EJE / FISE - Mulhouse
Rôle de l’Éducateur de
Jeunes Enfants
Des oreilles : pour écouter, …
Une tête : pour réfléchir,
planifier, calculer, créer, …
Une bouche : pour chanter,
communiquer, rire, …
Des yeux : pour
observer, …
Des bras : pour consoler,
porter, bercer, …
Des mains : pour bricoler,
réparer, soigner, donner à
manger, …
Un cœur : pour travailler,
négocier, être juste, …
Des pieds : pour danser,
courir, sauter, …
UF 4
Centre de Formation d’Educateurs de Jeunes Enfants
22 avenue Kennedy
68200 MULHOUSE
Rôle de l’Éducateur de Jeunes Enfants
C.F.E.J.E. de Mulhouse
A. Introduction
Les missions de l’éducateur de jeunes enfants sont définies par un décret datant de 1973 et
consistent à organiser des activités éducatives personnalisées ayant pour but de favoriser le
développement, l’épanouissement et l’affirmation de la personnalité du jeune enfant de 0 à 6
ans, en tenant compte de ses besoins spécifiques.
L’évolution de ce métier est étroitement liée aux modifications des représentations de l’enfant
et de sa famille au cours de l’histoire.
« Conductrices » ou « Jardinière d’Enfants » au début du siècle, elles avaient en charge
l’accueil des enfants de 2 à 6 ans dont les mères travaillaient et l’inculcation d’un minimum
d’éducation.
C’est grâce à de nombreux pédagogues, tels que FRÖBEL, PESTALOZZI que les salles
d’asile cèderont leur place « aux jardins d’enfants » prônant de nouvelles conceptions
pédagogiques adaptées aux jeunes enfants.
Après une longue lutte et diverses appellations : « brevet d’éducatrice de jeune enfant » en
1907, « éducatrice-jardinière » dans les années 50, ce n’est qu’en 1973 qu’elles sont enfin
reconnues par le Ministère de la Santé comme « éducateur de jeunes enfants ».
Cette reconfiguration du métier a permis aux E.J.E. de quitter le champ de l’instruction
préscolaire et de rejoindre les autres intervenants de l’action sociale (éducateurs spécialisés,
assistantes sociales), ainsi que de se masculiniser.
Après une formation de 27 mois, l’éducateur de jeunes enfants peut exercer dans divers lieux :
structures de garde classique, multi-accueil, relais d’assistantes maternelles, ludothèques,
hôpitaux, pouponnières, foyers, maisons de l’enfant, services sociaux, établissements
spécialisés, …
Lors de ma pratique professionnelle, j’ai pu observer le rôle d’un éducateur de jeunes enfants
responsable d’un Multi-Accueil de 30 enfants en milieu rural.
Cette structure d’accueil dépend d’une association regroupant d’autres structures petite enfance
et enfance d’une communauté de communes.
Durant ce stage, j’ai pu observer le rôle d’une éducatrice de jeunes enfants responsable d’une
structure d’accueil et les différentes tâches qui lui incombent.
Après une description des éléments significatifs du rôle de l’E.J.E responsable en MultiAccueil, j’analyserai la question de la collaboration avec les parents, ses enjeux et ses
difficultés.
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B. Description du rôle de l’éducatrice de jeunes enfants responsable en Multi-Accueil
Depuis le décret du 1er août 2000, les éducateurs de jeunes enfants ont accès aux postes de
direction de structure d’accueil de 40 enfants au plus.1
Suite, à cette évolution, l’éducatrice de jeunes enfants observée en multi-accueil a pu passer
d’un poste de directrice adjointe à un poste de direction.
Actuellement, elle est responsable d’une équipe pluridisciplinaire composée d’E.J.E.,
d’auxiliaires de puériculture, d’animatrice et d’un agent de service.
Ses rôles sont divers au sein de la structure.
1. Un rôle éducatif
L’E.J.E . met en place des situations éducatives pour un groupe de petits de 10 semaines à 18
mois. Ce rôle consiste essentiellement à mener et à proposer des actions favorisant leur éveil,
leur autonomie, leur développement et leur épanouissement.
