Pouvoirs dans la Caraïbe
Revue du CRPLC
17 | 2012
Genre et violences interpersonnelles en Martinique
L’enquête Enveff-Martinique
Méthodologie et composition de l’échantillon
The Enveff-Martinique survey: methodology and sampling
Elizabeth Brown et Nadine Lefaucheur
Édition électronique
URL : http://journals.openedition.org/plc/862
DOI : 10.4000/plc.862
ISSN : 2117-5209
Éditeur
L’Harmattan
Édition imprimée
Date de publication : 1 janvier 2012
Pagination : 63-71
ISBN : 978-2-296-55-856-4
ISSN : 1279-8657
Référence électronique
Elizabeth Brown et Nadine Lefaucheur, « L’enquête Enveff-Martinique », Pouvoirs dans la Caraïbe [En
ligne], 17 | 2012, mis en ligne le 31 janvier 2012, consulté le 19 avril 2019. URL : http://
journals.openedition.org/plc/862 ; DOI : 10.4000/plc.862
© Pouvoirs dans la Caraïbe
L'ENQUÊTE ENVEFF-MARTINIQUE
MÉTHODOLOGIE ET COMPOSITION DE L'ÉCHANTILLON
Elizabeth BROWN
Directrice du Centre de recherche de
l’Institut de démographie
Université Paris1 Panthéon-Sorbonne
Nadine LEFAUCHEUR
Sociologue
Membre associé du CRPLC
Université des Antilles et de la Guyane
L’enquête statistique Genre et violences interpersonnelles en
Martinique s’inscrit dans la ligne des enquêtes Enveff, dont elle reprend la
problématique, les principes et la méthodologie. Comme les précédentes,
l’enquête réalisée en Martinique n’a pas porté sur la seule violence
conjugale, mais envisagé tous les espaces de vie où les répondant(e)s ont pu
subir des violences, et n’a pas non plus présupposé que les violences subies
par les femmes aient toujours été le fait d’hommes ni que les femmes aient
toujours été victimes et jamais auteurs de violences1. D’ailleurs, à titre
expérimental, on s’est adressé aux hommes et aux femmes à l’aide d’un
même questionnaire, dans le but de mesurer la fréquence des violences
verbales, psychologiques, physiques et sexuelles que les uns et les autres ont
pu subir dans l’espace public, au travail, dans le cadre des relations
conjugales ou dans l’environnement familial et amical. Les travaux sur la
socialisation masculine montrent en effet que l’inculcation d’un ethos et
d’un habitus de domination se fait largement à travers des insultes, des
violences psychologiques et physiques, qui éprouvent la capacité tant à
endurer la violence qu’à l’exercer contre autrui. Toutefois, postuler que les
hommes aussi sont victimes de violences, n’implique pas de considérer
qu’ils le sont comme les femmes. Outre le sexe des auteurs des faits violents
déclarés et les différences entre les sexes dans les réactions et les
conséquences que ces faits ont entraînées, il s’agissait donc d’identifier la
dangerosité différentielle des espaces de vie et de relations, ainsi que des
âges de la vie, pour les hommes et pour les femmes.
1
Selon l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, les hommes
représentent un sixième des victimes de violences volontaires par conjoint constatées en zones
gendarmerie, essentiellement rurales (INHES/OND, rapport 2008, p. 304). Notons cependant
qu’il peut s’agir de violences à sens unique, dont l’homme est seul victime, ou, plus souvent,
de violences réciproques, lors desquelles l’homme peut avoir frappé le premier.
63
Elizabeth BROWN – Nadine LEFAUCHEUR
A la suite de l’enquête pilote réalisée en juin 2007, le recueil des
données a été effectué en octobre-novembre 2008, selon la technique Cati
(collecte assistée par téléphone et informatique), que nous avons estimée être
la plus apte à assurer la confidentialité dans un espace insulaire où « tout le
monde se connaît » et à faciliter un questionnement sur un sujet sensible, qui
touche à l’intimité des personnes. Le fait que l’institut de sondage, choisi à la
suite d’un appel d’offres2, ait été basé dans la région parisienne entraînait
certes l’inconvénient du décalage horaire entre l’hexagone et les Antilles.
