Téléchargez comme PDF, TXT ou lisez en ligne sur Scribd
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 19
Droit, civisme et
citoyenneté Semestre 6 Pr. Jamal BENABBI A- La séparation des pouvoirs
Avec le système représentatif, la théorie de la séparation
des pouvoirs constitue un pilier du droit constitutionnel classique. Cette théorie a donné naissance aux deux grands types de régimes politiques, notamment le régime présidentiel et le régime parlementaire.
La théorie de la séparation des pouvoirs trouve son origine
dans l’histoire de l’Angleterre. Elle a fait ensuite l’objet d’une présentation systématique qui l’a imposée pour base des Constitutions libérales. John Locke Au lendemain même de la Révolution de 1688, John Locke que Jacques II avait contraint à l’exil et qui y était devenu l’ami des nouveaux rois, écrit son second Traité sur le gouvernement civil dans le but essentiel de légitimer la Révolution qui vient d’avoir lieu, en se fondant sur l’origine contractuelle du pouvoir.
Locke va devenir aussi par la même occasion le premier
théoricien moderne de la séparation des pouvoirs. Selon lui, il existe dans l’État trois pouvoirs : le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et le pouvoir fédératif qui est en fait celui de conduire les relations internationales. Montesquieu
Selon Montesquieu, la modération du pouvoir y est garantie par sa
séparation en trois branches : la puissance exécutrice, la puissance législative et — parce que Montesquieu est magistrat — la puissance de juger. Ces trois puissances s’équilibrent, ou mieux, se neutralisent : le roi a pouvoir d’empêcher la promulgation des lois ; les Chambres ont le droit de surveiller leur exécution et de punir les ministres qui ne les feraient pas observer.
Quant à la puissance judiciaire, si elle est politiquement nulle
puisque les juges doivent appliquer la loi et non la faire, elle doit cependant rester indépendante des deux autres parce qu’elle a entre ses mains la vie et l’honneur des hommes. B- Les formes d’Etat
L’organisation verticale de l’État : États unitaires et États
fédéraux
La Communauté internationale reconnaît aujourd’hui
l’existence en son sein de cent quatre-vingt-douze États souverains dont les rapports réciproques sont régis par les règles du Droit international public.
Mais parmi ceux-ci, une vingtaine se présentent eux-
mêmes comme des communautés d’États : ce sont les États fédéraux, qui sont composés d’États fédérés. 1- L’État unitaire
On appelle État unitaire celui dans lequel une volonté
politique unique s’impose à l’ensemble des citoyens, lesquels sont par conséquent soumis aux mêmes lois en tous domaines.
L’administration de l’État unitaire est susceptible d’être
aménagée de diverses façons : l’État unitaire peut être plus ou moins centralisé ou décentralisé. a) L’État unitaire centralisé
L’État unitaire est centralisé lorsque les décisions non
seulement dans le domaine politique mais aussi en matière administrative relèvent toutes du pouvoir central.
Concrètement, à partir d’une certaine dimension, les États
centralisés sont obligés, pour échapper à la paralysie, d’admettre que les décisions d’intérêt local doivent être arrêtées au niveau local ; ils prennent alors des mesures de déconcentration. b) L’État unitaire décentralisé
L’État unitaire est au contraire décentralisé lorsque les
décisions administratives à prendre pour l’exécution des lois et intéressant plus spécialement certaines catégories de citoyens sont prises, sinon par les intéressés eux- mêmes, du moins sous leur contrôle par des autorités qu’ils ont élues.
La décentralisation peut être fonctionnelle ou territoriale.
La régionalisation : l’exemple espagnol
Plusieurs pays européens ont poussé très loin la
décentralisation en donnant une large autonomie à leurs régions. C’est en particulier le cas de l’Italie et de l’Espagne.
Dans ce dernier pays, pour satisfaire à une revendication
ancienne et profonde des régions les plus développées (Catalogne, Galice et Pays basque) exaspérées par l’impérialisme castillan, et pour tenter d’apporter une solution au problème du terrorisme basque sans paraître capituler, le Constituant de 1978 a reconnu « le droit à l’autonomie des nationalités et régions ». 2- L’État fédéral
Un État est dit fédéral quand les unités territoriales qui le
composent sont dotées, en matière constitutionnelle, législative et juridictionnelle, d’une autonomie telle qu’elles méritent le nom d’États, bien qu’elles n’aient pas en principe de compétences internationales.
L’État fédéral est donc un État composé de plusieurs
autres États avec lesquels il partage les compétences qu’exerce ailleurs l’État unitaire. Le fédéralisme est un mode d’organisation politique relativement répandu. Parmi les quelque vingt États fédéraux qui existent actuellement figurent les États les plus puissants et les plus vastes : les États-Unis et la Russie, l’Inde, le Canada, l’Australie, le Brésil, l’Argentine...
