamment aux
mesures du paquet Erika 3.
3. Au plan international :
La résolution A 849 (20) « Code pour la conduite des enquêtes sur les
accidents et les incidents de mer » adoptée le 27 novembre 1997 par l’Organisation
Maritime Internationale et amendée par la résolution A884 (21)11.
De nombreux organismes existent à l’étranger, les plus renommés sont le « MCA »
anglais (Maritime and Coastguard Agency), l’ « ATSB » australien (Australian
Transport Safety Bureau), le « TSBC » canadien (Transportation Safety Board of
Canada).
10
Règlement CE 1406/2002
11
Source OMI
11
12
Résolution OMI A 849, www.maiif.net (Marine Accident Investigators’ International Forum)
12
5. Le descriptif de l’événement :
La météorologie au moment de l’accident, L’état de la mer, du courant ;
Le type d’accident ; la date, le lieu et l’heure ;
La chronologie des événements ;
Le nombre de personnes présentes à la passerelle, à la machine;
Le trafic dans la zone.
6. Autres :
La description de l’assistance après l’événement ;
Le Commandant doit authentifier les documents fournis ;
Les sources externes d’informations (enregistrements audio et vidéo des
sémaphores, des CROSS).
Les facteurs ayant pu agir sur les efforts et les contraintes de structures ;
Les calculs de stabilité pendant le voyage ;
La position de l’échouement ;
Les actions immédiates prises ;
La nature et l’étendue des dommages.
14
Section 2
1. Description
13
P.Chauveau : Traité de droit maritime. Librairies techniques, Paris 1958.
14
Philippe Boisson, “Politiques et droit de la sécurité maritime”, Ed Bureau Veritas.
15
3 Conclusion
Après l’échouement, le navire présentait une gîte de 20° et une voie d'eau a été
détectée. Aucune pollution n'était alors observée. Le jour même de l’échouement, les
premières investigations à bord ont montré qu'il n'était pas possible de déséchouer le
navire à la marée haute du soir. Le lendemain, les plongées effectuées ont détecté
une brèche d'au moins 20 mètres de long sur 50 centimètres de large confirmant
l'impossibilité de remorquer le navire dans cet état.
18
Dispositif antipollution du navire Rokia Delmas
17
Source www.afcan.org/dossiers_sécurité.
18
Source préfecture de l’atlantique, journal « le marin », 3/11/2006
19
Source AFP
17
n’a pas été réparé. La CMA-CGM est restée propriétaire du navire et responsable de
son enlèvement. Les assureurs ont couvert l'ensemble des coûts de l'opération
jusqu'à l'enlèvement.
21
Le château du Rokia Delmas retiré de la coque.
20
Cette société est celle qui avait découpé et démantelé le roulier « Tricolor », navire qui, suite à un abordage
avait coulé sur un haut fond du pas de calais le 14 décembre 2002.
21
Source préfecture de l’atlantique
18
1 Description
22
Etant donné la confidentialité du dossier, nous ne citerons ni le nom du navire, ni la compagnie maritime, ni le
nom des parties à cet échouement. (Source : Rapport compagnie).
23
Courant de marée descendante. Dans ce cas, courant portant au nord-ouest.
19
25
Embouchure de la Gironde, manœuvre du pétrolier
24
L’ancre glisse sur le fond et ne retient plus le navire.
25
Extrait de la carte « british admiralty » du pétrolier, annotation personnelle.
20
3 Conclusion
26
Rapport de l’armateur du pétrolier, validé par le service vetting (service sécurité) de l’affréteur.
21
1. Description
Le 27 mars 2001 à 23h02, le porte-conteneurs CMA-CGM Normandie, faisant
route dans le détroit de Malacca de Port-Kelang (Malaisie) à Jakarta (Indonésie),
s’est échoué sur le Helen Mar Reef dans le DST27 de Singapour.
Nous allons exposer et analyser les principaux éléments du rapport du BEA mer28.
27
Dispositif de Séparation de Trafic (Voie à sens unique, obligatoire et surveillée)
28
Bureau Enquête Accident Mer, Journal de la Marine Marchande du 12 Octobre 2001.
29
Equivalent Vingt pieds, conteneur « standard ».
23
30
« Vessel Trafic Service » : Service à terre chargé de surveiller et de coordonner le trafic.
31
Deux méthodes différentes de positionnement sont recommandées.
32
Radar Beacon= Balise émettant des signaux visibles sur la radar de la passerelle.
24
33
Route reconstituée minute par minute ; en rouge : CMA-CGM normandie ; en vert : le caboteur.
33
Exposé de navigation, 2002, par Mr Gallavardin, Barbotin, Wittmar, Queguiner, école marine marchande.
25
34
Action de mettre la machine en arrière toute afin de stopper le navire au plus vite.
26
3. Conclusion
35
Voir annexe : exemple d’ordres permanents du commandant.
36
Code Internationale de Gestion de la sécurité.
37
Le loch doppler, par réfléchissement d’ondes, donne la vitesse du navire par rapport au fond de la mer.
27
RMS Mulheim, échoué le 24 mars 2003, soit un jour avant son sister ship,
Le RMS Ratingen !
