arXiv:math-ph/0307032v1 16 Jul 2003
Recherches autour
de
la théorie de Markoff
Serge Perrine
Résumé. Le texte concerne des généralisations de l’équation de Markoff en
théorie des nombres, déduites des fractions continues. Il décrit la méthode
pour une résolution complète de ces nouvelles équations, ainsi que leur interprétation en algébre et en géométrie algébrique. Cette approche algébrique
est complétée par un développement analytique concernant les groupes fuchsiens. Le lien avec la théorie de Teichmüller des tores percés est complètement
décrit, les classifiant au moyen d’une théorie de la réduction. Des considérations
plus générales au sujet des surfaces de Riemann, les géodésiques et leur étude
hamiltonienne sont citées, de même que des applications à la physique, au
bruit en 1/f et à la fonction zéta. Des idées relatives à d’importantes conjectures sont présentées. On donne aussi des raisons pour lesquelles la théorie de
Markoff apparaı̂t dans différents contextes géométriques, grâce à des résultats
de décomposition valables dans le groupe GL(2, Z).
Abstract. The text deals with generalizations of the Markoff equation in
number theory, arising from continued fractions. It gives the method for the
complete resolution of such new equations, and their interpretation in algebra
and algebraic geometry. This algebraic approach is completed with an analytical development concerning fuchsian groups. The link with the Teichmüller
theory for punctured toruses is completely described, giving their classification
with a reduction theory. More general considerations about Riemann surfaces,
geodesics and their hamiltonian study are quoted, together with applications
in physics, 1/f -noise and zeta function. Ideas about important conjectures are
presented. Reasons why the Markoff theory appears in different geometrical
contexts are given, thanks to decomposition results in the group GL(2, Z).
3
”Tout voir, tout entendre, ne perdre aucune idée”
Evariste Galois
”Saisir les propriétés des choses, d’après leur mode d’existence dans l’infiniment petit”
Discours de Félix Klein sur Bernhard Riemann et son influence
”Sans l’espérance, on ne trouvera pas l’inespéré, qui est introuvable et inaccessible”
Héraclite
4
1. Remerciements
Mes remerciements s’adressent à différentes personnes sans lesquelles ce texte
n’aurait jamais vu le jour, et à tous ceux qui m’ont aidé pour sa mise en forme. Je
pense en particulier aux personnes suivantes :
- Georges Rhin qui tout au long de ces dernières années a prêté attention aux
différents documents que je lui adressais périodiquement.
- Michel Planat avec qui une coopération régulière et des discussions passionnantes autour d’observations physiques qu’il avait faites ont beaucoup soutenu
ma curiosité pour la théorie de Markoff. Mon intérêt pour ce sujet venait de
considérations sur le codage de l’information. Mais voir apparaı̂tre le spectre de
Markoff dans les caractéristiques physiques d’un oscillateur à vérouillage de phase
a considérablement relancé mes travaux. En observant le comportement d’oscillateurs construits sur mesure, pourrions-nous comprendre certaines parties de cette
théorie restant encore énigmatiques, pourrions-nous inversement construire certains
modèles de bruit utiles à la physique ? Ces questions ont orienté mes travaux.
- Michel Mendès France et Michel Waldschmidt qui se sont à différentes reprises
intéressés à mes travaux, et m’ont fourni l’occasion de les perfectionner et de les
exposer. Je les remercie très chaleureusement de leurs encouragements et de leurs
commentaires sans concession que j’ai toujours considérés comme une source de
progrès.
Je voudrais aussi remercier Cécile et les enfants pour leur grande patience à
supporter le temps considérable que j’ai passé sur ce travail.
2. PRÉSENTATION GÉNÉRALE
5
2. Présentation générale
Le but du présent travail est d’exposer une démarche de recherche conduite
autour de la théorie de Markoff, ainsi que les résultats qu’elle a fournis. Cette
théorie est une branche de ce que Hermann Minkowski a appelé la ”géométrie des
nombres” [552][124]. Elle fournit une réponse partielle au problème suivant :
Une forme quadratique réelle étant donnée f (x, y) = ax2 + bxy + cy 2 ∈ R[x, y],
quelle est la valeur minimale du nombre | f (x, y) | lorsque x et y sont des entiers
non tous deux simultanément nuls ?
Pour une forme définie f (x, y), c’est-à-dire telle que ∆(f ) = b2 − 4ac < 0, ce
problème a été résolu par Joseph Louis Lagrange. Sa solution se déduit aussi d’un
résultat plus général de Charles Hermite [339] donnant :
inf (x,y)∈Z2 −{(0,0)} | f (x, y) |
1
p
≤ √ = C(x2 + xy + y 2 ).
3
| ∆(f ) |
√
Il a aussi été démontré ([124] p.33) que pour tout nombre ρ ∈]0, (1/ 3)], on peut
trouver une forme quadratique définie f (x, y) ∈ R[x, y] telle que :
C(f ) =
ρ = C(f ).
Si la forme f (x, y) est indéfinie, c’est-à-dire telle que ∆(f ) = b2 − 4ac > 0, on sait
depuis [443] que l’on a :
1
C(f ) ≤ √ = C(x2 − xy − y 2 ).
5
Pour les autres valeurs, on a [443] :
1
C(f ) ≤ √ = C(x2 − 2y 2 ).
8
C’est pour mieux comprendre le cas indéfini qu’Andrei A. Markoff a développé√sa
théorie [522]. Celle-ci identifie l’infinité des valeurs C(f ) comprises entre (1/ 5)
et (1/3) et les trous sans constante qui les séparent. Ces valeurs sont isolées et
convergent vers (1/3). Pour les valeurs inférieures à (1/3), il n’existait jusqu’à une
date récente aucune approche comparable à la théorie de Markoff. Des résultats
lacunaires existent sur des trous sans constante, mais la situation reste globalement
méconnue aujourd’hui encore. Une synthèse de ce qui était connu en 1988 a été
réalisée par Thomas W. Cusick et Mary E. Flahive [180], au moment où l’auteur
soutenait sa thèse sur le même sujet. La recherche menée depuis cette période
s’est appuyée sur les deux dernières contributions citées. Il s’agissait d’aller au
delà des résultats connus sur le sujet. On a trouvé quelques résultats relatifs à de
nouveaux trous du spectre, mais assez rapidement l’idée a germé de chercher à
disposer d’une généralisation de la théorie de Markoff pour essayer d’en déduire des
résultats analogues à ceux disponibles au dessus de (1/3).
Parallèlement la mise en évidence en physique, autour d’oscillateurs spéciaux,
de valeurs physiques égales aux constantes C(f ) données par la théorie de Markoff
a été particulièrement motivante. Cet accomplissement du à Michel Planat [635] a
conduit à envisager la construction d’oscillateurs particuliers permettant de ”voir”
la structure du spectre de Markoff en des endroits où sa structure est suffisamment
chaotique pour rester à ce jour méconnue. L’exploration de ce sujet, et son lien possible avec une modélisation du bruit en (1/f ) qui reste à ce jour assez énigmatique,
6
est devenu progressivement un projet important. Construire dans ce contexte de
nouvelles théories analogues à celle de Markoff est apparu utile
On a donc mis au point des notations destinées à permettre l’appréhension de
nouvelles théories plus générales que la théorie originale de Markoff. Cet objectif,
entrevu a l’issue du travail de thèse de l’auteur, n’avait pas débouché à ce moment
sur des exemples significatifs et complets. La démarche a consisté à comprendre
comment construire de façon directe sur des suites de nombres entiers positifs un
processus de création arborescente qui fournisse toujours des suites attachées à une
même équation diophantienne du type de celle de Markoff. A cet égard, l’article
[619] s’est avéré déterminant. Il a permis de disposer de ce mode de construction
pour certaines suites assez générales, en faisant en sorte qu’elles restent attachées
à l’équation
x2 + y 2 + z 2 = 4xyz − x.
On a ainsi pu disposer d’une théorie complète permettant d’obtenir des constantes
d’approximations convergentes vers la valeur (1/4) ainsi que quelques trous du
spectre.
Il est ensuite apparu que le mode de construction découvert laissait invariantes
des équations de forme plus générale. A cette occasion le lien naturel qui existe
avec les sommes de Dedekind [664] a été mis en évidence. Ceci a permis d’identifier
d’autres équations permettant de construire des constantes d’approximations qui
convergent vers (1/3) comme dans la théorie de Markoff classique, mais cette fois par
valeurs inférieures. On a ainsi pu obtenir des informations sur une partie totalement
méconnue du spectre. Un exemple complet a été détaillé [625] concernant l’équation
x2 + y 2 + z 2 = 3xyz + 2x.
Pour cette dernière, on a fourni toutes les solutions entières dans N ou Z. Il est remarquable qu’à la différence de la théorie de Markoff classique, les solutions entières
positives se répartissent en deux classes, et non pas en une seule. On a montré cependant comment ces deux classes donnent naissance à un arbre unique de triplets de
Cohn, pour lesquels la construction sur les suites d’entiers s’applique complètement.
Les triplets de Cohn sont définis de façon générale par la condition x > y > z. Les
constantes données par l’équation précédentes sont différentes de celles mises en
évidence dans la même zone du spectre de Markoff par David J. Crisp et William
Moran [177]. C’est ainsi que le modèle géométrique construit par Harvey Cohn à
partir du demi-plan de Poincaré H, prolongé par l’étude des géodésiques fermées
du tore percé se coupant elles-mêmes [722], est devenu insuffisant pour décrire la
complexité du spectre de Markoff au voisinage de (1/3). Le projet a donc été fait
de revisiter cette interprétation géométrique. Ceci a été mené à bien et a permis de
comprendre la nature des équations que l’on identifiait progressivement.
Avant cela, dans [628] on a étendu le mode de construction arborescent de
suites de nombres entiers positifs pour mettre en évidence d’autres équations de
forme légèrement plus générale donnant des constantes d’approximation dans le
voisinage de (1/3) :
x2 + y 2 + z 2 = 3xyz + sx, s > 0.
Sur de telles équations, où s > 0, on a pu montrer dans [619] l’existence d’un
nombre fini de classes de solutions. Le même résultat est valable aussi pour s ≤ 0.
Mais alors que dans un cas (s > 0) il convient d’introduire une notion de solution
fondamentale pour obtenir ce résultat, dans l’autre cas (s ≤ 0) c’est une notion
2. PRÉSENTATION GÉNÉRALE
7
différente de solution minimale qui permet de conclure. Au demeurant, ces dernières
équations apparaissent liées entre elles compte tenu de l’expression des minima
arithmétiques des formes quadratiques binaires associées.
L’approche précédente qui donne des valeurs C(f ) inférieures s’accumulant sur
(1/3), c’est-à-dire à nouveau dans la partie haute et méconnue du spectre, a aussi
été étendue à d’autres situations. Ainsi un nouvel exemple de théorie de Markoff
généralisée a été traité avec l’équation
x2 + y 2 + z 2 = 3xyz + yz − 2x.
Il a permis de donner une nouvelle interprétation à d’anciens travaux de Collin
√
J. Hightower [342]. Le point d’accumulation correspondant est égal à 1/(1 + 5).
On a aussi compris comment la connaissance d’une partie du spectre permettait
d’obtenir des informations sur une partie plus
√basse du spectre. Dans le dernier cas
cité, c’est la valeur maximale du spectre (1/ 5) qui est déterminante.
Au final on a considéré que la bonne généralisation de la théorie de Markoff
était relative à des équations diophantiennes notées M s1 s2 (a, ∂K, uθ ), où s1 et s2
signes respectifs de ε1 et ε2 ∈ {−1, +1}, a ∈ N\{0}, ∂K ∈ Z, uθ ∈ Z :
x2 + ε2 y 2 + ε1 z 2 = (a + 1)xyz + (ε2 ∂K)yz − uθ x, x, y, z ∈ N\{0}.
Une telle forme d’équation recouvre celles évoquées ci-dessus. Il a donc semblé que
ce type d’équation était la bonne. Et en réalité on a pu montrer comment elles
apparaissaient naturellement par un calcul relatif aux fractions continues. On a
montré également qu’elles correspondent à une formule de trace ainsi qu’à une
propriété remarquable de la fonction η de Dedekind [632]. Pour ces équations on
a pu mettre au point une méthode générale de résolution qui s’apparente à la
descente infinie chère aux arithméticiens. Elle fait jouer un rôle essentiel au groupe
du triangle T3 qui classe les solutions. On a aussi montré comment le recours à
des triplets de Cohn permettait dans l’essentiel des cas de conclure à l’existence
d’une classe contenant une infinité de solutions, ainsi qu’un nombre fini de telles
classes. Ce nombre de classes a d’ailleurs un lien avec le nombre de classes des
corps quadratiques, mais le travail reste à faire pour mettre cette observation en
état présentable.
On a pu étudier de façon directe les surfaces ayant pour équation la forme que
l’on vient de donner. Ces surfaces cubiques sont rationnelles, on en a donné une
représentation rationnelle. Coupées par un plan, elles donnent des courbes elliptiques dans de nombreux cas. Toutes les courbes elliptiques à coefficients rationnels
sont obtenues ainsi. Ceci permet d’avoir une idée quant à des phénomènes pouvant
affecter des courbes elliptiques différentes portées par une même surface cubique.
Un sujet arithmétique prometteur qui s’est ainsi dégagé concerne le lien entre les
théories de Markoff généralisées et la structure des points entiers sur les courbes
elliptiques [631]. Les réflexions dans ce dernier domaine ne sont pas achevées.On a
également pu montrer que tout réseau complet d’un corps quadratique permet de
construire une équation cubique du type précédent. Ce résultat important donne un
sens algébrique aux équations que l’on étudie. Il permet facilement de comprendre
ce que l’on vient d’indiquer sur le nombre de classes de solutions.
Toutes les constructions qui précèdent ont aussi un support analytique commun analogue à celui découvert par Harvey Cohn pour la théorie de Markoff classique [144]. Pour mieux comprendre cette interprétation géométrique, on a étudié
de façon directe les tores percés. Ceci a introduit une distinction entre les tores
8
percés conformes paraboliques et hyperboliques. Le cas parabolique donne une
généralisalisation très satisfaisante de la théorie de Markoff, mettant en évidence
des groupes fuchsiens dont on a établi qu’ils sont libres à deux générateurs. Ce sont
les groupes de Fricke qui sont ainsi tous obtenus, mais ils correspondent seulement à
l’équation de la théorie de Markoff classique qui les caractérise tous. Pour le cas hyperbolique, on a pu construire un exemple original illustrant le fait découvert que les
groupes fuchsiens correspondants ne sont pas libres. Comme les surfaces intervenant
dans ce contexte, des tores percés, sont des quotients du demi plan de Poincaré par
un groupe fuchsien agissant sur lui, la théorie de Teichmüller [706] constitue un
cadre bien adapté pour appréhender le sujet. On l’a donc approfondie jusqu’à en
donner une présentation qui montre clairement comment elle généralise la théorie
de Markoff. La théorie de Teichmüller décrit les propriétés des différentes structures conformes définissant une surface de Riemann donnée sur un même support
topologique. Elle détermine par réduction une structure cristalline pour laquelle on
a donné quelques éléments d’information dans l’ouvrage [632]. On a pu comprendre
pourquoi il n’y a pas à considérer de tores percés elliptiques, ainsi que la nature du
lien entre nos équations de Markoff généralisées et la théorie de Teichmüller.
On a aussi vu que tous les tores percés conformes paraboliques définis sur
un même tore topologique percé peuvent être distingués par deux nombres réels
positifs. Ce type de résultat est connu depuis les travaux de R. Fricke [144]. Mais les
méthodes issues de la théorie de Markoff conduisent à se restreindre à un premier
nombre, un module compris entre 1 et 2. Le module 1 correspond au tore percé
d’un groupe dit de Klein. Le module 2 correspond au tore percé du groupe de
Hecke [336]. On voit ainsi apparaitre de façon naturelle les deux tores étudiés
dans [144]. Tous les modules intermédiaires correspondent à d’autres tores percés
conformes paraboliques isomorphes en tant qu’espaces topologiques mais non en
tant que surfaces de Riemann. Le fait que ces tores ne soient pas conformément
équivalents a des conséquences géométriques intéressantes pour les classement des
groupes fuchsiens associés. Ce résultat a été complété en montrant que tous les
tores percés paraboliques sont classés au moyen de deux paramètres réels, tous
deux définis à partir de la seule équation de Markoff classique :
x2 + y 2 + z 2 = xyz.
Le module définit le domaine fondamental et un second paramètre réel dit accessoire
décrit la façon dont ses bords sont identifiés.
Les théories de Markoff des équations M s1 s2 (a, ∂K, uθ ) conduisent très naturellement à définir des générateurs A et B de groupes fuchsiens à deux générateurs.
Elles donnent dans le cas parabolique les groupes de Fricke bien connus [681] [528].
On l’a démontré de façon rigoureuse. Les cas qui correspondent à des matrices
A et B à coefficients entiers ont été complètement décrits. Il en résulte la possibilité de caractériser les tores percés paraboliques correspondants. La théorie de
la réduction valable pour les nombres algébriques de degré 2 s’étend alors aux
systèmes générateurs de ces groupes de Fricke. Un résultat qui en découle [364]
concerne la détermination des représentations du groupe à deux générateurs F2
dans les groupes GL(2, Z). En approfondissant cette question, on a mis en évidence
le lien avec le théorème de Dyer et Formanek [265]. Sa démonstration classique repose sur des propriétés des représentations ρ : Aut(F2 ) −→ GL(m, Z). Les théories
de Markoff correspondantes donnent de telles représentations issues du groupe à
deux générateurs F2 dans le groupe GL(2, Z). Caractériser ces représentations est
2. PRÉSENTATION GÉNÉRALE
9
essentiel et on a pu comprendre comment ceci revenait à considérer dans l’essentiel des cas des structures conformes sur des tores percés. Le lien esquissé à cette
occasion avec la théorie de noeuds mériterait d’être creusé plus avant [99], comme
si au delà des noeuds toriques on pouvait introduire une nouvelle sous-catégorie
de noeuds liés aux tores percés. A partir de ces réflexions, on a surtout obtenu
une meilleure connaissance du groupe GL(2, Z). Deux décompositions ternaires qui
semblent nouvelles ont été données dans [629] pour toute matrice de GL(2, Z).
Ceci permet notamment de relier la théorie de Markoff classique à la structure
du groupe du triangle T3 et de représenter ce dernier dans GL(2, Z) à l’aide d’un
groupe diédral. Il est probable que tous les groupes finis donnent des résultats analogues et permettent de construire des structures arborescentes, et on conjecture
que tous peuvent être représentés dans GL(2, Z). L’auteur pense que l’on obtient
par un tel procédé toutes ses généralisations de l’équation de Markoff. Quelques
résultats ont été obtenus en ce sens mais il ne sont pas encore présentables. Une
conséquence importante qui pourrait en découler est la conjecture que tout groupe
fini est obtenu comme groupe des classes d’un corps quadratique réel.
Mais y a-t-il un lien entre ces dernières théories de Markoff et les géodésiques
des tores percés conformes associés ? En y réfléchissant l’auteur a envisagé à partir
de cette question un domaine d’application pour ses généralisations de la théorie de
Markoff au codage des géodésiques des surfaces de Riemann [704]. Il a approfondi
la dualité naturelle qui existe entre points et géodésiques sur une telle surface. Malheureusement cette étude apparemment nouvelle n’a pas suffisamment débouché
pour donner lieu à publication. On a cependant donné quelques éléments au chapitre
7 de l’ouvrage [632]. La question particulière de la caractérisation des géodésiques
fermées par des suites finies d’entiers qui les codent, puis construisent des propriétés algébriques diverses, est très intéressante. Elle est aussi importante pour
comprendre l’approche ergodique [722] [725] [704]. Les géodésiques dépendent de
la structure conforme adoptée sur le tore topologique percé qui la porte. Les transformations conformes qui changent une géodésique fermée en une autre définissent
des opérations de transcodage sur les suites d’entiers associées. Il y a là une perspective d’application dans le codage de l’information, en particulier le codage en
flot (stream cyphering) et les générateurs pseudo-aléatoires.
Tout changement de géodésique se traduit par une déformation de la structure algébrique de ces suites. Les réflexions sur ce sujet ont été nombreuses, mais
restent assez lacunaires. On a donné au chapitre 7 de [632] des pistes pour approfondir le problème. On a en particulier rappelé comment se développe dans
un tel contexte l’approche hamiltonienne de la mécanique, en mettant l’accent
sur son caractère quasi fonctoriel. Quelques conséquences en résultent pour la
compréhension même de ce que constituent le calcul mathématique [259] et certains
objets physiques. Un point qui tourne librement sur une géodésique fermée peut
représenter un système physique stable, donc observable. Les changements de solutions dans nos équations diophantiennes correspondent alors à des sauts quantiques
dans l’évolution d’un tel système selon des géodésiques différentes sur un tore percé.
Cette idée donne une structuration quantique au système considéré, structure que
l’on peut espérer retrouver dans des systèmes réels. On a un phénomène comparable
sur les courbes elliptiques d’une même surface donnée par nos équations. De là à
étendre la problématique pour se poser des problèmes de mécanique statistique et
de théorie ergodique, il n’y a qu’un pas que les travaux de dynamique symbolique de
10
Caroline Series [722] [725] ont depuis longtemps franchi. Le lien est aussi évident
avec le problème des ”petits diviseurs”, les résonances proches de fréquences dans
un mouvement quasi périodique, et certains modèles de bruit en 1/f (voir [27] [854]
[340] [221] [637]).
Qui dit géodésique évoque le calcul des vatiations d’Euler-Lagrange, la propagation des ondes, mais aussi le théorème KAM et les tores invariants. C’est ce
dernier point qui est aussi à la base de l’intérêt de différents physiciens pour la
théorie de Markoff [325]. Si un système physique évolue librement selon des trajectoires géodésiques qui peuvent être représentées sur un tore, par identification
de deux mouvements périodiques fondamentaux, et si un point de ce tore ne peut
jamais être atteint, une théorie de Markoff généralisée apparait naturellement.
Les trois derniers thèmes que l’on vient d’évoquer ne sont pas complètement
épuisés par les recherches résumées. Par contre elles ont aussi conduit à approfondir
de façon très systématique le sujet de l’interprétation de Harvey Cohn de la théorie
de Markoff classique. C’est ainsi qu’il a été établi qu’on rencontre cette théorie dès
qu’intervient le groupe GL(2, Z) des matrices 2 × 2 de déterminant ±1. La raison
essentielle mise en évidence est l’existence dans GL(2, Z) d’un sous-groupe diédral
D6 à 12 éléments non normal définissant intrinsèquement un quotient à droite
GL(2, Z)/ℜD6 qui s’identifie à l’arbre complet de la théorie de Markoff (respectivement un quotient à gauche GL(2, Z)/D6 ℜ équipotent). Ce résultat assure l’ubiquité
du groupe du triangle T3 = C2 ∗ C2 ∗ C2 produit libre de trois groupes cycliques
à deux éléments C2 dans des situations aussi diverses que les fibrés vectoriels, les
ordres des anneaux de quaternions, le topographe de Conway... [686] [354] [807]
[165]. L’article [629] développe cet aspect et a été repris en tant que chapitre 6
dans l’ouvrage [632].
Tout au long des travaux menés on a conservé le souci d’une cohérence globale.
Il s’agissait de sortir du cadre trop contraignant de la seule équation de Markoff
classique pour construire d’autres exemples mais en cherchant simultanément à
comprendre comment appréhender le ”chaos” du spectre des constantes d’approximation des nombres algébriques de degré 2. On voulait également permettre de
maitriser les applications à la physique. Ces deux préoccupations ont constitué les
fils conducteurs de la démarche développée tout au long de ces dernières années.
C’est ainsi que l’on a recherché et finalement trouvé un opérateur différentiel intrinsèquement lié à la théorie de Markoff classique, la question restant ouverte de
calculer son spectre et de le comparer au spectre de Markoff. La méthode utilisée
pour le construire est transposable aux équations M s1 s2 (a, ∂K, uθ ). Elle a conduit
à s’intéresser aux équations hypergéométriques, aux équations de Lamé qui interviennent sur les paramètres accessoires des tores percés [421], et qui ne sont que
des équations de Schrödinger particulières dont le groupe de monodromie associé
peut être étudié [818].
Une présentation développée des travaux que l’on vient d’évoquer a été donnée
dans l’ouvrage [632]. Celui-ci peut être résumé comme suit. On a mis au point un
formalisme général et décrit ses liens avec les sommes de Dedekind. On a dégagé les
équations qui généralisent l’équation de Markoff classique, et on les a interprétées
avec une formule de trace et les sommes liées à la fonction η de Dedekind. Partant
de ces équations, on en a étudié de façon directe les solutions. Ceci a fait apparaı̂tre
des structures généralisant celle découverte par A. A. Markoff. Dans quelques exemples particuliers, on a décrit les classes de solutions pour l’action du groupe T3 .
2. PRÉSENTATION GÉNÉRALE
11
On a détaillé l’application à l’étude du spectre de Markoff. On a fait le lien avec des
sujets classiques d’arithmétique quadratique, notamment la recherche des points
entiers sur les courbes elliptiques. On a étudié les groupes fuchsiens agissant sur le
demi-plan de Poincaré H et considéré le cas des groupes libres à deux générateurs,
ainsi que les conséquences pour la structure du groupe GL(2, Z). Ceci a montré
l’importance algébrique de la théorie de Markoff classique et son lien avec la Kthéorie et le théorème de Dyer Formanek relatif au groupe des automorphismes
d’un groupe libre. Etudiant de façon générale les surfaces de Riemann et la théorie
de Teichmüller relative aux métriques sur une même surface, on a fourni de nombreuses perspectives dans le chapitre 7 de l’ouvrage [632] en cherchant à préciser
le contexte qui leur donne naissance. L’un des points qui paraı̂t le plus important
à l’auteur concerne les développements relatifs à la fonction η de Dedekind, à son
lien avec le laplacien d’objets à géométrie hyperbolique, et à ses généralisations en
physique nucléaire. On a aussi donné quelques pistes pour réfléchir à d’importantes
conjectures.
Le texte qui suit condense l’ouvrage que l’on vient de résumer, en identifiant
les résultats nouveaux obtenus. Dans chaque chapitre on précise dans le premier
paragraphe la problématique envisagée dans le texte qui suit, et on résume dans
le dernier paragraphe les perspectives de recherches futures à mener. Le lecteur
désireux d’aller à l’essentiel peut donc, au delà de la présente introduction passer
tous les détails techniques qui sont présentés dans chaque chapitre en ne lisant
que les introductions et les conclusions. Dans les paragraphes détaillés, on a été
à l’essentiel en n’insistant ni sur les définitions données ni sur les calculs menés.
On a renvoyé pour l’essentiel à l’ouvrage [632], sachant que les définitions qu’il
adopte sont les plus généralement admises. Tout ce qui est relatif aux définitions
classiques et aux résultats bien connus a été extrait dans la mesure du possible.
Le chapitre 5 est consacré à la généralisation de la théorie de Markoff aux surfaces de Riemann hyperboliques. On a voulu bien identifier des thèmes qui ont un
sens par rapport à une problématique de codage et de quantification de l’information portée par une telle surface, et plus généralement par rapport aux limitations
du calcul qui modélise la physique. Le chapitre comprend peu de résultats nouveaux hors l’équation différentielle intrinsèquement liée à la théorie de Markoff.
Il fournit le point de vue élaboré par l’auteur pour comprendre la signification de
grandes conjectures encore d’actualité. Il développe aussi une signification profonde
de la fonction éta de Dedekind expliquant sa décomposition en produit infini, et
les produits infinis qui en résultent pour d’autres fonctions classiques, telles que les
fonctions thêta ou les fonctions elliptiques. On a également voulu jeter quelques
bases pour faire le lien avec les solitons et les travaux d’actualité en géométrie non
commutative ([158] à [164]) et en théorie du chaos quantique.
Dans le texte on utilise le même système d’indexation des propositions que dans
l’ouvrage [632]. Elles sont repérées dans chaque chapitre avec deux nombres, mais
citées en faisant précéder ces derniers d’un nombre indiquant le chapitre où elles
se trouvent. On a aussi ajouté quelques éléments nouveaux découverts depuis la
publication de l’ouvrage [632], ainsi que quelques références complémentaires qui
paraissent importantes. La bibliographie est légèrement plus large que ce qui est
strictement utilisé dans le texte, pour facilter des travaux ultérieurs en cours.
CHAPITRE 1
Généralisation de la théorie de Markoff
1. Introduction
Historiquement, la théorie de Markoff a été construite vers 1880 grâce aux fractions continues [522]. Puis elle a été progressivement reconsidérée en mettant en
avant les formes quadratiques correspondantes [123]. Aujourd’hui, elle est usuellement présentée à l’envers en partant de la résolution de l’équation diophantienne
qui concluait les deux articles fondateurs [180] :
x2 + y 2 + z 2 = 3xyz, x, y, z ∈ N\{0}.
On a cherché au début du 20ème siècle, et de façon infructueuse, les équations
à étudier pour construire une généralisation de cette théorie [274]. Reprenant ce
problème, l’auteur a considéré que le retour aux fractions continues était la méthode
la plus réaliste pour atteindre un tel objectif. Il a ainsi pu construire un formalisme
généralisé et les équations diophantiennes qui en résultent [632] en partant des
suites d’entiers strictement positifs les plus générales
S = (a0 , a1 , ..., an ).
2. Présentation de la théorie
2.1. Notations. La matrice de la suite S et son déterminant sont donnés par
a0 1
a1 1
an 1
m
K1
MS = M(a0 ,a1 ,...,an) =
...
=
,
1 0
1 0
1 0
m − K2 K1 − l
εS = det(MS ) = (−1)n+1 .
La suite miroir de S est S ∗ = (an , an−1 , ..., a0 ), et on associe à S deux suites
étendues sur la gauche et sur la droite avec S⊲ = (⊳S ∗ )∗ et :
(1, a0 − 1, a1 , ..., an ) si a0 6= 1
⊳S =
.
(a1 + 1, ..., an )
si a0 = 1
Les matrices MS engendrent le groupe GL(2, Z) des matrices de déterminant ±1.
Elles agissent sur la droite projective réelle P 1 (R) = R ∪ {∞} ou la droite complexe
P 1 (C) = C ∪ {∞} par
αz + β
α β
,
(z) =
γ δ
γz + δ
avec des notations classiques pour les fractions continues :
1
.
MS (∞) = [S] = [a0 , a1 , ..., an ] = a0 +
1
a1 +
1
... +
an
13
14
1. GÉNÉRALISATION DE LA THÉORIE DE MARKOFF
Les nombres algébriques de degré 2, dits nombres de Markoff, dont le développement
en fraction continue est périodique et peut être écrit avec une période (S ∗ , a) sont
notés θa (S) = [0, S ∗ , a]. On peut en donner une expression algébrique. La théorie
de Markoff généralisée s’appuie sur une décomposition de forme :
S ∗ = (an , an−1 , ..., a0 ) = (X1 , b, X2 ),
où les suites X1 et X2 définissent des matrices de suites dans GL(2, Z) :
m1 m1 − k12
avec det(MX1 ) = ε1 ∈ {−1, +1},
MX1 =
k1
k1 − l1
MX2 =
m2
k21
m2 − k2
k21 − l2
avec det(MX2 ) = ε2 ∈ {−1, +1},
On obtient ainsi les expressions suivantes :
m = (b + 1)m1 m2 + m1 k21 − m2 k12 , εS = −ε1 ε2 .
On définit deux paramètres auxiliaires t1 , t2 , et deux nombres u et ∂K importants :
t1 = k1 + k12 − m1 , t2 = k2 + k21 − m2 ,
u = m2 t1 − m1 t2 , ∂K = ε2 (K1 − K2 ).
Ils permettent d’évaluer :
m1 k2 − m2 k1 = (b + 1)m1 m2 − m − u,
ε1 m2 = K1 m1 − k1 m, ε2 m1 = k2 m − K2 m2 .
La résolution des deux dernières équations de Bezout calcule K1 , K2 , k1 , k2 , à
partir du seul triplet (m, m1 , m2 ) et de (ε1 , ε2 ). On en déduit les autres paramètres.
Ceci permet de reconstruire la suite S ∗ et sa décomposition avec X1 et X2 . Cette
méthode a été utilisée pour construire les premiers exemples de théories de Markoff
généralisées [624]. Le point découvert a été que pour (ε1 , ε2 ) = (±1, ±1) donné,
et à la résolution d’équations de Bezout près, le triplet (m, m1 , m2 ) contient toute
l’information nécessaire pour reconstruire les suites X1 et X2 , ainsi que b et la suite
S ∗ , puis la décomposition matricielle associée pour MS ∗ . On a pu s’assurer qu’il
existe une suite T éventuellement vide, telle que l’on ait X1 = (⊳X2∗ , c, T ). Ceci
impose une propriété de miroir partielle à la suite S :
⊳S ∗ = (X2∗ , c, T, b, X2 ).
Comme les cas T = ∅ et X2 = ∅ sont envisageables, on a obtenu ainsi un résultat
essentiel pour la construction de la généralisation de la théorie de Markoff que l’on
recherche :
Proposition 2.1. Hors le cas des suites (1) et (b, 1), toute suite S admet une
décomposition
S ∗ = (⊳X2∗ , c, T, b, X2 ),
avec X2 et T suites d’entiers strictement positifs, éventuellement vides, ainsi que b
et c entiers strictement positifs.
2. PRÉSENTATION DE LA THÉORIE
15
2.2. Forme de Markoff. Dans le cas le plus général, on dispose d’une matrice
M(S ∗ ,a) correspondant à la période du nombre
θa (S) = [0, S ∗ , a] = [0, ⊳X2∗ , c, T, b, X2 , a].
Cette matrice définit une forme quadratique issue de la recherche des points fixes
de la transformation de Möbius définie par la matrice M(S ∗ ,a) [143] [722]. Cette
forme quadratique binaire entière indéfinie dite forme de Markoff s’écrit :
mFθ (x, y)
= mx2 + (((a + 1)m − K2 ) − K1 )xy − ((a + 1)K1 − l)y 2
= m(x − θa (S)y)(x − θa (S)y).
Un calcul direct donne [619][620] :
Proposition 2.2. On a :
Fθ (K1 , m) = Fθ (K2 − (a + 1)m, m) = ε1 ε2 = −εS ,
Fθ (K1 x + ((a + 1)K1 − l)y, mx + ((a + 1)m − K2 )y) = −εS Fθ (x, y).
2.3. Réduction. La théorie de la réduction des formes quadratiques binaires
remonte à C. F. Gauss [282]. Elle concerne les formes quadratiques indéfinies que
l’on écrit avec des coefficients réels λ ∈ R\{0} et β, γ ∈ R
λf (x, y) = λ(x2 + βxy + γy 2 ).
Chacune a un discriminant strictement positif ∆(λf ) = λ2 (β 2 − 4γ) = λ2 ∆(f ). Elle
possède un minimum arithmétique
m(λf ) =
inf
(x,y)∈Z2 −{(0,0)}
|λf (x, y)| = |λ| m(f ).
Ceci donne sa constante de Markoff, ne dépendant pas du coefficient λ
p
p
C(λf ) = m(λf )/ ∆(λf ) = m(f )/ ∆(f ) = C(f ).
Le spectre de Markoff est défini comme étant l’ensemble de toutes les constantes
de Markoff de formes quadratiques réelles indéfinies. Il possède un sous ensemble
particulier M ark de constantes des formes quadratiques indéfinies à coefficients
entiers. C’est le spectre quadratique. Le lien entre les deux spectres a fait l’objet
de différents travaux [180][790].
L’équivalence de deux formes λf et λ′ f ′ est définie avec des entiers v11 , v12 ,
v21 , v22 vérifiant :
λ′ f ′ (v11 x + v12 y, v21 x + v22 y) = λf (x, y), v11 v22 − v12 v21 = ±1.
Elle donne avec des notations comparables à celles de A. A. Markoff [522] le classique lemme de réduction :
Proposition 2.3. Pour toute forme quadratique réelle indéfinie λf (x, y) il
existe une forme réduite équivalente λ0 f0 (x, y), vérifiant les conditions suivantes :
λ0 f0 (x, y) = λ0 (x2 + β0 xy + γ0 y 2 ) = λ0 (x − ξ0 y)(x − ξ0′ y),
p
−β0 + β02 − 4γ0
= [α0 , α1 , ..., αj , ...] > 1,
ξ0 =
2
p
−β0 − β02 − 4γ0
= −[0, α−1 , α−2 , ..., α−j , ...] < 0.
−1 < ξ0′ = −(1/η0 ) =
2
16
1. GÉNÉRALISATION DE LA THÉORIE DE MARKOFF
La suite des nombres entiers strictement positifs (αn )n∈Z est associée de façon
unique (à la symétrie près αj → α−j et aux décalages près αj → αj+t où t ∈ Z) à
λf (x, y). Si l’on considère les différentes valeurs
ξj = [αj , αj+1 , ..., α2j , ...] > 1,
−1 < ξj′ = −(1/ηj ) = −[0, αj−1 , αj−2 , ..., α0 , ...] < 0,
q
2
= ξj − ξj′ = βj2 − 4γj ,
Lj
définissant pour tout j ∈ Z une forme réduite équivalente à λf (x, y) :
λj fj (x, y) = λj (x2 + βj xy + γj y 2 ) = λj (x − ξj y)(x − ξj′ y).
Le nombre λj = λj fj (1, 0) est représenté par la forme λf (x, y). Et on a :
C(λf ) = C(f0 ) = C(fj ) = inf (
j∈Z
Lj
).
2
Depuis [522], il est clair que travailler sur les formes de Markoff est équivalent
à utiliser la théorie classique de la réduction des formes quadratiques :
Proposition 2.4. Toute forme quadratique indéfinie f (x, y) à coefficients entiers définit un nombre fini de formes de Markoff Fθ (x, y) équivalentes à f (x, y), de
nombres de Markoff θa (S) correspondant compris entre 0 et 1, et de suites associées
(S ∗ , a). De plus on a équivalence des propriétés suivantes :
1/ Fθ (x, y) forme de Markoff
2/ Fθ (−x, y) forme réduite
2.4. Calcul des constantes et approximation diophantienne. L’étude
du spectre quadratique M ark dans le spectre de Markoff est faisable de façon
exhaustive en étudiant [619] les constantes des formes Fθ (x, y) :
((a + 1)m + K1 − K2 )2 − 4ε1 ε2
∆a (S)
∆(Fθ ) =
=
,
2
m
m2
0 < m(Fθ ) = inf{| Fθ (x, y) |; (x, y) ∈ Z2 − {(0, 0)}} =
m−s
≤ Fθ (1, 0) = 1.
m
La théorie du polygone de Klein [430] permet d’écrire
m
m−s
m
0 < C(Fθ ) = m(Fθ ) p
=p
≤p
.
∆a (S)
∆a (S)
∆a (S)
Elle fournit un lien avec l’approximation diophantienne :
Proposition 2.5. Soit θa (S) un nombre de Markoff réel algébrique de degré 2
associé à la forme Fθ (x, y), l’ensemble des points d’accumulation de l’ensemble
{| q(qθa (S) − p) |; p, q ∈ Z},
est fini et s’écrit sous la forme
| mj |
; mj ∈ Z∗ },
{p
∆a (S)
où mj est un entier représenté par la forme mFθ (x, y) sur une réduite (pj /qj ) de
θa (S) = [0, S ∗ , a] :
mFθ (pj , qj ) = mj .
2. PRÉSENTATION DE LA THÉORIE
17
C’est aussi l’ensemble des points d’accumulation de l’ensemble
{| q(qθa (S) − p) |; p, q ∈ Z}.
Sa plus petite valeur n’est autre que la constante de Markoff C(Fθ ) = C(θa (S)). Sa
plus grande valeur peut être très différente de C(θa (S)). Et si l’on note
θa (S) = [0, S ∗ , a] = [b0 , b1 , b2 , ...],
on peut aussi écrire avec les réduites de ce nombre
qj (qj θa (S) − pj ) =
C(Fθ ) = C(θa (S)) =
(−1)j
,
(bj+1 + [0, bj+2 , bj+3 , ...] + [0, bj , bj−1 , ..., b1 ])
1
.
lim supj→∞ (bj+1 + [0, bj+2 , bj+3 , ...] + [0, bj , bj−1 , ..., b1 ])
2.5. Extrema positif et négatif. On est conduit à se demander si le minimum arithmétique de Fθ est atteint positivement ou négativement. On note νθ
la plus grande valeur strictement négative représentée par Fθ et µθ la plus petite
valeur strictement positive représentée par Fθ . On pose :
m − sµ
m − sν
1 ≥ µθ =
> 0, νθ = −
< 0.
m
m
La situation où −νθ = µθ , comme dans la théorie de Markoff classique, est exceptionnelle. C’est pourquoi on ne doit plus l’utiliser comme un argument déterminant
dans l’étude des constantes de Markoff, ainsi que cela est fait depuis les travaux de
Remak [673], notamment dans [123]. Considérant la période du nombre de Markoff
associé à (S ∗ , a) = (⊳X2∗ , c, T, b, X2, a), on a été conduit à se demander si les nombres b et c ne déterminent pas la façon dont la forme Fθ atteint ses valeurs µθ ou
νθ . En fait ceci dépend de ε1 et ε2 car on a :
mFθ (k2 , m2 )
1
= ε2 p
> 0.
1
1
∆a (S)
c+
+
[T, b, X2 , a, ⊳X2∗ , c, ...] [X2 ⊲, a, X2∗ , b, T ∗ , c, ...]
1
mFθ (k1 , m1 )
= −ε1 p
> 0.
1
1
∆a (S)
b+
+
[X2 , a, ⊳X2∗, c, T, b, ...] [T ∗ , c, X2 ⊲, a, X2∗, b, ...]
Si l’on écrit le dernier nombre sous la forme
m − sb
p
,
∆a (S)
on obtient le résultat essentiel suivant :
Proposition 2.6. Avec les expressions précédentes qui définissent sb , on a :
sb = (b − a)m1 m2 − u.
Cette formule remarquée dans l’article [628] a une démonstration directe :
mFθ (k1 , m1 )
= mk12 + ((a + 1)m − K2 − K1 )k1 m1 − ((a + 1)K1 − l)m21
= k1 (mk1 − m1 K1 ) + (a + 1)m1 (mk1 − m1 K1 ) + m1 (m1 l − K2 k1 )
= −ε1 (k1 + (a + 1)m1 )m2 + ε1 m1 k2
= ε1 ((b + 1)m1 m2 − m − u) − ε1 (a + 1)m1 m2
= −ε1 (m − ((b − a)m1 m2 − u)).
18
1. GÉNÉRALISATION DE LA THÉORIE DE MARKOFF
Elle donne un complément à la proposition 1.2.2 :
Proposition 2.7. La forme de Markoff vérifie avec les paramètres introduits
ε1 Fθ (k1 , m1 ) = ε2 Fθ (k2 − (a + 1)m2 , m2 ) = −((m + (a − b)m1 m2 + u)/m) < 0.
On obtient maintenant en comparant les cas ε1 = 1 et ε1 = −1 :
Proposition 2.8. Pour toute forme de Markoff Fθ , on a le majorant suivant
pour son minimum arithmétique :
m + u + (a − b)m1 m2
,
m(Fθ ) ≤
m
avec les inégalités suivantes :
(b − a)m1 m2 < m + u < (a + b + 2)m1 m2 − (a + 1)∂Km22 ,
∂Km2 < m1 .
Vouloir étudier séparement les deux extrema positif ou négatif pourrait conduire
à considérer chacune des deux parties du polygone de Klein pour elle-même. En fait
les fractions continues adaptées pour ce faire sont les fractions continues régulières
réduites, dites de Jung-Hirzebruch, qui s’écrivent :
1
[[a0 , a1 , ..., an ]] = a0 −
.
1
a1 −
1
... −
an
Ces nouvelles réduites correspondent [261] à des sommets du polygone de Klein
supérieur si et seulement si on a an 6= 2. Elles sont reliées aux fractions continues
ordinaires utilisées ci-dessus ([353] (p. 215) [576] [216]) par la formule générale
suivante :
[a0 , a1 , z] = [[a0 + 1, 2a1 −1 , z + 1]].
2.6. L’équation de Markoff généralisée. Dans le cas le plus général, on
peut mettre en évidence de plusieurs façons l’existence d’une équation diophantienne généralisant celle de Markoff. Comme dans [123] on peut utiliser une nouvelle
forme quadratique reliée à Fθ (x, y) :
φθ (z, y) = z 2 + ((a + 1)m + K1 − K2 )zy − εS y 2 = m2 Fθ (x, y), z = mx − K1 y.
Elle possède la propriété de multiplicativité suivante :
Proposition 2.9. On a
φθ (z1 , y1 )φθ (z2 , y2 ) = φθ (z1 z2 + εS y1 y2 , y1 z2 + z1 y2 + ((a + 1)m + K1 − K2 )y1 y2 ).
Elle est invariante par différentes transformations [123] :
Proposition 2.10. On a :
φθ (z, y) = φθ (−z, −y)
= −εS φθ (y, −εS z)
= φθ (z + ((a + 1)m + K1 − K2 )y, −y)
= φθ (−z, y − ((a + 1)m + K1 − K2 )εS z)
= −εS φθ (y − εS ((a + 1)m + K1 − K2 )z, εS z)
= −εS φθ (−y, −εS z − ((a + 1)m + K1 − K2 )εS y).
2. PRÉSENTATION DE LA THÉORIE
19
Cette dernière proposition donne φθ (−ε1 m2 , m1 ) = m2 Fθ (k1 , m1 ) et l’expression vue pour sb fait apparaitre l’équation M s1 s2 (b, ∂K, u) recherchée, dont les
termes ne dépendent que de la suite S ∗ :
Proposition 2.11. Soit S ∗ = (a0 , a1 , ..., an ) = (X1 , b, X2 ) une suite d’entiers positifs donnant les paramètres m, m1 , m2 , ∂K, u, ε1 , ε2 , le triplet d’entiers
(m, m1 , m2 ) ∈ (N\{0})3 est solution de l’équation diophantienne M s1 s2 (b, ∂K, u)
m2 + ε2 m21 + ε1 m22 = (b + 1)mm1 m2 + ε2 ∂Km1 m2 − um.
En notant uθ = u+(a−b)m1 m2 = −sb pour tout a ∈ N\{0}, le triplet d’entiers
(m, m1 , m2 ) vérifie aussi l’équation M s1 s2 (a, ∂K, uθ )
m2 + ε2 m21 + ε1 m22 = (a + 1)mm1 m2 + ε2 ∂Km1 m2 − uθ m.
2.7. Autres démontrations. Trois autres démonstrations de cette proposition ont été découvertes. Elles sont détaillées dans l’ouvrage [632].
• Une première généralise le calcul original de Markoff [522].
• Une seconde met en oeuvre les sommes de Dedekind [630], dont le lien avec
l’équation de Markoff a été reconnu depuis longtemps [354](pp. 158-165) au travers
de leur classique formule de réciprocité [664]. La somme de Dedekind est définie
pour (δ, γ) ∈ Z × Z − {0} comme suit :
|γ|
X
k
kδ
.
s(δ, γ) = s(δ, |γ|) =
|γ|
|γ|
k=1
La première mention des sommes s(δ, γ) se trouve dans l’étude de la fonction η faite
par R. Dedekind dans son commentaire du fragment XXVIII de B. Riemann [676]
(p. 397). Cette fonction est issue des calculs d’Eisenstein pour donner des produits
infinis exprimant les fonctions elliptiques [839], et analogues à ceux découverts
par Euler pour les fonctions trigonométriques [250] (Tome1 ch. IX). La somme de
Dedekind est présente dans l’exposant donnant ε, la racine 24ième de l’unité de la
formule de transformation de η par un élément de P SL(2, Z) :
η(
ατ + β
1
) = ε(γτ + δ) 2 η(τ ).
γτ + δ
• Une troisième démonstration interprète l’équation M s1 s2 (b, ∂K, u) comme
une formule de trace utilisant les matrices
bm2 + k21 m2
∗
, εA = det(Ab )
Ab = M(⊳X2 ,b) =
bk2 + l2
k2
(c + 1)m1 − k1
m1
, εB = det(Bc )
Bc = M(X1∗ ⊲,c) =
(c + 1)(m1 − k12 ) − (k1 − l1 ) m1 − k12
(c + 1)m − K1 m
.
Ab Bc = M(⊳X2∗ ,b) M(X1∗ ⊲,c) = M(⊳S⊲,c) =
(c + 1)K2 − l K2
Ces matrices sont dans GL(2, Z) et non seulement dans SL(2, Z). Notre équation
−1
se déduit d’une formule de Fricke qui donne pour tr(Ab Bc A−1
b Bc ) la valeur :
εA tr(Ab )2 + εB tr(Bc )2 + εA εB tr(Ab Bc )2 − εA εB tr(Ab )tr(Bc )tr(Ab Bc ) − 2.
−1
Il suffit de calculer par une autre méthode la trace du commutateur Ab Bc A−1
b Bc
dans le cas où b = c pour retrouver notre équation diophantienne comme simple
formule de trace [632].
20
1. GÉNÉRALISATION DE LA THÉORIE DE MARKOFF
2.8. Complément. Dans le cas général il n’y a pas d’hypothèse à faire sur
le nombre δ = pgcd(m1 , m2 ). Il s’agit d’un nombre qui peut être différent de 1 et
divise u. Il vérifie :
Proposition 2.12. On a les égalités
δ = pgcd(m1 , m2 ) = pgcd(m2 , m) = pgcd(m, m1 ) = pgcd(m, m1 , m2 ).
La situation générale se distingue donc clairement de la théorie de Markoff
classique où l’on a toujours δ = 1. Comme cette dernière condition est utilisée de
façon assez centrale dans l’exposé [123], notamment au travers de ses lemmes 5 et
6, on comprend a posteriori pourquoi il a fallu changer de paradigme pour dégager
notre généralisation de la théorie de Markoff.
3. Perspectives
Les calculs qui précèdent s’appliquent à toutes les formes quadratiques binaires
indéfinies. Ceci explique pourquoi les équations diophantiennes mises en évidence
sont très générales. On a indiqué qu’elles sont aussi données par une formule de
trace, ainsi que par une propriété de la fonction η de Dedekind. Il s’agit là de
résultats tout à fait nouveaux qui ouvrent un domaine de réflexion très important.