Mais, l’accent immédiatement perçu comme « non antillais » de ses
enquêteurs était apparu, dès l’enquête pilote, comme un gage supplémentaire
de confidentialité assurant les répondant(e)s que leurs interlocuteurs ne
pouvaient pas les connaître personnellement et risquer de makréler ou
kankanner sur leur compte.
Le questionnaire, inspiré de celui qui a été utilisé dans l’hexagone en
2000, mais assez largement modifié pour s’adapter aux réalités locales, est
structuré en sept modules. Le premier porte sur les caractéristiques
familiales, économiques, sociales et résidentielles des répondant(e)s, de leurs
parents et de leurs conjoints ou partenaires, lorsqu’ils/elles en ont (et, dans
ce cas, sur l’entente conjugale au quotidien), ainsi que sur des éléments de
leur parcours biographique. Ces informations sont destinées à tenter de
mieux appréhender l’origine et le contexte d’apparition des faits de violence
subis.
Les cinq modules suivants sont consacrés aux violences verbales,
psychologiques, physiques et sexuelles subies pendant les douze derniers
mois :
•
dans la sphère professionnelle ou des études ;
•
dans la vie conjugale et amoureuse ;
•
dans une éventuelle relation avec un ancien conjoint ou avec
un partenaire secondaire ;
•
dans les relations familiales (non conjugales) ou avec les
voisins, les amis et les proches ;
•
dans les espaces et lieux publics.
Le dernier module est consacré aux principales agressions et
violences, particulièrement physiques et sexuelles, subies avant et/ou après
l’âge de 18 ans (à l’exception des douze derniers mois).
2
Le montant du devis, mais aussi l’expérience d’enquêtes sur de tels sujets et la réalisation
antérieure de plusieurs enquêtes nationales ou départementales Enveff ont déterminé ce choix.
64
Présentation de l’enquête
Dans l’objectif d’inclure dans l’étude la fraction de la population ne
possédant pas de ligne fixe, un questionnaire court a été mis au point pour
l’interrogation sur téléphone mobile3. Il comprend deux parties : la première
reprend les principales questions du premier module du questionnaire long ;
la seconde reprend le dernier module de ce questionnaire, en y incluant les
faits subis au cours des douze derniers mois.
Afin de ne pas préjuger de ce qui est ou non considéré par les
répondant(e)s comme de la violence, l’enquête a été, à l’instar des
précédentes, présentée comme une enquête sur la santé et la sécurité ;
l’emploi des termes « violent » et « violence » a été exclu au profit de
l’énoncé, pour chaque espace, de faits et d’actes précis (insultes, menaces et
agressions verbales, chantage ou pressions psychologiques, agressions
physiques, pratiques et relations sexuelles imposées) dont les personnes
enquêtées auraient pu être victimes.
Les échantillons de numéros téléphoniques ont été constitués au
hasard selon deux procédés : pour les lignes fixes, les numéros ont été tirés
au hasard sur la liste d’abonnés fournie par France Télécom, et incrémentés
pour permettre l’inclusion de numéros d’abonnés sur liste rouge et
d’abonnés d’Outremer Télécom ; les numéros de mobiles ont été obtenus en
générant au hasard les six chiffres à accoler à l’indicatif 0696 (mobiles
Martinique). Des quotas d’interrogation proportionnels à leur population ont
été établis pour les six régions : Fort-de-France/Lamentin, Sud caraïbe,
Centre atlantique, Sud atlantique, Nord caraïbe et Nord atlantique.
Le questionnaire long a été administré à 1000 femmes et à 500
hommes âgés de 18 à 59 ans, tandis que le questionnaire court a été proposé
à 152 femmes, contactées sur ligne mobile (56 n’avaient pas de ligne fixe) et
à 454 hommes, contactés en partie sur ligne fixe et en partie sur ligne mobile
(192 ne disposaient pas de ligne fixe)4. De ce fait, un certain nombre de
données concernant les hommes portent seulement sur ceux qui ont répondu
au questionnaire long, et ont une moindre significativité statistique que les
données correspondantes concernant les femmes5.
