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mercredi 6 octobre 2021

NEIL YOUNG ~ Carnegie Hall 1970 [2021]


4 Way Street de Crosby, Stills, Nash & Young est l'un des trois premiers albums que je me suis offert. J'avais huit ans, c'est vous dire si ça commence à dater! Depuis plusieurs décennies (quand même), Neil et moi, nous sommes pour ainsi dire en froid. Je trouve que ses disques sont bien pires que mauvais, ils me semblent tous plus ennuyeux que le précédent. C'est bien triste pour un type qui ne savait rien faire d'autre qu'enfiler les perles rares sur des fils d'or (et ça ne me console guère de savoir qu'il n'est pas vraiment le seul à gnognoter du bulbe). Depuis des lustres, sa seule bonne idée fut de nous ouvrir les portes de ses archives. Le dernier bijou en date s'avère être ce concert au Carnegie Hall (circa 1970). La simple lecture de la set list donne davantage de frissons que l'écoute de ses dix (ou quinze ou vingt, je ne sais plus) derniers albums. C'est un show tout en coolitude. Le gars est seul avec sa gratte ou son piano de saloon et fredonne en toute décontraction, comme s'il ignorait que la plupart de ces chansons ressemblent à d'improbables merveilles. Il n'y a pas grand baratin à ajouter, juste se caler dans son fauteuil préféré et se laisser absorber par la délectation.

Jimmy JIMI [Vous prendrez bien le temps d'un petit commentaire!]    

01 - Down By The River
02 - Cinnamon Girl
03 - I Am A Child
04 - Expecting To Fly
05 - The Loner
06 - Wonderin'
07 - Helpless
08 - Southern Man
09 - Nowadays Clancy Can’t Even Sing
10 - Sugar Mountain
11 - On The Way Home
12 - Tell Me Why
13 - Only Love Can Break Your Heart
14 - Old Man
15 - After The Gold Rush
16 - Flying On The Ground Is Wrong
17 - Cowgirl In The Sand
18 - Don't Let It Bring You Down
19 - Birds
20 - Bad Fog Of Loneliness
21 - Ohio
22 - See The Sky About To Rain 
23 - Dance Dance Dance

COOL 208 

  

 

lundi 3 mai 2021

NICK CAVE ~ Idiot Prayer (Nick Cave Alone At Alexandra Palace) [2020]


Vous l'aurez sans doute remarqué: la Beauté s'accompagne parfois d'une dose de douleur ou de violence importante. La nuit descend et l'on se demande si Elle nous réconforte ou si, au contraire, Elle verse du sel sur nos plaies. Mais nous sommes comme des papillons qui ne peuvent s'empêcher de virevolter entre les étincelles jetées par les étoiles... Pour un soir, Nick Cave a coupé l'électricité et s'offre dans le plus simple appareil. Le gros meuble est planté au milieu de la salle vide en attendant d'être dompté. Tel un Prince Mychkine, le Nick lance sa prière au néant. Libre à vous de glisser vos ailes au milieu de ce magnifique carnage sentimental...

Jimmy JIMI [Vous prendrez bien le temps d'un petit commentaire!]  

01 - Spinning Song
02 - Idiot Prayer
03 - Sad Waters
04 - Brompton Oratory
05 - Palaces Of Montezuma
06 - Girl In Amber
07 - Man In The Moon
08 - Nobody's Baby Now
09 - (Are You) The One That I've Been Waiting For
10 - Waiting For You
11 - The Mercy Seat
12 - Euthanasia
13 - Jubilee Street
14 - Far from Me
15 - He Wants You
16 - Higgs Boson Blues
17 - Stranger Than Kindness
18 - Into My Arms
19 - The Ship Song
20 - Papa Won't Leave You, Henry
21 - Black Hair
22 - Galleon Ship
MP3 (320 kbps) + front cover
COOL 204       

mercredi 29 janvier 2020

BILLIE HOLIDAY ~ Live At Monterey 1958 [2020]