On peut chercher à généraliser ce qui précède à des formes homogènes de plus grand
degré ou possédant plus de variables. Il est possible qu’il faille privilégier dans ce
contexte un algorithme [301] [567] [453] [216] généralisant les fractions continues
régulières réduites [[a0 , a1 , ..., an ]] de Jung-Hirzebruch, dont on peut systématiser
l’utilisation dans ce qui précède.
La fonction η de Dedekind vient des calculs d’Eisenstein pour la décomposition
des fonctions elliptiques en produits infinis [839]. Une question qui se pose est de
savoir s’il existe une fonction généralisant η pour d’autres fonctions trigonométriques.
Un projet est de déduire de là des sommes plus générales que celles de Dedekind,
et de comprendre ce que pourrait être une formule de réciprocité correspondante,
ainsi qu’une équation diophantienne associée. Ce projet est accessible à partir de la
théorie des groupes de Lie [41]. Chercher à partir de là des formules de trace plus
générales semble être un sujet d’une grande importance.
En liaison avec des travaux de C. Procesi [658] une autre piste concerne l’étude
d’une formule plus générale que celle de Fricke pour la trace du commutateur de
deux matrices 2 × 2.
Egalement, en liaison avec ce qui a été vu pour les extrema positif et négatif, il
est intéressant d’examiner les conséquences pour les approximations asymétriques
des nombres irrationnels et le résultat classique de B. Segre [11].
CHAPITRE 2
Résolution complète de nos équations
1. Introduction
Ayant identifié une bonne généralisation de l’équation de Markoff classique, on
a étudié ensuite la résolution directe de l’équation diophantienne M s1 s2 (a, ∂K, uθ ),
où s1 et s2 signes respectifs de ε1 et ε2 ∈ {−1, +1}, a ∈ N\{0}, ∂K ∈ Z, uθ ∈ Z :
x2 + ε2 y 2 + ε1 z 2 = (a + 1)xyz + (ε2 ∂K)yz − uθ x,
x, y, z ∈ N\{0}.
Il s’agissait de comprendre comment s’organisent les triplets de solutions que l’on
note (m, m1 , m2 ). Une méthode de résolution a été mise au point sur des cas particuliers M ++ (2, 0, 0), M ++ (2, 0, −2), M ++ (3, 0, 1). Elle est essentiellement décrite
dans [625]. Désormais cette méthode est complète et permet la résolution de toutes
les équations M s1 s2 (a, ∂K, uθ ).
2. Méthode de résolution et conséquences
2.1. Invariance par le groupe du triangle. La méthode de résolution classique de l’équation de Markoff présentée dans [123], en évitant les redondances
entre des triplets de solutions pouvant se déduire les uns des autres, casse en
réalité la structure de l’ensemble des solutions. Pour l’étendre à une équation
M s1 s2 (a, ∂K, uθ ) mieux vaut considérer toutes les solutions, sans restriction. Pour
simplifier le problème il est aussi utile de considérer les solutions dans Z3 . Pour tout
ensemble de solutions dans Z3 , on dit que son intersection avec l’ensemble (N\{0})3
est son empreinte dans (N\{0})3 .
Il existe différentes possibilités pour déduire une solution dans Z3 d’une autre.
L’équation M s1 s2 (a, ∂K, uθ ) est invariante par les involutions suivantes :
N : (x, y, z) −→ (x, −y, −z).
X : (m, m1 , m2 ) 7−→ ((a + 1)m1 m2 − m − uθ , m1 , m2 ) = (m′ , m1 , m2 ),
Y : (m, m1 , m2 ) 7−→ (m, ε2 ((a + 1)mm2 + ε2 ∂Km2 ) − m1 , m2 ) = (m, m′1 , m2 ),
Z : (m, m1 , m2 ) 7−→ (m, m1 , ε1 ((a + 1)mm1 + ε2 ∂Km1 ) − m2 ) = (m, m1 , m′2 ),
On a les conditions
N 2 = X 2 = Y 2 = Z 2 = Id.
XN = N X, Y N = N Y, ZN = N Z.
Pour ε1 = ε2 , il existe une autre involution qui laisse invariante l’équation :
Elle vérifie :
P : (x, y, z) −→ (x, z, y).
P 2 = Id, XP = P X, ZP = P Y, Y P = P Z, N P = P N.
21
22
2. RÉSOLUTION COMPLÈTE DE NOS ÉQUATIONS
Modifiant X, remarquons que si on utilise m• = (a + 1)m1 m2 − m au lieu de
m′ , l’équation M s1 s2 (a, ∂K, uθ ) se transforme en une équation de même forme qui
s’écrit M s1 s2 (a, ∂K − ε2 uθ (a + 1), −uθ ). Cette observation permet éventuellement
de concentrer l’attention sur les équations telles que uθ = 0 ou s = −uθ > 0.
Avec les involutions X, Y et Z, s’introduit T3 , le groupe du triangle aussi noté
T∗ (∞, ∞, ∞). C’est le produit libre de trois groupes cycliques à deux éléments C2 :
T3 = C2 ∗ C2 ∗ C2 .
Par le théorème de la forme normale pour un tel produit libre [139] (p. 26), tout
élément de T3 peut être écrit comme un mot ch = ch(X, Y, Z), produit d’involutions
formelles X, Y , Z, dont deux lettres consécutives sont toujours différentes. Notre
équation est invariante par l’action du groupe C2 × T3 construite avec N , X, Y ,
Z. Et comme sa partie la moins évidente vient de l’action induite de T3 , c’est sur
cette dernière que l’on met l’accent.
2.2. Différentes structures d’arbres sur le groupe du triangle. Dans le
cas particulier d’une action transitive et libre du groupe T3 sur un ensemble Ω, on
dit avec John H. Conway [165] que le T3 -espace Ω est un topographe. Le groupe
T3 lui même peut être structuré en topographe. Il possède donc une structure de
graphe en forme d’arbre, c’est-à-dire avec les définitions de [728] de graphe sans
aucun circuit de forme Cirn , où n ≥ 1. Ses sommets sont les éléments de T3 , la
racine de l’arbre étant l’unité du groupe, et ses arêtes sont étiquetées avec X, Y ,
Z. Les chemins (ou géodésiques) de l’arbre sont aussi décrits à partir de la racine
par des mots ch ∈ T3 , de sorte que les éléments de T3 se représentent de deux
façons, soit par les sommets du topographe soit par ses chemins ayant pour origine
sa racine. De chaque sommet sont issues trois arêtes qui correspondent à chaque
lettre X, Y , ou Z.
Avec [624] on a pu définir sur T3 une nouvelle structure d’arbre sur l’ensemble
des mots réduits de T3 qui commencent par XY (suivi donc d’un mot commençant
par X ou Z, éventuellement vide). On dit qu’il s’agit des mots de Cohn. Ils sont
classables par longueur croissante avec les transformations G et D suivantes de T3
dans T3 :
• A gauche, on écrit le mot de départ sous la forme XW , et on fabrique W ′
à partir de W en permutant Y et Z. On définit ensuite le transformé à gauche
de XW comme étant le mot XY W ′ . Il est clair que pour XW de longueur n et
commençant par XY , son transformé est de longueur n + 1 et commence par XY Z.
La transformation G : XW → XY W ′ est injective.
• A droite, on écrit le mot de départ sous la forme V W , où V ne contient
que des lettres X et Y (au moins 2), et W commence par Z ou est éventuellement
vide. On fabrique alors V ′ en permutant X et Y dans V . On définit ensuite XV ′ W
comme étant le transformé à droite de V W . Il est évident que le terme XV ′ W
commence par XY X et est de longueur n + 1 lorsque V W commence par XY et
est de longueur n. La transformation D : V W → XV ′ W est injective.
On a obtenu ainsi une propriété qui a pu être utilisée pour montrer que dans
la plupart des cas l’équation M s1 s2 (a, ∂K, uθ ) possède une infinité de solutions :
Proposition 2.1. Dans le groupe T3 engendré par X, Y et Z, pour toute
longueur n ≥ 2 il existe 2n−2 mots de Cohn de longueur n. Ils sont naturellement
organisés en arbre par les transformations G et D définies de T3 dans T3 .
2. MÉTHODE DE RÉSOLUTION ET CONSÉQUENCES
23
Egalement, on peut considérer dans T3 l’ensemble des mots réduits qui commencent par X (suivi donc d’un mot commençant par Y ou Z, éventuellement vide).
On dit qu’il s’agit des mots de Cassels. En changeant Y en Z dans la proposition
précédente, on a facilement :
Proposition 2.2. Dans le groupe T3 engendré par X, Y et Z, pour toute
longueur n ≥ 1 il existe 2n−1 mots de Cassels de longueur n. Ils sont naturellement
organisés en arbre.
2.3. Le groupe du triangle dans GL(2, Z). Dans [629], et en tirant les
conséquences de la théorie de Markoff classique, on a montré comment le groupe T3
est étroitement lié au groupe GL(2, Z). On considère pour cela, avec le morphisme
d’abélianisation π ′ du groupe Aut(F2 ) à valeurs dans GL(2, Z), deux matrices engendrant dans GL(2, Z) un groupe diédral D6 à 12 éléments :
1 1
0 −1
′
′
π (t) =
, π (o) =
.
−1 0
−1 0
On complète en considérant trois matrices d’ordre 2 :
1
0
−1 −2
1 0
π ′ (X0 ) =
, π ′ (Y0 ) =
, π ′ (Z0 ) =
.
−2 −1
0
1
0 −1
Elles permettent de faire agir le groupe T3 dans GL(2, Z) en définissant le produit
suivant où ch ∈ T3 et π0′ (T3 ) de façon évidente
ch(π ′ (X0 ), π ′ (Y0 ), π ′ (Z0 )) = π0′ (ch(X, Y, Z)) ∈ π0′ (T3 ).
On en a déduit la décomposition ternaire représentant le groupe T3 dans GL(2, Z) :
Proposition 2.3. Tout élément V ∈ GL(2, Z) se décompose d’une et d’une
seule façon sous la forme
π ′ (o)h π ′ (t)k ch(π ′ (X0 ), π ′ (Y0 ), π ′ (Z0 )),
où h = 0, 1; k = 0, 1, ..., 5; ch ∈ T3 .
Les éléments de π0′ (T3 ), sont caractérisés par les conditions h = 0 et k = 0. Le
groupe π0′ (T3 ) n’est pas normal dans le groupe GL(2, Z). Il est isomorphe par π0′ au
groupe T3 . Les éléments du groupe D6 non normal dans GL(2, Z) sont caractérisés
par la condition
ch(π ′ (X0 ), π ′ (Y0 ), π ′ (Z0 )) = 12 .
Le groupe D6 introduit deux relations d’équivalence entre éléments de GL(2, Z)
V1 ℜD6 V2 ⇔ V1 V2−1 ∈ D6 ⇔ V2 ∈ D6 V1 ,
V1 D6 ℜ V2 ⇔ V1−1 V2 ∈ D6 ⇔ V2 ∈ V1 D6 .
Le quotient à droite GL(2, Z)/ℜD6 = (GL(2, Z)/D6 )d des classes D6 V1 et le quotient à gauche GL(2, Z)/D6 ℜ = (GL(2, Z)/D6 )g des classes V1 D6 où V1 ∈ GL(2, Z)
sont équipotents. Ces deux ensembles sont différents car D6 n’est pas normal dans
le groupe GL(2, Z). L’écriture de V ∈ GL(2, Z) dans le dernier résultat énoncé
donne
V ch(π ′ (X0 ), π ′ (Y0 ), π ′ (Z0 )) −1 = π ′ (o)h π ′ (t)k ∈ D6 .
Elle détermine un unique élément ch(π ′ (X0 ), π ′ (Y0 ), π ′ (Z0 )) ∈ π0′ (T3 ) tel que
V ℜD6 ch(π ′ (X0 ), π ′ (Y0 ), π ′ (Z0 )).
24
2. RÉSOLUTION COMPLÈTE DE NOS ÉQUATIONS
D’où une autre interprétation du topographe qui est identifiable à l’arbre complet
de la théorie de Markoff ou encore au groupe du triangle T3 :
Proposition 2.4. Le groupe T3 est équipotent au quotient (à droite ou à
gauche) du groupe GL(2, Z) par son sous-groupe non normal D6 . C’est en particulier un GL(2, Z)-espace homogène.
On a pu en déduire une proposition préalable à des résultats connus de la
K-théorie ([685] (p. 193), [679] (p. 218 et p. 75), [763] (p. 261), [772]).
Proposition 2.5. On a pour GL(2, Z) les groupes d’homologie suivants
H1 (GL(2, Z), Z) = GL(2, Z)/[GL(2, Z), GL(2, Z)] ≃ D6 /[D6 , D6 ] ≃ C2 × C2 ,
H2 (GL(2, Z), Z) ≃ C2 .
En utilisant le groupe libre à deux éléments F2 ≃ [SL(2, Z), SL(2, Z)], dont on
a montré dans [629] qu’il est relié à l’équation de Markoff classique, on a obtenu :
Proposition 2.6. Tout élément V ∈ GL(2, Z) se décompose d’une et d’une
seule façon sous la forme
±W (A0 , B0 )Oh Wk (S, T ),
h ∈ {0, 1},
W (A0 , B0 ) ∈ F2 = [SL(2, Z), SL(2, Z)],
Wk (S, T ) ∈ {12 , S, ST, ST S, ST ST, ST ST S} avec k = 0, 1, ..., 5.
Les éléments du sous-groupe SL(2, Z) normal dans GL(2, Z) sont caractérisés par
la condition h = 0.
Les matrices citées dans cette proposition sont les trois générateurs de GL(2, Z) :
0 −1
1 1
−1 0
S=
, T =
, O=
,
1 0
0 1
0 1
ainsi que des mots W (A0 , B0 ) écrits multiplicativement en fonction des deux commutateurs qui engendrent F2 d’après [511] (p. 97-98) :
1 1
1 −1
A0 = [(T S)−1 , S −1 ] =
, B0 = [(T S)−2 , S −1 ]−1 =
.
1 2
−1 2
On a explicité tous les passages entre les deux représentations ternaires des matrices
du groupe GL(2, Z), groupe dont on a pu également retrouver une présentation à
deux générateurs T et I = OS qui est minimale [69] :
GL(2, Z) =< I, T −1 | I 2 = ([T −1 , I]T −1 )4 = ([T −1 , I]T −1 I)2 = 12 > .
Le sous-groupe π0′ (T3 ) est engendré par trois matrices calculables en I et T −1 :
′
π ′ (X0 ) = T −1 IOT −1 IOIT −1 B0−1 , π ′ (Y0 ) = IOIOA−1
0 T S, π (Z0 ) = IS.
De plus [69] le groupe du triangle T3 est isomorphe à P GL(2, Z) avec :
P GL(2, Z) =< I, T
−1
2
| I = ([T
−1
, I]T
−1 2
) = ([T
−1
, I]T
−1
I)2 = 1 > .
On peut vérifier que F2 ≃ [P SL(2, Z), P SL(2, Z)] est d’indice 2 dans ce groupe, et
que l’on a aussi :
[P GL(2, Z), P GL(2, Z)] =< [I, T
−1
], [I, T ] | [I, T
−1 3
] = [I, T ]3 = 1 >≃ C3 ⋆ C3 .
2. MÉTHODE DE RÉSOLUTION ET CONSÉQUENCES
25
2.4. Forêt et bouquets de solutions. Résoudre l’équation M s1 s2 (a, ∂K, uθ )
dans Z3 consiste à déterminer la structure du T3 -espace de ses triplets de solutions.
C’est une union de T3 -espaces connexes (des T3 -orbites). On dit alors que chaque
T3 -espace connexe de solutions dans Z3 est un bouquet. On le note Bq ⊂ Z3 .
L’union des bouquets possibles Bq1 , Bq2 , ...., Bqn , ..., est la forêt des solutions
dans Z3 de l’équation M s1 s2 (a, ∂K, uθ ). Bouquets et forêt étant des T3 -espaces,
ils peuvent être structurés comme un graphe dont les sommets sont les triplets de
solutions et dont les arêtes sont non orientées. De chaque sommet partent trois
arêtes. Chaque arête est étiquetée par l’involution X, Y ou Z permettant de passer
d’une extremité de l’arête à l’autre. Les définitions de [728] s’appliquent encore,
permettant de considérer aussi des arbres de solutions, ce sont des graphes sans
aucun circuit de forme Cirn , où n ≥ 1. L’étude d’exemples montre que tous les
bouquets de solutions que l’on rencontre ne sont pas des arbres.
2.5. Hauteur et réduction des triplets de solutions. Pour tout triplet
(m, m1 , m2 ) ∈ Z3 de solutions de l’équation M s1 s2 (a, ∂K, uθ ), on définit sa hauteur
h = max(| m |, | m1 |, | m2 |) ≥ 0.
On peut considérer trois autres valeurs construites avec les involutions X, Y , Z :
hX = max(| m′ |, | m1 |, | m2 |),
hY = max(| m |, | m′1 |, | m2 |),
hZ = max(| m |, | m1 |, | m′2 |).
On dit qu’un triplet (m, m1 , m2 ) n’est pas fondamental si et seulement si l’un des
nombres hX , hY , hZ est strictement plus petit que h. Dans le cas contraire, un
triplet (m, m1 , m2 ) qui ne vérifie pas cette dernière condition est appelé fondamental. Les inégalités qui caractérisent cette situation permettent d’identifier les triplets
fondamentaux, chacun d’entre eux définissant un bouquet de solutions par l’action
du groupe T3 .
Considérons un triplet quelconque d’un bouquet de solutions de l’équation
M s1 s2 (a, ∂K, uθ ). Si hX < h on applique X et on change de triplet, si hY < h
on applique Y et on change de triplet, si hZ < h on applique Z et on change de
triplet. Ceci donne un algorithme dont l’avancement dans le bouquet que l’on considère est contrôlé par la réduction de la hauteur qui décroit en restant positive.
Losque la hauteur est minimale, on identifie un triplet fondamental dans le bouquet considéré pour l’équation M s1 s2 (a, ∂K, uθ ). On dispose ainsi d’une méthode
analogue à la descente infinie de Fermat pour calculer toutes les solutions dans Z3
de cette équation, et les classer en bouquets.
Si l’on travaille dans (N\{0})3 la hauteur est définie sans valeur absolue. Il
se peut que pour un triplet donné l’algorithme précédent ne permette plus par
application de X, Y ou Z, de trouver un nouveau triplet dans l’ensemble (N\{0})3.
Un tel triplet sur lequel l’algorithme s’arrête est dit minimal.
2.6. Solutions fondamentales dans (N\{0})3 . On a un résultat de finitude
général [632] pour les solutions fondamentales d’une équation M s1 s2 (a, ∂K, uθ ) :
Proposition 2.7. Considérons les solutions dans (N\{0})3 d’une équation diophantienne M s1 s2 (a, ∂K, uθ ). Elles ne sont fondamentales que dans un nombre fini
de cas, hors le cas des équations M −− (a, −2 − uθ (a + 1), u) où uθ < 0 :
x2 − y 2 − z 2 = (a + 1)xyz + (uθ (a + 1) − 2)yz − uθ x.
26
2. RÉSOLUTION COMPLÈTE DE NOS ÉQUATIONS
Ces dernières ont une infinité de solutions fondamentales valant (−uθ , m1 , m1 ),
avec m1 ∈ N\{0} quelconque, et les bouquets correspondants, en nombre infini, sont
finis et s’écrivent
{(−uθ , m1 , m1 ), ((a + 1)m21 , m1 , m1 )}.
En dehors de ces cas particuliers, on ne trouve ainsi qu’un nombre fini de bouquets
pour l’action du groupe T3 ayant une empreinte non vide dans (N\{0})3 .
Ce résultat a donné une proposition garantissant qu’on ne trouve dans l’essentiel
des cas qu’un nombre fini de solutions fondamentales.
Proposition 2.8. Considérons les solutions dans (N\{0})3 d’une équation diophantienne M s1 s2 (a, ∂K, uθ ). Si elle possède une empreinte de bouquet contenant
une infinité de solutions distinctes, alors elle n’a qu’un nombre fini de bouquets pour
l’action du groupe T3 ayant une empreinte non vide dans (N\{0})3 .
2.7. Solutions minimales dans (N\{0})3 . Certaines empreintes de bouquet
ne sont identifiables que grâce à des solutions minimales. Pour ces dernières, on a
la caractérisation suivante [632] :
Proposition 2.9. Soit une solution (m, m1 , m2 ) ∈ (N\{0})3 d’une équation
diophantienne M s1 s2 (a, ∂K, uθ ) vérifiant à une inversion près des indices la condition m1 ≥ m2 ≥ 1. Elle est minimale si et seulement si on a l’une des conditions
suivantes :
ε2 m21 + ε1 m22 − ε2 ∂Km1 m2 ≤ 0, ε2 m2 + ε1 ε2 m22 + ε2 uθ m ≤ 0.
Il se peut qu’une équation M s1 s2 (a, ∂K, uθ ) ait un nombre fini de solutions minimales, et aucune solution fondamentale. C’est le cas de l’équation M ++ (2, 0, −2).
Pour ε1 = ε2 = 1, les deux conditions ∂K ≤ 2 et uθ ≤ 0 ne donnent qu’un nombre
fini de solutions minimales et de solutions fondamentales. Dans ce cas, on a établi
l’existence d’un nombre fini d’empreintes de bouquets de solutions dans (N\{0})3
pour l’équation M ++ (a, ∂K, uθ ). Pour les autres cas, la situation est assez diverse
en fonction des paramètres a, ∂K, uθ , mais dans l’essentiel des cas le nombre d’empreintes de bouquet reste fini.
2.8. Les triplets de Cohn et leur utilisation. On dit qu’une solution
(m, m1 , m2 ) ∈ (N\{0})3 d’une équation M s1 s2 (a, ∂K, uθ ) est un triplet de Cohn
[144] si et seulement si on a m > m1 > m2 . Toutes les solutions possibles dans
(N\{0})3 ne sont pas de ce type, comme le montre le cas où ε1 = ε2 et une permutation de y et z dans l’équation étudiée. Mais de telles solutions apparaissent
naturellement à l’issue des calculs du chapitre précédent. En effet toute paire de
suites X2 et T détermine des fractions continues de plus en plus longues expliquant
a posteriori les inégalités définissant les triplets de Cohn :
m2 /k2 = [⊳X2∗ ], m1 /k1 = [⊳X2∗ , c, T ], m/K1 = [⊳X2∗ , c, T, b, X2 ].
On a pu vérifier que les triplets de Cohn d’une même empreinte de bouquet sont
donnés par des chemins de T3 commençant par XY . A partir de telles suites,
on a mis au point un procédé de construction d’un arbre de triplets de Cohn
pour nos équations [624]. On a utilisé pour cela les combinaisons G, DD, GD,
des transformations G et D mises en évidence dans le groupe T3 , ceci donne des
triplets de Cohn lorsque les suites associées sont bien définies, c’est-à-dire à coefficients entiers positifs (comme vu dans [628] les opérateurs ⊳ et ⊲ peuvent créer
2. MÉTHODE DE RÉSOLUTION ET CONSÉQUENCES
27
des problèmes correspondant au fait que le bouquet concerné n’est pas un arbre).
Pour cela on change d’abord l’équation M s1 s2 (a, ∂K, uθ ) en une équation équilibrée
M s1 s2 (c, ∂Kc , u) assurant la condition b = c et ne modifiant pas les suites X2 et T .
2.9. La construction algorithmique à droite et à gauche. Les formules
pour des transformations G, DD, GD, donnant un triplet de Cohn à partir d’un
autre sont les suivantes pour l’équation M s1 s2 (c, ∂Kc , u) :
• La construction à gauche est définie sur les suites par :
X2G = (⊳T ∗ , c, X2 ), T G = T.
On en déduit
X1G = (⊳X2∗ , c, T ⊲, c, T ),
(S G ⊲) = (X2∗ , c, T ⊲, c, T ∗, c, ⊳T ∗, c, X2 ).
L’équation diophantienne correspondant aux nouvelles suites et dont le triplet de
G
Cohn (mG , mG
1 , m2 ) est une solution, s’écrit :
M s2 ,s1 (c, ∂Kc , ε1 ε2 u) : x2 + ε1 y 2 + ε2 z 2 = (c + 1)xyz + ε1 ∂Kc yz − ε1 ε2 ux.
• La construction à droite est plus complexe. Ceci a été découvert dans [620].
On doit en réalité distinguer deux cas. En partant deux fois à droite, on définit
X2DD = X2∗ , T DD = (⊳X2∗ , c, T, c, X2 ⊲).
Ceci donne :
X1DD = (⊳X2 , c, ⊳X2∗ , c, T, c, X2 ⊲),
(S DD ⊲) = (X2 , c, ⊳X2∗ , c, T ∗, c, X2 ⊲, c, X2∗ ).
L’équation diophantienne correspondant aux nouvelles suites et dont le triplet de
DD
Cohn (mDD , mDD
1 , m2 ) est solution, s’écrit :
M s1 ,s2 (c, ∂Kc , u) : x2 + ε2 y 2 + ε1 z 2 = (c + 1)xyz + ∂Kc yz − ε2 ux.
• La construction à gauche une fois après un passage à droite est définie avec :
X2DG = (⊳X2∗ , c, T ), T DG = (X2∗ , c, T ∗ , c, X2 ).
Ceci donne pour les autres suites que l’on considère
X1DG = (⊳T ∗ , c, X2 ⊲, c, X2∗ , c, T ∗ , c, X2 ),
(S DG ⊲) = (T ∗ , c, X2 ⊲, c, X2∗ , c, T, c, X2 , c, ⊳X2∗ , c, T ).
On trouve encore une équation diophantienne correspondant aux nouvelles suites,
DG
dont le triplet de Cohn (mDG , mDG
1 , m2 ) est une solution :
M s2 ,s1 (c, ε2 ∂Kc , ε1 u) : x2 + ε1 y 2 + ε2 z 2 = (c + 1)xyz + ε1 ε2 ∂Kc yz − ε1 ux.
28
2. RÉSOLUTION COMPLÈTE DE NOS ÉQUATIONS
2.10. Conséquence pour la résolution de nos équations. Les transformations G, DD, GD, ont donné le résultat suivant pour l’équation M s1 s2 (c, ∂Kc , u) :
Proposition 2.10. Considérons un triplet de Cohn (m, m1 , m2 ) associé à deux
suites X2 et T , solution de l’équation diophantienne équilibrée
M s1 s2 (c, ∂Kc , u) : x2 + ε2 y 2 + ε1 z 2 = (c + 1)xyz + ε2 ∂Kc yz − ux.
On obtient pour les équations diophantiennes transformées à droite et à gauche de
la précédente les expressions
G : M s1 s2 (c, ∂Kc , u) 7−→ M s2 s1 (c, ∂Kc , ε1 ε2 u),
DD : M s1 s2 (c, ∂Kc , u) 7−→ M s1 s2 (c, ε2 ∂Kc , ε2 u),
GD : M s1 s2 (c, ∂Kc , u) 7−→ M s2 s1 (c, ε2 ∂Kc , ε1 u).
De plus le processus de construction donné sur les suites fournit, lorsque les suites
sont bien définies, un triplet de Cohn solution de l’équation correspondante, de taille
strictement plus grande que celle du triplet (m, m1 , m2 ). Il existe alors une infinité
de solutions pour l’équation M s1 s2 (c, ∂Kc , u) et un nombre fini d’empreintes de
bouquets correspondantes.
La transposition à des valeurs a ou b différentes de c ne pose pas de problème,
donnant un résultat analogue pour M s1 s2 (a, ∂K, uθ ) ou M s1 s2 (b, ∂K, u).
2.11. Construction des suites de départ X2 et T . Les nombres ε1 , ε2 , a,
∂K, uθ sont donnés par l’équation M s1 s2 (a, ∂K, uθ ) que l’on considère. Disposant
par la méthode de résolution de cette équation d’un triplet (m, m1 , m2 ) ∈ (N\{0})3
de solutions, on peut construire deux suites associées X1 et X2 en résolvant les
équations de Bezout en (K1 , k1 ) et (K2 , k2 ). On se ramène alors à une équation
M s1 s2 (b, ∂K, u).
2.11.1. Cas particulier où ε1 = ε2 . Dans tous les exemples étudiés où ε1 = ε2 ,
on a trouvé un cas où T = ∅. On a pu démontrer que cette remarque est générale.
Proposition 2.11. Considérons une équation M s1 s2 (b, ∂K, u) où ε1 = ε2
x2 + ε2 y 2 + ε2 z 2 = (b + 1)xyz + ε2 ∂Kyz − ux,
telle que l’on puisse trouver m1 et m2 dans N\{0} vérifiant
m21 − (b + ∂K + 1)m1 m2 + m22 = −u − ε2 .
Alors elle possède un triplet de solutions (m, m1 , m2 ) tel que
m = m21 − ∂Km1 m2 + m22 .
En notant c = b + ∂K et dans le cas où l’on a m1 − cm2 ∈ N\{0}, condition
assurée si u < 0, on peut construire une infinité de solutions de l’équation équilibrée
associée grâce aux transformations G, DD, GD, avec T = ∅ et X2 suite définie
avec k21 = m1 − cm2 > 0 par
m2
= [X2 ], det(MX2 ) = ε2 .
m1 − cm2
Dans tous ces cas on a la solution (ε2 , m1 , m2 ) pour l’équation M s1 s2 (b, ∂K, u) :
m21 − (b + 1 + ∂K)m1 m2 + m22 = −u − ε2 .
La valeur de ε1 ε2 est une forte contrainte, elle impose εS = −1. En réalité, si
l’on étudie des nombres θa (S) on peut toujours changer la suite S en S ′ = (S, a, S),
2. MÉTHODE DE RÉSOLUTION ET CONSÉQUENCES
29
et se ramener avec cette dernière suite à εS ′ = −1. Moyennant cette transformation
d’allongement de la suite S, on peut par exemple dans l’étude des constantes de
Markoff faire en sorte que la contrainte ε1 = ε2 soit toujours vérifiée. On peut
appliquer alors l’involution P de façon à ce que la longueur de la suite ⊳X1 soit
plus grande ou égale à la longueur de la suite X2 . Cette normalisation ne change
pas l’équation étudiée mais donne naturellement un triplet de Cohn.
2.11.2. Cas général pour ε1 et ε2 . La proposition qui précède a été généralisée
au cas où l’on n’a plus nécessairement la condition ε1 = ε2 ni a fortiori la normalisation introduite avant. On a trouvé par exemple pour T = (1) :
Proposition 2.12. On considère un triplet (m, m1 , m2 ) ∈ Z3 vérifiant les deux
relations
−u − ε2 = m21 − (b + ∂K + 1)m1 m2 + ε1 ε2 m22 ,
m = m21 − ∂Km1 m2 + ε1 ε2 m22 .
Il est solution de l’équation M s1 s2 (b, ∂K, u). Si ce triplet correspond à une suite
T = (1) avec laquelle on peut écrire X1 = (⊳X2∗ , c, 1), on a
ε1 = −ε2 , ∂K = (c − b), m1 = (c + 1)m2 + k21 ,
2
u + ε2 = m22 − (c + 1)m2 k21 − k21
= Ψ(c,1) (m2 , k21 ).
Avec c = b + ∂K et dans le cas où m1 − (c + 1)m2 ∈ N\{0}, condition assurée si
u < 0, on peut construire une infinité de solutions de l’équation équilibrée associée
grâce aux transformations G, DD, GD, avec T = (1) et X2 suite définie avec
k21 = m1 − (c + 1)m2 > 0 par
m2
= [X2 ], det(MX2 ) = ε2 .
m1 − (c + 1)m2
Les premières égalités de cette proposition proviennent des relations suivantes
du cas général, spécialisées compte tenu de la suite T choisie :
−u − ε2 µ = m − (b + 1)m1 m2 , µm = m21 − ∂Km1 m2 + ε1 ε2 m22 .
2.12. Remarques complémentaires. On a dans le cas général une forme
quadratique Ψ(c,T )
2
.
u + ε2 µ = Ψ(c,T ) (m2 , k21 ) = (cκ2 + λ)m22 − (cµ + κ1 − κ2 )m2 k21 − µk21
Le discriminant de Ψ(c,T ) est positif dans l’essentiel des cas, assurant que la forme
Ψ(c,T ) est indéfinie. Pour une valeur u donnée et sachant que ε2 = ±1, l’équation
que l’on considère possède alors une infinité de solutions en (m2 , k21 ) dès qu’elle en
possède une. D’où une infinité de possibilités pour la suite X2 lorsque la suite T est
donnée. Un calcul comparable est faisable déterminant une infinité des possibilités
pour T lorsque X2 est donnée. Ceci permet de comprendre autrement l’existence
de l’arbres des triplets de Cohn mis en évidence ci-dessus.
On a pu établir :
Proposition 2.13. Dans les cas où ε1 = ε2 = 1, on a :
G = XY P X, GD = XY P, DD = XY.
Ces expressions expliquent autrement pourquoi, dans le cas correspondant, on
trouve des triplets de Cohn avec les trois transformations G, GD, DD. En effet on
a déjà indiqué que ces triplets sont caractérisés par le fait qu’ils correspondent à
des mots réduits qui commencent par XY .
30
2. RÉSOLUTION COMPLÈTE DE NOS ÉQUATIONS
2.13. Un exemple d’application. Tous les exemples peuvent être traités
grâce aux méthodes qui précèdent. On illustre ici sur un cas, celui des équations
M ++ (2, 0, u). Pour ∂K = 0, soit c = b. Avec ε1 = ε2 = 1 on obtient :
m1 = bm2 + k21 ,
2
= m22 + m21 ,
m = (b2 + 1)m22 + 2bm2 k21 + k21
2
u = (b − 1)m22 − (b − 1)m2 k21 − k21
− 1 = Ψ(c,T ) (m2 , k21 ).
Ceci donne un triplet de Cohn ((bm2 + k21 ), m2 , 1) pour l’équation M ++ (b, 0, u).
Pour b = 2 et une infinité de valeurs u = −s < 0, l’équation M ++ (2, 0, u) a des
solutions (m, m1 , m2 ) ∈ (N\{0})3 , notamment si on a avec (p, q) ∈ (N\{0})2 :
s = p2 + q 2 + 1 − 3pq > 0.
On trouve une infinité de telles expressions avec les nombres de Fibonacci :
2
2
2
2
s = (1 + 4F2t+1
− 2F2t+1 F2t − F2t
) = F2t+3
+ F2t
+ 1 − 3F2t+3 F2t > 0.
Dans d’autres cas, il n’y a aucune solution dans (N\{0})3 . On a en effet établi :
Proposition 2.14. Considérons une équation M ++ (2, 0, u) avec u < 0
x2 + y 2 + z 2 = 3xyz − ux.
Elle possède des solutions (m, m1 , m2 ) ∈ (N\{0})3 si et seulement si on peut en
trouver une vérifiant
p
0 < m < s = −u, 0 < m2 < (s − m)m.
Dans ce cas qui arrive pour une infinité de valeurs s > 0, elle possède une infinité
de solutions. De plus pour 0 < s ≤ 50 l’équation M ++ (2, 0, u) n’admet aucune
solution lorsque l’on a
−u = s ∈ {1, 3, 7, 9, 11, 19, 23, 27, 31, 43, 47}.
Dans l’essentiel des cas on peut écrire :
0 < s = p2k − 3pk pk−1 + p2k−1 + 1 < m = p2k + p2k−1 , m2 = pk−1 .
Les nombres pk et pk−1 se déduisent de nombres de Fibonacci et donnent des
constantes de Markoff s’écrivant :
3pk pk−1 − 1
1
C(θ2 (S)) = q
< .
3
2
2
2
9(pk + pk−1 ) − 4
Lorsque pk−1 augmente indéfiniment, ces constantes convergent vers la valeur (1/3).
Ceci a donné :
Proposition 2.15. Le spectre de Markoff quadratique M ark a pour plus grande
valeur d’accumulation (1/3), par valeurs inférieures et par valeurs supérieures.
La dernière proposition peut se déduire d’une autre expression :
2
2
2
−u = −(F2t
+ 6F2t+1 F2t − F4t+3 ) = F2t+1
+ F2t
+ 1 − 3F2t+1 F2t < 0.
Pour une infinité des valeurs u > 0 l’équation M ++ (2, 0, u) a des solutions dans
(N\{0})3.
2. MÉTHODE DE RÉSOLUTION ET CONSÉQUENCES
31
2.14. La condition de divisibilité équivalente et ses conséquences.
Toute équation diophantienne M s1 s2 (a, ∂K, uθ ) se déduit en réalité d’une simple
condition de divisibilité :
m | m21 − ∂Km1 m2 + ε2 ε1 m22 .
Supposons que l’on note m21 − ∂Km1 m2 + ε2 ε1 m22 = µm, en remplaçant dans
l’équation et simplifiant par m 6= 0 il reste
m + ε2 µ = (a + 1)m1 m2 − uθ .
Cette expression détermine uθ . En la combinant avec la précédente de façon à
à éliminer le terme µ, on retrouve l’équation M s1 s2 (a, ∂K, uθ ) dont les propriétés
essentielles sont donc contenues dans la seule condition de divisibilité. Sans éliminer
µ, on a aussi l’équation M −s1 ,−s2 (a, ∂K, uθ + 2ε2 µ). Ceci illustre le phénomène des
équations à solutions communes évoqué dans [627]. Si l’on note maintenant
∂ a+1 K = ε2 (a + 1)m + ∂K = ε2 ((a + 1)m + K1 − K2 ),
on a la condition de divisibilité équivalente
m | (m21 − (∂ a+1 K)m1 m2 + ε1 ε2 m22 ) = φθ (m1 , −ε2 m2 ).
Le discriminant ∆0 = (∂K)2 − 4ε1 ε2 commun aux précédentes conditions de divisibilité permet de classifier les équations singulières, c’est-à-dire telles que ∆0 ≤ 0
ou ∆0 carré parfait, comme suit :
• Pour ε2 = 1, une équation M s1 s2 (a, ∂K, uθ ) est dite pointue si elle est de
forme :
x2 + y 2 + z 2 = (a + 1)xyz − uθ x,
x2 + y 2 + z 2 = (a + 1)xyz ± yz − uθ x.
On dit qu’il s’agit d’une équation dégénérée lorsqu’elle s’écrit :
x2 + y 2 + z 2 = (a + 1)xyz ± 2yz − uθ x,
x2 + y 2 − z 2 = (a + 1)xyz − uθ x.
• Pour ε2 = −1, une équation est dite pointue si elle s’écrit :
x2 − y 2 − z 2 = (a + 1)xyz − uθ x,
x2 − y 2 − z 2 = (a + 1)xyz ± yz − uθ x,
On dit qu’on a affaire à une équation dégénérée lorsqu’elle est de forme :
x2 − y 2 − z 2 = (a + 1)xyz ± 2yz − uθ x,
x2 − y 2 + z 2 = (a + 1)xyz − uθ x.
2.15. Le cas des équations où u = 0. Considérons un nombre de Markoff
θa (S) définissant la constante C(θa (S)). L’application du lemme de Dickson [209]
(ch.8, vol.2, p. 408-409) permet de faire l’hypothèse que l’on a :
S ∗ = (an , an−1 , ..., a0 ), ∀i = 0, ..., n, ai ≤ a,
1
m
1
=
=p
.
ξ0 − ξ0′
a + [0, S, a] + [0, S ∗ , a]
∆a (S)
Dans le cas où le minimum donnant la constante est obtenu pour un unique indice
j ∈ {0, 1, ..., (n + 1)}, on dit que la constante est uniquement atteinte. Mais il peut
être obtenu sur plusieurs indices différents j ∈ {0, 1, ..., (n + 1)}, on dit dans ce cas
C(θa (S)) =
32
2. RÉSOLUTION COMPLÈTE DE NOS ÉQUATIONS
que la constante est multiplement atteinte. Si le minimum est atteint pour j = 0,
on dit que l’on est dans le cas super-réduit.
Le cas super-réduit de constante multiplement atteinte a donné :
Proposition 2.16. Dans le cas super-réduit où la constante de Markoff de
θa (S) est obtenue pour deux indices différents 0 et j ∈ {1, ..., (n + 1)}, on a une
décomposition naturelle
S ∗ = (X1 , a, X2 ),
Avec les paramètres associés à la suite S ∗ , l’équation de Markoff associée s’écrit
M s1 s2 (a, ∂K, 0)
x2 + ε2 y 2 + ε1 z 2 = (a + 1)xyz + ε2 ∂Kyz.
La situation décrite par cette proposition généralise celle de la théorie de
Markoff classique. Pour ε1 = ε2 = 1, la condition u = 0 n’est d’ailleurs conciliable avec la condition ∂K = 0 que lorsqu’on a a = 2. C’est le sens du résultat
démontré par G. Frobenius [274]. Pour généraliser l’équation de Markoff classique
à d’autres cas identifiés par la dernière proposition, on doit supposer ∂K 6= 0. Et une
réciproque de cette proposition est facile. Ces résultats ont permis d’étudier [628]
des équations comme M ++ (2, 2, 0) de solution (3, 1, 1), M ++ (2, −2, 0) de solution
(3, 2, 1), M ++ (3, −1, 0) de solution (3, 1, 1), ainsi que les constantes associées.
2.16. Application à l’étude du spectre de Markoff. La méthode d’analyse du spectre de Markoff développée par l’auteur [625] a été illustrée ci-dessus au
voisinage de (1/3). Elle consiste à utiliser une équation donnée M s1 s2 (a, ∂K, uθ )
pour décrire un endroit particulier du spectre. Chaque solution d’une telle équation
fournit des suites X2 et T , et permet la construction d’une constante de forme
C(θa (S)) = C(Fθ ) dans le spectre quadratique. Par ailleurs, les branches infinies
données par tout bouquet de solutions de l’équation fournissent des points d’accumulation du spectre algébrique M ark. Ces points peuvent correspondre, comme
dans la théorie de Markoff classique à des constantes de formes quadratiques à coefficients réels. Ce sont alors des constantes du spectre de Markoff complet. L’opération
de passage de M ark au spectre complet ([180] Chapitre 3, [181]) correspond à une
opération de fermeture topologique. Le spectre de Markoff est ainsi analysé comme
superposition de sous-ensembles de constantes de nombres quadratiques θa (S) et
de leurs points d’accumulation. On a trouvé ainsi de nouveaux trous du spectre et
évalué sa complexité au voisinage de (1/3).
On peut montrer avec l’expression de C(θa (S)) que cette constante est située
dans le segment
1
1
,√
].
Ua = [ √
2
2
a + 4a
a +4
√
Le segment U1 est réduit à l’ensemble {1/ 5} qui contient la plus grande constante
du spectre
√ de Markoff. Le segment U2 donne dans sa partie supérieure, entre (1/3)
et (1/ 8) les constantes fournies par la théorie de Markoff classique. Ce sont des
nombres isolés à l’exception du plus petit (1/3) qui est un point d’accumulation
par valeurs supérieures de constantes de Markoff. Il est connu qu’au dessus de la
valeur (1/3, 334367...) de R. T. Bumby le spectre des constantes de Markoff est de
mesure nulle ([180] p. 76). Comme l’a montré Mary E. Gbur Flahive [285], cette
partie du spectre
contient cependant une infinité de points d’accumulation dont la
√
valeur (1/( 5 + 1)) découverte par C. J. Hightower [342]. J. R. Kinney et T. S.
Pitcher ont affiché l’existence d’une infinité de trous dans le spectre de Markoff au
3. PERSPECTIVES
33
√
dessus de (1/ 12), aussi près que souhaité de cette valeur qui est également un
point d’accumulation de valeurs du spectre, mais l’existence de ces trous reste à
confirmer ([619] IV 143). L’ensemble U2 ne rencontre pas l’ensemble U3 , ce qui met
en évidence un trou bien connu du spectre de Markoff
1
1
] √ , √ [.
13
12
√
La valeur (1/ 13) est la plus grande valeur de U3 . Elle est isolée comme l’a montré
O. Perron ([180] p. 15) en exhibant le trou maximal
1
22
√ , √ [.
65 + 9 3
13
√
La plus petite valeur de U3 est
√(1/ 21), elle est donc aussi comprise dans U4 dont
la plus grande valeur vaut (1/ 20). Entre les deux dernières bornes citées se trouve
la valeur F de G. A. Freiman ([180] p. 55) située au bord d’un trou du spectre, et
telle que toute valeur réelle comprise entre 0 et F soit une constante de Markoff :
√
253589820 + 283748 462
−1
.
F =4+
491993569
C’est dans la partie basse de U2 et dans la partie haute de U3 que la distribution
des constantes de Markoff est la plus mal connue et que l’on travaille donc.
Lorsque la valeur de a augmente, le nombre de possibilités pour les suites T
et X2 s’accroı̂t. La distribution des constantes dans le segment Ua+1 est ainsi plus
compliquée que celle existant dans Ua . Toute constante C(θa (S)) de Ua dans cet
ensemble donne de plus grâce au lemme de Dickson ([123] p. 408) une valeur de
Ua+1 elle-même point d’accumulation
du spectre. Ainsi la plus grande constante
√
√
du spectre de Markoff (1/ 5) ∈ U1 donne le point d’accumulation (1/(1 + 5)) de
C. J. Hightower dans U2 . L’article de W. R. Lawrence [464] montre un phénomène
comparable mais de plus grande complexité, en établissant que la distribution des
constantes de Markoff dans la partie basse de l’ensemble Ua est plus compliquée
que celle que l’on trouve dans sa partie haute.
Décrivant le spectre par valeurs décroissantes, plus on se rapproche de 0 plus
sa complexité croı̂t. Après une partie discrète, puis une autre cantorienne, l’aspect
chaotique du spectre disparaı̂t d’un coup lorsqu’il devient continu sous la valeur de
Freiman F. Une telle structure ressemble à celle du spectre d’un opérateur.
]
3. Perspectives
Une méthode de résolution des équations M s1 s2 (a, ∂K, uθ ) a été mise au point.
On a donné de nombreux exemples d’équations dont toutes les solutions sont connues et entrent dans notre formalisme général. Un projet important est de résoudre
le maximum d’équations de ce type pour approfondir la connaissance du spectre
de Markoff. On peut automatiser cette résolution. Une des difficultés pour fournir
des résultats généraux concerne le calcul du maximum qui définit toute constante
de Markoff. Sur tous les cas pratiques ce n’est pas un problème grâce à la théorie
du polygone de Klein [430].
La méthode que l’on a développée pour étudier nos équations rend moins cruciale une démonstration de la conjecture de Frobenius, Cassels et Zagier [861] [108]
pour l’arbre de la théorie de Markoff classique. On a d’ailleurs pu montrer dans [628]
que cette conjecture est bien spécifique à la théorie classique. On n’a pas de résultat
34
2. RÉSOLUTION COMPLÈTE DE NOS ÉQUATIONS
analogue pour les triplets d’autres équations M s1 s2 (a, ∂K, uθ ). La conjecture reste
cependant ouverte, et on peut l’aborder avec les procédés qui ont été résumés dans
ce qui précède. Cependant, cette approche n’a pas encore permis de conclure.
La notion de hauteur est essentielle pour faire fonctionner l’algorithme que l’on
a mis au point pour résoudre nos équations. En fait il s’agit simplement d’une
méthode de descente infinie adaptée de celle très classique de Pierre De Fermat.
On dispose donc maintenant d’un ensemble d’exemples concrets d’équations diophantiennes non complètement triviales sur lesquelles tester un certain nombre de
conjectures classiques sur les hauteurs ([457] chapitre 2).
On a vu dans le chapitre précédent que nos équations étaient aussi données par
une formule de trace (voir [632]). La question se pose de savoir si toutes le sont.
Ceci revient à approfondir la façon dont le groupe du triangle T3 se plonge dans
GL(2, Z), et à généraliser l’approche de [629] par la trace à toutes nos équations.
Un point particulier sur lequel l’auteur voudrait se pencher est le fait que tout
groupe dénombrable G puisse être plongé en tant que sous groupe de GL(2, Z).
On pourrait ainsi définir une trace pour ses éléments [468], et la question se pose
de savoir si cette trace dépend du plongement que l’on considère. Ceci donnerait
aussi un début de réponse à la problématique évoquée dans [9] et explicable par
le fait que tout groupe de matrices fermé dans GL(n, R) est un groupe de Lie
[41]. On pourrait aussi pour un tel groupe G considérer les relations ℜG et G ℜ
qui s’en déduisent à droite et à gauche. On trouverait au quotient une structure
arborescente. Pour G d’indice fini dans GL(2, Z) ceci fait un lien avec la théorie
des dessins d’enfants ([823] p. 99). Et lorsque G est fini, ceci fait un lien avec
l’interprétation de nos equations. Ce développement conduit à généraliser notre
article [629] avec une véritable correspondance de Galois entre groupes finis ou
dénombrables et structures arborescentes définies dans GL(2, Z), ainsi que sur une
approche de la théorie de Galois inverse [733]. Les conséquences pour les groupes
de tresses et les groupes de classes d’applications (mapping class groups au sens de
[74]) pourraient se révéler très importantes. Ceux-ci sont en effet dénombrables, et
seraient donc aussi plongeables dans GL(2, Z), tout comme les groupes GL(a+1, Z)
dont les propriétés seraient donc accessibles par GL(2, Z), groupe dont on voudrait
aussi développer l’arithmétique.
Une perspective connexe est d’étendre ce qui précède à GL(a + 1, Z) et des
équations possédant un nombre plus grand de termes, comme par exemple celle
déjà étudiée par A. Hurwitz qui généralise l’équation de Markoff classique [43] :
i=a
X
i=0
x2i = (a + 1)
i=a
Y
xi .
i=0
Les résultats sous-jacents relatifs à des arbres Ta+1 à a + 1 branches en chaque
noeud, et généralisant T3 , pourraient s’avérer très importants. Le lien entrevu dans
[629] avec le théorème de Dyer et Formanek [497] laisse penser que des résultats
profonds entre Ta+1 et GL(a + 1, Z) sont ainsi accessibles.
L’auteur envisage aussi d’étudier la façon dont GL(2, Z) est utilisable pour
coder de l’information. Des idées de ce genre ont déjà été présentées par W. Magnus
qui a travaillé pour la société Telefunken après 1930 (voir [510] p. 186).
