Techniques & Culture
Revue semestrielle d’anthropologie des techniques
48-49 | 2007
Temps, corps, techniques et esthétique
Continuités et ruptures
De Techniques & culture à… Techniques & culture
Frédéric Joulian et Robert Cresswell
Édition électronique
URL : https://journals.openedition.org/tc/2172
DOI : 10.4000/tc.2172
ISSN : 1952-420X
Éditeur
Éditions de l’EHESS
Édition imprimée
Date de publication : 12 décembre 2007
ISSN : 0248-6016
Référence électronique
Frédéric Joulian et Robert Cresswell, « Continuités et ruptures », Techniques & Culture [En ligne], 48-49 |
2007, mis en ligne le 28 août 2008, consulté le 29 septembre 2022. URL : http://
journals.openedition.org/tc/2172 ; DOI : https://doi.org/10.4000/tc.2172
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Continuités et ruptures
Continuités et ruptures
De Techniques & culture à… Techniques & culture
Frédéric Joulian et Robert Cresswell
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Avec la livraison de ce numéro double de Techniques & culture, la revue souhaite
informer ses lecteurs de la nouvelle ligne éditoriale que nous inaugurerons avec le
numéro suivant. Pour un temps, le label « nouvelle série », marquera tout à la fois la
continuité axiomatique avec la revue telle qu’elle s’est développée depuis le début des
années 1980 et le renouveau formel que nous engageons dans une action que nous
espérons structurante et au long cours. L’objectif général est bien sûr de rendre compte
des rapports entre « technique et culture, techniques et cultures, technique et cultures,
techniques et culture », et, plus sérieusement, de rapporter et structurer l’extrême
diversité des recherches attentives à la matérialité des activités humaines dans le
temps et l’espace.
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Ce numéro intermédiaire entre la formule précédente et la nouvelle, nous permet
d’œuvrer à la mise en place d’une nouvelle architecture (principalement thématique) et
d’un nouveau fonctionnement dont nous verrons les fruits avec les numéros de l’année
2009. En attendant ces nouvelles productions, nous souhaitons rendre compte ici d’un
certain nombre de changements opérés au cours de l’année 2007. La direction de la
revue a élu un nouveau rédacteur en chef, Frédéric Joulian, succédant à Jean-Luc
Jamard, arrivé au terme de son mandat en 2006. Parallèlement à cela, la rédaction a
déménagé de Paris à Marseille au sein de l’unité de recherches « Sociologie, histoire et
anthropologie des dynamiques culturelles » (EHESS- CNRS), au Centre de la Vieille
Charité. La nouvelle formule sera mise en place dans les prochains numéros. Elle est le
résultat d’un travail —souvent invisible— d’une communauté de chercheurs discrets
mais actifs que l’on ne mentionne généralement pas, mais sans laquelle les revues
scientifiques ne pourraient correctement fonctionner.
3
Le comité de rédaction est en cours de restructuration et se voit rééquilibré vers de
nouvelles disciplines (sociologie, histoire de l’art, communication, muséologie) qui
invitent la publication à une ouverture thématique plus large, mais également, à un
équilibre disciplinaire qui s’était quelque peu défait au fil des ans.
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Les différentes opérations administratives (récupération des textes, déménagement,
concours, recrutement de personnels, aménagement du bureau, recherche de nouveaux
financements) pour développer une nouvelle maquette furent laborieux. L’installation
de la revue devrait cependant s’achever dans les semaines à venir. L’écart important
entre la livraison du numéro 46-47 (made in Paris) et du numéro 48-49 (made in
Marseille) s’explique par des changements administratifs importants qui sont
heureusement en voie d’achèvement. Nous tenions à nous en excuser auprès des
lecteurs. Le bon fonctionnement d’une revue exige la présence de personnel compétent
que nous avons recruté au cours de l’année 2007. Le nouveau secrétariat de rédaction
s’est engagé avec enthousiasme sur ce projet de refonte et de développement de la
revue et nous tenons dès à présent à l’en remercier.
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Les grandes lignes directrices de réorganisation développées ci-dessous devraient
permettre tout à la fois d’inscrire régionalement cette revue nationale et de la
redéployer par de nouveaux supports vers un public plus large et international.
