Tge 1

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 13

Introduction

Chapitre I : L’ETAT COMME FORME JURIDIQUE DU POUVOIR POLITIQUE


Section 1. Historicite de l’Etat
1° Apparition de l’Etat
2° Definition de l’Etat
Section 2. La diversite des formes juridiques de l’Etat
1° L’Etat unitaire
a. La concentration
b. La deconcentration
c. La decentralisation
d. L’Etat régional (Etat régionalisé ou Etat autonomique)
2° L’Etat fédéral et la Confédération

En bref :
Traditionnellement, le droit constitutionnel distingue deux formes d’organisation de l’Etat :
l’Etat unitaire et l’Etat fédéral.
L’Etat unitaire (le type le plus répandu au monde) se caractérise par l’existence d’un seul ordre
juridique à l’intérieur de l’Etat (c’est-à-dire que l’Etat dispose ainsi d’une unité
constitutionnelle), mais son organisation administrative peut varier en Etat unitaire concentré
ou centralisé (la concentration), Etat unitaire déconcentré (la déconcentration), Etat unitaire
décentralisé et Etat régional (appelé aussi Etat unitaire régionalisé).
L’Etat unitaire centralisé ou concentré est celui où existe une seule unité de décision dans le
domaine politique comme dans le domaine administratif. Les inconvénients de l’Etat unitaire
centralisé ou concentré sont tels que ce type d’organisation ne peut marcher que dans un
régime totalitaire ou dictatorial comme la Corée du Nord.
L’Etat unitaire déconcentré est le modèle où l’administration centrale de l’Etat a des
prolongements au niveau local par des services extérieurs dirigés par des fonctionnaires et
soumis à l’autorité hiérarchique (contrôle hiérarchique).
L’Etat unitaire décentralisé se caractérise par le transfert d’une partie de ses compétences
règlementaires vers d’autres structures administratives, qui peuvent être des collectivités
territoriales (décentralisation territoriale) ou des établissements publics (décentralisation
fonctionnelle). Les collectivités territoriales décentralisées s’administrent de façon autonome,
mais elles sont soumises à la tutelle de l’Etat, sous la forme soit du contrôle préalable, soit du
contrôle a posteriori (contrôle de légalité). L’Etat garde le monopole constitutionnel et législatif
(et même le pouvoir réglementaire d’exécution des lois qui appartient au gouvernement ; les
collectivités territoriales ne détiennent qu’un pouvoir réglementaire dérivé.

1
L’Etat régional est un Etat unitaire qui transfère aux collectivités territoriales non seulement
une autonomie administrative, mais aussi une autonomie politique et institutionnelle. Cela se
traduit par des compétences propres garanties par la Constitution et par les lois. Dans l’Etat
régional, il n’y a qu’une seule Constitution, d’où l’aspect unitaire de l’Etat.
A titre d’exemple, en RDC, les compétences des collectivités territoriales sont garanties par la
Constitution (lire les art. 201 à 203 de la Const.) et par la loi (cfr loi n° 08/012 du 31 juillet 2008
portant principes fondamentaux relatifs à la libre administration des provinces ; loi n° 13/008
du 22 janvier 2013 modifiant et complétant la loi n° 08/012 du 31 juillet 2008 portant principes
fondamentaux relatifs à la libre administration des provinces). La Constitution sépare les
compétences de l’Etat, celles des provinces et un domaine mixte (compétences concurrentes).
En Espagne, le régionalisme est très poussé. La Constitution de 1978 a érigé les communautés
autonomes : les communautés historiques au fort particularisme (Catalogne, Pays basque,
Galice) et les communautés autonomes ordinaires. La Constitution sépare les compétences de
l’Etat, celles des communautés et un domaine mixte.
En Italie, la Constitution, la Constitution de 1948 a instauré un double régionalisme : celui des
régions à statut spécial disposant d’une forte autonomie et de larges transferts de
compétences et celui des régions à statut ordinaire. La révision constitutionnelle de 2001 a
rapproché le régionalisme italien du régionalisme espagnol : les compétences de l’Etat sont
désormais limitativement énumérées (compétences régaliennes1 et solidarité nationale).
2° L’Etat fédéral et la Confédération
L’Etat fédéral se distingue de l’Etat unitaire par la coexistence de deux ordres juridiques :
l’ordre juridique des Etats membres (Etats fédérés) qui disposent de leur Constitution et de
leurs institutions politiques, et l’ordre juridique de l’Etat fédéral.
L’Etat fédéral est le résultat d’une agrégation (association) d’Etats indépendants qui décident
d’abandonner leur indépendance, càd de renoncer à leur souveraineté internationale au profit
d’une nouvelle entité politique (Etat fédéral). Cette décision est parfois forcée (comme lors de
l’unification allemande en 1871 sous la tutelle de la Prusse, ou lors de la transformation de la
confédération en Etat fédéral en Suisse en 1848). Cette décision peut également résulter d’un
libre choix (comme lors de la création des Etats-Unis en 1787 à partir de 13 Etats qui s’étaient
associés en confédération en 1776). Mais le fédéralisme peut provenir d’une dislocation de
l’Etat unitaire. C’est le cas de la Belgique qui s’est transformée, par étapes successives de 1970
à 1993, d’Etat unitaire en Etat fédéral, dans le but de réduire l’antagonisme entre Flamands et
francophones. Le fédéralisme belge est caractérisé par la coexistence d’un fédéralisme
économique entre trois régions (Flandre, Wallonie et Bruxelles) et d’un fédéralisme
linguistique entre trois communautés (néerlandophone, francophone et germanophone),
mais ces deux fédéralismes tendent à fusionner : la zone flamande a regroupé la
représentation de la Flandre et celle de la minorité flamande de Bruxelles en un seul Parlement