CHAPITRE 3
Approche algébrique
1. Introduction
La question étudiée ensuite concerne la signification algébrique de nos équations
diophantiennes M s1 s2 (a, ∂K, uθ ). On a pu en donner une interprétation grâce aux
réseaux de rang 2 sur Z. Ceci a permis de poursuivre le classement de ces équations
diophantiennes avec ce qui est connu pour les corps quadratiques, et de réinterpréter
certains des résultats déjà obtenus. Une observation essentielle a été que tout réseau
complet d’un corps quadratique donne en fait naissance à une équation de Markoff
généralisée, permettant d’envisager ses bouquets de solutions comme décrivant des
relations entre des idéaux d’ordres quadratiques. On a aussi montré comment nos
équations donnent des indications sur les points entiers et rationnels des courbes elliptiques en les plongeant dans des surfaces cubiques qui sont rationnelles. Ce point
fait apparaı̂tre un phénomène quantique de changement brutal des caractéristiques
d’une courbe elliptique réelle lorsque le plan qui lui donne naissance à l’intersection avec la surface cubique se déplace. Toute courbe elliptique réelle peut être
obtenue ainsi, ceci ouvre une perspective intéressante. Le contenu de ce chapitre a
été présenté aux Journées Arithmétiques de Lille [631].
2. Lien de nos équations avec des corps quadratiques réels
Dans l’essentiel des cas le nombre ∆φ = ((a + 1)m + K1 − K2 )2 − 4ε1 ε2 est
positif. La condition de divisibilité condensant l’équation M s1 s2 (a, ∂K, uθ ) s’écrit :
4m | (2m1 − ∂ a+1 Km2 )2 − ∆φ (m2 )2 = 4φθ (m1 , −ε2 m2 ).
Deux cas apparaissent selon la parité de ∂ a+1 K = ε2 ((a + 1)m + K1 − K2 ), que
l’on regroupe en posant
∆φ
si ∆φ ≡ 0 ( mod 4), τ = 1 et d = ∆φ si ∆φ ≡ 1 (
4
p
√
τ + ∆φ
∂ a+1 K − τ
τ+ d
k=
,
∈ Z, ̟ =
=
2
2
2τ
(2x − τ )2 − ∆φ
∆φ − τ
P̟ (x) =
= x2 − τ x −
.
4
4
Avec ces notations, la condition de divisibilité s’écrit simplement
τ = 0 et d =
mod 4),
m1 − m2 k
).
m2
√
Dans le cas d’équations dégénérées,
Q( d) n’est pas un corps quadratique. Dans
√
le cas d’équations pointues, Q( d) est un corps quadratique imaginaire, Q(i) pour
les cas pointus n◦ 1 où l’on retrouve la théorie de Markoff classique, Q(j) pour les
m | m22 P̟ (
35
36
3. APPROCHE ALGÉBRIQUE
√
cas pointus n◦ 2. Dans les autres cas Q( d) est un corps quadratique réel lié à
l’équation M s1 s2 (a, ∂K, uθ ).
2.1. Construction de Z-modules complets. L’étude de la condition de
divisibilité mise en évidence est un problème très classique de théorie des nombres
(voir
√ par exemple [465] Tome 1 p. 200). Elle s’interprète dans le corps quadratique
Q( d) en posant avec δ =pgcd(m, m1 , m2 ) > 0 :
c2 = m/δ, e2 ≡ (m2 k − m1 )/δ (
mod c2 ) avec 0 ≤ e2 < c2 , f2 = m2 /δ > 0,
Avec par exemple [252] √
(p. 11) ou [80] (pp. 144-169), elle signifie qu’il existe un
Z-module complet de Q( d), dit aussi réseau de rang
√ 2 sur Z. Il s’agit d’un idéal
de l’ordre Om2 = Z[m2 ̟] du corps quadratique Q( d) noté
M⋄2 = (δ)(c2 ; e2 + f2 ̟) = {xm + y(m2 (k + ̟) − m1 ) | x, y ∈ Z}.
√
L’anneau des stabilisateurs du réseau M⋄2 est un ordre Oc2 = Z[(m2 /δ)̟] de Q( d).
En tant que module sur Z le réseau M⋄2 a pour norme N (M⋄2 ) = mδ. La forme
quadratique associée à cette base est à coefficients dans Z et s’écrit :
1
fM⋄2 (x, y) = (mx2 + (m2 ∂ a+1 K − 2m1 )xy + (µ − ε2 (a + 1)m1 m2 )y 2 ).
δ
Le lien avec les formes quadratiques φθ (z, y) et Fθ (x, y) apparaı̂t alors en posant
z = mx − m1 y et y = ε2 m2 y dans la forme fM⋄2 associée à M⋄2 :
mδfM⋄2 (x, y) = φθ (z, y) = N (z − y(mθa (S) − K1 )).
√
La forme φθ est donc une norme du corps quadratique Q( d), ce qui explique sa
propriété de multiplicativité. Les calculs précédents mettent l’accent sur le réseau
Mθ = {xm − ymθa (S) | x, y ∈ Z}, avec lequel on a obtenu :
Proposition 2.1. La forme quadratique associée à [1, −(mθa (S) − K1 )] base
√
de l’ordre maximal Oθ = Z[̟] = Z[−(mθa (S) − K1 )] du corps quadratique Q( d)
vaut, avec N (Oθ ) = 1,
φθ (z, y) = fOθ (z, y) = N (z − y(mθa (S) − K1 )).
Cet ordre contient un idéal entier Mθ = {xm + ymθa (S) | x, y ∈ Z}, de norme m,
et dont la forme quadratique associée à la base [m, −mθa (S)] vaut
mFθ (x, y) = fMθ (x, y) =
N (x − ymθa (S))
.
N (Mθ )
2.2. D’autres Z-modules complets. L’ordre Om2 = Z[m2 ̟] est un sousanneau de l’ordre maximal Oθ . On peut poser avec son idéal M⋄2 :
• Pour ε2 = 1 :
M2 = M⋄2 = {(x + y((a + 1)m2 − k2 ))m + (ym2 )mθa (S) | x, y ∈ Z} ⊂ Mθ .
• Pour ε2 = −1 :
M2 = M⋄2 = {(x − y((a + 1)m2 − k2 ))m − (ym2 )mθa (S) | x, y ∈ Z} ⊂ Mθ .
√
Avec le réseau Mδθ = {xm − yδmθa (S) | x, y ∈ Z} de Q( d), on a alors :
Proposition 2.2. Avec les notations précédentes et les réseaux introduits, la
condition de divisibilité donne les inclusions
M2 ⊂ Mδθ ⊂ Mθ , M2 ⊂ Mδθ ⊂ Mθ .
2. LIEN DE NOS ÉQUATIONS AVEC DES CORPS QUADRATIQUES RÉELS
37
2.3. Une décomposition en produit. Dans ce que l’on vient de voir, on
aurait pu permuter m1 et m2 . D’où un calcul comparable
√ à ce qui précède, dans
l’ordre Om1 = Z[m1 ̟] du même corps quadratique Q( d). Ceci définit un réseau
M⋄1 = (δ)(c1 ; e1 + f1 ̟), sa norme mδ, sa forme quadratique associée de discriminant (m21 ∆φ /δ 2 ), son anneau de stabilisateurs O(m1 /δ) = Z[(m1 /δ)̟]. La forme
quadratique associée se calcule facilement. L’ordre Om1 = Z[m1 ̟] est un autre
sous-anneau de l’ordre maximal Oθ qui permet de poser :
• Pour ε1 = −1 :
M1 = M⋄1 = {(x − yk1 )m + (ym1 )mθa (S) | x, y ∈ Z} ⊂ Mδθ ⊂ Mθ .
• Pour ε1 = 1 :
M1 = M⋄1 = {(x + yk1 )m − (ym1 )mθa (S) | x, y ∈ Z} ⊂ Mδθ ⊂ Mθ .
Il devient alors intéressant de considérer le produit M1 M2 , ce qui a bien un
sens ([252] p.20). En complétant avec les classes de similitude [252] (p. 22), on a
ainsi obtenu :
Proposition 2.3. Dans l’idéal Mδθ ={xm − yδmθa (S) | x, y ∈ Z} de l’ordre
Oθ = Z[̟] existent deux réseaux
M1 = {(x − yk1 )m + (ym1 )mθa (S) | x, y ∈ Z},
M2 = {(x + y((a + 1)m2 − k2 ))m + (ym2 )mθa (S) | x, y ∈ Z}.
Le premier est un idéal de l’anneau Om1 = Z[m1 ̟]. Il possède pour anneau de
stabilisateurs O(m1 /δ) = Z[(m1 /δ)̟] et a pour norme mδ. Le second est un idéal
de l’anneau Om2 = Z[m2 ̟]. Il possède en tant qu’anneau de stabilisateurs l’ordre
O(m2 /δ) = Z[(m2 /δ)̟] et a aussi pour norme mδ. Enfin on a
M1 M2 = mMδθ = {xm2 − yδm2 θa (S) | x, y ∈ Z},
ou avec les classes de similitudes des réseaux [M1 ][M2 ] = [Mδθ ]. On a des conditions
comparables pour les réseaux conjugués.
2.4. Equation d’un Z-module complet quelconque. La donnée d’un idéal
√
I = (δ)(c; e + f ̟) quelconque dans un ordre Om2 d’un corps quadratique Q( d),
où d sans facteur carré, conduit inversement à une condition de divisibilité et à une
équation diophantienne, et ceci pour toute valeur m2 . Pour le voir, on généralise
les calculs précédents en les prenant à l’envers. Ceci a donné :
Proposition
2.4. Tout idéal d’un ordre Om2 d’un corps quadratique quel√
conque Q( d) définit une relation diophantienne. Avec les conditions ε′2 ∈ Z\{0}
et ε′1 = ε′2 ε′ ∈ Z elle s’écrit
m2 + ε′2 m21 + ε′1 m22 = (a + 1)mm1 m2 − ε′2 ∂ a+1 m1 m2 − u′ m.
Elle correspond avec (m, m1 , m2 ) ∈ (N\{0})3 aux conditions suivantes où ∂ a+1 ∈ Z
et ε′ ∈ Z
m | (m21 − ∂ a+1 m1 m2 + ε′ m22 ), δ = pgcd(m, m1 , m2 ).
Une telle équation en (m, m1 , m2 ) généralise nos équations M s1 s2 (a, ∂K, uθ ).
Elle est différente de celles étudiées dans [561] ou [682]. Elle correspond seulement à la donnée d’un réseau d’un corps quadratique. Le fait que toute forme
quadratique entière binaire indéfinie peut être réduite, et donne donc une forme
de Markoff, montre que l’on peut traiter la résolution des nouvelles équations ici
mises en évidence par les mêmes moyens que ceux développés ci dessus. De telles
38
3. APPROCHE ALGÉBRIQUE
équations ont par exemple été étudiées par G. Rosenberger [682]. Remarquons
que la proposition que l’on vient de faire s’applique pour tout idéal d’un ordre de
corps quadratique quelconque, même avec d négatif. La situation ici décrite est
donc beaucoup plus générale que celle que l’on envisageait ci-dessus. La différence
est que l’on a ε′1 ∈ Z, ε′2 ∈ Z\{0}. La décomposition en produit de deux réseaux
apparaı̂t maintenant liée au fait que l’on a ε′ = ±1, et donc que ∆φ est de forme
(∂ a+1 )2 ± 4. Cette propriété permet d’échanger les rôles de m1 et m2 dans la condition de divisibilité, donc de construire un autre idéal avec lequel le produit d’idéaux
peut être fait.
En réalité, pour parvenir à la dernière proposition on a imposé la contrainte
supplémentaire que d soit sans facteur carré. Si l’on admet au contraire de poser
∆φ = (∂ a+1 )2 ± 4 = λ2 d, avec λ ∈ Z, ce qui ne change pas le corps quadratique que
l’on considère et conduit à résoudre un équation de Pell-Fermat pour identifier λ,
on peut développer le calcul précédent en imposant ε′1 , ε′2 ∈ {−1, +1}. Ceci montre
que nos équations sont en fait aussi générales que les précédentes. En choisir une
revient lorsqu’elle est non singulière à considérer un réseau complet dans un corps
quadratique, et non un réseau quelconque d’un tel corps.
On a pu développer cette approche en examinant la signification pour nos
équations du fait que les réseaux correspondants sont strictement semblables, ainsi
que la traduction pour les réseaux de l’action du groupe du triangle T3 sur les
solutions et de l’existence d’un nombre fini de bouquets de solutions. On trouve
dans [353] des indications sur l’interprétation géométrique qui peut être donnée
de tels résultats. Le formalisme qui en découle permet de systématiser les résultats
disponibles sur le lien entre arbres, ordres maximaux et formes quadratiques, tels
que cités dans [610] ou [807] (p. 41). Le point essentiel en vue est un lien entre le
nombre de classes d’un corps quadratique et le nombre de bouquets de solutions
pour certaines de nos équations.
3. Lien de nos équations avec les courbes elliptiques
L’idée approfondie maintenant peut être comprise très simplement de façon
géométrique. Avec des variables (x, y, z) ∈ R3 , on considère une surface cubique
réelle d’équation M s1 s2 (b, ∂K, u). Coupée par un plan, elle donne une courbe cubique dont on établit dans différents cas qu’elle est elliptique. Disposant alors,
grâce à l’action du groupe T3 , d’informations sur les points entiers de la surface, on
espère en déduire des conséquences pour les points entiers de la courbe elliptique.
Différentes tentatives faites pour concrétiser cette idée sur l’équation de Markoff
classique se sont révélées infructueuses. Mais on a pu la développer sur nos équations
généralisées, on va expliquer comment et pourquoi. On donne d’abord un exemple
pour montrer comment cette approche fonctionne.
3.1. Un exemple. On considère l’équation M ++ (2, 0, −2). On connaı̂t un
triplet de solutions (m, m1 , m2 ) = (73, 8, 3). Il correspond aux paramètres
K1 = K2 = 46, k1 = k12 = 5, k2 = k21 = 2.
Ces valeurs vérifient par exemple la relation 2m1 = 5m2 + 1. En la combinant avec
la relation M ++ (2, 0, −2) liant m, m1 , m2 , on obtient :
Proposition 3.1. Considérons la courbe réelle E d’équation cubique
30xz 2 − 4x2 + 6xz − 29z 2 + 8x − 10z − 1 = 0,
3. LIEN DE NOS ÉQUATIONS AVEC LES COURBES ELLIPTIQUES
39
Il s’agit d’une courbe elliptique où existe un point entier (x, z) = (m, m2 ) = (73, 3).
Inversement tout point entier (x, z) = (m, m2 ) ∈ Z2 de cette courbe elliptique E
est de plus tel qu’il existe un point entier (x, y, z) = (m, m1 , m2 ) ∈ Z3 situé sur la
surface cubique réelle M ++ (2, 0, −2) d’équation
x2 + y 2 + z 2 = 3xyz + 2x.
La partie délicate consiste à démontrer que E est bien elliptique. On utilise pour
cela l’algorithme de réduction de Nagell [579], tel qu’il est présenté dans [140] ou
[157]. On renvoie à [632] pour la démonstration effective.
3.2. Cas singuliers. On désigne par M s1 s2 (b, ∂K, u) la surface cubique que
l’on considère, notée comme l’équation la définissant. On la coupe par un plan
Π(t1,ρ ,t2,ρ ) d’équation u = t1,ρ z − t2,ρ y. Cette équation dérive de l’expression de u
déjà vue, sachant que l’on note avec ρ ∈ Z
t1,ρ = k1 + k12 − ρm1 = t1 − (ρ − 1)m1 , t2,ρ = k2 + k21 − ρm2 = t2 − (ρ − 1)m2 .
L’intersection est une courbe que l’on note E(t1,ρ ,t2,ρ ) .
Le calcul précédent ne peut absolument pas fonctionner pour l’équation de
Markoff classique M ++ (2, 0, 0) car elle donne t1 = t2 = u = 0. Dans un tel cas
dit totalement singulier, le plan Π(t1,ρ ,t2,ρ ) avec lequel couper notre surface cubique n’est pas défini. A fortiori, on n’obtient pas une courbe elliptique, même
en changeant la valeur de ρ. De nombreux cas totalement singuliers ont pu être
fabriqués. Hors ces cas qu’on laisse maintenant de côté, on voit que d’autres situations dites partiellement singulières se présentent. Le plan Π(t1,ρ ,t2,ρ ) est calculable,
mais son intersection avec la surface cubique M s1 s2 (b, ∂, u) est une courbe de degré
inférieur ou égal à 2. On a donné des exemples dans [632].
3.3. Cas général. On considère maintenant les cas non singuliers où l’on
a nécessairement t1,ρ t2,ρ 6= 0. Pour la courbe cubique E(t1,ρ ,t2,ρ ) on trouve une
équation à coefficients entiers. L’algorithme de Nagell peut lui être appliqué. Hors
quelques cas particuliers que l’on peut expliciter, la courbe fabriquée par cet algorithme est elliptique. Les cas qui échappent peuvent être étudiés de façon séparée.
De sorte qu’on a mis en évidence pour toute surface cubique réelle M s1 s2 (b, ∂K, u)
un ensemble de courbes elliptiques E(t1,ρ ,t2,ρ ) qui lui sont attachées, et de points
entiers en nombre fini sur la courbe E(t1,ρ ,t2,ρ ) qui sont également sur la surface. En
se limitant à ρ = 0, tout point entier de la surface cubique M s1 s2 (b, ∂K, u) apparaı̂t
sur une courbe elliptique E(t1,ρ ,t2,ρ ) contenue dans la surface.
Inversement, si l’on considére un point entier (x, z) = (m, m2 ) ∈ Z2 d’une
courbe elliptique E(t1,ρ ,t2,ρ ) , son équation fournit dans Z une condition qui impose
que m1 soit rationnel. La forme particulière de l’équation de degré 2 en m1 déduite
de l’équation M s1 s2 (b, ∂K, u) montre alors qu’en réalité m1 est entier.
En d’autres termes les points entiers de la courbe E(t1,ρ ,t2,ρ ) sont exactement les
points entiers de la surface M s1 s2 (b, ∂K, u) qui sont situés dans le plan Π(t1,ρ ,t2,ρ ) .
Par le théorème de Mordell ([561] chapter 27), on ne trouve qu’un nombre
fini de points entiers sur la courbe E(t1,ρ ,t2,ρ ) . Cependant, en général la surface
M s1 s2 (b, ∂K, u) possède une infinité de points entiers comme on l’a vu avec les
contructions arborescentes faites au moyen des triplets de Cohn. Ils se classent
d’ailleurs, dans le cas le plus général, en un nombre fini d’orbites pour l’action
du groupe T3 . Ceci permet de classer les points de la courbe E(t1,ρ ,t2,ρ ) . Pour
40
3. APPROCHE ALGÉBRIQUE
des compléments sur les points entiers des courbes elliptiques et leur calcul effectif, on renvoie à [757] (XIII.3.). Une étude plus globale de cette situation reste à
faire, sachant que le contexte des surfaces elliptiques ([748] chapter 3) fournit des
éléments de compréhension intéressants et que l’on peut considérer des plans plus
généraux avec lesquels couper la surface.
3.4. Description géométrique de la surface cubique. La surface réelle
cubique M s1 s2 (b, ∂K, u) peut être étudiée avec des méthodes classiques de géométrie
algébrique (voir par exemple [329]). On complexifie les variables pour simplifier les
énoncés lorsque c’est nécessaire.
3.4.1. Points singuliers. L’équation définissant la surface est d’ordre 3 est :
F (x, y, z) = (b + 1)xyz − x2 − ε2 y 2 − ε1 z 2 + ε2 ∂Kyz − ux = 0.
Les points singuliers non à l’infini, points doubles lorsqu’ils existent, sont calculables :
x = 0, ∂K = ±2, 2z = ∂Ky, u = (b + 1)yz,
x = u = (ε2 ε′ (b + 1)y 2 /3), ε2 ∂K = 2ε′ − u(b + 1), z = ε2 ε′ y.
En dehors de tous ces cas qui sont assez nombreux et contiennent par exemple la
théorie de Markoff classique, la surface ne possède pas de point singulier, et est
donc non singulière.
3.4.2. Génératrices. La surface a des points doubles à l’infini, les points à l’infini
des axes du repère. Il s’agit des sommets A, B, C, d’un triangle dont les côtés sont
des génératrices, c’est-à-dire des droites contenues dans la surface, mais dans ce
cas situées à l’infini sur la surface. Par construction, les autres génératrices de la
surface sont à distance finie et parallèles à l’un des plans de coordonnées. Elles
peuvent toutes être calculées [632]. Au total il existe huit génératrices parallèles
au plan yOz. Par le même procédé on obtient huit génératrices parallèles au plan
xOy et huit génératrices parallèles au plan xOz.
Au total, on trouve ainsi les (3×8)+3 = 27 génératrices réelles ou complexes de
Cayley et Salmon pour la surface cubique étudiée [338]. En utilisant une méthode
classique (par exemple [84] p. 466) on en déduit une représentation rationnelle de
la surface qui ne fait que traduire dans ce cas particulier le fait que toute surface du
troisième ordre est rationnelle (unicursale). Il est intéressant d’expliciter une telle
représentation rationnelle de M s1 s2 (b, ∂K, u) pour comprendre, à l’intersection avec
des plans comme ceux utilisés dans ce qui précède, les conséquences pour les courbes
elliptiques que l’on a mises en évidence ci-dessus. Dans le cas où un point double
existe à distance finie sur la surface, toute droite passant par ce point définit aussi
une telle représentation rationnelle de la surface cubique. Dans les autres cas, on
peut également appliquer la méthode de la tangente due à B. Segre [715] pour
construire une représentation rationnelle de la surface.
3.4.3. Représentation rationnelle de la surface cubique réelle. On a décrit dans
[632] la construction d’une telle représentation. On considère la trace de la surface
d’équation M s1 s2 (b, ∂K, u) dans le plan (b + 1)x + ε2 ∂K = 0. C’est en dehors de cas
limites ou impossibles, une conique. Ceci permet de considérer un point Ω(X , Y, Z)
sur cette conique dont les coordonnées sont écrites avec un premier paramètre µ.
On passe alors dans un repère d’origine Ω avec x = X +x0 , y = Y +y0 , z = Z +z0 .
L’équation de la surface s’écrit alors avec des polynômes homogènes Φi de degré i
4. PERSPECTIVES
41
en x0 , y0 , z0 :
Φ3 (x0 , y0 , z0 ) + Φ2 (x0 , y0 , z0 ) + Φ1 (x0 , y0 , z0 ) = 0.
Le plan tangent en Ω à la surface a pour équation Φ3 (x0 , y0 , z0 ) = (b+1)x0 y0 z0 = 0.
On change à nouveau de repère en l’utilisant pour poser
x1 = x0 , y1 = y0 , z1 = ((b + 1)YZ − 2X − u)x0 − 2ε2 Yy0 − 2ε1 Zz0 .
L’équation de la surface s’écrit avec des polynômes Ψi de degré i en x1 , y1 , z1 :
Ψ3 (x1 , y1 , z1 ) + Ψ2 (x1 , y1 , z1 ) + Ψ1 (x1 , y1 , z1 ) = 0.
Avec une droite d’équation z1 = 0 et x1 = λy1 passant par le point double Ω du
plan tangent, et coupant donc la surface en un troisième point dont les coordonnées
sont calculables, on obtient une représentation en λ et µ en remplaçant X , Y, Z,
par leurs expressions en fonction de µ et en réduisant les formules qui en résultent.
Ceci donne une représentation birationnelle à deux paramètres λ et µ de la surface M s1 s2 (b, ∂K, u) qui est donc ([329] p. 422) une surface réelle rationnelle de
dimension de Kodaira κ = −1. Il en découle la possibilité de la comparer à un plan
projectif réel construit sur les deux variables λ et µ. Cette représentation dégénère
en celle utilisée par H. Cohn dans l’article [148] et due à R. Fricke [270] pour le cas
de la théorie de Markoff classique. On trouve dans [40] des références pour obtenir
d’autres représentations rationnelles des surfaces M s1 s2 (b, ∂K, u). Elles donnent la
possibilité de décrire l’ensemble des points rationnels E(Q) des courbes elliptiques
E que l’on introduit à l’intersection de la surface cubique avec un plan d’équation
rationnelle. Ces points sont paramétrés au moyen de λ et µ vérifiant une contrainte
algébrique supplémentaire en remplaçant y et z par leurs expressions dans la relation définissant le plan.
4. Perspectives
Le dernier sujet évoqué, où changer de plan revient à déformer la courbe elliptique réelle E avec de temps en temps des sauts quantiques pour les structures
algébriques qu’elle porte, reste entièrement à explorer. On a pensé à l’utiliser par
pour construire des courbes elliptiques de grand rang. La surface M s1 s2 (b, ∂K, u)
est utilisée pour contrôler la géométrie des courbes elliptiques réelle E qu’elle contient. Ces courbes ne sont d’ailleurs pas rationnelles. Elles donnent un bon exemple
de la remarque bien connue ([477] p.171) que les sections planes d’une surface rationnelle ne sont pas nécessairement des courbes rationnelles. La méthode suivie a
consisté à utiliser la plus petite variété rationnelle contenant une variété algébrique
donnée pour étudier cette dernière. Remarquons que l’on peut adapter à la surface
M s1 s2 (b, ∂K, u) la construction de la structure de groupe d’une courbe elliptique.
On trouve dans [440] (chapter 1) une approche moderne des surfaces cubiques
X non singulières montrant comment elles permettent de construire un réseau Z7
équipé d’un produit scalaire de signature (1, −6). Ce réseau peut être décrit en terme
d’homologie ou de cohomologie. Il est égal à son groupe de classes de diviseurs
P ic(X). Sur de telles surfaces, on peut développer une théorie de Galois avec le
groupe de Weyl W (E6 ), qui correspond aux permutations de leurs 27 droites dans
45 plans tritangents [329] (p. 405). On met ainsi en évidence pour une telle cubique
sur C un groupe simple à 29520 éléments que l’on peut représenter comme groupe
unitaire U4 (2) sur le corps F4 , comme groupe symplectique P Sp4 (3) sur le corps
F3 , comme groupe orthogonal O6− (2) sur le corps F2 [168]. Les surfaces cubiques
42
3. APPROCHE ALGÉBRIQUE
sont en particulier des exemples bien connus de surfaces Del Pezzo [329] (p.401).
En se limitant au cas réel, la théorie de Galois que l’on vient d’évoquer donne
des indications sur les configurations que l’on peut trouver. On trouve dans [373]
(chapitres 5 et 6) de magnifiques développements autour de W (E6 ). On a un lien
évident avec un système de Steiner particulier, le plan projectif d’ordre 2 dit plan de
Fano [33] (p.4), certains systèmes réguliers de poids [695] (p. 522), et les algèbres
de Lie [475]. Les surfaces réelles M s1 s2 (b, ∂K, u) relèvent de cette approche.
Il est aussi possible d’envisager la transposition de l’article de M. H. Èl’-Huti
[244]. Des développements comparables à ceux de [515] [516] (p. 89) permettent
de calculer le groupe de tous les automorphismes birationnels de la surface cubique
M s1 s2 (b, ∂K, u), et de vérifier que son action sur l’ensemble des solutions entières de
l’équation diophantienne correspondante est transitive. Le résultat obtenu est essentiellement le même que celui de Èl’-Huti. Il donne une représentation géométrique
du groupe T3 par le groupe des transformations de la surface engendré par des
réflexions par rapport aux points doubles à l’infini A, B, C. Ce groupe agit
transitivement dans l’ensemble des solutions entières de l’équation diophantienne
M s1 s2 (b, ∂K, u). Ceci permet de disposer d’une interprétation géométrique expliquant avec le groupe du triangle T3 les structures arborescentes que l’on a construites avec les triplets de Cohn.
On peut également caractériser en tant que groupe d’automorphismes birationnels de la surface le groupe engendré par T3 et le groupe W de tous les automorphismes projectifs de la surface qui sont biréguliers en dehors de l’ensemble
des points des côtés du triangle A, B, C. Ceci permet de décrire le groupe de
Brauer de la surface M s1 s2 (b, ∂K, u) et d’étudier sur des exemples non triviaux des
problèmes comtemporains de géométrie arithmétique [457] [169] [368]. On renvoie
à [516] [156] [772] [731] [155] [392] [40] [749] pour la perspective déjà envisagée
dans [624] indiquant qu’il n’y a pas de contre exemple au principe de Hasse sur
nos équations. Une piste d’étude qui paraı̂t aussi prometteuse [155] (p. 397) est de
faire un lien avec les surfaces de Severi-Brauer construites avec la norme d’un corps
cubique. Cette construction de F. Châtelet fait jouer un rôle particulier au groupe
des permutations de trois éléments, groupe que l’on représente sur nos surfaces par
des transformations géométriques permutant les points doubles A, B et C. L’étude
du lien avec les surfaces elliptiques ([329] (chapitre V) [740] [272]) est également
une piste que l’on voudrait approfondir, en recherchant quel type d’ensemble on
doit extraire pour passer d’un type de surface à un autre.
Les autres résultats obtenus ont montré que nos surfaces ont un lien étroit avec
des réseaux complets des corps quadratiques, raison pour laquelle on pense qu’elles
ne donnent pas de contre-exemple au principe de Hasse. Différentes perspectives ont
été identifiées, dont celle de relier arbres et ordres. L’interprétation locale sur nos
surfaces cubiques de tous ces résultats est possible. Une autre idée est d’éclairer la
réflexion sur les grandes conjectures non encore résolues sur les courbes elliptiques
[845]. On peut passer des corps quadratiques à des corps plus généraux et chercher
à transposer ce qui précède.
CHAPITRE 4
Approche analytique
1. Introduction
La théorie de Markoff classique, notamment dans la présentation de Harvey
Cohn [143], est liée à la géométrie de certains tores percés conformes et à leurs
géodésiques. La question qui s’est posée a été de savoir s’il en est de même de la
généralisation que l’on a mise au point précédemment. Ce problème a été résolu.
Pour le faire on a caractérisé d’abord les tores percés, puis on a fait le lien avec
les matrices mises en évidence dans les calculs des chapitres précédents. Ceci est
possible grâce à une équation généralisant celle de Markoff à tout tore percé conforme. Elle justifie a posteriori le bien fondé du choix des équations M s1 s2 (b, ∂K, u)
que l’on a mises en avant. Les définitions utilisées pour la géométrie hyperbolique
sont classiques et issues de [632]. On a pu à partir de là effectuer une classification des tores percés conformes construits sur un même tore percé topologique.
L’originalité de ce qui suit réside essentiellement dans le traitement rigoureux des
tores percés paraboliques. Il confirme que ces tores sont donnés par l’équation de
la théorie de Markoff classique. Le fait que l’on caractérise réellement ainsi tous
les groupes de Fricke a été énoncé il y a longtemps ([273] [681] [418]), mais les
nombreuses démonstrations qui existent dans la littérature présentent des lacunes
([293] p. 3), ce qui ne semble pas le cas de notre approche. On donne dans la suite
un exemple d’énoncé que l’on est obligé de prendre avec une grande prudence. Le
contre-exemple que l’on a donné dans le cas d’un tore percé hyperbolique a montré
qu’il est associé à un groupe non libre semble complètement nouveau. Et le lien
découvert avec une problématique de géométrie algébrique donne une perspective
de compréhension commune pour les deux cas précédents. Elle relie le groupe de
matrices que l’on considère à un groupe de diviseurs d’une surface. Ceci a permis
d’élaborer le point de vue analytique de la théorie dont le point de vue algébrique
a été esquissé au chapitre précédent [732]. Le texte qui suit développe l’approche
qui a conduit à ces résultats. Ils ont été présentés lors de conférences faites en 19961997 à une école thématique du CNRS [622] et à l’Institut des Matériaux du Mans
[471].
2. Construction de tores percés conformes
Les tores percés étudiés sont construits à partir du demi-plan de Poincaré H.
On indexe de façon naturelle chacun d’eux par des n-uplets de nombres réels. Ces
nombres sont liés par des relations qui les organisent en un nouvel objet géométrique
V. On construit donc un ensemble de surfaces de Riemann (H/Γs )s∈V , des tores
percés dont le support topologique est le même, mais dont la géométrie est décrite
d’une façon particulière en chaque point de l’objet s ∈ V. Cette approche, qui
revient à paramétrer des structures de surfaces de Riemann différentes existantes
43
44
4. APPROCHE ANALYTIQUE
sur un même objet topologique, est celle de la théorie de Teichmüller [419] [380]
[720] [578]. On l’a développée sur les tores percés en évoquant le problème du choix
de l’objet V le plus pertinent et des variables que l’on peut cacher en raisonnant à
équivalence conforme ou isométrique près de H.
2.1. Les deux matrices d’un tore percé conforme. Pour construire un
tore percé T • par extraction d’un point, on utilise quatre géodésiques de H notées
αs, sβ, βp, pα, ne se coupant pas, et dont les extrémités α, s, β, p, sont situées sur la
droite réelle qui constitue le bord de H. Elles délimitent un domaine quadrangulaire
de H. On convient que les sommets α, s, β, p, apparaissent dans cet ordre lorsque
l’on décrit ce bord de −∞ à +∞. Il s’agit de nombres réels. Mais on suppose que
p peut éventuellement prendre une valeur infinie. En effet les points −∞ et +∞
du bord de H sont confondus au seul point à l’infini ∞, compactifiant ce bord en
une droite projective S 1 = P1 (R). Ce bord compactifie H lui-même d’une certaine
façon, sous forme d’une demi-sphère fermée (ou d’un disque fermé). Pour retrouver
le tore percé à partir de là, on identifie deux à deux les géodésiques précédentes par
des transformations
tA : αp → sβ, tB : αs → pβ.
Ceci revient à construire le tore en collant grâce à tA et tB les bords du domaine
quadrangulaire défini ci dessus. Dans cette opération, le point extrait du tore correspond aux quatre points α, s, β, p, qui sont identifiés par tA ou tB . Ils n’ont pas
d’image dans l’objet construit car ils sont situés au bord de H et non dans H.
Pour conserver un maximum de propriétés géométriques, et pas seulement les
propriétés topologiques sous jacentes, les transformations tA et tB doivent être des
isométries de H pour sa métrique habituelle. Si on veut qu’elles conservent aussi
l’orientation et les angles, elles doivent être des transformations conformes tA et tB
données par des matrices A et B de SL(2, R). Avec les extrémités des géodésiques,
les matrices A et B remplissent des conditions qui permettent de les calculer en
fonction des nombres α, s, β, p :
Proposition 2.1. A une conjugaison près par une matrice M de SL(2, R), on
a la représentation paramétrique suivante pour les matrices A et B définissant un
tore percé conforme, construites dans SL(2, R) avec α < 0 et β > 0 :
cβ
−cαβ
A=
où c 6= 0,
c (1/cβ) − cα
′
cα
−c′ αβ
B=
où c′ 6= 0.
c′ (1/c′ α) − c′ β
De telles matrices sont associées aux valeurs α < 0, s = 0, β > 0, et p = ∞, du
bord de H, qu’elles transforment comme suit :
A(α) = s, A(p) = β, B(β) = s, B(p) = α.
Elles donnent pour les géodésiques associées de H
A(αp) = sβ, B(αs) = pβ.
Les expressions données pour A et B dans cette proposition résultent du calcul
de leur déterminant qui vaut 1. Raisonner à équivalence conforme près de H a permis
de cacher deux paramètres. Ceux qui restent définissent un objet géométrique réel
V de dimension 4 grâce auquel on indexe toutes les possibilités de couples (A, B).
A équivalence conforme près de H, on indexe toutes les possibilités de tores percés
2. CONSTRUCTION DE TORES PERCÉS CONFORMES
45
conformes avec les paramètres conservés (α, β, c, c′ ) ∈ V. L’objet géométrique V est
défini par les contraintes
α < 0, β > 0, c 6= 0, c′ 6= 0.
2.2. Le groupe fuchsien d’un tore percé conforme. Ayant identifié deux
matrices A et B par le résultat précédent, on considére dans SL(2, R) le groupe
qu’elles engendrent G = gp(A, B). Son image par le morphisme canonique ψ de
SL(2, R) dans P SL(2, R) est notée
Γ = P G = P gp(A, B) = G/G ∩ {±12 } = gp(ψ(A), ψ(B)) = gp(a, b).
Ce groupe de transformations conformes agit sur le demi-plan de Poincaré H. Au
quotient, on trouve un tore percé par extraction d’un point TΓ• = H/Γ. En transportant la métrique de H sur ce quotient, la projection H → TΓ• devient une application conforme. On dit que A et B sont les matrices du tore percé conforme TΓ•
et que le groupe Γ = gp(A, B) est un groupe fuchsien définissant TΓ• . Evidemment,
un même tore percé TΓ• peut correspondre à d’autres couples de générateurs (A, B)
de G et à d’autres couples de générateurs (a, b) du groupe Γ.
2.2.1. Notion de groupe de Fricke. La théorie de Markoff classique [143] entre
dans le cadre géométrique que l’on vient de présenter avec
c = β = −c′ = −α = 1,
1 1
1 −1
A = A0 =
, B = B0 =
.
1 2
−1 2
Ces deux matrices engendrent [511] le sous-groupe normal dérivé du groupe discret
SL(2, Z), d’où un groupe fuchsien de P SL(2, Z) isomorphe à F2 , le groupe libre
de rang 2. Généralisant cet exemple, on dit qu’un groupe fuchsien Γ = P G est un
groupe de Fricke si et seulement s’il vérifie les deux conditions [681] [700] :
(1) : Le groupe Γ est isomorphe à un groupe libre à deux générateurs F2 = Z ∗ Z.
(2) : La surface de Riemann H/Γ possède un espace topologique support qui est
homéomorphe à un tore topologique percé par extraction d’un point.
Dans le cas général, il n’est pas toujours simple de démontrer que Γ est un groupe
fuchsien [293]. Il n’est pas non plus nécessairement facile de montrer que l’on a affaire à un groupe libre [588]. Pour cela, on a besoin de connaitre un minimum des
propriétés des matrices A et B. Dans la suite on donne un exemple qui montre que
certains résultats classiques dans ce domaine [496] [661] sont à appliquer avec prudence. Notre définition même des groupes de Fricke n’est pas la plus communément
admise. On trouve par exemple dans [66] une définition des groupes modulaires
de Fricke qui englobe celle qui précède. Ces définitions trouvent leur origine dans
l’ouvrage [273].
2.2.2. Image inverse. Notons a et b les deux générateurs du sous-groupe fuchsien Γ de P SL(2, R), et soient A et B deux images inverses respectives de a et b. On
peut considérer en remontant à SL(2, R) quatre sous-groupes à deux générateurs
d’image Γ dans P SL(2, R) par la projection canonique ψ
gp(A, B), gp(−A, B), gp(A, −B), gp(−A, −B).
Les points correspondants α, s = 0, β, p = ∞, définis par chacun des groupes
précédents sont identiques. En considérant les quatre possibilités précédentes, on
46
4. APPROCHE ANALYTIQUE
dit que gp(A, B) est le groupe principal défini par Γ si et seulement si on a
tr(A) ≥ 0, tr(B) ≥ 0.
On dit que les trois autres groupes gp(−A, B), gp(A, −B), gp(−A, −B), sont les
groupes conjugués de gp(A, B). La remontée d’un groupe Γ ⊂ P SL(2, R) en un
groupe G ⊂ SL(2, R) dont Γ est l’image est étudiée dans [446]. On a :
Proposition 2.2. Le groupe principal gp(A, B) défini par un groupe de Fricke
Γ = gp(a, b) est libre. La projection canonique ψ telle que ψ(A) = a et ψ(B) = b est
un isomorphisme de gp(A, B) sur gp(a, b). Pour les groupes conjugués on a aussi
des isomorphismes
ψ : gp(A, −B) ≃ Γ, ψ : gp(−A, B) ≃ Γ, ψ : gp(−A, −B) ≃ Γ.
Enfin, on a pour l’opposé de la matrice unité
−12 ∈
/ gp(A, B), −12 ∈
/ gp(A, −B), −12 ∈
/ gp(−A, B), −12 ∈
/ gp(−A, −B).
2.3. Hyperbolicité des deux matrices d’un tore percé. Avec l’expression calculée la matrice A et de B, on a facilement [408] :
Proposition 2.3. Les matrices A et B d’un tore percé TΓ• sont hyperboliques,
c’est-à-dire telles que :
|tr(A)| > 2, |tr(B)| > 2.
Elles possèdent chacune deux points fixes réels non à l’infini sur le bord de H, et une
géodésique invariante qui les relie, son axe. En particulier, pour le groupe principal
gp(A, B) d’un tore percé conforme, on a tr(A) > 2, tr(B) > 2.
La position respective des extrémités des axes, les points fixes a+ , a− , b+ , b− ,
de A et B, n’est pas indifférente, ou ce qui revient au même le fait que les axes de A
et B se coupent dans H. Ces deux axes ne peuvent d’ailleurs être identiques que si
l’on a c′2 α = c2 β. Or les signes de α et β garantissent que cette égalité n’est jamais
assurée. L’introduction un birapport permet de retrouver un résultat connu :
Proposition 2.4. Avec les deux conditions α < 0 et β > 0 et les expressions
données pour A et B, les axes de ces deux matrices hyperboliques sont toujours
distincts. Ils ne se coupent que si et seulement si on a la condition
(b+ − a+ ) (b− − a− )
×
.
(b+ − a− ) (b− − a+ )
Celle-ci est équivalente au fait que tout intervalle du bord de H contenant deux
points fixes de l’une des transformations A ou B contient aussi un point fixe de
l’autre.
0 > [a+ , a− ; b+ , b− ] =
Les définitions du birapport (”rapport de rapport” plutôt que ”cross product”)
sont diverses selon les auteurs. Notre définition est celle de [791] [744].
2.4. Intervention des commutateurs. On considère le commutateur de A
et B, que l’on définit comme suit :
L = [A, B] = ABA−1 B −1 .
Il s’agit ici de la définition classique du commutateur donnée par exemple dans [47]
[408] et non de celle que l’on trouve dans [85]. On peut le calculer. Il permet de
considérer avec [144] une autre matrice C ◦ de G telle que
C ◦ BA = 1, ABC ◦ = L.
2. CONSTRUCTION DE TORES PERCÉS CONFORMES
47
Le commutateur s’introduit naturellement dans notre contexte parce que l’on a
L(s) = ABA−1 B −1 (s) = ABA−1 (β) = AB(p) = A(α) = s.
En d’autres termes il contient toute l’information nécessaire à la définition du tore
percé conforme défini par A et B. Si A et B commutent, toute possibilité de définir
le tore disparaı̂t. Dans le cas contraire tout point fixe de L permet de définir les
points possibles s, β, p, α. Dans le cas général, on trouve deux possibilités pour s,
donc pour β, p, α. Remarquons aussi que dans le cas encore plus général pour A et
B il n’y a pas de raisons que s, β, p, α, soient réels, le procédé peut alors donner
des tores complets. Mais on laisse ces cas de côté, concentrant l’attention sur les
tores percés construits, où sont réels les nombres s, β, p, α. Ceci donne [408] :
Proposition 2.5. Avec les expressions des matrices A et B du tore percé TΓ• ,
le commutateur L = [A, B] est tel que
tr(L) = tr([A, B]) ≤ −2.
On dit que [A, B] est une matrice parabolique lorsque tr([A, B]) = −2 a lieu.
Lorsque l’on a l’inégalité stricte tr([A, B]) < −2, on dit qu’elle est hyperbolique.
La matrice inverse L−1 permet d’introduire une matrice C vérifiant
CAB = 1, BAC = L−1 = [B, A] = [A, B]−1 , tr(L−1 ) = tr(L).
On a aussi un autre commutateur K qui définit le même tore percé que L avec
ABC = 1, CBA = K = [B −1 , A−1 ], tr(K) = tr(L),
BAC ◦ = 1, C ◦ AB = K −1 = [A−1 , B −1 ], tr(K −1 ) = tr(K),
K(p) = B −1 A−1 BA(p) = B −1 A−1 B(β) = B −1 A−1 (s) = B −1 (α) = p.
Pour les traces des matrices que l’on vient de considérer, il est facile d’établir :
Proposition 2.6. On a
tr(C) = tr(C ◦ ),
tr(L) = tr(L−1 ) = tr(K) = tr(K −1 ) ≤ −2,
tr(L) + 2 = tr(A)2 + tr(B)2 + tr(AB)2 − tr(A)tr(B)tr(AB) ≤ 0.
La dernière égalité de cette proposition est due à Fricke. Elle introduit un
nombre qui est utilisé dans la suite
σ = tr(A)2 + tr(B)2 + tr(AB)2 − tr(A)tr(B)tr(AB).
2.5. Tores percés paraboliques et hyperboliques. La dernière proposition identifie deux cas pour K et L (comparer à [850]). Illustrons avec K
• Si tr(K) = −2, on a c2 β = −c′2 α, et les matrices K et L sont paraboliques.
La matrice K se simplifie
−1 2(1 − c2 αβ − c′2 αβ)/(c′2 α)
K=
.
0
−1
Elle donne une transformation parabolique du demi-plan de Poincaré H. Son unique
point fixe est p = ∞. Il permet de définir un tore associé unique TΓ• grâce aux
matrices A et B. Cette transformation ne laisse aucune géodésique de H invariante.
Elle correspond à une translation parallèlement à l’axe réel. On dit que TΓ• est un
tore percé conforme parabolique.
48
4. APPROCHE ANALYTIQUE
• Si tr(K) < −2, les matrices K et L sont hyperboliques. K laisse invariante
une géodésique de H, l’axe de K, qui avec c2 β + c′2 α 6= 0 est la géodésique des
points z = x + iy de H vérifiant
x=
(c2 αβ + c′2 αβ − 1)
.
(c2 β + c′2 α)
Elle possède deux points fixes sur le bord de H : le point à l’infini p = ∞ et
l’intersection p′ de cette géodésique avec le bord de H. Le point à l’infini p permet
de définir un tore associé TΓ• avec les points B(p) = α, A(α) = B(β) = s, A(p) = β.
On dit que TΓ• est un tore percé conforme hyperbolique. Dans ce cas, il est possible
de s’assurer que la géodésique pp′ invariante dans H par K donne dans TΓ• une
géodésique fermée entourant la piqûre. En extrayant alors le disque piqué ayant
cette géodésique pour bord, on fabrique une nouvelle surface trouée TΓ◦ . Dans H,
on peut représenter le domaine fondamental correspondant à l’image réciproque de
TΓ◦ . On peut vérifier qu’il est stable par le groupe gp(A, B). Tout se passe comme
si la surface TΓ• prolongeait TΓ◦ de façon à réduire le trou à une piqûre. Les deux
objets TΓ• et TΓ◦ ont même support topologique, mais pas même support conforme.
Le fait remarquable dans ce cas est que le tore percé hyperbolique est dédoublé
grâce à l’autre extrémité p′ de la géodésique invariante par K et aux points qui
s’en déduisent avec B(p′ ) = α′ , A(α′ ) = B(β ′ ) = s′ , A(p′ ) = β ′ . Ce second tore est
distinct du tore précédent. Lorsque c2 β + c′2 α tend vers 0, on constate que p′ tend
vers p = ∞, s′ vers s = 0, α′ vers α, β ′ vers β. Le tore percé devient parabolique
mais double à la limite. Ceci illustre le phénomène du double de Schottky d’une
surface de Riemann non compacte ([149] p.235).
2.6. Une représentation à trois paramètres. Ayant paramétré tous les
tores percés conformes avec un objet géométrique V de dimension 4, on voit maintenant comment trouver d’autres paramétrisations de tous ces tores par un objet
géométrique différent de V. On privilégie les nombres :
λ = c′ α, µ = cβ,
θα = −c′2 α = −c′ λ > 0, θβ = c2 β = cµ > 0, Θ = (θα /θβ ) > 0,
M = tr(AB)2 − tr([A, B]) − 2 = tr(AB)2 − σ,
M2 = tr(A)tr(AB) − tr(B) + Θtr(B),
On obtient :
M1 = tr(B)tr(AB) − tr(A) + Θ−1 tr(A).
λ = (M2 /M ), µ = (M1 /M ).
Les expressions de tr(A), tr(B), tr(AB) donnent maintenant :
M 2 + M12 + Θ−1 M22 = tr(A)M M1 ,
M 2 + ΘM12 + M22 = tr(B)M M2 ,
M 2 + ΘM12 + Θ−1 M22 = tr(AB)M1 M2 .
Les trois relations précédentes ont une solution commune en Θ pourvu que l’on ait :
M 2 + M12 + M22 = tr(A)M M1 + tr(B)M M2 − tr(AB)M1 M2 .
Lorsque la valeur de Θ est différente de 1, on trouve, avec ε = ±1 :
√
−(2tr(B)tr(AB) − tr(A)σ) + εtr(A) σ 2 − 4σ
,
µ=
2(σ − tr(AB)2 )
2. CONSTRUCTION DE TORES PERCÉS CONFORMES
49
√
−(2tr(A)tr(AB) − tr(B)σ) − εtr(B) σ 2 − 4σ
.
2(σ − tr(AB)2 )
Ces expressions n’ont un sens qu’à condition d’avoir un argument positif dans les
radicaux. Comme par construction λ et µ sont réels et existent bien, cette condition
est assurée. Le cas parabolique où tr([A, B]) = −2 se singularise en annulant le
terme σ 2 − 4σ. Ceci simplifie les expressions de λ et µ.
Si l’on revient aux expressions des matrices A et B, on observe qu’elles sont
totalement déterminées par les trois nombres réels tr(A), tr(B), tr(AB), à un
paramètre réel près cependant, que l’on peut supposer ici être θα . La question
naturelle qui se pose est donc de savoir ce qui lie des couples de matrices (A, B)
correspondant aux mêmes traces, mais à des valeurs θα distinctes. Considérons donc
de tels couples (A, B) et (A′ , B ′ ). Avec s = 0 et p = ∞, on a par construction :
λ=
α=−
µ2 Θ
λ2
, β=
.
θα
θα
Ceci donne le birapport suivant
[α, β; s, p] = −
1 λ 2
( ) .
Θ µ
Le même raisonnement fait pour (A′ , B ′ ) conduit au même birapport. Sur la droite
projective constituant le bord de H, on met ainsi en évidence deux quadruplets de
points ayant même birapport. Il en découle selon un résultat connu([269] p. 248,
[672] p. 76) l’existence d’une homographie h de P GL(2, R) = GL(2, R)/(R\{0})
les échangeant. Elle permet la construction d’une transformation conforme de H
autorisant à se limiter à θα = 1 et à énoncer :
Proposition 2.7. A une conjugaison près par une matrice de SL(2, R), on a
la représentation paramétrique suivante à trois paramètres pour les matrices A et
B du tore percé TΓ•
µ
(µλ2 )
λ
−(λµ2 Θ)
A=
, B=
.