Dans la file d'attente, déjà, certains olibrius hésitent à s'expédier dans les pommes ! Billie Holiday : il suffit de murmurer ce nom dans sa barbiche pour ressentir un tsunami émotionnel. La Dame a vécu mille vies et connaît mieux que personne la couleur des joies comme des peines. Désormais, la salle bruisse. Les spectateurs ignorent qu'ils sont tous foutus ! Il y a ceux qui ont vu Vincent Van Gogh peindre au milieu d'un champs, ceux qui ont entendu Antonin Artaud vociférer sur les planches du Théâtre du Vieux Colombier et ceux qui ont pu admirer Lady Day en chair et en sang. Oui, ils sont tous définitivement foutus : ils passeront le restant de leur existence à radoter sur cet instant de pure magie devant un auditoire incrédule, incapable de n'y rien comprendre...
Jimmy JIMI [Vous prendrez bien le temps d'un petit commentaire !]

  
01 - Ain't Nobody's Business But My Own
02 - Willow Weep For Me
03 - When Your Lover Has Gone
04 - God Bless The Child
05 - I Only Have Eyes For You
06 - Good Morning Heartache
07 - Them There Eyes
08 - Billie's Blues
09 - Oh, What A Little Moonlight Can Do
10 - Travelin' Light
11 - Lover Come Back To Me
MP3 (320 kbps) + front cover

 

lundi 27 janvier 2020

RONNIE WOOD ~ Mad Lad - A Live Tribute To Chuck Berry [2019]


Je n'ai jamais oublié le premier conseil offert par les anciens (en fait, les gars ne devaient avoir guère plus de trente ans !) : ne jamais manquer de lire les crédits. C'est ainsi que je suis entré en contact avec les maîtres du blues et du rhythm'n'blues, même si la plupart prenait un malin plaisir à chanter sous un alias tout en signant de leur nom de naissance (les jeux de pistes ont toujours fait parti de l'aventure). Ainsi, c'est sur le rond central d'un disque des Rolling Stones (déjà) que je pus lire le blase de Chuck Berry pour la première fois ; ça disait : come on, alors j'y suis allé ! Nombreux sont les fans des Stones qui pensent que Ron est avant tout un pote de Keith (lequel le cite pourtant très peu dans son Life), alors que c'est Mick qui le voulait absolument - et dés l'éviction de Brian Jones (mais quand il lui téléphona, il tomba sur un autre Ronnie, Lane en l’occurrence, qui lui expliqua que le bonhomme avait déjà un groupe - et un bon ! - et que Woody était intransférable !). "Lorsque Chuck Berry est mort, nous raconte Ron Wood, j'ai été surpris que personne ne lui rende hommage. J'ai donc décidé de m'en charger moi-même, et c'est ainsi que le projet a commencé." Au milieu des années soixante, au début de l'âge d'or, TOUS les groupes se sont faits la gorge et les doigts sur les hymnes de Charles Berry (bien aidé par son divin pianiste, Johnnie Johnson, que le grippe sous oublia souvent de mentionner !) et le fidèle et sentimental Ronnie Wood ne pouvait le laisser filer sans le saluer dignement. Ce live ne vous apprendra sans doute pas grand chose sur Chuck Berry ni davantage sur Ron Wood, vous ne l'écouterez peut-être même qu'une seule fois, mais ce sera foutrement bon le temps que ça durera (les connaisseurs reconnaîtront ce plagiait volontaire) ! 
Jimmy JIMI [Vous prendrez bien le temps d'un petit commentaire !]  

    
        
01 - Tribute To Chuck Berry
02 - Talking About You
03 - Mad Lad
04 - Wee Wee Hours
05 - Almost Grown
06 - Back In The U.S.A.
07 - Blue Feeling
08 - Worried Life Blues
09 - Little Queenie'
10 - Rock 'N' Roll Music
11 - Johnny B Goode
MP3 (320 kbps) + front cover 
 
 

mardi 3 décembre 2019

LITTLE FEAT ~ American Cutie [1973 / 2012]



(Mon) Panthéon du Rock n°4 par le Duke : Little Feat.