1
Compétences : qui relèvent de la souveraineté de l’Etat et ne peuvent être délégués. Exemples : défense
nationale, diplomatie, sécurité intérieure, Justice, etc.

2
depuis 2004, tandis que les francophones wallons et bruxellois ont constitué en 2011 une
fédération Wallonie-Bruxelles dotée d’un Parlement commun.
L’Etat fédéral est organisé constitutionnellement à partir de deux principes : le principe
d’autonomie, qui garantit la libre organisation des Etats fédérés, et le principe de participation,
qui exige que les Etats fédérés soient associés aux décisions concernant de la vie de l’Etat
fédéral. En d’autres termes, le principe d’autonomie correspond à la libre organisation des
Etats fédérés, qui disposent ainsi du pouvoir d’établir leur propre ordre juridique (leur propre
Constitution, à l’exception de la Belgique et du Canada). Ils disposent de compétences propres
garanties par la Constitution et protégées par une juridiction constitutionnelle (chargée de
trancher les conflits de compétences). Mais ils ces compétences excluent la diplomatie, la
défense et la monnaie, et laissent à l’Etat fédéral l’exercice de la souveraineté externe. Le
principe de participation implique une représentation des Etats fédérés dans les organes ou
institutions de l’Etat fédéral. Pour cette raison, l’organisation du Parlement de l’Etat fédéral est
une organisation bicamérale de l’Etat fédéral : une Chambre représente le peuple et une autre
les Etats fédérés.
La Chambre des Etats fédérés porte le nom de sénat dans la plupart des cas. Il peut se
constituer sur le principe de la représentation (modèle américain, par exemple) et dans ce cas
les représentants des Etats sont élus par les assemblées locales ou par les électeurs des Etats.
Elle peut aussi être fondée sur le modèle du conseil (Rat comme en Allemagne où depuis 1871
ce sont les membres des gouvernements des Etats qui constituent la Chambre et votent sur la
base de mandats impératifs).
La Chambre représentant les Etats fédérés est généralement composée sur le principe de
d’égale représentation de chaque de chacun de ces Etats fédérés (exemple : 2 sénateurs par
Etat fédéré au sénat américain ou deux conseillers des Etats au Conseil des Etats en Suisse).
Cependant, le principe d’égale représentation peut être écarté si la disproportion
démographique est trop grande. Ainsi l’Allemagne prévoit une représentation inégale au
Bundesrat ou Conseil fédéral ( Chambre représentant les 16 Länder) afin de ne pas pénaliser
les grands Etats (c’est-à-dire 3 voix pour les petits Etats et 6 voix pour les Etats les plus peuplés).
Le bicamérisme est le plus souvent égalitaire. Lorsque ce n’est pas le cas, la Chambre des Etats
dispose au moins (comme au Bundesrat allemand) d’un droit de veto sur les questions qui
intéressent les Etats fédérés. Mais le système bicaméral peut être fortement inégalitaire. Par
exemple, le Parlement canadien compte deux Chambres : la Chambre des communes ( 338
membres élus chacun dans une circonscription) qui détient l’essentiel du pouvoir législatif et
le Sénat qui représente les provinces, mais dont les pouvoirs sont consultatifs (comme la
Chambre des Lords britannique). Ses membres sont désignés par le représentant du Roi, le
gouverneur, sur proposition du Premier ministre canadien et son répartis géographiquement :
sur ses 105 membres, 24 représentent le Québec, 24 l’Ontario, 24 les provinces maritimes, 24
les provinces de l’Ouest, 6 Terre-Neuve et 3 les territoires). De même, en Belgique, le Sénat
qui représente les territoires a perdu la plupart de ses pouvoirs au profit des Parlements
régionaux depuis l’introduction du fédéralisme. Au Nigeria, le sénat est composé de 109
sénateurs (3 sénateurs pour chaque Etat et 1 sénateur pour Abuja), tandis que la Chambre des
représentants compte 360 députés.

