Recherches en didactique des langues et des
cultures
Les cahiers de l'Acedle
3 | 2008
Recherches en didactique des langues
La lecture en LE et le rôle de l'anaphore
Exemple de lecture d'un texte en français
Eldina Nasufi
Édition électronique
URL : http://journals.openedition.org/rdlc/2908
DOI : 10.4000/rdlc.2908
ISSN : 1958-5772
Éditeur
ACEDLE
Référence électronique
Eldina Nasufi, « La lecture en LE et le rôle de l'anaphore », Recherches en didactique des langues et des
cultures [En ligne], 3 | 2008, mis en ligne le 30 juillet 2008, consulté le 19 avril 2019. URL : http://
journals.openedition.org/rdlc/2908 ; DOI : 10.4000/rdlc.2908
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La lecture en LE et le rôle de l'anaphore
La lecture en LE et le rôle de
l'anaphore
Exemple de lecture d'un texte en français
Eldina Nasufi
Introduction
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La didactique, étant une discipline transversale, emprunte des notions et des méthodes à
différentes sciences telles que la linguistique, la sociologie, l'anthropologie. L'une des
sciences auxquelles elle se réfère pour améliorer l'enseignement / apprentissage, est la
linguistique textuelle. Dans les recherches à caractère didactique on donne de plus en
plus d'importance à l'étude des phénomènes textuels en ce qui concerne les différentes
compétences qu'un locuteur doit acquérir en langue étrangère. L'un des objectifs que la
didactique se donne est la lecture-compréhension du texte en langue maternelle ou en
langue étrangère. Très souvent, pour interpréter le processus de construction du sens
d'un texte, en didactique, on s'appuie sur les phénomènes de textualité, lesquels
constituent l'objet de la grammaire de texte.
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Notre objectif, dans cet article, est de voir certains aspects de la lecture en langue
étrangère à travers un des éléments les plus importants du texte, l'anaphore (ou
phénomène de reprise textuelle). Notre hypothèse est que l'anaphore occupe une place
importante dans la lecture du texte en langue étrangère et que ce phénomène est
important non seulement pour la compréhension superficielle du texte, mais aussi pour
sa compréhension en profondeur. Étant donné que l'anaphore est un phénomène
linguistique qui présente des particularités à travers ses différentes formes, il nous
semble opportun d'essayer de l'expliciter avant de décrire sa relation avec la lecture.
Nous essaierons ensuite de donner quelques principes de base de la lecture en langue
étrangère afin de mieux mettre en évidence ce qui relie les deux phénomènes.
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La lecture en LE et le rôle de l'anaphore
Les différents types d'anaphores
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L'objectif principal que nous avons quand nous rédigeons ou quand nous lisons, est que
l'ensemble des éléments auxquels nous avons affaire aient un lien cohérent. Qu'il s'agisse
d'un texte écrit ou oral, la cohérence en est la caractéristique fondamentale pour que
nous le considérions comme un texte. De nombreux éléments doivent s'enchevêtrer pour
que le texte ait cette caractéristique et ils sont assez hétérogènes. Ils peuvent concerner
aussi bien l'organisation générale du texte (comme, par exemple, les éléments cohésifs)
que l'organisation sémantique du texte (comme c'est le cas des éléments de la cohérence).
La cohésion et la cohérence sont étroitement liées l'une à l'autre, dans la mesure où la
cohésion aide au renforcement de la cohérence du texte. Parmi les éléments qui sont le
plus souvent mentionnés pour leur rôle dans la réalisation de la cohérence et de la
cohésion du texte on cite les connecteurs, les temps verbaux, les anaphoriques, la
progression thématique.
4
L'anaphore a été définie traditionnellement comme la « reprise d'un élément antécédent
dans un texte » (Pellat, Rioul & Riegel, 1994 : 160). Les expressions anaphoriques ne sont
pas autonomes, leur interprétation dépend d'une autre expression qui se trouve dans le
texte. Dans la phrase suivante nous pouvons voir concrètement ce phénomène.
