Printemps de Prague

Printemps de Prague
Page d'aide sur l'homonymie Pour le festival du même nom, voir tchèque : Pražské jaro, en slovaque : Pražská jar, nommé ainsi en référence au Printemps des peuples) est une période de lhistoire de la République socialiste tchécoslovaque durant laquelle le parti communiste tchécoslovaque introduit le « socialisme à visage humain » et prône une relative libéralisation. Il débute le 5 1968, avec l'arrivée au pouvoir du réformateur Alexander Dubček et sachève le 21 août 1968 avec linvasion du pays par les troupes du Pacte de Varsovie.

Dubček introduit la liberté de la presse, dexpression et de circulation dans la vie politique et enclenche une fédérale. Cette innovation politique sera la seule à survivre à lintervention soviétique.

Le Printemps de Prague provoque la réaction de lURSS qui, après léchec des négociations, envoie normalisation ». Loccupation soviétique entraîne des manifestations non violentes et une vague démigration parmi la population tchécoslovaque. Karel Kryl et Milan Kundera (

Monument aux victimes du communisme, Ujezd, Malá Strana, Prague.
Monument aux victimes de la terreur politique dans les camps de travail en Tchécoslovaquie (1948-1989), Jáchymov (Tchécoslovaquie).

Sommaire

Contexte

Situation politique et économique

Articles détaillés : République socialiste tchécoslovaque et
LEurope séparée par le rideau de fer. En rouge, les pays du bloc communiste (la Yougoslavie et l'Albanie finissent par rompre avec l'URSS)

Dans les bloc soviétique, est dirigée par Parti communiste tchécoslovaque (PCT) entre 1953 et 1968. Ce dernier entame un processus de [1] : les victimes des procès de Prague (1952), qui visaient l'élimination de communistes de la première heure comme Rudolf Slánský, sont réhabilitées dans les [2]. À linstar de Nikita Khrouchtchev en URSS, Novotný annonce laboutissement du socialisme. Par la [3]. Le régime se caractérise par labsence de Sécurité d'État tchécoslovaque. La planifiée, la production industrielle stagne et le secteur agricole accuse un retard important. En octobre 1964, le parti publie les principes pour une réforme économique majeure. Au début de 1965, il commence à mettre en œuvre certaines des mesures recommandées. En juin 1966, le treizième congrès du parti communiste donne son feu vert au nouveau programme appelé « Nouveau modèle économique » (qui rappelle la Nouvelle politique économique léniniste de 1921).

Implanté en 1967, cette réforme comporte de multiples facettes dont certaines (faute de temps) ne seront jamais mises en place, son principe de base étant de réduire le rôle et le pouvoir du Comité de planification centrale et de donner une plus grande marge de manœuvre aux responsables des entreprises :

  • le rôle du Comité de la planification centrale est consultatif et se limite à la définition des objectifs à long terme et aux orientations stratégiques : les entreprises sont libres de définir leurs objectifs à court terme ;
  • les entreprises ont un devoir de rentabilité et doivent réaliser des profits sur leur production plutôt que de remplir les objectifs quantitatifs et qualitatifs du Plan. Cela devient le critère d'évaluation des entreprises ;
  • l'État doit graduellement cesser les subventions : les investissements doivent être financés par les entreprises elles-mêmes via le recours à l'intérêt et doivent justifier d'un retour sur investissement afin que cesse la gabegie des ressources financières ;
  • l'appareil de production sera progressivement mis en compétition avec la offre et demande tant locale que mondiale ;
  • finalement, les salaires doivent être revus et inclure un égalitarisme.

Le gouvernement fusionne certaines entreprises selon un principe sectoriel ressemblant fort aux trusts ou aux comités d'entreprise.

Ce versant économique du socialisme à visage humain ne vise pas l'socialisme, mais constitue un réformisme socialiste. Cette tentative de réforme de léconomie engagée en 1965 suscite dans la population une aspiration à des changements politiques[4].

Opposants et réformistes

Dès les gazette Literárni noviny (« Journal littéraire ») pour réclamer une littérature indépendante du pouvoir[5]. En juin 1967, certains écrivains comme Ludvík Vaculík, Milan Kundera, Pavel Kohout et [5] se rapprochent des socialistes radicaux. Quelques mois plus tard, le Parti communiste décide de prendre des mesures contre les intellectuels qui sexpriment en faveur des réformes : le contrôle sur Literární noviny et sur les maisons dédition est transféré au ministère de la culture[5].