Les commémorations d’albums mythiques  se poursuivent pour le cinquantenaire de l’année 1969 (érotique s’il en fut). Les rentiers séniles de l’industrie musicale totalement à cours d’idées ne cessent d’éditer coffret sur coffret en version Deluxe "remasterisés" et les savants de la presse spécialisée, de disséquer, de conceptualiser, de contextualiser tous ces disques merveilleux jusqu’à leur faire perdre (presque) tout ce qui constituait leur magie. Pendant ce temps-là nos derniers poilus et barbus tombent les uns après les autres inexorablement : Gary Duncan, Dr John Rebennack, Ginger Baker et tout récemment Paul Barrère le deuxième guitariste de Little Feat.

Alors fêtons plutôt dans la tradition mexicaine l’anniversaire d’un brave tombé au champ d’honneur : Lowell George qui nous a quittés le 29 juin 1979 voici donc 40 ans.

Personnellement, j’ai découvert Little Feat en 1975 lors de la campagne promotionnelle organisée pour la tournée Buggs Bunny de Warner Bros qui présentaient un show sur deux jours avec Doobie Brothers, Graham Central Station, Bonaroo, le premier soir puis Little feat, Tower of Power et… Montrose le deuxième soir, le tout entrecoupé de cartoons maisons  de Bip bip Roadrunner, Vil Coyotte et  Pépé le Putois pendant les changements  de matos. On imagine l’ambiance pour les heureux qui ont assisté à ces concerts. J’adorais le premier album de Montrose (ben oui…) et les Doobie brothers cartonnaient dans une veine californienne proche des Eagles mais pour les trois autres (Bonaroo, c’était nase) je n’y comprenais pas grand-chose.  A 14 ans, je n’avais pas encore été initié au funk. Le début de mon histoire d’amour avec Little Feat coïncide donc avec  la découverte du slapping de Larry Graham.



Mais revenons quelques années plus tôt dans les sixties ou toute l’affaire rock'n'roll s’est pour ainsi dire accélérée. Lowell George est un enfant d’Holywood. A cette époque, les ados mineurs trainent sur le Sunset Strip vont au Pandora’s Box et au Whisky A Gogo sucer des glaces et écouter Sonny and Cher qui se font appeler Caesar et Cleo… tout cela avant que la fête dégénère en émeute le 12 novembre 1966 après l’instauration d’un couvre-feu.  Nos jeunes baby-boomers privés de défonce et de musique forte se révoltent en invoquant leur droit civil à s’exploser la tronche après 22 heures ! Ils  affrontent la police qui les cognera sans ménagement. Lowell perd un doigt de la main gauche au cours de ces évènements, le chirurgien décide de lui greffer à la place une phalange d’acier qui lui permettra d’éviter la conscription. Son sort est scellé, il sera slide guitar man ou rien et cela vaut toujours mieux que de se farcir une  horde de  Viets dans les rizières du Laos.

Au milieu des sixties, Lowell monte son premier groupe The Factory et collabore déjà avec Frank Zappa qui ne tardera pas à le recruter comme guitariste au sein des Mothers (fuckers) après un bref passage de chanteur pour les Standells de 1968 en fin de course. George est actif sur deux albums des Mothers : Wisels ripped my flesh et Burnt weeny sandwich, mais je n’arrive pas à distinguer son jeu de celui du Maitre moustachu. Zappa l’encourage à monter son propre groupe ce qu’il fait avec  Roy Estrada le bassiste à la tête de mousquetaire des Mothers. Le reste du line up est composé de Bill Payne aux claviers et Richard Hayward qui jouait déjà dans The Factory à la batterie. Litle feat est né.

D’après la légende, Zappa l’aurait viré parce que sa chanson Willin parlait de dope et c’est la marquise Pamela des Barres  que Zappa drivait dans les GTO’s qui raconte cela dans son bouquin. Mais peut-on faire confiance aux souvenirs embrumés de sexe, de drogue et de rock' n’roll d’une pétroleuse comme Pamela  DB. Je pose ici ouvertement la question ?