C'était le premier été que j'ai passé parmi eux. Cet été-la j'ai appris
beaucoup de choses.
5
Dans cet exemple le terme « été » est repris par le terme « cet été-là » et pour que la
reprise ait du sens, il faut qu'elle trouve sa référence dans la partie antécédente du texte.
Il y a aussi des cas où le terme qui reprend se trouve devant celui qui est repris et, dans ce
cas, on parle de cataphore.
Cela seul me rend heureuse, ta réussite et ton succès.
6
Le pronom « cela » reprend les deux termes « réussite » et « succès ». L'expression
anaphorique en question ne suit pas, mais précède la partie du texte à travers laquelle
elle trouve son sens.
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L'anaphore est un phénomène très étudié et qui, par conséquent, reçoit différentes
dénominations, lesquelles varient en fonction de différentes caractéristiques que les
auteurs veulent mettre en évidence. Ainsi, on rencontre le terme de « diaphore » qui
englobe l'anaphore et la cataphore (voir Maillard, 1974). Existe également la dichotomie
« endophore / exophore » (Apothéloz, 1994). Cette deuxième dénomination se base sur le
fait que, dans le cas de l'endophore, l'expression complète son sens dans le texte et, dans
le cas de l'exophore, le sens est complété par la situation extralinguistique. En dehors de
ces appellations, on rencontre également les termes de « substitution », « expression
anaphorique » ou tout simplement « anaphoriques ». Riegel, Pellat & Rioul (1994)
proposent une classification des expressions anaphoriques.
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a) l'anaphore pronominale : reprise d'un terme à travers différents types de pronoms tels
que pronoms personnels, pronoms démonstratifs, pronoms possessifs, pronoms relatifs
ou pronoms indéfinis.
• Marie était la seule dont on n'avait pas parlé ce soir-là.
• La seule différence de ton devoir par rapport au mien est la forme et non pas le contenu.
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La lecture en LE et le rôle de l'anaphore
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b) l'anaphore nominale : reprise d'un terme à travers un nom ou un groupe nominal. Il
existe quatre groupes d'anaphores nominales :
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- l'anaphore fidèle, qui est la reprise d'un nom uniquement à travers le changement du
déterminant. (Louise a trouvé un chien dans la rue. Le chien aboyait sans cesse.)
11
- l'anaphore infidèle est la reprise à travers des changements lexicaux : le groupe nominal
anaphorique contient des éléments autres que ceux du terme précédent. (Louise a trouvé
un chien dans la rue. L'animal aboyait sans cesse.)
12
- l'anaphore conceptuelle est la reprise d'un groupe nominal ou d'un segment qui
n'apparaissent pas explicitement dans la partie précédente du texte. Elle résume le
contenu d'une phrase, d'un paragraphe ou d'un fragment de la partie du texte qui
précède. (Vous le retenez pour incapable. Votre préjugé est stupide. )
13
Très souvent, cette reprise prend la forme d'une nominalisation et, dans ce cas, le groupe
anaphorique contient un nom ou un groupe nominal formés sur une base verbale ou
adjectivale, qui apparaissent dans le contexte précédent. (Cette matinée-là, le vieux avait
marché longtemps au bord du lac. Son chien l'avait accompagné pendant toute la promenade)
14
- l'anaphore associative se base sur une relation de tout à partie. ( C'était des chevaux
étranges. Les sabots étaient petits, la crinière soyeuse). (tiré de Maingueneau, 1994 :152)
15
c) l'anaphore adverbiale est la reprise d'un terme à travers un adverbe du type « ainsi »,
« pareillement » ou de l'adverbe de lieu « là ».
• Sa mère le priait d'aller chez le dentiste, mais c'était justement là qu'il ne voulait pas aller.
d) l'anaphore verbale se réalise au moyen du verbe « faire », qui représente un verbe
dénotant un processus.