3
En 2006, 81,6 % des ménages martiniquais disposaient d’une ligne fixe et 65,5 % d’une
ligne mobile. Parmi les 18,4 % qui n’avaient pas de ligne fixe, 13,6 % avaient une (ou
plusieurs) lignes mobiles et 4,8 % n’avaient ni ligne fixe ni ligne mobile (Sources : Enquêtes
Budget des familles, Insee, et Conditions de vie et aspirations des ménages, Credoc).
4
L’objectif initial était d’interroger 1000 femmes et 1000 hommes âgés de 18 à 69 ans avec le
questionnaire long, plus 200 femmes et 200 hommes joints sur leur mobile avec le
questionnaire court. Des contraintes à la fois techniques et financières ont conduit à ramener
l’âge maximal à 59 ans et à reporter une partie de l’échantillon masculin sur l’enquête courte.
5
Les personnes interrogées sur ligne mobile qui n’avaient pas de ligne fixe étaient en
moyenne plus jeunes que les autres, vivaient moins souvent en couple, étaient plus souvent
65
Elizabeth BROWN – Nadine LEFAUCHEUR
I. – LA COMPOSITION DE L’ÉCHANTILLON
Parmi l’ensemble des répondant(e)s6, 65 % des hommes et 51,3 %
des femmes étaient des actifs occupés, 14,6 % des premiers et 19,3 % des
secondes se déclaraient chômeurs, et respectivement 7,1 % et 12,7 %
retraités ; un peu plus de 9 % des hommes et des femmes se disaient
étudiants ; il reste donc 4,2 % d’inactifs et 7,1 % d’inactives. 12 % des
hommes et 20 % des femmes qui travaillaient au moment de l’enquête ont
également fait des études ou suivi une formation au cours des douze derniers
mois. De même, un étudiant sur cinq et près d’une étudiante sur cinq ont dit
travailler parallèlement ou avoir auparavant occupé un emploi ou fait des
djobs7.
Parmi les actifs occupés, 22 % des hommes et 10 % des femmes
étaient des non-salariés (agriculteurs, pêcheurs, commerçants, professions
libérales, chefs d’entreprise) ; 23 % des hommes et 32 % des femmes se sont
déclarés fonctionnaires (plus souvent dans la fonction publique d’Etat ou
territoriale pour les hommes, dans l’éducation nationale pour les femmes) ;
41 % des hommes et 36 % des femmes étaient des salariés non
fonctionnaires en CDI ; 9 % des hommes et 18 % des femmes étaient en
CDD, période d’essai ou stage rémunéré ; 5 % des hommes et 4 % des
femmes avaient un emploi aidé ou se sont déclarés djobeurs.
Les femmes étaient un peu plus diplômées que les hommes : moins
d’un quart des premières et près de 30 % des seconds n’avaient aucun
diplôme ou seulement un CEP. Pour les niveaux intermédiaires, les deux
sexes étaient à égalité : un tiers possédaient un BEPC, un CAP ou un BEP, et
16 % un baccalauréat. Mais 28 % des femmes et 21 % des hommes étaient
titulaires d’un diplôme d’études supérieures. Les actifs en emploi étaient
proportionnellement plus nombreux à détenir une formation supérieure, avec
RMIstes ou chômeuses ; mais il y avait aussi plus souvent parmi elles à la fois des personnes
sans diplôme et des personnes ayant un diplôme supérieur au baccalauréat.
6
Les appels sur téléphone mobile ont permis de compenser en partie les distorsions de
l’échantillon interrogé sur ligne fixe qui, comme dans la plupart des enquêtes où les personnes
sont sollicitées à leur domicile, présentait un déficit de répondants appartenant aux groupes
d’âges où les taux d’activité sont les plus élevés. Néanmoins, la distribution par âge de
l’échantillon global, issu des deux séries de questionnaires, n’était pas parfaitement
représentative de la structure de la population âgée de 18 à 59 ans vivant en Martinique. Des
coefficients de calage, basés sur les données estimées par l’INSEE pour le 1er janvier 2008
(Estimation de population au 1er janvier, par région, sexe et âge quinquennal,
ElpReg_quin90-08.xls), ont donc été calculés pour chaque sexe et par groupe quinquennal
d’âges et appliqués systématiquement de sorte que les résultats (tous « redressés ») présentés
ici sont comparables à ceux qui émanent d’autres sources.