Rappel du contexte scientifique et des enjeux éditoriaux
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La revue Techniques & culture correspond à un projet éditorial lancé en 1983 par Robert
Cresswell (son directeur actuel) et un collectif de chercheurs en sciences sociales
embarqués dans un débat intellectuel exigeant sur les techniques, l’économie, la
culture matérielle et le social dans les années 1970 et 1980. Ce groupe de chercheurs,
ouvert et sensible aux dimensions sociales et culturelles des techniques, sut, face aux
courants dominants de l’anthropologie culturelle des années 1970, développer cette
revue interdisciplinaire originale et ouverte tant aux aspects empiriques que
théoriques d’étude des techniques. Elle fut d’abord un lieu de confrontation d’idées et
de méthodes en des temps où l’épistémologie, le terrain, le matériel, le symbolique et
l’économique bavardaient difficilement autour d’une même table. Nous ne rappellerons
pas la mythique césure de l’anthropologie entre Levi-Straussiens et Leroi-Gourhaniens,
ni les ruptures entre les divers courants matérialistes de l’anthropologie, ou entre
l’anthropologie et l’histoire, tant elles semblent désormais datées et peu adéquates.
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Les temps ont changé, les débats se sont apaisés ou reconfigurés ailleurs, mais, entretemps les disciplines des sciences sociales se sont spécialisées, technicisées et souvent
cloisonnées. Dans le panorama actuel de la recherche, les sciences de l’homme et de la
société ont de plus en plus de difficultés à tenir une position ferme tant elles sont prises
entre deux tendances, celle qui s’observe dans un relativisme « mou », celui des Cultural
Studies ou celui de l’essayisme psychologique ou philosophique à la française et celle,
tout aussi répandue, d’un matérialisme positiviste (emprunté aux sciences de la nature)
à très fort impact actuel sur les SHS. Ajoutons à ce constat par trop schématique que les
programmes épistémiques et empiriques élaborés tout au long des traditions
européanistes de recherches, tant en sociologie qu’en anthropologie ou en histoire, ont
quelques difficultés à s’exprimer dans les cadres utilitaristes et brefs des politiques
actuelles de recherche.
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Face à cette polarisation « relativisme/matérialisme » improductive, la revue
Techniques & culture dispose d’atouts remarquables (ses objets médians de réflexion, son
héritage intellectuel, son interdisciplinarité, son ouverture thématique, etc.) qu’il
importe plus que jamais d’afficher et d’amplifier, tant pour des raisons heuristiques que
politiques.
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Nous observons aujourd’hui un retour sans précédent du monde matériel et de la
matérialité, dans les recherches anglo-saxonnes (cf. la revue anglaise Journal of Material
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Culture) ou dans les grands projets muséographiques français (musée du quai Branly ou
musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée). Or, ce retour du matériel se
fait bien souvent « hors-sol », comme les tomates, belles, lisses mais sans goût, texture
ni odeur, autrement dit, ce retour se fait sans les techniques, sans le social,
l’économique ni les hommes et les femmes qui vont avec. L’idéel et le matériel sont bien
souvent vidés de leur substance.
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Au passage, rappelons une banalité : une science sociale n’est sociale que si elle
contextualise, historicise, théorise des faits sociaux, qu’elle cadre, compare et
coordonne, sinon elle ne fait que « taxidermer » ou reproduire un discours dominant :
que ce soit les objets, les arts, les sociétés ou les idées. Le rôle d’une revue et des
programmes de travail nationaux et internationaux sur lesquels elle s’adosse doit au
contraire faire percuter ensemble idées et terrains, histoires de vies et modèles
d’intellection, puiser aux expériences de la recherche en train de se faire, en un mot,
initier plutôt que suivre.
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La revue qui revisiterait ses meilleurs écrits, et qui avancerait un projet ambitieux de
réintroduction des objets, des techniques et des dynamiques sociales et culturelles au
milieu de la « primitivité », de l’esthétisation et du relativisme actuels mais aussi au
milieu des différents courants tendant à naturaliser le social, n’aurait pas seulement
l’écoute et l’estime de ses pairs, mais aussi celle d’un public de plus en plus averti et sur
sa faim en matière d’ailleurs et d’autrui, de distinction humaine, pour peu, bien sûr,
que l’on se donne les moyens d’être lus par un plus grand nombre.
