Cette etude examine les caracteristiques prosodiques du francais parlé en Afrique. Nous nous intéressons à la question de savoir si cette prosodie comporte des traits communs, panafricains, ou si elle varie en fonction des Ll des...
moreCette etude examine les caracteristiques prosodiques du francais parlé en Afrique. Nous nous intéressons à la question de savoir si cette prosodie comporte des traits communs, panafricains, ou si elle varie en fonction des Ll des locuteurs. À cette fin, nous étudions la prosodie de locuteurs de trois pays différents et de quatre systèmes prosodiques différents: le bambara et le tamacheq (parlées au Mali), le sango (parlé au Centrafrique) et le wolof (parlé au Sénégal). Nous basons nos analyses sur des données comparables, à savoir la lecture du texte PFC (Projet Phonologie du francais contemporain,
www.projet-pfc) par quatre locuteurs par pays. La méthode s'inspire du projet Rhapsodie (
http://rhapsodie.risc.cnrs.fr/fr/presentation.html). Cette méthodologie comporte deux étapes: il s'agit d'abord de détecter les syllabes perceptivement proéminentes et ensuite d'analyser la distribution, les corrélats acoustiques et la fonction des proéminences.
Il ressort de ces données qu'il existe, en Afrique, un systeme prosodique lexical qui se distingue du système prosodique post-lexical du francais standard parisien. La proéminence, au sein d'un groupe accentuel, sur plusieurs mots lexicaux, et même sur des mots fonctionnels, contribue sans doute à ce qui est percu comme un accent « africain ». On observe ensuite une distinction, dans le transfert de la prosodie, entre locuteurs de deux categories de langues africaines : les unes à ton lexical et les autres à accent lexical. La variation s'est cependant avéree souvent tributaire des facteurs sociodémographiques - notamment le niveau d'instruction et l'exposition au francais.