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Plaisir d'humour
Plaisir d'humour
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Livre électronique156 pages1 heure

Plaisir d'humour

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À propos de ce livre électronique

Dans ce volume, chacun des contes a été sélectionné pour illustrer un des différents aspects de l'humour selon Allais. On y trouve des jongleries verbales ("On dit "Francfort-sur le-Mein" et "avoir le coeur sur la main". Comment voulezvous que les étrangers s'y reconnaissent ? "), qui mènent vite au saugrenu (un " garçon sensible " refuse de faire crever le riz, d'exécuter un travail, s'émeut de voir la nuit...

tomber) ; des " charges " contre le " bonhomme " La Fontaine, coupable, selon Allais, de répandre des idées pleines de bon sens - ce qu'il a en horreur ; des contes construits sur les postulats absurdes ; d'autres dans lesquels la logique est appliquée jusqu'à la déraison, ou qui témoignent d'un humour grinçant... Jules Renard, qui n'a jamais succombé à la complaisance, venait de découvrir Mark Twain : " Cela me paraît fort inférieur à ce qu'écrit notre Allais ; et puis, c'est trop long.

Je ne supporte que l'indication d'une plaisanterie. Ne nous rasez pas ! " Monsieur est servi.
LangueFrançais
Date de sortie26 sept. 2018
ISBN9782322162079
Plaisir d'humour
Auteur

Alphonse Allais

Alphonse Allais est le cadet d'une fratrie de cinq enfants, de Charles Auguste Allais (1825-1895), pharmacien, 6, place de la Grande-Fontaine de Honfleur (aujourd'hui place Hamelin) et d'Alphonsine Vivien (1830-1927). Jusqu'à l'âge de trois ans, il ne prononce pas un mot, sa famille le croyait muet6. À l'école, il semble plutôt se destiner à une carrière scientifique : il passe à seize ans son baccalauréat en sciences. Recalé à cause des oraux d'histoire et de géographie, il est finalement reçu l'année suivante. Il devient alors stagiaire dans la pharmacie de son père qui ambitionne pour lui une succession tranquille, mais qui goûte peu ses expériences et ses faux médicaments et l'envoie étudier à Paris. En fait d'études, Alphonse préfère passer son temps aux terrasses des cafés ou dans le jardin du Luxembourg, et ne se présente pas à l'un des examens de l'école de pharmacie. Son père, s'apercevant que les fréquentations extra-estudiantines de son fils ont pris le pas sur ses études, décide de lui couper les vivres.

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    Aperçu du livre

    Plaisir d'humour - Alphonse Allais

    Plaisir d'humour

    Pages de titre

    Choix de 40 contes

    La belle inconnue

    Le Phénix Cellulaire

    Inconvénients du baudelairisme outrancé

    Histoire peu croyable

    Une drôle de lettre

    Mon record

    Ingénieux touring

    Végétarisme intégral

    Lex

    Plaisanterie posthume

    L’agonie du papier

    Titre

    Les misères de la vie conjugale

    Conte de Noël

    La fusible esthétique

    Un curieux point de droit criminel

    Le crime enfin récompensé 1

    Une belle cause

    Suite et fin d’une « belle cause1 »

    Les culs-de-jatte militaires

    Fin août

    Une sale blague

    Le mariage à bail

    Les beaux-arts devant M. Francisque Sarcey

    Idylle

    L’inhospitalité punie

    Les deux cousins jumeaux

    Vengeance

    La fin d’une collection

    Un enterrement aux champs

    Et les esprits frappaient toujours...

    Littérature courante

    L’esprit d’Ellen

    Idylle bourgeoise

    Vitrail

    Loup de mer

    La sécurité dans le chantage

    Triste fin d’un tout petit groom

    De quelques réformes cosmiques

    Festina lente

    Table

    Page de copyright

    Alphonse Allais

    Plaisir d’humour

    Choix de 40 contes

    Plaisir d’humour

    Édition de référence :

    Le Livre de poche, no 1956.

    La belle inconnue

    Il descendait le boulevard Malesherbes, les mains dans les poches, l’esprit ailleurs, loin, loin (et peut-être même nulle part), quand, un peu avant d’arriver à Saint-Augustin, il croisa une femme.