C’est avec  l’aide de Ry Cooder à la slide ! (cela ne s’invente pas) et de Sneaky Pete Kleynow aux pédales de guitare en acier qu’ils enregistrent leur premier album très Stonien  et remarquable : Little Feat (1970) qui sonne comme du Exile on main street avant l’heure. Le deuxième album : Sailin shoes (1972) s’avère tout aussi excellent dans la même veine mais aucun des deux ne performent dans les ventes. La pochette poilante de Sailin Shoes représentant une demoiselle gâteau partiellement entamé(e) sur une balançoire est signée par Neon Park qui assurera ensuite une collaboration continue avec le groupe pour toutes leurs pochettes (plus ou moins réussies) mais qui participeront de l’image d’un groupe qui ne s’est jamais pris au sérieux.

Après le départ de Roy Estrada rappelé par la maison Mothers/Beefheart,  Lowell George loin de se décourager persiste dans une veine Funky/Blues aux fortes racines de New Orleans  (A.Toussaint, Meters, Dr John) parfaitement originale en augmentant le groupe d’une deuxième guitare avec l’arrivée de son copain de lycée Paul Barrere, d’un nouveau bassiste totalement funky Kenny  Gradney  et de Sam Clayton (le frère de Merry) aux congas et autres  "cloches de bœufs". Avec l’indispensable Bill Payne aux claviers, c’est un orchestre époustouflant qui enregistre Dixie chicken (1973) leur sommet en studio puis Feats don’t fail me now (1974) avec lequel  ils connaissent véritablement le succès. Le groupe peut tout jouer, du boogie le plus endiablé à la ballade country (Willin’) et surtout ce blues mâtiné de funk, nappé de guitare slide et porté par la voix à la fois puissante et sensuelle de Lowell George (Un compromis entre  Howlin Wolf et Aaron Neville que Lowell admirait certainement).



Mais c’est en live que se jauge la maestria du Feat. George n’aime pas  l’ambiance corseté du studio. De ses années Mothers, il a gardé cet esprit anar et iconoclaste, de plus il ajoute une bonne dose d’humour à ses prestations qui font la part belle aux improvisations. Pendant leurs shows les morceaux créés en studio semblent se libérer de leur gangue pour donner leur pleine mesure sans pour autant tomber dans le travers des jam bands de southern et west coast rock de l’époque. Après deux albums studios très corrects (The last record album et Time loves a hero) mais un cran en dessous des quatre premiers, le Feat balance son brulot en  live : Waiting for Colombus (1978), mais Lowell George a déjà la tête ailleurs et pense à dissoudre Little feat. Il n’en aura pas le temps car il décède peu après la publication de son excellent album solo : Thanks I’ll eat here (1979) d’une crise cardiaque consécutive à ses excès de hamburgers et de speed ball  dont était friand un autre "bon vivant" nommé John Belushi (JAKE).

American Cutie  est un album live sorti en 2012 issu de deux concerts enregistrés à Denver en 1973, alors que le Feat défendait leur troisième album : Dixie chicken.

Le groupe qui est dans sa nouvelle mouture royale, récite ses futurs standards dans une formule de blues sale faussement maitrisé avec moins d’improvisation que sur Colombus ce qui en fait tout l’intérêt. Et en plus Bill Payne n’a pas encore acheté son premier synthétiseur !

Enfilez votre salopette blanche et chaussez vos boogie shoes et allons donc ripailler avec excès en souvenir de Lowell George !

THE DUKE [Vous prendrez bien le temps d'un petit commentaire !] 


01 - A Apolitical Blues
02 - Two Trains
03 - Got No Shadow
04 - The Fan
05 - Texas Rose Cafe
06 - Snakes On Everything
07 - Cat Fever
08 - Walkin’ All Night
09 - Sailin’ Shoes
10 - Dixie Chicken
11 - Tripe Face Boogie
12 - Willin’
13 - Cold Cold Cold
14 - Fat Man In The Bath Tub

vendredi 18 octobre 2019

ROKY ERICKSON & THE EXPLOSIVES ~ Casting The Runes [1987]