(1/Θµ) ((1 + (λ2 /Θ))/µ)
−(1/λ) ((1 + Θµ2 )/λ
La donnée des trois paramètres λ 6= 0, µ 6= 0, Θ > 0, détermine les matrices A, B,
et AB, et donc leurs traces selon les expressions
tr(A) = ((1 + (λ2 /Θ) + µ2 )/µ),
tr(B) = ((1 + λ2 + Θµ2 )/λ),
tr(AB) = ((1 + (λ2 /Θ) + Θµ2 )/λµ).
Ces valeurs vérifient les conditions supplémentaires
1 + λ2 + µ2 = tr(A)µ + tr(B)λ − tr(AB)λµ,
α = −λ2 , s = 0, β = µ2 Θ, p = ∞.
Inversement, les trois paramètres intervenant dans ces matrices ne dépendent que
des trois valeurs tr(A), tr(B), tr(AB), et d’un signe, avec les expressions
√
−(2tr(A)tr(AB) − tr(B)σ) − εtr(B) σ 2 − 4σ
λ=
6= 0,
2(σ − tr(AB)2 )
√
−(2tr(B)tr(AB) − tr(A)σ) + εtr(A) σ 2 − 4σ
µ=
6= 0,
2(σ − tr(AB)2 )
50
4. APPROCHE ANALYTIQUE
Θ=
où l’on a
√
2tr(A)2 + 2tr(B)2 − tr(B)2 σ + εtr(B)2 σ 2 − 4σ
√
> 0,
2tr(A)2 + 2tr(B)2 − tr(A)2 σ − εtr(A)2 σ 2 − 4σ
ε = ±1, σ = tr(A)2 + tr(B)2 + tr(AB)2 − tr(A)tr(B)tr(AB) ≤ 0.
De plus on a équivalence des trois propriétés suivantes :
tr(L) = −2, σ = 0, Θ = 1.
Les expressions données pour A et B dans cette proposition n’utilisent que trois
paramètres parce qu’on a caché θα en raisonnant à une transformation conforme
de H près. Les paramètres qui restent définissent un objet géométrique V ′ qui
est réel de dimension 3. Il indexe avec des paramètres (λ, µ, Θ) ∈ V ′ les couples
(A, B) correspondants, et donc les différentes possibilités pour les classes de tores
percés conformes. L’espace V ′ est défini par les contraintes λ 6= 0, µ 6= 0, Θ > 0.
Raisonnant sur Γ = P gp(A, B) on peut se limiter à λ > 0, µ > 0, Θ > 0.
2.7. Autre représentation à quatre paramètres. Dans le résultat qui
précède, on a introduit une dissymétrie dans les rôles joués par θα et θβ . En
rétablissant la symétrie entre θα et θβ on a obtenu :
Proposition 2.8. A une conjugaison près par une matrice de SL(2, R), on a
la représentation paramétrique suivante à quatre paramètres pour les matrices A et
B du tore percé conforme TΓ•
µ
(µλ2 /Θα )
A=
,
(Θβ /µ) ((1 + (Θβ /Θα )λ2 )/µ)
λ
−(λµ2 /Θβ )
B=
.
−(Θα /λ) ((1 + (Θα /Θβ )µ2 )/λ)
Les paramètres intervenant dans ces expressions ne dépendent que des trois valeurs
tr(A), tr(B), tr(AB), et d’une valeur ε = ±1 :
σ = tr(A)2 + tr(B)2 + tr(AB)2 − tr(A)tr(B)tr(AB) ≤ 0,
√
−(2tr(A)tr(AB) − tr(B)σ) − εtr(B) σ 2 − 4σ
6= 0,
λ=
2(σ − tr(AB)2 )
√
−(2tr(B)tr(AB) − tr(A)σ) + εtr(A) σ 2 − 4σ
µ=
6= 0,
2(σ − tr(AB)2 )
p
Θα = 2tr(A)2 + 2tr(B)2 − tr(B)2 σ + εtr(B)2 σ 2 − 4σ > 0,
p
Θβ = 2tr(A)2 + 2tr(B)2 − tr(A)2 σ − εtr(A)2 σ 2 − 4σ > 0.
α = −(λ2 /Θα ), s = 0, β = (µ2 /Θβ ), p = ∞.
A une conjugaison près définie par une dilatation d’amplitude τ 2 telle que
θ α = Θ α τ 2 , θβ = Θ β τ 2 ,
on retrouve les expressions paramétriques antérieures
µ
(µλ2 /θα )
λ
−(λµ2 /θβ )
A=
,
B
=
.
(θβ /µ) ((1 + (θβ /θα )λ2 )/µ)
−(θα /λ) ((1 + (θα /θβ )µ2 )/λ)
A une conjugaison près définie par une dilatation d’amplitude Θα , on retrouve aussi
les expressions déjà vues avec le paramètre Θ = (Θα /Θβ ).
2. CONSTRUCTION DE TORES PERCÉS CONFORMES
51
Cette proposition peut être interprétée avec un nouvel objet géométrique V ′′
de dimension 4 permettant de paramétrer tous les tores percés conformes d’une
nouvelle façon. On utilise ici des quadruplets (tr(B), tr(A), tr(BA), ε) ∈ V ′′ l’objet
V ′′ est défini par ε = ±1 et la condition
tr(A)2 + tr(B)2 + tr(AB)2 − tr(A)tr(B)tr(AB) ≤ 0.
Le bord de V ′′ correspondant à la condition σ = 0 ne donne que des tores percés
conformes paraboliques. Dans ce cas d’ailleurs, les tores percés associés à ε = 1 et
ε = −1 sont identiques. Ce bord peut donc être paramétré en oubliant ε, uniquement par des triplets (tr(B), tr(A), tr(BA)) vérifiant l’équation de Markoff classique :
tr(A)2 + tr(B)2 + tr(AB)2 − tr(A)tr(B)tr(AB) = 0.
On a montré dans [629] que dans ce cas le groupe G = gp(A, B) est un groupe
libre à deux générateurs F2 s’il est contenu dans GL(2, Z). Il détermine un groupe
de Fricke P gp(A, B) engendré par les classes de A et B. La suite montre comment
l’équation de Markoff paramétrise en fait tous les groupes de Fricke par des points
du bord de V ′′ . Ceci revient à dire que pour un tore percé conforme les propiétés
d’être de Fricke ou parabolique sont équivalentes [273] [681].
On conjecture que les groupes correspondant aux tores percés conformes hyperboliques ont, en dehors du bord de V ′′ , deux générateurs A et B qui sont liés.
Construire les relations les liant est un problème essentiel dont les conséquences
pourraient être importantes. On donne dans la suite un exemple où l’on a réussi à
le faire. Cet exemple illustre notre conjecture.
2.8. Rôle des transformations anti-conformes. Dans la proposition qui
précède, on voudrait pouvoir se limiter dans tous les cas à une paramétrisation des
tores percés par des triplets (tr(B), tr(A), tr(BA)), et donc se passer également
du terme ε pour les tores percés conformes hyperboliques. C’est possible si on ne
raisonne qu’à isométrie près de H, c’est-à-dire en faisant agir aussi ses transformations anti-conformes. Pour le voir il a suffi d’expliquer ce qui différencie les deux
cas ε = +1 et ε = −1 correspondant à un même triplet (tr(A), tr(B), tr(AB)). Ceci
a permis d’énoncer :
Proposition 2.9. Pour les deux couples de matrices (A+ , B + ) et (B − , A− )
correspondant à un même triplet de traces tel que σ < 0 ainsi que respectivement à
ε = 1 et ε = −1, il existe une matrice D ∈ S ∗ L(2, R) telle que
B − = DA+ D−1 , A− = DB + D−1 , det(D) = −1.
La matrice D définit une transformation anti-conforme ψ(D) = h−
+ du demi-plan de
Poincaré H dans lui-même qui transforme les géodésiques comme suit (en inversant
les sens de parcours) :
α+ p → pβ − , α+ s → sβ − , sβ + → α− s, pβ + → α− p;
− +
−
−
+
−
−
h−
+ (α ) = β , h+ (β ) = α , h+ (s) = s, h+ (p) = p;
β−
α−
=
(
)z
)z.
β+
α+
Elle donne pour les divers paramètres intervenant
h−
+ (z) = (
(tr(A+ ), tr(B + ), tr(A+ B + )) = (tr(B − ), tr(A− ), tr(A− B − )),
(λ+ , µ+ , Θ+ ) = (µ− , λ− , (1/Θ− )),
52
4. APPROCHE ANALYTIQUE
[α+ , β + ; s, p] = [β − , α− ; s, p],
− +
− +
+
α− = −(Θ+
β /Θα )β = −(Θα /Θβ )β ,
−
+
+
−
+
β − = −(Θ+
α /Θβ )α = −(Θβ /Θα )α .
Ce résultat permet de se limiter au cas ε = 1 dans les calculs courants faits
autour des tores percés, lorsque l’on raisonne à isométrie près de H. Il est intéressant
de se demander ce que donne la proposition précédente lorsque σ tend vers 0.
On trouve à la limite un tore percé conforme parabolique où s = 0 et p = ∞.
Ceci explique comment tout tore percé conforme parabolique est anti-conformément
équivalent à lui-même. Dans les autres cas, la dernière proposition correspond aux
observations qui ont été faites précédemment sur le dédoublement des tores percés
hyperboliques (et les doubles de Schottky d’une surface de Riemann non compacte
[149] p.235). Une transformation anti-conforme lie les deux tores percés obtenus.
3. Signification géométrique de nos équations
3.1. Cône attaché à un tore percé. Revenant sur les nombres M , M1 , M2 ,
qui ont été introduits précédemment, on a obtenu :
Proposition 3.1. Soient A et B les matrices d’un tore percé conforme TΓ•
quelconque. Avec les expressions connues où ε = ±1
σ = tr(A)2 + tr(B)2 + tr(AB)2 − tr(A)tr(B)tr(AB),
√
2tr(A)2 + 2tr(B)2 − tr(B)2 σ + εtr(B)2 σ 2 − 4σ
√
,
Θ=
2tr(A)2 + 2tr(B)2 − tr(A)2 σ − εtr(A)2 σ 2 − 4σ
M1 = tr(B)tr(AB) − tr(A) + Θ−1 tr(A),
M2 = tr(A)tr(AB) − tr(B) + Θtr(B),
M = tr(AB)2 − σ,
on a la relation (F R∗ ) suivante :
M 2 + M12 + M22 = tr(A)M M1 + tr(B)M M2 − tr(AB)M1 M2 .
L’équation (F R∗ ) définit une quadrique en M , M1 , M2 , qui est un cône en ces
paramètres directement donné par la matrice
tr(A)
tr(B)
1
−
−
2
2
tr(A)
tr(AB)
−
.
1
2
2
tr(B) tr(AB)
1
−
2
2
On dit que c’est le cône (F R∗ ) associé au couple de générateurs (A, B) du groupe
gp(A, B) du tore percé TΓ• que l’on considère. Le déterminant de la matrice qui le
définit vaut
1
4−σ
1 − (tr(A)2 + tr(B)2 + tr(AB)2 − tr(A)tr(B)tr(AB)) =
≥ 1.
4
4
Pour le tore percé conforme associé, on peut considérer que la relation (F R∗ )
est une bonne généralisation de l’équation de Markoff classique [522]. En effet, si
Θ = 1, soit σ = 0, elle se simplifie par un facteur tr(AB)2 en
tr(A)2 + tr(B)2 + tr(AB)2 = tr(A)tr(B)tr(AB).
3. SIGNIFICATION GÉOMÉTRIQUE DE NOS ÉQUATIONS
53
3.2. Lien avec nos équations M s1 s2 (b, ∂K, u). Il est apparu que l’équation
(F R∗ ) correspond aux équations qui ont été étudiées dans ce qui précède.
3.2.1. Une équation équivalente. On a fait apparaı̂tre dans [630] une équation
équivalente à M s1 s2 (b, ∂K, u). On appelle M (b, r, s, t) cette nouvelle équation :
x2 + y 2 + z 2 = (b + 1)xyz + ryz + szx + txy,
où
r = ε1 K1 − ε2 K2 , s = −(ε1 k1 + k12 ), t = ε2 k2 + k21 .
Le lien s’effectue avec l’équation M s1 s2 (b, ∂K, u) grâce aux deux égalités suivantes
ε1 m2 = K1 m1 − k1 m, ε2 m1 = k2 m − K2 m2 .
3.2.2. Mise en évidence du tore percé et du cône. Dans le cas le plus général
pour établir l’équation M s1 s2 (b, ∂K, u) on a vu que l’on pouvait utiliser une formule
−1
de Fricke pour calculer la trace du commutateur [Ab , Bc ] = Ab Bc A−1
où
b Bc
bm2 + k21 m2
,
Ab = M(⊳X2∗ ,b) =
bk2 + l2
k2
(c + 1)m1 − k1
m1
,
Bc = M(X1∗ ⊲,c) =
(c + 1)(m1 − k12 ) − (k1 − l1 ) m1 − k12
Ceci définit t, s, r, par un simple calcul de traces. De façon à disposer de matrices
appartenant à SL(2, R) on fait l’hypothèse que l’on a
det(Ab ) = det(Bc ) = det(Ab Bc ) = 1 = ε1 = ε2 .
L’équation équivalente M (b, r, s, t) prend alors la forme :
m2 + m21 + m22 = tr(Ab )mm1 + tr(Bc )mm2 − tr(Ab Bc )m1 m2 .
On reconnaı̂t l’équation (F R∗ ) du cône qui a été associée à un tore percé conforme.
Ce tore est déduit du groupe gp(Ab , Bc ) avec :
−1
−1
−1
L(s) = Ab Bc A−1
b Bc (s) = s, α = Ab (s), p = Bc (α), β = Ab (p).
Dans le cas parabolique, on trouve avec ces conditions un tore percé unique. C’est
le cas de la théorie de Markoff classique. Dans le cas hyperbolique qui est le cas le
plus fréquent, on identifie ainsi deux tores percés.
3.2.3. Un exemple de tore percé hyperbolique. On a détaillé un exemple hyperbolique qui correspond à l’équation M ++ (3, 0, 1). Les matrices à considérer sont
dans SL(2, Z) :
11 3
37 11
A=
= M(1,1,1,3) , B =
= M(3,1,2,3) .
7 2
10 3
On peut calculer les deux tores percés conformes. L’un est donné par les points
√
4363 + 3122285
= [3, 1, 2, 3, 3, 3, 3, 2, 1] ≈ 3, 697225,
s+ =
1658
√
1477 + 3122285
= [3, 3, 3, 2, 1, 1, 2, 3] ≈ 3, 303461,
β+ =
982
54
4. APPROCHE ANALYTIQUE
√
−44517 − 3122285
= [−1, 1, 2, 2, 1, 3, 3, 2, 1, 1, 2, 3, 3] ≈ −2, 297497,
155578
√
1477 − 3122285
α+ =
= [−1, 1, 2, 2, 1, 1, 2, 3, 3, 3, 3] ≈ −0, 295315.
982
Le second tore est donné par les points
√
4363 − 3122285
= [1, 1, 1, 3, 3, 3, 3, 2, 1, 1, 2] ≈ 1, 565743,
s− =
1658
√
1477 − 3122285
β− =
= [−1, 1, 2, 2, 1, 1, 2, 3, 3, 3, 3] ≈ −0, 295315,
982
√
−44517 + 3122285
= [−1, 1, 2, 1, 1, 1, 3, 3, 3, 2, 1, 1, 2, 3] ≈ −0, 274782,
p− =
155578
√
1477 + 3122285
= [3, 3, 3, 2, 1, 1, 2, 3] ≈ 3, 303461.
α− =
982
Un point remarquable est que dans ce cas on a
p+ =
β+ = α− , β− = α+ ,
d’où deux matrices U = B −1 A = −A−1 B et V = BA−1 = −AB −1 telles que
U 2 = V 2 = −12 , A = −V B = BU, B = V A = −AU,
β+ = U ( β− ) = V ( β− ).
Dans le groupe Γ = gp(ψ(A), ψ(B)) on trouve ainsi des relations entre ψ(A) et
ψ(B). Elles établissent que ce groupe n’est pas libre. Ce n’est donc pas un groupe
de Fricke, même si par construction la surface de Riemann H/Γ est homéomorphe
à un tore percé. Les points fixes de A et B sont respectivement
√
9 + 165
+
∗
≈ 1, 5604,
a = −[⊳X2 , a] = −[1, 1, 1, 3] =
14
√
9 − 165
a− = −[0, X2 ⊲, a] = −[0, 1, 1, 1, 3] =
≈ −0, 6409,
6
√
34 + 1586
≈ 3, 6912,
b+ = −[X1∗ ⊲, a] = −[3, 1, 2, 3] =
20
√
32 − 1586
≈ −0, 3557.
b− = −[0, ⊳X1 , a] = −[0, 2, 1, 3, 3] =
22
Leurs axes respectifs se coupent donc. D’autre part, un calcul simple montre que
s+ et s− sont des points fixes réels de la matrice de trace σ − 2 = 1767
−1298 4799
−1 −1
L = ABA B =
∈ SL(2, Z).
−829 3065
Cet exemple est intéressant car il est en contradiction avec un théorème établi par
R.C. Lyndon et J.L. Ullman [496] (p. 164) qui permettrait dans ce cas de conclure
que le groupe gp(ψ(A), ψ(B)) est libre. Le constat que cet article présente au moins
deux difficultés a déjà été fait dans l’article [661] (pp. 213-214). Il est confirmé.
L’équation (F R∗ ) du cône est locale et change pour chaque point (m, m1 , m2 )
de la surface cubique M ++ (3, 0, 1). Au point (130, 11, 3) elle s’écrit :
x2 + y 2 + z 2 = tr(A)xy + tr(B)zx − tr(AB)yz = 13xy + 40xz − 520yz.
4. THÉORIE COMPLÈTE POUR LES TORES PERCÉS PARABOLIQUES
55
Equivalente avec 15m2 − 4m1 = 1 à M ++ (3, 0, 1), elle donne aussi l’équation
M (b, r, s, t) qui s’écrit :
x2 + y 2 + z 2 = 4xyz − 15xz + 4xy.
3.2.4. Une piste d’approfondissement. L’exemple précédent permet de comprendre le lien de la surface cubique avec le groupe fuchsien Γ = gp(ψ(A), ψ(B)).
Pour prolonger la réflexion on a trouvé des indications dans [735] (Tome 1, chapitre
III 1.6 p. 164). Avec la représentation paramétrique généralisant celle de Fricke qui
a été construite au chapitre précédent, on déduit une application régulière de la
surface dans le plan projectif et surtout un pinceau non dégénéré de coniques. On
peut alors faire apparaı̂tre dans cette situation un groupe abélien libre [735] (Tome
1, chapitre III 1.6, théorème 4) à partir duquel on peut espérer reconstruire les
matrices 2 × 2 que l’on considère. Dans une telle interprétation qui reste à détailler
complètement, on matérialise le groupe des classes de diviseurs de la surface en
chaque point entier (m, m1 , m2 ) en utilisant une application s du plan projectif P1
dans la surface définissant la courbe S = s(P1 ) et une fibre non singulière F dont
on déduit le groupe gp(A, B). Ceci donne une nouvelle piste pour approfondir la
situation que l’on considère, en la rattachant à une problématique importante de
géométrie algébrique.
4. Théorie complète pour les tores percés paraboliques
Dans le cas des tores percés paraboliques on peut réduire encore le nombre
des paramètres. On a vu précédemment que ce cas est celui des groupes de Fricke
et qu’il existe un lien direct avec l’équation de Markoff classique. Ceci permet de
développer une théorie complète de la réduction pour ces tores percés [681]. Elle
généralise ce qui a été construit dans [629] pour la théorie de Markoff classique, ou
dans le chapitre 2 pour la résolution de nos équations par descente infinie.
4.1. Représentations à deux paramètres. En supposant que gp(A, B) est
un groupe principal, on peut supposer λ et µ positifs. Seules deux valeurs suffisent
alors à définir les matrices A et B dans le cas parabolique. On a ainsi énoncé :
Proposition 4.1. Pour un tore percé conforme parabolique TΓ• , on a à une
conjugaison près par une matrice de SL(2, R), la représentation paramétrique suivante pour les matrices A et B du groupe principal de TΓ•
µ
(µλ2 /Θα )
λ
−(λµ2 /Θα )
A=
, B=
,
(Θα /µ) ((1 + λ2 )/µ)
−(Θα /λ) ((1 + µ2 )/λ)
avec
Θα = 2(tr(A)2 + tr(B)2 ), α = −(λ2 /Θα ), s = 0, β = (µ2 /Θα ), p = ∞.
Ceci donne la représentation paramétrique suivante des traces
tr(A) =
1 + λ2 + µ2
1 + λ2 + µ2
1 + λ2 + µ2
, tr(B) =
, tr(AB) =
,
µ
λ
λµ
où
λ = (tr(A)/tr(AB)) > 0, µ = (tr(B)/tr(AB)) > 0.
56
4. APPROCHE ANALYTIQUE
Ce cas est caractérisé par la relation de Fricke
tr(A)2 + tr(B)2 + tr(AB)2 = tr(A)tr(B)tr(AB).
Cette relation signifie que la représentation paramétrique précédente de TΓ• est à
deux paramètres λ et µ. A une dilatation d’amplitude τ = Θ−1
α près, on peut faire
disparaı̂tre le paramètre Θα des écritures précédentes en raisonnant à une transformation conforme près. Les deux matrices à considérer prennent alors la forme
µ
µλ2
λ
−λµ2
A=
,
B
=
.
(1/µ) ((1 + λ2 )/µ)
−(1/λ) ((1 + µ2 )/λ)
Le groupe P gp(A, B) qu’elles définissent est un groupe de Fricke. Et gp(A, B) est
un groupe libre à deux générateurs isomorphe à F2 .
Cette proposition peut être interprétée avec un objet géométrique V ′′′ qui est
une surface de Riemann d’équation
x2 + y 2 + z 2 = xyz.
Chaque point (x, y, z) = (tr(B), tr(A), tr(AB)) de V ′′′ définit un couple (λ, µ) per•
mettant la donnée d’un tore percé conforme parabolique Tgp(ψ(A),ψ(B))
. La paramétrisation
des matrices en λ et µ est due à Fricke [270] [148]. De plus tous les tores percés
paraboliques sont ainsi obtenus avec les couples (λ, µ) ∈ R2 \{(0, 0)}.
L’énoncé véritablement nouveau de cette proposition est celui qui affiche que
le groupe fuchsien gp(ψ(A), ψ(B)) = P gp(A, B) est toujours un groupe de Fricke.
On utilise pour le démontrer le théorème 8 (p. 221) de [661] avec
tr(A) > 2, tr(B) > 2, tr(L) = tr(ABA−1 B −1 ) = −2.
On peut calculer les points fixes a+ , a− , b+ , b− , de A et B en fonction de λ,
µ, et s’assurer du signe négatif de [a+ , a− ; b+ , b− ]. Ayant ainsi vérifié toutes les
conditions de théorème cité on l’applique pour conclure que le groupe gp(A, B) est
discret et libre à deux générateurs tout comme P gp(A, B). Comme par construction
la surface de Riemann H/P gp(A, B) est homéomorphe à un tore percé en un point,
il en résulte que P gp(A, B) est un groupe de Fricke. Comme la réciproque se déduit
aisément de [629] en montrant que les traces sont liées par une équation de Markoff
classique, cette propriété est bien caractéristique du cas parabolique. De plus on a
donné précédemment un exemple hyperbolique où cette propriété n’est pas assurée.
En d’autres termes on a obtenu une équivalence entre la catégorie des groupes de
Fricke et celle des tores percés conformes paraboliques.
4.2. Des exemples de tores percés paraboliques. Différents exemples
de groupes de Fricke associés à des tores percés conformes paraboliques sont bien
connus.
• Le lien avec les travaux de A. Schmidt [700] introduit
A0 = tr(AB), B0 = tr(A), C0 = tr(B), k = (1 + λ2 + µ2 )/θ,
T0 = BA, U0 = A, V0 = B −1 .
Ceci donne une nouvelle représentation paramétrique (voir [632]) précisant comment A et B agissent sur les bords du domaine fondamental pαsβ.
√
√
√
√
βθ
−α βθ
−β −αθ
p −αθ
√
√
, B=±
.
A=± p
θ/β ((1 − αθ)/ βθ)
− (θ/ − α) ((1 − βθ)/ −αθ)
4. THÉORIE COMPLÈTE POUR LES TORES PERCÉS PARABOLIQUES
57
Les travaux de A. Schmidt [700] introduisent une notion de groupe de Fricke étendu
dont un groupe de Fricke est un sous groupe d’indice 2. Un tel groupe étendu n’est
autre qu’un groupe isomorphe au groupe du triangle T3 dans lequel l’indice 2
définit de façon unique le groupe de Fricke. Le groupe étendu correspond à une
sphère triplement percée dont le tore percé est un revêtement à deux feuilles. On
peut prolonger ces repésentations de F2 et T3 en une représentation de GL(2, Z).
• Presque toutes les matrices A ∈ SL(2, R) permettent de trouver une matrice
B avec laquelle gp(A, B) détermine un tore percé conforme parabolique :
Proposition 4.2. Considérons une matrice à coefficients réels
a b
A=±
∈ SL(2, R), où bc > 0, ba > 0, ac > 0,
c d
alors A détermine un tore percé conforme parabolique avec
r
√
b
bc
−a
c
∈ SL(2, R).
r
B = ±
c (1 + a2 )
√
−a
b
bc
Le groupe gp(A, B) est libre à deux générateurs.
Cette proposition donne des exemples classiques [147] [700] [724] :
• Le groupe de Klein est défini avec λ = 1, µ = θ = 2. Il est déterminé par A :
2 1
1 −2
A=
, B=
.
1 1
−2 5
• Le groupe de la théorie de Markoff, qui est en réalité le groupe libre F2 , est
défini avec λ = µ = θ = 1. Il est déterminé par la seule donnée de la matrice A0 :
1 1
1 −1
A0 =
, B0 =
.
1 2
−1 2
Il est possible de voir que ce cas se ramène au précédent.
√
• Le groupe de Hecke est défini avec λ = µ = 2, θ = 1. Il est déterminé par :
√
√
√
√
2/2
−√ 2/4
√
√2/2 √2/4 , B =
.
A=
− 2 3 2/2
2 3 2/2
• Le groupe Gθ est engendré par les matrices suivantes où θ > 0
µ
(µλ2 /θ)
λ
−(λµ2 /θ)
Aθ =
,
B
=
.
θ
(θ/µ) ((1 + λ2 )/µ)
−(θ/λ) ((1 + µ2 )/λ)
Il est conformément équivalent au groupe G1 donné avec θ = 1 par :
1
θ 0
Dθ = √
, A1 = Dθ Aθ Dθ−1 , B1 = Dθ Bθ Dθ−1 .
0
1
θ
On en déduit l’expression de la matrice de passage d’un groupe Gθ à tout autre
groupe Gθ′ . Si l’on note respectivement TΓ•θ et TΓ•θ′ les tores percés conformes
associés, ils sont conformément équivalents lorsque θ et θ′ sont de même signe, et
anti-conformément équivalents dans le cas contraire.
58
4. APPROCHE ANALYTIQUE
4.3. Classification des groupes de Fricke par les triplets de traces.
Avec un formalisme sur les traces analogue à celui de [629] on a trouvé :
Proposition 4.3. Soient (A, B) et (A′ , B ′ ) les systèmes de générateurs respectifs de deux groupes principaux de groupes de Fricke Γ et Γ′ associés à des tores
percés conformes paraboliques, on a équivalence des propriétés suivantes :
1/ Les couples (A, B) et (A′ , B ′ ) sont équivalents par un même automorphisme
intérieur de GL(2, R) :
A = DA′ D−1 , B = DB ′ D−1 , où D ∈ GL(2, R).
2/ On a égalité des deux triplets suivants
Π(A, B) = (tr(B −1 ), tr(A), tr(B −1 A−1 )),
Π(A′ , B ′ ) = (tr(B ′−1 ), tr(A′ ), tr(B ′−1 A′−1 )).
3/ Les couples (A, B) et (A′ , B ′ ) définissent les mêmes paramètres λ, µ ∈ R+
λ = (tr(A)/tr(AB)) = (tr(A′ )/tr(A′ B ′ )),
µ = (tr(B)/tr(AB)) = (tr(B ′ )/tr(A′ B ′ )).
De façon évidente, on a 1/ ⇒ 2/ ⇒ 3/. Le plus délicat est d’établir l’implication
3/ ⇒ 1/. On le fait avec une méthode géométrique directe basée sur la comparaison de birapports. Il en résulte l’existence d’une homographie de la droite réelle
projective sur le bord de H, et donc d’une matrice D ∈ GL(2, R) associée à cette homographie. La matrice D est explicitement calculable, et on vérifie qu’elle satisfait
à la condition 1/. Ceci termine la démonstration en explicitant la transformation
de Möbius de H recherchée. De plus on a pu s’assurer que l’on a :
Proposition 4.4. Toute équivalence conforme d’un tore percé parabolique TΓ•
dans lui-même donnée par une conjugaison de GL(2, R) est égale à l’identité.
4.4. Réduction des tores percés paraboliques. Ayant classé les tores
percés paraboliques au moyen des transformations conformes de H, on a examiné ce
que l’on peut faire sans changer de groupe, mais en changeant seulement de système
de générateurs (A, B). Ceci permet de contruire une théorie de la réduction dans
tout groupe de Fricke.
4.4.1. Les involutions. Le groupe Γ = P gp(A, B) est un groupe de Fricke pour
tout tore percé parabolique TΓ• , et le goupe gp(A, B) est libre à deux générateurs
A et B. On applique les automorphismes involutifs du groupe gp(A, B) dont les
expressions sont issues de la théorie de Markoff classique [629] :
Xφ : (A, B) −→ (A−1 , ABA),
Yφ : (A, B) −→ (BAB, B −1 ),
Zφ : (A, B) −→ (A−1 , B).
Leur action sur le triplet des traces (x, y, z) = (tr(B −1 ), tr(A), tr(B −1 A−1 )) est :
fφ : (x, y, z) −→ (yz − x, y, z),
X
fφ : (x, y, z) −→ (x, xz − y, z),
Y
fφ : (x, y, z) −→ (x, y, xy − z).
Z
Ces transformations laissent invariante la relation x2 + y 2 + z 2 = xyz.
4. THÉORIE COMPLÈTE POUR LES TORES PERCÉS PARABOLIQUES
59
4.4.2. Nappe principale et groupe principal. La dernière équation citée est celle
d’une surface réelle possédant un point double (0, 0, 0) et quatre nappes se déduisant
de la nappe principale définie par les conditions x > 0, y > 0, z > 0. La
fφ , Y
fφ , Z
fφ . On passe d’une
nappe principale est invariante par les transformations X
nappe aux autres par des transformations évidentes. Elles peuvent ne pas laisser le
groupe gp(A, B) invariant. Comme on raisonne sur un tore percé parabolique, on
a recours aux deux paramètres λ = (tr(A)/tr(AB)) et µ = (tr(B)/tr(AB)). Pour
la nappe principale, on a λ > 0 et µ > 0, c’est à dire des valeurs dans le premier
quart de plan réel. Pour les autres couples matrices dont les paramètres sont dans
un des autres quarts de plan, on note les paramètres correspondants ελ λ et εµ µ,
avec λ > 0 et µ > 0, ελ et εµ dans {+1, −1}. Ceux-ci déterminent des couples
de matrices que l’on peut écrire (εµ A, ελ B). Les groupes gp(εµ A, ελ B) et gp(A, B)
peuvent être différents, mais les groupes de transformations associés sont identiques
et déterminent même groupe de Fricke. Tous donnent les mêmes points α, s = 0,
β, p = ∞. On peut donc se limiter à considérer le groupe principal gp(A, B), avec
les conditions λ > 0 et µ > 0 caractérisant la nappe principale. Les autres sont ses
groupes conjugués.
La remontée d’un groupe Γ ⊂ P SL(2, R) à un groupe G ⊂ SL(2, R) dont Γ est
l’image est étudiée dans [446]. Le groupe Γ se remonte en G si et seulement s’il n’a
pas d’élément d’ordre 2. Dans le cas parabolique, il n’y pas de difficulté.
4.4.3. La réduction. Le processus de réduction peut être transposé facilement
du groupe principal à tout groupe conjugué. Sur le groupe principal gp(A, B) on
fφ , Y
fφ , Z
fφ , de façon à
construit algorithmiquement une suite des transformations X
réduire tout système de générateurs (A, B). Considérons que ce système définisse
avec le triplet de traces associé sur la nappe principale les quatre nombres
m = max(x, y, z) > 0,
mx = max(yz − x, y, z) > 0,
my = max(x, xz − y, z) > 0,
mz = max(x, y, xy − z) > 0.
On dit que le triplet (x, y, z) n’est pas réduit si et seulement si l’un des nombres
mx , my , mz , est strictement plus petit que m. On s’assure facilement que pour
tout triplet non réduit, deux des nombres mx , my , mz , sont plus grands que m,
le troisième étant plus petit que m. Ceci permet de choisir une unique involution
fφ , Y
fφ , Z
fφ , avec laquelle on construit un nouveau triplet (x1 , y1 , z1 ) tel que
parmi X
la valeur m1 = max(x1 , y1 , z1 ) soit strictement plus petite que m. On poursuit en
renouvelant le procédé à partir de ce dernier triplet, développant un processus de
descente infinie analogue à celui que l’on a utilisé pour résoudre nos équations. Il
est facile de vérifier que l’algorithme s’arrête sur un triplet réduit. Ceci donne :
Proposition 4.5. Tout groupe principal du groupe de Fricke Γ associé à un
tore percé conforme parabolique TΓ• possède un système de générateurs réduit.
fφ , Y
fφ , Z
fφ , se traduit sur les paramètres λ et µ grâce
L’action des involutions X
à des involutions définissant une action de T3 sur le quart de plan :
Xφ : (λ, µ) −→ (λ,
1 + λ2
).
µ
60
4. APPROCHE ANALYTIQUE
1 + µ2
, µ),
λ
λ
µ
Zφ : (λ, µ) −→ ( 2
,
).
λ + µ2 λ2 + µ2
On fait alors apparaı̂tre un intéressant pavage d’un quart de plan réel par un triangle
curviligne, pavage du à une action du groupe du triangle T3 . Les points invariants
par Xφ dans le quart de plan qui correspond à la nappe principale sont portés par
une hyperbole HX d’équation µ2 − λ2 = 1. Ceux qui sont invariants par Yφ sont
portés par l’hyperbole HY d’équation λ2 −µ2 = 1. Les points invariants par Zφ sont
portés par le cercle HZ d’équation λ2 + µ2 = 1. Ces trois courbes déterminent un
triangle curviligne de sommets L(1, 0), M(0, 1), N(∞, ∞) qui constitue un domaine
fondamental pour l’action sur le quart de plan du groupe T3 .
Yφ : (λ, µ) −→ (
4.4.4. La super-réduction. Dans le triangle curviligne LMN lui-même, on a la
condition
µ2 ≤ 1 + λ2 .
Mais on peut échanger le rôle des matrices A et B sans changer de groupe, c’est-à
dire permuter λ et µ. On obtient λ ≤ µ avec cette transformation
P1 : (A, B) −→ (B, A).
On obtient aussi 1 ≤ λ avec la transformation suivante
P2 : (A, B) −→ (A, B −1 A−1 ).
On dit qu’un système de générateurs (A, B) du groupe principal associé à un tore
percé parabolique TΓ• est super-réduit si et seulement si on a les conditions
1 ≤ λ ≤ µ, µ2 ≤ 1 + λ2 .
Ce qui précède permet d’énoncer :
Proposition 4.6. Tout groupe principal du groupe de Fricke Γ associé à un
tore percé conforme parabolique TΓ• possède un système de générateurs super-réduit.
4.4.5. Exemple des tores percés de Klein et de Hecke. On peut illustrer ce que
donne l’algorithme sur les exemples connus de groupes de Fricke [147].
• Tore de Klein : Ce cas a été donné avec λ = 1, µ = θ = 2, qui ne respectent
pas la condition de super-réduction. Le triplet correspondant est (x, y, z) = (6, 3, 3).
Il donne m = 6, mx = 3, my = 15, mz = 15. On identifie ainsi la transformation
Xφ qui conduit à calculer les matrices suivantes :
1 −1
1 1
A=
, B=
.
−1 2
1 2
On a alors (x, y, z) = (3, 3, 3) et m = 3 < mx = my = mz = 6. On est cette fois
dans le triangle curviligne LMN avec les valeurs λ = µ = 1. On voit alors que l’on
se ramène simplement au groupe de la théorie de Markoff, où B = A0 et A = B0 .
Avec λ = µ = 1 on est alors dans le cas d’un système super-réduit de générateurs
du groupe principal considéré.
√
• Tore de Hecke : Ce cas a été évoqué avec les valeurs λ = µ = 2/2 et
θ = 1. Ces valeurs ne respectent pas la condition de super-réduction. On se trouve
cette fois dans√le triangle
curviligne LMN. Le triplet correspondant est maintenant
√
√
(x, y, z) = (2 2, 2 2, 4). Il correspond aux valeurs m = 4, mx = my = 2 2,
4. THÉORIE COMPLÈTE POUR LES TORES PERCÉS PARABOLIQUES
61
mz = 4. On n’identifie ainsi aucune transformation applicable Xφ , Yφ , Zφ . Par
contre on peut appliquer
√ P2 qui donne les matrices suivantes correspondant aux
valeurs λ = 1 et µ = 2 :
√
√
4 −(1/2)
2/2 √2/4
√
, B=
.
A=
2
0
2 3 2/2
4.5. Module d’un tore percé conforme parabolique. On dit que deux
tores percés conformes paraboliques sont de même type si et seulement s’il existe une
équivalence conforme transformant l’un en l’autre. L’algorithme de réduction permet de remplacer le couple de générateurs (A, B) d’un groupe de Fricke grâce aux involutions Xφ , Yφ , Zφ . Il ne change pas le tore percé conforme sur lequel on travaille.
En combinant les deux méthodes, on associe aux différents types de tores percés
conformes paraboliques avec les calculs qui précèdent un nombre réel (µ2 /λ2 ), le
module du tore percé que l’on considère. Les conditions de super-réduction garantissent que l’on peut se ramener à
1≤
µ2
≤ 2.
λ2
Ceci a permis d’énoncer :
Proposition 4.7. Tous les types de tores percés conformes paraboliques sont
associés à un nombre réel positif (µ2 /λ2 ) compris entre 1 et 2, le module du tore
percé conforme parabolique considéré. La valeur 1 correspond à un tore percé de
Klein. La valeur 2 correspond à un tore percé de Hecke. Toute valeur comprise
entre 1 et 2 correspond à un tore percé conforme.
Cette proposition classe à l’aide de leur module les tores percés conformes
paraboliques que l’on peut construire sur un même tore percé topologique. Deux
tores percés conformes correspondants à des modules (µ2 /λ2 ) différents ne peuvent
être de même type. A l’inverse, deux tores correspondants à un même module
(µ2 /λ2 ) peuvent ne pas être de même type. Considérons pour le voir
µ′ = κµ, λ′ = κλ, κ 6= 0.
Sauf le cas où κ = 1, les quadruplets (α, s, β, p) et (α′ , s′ , β ′ , p′ ) se déduisent par
une homographie sans que celle-ci permette de conclure à des relations convenables
entre les matrices associées A, B et A′ , B ′ . Les traces seules permettent de garantir
que l’on a affaire à des tores paraboliques conformément équivalents. Par exemple
le tore de la théorie de Markoff est donné avec λ = µ = 1, mais il n’est pas
conformément équivalent à celui que l’on obtient avec κ = 2 et les matrices
2
8
2
−8
′
′
A =
, B =
,
(1/2) (5/2)
−(1/2) (5/2)
car les triplets de traces associés comprennent un rationnel non entier qui rend
impossible de trouver M ∈ SL(2, Z) telle que A′ = M −1 A0 M et B ′ = M −1 B0 M .
Les exemples de ce genre ont été étudiés dans [143] où des indications sont données
sur la valeur des constantes de Markoff correspondantes, mais la théorie développée
par cet auteur est moins complète que la nôtre. Les deux tores percés de l’exemple
que l’on vient de donner ne sont pas conformément équivalents, alors qu’ils sont
de même module égal à 1 par hypothèse. Cette situation ne se reproduit pas dans
le cas particulier du tore de Hecke qui est de module 2. Considérons
en effet les
√
inégalités qui le définissent, elles imposent λ = 1 et µ = 2. Elles caractérisent
62
4. APPROCHE ANALYTIQUE
de façon unique le type conforme du tore de Hecke. En fait, se donner un couple
(λ, µ) avec les contraintes trouvées antérieurement est équivalent à se donner un
couple ((µ2 /λ2 ), λ), c’est-à-dire plus que le seul module (µ2 /λ2 ), avec cette fois les
contraintes
1
.
1≤λ≤ p
(µ2 /λ2 ) − 1
La fixation du module (µ2 /λ2 ) permet de se ramener à un même domaine fondamental p = ∞, α = −1, s = 0, β = (µ2 /λ2 ). Mais le facteur supplémentaire λ est
en plus nécessaire pour décrire alors la façon dont les bords de ce domaine sont
identifiés par A et B, ce que l’on a pu décrire géométriquement dans [632]. On
retrouve ainsi le fait que le type conforme d’un tore percé conforme parabolique
nécessite deux paramètres pour être bien défini, ainsi que le fait que les tores de
Hecke sont définis à transformation conforme près de H par leur seul module.
La théorie de la réduction que l’on a développée n’est pas celle de [409] qui
correspond plutôt à un codage des géodésiques fermées d’un quotient H/Γ où Γ
groupe fuchsien.
4.6. Apparition des quaternions. On considère une matrice B ∈ SL(2, R)
telle que tr(B) = ((1 + λ2 + µ2 )/λ). Avec le groupe G1 introduit précédemment,
B1 ∈ G1 et la condition BD = DB1 où
λ
−(λµ2 )
x y
B1 =
,
D
=
, det(D) = ±1,
−(1/λ) ((1 + µ2 )/λ)
z t
on a obtenu :
Proposition 4.8. Si B ∈ SL(2, R), on a équivalence des deux propriétés :
1/ tr(B) = ((1 + λ2 + µ2 )/λ).
2/ Il existe D ∈ GL(2, R) telle que B = DB1 D−1 où
λ
−λµ2
B1 =
.
−(1/λ) ((1 + µ2 )/λ)
Si on combine maintenant cette proposition avec la recherche d’une matrice D′
telle que A = D′ A1 D′−1 et tr(A) = ((1 + λ2 + µ2 )/µ), on est conduit à écrire
′−1
B −1 A−1 = DB1−1 D−1 D′ A−1
,
1 D
−1 ′ −1
tr(B −1 A−1 ) = tr(B1−1 (D−1 D′ )A−1
D ) ) = ((1 + λ2 + µ2 )/λµ).
1 (D
Ceci introduit une matrice
W = D−1 D′ =
̟1
̟3
̟4
̟2
,
et le calcul effectif de sa trace donne un équation quadratique que l’on peut interpréter comme la norme d’un quaternion. Une solution de cette équation est
donnée par ̟1 = ̟2 = ±1, ̟3 = ̟4 = 0. Les autres solutions sont calculables
et fournissent des quaternions non triviaux que l’on peut utiliser pour donner une
caractérisation du couple (A, B) par le triplet de traces
Π(A, B) = (tr(B −1 ), tr(A), tr(B −1 A−1 )).
5. PERSPECTIVES
63
5. Perspectives
Dans ce qui précède on a donné une nouvelle interprétation géométrique des
équations diophantiennes M s1 s2 (a, ∂K, uθ ) de notre théorie de Markoff généralisée.
Le lien a été fait avec la théorie des tores percés conformes, et on a vu une différence
entre le cas parabolique où la généralisation est complète et le cas hyperbolique où
les résultats sont plus lacunaires. Pour les tores paraboliques, on dispose d’une
théorie de la réduction complète qui classe les triplets de traces sous l’action du
groupe du triangle T3 . Tous sont issus d’une équation de Markoff classique grâce à
la condition
tr(A)2 + tr(B)2 + tr(AB)2 − tr(A)tr(B)tr(AB) = σ = 0.
Ils s’interprètent avec les couples de générateurs du groupe libre non commutatif
à deux générateurs F2 auquel tout groupe de Fricke est isomorphe [681]. Ce cas
généralise de façon complète aux tores percés paraboliques la théorie de Markoff
classique. Cette présentation explique les développements que l’on trouve dans [147]
et [143] auxquels elle donne une interprétation. Elle explicite les travaux de [700].
On peut compléter ce qui précède par un calcul des constantes de Markoff associées,
sachant que les fractions continues ne s’écrivent plus dans ce cas avec des 1 et des
2, mais contiennent d’autres valeurs (voir [143]). Trouver un exemple où la seule
valeur supplémentaire est égale à 3 ne paraı̂t pas un défi insurmontable.
Les tores percés conformes hyperboliques sont eux-mêmes donnés par une
équation M s1 s2 (a, ∂K, uθ ) dont on a donné une interprétation géométrique et pour
lesquels on a une action du groupe de triangle T3 et une réduction associée. On les
a également classés à isométrie près de H avec la condition différente (comparer à
[396]) :
tr(A)2 + tr(B)2 + tr(AB)2 − tr(A)tr(B)tr(AB) = σ < 0.
Pour que ce classement soit à équivalence conforme près de H il faut ajouter une
valeur ε = ±1 correspondant à l’orientation du tore percé. On a une autre réduction
pour les tores σ-hyperboliques ainsi définis. On a vu que le groupe correspondant
n’est plus de Fricke. On a donné un exemple où une relation entre générateurs a
été calculée, il faut voir si la méthode utilisée est généralisable, et ce que devient la
super-réduction. Ceci est examiné au chapitre suivant. Les géodésiques invariantes
ont permis de comprendre comment les surfaces de Riemann qui en résultent sont
prolongées d’une surface à un trou vers une surface à une piqûre. On a vu comment
ce cas recouvre une situation où apparaissent deux tores troués conformes liés entre
eux (doubles de Schottky), qui se recouvrent dans le cas parabolique limite. On peut
développer une théorie de la réduction pour les tores hyperboliques en prenant soin
de travailler simultanément sur les deux tores. Il faudrait aussi voir ce que devient
dans le cas hyperbolique le lien avec les quaternions.
L’exemple hyperbolique identifié avec σ = 1769 concerne les matrices
11 3
37 11
3065 −4799
A=
, B=
, H=
.
7 2
10 3
829 −1298
Le groupe associé G =< A, B, H | [A, B]H = 12 > n’est pas libre car il contient des
éléments particuliers U = B −1 A et V = BA−1 tels que U 2 = V 2 = −12 . La piste
d’approfondissement à la géométrie algébrique qui a été signalée dans ce cas autour
de [735] (Tome 1, chapitre III 1.6 p. 164) constitue un sujet important à creuser.
On a esquissé l’interprétation qui reste à détailler matérialisant le groupe des classes
64
4. APPROCHE ANALYTIQUE
de diviseurs de nos surfaces cubiques en chaque point entier en utilisant une courbe
S = s(P1 ) représentant le plan projectif dans la surface M s1 s2 (a, ∂K, uθ ) et une
fibre non singulière F . Cette approche construit un groupe libre à deux générateurs
dont il faut comprendre à quoi il correspond dans le cas hyperbolique. Ce cas
pourrait avoir une grande importance pour la classification des fibrés vectoriels
[229] [230] [231] [473] [432] [433].
CHAPITRE 5
Généralisation aux surfaces de Riemann
1. Introduction
Les réflexions pour généraliser la théorie de Markoff classique à des situations
plus vastes ont conduit à étudier de plus près la géométrie conforme des surfaces
de Riemann. Un exposé sur cette question est donné dans [632] où l’on décrit la
vision que l’auteur a de ce dernier sujet, et les liens qu’il a formalisés avec des
thèmes d’actualité en mathématiques ou en physique. Le résumé qui suit s’appuie
sur les exposés classiques sur le sujet ([745] [467] [253] [47] [408] [554] [729] [150]
[226] [769] [866] [62] [466] [227] [675] [580] [581] [582]...). Il indique quelques
perspectives de recherches que l’auteur a choisi d’explorer. Le point de départ a
été d’étendre les travaux présentés précédemment sur les tores percés au cadre plus
général des surfaces de Riemann. On a concrétisé cette idée en tentant d’éclairer
des problématiques contemporaines. Le chaos quantique est ainsi devenu progressivement une préoccupation essentielle. On a recherché les liens qu’il pouvait avoir
avec la théorie de Markoff. En d’autres termes, il s’agissait de savoir si le spectre de
Markoff peut être obtenu comme spectre d’un opérateur, ce qui pourrait expliquer
son apparition dans des objets physiques tels que des oscillateurs [635].
Les principaux résultats auxquels on est parvenu sont les suivants :
• On a reformulé l’approche sur les tores percés conformes en la plaçant dans
le cadre plus vaste des groupes fuchsiens. Ceci a permis de comprendre comment
étudier le cas hyperbolique non complètement traité dans ce qui précède. Ceci
a aussi fait le lien complet avec la théorie de Teichmüller interprétée ici comme
théorie des représentations d’un groupe de Poincaré dans P SL(2, R). Cette approche généralise la théorie de Markoff de façon très satisfaisante. On dispose ainsi
d’un espace de modules qui joue le rôle de l’ensemble des triplets de traces pour
les tores percés. On a aussi un groupe qui agit sur cet espace, généralisant l’action
du groupe du triangle du cas des tores percés. On a pu en déduire des résultats
nouveaux sur des équations diophantiennes à plus grand nombre de variables que
l’on peut traiter comme l’équation de Markoff. Il existe déjà un tel exemple [43].
Pour développer l’approche géométrique correspondante, on a recherché les objets
à considérer à la place des surfaces de Riemann qui semblent de ce point de vue un
peu limitées. C’est ainsi que les espaces de Stein ont été abordés, mais ils ne sont
certainement pas la bonne notion pour de nouvelles généralisations, et on a indiqué
pourquoi il faut privilégier les domaines de Riemann.
• On a ensuite étudié le lien avec le codage des géodésiques sur une surface
de Riemann. Ceci constitue un sujet où les résultats généraux disponibles restent
limités [723] [725], mais qui a un lien très important avec l’étude des systèmes dynamiques et la théorie ergodique, notamment les géodésiques fermées. La réflexion
65
66
5. GÉNÉRALISATION AUX SURFACES DE RIEMANN
a été faite dans la perspective de sortir de la seule théorie de Markoff qui semble
pourtant la seule où on dispose de résultats signicatifs [704].