1. Description
38
« En propre » signifie en fond propre, c'est-à-dire que le navire appartient à l’armateur. Les autres navires dont
dispose l’armateur sont affrétés.
39
Cale unique parallélépipédique.
40
Convention internationale sur les normes, aptitudes et qualifications des gens de mer.
29
41
Rapporté par le BEA mer.
42
En anglais Way Point, indiqué « WP » sur la carte ci-après.
43
12milles nautiques est environ égale à 22km.
30
Extrait de la carte du RMS Ratingen de 04h00 jusqu’au moment de l’échouement ; les chiffres
romains sont une position estimée.
44
Alarme qui sonne à intervalle régulier (ex : 10min) pour s’assurer d’une veille efficace et qui déclenche
l’alarme générale du navire s’il elle n’est pas acquitté à temps (ex : dans les 30 secondes).
31
tout dire indigent »45. Ces faits ont démontré l’incompétence du Commandant à
assurer ses fonctions.
Enfin, il convient de remarquer que l’inaptitude du capitaine a été aggravée
par les conditions et la surcharge de travail. En effet le capitaine, comme son
second, ne pouvaient disposer de période de repos nécessaires à la bonne marche
du navire.
3 Conclusion
Les causes mises en lumière par l’échouement du RMS RATINGEN sont la
compétence de l’équipage, l’organisation du travail à bord, le nombre insuffisant
d’officier de quart, la non assistance de l’officier de quart par un veilleur pendant la
nuit.
Même si cet échouement n’a pas eu de conséquences catastrophiques, le cas
exposé ci-dessus reflète à lui seul les principales causes d’échouement de ces
dernières années. Ces causes sont toutes liées au facteur humain.
45
Rapport BEA mer.
32
Section 3
L’élément humain et la gestion de la sécurité
46
UK P&I club.
47
Comité de la Sécurité Maritime, 65/15/1, 10 février 1995.
48
Analysis of major claims, UK P&I club, www.ukpandi.com.
33
49
Politiques et Droit de la Sécurité Maritime, Philippe Boisson, Ed. Bureau Veritas, p.383.
50
Normes de l’OIT (Organisation Internationale du Travail).
51
« Ressources et personnel ».
52
Convention STCW.
53
Résolution A 890, Annexe 2 de l’OMI.
34
54
Registre International Français, pavillon bis français.
55
Marine Accident Investigation Branch, etude de Juillet 2004 « Bridge Watchkeeping safety Study ».
56
Article Ouest France du 05/05/2006.
35
sont les escales à répétition, la navigation près des côtes, dans des zones
fréquentées.
À bord, l'état-major est composé du commandant, d'un second et d'un lieutenant.
Résultat : Pierre Laumaillé doit effectuer deux quarts de quatre heures, alors qu'il
estime ne pas avoir à le faire. Il porte l'affaire devant la justice.
Il est débouté, en janvier 2001, mais obtient ensuite satisfaction sur le fond devant la
cour d'appel de Rennes et 28 000 € pour avoir effectué une partie du travail (le quart
à la passerelle) du second lieutenant manquant sur le navire.
Les deux parties se pourvoient alors devant la Cour de cassation. En juin 2004, la
Navale française est à nouveau déboutée et le commandant obtient une révision du
calcul de son indemnisation. Le dernier épisode s'est joué, le 17 mars 2006, devant
la cour d'appel de Caen qui a accordé à Pierre Laumaillé l'intégralité de la solde du
lieutenant absent, des congés payés et des dommages et intérêts pour un montant
total de 84 000 €.
L'affaire a débordé le cadre du conflit entre la compagnie et son employé. Elle
a conduit à une révision des effectifs de certains caboteurs et à des règles sur le
temps de travail des capitaines, jusqu'ici non encadré par le code du travail maritime.
4. La fatigue :
Une étude de Ghislaine Tirilly (chercheur à l’INRET57) paru en février 200558, a
été effectuée à bord d’un navire de commerce sur le sommeil des marins.
Il apparaît que, durant la nuit, la vigilance baisse fortement augmentant ainsi le
risque d’accident sur cette période.
Néanmoins, si les variations de la vigilance restent soumises à l’influence de
l’heure de la journée dans des conditions de fractionnement du sommeil, les
différentes étapes de l’embarquement (début, milieu ou fin d’embarquement) et
l’organisation de la vie sociale à bord jouent un rôle non négligeable sur le niveau de
vigilance, notamment, en agissant via le rythme veille/sommeil (Tirilly, 2002).
Enfin, ces résultats montrent que, dans les situations d’horaires fractionnés, la
question de la répartition des épisodes de sommeil sur les 24 heures est plus
57
INRET : Institut National de Recherche sur les Transport et leur Sécurité.
58
« Horaires de travail, sommeil et vigilance chez les marins : quelles incidences sur les risques d'accidents en
mer? »
36
59
Nombre de navires échoués, étudiés par le MAIB , réparties sur 24h.
59
MAIB : Marine Accident Investigation Branch, équivalent du BEA mer au Royaume-Uni.