3
Les Etats fédérés peuvent également participer à la désignation de l’exécutif fédéral. En
Allemagne, les assemblées des Länder constituent aussi la moitié du collège électoral qui
désigne le Président de la République fédérale allemande. Aux Etats-Unis, chaque Etat fédéré
élit les grands électeurs qui éliront à leur tour le président des Etats-Unis. De plus, les Etats
fédérés peuvent même être représentés au sein de l’exécutif fédéral.
Dans les relations internationales (les rapports avec les Etats étrangers), c’est l’Etat fédéral qui
représente les Etats fédérés et qui répond internationalement. Exemple : l’affaire LaGrand
devant la Cour internationale de Justice. Le 2 mars 1999, la République fédérale d’Allemagne
a déposé au Greffe de la CIJ une requête introductive d’instance contre les Etats-Unis
d’Amérique dans un différend concernant des violations alléguées de la convention de Vienne
du 24 avril 1963 sur les relations consulaires. L’Allemagne a déclaré qu’en 1982 les autorités de
l’Etat d’Arizona (Etat fédéré des Etats-Unis) avaient arrêté deux ressortissants allemands, Karl
et Walter LaGrand, qui avaient été jugés et condamnés à la peine capitale sans avoir été
informés de leurs droits conformément à l’alinéa b) du paragraphe 1 de l’article 36 de la
convention de Vienne sur les relations consulaires. L’Allemagne ne pouvait attraire l’Etat
d’Arizona devant la CIJ, cet Etat n’ayant pas de personnalité internationale. Quand l’Allemagne
l’aurait fait, sa requête aurait été jugée irrecevable.
La coexistence entre les principes d’autonomie et de participation n’empêche pas la
suprématie du droit fédéral en cas de conflit. C’est ce que dit l’adage allemand « Bundesrecht
bricht Landesrecht », c’est-à-dire le droit fédéral l’emporte sur le droit des Etats fédérés. Mais
en Belgique, il n’existe aucune hiérarchie entre les normes fédérales et celles des entités
fédérées. Cela rend l’arbitrage par la Cour constitutionnelle très complexe en cas de conflit.
Car, en pratique, l’équilibre entre l’Etat fédéral et les Etats fédérés est difficile à bâtir. Le
fédéralisme engendre parfois des tensions. On peut songer aux guerres civiles consécutives au
refus du fédéralisme : la guerre civile américaine de 1861-1865 (guerre de sécession), celle du
Nigeria en 1967-1970 (guerre du Biafra) ou de l’ex-Yougoslavie entre 1992 et 1996. Le
fédéralisme a cédé le pas à l’Etat unitaire au Cameroun et en Afrique du Sud. Certains Etats
fédéraux ont aussi éclaté. On peut penser à la Syrie, à la Tchécoslovaquie (éclatée en
République tchèque et Slovaquie), à la Yougoslavie (éclatée en Bosnie-Herzégovine, Croatie,
Kosovo, Macédoine, Monténégro, Serbie, Slovénie). Le fédéralisme est menacé par les
tendances séparatistes comme en Belgique (menace de la Flandre) ou au Canada (menace du
Québec).
Quoi qu’il en soit, on ne peut pas affirmer qu’il existe une désaffection ou un abandon de
l’organisation fédérale de l’Etat. Ce mode d’organisation politique reste attractif. Qu’on pense
à l’Allemagne (16 Länder), aux Etats-Unis (50 Etats fédérés), au Canada (10 provinces), au
Brésil (26 Etats), à l’Inde (28 Etats), au Nigeria ( 36 Etats). L’Australie, la Malaisie, le Mexique,
l’Argentine et la Russie sont également des Etats fédéraux.
Enfin, il convient de relever que le fédéralisme se distingue de la confédération (association
d’Etats souverains qui mettent en commun certaines compétences et se dotent d’organismes
qui les gèrent). Dans la Confédération, les Etats sont régis par un traité international, les
institutions communes sont sommaires et les décisions y sont prises à l’unanimité. Le plus

4
souvent, les compétences transférées concernent la défense et la diplomatie. La Confédération
peut être une étape transitoire vers le fédéralisme comme en Amérique du Nord ou en Suisse.
La question se pose à propos de l’Union européenne, cadre institutionnel fondé des traités
successifs (entre autres : Traité de Maastricht en 1992, Traité d’Amsterdam en 1997, Traité de
Nice en 2001, Traité de Lisbonne en 2009). En effet, les institutions européennes combinent
des organes qui se rapprochent du modèle fédéral (le Parlement européen élu au suffrage
universel direct depuis 1979 ; la Commission qui est un organe exécutif et la Cour de Justice,
juridiction suprême chargée de faire respecter et d’assurer la supériorité du droit de l’UE sur
le droit national, la Banque centrale européenne gérant la monnaie unique) et des organes qui
relèvent de la logique de la Confédération comme le Conseil européen des Chefs d’Etat et de
gouvernement, le Conseil des ministres). L’Union européenne n’est pas cependant pas un Etat.
Elle est une organisation sui generis.
Test de compréhension
1. Quelle est la différence entre Etat unitaire et Etat fédéral ?
2. Quelle est la différence entre Etat unitaire décentralisé et Etat fédéral ?
3. Quelle est la différence entre confédération et fédération ?
4. Quelle est la différence entre régime autoritaire et régime totalitaire ?
5. Quelle est la dénomination de la Chambre représentant le peuple et de celle
représentant les collectivités territoriales en Allemagne, en Belgique, aux Etats-Unis,
au Royaume-Uni, en France et en RDC ?
Corrigés
1. L’Etat unitaire ne connaît qu’un seul ordre juridique alors que dans l’Etat fédéral il y a
coexistence de deux ordres juridiques.
2. L’Etat unitaire décentralisé est un Etat où les collectivités territoriales ont une
autonomie qui ne va pas jusqu’à constituer un ordre juridique différent de celui de
l’Etat.
3. La confédération est une association d’Etats qui restent souverains, alors que les Etats
fédérés membres d’un Etat fédéral ne sont pas souverains.
4. Le régime autoritaire se caractérise par le refus des gouvernants de se soumettre au
contrôle démocratique, alors que le régime totalitaire se caractérise de surcroît par la
mobilisation idéologique totale au profit du pouvoir et la disparition de toute
opposition.
5. Les Chambres représentant le peuple et celle représentant les collectivités territoriales
sont respectivement :
- en Allemagne : le Bundestag et le Bundesrat ;
- en Belgique : la Chambre des représentants et le Sénat ;
- aux Etats-Unis : la Chambre des représentants et le Sénat ;
- au Royaume-Uni : la Chambre des Communes et la Chambre des Lords
- en France : la Chambre des députés (ou Assemblée nationale) et le Sénat
- En RDC : l’Assemblée nationale et le Sénat

