Artefact Vol16no8

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Thèmes abordés

Mot de la présidente 1
Quand le patrimoine se veut d’actualité
Les nouvelles de Culture Lanaudière 2
Tour d’horizon 2007 en musique 3 Quand l’hiver bat son plein, rien de mieux que la mémoire pour retrouver un brin de
Au coeur de la culture atikamek 6 chaleur au coin du cœur, l’éclat du sourire dans l’œil, l’élan du rythme dans le pied,
Les joutes chantés 8 l’écho de la musique à l’oreille. Le PATRIMOINE VIVANT a ce vaste pouvoir de nous
Les familles lanaudoises sous les projecteurs 9
Mémoire et Racines | Violon Trad Québec transporter dans le temps tout en se raccrochant aux hymnes contemporains.
10
La maison des contes et légendes et la Les us et coutumes lanaudoises ont l’énorme privilège d’être soutenus par plusieurs
Grande Diablerie 11 artistes, artisans et organismes, animés par leur création, leur imagination et leur amour
L’inventaire des ressources ethnologiques
du patrimoine immatériel 13
du passé, accompagnés de leur grande volonté de partager cette mémoire et de
Un regard neuf sur le patrimoine culturel 16 l’actualiser.
D’abord et avant tout rattaché aux traditions orales, musicales
et gestuelles, locales et régionales, le PATRIMOINE VIVANT
Spécial québécois est depuis longtemps associé à son berceau
lanaudois. C’est dans Lanaudière-même, qu’ont été franchis les
patrimoine vivant premiers pas de sa renaissance. La renommée nationale et
Volume XVI Numéro 8 - Février 2008 internationale de groupes « trad », des conteurs, du Festival
Mémoire et Racines et du CRAPO (Centre régional d’animation
du patrimoine oral) stimule de très brillantes idées visant à
perpétuer les traditions. Leur présence bien marquée illustre la qualité de ce créneau
L’Artefact est produit et édité par Culture culturel surtout orienté vers les arts de la scène.
Lanaudière qui est soutenu financièrement dans
son fonctionnement par le ministère de : Le grand ensemble des pratiques culturelles traditionnelles obéit aux lois de la nature,
certes. Et la nature a souvent tendance à éliminer ce qui est inutile. Toutefois, tout aussi
fringant que son nom le suppose, le PATRIMOINE VIVANT a pu être revisité, renouvelé,
réinventé, voire reconstruit parce qu’il a la propriété d’être vivant et d’être animé
avec rigueur et engagement par nos porteurs de traditions.
Le charisme du PATRIMOINE VIVANT repose principalement sur les preuves de sa vivacité et
de son histoire précieuse. En effet, le PATRIMOINE VIVANT est transmis de génération en
Rédactrice en chef : Andrée Saint-Georges
Textes : Ghislaine Bourcier
génération et son « évaluation » prend appui sur ce qui existait, donc du tangible, donc
Andrée Saint-Georges du réel, donc l’inspiration venue du vrai monde. Cela signifie être à l’écoute, prendre en
Collaborateurs : Patrice Jetté
Maude Malo considération le passé pour imaginer le futur, cela signifie respecter ce qu’on a été pour
Gilles Pitre
Stéphanie Lépine en faire un devenir florissant.
Michel Goulet
Marc-André Complaisance Ce que le PATRIMOINE VIVANT nous enseigne, c’est la justesse d’un rythme et d’une
Photos : Culture Lanaudière
(sauf mention contraire) expression culturels propres à une collectivité. Ce que la mémoire collective retient, c’est
Infographie : Martine Grégoire fondamentalement des mots, des notes, des pas, des bribes d’histoire qui façonnent le
Révision : Marcel Leblanc
savoir-être de notre communauté. Il nous arrive hélas! trop souvent – d’oublier de
Toute reproduction des textes, illustrations et photographies est interdite
considérer avec reconnaissance qu’il y a eu un « avant » qui nourrit le « présent » et qui
sans l’autorisation de l’éditeur. La publication n’est pas responsable des saura indéniablement façonner le « futur ».
erreurs, négligences ou omissions commises à partir des renseignements
fournis à la rédaction. Chaque auteur est responsable de ses écrits.
Sur cette philosophie à la gomme, je nous souhaite une année culturelle pleine de vie,
avec des moments privilégiés où jouxter fierté, conscience patrimoniale et collectivité
Culture Lanaudière régionale. Dans ce même sillon, je souhaite que les dirigeants gouvernementaux, tous
paliers confondus, prennent plaisir à partager et soutenir l’expression de notre mémoire
20, rue Saint-Charles-Borromée Sud, bureau 1005
Joliette (Québec) J6E 4T1 collective régionale et reconnaissent les particularités qui
Pour nous voir : local B-212 distinguent et constituent une pierre d’assise et une fierté
Téléphone : 450 753-7444 marquée du développement d’une région comme la nôtre.
Télécopieur : 450 753-9047
Sans frais : 1 866 334-7444
info@culturelanaudiere.qc.ca
www.culturelanaudiere.qc.ca
Ghislaine Bourcier
ISSN 1188-9780 présidente de Culture Lanaudière
Volume 16 numéro 8
Les nouvelles de Culture Lanaudière L’Artefact

Les nouvelles de Culture Lanaudière


Mélody G. Thibeault Élise Thériault
une adjointe administrative stagiaire en communication
fraîchement diplômée.
Mélody G. Thibeault est entrée officiellement en Le 7 janvier 2008 annonçait aussi l’arrivée d’une
poste le 7 janvier dernier. En décembre 2007, nouvelle stagiaire. Élise Thériault, étudiante au
après trois semaines de stage intensif, elle a su baccalauréat en communication sociale de
démontrer une grande capacité d’adaptation et surtout elle a l’Université du Québec à Trois-Rivières sera d’un soutien majeur, entre
manifesté une curiosité, qui, à Culture Lanaudière, est une qualité de autres, pour la tenue des événements de la Quinzaine du livre, édition
premier niveau. Sa curiosité l’amène à découvrir de grands courants 2008, mais aussi pour les multiples événements que l’on souhaite
culturels lanaudois, et hors frontières, certes, mais cette même
tenir principalement dans le cadre du 30e anniversaire de Culture
curiosité nous oblige à prendre le temps d’expliquer et
Lanaudière.
conséquemment, de redécouvrir les multiples talents, la belle qualité
culturelle de la région et surtout l’immense potentiel culturel. L’arrivée Élise provient d’un milieu totalement différent de celui de la culture et
de Mélody a donc été un moment relativement privilégié. Mais l’heure manifeste, elle-aussi, un grand intérêt pour nos multiples activités
des découvertes passe rapidement : le nombre de dossiers continue
culturelles et artistiques. Élise profitera de son passage chez nous
de prendre de l’expansion, le programme 2008-2009 se pointe et les
pour établir le répertoire des salles lanaudoises de manière à faciliter
ambitions établies lors du plan d’action demeurent très d’actualité.
la diffusion des œuvres artistiques des multiples disciplines mais aussi
C’est donc Mélody qui vous dira le premier bonjour dès votre arrivée
des salles de réunion incluant les services requis. Ces informations
ou encore au téléphone. Elle est aussi responsable des dossiers
seront précieuses pour plusieurs d’entre nous principalement en vue
comptables. À titre d’adjointe administrative, elle assiste la directrice
d’un réseautage entre les zones de diffusion.
générale dans les multiples dossiers de Culture Lanaudière. C’est donc
un plaisir de vous présenter une toute nouvelle diplômée du Pavillon La venue d’Élise au sein de l’équipe est aussi un vent de fraîcheur,
de L’Argile de la Commission scolaire des Samares, qui a réussi son avec le regard de la jeunesse et les compétences des
DEP en secrétariat. Sa venue parmi l’équipe est hautement appréciée
communications, Culture Lanaudière est fière de l’accueillir.
et je suis assurée que vous saurez aussi reconnaître son
professionnalisme.
Bienvenue Mélody. Bienvenue Élise.