38
5. Conclusion
Au niveau international, en s’appuyant sur les enquêtes du BEA mer et du
MAIB, les instances européennes et mondiales sont interpellées sur ce qui se révèle
être la principale cause des échouements : une organisation inadéquate du travail de
quart et la perte de vigilance qui en résulte sur les navires concernés.
L’institut français de la mer et l’institut maritime de prévention ont demandé que, en
conséquent, les organismes européens et internationaux concernés prennent des
mesures urgentes et vigoureuses pour un retour à une organisation du quart à trois
officiers avec, en période d’obscurité, l’assistance obligatoire d’un veilleur60.
Il convient de signaler que les tribunaux ont pris en compte ce phénomène
bien avant le législateur international. Dans la jurisprudence anglaise et française, on
révèle par exemple de nombreuses décisions qui indiquent que l’insuffisance
d’officiers ou d’équipage peut être révélatrice de l’innavigabilité du navire61 ou de la
faute inexcusable de l’armateur62.
60
www.meretmarine.com, « Améliorer la veille à bord des navires de commerce », 16/01/2007.
61
« Politiques et Droit de la Sécurité Maritime », Philippe Boisson, Ed. Bureau Veritas, p.390.
62
« Kini Karsten », TGI Caen, 03/09/1990 et navire “Heideberg“, CA Bordeaux, 31/05/2005, DMF 663,
commentaire A. Vialard.
39
63
« Politiques et Droit de la Sécurité Maritime », Philippe Boisson, Ed. Bureau Veritas, p.392.
64
Equipage constitué de plusieurs nationalités.
65
«The challenge facing shipping over multinational crewing ». Lloyd’s List, 2 March 1993.
66
C. Duong, La compétence des équipages, facteur clef de la sécurité maritime, Bureau Veritas, Juin 1994.
67
Journal l’humanité, article du 9 avril 1990.
40
infiltrée dans les soutes du navire. L’équipage est évacué le 5 au matin. Il s’échoue
dans les îles shetlands au Royaume-uni et se brise progressivement laissant
échapper 84 500 tonnes pétrole brut.
68
Photo source CEDRE. www.cedre.fr.
41
69
Intervention du DRH de Bourbon, 06/12/2006, 2ème assises de l’économie maritime et du littoral.
42
CHAPITRE 2
Section 1
Le régime juridique de l’armateur en cas d’échouement
L’armateur est définit par l’article premier de la loi du 3 janvier 1969 comme
« celui qui exploite le navire en son nom, qu’il en soit ou non propriétaire ».
Nous allons étudier successivement les sources de la responsabilité de l’armateur, la
limitation de responsabilité dont il peut bénéficier et le régime spécial de
responsabilité en cas de pollution par les hydrocarbures.
70
Le dernier en date : Traité de droit maritime, Pierre Bonassies & Christian Scapel, Ed LGJD, 2006.
43
71
Voir cours CDMT de Mr Figuière sur la définition d’innavigabilité.
72
Arrêt de cassation, navire « Lamoricière », 19/06/1952.
73
« Convention sur la limitation de la responsabilité en matière de créances maritimes », les tribunaux français
peuvent encore appliquer la convention internationale précédente de 1957.
44
74
Arrêt Chbre des Lords, Tojo Maru, 16 mars 1971.
75
Navire Djakarta, Lloyd’s Law Reports 2004.I.460
76
Sur la Faute inexcusable : article d’Isabelle Corbier, « faute inexcusable : la notion à facettes multiples »,2005.
77
Cass. 15/07/1941.
78
Voir arrêt Heideberg du 23/08/1993, TC de Bordeaux ; Arrêt de cassation du Johanna Hendrika, 20 mai 1997.
45
79
79
Source : Institut Supérieur d’économie Maritime
80
Ratifié par la France, décret du 26 juin 1976.
81
Voir mémoire CDMT 2006/2007 sur la « force majeure ».
46
82
Arrêt du 13 janvier 1983 (DMF 1983.648).
83
Droit de Tirage Spécial.
84
Fond d’Indemnisation pour les dommages de Pollution par les Hydrocarbures, mémoire CDMT 2006/007.
85
Particularité du droit américain, indemnisations supplémentaires pour les infractions particulièrement graves.
86
Journal Le Marin, 29 décembre 2006.
47
Section 2
L’échouement dans le contrat de transport de
marchandises
87
Article 10, convention de 1924, modifié par le protocole de 1968.
48
dans un état contractant ou bien si le transport a lieu au départ d’un état contractant
ou encore si le connaissement contient une clause Paramount88.
Lorsque la convention de 1924 n’est pas applicable, la convention de Rome
de 1980 régissant la loi applicable aux obligations contractuelles pourra s’imposer.
En effet, la convention de Rome (article 4, alinéa 4) édicte que, dans le contrat de
transport de marchandises, « si le pays dans lequel le transporteur a son
établissement principal au moment de la conclusion du contrat est aussi celui dans
lequel est situé le lieu de chargement ou de déchargement ou l’établissement
principal de l’expéditeur, il est présumé que le contrat a les liens les plus étroits avec
ce pays » et donc sa loi s’imposera.