Pour ceci, elle repère leurs besoins et leur propose des prises en charge individuelles ou
collectives adaptées à leur âge.
Afin de permettre aux enfants d’explorer et de découvrir leur environnement et la vie de groupe
en toute sécurité, l’E.J.E aménage l’espace et met en place des repères.
Elle veille également à accorder à chaque moment de la vie quotidienne une valeur éducative,
en donnant du sens à chacune de ses actions, que se soit pour les soins, les repas, les jeux, …
L’E.J.E donne aussi à chaque enfant une place dans le groupe par des moments privilégiés
individuels, par la parole, le geste, le regard et veille au respect de son rythme et de son
histoire.
2. Un rôle de prévention
Par des observations pertinentes et un partenariat avec le pédiatre de l’association, ainsi que les
partenaires sociaux, elle permet le dépistage précoce de différents troubles, ce qui permet de
proposer une prise en charge spécifique à l’enfant soit au sein de la structure ou de le diriger
vers les services adéquats.
Son rôle est aussi de prévenir les accidents domestiques et de promouvoir l’éducation à la santé
par des actions, conseils, ou la mise en place de protocoles.
3. Un rôle de coordinateur d’équipe
Elle est un « manager » qui dynamise et impulse de nouveaux projets. Sa maîtrise des
techniques de conduite de réunion, de médiation expérimentés en formation lui permettent de
mener un travail constructif avec son équipe, notamment dans l’élaboration du projet
pédagogique. L’E.J.E responsable a auprès de l’équipe un rôle de garant ce projet et du respect
de l’enfant, afin qu’il soit pris en compte dans son individualité.
En valorisant les compétences de chacun, elle permet le développement d’un travail d’équipe
complémentaire et riche. De plus, de par sa formation, elle apporte un regard différent sur
l’enfant et son comportement et a une fonction de formation, d’aide pédagogique et de
conseillère pour ses collègues. En outre, les réunions d’équipe lui permettent d’ajuster et de
remettre en cause les pratiques et le positionnement professionnel.
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Décret N° 2000-762 du 1er août 2000 relatif aux établissements d’accueil des enfants de moins de 6 ans et modifiant le
Code de la Santé Public
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4. Un rôle administratif
L’E.J.E. responsable de structure a également une grande fonction administrative.
Bien que son travail soit simplifié et facilité par l’outil informatique, la comptabilité, la gestion
des présences, des plannings, des repas et des stocks, la facturation, les statistiques représentent
une grosse partie de son travail. Bien souvent, elle dépasse son quota d’heures attribué aux
tâches administratives au détriment de sa présence auprès des enfants.
5. Un rôle auprès des institutions et des partenaires extérieurs
L’éducatrice de jeunes enfants responsable de structure d’accueil travaille aussi en réseau avec
différents partenaires.
Son travail s’inscrit dans une dimension sociale. Elle met en place des actions, des projets avec
différents partenaires comme le directeur de l’association, la Protection Infantile et Maternelle,
les services sociaux, les écoles, la mairie, la banque, la bibliothèque, le Relais d’Assistante
Maternelle, …
6. Un rôle auprès des familles
La dernière fonction observée est celle de l’accueil et de l’accompagnement des familles.
Elle est déterminante surtout lors du premier accueil, car il va déterminer la future
collaboration avec les parents. Les parents ont besoin d’être rassurés, écoutés, compris pour
pouvoir vivre cette séparation avec leur enfant au mieux.
L’E.J.E. prend le temps de les rencontrer individuellement, de leur faire visiter la structure, de
leur présenter l’équipe, le fonctionnement, le projet pédagogique, de les conseiller sur l’apport
d’un objet personnel et de programmer un accueil progressif. Elle est attentive pendant cette
rencontre aux désirs et demandes des parents pour assurer la continuité du projet éducatif de
ceux-ci. L’enfant vivra d’autant mieux sa séparation, si ses parents font confiance à l’équipe
accueillante.