• On n'agit pas comme vous faites. (Molière, exemple tiré de Riegel et al., 1994)
e) l'anaphore adjectivale utilise l'adjectif « tel » pour représenter une proposition
précédente.
• On vous a dit que la décision était sévère, je vous dis que je ne partage pas une telle opinion.
16
Cette typologie des anaphoriques peut être complétée par une classification vue sous un
autre point de vue, que donne Jaspersen (1993). L'auteur propose une liste très
intéressante et riche des expressions anaphoriques qui ont comme premier terme une
préposition.
• À : à cet effet, à ce niveau-là, à ce rythme-là, à ce sujet.
• DE : de ce coté-là, de cette manière, du même style.
• DANS : dans cette acception, dans ce cadre, dans ce cas, dans ce climat, dans ces conditions,
dans ce contexte, dans ce domaine, dans cette optique, dans cette perspective, dans ce
secteur.
• SOUS : sous cet angle, sous cet aspect, sous ce rapport.
• SUR : sur ce plan, sur ce point, sur la question, sur ce thème.
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Ces expressions anaphoriques sont très variées ; ce qui les relie est qu'elles sont
particulièrement dépendantes de la partie du texte à laquelle elles se réfèrent. En général
elles ne reprennent pas un terme spécifique, mais des parties du texte, syntagmes,
phrases ou groupes de phrases.
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En linguistique textuelle, les anaphoriques sont étudiés pour leur rôle dans la cohésion et
la cohérence du texte. Les anaphoriques à base pronominale sont étudiés surtout pour
leur rôle cohésif, ils réalisent la continuité des idées dans le texte, mais en général euxmêmes ne contiennent pas d'informations nouvelles. L'anaphore nominale, en particulier
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La lecture en LE et le rôle de l'anaphore
celle du type non fidèle ou l'anaphore associative, qui peut apparaître sous différentes
formes, est mentionnée pour son rôle dans l'introduction de nouvelles idées dans le texte
et pour l'information nouvelle qu'elle contient. Cela concerne son aptitude à assurer la
progression thématique du texte. Les anaphores réalisent la progression en assurant le
lien thème / rhème (information donnée / information nouvelle) d'une phrase à une
autre.
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Après avoir donné une liste des phénomènes anaphoriques, nous allons voir quels types
de processus sont mis en œuvre pendant la lecture en langue étrangère.
La lecture et l'anaphore
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En tenant compte des explicitations que nous avons données sur l'anaphore et la lecture,
on peut comprendre que l'anaphore intervient assez souvent dans le processus de lecture.
Mais pour rendre encore plus claire cette idée, nous avons choisi comme exemple un
texte en français. Il s'agit d'un texte relativement long, que nous avons travaillé avec un
public d'étudiants albanais en première année d'études de FLE (français langue étrangère)
à la faculté des langues étrangères à Tirana. Notre intention était de voir dans quelle
mesure les anaphoriques influencent la construction du sens du texte. Pour pouvoir
répondre à ces questions, nous avons proposé deux formes de questions de base.
• De quoi s'agit-il dans ce texte ? Faites un résumé en 4-5 lignes.
• Dites combien de personnages il y a dans ce texte et soulignez les différents termes qui
reprennent chacun d'eux (soulignez avec une ligne les termes qui reprennent le premier
personnage, avec deux lignes les termes qui reprennent le deuxième personnage et ainsi de
suite).
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Nous avons constaté que la lecture de ce texte a été un échec, 86 % des étudiants n'étaient
pas en état de dégager les principales idées du texte et par conséquent ne pouvaient pas
faire le commentaire non plus. Nous présenterons ci-dessous le texte complet tel que
nous l'avons proposé.
Le fils
Il n'en avait plus parlé. Le soir il avait dit avec un calme terrible : « C'est fait. Il est
parti. Qu'on ne m'en parle plus ». Et cette vie-là avait commencé dès ce moment.