• La fonction êta de Dedekind est sous-jacente à tous nos travaux. On a
montré qu’elle donne un certain nombre des fonctions transcendantes classiques
sur lesquelles sont construits les plus beaux résultats de la théorie de nombres.
On a donc cherché à repérer un certain nombre d’expressions où cette fonction
η apparaı̂t, donnant la fonction modulaire, les fonctions elliptiques, les fonctions
thêta, etc... On a montré comment ces dernières sont importantes pour la théorie
de l’information, et notamment la dualité codage/quantification. Une idée que l’on
a ensuite cherché à approfondir est que ces expressions expliquent à partir de la
décomposition en produit infini de η beaucoup des produits infinis classiques des
autres fonctions. Un point a été laissé de côté, concernant les fonctions L. Mais
elles ont également une propriété en relation avec ce schéma [246].
• On a ensuite cherché à comprendre certaines des expressions différentielles
mises en avant dans les premiers travaux de Harvey Cohn relatifs à l’interprétation
géométrique de la théorie de Markoff ([147], [151], [152], [147]). Ceci permet de
faire le lien avec la sphère à trois trous, et de comprendre par là même certains
travaux de Asmus Schmidt [700]. Une approche hypergéométrique est également
possible à partir de là. Mais le plus important est que ce développement met l’accent
sur la double uniformisation à l’oeuvre sur les tores percés.
• Cette double uniformisation vient de ce que le tore percé a pour revêtement
conforme le demi-plan de Poincaré, mais qu’il peut être complété en un tore qui a
pour revêtement conforme C. Le tore donne naturellement naissance aux courbes
elliptiques et donc à des équations cubiques analogues à celles considérées avant,
cependant que le tore percé donne pour ce qui le concerne naissance aux équations
analogues à celle de Markoff. Comme l’auteur a décrit dans les chapitres précédents
les relations que ces deux types d’équations algébriques entretiennent, il convenait
de mieux comprendre cette situation qui a pour conséquence l’existence d’une riche
structure de double revêtement conforme [533] sur les tores percés. Cette observation a des implications arithmétiques profondes comparables à celles du cas de la
conjecture de Shimura Taniyama Weil [844] où l’un des revêtements est euclidien
et l’autre hyperbolique. On en a déduit une construction générale permettant de
paramétrer presque tous les points d’un tore percé avec des fonctions elliptiques.
Toutes les conséquences d’une telle idée ne sont pas tirées, notamment ce que l’on
pourrait en tirer pour une conjecture de Selberg. Le résultat essentiel auquel on
est parvenu est que la fonction êta de Dedekind peut être interprétée avec le laplacien d’un tore. Cette approche débouche sur la mise en avant d’un nouvel invariant
fondamental dont on a repéré l’utilisation en physique.
• C’est à partir de ces observations que les réflexions sur le chaos quantique
apparaissent naturellement. Toute la réflexion s’organise autour d’une équation de
Schrödinger dont l’espace des phases est un tore ou un tore percé. Dans le premier
cas, on a mis en évidence un lien profond avec la loi de réciprocité quadratique,
et donc la fonction η de Dedekind et les sommes de Gauss, mais il est curieux de
constater que le temps devient discret. Le cas où l’espace des phases est un tore
percé reste à étudier, et l’auteur conjecture que c’est celui qui donne l’interprétation
recherchée du spectre de Markoff comme spectre d’un opérateur lié à une équation
de Schrödinger.
2. RAPPELS SUCCINCTS SUR LES SURFACES DE RIEMANN
67
• En approfondissant ce sujet, on est parvenu à résoudre le problème de RiemannHilbert associé à la théorie de Markoff classique. En d’autres termes on a pu écrire
une équation différentielle fuchsienne dont le groupe de monodromie est engendré
par les deux matrices A0 et B0 qui engendrent le groupe [SL(2, Z), SL(2, Z)] ≃ F2 .
Il reste à approfondir l’analyse spectrale de l’opérateur différentiel associé.
• On a enfin esquissé le lien avec la théorie de fibrés vectoriels et montré à partir
de là comment se développe une approche par la K-théorie. La théorie de Markoff
correspond dans ce contexte à des fibrés exceptionnels du plan projectif P2 (C) et aux
hélices de D. Yu. Nogin [597] [598]. Cette approche est particulièrement importante
car elle donne un cadre permettant de comprendre un certain nombre de conjectures
très importantes encore non résolues comme les conjectures de Lichtenbaum ou
celle de Birch et Swinnerton-Dyer, grâce à une interprétation automorphe de la Kthéorie. Au passage, des liens avec la conjecture de Riemann ont été approfondis.
2. Rappels succincts sur les surfaces de Riemann
Le présent paragraphe est un simple rappel sur les surfaces de Riemann destiné
à fixer les notations pour la suite. Il peut être omis par le lecteur averti et ne
développe rien que l’on ne trouve dans [632].
Les objets géométriques que l’on a considérés précédemment, les tores percés
conformes, sont des quotients du demi-plan de Poincaré H par l’action d’un groupe
fuchsien Γ, c’est-à-dire d’un sous-groupe discret de P SL(2, R). Pour la plupart des
surfaces de Riemann on peut généraliser la théorie développée pour les tores percés
en utilisant un groupe fuchsien. On peut en effet construire par quotient de H pour
l’action d’un tel groupe toutes les surfaces de Riemann à l’exception de celles dont
le support topologique est homéomorphe ([253] p. 208) à la sphère de Riemann S 2 ,
à la sphère percée par extraction d’un point C, à la sphère percée par extraction
de deux points C∗ , au tore T . Pour toute autre surface de Riemann M le groupe
de Poincaré π1 (M, ∗) peut être représenté comme sous-groupe Γ du groupe des
automorphismes P SL(2, R) de son revêtement conforme H. La surface M est de
forme H/Γ, et une représentation de groupes ρ : π1 (M, ∗) → Γ porte les données
géométriques de M. Dans la suite les surfaces M sont connexes, et donc connexes
par arcs, de sorte que leur groupe de Poincaré π1 (M, ∗) ne dépend pas du point de
base servant à le définir.
2.1. Uniformisation des surfaces de Riemann. Un revêtement conforme
d’une surface de Riemann M est dit universel si et seulement si son groupe de
Poincaré π1 (M, ∗) est réduit à un élément neutre. La surface de Riemann est alors
simplement connexe. Toutes les surfaces de Riemann simplement connexes sont
connues à équivalence conforme près ([253] p. 206). Elles correspondent aux trois
modèles de géométrie classique ([849] [580] p. 486) dont la structure conforme
est unique sur le support topologique que l’on considère, à courbure constante
positive (cas sphérique), à courbure nulle (cas euclidien), et à courbure négative
(cas hyperbolique). Il s’agit des suivantes :
• La sphère de Riemann S 2 =P1 (C) de type conforme (0, 0, 0).
• Le plan complexe C = S 2 \{∞} qui est du type conforme (0, 1, 0).
• Le demi-plan de Poincaré H qui est du type conforme (0, 0, 1).
Le théorème de Killing-Hopf ([769] p. 135) garantit que toute surface de Riemann peut ainsi être obtenue comme quotient de l’une des trois surfaces S 2 , C,
H, par l’action d’un sous-groupe de leur groupe d’automorphismes conformes. Il
68
5. GÉNÉRALISATION AUX SURFACES DE RIEMANN
constitue la base de trois théories de Galois s’appliquant respectivement pour les
surfaces de Riemann. Si M est une surface de Riemann de revêtement simplement conforme Msc et de groupe de revêtement Γ, sous-groupe de Aut(Msc ), on
a équivalence conforme des surfaces M et Msc /Γ. D’où l’importance de connaitre
les groupes d’automorphismes des surfaces simplement connexes ([253] p. 206) :
Aut(S 2 ) ≃ P SL(2, C) groupe des transformations de Möbius complexes,
Aut(C) ≃ P ∆L(2, C) groupe donné par les matrices triangulaires supérieures,
Aut(H) ≃ P SL(2, R) ≃ Isom+ (H) groupe des matrices réelles.
Le groupe P SL(2, C) = {M ∈ GL(2, C) | det(M ) = 1}/{±1} de la sphère contient
les deux autres groupes cités, ce qui réunit les trois théories de Galois que l’on vient
d’évoquer en une seule. Les sous groupes de P SL(2, C) sont les groupes kleinéens
[726].
On connaı̂t tous les types conformes de surfaces de Riemann qui ont les surfaces
S 2 ou C pour revêtement universel ([253] p. 208). Ce sont les cas suivants :
• La sphère de Riemann S 2 est la seule surface de Riemann qui possède S 2
pour revêtement universel conforme. Son groupe de Poincaré est trivial.
• C, C∗ ≃ C/ωZ, et les tores compacts T = TΛ = C/Λ sont les seules surfaces
de Riemann qui ont C = S 2 \{∞} pour revêtement universel conforme.
- La sphère percée d’une piqûre C = T0• = S 2 \{∞} est du type conforme
(0, 1, 0). Son groupe de Poincaré est trivial.
- La sphère percée de deux piqûres C∗ = T0•• = S 2 \{0, ∞} est du type conforme
(0, 2, 0). On peut la représenter par un cylindre C/ωZ défini avec ω ∈ C∗ . Elle a
pour groupe de Poincaré π1 (C∗ , ∗) ≃ Z. Dans C le domaine fondamental est une
bande permettant de paver avec le groupe Z tout l’espace C.
- Les tores compacts TΛ = C/Λ sont du type conforme (1, 0, 0), conformément
équivalents à des courbes elliptiques. La projection canonique donne un révêtement
universel d’un tel tore et est définissable avec des fonctions elliptiques. Son groupe
de Poincaré est π1 (T , ∗) = Z ⊕ Z ≃ Z2 . On peut montrer que Aut(M) est une
extension de C/Λ par un groupe fini ([253] p. 296, [675] p. 48), en général {±1}.
Mais deux cas se distinguent correspondant à la symétrie carrée Λ ≃ Z ⊕ iZ et à la
symétrie hexagonale Λ ≃ Z ⊕ jZ.
• Trois types conformes de surfaces de Riemann complémentaires aux précédents
sont caractérisés par le fait que H est cette fois leur revêtement universel conforme
([253] p. 210) mais que leur groupe de Poincaré est commutatif. En dehors de H
lui-même, on trouve les suivants :
- La sphère percée d’une piqûre et d’un trou D• = {z ∈ C; 0 <| z |< 1} qui est
du type conforme (0, 1, 1) et vérifie π1 (D• , ∗) ≃ Z.
- La sphère percée de deux trous Dα◦ = {z ∈ C; 0 < α <| z |< 1} qui est du
type conforme (0, 0, 2) et vérifie π1 (Dα◦ , ∗) ≃ Z.
• Dans tous les autres cas qui sont en nombre infini, le revêtement universel
conforme de M est le demi-plan de Poincaré H sur lequel agit son groupe de
Poincaré π1 (M, ∗) qui est non commutatif. Ce groupe est isomorphe à un groupe
fuchsien Γ ⊂ P SL(2, R) ≃ Aut(H) agissant sur H pour donner M ≃ H/Γ. En
pratique [201], la surface M peut être visualisée globalement avec un domaine
fondamental pour l’action du groupe Γ dans H. Pour la définition d’un domaine
fondamental polygonal on peut utiliser la méthode de [416].
2. RAPPELS SUCCINCTS SUR LES SURFACES DE RIEMANN
69
2.2. Surfaces de Riemann définies par un groupe fuchsien. Les groupes
fuchsiens Γ permettent de décrire à équivalence conforme près toutes les surfaces
de Riemann en dehors de celles qui ont S 2 ou C pour revêtement universel. On a :
Proposition 2.1. Hors les types (0, 0, 0), (0, 1, 0), (1, 0, 0), (0, 2, 0), (0, 1, 1),
(0, 0, 2), toute surface de Riemann est conformément équivalente à une surface qui
peut être obtenue comme un espace quotient de forme
M = H/Γ,
où Γ ≃ π1 (M, ∗) groupe fuchsien non commutatif isomorphe à un sous groupe de
Aut(H) ≃ P SL(2, R).
Toutes les surfaces de type fini de genre g ≥ 2 sont décrites ainsi. Mais
c’est aussi le cas pour certaines surfaces de genre 0 ou 1. Les tores percés conformes paraboliques qui sont de genre 1 sont donnés par cette dernière proposition.
Avec une matrice parabolique P = L−1 , le groupe fuchsien correspondant a pour
présentation < A, B, P | [A, B]P = 12 >. Les tores percés conformes hyperboliques
également de genre 1 sont donnés par un groupe fuchsien dont on connaı̂t une
présentation < A, B, H | [A, B]H = 12 > où H matrice hyperbolique. Les sphères
à trois piqûres qui sont de genre 0, c’est-à-dire les pantalons, peuvent être obtenus
de même ([769] p.114). Le groupe fuchsien correspondant est isomorphe au groupe
du triangle T3 .
2.3. Autre anti-équivalence de catégories. Le théorème fondamental de
Riemann associe à toute surface de Riemann compacte M une équation polynômiale
Q(x, y) = 0. En normalisant Q on se ramène à une relation algébrique irréductible
entre les variables complexes y et x de forme suivante
Φ(y, x) = y n + φ1 (x)y n−1 + ... + φn (x) = 0,
où φk (x) (1 ≤ k ≤ n ≤ m) sont des fonctions rationnelles de x. Leurs dénominateurs
s’annulent en un nombre fini de pôles où l’on peut considérer que la valeur prise par
y devient infinie. Ailleurs, la résolution en y d’une telle équation donne une fonction
multivalente y(x), chaque valeur de x permettant de définir n valeurs yi (x) dans
C là où le discrimant de Φ n’est pas nul, c’est-à-dire dans un ouvert CΦ de C
tel que C\CΦ ensemble fini. Pour tout point x ∈ CΦ , chaque uniformisation yi (x)
donne par le théorème des fonctions implicites une carte locale holomorphe qui se
prolonge analytiquement grâce au théorème de Puiseux ([215] p. 106, [24] théorème
7.7). L’ensemble de ces prolongements définit une surface de Riemann N ⊂ M à
n feuilles au dessus de CΦ . On complète avec la projection πx qui a chaque point
pi = (x, yi (x)) ∈ N associe πx ((x, yi (x))) = x ∈ CΦ . Elle constitue un revêtement à
n feuilles de N au dessus de CΦ . Les feuilles se raccordent en des points singuliers
de M qui sont ses points de ramification. On voit comment les feuilles se raccordent
en observant les termes yi (x) pour x tournant autour de chaque point de C\CΦ .
En chacun de ces points on détermine ainsi une permutation sur les feuilles se
décomposant en cycles. Elle permet de prolonger le revêtement local induit par πx
au-dessus d’un disque percé en x. On ajoute autant de points à N au-dessus de x
qu’il y a de cycles dans la permutation des feuilles au voisinage. On fait de même
au point à l’infini x = ∞ en utilisant des coordonnées homogènes ([116] p. 205).
On peut alors s’assurer que la surface N complétée n’est autre que M. Il en résulte
en recollant tous les morceaux un revêtement global prolongeant πx à la surface de
départ et noté de même πx : M −→ P1 (C). Entre la courbe affine définie dans C2
70
5. GÉNÉRALISATION AUX SURFACES DE RIEMANN
par Φ et M il peut y avoir une différence portant sur un nombre fini de points. Mais
en complétant par ces points dans P1 (C) la surface de Riemann compacte devient
une courbe projective sur C. On montre alors que πx est méromorphe sur M et qu’il
en est de même de la seconde projection πy définissable grâce aux valeurs yi (x).
Enfin il est facile de s’assurer que le corps K(M) des fonctions méromorphes sur
M s’identifie à C(πx , πy ) et a pour degré n sur le corps C(πx ) qui est de degré de
transcendance 1 sur C. De plus le corps C(πx , πy ) s’identifie aisément au corps des
fractions de l’anneau C[X, Y ]/Q(X, Y )C[X, Y ] ≃ K(M). Cette construction donne
un foncteur K de la catégorie des surfaces de Riemann compacte connexe dans
celle des corps de fonctions complexes, c’est-à-dire des extensions de type fini et de
degré de transcendance 1 de C. Ce foncteur se prolonge en une anti-équivalence de
catégories (une théorie de Galois) entre surfaces de Riemann compactes et corps
de fonctions complexes, elle-même prolongeable entre la catégorie des surfaces de
Riemann dee type fini et celle de certaines C-algèbres ([226] Tome 2, p. 138 et
[675] p. 71). Des algèbres vers les surfaces, on procède en considérant l’ensemble
des valuations de l’algèbre et en identifiant chacune d’elle à un point (une place).
La méthode pour construire la structure de surface de Riemann sur ces valuations
est précisée dans [135], [458] ou [23] (p. 92). On en trouve un exposé simplifié
dans [239] qui permet de bien comprendre l’analogie entre arithmétique et corps
de fonctions chère à André Weil [834]. Ceci donne la signification de la notion de
diviseur d’une surface, ainsi que du théorème de Riemann-Roch ([675] p. 94, [239]
p. 158, [23] p. 182). Le lien avec les formes différentielles en faisable avec le quotient
ΩK(M) du K(M)-espace des symboles df où f ∈ K(M) par le sous-espace engendré
par les relations d(f + f ′ ) − df − df ′ , d(f f ′ ) − f df ′ − (df )f ′ , dc où c ∈ C. On identifie
dans cet espace un C-espace des formes différentielles méromorphes, c’est-à-dire
s’écrivant f dz où f ∈ K(M) méromorphe dans lequel on trouve avec f holomorphe
un espace de cohomologie H 1 (M, C).
2.4. C ∗ -algèbres. Il existe d’autres anti-équivalences de catégories concernant les surfaces de Riemann. Et par exemple ([505] p. 93) le théorème de GelfandNaimark ([320] p. 160) permet d’en construire une avec l’anti-équivalence qui existe entre la catégorie des espaces topologiques séparés et celle des C ∗ -algèbres.
Cette dernière associe à tout espace topologique la C ∗ -algèbre des fonctions complexes continues définies sur cet espace. En sens inverse la construction se fait en
développant [159] (théorème 6 p. 25). Il s’agit d’un cas particulier de la transformation de Gelfand associant à toute algèbre de Banach commutative son spectre
de caractères localement compact, compact si l’algèbre est unitaire ([320] p. 108).
Cette construction donne un cadre très naturel aux habituelles transformations
de Fourier, mais surtout elle permet de retrouver une démonstration directe du
fait que tout espace compact peut être vu comme un espace algébrique sur C. On
trouve dans [709] une tentative d’extension de cette équivalence aux algèbres de
Kac, projet qui a fait l’objet d’intenses recherches autour de la géométrie non commutative d’Alain Connes [158]. Les C ∗ -algèbres font quant à elles l’objet d’une
intense activité de recherche car elles structurent les ensembles d’observables de
la mécanique quantique ([823] p.548). La notion d’anti-équivalence signifie que
différentes théories parlent en réalité des mêmes objets habillés de déguisements
différents, ou considérés de points de vue différents, notamment selon qu’ils sont
étudiés globalement ou localement. Il serait utile de comprendre quelles propriétés
supplémentaires sur les C ∗ -algèbres traduisent les propriétés certaines surfaces de
2. RAPPELS SUCCINCTS SUR LES SURFACES DE RIEMANN
71
Riemann ([823] p. 548, [262]). Parler d’anti-équivalence de catégories ou de théorie
de Galois revient essentiellement au même, la théorie de Galois classique ayant
simplement donné le premier exemple historique d’une telle anti-équivalence.
2.5. Prolongement des surfaces et espèces de groupes fuchsiens. On
dit M est prolongeable en M′ ou que M′ prolonge M si et seulement s’il existe
une application holomorphe f de M dans M′ telles que M′ \f (M) ait un intérieur
non vide. Un trou dans la surface M peut être comblé avec un disque fermé à une
piqûre sans changer la nature du support topologique de la surface. Les surfaces
compactes fournissent des exemples de surfaces non prolongeables. Les tores troués
conformes donnent au contraire des exemples de surfaces prolongeables en des tores
percés.
Le prolongement conduit à distinguer les groupes fuchsiens de première et ceux
de seconde espèce ([47] p. 202). On utilise pour cela l’ensemble Λ(Γ) des points
limites des orbites Γz où z dans un domaine fondamental. Pour un groupe fuchsien
Γ de seconde espèce, la surface de Riemann H/Γ est prolongeable. Et on trouve sur
le bord de H pour Λ(Γ) un ensemble vide, à un ou deux éléments, ou un ensemble
parfait et nulle part dense dans le bord de H ([408] p. 67). Pour un groupe de
première espèce Γ, la surface de Riemann H/Γ n’est pas prolongeable et l’ensemble
Λ(Γ) est dense dans le bord de H.
2.6. Groupes fuchsiens élémentaires. L’action d’un groupe fuchsien Γ
classe les points de H ∪ R ∪ {∞} en points paraboliques, hyperboliques et elliptiques. Au delà des groupes de première ou de seconde espèce, il existe un autre
type de groupe fuchsien dit élémentaire caractérisé par le fait qu’il possède une
orbite finie pour son action dans la clôture euclidienne H ∪ R ∪ {∞} de H. Un tel
groupe est tel que Λ(Γ) n’a pas plus de deux points ([408] 3.8 p. 78). Si un groupe
fuchsien Γ n’est pas élémentaire il contient une infinité d’éléments hyperboliques, et
tout élément elliptique est d’ordre fini ([408] p. 48). Si au contraire un groupe fuchsien Γ est élémentaire il est cyclique (fini ou infini) ou conjugué dans P SL(2, R) à un
groupe engendré par les classes de g(z) = −1/z et h(z) = kz où k > 1. Inversement,
les sous groupes cycliques de P SL(2, R) engendrés par un élément parabolique ou
hyperbolique sont fuchsiens, et les sous-groupes cycliques de P SL(2, R) engendrés
par un élément elliptique sont fuchsiens si et seulement s’ils sont finis.
2.7. Signature d’un groupe fuchsien. Avec [739] (ch. 1.3 à 1.5), [452] (ch.
10) ou [434] (§9.5), on complète maintenant H en lui ajoutant les pointes pour Γ.
Elles sont situées sur son bord et donnent un ensemble plus vaste H∗ . Ceci définit
une nouvelle surface de Riemann H∗ /Γ qui est compacte si on suppose que le groupe
Γ est de première espèce. On la note X(Γ). L’ensemble des pointes pour Γ ajoutées
à H est fini et stable pour l’action de Γ. Il comble au quotient toutes les piqûres de
la surface de Riemann H/Γ.
On dit de X(Γ) qu’il s’agit d’une courbe modulaire lorsque Γ ⊂ P SL(2, Z) et
Γ contient le sous-groupe de congruence Γ(n) = P G(n) de P SL(2, Z) défini avec
G(n) = {
a
c
b
d
∈ SL(2, Z) | a ≡ d ≡ 1 (
mod n), b ≡ c ≡ 0 ( mod n)}.
72
5. GÉNÉRALISATION AUX SURFACES DE RIEMANN
G(2) est libre à deux générateurs ([386] p.154). On note X(Γ(n)) = X(n). Ainsi la
courbe modulaire X(Γ0 (n)) = X0 (n) est définie avec Γ = Γ0 (n) = P G0 (n) :
a b
G(n) ⊂ G0 (n) = {
∈ SL(2, Z) | c ≡ 0 ( mod n)} ⊂ P SL(2, Z).
c d
2.7.1. Cas où le revêtement universel d’une telle surface n’est pas H. Pour
Γ = Γ(1) = Γ0 (1) = P SL(2, Z), on trouve H∗ = H ∪ Q ∪ {∞}, et H∗ /P SL(2, Z) est
conformément équivalent à la sphère de Riemann S 2 . Par construction on est dans
une situation relevant de ce qui est expliqué dans l’article de B. Mazur [533] sur
les doubles revêtements conformes. On a ici deux uniformisations qui interagissent,
une euclidienne et l’autre hyperbolique. Les points de Q sont tous paraboliques,
déductibles de ∞ avec un élément de P SL(2, Z), de sorte que H∗ /P SL(2, Z) s’identifie à la surface modulaire H/P SL(2, Z) complétée de son point à l’infini. Cette
équivalence conforme est donnée par l’invariant modulaire
J : τ ∈ H/P SL(2, Z) ∪ {∞} ≃ H∗ /P SL(2, Z) 7−→ J(τ ) ∈ C ∪ {∞} ≃ S 2 .
Cet invariant définit J(τ ) ∈ C pour tout τ ∈ H, et J(τ ) = ∞ pour τ ∈ Q ∪ {∞}.
Le demi-plan H devient ainsi un revêtement ramifié de C avec un point elliptique
√
de ramification 2 en i et un point elliptique de ramification 3 en (−1 + i 3)/2.
On retrouve ainsi ([408] p. 71) le domaine fondamental du groupe modulaire
P SL(2, Z) et ses deux classes de conjugaison de sous groupes cycliques maximaux
de P SL(2, Z), l’une correspondant à des groupes d’ordre 2, l’autre à des groupes
d’ordre 3. Ceci est lié à la présentation de P SL(2, Z) comme produit libre d’un
groupe cyclique d’ordre 2 et d’un groupe cyclique d’ordre 3 tels que rappelés par
exemple dans [729] (pp. 128-131).
2.7.2. Cas où le revêtement universel de H∗ /Γ est H. Cette situation définit
un nouveau groupe fuchsien Γ∗ et une équivalence conforme
H∗ /Γ ≃ H/Γ∗ .
La compacité de H/Γ∗ a pour conséquence que Γ∗ ne construit pas de pointe, et que
le nombre r de classes de points elliptiques pour l’action de Γ∗ est fini. En revenant
par équivalence conforme à H∗ /Γ les singularités demeurent. Par revêtement, on
peut éventuellement procéder ([769] ch. 8) à la désingularisation de H/Γ∗ . Les
points elliptiques correspondent à des points singuliers marqués sur la surface. La
ramification ([226] ch. VI) décrit les phénomènes qui se manifestent pour l’apparition de ces points. En considérant
HΓ∗ = H\{z | z elliptique pour Γ∗ },
on a les propriétés suivantes :
1- La surface H/Γ∗ prolonge (HΓ∗ /Γ∗ ).
2- L’application canonique π : H → H/Γ∗ est localement bijective au voisinage
de tout point de HΓ∗ .
3- Pour tout point elliptique pi (i = 1, ..., r) dans H/Γ∗ on peut définir un
nombre υi tel que Card(π −1 (pi )) = υi . Ceci classe les points elliptiques en classant
les nombres υi par ordre croissant. On dit que υi est l’indice de ramification du
point pi ou que les points p1 ,..., pr sont marqués avec les nombres υ1 ,..., υr . Cette
2. RAPPELS SUCCINCTS SUR LES SURFACES DE RIEMANN
73
approche introduit pour la surface de Riemann M ≃ H/Γ une signature, dite aussi
signature de Γ :
(g; n : υ1 , υ2 , ..., υr , υr+1 , ..., υn ; m),
où l’on note
2 ≤ υ1 ≤ υ2 ≤ ... ≤ υr ≤ υr+1 = ... = υn = ∞.
Cette signature indique que la surface M de genre g possède r points elliptiques
p1 ,..., pr d’indices de ramification υ1 ,..., υr , des points paraboliques pr+1 ,..., pn en
nombre n − r, ainsi que m trous. Son type conforme (g, n, m) s’en déduit.
2.8. Invariant d’Euler-Poincaré. La caractéristique d’Euler-Poincaré d’un
groupe fuchsien Γ de signature (g; n : υ1 , υ2 , ..., υr , υr+1 , ..., υn ; m) est définie avec :
r
n
X
X
1
1
(1 − ) + (n − r) + m.
(1 − ) + m = 2g − 2 +
−χ(Γ) = 2g − 2 +
υ
υ
i
i
i=1
i=1
Ce nombre est positif lorsque le groupe fuchsien Γ n’est pas réduit à l’unité. Le
covolume de Γ, c’est-à-dire l’aire hyperbolique de M, est ([47] p. 269)
Cov(Γ) = µ(M) = 2π(−χ(Γ)).
Dans le cas d’un groupe fuchsien Γ de première espèce, on a nécessairement m = 0
et cette formule donne l’aire hyperbolique de tout domaine fondamental convexe de
Γ dans le demi-plan de Poincaré H. La caractéristique d’Euler-Poincaré est aussi
l’invariant de la surface M défini classiquement comme somme alternée des nombres
de Betti pour les r-simplexes construits par une triangulation
n
X
(−1)j bj (M) = b0 (M) − b1 (M) + b2 (M).
χ(Γ) = χM =
j=0
Pour une surface compacte M, b0 (M) correspond au nombre de composantes connexes, b2 (M) est le nombre de composantes connexes orientables ([466] p. 257 et
p. 260), et b1 (M) est défini par le nombre de générateurs de π1 (M, ∗) ou de son
quotient commutatif H1 (M, Z), le premier groupe de l’homologie singulière de M :
H1 (M, Z) ≃ π1 (M, ∗)/[π1 (M, ∗), π1 (M, ∗)].
2.9. Géométrie symplectique. Dans chaque classe de H1 (M, Z) on peut
trouver une courbe fermée c(t) infiniment différentiable sur M, même géodésique
dans différents cas. Ceci permet en tout point P ∈ M d’intersection de deux
telles courbes c1 (t1 ) et c2 (t2 ) correspondant à deux éléments différents γ1 et γ2
de H1 (M, Z) de considérer la base (∂c1 /∂t1 , ∂c2 /∂t2 ) de l’espace tangent en P .
Comme dans le cas que l’on privilégie ici M est orientable, avec un vecteur normal
n on peut définir ε(P ) = 1 ou ε(P ) = −1 selon que le triplet (n, ∂c1 /∂t1 , ∂c2 /∂t2 )
est direct ou non. Et en sommant sur tous les points d’intersection des courbes c1 (t1 )
et c2 (t2 ) on obtient le nombre d’intersection γ1 ⊓γ2 . La géométrie symplectique s’introduit alors de façon naturelle pour une telle surface de Riemann en étendant à
tout le groupe d’homologie H1 (M, Z) ce nombre d’intersections qui devient une
forme bilinéaire antisymétrique non dégénérée H1 (M, Z) × H1 (M, Z) −→ Z. On
en déduit l’existence de bases symplectiques et de dissections canoniques associées
([823] p. 105) permettant de voir M au moyen d’un domaine fondamental de H sur
le bord duquel peut être matérialisée la dissection canonique. On peut prolonger
de façon naturelle de Z à R cette forme bilinéaire en H1 (M, R) × H1 (M, R) −→ R.
Ceci construit un espace vectoriel symplectique [112]. Remarquons que le fait que
74
5. GÉNÉRALISATION AUX SURFACES DE RIEMANN
M est associée à un groupe fuchsien et donc orientable est essentiel pour que la
construction que l’on vient de faire soit valide. On peut encore étendre cette forme
en une forme hermitienne définie positive ([823] p. 189) au travers de la notion de
polarisation sur les variétés abéliennes complexes qui caractérise les jacobiennes.
Ce point est évoqué plus loin.
2.10. Approche topologique du groupe de Poincaré. Pour toute surface
de Riemann M, la signature contient toutes les données topologiques essentielles,
mais aucune donnée conforme. Elle donne une présentation du groupe de Poincaré
π1 (M, ∗) ≃ Γ. On utilise pour le voir le théorème de Seifert et Van Kampen ([308]
p. 30) et un passage au quotient pour les points elliptiques. Ceci donne :
Proposition 2.2. Le groupe de Poincaré π1 (M, ∗) de toute surface M de type
conforme (g, n, m) admet une présentation à 2g+n+m générateurs et r+1 relations
où
1/ Les générateurs sont a1 , b1 , ..., ag , bg , e1 , ..., er , pr+1 , ..., pn , h1 , ..., hm .
2/ Les relations sont
g
Y
[ai , bi ]e1 ...er pr+1 ...pn h1 ...hm = 1, ∀i = 1, ..., r, eυi i = 1.
i=1
Sa signature vaut
(g; n : υ1 , υ2 , ..., υr , ∞n−r ; m).
Ce résultat permet le calcul du premier groupe d’homologie
H1 (M, Z) ≃ Z2g−r × Z/υ1 Z × ... × Z/υr Z.
Dans le cas compact où n = r et m = 0, on a π1 (M, ∗) ≃ F2g−r , groupe libre à
2g − r générateurs.
2.11. Approche conforme du groupe de Poincaré. Les données conformes d’une surface M de revêtement conforme H sont issues d’une représentation
injective du groupe π1 (M, ∗) dans le groupe Aut(H) = P SL(2, R). Ceci provient
du résultat dû à Poincaré ([646] [866] (p. 114) [408] (p. 90)) :
Proposition 2.3. Soit Γ un groupe fuchsien définissant une surface de Riemann de type fini M = H/Γ ayant pour signature (g; n : υ1 , υ2 , ..., υn ; m), Γ admet
une présentation à 2g + n + m générateurs et r + 1 relations avec
1/ Les générateurs A1 , B 1 , ..., Ag , B g , E 1 , ..., E r , P r+1 , ..., P n , H 1 , ..., H m dans
P SL(2, R).
2/ Les relations
g
Y
i=1
υi
[Ai , B i ]E 1 ...E r P r+1 ...P n H 1 ...H m = 1, ∀i = 1, ..., r, E i = 12 .
Les termes H i sont hyperboliques et sont définis à une permutation et à une conjugaison de P SL(2, R) près. Il en est de même des termes P j qui sont paraboliques.
Les termes E k engendrent des sous-groupes finis maximaux et non conjugués de
Γ. Tout élément elliptique de Γ est conjugué dans P SL(2, R) d’une puissance d’un
terme E k , et tout élément parabolique de Γ est de même conjugué d’une puissance
d’un terme P j . Tout élément d’ordre fini dans Γ est elliptique. Si le groupe fuchsien
Γ est de première espèce, il n’y a pas de termes hyperboliques H i . Dans ce cas le
2. RAPPELS SUCCINCTS SUR LES SURFACES DE RIEMANN
75
groupe Γ est cocompact, c’est-à-dire tel que M = H/Γ soit une surface de Riemann
compacte, si et seulement s’il n’y a pas de termes paraboliques.
2.12. Remontée à un groupe de matrices. On peut maintenant revenir
d’un groupe fuchsien Γ à un groupe G dans SL(2, R) défini par image inverse de
P SL(2, R) dans SL(2, R). Avec le morphisme canonique P : SL(2, R) → P SL(2, R),
on dit que le sous-groupe Γ de P SL(2, R) est remonté en le groupe G dans SL(2, R)
si et seulement si la restriction P (G) est isomorphe à Γ. On a déjà vu pour les
groupes de Fricke qu’il peut y avoir plusieurs images réciproques G de Γ par P . En
fait ([720] p. 136) pour tout genre g > 1 tout sous-groupe fuchsien Γ de P SL(2, R)
définit 22g groupes G différents remontant Γ dans SL(2, R). Un résultat de Irwin Kra [446] indique aussi qu’un groupe Γ ⊂ P SL(2, R) peut être remonté dans
SL(2, R) si et seulement s’il ne possède pas d’élément d’ordre 2. Ces derniers peuvent en effet créer des problèmes comme le montre l’exemple de la transformation
f (z) = −(1/z) d’ordre 2 dans P SL(2, R). La matrice qui correspond à f dans
SL(2, R) est d’ordre 4. De tels éléments d’ordre 2 appelés ”casquettes croisées”,
détruisent l’orientabilité de la surface que l’on étudie. Il faut faire appel comme
dans [720] (p. 70) aux notions plus vastes de surface de Klein et de structure dianalytique pour trouver de tels éléments dans le groupe correspondant que l’on
peut alors considérer comme un groupe kleinéen ([866] Theorem 3.2.8 p. 71, [867]
Theorem 15.9 p. 35, [720] p. 89). Mais ce cas ne peut se produire pour les surfaces
de Riemann que l’on étudie ici où le revêtement est H. De plus on a :
Proposition 2.4. Soit Γ un groupe fuchsien qui définit une surface de Riemann
de type fini M = H/Γ ayant pour signature (g; n : υ1 , υ2 , ..., υn ; m), le groupe Γ se
remonte dans SL(2, R). Il détermine même un unique groupe principal G caractérisé
par le fait que ses générateurs sont à trace positive. Le groupe Γ est isomorphe au
groupe G défini avec :
1/ Des générateurs A1 , B1 , ..., Ag , Bg , E1 , ..., Er , Pr+1 , ..., Pn , H1 , ..., Hm .
2/ Des relations
g
Y
i=1
[Ai , Bi ]E1 ...Er Pr+1 ...Pn H1 ...Hm = 1, ∀i = 1, ..., r, Eiυi = 12 .
Les matrices Ai et Bi sont hyperboliques. Les éléments E1 , ..., Er , sont des éléments
de torsion dans G. Ce sont des matrices elliptiques (0 < tr(Ei ) < 2) possédant
un point fixe dans H. Autour du point fixe de Ei l’action se fait localement par
une matrice de rotation. Sur la surface de Riemann quotient, ceci donne un point
de ramification de multiplicité υi . La multiplicité du point cône correspondant est
liée à l’angle au sommet de ce cône. Les éléments Pr+1 , ..., Pn , sont paraboliques
(0 < tr(Pi ) = 2) possédant un point fixe sur le bord de H. Sur la surface de
Riemann quotient, un tel point donne une piqûre. Les éléments H1 , ..., Hm , sont
hyperboliques (2 < tr(Hi )) possédant une géodésique fixe dans H. Sur la surface
de Riemann quotient, une telle géodésique permet de définir un trou dont elle est
le bord. On peut combler ce trou par un disque percé sans rien changer au support
topologique, et en prolongeant seulement la surface de Riemann que l’on considére.
Si cette opération est faite, la piqûre qui en résulte est l’image d’un point du bord de
H dont on peut faire le tour avec une géodésique fermée invariante par la matrice
Hi correspondante. Les deux derniers cas ne se produisent pas si l’on a affaire à
une surface compacte. Dans tous les cas, on a M ≃ H/G.
76
5. GÉNÉRALISATION AUX SURFACES DE RIEMANN
Topologiquement, on voit bien que rien ne distingue les termes pi et hj dans la
présentation de π1 (M, ∗), alors que dans SL(2, R) la représentation de ce groupe
apporte du nouveau qui correspond à la structure conforme et se matérialise sur les
valeurs des traces. On comprend aussi avec ces observations pourquoi on n’a pas
eu à considérer de tore elliptique dans le chapitre précédent.
2.13. Le théorème de Poincaré. On trouve en [408] (Ch. 4) une réciproque
partielle de ce que l’on vient de voir. Il s’agit du théorème de Poincaré qui indique
que si g ≥ 0, r ≥ 0, υi ≥ 2 (pour i = 1, ..., r) sont des nombres entiers tels que l’on
ait
r
X
1
(1 − ) > 0,
2g − 2 +
υ
i
i=1
alors il existe un groupe fuchsien Γ ayant pour signature (g; r : υ1 , υ2 , ..., υr ; 0). On
dispose d’une construction explicite pour un tel groupe fuchsien dit géométriquement
fini, c’est-à-dire possédant un domaine fondamental convexe polygonal à 4g + 2r
sommets délimité par un nombre fini de côtés portés par des géodésiques. Ce groupe
admet une présentation à 2g + r générateurs et r + 1 relations avec
1/ Les générateurs A1 , B 1 , ..., Ag , B g , E 1 , ..., E r .
2/ Les relations
g
Y
i=1
υi
[Ai , B i ]E 1 ...E r = 1, ∀i = 1, ..., r, E i = 12 .
Le groupe Γ ne contient pas d’élément parabolique. Par construction son covolume
est fini, et ce groupe est cocompact. En sens inverse pour tout groupe Γ ayant
ces propriétés, la construction d’un domaine fondamental ayant les mêmes caractéristiques dans H et associé à la surface M = H/Γ est faisable par la méthode
de [416]. Selon la façon dont est donné le groupe fuchsien, il peut s’avérer plus
ou moins délicat de construire un domaine fondamental. Dans ce que l’on vient
de voir on connaı̂t des générateurs à partir desquels on travaille. Si le groupe est
plutôt donné par des congruences dans P SL(2, Z), d’autres méthodes existent dont
certaines sont automatisées [805]. Par exemple le domaine fondamental d’un sousgroupe de congruence Γ de niveau n est contenu dans un domaine fondamental du
groupe Γ(n) identifié dans [451]. Certains groupes fuchsiens ne sont pas des groupes
de congruence ([467] p. 253).
Dans [408] la méthode de construction de Poincaré est étendue à un groupe
fuchsien de signature (g; n : υ1 , υ2 , ..., υr , ∞, ..., ∞; m). Ceci donne la possibilité de
construire un groupe fuchsien de première espèce avec des éléments paraboliques
Pr+1 , ..., Pn . Ce cas généralise celui des tores percés conformes paraboliques qui
sont de signature (1; 1 : ∞; 1). Il existe une infinité de tels tores percés non conformément équivalents, alors que la construction de [408] n’en fournit qu’un. Pour
les autres signatures le même constat peut être fait, avec des domaines fondamentaux différents donnant des surfaces non conformément équivalentes, mais qui sont
topologiquement identiques. Ceci signifie que la construction de Poincaré peut être
généralisée, par exemple en ne plaçant plus le centre du polygone exhibé au centre
du disque unité.
Le théorème de Poincaré est encore étendu dans l’énoncé que l’on trouve dans
[47] (p. 268) indiquant qu’il existe un groupe fuchsien Γ de type fini, non élémentaire,
2. RAPPELS SUCCINCTS SUR LES SURFACES DE RIEMANN
77
et de signature (g; n : υ1 , υ2 , ..., υr , υr+1 , ..., υn ; m) si et seulement si on a la condition pour la caractéristique d’Euler-Poincaré :
r
X
1
(1 − ) + (n − r) + m > 0.
−χ(Γ) = 2g − 2 +
υi
i=1
L’expression de cette caractéristique d’Euler-Poincaré peut être minorée par la
valeur positive (1/42) qui correspond au groupe de Hurwitz à trois générateurs
2
3
7
elliptiques E 1 , E 2 , E 3 , tels que E 1 = E 2 = E 3 = 1. Cette observation permet
d’établir le théorème de Hurwitz ([253] p. 258) indiquant que le groupe Aut(M)
des automorphismes conformes d’une surface de Riemann compacte M de genre
g ≥ 2 est fini et majoré par 42 × (2g − 2) = 84(g − 1). Ceci donne aussi le théorème
de Schwarz ([253] p. 258), disant que si M est de genre g ≥ 2, alors Aut(M) est
un groupe fini.
2.14. Groupes de Coxeter associés. Pour un groupe fuchsien Γ que l’on
suppose ici pour simplifier de signature (g; r : υ1 , υ2 , ..., υr ; 0), on peut introduire
([408] p.93) un polygone hyperbolique à 4g + 2r côtés orientés dont les sommets
sj sont indexés cycliquement, et dont les angles aux sommets sont tous calculables
en fonction de la signature de Γ. On peut alors considérer le groupe Γ∗ de toutes
les isométries de H laissant invariant les côtés de ce polygone. Il est engendré par
les réflexions σj (j = 1, ..., 4g + 2r) de H par rapport aux côtés sj sj+1 du domaine
fondamental polygonal de Γ. En notant (2π/2νj ) l’angle au sommet sj , on obtient
([454] p.135) les relations σj2 = 1 et (σj−1 σj )νj = 1. Tous les coefficients νj sont
faciles à expliciter en fonction de la signature du groupe Γ ou de son groupe principal
G. Les reflexions retournant les angles, ceci introduit un groupe d’isométries non
toutes directes de H :
Γ∗ =< σ1 , ..., σ4g+2r | σj2 = 1, (σj−1 σj )νj = 1 > .
Ce groupe agit proprement dans H, ce qui signifie que pour tout sous-ensemble
compact C de H l’ensemble des éléments γ ∈ Γ∗ tels que γC ∩ C =
6 ∅ est fini.
L’intérieur du polygone de départ constitue un domaine fondamental pour cette
action. Le groupe Γ∗ est un groupe de Coxeter [86] qui permet d’expliciter le lien
avec la théorie de immeubles de Tits, ici des immeubles hyperboliques ([678]). Dans
Γ∗ on retrouve Γ comme sous-groupe d’indice 2 des transformations qui conservent
l’orientation ([408] théorème 3.5.4). Ceci donne comme quotient H/Γ une surface
de Riemann compacte de genre g où le polygone construit précédemment se projette
en un complexe à r + 1 sommets reliés par 2g + r géodésiques tracées sur la surface
considérée. Ce complexe permet de calculer l’homologie singulière de la surface. Il
correspond à une dissection canonique de la surface de Riemann.
2.15. Groupes de triangle hyperboliques. Avec g = 0 et n = r = 3, ce
qui précède garantit l’existence d’un groupe de Coxeter T∗ (υ1 , υ2 , υ3 ) définissable
avec trois réflexions R1 , R2 , R3 sur les cotés d’un triangle géodésique de H pourvu
que
3
X
1
< 1.
υ
i=1 i
Ce groupe T∗ (υ1 , υ2 , υ3 ) appelé groupe de triangle hyperbolique a pour présentation
2
2
2
< R1 , R2 , R3 | R1 = R2 = R3 = (R1 R2 )υ3 = (R2 R3 )υ1 = (R3 R1 )υ2 = 1 > .
78
5. GÉNÉRALISATION AUX SURFACES DE RIEMANN
Il possède un sous-groupe, le groupe de von Dyck, qui peut être vu ([408] p. 99-102)
comme fuchsien d’indice 2 de signature (0; 3 : υ1 , υ2 , υ3 ; 0) :
T(υ1 , υ2 , υ3 ) =
=
< E 1 , E 2 | E 1 υ1 = E 2 υ2 = (E 1 E 2 )υ3 = 1 >
< E 1 , E 2 , E 3 | E 1 υ1 = E 2 υ2 = E 3 υ3 = E 1 E 2 E 3 = 1 > .
On trouve T(2, 3, ∞) = P SL(2, Z) = Γ(1) parmi les groupes de Dyck. Tout groupe
de triangle est un quotient du groupe utilisé dans la résolution de nos équations et
qui peut lui-même être considéré comme un groupe de Coxeter [131]
∼ T∗ (∞, ∞, ∞) = C2 ∗ C2 ∗ C2 .
T3 =
Dans T3 , le sous-groupe F2 ≃ [P SL(2, Z), P SL(2, Z)] d’indice 2 peut être vu
comme le groupe fuchsien qui construit la théorie de Markoff classique. Les groupes
de Dyck sont sphériques, euclidiens ou hyperboliques, selon que le nombre suivant
est plus grand, égal ou plus petit que 1 :
1
1
1
+
+ .
υ1
υ2
υ3
Les groupes de Dyck donnent concrètement le passage entre les travaux développés
dans le présent ouvrage et la théorie des singularités [29] [601] [548] [59] [353] [216]
[455] [461]. La condition de réduction présentée dans [695] pour les systèmes de
poids réguliers et les singularités de surfaces associées est comparable à celle vue
au chapitre précédent pour les tores paraboliques. Un système régulier de poids est
un quadruplet d’entiers positifs (t, x, y, z) tels que t > m = max(x, y, z) et
(q t − q x )(q t − q y )(q t − q z )
polynôme en q.
(1 − q x )(1 − q y )(1 − q z )
On peut lui associer une singularité à l’origine d’une surface définie par un polynôme
X
aijk X i Y j Z k .
xi+yj+zk=t
On associe à un tel système un sous-groupe discret agissant sur H, C, S 2 . On trouve
dans [695] comment se fait le lien avec des groupes fuchsiens et des surfaces K3
lorsque l’on est dans le cas hyperbolique où t − x − y − z = 1 > 0, et dans [596] (p.
665) une évocation due à I. I. Piatetsky-Shapiro et I. R. Shafarevich du lien entre
les surfaces réelles K3 et les groupes de réflexion hyperbolique. On indique aussi
dans [695] (p. 499 table 4) comment se fait le lien avec des surfaces rationnelles,
les groupes kleinéens et les systèmes de racines A-D-E lorsque l’on est dans le cas
sphérique où t−x−y −z = −1 < 0. On trouve ainsi les sous-groupes finis du groupe
SU (2) des matrices unitaires de SL(2, C), revêtement universel du groupe SO(3)
des rotations de l’espace euclidien. Ceci donne les groupes de rotations Cl+1 , Dl−2 ,
A4 , S4 , A5 , des polyèdres platoniciens (pyramide, bipyramide, tétraèdre, cube ou
octaèdre, icosaèdre ou dodécaèdre), avec les groupes simples associés par la correspondance de McKay ([167] p. 297, [38], [754]) et les polynômes correspondants
[29] (Tome 1 p. 139) :
A(l) = T(1, 1, l + 1)
cyclique d’ordre l + 1 ≥ 2
XZ + Y l+1
2
D(l) = T(2, 2, l − 2)
diédral d’ordre 4(l − 2) ≥ 8
X Y + Y l−1 + Z 2
E(6) = T(2, 3, 3)
tétraèdral binaire (→ F i24 )
X2 + Y 3 + Z4
E(7) = T(2, 3, 4)
octaèdral binaire (→ B = F2+ ) X 2 + Y 3 + Y Z 3
E(8) = T(2, 3, 5)
icosaèdral binaire (→ M )
X2 + Y 3 + Z5
2. RAPPELS SUCCINCTS SUR LES SURFACES DE RIEMANN
79
On obtient ainsi les groupes de Dyck sphériques que l’on peut voir comme sousgroupes finis Γ de P SL(2, C) agissant de manière discontinue sur S 2 , définissant les
cinq polyèdres réguliers des pavages classiques de la sphère (voir [61] tome 1 p. 44).
Ils correspondent aux singularités simples ou de Klein [429] [754] [755] [31] (p.26),
et aux diagrammes de Dynkin sans double liens [86] (Ch. VI § 4 th. 3 p. 197) des
groupes de Coxeter associés à la résolution de ces singularités. Déjà identifiés dans
la scholie de la proposition 18 du livre XIII des Elements d’Euclide, évoqués dans
le Timée de Platon, ils ont été mis à contribution en 1621 dans le Secret du Monde
par Jean Kepler pour justifier le système héliocentrique qui a été proposé en 1543
par N. Copernic dans son livre des Révolutions...