Imaginez un large couloir, les murs sont peints en noir. Les néons sont rouges et bleus. La moquette est violette. A gauche, les bacs quarante-cinq tours. A droite, les bacs trente-trois tours. Bienvenue à Rocka Rolla. L'enseigne est couleur crème, rouge sang les lettres évoquent des notes de musique. Une tenture noire envahit la devanture. En bonne place, la pochette Stay sick! des  Cramps, à l'honneur  le derrière de Poison Ivy. La porte du magasin est grande ouverte, déjà onze heures du soir. Attirés par les décibels, des noctambules s'approchent, s'interrogent. Bar, boîte de nuit, peep-show ? Du monde à l'intérieur, bruits de conversations, des bières tournent au comptoir, des produits aussi. La voix puissante de Roky Erickson jaillit des hauts parleurs. Un rugissement. « Tonight is the night of vampire... Tonight is the night of vampire... If it's raining and you're running don't slip in mude because if you do you'll slip in blood tonight... is the night of vampire... Tonight is the night of vampire... » Teint pâlichon, quelqu'un me tend une bière. Un autre lève sa canette à notre santé. On renifle, on a pris la même chose. Terminé les hurlements, nuits de pleine lune, les vampires, Roky fait une déclaration d'amour. Ton intime, rythme chaloupé. « I have tried, and tried everything I know how. I have died, and died because of that familiar result I could allow. I have cried, and cried uneasy days and sleepless night too. But there's nothing I can do but wait for youuuu... » Sur le trottoir, l'air est frais. Carole ne va plus tarder. Carole revient toujours. C'est ma petite amie, et j'ai du produit. Exceptées les loupiotes du café à l'angle, la rue du Loup est noire. La nuit, Bordeaux est désert. Reclus à Paris, Chaban est un fossile qui a perdu la boussole. Soudain la vitre de la devanture palpite, Ivy frissonne face à un déluge de décibels. Roky hurle. « ...YOU'RE GONNA WAKE UP ONE MORNING AS THE SUN GREETS THE DAWN. YOU'RE GONNA LOOK AROUND IN YOUR MIND, GIRL, YOU'RE GONNA FIND THAT I'M GONE. » Les cœurs reprennent. « YOU DIDN'T REALIZE, YOU DIDN'T REALIZE... » La section rythmique déclenche un orage sonore, Apocalypse now version texane. Roky martèle : « You're gonna miss me baby. You're gonna miss me baby. You gonna miss me, child. Yeah! yeah, yeah... » Break, seules la basse et la batterie jouent. Roky gueule : « I gave you the warning, but you never heeded it. How can you say you miss my lovin, when you never needed it... » Lourde, puissante, la rythmique force le passage. Roky menace : « You're gonna wake up wanderin', find yourself all alone. But what's gonna stop me, baby? I'm not comin' home. I'm not comin' home. I'm not comin' hoooome... » Solo de guitare. La guitare rythmique est en acier, la section rythmique fait bloc. Le batteur abuse de la ride, des étincelles jaillissent. La guitare s'envole dans les aigus, du napalm en gouttelettes. La voix de Roky écrase les cœurs : « ...You didn't realize, you didn't realize, you didn't realize... how, you're gonna miss me baby. How, you're gonna miss me, child, yeah, yeah, yeah, yeah... » L'herbe ne repoussera plus. Le dernier qui a prononcé The Explosives a eu la mâchoire fracassée et les rotules explosées. Les vampires ont fait le coup ? Sans transition Roky enchaîne avec : « I walked with a zombie ». Le tempo est lent, aspire à la danse. La vie de Roky en dépend. « I walked with a zombie... I walked with a zombie, zombie. I walked with a zombie, last night... » Au refrain, The Explosives reprennent : « You walked with a zombie... You walked with a zombie... » Roky poursuit imperturbable : « I walked with the zombie... I walked with a zombie, zombie. I walked with a zombie, last night... » Trois lignes de texte et une constance jamais démentie. Une comptine à fredonner aux enfants avant de s'endormir ? La porte du magasin a bougé. Elle arrive. Peu importe son prénom, c'est pas