    (Une jeune femme dont la description importe peu ici. Imaginez-la à l’instar de celle que vous préférez et vous abonderez dans notre sens.)

    Machinalement, il salua cette personne.

    Mais elle, soit qu’elle n’eût point reconnu notre ami, soit qu’elle n’eût point remarqué son salut, continua sa route sans marque extérieure de courtoisie réciproque.

    Et pourtant, se disait-il, il l’avait vue quelque part, cette bonne femme-là, mais où diable ! et dans quelles conditions ?

    En tout cas, insistait-il à part lui, c’était une bien jolie fille, avec laquelle on ne devait pas s’embêter.

    Au bout de vingt pas, n’y pouvant tenir, obsédé, il rebroussa chemin et la suivit.

    De dos aussi, il la reconnut.

    Où diable l’avait-il déjà vue, et dans quelles conditions ?

    La jeune femme remonta le boulevard Malesherbes jusqu’à la jonction de cette artère avec l’avenue de Villiers.

    Elle prit l’avenue de Villiers et marcha jusqu’au square Trafalgar.

    Elle tourna à droite.

    Et lui, la suivant toujours, se disait :

    « C’est drôle, j’ai l’air de rentrer chez moi. »

    Avec tout ça, il ne se rappelait encore pas où diable il l’avait déjà vue, cette jeune femme, et dans quelles conditions.

    Arrivée devant le no 21 de la rue Albert-Tartempion, la dame entra.

    Ça, par exemple, c’était trop fort ! La voilà qui pénétrait dans sa propre maison.

    Elle prit l’ascenseur.

    Lui, quatre à quatre, grimpa l’escalier.

    L’ascenseur stoppa au quatrième étage, son étage !

    Et la dame, au lieu de sonner, tira une clef de sa poche et ouvrit la porte.

    Quelque élégante cambrioleuse, sans doute.

    Lui, ne faisait qu’un bond.

    « Tiens, dit la belle inconnue, tu rentres bien tôt, ce soir ! »

    Et seulement à ce moment il se rappela où, diable ! il l’avait vue, cette jeune femme, et dans quelles conditions.

    C’était sa femme.

    Le Phénix Cellulaire

    (Compagnie d’Assurances contre les risques

    de la détention pénale)

    Maître Casimir, le jurisconsulte bien connu, m’adresse la communication suivante, me priant, en des termes touchants, de lui accorder, sans compter, la vaste publicité du « Sourire ».

    Vous avez la parole, mon cher maître :

    Le Phénix Cellulaire

    Il s’est fondé à Paris, il y a tantôt deux ans, une « Compagnie d’Assurances sur le Vol » dont la prospérité croissante est la meilleure preuve que l’exercice du vol est définitivement entré dans nos mœurs et constitue même un genre de sport des plus courants. L’idée qui inspire cette institution est ingénieuse et nous applaudirons sans réserve à son application pratique si nous n’avions à déplorer que la Compagnie, qui se montre si soucieuse des intérêts du volé, ne se soit préoccupée en rien de ceux de l’auteur même du vol. S’il y a des volés, c’est qu’il y a des voleurs, et on ne voit pas pourquoi on accorde aux premiers une protection qu’on refuse aux seconds.

    Sous un régime de liberté et d’égalité parfaites comme celui dont nous jouissons, cet oubli, volontaire ou non, apparaît comme une injustice criante. J’ajoute que c’est parfaitement immoral car, en somme, à qui revient l’honneur de l’action toujours hardie et souvent périlleuse, si ce n’est au voleur lui-même ?

    Un vieux juge d’instruction de mes amis, qui a puisé dans l’étude des dossiers criminels une connaissance approfondie des choses de la cambriole, ce qui a fait de lui un homme doublement dangereux, me contait un jour les exploits d’un de ses meilleurs clients. C’est merveilleux. Ce sont des prouesses, des prodiges d’audace auprès desquels les hauts faits des paladins d’autrefois ne sont que de la Saint-Jean. Quand on songe à tout ce qu’il a fallu de patientes et longues études pour acquérir cette science, au milieu d’une société plutôt hostile à ces genres de manifestations, on ne peut se défendre d’un véritable sentiment d’admiration pour ces modestes travailleurs du rossignol et de la pince-monseigneur.