L’éducatrice de jeunes enfants met en place un certain nombre d’outils pour favoriser les
échanges avec les parents (classeur journalier, questionnaire sur les habitudes, …), qui
permettent à l’enfant d’éprouver un sentiment de continuité de la vie et aux parents de se sentir
reconnus en tant que premier responsable de l’enfant. L’E.J.E se place dans une relation de coéducation, de complémentarité avec les parents et veille à ne pas prendre leur place.
Mari-José CHAVENON dans un article fait une synthèse très juste du rôle de l’E.J.E
responsable en Multi-Accueil. Elle est à la fois : « standardiste, secrétaire, caissière,
comptable, acheteuse, intendante, coursière, ouvrière en petites réparations, chef du personnel,
statisticienne, infirmière, puéricultrice, diététicienne, assistante sociale, psychologue,
éducatrice. Occasionnellement, elle est cuisinière, femme de ménage, éducatrice spécialisée,
auxiliaire de puériculture, rédactrice, photographe, décoratrice. Quelles sont les qualités
requises ? Etre disponible, avoir toujours le sourire, de grandes qualités relationnelles
(parents, enfants, personnel, hiérarchie, élus), une santé de fer, une écoute attentive, de
l’imagination, un esprit créatif, une solide culture générale, une expression écrite
irréprochable, des facultés oratoires. Elle doit être à la fois vive et douce, discrète et présente,
douce et ferme, détendue et attentive, rigolote et sérieuse, jeune et expérimentée (…). »2
Cette citation nous montre bien la complexité et la diversité du rôle et des savoirs, des savoirfaire et des compétences requis pour être responsable d’un Multi Accueil.
2
Marie-Jos CHAVENON in « Enfant d’abord », février 1993
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C. Analyse des enjeux et de la difficulté de la collaboration avec les parents.
Bien souvent lorsqu’on évoque le rôle de l’éducateur de jeunes enfants, on énumère ses
fonctions auprès des enfants, de l’équipe, de l’organisation des journées, des activités, des
soins, de l’hygiène, mais on oublie souvent celle auprès des parents.
Hors, le décret de 1er août 2000 relatif aux établissements d’accueil des enfants de moins de 6
ans rappelle qu’il ne s’agit « plus seulement d’une logique de soins et d’accueil de l’enfant,
mais aussi de la famille ».3
La psychologue Marie GALLET souligne dans un de ses articles que « La crèche
d’aujourd’hui n’est plus la crèche d’antan, où les parents « déposaient » leurs enfants. (…)
Trente ans plus tard, les parents entrent dans la crèche, entrent dans les groupes, entrent dans
les activités. Ils sont accueillis dans une structure ouverte ».4
En effet, aujourd’hui la majorité des projets éducatifs et pédagogiques des structures de garde
tentent d’intégrer les parents. Un certain de nombre d’initiatives et d’actions sont mises en
place, comme l’ouverture des structures aux parents, un travail et une attention particulière sur
l’accueil, sur les périodes d’adaptation, sur la création de comité des parents, ...
Pourtant malgré ces initiatives, j’ai pu observer que certaines frustrations et incompréhensions
subsistent entre les parents et les professionnels, qui peuvent empêcher une bonne
collaboration.
1. Difficultés de la collaboration avec les parents
Confier son enfant à une structure de garde est souvent une expérience douloureuse et non
choisie par les parents. Suzon BOSSE-PLATIERE souligne dans son livre « Je fais garder mon
enfant » le dilemme dans lequel se retrouvent les parents, et notamment la mère entre l’envie de
retrouver son travail, sa vie sociale et le sentiment d’être une « mauvaise mère ». D’autant plus
que « l’idéologie de la « bonne-mère » qui se voue totalement à son enfant, demeure
socialement très prégnante »5 surtout en milieu rural.
De plus, « confier son enfant, c’est faire confiance à quelqu’un qu’on ne connaît pas vraiment
pour prendre en charge ce qu’on a de plus précieux. C’est dire combien ce geste est difficile ».5
Les parents ont peur d’être « dépossédés » de leur enfant, de perdre leur place auprès de lui,
surtout la mère au profit d’une autre femme, et de ne pas assister à ses premières acquisitions.