APPEL D’ACTIVITÉS POUR LA quel que soit l’âge des personnes qui y Quinzaine du livre promet d’être un
4e QUINZAINE DU LIVRE DE LANAUDIÈRE participeront. événement mémorable si chacun donne du
DU 20 AVRIL AU 4 MAI 2008 La Quizaine a pour but de rassembler vos sien pour permettre la réalisation
Joliette, 9 janvier 2008 – activités littéraires et de les promouvoir tout d’animations enrichissantes. Que ce soit un
La Quinzaine du livre est à fait gratuitement. Pour être certain de faire récital de poèmes, des rencontres avec des
de retour pour une partie de la programmation 2008, faites nous écrivains et écrivaines ou tout simplement
quatrième année parvenir le formulaire conçu à cette fin, des discussions à propos d’une œuvre lue,
consécutive. Celle-ci débutera le disponible au www.culturelanaudiere.qc.ca tous ont leur place au sein de cette
20 avril et se terminera le 4 mai 2008. avant le vendredi 7 mars 2008. célébration.
Si ce n’est pas déjà fait, il est grand temps
Nous misons sur la diversité et l’originalité Au plaisir de partager encore cette année la
d’organiser vos activités à caractère littéraire
des activités pour atteindre le but souhaité Quinzaine avec vous un peu partout dans les
pour faire partie de notre grande fête.
qui est le partage et la découverte plus lieux de création et de diffusion du livre
Toutes les activités qui tournent autour de la
approfondie de l’univers du livre. La lanaudois!
thématique du livre sont les bienvenues,

2 Culture Lanaudière
Volume 16 numéro 8
L’Artefact Tour d’horizon 2007 en musique

Tour d’horizon 2007


d’une année exceptionnelle en musique
L’année 2007 qui vient à peine de se aussi bien dans la rénovation que dans la reels endiablés en conservant leur vraie
terminer fut remarquable au chapitre profession afin de nous présenter un premier nature. Véritable protecteur de la tradition
de la production de musique album sans prétention où la bonne humeur familiale et entouré de bons musiciens et de
traditionnelle dans la région de se mélange au jeu du violon, de l’accordéon, bons vivants, Daniel Perron nous livre donc
Lanaudière, tant du point de vue de la de la guitare, du bouzouki et de l’harmonica. ici un album pour les vrais amateurs de
quantité que de la qualité des Enregistré et mixé au Studio de la Côte Jaune musique traditionnelle.
créations. à Saint-Côme, À l’année comprend des
chansons puisées dans le répertoire HOMMAGE AUX AINÉS
De Belzébuth à Hommage aux Aînés, en
traditionnel de certaines familles de la région Gorgée
passant par Tu m’en diras tant! et
Grave Ô Portes, sans oublier Yves Lambert, tout comme dans certains recueils de Avec sa bonhomie légendaire et son sens
Vent du Nord ou encore Éric et chansons traditionnelles. Le trio revisite ces aiguisé de l’interprétation, Hommage aux
Simon Beaudry, 2007 nous a donc permis de chansons pour ainsi les actualiser et les Aînés est sans contredit l’un des groupes les
constater encore une fois tout le talent et mettre au goût du jour. plus populaires de la région de Lanaudière,
l’ingéniosité de nos musiciens traditionnels et ce, depuis plus de 16 ans. Leurs
ÉRIC ET SIMON BEAUDRY chansons, qui plaisent tant aux jeunes qu’aux
lanaudois. Tour d’horizon non exhaustif
Le sort des amoureux moins jeunes, sont puisées tout
d’une année d’exception.
Encore un autre album enregistré au Studio particulièrement dans le village de Saint-
BELZÉBUTH de la Côte Jaune à Saint-Côme ! Le sort des Côme et font largement référence à son
En faisant semblant de rien amoureux, qui comprend 12 pièces, a été passé de gens festifs et conviviaux. Produire
Depuis la sortie de son premier album en produit et réalisé par Éric et Simon Beaudry. un disque après le succès retentissant de Si
2004, Belzébuth continue de faire évoluer la Le mixage s’est cependant effectué au Studio mignonnement n'est pas chose facile. Avec la
musique traditionnelle québécoise en lui du Chemin 4 à Joliette. Éric Beaudry (La venue de Danny Baillargeon et de Michel
donnant encore et toujours un tournant Bottine Souriante, Ni Sarpe Ni Branche, Bordeleau, c'est cependant avec brio que le
rappelant les musiques du monde. Que ce Norouet, De Temps Antan) et son frère Simon groupe relève le défi et nous offre son nouvel
soit par la présentation de compositions (Le Vent du Nord) interprètent avec une album Gorgée.
instrumentales ou encore par des sensibilité particulière des chansons de leur
village. Relayeurs de mémoire, ils LES CHARBONNIERS DE L’ENFER
interprétations aux arrangements bien
réactualisent le répertoire des aînés dans À la grâce de Dieu
étoffés, Belzébuth nous révèle ici tout son
talent. Ce nouvel album de 13 pièces une approche originale qui emprunte au folk, Les cinq Charbonniers poursuivent leur
enregistré ce printemps au Studio de la Côte au country et aux musiques du monde. fructueuse exploration du répertoire
Jaune à Saint-Côme se veut donc un mélange traditionnel francophone avec ce quatrième
GRAVE Ô PORTES disque. Les voix sont superbes et la qualité
partagé de musique traditionnelle québécoise
Ça r’tourne, ça r’vire des harmonies est un véritable délice pour
et de musique du monde, frôlant parfois la
musique celtique et celle du vieux continent. GRAVE Ô PORTES, c’est de la musique et de les oreilles. On y traite de l’amour, mais
la chanson traditionnelles à l’état pur. Si vous également de quelques sujets plus
DE TEMPS ANTAN adorez la chanson traditionnelle, cet album irrévérencieux, le tout avec évidemment un
À l’année est fait pour vous. Daniel Perron, leader de la brin d’humour.
Trois musiciens - Pierre-Luc Dupuis, Éric formation, s’assure de respecter avec ce
Beaudry et André Brunet - s’unissent tout premier album de Grave Ô Portes l’esprit
(suite page 4)
traditionnel des chansons à répondre et des