7
« Petits boulots », généralement non déclarés et réalisés à la demande pour divers
« employeurs ».
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Présentation de l’enquête
le même écart entre les sexes, en faveur des femmes (quatre femmes sur dix
contre trois hommes sur dix).
Les indicateurs de revenu et de niveau de vie ont, au contraire des
indicateurs de diplômes, montré une situation plus favorable pour les
hommes que pour les femmes, ce qui n’a pas constitué une grande surprise.
Trois hommes sur quatre et un peu plus de huit femmes sur dix ont déclaré
ne pas avoir de revenu personnel ou avoir un revenu mensuel inférieur à
2 000 8. Les personnes nées en Martinique et qui y ont toujours vécu ont
déclaré des revenus inférieurs à celles qui ont vécu au moins un an ailleurs :
neuf sur dix des premières et sept sur dix des secondes ont indiqué percevoir
moins de 2 000 par mois. Mais un quart des personnes nées hors de
Martinique d’au moins un parent né dans la Caraïbe et 45 % des personnes
nées en France métropolitaine de deux parents également nés dans
l’hexagone se situaient dans les niveaux supérieurs à 2 000 . Par ailleurs,
38 % des femmes et 30 % des hommes ne disposaient pas de véhicule
personnel et, parmi eux, 45 % des hommes et 60 % des femmes n’avaient
pas le permis de conduire. Un quart des hommes, mais un tiers des femmes,
ont dit bénéficier de la CMU.
Les deux tiers des enquêtés (69,6 % des hommes et 63,5 % des
femmes) habitaient une maison individuelle et la plupart en étaient
propriétaires (60 % des hommes et 52 % des femmes). Inversement, ceux et
celles qui habitaient un appartement ou un studio (30 % des hommes, 36 %
des femmes) en étaient rarement propriétaires (moins d’un homme sur deux,
une femme sur quatre).
Pour tenir compte de la complexité du peuplement de la Martinique
et de l’influence potentielle de cette complexité et des itinéraires migratoires
sur les situations et les comportements, en particulier en matière de violences
subies, nous avons construit des indicateurs d’origine et de parcours
migratoire des personnes interrogées, à partir des réponses portant sur leur
lieu de naissance et sur celui de leurs parents, sur la durée et l’ancienneté de
leurs séjours éventuels hors de Martinique, pour les natifs du département,
ou sur l’ancienneté de leur arrivée sur le territoire, pour les non natifs. La
très grande majorité des enquêtés – 81 % des femmes et 84 % des hommes –
sont nés en Martinique de parents eux-mêmes nés en Martinique. Sur cent
personnes natives du département, 60 femmes et 54 hommes y ont toujours
vécu, tandis que 19 femmes et 21 hommes ont vécu plus de cinq ans hors de
8
Des tranches plus précises étaient proposées aux personnes interrogées au moyen du
questionnaire long : plus de la moitié des femmes ont alors déclaré ne pas avoir de revenu
personnel (11 %) ou n’avoir qu’un revenu inférieur à 1 000 par mois (41 %), ce qui n’était
le cas que de quatre hommes sur dix ; 20 % des hommes et 15 % des femmes ont déclaré un
revenu mensuel supérieur à 2 000 et 5 % des hommes et 3 % des femmes ont indiqué
dépasser les 3 500 par mois.
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Elizabeth BROWN – Nadine LEFAUCHEUR
Martinique, le plus souvent en France hexagonale, le plus souvent après 18
ans et le plus souvent pour des raisons liées aux études. Plus des deux tiers
des personnes qui ont vécu hors de Martinique (souvent âgées de plus de 40
ans) y sont revenues depuis plus de dix ans. Au total, 48 % des enquêtés sont
nés en Martinique et n’ont jamais vécu ailleurs, 17 % sont nés en Martinique
et ont vécu moins de cinq ans hors du département, 17 % sont nés en
Martinique et ont vécu plus de cinq ans hors du territoire, 6 % sont nées dans
l’hexagone d’au moins un parent natif des Antilles, 6 % sont nés dans
l’hexagone de parents non natifs des Antilles, 3,4 % sont nés dans un autre
pays de la Caraïbe et 2,6 % sont nés ailleurs.