Je pense que si toutes ces craintes restent muettes et ne sont verbalisées à aucun moment,
celles-ci peuvent engendrer une rivalité consciente ou non entre les parents et les
professionnels, qui peuvent compromettre une bonne collaboration.
En outre, « les parents sont en relation avec les accueillantes essentiellement à des moments
délicats comme le matin, lorsqu’ils sont pressés par l’horaire, ou le soir, lorsque fatigués, ils
sont aussi souvent pressés de retrouver leur enfant, de rentrer chez eux, dans l’intimité
familial ».6
J’ai pu observer que les moments d’échanges entre les professionnels et les parents ne sont pas
toujours les plus opportuns, car le fait d’être pressé, en retard ou fatigué ne favorise pas le
dialogue et l’écoute, mais peut au contraire engendrer des incompréhensions.
L’un des moyens mis en place sur le lieu de stage pour favoriser les rencontre et instaurer un
climat de confiance est l’organisation de petites fêtes tout au long de l’année. Celles-ci
permettent aux parents et aux professionnels de se rencontrer dans une ambiance chaleureuse
sans être bousculé par l’heure, le bruit, …
3
Décret N° 2000-762 du 1er août 2000 relatif aux établissements d’accueil des enfants de moins de 6 ans et modifiant le
Code de la Santé Public
4
Marie GALLET, psychologue et formatrice à l’Orée in « Les parents d’aujourd’hui en crèche et en halte-garderie »
5
Suzon BOSSE-PLATIERE, Je fais garder mon enfant, Stock, 2000
6
« Accueillir le jeune enfant : Quelle professionnalisation ? », page 87
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Je pense qu’il est important de prendre du temps pour faire connaissance et de rencontrer les
parents à des moments choisis, en dehors des heures de pointes en leur fixant des rendez-vous,
en les invitant à passer un peu de temps dans la structure ou en organisant des moments
conviviaux.
J’ai remarqué aussi qu’un certain nombre de petits détails matériels peuvent également
empêcher une bonne collaboration.
Didier HEITZ et Josiane CHABEL font le constat dans un magazine relatif à la Petite Enfance
que « cette ouverture (des structures) malheureusement n’est pas toujours concrétisée par des
aménagements appropriés : siéges à la hauteur des adultes, espaces confortables pour se
rencontre, s’informer et parler font souvent défaut ».7
En effet, de petits détails comme la mise de « sur chaussure » tout en essayant de garder
l’équilibre avec son enfant dans un bras, les sacs de l’autre, la température élevée des salles de
vie lorsqu’on est emmitouflé et chargé, le bruit, … peuvent nuire à créer de bonnes relations.
Je pense que le professionnel devrait se mettre à la place du parent et imaginer son parcours
pour prendre conscience des obstacles, et réfléchir l’accueil sous l’angle du bien-être.
J’ai pu constater que de nombreux facteurs de différents registres : matériel, psychologique, …
peuvent donc nuire à la bonne collaboration avec les parents, s’ils ne sont pas pris en compte.
2. Les besoins des parents
Abraham MASLOW8, psychologue américain a identifié un ordre de priorité de la satisfaction
des besoins humains afin que celui-ci puisse se réaliser.
a. Le premier est celui de la satisfactions de ses besoins physiologiques
Le parent à besoin d’éprouver un sentiment de bien-être, de confort, de détente pour être dans
de bonnes conditions pour tisser des liens avec les professionnels et être réceptif.
J’ai pu remarquer que bien souvent les parents ne sont pas à l’aise pendant les moments
d’accueil progressif. Ils sont par exemple souvent émus, surpris par la chaleur qui règnent dans
les salles de vie ou ne savent pas très bien où se mettre pour ne pas gêner et se sentent un peu
perdus. Les professionnels pris par la routine ou les enfants ne pensent pas toujours à les guider
et à leur donner les informations nécessaires.
b. Le second besoin est celui de sécurité
Le parent a besoin de maîtriser les événements, le fonctionnement pour se l’approprier. Il a
besoin de savoir comment son enfant a vécu sa journée, ce qu’il a fait, s’il a bien mangé. Pour
cela l’équipe observée a mis en place un certain nombre d’outils, dont un classeur de liaison.