    Le métier, du reste, est on ne peut plus ingrat ; tandis que le volé, confiant en sa police d’assurance et en celle de M. Lépine, reste paisiblement chez lui dans un doux farniente, sans rien faire pour faciliter le vol et s’efforçant même d’en entraver l’exécution, le voleur, lui, n’a pas une minute de repos ; jour et nuit il bat les chemins de nos campagnes ou les rues de nos cités. Quelquefois même il doit se résoudre à battre les bourgeois récalcitrants qui cherchent à lui susciter des difficultés imprévues. Les gendarmes, stimulés par les magistrats cruels, lui donnent une chasse acharnée ; véritable gibier de la loi, il est traqué sans merci. Sa liberté, sa vie même sont perpétuellement en jeu.

    Croyez-vous qu’après tant de vicissitudes, si un beau vol puissamment conçu et élégamment exécuté vient à être commis, justice sera au moins rendue à son auteur ? Détrompez-vous ; toutes les sympathies iront au volé, à la « victime », dira-t-on. Quant au voleur, on n’en dira rien ou, si l’on en parle, ce ne sera que pour proférer des choses désagréables sur son compte. Écoutez les procureurs sur leurs sièges.

    En présence d’une pareille injustice, je ne songe pas sans effroi à ce qu’il adviendrait si, dégoûtés d’un métier qui ne nourrit plus son homme, les pickpockets, les escarpes et autres panamistes se mettent en grève. La grève des voleurs ; mais c’est-à-dire que ce serait la fin de tout. D’abord, « la propriété, c’est le vol ». Donc, plus de vol, plus de propriété et, par suite, plus de propriétaires, plus de concierges, plus de termes ! Voyez-vous ça ? Sans compter que, les tribunaux étant condamnés à faire relâche, le juge déchirerait sa toge et Pandore retirerait ses bottes. Cette dernière perspective fait frémir !...

    Le danger est réel, il importe de le conjurer et, pour cela, il faut s’intéresser au sort de tous les braves gens sans lesquels les institutions de la justice et de la maréchaussée ne se concevraient pas. Nous proposons donc la fondation d’une « Compagnie d’Assurances contre les Risques de la Détention pénale », destinée à indemniser les malheureux qu’une société marâtre envoie gémir sur la paille humide des prisons.

    Le « Phénix Cellulaire », c’est la raison sociale que je propose pour la nouvelle Compagnie, aurait son siège à Paris et établirait des agences en province, particulièrement dans les localités où le danger des condamnations est le plus à redouter.

    La Compagnie assurerait tous les risques de détention, y compris la détention pour crime ou délit politique. Dans ce dernier cas cependant, la prime serait majorée, ces sinistres devenant chaque jour plus fréquents. De plus, le Phénix Cellulaire ne répondrait pas des risques pouvant résulter des poursuites devant la Haute Cour. Moyennant une légère surprime, la police assurerait contre les dangers de « l’idem » : passages à tabac, rafles et autres accidents auxquels on se trouve exposé dans la rue. Pour les perquisitions et interrogatoires du juge d’instruction, un taux spécial serait établi d’après les qualités intellectuelles du magistrat et la couleur politique de l’assuré.

    L’assurance contre les risques de la détention pénale se recommande non seulement au voleur de profession, mais à toutes personnes qui peuvent être l’objet d’un mandat de dépôt. À ce titre, elle est aussi indispensable au député, au sénateur et au ministre qu’au cambrioleur et au rasta vulgaires. Enfin, à une époque où les erreurs judiciaires tendent à se multiplier, une police d’assurances souscrite à notre Compagnie sera, pour le malheureux innocent condamné, le seul moyen pratique d’éviter la ruine complète.

    Telle est l’œuvre que nous voudrions voir se fonder en France et sur laquelle j’attire toute l’attention de nos lecteurs, dans la conviction où je suis qu’ils lui accorderont leur puissant appui moral et financier. Il s’agit d’humanité et de patriotisme. Notre appel sera entendu.

    M e Casimir

    Inconvénients du baudelairisme outrancé

    Faut du Baudelaire, c’est

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