Carole. Carole elle est partie. Elle me frôle. Je lui glisse un képa dans la main. Elle tire la tenture noire de l'arrière-boutique. Avant, les filles lui trouvaient une ressemblance avec Annie Lennox : cheveux très courts, jolie bouche, yeux superbes, silhouette androgyne. Désormais elle ressemble à un spectre. On s'envoie la même saloperie. Elle ne se s'attarde jamais derrière. Une vibration dans l'air, une odeur où se mêle cuir et cigarette, la précède. Elle passe, glisse dans ma main un objet. Le double des clés. Le canapé est parfait pour s'écrouler, ce soir exit le garage. Sourire en coin, elle agite une vague main. Des hauts parleurs, la voix de Roky me ramène vers Lucifer. Avec la même constance, il hurle : « Don't shake me, don't shake me Lucifer... Don't shake me, don't shake me Lucifer... I been up all night, and no suicide clock the works... » En mode tranquille, The Explosives exécutent un rock'n'roll classique, dansant. Les paroles peuvent évoquer Satan, Lucifer, ou Néron, peu importe. La voix de Roky me bouleverse, elle enflamme mon esprit. Des créatures maléfiques grimpent le long de mon bras, s'incrustent dans mon épaule, encrées dans mon épiderme elles sont miennes. L'encre a cicatrisé, les démangeaisons relèvent du passé. Le tatouage m'a coûté le prix d'un gramme. Pas de couleur, Roky et ses créatures sont de la même teinte que les gnomes sur mon bras gauche. Soudain, une intro cataclysmique. Bloody hammer explose. Roky crie : « Demon is up in the attic to the left. My eyes turns to the left to say, ''no''. You said ''First, I am the special one''. I never hammered my mind out. I never have the bloody hammer... » Secondé par les chœurs, Roky martèle : « I never have the bloody hammer. I never have the bloody hammer. I never have the bloody, I never have the bloody, I never have the bloody hammer... » La basse-batterie est un rouleau compresseur. Le guitariste Cam King tronçonne joyeusement. Alien descendu sur terre ou fils illégitime de Satan, Roky Erickson & The Explosives est le cauchemar de l'Amérique. Tempo lent, ambiance morbide, Roky déclare plus bas : « Stand for the fire demon. Rising in tune with the clouds... Stand for the fire demon. Satan's is his crown... Stand for the fire demon... » L'atmosphère est pesante, lugubre, des créatures maléfiques rôdent. Bras tendus vers le ciel, Roky hurle tel un prédicateur : « ...STAND FOR THE DEMON OF FIIIIIIIRE... STAND FOR THE DEMON OF FIIIIIIIRE... STAND FOR THE DEMON OF FIIIIIIRE... » Toujours à ce moment-là que je m'absente. Hors de ma tête, je suis loin. Le café de la rue du Loup a fermé ses portes. Dans la poche intérieure de mon cuir, côté cœur, la dernière lettre de Carole. Elle aimerait avoir plus souvent de mes nouvelles. Elle attend mon prochain mandat avec impatience. Son changement de cellule a été positif, elle s'est fait de véritables copines. Au fond de ma poche, le double des clés. « ...Stand for the demon of fiiiiiire... Stand for the demon of fiiiiiire.... Stand for the fire demon... »
P.S. : Mine mine mind, I love how you love me et Don't shake me Lucifer sont extraits du concert at Soap Creek Saloon in Austin, 27 Novembre 79. Les autres titres proviennent du concert at Rock Island in Houston, 22 Décembre 79. Toutes les chansons figurent sur l'album Casting the runes, exceptée Heroin, issue du concert at The Whisky A Go-Go in Hollywood, 81, toujours avec The Explosives. Vous la retrouverez sur la version expanded de Casting the runes, et également sur la compilation Gremlins have pictures, pressage G.B.
ERIC [Vous prendrez bien le temps d’un petit commentaire !]


01 - The Wind And More
02 - Night Of The Vampire 
03 - Mine Mine Mind
04 - For You (I'll Do Anything)
05 - You're Gonna Miss Me
06 - I Walked With A Zombie
07 - Love How You Love Me
08 - Don't Shake Me Lucifer
09 - Bloody Hammer
10 - Stand For The Fire Demon
11 - Heroin
MP3 (320 kbps) + artwork