Une vie de calcul muet, de discrétion malade, de sous-entendus désespérés. Pendant
vingt ans il observa à la dérobée, sans un geste de trop, sans un regard accusé.
Pendant vingt ans il eut l'air de ne plus y penser.
Cela se passa dans un restaurant qu'il fréquentait pour son luxe et sa réputation. Il
le vit qui buvait un calvados avec l'air d'avoir réussi une bonne blague. Le garçon le
traitait comme on traite les grands quand on est garçon et qu'on vit de pourboires.
Il fallait s'avancer, lui parler, lui dire... lui dire quoi ? Justement. Lui dire quoi ? Il se
mit à construire des phrases. Lui qui séduisait tous les jours les jurés et les juges
plutôt retors. Il était à chercher ses mots comme à l'école lorsqu'on le questionnait
à l'improviste.
Tu sais... Il ne faut pas... Tu ne penses pas qu'il serait... Non. Non. Non. Cent fois
non. Ce n'étaient pas les mots. Ce n'était pas comme cela. Il lui faudrait du temps.
Une plume et du papier peut-être comme pour ses plaidoyers. L'autre appelait le
garçon. « Un calvados ! Un vrai s'il vous plaît ». Il aurait peut-être le temps de
trouver les premiers mots. Les premiers mots seulement. Après il lui semblait que
ce serait comme les choses qu'on savait par cœur et qu'un seul mot soudain
déclenche.
Il appela le garçon à son tour et demanda d'une voix rauque en articulant avec
effort : « Un cognac comme d'habitude, Marcel ». À ce moment, il sentit dans un
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La lecture en LE et le rôle de l'anaphore
mouvement de tête de son voisin une espèce de frémissement, et c'est sans bouger,
sans proférer ni geste ni parole qu'il vit son fils se lever lentement, posément, et
s'en aller en laissant cinq dollars sur la table au moment précis où Marcel
répondait : « Toujours le même, votre cognac, Monsieur Rivet ? ».
En rentrant à la maison, il dit d'un ton fort ordinaire, comme il aurait dit : « Une
journée de faite ! », « J'ai rencontré Jean-Louis aujourd'hui ». Et il ajouta en détail,
négligemment, comme d'une chose sans importance : « Nous ne nous sommes pas
parlé. »
Puis en ôtant son paletot devant la stupéfaction de sa femme muette d'angoisse :
« Je crois que c'est un homme ».
(G. Vigneault, texte tiré des Contes du coin de l'œil, dernière partie de Les Dicts du
Voyageur sédentaire, 1970).
22
Dans ce texte, un seul type d'anaphore a été utilisé, à savoir l'anaphore pronominale, qui
est réalisée à travers les pronoms « il », « lui » (dans le rôle du complément) et les
pronoms possessifs « son », « sa », « ses ».
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Dès le début, la difficulté principale des étudiants était de distinguer quels étaient les
personnages principaux du texte, ils ont mis du temps à lire et à relire les différents
passages. Le nombre de personnages n'était pas clair pour eux car tous les personnages
sont repris à travers les mêmes moyens textuels. Différentes interprétations sont
apparues ; la principale était celle selon laquelle il y a seulement deux personnages, le
père et le fils, ce dernier étant en même temps le garçon lié à l'endroit que fréquentait le
père. La plupart des étudiants considéraient donc le mot « garçon » comme anaphore de
« fils ». Très peu ont mentionné trois personnages dans le résumé qu'ils ont effectué.