Le régime est de plus en plus contesté : en 1967, le Premier Secrétaire du Parti communiste slovaque, Alexander Dubček, et léconomiste Ota Šik défient le pouvoir ; un mouvement, venu de l'intérieur du Parti communiste tchécoslovaque (PCT), conteste la direction, particulièrement son Premier Secrétaire, Leonid Brejnev à venir à Prague en décembre 1967[6]. Le dirigeant soviétique, surpris par lopposition à Novotný, le remplace par Alexander Dubček à la tête du Parti le 5 1968[7]. Le 22 mars, la Présidence du pays est attribuée à Ludvík Svoboda[8], ancien ministre de la Défense et l'un des auteurs du 1948.

Le socialisme à visage humain (1968)

Article détaillé : Socialisme à visage humain.

En avril 1968, devant le Président du Parti communiste tchécoslovaque Alexander Dubček annonce des réformes et son intention dappliquer en Tchécoslovaquie un « socialisme à visage humain »[9].

Le programme de Dubček

À loccasion du 20e anniversaire du [10].

En avril, il lance un programme dassouplissement du régime : affirmation des libertés et droits fondamentaux (presse, expression, réunion, circulation). Il souhaite engager la démocratisation de la vie politique en favorisant le multipartisme et en limitant le pouvoir de la police dÉtat[11]. Son autre objectif est dassurer la reconnaissance par la Constitution des nations égales tchèque et slovaque sur un pied dégalité ainsi quune évolution vers le [12]. Le programme de Dubček sétend en outre à la politique étrangère : la Tchécoslovaquie doit entretenir sa coopération avec lURSS et les autres pays communistes, tout en maintenant de bonnes relations avec les pays du bloc occidental[13]. Cependant, le programme prend bien soin de ne pas remettre en cause le système communiste dans son ensemble, tout en soulignant lobsolescence de certains points de la doctrine marxiste-léniniste[14] : par exemple, étant donné que la phase de lutte des classes est achevée, il nest plus nécessaire de poursuivre le centralisation administrative[14]. Les salaires peuvent désormais être proportionnels aux qualifications des travailleurs et il est urgent de former des cadres socialistes capables de rivaliser avec le modèle [14]. Bien que le programme stipule que les réformes doivent être mises en œuvre par le PCT, la pression populaire encourage leur application immédiate[15]. Lannonce des réformes entraîne rapidement une montée des critiques contre lURSS dans la presse et la reformation du Parti social-démocrate tchèque, absorbé de force par le PCT en 1948. Devant la multiplication des clubs politiques et la démocratisation du système, les conservateurs communistes réclament des mesures répressives, mais Dubček préfère la modération tout en réaffirmant la prééminence du parti[16]. Le PCT est partagé en deux groupes, le premier soutenant les réformes (9 septembre suivant, avec trois objectifs : écrire une loi fédérale, élire un nouveau comité central et intégrer le programme de réformes dans les statuts du parti[17].

La libéralisation de la Tchécoslovaquie

Les réformes de Dubček garantissent la liberté de la presse : un commentaire politique est pour la première fois admis dans un média de masse[18]. Le 27 1968, le journaliste et écrivain Ludvík Vaculík publie un manifeste intitulé Les Deux Mille Mots dans lequel il critique le conservatisme du parti communiste et appelle ses concitoyens à réclamer plus de liberté[19]. Dubček, le Présidium du Parti et le Front National dénoncent le manifeste[20].

Les anciens dirigeants communistes injustement condamnés lors des Procès de Prague dans les intelligentsia, parmi les plus jeunes et les plus éduqués. Cette émigration massive nest pas sans conséquence sur le développement du pays.

Politique économique en 1968

Le programme de Dubček comporte également des réformes économiques. Un économiste réformateur, Ota Sik est promu au poste de vice-premier ministre et membre du Comité Central du PCT. Il dresse alors un tableau accablant du retard de l'modèle stalinien de développement basé sur les [14]. Il sagit en outre de combiner léconomie de marché pour sortir le pays de la crise commerciale, toujours sous le contrôle du PCT[21]. Le principe de base est de réduire le pouvoir du Comité de planification centrale et de donner une plus grande marge de manœuvre aux responsables des entreprises. Celles-ci sont libres de définir leurs objectifs à court terme, mais doivent viser la rentabilité et réaliser des profits. L'État doit graduellement cesser les subventions, de fixer les prix et léconomie souvrir progressivement à la concurrence internationale. Les trusts ou aux comités d'entreprise. Cependant, les désaccords au sein du PCT et surtout linvasion soviétique empêchent lapplication de toutes les réformes économiques prévues.

