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Une coupe du XVIe siècle

1991, Revue de l'art n° 92

Revue de l'Art Une coupe du XVIeme siècle Madame Elisabeth Réveillon Citer ce document / Cite this document : Réveillon Elisabeth. Une coupe du XVIeme siècle. In: Revue de l'Art, 1991, n°92. pp. 93-94; doi : 10.3406/rvart.1991.347913 http://www.persee.fr/doc/rvart_0035-1326_1991_num_92_1_347913 Document généré le 01/06/2016 deux inscrit une pièce voûtée au rez-de-chaussée où elle forme la cuisine plafonnée étage où elle sert de chambre Dans angle de équerre une tourelle contenant un escalier en vis surmonté de deux niveaux de chambres hautes assure la distribution La forme de cette tourelle ses chambres hautes les multiples petites pièces de service greffées en hors- uvre sur les faces externes sont très représentatives du tournant du siècle et donnent un caractère exemplarité cette partie de édifice La construction du xvie siècle une forte originalité amène im médiatement cette question dans quel but a-t-on créé un escalier aussi monumental et une galerie aussi longue En dépit des apparences la partie du xvie siècle forme un tout cohé rent escalier relie un apparte ment une galerie fermée servant de promenoir peut-être établie en tre cour et jardin Le rez-de-chaus sée de la galerie cloisonné sur le plan de 1710 ne constituait vrai semblablement origine une seule pièce comme le premier étage De plus la porte centrale sur cour visible sur élévation de 1710 étant manifestement une ancienne fenêtre accès se faisait par le vestibule de escalier on donc là un exemple rare de galerie desservie la manière une salle par un esca lier monumental Le soin apporté élévation où alternent lucarnes et fenêtres fronton passant témoigne également une volonté apparat Le pavillon demi-hors- uvre de escalier présente des vestibules en saillie qui précèdent les marches côtés cour vestibule du rez-dechaussée percé de quatre larges arcades vestibule du premier étage éclairé sur trois côtés par des croi sées Cette rare disposition inspire peut-être du Château-Neuf édi fié la Flèche par Fran ois Alenon entre 1539 et 1541 dont la structure origine est connue par des relevés de Martellange4 Comme Bois-Dauphin un pavillon conte nant un escalier rampe-sur-rampe précédé une pièce en avant-corps assure la distribution principale Néanmoins avant-corps regarde ici vers le jardin et les pièces ne sont pas des vestibules donnant accès au logis mais des repos élargis qui situés mi-étage ne peuvent conduire nulle part5 Plus récent le château Foulletorte Mayenne) construit vers 1570 offre une dispo sition plus proche de Bois-Dauphin escalier situé dans le pavillon en saillie sur cour est précédé chaque étage un espace éclairé sur trois côtés par des fenêtres6 Cet exemple heureusement conservé nous permet de comprendre le but un tel parti la pièce éclairée sur trois côtés par de larges fenêtres coussièges bénéficie une lumière abondante très précieuse dans cette région de ouest au climat parfois brumeux et on ne peut empêcher évoquer les oriels des demeures Angleterre qui procurent la même luminosité Fran ois Le uf Monique Chatenet Une coupe du xvie siècle Illustration non autorisée à la diffusion NOTES Christian Davy et Fran ois Le uf Can ton de Sablé-sur-Sarthe Inventaire Général coll Images du patrimoine no 75 1990 69-71 La forme des lucarnes et de la tourelle escalier font penser notamment Goulaine au logis de Mortier-Crolles ou aile basse du Coudray Montpensier La forme des lucarnes est proche des réa lisations de Goujon Ecouen Bibi nat. Esc pubi par Fran oisCharles James Images et faits perdus Parcs et jardins anciens en Pays de la Loire Dans 303 no 14 1987 43 Une disposition comparable se trouvait au château de Saint-Germain-en-Laye dont le grand escalier droit était précédé côté jardin de pièces en avant-corps servant de chapelles Cf Chatenet Une demeure royale au milieu du XVIe siècle La distribution des espaces au château de Saint-Germain-enLaye dans Revue de art 81 1988 20-30 