Sous la pression des pays traditionnellement dit « de chargeurs », les règles
de Hambourg de 1978 ont été élaborées dans le but avoué d’aggraver la
responsabilité du transporteur. Cette convention internationale n’est entrée en
vigueur que le 1er novembre 1992 et seulement dans des pays qui ne représentent
que 0.5% de la flotte mondiale (la France ne l’a pas ratifiée). Le champ d’application
des règles de Hambourg est plus large que la convention de Bruxelles : port de
chargement, port de déchargement, connaissement émis dans un état contractant ou
clause Paramount renvoyant aux règles.
Cette situation entraîne donc un désordre mondial 89 qui, espérons-le, devrait
être résolu avec les travaux actuels de la CNUDCI90…
88
Article 10c, clause qui prévoit que les dispositions de la convention régiront le contrat.
89
Aix-en-Provence 7 mai 1997, navire Klim Voroshilov, DMF 1998.29; Cass. 28 mars 2000, navire Teesta,
DMF 2000.920 ; Cass. 28 mai 2002, navire World Apollo, DMF 2002.613.
90
Voir Ph. Delebecque, DMF 2004.820.
91
En anglais : « due diligence ».
49
92
Convention de Bruxelles, article 3.1
93
Cas dans lesquels le transporteur est exonéré de sa responsabilité.
94
Loi de 66, art 15.
50
1 Domaine de la responsabilité
Le transporteur supporte une « présomption de responsabilité ». La
Convention de Bruxelles de 1924 institue, en ses articles 3 et 4, une responsabilité
de plein droit à l’égard du transporteur. «Le transporteur est responsable des pertes
et dommages subis par la marchandise…à moins qu’il ne prouve… »95.
Dans le projet CNUDCI et dans les règles de Hambourg, il est énoncé que le
transporteur est responsable de tout dommage subi par la marchandise pendant la
période où elle est sous sa responsabilité, à moins qu’il ne prouve que ni sa faute, ni
celle de l’un de ses préposés n’a causé ou contribué au dommage.
95
Loi du 18 juin 1966, Art. 27.
96
Commentaire de trois décisions relatives à la faute nautique, DMF 2004, p. 635-641, Isabelle Corbier.
51
Ainsi dans un arrêt du 23 septembre 1999, navire « Ville d’Aurore »97, qui
opposait la Compagnie CMA98, transporteur maritime, à la Compagnie Securitas,
assureur des ayants droits à la marchandise, la Cour d’Appel d’Aix-en-Provence a
décidé que « le transporteur maritime n’est pas responsable des pertes ou
dommages aux marchandises résultant ou provenant d’une faute nautique. Mais ce
principe ne l’exonère pas de la responsabilité afférente aux dommages provenant
d’une faute distincte, en particulier ceux résultant d’une faute commerciale.
En l’espèce, le navire s’était échoué lorsqu’il procédait avec le pilote du port
d’Alexandrie de la zone de mouillage vers l’intérieur du port. Une faute nautique a été
commise par le commandant, cause de l’échouement. Une faute commerciale a
également été constatée dans le manque de soin et de mesures conservatoires
apportés à la marchandise à la suite de l’échouement entraînant des pertes et
dommages sur la cargaison.
Le transporteur n’a pas payé les dommages dus à la faute nautique du Capitaine.
Par contre, il a payé tous les dommages résultants de ses fautes commerciales.
97
DMF 2001.617. p 598.
98
Compagnie Maritime d’Affrètement.
99
Navire teleghma, Aix-en Provence, 07/01/1997, DMF 1997.397 ; Navire Girolata, Cass. 27/10/1998.
52
Section 3
L’échouement dans le contrat d’affrètement
100
Article 1er, loi du 18 juin 1966.
53
101
Judge Seller, Eastern city, Queen’s Bench, 30 juill. 1958. LLR1958.2.17.
54
102
Sentence n°1111, CAMP, C/P Synacomex, Port/post sûr.
103
Lloyd Rep 622, C/P NYPE, cours CDMT de Mr Figuière.
55
104
Sentence 1053, CAMP, 26 septembre 2001.
56
105
Sentence 1099, CAMP, 25 juin 2004.
57
Section 4
Le Navire victime d’échouement :
Institutions du droit maritime
Lorsqu’un navire est affecté par un incident dans son exploitation et, plus
particulièrement, en cas d’échouement, deux institutions seront susceptibles d’entrer
en jeu : L’assistance maritime et la théorie des avaries communes.
Dans cette partie, nous étudierons donc successivement ces deux institutions,
puis nous nous interrogerons sur le rôle des experts maritimes.
I. L’assistance maritime
A la suite d’un échouement, le navire peut avoir besoin de l’aide d’un
remorqueur pour se déséchouer.
La question qui se pose dans ce cas est de savoir si ce sont les règles du contrat
d’assistance maritime ou bien les règles du contrat de remorquage qui s’appliquent.
L’application des règles de l’assistance entraînera le paiement d’une indemnité
beaucoup plus élevée pour l’armateur que les règles du remorquage « classique ».