Lattitude de lURSS

Leonid Brejnev

Le « Socialisme à visage humain », ne représente pas, au yeux des Tchèques, un renversement complet de l'ancien régime, comme ce fut le cas en 1956 (soviétiques le perçoivent néanmoins comme une menace contre leur hégémonie sur l'Parti communiste tchécoslovaque pour freiner, voire inverser le cours des événements.

En Hongrie, Brejnev sinquiète dune libéralisation qui risque de fragiliser le camp soviétique en pleine [22],[23],[24]. Au cours dune réunion des pays communistes (URSS, Pologne, République démocratique allemande), le 23 mai à [25]. Władysław Gomułka et [25]. Le pouvoir soviétique tente darrêter ou au moins de limiter les changements en cours en Tchécoslovaquie en ouvrant une série de négociations. La première se tient près de la frontière entre la Slovaquie et lURSS à Čierna nad Tisou, au mois daoût. Dubček y défend son programme tout en renouvelant ses engagements vis-à-vis du Pacte de Varsovie et du [13]. Brejnev propose alors un compromis : les délégués du parti communiste tchèque réaffirment leur loyauté au Pacte de Varsovie, sengagent à restreindre les tendances « antisocialistes » et à renforcer leur contrôle sur la presse. En échange, lURSS consent à retirer les troupes en manœuvre depuis le mois de juin et autorise le congrès du Parti prévu pour le 9 septembre[26].

Le 3 août, les représentants de lURSS, de la RDA, de la Pologne, de la Hongrie, de la Bulgarie et de la Tchécoslovaquie se rencontrent à marxisme-léninisme et à l[27]. LURSS se réserve le droit dintervenir dans les pluralisme politique et défendant les intérêts des capitalistesvient à sy établir. Après la conférence de Bratislava, les troupes soviétiques quittent le territoire tchécoslovaque mais restent stationnées près de ses frontières[28].

Linvasion soviétique (août 1968)

Article détaillé : Invasion soviétique de la Tchécoslovaquie.

Écraser le Printemps de Prague

Le mémorial des victimes de linvasion soviétique, Liberec
Plaque commémorative de Pacte de Varsovie en août 1968 en Tchécoslovaquie, pour mettre fin au Printemps de Prague, illustre le principe de la « souveraineté limitée » et préfigure ce qui va devenir peu après la [29]. Dans la nuit du 20 au 21 août, les forces armées de cinq pays du Pacte de VarsovieURSS, Bulgarie, Pologne, Hongrie et RDAenvahissent la Tchécoslovaquie[30],[31]. En revanche, ni la Roumanie, ni lAlbanie ne participent à lopération ; lAlbanie décide de se retirer du pacte de Varsovie après les événements[32].

La période du Printemps de Prague prend fin entre le 18 et le 21 août, quand 400 000 soldats et 6 300 Pacte de Varsovie envahissent le pays[33]. L'Opération Danube, prévue depuis le 8 avril[33], mobilise pour lessentiel des troupes soviétiques.

La prise de Prague

Alors que dimposantes forces blindées-mécanisées franchissent la frontière et que des raids héliportés sont menés contre des objectifs à faible profondeur, les parachutistes des armées du Pacte de Varsovie reçoivent comme principale mission dinvestir Prague. Le 18 août 1968 à 20 heures 30, des parachutistes en civil arrivent discrètement par un vol de lAeroflot sur lAéroport de Praha-Ruzyně et en prennent rapidement le contrôle. Quelques heures plus tard, les premiers château de Prague et mettant virtuellement le président Ludvík Svoboda en état darrestation. Une dizaine dheures suffisent pour que la ville tombe aux mains des parachutistes soviétiques. La jonction avec les forces terrestres est réalisée le 19 août au soir. Les chars soviétiques entrent en force dans Prague le 20 août.

La réaction tchécoslovaque à l'invasion

Selon l'historien tchèque Oldřich Tůma, les soldats tchécoslovaques se tenaient prêts à combattre et ont attendu en vain une décision politique dans ce sens. Certains soldats ont même dessiné en bleu sur des cartes les positions des armées soviétiques. Le bleu était alors la couleur pour désigner l'ennemi. Un officier a été expulsé de l'armée pour cette raison.

À cette époque, les généraux de l'armée tchécoslovaque sont liés aux Soviétiques qu'ils considèrent comme leurs "supérieurs". Ils ont en effet étudié dans les écoles soviétiques. Moscou possédait des informations précises sur l'armée tchécoslovaque. En ce sens, celle-ci faisait partie de l'armée soviétique[34].

