Natale Conti

RACHEL DARMON : Traités sur les dieux et pratiques mythographiques de la première modernité : tradition et actualisation

Cet article cherche à cerner les enjeux d’une forme particulière au sein de la vaste tradition mythographique : les traités sur les dieux, qui connaissent un succès  foudroyant dans l’Europe des XVIe et XVIIe siècles. Après avoir observé leur mode de désignation, entre mythologie et théologie, on analyse la manière dont ils recomposent certains éléments empruntés à la tradition mythographique selon une association du texte et de l’image. On dégage enfin deux caractéristiques, l’exhibition de la multitude des interprétations et l’attention portée aux pratiques religieuses, que l’on situe dans la perspective des bouleversements épistémologiques de la première modernité.

Mots-clés :
Mythologie – Théologie – religion – Fable/fabula – Image – Description – Forme de savoir – Imprimeurs – herméneutique

This paper deals with the use of metaphors by Natale Conti and the French translators of his Mythologiæ, Jean de Montlyard and Jean Baudoin. First, I suggest a few comments on the metaphors used by Conti referring to the Fables and to his own activity as a mythographer. Then I show that metaphors, mostly very common ones, are efficient tools to interpret and modernize ancient myths. Metaphor is less a stylistic device than an intellectual means to link different items together. On a larger scale, each chapter of the Mythologiæ, that unfolds all possible significations hidden in the names of ancient gods, is built by Conti as a metaphoric field. Conti thus transforms the names of ancient gods into vivid figures. Finaly, the use of common metaphors in the Mythologiæ reveals Conti’s apprehension of the world as God’s creation.


Cet article traite de l'utilisation de la métaphore par Natale Conti et par les traducteurs français de ses Mythologiæ : Jean de Montlyard et Jean Baudoin. Nous signalons d’abord les images utilisées pour désigner les Fables et l’entreprise mythographique. Puis nous montrons que les métaphores utilisées par Conti, la plupart du temps très communes, sont un outil efficace pour interpréter et moderniser les anciens mythes. La métaphore est moins ici une figure de style qu’un outil intellectuel qui permet de lier ensemble différents éléments. À plus grande échelle, les chapitres des Mythologiæ, qui déploient toutes les significations possibles des noms des dieux anciens, sont construits par Conti comme des champs métaphoriques. Conti transforme ainsi les noms des dieux anciens en métaphores vives. Enfin l'utilisation de métaphores communes dans les Mythologiæ révèle l'appréhension du monde par Conti comme création divine.

« “En cent mile lieux mile noms tu reçois”. Enjeux poétiques et épistémologiques des qualifications des dieux (Ronsard, Aldrovandi et les traités de mythographie) », in Inqualifiables fureurs. Poétique des invocations inspirées aux XVIe et
XVIIe siècles, dir. Anne-Pascale Pouey-Mounou,  Paris, Classiques Garnier, 2019, p. 223-246

Somme mythographique exceptionnelle par son ampleur et sa postérité,
la Mythologie de Natale Conti constitue une référence incontournable
pour les lettrés, les penseurs, les pédagogues et les artistes européens
des xvie et xviie siècles. On s’y reporte pour attester l’existence d’une
version méconnue d’un mythe ou citer un fragment de texte antique,
pour représenter une divinité avec des attributs rarement vus ou pour
découvrir des interprétations aptes à stimuler la réflexion. Aujourd’hui
comme autrefois, qui veut comprendre une expression peu usitée ou
un aspect surprenant dans le traitement d’un sujet mythologique y
trouve le plus souvent l’explication qu’il cherche. Le premier de ses
dix livres, édité ici, introduit cette riche matière. Il définit l’utilité
des fables et leur différence avec l’apologue, analyse leur lien avec le
divin et décrit les rites et les sacrifices des anciens peuples. Magasin,
manuel, anthologie poétique et haut lieu de savoir, la Mythologie
connut de continuelles métamorphoses dues à son auteur, à ses
éditeurs, correcteurs, commentateurs, traducteurs et illustrateurs.
La présente édition s’attache à rendre compte de ces transformations,
tout en éclairant leur contexte et leurs significations. Elle donne pour
cela le dernier état français du texte, paru en 1627 à l’initiative de
Jean Baudoin. Traducteur, commentateur et éditeur, Jean Baudoin, qui
fut l’un des premiers membres de l’Académie française, sut, selon ses
propres termes, embellir l’ouvrage et lui donner sa forme achevée. Il
participa ainsi au rayonnement remarquable de cette oeuvre essentielle à
la culture européenne de la première modernité.

En esta selección, que comienza con el artículo dedicado al Edipo de Séneca
del año 1974 y que se cierra con los mitos de las Metamorfosis de Ovido
en el comentario de Pontanus, del año 2017, hemos intentado ofrecer una especie
de panorama de intereses de las profesoras Álvarez e Iglesias. Aunque
todos ellos pueden situarse bajo dos emblemáticas palabras: Ovidio y Mitología,
algunos extienden sus brazos hacia campos íntimamente relacionados
con ellas, como son la Tradición Clásica y la Mitografía, la cara más filológica
de la Mitología.