Culture Lanaudière. 3
Volume 16 numéro 8
Tour d’horizon 2007 en musique L’Artefact

La cuvée 2007

LES CHARBONNIERS DE L’ENFER temps en proposant 13 pièces musicales jazzy, swing ou même rock et de passages
Sacré rencontre forgées à l’occasion de rencontres et improvisés.
La rencontre entre Gilles Vigneault et les inspirations uniques. Sur cet opus, on
découvre des compositions originales ainsi TU M’EN DIRAS TANT!
Charbonniers de l’enfer est unique. L’univers
que des pièces dites traditionnelles qui ont Les premières amours
chargé d'émotions d'un poète incomparable
se combine merveilleusement bien avec le reconquis leur noblesse grâce aux Le premier album de Tu m’en diras tant! Les
chant traditionnel et les tapements de pieds arrangements du groupe. Quelques chansons premières amours a été lui aussi enregistré
des Charbonniers de l'enfer. Le résultat : un à boire, mais également, des histoires de au Studio de la Côte Jaune à Saint-Côme.
moment de complicité indéniable qui nous recherches, de quêtes et d'attente qui Montrant fièrement ce qu'ils ont dans le
ramène vers les racines de notre culture. À ramènent à des thèmes bien contemporains. ventre avec leur premier album, les quatre
se procurer absolument! Dans les airs révèle des perspectives musiciens de Tu m'en diras tant! ont réuni
musicales et harmoniques jusqu'alors non
des versions personnelles de plusieurs
LE VENT DU NORD explorées par la formation. Des textures
chansons et reels qui ne sont pas piquées
Dans les airs nouvelles, tantôt minimalistes et crues, tantôt
très sophistiquées, ponctuées d'accents (suite page 5)
Dans les airs marque son passage dans le

4 Culture Lanaudière
Volume 16 numéro 8
L’Artefact Tour d’horizon 2007 en musique

des vers! Au son des voix féminines, du la ruralité et l’urbanité. C’est un voyage la formation en sont arrivés à la réalisation
violon, de l'accordéon, de la guitare, du initiateur qui nous amène au cœur de nous- d’un troisième album, Juste à point. Ils y
bouzouki, de la mandoline, du banjo et de la mêmes dont le thème central est l’amour visitent parfois l’univers fascinant des auteurs
podorythmie, la formation, avec ses sous toutes ses réflexions. Le monde à marquants du Québec, notamment celui de
arrangements folks simples mais combien Lambert souhaite bien remettre à l’endroit La Bolduc, dont les compositions font
efficaces, vous emportera dans une notre monde à l’envers en mettant en lien maintenant partie de la mémoire collective.
ambiance des plus chaleureuses. différents univers culturels branchés sur Sur les 14 pièces que compte l’album, on y
plusieurs tendances musicales et en abordant retrouve un heureux mélange de belles
YVES LAMBERT l’engagement amoureux et politique dans son chansons, de chansons humoristiques ou
Le monde à Lambert sens le plus noble et le plus mobilisateur. encore a capella. Un album où la complicité,
Cet album constitue une étroite collaboration les harmonies et les habiletés vocales sont
entre humains qui partagent la même LES LANGUES FOURCHUES au rendez-vous au grand plaisir de nous
passion. C’est aussi du swing, des Juste à point tous.
arrangements ingénieux, une musique Après avoir exploré leur instrument de
identitaire. C’est une vision qui intègre et manière individuelle et après avoir recherché
installe un dialogue musical et poétique entre du nouveau matériel, les quatre membres de

Culture Lanaudière. 5
Volume 16 numéro 8
Au coeur de la culture atikamek L’Artefact