L’assistance est régie par la convention de Londres du 28 avril 1989 entrée en
application en France le 20 décembre 2002. L’assistance est définie comme tout acte
ou activité entrepris pour « assister un navire ou tout autre bien en danger dans
n’importe quelles eaux ».
Le contrat d’assistance en mer, dont il existe plusieurs modèles type106, est
signé entre un représentant des biens à sauver (en générale le Capitaine) et
l’assistant.
En cas de résultat utile (« no cure, no pay »), le montant de la rémunération revenant
à l’assistant est déterminé selon des critères très précisément énumérés qui sont
fonction de la valeur des biens sauvés (navire et cargaisons): soit par négociation,
soit par voie arbitrale, soit par voie judiciaire.
Dans une affaire opposant la compagnie les Abeilles (remorqueur « Abeille
14 ») et la compagnie européenne d’armement (navire « Salat »), la Cour d’Appel de
106
Les plus courantes : Lloyd’s Open Form ; contrat Villeneau.
58
Rouen du 26 avril 1974 estime que « n’a pas droit à une indemnité d’assistance le
remorqueur qui a procédé au déséchouement du navire remorqué, qui n’était pas en
danger réel et sérieux. En effectuant des manœuvres aussi faciles à concevoir qu’à
exécuter dans un bref délai. Il a droit à une indemnité représentant le coût du
remorquage, les dépenses exposées et compte tenu du temps passé. »
Dans la sentence de la chambre arbitrale de Paris n°1042107, l’armateur d’un
catamaran échoué a rejeté la demande pour rémunération d’assistance bien qu’un
contrat d’assistance Villeneau, contenant une clause compromissoire, ait été signé
entre l’armateur et le remorqueur assistant. Les arbitres ont alors considéré que le
navire se trouvait en danger108 et, compte tenu des risques encourus, la
rémunération d’assistance a été fixée à 2% de la valeur des biens sauvés.
Dans la sentence n°1135 (2007), les arbitres ont refusé de qualifier l’action du
remorqueur « d’assistance ». En l’espèce, à la suite d’un échouement en Seine
causé par une défaillance du moteur principal, un navire roulier a demandé la
présence d’un remorqueur en attendant le flot109 puis a réussi avec l’aide du
remorqueur et de son propulseur d’étrave à se déséchouer. Les arbitres ont estimé
qu’il n’y avait jamais eu de danger ni pour le navire, ni pour la cargaison et qu’il ne
s’agissait que d’un service de remorquage et de surveillance de flot.
Le facteur environnemental est également pris en compte dans la
rémunération d’assistance. En effet, en plus de la rémunération déterminée, la
Convention prévoit le paiement d’une indemnité spéciale à l’assistant qui a effectué
des opérations d’assistance à l’égard d’un navire qui menaçait de causer des
dommages à l’environnement.
107
10 novembre 2000.
108
La tradition française exige que le danger soit réel mais n’exige pas qu’il soit imminent. Le fait que
l’intervention ait eu lieu dans la zone portuaire ne modifie pas la nature du danger couru par le navire.
109
Flot : courant de marée montante.
59
110
Cause des Avaries Communes par nombre de réclamations
110
Source CESAM : Comité d'études et de services des assureurs maritimes et transports.
60
En l’espèce, toutes les dépenses qui vont être faites à la suite de l’échouement pour
remettre en état le navire seront admises en avarie commune:
- Les dépenses pour la relâche (temps consacré au constat des avaries) et pour
le temps passé au chantier de réparation ;
- Le coût du déchargement de la marchandise à terre et de son rechargement sur
un autre navire ;
- Les dommages dus au déséchouement (coque et machine) ;
- Les gages et vivres de l’équipage ;
Ensuite, la dispacheur devra définir la valeur contributive :
- La valeur du navire à la fin de l’aventure (déduit du montant des avaries
particulières) ;
- La valeur à destination de la cargaison (plus le fret).
Dépenses des armateurs et des assureurs corps
Le dispacheur va lister toutes les dépenses faites à la suite de l’échouement :
Les factures des pilotes, lamaneurs, plongeurs, les frais de réparation du navire,
Les frais de consignation, du commissaire d’avarie, expertise judiciaire,…
Détail des valeurs contributives du navire et de la cargaison
La valeur contributive du navire (égale à la valeur du navire moins la valeur des
avaries particulières). La valeur contributive de la cargaison. La valeur des soutes.
Détermination de la masse active et de la masse passive
La masse active est la somme des dépenses inscrites en avarie commune
(armateur, assureur corps, dispacheur).
La masse passive est égale à la somme des valeurs contributives.
Répartition
Chacun des intéressés au navire et à la cargaison seront tenus de supporter la
valeur des biens lui appartenant multipliée par le rapport entre la valeur totale des
sacrifices et la valeur totale des biens en cause.
