Durkheim Crime Phenomene Normal PDF
Durkheim Crime Phenomene Normal PDF
Durkheim Crime Phenomene Normal PDF
SOCIOLOGUE FRANAIS
(1894)
Le crime
phnomne normal
partir de larticle de :
Source: Les rgles de la mthode sociologique (1894), Paris, P.U.F., 14e di-
tion, 1960, pp. 65-72.
Mise en page sur papier format : LETTRE (US letter), 8.5 x 11)
mile Durkheim
Un article publi dans Dviance et criminalit. Textes runis par Denis Szabo
avec la collaboration d'Andr Normandeau, pp. 76-82. Paris: Librairie Armand
Colin, 1970, 378 pp. Collection U2.
Source: Les rgles de la mthode sociologique (1894), Paris, P.U.F., 14e di-
tion, 1960, pp. 65-72.
mile Durkheim, Le crime, phnomne normal (1894) 4
mile Durkheim,
Un article publi dans Dviance et criminalit. Textes runis par Denis Szabo
avec la collaboration d'Andr Normandeau, pp. 76-82. Paris: Librairie Armand
Colin, 1970, 378 pp. Collection U2.
Source: Les rgles de la mthode sociologique (1894), Paris, P.U.F., 14e di-tion,
1960, pp. 65-72.
En premier lieu, le crime est normal parce qu'une socit qui en se-
rait exempte est tout fait impossible.
trop facilement sous une forme immuable. Pour qu'elle puisse voluer,
il faut que l'originalit puisse se faire jour ; or pour que celle de l'ida-
liste qui rve de dpasser son sicle puisse se manifester, il faut que
celle du criminel, qui est au-dessous de son temps, soit possible. L'une
ne va pas sans l'autre.
Ce n'est pas tout. Outre cette utilit indirecte, il arrive que le crime
joue lui-mme un rle utile dans cette volution. Non seulement il im-
plique que la voie reste ouverte aux changements ncessaires, mais
encore, dans certains cas, il prpare directement ces changements.
Non seulement, l o il existe, les sentiments collectifs sont dans l'tat
de mallabilit ncessaire pour prendre une forme nouvelle, mais en-
core il contribue parfois prdterminer la forme qu'ils prendront.
Que de fois, en effet, il n'est qu'une anticipation de la morale venir,
un acheminement vers ce qui sera ! D'aprs le droit athnien, Socrate
tait un criminel et sa condamnation n'avait rien que de juste. Cepen-
dant son crime, savoir l'indpendance de sa pense, tait utile pr-
parer une morale et une foi nouvelles dont les Athniens avaient alors
besoin parce que les traditions dont ils avaient vcu jusqu'alors
n'taient plus en harmonie avec leurs conditions d'existence. Or le cas
de Socrate n'est pas isol ; il se reproduit priodiquement dans l'his-
toire. La libert de penser dont nous jouissons actuellement n'aurait
jamais pu tre proclame si les rgles qui la prohibaient n'avaient t
violes avant d'tre solennellement abroges. Cependant, ce mo-
ment, cette violation tait un crime, dans la gnralit des conscien-
ces. Et nanmoins ce crime tait utile puisqu'il prludait des trans-
formations qui, de jour en jour, devenaient plus ncessaires. La libre
philosophie a eu pour prcurseurs les hrtiques de toute sorte que le
bas sculier a justement frapps pendant tout le cours du Moyen ge
et jusqu' la veille des temps contemporains.
agent rgulier de la vie sociale. Le crime, de son ct, ne doit plus tre
conu comme un mal qui ne saurait tre contenu dans de trop troites
limites ; mais, bien loin qu'il y ait lieu de se fliciter quand il lui arrive
de descendre trop sensiblement au-dessous du niveau ordinaire, on
peut tre certain que ce progrs apparent est la fois contemporain et
solidaire de quelque perturbation sociale. C'est ainsi que jamais le
chiffre des coups et blessures ne tombe aussi bas qu'en temps de di-
sette 4. En mme temps et par contrecoup, la thorie de la peine se re-
trouve renouvele ou, plutt, renouveler. Si, en effet, le crime est
une maladie, la peine en est le remde et ne peut tre conue autre-
ment, aussi toutes les discussions qu'elle soulve portent-elles sur le
point de savoir ce qu'elle doit tre pour remplir son rle de remde.
Mais si le crime n'a rien de morbide, la peine ne saurait avoir pour
objet de le gurir et sa vraie fonction doit tre cherche ailleurs.
Fin du texte