Philippe Seydoux Châteaux et manoirs du Maine Paris 1988 43-45 Coupe Dijon musée des Beaux-Arts Les objets témoins de la vie quotidienne du xvie siècle sont ex trêmement rares voire exception nels La petite coupe sur pied du musée des Beaux-Arts de Dijon flg apparaît comme une uvre singulière par sa fonction son poin on et son décor1 De récentes recherches sur orfèvrerie bourgui gnonne ont permis en déterminer attribution La pièce en argent est en partie dorée au mercure sur les perles du pied les bagues et la guirlande de la tige ainsi intérieur de la coupe Les reliefs du ud et les motifs géométriques ciselés au trait sur la coupe également rehaussés de dorure lui donnent une touche très raffinée Les quatre têtes de boucs2 fondues ornant le ud appartien nent au répertoire décoratif profane du xvie siècle un ornement sembla ble figure dans le cadre du miroir de la Dame sa toilette conservée dans le même musée3 93 Illustration non autorisée à la diffusion Poin on de Bénigne Devaulx gauche sur la plaque ïinsculpation droite sur la coupe du musée des Beaux-Arts Compte tenu de la taille réduite de objet sa fonction reste assez énigmatique inventaire manuscrit de 1830 du musée de Dijon évoque hypothèse un coquetier4 propo sition reprise dans les catalogues imprimés postérieurs5 Si les dimen sions et la forme pourraient effecti vement faire penser un coquetier aucune pièce analogue est connue et usage de objet sous cet aspect cette époque est pas véritable ment attesté Les moulurations ex cluent usage de coupe boire Celui de salière aurait pu être pro posé mais là encore les pièces contemporaines se présentent tout autrement avec un saleron de petite contenance assez peu concave et monté généralement sur un pied beaucoup plus massif agit-il plu tôt une des nombreuses formes de ce il est convenu de désigner par drageoir Les définitions de ce terme au cours des siècles très variées et assez imprécises objet de décor ou contenant de très peti tes confiseries invitent se rallier cette hypothèse bien que les drageoirs désignés comme tels soient en général de dimensions plus importantes Faisant partie des ob jets de prestige une maison notre drageoir dijonnais pourrait être un exemplaire simple en rapport avec la qualité de son propriétaire dont identité demeure malheureusement inconnue un des éléments exceptionnels de la pièce est le poin on très lisible placé sur le bord supérieur de la coupe Les recherches menées partir une plaque insculpation présentant des poin ons orfèvres dijonnais de la première moitié du xvie siècle6 avaient conduit Solange 94 suivant une belle salyere or en fa on ung melon que se ouvroit quatre escaille et dedans estoit la salière mectre seel estoit en valeur de IIe escuz 13 En 1544 déjà il avait re vingtcinq livres cinq sols tournois pour la fa on une coupe or destinée au duc de Guise gouverneur de Bour gogne lors de sa joyeuse entrée et en 1550 il exécute pour 400 livres tournois deux chandeliers argent doré en fa on de représentation Herculles donnés par la ville au nouveau gouverneur le duc Aumale14 Les communautés religieuses aussi recourent son talent et le chapitre de la Sainte-Chapelle lui commande en 1552 la lampe ar gent placée devant le maître-autel15 On connaît encore artiste une activité de fondeur16 qui explique la qualité des motifs fondus notam ment des têtes de bouc formant le ud fig Seules parties ciselées les ornements géométriques de la coupe au tracé plus approximatif sont peut-être dues un compagnon atelier bien cette époque les travaux de ciselure ne soient pas toujours une très grande finesse en ce qui concerne le tracé Rare et précieux témoin de or fèvrerie bourguignonne du XVIe siè cle la coupe de Bénigne Devaulx prend place après le chef-reli quaire de sainte Sabine17 la coupe dite de Jean sans Peur du musée de Boston et les fermoirs du Louvre19 dans la suite des uvres les plus anciennes marquées un poin on dijonnais Elisabeth Réveillon Brault-Lerch rendre Nico las Meudereot deux fermoirs de livre en argent