Au coeur de la culture atikamek


par Maude Malo, LanauSpec

Le samedi 29 septembre dernier lors d’ours, alors que d’autres fabriquaient des corps. Après environ quatre heures de cuis-
des Journées de la culture, le Centre porte-bébés de bois traditionnels appelés les son, la viande était prête pour la dégustation.
régional d’animation du patrimoine tikinakans.
Pendant que certains profitaient du beau
oral (CRAPO) de Saint-Jean-de-Matha
Plus loin, un homme manifestait ses talents temps pour contempler tout le talent des
a mis sur pied un rendez-vous avec la
de peintre et d’artisan par l’exposition de artisans atikamekw, il était possible de vision-
culture atikamek. C’est alors que visite
tipis et de maquettes miniatures atikamekw ner à l’intérieur du CRAPO un documentaire
de tipis, exposition d’artisans, présen-
ainsi que par des peintures à l’acrylique et à sur Opitciwan, la plus nordique et la plus
tation de légendes, dégustations, mu-
l’huile, inspirées des légendes et traditions isolée des trois communautés que forme la
siques et danses traditionnelles figu-
de sa culture. Au cœur du plus grand tipi nation atikamek. Visionné par une assistance
raient au programme de cette aventure
travaillaient trois femmes qui, tout en discu- mi-québécoise et mi-atikamek, le documen-
au cœur des moeurs atikamekw. taire relatait l’histoire de cette communauté.
tant et en ricanant l’une après l’autre, procé-
La culture atikamek se veut un mystère pour daient à la fabrication de paniers d’écorce de Située sur la rive nord du réservoir Gouin,
certains, une richesse pour d’autres, mais bouleau et de racines de pin gris. Opitciwan a vu sa forêt être dévastée par une
demeure en soi une culture qui véhicule de inondation et par la coupe du bois engendrée
belle façon des valeurs familiales et ancestra- pour la construction du réservoir Gouin au
les ainsi que de profondes traditions et cou- début du XXe siècle. Les terres de cette com-
tumes. munauté ont donc été inondées, ce qui a
entraîné une grande difficulté à s’approvi-
Malgré qu’une partie du territoire des Atika-
sionner compte tenu de l’impossibilité de
mekw prenne place dans la région de Lanau-
pratiquer la chasse. Plusieurs sujets ont éga-
dière à Manawan, il est rare que les Lanau-
lement été traités tels que l’importance de la
dois aient l’opportunité de se plonger au
musique et de la religion, la revendication
cœur de cette passionnante culture. Les
des droits ancestraux de même que la dimi-
activités organisées dans le cadre des Jour-
nution de la propagation de la langue atika-
nées de la culture ont donc permis à la popu-
mek.
lation d’entrer en contact avec les Atikamekw
et d’en apprendre davantage sur leur his- Quoi qu’il en soit, l’assistance a pu profiter de
toire, leur mode de vie et leurs traditions. Castor suspendu au dessus du Photo : gracieuseté ce moment pour entendre le groupe de musi-
Pendant la visite, plusieurs questions foisson- que traditionnelle québécoise Irinatikw. Com-
Et l’aventure commence
naient au sujet d’un castor qui grillait au- posée de deux Atikamekw et de deux Québé-
En arrivant sur les lieux, de grands tipis au dessus d’un feu, suspendu à un trépied de cois, la formation effectuait la balance de son
sol couvert de branches de sapin accueil- bois fabriqué par le cuisinier atikamek. Tout pour le spectacle qu’elle allait offrir en soirée.
laient jeunes et moins jeunes et attiraient le comme le lièvre et la perdrix, le castor est En fin de journée, c’était au tour des Black
regard par leur caractère intrigant et gran- chassé par les Atikamekw en tant que princi- Bears Singers de présenter leur spectacle à
diose à la fois. On pouvait voir de part et pal petit gibier. Les Atikamekw affirment l’extérieur. Formée de quatre jeunes chan-
d’autre des artisans atikamekw présenter le même que le castor offre sa chair comme teurs et percussionnistes ainsi que d’un dan-
fruit de leur talent et procéder à la création nourriture et sa peau comme vêtement pour seur atikamek provenant du territoire de
de multiples objets devant les yeux ébahis venir en aide aux hommes. Pour faciliter la Manawan, la formation des Black Bears Sin-
des visiteurs. Certains créaient des bijoux cuisson, ils insèrent un couvercle de chau- gers a entonné des chants traditionnels en
faits de plumes de poule, de canard ou d’ou- dron de fonte à l’intérieur de l’animal pour battant la mesure sur un tambour placé sur
tarde, d’os de caribou ou encore de griffes ainsi mieux diffuser la chaleur dans tout le un socle de bois en croix. Des chants qui

6 Culture Lanaudière
Volume 16 numéro 8
L’Artefact Au coeur de la culture atikamek

Danseur muni d’un costume des plus colorés orné de plumes d’aigle, de peau d’orignal et de pieds de biche. Photo : gracieuseté

s’apparentent à des chants de gorge et pou- seur aux cheveux grisonnants. Ce qui est qui ont façonné notre histoire, mais donne
vant osciller entre de très hautes tonalités à important est de partager des bons moments également la chance de découvrir un peuple
de très basses, retentissaient au milieu d’une avec les autres », a-t-il ajouté en tentant de rempli de riches traditions. Certains visiteurs
vaste foule captivée par l’originalité de la rattraper son souffle. Durant la prestation, les ont assurément pu s’enrichir du mode de vie,
prestation. enfants québécois se sont vite approchés. À du talent ou des coutumes de ces Atikamekw,
leur visage, on voyait qu’ils se questionnaient tandis que d’autres ont peut-être fait tomber
Un danseur muni d’un costume des plus colo-
sur ce peuple et sur cette célébration qu’ils des barrières qui les éloignaient de cette
rés orné de plumes d’aigle, de peau d’orignal
n’avaient pu voir jusqu’à ce jour qu’en des- culture. Une journée en somme très enrichis-
et de pieds de biche s’est par la suite joint
sins animés. sante pour tous !
aux chanteurs. Pointant son bâton de paix
vers le ciel, le danseur a ainsi honoré par ce La richesse de cette aventure
geste la terre et le ciel. « Il n’y a pas d’âge
Une telle journée au cœur de la culture atika-
pour danser et s’amuser, a souligné le dan-
mek permet de s’ouvrir à ces communautés

Culture Lanaudière. 7
Volume 16 numéro 8
Les joutes chantées L’Artefact

Les joutes chantées


Le CRAPO programme à chaque saison depuis son ouverture 1998 pour la première joute chantée au Québec, moment épique
des joutes en chanson traditionnelle, que nous avons un auquel j’ai eu la joie de participer.
peu faussement appelées des joutes d’impro en chanson Au CRAPO, nous avons réduit le nombre de participants de 5 à 4 par
traditionnelle. Faussement parce que en réalité, on n’y improvise équipe, vu l’exiguïté de la scène. Nous n’avons pas non plus les juges
pas des chansons mais on utilise les chansons du répertoire tradition- de ligne et les arbitres. Une meneuse de jeu, Geneviève Lepage et
nel pour répondre à des consignes données par une meneuse de jeu. son assistant font tourner l’affaire. Les épreuves et thèmes sont signi-
Cette adaptation du concept des joutes d’improvisation théâtrale, fiés aux équipes qui ont le temps d’une chanson du public pour trou-
créées à Montréal à l’automne 1977 par Robert Gravel et Yvon Leduc, ver, en caucus, les extraits de chanson les plus pertinents pour y
a d’abord été expérimentée en Bretagne en 1998. Jean-Yves Bardoul, répondre. Le public vote avec des cartons pour l’équipe qu’il juge la
membre directeur de l’association l’Épille à Bovel en Haute-Bretagne, meilleure.
s’était amouraché du concept d’improvisation théâtrale. L’Épille est C’est une activité hautement appréciée des spectateurs, qui présente
une association (comme un OBNL ici) qui a pour mission de trans- le répertoire de chanson traditionnelle d’une manière très ludique.. La
mettre et faire vivre le chant traditionnel de Haute-Bretagne et d’ail- difficulté est de trouver les participants. Dénicher 8 chanteurs /
leurs. Jean-Yves Bardoul proposa à ses collègues de s’inspirer des chanteuses libres le même soir et désireux de venir jouer pour des
règlements de l’impro pour créer une nouvelle forme de jeu autour de pinottes n’est pas une mince affaire. Nous avons donc progressive-
la chanson traditionnelle. Robert Bouthillier, actuel directeur du CQPV ment diminué le nombre de joutes par saison et sommes passés de
(Conseil québécois du patrimoine vivant), faisait alors partie de l’é- quatre à une. J’encourage les amateurs de chanson traditionnelle
quipe, avec Charles Quimbert, Mathieu Amont et Vincent Morel. Il était ayant acquis un bon répertoire à me contacter s’ils ont envie de
plus que sceptique devant cette proposition mais il se rallia finalement s’initier aux joutes chantées ! Peut-être tenterons-nous de former des
et c’est lui qui développa l’idée. En sa qualité d’ethnomusicologue et équipes au sein de familles ! En attendant, ne ratez pas la joute du
chercheur, il connaît bien le catalogue de la chanson folklorique fran- samedi 17 mai au CRAPO, dans l’ancien presbytère de Saint-Jean-de-
çaise de Conrad Laforte, et il était le plus à même de concevoir les Matha. Au plaisir de vous y voir !
thèmes et les épreuves.
Lisan Hubert, directrice du CRAPO 450 886-1515
C’est ainsi que cette joyeuse bande de chanteurs a débarqué à Qué-
bec au FIAT (Festival international des arts traditionnels) à l’automne

