Academia.eduAcademia.edu

Jugend (1896-1940)

1 Jugend (1896-1940) Jugend, Münchner illustrierte Wochenschrift für Kunst und Leben. (Jugend, revue illustrée hebdomadaire munichoise pour l’art et la vie) est une revue illustrée munichoise d’un rayonnement considérable au tournant du XXe siècle. Jugend, en français « jeunesse », est généralement connue pour être l’organe de propagande du Jugendstil, variante germanique de l’art nouveau. Elle se présente sous un format à peu près équivalent à l’actuel A 4 comme un mélange de textes et d’images déclinés sur tous les tons, de la fable illustrée jusqu’à la caricature. Jugend commence à paraître en 1896, quatre mois avant une autre revue illustrée tout aussi célèbre, Simplicissimus. Munich est alors une métropole artistique de premier plan et un foyer éditorial très actif. Jugend est un produit éditorial se rattachant à différentes traditions, la caricature, les revues satiriques et humoristiques, les revues littéraires, les revues d’art ainsi que les revues familiales. Son programme est celui d’une ouverture à toutes les nouveautés artistiques sans hiérarchisation des genres, et d’une parole libre en toutes circonstances. Sa tendance anti-wilhelminienne, libérale et patriote se retrouve dans d’autres périodiques de l’époque. Chaque semaine, le ton est donné par une nouvelle couverture en couleur, d’une teneur impertinente, une innovation symbolisant son ambition de nouveauté constante. De très nombreux écrivains et artistes, allemands et étrangers, y participent, essentiellement basés à Munich, mais également ailleurs en Europe, notamment à Paris. Diffusée largement dans les pays germaniques et au-delà, en Autriche, en Suisse, en Italie, en France, notamment, son succès est d’emblée important parmi une frange de la bourgeoisie en retrait avec les valeurs de l’Allemagne de Guillaume II. Sa posture moderniste séduit. Son 2 extraordinaire longévité parmi la pléthore de revues que compte l’Allemagne wilhelminienne est due à une combinaison d’audace, un sens du compromis et une politique commerciale agressive. En 1910, le périodique connaît son tirage le plus important avec 80 000 exemplaires. Son rayonnement se mesure également au travers de son influence sur d’autres revues de l’espace européen et même outre-Atlantique. Même si Jugend est intimement liée au Jugendstil, elle ne peut lui être réduite. Non seulement d’autres formes d’expression y sont représentées, mais le Jugendstil proposé dans ses pages est une version munichoise, adaptée au médium de la revue. Celui-ci représente un prolongement de la Sécession munichoise de 1892, où l’esthétique s’impose face à un art académique tenant lieu d’art officiel. L’éditeur de Jugend, Georg Hirth, participe activement à la mise en place de l’événement en tenant une tribune en faveur d’un art libre dans son quotidien, les Münchner Neueste Nachrichten. Le contenu de la revue est très lié à la personnalité de Georg Hirth jusqu’à sa mort, en 1917. Hirth impose en effet ses idées libérales et son anticléricalisme à une rédaction qui le suit avec plus ou moins de zèle, sans pour autant éviter les maux de l’époque, racisme, misogynie et antisémitisme. À l’instar du reste de la presse allemande, Jugend se range derrière l’Empereur durant la Première Guerre mondiale, et participe à la propagande de guerre. Malgré plusieurs tentatives éditoriales, elle ne recouvre jamais sa splendeur durant la République de Weimar. Jugend disparaît en 1940, après avoir fusionné avec une revue dédiée à la photographie : elle est alors sous-titrée München 1940 / Stadt der deutschen Kunst (Munich 1940 / Ville de l’art allemand). 3 La place réservée à la caricature est importante dès l’origine et ne cesse de croître à partir de 1905. Dans Jugend, celle-ci ne se distingue pas nettement du dessin humoristique. L’éventail thématique recouvre celui des revues satiriques de l’aire germanique à cette époque mais avec une hiérarchisation propre : anticléricalisme, caricature artistique, actualité politique, croquis de mœurs et institutions prussiennes. Le ton est d’autant plus incisif qu’il s’agit d’affaires extérieures à l’Allemagne. La spécificité des caricatures de Jugend réside dans l’esthétisation jugendstil de compositions choisies. Laurence Danguy Bibliographie Danguy, Laurence, Jugend et son ange : regards croisés de l’anthropologie religieuse et de l’histoire de l’art sur la figure de l’ange dans la revue Jugend (1896-1920), EHESS/Universität Konstanz, 2006 (thèse de doctorat). Danguy, Laurence, L’ange de la jeunesse – La revue Jugend et le Jugendstil à Munich, Paris, Maison des sciences de l’homme, collection Philia, 2009. Danguy, Laurence, « Le dessinateur jugendstil », in Philippe Kaenel (éd.), Les périodiques illustrés (1890-1940) : écrivains, artistes et photographes, Gollion, infolio, 2010, p. 87-114. Danguy, Laurence, « Mésusages christiques en terre bavaroise – La figure de Jésus dans la revue Jugend à l’époque wilhelminienne », in Alain Boillat, Jean Kaempfer et Philippe Kaenel (éds.), Jésus en représentations – De la Belle Époque à la postmodernité, Gollion, infolio, 2011, p. 125-144. 