Il est à noter que « la nomination d’un expert judiciaire ne fera pas double
emploi avec celle du dispacheur dans la mesure où elle pourra prévenir toute
possible contestation lors de la détermination de la contribution qui sera supportée
61
La recherche des causes d’un accident maritime est une opération le plus
souvent fort difficile. Les experts seront là pour, au regard des éléments techniques
du dossier, donner leur avis sur les événements. Contrairement à un juge ou un
arbitre, l’expert n’a pas de règle particulière à respecter pour donner son avis. Il se
devra de respecter la vérité et la rigueur scientifique.112
Dans cette partie nous présenterons les différents types d’expertises, nous
nous interrogerons sur leur valeur juridique, puis, nous exposerons l’implication du
juge dans les investigations.
111
DMF 2002 n°6 Supplément, le droit positif français en 2001.
112
« Arbitrage et expertise », G. Figuière, Gazette CAMP, Printemps 2007.
113
Art 1er, décret d’application du 16/12/1997.
62
114
07 mars 1980, naufrage au large de l’île de Batz sur mer.
115
Luc Grellet, avocat au barreau de Paris. DMF 2001.614, « Faut-il réformer les systèmes d’investigations ».
116
Plate-forme de forage pétrolier coulée en 1980 au large de la Norvège.
117
Luc Grellet, avocat au barreau de Paris. DMF 2001.614.
63
les parties de s’exprimer ; pas seulement les avocats, mais aussi les techniciens et
les experts judiciaires.
Une coopération plus grande entre les juges, les experts judiciaires et les
avocats et un décloisonnement des opérations d’expertises judiciaires techniques est
à souhaiter. En effet, faire intervenir le juge au stade des investigations permettrait
de combler le vide qu’il y a dans la recherche des éléments de faits, non techniques,
nécessaires à la recherche et à l’analyse des responsabilités.
64
CHAPITRE 3
Mesures correctives et préventives en cas
d’échouement
Section 1
Les mesures correctives suite à l’échouement
Dans cette section, nous présenterons les mesures qui seront prises
immédiatement par le commandant à bord du navire, puis la cellule de crise mise en
place chez l’armateur du navire échoué et enfin, nous présenterons l’assistance
technique dont pourra disposer le navire.
1. A bord du navire
survenir à bord ainsi que les mesures à prendre pour y faire face »118, il stipule
également « de mettre au point des programmes d’exercices préparant aux mesures
à prendre en cas d’urgence ».
La convention MARPOL119 73/78, prévoit qu’un plan de lutte contre la pollution120
établi par la compagnie soit disponible à bord.
A bord des navires, un planning d’exercices est respecté afin de se préparer
aux situations critiques : incendie, abandon du navire, pollution, échouement. La
compagnie établie des manuels d’urgence destinés à donner des indications sur les
mesures à prendre en cas d’urgence.
118
« Emergency Contingency Plan ».
119
Convention pour la prévention de la pollution par les navires, adopté en 1973 et modifiée en 1978.
120
Manuel “SOPEP”.
121
« Bridge procedures guide », edition ICS (International Chamber of Shipping).
122
« La réglementation de sécurité à bord des navires marchands », Rémy Cuisigniez, édition infomer.
66
123
Guidance to master, Gard P&I, 2nd Ed.
124
The mariner’s role in collecting evidences in light of ISM, Dr Phil Anderson, Ed the Nautical Institute.
67
125
Code ISM, Ch. 8.2.
126
Code ISM, Ch. 4, « IDP (ISM Designated Person) ».
127
En Anglais ERS (Emergency Response Service).
68
2.1 L’ITOPF128
L’ITOPF est une organisation à but non lucratif, fondé par les armateurs. Son
but est d’apporter une assistance technique aux navires en cas de pollution. Ces
experts et consultants techniques ont déjà traité 550 pollutions marines dans 90 pays
du monde.
La « Fédération Internationale des Armateurs Pétroliers contre la Pollution » est une
structure mutuelle de conseil technique pour la lutte antipollution des armateurs de
navires pétroliers.
Les experts participent dans le monde entier à la gestion des opérations de lutte, à
l’évaluation des impacts et aux opérations de restauration environnementale.
L’ITOPF tient également à jour des données statistiques très complètes sur les
accidents maritimes.
129
Les principales causes de pollution maritime entre 1974 et 2005
128
ITOPF: International Tanker Owners Pollution Federation Limited.
129
Source : ITOPF.
130
ITOPF Hand book 2006/2007.
70
elle peut mettre en place son dispositif de lutte contre la pollution avec du personnel
et des équipements appropriés. Enfin, l’ITOPF a un rôle de médiateur afin de trouver
des accords compensatoires à l’amiable entre les différentes parties.
En amont, cette fédération organise des exercices et établis des plans
d’urgence avec les parties intéressées et a ainsi un rôle préventif dans la lutte contre
la pollution.
2.2 L’OSRL131
Cet organisme est destiné à la gestion de lutte contre la pollution.
Il est financé par les compagnies pétrolières : Total, Exxon, BP, Texaco,…
Ce service garantie une réponse à ses membres 24h/24h toute l’année dans
les 10 minutes par des professionnels avisés.
Des avions épandeurs de dispersant sont disponibles partout dans le
monde132 ainsi que d’autres matériels de lutte contre la pollution…
Cet organisme a notamment participé à la lutte contre la pollution suite au
naufrage de l’Erika en 1999 et au Tsunami en Indonésie en 2005.