5
Répondre par VRAI (V) ou FAUX (F) :
1. L’Etat est la nation souveraine organisée. Réponse : VRAI
2. La nation est nécessairement fondée sur une communauté de langue, de religion et de
mœurs. Réponse : FAUX
3. L’Etat unitaire est forcément décentralisé. Réponse : FAUX
4. Les régions d’un Etat unitaire régional ont une Constitution propre. Réponse : FAUX
5. L’Etat unitaire décentralisé admet l’existence de lois locales. Réponse : FAUX
6. L’Etat fédéral est une superposition d’Etats. Réponse : VRAI
7. La Constitution fédérale et les Constitutions des Etats fédérés sont au même niveau,
aucune n’est supérieure aux autres. Réponse : FAUX
8. En Etat fédéral, la compétence de droit commun appartient aux Etats fédérés.
Réponse : VRAI
9. Le principe de participation exige un parlement bicaméral dans l’Etat fédéral. Réponse :
VRAI
10. Les Etats confédérés perdent leur personnalité juridique au plan international.
Réponse : FAUX
11. La Confédération d’Etats est fondée sur un traité. Réponse : VRAI
CAS PRATIQUE
Wole Soyinka envisage de briguer le mandat de gouverneur de l’Etat d’Ogun ( un des Etats
fédérés du Nigéria). Il prévoit, une fois élu, de signer avec la France un traité de coopération
pour la promotion de la langue française. A votre avis, à quelle condition ce traité sera-t-il
valablement conclu ? Et au nom de qui le sera-t-il ?
Réponse :
La compétence des Etats fédérés de conclure des traités et accords internationaux doit être en
principe prévue dans la Loi fondamentale de l’Etat fédéral. Vu que les Etats fédérés n’ont pas
de personnalité internationale, ces traités et accords sont conclus après autorisation des
autorités fédérales. Tel sera le sort de l’accord de coopération que Wole Soyinka compte signer
avec la France. Et cet accord sera conclu par et au nom de l’Etat fédéral du Nigéria et non de
l’Etat d’Ogun. Par conséquent, c’est l’Etat fédéral du Nigéria qui en sera internationalement
responsable vis-à-vis de la France.

Chapitre II : L’ETAT ET LA CONSTITUTION


Pour la doctrine, Etat et Constitution ne se conçoivent pas l’un sans l’autre : l’Etat résulte de la
Constitution, et une Constitution est toujours la Charte fondamentale d’un Etat. Carré de
Malberg écrit ce qui suit dans son célèbre ouvrage intitulé « Contribution à la théorie générale
de l’Etat » que « la naissance de l’Etat coïncide avec l’établissement de sa première
Constitution » . Il écrit encore que « l’existence d’une Constitution forme la condition absolue
et la base même de l’Etat »2. La solidarité est donc parfaite : pas d’Etat sans Constitution, pas
de Constitution sans Etat. Telles sont les deux assertions qu’il convient d’examiner.

