Droit Constitutionnel
Droit Constitutionnel
Droit Constitutionnel
« L’Etat est une communauté d’hommes, fixée sur un territoire propre et possédant une
organisation dont résulte pour le groupe envisagé dans les rapports avec ses membres, une puissance
suprême d’action, de commandement et de coercition » comme nous le présente Carré de Malberg
l’Etat est un appareil de direction d’une société qui ne peut exister formellement que s’il est doté de
trois critères indispensables qui sont un territoire, une population, et une souveraineté.
Tout Etat pour qu’il est la qualité d’Etat doit disposer de ceux-ci, en revanche d’un point de
vue structurel il en est autrement. En effet, l’Etat une fois qu’il est constitué en tant que tel peut
varier sur sa forme, on distingue alors deux grandes catégories qui sont l’Etat unitaire et l’Etat
fédéral, les autres variantes entrant dans l’une ou l’autre des catégories.
L’Etat unitaire correspond à la situation où il n’existe sur un territoire donné qu’une seule
organisation politique juridique, disposant à elle seule de la pleine souveraineté. La « loi est la même
pour tous, la volonté politique s’y exprime d’une seule et même voie, et s’impose à tous : individus,
groupes, collectivités politique » (F. Delpérée)
L’Etat fédéral quand à lui est l’Etat composé d’une structure appelé Etat fédéral, et d’entités locales
nommés Etats fédérés. En autre il s’agit d’une personne morale sous laquelle existent d’autres
personnes morales.
Cependant on peut observer des instabilités politiques : c’est le cas de l’URSS qui au départ
formait un Etat fédéral mais qui a éclaté en plusieurs Etats unitaires, ou encore l’exemple belge qui
est passé d’une forme unitaire à la forme fédéré. Dans ce cadre d’instabilité on peut noter une
transformation considérable de l’Etat unitaire vers l’Etat fédéré.
Les évolutions conduisant l’Etat unitaire à devenir un Etat fédéré, font-ils de celui-ci
une forme en voie de disparition ?
Ces évolutions s’expliquent notamment par les rapports du gouvernement central avec le
niveau inférieur aussi bien pour l’Etat unitaire que fédéré (I), cependant la conversion n’étant pas
définitive on se retrouve dans un cercle vicieux entre Etat unitaire et Etat fédéré (II).
I / Rapport conflictuel entre gouvernement central et entités inférieures
L’Etat unitaire mais aussi l’Etat fédéré connaissent des difficultés de gouvernement, en effet l’Etat unitaire pour
pouvoir étendre son champ d’action tend à effectuer une décentralisation trop intense (A), qui est tout le
contraire de l’Etat fédéré qui lui a une tendance forte à centraliser au détriment des entités inférieures (B).
L’Etat unitaire considéré comme étant le « prototype de l’Etat » par Georges Burdeau,
correspond à la forme d’Etat sous lequel le gouvernement central dispose de façon exclusive de la
souveraineté.
Cependant cette souveraineté, il ne peut l’exercer par lui seul, excepté le cas où la population serait
restreinte à quelque milliers d’habitants, il pourra alors disposer d’un pouvoir centralisé et
concentré. Mais la plupart des cas, l’Etat doit déléguer à des autorités élues localement par les
citoyens de la circonscription des compétences qu’elles exercent librement et ce sans contrôle
hiérarchique du pouvoir : on parle alors d’Etat unitaire décentralisé.
Il existe alors deux types d’Etat unitaire, l’Etat unitaire centralisé et l’Etat unitaire
décentralisé.
L’Etat unitaire peut être centralisé, s’agissant de cette forme-ci il est généralement
accompagné d’une déconcentration qui correspond à la situation où le gouvernement central
conserve ses compétences et responsabilités mais les exercent au niveau local à travers de
représentant qui demeurent hiérarchiquement soumis à ce dernier (exemple du préfet en France).
Mais ce qui pose problème c’est le cas de l’Etat unitaire décentralisé : en effet pour que
l’Etat applique correctement son pouvoir sur le territoire qu’est le sien, il va déléguer certaines
attributions à d’autres institutions distinctes de lui, et va garder un contrôle sur celle-ci. Cette
décentralisation est certes favorable à l’Etat puisqu’elle lui permet d’exercer à plusieurs endroits le
pouvoir, mais elle tend au démembrement de l’Etat unitaire.
La décentralisation est un phénomène risqué, mais la centralisation n’en est pas moins
mieux.
Tout comme lui un autre Etat tend à se centraliser c’est le cas de l’Etat fédéral. L’Etat fédéral
correspond à une superposition d’ordre juridique et institutionnel, on y trouve en haut l’Etat fédéral
qui dispose d’une Constitution propre sous lequel existent des Etats fédérés qui demeurent tout de
même des véritables Etats puisqu’ils conservent leur Constitution, organisation, politique, capitale…
mais ils ne disposent plus de la plénitude de la souveraineté.
Le problème qui se pose dans le cas de l’Etat fédéral, est le problème lié à l’équilibre entre les deux
étages, pour que celui soit maintenu l’Etat fédéral à mis en place deux moyens :
_ une répartition des compétences :
Les matières les plus importantes sont de la compétence de l’Etat fédéral (défense, affaire étrangère
= compétence régalienne),certaines sont partagées entre ces deux niveaux (fiscalité, économie) et
d’autres relèvent de la compétence des Etats membres (enseignement, culture, santé).