131
Oil Spill Response Limited.
132
En Europe, la base de l’OSRL est à Southampton.
133
www.osrlearl.com.
71
2.3 Le Cèdre
Le Cèdre134 (Centre de recherche, de documentation et d’expérimentations
sur les pollutions accidentelles par les eaux) est une association à but non lucratif
relevant du périmètre des opérateurs de l'Etat. Il a été créé le 24 avril 1979 dans le
cadre des mesures prises suite à l’échouement du pétrolier «Amoco Cadiz» sur les
côtes bretonnes. Il a pour mission prioritaire d'assister les autorités françaises en cas
de déversement accidentel d'hydrocarbures, de produits chimiques ou de tout autre
polluant potentiel dans les eaux marines ou intérieures. Il dispose pour cela de
moyens scientifiques, techniques et opérationnels (banques de données, modèles
prévisionnels, etc.) adaptés, lui permettant de conseiller au mieux les responsables
de la préparation à la lutte, de l’analyse des impacts, de la lutte et de la gestion des
conséquences. Ces moyens ont vocation à être mis à disposition de pays tiers et
d'entreprises nationales ou internationales dans un cadre contractuel et sont
mobilisables 24 h / 24. Le Cèdre est donc à même d'assurer le soutien spécialisé
souhaité par une Compagnie maritime. Ce soutien sera apporté par la mise en
œuvre des moyens humains et matériels.
Une convention d’assistance peut être établie entre une Compagnie maritime
et le Cèdre. La Société requiert le Cèdre, qui s'y engage par cette convention, à
l'assister tant dans des activités de préparation à la lutte que dans le cadre de la lutte
elle-même, et ce, chaque fois qu'elle le demandera, soit à l'occasion d'un transport
ou de toute autre activité susceptible de générer une pollution aquatique, soit à
l'occasion d'une telle pollution causée par les produits de la Société au cours de leur
chargement, transport ou déchargement ou dans le cadre de ses activités telles que
définies à l’article. L'assistance se fera aussi bien des pollutions en France qu'à
l'étranger.
134
Extrait de la convention Cèdre – version mise à jour au 06.07.07
72
Section 2
Les mesures préventives en matière de sécurité
maritime
135
Organisation Maritime Internationale.
136
Organisation Internationale du Travail.
137
Inspection de l’affréteur au navire pétrolier.
73
Barrage flottant sur le navire « Ile de Bréhat ». Ce navire est basé à Brest et équipé par l’AESM pour
lutter contre la pollution138
138
Journal Le Marin, 02 février 2007
74
Les deux rapports constituant l’essentiel des mesures du paquet Erika 3 ont
été adoptés par la commission transport du Parlement européen à Bruxelles le 27
février 2007, puis par les députés européens, réunis les 28 et 29 mars 2007 en
séance plénière à Strasbourg139.
139
Journal Le Marin du 06 avril 2007.
75
des lieux de refuge et la gestion de ces situations. Parmi les nouvelles dispositions,
deux aspects retiendront notre attention:
« - la définition d’une chaîne de commandement claire, confiant la décision à des
autorités compétentes et indépendantes, agissant dans l’intérêt général et sur la
base d’une évaluation technique objective.
- L’élaboration d’un inventaire des lieux potentiels de refuge sur le littoral, qui
permets aux autorités opérationnelles d’en disposer immédiatement quand une
situation d’urgence survient et de faire le choix rapide du site le plus apte à recevoir
un navire en détresse selon leurs caractéristiques physiques et environnementales ».
Notons que la commission a écarté, à juste titre, la solution consistant à
publier une liste limitative des lieux de refuge. Par contre, les Etats membres devront
communiquer à la commission leurs inventaires des lieux de refuge potentiels sur
leurs côtes.
Les questions juridiques soulevées concernent essentiellement le droit pour
un navire de réclamer un refuge et, à l’opposé, le droit pour un côtier d’imposer à un
navire de se réfugier dans un lieu indiqué. En effet, «la présence d’une installation
spécifique pourrait générer en retour une obligation de recevoir les navires en faisant
la demande, obligeant en cas de refus de l’état côtier à justifier sa décision ».140
La responsabilité :
140
J-P. Beurier, « La sécurité maritime et la protection de l’environnement : évolutions et limites », DMF
2004.645
76
Deux volets de la responsabilité sont traités par le paquet Erika III. Le premier
concerne l’indemnisation des passagers et le second la responsabilité civile de
l’armateur.
En ce qui concerne l’indemnisation des passagers, le projet propose la
retranscription en droit communautaire de la Convention d’Athènes. Par ailleurs, la
proposition renforce les droits des passagers en améliorant le régime international.
Le projet sur la responsabilité des armateurs tend à établir un régime de
responsabilité civile en cas de dommages causés aux tiers. L’objectif est de garantir
l’indemnisation des victimes à hauteur de leur préjudice par les propriétaires de
navires.
Ces règles de responsabilité civile, outre leur fonction réparatrice, ont une fonction
préventive, dans la mesure où elles ont une portée dissuasive.
141
www.meretmarine.com. « L'OIT adopte un code du travail universel pour les marins », article du 24/02/2006.