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Lié à ce dernier aspect, nous aimerions également rappeler une autre banalité : un
champ de recherche dynamique ne craint pas de s’exposer, de se confronter aux autres
courants de pensée et d’être largement diffusé. Il entre d’ailleurs dans les obligations
des chercheurs de diffuser leurs recherches plus loin que vers leurs pairs. La réussite de
certaines revues de sciences humaines en France devrait, à titre d’exemple, nous faire
réfléchir de façon fine au lectorat actuel et potentiel de Techniques & culture. Il n’est
bien sûr pas nos visées de faire une revue de kiosque, mais, diffuser de façon large, dans
les librairies, les musées ou les centres culturels en France et à l’étranger, nous semble
cadrer idéalement avec le profil de la revue telle que nous l’envisageons. En bref, à ce
jour, doit-elle être lue par d’autres lecteurs que les seuls étudiants et chercheurs en
archéologie, anthropologie ou histoire ? La réponse est évidemment positive. À nous de
définir comment, au cours de l’année 2008.
Les grandes lignes éditoriales envisagées
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Voici, de façon résumée, les quelques orientations que nous souhaitons développer
dans les mois à venir.
Une revue interdisciplinaire sur les rapports entre technique et culture
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Les techniques sont par essence transversales et ne peuvent s’appréhender
correctement qu’à l’aide de plusieurs lentilles disciplinaires. De même, « la » ou « les »
cultures comme objets fondateurs res aspects des sociétés, elles jouent comme des
révélateurs originaux des relations et des dynamiques sociales. Ce qui signifie en
conséquence que ni les techniques ni la culture ou « les » cultures ne peuvent
constituer une fin en soi. Pour le dire autrement, la « technologie » —fût-elle
« culturelle »— comme discipline unificatrice serait utopique en ce début de XXI e siècle.
15
L’état des acquis et des malentendus des études sur les relations entre techniques et
cultures pourrait être fait, par exemple, en reprenant les textes fondateurs ou
marquants de la revue et en les mettant en miroir avec les textes actuels portant sur les
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mêmes sujets ou des sujets similaires. Ce « best of » des textes passés et sub-actuels sur
les rapports entre « techniques et cultures » est encore à réaliser, mais nous semble un
des chantiers épistémiques transversaux possibles pour cette revue. Nous nous y
attacherons en 2009 avec pour objectif une anthologie (ou « reader ») sur l’école
française de technologie culturelle, vraisemblablement sous format électronique et
papier.
16
Faire le point sur l’état des recherches sur les techniques signifie également sortir du
débat de spécialistes, et en premier lieu, d’écrire pour son voisin d’Amérique latine,
d’Océanie ou… de discipline, donc pour un archéologue, d’exposer et d’écrire pour être
compris d’un sociologue, ou, pour un anthropologue, de sortir des « entendus » propres
à son champ.de l’anthropologie sortent du seul registre de compétence de la discipline
et alimentent de nos jours les réflexions d’innombrables courants et disciplines des
sciences humaines. Le rééquilibrage et la représentation de disciplines autres que
l’anthropologie au sein du comité de rédaction et des publications à venir s’opèrent
donc dans cette perspective.
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Les techniques exemplifient des médiations entre la nature (physique et construite) et
les dispositifs culturels extrêmement variés des sociétés humaines et pré-humaines. Les
techniques (les objets, gestes, programmes, etc.) constituent bien souvent des accès
privilégiés à d’aut
Une revue principalement thématique fondée sur des journées scientifiques
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La revue n’est aujourd’hui plus organiquement rattachée à un laboratoire du même
nom et souhaite orienter ses choix éditoriaux sur la base d’un dialogue collectif qui
s’appuie sur des enseignements et des journées régulières de rencontres scientifiques
qui permettront de faire émerger les thèmes les plus innovants en matière de
techniques et de cultures. Ce qui signifie aussi de se fonder davantage sur l’actualité de
la recherche (les grands programmes de terrain en cours, les colloques les plus
originaux en matière de recherche dans le domaine, etc.).