Oldřich Tůma ajoute que le haut commandement était certainement au courant des préparatifs de cette invasion et était aidé par des membres du ministère de la défense tchécoslovaque.

Il était impossible qu'un regroupement massif de troupes soviétiques aux frontières de la Tchécoslovaquie, pendant plusieurs mois avant l'intervention, passât inaperçu auprès du haut commandement militaire tchécoslovaque.

En revanche, les officiers tchécoslovaques de moindre grade désiraient intervenir. En l'absence de décision politique, ils opposèrent une résistance passive, en refusant par exemple de rendre leurs armes aux Soviétiques.

Le peuple s'est également illustré par de nombreux actes de résistance passive. Dans laprès-midi du 21 août 1968, des dizaines de milliers de manifestants défilent dans les rues dans laprès-midi. Ils bandent les yeux des statues des héros tchèques. Les panneaux indicateurs sont déplacés afin de semer le trouble dans l'armée adverse. Plusieurs personnes se regroupent autour des bâtiments de la Prague et à Pilsen. La radio a donc pu continuer à émettre librement et informer le pays de l'invasion.

Bilan et conséquences directes de linvasion

Linvasion de la Tchécoslovaquie provoque la mort de 72[35] à 90 personnes et fait plusieurs centaines de blessés[36]. Alexander Dubček appelle son peuple à ne pas résister. Depuis la bataille de la Montagne Blanche, en 1620, les Tchèques ne se sont jamais défendus militairement contre les invasions. Le 14e Congrès du Parti communiste tchécoslovaque, prévu pour le 9 novembre, se réunit secrètement le 22 août. Environ 1 100 délégués sassemblent dans les usines du CKD dans la banlieue de Prague et dénoncent lentrée des troupes étrangères[37]. Les Soviétiques échouent donc à former un « gouvernement ouvrier-paysan » comme à 1956. Cependant, des recherches récentes suggèrent quen réalité, certains conservateurs comme Biľak, Švestka, Kolder, [38].

Linvasion provoque une importante vague démigration qui finit par sarrêter quelque temps plus tard : on estime le nombre des départs à 70 000 immédiatement après lintervention[39]. Sur toute la période soviétique, 400 000 Tchécoslovaques quittent leur pays[40].

Le 16 1969, place Venceslas à Prague en protestation contre la suppression de la liberté dexpression[41]. Lexemple de Palach est suivi par [42]. Dans la nuit du 28 au 29 mars 1969, 500 000 personnes manifestent spontanément : 21 garnisons soviétiques sont attaquées[42]. Le premier anniversaire de linvasion soviétique soulève de nouvelles manifestations[42].

Réactions

Dans le bloc soviétique

Banderole russe de protestation contre linvasion de 1968 : « Pour votre liberté et la nôtre »

Le Printemps de Prague conduit bloc soviétique devant toute réforme selon la théorie de la « souveraineté limitée ».

Le 25 août 1968, une manifestation de soutien aux Tchécoslovaques se rassemble sur la place Rouge à Moscou : vers midi, huit Soviétiques déroulent des banderoles sont inscrits des slogans dénonçant linvasion. Ils sont arrêtés et punis pour « acte antisoviétique »[43]. À Nicolae Ceaușescu prononce un discours critiquant la politique soviétique en Tchécoslovaquie[32],[44]. En Pologne, un comptable de 59 ans, Ryszard Siwiec, s'immole dans un stade devant 100 000 personnes pour dénoncer la normalisation.

La République populaire de Chine condamne également linvasion[45]. En revanche, le président Fidel Castro ne condamne pas lintervention de larmée soviétique[46].

En Occident

Manifestation à finlandais, italien et français dénoncent loccupation[47]. Cependant, le président Urho Kekkonen part en visite officielle en Tchécoslovaquie il reçoit les plus grands honneurs du pays par le président Ludvík Svoboda, le 4 octobre 1969[48]. Le PCI devient de plus en plus critique vis-à-vis de l'URSS et finit par rompre définitivement avec lui, principalement sous l'impulsion de son secrétaire général PCF ne condamna jamais la « normalisation ». Le secrétaire général du Parti communiste portugais Álvaro Cunhal est lun des rares Occidentaux à soutenir publiquement lintervention soviétique[49] avec le PC du Luxembourg et les factions conservatrices du PC grec[47].

