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L'élection de Trump : qu'est-ce que ça change

est, le milliardaire à la mèche rebelle vient de s'installer dans les chaussons de l'homme le plus puissant du monde. En réalité, il faudra attendre décembre que les grands électeurs confirment ce que l'on sait déjà, et que le ventripotent vitupérant devienne officiellement le 45ème président des Etats-Unis d'Amérique. Et enfin le 20 janvier 2017, selon la tradition, le "monde libre" aura enfin sa nouvelle tête de gondole. Mais alors, dites moi : comment se fait-il qu'un président si honnis vue d'ici, si incompétent politiquement, ni même élu au suffrage universel direct, puisse accéder à la Maison Blanche ? Voici un mystère que nous allons tenter d'élucider... UNE FARCE DEMOCRATIQUE La plus grande puissance militaire du monde, ne donne pas le droit à ses citoyens d'élire leur président au suffrage universel direct. Le plus phénoménal budget de guerre sur la planète, a toujours le droit d'exercer la peine de mort dans plusieurs de ses Etats, et assène pourtant des leçons de maintien au reste de l'univers. Rien qu'avec ces conditions sidérantes, je pense que les USA se feraient la guerre à eux mêmes si ils le pouvaient. Vous ajoutez à ce cocktail explosif un rapport détonant sur la répartition des richesses : Et vous comprenez que l'idée même du pouvoir au peuple dans la plus grande "démocratie" de la planète a du plomb dans l'aile. Mais évidemment, cela semble naturel, tant que la classe dirigeante réussira à satisfaire la classe moyenne américaine, que voulez vous que cela change de la perception que nous autres européens, puissions avoir de ce qui s'y déroule ? Même si la volonté constitutionnelle assumée est le bipartisme, il faut tout de même noter un léger, très léger essoufflement de la représentativité électorale : comment accéder aux plus hautes fonctions à la tête de l'Etat Américain, sans connaître les difficultés des citoyens : logement, études de leurs enfants, égalité des chances, droit à la consommation équitable...? Cela semble normal, et pourtant, aujourd'hui plus qu'hier, un milliardaire nantis vient d'être nommé au poste suprême... La profonde fracture de la société américaine réside dans l'administration même de leur territoire : utiliser un système fédéral, ou les gouverneurs bénéficient de pouvoirs étendus, en revient à masquer la portée de l'élection présidentielle : au fond, seul le gouverneur élu lui au suffrage

L'élection de Trump : qu'est-ce que ça change ? Ca y est, le milliardaire à la mèche rebelle vient de s'installer dans les chaussons de l'homme le plus puissant du monde. En réalité, il faudra attendre décembre que les grands électeurs confirment ce que l'on sait déjà, et que le ventripotent vitupérant devienne officiellement le 45ème président des Etats-Unis d'Amérique. Et enfin le 20 janvier 2017, selon la tradition, le "monde libre" aura enfin sa nouvelle tête de gondole. Mais alors, dites moi : comment se fait-il qu'un président si honnis vue d'ici, si incompétent politiquement, ni même élu au suffrage universel direct, puisse accéder à la Maison Blanche ? Voici un mystère que nous allons tenter d'élucider... UNE FARCE DEMOCRATIQUE La plus grande puissance militaire du monde, ne donne pas le droit à ses citoyens d'élire leur président au suffrage universel direct. Le plus phénoménal budget de guerre sur la planète, a toujours le droit d'exercer la peine de mort dans plusieurs de ses Etats, et assène pourtant des leçons de maintien au reste de l'univers. Rien qu'avec ces conditions sidérantes, je pense que les USA se feraient la guerre à eux mêmes si ils le pouvaient. Vous ajoutez à ce cocktail explosif un rapport détonant sur la répartition des richesses : Et vous comprenez que l'idée même du pouvoir au peuple dans la plus grande "démocratie" de la planète a du plomb dans l'aile. Mais évidemment, cela semble naturel, tant que la classe dirigeante réussira à satisfaire la classe moyenne américaine, que voulez vous que cela change de la perception que nous autres européens, puissions avoir de ce qui s'y déroule ? Même si la volonté constitutionnelle assumée est le bipartisme, il faut tout de même noter un léger, très léger essoufflement de la représentativité électorale : comment accéder aux plus hautes fonctions à la tête de l'Etat Américain, sans connaître les difficultés des citoyens : logement, études de leurs enfants, égalité des chances, droit à la consommation équitable...? Cela semble normal, et pourtant, aujourd'hui plus qu'hier, un milliardaire nantis vient d'être nommé au poste suprême... La profonde fracture de la société américaine réside dans l'administration même de leur territoire : utiliser un système fédéral, ou les gouverneurs bénéficient de pouvoirs étendus, en revient à masquer la portée de l'élection présidentielle : au fond, seul le gouverneur élu lui au suffrage universel direct, régit l'Etat dans lequel les citoyens se trouvent. Cette lecture en deux temps de l'autorité de l'Etat, induit l'idée que le président est un représentant lointain, voué aux tâches internationales. Hors, il est bien au centre des décisions politiques internes, rappelons nous du 11 septembre et de la mise en application consécutive du Patriot Act : Aujourd'hui