émaillé conservés au musée du Louvre7 En rapprochant le poin on de notre drageoir fig avec un autre poin on de cette plaque il été possible identifier le maître orfèvre le dijonnais Béni gne Devaulx La marque comporte comme le prescrivaient déjà les ordonnances sur le métier de 14438 les armes de la ville surmontées du de Dijon et la pointe de écu initiale du prénom de orfèvre La carrière de Devaulx peut être aussi précisée Re la maîtrise le février 1533 st. Bénigne prête serment entre les mains du maire et étant pas fils de maître doit payer selon la coutume les droits de la ville qui sont de trente sols9 Les rôles impôts le montrent établi paroisse Saint-Jean durant toute sa carrière10 Il est mentionné égale ment dans le registre des comptes de la communauté au sein de laquelle Illustration non autorisée à la diffusion il exerce plusieurs reprises les fonctions de juré11 Sa mort inter vient entre assemblée du 27 juin 1581 où il figure encore au nombre des orfèvres et le 1er décembre 1582 date laquelle sa veuve paie les deniers de la confrérie de SaintCoupe détail du ud Eloi12 Devaulx semble avoir joui une grande notoriété car il est choisi plusieurs fois pour ouvrer les pré sents faits par la ville lors des en NOTES trées royales ou princières Ainsi le tiens remercier Catherine Arminjon 25 mai 1548 il apporte en la cham Jeconservateur chef du Patrimoine bre de ville ung model de seliere sous-direction ende Inventaire Général qui en fa on de vaze qui se ouvre en signalé existence de cette pièce ainsi que le de la coupe de Boston Marguerit quatre pièces ouquel une seliere références ancien conservateur en chef ou millieu qui agréé par le conseil Guillaume des Beaux-Arcs de Dijon et Catherin servira confectionner le présent musée Gras conservateur qui en ont facilité offert la reine Catherine le juillet étude Inv 1510 Dimensions 97cm pied 49 cm coupe 52 cm Et non trois têtes de bélier comme indique par erreur la notice de 1834 reprise intégrale ment dans tous les catalogues en 1883 cf note 5) Catalogue de exposition La Dame sa toilette musée des Beaux-Arts de Dijon 1988 Forme de coquetier Arch mun Dijon 4RI/41 226 oeuvre provient de la collection de la ville de Dijon placée ancien nement au collège des Godran Notice des objets art exposés au Musée de Dijon 1834 680 1842 743 1860 884 Catalogue historique et descriptif du Musée de Dijon 1869 931 1883 1510 Arch mun Dijon Inv 121 Cf J.-P àbelon Répertoire des objets historiques conservés dans les Archives départementales et communales dans La Gazette des archives suppi au 68 1970) 41 Cette plaque insculpation porte les poin ons des orfèvres en activité en 1534 millésime gravé la partie supérieure et de ceux passés maîtres les années suivantes en 1555 année de réception de Pierre et Bénigne Richard les deux derniers orfèves de la liste Arch mun Dijon 447 fol 129 Résumés des thèses de Ecole du Louvre Les Anciens Orfèves de Bourgogne Leurs poin ons leurs ouvrages Thèse soutenue par Mlle Brault dans Musées de France octo bre 1948 217-218 Arch mun Dijon fol XVI Arch mun Dijon 442 fol 165 10 Arch mun Dijon série notamment 140L 142L 144L 146L 186L 187L 193 196 201 206) 11 En 1534 1541 et 1556 Arch mun Dijon 443 fol 62 445 fol 41 60/7 fol 12 Registre des comptes de la communauté des orfèvres 1568-1772) Arch dep Or 3436 fol 33 et 35 13 Arch mun Dijon 185 fol 220 186 fol 15 et 17/12 14 Arch mun Dijon 341 fol XXVI 131/5 et 131/38 voir aussi 446 fol 39 15 Arch dep Or 1525 fol 163 16 Mémoires de la Commission des Antiquités de la Or XXI 1936-1939) 66 17 Conservé dans la commune de SainteSabine Or Cf Catalogue de exposi tion Les trésors des églises de France Paris 1965 806 et Congrès archéologique de France 1986 Auxois-Châtillonnais 252-254 18 Museum of Fine Arts Inv 48264 Cf Timothy Husband The secular spirit Metropo litan Museum of Art 1975 53 et le catalo gue de orfèvrerie du Museum of Fine Arts de Boston par Nancy Nezger paraître) 19 Inv 5632 Cf.J.-J Marquet de Vasselot Catalogue de orfèvrerie Paris 1914 176 et supra note