Participants des joutes chantées. Photo : CRAPO Lanaudière

8 Culture Lanaudière
Volume 16 numéro 8
L’Artefact Les familles lanaudoises sous les projecteurs

Les familles lanaudoises


sous les réflecteurs
Cela n’est un secret pour personne, il y a dans la région de
Lanaudière quantité d’amateurs de musique et de chanson
traditionnelles. Je suis certaine que dans le temps des fê-
tes qui vient de se terminer, on a chanté et tapé du pied
dans de nombreuses chaumières, et pas seulement les
mononcles et les matantes ! Toutes les générations s’y
mettent dans les familles où la transmission s’est faite
depuis toujours. Dans certaines d’entre elles, il y a telle-
ment de talent qu’on monte le répertoire familial pour se
produire sur scène.

Et ce n’est pas d’hier ! Déjà dans les années 1960, la famille Landry
(parenté de Pierre Laporte) et la famille Brisson de Saint-Jacques
avaient formé des orchestres qui animaient les soirées et les noces
dans tout le canton.

De nos jours, plusieurs jeunes ont étudié la musique et ajoutent au


talent naturel de leurs aînés une connaissance plus approfondie de la
musique tout en ayant intégré le son traditionnel depuis leur enfance.

Le Festival Mémoire et Racines a contribué à l’émergence de plu-


sieurs familles en les mettant à l’affiche. C’est ainsi qu’on a connu
plus largement la famille Sylvestre de Saint-Cuthbert, la famille Cantin
de Saint-Liguori. On y a aussi découvert la famille Thériault de Saint-
Côme.

Il y a également les Riopel d’Entrelacs, les Gariépy et les Ayotte de


Sainte-Béatrix, les Marion de Saint-Côme. Cette liste n’est pas ex-
haustive… Il doit bien y en avoir dans le sud de la région mais je ne
les connais pas. N’hésitez pas à me contacter si vous êtes au courant
d’autres familles qui se produisent de temps en temps sur scène ou
qui en ont le potentiel.

Sauf la famille Cantin qui joue quand même régulièrement et la famille


Sylvestre qui l’a fait pendant de nombreuses années, les autres s’of-
frent ce plaisir de la scène ponctuellement et pour le plaisir de parta-
ger leur héritage familial. Ne manquez pas d’aller les écouter pour
vous tremper aux sources de la tradition orale de Lanaudière.

Culture Lanaudière. 9
Volume 16 numéro 8
Mémoire et Racines | Violon Trad Québec L’Artefact

Saison printanière de Lanaudière :


Mémoire et Racines
Lanaudière : Mémoire et est transmise de génération en génération. duire à la première édition de cet événement
Racines existe depuis Elle est encore bien vivante dans Lanaudière, date de mai 1995. Le Bal se tiendra au Cen-
quatorze ans et poursuit particulièrement dans les villages de Saint- tre Bosco de Saint-Charles-Borromée. La
de brillante façon sa Côme et de Sainte-Béatrix. programmation sera disponible sous peu.
mission de promouvoir Finalement, qui dit printemps dit financement
les arts traditionnels dans la région de au FMR. Pour démarrer la campagne 2008,
Lanaudière, notamment par la tenue on procédera au lancement de la 2e édition
de son festival annuel en juillet. du Club des 100 de Mémoire et Racines.
Actif à longueur d’année, l’organisme pro- Cette activité de financement originale permet
pose dès le printemps des activités mettant d’inviter les entreprises, les commerces, les
en valeur des artistes de chez nous. institutions et les individus à adhérer à un
Le 5 avril prochain, au Pavillon du village de club sélect pour la modique somme de 100$.
Sainte-Béatrix, se tiendra une soirée mettant De nombreux avantages sont liés à cette
La famille Ayotte
en vedette deux familles de chanteurs et adhésion pour les 100 premiers membres.
musiciens de la Matawinie soit les familles Le 3 mai 2008, Lanaudière Mémoire et Raci- Infos : www.memoireracines.qc.ca ou au
Marion et Ayotte. La chanson traditionnelle, nes poursuivra la tradition du Bal du Mai. Ce 450 752-6798.
qui remonte parfois jusqu’au régime français, tout premier concert-bénéfice devant con-

Violon Trad Québec - du 20 au 25 juillet 2008


Camp mariste de Rawdon

C’est avec un grand enthousiasme que ture du prestigieux Festival Mémoire et Raci- Ce camp permet d’avoir un lieu privilégié pour
nous vous présentons le Camp de Vio- nes, à Saint-Charles-Borromée. favoriser l’ouverture à l’héritage musical tra-
lon Traditionnel québécois de Lanau- Le formulaire d’inscription est disponible sur ditionnel du Québec, pour encourager son
dière (Violon Trad Québec). Il s’agit notre site web : www.violontradquebec.com, développement et sa maîtrise par tout un
d’un camp d’une durée de six jours ainsi que toutes les informations nécessaires chacun, citoyens du Québec ou d’ailleurs. Le
consacré à l’apprentissage et au per- entourant l’organisation du camp, c’est-à-dire camp, tel que proposé, est un lieu d’échan-
fectionnement du répertoire pour vio- les tarifs, l’horaire, les activités de soirée, ges culturels, de rencontres intergénération-
lon en musique traditionnelle québé- l’hébergement, les repas, etc. nelles, une occasion de jouer du violon et
coise. Il offre également l’enseignement des d’améliorer sa technique. En somme, c’est
deux principaux instruments d’accompagne- Le camp prend la forme de cours de groupe une opportunité d’apprendre et de partager
ment utilisés au Québec, soit la guitare et le formés selon 3 niveaux : débutant (au moins un répertoire permettant de garder vivante la
piano. 2 ans d’apprentissage), intermédiaire et belle culture traditionnelle québécoise.
avancé. L’enseignement du violon se fera par
Le camp de Violon Trad Québec aura lieu sur M. André Brunet et Mme Stéphanie Lépine. Les Pour toutes questions ou demandes de ren-
le site du Camp mariste, à Rawdon. Il se dé- cours de guitare seront, quant à eux, aux seignements à propos du camp, veuillez
roulera du dimanche 20 juillet au vendredi 26 mains de M. Éric Beaudry et le piano, sous contacter : camp@violontradquebec.com
juillet 2008. Pour clôturer le séjour au camp, l’égide de Mme Martine Billette. Au plaisir de vous y rencontrer !
un concert final sera présenté lors de l’ouver-