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La raison principale de ces incertitudes est que le texte contient plutôt des éléments
cohésifs, des éléments qui aident donc à comprendre le texte en surface. Si nous nous
référons à la liste des indices que Moirand donne concernant la compréhension globale
du texte, nous avons justement affaire aux diaphores grammaticales. Mais, dans ce cas,
elles sont insuffisantes pour pouvoir comprendre le texte ; il faudrait mettre en œuvre les
stratégies que nous avons mentionnées ci-dessus. Dans ce texte, il y a bien sûr une
continuité d'idées, la relation entre elles est claire, mais la pauvreté des anaphoriques
pousse à l'emploi de stratégies de lecture qui viennent à l'appui de la compréhension du
texte. Nous nous référons dans ce cas à la stratégie de sélection de l'information
essentielle en fonction du projet de lecture et à l'anticipation. Dans ce cas, l'élément qui
concerne la sélection de l'information essentielle est le fait de se concentrer davantage
sur la partie où on mentionne le fils, le garçon et le père. Il est très important de
découvrir si le mot « garçon » constitue ou non une anaphore. Une autre stratégie, qui est
par exemple l'anticipation, concerne tout le texte, en particulier les réactions et les gestes
des personnages. Ainsi dans la phrase « Il appela le garçon à son tour et demanda d'une voix
rauque en articulant avec effort : 'Un cognac comme d'habitude, Marcel' », si le lecteur parvient
à comprendre que « il » est l'anaphore de « le père », il devient clair qu'il s'agit d'un
homme d'un certain âge, par conséquent on peut justifier et comprendre plus vite
(pourquoi pas prévoir) le fait que « il » a la voix rauque. Le lecteur peut donc mieux
comprendre cette partie du texte grâce au fait qu'il connaît l'élément auquel se réfère
l'anaphore « il ».
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Dans ce texte il faut, en particulier, avoir une aptitude à inférer pour pouvoir dénouer ''la
nuance sémantique'' qui empêche l'interprétation du texte. Cette nuance sémantique
concerne justement l'emploi de l'anaphore, et peut avoir comme conséquence soit le
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La lecture en LE et le rôle de l'anaphore
prolongement du processus de lecture, soit l'échec total de ce processus, soit l'emploi de
stratégies de lecture plus efficaces qui viennent d'être mentionnées.
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Nous avons fait une comparaison entre la version du texte qui contient uniquement des
anaphores pronominales et une autre version où les chaînes anaphoriques sont plus
riches et plus variées tout en gardant les mêmes référents. Nous avons ainsi formé la
chaîne anaphorique « l'homme, l'homme silencieux, l'avocat, l'avocat à succès, l'homme
de fer, du père, l'avocat, l'homme de fer » à la place de la chaîne que le texte d'origine
contient, à savoir les nombreux « il ». Nous avons également formé une seconde chaîne
anaphorique qui concerne le deuxième référent « le fils, le fils, du fils ». Nous avons
introduit ces modifications pour désigner avec des termes les référents « père » et « fils ».
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Nous avons réalisé cette transformation non pas pour juger le style de l'auteur, mais pour
que ces deux chaînes facilitent la construction du sens du texte. Dans ce cas, il est bien
évident qu'il ne faut pas mettre en œuvre beaucoup de stratégies supplémentaires pour
pouvoir comprendre et interpréter le texte globalement et en profondeur en même
temps. Après cette modification, les étudiants étaient en état de comprendre le texte et
d'en faire le commentaire par écrit.
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En se basant sur ce que nous avons écrit jusqu'à maintenant en ce qui concerne la lecture
et les anaphoriques et sur l'exemple que nous avons présenté, nous pouvons tirer des
conclusions importantes sur le rapport entre la lecture et les anaphores.
• Les anaphoriques jouent un rôle important dans la construction du sens d'un texte. Ils
orientent le lecteur dans la continuité des phrases et accélèrent le processus de lecture.
• Plus riche est la gamme des anaphoriques utilisés dans un texte, plus facile devient le
processus de lecture car le lecteur ne doit pas recourir à des stratégies complémentaires de
compréhension.