2
R. Carré de Malberg, Contribution à la théorie générale de l’Etat, tome I, p. 65

6
Un Etat sans Constitution est-il possible ? L’affirmation selon laquelle il n’y a pas d’Etat sans
Constitution est historiquement fragile. En effet, comme on l’a vu précédemment, l’apparition
de l’Etat en France et en Angleterre date de la période médiévale et elle s’est consolidée au
XVIè siècle. Il a existé des lois fondamentales pour régir ces monarchies, mais ces lois
fondamentales ne correspondent pas à ce qu’on désigne par le mot « Constitution » depuis les
révolutions américaine et française. Car ces lois fondamentales s’intéressaient pour l’essentiel
à la dévolution de la Couronne et au principe de l’inaliénabilité du domaine. Ces lois
fondamentales ne concernaient pas l’organisation du pouvoir et garantissaient pas les droits
individuels. Le monarque était souverain, administrateur et fontaine de justice.
Il a fallu attendre le Bill of Rights3 anglais de 1689 et surtout les textes américain et français du
XVIIIè siècle pour voir triompher la Constitution en tant que norme visant à organiser la
dévolution, l’exercice et la limitation du pouvoir politique.
Par conséquent, c’est donc tardivement qu’on en est venu à considérer que l’Etat suppose une
Constitution et vice versa.
Mais cette question en appelle une autre : peut-on concevoir une Constitution sans Etat ?
Depuis environ deux siècles, la Constitution est considérée comme le texte suprême propre à
un Etat, sa Charte ou Loi fondamentale. Une exception, cependant : le texte fondateur de
l’Organisation internationale du Travail (rédigé au lendemain de la Première Guerre mondiale)
s’appelle Constitution. Cette exception conteste le monopole de l’usage du terme conception
à l’Etat. Cependant, les traités constitutifs d’une organisation internationale sont
généralement désignés sous les appellations de « Pacte » (ex. : Pacte de la SDN) ou Charte
(ex. : Charte de l’ONU). Autrement dit, le concept de Constitution est réservé à la Loi
fondamentale de l’Etat, de sorte que Constitution et Etat sont solidement associés. A cet égard,
il n’y a pas de Constitution en dehors de l’Etat.
Aux yeux du droit, l’Etat est une personne juridique (une personne morale). De ce fait, il est
créé en vertu d’un acte juridique fondateur qui l’institution : la Constitution. La Constitution
détermine les organes de l’Etat et leur mode de désignation. Elle fixe leurs fonctions, leur
statut. Elle énumère les droits et libertés reconnus et garantis aux citoyens.

3
Bill of Rights (février 1689) : Texte constitutionnel anglais, élaboré par le Parlement (Convention) après la
révolution de 1688. Cette déclaration prononçait l'abdication de fait de Jacques II, rappelait les libertés et les
droits fondamentaux du royaume, la supériorité de la loi sur le roi et prenait des précautions contre une
éventuelle succession catholique. Sa rigueur et sa précision en font un des textes les plus importants de
l'histoire constitutionnelle anglaise.

7
Section 1. Polysémie du mot Constitution
Le mot « constitution » revêt plusieurs acceptions. Dans le langage courant, il désigne soit la
manière dont une chose est composée (ex. : structure de l’air ou de l’être vivant), soit l’action
de constituer une chose (dans ce cas il est synonyme de création ou fondation, mais aussi de
composition, comme dans l’exemple d’une équipe de football).
En Droit, le mot « constitution » a reçu deux sens particuliers, selon qu’il s’agit du droit privé
ou du droit public. En droit privé, constituer, c’est établir conformément au droit. D’où les
expressions telles que « constitution de partie civile », « constitution d’une société
commerciale », etc. En droit public, le mot « constitution » appartient au droit constitutionnel,
où il est défini comme « ordre » et « norme ».
1.1. La Constitution comme ordre
Comme « ordre », la Constitution renvoie à une architecture sociale, à un réseau d’institutions,
à une manière d’être qui dévoile les ressorts essentiels d’une société, voire d’un Etat. On peut
ainsi dire qu’un pays est constitutionnellement chrétien, laïc, conservateur, etc. En ce sens,
comme l’avaient souligné Edmond Burke et Joseph de Maistre, la constitution d’un pays
correspond à son identité.
1.2. La Constitution comme norme
Comme « norme », la Constitution désigne un ensemble de règles juridiques positives et
fondamentales, une masse de règles ou normes juridiques dotées de trois caractéristiques :
1° Elles sont d’abord positives dans la mesure où elles sont issues de la volonté humaine (pour
rappel, elles appartiennent au droit positif, qui se distingue du droit naturel) ;
2° Elles sont ensuite fondamentales à deux égards : elles sont à l’origine ou au fondement de
l’ordre juridique et elles sont suprêmes, c’est-à-dire supérieures à toutes les autres règles qui
leur doivent respect (se conformer à elles). D’où le contrôle de constitutionnalité et les
garanties apportées à la révision constitutionnelle ;
3° Enfin, elles sont coulées dans une forme juridique, parfois coutumière, plus souvent écrite.
Depuis les révolutions américaine et française, l’aspect normatif (la Constitution comme
norme) a triomphé. De nos jours, une Constitution est avant tout un ensemble de règles
juridiques jugées fondamentales dans un Etat. Sa dimension normative remonte à une
tradition très ancienne. En effet, les actes juridiques pris par l’empereur romain se nommaient
déjà « constitutions » (ex. : la constitution Digna Vox ou la constitution Tanta).
En définitive, la Constitution avec « C » majuscule désigne le texte juridique suprême d’un Etat,
servant à la fondation d’une Communauté, règle la dévolution, l’organisation et la limitation
du pouvoir politique. Le philosophe et homme politique américain Thomas Paine (1737-1809)
l’exprimait clairement dans un ouvrage publié en 1791 ( intitulé Droits de l’homme) en ces
termes : une Constitution « contient les principes selon lesquels le gouvernement sera établi,
la manière dont il sera organisé, les pouvoirs qu’il aura, le mode des élections (…) ; les pouvoirs
qu’aura la partie exécutive du gouvernement ; et, enfin, tout ce qui concerne l’organisation

