Pour le néophyte, j'aurais peut-être dû commencer par le début, soit trois inusables trésors parus sur le label Monument (avec ses plus gros succès, des merveilles du calibre de Polk salad Annie (plus tard couvert par le "King" en personne) ou l'insurpassable Rainy night in Georgia), mais, à l'annonce de sa disparition, j'ai repensé à ma propre découverte du grand homme, via les albums Warner. J'étais encore tout minot (troisième année de collège, si je me souviens bien) et le traumatisme fut sévère ! Cette après-midi-là, mon petit porte flouze était bien garni; j'avais largement de quoi repartir avec un lourd sac de ma boutique préférée, et, pourtant, je ne suis rentré dans ma chambrette qu'avec celui qui tournait sur la platine, au moment où j'avais poussé la porte. Oui, il y avait des jours, comme ça, où l'on n'avait pas le temps de passer tous les bacs en revue, où il fallait retourner chez soi au pas de course pour autopsier dans l'urgence ! Pour un gamin, écouter Tony Joe White, c'est un peu comme s'enfiler un bourbon de cent ans d'âge ! "J'ai connu une Polonaise qu'en prenait au petit-déjeuner... Faut quand même reconnaître qu'c'est plutôt une boisson d'homme. - Vous avez beau dire, y'a pas seulement que d'la pomme, y a aut'chose... ça serait pas des fois de la betterave ? - Si, y'en a aussi..." Bref, la première gorgée peut éventuellement brûler un peu le palais, et puis, au fil des titres, les arômes se développent sur la langue. Evidemment, la voix et la guitare font le plus gros du boulot, mais les arrangements sont généreux tout en demeurant mesurés. On pourrait appeler ça : l'harmonie. Les albums de Tony Joe sont souvent très riches, mais jamais gras ou lourds. Il y a de tout, mais sans frime, sans fioriture : juste ce qu'il faut, quand il faut et là où il faut. Certaines chansons paraissent simples, d'autres nettement plus mystérieuses, mais toutes coulent comme source. Souvent, quand j'écoute Tony Joe, je me demande pourquoi je continue à me casser la tête à écouter autre chose ! Dans les commentaires du précédent post dédié à Monsieur White, l'ami Ernesto Violin écrivit ces mots magnifiques : "Un peu trop limité à l'image "swamp". Le pauvre était à l'aise partout : d'un côté les boogies poisseux, chaloupés, où il raconte des histoires d'un air détaché avant de grogner comme un ours, guitares aux graves charognards... ou des ballades qui portent le regard au loin. Un sens de l'économie qui rend ses chansons "pures", un peu magiques, on peut les écouter mille fois..." J'envie ceux qui vont s'expédier dans les vapes en entendant tous ces chefs-d’œuvre pour la première fois.
Jimmy JIMI [Vous prendrez bien le temps d'un petit commentaire !]
CD1 :
01 - They Caught The Devil And Put Him In Jail In Eudora, Arkansas
02 - The Change
03 - My Kind Of Woman
04 - The Daddy
05 - Black Panther Swamps
06 - Five Summers For Jimmy
07 - A Night In The Life Of A Swamp Fox
08 - Traveling Bone
09 - I Just Walked Away
10 - Copper Kettle
11 - Voodoo Village
12 - Lustful Earl And The Married Woman
13 - Delta Love
14 - That On The Road Look
15 - I've Got A Thing About You Baby
16 - The Family
17 - If I Ever Saw A Good Thing
18 - Beoul River Road
19 - The Train I'm On
20 - Even Trolls Love Rock And Roll
CD2 :
01 - As The Crow Flies
02 - Take Time To Love
03 - 300 Pounds Of Hongry
04 - The Migrant
05 - Sidewalk Hobo
06 - The Gospel Singer
07 - Saturday Night In Oak Grove Louisiana
08 - For Ol' Times Sake
09 - I Want Love ('Tween You And Me)
10 - Homemade Ice Cream
11 - Ol' Mother Earth
12 - Lazy
13 - California On My Mind
14 - Backwoods Preacher Pan
15 - Talkin' The Midnight Train
16 - No News Is Good News
17 - Did Somebody Make A Fool Out Of You
18 - Sign Of The Lion
19 - Don't Let The Door (Hit You In The Butt)
20 - Wishful Thinking
MP3 (320 kbps) + front cover