Les professionnels y décrivent la journée de l’enfant, les soins qu’ils lui ont apportés, ses
acquisitions, ainsi que des observations, …
Je pense que c’est un outil très important, car il rassure le parent, et le déculpabilise en lui
montrant que son enfant a joué, dormi, mangé en son absence.
De plus, lors du premier contact, il est essentiel de réserver aux parents un accueil chaleureux
et personnalisé. L’éducatrice observée leur fait visiter la structure, leur présente le personnel,
l’organisation, les modalités d’inscriptions, de fonctionnement et de paiement.
7
Didier HEITZ et Josiane CHABEL in « Métiers de la Petite Enfance », Projet éducatif et projet d’espace, janvier / février
2002 N° 75 / 76, page 18
8
Abraham MASLOW, psychologue américain, La pyramide des besoins
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Je pense que le professionnel doit être attentif à leurs questions et désirs pour les accompagner
dans leur démarche de séparation et leur fournir tous les éléments qui leur permettront
d’éprouver un sentiment de sécurité, car si leurs angoisses ne sont prises en compte, elles
risquent d’engendrer de la méfiance, ou de l’agressivité. Les réactions des parents : critiques,
non intéressés, curieux, …, reflètent souvent leurs préoccupations.
c. Les besoins suivants sont ceux d’appartenance et d’estime
Les parents « accordent une grande valeur aux capacités d’écoute et de compréhensions des
travailleurs sociaux et souhaitent se sentir reconnus dans le rôle de parents ».9
Je pense que l’E.J.E. a un rôle de valorisation, il doit amener les parents à prendre confiance en
leurs propres capacités éducatives, à les rassurer : « oui, c’est bien ce que vous faites ».
L’E.J.E observée essaye dans ses échanges de les encourager et de valoriser leurs actions.
L’écoute dans son travail est fondamentale pour instaurer une relation et une collaboration de
qualité. Celle-ci ne doit pas être directive, ni jugeante, mais empathique et compréhensive.
Je pense que les accueillants doivent respecter les valeurs et les choix éducatifs des parents et
se positionner professionnellement, car « l’enfant se construit à partir de ce que les parents
pensent « être bon » pour lui ».10
«L’enfant a besoin, quand il est petit de continuité : c’est pour cela que le travail avec les
familles est primordial. Il ne s’agit en aucune manière de s’immiscer dans leur vie, mais de
chercher avec elles des repères, des points d’ancrage qui peuvent aider leurs enfant ».11
Les parents sont les premiers éducateurs de leur enfant, et doivent « représenter pour l’équipe
éducative une référence fondamentale : c’est à travers la confiance qu’ils manifestent envers la
structure d’accueil qu’une bonne relation avec les enfants peut être favorisée ».11
Je pense que le professionnel doit entretenir des échanges, créer des liens au quotidien, même si
ce n’est que par de brèves conversations. Suzon BOSSE-PLATIERE nous rappelle que
« se
parler, ce n’est pas uniquement évoquer les difficultés rencontrées à la maison ou à la crèche
avec l’enfant. C’est aussi se raconter les petites choses (…). C’est dans ces échanges à propos
des détails de la vie quotidienne que se construit la confiance entre adultes, et que peuvent se
dire, aussi, certaines difficultés rencontrées avec l’enfant ou certaines inquiétudes à son
propos, sans trop de risques de jugements ou de culpabilité mutuelle ».12
d. Besoin d’auto-accomplissement
Le parent a besoin que tous ses besoins physiologiques, de sécurité, d’appartenance, de
considération soient comblés pour pouvoir s’investir dans la structure d’accueil, et mettre en
valeur son potentiel.