8
générale du gouvernement civil, le principe sur la base duquel il agira et auquel il sera
soumis ».
On peut définir la Constitution de deux points de vues : matériel et organique. D’un point de
vue matériel (point de vue du contenu), la Constitution est l’acte qui organise l’exercice et la
dévolution du pouvoir politique au sein de l’Etat (définition matérielle). Le point de vue
matériel fait référence à l’objet des dispositions de la Constitution ( les règles générales
d’exercice et de dévolution du pouvoir). D’un point de vue organique (point de vue de l’auteur),
la Constitution est l’acte de la nation souveraine se constituant en Etat (définition organique).
Les règles de droit sont contenues dans les actes juridiques. En droit constitutionnel, les actes
juridiques expriment la volonté de leurs auteurs : Parlement, membres du gouvernement,
autorités de l’administration. Les actes juridiques ont une force variable selon la place de leur
auteur dans une hiérarchie démocratique. La hiérarchie des actes juridiques fonde ce qu’on
appelle l’ordre juridique. La Constitution, en tant qu’acte de la nation souveraine, est l’acte
suprême de cette hiérarchie.
En dessous de la Constitution, on trouve des lois (lois organiques et lois ordinaires), ensuite les
règlements (ordonnances du Président de la République, décrets du Premier Ministre, arrêtés
des ministres et des autres autorités administratives, etc.). Tel est l’ordre juridique.
Quid alors de la place ou de la position des traités & accords internationaux par rapport à la
Constitution ? Lire l’article 215 de la Constitution.
Dans un Etat de droit (Etat respectueux de l’ordre juridique), la règle supérieure doit être
respectée par la règle inférieure. La règle inférieure ne doit pas être contraire à la règle
supérieure : elle doit être conforme. Le principe de constitutionnalité désigne l’obligation de
conformité à la Constitution de tous les actes juridiques inférieurs à elle (on étudiera plus loin
le contrôle de constitutionnalité des lois). Le principe de légalité désigne l’obligation de
conformité à la loi de tous les actes inférieurs à elle.
1.3. Les formes de la Constitution
La Constitution peut être un acté juridique rédigé. Il s’agit d’une Constitution écrite. Elle a
l’avantage de la clarté (elle est divisée en articles logiquement agencés) et de l’accessibilité
(c’est un écrit qu’il est aisé à consulter). Mais la modification de la Constitution écrite exige le
respect d’une procédure spéciale et solennelle, comme on le verra. Ceci ne se rend pas la
Constitution écrite facilement adaptable, car ses règles sont comme figées dans le marbre.
La Constitution peut ne pas être rédigée, tout au moins pas entièrement. Dans ce cas, la
Constitution est coutumière. L’exemple type est celui de la Constitution de la Grande-
Bretagne. Elle est composée de pratiques admises comme coutumes constitutionnelles, de
textes ayant des objets divers et de dates différentes, de décisions de justice. Cette forme de
Constitution s’adapte facilement aux évolutions puisqu’elle peut se modifier aisément par
l’apparition de nouvelles coutumes constitutionnelles. En revanche, sa connaissance exacte
est rendue délicate, en raison notamment de l’incertitude qui peut entourer l’existence des
pratiques. Sa logique d’ensemble est également souvent problématique.

9
Jusqu’au XVIIIè siècle, les monarchies européennes étaient régies par des règles coutumières
qui tenaient lieu de constitutions. C’est au début du XVIIIè siècle qu’apparaissent dans les
anciennes colonies anglaises d’Amérique les premières Constitutions écrites, à commencer par
celle de Virginie en juin 1776. Ces constitutions coutumières étaient un ensemble disparate de
documents écrits et de règles coutumières, à l’exemple des Lois fondamentales du royaume
en France ou de la Constitution anglaise déjà évoquée. A ce jour, la Constitution anglaise reste
la seule de nature coutumière. Elle est faite de grands textes symboliques (comme la Grande
Charte de 1215, la Pétition des droits de 1628, l’Habeas Corpus de 1679, le Bill of Rights de
1689, l’Act de 1911, 1949 et 2011, le Constitutionnal Reform Act de 2005, le Human Rights Act
de 1998) et d’une série de règles coutumières et de conventions politiques qui régissent la vie
politique et institutionnelle.
Le passage des constitutions coutumières aux constitutions écrites au XVIIIè siècle s’est réalisé
grâce à l’apport des philosophes des Lumières. Ces derniers conçoivent les constitutions
comme un des moyens de lutter contre l’arbitraire royal. La doctrine du contrat social
(théorisée par les philosophes Thomas Hobbes, John Locke et Jean-Jacques Rousseau), qui
fonde la société sur un pacte librement consenti entre des hommes libres, implique une
constitution qui définira l’exercice du pouvoir et la garantie des droits naturels de l’homme.
Section 2. L’élaboration de la Constitution
Les modalités d’élaboration de la Constitution sont variables :