Bien que les surfaces M s1 s2 (b, ∂K, u) mises en évidence dans les chapitres
antérieurs soient rationnelles et essentiellement sans singularité, il est intéressant
de constater que les types de singularités isolées possibles sur les surfaces cubiques sont connus. On trouve notamment le point conique elliptique correspondant au diagramme de Dynkin E(6) et à la forme normale du cas euclidien où
t − x − y − z = 1 > 0 qui est l’équation XY 2 − 4Z 3 + g2 X 2 Y + g3 X 3 d’une
surface elliptique ([272] p.182). Les autres possibilités [263] correspondent à des
points doubles rationnels (des singularités de Klein) et sont données par A(l) où
l = 1, ..., 5; D(l) où l = 4, 5; E(6).
2.16. Jacobienne et fonctions thêta. En se limitant encore à une surface
H/Γ de signature (g; r : υ1 , υ2 , ..., υr ; 0) le polygone bord du domaine fondamental
que l’on vient de mettre en évidence s’appelle une dissection canonique de la surface.
Il permet de reconstruire la surface par des transformations successives de son
domaine fondamental. Pour une surface M de genre g supposée ici compacte, on
fait apparaı̂tre ainsi 2g cycles α1 ,..., α2g avec lesquels les différentielles holomorphes
ω1 ,..., ωg , de la surface donnent une matrice de périodes
Z
Ω = [πjk ] =
ωj , j = 1, ..., g, k = 1, ..., 2g.
αk
Ses 2g vecteurs colonnes (πjk )k=1,...,2g donnent un sous-groupe discret de périodes
Λ de rang g de Cg définissant la surface jacobienne Jac(M) = Cg /Λ de M. On a
de plus un plongement canonique généralisant la situation déjà rencontrée pour les
courbes elliptiques :
Z u
ωj )j=1,...g ∈ Jac(M).
κ : u ∈ M 7−→ κ(u) = (
u0
Chaque intégrale de cette application dite de Jacobi (ou Kodaira) est mal définie
car elle dépend du chemin d’intégration. Mais le g-uplet est quant à lui bien défini.
On peut faire en sorte d’avoir α1 = a1 ,..., αg = ag , αg+1 = b1 , ..., bg , et πjk = δjk
pour k = 1, ..., g, et poser avec une matrice M :
Z
M=
ωj , j = 1, ..., g, k = 1, ..., g,
bk
Λ = Zg ⊕ MZg .
On vérifie que l’on a M =t M et Im(M) > 0, et ces deux conditions caractérisent le
demi-espace supérieur de Siegel Hg sur lequel on peut faire agir de façon naturelle
le groupe symplectique Sp(g, Z). L’intérêt de cette construction est que la surface
80
5. GÉNÉRALISATION AUX SURFACES DE RIEMANN
jacobienne peut elle-même être plongée au moyen d’une fonction thêta dans un
espace projectif Pn (C) lorsqu’elle admet une polarisation. Il s’agit d’une forme hermitienne H définie sur M×M telle que ℑ(H) soit à valeurs entières sur le réseau Λ.
La surface jacobienne devient alors un groupe algébrique. Ceci est la conséquence
d’un résultat de Lefschetz [452] [823] p. 192. Ce résultat plonge de façon naturelle
toute surface de Riemann compacte dans un tel espace projectif, réalisant de façon
concrète le plongement donné par les théorèmes de Chow ou Kodaira ([314] p. 167
ou p. 181 [732] p.29-30). Cette construction permet de représenter le groupe des
automorphismes Aut(M) par un monomorphisme naturel dans le groupe Sp(g, Z)
qui contient ainsi une information essentielle ([253] p. 287). La fonction thêta correspondante s’écrit pour u ∈ Cg et M ∈Hg
X
θ(u, M) =
exp(πi(t m)Mm + 2πi(t m)u).
m∈Zg
La surface jacobienne Jac(M) est une variété abélienne ([400], [23] tome 3 §24.2)
sur laquelle on dispose d’une polarisation canonique ([531] p. 311 [823] p. 206). On
peut caractériser les variétés abéliennes qui possèdent une polarisation. Ce sont des
variétés algébriques projectives que l’on peut munir d’une loi de groupe algébrique
définie avec des polynômes homogènes et deux applications M × M → M et
M → M qui s’écrivent comme des fonctions rationnelles à coefficients dans le
corps K(M) des fonctions méromorphes définies sur M. Un résultat remarquable
dû à T. Shioda est que les variétés jacobiennes sont caractérisées par des solitons,
solutions de l’équation de Kadomtsev-Petviashvili de la théorie des plasmas ([740]).
Il existe aussi des tores de dimension 2 sans plongement projectif ([735] p.351-356),
et qui ne sont donc pas des variétés abéliennes.
2.17. Fonctions automorphes. On définit un facteur d’automorphie µ associé au groupe fuchsien Γ ⊂ Aut(H) avec :
µ : Γ × H −→ C,
∀γ1 , γ2 ∈ Γ, ∀z ∈ H, µ(γ1 γ2 , z) = µ(γ1 , γ2 z)µ(γ2 , z).
∀γ ∈ Γ, µ(γ, .) holomorphe non nulle sur H.
Une fonction automorphe f du groupe fuchsien Γ et de facteur d’automorphie µ
est une fonction définie sur H, souvent supposée méromorphe, telle que
∀γ ∈ Γ, ∀z ∈ H, f (γz) = µ(γ, z)f (z).
Une fonction automorphe est parfois dite modulaire. Mais l’auteur préfère réserver
à ce dernier mot un sens plus précis destiné à étudier des situations plus générales
([404] p.257). Si µ est constante et égale à 1, on dit simplement ici que f est une
fonction Γ-automorphe. Il s’agit d’une fonction définie sur H mais par une simple
fonction définie sur M = H/Γ que l’on compose avec la projection canonique de H
sur H/Γ. Tout automorphisme γ ∈ Γ ⊂ Aut(H) du demi-plan H peut être considéré
localement comme une fonction holomorphe permettant de définir
∂γ
, µγ (z)−1 = µ(γ, z).
µγ =
∂z
Si F définie sur H est invariante par γ ∈ Γ ⊂ Aut(H) ≃ P SL(2, R), considérons
l’expression associée
az + b
) = F (z).
F (γz) = F (
cz + d
3. LA THÉORIE DE TEICHMÜLLER GÉNÉRALISANT CELLE DE MARKOFF
81
Lorsque dériver F en z est possible, on obtient une fonction f = F ′ qui est Γautomorphe et dont le facteur d’automorphie est donné par :
az + b
) = (cz + d)2 f (z) = µ(γ, z)f (z).
cz + d
Avec des dérivées d’ordre supérieur, on doit introduire la dérivation de Schwarz
([264] p. 99) pour trouver d’autres formules de ce type. On peut montrer que les
facteurs d’automorphie les plus généraux s’écrivent ([322] p. 19) avec 2k entier non
négatif µ(γ, z) = (cz + d)2k . Ceci définit les fonctions Γ-automorphes de poids
2k. Ces fonctions permettent la définition des formes différentielles de degré k,
dites encore k-différentielles ou formes automorphes f −→ f (z)dz k . Ces formes
sont dites holomorphes si f est holomorphe ([253] p. 51 et 87). De telles formes
permettent de considérer le k-ième C-espace de cohomologie H k (M, C) ainsi que
l’algèbre commutative graduée ([253] p. 269)
f (γz) = f (
H ∗ (M, C) =
∞
M
H k (M, C).
k=0
Elles permettent l’étude des aspects différentiels de la surface M = H/Γ et de sa
théorie de Hodge [479]. Il y a aussi un lien avec la théorie des représentations,
la théorie du corps de classe et le programme de Langlands ([104] [58] [358]
[669] [286]). Les fonctions Γ-automorphes de poids 2k qui sont holomorphes sur H
définissent de leur côté un C-espace vectoriel Mk (Γ) puis, en désignant l’espace 0
par cette écriture si k < 0, une algèbre graduée somme directe ([729] p.145)
M(Γ) =
∞
M
Mk (Γ).
k=−∞
Cette algèbre a un lien avec l’algèbre des fonctions méromorphes K(M) évoquée
ci-dessus sur la surface de Riemann M = H/Γ. On trouve dans [224] (p.75)
une démonstration du fait que si Γ est un sous-groupe d’indice fini de P SL(2, Z)
l’algèbre M(Γ) est de type fini sur C, tous les espaces Mk (Γ) étant de dimension
finie. Pour le groupe P SL(2, Z), on trouve dans la même référence, ou dans [729]
(p.145) l’isomorphisme de M(P SL(2, Z)) et de l’algèbre de polynômes C[X, Y ].
Pour un groupe fuchsien plus général Γ tel que M = H/Γ soit une surface compacte le corps des fractions de M(Γ) est une extension K(M) de degré fini du corps
des fractions C(X, Y ) de C[X, Y ]. En pratique ceci se traduit par le fait que deux
fonctions Γ-automorphes ayant même domaine de définition sont liées par une relation algébrique. Une conséquence importante ([264] p.163) est que toute fonction
automorphe f (τ ) d’un groupe fuchsien ayant pour domaine fondamental une région
constituée de k copies du domaine fondamental de P SL(2, Z) donne avec un polynome Φ de degré inférieur ou égal à k une relation algébrique Φ(f, J) = 0 où J est
l’invariant modulaire.
3. La théorie de Teichmüller généralisant celle de Markoff
Le problème central de la théorie de Teichmüller consiste à décrire les différentes
structures conformes qui existent sur un même support topologique Mtop d’une
surface de Riemann M supposée ici connexe et de type fini. Le groupe de Poincaré
sur Mtop pointé est noté π1 (Mtop , ∗). Classiquement la théorie de Teichmuller est
présentée avec tout un appareillage différentiel. Or on peut la présenter de façon
82
5. GÉNÉRALISATION AUX SURFACES DE RIEMANN
quasi algébrique lorsque H est le revêtement conforme de la surface M. Ceci a
permis d’expliciter comment elle généralise la théorie de Markoff. Le formalisme mis
au point sur les tores percés conformes a ainsi été étendu pour tout groupe fuchsien
de signature s, permettant une approche très globale applicable à d’autres équations
diophantiennes. Ceci a débouché sur des questions géométriques nouvelles dans la
perspective de sortir des surfaces pour appréhender des objets plus compliqués sur
lesquels généraliser les méthodes qui précèdent. Les domaines de Riemann semblent
particulièrement bien adaptés à tel projet pour des raisons que l’on explique. On
décrit maintenant comment ces réflexions ont été développées, en renvoyant au
chapitre 7 de [632] pour des compléments ainsi qu’à [720] [330] [706] [449].
3.1. Représentations du groupe de Poincaré. Les différentes structures
conformes sur Mtop sont définies par les représentations ρ du groupe π1 (Mtop , ∗)
dans le groupe P SL(2, R), constituant l’espace des déformations
R = R(π1 (Mtop , ∗), P SL(2, R)).
Au moyen de la notion de groupe principal, le calcul d’une déformation ρ de signature s = (g; n : υ1 , υ2 , ..., υr , υr+1 , ..., υn ; m) est faisable analytiquement avec la
représentation associée ρ : π1 (Mtop , ∗) → SL(2, R) telle que ρ = P ◦ ρ. Il suffit d’expliciter les coefficients des matrices images par ρ des générateurs qui vérifient les
relations d’une présentation de π1 (Mtop , ∗). Le calcul des générateurs ρ(a1 ) = A1 ,
ρ(b1 ) = B1 , ..., ρ(ag ) = Ag , ρ(bg ) = Bg , ρ(e1 ) = E1 , ..., ρ(er ) = Er , ρ(pr+1 ) = Pr+1 ,
..., ρ(pn ) = Pn , ρ(h1 ) = H1 , ..., ρ(hm ) = Hm nécessite 3(2g+n+m) paramètres réels
car on a quatre paramètres pour chacune des matrices et que leurs déterminants
valent 1. On doit prendre en compte entre ces paramètres 3(r + 1) égalités entre
nombres réels issus des relations qui lient les matrices, ainsi que les n − r égalités
tr(Pi ) = 2. Ceci représente au total n + 2r + 3 contraintes liant ces paramètres
réels. Trois paramètres supplémentaires peuvent être éliminés en raisonnant à un
automorphisme intérieur près, c’est-à-dire à une transformation conforme près de H.
Ceci construit une variété réelle Vs de dimension 6g−6−2r+2n+3m dont une partie
définie par les contraintes sur les traces supérieures à 2 paramétrise les structures
de Riemann possibles sur le support topologique de Mtop . Chaque point noté Π(ρ)
dans cette partie de Vs correspond à une structure conforme sur Mtop . Par exemple,
pour les tores percés paraboliques g = 1, r = 0, n = 1, m = 0, on a mis en évidence
au chapitre précédent la nappe principale d’une variété V(1;1;0) de dimension 2
donnée par l’équation de Markoff. Et pour un tore percé hyperbolique g = 1, r = 0,
n = 0, m = 1, on trouve de même une partie d’une variété de dimension 3. On trouve
dans [419] d’autres exemples. Du groupe principal ρ(π1 (Mtop , ∗)) = G on déduit
alors la représentation associée ρ = P ◦ ρ et son image Γ = P G = ρ(π1 (Mtop , ∗))
qui est un groupe fuchsien de signature s = (g; n : υ1 , υ2 , ..., υr , υr+1 , ..., υn ; m). On
peut pratiquement considérer qu’à chaque point Π(ρ) de Vs est attaché le groupe
fuchsien Γ, point que l’on peut noter avec les matrices du groupe principal G de Γ
et par analogie avec ce que l’on a développé dans [632] :
Π(A1 , B1 , ..., Ag , Bg , E1 , ..., Er , Pr+1 , ..., Pn , H1 , ..., Hm ).
Le calcul que l’on vient de faire ne détermine pas tout l’espace des déformations de
π1 (Mtop , ∗), mais uniquement son sous-ensemble Rs = Rs (π1 (Mtop , ∗), P SL(2, R)).
Il faut regrouper ces derniers espaces sur toutes les signatures correspondant au
même type topologique (g, n + m) de π1 (Mtop , ∗) pour retrouver R. Comme le
3. LA THÉORIE DE TEICHMÜLLER GÉNÉRALISANT CELLE DE MARKOFF
83
montre les tores percés paraboliques et hyperboliques, on trouve des phénomènes
de bord entre les espaces Rs correspondant aux sauts quantiques que constituent
pour la géométrie conforme le passage d’une piqûre à un trou. Pour tout ρ ∈ R une
structure conforme est donnée par la considération de :
M = H/ρ(π1 (Mtop , ∗)) = H/Γ.
Il s’agit d’une surface de Riemann qui selon les propriétés de ρ peut avoir pour
support topologique Mtop et une signature ou une autre. On remarquera que
des espaces topologiques homéotopes définissent des groupes de Poincaré isomorphes, mais peuvent ne pas être homéomorphes ([308] p.16) mais qu’inversement la
dernière égalité privilégie un modèle Mtop parmi les classes d’homéomorphie d’une
même classe d’homéotopie.
3.2. Equivalence des représentations et réduction. Si Int(P SL(2, R))
est le groupe des automorphismes intérieurs de P SL(2, R), on a avec la composition
des morphismes une action naturelle de ce groupe dans Rs . Ceci permet de cacher
différents paramètres liés à ces automorphismes intérieurs et donc de raisonner à
équivalence conforme près de H. On définit ([720] p. 165) ainsi un quotient qui est
l’espace des modules de signature s :
Mod(s) = Rs (π1 (Mtop , ∗), P SL(2, R))/Int(P SL(2, R)).
Comme la variété réelle Vs à laquelle il s’identifie par le calcul précédent, cet espace paramétrise les structures conformes de signature s existant sur la surface
topologique Mtop support. Compte tenu de la façon dont on l’a construit, remarquons que sur Vs il est naturel de considérer les automorphismes intérieurs définis
par une matrice D ∈ GL(2, R). Ceci fait alors intervenir l’orientation de M et
donne un résultat analogue à [632] (prop. 5.5.3 et prop. 6.5.3). De façon précise,
on a l’équivalence entre l’égalité de
Π(A1 , B1 , ..., Ag , Bg , E1 , ..., Er , Pr+1 , ..., Pn , H1 , ..., Hm ),
′
′
Π(A′1 , B1′ , ..., A′g , Bg′ , E1′ , ..., Er′ , Pr+1
, ..., Pn′ , H1′ , ..., Hm
),
et l’existence de D ∈ GL(2, R) telle que
′
′
A′1 = DA1 D−1 , ..., E1′ = DE1 D−1 , ..., Pr+1
= DPr+1 D−1 , ..., Hm
= DHm D−1 .
La partie de Vs mise en évidence ci-dessus est invariante pour l’action des automorphismes intérieurs définis par les matrices D ∈ GL(2, R). Le calcul de toutes les possibilités pour D débouche sur des considérations sur les quaternions ou les algèbres
de Clifford qui les généralisent. Egalement, puisque les calculs faits ont utilisé des
représentations ρ : π1 (Mtop , ∗) → SL(2, R), c’est-à-dire des représentations de
groupe spéciales ρ : π1 (Mtop , ∗) → GL(2, R), on peut utiliser les résultats de cette
théorie dans l’étude de la situation que l’on considère, avec le fait qu’en général
π1 (Mtop , ∗) est infini et non commutatif. On fait ainsi le lien avec la notion de caractère qui, en sens inverse s’introduit dans la théorie de Teichmuller, par exemple
avec la notion de caractère de Fricke. L’équation algébrique associée se retrouve
par les méthodes de [364]. Le lien avec les formes quadratiques binaires peut être
retrouvé en généralisant le théorème de Frobenius Schur ([734] p. 121).
Il est aussi possible de faire agir de façon naturelle le groupe des automorphismes Aut(π1 (Mtop , ∗)) sur Rs , ce qui revient à changer de système de générateurs
du groupe π1 (Mtop , ∗). Comme l’action induite d’un élément de Int(π1 (Mtop , ∗))
84
5. GÉNÉRALISATION AUX SURFACES DE RIEMANN
sur Rs donne l’identité, on peut se contenter d’étudier l’action sur Rs du groupe
des classes d’applications
Γπ1 (Mtop ,∗) = Aut(π1 (Mtop , ∗))/Int(π1 (Mtop , ∗)) = Out(π1 (Mtop , ∗)).
Cette démarche généralise la théorie de la réduction qui a été vue au chapitre
précédent. Elle définit l’espace de Teichmuller :
T eich(s) = Mod(s)/Γπ1 (Mtop ,∗) .
Il est identifiable à la partie de Vs mise en évidence ci-dessus que l’on peut maintenant interpréter comme domaine fondamental pour l’action du groupe Γπ1 (Mtop ,∗)
dans toute la variété réelle Vs .
3.3. Groupes fuchsiens arithmétiques. La question se pose de savoir si
l’on peut remplacer dans ce que l’on vient de voir le groupe P SL(2, R) par P SL(2, Z).
La réponse non évidente est partiellement donnée dans le chapitre 5 de [408]. Elle
conduit à se méfier de la dénomination de groupe fuchsien arithmétique utilisée
également dans le contexte des groupes de Lie, et différente de la notion envisagée
ici qui se résume à la condition Γ ⊂ P SL(2, Z).
3.4. Compléments sur les représentations de groupes.
3.4.1. Variété de représentations. On peut aussi vouloir remplacer P SL(2, R)
par P SL(2, C), et raisonner sur des groupes kleinéens plutôt que sur des groupes
fuchsiens. Ceci conduit à la notion de variété de représentations d’un groupe de
Poincaré [492] [99]
ρ ∈ R(π1 (Mtop , ∗), P SL(2, C)) → (trρ(g1 ), trρ(g2 ), ..., trρ(gp )) ∈ Cp ,
où ρ : π1 (Mtop , ∗) → P SL(2, C) représentation de π1 (Mtop , ∗) dans P SL(2, C),
avec p nombre de générateurs choisis dans le groupe π1 (Mtop , ∗), tr la trace dans
P SL(2, C) à distinguer de la trace de la matrice correspondante dans SL(2, C).
L’ensemble des représentations complexes ρ est R(π1 (Mtop , ∗), P SL(2, C)). Ce nouveau sujet est lui-même lié à l’étude de l’espace de Teichmüller qu’il complexifie [720] (ch. 4). On construit de façon naturelle des relations algébriques entre
les traces en utilisant la méthode de [364] [658], d’où des variétés autour des
caractères de Fricke dans lesquelles on peut représenter l’espace de Teichmüller
[66]. La méthode donne des structures algébriques qui généralisent également la
théorie de Markoff [302] [692] [693] [494]. Le procédé peut d’ailleurs être comparé
à la méthode utilisée pour montrer que les surfaces de Riemann compactes sont
algébriques ([149] (p. 120) [578] (p.98) [732] [498]). Le lien est aussi faisable avec
la classique théorie des invariants ([348] [219] [487]), puis les algèbres de Hopf, la
théorie de Galois et les groupes quantiques ([63] [133] (p. 52) [199] [321]). On a
aussi un lien profond avec le calcul de Heaviside (encore appelé ombral, symbolique,
de Sylvester, de Boole, de Leibnitz..., [370] [683] [684]) qui a donné naissance aux
distributions par généralisation de la fonction de Dirac ([335] [115] [708] [154]
[118]). L’approfondissement de ce sujet conduit au calcul différentiel non commutatif [199], aux D-modules ([170] [68] (p. 14)), etc. Il constitue une perspective
essentielle pour des travaux à venir.
3. LA THÉORIE DE TEICHMÜLLER GÉNÉRALISANT CELLE DE MARKOFF
85
3.4.2. Monodromie. On appelle représentation de monodromie d’un groupe
Γ = π1 (Mtop , ∗) tout homomorphisme de groupes
ρ : π1 (Mtop , ∗) −→ GL(n, C).
L’image de ρ est le groupe de monodromie. Ces représentations peuvent être classées
avec les automorphismes intérieurs de GL(n, C) et interviennent dans la résolution
des équations différentielles de Fuchs ([859] p. 75, [312], [450]) qui sont de forme
suivante où les ai sont holomorphes, ou encore méromorphes dans le domaine considéré :
dn−1 f
dn f
+ a1 (z) n−1 + ... + an (z)f = 0.
n
dz
dz
• Pour le cas plus général où n n’est pas nécessairement égal à 2, ce qui précède
conduit à l’étude des groupes algébriques et à la théorie de Galois différentielle de
Picard-Vessiot, Ritt, Kolchin, Pommaret, etc... On renvoie pour l’approfondissement de ce sujet à [68] [860].
• Pour le cas n = 2 et π1 (Mtop , ∗) ≃ F2 engendré par A et B, les représentations
de monodromie sont complètement décrites dans [859] (p. 80). Celles qui sont
irréductibles, c’est-à-dire sans sous espace propre invariant, sont caractérisées à un
automorphisme intérieur près de GL(2, C) par des expressions
µ1
0
λ1 1
, λi µj 6= νk .
, ρ(B) =
ρ(A) =
(ν1 + ν2 ) − (λ1 µ1 + λ2 µ2 ) µ2
0 λ2
Elles sont déterminées de façon unique par les trois couples (λ1 , λ2 ), (µ1 , µ2 ), (ν1 , ν2 )
de valeurs propres de A, B et AB, pourvu qu’ils vérifient les contraintes citées. Par
exemple en diagonalisant les matrices A0 et B0 de la théorie de Markoff classique,
on vérifie que les contraintes sont vérifiées et que l’on a :
"
#
"
#
√
√
3− 5
3− 5
1
0
2
2
√
√
ρ(A0 ) =
, ρ(B0 ) =
.
3+ 5
3+ 5
0
−4
2
2
On peut expliciter dans ce cas une solution du problème de Riemann-Hilbert qui
consiste à reconstruire à partir de la représentation de monodromie une équation
fuchsienne possédant ρ pour représentation de monodromie. Pour cela on utilise
[858] (th.4.3.2 p.85) pour calculer le schéma de Riemann associé. On reconstruit
alors une équation fuchsienne (une équation hypergéométrique perturbée) qui est
avec σ3 + τ3 = 1 et σ3 + σ3−1 = 3 :
√
√
d2 u
du
1
3+ 5
3− 5
x(1 − x) 2 + (1 − 2x)
− (σ3 τ3 )u = 2
log(
) log(
)u.
dx
dx
4π x(1 − x)
2
2
Elle identifie un opérateur différentiel dont l’analyse spectrale reste à faire et à
comparer avec le spectre de Markoff :
√
√
(σ3 τ3 )4π 2 x(1 − x) + log( 3+2 5 ) log( 3−2 5 )
(1 − 2x)
.
D−
L=D +
x(1 − x)
4π 2 x2 (1 − x)2
2
3.5. La présentation classique de la théorie de Teichmüller. La théorie
de Teichmüller a pour but de déterminer toutes les structures conformes sur une
même surface topologique. Comme une structure conforme définit une structure
différentielle orientée à deux dimensions, on peut décomposer le problème en deux :
construire d’abord sur une structure topologique une structure différentielle ou la
structure riemannienne unique qu’elle définit, ensuite construire sur cette dernière
86
5. GÉNÉRALISATION AUX SURFACES DE RIEMANN
une structure conforme. Le second problème a une solution unique. Le premier est
beaucoup plus délicat, notamment si la surface topologique n’est pas compacte.
Au-dela de ce qui précède une solution peut être obtenue par différents autres
moyens comme la quasi-conformité. On donne ici quelques indications sur cette
façon classique de présenter la théorie de Teichmüller.
3.5.1. Classes d’équivalence conforme. Deux métriques ds2 et dt2 sont dites
conformément équivalentes si l’application identique Id : (M, dt2 ) −→ (M, ds2 )
est une transformation conforme de M. En écrivant la métrique ds2 sous la forme
ds2 = λ | dz + µ(z)dz |2 on voit que les classes d’équivalence conforme sont
paramétrées par µ(z). Leur ensemble Conf (M) peut être vu comme un ensem∞
ble quotient Conf (M) = M et(M)/C+
(M), où M et(M) est l’ensemble de toutes
∞
les métriques possibles sur M, et C+ (M) le groupe multiplicatif des fonctions λ
réelles positives non nulles, différentiables, définies sur M.
3.5.2. Espace des modules (ou des classes d’équivalence difféomorphes). Deux
métriques ds2 et dt2 sur une surface topologique M sont dites difféomorphiquement
équivalentes si et seulement si on a un difféomorphisme f : (M, dt2 ) −→ (M, ds2 )
préservant l’orientation et conforme. Avec ds2 = λ | dz + µ(z)dz |2 on voit que les
classes d’équivalence difféomorphes correspondant à une même classe d’équivalence
conforme déterminée par µ(z) sont paramétrées par λ. Soit Dif f+ (M) le groupe des
difféomorphismes de M dans M. Les classes d’équivalence difféomorphes définissent
Mod(M) = M et(M)/Dif f+(M) l’espace des modules de la surface topologique
M. On a une surjection canonique de Mod(M) dans Conf (M).
∞
3.5.3. Espace de Teichmüller. Entre C+
(M) et Dif f+ (M) existe le groupe
Dif f0 (M) de tous les difféomorphismes isotopes à l’identité. On dit que les deux
métriques ds2 et dt2 sur la surface topologique M sont fortement équivalentes si
et seulement s’il existe f ∈ Dif f0 (M) de M tel que f : (M, dt2 ) −→ (M, ds2 )
soit conforme. On dit alors que T eich(M) = M et(M)/Dif f0(M) est l’espace de
Teichmüller. On trouve dans [582] (p.150) une précision sur la validité de cette
définition qui n’est adéquate que pour certaines surfaces, et qui nécessite pour être
valable de considérer que M et(M) ne contient que les métriques pour lesquelles la
courbure de Gauss de M est constante. Posent problème les surfaces ayant pour
revêtement conforme universel la sphère de Riemann S 2 ou C. Les autres cas de
revêtement H ne posent pas de difficulté. On a donné dans [632] différents espaces
de Teichmüller montrant que piqûres et trous ne jouent pas même rôle sur une
surface de Riemann.
3.5.4. Groupe de Teichmüller des classes d’applications. Comme Dif f0 (M)
est un sous-groupe normal de Dif f+ (M), on peut aussi définir le groupe (parfois dit modulaire) de Teichmüller, encore appelé groupe des classes d’applications (mapping class group) ΓM = Dif f+ (M)/Dif f0 (M). Le groupe ΓM est un
groupe discret, interprétable comme le groupe des composantes connexes du groupe
Dif f+ (M). Il est engendré par les twists de Dehn ([582] p.157). Les twists de Dehn
engendrent le groupe ΓM mais ils n’en constituent en général pas un ensemble minimal de générateurs. Sont importants ceux qui ne sont pas homotopes à l’identité,
par exemple parce qu’ils font le tour d’une poignée de la surface ou d’une piqûre. Le
groupe ΓM est isomorphe à un quotient d’un groupe d’automorphismes du groupe
de Poincaré ([383] (p. 17), [867] (ch. 2)) ici noté π1 (M, ∗) :
ΓM ≃ Aut∗ (π1 (M, ∗))/Int(π1 (M, ∗)) = Out∗ (π1 (M, ∗)),
3. LA THÉORIE DE TEICHMÜLLER GÉNÉRALISANT CELLE DE MARKOFF
87
où Int(π1 (M, ∗)) est le groupe des automorphismes intérieurs de π1 (M, ∗), et
Aut∗ (π1 (M, ∗)) est le groupe des automorphismes de π1 (M, ∗) induits par un
homéomorphisme de M. Le groupe Aut∗ (π1 (M, ∗)) est contenu dans le groupe
de tous les automorphismes Aut(π1 (M, ∗)). Ainsi s’introduit le groupe plus vaste
Γπ1 (Mtop ,∗) = Out(π1 (M, ∗)) dont ΓM est un sous-groupe. On a regroupé dans
[632] tout un ensemble de résultats connus pour les groupes de Poincaré et les
groupes de classes d’applications, mais dispersés dans la littérature sur ce thème
[74] [420] [384] [192] [819] [291]. Dans différents cas on est certain de l’égalité
ΓM = Γπ1 (Mtop ,∗) , par exemple lorsque le théorème de Dehn Nielsen s’applique
comme c’est le cas pour les surfaces compactes [866] (p. 194). Ce théorème permet
d’expliciter le lien avec la présentation faite ci-dessus de la théorie de Teichmüller
par les représentations. Le manuscrit de Fenchel et Nielsen [594] explicite d’ailleurs
l’homéomorphisme qu’induit tout automorphisme donné dans Aut(π1 (M, ∗)).
3.5.5. Lien entre espace de Teichmüller et espace des modules. On a défini
plusieurs quotients avec M, l’espace des modules Mod(M) = M et(M)/Dif f+(M),
l’espace de Teichmüller T eich(M) = M et(M)/Dif f0(M), le groupe des classes
d’applications ΓM = Dif f+ (M)/Dif f0 (M). La comparaison de leur définition
fait apparaı̂tre l’espace des modules comme un quotient de l’espace de Teichmüller
par le groupe discret des classes d’applications agissant sur cet espace de façon
propre et discontinue ([706] p. 12)
Mod(M) ≃ T eich(M)/ΓM .
De sorte T eich(M) peut être considéré comme un revêtement ramifié au-dessus
de l’espace des modules Mod(M). Cette configuration est comparable à celle des
groupes fuchsiens agissant sur le revêtement des surfaces de Riemann. Une piste
pour développer son étude émerge de la comparaison entre espaces de Teichmüller
et surfaces de Riemann de revêtement conforme H, car on a :
• L’espace de Teichmüller dispose d’une structure topologique ([706] p.10).
• Il est muni d’une structure analytique réelle [2].
• C’est une composante d’une variété affine réelle définie par des polynômes à
coefficients rationnels ([720] p. 175).
• Il est muni d’une métrique naturelle, dite de Weil-Peterson ([582] p. 157).
• On peut y construire une structure analytique complexe naturelle [578] [235].
• C’est une variété kählérienne de courbure négative ([582] p. 157, [5]).
• Il possède une structure d’espace de Stein ([380] p. 171, [67]).
3.6. Compactification de l’espace de Teichmüller. Etant en général de
dimension supérieure à 2, les espaces de Teichmüller peuvent être vus comme des
généralisations des surfaces de Riemann. Dans beaucoup de cas, on a des modèles
topologiques d’espaces de Teichmüller ([582] (p.153), [380] (p.9), [578] (p.111)
[706] (p. 18)). Des exemples d’espaces de Teichmüller décrits par des équations
algébriques sont dès à présent disponibles ([420] p. 1206 relations 4-1 et 4-2).
Ils permettent d’envisager l’existence d’autres équations diophantiennes dont la
résolution ressemble à celle de Markoff, et est intrinsèquement liée à une structure
géométrique. Un exemple déjà connu de ce type est donné par [43]. Mais ce que l’on
vient de voir offre de très nombreuses autres possibilités. Ce point est confirmé par
le fait que toute variété de Stein est biholomorphiquement équivalente à une sousvariété analytique complexe de Cn pour un certain n entier ([463] p. 180, [415] p.
269). En compactifiant une telle variété, on fait le lien avec la géométrie algébrique
88
5. GÉNÉRALISATION AUX SURFACES DE RIEMANN
grâce au théorème de Chow ([732] p.29-30). Remarquons que la compactification
d’une surface de Riemann comme H peut ne plus être une surface de Riemann. On a
observé entre les tores percés conformes hyperboliques et paraboliques quelques-uns
des phénomènes intervenant dans la compactification des espaces de Teichmüller.
L’étude de cette compactification est l’une des perspectives qui ont été ouvertes
par W. P. Thurston [255]. Elle prend ici une signification particulière dans l’esprit de [732] car elle conduit inversement à l’idée de considérer toute équation
diophantienne que l’on cherche à résoudre comme donnée par un tel processus.
Les espaces compacts simplement connexes jouent un rôle équivalent dans les dimensions supérieures à celui de la sphère de Riemann S 2 . Les variétés analytiques
complexes compactes et simplement connexes, sont homéomorphes à des sphères
([527] p. 142). Pour mémoire, la conjecture de Poincaré qui transpose ce dernier
résultat aux variétés réelles de dimension 3 reste toujours ouverte, sachant qu’elle
est résolue en dimensions supérieures [756].
3.7. Espaces de Stein et domaines de Riemann. Une étude directe des
espaces de Stein X s’inspirant de celle des surfaces de Riemann constitue une piste
utile pour approfondir la théorie de Teichmüller. Ces espaces sont intéressants pour
avoir suffisamment de fonctions holomorphes globales pour séparer ses points. En
notant O(X) la C-algèbre unitaire des fonctions holomorphes de X dans C, on
fabrique une algèbre topologique qui est une sous-algèbre de Fréchet de la C-algèbre
C(X) des fonctions continues de X dans C. Tout caractère continu de l’algèbre
χ : O(X) → C est défini par un point de x ∈ X lorsque ce dernier espace est
de dimension finie : X ⊂ Cn . Et l’application χ ∈ X(O(X)) → x ∈ X est un
homéomorphisme ([415] p. 268). Cette propriété est caractéristique des espaces de
Stein ([320] p. 72). Les surfaces de Riemann ouvertes sont des espaces de Stein
([415] p. 224), tout comme les espaces complexes qui ne contiennent qu’un nombre
fini de points. Mais les surfaces de Riemann compactes ne sont pas des espaces de
Stein ([320] p. 87). Ceci montre clairement que les espaces de Stein ne sont qu’une
généralisation partielle des surfaces de Riemann même s’ils contiennent les espaces
de Teichmüller. Une bonne définition pour englober les surfaces de Riemann et
les espaces de Teichmüller dans un formalisme commun semble plutôt être celle
de domaine de Riemann ([415] (p. 38 et p. 96) [393] [311]). Elle correspond aux
domaines d’holomorphie simplement connexes caractérisés par le fait qu’il existe
f ∈ O(X) non holomorphiquement extensible à un point se situant hors de X ⊂ Cn .
Plusieurs autres pistes sont apparues pour approfondir les réflexions précédentes
sur la théorie de Markoff :
• L’étude des groupes fuchsiens de dimension supérieure, dans l’esprit de [15]
[16] ou [670].
• La théorie de Galois des extensions finies de corps de fractions C(X1 , ...Xn ).
Il serait utile de comprendre si elle a un lien avec les polylogarithmes ([825] [478]
[125]) et comment l’on peut construire une théorie de Galois pour les équations
aux dérivées partielles, ayant éventuellement un lien avec la théorie des fonctions
hypergéométriques généralisées [606].
• La théorie de la combinatoire des voies ferrées ou ”train tracks” telle qu’elle
est présentée dans [564] [612] [563].
4. CODAGE DES GÉODÉSIQUES
89
4. Codage des géodésiques
Une conséquence de la théorie de Teichmüller concerne le fait que le groupe
des classes d’applications possède une structure que l’on peut décrire tout comme
celle du groupe de Poincaré. Il en découle des conséquences pour le codage des
géodésique d’une surface de Riemann que l’on va maintenant évoquer, ainsi que les
liens avec les fractions continues.
4.1. Décomposition du groupe des classes d’applications. Le groupe
des classes d’applications ΓM se décompose en utilisant les deux opérations sur les
groupes de somme amalgamée et d’extension HNN ([728] [45] [139] [454] (III 14)
[333]) :
Proposition 4.1. Pour toute surface de Riemann M de type conforme
(g, n, m) ∈
/ {(0, 0, 0), (0, 1, 0), (0, 2, 0), (1, 0, 0)},
c’est-à-dire ayant H pour revêtement conforme, le groupe des classes d’applications
est simplement décomposable.
A tout groupe simplement décomposable, on associe un graphe de décomposition
qui décrit tous les composants nécessaires et synthétise toutes les indications dont
on a besoin pour combiner ces composants. Le groupe des classes d’applications se
décompose parce que la surface de Riemann M se décompose par plombage en pantalons ([330] (p. 312), [49] (article de C. Series), [670] (p. 408), [720] (p. 117)). La
démonstration s’effectue en remontant au groupe fuchsien qui définit la surface M.
Il possède aussi la propriété d’être simplement décomposable ([330] p. 312). On est
donc ramené à un problème d’algèbre avec un groupe G simplement décomposable
dont on étudie le quotient Out(G) = Aut(G)/Int(G). On utilise pour conclure les
méthodes de [611]. Cette approche vaut pour le groupe de Poincaré comme pour
le groupe des classes d’applications et est développée dans [814]. En considérant
des géodésiques de M dont les longueurs correspondent aux modules [380] et en
associant une valeur dans un groupe Z/2Z qui correspond au sens de parcours de la
géodésique, ainsi qu’une lettre qui correspond à un élément du groupe π1 (M, ∗) correspondant à cette géodésique, le graphe de décomposition permet de reconstruitre
le groupe de Poincaré π1 (M, ∗) puis Out(π1 (M, ∗)) et enfin Γπ1 (Mtop ,∗) .
4.2. Codage des géodésiques. Il exite un ensemble de travaux s’appuyant
sur les fractions continues pour coder les géodésiques fermées des tores percés [723]
dont l’extension à des surfaces de Riemann M plus compliquées que les tores percés
n’est pas au point [704] malgré le grand intérêt de cette question. L’auteur s’est
donc penché sur ce sujet en cherchant à comprendre comment il faudrait procéder
pour obtenir une bonne généralisation et des résultats nouveaux. Le point essentiel
qui en résulte est que le groupe de Poincaré π1 (M, ∗) et le premier groupe H1 (M, Z)
de l’homologie singulière de M contiennent dans beaucoup de cas l’information
essentielle, ne serait-ce que parce que toute classe de ces groupes contient alors une
géodésique.
En se limitant dans un premier temps à un groupe fuchsien de signature
(g; r : υ1 , υ2 , ..., υr ; 0), on peut orienter de façon cohérente les arêtes du polygone
défini [408] [416] pour décrire un domaine fondamental de ce groupe fuchsien. Ceci
privilégie des sens de parcours sur les lacets géodésiques de la surface de Riemann
M que l’on considère. A partir de là, toute autre géodésique orientée de la surface
90
5. GÉNÉRALISATION AUX SURFACES DE RIEMANN
H/Γ = M peut être codée selon la méthode de Morse et Koebe [723]. Chaque fois
que progressant dans le sens de la géodésique on traverse une géodésique constituant un côté de la dissection canonique, on inscrit la lettre correspondante avec
une puissance +1 ou −1 qui est le nombre d’intersections correspondant. Cette
convention de signe utilise l’orientation de la surface M, comme décrit dans [823]
(p. 105). Ceci permet d’associer à toute géodésique un mot écrit comme une suite
doublement infinie de lettres à la puissance ±1 prises dans l’ensemble
{A1 , B 1 , ..., Ag , B g , E 1 , ..., E r }.
Toutes les suites ne sont pas possibles. Le fait qu’il en existe d’infinies montre
que les suites associées aux géodésiques ne font pas partie du groupe Γ dont les
termes s’expriment seulement comme des mots finis écrits avec les mêmes lettres.
Le groupe Γ est donc trop petit pour décrire toutes les géodésiques de la surface
et on doit imaginer de faire appel pour atteindre cet objectif à d’autres opérations
catégoriques que le simple produit libre de groupes. Néanmoins les géodésiques
fermées correspondent à des mots infinis périodiques dont on peut coder la période
avec les lettres précédentes, désignant des éléments de Γ ≃ π1 (M, ∗). D’après ce que
l’on connaı̂t sur les tores percés, toute période finie de ce type ne permet pas de coder
une telle géodésique fermée. On sait par contre reconnaı̂tre les géodésiques fermées
simples, c’est-à-dire ne se coupant pas elles-mêmes dans l’essentiel des cas [723]
[725]. Ce résultat s’étend par les considérations précédentes au cas plus général
d’une surface de Riemann M de signature s.
Cette approche a un lien avec les groupes d’homotopie et d’homologie, au moins
dans le cas compact où le théorème de Hilbert indique que toute classe d’homotopie
libre de lacets fermés de M contient une géodésique fermée, et que deux points quelconques de M peuvent être reliés par une géodésique appartenant à toute classe
d’homotopie donnée ([531] p. 390). Il reste cependant là des questions à approfondir. On voit par exemple par ce qui précède qu’une géodésique peut être décrite
par une suite doublement infinie de telles lettres (l’analogie est évidente avec les
fractions continues !), et qu’un difféomorphisme de M transforme cette géodésique
en une autre codable de même avec ces lettres. Ce difféomorphisme agit comme
un générateur pseudo-aléatoire (voir [183] [690] [698]). Il est connu qu’il puisse ne
pas être une isométrie ([62] p. 429), ni donc a fortiori un automorphisme conforme
de M. Il existe d’autres méthodes de codage des géodésiques, dont certaines plus
directement tournées vers les fractions continues [410] [32]. On peut faire intervenir ces dernières en décomposant toutes les matrices A1 , B1 , ..., Ag , Bg , E1 , ...Er
intervenant en produit de matrices de forme
a
1
1
0
±1
, a ∈ N\{0}.
On trouve dans [467] (p. 334) et [331] une évocation sommaire des problèmes d’approximation diophantienne liés à ce type de situation. Pour les approfondir il faut
préalablement étendre ce qui précède à d’autres signatures que celles privilégiées
ci-dessus, ce qui ne paraı̂t pas insurmontable. L’auteur a quelques travaux en cours
sur ce thème notamment pour comprendre le lien avec les points de Weierstrass
[474].
5. UBIQUITÉ DE LA FONCTION ÊTA DE DEDEKIND
91
4.3. Dynamique symbolique. La dynamique symbolique et sa variante du
chaos déterministe consiste à étudier cette situation en poursuivant les travaux fondateurs de Hadamard ([187] p. 396, [49], [687], [484], [3], [4], [701]). Les systèmes
dynamiques vérifiant l’axiome A d’Anosov s’introduisent dans ce contexte, avec
le fait remarquable que les surfaces de Riemann hyperboliques ont toutes un flot
géodésique ayant cette propriété ([14] pour le cas compact, et [687] (p. 171) pour
une extension au cas non compact). Ceci permet de classer les homéomorphismes
entre surfaces de Riemann avec un important résultat dû à W. Thurston (cité dans
[622] ou [563]).
4.4. Approche ergodique. Ce thème d’étude fait le lien avec des sujets aussi
importants que la thermodynamique, la théorie ergodique et l’information [688]
[71] [10], certaines fonctions zêta [609] [780], le décompte des nombres premiers et
son analogie avec le comportement de certaines géodésiques [608] [42] [88] [829]
[445] [374], l’algèbre des corps quadratiques et l’évaluation de leur nombre de
classes [699] [812], l’interprétation thermodynamique de la mesure de Mahler de
certains polynômes [701] (paragraphe 5.18), la mécanique hamiltonienne car le flot
géodésique constitue un système hamiltonien sur la variété symplectique D2 des
droites [34], le théorème KAM des tores invariants et les petits diviseurs [27] [222]
[854] [340], la dynamique holomorphe et les objets universels à caractère fractal
qu’elle construit [770] [855], l’analyse spectrale de certains opérateurs [562] [689]
[158], les cycles limites et le phénomène de Stokes (16ème problème de Hilbert),
etc...
5. Ubiquité de la fonction êta de Dedekind
Un certain nombre de résultats classiques en théorie du codage de l’information
comme la formule de MacWilliams [507] ont un lien avec les surfaces de Riemann.
On a approfondi ce thème sachant que les recherches de l’auteur sur la théorie de
Markoff ont débuté avec une préoccupation liée au codage. Ceci a permis d’identifier un lien assez remarquable avec la fonction êta de Dedekind dont on a vu
qu’elle donne naissance aux équations diophantiennes qui généralisent celle de la
théorie de Markoff. On a aussi pu préciser comment l’essentiel des fonctions transcendantes habituelles s’écrivent avec la fonction êta de Dedekind qui joue donc un
rôle fondamental.
5.1. Les fonctions thêta. Les fonctions thêta définies par un réseau Γ ⊂ Rn
muni de son produit scalaire naturel sont avec τ ∈ H et q = exp(2iπτ )
θΓ (τ ) =
X
m∈Γ
exp(iπτ < m, m >) =
X
m∈Γ
1
q 2 <m,m> =
∞
X
ar q r .
r=0
Ce sont les fonctions génératrices des nombres ar = Card{m ∈ Γ |< m,√m >= 2r}.
Elles comptent les points du réseau Γ situés dans une sphère de rayon 2r centrée
à l’origine. En d’autres termes, les coefficients du développement en série de Fourier
de ces fonctions donnent le nombre de représentations d’un entier par une forme
quadratique définie positive. Les formules les plus générales ont été données dans
ce domaine par A. Malyshev ([387] chapitre 11). Les fonctions thêta définies par
un réseau unimodulaire pair Γ ⊂ Rn identique à son dual donnent des exemples
classiques ([729] p.174) de fonctions automorphes de poids (n/2) pair du groupe
P SL(2, Z). Ceci est une conséquence de la formule de Poisson appliquée à la fonction
92
5. GÉNÉRALISATION AUX SURFACES DE RIEMANN
réelle Θ(t) = θΓ (it), c’est-à-dire de la formule de Jacobi ([557] p. 149). Cette formule
de Poisson a un lien très profond avec la loi de réciprocité quadratique [60].
5.2. Lien avec le codage de l’information. La formule de Poisson peut
elle même être considérée comme une formule de trace ([778] ch 1.3). Elle donne la
formule de MacWilliams sur les polynômes de poids des codes correcteurs d’erreurs
[507]. L’introduction des fonctions thêta permet d’interpréter ce dernier résultat
[95] [96] [548] [59]. Ceci permet aussi de traduire les relations entre certains codes
importants pour les applications et certains réseaux. Par exemple le code de Golay
étendu correspond au réseau de Leech qui est l’unique réseau unimodulaire pair de
R24 sans racine d’après un résultat de J. H. Conway ([236] p.105). Ceci donne le
groupe simple M24 , le groupe de Mathieu, dont la simplicité peut être comprise
par l’approche galoisienne de la surface de Riemann correspondante. Egalement
le polynôme de poids WC (X, Y ) de tout code C ⊂ Fn2 autodual doublement pair
s’écrit par un théorème de Gleason ([236] 69) comme polynome en ϕ et ξ où
WHe (X, Y ) = X 8 + 14X 4 Y 4 + Y 8 = ϕ,
e ⊂ F7 , et
polynôme de poids du code de Hamming étendu H
2
WGe (X, Y ) = (X 8 + 14X 4Y 4 + Y 8 )3 − 42X 4 Y 4 (X 4 − Y 4 )4 = WHe (X, Y )3 − 42ξ,
e ⊂ F24
polynôme de poids du code de Golay étendu G
2 . Pour approfondir l’étude
du rapport entre les deux codes cités, et leur lien avec des géométries finies comme
les systèmes de Steiner, on renvoie à [33] (§7.11 p. 284). Un intérêt de la dernière
expression pour notre sujet est qu’en notant q = exp(2iπτ ) et
X 1
X 1
X 1
q 2 n.n =
A = A(τ ) =
q 4 n.n , B = B(τ ) =
q 4 n.n ,
√
n∈ 2Z
n∈2Z
n∈2Z+1
on retrouve la fonction êta de Dedekind ([236] p.67) :
A4 B 4 (A4 − B 4 )4 = 16q
∞
Y
n=1
(1 − q n )24 = 16η(τ )24 .
Ceci a conduit l’auteur à approfondir l’étude des réseaux ([525] [167]) ainsi que
les pavages hyperboliques ([236] (chapitre 4) [808] [809] [512]) pour obtenir des
informations sur certains codes ([303]). Il est reconnu depuis un certain temps
qu’une dualité existe entre le codage de l’information et la quantification, notamment en utilisant des fonctions thêta. Les développements qui précèdent éclairent
cette observation faite dans [266] et que l’on peut interpréter par recours au groupe
d’homologie H2 (M, Z) et aux formes d’intersection déjà évoquées.
Les fonctions thêta les plus générales à plusieurs variables ont déjà été introduites en liaison avec la variété jacobienne (voir [571] chapitre 2) et s’écrivent avec
u ∈ Cg et M ∈Hg
X
θ(u, M) =
exp(πi(t m)Mm + 2πi(t m)u).
m∈Zg
Elles redonnent θΓ (τ ) = θ(0, τ M) avec u = 0 et < m, m >= (t m)Mm. Elles sont
importantes pour décrire différentes situations physiques telles que la propagation
de la chaleur ([778] 1.2 exemple 1, 1.3 exercice 7), la propagation de solitons ou le
comportement de la jonction Josephson (voir l’article de J. A. Zagrodzinski dans
5. UBIQUITÉ DE LA FONCTION ÊTA DE DEDEKIND
93
[634]). Avec g = 1 et M = τ 1g les expressions précédentes donnent la forme plus
simple étudiée dans le chapitre 1 de [571] avec u ∈ C et τ ∈ H
X
θ(u, τ ) =
exp(πim2 τ + 2πimu).
m∈Z
Pour u = 0, on obtient A(τ ) = θ(0, 2τ ) donnant un lien avec la fonction η de
Dedekind ([387] p. 177) qui permet aussi d’exprimer B(τ ) avec l’expression donnée
ci-dessus pour 16η(τ )24 :
A(
1
η 2 (z)
2r − 1
) = θ(0, τ − ) =
.