45 % des hommes et 56 % des femmes se sont déclarés catholiques,
45 % des hommes et 31 % des femmes se sont dits sans religion, tandis que
8 % des hommes et 11 % des femmes se sont réclamés de confessions issues
du protestantisme (adventistes, évangélistes, témoins de Jéhovah) et que 2 %
des hommes comme des femmes ont indiqué d’autres religions (bouddhisme,
rastafarisme, islam, orthodoxes, etc.).
II. – LES RELATIONS CONJUGALES ET FAMILIALES
Parmi les personnes enquêtées, 60 % sont célibataires, 30 % mariées
et un peu plus de 5 % divorcées, les autres étant séparées légalement, veuves
ou pacsées. Jusqu’à 40 ans, la proportion de célibataires dépasse 75 % pour
les deux sexes. Ces résultats, qui portent sur les 18-59 ans, sont cohérents
avec les données de l’INSEE qui indiquaient, pour l’année 2006, 55,8 % de
célibataires, 34,3 % de mariés, 4,9 % de divorcées et 4,9 % de veufs dans
l’ensemble de la population martiniquaise âgée de 15 ans et plus.
Indépendamment du statut matrimonial, les enquêtes Enveff
entendent la notion de relation conjugale au sens large, incluant toutes les
personnes ayant répondu avoir, au moment de l’enquête, « une relation
affective et/ou sexuelle suivie » (soit 69 % des hommes et 66 % des
femmes).
Un peu plus de 40 % des répondant(e)s (44 % des hommes et 41 %
des femmes, ayant souvent plus de 35 ans), ont déclaré vivre avec un
conjoint : les deux tiers sont mariés et les trois quarts ont au moins un enfant
présent au foyer. Dans un cas sur trois, le couple a des enfants de plusieurs
lits ou d’un autre partenaire.
Par ailleurs, un peu plus de 35 % des personnes ayant déclaré une
relation en cours ont aussi dit ne pas vivre avec leur partenaire. Parmi ces
personnes (plus souvent âgées de moins de 35 ans), la très grande majorité
n’ont jamais été mariées et six hommes, mais seulement cinq femmes, sur
dix n’ont aucun enfant. 7 % des hommes, mais 43 % des femmes en « couple
68
Présentation de l’enquête
non cohabitant » sont en fait chef de foyer monoparental. Pour une femme
sur deux, le partenaire est le père d’au moins un de ses enfants.
Une personne sur cinq (19 % des hommes et 20 % des femmes) a
déclaré ne pas avoir de relation conjugale au moment de l’enquête, mais
avoir déjà eu une relation de couple (avec ou sans cohabitation). Parmi ces
personnes, 13 % des hommes, mais les deux tiers des femmes, ont au moins
un enfant présent au foyer.
Enfin, parmi les 13 % de personnes qui ont répondu ne jamais avoir
eu de relation de couple suivie, près de la moitié des femmes ont au moins
un enfant.
Au total, parmi les personnes interrogées, 62 % des femmes et 36 %
des hommes ont au moins un enfant présent au foyer ; 30 % des femmes
(33 % des natives), mais seulement 4 % des hommes, sont en situation
monoparentale. Le conjoint ou partenaire d’une femme sur trois de celles qui
ont déclaré avoir une relation de couple au moment de l’enquête avait eu des
enfants avec d’autres femmes, soit avant, soit pendant leur relation.
On retrouve cette même complexité des structures familiales dans
l’enfance et l’adolescence de nombre de personnes enquêtées. Lorsqu’elles
avaient quatorze ans, un peu moins des deux tiers des personnes enquêtées
vivaient avec leurs deux parents, un quart avec leur mère, elle-même sans
conjoint, 4 % avec leur mère et un beau-père, 3 % avec leur père seul ou
avec leur père et une belle-mère et 5 % avec leurs grands-parents ou un autre
membre de la famille. Un peu plus de 20 % avaient des parents séparés ou
divorcés, 10 % environ avaient des parents qui n’avaient jamais vécu
ensemble, 5 % environ étaient orphelins de père et/ou de mère et 2 % de père
inconnu.