10 Culture Lanaudière
Volume 16 numéro 8
L’Artefact La maison des contes et légendes et la Grande Diablerie

La maison des contes et légendes de Lanaudière


et la Grande Diablerie de Lavaltrie
« Y parait que le yâbe est dans quantité de légendes qui sont autant de pis- au corps, une âme noire comme du charbon
la cabane à Lavaltrie sur la tes à découvrir. Qu’on les nomme loups- et les poches pleines d’histoires à dormir
Notre-Dame… » (conteur anonyme) garous, feux follets, farfadets, hurlots, bêtes debout. Nous vous donnons rendez-vous à
à gros yeux, gnomes ou génies, les êtres Lavaltrie en 2008. Avis aux amateurs : Âmes
immatériels hantent tous les pays. Ils sont sensibles et cœurs frileux s’abstenir !
Construite vers 1895, cette maison néo- présents dans toutes les cultures et en cons-
victorienne (XIXe siècle) est située au cœur La Maison des contes et la Grande Diablerie
tituent d’ailleurs l’attrait le plus intéressant.
de Lanaudière près de l’ancien presbytère de représentent un premier effort de
Novembre 2008 sera le mois des morts mais
la paroisse (le diable n’a qu’à bien se te- médiation culturelle. L’objectif est de
aussi celui de la Grande Diablerie, premier
nir !). Cette magnifique résidence aura une susciter la participation citoyenne dans la
festival annuel de contes funestes, de légen-
nouvelle vocation et deviendra d’ici à la fin de réussite de projets culturels structurants à
des diaboliques et d’histoire à dormir debout.
2008 la maison des contes et légendes de l’échelle régionale. Et ce n’est qu’un début,
Nous faisons appel à tous les conteurs de
Lanaudière. Les anciens nous ont légué Lanaudière et d’ailleurs : vous avez le diable (suite page 12)

Photo : Michel Goulet

Culture Lanaudière. 11
Volume 16 numéro 8
La maison des contes et légendes et la Grande Diablerie L’Artefact

La maison des contes et légendes de Lanaudière


et la Grande Diablerie de Lavaltrie (suite)
car Lavaltrie adoptera sa politique culturelle milieu demeure la clé de la réussite de ce de la garder bien vivante, je vous invite à
en 2008. La participation citoyenne, l’anima- projet original et ambitieux. Les familles y l’accueillir avec enthousiasme et à lui faire
tion culturelle et la mise en valeur de l’his- retrouveront leurs histoires, leurs héros, une place au fond de vos cœurs pour qu’elle
toire locale sont au centre des préoccupa- leurs descendants, leur progéniture… Les rayonne dans notre collectivité et qu’elle
tions. Un sondage culturel sera réalisé en artistes l’investiront de leur vision personnelle brille de tous ses feux dans le regard des
février afin de mieux connaître les habitudes des légendes lanaudoises. visiteurs, des citoyens et des amateurs d’his-
de consommations culturelles des familles toire et de légendes.
lavaltroises et de concevoir et de valider les
Un cadeau à s’offrir et à partager ! En 2008, offrez-vous la chance de faire le
projets à venir.
voyage dans le temps dans un environne-
Tout est en place pour établir des partenari- Reconnaître notre culture et notre histoire ment exceptionnel et amenez-y vos petits
ats basés sur le développement de contenus l’actualiser, lui donner vie…Voilà l’un des diables pour leur faire découvrir la légende la
et le partage d’expertises, notre porte est plus beaux cadeaux que nous puissions nous plus célèbre de l’Amérique française : la
ouverte aux propositions. Le rôle du nouvel offrir. Partager cette culture avec les gens Chasse Galerie dont l’histoire se passe à
agent culturel de Lavaltrie, Michel Goulet, venus nous rendre visite, devenir un prétexte Lavaltrie. C’est un rendez-vous familial !
sera d’assurer la direction artistique. Gardien au détour, convier amis, parents, connaissan-
de la vision d’ensemble, il coordonnera les ces et voyageurs de passage autour de ce
efforts et orientera les réflexions des artistes, que nous avons d’unique…Notre culture, Pour informations ou propositions contactez
artisans et citoyens impliqués dans le projet. notre fierté, notre belle région ! Voilà l’un des Michel Goulet au 450 586-2921 poste 2239
La participation des artistes locaux et des plus beaux cadeaux que nous puissions offrir
résidents créatifs dans l’animation de la mai- aux autres. Parce que cette culture vous
son est essentielle. L’appropriation par le appartient, parce que nous avons le privilège