En cas de silence de la Constitution, il y a application du droit commun : les Etats membres sont
compétents.
_ une participation à l’exercice du pouvoir fédéral :
A côté de la chambre parlementaire représentants la population de l’Etat fédéral (et ce de façon
proportionnelle) on trouve une chambre des Etats fédérés.
Les Etats fédérés, jouent le rôle de constituant puisqu’étant associés au pouvoir législatif ils peuvent
être à l’initiative ou à la ratification de la procédure de révision de la Constitution fédérale.
Ils peuvent également demander un contrôle de constitutionnalité soit par leur représentant soit par
eux-mêmes.
Tout cela parait maintenir l’équilibre, si ce n’est que l’Etat fédéral a tendance à s’approprier de plus
en plus de pouvoir et donc à délaisser les Etats fédérés d’où il tire sa compétence.
Comme le dit Léon Duguit : « tout pays fédérés, marche vers la centralisation politique ou la
dislocation.»
En effet, on observe de plus en plus une tendance à la centralisation qui se traduit par une
réduction des compétences des Etats fédérés (exemple de l’Etat allemand). Mais on observe
également une dislocation qui conduit les Etats fédérés à retrouver leur autonomie. Qu’il se disloque
ou se centralise l’Etat fédéral, tend à redevenir un ou plusieurs Etats unitaires.
En somme qu’il y est dislocation ou centralisation l’Etat fédéral tend à devenir un ou une pluralité
d’Etats unitaires. Mais ce phénomène est visible également dans l’autre sens, l’Etat unitaire trop décentralisé
tend à devenir un Etat fédéral.
On se retrouve donc dans un cercle vicieux entre Etat unitaire et Etat fédéral (II) et cela parce qu’il n’y a pas
une différente conséquente entre décentralisation gouvernementale : Etat unitaire et décentralisation
administrative : Etat fédéral.
II / Situation de cercle vicieux entre Etat unitaire et Etat fédéral
En effet, l’équilibre entre les étages n’étant pas atteint on se retrouve face à des Etats instable entrainant le
passage d’un Etat fédéral à une pluralité d’Etats unitaire : exemple de l’URSS (A), ou encore le passage d’un
Etat unitaire à un Etat fédéral : exemple belge (B)
A) Passage d’un Etat fédéral à une pluralité d’Etats unitaire : exemple de l’URSS
Un Etat fédéral aussi bien soit il fait, peut subir des crises et devenir un Etat unitaire lorsqu’il
est trop centralisé, ou des Etats unitaires lorsqu’il y a dislocation.
Une Constitution fédéral avait été adopté en 1923 et garantissait une équité en droit, mais il existait
également pour les Républiques des prérogatives souveraines, et notamment l’existence d’un
« Soviet des nationalités » qui avec le « Soviet de l’Union » formaient le parlement bicaméral de
l’URSS.
Cependant ce système aux apparences équitable, en était tout autre, en effet le courant du
marxisme-léninisme impliquait que les Républiques se soumettent à certaines règles, contrôle… était
même prévu qu’en cas de conflit entre les deux niveaux qu’ « il n’y a pas de place aux disputes pour
savoir qui, de la Fédération ou de ses sujets, est porteur de souveraineté ».
En 1980, l’URSS fragilisé mais en apparence résistant cèdera et subira un éclatement progressif :
_ 1987-1988 : République fédéral d’Estonie adopte une « déclaration de souveraineté »
_ 1990 : toutes les Républiques adoptent ce principe qui pose la primauté du droit fédéré sur
le droit fédéral
Ce mouvement sera accéléré par le coup d’Etat du 17 août 1991, entrainant par la suite la
déclaration des Républiques de Russie, d’Ukraine et de Biélorussie comme Etats à part entière,
annonçant ainsi la fin de l’URSS.
Ils forment ensuite une confédération (CEI) et le reste de l’URSS formera une fédération.
L’Etat fédéral qu’est l’URSS aussi puissant et grand fut-il n’a pas pu résister au mouvement de
dislocation qui s’est opéré. Il est retourné à la forme « prototype de l’Etat » qu’est l’Etat unitaire.
Certes on constate une conversion de l’Etat fédéral vers l’Etat unitaire, mais ce changement
est visible également dans le sens inverse.
A sa naissance en 1832, la Belgique par l’influence française avait décidé de choisir la forme
d’un Etat unitaire.
En 1970, ce même Etat par une révision constitutionnelle en date du 24 décembre, a établit
des collectivités politiques disposant d’un pouvoir législatif et de compétence propres, ni soumis à
un contrôle de tutelle ni à des dispositions constitutionnelles.
Autrement dit on voyait dores et déjà par cette décentralisation, l’esquisse d’un Etat fédéral en
raison d’entités distinctes et indépendantes du gouvernement central.
Dans les deux cas, Etat fédéral vers Etat unitaire, ou Etat unitaire vers Etat fédéral, le
mouvement d’évolution semble inéluctable tendant à chaque fois à se rapprocher du « prototype de
l’Etat » qu’est l’Etat unitaire.