La situation varie cependant selon l’âge des répondants : si 68 % des
plus de 40 ans vivaient avec leurs deux parents lorsqu’ils avaient quatorze
ans, ce n’était le cas que de 60 % des hommes et 54 % des femmes de moins
de 40 ans. Ainsi, la proportion des personnes dont les parents s’étaient
séparés après avoir vécu ensemble passe de 13-14 % pour les plus de 40 ans
à 25-28 % pour les moins de 40 ans.
Parmi les personnes enquêtées, 15 % à 18 % n’ont pas de frères et
sœurs (de même père et même mère), mais un tiers en ont au moins quatre et
5 % au moins dix ; 42 % n’ont pas (à leur connaissance) de demi-frères ou
sœurs, mais 28 % au moins en ont du côté paternel seulement, 8 % au moins
en ont du côté maternel seulement et 19 % des deux côtés. La moitié d’entre
eux ont vécu avec au moins l’un de ces demi-frères ou sœurs – il s’agit le
plus souvent, dans ce cas, de demi-frères ou sœurs utérins.
La composition de la fratrie des personnes qui, à quatorze ans,
vivaient avec leurs deux parents, est proche de la moyenne des enquêtés.
69
Elizabeth BROWN – Nadine LEFAUCHEUR
Mais, parmi celles qui vivaient avec leur mère seule, moins d’une sur cinq
seulement n’a pas de demi-frères ou demi-sœurs, un tiers environ en a
seulement du côté paternel, 12 % du côté maternel seulement et un tiers
environ des deux côtés. Parmi celles qui vivaient avec leur mère et un beaupère, 12 % seulement n’ont pas de demi-frères ou de demi-sœurs : 18 % au
moins en ont du côté paternel seulement, 12 % du côté maternel seulement et
55 % au moins des deux côtés.
Les personnes qui, à quatorze ans, vivaient avec leur mère seule
avaient moins souvent une relation de couple au moment de l’enquête que
celles qui vivaient avec leurs deux parents et, surtout, vivaient deux fois
moins fréquemment avec leur partenaire.
70
Présentation de l’enquête
RÉSUMÉ
Elizabeth Brown et Nadine Lefaucheur. L’enquête Enveff-Martinique :
méthodologie et composition de l’échantillon
L’enquête Enveff-Martinique, réalisée dans le cadre du programme « Genre
et violences interpersonnelles à la Martinique », a également porté, à titre
exploratoire, sur les violences déclarées par les hommes ; 1 152 femmes et
954 hommes, sélectionnés aléatoirement, ont été interrogés par téléphone ;
1 000 femmes et 500 hommes l’ont été au moyen d’un questionnaire
« long » comprenant sept modules (caractéristiques socio-démographiques ;
violences subies au cours des douze derniers mois dans la sphère
professionnelle, la vie conjugale ou amoureuse, les relations avec un ou une
ex-partenaire, les relations avec la famille et les proches, les espaces et lieux
publics ; violences subies antérieurement aux douze derniers mois) ; les
autres ont fait l’objet d’un questionnement « court » limité à deux modules
(socio-démographique ; violences au cours de la vie). Les réponses aux
modules socio-démographiques fournissent de nombreuses données sur la
société martiniquaise, en particulier pour ce qui concerne les parcours
migratoires et les structures familiales.
ABSTRACT
Elizabeth Brown and Nadine. LefaucheurThe Enveff-Martinique
survey: methodology and sampling
The Enveff-Martinique survey, conducted as part of the research program on
"Gender and interpersonal violence in Martinique", also documented in an
exploratory fashion the violence reported by men: 1,152 women and 954
men, randomly selected, were interviewed by telephone; 1,000 women and
500 men completed a long-form questionnaire consisting of seven modules
(socio-demographic characteristics, violence experienced during the last
twelve months in the professional sphere, in various, including public
spaces, within romantic relationships with a current or ex-partner, within
relationships with family and friends; and violence suffered prior to the last
twelve months), others completed a short-form survey limited to two
modules (socio-demographic questions and questions about violence
throughout the life-cycle). Responses to the socio-demographic modules
provide extensive data on Martinican society, particularly with regard to
migration patterns and family structures.
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