142
SOLAS: Safety Of Life At Sea.
77
Cette convention comprend trois parties principales : les articles, les règles et
le code. Les principes directeurs du code sont : « conditions minimales requises pour
le travail des gens de mer à bord des navires ; conditions d’emploi ; logement, les
loisirs et service de table ; protection de la santé, soins médicaux, bien-être et
protection sociale ; respect et mise en application des dispositions ».
Les annexes à la convention contiennent le modèle de deux documents
essentiels : le certificat du travail maritime et la déclaration de conformité du travail
maritime. Ces documents seront la preuve qu’un contrôle par l’état du pavillon est
effectué et que l’exploitant du navire a établit un plan de contrôle du respect de ces
normes à bord.
La convention vise à assurer une protection universelle. Elle « permettra
d’éliminer les situations scandaleuses que connaissent trop de marins dans leur
conditions de travail…Il est essentiel qu’elle entre en vigueur le plus rapidement
possible, sachant aussi que de meilleurs conditions de travail à bord sont
susceptibles d’attirer plus de jeunes gens et de réduire significativement les sources
d’accidents maritimes» 143, souligne Jacques Barrot Commissaire européen en
charge des transports.
Pour armateurs de France : « Elle constitue sans nul doute une arme efficace
pour lutter contre les navires sous normes… ».144
143
Allocution pendant la 94ème session (maritime) de la Conférence Internationale du Travail. Genève, le 23
février 2006.
144
Lettre d’armateurs de France, 24 février 2006.
78
Il est à noter que 75% des gens de mer travaillant sur des navires battant
pavillon de l’Union Européenne sont originaires de pays tiers145 et ont suivi une
formation dans les écoles de ces pays.
Même si la compétence existe chez beaucoup d’officiers et de marins du tiers
monde (« les Philippines ont crée de vrais écoles maritimes et fournissent
d’excellents équipages »146), il est parfois difficile d’évaluer la qualité de leur
formation et de leurs qualifications.
Les pays européens ont donc décidé d’évaluer ces établissements. Cette
tâche a été déléguée à la commission européenne qui en a confié les travaux à
l’AESM. Ainsi, les experts de l’AESM entreprennent tous les cinq ans une évaluation
du système éducatif de chaque pays tiers qui forme des gens de mer employés à
bord des navires de l’Union.
Part des gens de mer originaires de pays non membres de l’Union Européenne147
145
Dossier de l’Agence européenne de la sécurité maritime. www.emsa.europa.eu.
146
François Arradon, « Contribution aux réflexions sur les mesures nécessaires pour éviter de futures
catastrophes ». DMF 2000.607.
147
Source université de Cardiff (SIRC), 2002. Il est à noter que la Roumanie et la Bulgarie font maintenant
partie de l’UE.
79
1 Un constat alarmant
148
Lettre ouverte à Dominique Bussereau, Secrétaire d’état aux transports, 8 juin 2007. Patrick Vigneron-Larosa,
président de la CAMM (confédération des associations de la marine marchande).
149
Le marin 06 avril 2007, « il manque 10 000 officiers, il en manquera 27 000 en 2015 », André Thomas.
150
Changer de pavillon.
151
Journal Le marin 06 avril 2007.
80
3 Conclusion
152
Système de propulsion intégrée existant à bord des navires de servitudes et de croisières.
81
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages généraux
Pierre Bonassies & Christian Scapel, « Traité de droit maritime » ; Ed LGJD, 2006.
Georges Ripert, droit maritime, Tome II, collection Haller, Paris 1929, Ed Rousseau
et Cie.
Ouvrages spéciaux
Dr Phil Anderson, The Mariner’s role in collecting evidence in light of ISM”. 3rd Ed
2006, the Nautical Institute.
Strandings and their causes, Capt R.A. Cahill. The Nautical Institute, 2001.
Articles
François Arradon, « Contribution aux réflexions sur les mesures nécessaires pour
éviter de futures catastrophes ». DMF 2000.607.
Luc Grellet, avocat au barreau de Paris. DMF 2001.614, « Faut-il réformer les
systèmes d’investigations ».
Ghislaine Tirilly, « Horaires de travail, sommeil et vigilance chez les marins : quelles
incidences sur les risques d'accidents en mer? ». INRET.
The challenge facing shipping over multinational crewing. Lloyd’s List, 2 March 1993.
Site internet
www.afcan.org
www.arbitrage-maritime.org
www.bea-mer.fr
www.cdmt.org
www.cedre.fr.
www.cesam.fr
www.emsa.europa.eu
www.imo.org
www.maiif.net
www.mcga.gov.uk
www.meretmarine.com.
www.osrlearl.com.
www.ukpandi.com.
83
ANNEXE 1
ANNEXE 2
87
ANNEXE 3
88
ANNEXE 4
89
90
ANNEXE 5
91
ANNEXE 6
92
SOMMAIRE ..................................................................................................page 3
INTRODUCTION ..........................................................................................page 4
I Le régime applicable...................................................................................page 47
94
BIBLIOGRAPHIE..........................................................................................page 81