Photo : Michel Goulet

12 Culture Lanaudière
Volume 16 numéro 8
L’Artefact L’inventaire des ressources ethnologiques du patrimoine immatériel

L’Inventaire des ressources ethnologiques


du patrimoine immatériel
Côte-Nord, la Capitale nationale, la Mauricie, végétale, vannerie), les arts traditionnels
le Bas-Saint-Laurent, Chaudière-Appalaches, (musique, chanson, danse), les pratiques
la Montérégie et Lanaudière. Le patrimoine culturelles en lien avec les ressources natu-
immatériel inuit et autochtone ainsi que les relles (cueillette, trappe, construction de
festivals du Québec ont également été inven- maisons en bois rond, culture du tabac, acé-
toriés. Les ressources sont classées selon riculture), sans oublier le patrimoine de la
cinq catégories : personne, entreprise, orga- Nouvelle-Acadie (tapis crocheté, Festival
nisme, forme d’expression et espace culturel. acadien) et les coutumes (consommation
Notez que l’objectif du projet IREPI n’est pas d’eau sulfureuse dans le secteur de Joliette).
de procéder à un inventaire exhaustif du Les ressources répertoriées dans le cadre du
patrimoine immatériel du Québec, mais plutôt projet IREPI sont mises en valeur via le site
de dresser un portrait représentatif de celui- Internet de la Chaire de recherche du Canada
ci. Les ressources sont ciblées à partir de en patrimoine ethnologique à l’adresse sui-
critères de sélection préétablis, tels que l’an- vante : www.patrimoine-immateriel.ulaval.ca.
crage à la tradition et au territoire, la trans- Pour chacune des ressources, vous trouverez
mission au fil des générations, la vitalité et une fiche descriptive accompagnée d’extraits
l’importance de la reconnaissance par le audiovisuels et de photographies. Par ail-
milieu. D’autre part, le projet IREPI a donné leurs, l’intégralité du matériel audiovisuel est
lieu à plusieurs actions culturelles dans les accessible aux Archives de folklore et d’eth-
Photo : Marc-André Complaisance
différentes régions, que ce soit sous la forme nologie de l’Université Laval (AFEUL). Le
d’ateliers, d’expositions, de conférences ou projet IREPI est donc un inventaire vivant
En 2004, la Chaire de recherche du de publications, afin de valoriser le patri- d’un patrimoine vivant.
Canada en patrimoine ethnologique, moine immatériel local.
située à l’Université Laval, mettait sur Marc-André Complaisance,
Bilan des activités dans la région de
pied un important projet d’inventaire Lanaudière étudiant-chercheur
des ressources ethnologiques du patri-
moine immatériel (IREPI), visant à L’été dernier, Marc-André Complaisance et
identifier, à documenter et à valoriser Francesca Désilets ont parcouru la région de
des savoirs, des savoir-faire et des Lanaudière dans le cadre du projet d’Inven-
pratiques culturelles présentes sur le taire. En partenariat avec les différents inter-
territoire du Québec contribuant à sa venants du milieu, tel que le Centre régional
richesse et à sa diversité. L’objectif de d’animation du patrimoine oral (CRAPO), la
cet inventaire est d’abord de connaître Société d’histoire de Joliette, sans oublier les
et de reconnaître auprès d’un large agents de développement culturel et les
public les porteurs de traditions qui agents ruraux des six MRC de la région, les
participent à la dynamique culturelle, deux étudiants-chercheurs ont répertorié
économique et sociale de leur milieu. près de 40 ressources, qui présentent un
portrait représentatif de la richesse culturelle
Jusqu’à présent, plus de 600 ressources ont de Lanaudière. Les thématiques répertoriées
été répertoriées dans les régions administra- sont les suivantes : le travail de la fibre
tives ciblées par le projet d’inventaire, soit la (artisan de ceinture fléchée, teinture
Photo : Marc-André Complaisance

Culture Lanaudière. 13
Volume 16 numéro 8
L’inventaire des ressources ethnologiques du patrimoine immatériel L’Artefact

L’Inventaire des ressources ethnologiques


du patrimoine immatériel (suite)
Exemple complet d’une fiche descriptive
PRÉSENTATION SOMMAIRE (4) Localisation générale
Municipalité : Saint-Gabriel-de-Brandon
Région
administrative : Lanaudière
MRC : D'Autray
GPS : N/D
H.-M. = Hors-MRC et H.-M. A. = Hors-MRC autochtones

(B) Description

(6a) Caractéristiques de la personne


Date de naissance : 1932
Lieu de naissance : Saint-Gabriel-de-Brandon
Occupation/Profession : Agriculteur retraité
Famille : Père : Gabriel Bellerose, mère : Adélaïde
Laventure
Formation :

(7) Identification sommaire de la pratique


Classification : 642000 - Musique vocale traditionnelle
Nom : Bellerose
Champ : 640000 - Musique instrumentale et vocale
Prénom : Justin
Type de pratique : 600000 - Pratiques ludiques et esthétiques
Région
administrative : Lanaudière
Type : Personne
Fonction : 642000 - Musique vocale traditionnelle (8) Description de la pratique
Description de la pratique :
Justin Bellerose possède un important répertoire de chansons tradi-
tionnelles ainsi que des connaissances dans le domaine de l'acéricul-
(A) Identification et localisation ture. Concernant la tradition orale, il fait partie de ceux et celles qui
perpétuent la richesse du répertoire québécois de chansons tradition-
nelles et particulièrement celui de la région de Lanaudière, d'où il est
natif. Le répertoire de Justin Bellerose est composé essentiellement
(1) Nom de la personne, de l'organisme ou de l'entre- de chansons à répondre; il affectionne particulièrement les chansons
prise, de la forme d'expression, de l'espace culturel drôles et « piquantes ». Pour lui, toutes les occasions sont bonnes
pour chanter, quoique les veillées du temps des fêtes, entouré de sa
Nom : Bellerose famille, constituent des moments privilégiés : « Il n'y a pas de musi-
Prénom : Justin ciens dans la famille, mais ça chante et ça tape du pied en masse ».
Comme bien d'autres passionnés de chansons traditionnelles, Justin
Savoir ou Bellerose chante pour le plaisir. Intéressé par l'acériculture, Justin
Savoir-faire : Chanson traditionnelle
Bellerose perpétue un savoir-faire familial transmis par son père pour
la fabrication des produits de l'érable. Si auparavant sa cabane à
sucre était ouverte à la clientèle, elle est aujourd'hui un lieu réservé
aux rencontres familiales et est un lieu propice pour fêter et chanter
(2) Coordonnées du lieu d'exercice de la pratique des chansons traditionnelles.

Ville : Saint-Gabriel-de-Brandon Filière de production : Complète


Filiation : En lien direct avec la tradition
Spécificité de la pratique : En lien avec le territoire
(3) Autres coordonnées (si différentes du lieu d'exercice) Ancrage historique : Oui

14 Culture Lanaudière
Volume 16 numéro 8
L’Artefact L’inventaire des ressources ethnologiques du patrimoine immatériel

(9) Objet ou produit découlant de la pratique (C) Historique et généalogie de la pratique