• La Constitution peut être octroyée par le souverain dans les Etats monarchiques.
• La peut être élaborée par les détenteurs effectifs du pouvoir (armée, partis politiques,
etc.). Exemples :
- La Constitution du 24 juin 1967, ou Constitution de la Deuxième République, dite
« Constitution révolutionnaire » (consécutive au coup d’Etat du 24 novembre 1965
perpétré par Mobutu) rédigée par Marcel Lihau ;
- Le décret-loi du 27 mai 1997 à l’occasion de la prise du pouvoir par les forces
rebelles de l’AFDL sous la direction de Lauren-Désiré Kabila.
• La Constitution peut également associer étroitement le peuple, détenteur du pouvoir
constituant originaire dans les Etats démocratiques. Exemple : la Constitution du 18
février 2006 a été approuvée par le référendum organisé le 18 décembre 2005.
La rédaction du projet de Constitution est souvent confiée à une assemblée constituante élue
par le peuple ou désignée par les détenteurs du pouvoir. Exemples : La Constitution du 1er août
1964, dite « Constitution de Luluabourg », fut rédigée par une commission présidée
par Joseph Ileo. Cette commission constitutionnelle était composée par Marcel Lihau comme
secrétaire général, et plusieurs jeunes universitaires : Étienne Tshisekedi, Barthélemy
Dipumba, Albert Mpase, Umba di Lutete, Paul Muhona, Henri Takizala, etc.
Il arrive que le texte constitutionnel rédigé par une assemblée constituante soit ensuite soumis
à l’approbation du peuple, qui se prononce par référendum.

10
Section 3. Les modifications de la Constitution
La Constitution peut être révisée après son entrée en vigueur. Le pouvoir constituant dérivé
(ou pouvoir de révision) peut suivre des procédures très variables.
La Constitution est modiée de facto par la pratique des acteurs politiques, qui imprime aux
textes une interprétation souvent inattendue. Elle peut l’être également par une coutume
constitutionnelle, suite à des précédents concordants admis par les pouvoirs constitutionnels,
pour pallier le silence des textes ou leur donner une interprétation. Elle peut l’être enfin par la
jurisprudence du juge constitutionnel dans le cadre du contrôle de constitutionnalité des lois,
qui va interpréter ou compléter la Constitution.
Mais la révision peut être aussi être le résultat d’une procédure de révision formelle. En ce
sens, une Constitution est dite souple lorsqu’aucune règle n’est imposée pour sa révision. Elle
est dite Constitution rigide lorsqu’elle prévoit des procédures spécifiques pour sa révision. Ces
procédures ont évolué depuis le XXè siècle. Selon les Etats, l’initiative de la révision est
réservée au pouvoir exécutif (Roi, empereur, Président de la République, etc.), au
gouvernement ou au parlement, voire au peuple. En règle générale, l’élaboration de la révision
est réservée au parlement car elle entraîne un débat politique et technique qui ne peut être
que le fait de la représentation. Mais l’adoption de la révision est souvent le fait soit d’une
assemblée ad hoc (congrès, assemblée élue, etc.), soit du peuple par référendum.
Enfin, la Constitution peut prévoir que certaines dispositions ne peuvent faire l’objet de
révision. Par exemple, en Allemagne, la Loi fondamentale de 1949 interdit la remise en cause
de la forme fédérale de l’Etat. Aux Etats-Unis, la Constitution fédérale interdit de porter
atteinte à l’égale représentation des Etats fédérés au Sénat. En France depuis 1884 et en Italie,
la forme républicaine du gouvernement de l’Etat ne peut faire l’objet d’une révision.
Dans le continent africain, en marge des limites constitutionnelles expresses, certaines
juridictions constitutionnelles imposent des contraintes supplémentaires au pouvoir de
révision dans l’exercice de ses fonctions. Il en est le cas des juges constitutionnels béninois,
nigérien et sénégalais. Ces derniers ont, au travers de leur pouvoir d’interprétation, fixé des
nouvelles conditions de validité des amendements de la Constitution. Ces limites prétoriennes
s’imposent au pouvoir constituant dérivé au même titre que les limites constitutionnelles
expresses établies par le pouvoir constituant originaire. La force obligatoire de ces limites
jurisprudentielles découle, d’une part de l’autorité constitutionnelle absolue de la chose jugée
qui s’attache aux décisions des juridictions constitutionnelles et, d’autre part du statut
d’interprète authentique reconnu au juge constitutionnel.
Deux décisions du juge constitutionnel béninois fixent de nouvelles conditions de validité de
l’acte de révision. Il s’agit, d’une part, de la décision DCC 06-074 du 8 juillet 2006 « consensus
national » et, d’autre part, de la décision DCC 11-067 du 20 octobre 2011 « options
fondamentales de la Conférence nationale ». Dans la première décision, la Haute instance
constitutionnelle consacre le principe de la révision consensuelle de la Constitution. Elle
considère que, pour sa validité, la loi constitutionnelle doit non seulement respecter les règles
prévues aux articles 154 et 155 de la Constitution, mais aussi tenir compte du consensus
national découlant des idéaux qui ont présidé à l’adoption de la Constitution du 11 décembre