4 Danguy, Laurence, Vanja Strujkel et Francesca Zanella, « Circulations de modèles entre l'aire germanique et l'Italie au début du XXème siècles : ouvrir un champ de recherches », in Evanghelia Stead et Hélène Védrine (éds.), L'Europe des Revues II (1860-1930), Paris, Presse Universitaire de Paris-Sorbonne, 2018, p. 145-164. Danguy, Laurence, « Caricature et modernité dans Jugend : une relation paradoxale dans le sillage de Baudelaire », Ridiculosa, n° 14, 2007, p. 171-187. Danguy, Laurence, « Rhétorique anticléricale et enjeux sacraux autour d’une caricature de Jugend », Ridiculosa, n° 15, 2008, p. 311-326. Danguy, Laurence, « De l’art de caricaturer la femme : la campagne anti-symboliste de la revue Jugend », Textes et Contextes, n° 3, Maison des sciences de l’homme de Dijon, 2009. Danguy, Laurence, « Le cas de l’ange dans la revue Jugend – recharge sacrale et profanation d’apparence », Actes du colloque De la profanation – XIXe - XXe siècle, Université de Paris ICIRHAC, 2009. Danguy, Laurence, « Le 7ème emprunt de guerre allemand dans la revue Jugend – un cas de syncrétisme opportun », in Christian Amalvi (éd.), Images militantes, images de propagande, Paris, CTHS, 2010, p. 103-117. Danguy, Laurence, « L’image de la femme émancipée au filtre de la revue Jugend », in Christian Amalvi (éd.), Images militantes, images de propagande, Paris, CTHS, 2010, p. 289304. Danguy, Laurence, « Confisquée par l’image : la ville des revues germaniques autour de 1900 », in Pierre-Yves Le Pogam et Martine Plouvier (éds.), Représenter la ville : entre cartographie et imaginaire, Paris, CTHS, 2013, p. 83-105. Danguy, Laurence, « De Paris à Zurich via Munich : Le salon caricatural du Nebelspalter ou le renversement des valeurs », in Kirsty Bell et Philippe Kaenel (éds.), La reproduction des images et des textes, Leyde, Brill Rodopi (à paraitre). Danguy, Laurence, « Les dessous représentationnels de la femme fatale dans les revues illustrées fin de siècle en Europe », in Cyril Devès (éd.), Actes du colloque La femme Fatale. De ses origines à ses métamorphose plastiques, littéraires et médiatiques, Lyon, CRHI de l'école Emile Cohl (à paraitre). Danguy, Laurence, « Ökonomie und Semantik von illustrierten Zeitschriften im deutschfranzösischen Raum um 1900 », Buchreihe Journalliteratur - Interrupted Reading - Follow-on Readings : Readings Journals, Hanovre, Wehrhahn Verlag (à paraitre). Endres, Franz Carl, Georg Hirth, ein deutscher Publizist, Munich, Hirth, 1921. Gardes, Jean-Claude, Koch, Ursula E., « Histoire de la presse satirique allemande », Ridiculosa, Hors-série, La presse satirique dans le monde, 2013, p.13-43. Gardes, Jean-Claude, « L'influence de la culture française sur les revues munichoises de la Belle Époque », Le Temps des médias. Revue d’histoire, Nouveau Monde, 2008, p.57-71. Gourdon, Suzanne, La « Jugend » de Georg Hirth : la Belle Époque munichoise entre Paris et Saint-Pétersbourg, Strasbourg, Centres d’Études germaniques, 1997. Hermann, Georg, « Die ‘Jugend’ und ihr Künstlerkreis », Zeitschrift für Bücherfreunde, n° 2, 1900/01, p. 57-70. Hessky, Orsolya, « Die Zeitschrift « Jugend » und ihre ungarischen Mitarbeiter, in Eliza Ptaszyńska (éd.), Ateny nad Izarą : malarstwo monachijskie ; studia i szkice = Athen an der Isar : Münchner Malerei ; Studien und Skizzen, Suwaki, Muzeum Okręgowe, 2012, p. 135-144. 5 Koch, Ursula E., Grobe Wahrheiten – wahre Grobheiten, feine Striche – scharfe Stiche : Jugend, Simplicissimus und andere Karikaturen-Journale der Münchner « Belle Epoque » als Spiegel und Zerrspiegel der kleinen wie der großen Welt, Munich, Fischer, 1996. Koch, Ursula E., « Jugend, revue artistique, littéraire, politique et satirique : un monstre sacré de la Belle Époque munichoise », in Evanghélia Stead et Hélène Védrine (éds.), L’Europe des revues (1880-1920) Estampes, photographies, illustrations, Paris, PUPS, 2008, p. 453-477. Koreska-Hartmann, Linda, Jugendstil – Stil der Jugend – Auf den Spuren eines alten, neuen Stil und Lebensgefühls, Munich, Deutscher Taschenbuch, 1969. (thèse de doctorat) Nora, Anton (von) (Noder), Am Färbergraben – Errinerungen um die Jahrhundertwende, Leipzig, L. Staackmann, 1932. Ostini (von), Fritz, « Die Künstler der Münchner ‘Jugend’ », Velhagen & Klasings Monatshefte, n° 1-2, 1901/02, p. 609-624 Segieth, Clelia, Im Zeichen des « Secessionismus » – Die Anfänge der Münchner « Jugend » ; Ein Beitrag zum Kunstverständnis der Jahrhundertwende in München, Munich, Clelia Segieth, 1994. (thèse de doctorat) Voigt-Meiner, Annemarie, « Georg Hirth – ein deutscher Verleger 1841-1916 », Zeitschrift für Buchkunde, n° 2, 1925, p. 62-73. Weisser, Michael, Im Stil der « Jugend » : die Münchner illustrierte Wochenschrift für Kunst und Leben und ihr Einfluss auf die Stilkunst der Jahrhundertwende, Francfort-sur-le-Main, Fricke, 1979. Wende-Hohenberger, Waltraud, Der Jugendstil der der « Jugend » : eine literarischkünstlerische Zeitschrift der Jahrhundertwende, Siegen, Gesamthochschule Siegen, 1992. Zahn, Eva, Facsimile-Querschnitt durch die « Jugend », Munich, Scherz, 1966.