Nature du Justin Bellerose aime particulièrement les chan- Historique de l'entreprise, de la personne ou de l'organisme, de
produit/de l'objet : sons à répondre drôles et « piquantes ». Il connaît la forme d'expression ou de l'espace culturel :
aussi plusieurs chansons du temps de la guerre.
Justin Bellerose est né à Saint-Gabriel en 1932. Suivant les traces de
son père, il a été cultivateur et producteur laitier durant toute sa
carrière. D'ailleurs, la ferme familiale compte aujourd'hui quatre gé-
nérations. Étant plus jeune, Justin Bellerose entendait ses parents
(10) Lieu d'exercice de la pratique ainsi que ses soeurs fredonner, mais il affirme qu'il aimait davantage
chanter que les autres. Il chantait partout : dans la maison, en tra-
Description des lieux et des installations : vaillant, dans les veillées... bref, la chanson traditionnelle a toujours
Justin Bellerose possède une cabane à sucre traditionnelle, c'est-à- fait partie de son quotidien. Le temps des fêtes, surtout au jour de
dire sans eau courante ni électricité. Construite par son père dans les l'An, était un moment de l'année privilégié pour chanter en famille : «
années 1940, elle présente les caractéristiques architecturales des Des chansons, on pouvait en chanter toute la nuit. C'est arrivé
bonnes vieilles cabanes à sucre : murs en planches, toit de tôle, quelques fois qu'on changeait de paire de culottes et qu'on allait
poêle à bois, hangar pour entreposer le bois de chauffage... (voir traire les vaches ! ». Aujourd'hui, Justin Bellerose chante moins sou-
photographies). La cabane est inaccessible en automobile et donne vent qu'auparavant et c'est surtout en famille qu'il met en valeur son
lieu à de nombreuses fêtes familiales lors desquelles Justin Bellerose répertoire.
chante. La cabane est d'un des nombreux lieux où il performe ses
chansons traditionnelles. A chaque réunion de famille, qu'elle se
déroule chez lui ou chez d'autres membres, il profite de ces occasions
(D) Intérêt patrimonial et mise en valeur
pour chanter.
Nature de lieu : Espace privé intérieur
Utilisé dans la Mode de valorisation
transmission
de la pratique : Oui Actions : Exploitation / Production
Diffusion : Fonds d'archives

(11) Apprentissage de la pratique


(E) Données techniques d'inventaire
Mode d'apprentissage : Contact direct et oralement
Date d'inventaire : 19-06-2007
Milieu d'apprentissage : Voisinage
Nom de l'enquêteur
Description de l'apprentissage : ou des enquêteurs : Marc-André Complaisance & Francesca
Désilets
Justin Bellerose a appris plusieurs chansons sur des disques, or la
grande partie de son répertoire provient directement de la tradition Support audio : Ecouter entrevue
orale lanaudoise. C'est dans les veillées qu'il a puisé la plupart de ses
chansons : « On allait dans des veillées, ce n'était pas toujours le Photographies : J. Bellerose:1.jpg, J. Bellerose:6.jpg, J. Belle-
même groupe car on changeait d'endroit et, quand il y en avait un rose:3.jpg
qui chantait une chanson qu'on n'avait jamais entendue, on y portait
Par : Marc-André Complaisance
attention. Dans ce temps-là on écoutait une chanson une ou deux fois
et l'on s'en rappelait ».

(12) Transmission de la pratique


Type de transmission : Contact direct et oralement
Réseau de transmission : À un parent
Lieu de transmission : Maison
Description de la transmission :
Justin Bellerose a transmis une partie de son répertoire à ses enfants.
Pendant plusieurs années, surtout le dimanche matin entre la traite
des vaches et la messe de dix heures, il leur chantait des chansons à
répondre, d'autant plus que « ça leur montrait à chanter en même
temps ». D'autre part, Justin Bellerose a enregistré quelques chan-
sons à répondre dans le cadre d'un projet du Centre régional d'ani-
mation du patrimoine oral (CRAPO), situé à Saint-Jean-de-Matha
dans la région de Lanaudière. Certaines de ses chansons sont dispon-
ibles aux archives de ce même organisme.

Culture Lanaudière. 15
Volume 16 numéro 8
Un regard neuf sur le patrimoine culturel L’Artefact

Un regard neuf sur le


patrimoine culturel
Tel est le nom du dernier-né du minis- Mais comble de fantaisie de participation du rédacteurs du document de consultation,
tère de la Culture, des Communications citoyen dans les dédales démocratiques de la faisait preuve d’innovation. Souhaitons-nous
et de la Condition féminine. Il fera vie gouvernementale et étatique, l’important une loi refondue à la hauteur de la novation
l’objet d’une vaste tournée de consul- sera de se prononcer sur le cadre référentiel du 3e millénaire? Parce que le patrimoine
tation publique. de la prochaine loi sur les biens culturels. culturel, c’est important. C’est la garantie
Le Ministère, dans une correspondance ratta- Notons que cette loi est la garantie de notre d’une identité sociétale irisée aux influences
chée au document, précise que cet ouvrage « histoire, la démarche de conservation de d’autrefois qui ont façonné la silhouette so-
dresse le bilan de 35 années de gestion pu- notre passé, de notre mémoire, de notre ciétale tant dans notre Québec, notre Lanau-
blique du patrimoine… précise les grands identité. Ne surtout pas la sous-estimer. dière, notre village, notre quartier.
défis… au chapitre de la conservation de L’esprit de la loi est campé dès le début du La consultation sur les biens culturels sera
nos biens patrimoniaux et… propose des document de consultation rendu public par la donc l’affaire de tous. Espérons que dans
pistes d’action pour l’élaboration d’une nou- ministre Saint-Pierre. « Tous nos citoyens Lanaudière, riche berceau de multiples facet-
velle législation… » (Correspondance ache- peuvent et doivent avoir la possibilité de pro- tes culturelles dont le patrimoine vivant, nous
minée le 10 janvier 2008). C’est donc de fiter des valeurs scientifiques, esthétiques, dirons «présent» au moment de cet appel à la
première importance. éducatives et de récréation que les biens consultation et transmettrons notre vision
La vaste tournée prévue en est une de culturels représentent ». Voilà la table est dans la manière de conserver nos trésors
consultation publique. La date qui nous inté- mise! culturels.
resse est indiquée ci-contre. Avant toute La prochaine loi, modifiera celle adoptée en
Georges St-André
chose, la consultation publique est un mo- 1972, qui à l’époque, et selon les dires des
ment privilégié pour émettre des opinions et
Date de l’audience dans Lanaudière :
échanger sur des idées. Mais la consultation
n’a pas le pouvoir de la concertation. Consé-
Joliette : 6 mars 2008
quemment, le Ministère pourra disposer des
multiples informations selon ce qui lui semble Date de dépôt des mémoires : 18 février 2008
juste et bon pour nous, gens du peuple. Cela
ne pâlit aucunement les vertus de l’exercice. Le Ministère indique que « les mémoires doivent être reçus à la date indiquée pour être pré-
Quand on connaît les limites de la consulta- sentés au cours de cette séance. Si vous ne désirez pas prendre la parole au cours des séan-
tion, on essaie de faire davantage front com- ces de consultation, vous devez transmettre votre mémoire avant le 15 mars 2008 ».
mun pour que le message, répété et répété,
soit finalement retenu à sa juste valeur. Source : Site Internet du MCCCF.

Le 25 février prochain, c’est madame


Jocelyne Vaillancourt,
administratrice à Culture Lanaudière,
qui comptera une année d’expérience de vie de plus.

16 Culture Lanaudière

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