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Toutes sortes de thématiques sont par conséquent envisageables à partir du moment où
elles entrent dans un format construit, comparatif et interdisciplinaire (les articles
hors thème pouvant toujours être présentés en varia). Nous n’oublierons pas non plus
de réaffirmer l’axe un peu négligé ces dernières années d’ouverture aux objets
contemporains, du low-tech au high-tech, des traditionnelles questions sur les rythmes
d’évolution à celles du genre des techniques, celles développées par le courant des
usages ou celles de l’ethnographie cognitive.
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Passer d’une revue semestrielle —et souvent avec des numéros doubles— à une revue
thématique, plus varia, paraissant trois fois l’an nous semble le but à viser, quitte à
diminuer la taille des volumes mais à assurer une parution régulière et fréquente sur
les portoirs des bibliothèques, des librairies ou des musées.
Une revue à visée internationale
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Une plus grande ouverture à l’interdisciplinarité, peut et doit s’accompagner d’une
confrontation et d’une diffusion internationale, les approches et disciplines ne se
traduisant pas toujours aisément d’un continent à un autre. Les champs disciplinaires
ont en effet souvent fini par s’isoler (et parfois réinventer la roue —avec un nouveau
vocabulaire— chacun de leur côté). Nous pensons en France au courant de la sociologie
des usages qui a ignoré celui de l’analyse des activités tel qu’il a été développé en
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anthropologie et qui s’exprimerait par exemple bien différemment dans un contexte
canadien, francophone ou anglophone.
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Les revues Réseaux, Publics et musées, Journal of Material Culture, Techniques & culture,
Terrain, Anthropologie et sociétés, œuvrent parfois sur des objets proches mais selon des
procédures et traditions scientifiques qui gagneraient à être débattues au sein de la
revue (à propos de la notion de « culture matérielle » par exemple).
23
Diffuser largement les recherches francophones sur les rapports entre techniques et
cultures signifie aussi s’engager et tenter de peser sur les problématiques standards de
la recherche actuelle. Les autoroutes thématiques : identity, gender, minorities, postcolonial studies, evolutionary studies, etc. de l’anthropologie, pour n’en citer que quelquesunes, sont incontournables, mais sont-elles les plus innovantes ou encore celles sur
lesquelles il convient de parier si l’on souhaite développer une voie spécifique aux
sciences humaines et sociales francophones ? Nous pouvons faire d’autres paris.
24
Selon nous, la revue peut et doit donc être conçue comme un observatoire et un lieu de
prospection et d’expérimentation. Elle sera diffusée sur Internet en anglais (et en
français) afin de donner à lire les différents travaux francophones au monde
académique anglophone, et en retour, de nous confronter à cet univers globalisé. Nous
procéderons par ailleurs à la numérisation de l’ensemble des numéros de la revue
depuis ses origines, de 1976 aux numéros déjà en ligne sur le site Revues.org (http://
tc.revues.org/).
Une revue utilisant au maximum la photographie et le graphisme
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Entre les revues d’exploration ou les catalogues d’art primitif sur papier glacé et les
revues austères, théoriques et lettrées des ethnologues ou historiens, il existe un
champ immense d’action dans lequel placer la revue Techniques & culture, à condition
bien sûr, d’y prêter une certaine attention et d’allouer les moyens qu’il convient.
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D’où le projet d’une revue savante avec une nouvelle maquette au design et au format
étudiés en fonction des contenus et des lectorats visés, mais, au premier chef,
amplement illustrée de photos couleur et noir et blanc, de dessins, de graphes de haute
qualité. Les images devront pouvoir être intégrées et commentées avec la même
attention que l’on accorde habituellement au texte, c’est ce qui fera aussi la différence
avec les ouvrages d’illustration ethnographiques ou à thèmes « sociaux » qui se
multiplient aujourd’hui mais qui ne reproduisent, bien souvent, sous des formes
esthétisantes, que des clichés éculés sur l’autrui, la nature ou les « arts dits premiers ».