Depuis la rentrée, la structure d’accueil observée essaye de créer un comité des parents, mais
pour l’instant très peu de parents veulent s’investir.
Je pense que l’E.J.E. ne pourra inviter les parents à mettre leurs compétences au service du
groupe d’enfants ou des familles, à participer aux réunions, aux sorties et à s’investir dans le
comité des parents que s’il se sentent accueillis et respectés.
9
Etude réalisée par l’association Jeunesse Culture Loisirs Tourisme en 1999
Didier-Luc CHAPLAIN et Marie-France CUSTOS-LUCIDI in Les métiers de la Petite Enfance « des professions en quête
d’identité », Syros, 2001, page 119
11
Suzon BOSSE-PLATIERE, Accueillir le jeune enfant : quelle professionnalisation ?, Eres, 1997, page 87
12
Suzon BOSSE-PLATIERE, Je fais garder mon enfant, Stock, 2000
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D. Conclusion
« Le métier d’éducateur de jeunes enfants devient de plus en plus un métier de la famille et pas
seulement de l’enfant ».13
Après des années d’exclusion toutes les institutions se mobilisent pour redonner aux parents
leur place de premier éducateur de leur enfant.
Les parents sont le maillon indispensable pour permettre à l’enfant de vivre une continuité de
son existence, favoriser son développement et son épanouissement dans la structure d’accueil.
Les professionnels se mettent à l’écoute des parents, de leurs désirs, de leurs craintes et de leur
histoire pour adapter leur fonction éducative.
L’E.J.E. doit être au clair sur la place qu’il prend auprès de la famille. Il offre un service et se
situe dans l’action éducative et non dans l’éducation.
Les situations d’accueil, de séparations peuvent nous faire rejouer notre propre histoire, il est
donc important de toujours se placer dans un positionnement professionnel et une écoute
compréhensive.
Le métier d’éducateur de jeunes enfants est un métier complexe et diversifié, qui mobilise un
grand nombre de compétences et de savoirs faire.
Son rôle se trouve au carrefour du social et du familial, ce qui lui permet de repérer et de
répondre au mieux aux demandes des enfants et des familles.
L’éducateur de jeunes enfants a, par sa formation, un rôle essentiel à jouer dans les équipes
pluridisciplinaires.
Pourtant, il a encore bien du mal à faire reconnaître son statut et ses spécificités.
13
Jean EPSTEIN in Le métier d’éducateur de jeunes enfants de Daniel VERBA, Syros, 2001
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C.F.E.J.E. de Mulhouse
E. Annexe
Bibliographie
Daniel VERBA, Le métier d’éducateur de jeunes enfants, Syros, 2001 ;
Didier-Luc CHAPLAIN et Marie-France CUSTOS-LUCIDI, Les métiers de la Petite
Enfance « des professions en quête d’identité », Syros, 2001 ;
Suzon BOSSE-PLATIERE, Je fais garder mon enfant, Stock, 2000 ;
Suzon BOSSE-PLATIERE, Accueillir le jeune enfant : quelle professionnalisation ?,
Eres, 1997 ;
Jean-Claude QUENTEL, Le parent « responsabilité ou culpabilité en question », De
Boeck-Wesmael, 2001 ;
Didier HEITZ et Josiane CHABEL, Revue Métiers de la Petite Enfance, Projet éducatif
et projet d’espace, janvier / février 2002 N° 75 / 76 ;
C.F.E.J.E. de Mulhouse, Dossier Educateur de Jeunes Enfants « l’identité sociale et
professionnelle de l’E.J.E. et les mutations dans le champ de la petite enfance » ;
Laurette DETRY BARBIER-CUEIL et Viviane BELHASSEN, Un métier à l’épreuve
vivantes des liens, Fiche info in « Enfances et psy », N° 15 / 2001 ;
F.N.J.E., Référentiel de compétences de l’E.J.E. ;
Témoignages ;
Les enseignements du C.F.E.J.E. de Mulhouse ;
Illustration en première page de Edouard MANCEAU.
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