À lépoque, les pays occidentaux noffrent quune protestation formelle contre linvasion de la Tchécoslovaquie : les critiques des pays démocratiques restent mesurées car ces derniers sont alors occupés par d'autres problèmes, comme les manifestations de Mai 68 ou la Conseil de sécurité de lONU[50], le représentant tchécoslovaque, Jan Muzik, dénonce lincursion soviétique. Le délégué de lURSS, Jacob Alexandrovich Malik, présente au contraire lévénement comme une assistance fraternelle du Pacte de Varsovie contre des forces antisociales[50]. Le jour suivant, plusieurs États proposent une résolution condamnant lintervention et appelant au retrait immédiat des troupes. La motion obtient le soutien de dix pays, tandis que lAlgérie, lPakistan sabstiennent. LURSS et la Hongrie sy opposent. Le Prague afin de libérer les leaders tchécoslovaques emprisonnés[50]. Le 26 août, le nouveau délégué tchécoslovaque demande le retrait de la question du conseil de sécurité.

La Normalisation

Article détaillé : Normalisation en Tchécoslovaquie.

La résistance générale et les manifestations non-violentes contraignent lURSS à abandonner son projet initial de limoger le Premier Secrétaire du PCT, jusquen avril 1969, date à laquelle il est remplacé par [51] : cest le début de la « normalisation » (Normalizace ou le retour à la normale).

Le parti et les organes politiques sont repris en main du parti par lélimination des éléments réformateurs et le socialisme à visage humain prend fin. Tous les dirigeants du PCT de l'année 1968 sont destitués et parfois, condamnés à la suite de procès. De nombreuses exclusions sont prononcées, et le congrès qui avait condamné linvasion est déclaré « nul et non-avenu »[52]. Les intellectuels et des milliers de Tchèques perdent leur emploi[53]. Le nouveau dirigeant sattache à restaurer les liens avec les autres pays socialistes. Le seul changement significatif qui reste est le fédéralisme qui aboutit en 1969 à deux Républiques socialistes.

Le contrôle complet de l'armée représente alors un enjeu important pour le PCT. Après la purge, l'armée est entraînée à réagir aux éventuelles protestations populaires. Ainsi, dès août 1969, l'armée écrase des manifestations contre l'occupation. Un régiment de tanks est utilisé pour la première fois contre la foule par l'armée tchécoslovaque.

Quant à Dubček, il est d'abord "promu" président du parlement fédéral (1969/70), puis exilé ambassadeur à université de Bologne lui confère le titre de Docteur Honoris Causa. Il revient sur le devant de la scène politique, lors de la révolution de velours, puis décède dans un accident de voiture le 7 novembre 1992.

Au niveau économique, la planification centralisée est renforcée, améliorée marginalement par l'introduction d'indicateurs de qualité, de productivité, d'efficience et d'innovation dans les plans présentés par les unités de production au lieu de se concentrer sur le seul aspect quantitatif.

En 1987, le dirigeant soviétique Mikhail Gorbachev rend hommage à Dubček et au socialisme à visage humain au moment il applique la perestroika[54]. Lorsquil est interrogé sur la différence entre le Printemps de Prague et ses propres réformes, Gorbatchev répond simplement : « 19 années »[55]

Dans la culture

À la fin des années 1970, le Printemps de Prague accentue la désillusion de nombreux marxistes-léninistes en Occident. Linvasion soviétique ouvre la voie à lRépublique populaire de Chine, les manifestations de 1989 sont désignées comme le Printemps de Pékin par analogie avec les événements tchécoslovaques. Lexpression est parfois reprise pour le Printemps croate en Yougoslavie en 1971[56]. De même, les événements du printemps 2009 en Iran ont vite été surnommés Printemps de Téhéran dans la presse[57] et sur internet[58].

Le Printemps de Prague est un thème utilisé dans la musique populaire : Luboš Fišer[59] et Karel Husa[60].

La chanson They Can't Stop The Spring, composé par Irlande au 2007. Le Printemps de Prague a également inspiré la littérature : le roman le plus célèbre est celui de Milan Kundera 1982 et qui décrit la présence croissante des Soviétiques et le contrôle policier de la population[61]. Il a été adapté au cinéma par Philip Kaufman en 1988 ([62]). Lécrivain et russe Viktor Suvorov, qui fut témoin de linvasion de la Tchécoslovaquie, présente dans son ouvrage Les Libérateurs (en russe : Освободитель, sorti en 1981) la vision dun commandant soviétique[63]. La pièce du Britannique dorigine tchécoslovaque Tom Stoppard intitulée Rock 'n' Roll fait référence au Printemps de Prague et à la révolution de velours[64]. Heda Margolius Kovály conclut ses mémoires en dressant un bilan de linvasion soviétique[65].