donc, le peuple américain vit en coupe réglée selon les dispositions émises par un président qui n'a fait qu'appliquer des directives dont les autres administrations se servent tout autant que lui. Alors, dites moi maintenant, où est la démocratie aux Etat-Unis, et quel crédit apporter à cette élection ? UN GENTIL TRUBLION Au lendemain de l'élection de Donald Trump, le monde entier ou presque poussait des cris d'orfraies. Hors, ce milliardaire agité du bocal, dès qu'il a franchi le seuil de la Maison Blanche, a finalement modéré et tempéré son discours. Il n'était plus question d'ériger un mur entre les USA et le Mexique, mais de combler les trous par du grillage. Il n'était plus question d'enfermer Hillary Clinton, qui est d'ailleurs une vielle connaissance, M a riage de Tru m p :Les Clinton invités d'honneur Mais plutôt de féliciter son mari et de vouloir travailler avec lui. Trump est certes le symbole d'une Amérique qui a réussie (quoique), et doit donc filer avec elle le parfait amour en appliquant une politique isolationniste. Mais lorsqu'on se penche sur son équipe de campagne, on s'aperçoit vite du vide politique qu'elle incarne, et de l'absence totale de projet qui en émane. Bien des phrases ont été prononcées lors de cette joute verbale entre les deux candidats, un brin en dessous de la ceinture tout de même, mais au fond qu'en reste-t-il ? Nous sommes ici face au plus parfait exemple de poujadisme à l’américaine : rien sur le fond tout sur la forme. Donald Trump aime bien Poutine, il aime aussi les burgers, les femmes et le whisky. Donald Trump souhaite laisser plus de marges aux banques d'affaires, il aime aussi les cow-boys, Las Vegas et les casinos. Il est avant tout un promoteur immobilier, et sa grande idée est d'appliquer ses méthodes de management à l’Amérique afin qu'elle profite de ses lumières... C'est sérieux ? Il a également animé un grand show à la télévision, où il expliquait à des employés minables qu'ils étaient des looser, et à d'autres qu'ils étaient des winner. Imaginez un seul instant François Hollande participer à une émission de télé réalité. Quel crédit accorderiez vous à un homme politique qui s’abaisserait à de telles inepties, même après l'accordéon de Giscard... Alors mes chers contemporains, ne vous laissez pas berner, Trump ne fera rien qui ne fâche ceux qui décident de la politique américaine, car d'ailleurs n'est-il pas au fond qu'un gentil trublion ? QUELLE POLITIQUE PAR QUELS POLITIQUES ? Connaissez vous Seymour Hersch ? Si oui tant mieux, si non, c'est par ici. L'affrontement au plus haut sommet de l'Etat se joue entre des protagonistes qui sont à même de comprendre les enjeux planétaires, sociaux et culturels qui font l'Histoire. Les autres, ne sont, nous l'avons vu, que des pions idéalement placés et utilisés par les hommes forts des différentes administrations américaines. Les luttes de pouvoir aux Etats-Unis sont donc à lire sous le double prisme du secteur financier et militaire. Ces deux entités peuvent poursuivre des buts similaires, mais d'aucun ne peut prétendre à une idylle constante et parfaite. Le président des Etats-Unis joue donc le rôle d'arbitre entre ces deux frères-ennemis. Comment concevoir dans ce cas la nouvelle présidence de Trump ? Un général étrange, a conseillé pendant la campagne le candidat républicain. Il n'augure rien de bon quant à la suite des événements. Néanmoins, il aura le mérite d'apaiser les tensions entre les USA et la Russie, qui étaient à leur comble lors de l’affrontement en Syrie. On peut donc voir se dessiner un soutien, ou tout au moins une certaine forme d'indulgence, face aux régimes autocratiques à travers la planète. Des échanges commerciaux, de nouvelles alliances, un nouveau terrain de jeux pour les militaires et les hommes d'affaires. Mais le fil ténu de l'Histoire nous montre que pour obtenir ces résultats, il faut un contrôle accru des citoyens récalcitrants. Si le spectre d'une société ultra sécuritaire se dessine à l'intérieur pour les américains : Un isolationnisme se profile également : EN CONCLUSION Deux pistes s'offrent donc à nous après cette lecture, un brin alarmiste j'en conviens, de ce que pourrait être l'Amérique de ces quatre prochaines années : En ce qui concerne les relations internationales : Malgré ses effets d'annonces et sa volonté isolationniste, Donald Trump va se conformer aux directives croisées et parfois contradictoires des faucons de la Maison Blanche, comme des chefs d'Etat-Major en termes de politique étrangère. Un probable soutien aux régimes autoritaires, et un désengagement croissant des forces américaines déployées à travers le globe. L'exemple de la demande de financement accru des pays européens pour assurer leur défense au sein de l'OTAN, comme le désengagement souhaité en Corée du Sud et au Japon, ne laisse à priori planer aucun doutes quant à la direction initiée par Washington. En ce qui concerne la politique intérieure : Il risque néanmoins d'accentuer l'étroite surveillance des américains, sous la menace identitaire toute désignée des terroristes islamistes, dangereuses créatures d'une Amérique qui ne symbolise plus vraiment le rêve mais qui semble vouloir entraîner le monde vers le cauchemar gluant du capitalisme forcené... Révolutionnairement Vôtre, Boris Rannou.