• Dans un texte long, l'emploi des anaphoriques paraît être un élément fondamental, étant
donné qu'il peut y avoir beaucoup d'éléments qui paraissent et réapparaissent dans le texte.
Plus le texte est long, plus il devient difficile de dégager les différents référents et les
reprises de ceux-ci dans le texte.
• En langue étrangère, le besoin de maîtriser dans un texte les éléments qui orientent la
lecture, comme l'anaphore, devient majeur.
• Les anaphores interviennent plutôt dans le modèle de lecture de haut en bas, parce que
celles-ci étant un phénomène textuel, elles ne sont pas interprétées dans le cadre restreint
de la phrase, mais dans un cadre plus vaste, qui est le texte. S'il s'agit donc de formulation
d'hypothèses de lecture, ces hypothèses ne peuvent pas être formulées dans le cadre de la
phrase.
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Dans le cadre de cet article nous avons essayé de mettre en évidence qu'entre l'anaphore
et la lecture il y a une relation de cause-conséquence. Il nous a semblé intéressant de
montrer ici un exemple d'un texte long qui peut, au mieux, donner une idée de ce lien
étroit entre les deux phénomènes qui nous intéressent ici. Étant donné qu'en Albanie les
anaphoriques et leur valeur dans un contexte d'enseignement / apprentissage d'une
langue étrangère, sont très peu étudiés, il nous semble important que ce thème puisse
être approfondi dans des recherches ultérieures.
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La lecture en LE et le rôle de l'anaphore
BIBLIOGRAPHIE
Apotheloz D. (1995). Rôle et fonctionnement de l'anaphore dans la dynamique textuelle. Genève-Paris :
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Cornaire, C. (1999). Le point sur la lecture. Paris : CLE International.
Gaonac'h D. (2000). « La lecture en langue étrangère : un tour d'horizon d'une problématique de
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Jaspersen, J. (1993). « Les locutions anaphoriques ». Le Français dans le monde, février-mars 1993.
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Maillard, M. (1974). « Essai de typologie des substituts diaphoriques ». Langue française, n° 21,
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Moirand, S. (1982). Enseigner à communiquer en langue étrangère. Paris : Hachette.
Riegel, M., Pellat, J.-P. & Rioul, R. (1994). Grammaire méthodique du français. Paris : Presses
universitaires de France.
RÉSUMÉS
Dans cet article nous traiterons le lien entre le phénomène textuel de l'anaphore et la
compréhension du texte en langue étrangère (LE). Pour voir dans quelle mesure les anaphoriques
influencent la réalisation de la lecture en LE, nous analyserons un texte en français et nous
examinerons les anaphores qu'il contient.
Pour réaliser cette analyse du lien entre l'anaphore et la lecture en LE, nous avons travaillé avec
un groupe d'étudiants dans le but de tester leur capacité de compréhension. De cette analyse
nous avons constaté qu'entre la lecture-compréhension et les anaphoriques il existe un lien
étroit.
In this article we aim to treat the connection between the textual phenomenon of anaphora and
text comprehension in a foreign language. In order to see how the anaphorics influence reading
in a foreign language, we analyse a French text and its anaphorics.
For this analysis of the link between anaphora and reading in a foreign language we worked with
a group of students to test their comprehension skills. We have observed a narrow connection
between reading-comprehension and the anaphorics.
INDEX
Mots-clés : anaphore, lecture, compréhension, analyse textuelle
Keywords : anaphora, reading, comprehension, textual analysis
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AUTEUR
ELDINA NASUFI
Université de Tirana, Albanie
Eldina Nasufi enseigne le français à la faculté des langues étrangères de l'université de Tirana, en
Albanie. Son domaine de spécialisation est la didactique et la grammaire textuelle. Elle a soutenu
un master 2 recherche en didactique des langues et des cultures à l'université Paris III Sorbonne
Nouvelle et est actuellement inscrite en thèse dans son département en Albanie.
Courriel : Eldina_n[at]yahoo.com.
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