PCF sans jamais en avoir été membre[66], dénonce linvasion russe de Prague avec la chanson [67].

Le nombre 68 est devenu un symbole dans lancienne Tchécoslovaquie : le joueur de Jaromír Jágr porte par exemple ce numéro sur son maillot dans son équipe des Rangers de New York[68],[69]. Une ancienne maison dédition basée à Toronto, 68 Publishers, publiait des ouvrages dexilés tchécoslovaques.

L'expression Printemps de Prague s'emploie maintenant en tant qu'analogue historique d'événements nouveaux [70] [71] [72] [73].

Le nom de rue du Printemps de Prague a été donné à l'une des voies de Eure).

Notes et références

  1. Williams (1997), p.170
  2. Collectif, Le livre noir du communisme, Robert Laffont, 1998, p.508
  3. Williams (1997), p.7
  4. Williams (1997), p.5
  5. a, b et c Williams (1997), p.55
  6. Navrátil (2006), pp.1820
  7. Navazelskis (1990)
  8. (en) Antonin Novotný Biography, Libri publishing house. Consulté le 20-01-2007
  9. (en) The Prague Spring, 1968, Library of Congress, 1985. Consulté le 05-01-2008
  10. Navrátil (2006), pp.5254
  11. (en) James Von Geldern, Lewis Siegelbaum, « The Soviet-led Intervention in Czechoslovakia », Soviethistory.org. Consulté le 07-03-2008
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  14. a, b, c et d Ello (1968), pp.78, 12930, 9, 131
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  16. Kusin (2002), p.107122
  17. Williams (1997), p.156
  18. Williams (1997), p.164
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  20. (en) Linda Mastalir, « Ludvík Vaculík: a Czechoslovak man of letters », Radio Prague, 25-07-2006. Consulté le 23-01-2008
  21. Williams (1997), pp.1822
  22. Navrátil (2006), p.37
  23. (en) Document #81: Transcript of Leonid Brezhnev's Telephone Conversation with Alexander Dubček, August 13, 1968, The Prague Spring Foundation, 1998. Consulté le 23-01-2008
  24. Navrátil (2006), pp.172181
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  26. Navrátil (2006), pp.448479
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  28. Navrátil (2006), pp.326327
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  34. Entretien avec Oldřich Tůma, Mladá Fronta Dnes, 21 août 2007
  35. (en) Springtime for Prague, Lifeboat Limited. Consulté le 30-04-2006
  36. Collectif, Le livre noir du communisme, Robert Laffont, 1998, p.512
  37. Navrátil (2006), p.xviii
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  40. Collectif, Le livre noir du communisme, Robert Laffont, 1998, p.514
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  42. a, b et c Collectif, Le livre noir du communisme, Robert Laffont, 1998, p.513
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  44. Serge Bernstein, Pierre Milza (dir.), Histoire du XXe siècle, tome 2 : Le monde entre guerre et paix (1945-1973), Hatier, 1996, p.255
  45. Depuis 1966, la Chine soppose nettement à la politique soviétique : Serge Bernstein, Pierre Milza (dir.), Histoire du XXe siècle, tome 2 : Le monde entre guerre et paix (1945-1973), Hatier, 1996, p.254
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  67. (en) Legends of Hockey, "We've seen this movie before, in Prague and Budapest," said John McCain, referring to the Soviet invasions of Czechoslovakia in 1968 and Hungary in 1956..." -- see Michael Dobbs. "'We Are All Georgians'? Not So Fast." Washington Post, August 17, 2008, http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2008/08/14/AR2008081401360$
  68. "Gori is the same as Prague in '68 or Budapest in '56. They are inva and occupying Georgia just as they have done in the past." Ben Judah. War of the Words. The New Republic, Wednesday, August 27, 2008 http://www.tnr.com/politics/story.html?id=1676f847-f5b1-4840-945d-693314a3cb17
  69. Nicholas Kulish. Amid conflict in Georgia, somber memories for Czechs. 2008-08-22. International Gerald Tribune, http://www.iht.com/articles/2008/08/22/europe/22czech.php
  70. demonstration Sep.1, 2008: http://www.flickr.com/photos/saver_ag/2753126195/ ;
    http://pics.livejournal.com/nik_sud/pic/000e586d

Voir aussi

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Bibliographie

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Articles connexes