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L’exposé photographique pourra appuyer la thèse scientifique, l’étayant et amenant un
plus grand nombre de lecteurs à saisir les propos. Au-delà de ce parti pris de
vulgarisation, il y a aussi l’idée qu’il importe, et cela plus précisément dans une revue
qui traite aussi de techniques et d’objets, de donner à lire et à voir, des hommes en
activité, des hommes en société et non des hommes « empaillés », esthétisés, hors du
temps. Le design graphique de la revue sera pensé en fonction de ce type de position
politique et non en fonction de tel ou tel « style » en vogue sur le net ou dans les revues
dites artistiques.
Des thèmes transversaux, entre empirie et théorie
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Si nous avons avancé un peu rapidement ce contraste entre revue littéraire, savante et
catalogues trop vite faits, c’était pour faire bref. Il existe bien sûr toute une gamme
intermédiaire de productions écrites et graphiques à laquelle cette revue de science ne
peut prétendre, mais, si l’on compare la classe des revues à laquelle elle appartient
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(L’Homme, Études rurales, Ethnologie française, Terrain, Gradhiva, Anthropologie et sociétés
pour ne prendre que les revues francophones d’anthropologie) nous opterons plutôt
pour une formule thématique « et » interdisciplinaire.
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Dès le numéro 50, la revue se présentera sous la forme d’un numéro à thème, ce thème
transversal étant abordé par différentes disciplines et suivi d’un ensemble d’articles
variés. Le lecteur aura donc « l’attendu » (le thème fondé sur des études de terrain pris
selon différents points de vue disciplinaires et problématisé par un responsable du
comité de rédaction et un spécialiste extérieur à la revue) et « l’inattendu », avec des
varia et une RAB (« Rubrique à Brac ») avec des « à propos » et pourquoi pas « des
objets du semestre » que nous inviterions chercheurs et amateurs à décrire et
commenter. Les actualités et comptes rendus trouveront plus idéalement leur place sur
le site Web de la revue.
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La revue privilégiera, thème par thème, l’activité scientifique dans toute sa chaîne de
production, de l’observation à la restitution la participation de philosophes, de
sociologues, d’archéologues, de muséologues ou de spécialistes des sciences de la
communication, favorisant ce redéploiement le travail sous forme de journées
critiques et interdisciplinaires assurant une exigence scientifique de qualité.
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À titre d’exemple, pour donner « matière à penser », comme l’écrivent certains de nos
collègues, voici quelques thèmes envisagés pour les numéros à venir : « les natures de
l’homme » « nouveaux regards sur les dynamiques culturelles » « hommes, objets et
musées de sociétés » « savoirs et techniques pastorales » « l’objet en procès » « gestes
et actions élémentaires sur la matière : quel bilan, quels projets ? » « le rendez-vous
français manqué de l’ethnoarchéologie ? » « l’efficacité technique, entre biologie et
culture » « arts, artisans, artistes » « objets et techniques du culte » « dispositifs
immatériels » « communautés de pratiques » « affordances et agencies » « usages
photographiques et “révolution” numérique » « cultures automobiles » …
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Ces quelques thèmes ont pour certains déjà trouvé preneur, pour les autres, à nous de
les construire, déconstruire, reconstruire, et bientôt, de vous les donner à lire.
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Nous espérons que ces propositions inédites (thématiques co-élaborées, graphies et
mise en ligne), amplifieront avantageusement la formule actuelle, sans trop la changer
toutefois. En étant fermes et systématiques dans leurs applications, ces propositions
devraient pouvoir assurer une meilleure audience nationale et internationale à la
revue.
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En attendant ces changements, nous sommes heureux, pour les auteurs en souffrance
et les lecteurs en attente, de vous livrer avec ce numéro 48-49 —le dernier de cette série
—, un ensemble de textes originaux sur différents terrains traditionnels et
contemporains en anthropologie et en histoire des techniques. Nous les avons
organisés en différents moments, intitulés « Temps, corps, techniques et esthétique »,
et cherché le mieux possible à composer textes et images. Ils donnent une idée de la
diversité des recherches sur les techniques que nous tenterons d’ouvrir et de structurer
encore plus fortement avec les numéros à venir.
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AUTEURS
FRÉDÉRIC JOULIAN
EHESS
[email protected]
ROBERT CRESSWELL
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