4
2
η(2z)
5.3. Lien avec l’équation de la chaleur. La fonction thêta θ(u, τ ) vérifie
une équation de la chaleur pour u, τ = it ∈ R et t positif :
1 ∂2
∂
θ(u, it).
θ(u, it) =
∂t
4π ∂u2
On trouve ainsi une solution fondamentale de l’équation de la chaleur pour u ∈ R/Z.
Cette observation remonte à Fourier lui-même ([268] §241, [390], [839] p. 28) qui
a aussi utilisé l’équation de la chaleur pour mettre au point ses séries. Eisenstein
a ensuite utilisé les travaux de Fourier pour démontrer des énoncés de théorie des
nombres relatifs à la fonction ζ de Riemann conjecturés antérieurement dans [250].
Remarquons que parmi les produits infinis utilisés par Eisentein apparaı̂t explicitement une autre solution de l’équation de diffusion de la chaleur, la fonction de
Gauss s’écrivant
1
πu2
).
T (u, t) = √ exp(−
t
t
Cette observation permet comprendre le lien existant entre la théorie du mouvement
brownien et les fonctions thêta et zêta [857].
5.4. Les quatre fonctions thêta habituelles. Certaines expressions des
fonctions thêta redonnent, dans l’esprit des anciens travaux de C. G. Jacobi, d’autres
fonctions automorphes comme par exemple les fonctions elliptiques. On utilise pour
cela les fonctions thêta suivantes qui vérifient aussi l’équation de la chaleur, notées
selon les auteurs
X
u
j
θjk (u, τ ) =θ
(u, τ ) = ϑ[2j,−2k] ( , τ ) =
exp(πi(n+j)2 τ +2πi(n+j)(u+k)).
k
π
n∈Z
Les fonctions thêta permettent de plonger ([821] p.193) une courbe elliptique dans
un espace projectif Pl−1 (C) où l ≥ 3. Elles permettent aussi d’écrire une telle
courbe comme intersection de deux quadriques grâce à des relations classiques dues
à Riemann et Jacobi que l’on retrouve par exemple dans ([452] ch. 7). Les fonctions
thêta sont souvent présentées comme des généralisations elliptiques de la fonction
exponentielle (par exemple [840]). Vouloir les utiliser comme l’exponentielle qui
permet de passer d’un groupe de Lie à une algèbre de Lie [559] a ouvert pour
l’auteur toute une perspective de recherches. Usuellement, on restreint à 4 le nombre
de fonctions thêta utilisées grâce aux propriétés suivantes :
1
ϑ[2j,−2k] (z + , τ ) = ϑ[2j,−2k−2] (z, τ ),
2
1
ϑ[2j,−2k] (z + τ π, τ ) = exp(−iπτ /4θ − iz − kiπ)ϑ[2j+2,−2k] (z, τ ).
2
94
5. GÉNÉRALISATION AUX SURFACES DE RIEMANN
Ceci permet de se limiter avec q = exp(iπτ ) aux quatre fonctions suivantes qui
possèdent une décomposition en produits infinis ([129] (ch.V) [557] (ch.3) [632]) :
∞
X
ϑ(u, τ ) = 2
1 2
(−1)n q(n+ 2 ) sin(2n + 1)πu = θ(u, τ ),
n=0
ϑ1 (u, τ ) = 2
ϑ2 (u, τ ) = 1 + 2
∞
X
∞
X
1 2
1
q(n+ 2 ) cos(2n + 1)πu = θ( − u, τ ),
2
n=0
2
1
(−1)n qn cos(2nπu) = −iq 4 exp(−iπu)θ(
n=1
∞
X
ϑ3 (u, τ ) = 1 + 2
2
1
qn cos(2nπu) = q 4 exp(−iπu)θ(
n=1
τ
− u, τ ),
2
τ +1
− u, τ ).
2
5.5. Expressions avec la fonction êta de Dedekind. Si ϑ′ (u, τ ) désigne
la dérivée de ϑ par rapport à u, on a une propriété d’automorphie avec une racine
huitième de l’unité κ dépendant de la matrice utilisée dans SL(2, Z)
3
aτ + b
) = κ(cτ + d) 2 ϑ′ (0, τ ).
cτ + d
Ceci met en évidence un lien avec la fonction η de Dedekind telle que :
Y
η(τ )24 = q2
(1 − q2n )24 , où q = exp(iπτ ).
ϑ′ (0,
n≥1
On trouve par exemple les formules suivantes ([129] p. 80 et p. 123, [436] p. 46,
[17] p. 91, [310], [828] p. 161) :
ϑ′ (0, τ ) = 2πη 3 (τ ) = −2πη(τ /2)η((τ + 1)/2)η(2τ ) = πϑ1 (0, τ )ϑ2 (0, τ )ϑ3 (0, τ ),
ϑ(0, τ ) = i exp(−iπτ /9)η(τ /3),
2
η (2τ )
η 2 (τ /2)
η 2 ((τ + 1)/2)
, ϑ2 (0, τ ) =
, ϑ3 (0, τ ) =
,
η(τ )
η(τ )
η(τ )
Y
2
1/2 + u/m
θ
(0, τ ) = (−1)m−1 mη(τ )m −1 .
1/2 + v/m
ϑ1 (0, τ ) = 2
0≤u,v<m, (u,v)6=(0,0)
Le lien avec l’invariant modulaire J et la fonction λΛ s’en déduit ([129] p. 85) :
J(τ ) =
4 (1 − λΛ + λ2Λ )3
(ϑ1 (0, τ )8 + ϑ2 (0, τ )8 + ϑ3 (0, τ )8 )3
=
,
8
54(ϑ1 (0, τ )ϑ2 (0, τ )ϑ3 (0, τ ))
27 λ2Λ (1 − λΛ )2
ϑ1 (0, τ )4
= 16(η 2 (2τ )η(τ /2)η −3 (τ ))8 .
ϑ3 (0, τ )4
Egalement on peut écrire avec η les fonctions elliptiques de Jacobi ([129] p. 100 et
p. 103 [557] ch.3 [828] (p. 165)). Avec une constante c on a par ([375] p. 191)
λΛ (τ ) =
℘(u, Z ⊕ Zτ ) = c −
d2
u
log ϑ(
, τ ).
du2
πϑ3 (0, τ )2
Le fait que toutes ces fonctions puissent se déduire de η montre l’importance fondamentale de cette fonction aussi utilisée pour des calculs d’approximation [281].
Pour les fonctions L la situation est plus compliquée mais liée [246].
6. APPROCHE HYPERGÉOMÉTRIQUE DE LA THÉORIE DE MARKOFF
95
6. Approche hypergéométrique de la théorie de Markoff
On a approfondi quelques remarques faites par Harvey Cohn dans son étude
de la théorie de Markoff.
6.1. Relation avec une fonction elliptique. Dans son article initial [143],
Harvey Cohn donne la relation suivante pour interpéter géométriquement la théorie
de Markoff avec un réseau Λ particulier :
1 − J(τ ) = ℘′2 (z) = 4℘3 (z) + 1.
Le module J est une fonction automorphe pour le groupe fuchsien Γ = P SL(2, Z) de
facteur µ = 1 et de poids 0. Harvey Cohn dit que les triplets de matrices (A, B, C)
associés à la théorie de Markoff classique déterminent un pavage hexagonal du demiplan de Poincaré en τ et correspondent par cette relation entre τ et z à un pavage
quadrilatéral par un réseau Λ du plan complexe en z. Il l’illustre géométriquement
sur une figure où apparaissent les matrices notées
1 1
1 −1
A0 =
, B0 =
,
1 2
−1 2
L’aspect algébrique de ces remarques de Harvey Cohn se résume ([632] fig. 7.7) en
décrivant les domaines fondamentaux respectifs de deux pavages de H, donnant au
quotient le tore percé. Le premier est un pavage hexagonal αβγδεζηθι. Le second
donne un domaine quadrilatéral κλµνξ. Le passage entre les deux est faisable par
un jeu de tangram hyperbolique utilisant pour pièces des morceaux composant
le domaine fondamental bien connu pour le groupe P SL(2, Z). Pour aller vers le
domaine hexagonal, il suffit d’appliquer au domaine modulaire six matrices de forme
1 k
(k = −2, −1, 0, 1, 2, 3).
0 1
Pour aller vers le domaine quadrilatéral, il suffit d’utiliser les deux demi-domaines
modulaires et les six matrices suivantes ([19] Tome 2 p.368)
1 −1
−1 0
0 −1
0 −1
1 0
1 0
,
,
.
,
,
,
1 1
1 0
1 −1
0 1
1 0
1 −1
6.2. Sphère à trois piqûres et invariant modulaire. En réalité, il existe
une autre façon de fabriquer une surface de Riemann avec le domaine quadrilatéral
κλµνξ et cette méthode a été généralisée dans [700]. Il suffit d’identifier κλ et ξν
par une transformation de a ∈ P SL(2, Z), ainsi que µλ et µν par b ∈ P SL(2, Z).
on fabrique ainsi une sphère à trois piqûres correspondant aux points 0, 1, ∞. Le
calcul explicite peut être fait et détermine pour a et b les matrices
1 2
1 0
a=
, b=
.
0 1
2 1
Ces matrices engendrent le groupe Γ(2) qui est libre ([386] p.154) et déterminent
une structure géométrique unique sur H/Γ(2). Ce qui précède garantit par le
théorème de Riemann ([264] p. 163) l’existence d’une relation algébrique entre
J et une fonction automorphe pour le groupe Γ(2). Cette relation est usuellement
calculée à partir des expressions données pour le cas elliptique
y 2 = 4x3 − g2 x − g3 = P (x) = 4(x − e1 )(x − e2 )(x − e3 ).
96
5. GÉNÉRALISATION AUX SURFACES DE RIEMANN
On pose, à une permutation près sur e1 , e2 , e3
ν31 = (e3 − e1 ) 6= 0, x =
(e2 − e1 ) 2
1
(x − e1 )
, λΛ =
, ν = 3 , y2 = ν 2 y 2 .
(e3 − e1 )
(e3 − e1 )
4ν31
Ceci transforme l’équation y 2 = P (x) en la forme de Legendre suivante
y2 = x(x − 1)(x − λΛ ) où λΛ ∈
/ {0, 1}.
Les permutations possibles sur e1 , e2 , e3 , montrent que deux courbes elliptiques
EλΛ et Eλ′Λ obtenues ainsi sont isomorphes si et seulement si on a
1
λΛ
1
λΛ − 1
, 1 − λΛ ,
,
}.
,
λΛ
1 − λΛ λΛ − 1
λΛ
Ceci permet de se limiter aux valeurs complexes
λ′Λ ∈ {λΛ ,
λΛ ∈ S4 = {λ | λ ∈ C, | λ |< 1, | 1 − λ |< 1, ℜ(λ) ≥ (1/2)}.
En inversant les relations précédentes pour déduire e3 et e2 on obtient les expressions suivantes montrant que λΛ ne suffit pas à définir le polynôme P (x) mais que
le paramètre accessoire ν31 est indispensable :
2
ν31 + ν31 λΛ = −3e1 , 4ν31
λΛ e1 = (12e1 2 − g2 )e1 = 8e1 3 + g3 ,
g2 =
2
4ν 3
4ν31
(1 − λΛ + λ2Λ ), g3 = 31 (λΛ + 1)(λΛ − 2)(2λΛ − 1),
3
27
3
2
6 2
g2 − 27g3 = 16ν31
λΛ (1 − λΛ )2 .
Ceci donne l’expression de J recherchée et très classique
J=
g23
g23
4 (1 − λΛ + λ2Λ )3
=
.
2
− g3
27 λ2Λ (1 − λΛ )2
Ainsi λΛ apparaı̂t comme J en tant que fonction d’une variable τ ∈ H. En considérant que τ = ω2 /ω1 où ω1 , ω2 engendrent le réseau Λ, on peut observer l’action
sur λΛ (τ ) d’une transformation de P SL(2, Z). Il est facile de voir que si la transformation est dans Γ(2), le groupe de la sphère à trois trous, la valeur de cette fonction
ne change pas ([264] p.159). La fonction λΛ (τ ) est donc automorphe pour ce groupe
dont un domaine fondamental apparaı̂t aussi sur la figure précédente. Comme ce
domaine fondamental κλµνξ est constitué de copies du domaine fondamental de
P SL(2, Z), on retrouve d’une autre façon par la méthode de Riemann ([264] p.
163) l’existence de la relation liant J et λΛ . Celle-ci vient d’être calculée. On voit
facilement ([632] fig.7.8 inspirée de [149]) ce que donne la fonction τ → λΛ (τ ). Elle
vérifie
1
λΛ (τ )
, λΛ (− ) = 1 − λΛ (τ ).
λΛ (τ + 1) =
λΛ (τ ) − 1
τ
Ces conditions mettent en évidence deux matrices dont on vérifie aisément qu’elles
engendrent le groupe des permutations à trois éléments :
−1 1
1 0
λΛ ◦ S =
◦ λΛ , λΛ ◦ T =
◦ λΛ .
0 1
1 −1
Ainsi s’introduit un groupe fini de matrices isomorphe au groupe des permutations
de 3 éléments avec
−1 1
1 2 3
0 −1
1 2 3
S=
→
, ST =
→
.
0 1
2 1 3
1 −1
3 1 2
6. APPROCHE HYPERGÉOMÉTRIQUE DE LA THÉORIE DE MARKOFF
97
Ce groupe de permutations agit sur les valeurs de λΛ avec des orbites à 6 éléments
sauf les trois cas suivants :
λΛ ∈ {1/2, −1, 2} soit τ dans la classe de i donnant J = 1 et la ramification
d’ordre 2 de J (en pratique, deux droites se coupent sur la figure précédente, ce qui
correspond à une symétrie carrée).
√
λΛ ∈ {−ρ, −ρ2 } soit τ dans la classe de ρ = (−1 + i 3)/2 donnant J = 0,
la ramification d’ordre 3 de J (en pratique, trois droites se coupent sur la figure
précédente, ce qui correspond à une symétrie hexagonale).
λΛ ∈ {0, 1, ∞} soit τ dans la classe de ∞ donnant J = ∞ hors de H et de C.
6.3. L’étude hypergéométrique des relations de H. Cohn. Pour comprendre l’origine de la relation utilisée par Harvey Cohn dans [143] pour interpréter
la théorie de Markoff, considérons l’expression
1
1
λΛ
1
λΛ − 1
+ 1)(1 − λΛ + 1)(
+ 1)(
+ 1).
(λΛ + 1)(
+ 1)(
27
λΛ
1 − λΛ
λΛ − 1
λΛ
C’est par construction un invariant pour le groupe des permutations de 3 éléments
appliqué dans le plan en λΛ [219] exprimable en fonction de g2 et g3 . En faisant ce
calcul, on trouve facilement ([264] p. 160) la première partie de l’expression donnée
par Harvey Cohn
4 (1 − λΛ + λ2Λ )3
= J.
1−f =
27 λ2Λ (1 − λΛ )2
On trouve dans [373] (p. 136) une façon de traiter une telle équation. Ce n’est pas
la méthode utilisée ici. On veut plutôt écrire f avec une fonction elliptique en τ
particulière. Pour cela on identifie les bords du domaine considéré dans le plan en τ
avec le groupe [SL(2, Z), SL(2, Z)]. Ceci donne au quotient un tore percé conforme.
Comme le calcul précédent en λΛ était lié à quelques singularités près à la sphère
du domaine modulaire et faisait apparaı̂tre J, de même le tore moins un point est
lié à un tore complet dont il s’agit d’utiliser la fonction de Weierstrass associée.
Ceci revient à travailler à la conjonction de deux uniformisations [533], une dans
C puis une dans H.
Dans ses différents articles ([147], [151], [152], [147]), Harvey Cohn mentionne
en liaison avec la question étudiée une autre formule issue de travaux de R. Fricke
à prendre en compte et qui sous-entend une symétrie hexagonale
f=
dz = const. ×
dJ
.
− 1)1/2
J 2/3 (J
Il évoque la difficulté du passage entre les différentes expressions, renvoyant à [137]
[421] où le problème est étudié sous l’aspect d’un paramètre accessoire vérifiant une
équation différentielle de Lamé ([860] p. 110), mais sans conclusions bien nettes.
Cette question est liée au 22ième problème de Hilbert qui est celui de l’uniformisation numérique d’une surface de Riemann, encore non encore totalement résolu
aujourd’hui [721], même si les équations de Lamé font l’objet d’un regain d’intérêt
aujourd’hui [21] [818]. La dernière expression reliant z et J peut être construite
par simple différentiation. Supposons que l’on ait
′
1 − J(τ ) = ℘ 2 (z) = 4℘3 (z) + 1,
ceci donne
′
′
−dJ = 12℘2 (z)℘ (z)dz, ℘ (z) = (1 − J)1/2 , ℘2 (z) = (J/4)2/3 .
98
5. GÉNÉRALISATION AUX SURFACES DE RIEMANN
D’où en remplaçant dans l’expression de −dJ, et à un facteur multiplicatif près,
l’expression donnée pour dz. En sens inverse l’intégration d’une telle expression
reliant dz et dJ présente des difficultés car elle dépend du chemin considéré. A
un facteur près, on trouve une intégrale hypergéométrique définie dans le cas où
ℜ(c) > ℜ(a) > 0, | x |< 1, ici a = (1/3), c = (5/6), b = 0, ou encore une fonction
bêta définie pour ℜ(p) > 0, ℜ(q) > 0, ici p = (1/3), q = (1/2)
Z 1
Γ(c)
ta−1 (1 − t)c−a−1 (1 − tx)−b dt,
F (a, b, c, x) =
Γ(a)Γ(c − a) 0
Z ∞
Z 1
Γ(p)Γ(q)
p−1
q−1
, Γ(p) =
tp−1 exp(−t)dt
B(p, q) =
t (1 − t) dt =
Γ(p + q)
0
0
Les difficultés d’intégration sont illustrées dans [858] (p. 85 - 90) où l’on montre
comment l’intégration sur un double contour de Pochhammer autour de [0, 1] change
Z 1
J p−1 (1 − J)q−1 dJ
0
en la multipliant cette valeur par un facteur (1−exp(2iπp))(1−exp(2iπq)). La fonction hypergéométrique F (a, b, c, x) est solution de l’équation différentielle à deux
singularités x = 0 et x = 1, où x ∈ C :
dF
d2 F
+ (c − (a + b + 1)x)
− abF = 0.
dx2
dx
Lorsque les paramètres a, b, c, sont réels et tels que c, c − a − b, a − b, non entiers,
on peut définir sur D = C\{] − ∞, 0] ∪ [1, ∞[} l’application de Schwarz :
E(a, b, c) : x(1 − x)
Sch : J ∈ D −→ (F (a, b, c, J) : J 1−c F (a + 1 − c, b + 1 − c, 2 − c, J)) ∈ P1 (C).
Pour | 1 − c |= (1/υ1 ), | c − a − b |= (1/υ2 ), | a − b |= (1/υ3 ) strictement plus
petits que 1, l’image de H par cette application est un triangle de la sphère de
Riemann avec les angles (π/υ1 ) en Sch(0), (π/υ2 ) en Sch(1), et (π/υ3 ) en Sch(∞).
On retrouve ainsi les groupes classiques de pavages par des isométries des surfaces
de Riemann simplement connexes ([61] chapitre 1), avec les trois cas sphérique,
euclidien et hyperbolique. On peut prolonger l’application de Schwarz à C\{0, 1} par
le principe de réflexion sur le bord de H et fabriquer des transformations conformes
([858] p. 78) qui interprètent le lien entre J et λΛ montrant le caractère déterminant
de ce qui se passe en certains points singuliers :
F (1/12, 5/12, 1, x) : x = J(τ ) ∈ C 7−→ τ ∈ H/P SL(2, Z) d’inverse la fonction J,
F (1/2, 1/2, 1, x) : x = λΛ (τ ) ∈ C\{0, 1} 7−→ τ ∈ H/Γ(2) d’inverse la fonction λΛ .
Un tel prolongement permet effectivement de considérer un contour de Pochhammer
et permet de comprendre la nature de la difficulté rencontrée. Pour les valeurs
a = (1/3), b = 0, c = (5/6) de l’expression différentielle de H. Cohn entre dz et dJ,
on a | 1 − c |= (1/6), | c − a − b |= (1/2), | a − b |= (1/3). Ceci correspond à un
cas euclidien de cristal plan hexagonal. On trouve dans les travaux de R. Dedekind
[196] une approche complémentaire à ce qui précède, avec un lien explicite avec la
fonction η. Il montre que la fonction w(τ ) définie à une constante près par
w(τ ) = c
J ′ (τ )1/2
,
J(τ )1/3 (1 − J(τ ))1/4
7. APPROCHE PAR LA DOUBLE UNIFORMISATION
99
vérifie une équation différentielle hypergéométrique E((1/12), (1/12), (2/3)) permettant d’écrire w en fonction de J. La fonction η est elle-même une racine carrée de
w à un coefficient près ([129] p. 135 ou [557] p. 180) telle que :
η(τ )24 =
J ′ (τ )6
λ′Λ (τ )6
1
1
=
−
.
(48π 2 )3 J(τ )4 (1 − J(τ ))3
44 π 6 λΛ (τ )4 (1 − λΛ (τ ))4
Pour aller plus avant, il est nécessaire de faire le lien entre ce que l’on vient de voir
et l’équation hypergéométrique perturbée que l’on a mise en évidence ci-dessus en
liaison avec la représentation monodromique définie par les matrices A0 et B0 . Ce
point fait l’objet d’un travail en cours de développement, prévu pour être présenté
à la cinquième conférence internationale ”Symmetry in Nonlinear Mathematical
Physics” de Kyiv, en juin 2003.
7. Approche par la double uniformisation
La comparaison de ce que l’on vient de voir avec les résultats du chapitre
précédent suggère que dans certains cas la valeur λΛ puisse être choisie égale au
module (µ2 /λ2 ) d’un tore percé parabolique prolongeable en le tore Λ. En effet,
l’équation y2 = x(x − 1)(x − λΛ ) met en évidence trois racines α′ = 1, s′ = 0,
β ′ = λΛ , et ne définit bien l’équation diophantienne de départ qu’au coefficient
ν31 près. De même, le tore percé est défini avec α = −1, s = 0, β = (µ2 /λ2 ),
au coefficient λ près. En approfondissant ce thème, on a construit la propriété de
double uniformisation des tores percés, et on en a tiré les conséquences pour la
théorie de Markoff. Le résultat essentiel obtenu est la relation profonde qui existe
entre la fonction êta de Dedekind et l’opérateur de Laplace-Beltrami d’un tore. Ceci
explique la décomposition en produit infini de la fonction η. Comme cette fonction
est liée à beaucoup d’autres fonctions transcendantes, ceci explique l’existence de
produits infinis pour toutes ces fonctions, notamment les fonctions thêta.
7.1. Une construction générale. En comparant la représentation des tores
de module (µ2 /λ2 ) du chapitre précédent au plan en λΛ , on fait en sorte que se
correspondent des points de même ordre de ramification. Ainsi (µ2 /λ2 ) = 2 correspond à une ramification d’ordre 2 que l’on obtient avec λΛ = 1/2. De même
(µ2 /λ2 ) = 1 correspond ainsi à une ramification d’ordre 3 que l’on obtient avec
λΛ = −ρ2 . Ceci assure la cohérence avec la ramification de J, on l’observe sur le
domaine de cette fonction entre des valeurs correspondantes qui sont réelles
√ et qui
valent J = 1 pour λΛ = 1/2, ainsi que J = 0 pour λΛ = −ρ2 = (1 + i 3)/2. On
considère inversement des valeurs complexes λΛ se situant sur le bord [(1/2), −ρ2]
du domaine S4 de notre figure 7.8 de [632]. Elles correspondent de façon bijective
aux valeurs J = J(λΛ ) ∈ [0, 1] ⊂ R. On pose ainsi (µ2 /λ2 ) = β(J) ∈ [1, 2] ⊂ R,
avec β bijection croissante de [0, 1] ⊂ R dans [1, 2] ⊂ R. On choisit alors Θα = λ2 ,
et on se ramène au cas où α = −1, s = 0, β = β(J), p = ∞. Ceci normalise le tore
percé que l’on considère et donne un tore percé parabolique défini par les matrices
A et B suivantes dans SL(2, R)
p
p
λ β(J) λ β(J)
λ
−λβ(J)
2
, B =
1+λ
λ
A=
1 + λ2 β(J) .
p
p
−λ
β(J) λ β(J)
λ
En réalité, ces deux matrices sont définies au facteur réel λ > 0 près. Il y a tout
un ensemble de tores différents qui peuvent convenir à la même valeur β(J), et
100
5. GÉNÉRALISATION AUX SURFACES DE RIEMANN
qui ont donc des propriétés communes. Il n’y a aucune raison de se débarrasser
ici du coefficient λ. Une analyse approfondie de cette situation a été faite et a
conduit au théorème ”Jugendtraum” de Kronecker ([214] tome 1, p. 236). Les
deux matrices mises en évidence définissent un groupe libre dans P SL(2, R) que
l’on peut abélianiser pour introduire une courbe elliptique. Les endomorphismes du
groupe libre qu’elles engendrent sont associés à des polynômes [633]. Ceci provient
des résultats qui ont été démontrés pour les tores percés conformes paraboliques.
Une méthode pour fabriquer une courbe elliptique associée consiste à utiliser les
calculs de [375] (p.179) et à les prolonger pour la valeur λΛ = − ρ2 . En dehors de
ce cas singulier qui ne pose d’ailleurs pas de problème ([747] ch VI), les valeurs λΛ
sélectionnées sont telles que
√
3
1
, | λΛ |< 1, | 1 − λΛ |< 1.
λΛ = + iℑ(λΛ ), 0 ≤ ℑ(λΛ ) ≤
2
2
Ceci permet de bien définir deux périodes engendrant un réseau Λ
Z ∞
Z 0
dx
dx
p
p
, ω2 (λΛ ) =
.
ω1 (λΛ ) =
x(x − 1)(x − λΛ )
x(x − 1)(x − λΛ )
1
−∞
D’où la construction effective d’une fonction elliptique associée à ce réseau
3
℘′2
Λ (z) = 4℘Λ (z) − g2 ℘Λ (z) − g3 ,
2
4ν31
4ν 3
(λ2Λ − λΛ + 1), g3 = 31 (λΛ + 1)(λΛ − 2)(2λΛ − 1).
3
27
Pour λΛ = −ρ2 , on obtient g2 = 0. La courbe elliptique correspondante, associée au
réseau Z[ρ], est bien définissable ([748] p. 102) au moyen de l’équation rationnelle
y 2 = x3 + 1 utilisée ci-dessus pour analyser les informations différentielles données
√ 3
par H. Cohn. En effet, cette dernière est issue de l’équation y 2 = 4x3 − 3i 3ν31
obtenue avec les expressions données pour g2 et g3 . Pour λΛ = (1/2), on obtient
g3 = 0. La courbe elliptique correspondante, associée au réseau Z[i], est définissable
2
([748] p. 101) par l’équation y 2 = x3 +x déductible cette fois de y 2 = 4x3 −ν31
x. La
donnée du paramètre accessoire ν31 6= 0 permet de retrouver toutes les données de la
courbe elliptique avec e3 = e1 +ν31 , e2 = e1 +λΛ ν31 . A une transformation conforme
près de C construite par translation et rotation, on peut normaliser sans changer
λΛ cette courbe elliptique en se ramenant à e1 = 0, e3 = ν31 =k ν31 k∈ R+ . Ayant
normalisé le tore percé et le tore selon deux méthodes différentes, on s’attache alors
à faire en sorte que le tore percé provienne du tore par simple extraction d’un point,
sachant que les problèmes de métrique induite restent à vérifier. L’identification de
e1 et e3 = ν31 sur le tore donne un grand cercle que l’on identifie sur le tore percé
à un cercle de même longueur reliant la piqûre à elle-même, et donc correspondant
dans H à la géodésique 0α où α = −1. Ceci définit la transformation Υ de C dans
H avec
Υ(e1 ) = −1, Υ(e2 ) = ∞, Υ(e3 ) = 0, Υ(e2 + e3 ) = β.
La translation te3 : z → z+e3 de C correspond ainsi à la transformation A de H avec
A ◦ Υ = Υ ◦ te3 . L’identification sur les autres bords avec la même transformation Υ
entre les domaines fondamentaux respectifs et la translation te2 : z → z + e2 donne
B −1 ◦ Υ = Υ ◦ te2 . Dans les conditions précédentes, lorsque J varie sur le segment
retenu, λΛ varie sur l’arc associé, et τ varie dans son plan complexe. On peut
imposer la contrainte f (τ ) = 1 − J(τ ) = ℘′2
Λ (z), on obtient ainsi une relation entre
J et z que l’on peut traduire sous forme différentielle. Ceci redonne les expressions
g2 =
7. APPROCHE PAR LA DOUBLE UNIFORMISATION
101
de Harvey Cohn. Le point intéressant dans cette construction très générale est que
le domaine fondamental pour le groupe gp(A, B) a une forme très simple déduite
des points α = −1, s = 0, β = β(J), p = ∞. Le nombre β étant fixé, ce domaine
fondamental est bien déterminé. Il est assez facile de caractériser l’identification de
ses bords correspondant à la donnée d’une valeur λ, et de comparer ce que donnent
des valeurs λ différentes grâce à une affinité ayant pour base le bord de H. Pour
J = 0, on trouve seulement β = 1. Mais la construction que l’on vient de faire pour
le bord de S4 est plus générale et est extensible à tout λΛ ∈ S4 où elle donne des
tores percés hyperboliques.
7.2. Notions attachées au tore T . Pour le tore T on a T eich(T ) = H et
Mod(T ) = H/P SL(2, Z). Chaque point du domaine fondamental Mod(T ) correspond à une classe d’équivalence du tore, c’est-à-dire une classe d’isomorphisme de
courbe elliptique [791] (p. 203). On retrouve ainsi la surface modulaire percée à
l’infini que l’on peut identifier à C en tant que surface de Riemann grâce à l’invariant modulaire J. On donne dans [580] (p. 487-491) une description complète de
la métrique de Peterson-Weil dans ce cas. Sur cet exemple existe un opérateur de
Laplace-Beltrami ∆ dont on trouve dans [287] (p. 41) la propriété caractéristique
qui est d’être un opérateur différentiel de second ordre sur H qui commute avec
toutes les transformations suivantes sur les fonctions f définies sur le demi plan
az + b
a b
).
T (ψ
)f (z) = f (
c d
cz + d
Une telle transformation représente le groupe P SL(2, Z), voire un groupe plus large
comme P SL(2, R), en tant que groupe d’opérateurs sur un espace fonctionnel dont
on peut faire l’analyse
harmonique
[365]. Ceci est facilité par le fait que l’on a,
a b
pour tout g = ψ(
) ∈ ΓH = P SL(2, Z) et pour le laplacien ∆ une relation
c d
de commutation ∆T (g) = T (g)∆ qui conduit à penser à des vecteurs propres
communs. Pour tout τ = τ1 + iτ2 ∈ T eich(T ) = H, cet opérateur est écrit ici avec
un signe
∂2
∂2
∆ = −τ22 ( 2 + 2 ).
∂τ1
∂τ2
L’opérateur de Casimir qui a des propriétés comparables au précedent est défini
dans [79] par C ∗ = −2∆.
7.2.1. Formes automorphes et opérateur de Laplace - Beltrami. Les formes automorphes jouent un rôle particulier par rapport à ces opérateurs, notamment parce
que les fonctions méromorphes sur une surface de Riemann H/Γ sont données par
les fonctions méromorphes du demi-plan de Poincaré H invariantes par Γ, et que
l’opérateur ∆ se transporte lui-même de H sur les surfaces de Riemann [680].
Comme la plupart des équations essentielles de la physique s’expriment en fonction de l’opérateur ∆ et peuvent concerner des phénomènes relatifs à des objets
modélisés par des surfaces de Riemann (que l’on peut chauffer, éclairer ou bien
faire vibrer), l’étude de cette situation est très importante [362] [691]. Les formes
automorphes se groupent elles-mêmes en familles ayant de propriétés particulières
(formes d’ondes de Maass, formes modulaires holomorphes, etc...[98]). On peut
songer à les utiliser pour obtenir des valeurs de fonctions particulières, comme les
séries de Fourier ont par exemple été utilisées par Dirichlet pour démontrer un
102
5. GÉNÉRALISATION AUX SURFACES DE RIEMANN
certain nombre des valeurs de la fonction zêta fournies par Euler [217]. Une particularité importante est cependant que dans un certain nombre de cas, le spectre
des valeurs propres de ∆ possède une partie continue. Les choses sont donc plus
compliquées qu’avec un laplacien euclidien ordinaire.
Plus précisément [286], supposons donnée une fonction automorphe de poids
k pour le groupe P SL(2, Z), avec la condition de définition écrite maintenant sous
la forme
∀γ ∈ P SL(2, Z), ∀z ∈ H, f (z) = (cz + d)−k f (γz).
Elle permet la définition d’une fonction sur SL(2, R) avec l’expression
a b
a b
−k
Φf (
) = (ci + d) f (
i).
c d
c d
Pour tout g ∈ SL(2, R) et tout γ ∈ SL(2, Z) cette fonction vérifie du fait de
l’automorphie de f
(C1) : Φf (γg) = Φf (g).
On a aussi pour toute matrice de rotation, et ceci est lié à la structure quotient de
H ≃ SL(2, R)/SO(2, R)
cos θ − sin θ
(C2) : Φf (g
) = exp(ikθ)Φf (g).
sin θ cos θ
Si l’on suppose que f est holomorphe, on obtient avec le laplacien ∆ de SL(2, R)
(dont celui de H est l’image) la condition
(k − 1)2 − 1
1
Φf .
(C3) : ∆Φf = − k(k − 2)Φf = −
4
4
Cette condition se simplifie sous la forme ∆Φf = −s(s−1)Φf si l’on se limite comme
dans ce qui précède aux valeurs k = 2s paires. Mais d’autres fonctions propres de
∆ existent [365] [777] [79]. C’est en affaiblissant cette condition que Maass a
inventé ses propres formes d’onde [499]. C’est aussi en étudiant cette situation que
Selberg a trouvé sa célèbre formule généralisant celle de Poisson citée en 5.2, ainsi
que les méthodes de Dirichlet pour évaluer les sommes de Gauss ou démontrer la
loi de réciprocité quadratique [718]. Il y a deux conditions supplémentaires très
importantes
Z
| Φf (g) |2 dg < ∞.
(C4) :
SL(2,R)/SL(2,Z)
Cette première condition introduit un espace de Hilbert L2 (SL(2, R)/SL(2, Z)) de
fonctions de carré intégrable. On considère aussi
Z
1 x
| Φf (
(C5) :
g) |2 dx = 0.
0 1
R/Z
Cette seconde condition définit un sous-espace particulier L20 dans le précédent,
l’espace des ”formes-pointes” dans lequel on peut identifier un sous-espace Ak (Γ)
isomorphe au sous-espace des formes f ∈ Sk (Γ) qui s’annulent sur les pointes. Cet
espace est un sous-espace du C-espace vectoriel Mk (Γ) des fonctions automorphes.
7. APPROCHE PAR LA DOUBLE UNIFORMISATION
103
7.2.2. Lien avec les représentations de SL(2, R). Une conséquence importante
de ce qui précède est que l’on peut en déduire une représentation régulière à droite,
unitaire et de dimension infinie de SL(2, R) dans l’ensemble des opérateurs unitaires
de L20 :
Pour tous g, h ∈ SL(2, R), R(g)Φf (h) = Φf (gh),
où pour tout g ∈ SL(2, R) et Φf bien choisi ∆R(g)Φf = R(g)∆Φf . Ceci décompose
R avec des sous-espaces invariants pour ∆, c’est-à-dire de fonctions propres de ∆, et
donc comme somme directe de réprésentations de SL(2, R). Celles ci sont au demeurant toutes connues [365][777]. Ces représentations induisent des représentations
des groupes fuchiens que l’on peut remonter dans SL(2, R) par la proposition 1.4.
On trouve aussi ([778] chapitre III) des expressions en ”série de Fourier” de
K-fonctions de Bessel (remplaçant les sinusoides) où x + iy ∈ H
X
√
f (x + iy) =
an exp(2iπnx) yKit (2πy | n |),
n∈Z
Ks (z) =
1
2
Z
∞
0
1
z
exp(− (u + )us−1 du,
2
u
2
t +1
valeur propre de ∆.
4
Une conjecture importante due à Selberg affirme que pour les groupes Γ0 (n) associés
à la théorie de Hecke ([739] ch3, [555] § 4.5) cette valeur propre qui correspond à
s = (1+it)/2 est supérieure ou égale à (1/4). On donne dans [17] un système fini de
générateurs de Γ0 (p) pour p premier, ainsi que des formes automorphes associées.
Ce que l’on vient de voir revient à dire que t est réel.
7.2.3. Lien entre le laplacien d’un tore et la fonction éta de Dedekind. On
considère l’opérateur ∆ sur un tore conforme T défini par un paramètre complexe
τ = τ1 + iτ2 ∈ T eich(T ) = H. Pour représenter ce tore, on utilise [580] le plan
complexe en z ∈ C et des coordonnées associées à un réseau Λ = Zξ 1 ⊕ Zξ 2 données
par :
τz − τz
z−z
, ξ2 = i
.
ξ1 = i
τ2
2τ2
La métrique de C définit une métrique induite sur le tore à partir de laquelle on
peut calculer la mesure de Weil-Petersson à adopter, et avec laquelle le laplacien
du tore peut être écrit simplement à partir du laplacien du demi-plan de Poincaré.
Pour le laplacien de H, en introduisant pour i = 1, 2 l’opérateur ∂i = ∂/∂ξ i , on a
∆=−
1
(| τ |2 (∂1 )2 − 2τ1 ∂1 ∂2 + (∂2 )2 ).
2τ22
On trouve alors facilement des fonctions propres de ∆ vérifiant les bonnes conditions au bord du parallélogramme de la figure précédente, de façon à pouvoir en
déduire des fonctions sur le tore quotient
ψm,n (ξ) = exp(2iπ(nξ 1 + mξ 2 ), m, n ∈ Z.
Les valeurs propres associées sont
λm,n =
2π 2
2π 2
(m − nτ )(m − nτ ) = 2 | m + nτ |2 .
2
τ2
τ2
104
5. GÉNÉRALISATION AUX SURFACES DE RIEMANN
Par analogie avec ce que l’on sait pour les opérateurs sur les espaces de dimension
finie, le déterminant du laplacien ∆ sur le tore T pourrait être envisagé comme un
produit infini de ces valeurs propres
Y
2π 2
| m + nτ |2 .
Det(∆) =
τ22
2
(m,n)∈Z −(0,0)
Mais une telle définition qui fait apparaı̂tre un produit infini est insuffisante. On
peut cependant la rendre rigoureuse en introduisant les séries d’Eisenstein E(τ, s).
On décrit ici la méthode pour ce faire telle qu’elle est donnée dans [580] (p. 489).
L’évaluation d’une telle série utilise la fonction êta de Dedekind η. La série d’Eisenstein est définie pour ℜ(s) > 1 par
X
1
= τ2s G2s (τ ),
g2 (τ ) = τ2−1 E(τ, 1),
E(τ, s) = τ2s
2s
|
m
+
τ
n
|
2
(m,n)∈Z \{(0,0)
elle vérifie l’équation fonctionnelle
π −s Γ(s)E(τ, s) = π −(1−s) Γ(1 − s)E(τ, 1 − s),
et possède une formule limite due à Kronecker en son pôle simple s = 1 où apparaı̂t
η et la constante d’Euler γ
√
π
E(τ, s) =
+ 2π(γ − log(2) − log( τ2 | η(τ ) |2 )) + O(s − 1).
s−1
La méthode consiste à utiliser un logarithme et à négliger une infinité de termes
2π 2 pour définir seulement le nombre
det(∆)
= exp(− log τ2 (1 + E(τ, 0)) − E ′ (τ, 0)).
τ2
On utilise alors la formule de Kronecker et des expressions classiques pour les fonctions Γ pour en déduire des évaluations en s des deux termes égaux par l’équation
fonctionnelle
√
sE(τ, 1 − s) = −π + 2πs(γ − log 2 − log( τ2 | η(τ ) |2 ) + ...),
Γ(1 + s)
E(τ, s) = πE(τ, 0) + (−2(log π + γ)E(τ, 0) + E ′ (τ, 0)πs + ...).
Γ(1 − s)
La comparaison donne
√
E(τ, 0) = −1, E ′ (τ, 0) = 2(log 2 − log( τ2 | η(τ ) |2 ),
π 1−2s
c’est-à-dire avec une expression qui précède :
det(∆)
= exp(−E ′ (τ, 0)) = τ2 | η(τ ) |4 .
τ2
Cette expression donne une signification particulière à la fonction de Dedekind
par rapport à un déterminant construit avec l’opérateur de Laplace-Beltrami du
tore. Elle permet de comprendre pourquoi cette fonction se décompose sous forme
d’un produit infini particulier. En notant ici q = exp(2πiτ ) = q2 , on retrouve le
produit donné dans le commentaire de R. Dedekind relatif au fragment XXVIII de
B. Riemann [676] (p. 397)
Y
η(τ )24 = q
(1 − q n )24 .
n≥1
7. APPROCHE PAR LA DOUBLE UNIFORMISATION
105
Cette fonction a déjà été rencontrée comme définissant une forme automorphe de
poids 12. Son expression est liée au discriminant Disc(EΛ ) de la courbe elliptique
EΛ attachée à un réseau Λ = Zω1 ⊕ Z̟2 correspondant à un TΛ pour lequel
τ = ℑ(ω1 /ω2 ) et
η(τ )24 = g23 − 27g32 = 16(e1 − e2 )2 (e2 − e3 )2 (e3 − e1 )2 = Disc(EΛ ),
J=
g23
1 ((e1 − e2 )2 + (e2 − e3 )2 + (e3 − e1 )2 )3
g23
=
.
2
− 27g3
54
(e1 − e2 )2 (e2 − e3 )2 (e3 − e1 )2
On a vu avec la branche principale du logarithme et pour une transformation de
P SL(2, Z) définie par une matrice de SL(2, Z) que l’on avait
log η(
aτ + b
1
a+d
) = log η(τ ) + log(−(cτ + d)2 ) + πi
− πis(d, c).
cτ + d
4
12c
On peut résumer cette égalité en disant que η a une propriété d’automorphie de
poids (1/2). Mais il faut pour cela introduire une racine 24ième de l’unité permettant
d’écrire
aτ + b
a b
) = χη (
).(cτ + d)(1/2) η(τ ).
η(
c d
cτ + d
On utilise donc désormais la définition de [404] (p. 257) plus satisfaisante que celle
que l’on a utilisée antérieurement pour les fonctions automorphes. On dit que η est
une forme modulaire de poids (1/2) et de système de multiplicateur P χη , où dans
le cas le plus général P χη : Γ = P SL(2, Z) → C\{0} est une fonction telle que
pour tout γ ∈ Γ, on ait | P χη (γ) |= 1, et si P : SL(2, Z) → P SL(2, Z) projection
canonique P χη ◦ P = χη . La fonction g2 est quant à elle une fonction modulaire de
poids 4 pour un système de multiplicateur trivial, d’où se déduit avec la modularité
de poids 12 du discriminant g23 − 27g32 la propriété de modularité de poids 0 de J.
Ces deux dernières fonctions peuvent à leur tour être considérées comme vecteurs
propres d’opérateurs que l’on peut expliciter. Le discriminant est ainsi fonction
propre des opérateurs de Hecke ([729] p. 168), opérateurs qui commutent tous avec
le laplacien ce qui en donne l’analyse spectrale.
On renvoie à [664] (ch. 8, 9) pour toutes les vérifications complémentaires des
calculs qui précèdent. Les conclusions importantes sont qu’il existe un lien profond
entre la fonction de Dedekind et l’opérateur de Laplace-Beltrami du tore T , et
donc aussi celui de H, et que ce dernier est relié en profondeur aux représentations
unitaires dans un espace de Hilbert L20 de dimension infinie du plus simple des
groupes de Lie non compact SL(2, R). On a d’ailleurs vu comment H admet le
quotient P SL(2, R) comme groupe d’automorphismes, cette dernière propriété est
donc parfaitement compréhensible. Le passage au tore permet l’apparition d’un produit infini interprétable comme partie maitrisable du déterminant d’un opérateur
de Laplace-Beltrami ∆. Evidemment une question qui se pose est de savoir si la
technique de résurgence de Ecalle [238] ne permettrait pas de placer les calculs
précédents dans un cadre plus satisfaisant. Le lien mis en évidence dans ce qui
précède entre fonction η et un opérateur [444] trouve une application particulière
dans la théorie des champs [106], laissant apparaı̂tre l’existence d’une véritable construction fonctorielle pour cette théorie des champs, de portée beaucoup plus vaste
que les développements classiques qu’ont permis la cyclotomie et le ”Jugendtraum”
de Kronecker [456].
106
5. GÉNÉRALISATION AUX SURFACES DE RIEMANN
7.2.4. Sommes de Gauss. La fonction P χη peut être étudiée de façon directe.
Elle a un lien profond avec les sommes de Gauss ([129] (ch. IX), [472]) et c’est
son comportement qui permet en réalité la démonstration cyclotomique de la loi de
réciprocité quadratique. Au demeurant, c’est dans ce facteur que se concentrent en
exposant d’une puissance les sommes de Dedekind. D’où également le lien entre ces
sommes et la réciprocité quadratique. On trouve dans [436] (p. 51) une expression
de ce multiplicateur utilisant le symbole de Jacobi :
a b
d
si c impair χη (
)=
exp(F − 3c),
c d
|c|
sgn(c)−1 sgn(d)−1
c
a b
2
2
exp(F + 3d − 3 − 3cd),
si c pair χη (
) = (−1)
|d|
c d
πi
(a + d)c − bd(c2 − 1).
où F =
12
On peut vérifier à partir de là que l’on a bien affaire à une racine 24ième de l’unité.
Les sommes de Gauss sont données par
n
X
2iπak 2
exp(
G(a, n) =
).
n
k=0
Pour p premier impair et a non congru à 0 modulo p, si c = 1 ou c = −i selon que
p ≡ 1( mod 4) ou p ≡ 3( mod 4), elles vérifient pour la transformée de Fourier
discrète [176] (p.92) :
n
G(a, p)
c X k
2iπak
a
= 1√
=√
).
exp(
p)
p
p
p
p
p(1
+
i)(1
+
i
2
k=0
On peut en déduire l’expression du nombre de classes d’idéaux d’un corps quadratique [349] (théorème 114 p.135). Si p et q sont premiers entre eux, la réciprocité
quadratique se démontre avec G(p, q)G(q, p) = G(1, pq). Les sommes de Gauss
vérifient aussi l’identité de Landsberg-Schaar dont on peut déduire la réciprocité
quadratique [557] p. 153 [72] :
2q−1
p−1
1 X
exp(iπ/4) X
−iπn2 p
2iπn2 q
√
)=
) (p > 0, q > 0).
exp(
exp(
√
p n=0
p
2q
2q
n=0
Il est remarquable que cette formule soit issue de la trace d’un opérateur d’évolution
longitudinale associé à une équation de Schrödinger. On trouve une démonstration
dans [22] à partir d’une équation de Schrödinger sur un espace de phase cylindrique,
que l’on modifie pour le rendre toroı̈dal, ce qui d’ailleurs discrétise le temps.
7.2.5. Lien avec la fonction zêta de Riemann. Dans le cadre présenté s’introduit également la fonction zêta de Riemann. La série d’Eisenstein peut être étudiée
de façon directe en tant que noyau reproduisant de l’opérateur autoadjoint qui
étend l’opérateur laplacien sur L2 (Mod(T )). On a rappelé dans ce qui précède
comment s’introduisait naturellement cette structure d’espace de Hilbert. Elle permet la définition d’un autre noyau reproduisant ([580] (p.426) ou [294]), le noyau
de chaleur lié à l’opérateur elliptique laplacien. Dans le contexte plus général d’une
variété M plongée dans un espace de dimension D ce noyau est donné par l’expression suivante
X
h(x, y; t) =< x | exp(−t∆) | y >=
exp(−tλn ) < x | n >< n | y > .
n
7. APPROCHE PAR LA DOUBLE UNIFORMISATION
107
Il vérifie l’équation de la chaleur qui s’écrit compte tenu du choix fait pour le signe
du laplacien (∂t + ∆) h(x, y; t) = 0. Il permet de définir le semi-groupe de la chaleur
{exp(−t∆); t ≥ 0}. La transformée de Mellin donne une fonction zêta ζ(x, y; s) qui
vaut
X 1 Z ∞
ts−1 exp(−tλn ) < x | n >< n | y > dt.
Γ(s)
0
n
Elle détermine la fonction ζ∆ généralisée suivante qui a la forme d’une trace :
Z
X
ζ(x, x; s)dx =
ζ∆ (s) =
λ−s
n .
M
n
On évoque dans [580] (p.429) et on approfondit dans [294] les développements de
ces calculs vers la définition d’un η-invariant pour certains opérateurs elliptiques,
pratiquement une signature d’une forme quadratique d’intersection, qui débouche
sur le théorème de l’indice d’Atiyah-Patodi-Singer et des applications importantes
en dimension 4 ([577]). Cet invariant est donc une généralisation de la fonction êta
de Dedekind pour des objets plus larges que les surfaces de Riemann [570] [75].
L’application au cas où M est un tore est facile. Elle permet de définir de façon
plus intrinsèque une fonction zêta ([459] p. 229) en utilisant de façon directe la
trace d’une puissance du laplacien
X
λ−s
ζ∆ (s) = tr(∆−s ) =
m,n .