Le phénomène fédératif n’intéresse cependant pas que les
très grands États : en Europe, la Suisse (7 300 000 h.) et l’Autriche (8 200 000 h.) sont, avec l’Allemagne, des fédérations d’États. La Belgique l’est devenue en juillet 1993. Mais, par le référendum du 26 juin 2006, le peuple italien a refusé de s’engager dans cette voie. a) Le fédéralisme par association
Beaucoup d’États fédéraux, et notamment les États-Unis et
la Suisse qui furent les premiers à réussir l’expérience fédérale, sont nés d’un rapprochement entre plusieurs États jusque-là souverains.
Pour des raisons diverses, à un moment donné de leur
existence, ces États qui exerçaient la plénitude de leurs attributions dans le domaine international comme dans le domaine interne ont jugé qu’ils ne pouvaient plus valablement assumer leurs compétences en matière de relations internationales et qu’ils devaient en remettre l’exercice à un État qui se superposerait à eux et procéderait de leur volonté. Généralement le facteur déterminant de cet abandon de leur souveraineté internationale a été l’existence d’une menace militaire ; mais d’autres facteurs sont également intervenus : volonté de constituer un espace économique suffisamment vaste, souci de se garantir mutuellement un certain ordre social contre une subversion interne.
Il est relativement fréquent que l’intégration des États
fédérés au sein d’un État fédéral soit précédée par la création d’une Confédération qui regroupe d’abord ces États. Ainsi, la Fédération des États-Unis d’Amérique du Nord en 1787 a succédé à la Confédération qui avait été créée en 1776 entre les mêmes treize États. La Confédération La Confédération est une association d’États qui respecte en principe la souveraineté internationale de ses membres, mais qui se traduit par la mise en place d’organismes destinés à coordonner leur politique dans un certain nombre de domaines. La Confédération ne constitue pas un État au regard du droit international. Son statut résulte d’un traité qui ne peut être modifié que par l’accord unanime de tous ses signataires. Ses organes communautaires ne prennent de décisions, au moins sur les points importants, qu’à l’unanimité des représentants des États membres, et ces représentants reçoivent des instructions formelles de leurs gouvernements respectifs. b) Le fédéralisme par dissociation
Un certain nombre d’États fédéraux sont nés au contraire
de la dissociation des provinces composant antérieurement un État unitaire.
Cet éclatement de l’État unitaire est en général provoqué
par la pression de certaines minorités ethniques, linguistiques ou religieuses qui, s’estimant lésées par la politique poursuivie par les gouvernants, revendiquent leur autonomie, à défaut de pouvoir espérer leur indépendance complète. L’Union des Républiques socialistes soviétiques constituait un bel exemple de fédéralisme par dissociation. Avant la Révolution de 1917, la Russie formait un vaste empire unitaire qui regroupait de nombreuses nationalités traitées par le Gouvernement tsariste à la manière de colonies.
La Révolution fait éclater cet Empire, mais les
gouvernements insurrectionnels non communistes qui se mettent en place et proclament l’indépendance sont rapidement détruits par l’Armée rouge réorganisée par Trotski, et l’unité est rétablie dès 1922. c) L’organisation de l’Etat fédéral L’existence et l’organisation de l’État fédéral ne reposent pas, comme celles de la Confédération, sur un traité de droit international, mais sur une Constitution, c’est-à-dire sur un acte de droit interne. Les auteurs de cette Constitution sont les représentants des États fédérés, bien que parfois, pour mieux sceller leur union, ils attribuent la paternité de leur œuvre au peuple de l’État fédéral.
En tout cas, comme la Constitution fédérale représente la
garantie des droits des États fédérés, elle ne peut en principe être ultérieurement modifiée qu’avec le consentement d’au moins la majorité d’entre eux. a- Le principe d’autonomie
Le principe d’autonomie implique que chaque État fédéré a
des compétences propres et les exerce sans ingérence des autorités fédérales.
C’est là, semble-t-il, que se situe le critère essentiel qui
permet de distinguer les États fédérés des simples collectivités décentralisées : à la différence de celles-ci, ils tiennent leurs compétences, non de la volonté de l’État central, mais de la Constitution de celui-ci, qui s’impose à lui, et qui ne peut être modifiée sans leur consentement. b- Le principe de participation
La participation des États fédérés à la direction de la
politique fédérale s’opère par le biais de leur représentation au sein des instances fédérales chargées d’élaborer cette politique.
Les États sont toujours représentés au sein du Parlement
de l’État fédéral ; ils le sont également parfois au sein de l’Exécutif.