11
1990. Ainsi, aucune révision constitutionnelle ne serait donc valide si elle ne respecte pas le
consensus national, principe à valeur constitutionnelle. Comme on pourra le constater, le juge
béninois fait du principe du consensus national une nouvelle limite formelle du pouvoir
constituant dérivé.
A l’instar de la Cour constitutionnelle du Bénin, la Haute juridiction constitutionnelle
nigérienne a procédé, dans son avis consultatif n°02 du 25 mai 2009, à l’extension des
conditions de validité de l’acte de révision. Il s’agissait particulièrement de la limitation du
pouvoir de révision du Président de la République. La Cour considère que celui-ci ne saurait
engager ou poursuivre le changement de la Constitution sans violer son serment «de respecter
et faire respecter la Constitution que le peuple s'est librement donnée ».. Par son serment, le
Président de la République se soumet à un certain nombre de prescriptions, de devoirs, voire
d’obligations vis-à-vis du peuple, notamment le respect de la Constitution, de l’État de droit,
la préservation de l’intégrité du territoire, la défense de la souveraineté nationale, le maintien
du fonctionnement régulier des institutions, la promotion du bien commun, le maintien de
l’unité nationale.
Le juge constitutionnel nigérien érige donc le serment présidentiel en limite constitutionnelle.
Ledit serment devient ainsi une norme tout aussi contraignante que les dispositions
constitutionnelles régissant la révision de la Constitution. Le Président de la République est
donc lié constitutionnellement par son serment, dont la violation expose ses actes à
l’annulation pour inconstitutionnalité.
Comme les juridictions constitutionnelles du Bénin et du Niger, le Conseil constitutionnel du
Sénégal a consacré, dans sa décision n°1-C-2016 du 12 février 2016, de nouvelles conditions
de validité des amendements constitutionnels. Le Conseil a été saisi par le Président de la
République, en tant que juridiction chargée de veiller au respect de la Constitution, aux fins
d’examiner, dans le cadre d’un contrôle préventif de constitutionnalité, la conformité du
projet de révision de la Constitution portant réduction du mandat présidentiel de 7 à 5 ans à
« l’esprit général de la Constitution et aux principes généraux du droit ». Les termes par
lesquels la requête est formulée ont obligé la Haute juridiction constitutionnelle à se
prononcer sur la conformité de ce projet de révision tant aux limites expresses qu’aux
principes et valeurs fondamentaux sur lesquels repose la Constitution de la République du
Sénégal. Dans son avis, le Conseil constitutionnel consacre des conditions supplémentaires en
vue de la validité de toute loi constitutionnelle. En effet, il considère que « la sécurité juridique
et la stabilité des institutions, inséparables de l’État de droit dont le respect et la consolidation
son proclamés dans le préambule de la Constitution du 22 janvier 2001, constituent des
objectifs à valeur constitutionnelle que toute révision doit prendre en considération, pour être
conforme à l’esprit de la Constitution ». Ainsi, le Conseil estime que le projet de révision sur la
durée du mandat présidentiel « n’est conforme ni à l’esprit de la Constitution, ni à la pratique
constitutionnelle ».

Il en découle que l’exercice du pouvoir de révision constitutionnelle reste conditionné par le respect
non seulement des limites expresses, mais aussi et surtout par des objectifs à valeur
constitutionnelle de sécurité juridique et de stabilité des institutions de la République et de l’esprit
général de la loi fondamentale.

12
Section 4. Le constitutionnalisme
Le constitutionnalisme caractérise le mouvement qui fait de la Constitution écrite le
fondement du pouvoir politique. La fin de la seconde guerre mondiale a marqué une étape
importante dans l’émergence du constitutionnalisme. Elle a entraîné une véritable
valorisation de la notion de Constitution à travers l’intervention de la justice constitutionnelle.
Le constitutionnalisme apparaît à la fois comme une manifestation et un rappel de la
suprématie de la Constitution en tant que norme fondamentale dans l’ordre juridique d’un
Etat. Il traduit un véritable renouveau de l’idée de la Constitution sous l’angle juridique. Il fait
donc de la Constitution non seulement la source de validité des normes infraconstitutionnelles
mais aussi le siège des règles juridiques obligatoires dont la violation est censurée par le juge
constitutionnel. En garantissant la suprématie de la loi fondamentale, le constitutionnalisme
a ainsi mis fin au légicentrisme qui faisait de la loi la seule expression de la souveraineté de la
nation, la seule autorité suprême dans le droit et l'ordre juridique.
QUESTIONS DE REVISION
1. Quelles sont limites (prévues par les textes ou d’origine prétorienne) assignées à la
révision de la Constitution ?
2. Qu’est-ce que le constitutionnalisme ?
Répondre par VRAI ou FAUX
1. Dans l’ordre juridique de la RDC, les traités internationaux sont supérieurs à la
Constitution.
2. Les lois organiques modifient la Constitution.
3. La Constitution coutumière ne contient aucun texte écrit.
TRAVAIL DIRIGE
Lire les articles 218, 219 et 220 de la Constitution et répondre aux questions :
4. Quelle est la procédure de révision prévue par la Constitution du 18 février 2006 en
vue de sa révision ?
5. Cette Constitution est-elle souple ou rigide ?

13

Vous aimerez peut-être aussi