(m,n)∈Z2 \{(0,0)
La conjecture de Riemann [78] semble correspondre d’une certaine façon à ce qui
se passe lorsque le tore que l’on considère est tel que τ tende vers un nombre entier, ce qui introduit à la limite une brisure de symétrie modifiant dramatiquement
l’algèbre d’opérateurs engendrée par ∆ sur laquelle on travaille. On peut construire
un système dynamique pour ce cas dont la fonction de partition soit ζ∆ . Il suffit de suivre la méthode de [142] dans son exposé très clair des travaux de [163]
permettant de considérer la fonction ζ de Riemann elle-même comme fonction de
partition d’un système dynamique (A, σt ) avec A une C ∗ -algèbre et σt un groupe
à un paramètre d’automorphismes de A. Inversement, le problème de construire
un opérateur hermitien qui pourrait être selon Michael Berry [65] un hamiltonien
gouvernant un système mécanique quantique à mécanique classique sous jacente
chaotique et à temps irréversible correspond à la conjecture de Hilbert et Polya
[829]. Un très récent article de Alain Connes [164] laisse penser que l’hypothèse de
Riemann pourrait correspondre comme la formule de Selberg [718] à une formule de
trace pour un tel hamiltonien [256] (theorem 9.5.2 p. 307). On peut comparer à ce
que donnent les théories d’Arakelov de dimensions supérieures [457] (pp. 172-173).
Une question importante paraı̂t être de bien formaliser dans le contexte présenté la
transformation de Mellin, comme une anti-équivalence particulière de catégories, de
variétés abéliennes vers des algèbres d’opérateurs supportant des fonctions ζ. Une
autre piste consiste à approfondir le lien qui est décrit dans [137] entre l’approximation de Apéry de ζ(3) et des équations de Lamé que cet article relie explicitement
à l’équation de Markoff. Un projet consiste à considérer l’opérateur L que l’on a
introduit ci-dessus en liaison avec les matrices A0 et B0 , à considérer des propriétés
d’orthogonalité associées et à utiliser des méthodes analogues à celles développées
dans [796].
108
5. GÉNÉRALISATION AUX SURFACES DE RIEMANN
7.2.6. Gaz de bosons et bruit en 1/f . Le formalisme précédent a été appliqué
à la mécanique statistique des gaz de bosons. Il s’appuie sur le lien qui a été étudié
par Ramanujan entre la fonction êta de Dedekind et les partitions d’entiers. Ceci
se matérialise avec la fonction multiplicative τR de Ramanujan ([729] p. 156, [136]
p. 57) donnant
Y
X
η(τ )24 = q
(1 − q n )24 =
τR (n)q n , où q = exp(2πiτ ) = q2 = exp(−hν/kT ).
n≥1
n≥1
Ceci permet de définir une fonction de partition par mode où p(n) nombre de
partitions de l’entier n associé aussi à la fonction η par la formule
Y
X
1
1
exp(πiτ /12)
(
Z(q) = q 24 η(τ )−1 =
)
=
.
p(n)q n =
n
1−q
η(τ )
n≥1
n≥1
ièmes
Si σk (n) désigne la somme des puissances k
des diviseurs de n, on obtient des
grandeurs interprétables par analogie avec la mécanique statistique
X
l’énergie libre F = −kT
σ−1 (n) exp(−nhν/kT ),
n≥1
l’énergie interne E = hν
l’entropie S = k
X
X
σ1 (n) exp(−nhν/kT ),
n≥1
(hν/kT σ1 (n) + σ−1 (n)) exp(−nhν/kT ).
n≥1
Sur cette base, les fluctuations d’énergie dans un résonateur à quartz ont été
évaluées [638], faisant apparaı̂tre un bruit quantique en (1/f ). Au delà du cas
du résonateur à quartz, il faudrait creuser le sujet précédent pour montrer comment donner dans une perspective plus générale une explication profonde du bruit
en (1/f ) que l’on rencontre si fréquemment dans la nature. Quelques pistes récentes
ont commencé à être explorées. Elles font le lien avec les sommes de Ramanujan
[643].
7.3. Notions attachées à un tore percé T \{p}. L’espace de Teichmüller
du tore percé est T eich(T \{p}) = H. On a aussi ΓT \{p} = GL(2, Z). Ce groupe est
noté S ∗ L(2, Z) pour indiquer qu’il agit dans H par transformations conformes et
anticonformes. Les résultats obtenus sur les tores percés paraboliques permettent
de se ramener à l’action de SL(2, Z) dans le demi-plan de Poincaré pour décrire
au quotient l’espace des modules Mod(T \{p}) grâce à la surface modulaire percée.
Ces données déduites de [578] (p. 153) sont intéressantes car elles ne correspondent
pas à ce qui a été vu ci-dessus dans l’étude des tores percés conformes paraboliques.
On a donné
T eich(T \{p}) ≃ F(λ, µ) = {(λ, µ) | λ > 0, µ > 0},
et l’on a décrit la façon dont ΓT \{p} = GL(2, Z) agit dans F (λ, µ). Au quotient
on identifie bien les classes d’équivalence difféomorphe (et donc conforme) sur le
tore percé, c’est-à-dire les modules du tore percé. Ceci correspond au commentaire
de la définition 1.6 de [706] (p.10). Tout se passe comme si H correspondait à un
modèle topologique de l’espace de Teichmüller, et F (λ, µ) à un modèle géométrique
décrit par une équation algébrique. Le lien entre ces deux modèles a été étudié en
détail dans [421], mais ce travail devrait être repris à la lumière des considérations
qui précèdent. Il est également très important de remarquer que la théorie de la
7. APPROCHE PAR LA DOUBLE UNIFORMISATION
109
réduction qui a été présentée pour les tores paraboliques, va beaucoup plus loin
que ce que donne la seule action de ΓT \{p} = GL(2, Z) sur F (λ, µ). Généraliser un
tel résultat est concevable en rentrant dans l’étude de la présentation des groupes
de classes d’applications ΓM . Sans aller jusque là, on peut indiquer sommairement
comment on retrouve les résultats déjà rencontrés au chapitre précédent avec les
remarques formulées par [421] (p. 203) et issues de [419]. On traduit ce que dit
Linda Keen sous la forme
λ
µ
0 −1
′
π (χ) =
,
),
agit sur F (λ, µ) par (λ, µ) → ( 2
1 0
λ + µ2 λ2 + µ2
µ 1
1 1
π ′ (χ′ ) =
agit sur F (λ, µ) par (λ, µ) → ( , ).
−1 0
λ λ
Ces deux matrices respectivement d’ordre 2 et 3 sont telles que leurs images par ψ
dans P SL(2, Z) engendrent ce groupe. On peut maintenant considérer que π ′ est
un morphisme d’abélianisation, avec dans le groupe des automorphismes Aut(F2 )
du groupe libre à deux éléments F2 engendré par A et B
χ = (B, A−1 ),
χ′ = (AB, B −1 ).
Il suffit alors de considérer l’action de ces deux automorphismes sur le triplet
(tr(B −1 ), tr(A), tr(B −1 A−1 )) = (
1 + λ2 + µ2 1 + λ2 + µ2 1 + λ2 + µ2
,
,
),
µ
λ
λµ
χ donne (tr(A), tr(B −1 ), tr(AB −1 )), χ′ donne (tr(B −1 ), tr(B −1 A−1 ), tr(A)).
Plus généralement, le groupe Aut(F2 ) agit grâce à π ′ sur F (λ, µ). On a d’ailleurs
π ′ (Aut(F2 )) = GL(2, Z) = ΓT \{p} . On a développé l’étude de cette situation, expliquant comment le groupe T3 = T∗ (∞, ∞, ∞) apparaı̂t ici. Ce groupe a été mis
en évidence avec le triangle curviligne LMN.
7.4. Interprétation géométrique de la double uniformisation. En comparant les deux cas du tore T et du tore percé T \{p}, tout se passe comme si on
observait dans l’espace la surface x2 + y 2 + z 2 = xyz et que l’on représente cette
configuration dans H. Les formes quadratiques donnent tout l’espace R3 , puis projectivement H, et on sait faire agir P SL(2, Z) sur ces espaces. Dans R3 on visualise
cette surface, et on la représente projectivement par H. On trouve ainsi une signification à l’action de GL(2, Z) sur cette surface. La réduction porte ainsi une
information beaucoup plus profonde que la simple inclusion d’un objet topologique
dans un autre. Elle traduit la façon dont un objet géométrique est contenu dans un
autre. On trouve ainsi une signification comparable à ce qui est expliqué dans l’article de B. Mazur [533] sur les doubles revêtements conformes. ”C’est la conjonction
de deux uniformisations (l’une en l’occurrence euclidienne et l’autre hyperbolique
de type arithmétique, c’est-à-dire périodique par rapport à un groupe de congruence) qui crée une structure exceptionnellement riche sur les courbes elliptiques et
entraine des implications profondes pour des questions arithmétiques (en fait [434]
(ch.XII) la conjecture de Shimura Taniyama Weil démontrée par A. Wiles [844] :
une courbe elliptique sur les nombres rationnels possède un fonction zêta provenant
de formes modulaires de poids 2).” Ce que l’on vient de décrire entre le tore T et le
tore percé T \{p} donne deux uniformisations possibles pour le tore percé conforme.
110
5. GÉNÉRALISATION AUX SURFACES DE RIEMANN
8. Approche par le chaos quantique
Comme on vient d’étendre la définition du laplacien à des tores percés, une question qui se pose est de savoir s’il existe une interprétation mécanique correspondant
à la théorie de Markoff classique, ou aux généralisations qu’on en a données. Il
faut comprendre si dans ce nouveau contexte le spectre de Markoff pourrait être le
spectre d’un opérateur à construire sur le tore percé. L’idée suivie par l’auteur pour
étudier cette question a consisté à examiner ce que donne la théorie du chaos quantique sur différents tores percés non conformément équivalents puis à considérer
la même question sur des surfaces de Riemann, comme le fait [325], enfin sur des
espaces plus complexes.
Pour toute surface de Riemann M définie par un groupe fuchsien on a introduit de façon naturelle la géométrie symplectique en considérant le premier groupe
d’homologie H1 (M, Z) et le nombre d’intersections ([823] p. 105). Le formalisme de
la mécanique hamiltonienne et de la quantification s’introduit à partir de là ([506]
[307] [256] [223] [222] [262] [584] [122] [775]), avec encore beaucoup de choses à
éclaircir [503]. Ceci permet de modéliser certains problèmes de mécanique au moyen
de telles surfaces de Riemann. On notera qu’en mécanique des solides ordinaires le
formalisme hamiltonien se met en place avec un espace de phases de dimension fini.
Les choses deviennent un peu plus compliquées dès que l’on aborde des problèmes
d’hydrodynamique car l’espace des phases devient de dimension infinie, obligeant
à avoir recours à des outils comme les espaces de Hilbert. Mais même à ce prix
d’autres domaines de la physique ne rentrent pas facilement dans ce formalisme
dont l’un des grands intérêts a été de montrer l’importance de la topologie pour la
physique (voir par exemple [121] [551]).
8.1. Quelques exemples. On évoque ici trois exemples pour illustrer les limites du formalisme hamiltonien et les voies de son extension.
• La méthode du ”scattering inverse” est utilisée pour intégrer des équations
différentielles non-linéaire. Son interprétation hamiltonienne est due à L. D. Fadeev
[251]. Elle s’applique à des équations très importantes de la Physique (Sine-Gordon,
Lamé c’est-à-dire Schrödinger périodique à une dimension [257], Schrödinger non
linéaire, Korteweg-deVries, etc.) admettant une présentation hamiltonienne avec des
états dans un espace de Hilbert. Certains solitons entrent dans le domaine couvert
par ce développement [674] qui dépasse largement le cadre des seules surfaces de
Riemann. On renvoie pour approfondir le thème des solitons à [292]. Mais les
surfaces de Riemann interviennent aussi dans ce cadre [232].
• Les équations de Maxwell classique (dont l’auteur voudrait formaliser le lien
avec la théorie de Hodge) régissent la propagation des ondes et de la lumière. Elles
n’entrent pas dans le formalisme hamiltonien sauf à étendre à une dimension infinie
la dimension de l’espace des phases. Elles décrivent en effet des variations de champ
électrique et magnétique en tout point de l’espace. La transformation de ces champs
transporte de l’énergie et donne en l’absence de charge et de courant une équation
d’onde qui décrit la propagation de l’onde qui transporte cette énergie. L’équation
de Schrödinger appliquée à une fonction d’onde représentant un photon isolé donne
exactement les équations de Maxwell. Avec un électron, elle donne l’équation de
Dirac à la base comme ces dernières de l’électrodynamique quantique [613]. Le
développement d’un cadre global commun pour les lois de la physique que l’on
8. APPROCHE PAR LE CHAOS QUANTIQUE
111
vient d’évoquer passe donc bien par l’introduction d’un cadre hilbertien et d’une
analyse dans celui-ci de l’équation de Schrödinger.
• La théorie quantique des champs a été introduite à la suite des travaux
d’Einstein sur l’invariance par les transformations de Lorentz des équations de
l’électromagnétisme de Maxwell
∂
(E + iB) + i∇ × (E + iB) = je + ijm .
∇(E + iB) = q + ig,
∂t
Le souci de rendre ces deux équations invariantes par d’autres transformations
(E + iB) → exp(iφ)(E + iB) a conduit à la théorie du champ conforme et à
la tentative d’unifier la gravité aux autres forces de la nature par la théorie des
cordes. Cette démarche a eu un temps fort avec l’article [649]. En réalité, cette
théorie ne semble avoir qu’un intérêt restreint car il a été constaté que son domaine d’application reste limité. Il est cependant établi que cette théorie admet
une présentation hamiltonienne avec des états dans un espace de Hilbert, une C ∗ algèbre d’opérateurs et un groupe de symétries de jauge, c’est-à-dire la géométrie
non commutative d’Alain Connes [158] [823] (p.548). Cette dernière devrait permettre d’étendre fonctoriellement le projet sans doute trop restreint de la théorie
du champs conforme [847] [456]. Une quantification dans cette théorie se déduit
des remarques qui précèdent, dont on trouve les éléments essentiels dans [271] [284]
[795] [663] [580] [309] [83].
8.2. L’intégrale de pas de Feynman. On trouve un exposé générique de
cette question en coordonnées les plus générales dans [315] (p. 67-91) et [300]. Sur
une variété M (par exemple une surface de Riemann compacte) contenue dans un
espace de dimension D et munie d’une métrique ds2 = gab (q)dq a dq b donnée avec
des paramètres locaux de position q = (q 1 , ..., q D ), on peut considérer l’espace des
fonctions de carré intégrable L2 (M) pour le produit scalaire
Z p
det(gab )f1 (q)f2 (q)dq,
< f1 , f2 >=
M
et l’opérateur de Laplace Beltrami, appelé laplacien, où (g ab ) inverse de (gab ) :
p
∂ log det(gab )
.
∆ = g ab ∂a ∂b + (g ab Γa + gaab )∂b , où Γa =
∂q a
Les paramètres d’impulsion, opérateurs hermitiens adaptés au produit scalaire introduit, ont une forme particulière :
Γa
∂
).
p−a = −i~( a +
∂q
2
L’opérateur associé à l’énergie est défini à partir de la variable temps :
∂
i~ .
∂t
L’équation de Schrödinger ([591] p. 45) dépendant du temps pour une particule de
masse m se déplaçant dans un champ potentiel V (q) indépendant du temps sur la
variété M s’écrit alors avec un hamiltonien
∂
~2
i~ ψ(q, t) = −
∆ + V (q) ψ(q, t) = Hψ(q, t).
∂t
2m
Dans certains cas elle possède une unique solution générale ([823] p. 549) donnée
par une intégrale de Feynman construite à partir d’une amplitude de probabilité
112
5. GÉNÉRALISATION AUX SURFACES DE RIEMANN
K(q”, t”; q′ , t′ ) qu’une particule quitte sa position initiale pour atteindre sa position
finale, et grâce à laquelle on peut décrire l’évolution dans le temps de la fonction
d’onde ψ duale de la particule que l’on considère
Z p
g(q′ )K(q”, t”; q′ , t′ )ψ(q′ , t′ )dq′ .
ψ(q”, t”) =
RD
Même si le potentiel V (q) est nul ce calcul peut être fait [431] en s’appuyant sur
les géodésiques de M. En supposant le système global stable et isolé, c’est-à-dire
dans un état stationnaire, l’énergie totale du système est une constante qui est une
valeur propre E de H avec laquelle on a ψ(q, t) = ψ(q, 0) exp(−iEt/~) et
~2
Eψ(q, 0) = −
∆ + V (q) ψ(q, 0).
2m
8.3. Cas de l’oscillateur harmonique quantique. On trouve une équation
comparable dans le cas de l’oscillateur harmonique quantique à une seule dimension
D = 1, où V (q) = (1/2)mω 2 q2 et ∆ =∂ 2 /∂q2 , et avec les polynômes de Hermite
([632] pp. 295-296) les seules énergies totales possibles En = E0 + n~ω et le vecteur
ket | n >= ψn (q, 0) associé à chacune d’elle. Ceci donne aussi la forme hermitienne à considérer pour laquelle ces vecteurs ket forment une base orthonormée de
l’espace de Hilbert des fonctions associées. Sur cet espace s’introduisent les trois
opérateurs auto-adjoints qui correspondent aux observables de position, d’impulsion
et d’énergie utilisées :
r
mω
p
, [P, Q] = i 6= 0,
Q=
q, P = √
~
mω~
1
1
H = ~ω(AA∗ − ) où A = √ (Q + iP) 6= A∗ .
2
2
On a également sur cet espace un opérateur unitaire naturel ([504] p.75) qui s’écrit
(
1
H
1
H
+ + i)(
+ − i)−1 ,
~ω 2
~ω 2
il est utilisable pour étudier l’hypothèse de Riemann associée selon les méthodes de
[164] et [142]. On peut enfin développer ([632] p.296) une approche statistique de
la distribution des états d’énergie En lorsque cet oscillateur de pulsation ω = 2πν
est en contact avec un milieu extérieur beaucoup plus grand que lui et agissant
comme thermostat de température constante T . Les états d’énergie sont quantifiés
en ~ω = hν, où h est la constante de Planck et ~ = (h/2π).
8.4. Le chaos quantique et les géodésiques. Ce que l’on vient de résumer
pour l’oscillateur harmonique se généralise en la formulation hamiltonienne que l’on
a donnée pour toute variété, et donc toute surface de Riemann M. Ceci condense
de l’information sur sa géométrie et conduit naturellement à une problématique de
quantification en considérant le spectre des valeurs propres associé à l’opérateur
apparaissant dans l’équation de Schrödinger. Une relation peut être établie avec
les orbites géodésiques périodiques de M grâce à la formule de trace issue des
travaux de Selberg [326] [829]. C’est l’un des développements récents de la théorie
du chaos quantique. Dans [153] (p. 59) on indique que pour décrire les géodésiques
8. APPROCHE PAR LE CHAOS QUANTIQUE
113
√
de M on peut considérer un hamiltonien pseudo-différentiel ~ −∆ et se ramener
à l’équation de Schrödinger
√
∂
i~ ψ = ~ −∆ψ.
∂t
Une simplification par ~ se produit dans cette √
équation et sa solution est donnée
par le groupe à un paramètre U (t) = exp(−t −∆). Cette remarque conduit à
se poser la question de la nature géométrique profonde de la constante de Planck
([537], [256] : ”la constante de Planck pourrait ne prendre que des valeurs telles que
l’indice topologique soit un nombre entier.”). Dans l’approche statistique associée
la fonction de partition quantique associée est
Z(t) = tr(U (t)) =
∞
X
exp(−iµn t),
n=1
où les µn correspondent aux solutions stationnaires de forme exp(−iµn t)ψn (q, 0)
avec
p
∆ψn (q, 0) = −λn ψn (q, 0), µn = λn , λ1 = 0 < λ2 ≤ ... ≤ λn ≤ ...
Elles se déduisent des valeurs propres λn de l’opérateur de Laplace associé à la
variété M. Il existe toute une littérature sur ce sujet, sachant que cet opérateur est
la plupart du temps défini comme l’opposé de celui que l’on vient d’utiliser ([680]
[691] articles de I. Chavel pp. 30-75 et M. Shubin pp. 226-283).
8.5. Application à la théorie de Markoff. Lorsque la variété M n’est pas
compacte, le spectre n’a pas de raison d’être discret et peut donc contenir une partie
cantorienne ou une partie continue. On ne voit plus alors apparaı̂tre l’équivalent de
la constante de Planck comme dans le cas de l’oscillateur harmonique quantique. On
a vu ci-dessus comment l’identité de Landsberg-Schaar sur les sommes de Gauss est
issue de la trace d’un opérateur d’évolution longitudinale associé à une équation de
Schrödinger [22]. On a indiqué comment à partir d’un espace de phase cylindrique
rendu toroı̈dal on retrouvait la réciprocité quadratique intimement liée à la fonction
êta de Dedekind, elle même liée au tore. Mais on a vu aussi que cette approche
discrétise le temps et fait disparaı̂tre l’équation de Schrödinger avec un paramètre
temporel continu. Ceci semble indiquer que pour aller plus loin dans la généralité
du formalisme de l’équation de Schrödinger, il faudrait considérer les temps comme
les autres paramètres observables.
La question qu’on se pose alors est de savoir si ce formalisme pourrait interpréter le spectre de Markoff lorsque l’espace des phases M est le tore percé
parabolique mis en évidence par Harvey Cohn dans [143]. Il faudrait pour progresser dans cette voie donner une bonne équation de Schrödinger à considérer. On
devrait s’assurer que l’on n’est pas alors dans un cas de nombre fini de ses solutions
pour une telle équation, le minimum intervenant dans la théorie de Markoff pouvant alors correspondre à une minimisation de l’énergie. Ce programme de travail
de l’auteur n’en est qu’à ses débuts, de sorte que peu de résultats peuvent encore être donnés quant à l’approche proposée. Une piste pour progresser dans cette
voie pourrait être d’expliciter la formulation hamiltonienne quantique associée aux
oscillateurs à vérouillage de phase de Michel Planat [634]. Il semble bien qu’ils
correspondent à un espace de phase torique percé, constituant donc un modèle
plus sophistiqué que l’oscillateur quantique à une dimension. La question de la
114
5. GÉNÉRALISATION AUX SURFACES DE RIEMANN
dégénérescence discrète éventuelle de l’équation de Schrödinger dans ce cas est un
problème intéressant.
9. Quelques thèmes de réflexion connexes
9.1. Liens avec les fibrés vectoriels et la K-théorie. Pour toute surface de Riemann M le théorème d’uniformisation de Poincaré, Koebe et Klein a
donné des domaines U ⊂ S 2 et des transformations holomorphes injectives t de U
dans M telles qu’en tout point x ∈ U, t uniformise localement M au point t(x),
cartographiant le voisinage de ce point dans M. Aujourd’hui, ce résultat a finalement été pris comme définition des surfaces de Riemann par H. Weyl [842]. Les
groupes fuchsiens permettent de traiter algébriquement certaines de ces surfaces,
et l’on reconstruit dans l’algèbre des fonctions automorphes associée les invariants
caractéristiques. On trouve dans [543] (p. 53-54) l’idée que les facteurs d’automorphie correspondent à des cocycles (la cohomologie est là !) et cet auteur montre
qu’ils sont en correspondance bijective avec des fibrés vectoriels sur la surface d’une
façon qui interprète les fonctions automorphes de poids 2k comme des sections d’un
fibré L∗k sur un compactifié Mc déterminé par un facteur d’automorphie canonique
(la K-théorie apparaı̂t !). Cette remarque est très importante pour comprendre
pourquoi la théorie de Markoff détermine des fibrés exceptionnels et des hélices
du plan projectif P2 (C) (voir [318], [229], [686], [597], [598], [304], [305], [230],
[231]). Il serait d’un grand intérêt d’associer d’autres fibrés et hélices aux équations
M ε1, ε2 (a, ∂K, u) mises en évidence dans le présent ouvrage, ne serait-ce que pour
mieux comprendre la structure des fibrés vectoriels sur différents types de variétés
et les classifier [797] [473] [719] [432] [433] [381] [39]. On conjecture que ceci
est possible. Cette recherche s’inscrit dans la grande tradition des analogies entre
corps de nombres et corps de fonctions chère à André Weil [834], qui a conduit aux
schémas d’Alexandre Grothendieck [750] (A.9), puis à la cohomologie étale pour
généraliser la théorie de Galois [544], à la géométrie d’Arakelov [764], enfin à la
cohomologie motivique [476] et à la résolution de la conjecture de Langlands sur
les corps de fonctions [462]. Cette approche a permis la résolution de l’hypothèse
de Riemann pour les courbes de genre quelconque sur un corps fini par André Weil
[837], puis pour toutes les variétés sur un corps fini par Pierre Deligne [197] et à la
résolution de la conjecture de Langlands sur les corps de fonctions [462] [759]. Un
résumé rapide de la démarche historique se trouve dans [120] ou [542] (p. 97-100).
Pour d’autres perspectives on renvoie à [306] [105].
Une conséquence du projet de recherche que l’on vient d’évoquer pour les fibrés
est de donner une interprétation ”automorphe” générale des K-groupes Ki (R) de la
théorie de D. Quillen. L’importance de cette question est clairement mise en lumière
dans [833] (p.17-18). Quant à la définition classique des groupes Ki (R), on la trouve
dans [679], ou plus directement dans [20]. Sur ceux-ci se transposent des résultats
de la théorie algébrique des nombres comme le théorème des unités de Dirichlet
[679] (p. 288). Dans ces résultats, R désigne un anneau d’entiers d’un corps F
extension finie de Q et il y a un lien profond entre ces K-groupes et la fonction
ζF du corps F [481] [833] [104] [58]. Il est aussi connu que les fonctions zêta sont
liées aux sommes de Dedekind et à la géométrie torique qui a été développée pour
faire un lien entre la théorie des ensembles convexes dans un réseau et la géométrie
algébrique [865] (p. 224) [188] [645]. Enfin le lien entre la géométrie torique et les
fonctions automorphes est clairement explicite dans des travaux tels que [81] [173]
9. QUELQUES THÈMES DE RÉFLEXION CONNEXES
115
[174]. On trouve des développements plus directs sur le lien entre les fonctions zêta
(ou L) et les sommes de Dedekind dans des travaux tels que [768] [711].
9.2. Lien avec les fonctions zêta. L’apparition des fonctions zêta peut se
comprendre avec une remarque faite lors de l’évocation des fonctions thêta. Les
espaces de fonctions automorphes de poids successifs se déduisant par des exponentiations de groupes, on peut faire apparaı̂tre naturellement ([215] p. 297) les nombres de Bernouilli (ici bn = (−1)n+1 b2n > 0) avec une ”demi-formule de Poisson”
qui concerne des exponentielles successives d’un opérateur d, et donne la fonction
de partition Z de l’oscillateur harmonique dans la théorie de Boltzmann et Planck
en remplaçant d par −(hν/kT )
X
1
1 X
d2n−1
exp(d)
=
= d−1 + +
.
(−1)n+1 bn
−
exp(kd) =
exp(d) − 1
1 − exp(−d)
2
(2n)!
n≥1
k≥1
Appliquée à une fonction analytique, une telle formule donne la formule classique
d’Euler et Mac-Laurin ([215] p. 302 [405] ch. 25). Cette formule est applicable aux
structures car elle est de nature fonctorielle [288]. On trouve dans [788] une traduction pour les algèbres de Kac-Moody. On sait aussi passer d’une algèbre de Lie à un
groupe de Lie par l’exponentielle qui transforme des sommes en produits, des traces
en déterminants ([25] p. 116-119). On trouve dans [654] (p.175) les conséquences
pour les catégories correspondantes notamment les équivalences de catégories entre
groupes de Lie et algèbres de Lie, et dans [654] (p. 97) comment l’algèbre enveloppante universelle d’une algèbre de Lie possède une structure naturelle d’algèbre de
Hopf. Dans [321] (p. 27) apparaı̂t la dualité entre les groupes algébriques affines et
les algèbres de Hopf commutatives de type fini, le cas semi-simple de dimension finie
correspondant aux groupes finis. Le lien avec les catégories tressées et les familles
d’arbres est essentiel [559] [460]. Dans [130] (p. 4-5) on indique aussi comment la
catégorie des groupes quantiques devrait être définie comme duale (c’est-à-dire antiéquivalente) à celle des algèbres de Hopf. Pour d’autres [508] les groupes quantiques
ne sont autres que les algèbres de Hopf, ce qui ne satisfait pas l’auteur du présent
texte. Comme il est fait de façon explicite une relation avec la présentation hamiltonienne de la mécanique et de sa quantification depuis les travaux de l’école de
L. D. Fadeev [251], on est conduit naturellement à l’idée de comparer les variétés
abéliennes aux groupes quantiques. L’introduction de [130] rappelle comment se
sont développés ces travaux de mécanique [568] pour déboucher sur les travaux de
A. Connes ([158], [161]) avec lesquels il y a donc une dualité profonde. Dans la
dernière formule donnée l’exponentielle permet de passer d’un groupe K2k (M) à
un espace Mk (Γ) dont la dimension est connue ([543] p.45). La somme de gauche
correspond au passage à la limite d’une somme de groupes Mk (Γ) pour construire
l’algèbre graduée M(Γ). Celle de droite correspond à une construction particulière
restant à formaliser de façon précise (un espace classifiant). Les groupes K2k (M)
sont dans cette perspective comparables à des groupes de cohomologie H ∗ (M, Z)
et donc à M(Γ). Les conjectures de Lichtenbaum qui se positionnent dans cette
perspective ([763] p. 107) s’écrivent alors avec k pair
bk r
CardK2k−2 (M)
=
2 .
CardK2k−1 (M)
k
9.3. L’automorphie de la fontion êta liée au nombre d’or. L’automorphie de η est la propriété caractéristique de cette fonction [792] qui donne naissance
116
5. GÉNÉRALISATION AUX SURFACES DE RIEMANN
à la somme de Dedekind s, et qui a comme conséquence l’existence de la théorie
développée dans les chapitres précédents. Cette remarque conduit à l’idée de regarder dans les travaux qui sont relatifs à l’opérateur de Lagrange-Beltrami ou
dans ceux sur les représentations unitaires de dimension infinie des algèbres de Lie
comme SL(2, R) où l’on pourrait utiliser les résultats qui ont été développés autour
des généralisations de l’équation de Markoff. On trouve dans [404] (p.270) mention
d’un résultat qui évoque nos travaux. Soit θa (S) = [0, S ∗ , a] un algébrique de degré
2 tel que S = (a0 , a1 , ..., an ) est une suite telle que S = S ∗ . On considère
fc (τ ) = q c
j=∞
Y
j=1
(1 − q j )aj−1 où q = exp(2πiτ ),
Cette expression définit une fonction modulaire au sens de [404] (p. 257) pour un
groupe Γ(n) si et seulement si on a
P
n+1
X
(n + 2)(a + nj=0 aj )
1
c=
j(n + 2 − j)aj−1 .
−
24
4(n + 2) j=1
Avec le nombre d’or θ1 (S) = [0, 1] qui donne n = 0, la valeur c que l’on obtient est
c = (1/24). On retrouve ainsi la fonction η de Dedekind. Le lien avec le pentagone
que traduit ce dernier cas apparaı̂t aussi dans l’identité pentagonale d’Euler ([249]
1748) citée dans [557] p. 143 ou [405] ch. 12, décomposant η en série de Fourier
et permettant son interprétation comme inverse d’une fonction de partition d’un
ensemble d’oscillateurs indépendants de fréquences multiples d’une fréquence de
base :
j=∞
X
Y
n n(3n+1)
2
(1 − q j ).
=
(−1) q
n∈Z
j=1
On peut également préciser le lien avec le pavage de Penrose ([158] fig. II.3. p.
89) qui donne de son côté avec la construction de Vaughan Jones une C ∗ -algèbre
canonique et pour premier indice non entier d’un facteur de type II1 le nombre d’or
([158] p. 507-508, [162]). La démonstration même de ce dernier résultat montre
bien le lien qui existe avec les fonctions modulaires et les surfaces de Riemann et
les noeuds. Remarquons que la formule donnée pour fc débouche plus généralement
sur la définition de fonctions modulaires données par des produits de fonctions η,
ce qui physiquement correspond à des ensembles d’oscillateurs indépendants. Pour
n ∈ {2, 3, 4, 6, 12} on trouve dans [739] (p. 49) de telles expressions pour les surfaces
X(n), tout comme dans [483] pour les surfaces X0 (n) de genre 1. Il y a là un sujet
à creuser pour lequel on donne quelques références [171] [442] [500] [817] [694]
[677] [603] [523] [540] [677] [483] [351] [504] (p. 366).
9.4. Lien avec des espaces topologiques plus généraux. Le lien avec les
espaces lenticulaires, qui sont eux-mêmes liés à la loi de réciprocité quadratique
([89] p. 365 [762] p. 108) et plus généralement à l’invariant η des formes d’espaces
sphériques, est approfondi dans [493] [294] [295] [350]. Ceci donne tout un ensemble de développements débouchant sur des sujets comme la K-théorie équivariante,
les complexes de Koskul, ...[759]. L’invariant êta de Dedekind que l’on a utilisé
pour nos travaux admet en réalité une généralisation profonde qui a été mise en
lumière avec les travaux d’Atiyah, Patodi et Singer vers 1975. On trouve dans
[570] une synthèse sur ce sujet faite il y a une dizaine d’années qui met bien en
10. UNE PERSPECTIVE GLOBALE EN GUISE DE CONCLUSION
117
évidence le rôle des points cône et des bords de surface (la propagation de la chaleur
est perturbée par les bords et les points cônes). Un lien explicite est fait avec les
travaux de F. Hirzebuch ([354], [355]) qui mettent eux-mêmes l’accent sur le lien
entre singularités et fractions continues ([461] ch.II, [601] p.95). L’invariant êta
joue le rôle d’un polynôme cyclotomique infini, laissant imaginer qu’un nouveau
”Jugendtraum” plus vaste peut être énoncé, lié aux variétés abéliennes et à des
invariants combinatoires à préciser ([280] [366]), à la géométrie non commutative
[519], voire à une théorie du corps de classe non commutative [378] [379]. Derrière
ces sujets se trouvent la description des singularités isolées des surfaces et la correspondance de McKay [406] [382] [548] [853] [798] (p. 72-89) [216] [455] pour
la résolution par les courbes exceptionnelles et les singularités rationnelles A-D-E,
la dualité étrange d’Arnold et la formule de Verlinde, les diagrammes de Dynkin
[289] [228] [280] [650], les formes quadratiques [237] [225] [550], les noeuds et leur
monodromie [486] [806] [860] [868], les modules de Verma et les systèmes de poids
[695] [694] [523], la théorie de Galois différentielle [312] [662] [405] [68], la théorie
de la représentation des algèbres de dimension infinie et les conséquences qu’elle a
pour l’étude de fonctions spéciales utiles à la physique [110] [234] [404] [606] [796]
[800], les lois de réciprocité plus générales [276] [277] [278] [101] [207] [328] [341]
[388] [351] [60], une théorie non commutative du corps de classe étroitement liée
à la cohomologie [379] [388] et à la conjecture de Riemann [50].
10. Une perspective globale en guise de conclusion
On a décrit dans ce qui précède plusieurs pistes de généralisation de la théorie
de Markoff :
• Par le calcul des fractions continues, on a mis en évidence des équations
diophantiennes M s1 s2 (b, ∂K, u) plus générales que l’équation classique de Markoff
M ++ (2, 0, 0). On a montré comment les résoudre, ainsi que le lien avec le groupe
du triangle et GL(2, Z) qui le contient.
• Par l’étude géométrique des tores percés, on a montré que l’équation de
Markoff M ++ (2, 0, 0) permet la description de tous les tores percés paraboliques.
On a également montré que nos équations M s1 s2 (b, ∂K, u) apparaissent dans l’étude
générale des tores percés et ont un lien avec des pinceaux de coniques et un groupe
libre à deux générateurs qui existe dans ce contexte. On a également trouvé dans
ce contexte d’autres équations permettant la description de tous les tores percés
hyperboliques.
• En se limitant aux surfaces de Riemann dont le revêtement conforme est le
demi-plan de Poincaré, on a montré qu’une généralisation naturelle de la théorie
de Markoff est la théorie de Teichmüller. Ceci a permis de faire le lien avec des
équations diophantiennes plus générales ayant des caractéristiques analogues à
celle de Markoff, et éventuellement plus de variables. On a identifié un cadre plus
général, celui des domaines de Riemann, où des résultats plus généraux existent.
L’équation que l’on considère apparaı̂t dans ce contexte comme liant les caractères
de la représentation du groupe de Poincaré que l’on considère.
Le présent chapitre a exploré ce qui concerne les surfaces de Riemann, et on y
a intégré dans chaque paragraphe différentes perspectives pour des travaux futurs
118
5. GÉNÉRALISATION AUX SURFACES DE RIEMANN
sur lesquelles on ne revient pas ici. Certains sujets importants ont été laissés de
côté que l’on mentionne pour mémoire :
• L’analyse harmonique non commutative [316] et tous ses développements
obtenus en considérant les mouvements décrits par des points sur des courbes d’une
surface de Riemann. Cette théorie diffère de l’analyse harmonique commutative
développée sur la surface de Riemann dans l’esprit de [778] (chapitre 3). Dans
différents cas, ce mouvement peut être décomposé selon des mouvements sur des
géodésiques correspondant aux générateurs du groupe de Poincaré de la surface.
Une telle approche peut mener à des équations différentielles dont on a laissé de
côté l’étude dans ce qui précède. Sur les tores percés on renvoie à [134] qui s’est
inspiré des travaux originaux de Poincaré pour décrire les équations possibles et à
[312] pour l’approfondissement de ce sujet qui a conduit aux théories de PicardVessiot et Drach ainsi qu’à une théorie de Galois spécifique.
• Le lien avec la théorie des tresses et des noeuds a été à plusieurs reprises
évoqué. La relation avec les développements qui précèdent est assurée par une
construction d’Ivanov [383]. Soit M une surface de Riemann possédant un nombre
fini de trous. En collant des disques fermés sur tous les trous de M, on fabrique une
surface compacte N . Les difféomorphismes M → M donnent des difféomorphismes
N → N , d’où un homomorphisme canonique surjectif de ΓM dans ΓN . Son noyau
est le groupe des tresses Bn (N ), où n est le nombre de trous de la surface M. Ceci
permet d’expliciter le lien avec l’étude des noeuds rationnels, les ”rational tangles”
de Conway ([575] ch.9, [414]) liés aux fractions continues et qui sont utilisés dans
certaines applications à la recombinaison des enzymes et de l’ADN [771] [247] [202]
[407] [113] [697].
• La théorie des dessins d’enfants [54] [317] [398] [495] [823] (p. 99) a été
très peu évoquée. Son développement en dimension supérieure est envisageable. Son
analogie avec différents travaux d’astronomes sur la forme cristallisée du vide quantique est éclairante [469] [785]. Plus généralement d’ailleurs tous les développements
qui ont été présentés autour des surfaces de Riemann permettent de comprendre des
travaux contemporains de physique qui leur donnent une nouvelle importance pour
les applications [551] [190]. On a évoqué le lien avec les solitons [557] (ex. 2, p. 91)
[53] [292] pour lesquelles on peut généraliser la démarche qui précède. Mais l’invariant êta semble posséder dans ce contexte une importance fondamentale, comme
s’il était lié à l’énergie du vide quantique et à ses infinies vibrations élémentaires,
pourquoi pas au bruit en 1/f sous-jacent au bruit de fonds de l’univers créé par la
singularité du Big Bang rendant sa géométrie hyperbolique ?
Les problèmes que l’on a abordés dans le présent chapitre concernent essentiellement la théorie de Teichmüller sur les surfaces de Riemann et les fonctions
modulaires. On a cherché à comprendre comment ils sont liés à des problèmes non
résolus d’une grande actualité : l’hypothèse de Riemann, la conjecture de Poincaré,
la conjecture de Hodge [479], la conjecture de Birch et Swinnerton-Dyer [845], l’explication du défaut de masse dans les équations de Yang et Mills ([582] (chapitre
VIII) [580] (chapitre 10)), etc. C’est pour comprendre le contexte de ces sujets
que notre approche a été développée, avec l’idée de faire un lien avec les méthodes
de l’analyse spectrale. Les relations avec des espaces de Hilbert et des C ∗ -algèbres
d’opérateurs a été creusé même si on reste loin du compte pour ce qui concerne
10. UNE PERSPECTIVE GLOBALE EN GUISE DE CONCLUSION
119
la présentation de l’appareillage mathématique nécessaire [841] [847] [813]. La dimension 2 a été privilégiée parce que l’on a travaillé essentiellement sur les surfaces
de Riemann. Or elle présente des différences qualitatives très importantes par rapport aux dimensions supérieures où l’on a vu que l’on pouvait aussi généraliser la
théorie de Markoff. Par exemple le lien donné par le théorème de Dehn-Nielsen
entre homéomorphisme et transformation conforme n’est plus si direct dans les
dimensions supérieures à 2.
Au terme de ces réflexions, ce qui paraı̂t à l’auteur le plus fascinant est le
lien avec la nature du calcul [259] [56] [743] [613] et la théorie algorithmique de
l’information. L’idée qui se développe aujourd’hui est que les calculateurs ont un
modèle mécanique quantique et que ce dernier est le développement naturel du calcul classique, de la même façon que la mécanique quantique succède à la mécanique
classique. Comme si l’analogie chère à Weil, qui a été citée à plusieurs reprises
[834] [200], débouchait sur une interaction beaucoup plus profonde que l’on pourrait désigner par le vocable de quantification de la logique, d’ailleurs entrevue par
John von Neumann [73] et bien décrite dans [830]. Il reste largement à formaliser
cette analogie que Rolf Berndt résume dans son panorama des travaux de E. Kähler
par les correspondances suivantes [64]
anneau → objet,
homomorphisme → perception,
idéal → perspective,
corps de Galois → oscillateur.
La dernière correspondance avec les oscillateurs peut surprendre, mais elle a été
entrevue dans ce qui précède et est clairement apparente dans différents travaux
tels que [76] [746] [655] [79] [668] [660] [566]. Elle permet d’envisager une interprétation quantique de l’arithmétique, le nombre 1 étant représentable comme un
oscillateur de fréquence ν, le nombre 2 correspondant à un oscillateur de fréquence
2ν, et ainsi de suite... On pourrait ainsi comparer la relation d’incertitude de Heisenberg au résultat bien connu d’indécidabilité de Gödel, et imaginer que les arbres
constituent un moyen privilégié de concentration de l’information qui n’est pas
indépendant de ces questions. Le dixième problème de Hilbert pourrait lui-même
induire une explication comparable [529] (ch.3-4).
L’analogie de Weil pourrait quant à elle déboucher sur une compréhension plus
profonde du codage quantique de l’information [56] [57] [743] [195] [656] [595].
Dans le domaine du calcul algorithmique, la quantification est en effet désormais à
l’oeuvre [259], comme sont à l’oeuvre les solitons dans la transmission à distance de
l’information et le traitement optique dans certains équipements expérimentaux qui
seront utilisés dans l’Internet du futur. Dans le domaine de la représentation, les surfaces de Riemann interviennent dans la théorie de la vision des objets [760] [702]
et de processus non linéaires [634] (p. 304). La caractéristique d’Euler-Poincaré
et les anneaux de Grothendieck apparaissent dans les structures algébriques les
plus générales et les ensembles définissables [447], laissant imaginer la possibilité
d’associer fonctoriellement à chaque objet ainsi structuré une surface de Riemann.
Les limites techniques ressemblent à celles, plus fondamentales, qui viennent d’être
120
5. GÉNÉRALISATION AUX SURFACES DE RIEMANN
évoquées [488] et qui ont une résonance dans l’impossibilité de prévoir le mouvement de certains systèmes mécaniques [560] [613] (p.202). Faut-il interpréter l’incertitude de Heisenberg comme une limite algorithmique imposée par les moyens
logico-mathématiques que nous utilisons pour penser la physique ? En tout cas le
calcul intégral lui-même a des limites qui ont une importance dans ces questions
de calculabilité et impactent les résultats de la mécanique même [529] (p. 193),
sachant qu’il est concevable sans dépense d’énergie et sans accroissement d’entropie physique [195] (p. 27). Il y a là tout une perspective globale de réflexions
concernant la nature informationnelle et vivante de la mathématique que l’auteur
voudrait approfondir en examinant de plus près l’intuition que mathématique et
théorie de l’information sont une seule et même chose.
On conclut sur une pensée d’Alexandre Grothendieck qui est exprimée dans
son Esquisse d’un Programme. Elle résume à elle seule la façon dont l’auteur du
présent texte conçoit sa propre démarche de recherche :
”...la démarche de la pensée qui sonde et qui découvre,
en tatônnant dans la pénombre bien souvent, avec des trouées de lumière
subite quand quelque tenace image fausse, ou simplement inadéquate,
se trouve enfin débusquée et mise à jour,
et que les choses qui paraissaient de guingois se mettent en place,
dans l’harmonie mutuelle qui leur est propre.”
Metz, février 2003.
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Table des matières
1. Remerciements
2. Présentation générale
4
5
Chapitre 1. Généralisation de la théorie de Markoff
1. Introduction
2. Présentation de la théorie
2.1. Notations
2.2. Forme de Markoff
2.3. Réduction
2.4. Calcul des constantes et approximation diophantienne
2.5. Extrema positif et négatif
2.6. L’équation de Markoff généralisée
2.7. Autres démontrations
2.8. Complément
3. Perspectives
13
13
13
13
15
15
16
17
18
19
20
20
Chapitre 2. Résolution complète de nos équations
1. Introduction
2. Méthode de résolution et conséquences
2.1. Invariance par le groupe du triangle
2.2. Différentes structures d’arbres sur le groupe du triangle
2.3. Le groupe du triangle dans GL(2, Z)
2.4. Forêt et bouquets de solutions
2.5. Hauteur et réduction des triplets de solutions
2.6. Solutions fondamentales dans (N\{0})3
2.7. Solutions minimales dans (N\{0})3
2.8. Les triplets de Cohn et leur utilisation
2.9. La construction algorithmique à droite et à gauche
2.10. Conséquence pour la résolution de nos équations
2.11. Construction des suites de départ X2 et T
2.12. Remarques complémentaires
2.13. Un exemple d’application
2.14. La condition de divisibilité équivalente et ses conséquences
2.15. Le cas des équations où u = 0
2.16. Application à l’étude du spectre de Markoff
3. Perspectives
21
21
21
21
22
23
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Chapitre 3. Approche algébrique
1. Introduction
2. Lien de nos équations avec des corps quadratiques réels
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TABLE DES MATIÈRES
2.1. Construction de Z-modules complets
2.2. D’autres Z-modules complets
2.3. Une décomposition en produit
2.4. Equation d’un Z-module complet quelconque
3. Lien de nos équations avec les courbes elliptiques
3.1. Un exemple
3.2. Cas singuliers
3.3. Cas général
3.4. Description géométrique de la surface cubique
4. Perspectives
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Chapitre 4. Approche analytique
1. Introduction
2. Construction de tores percés conformes
2.1. Les deux matrices d’un tore percé conforme
2.2. Le groupe fuchsien d’un tore percé conforme
2.3. Hyperbolicité des deux matrices d’un tore percé
2.4. Intervention des commutateurs
2.5. Tores percés paraboliques et hyperboliques
2.6. Une représentation à trois paramètres
2.7. Autre représentation à quatre paramètres
2.8. Rôle des transformations anti-conformes
3. Signification géométrique de nos équations
3.1. Cône attaché à un tore percé
3.2. Lien avec nos équations M s1 s2 (b, ∂K, u)
4. Théorie complète pour les tores percés paraboliques
4.1. Représentations à deux paramètres
4.2. Des exemples de tores percés paraboliques
4.3. Classification des groupes de Fricke par les triplets de traces
4.4. Réduction des tores percés paraboliques
4.5. Module d’un tore percé conforme parabolique
4.6. Apparition des quaternions
5. Perspectives
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Chapitre 5. Généralisation aux surfaces de Riemann
1. Introduction
2. Rappels succincts sur les surfaces de Riemann
2.1. Uniformisation des surfaces de Riemann
2.2. Surfaces de Riemann définies par un groupe fuchsien
2.3. Autre anti-équivalence de catégories
2.4. C ∗ -algèbres
2.5. Prolongement des surfaces et espèces de groupes fuchsiens
2.6. Groupes fuchsiens élémentaires
2.7. Signature d’un groupe fuchsien
2.8. Invariant d’Euler-Poincaré
2.9. Géométrie symplectique
2.10. Approche topologique du groupe de Poincaré
2.11. Approche conforme du groupe de Poincaré
2.12. Remontée à un groupe de matrices
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TABLE DES MATIÈRES
2.13. Le théorème de Poincaré
2.14. Groupes de Coxeter associés
2.15. Groupes de triangle hyperboliques
2.16. Jacobienne et fonctions thêta
2.17. Fonctions automorphes
3. La théorie de Teichmüller généralisant celle de Markoff
3.1. Représentations du groupe de Poincaré
3.2. Equivalence des représentations et réduction
3.3. Groupes fuchsiens arithmétiques
3.4. Compléments sur les représentations de groupes
3.5. La présentation classique de la théorie de Teichmüller
3.6. Compactification de l’espace de Teichmüller
3.7. Espaces de Stein et domaines de Riemann
4. Codage des géodésiques
4.1. Décomposition du groupe des classes d’applications
4.2. Codage des géodésiques
4.3. Dynamique symbolique
4.4. Approche ergodique
5. Ubiquité de la fonction êta de Dedekind
5.1. Les fonctions thêta
5.2. Lien avec le codage de l’information
5.3. Lien avec l’équation de la chaleur
5.4. Les quatre fonctions thêta habituelles
5.5. Expressions avec la fonction êta de Dedekind
6. Approche hypergéométrique de la théorie de Markoff
6.1. Relation avec une fonction elliptique
6.2. Sphère à trois piqûres et invariant modulaire
6.3. L’étude hypergéométrique des relations de H. Cohn
7. Approche par la double uniformisation
7.1. Une construction générale
7.2. Notions attachées au tore T
7.3. Notions attachées à un tore percé T \{p}
7.4. Interprétation géométrique de la double uniformisation
8. Approche par le chaos quantique
8.1. Quelques exemples
8.2. L’intégrale de pas de Feynman
8.3. Cas de l’oscillateur harmonique quantique
8.4. Le chaos quantique et les géodésiques
8.5. Application à la théorie de Markoff
9. Quelques thèmes de réflexion connexes
9.1. Liens avec les fibrés vectoriels et la K-théorie
9.2. Lien avec les fonctions zêta
9.3. L’automorphie de la fontion êta liée au nombre d’or
9.4. Lien avec des espaces topologiques plus généraux
10. Une perspective globale en guise de conclusion
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