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l'histoire du théâtre

Du théâtre antique grec à la création contemporaine, l'histoire du théâtre s'étend sur plus de 2 500 ans et concerne tous les continents.

L’histoire du théâtre Du théâtre antique grec à la création contemporaine, l’histoire du théâtre s’étend sur plus de 2 500 ans et concerne tous les continents. DE LA TRAGÉDIE GRECQUE À LA COMÉDIE ROMAINE Le théâtre antique apparaît en Grèce au vie siècle avant J.-C. Les représentations dramatiques naissent avec le culte de Dionysos. La tragédie grecque, qui tire son origine du dithyrambe, hymne à Dionysos, est un spectacle en plein air. Le chœur joue une place prépondérante dans le théâtre antique. Il chante, danse et commente l’action. Le théâtre grec prend place autour de l’autel dédié à Dionysos sur une scène circulaire. Des gradins sont disposés autour, en arc de cercle. Le théâtre romain ne se développe qu’à partir du iiie siècle avant J.-C. Les représentations sont d’abord associées aux fêtes religieuses puis le théâtre devient un divertissement à part entière. La comédie est le genre le plus apprécié des Romains. Le théâtre est généralement situé près de la place du marché. Il est formé de gradins soutenus par des arcades disposées en étages. La scène en demi-cercle est beaucoup plus grande que dans la construction grecque. LE THÉÂTRE MÉDIÉVAL : DES MIRACLES À LA FARCE Le théâtre du Moyen Âge est avant tout un théâtre religieux. Dès le xe siècle, la liturgie est mise en scène dans le but de renforcer la foi des ignorants. Plus qu’un simple divertissement, c’est un véritable moyen d’éducation. Toutes les classes sociales y participent. Les premiers textes extraits de la Bible sont interprétés dans l’enceinte des églises lors des principales fêtes religieuses comme Pâques. À partir du xiiie siècle, les sujets des pièces reprennent la vie des saints. Ce sont des miracles. Au xve siècle, ces représentations prennent le nom de mystères et sont alors inspirées de la Passion du Christ. Les mystères font appel à un grand nombre de participants. Ils ont lieu à l’extérieur, d’abord sur les parvis des églises, puis sur les places des villages. Au milieu du xiiie siècle, le théâtre comique s’affirme. Les genres se diversifient. La sotie est une satire souvent politique. La moralité enseigne la morale chrétienne par le biais de figures allégoriques (la Gourmandise, la Paresse, etc.). La farce est une critique grossière des grands de ce monde. Elle est très populaire jusqu’au xviie siècle. LA COMEDIA ET L’AUTO-SACRAMENTAL ESPAGNOLS Le Siècle d’or, c’est-à-dire le xvie siècle, voit naître la comedia espagnole qui prend plusieurs formes : comédie bourgeoise, comédie populaire, comédie de cape et d’épée, drames de l’honneur et de la passion. La comedia reflète les intrigues de cour et la vie politique, militaire et sociale. Elle se termine généralement par une danse. On joue d’abord ces pièces dans les cours intérieures des maisons appelées corrales puis, dès la fin du xvie siècle, dans de véritables théâtres. Lope de Vega, Tirso de Molina et Pedro Calderón de la Barca en sont les plus grands représentants. Pour contrecarrer l’engouement des Espagnols pour le théâtre profane, l’Église invente un nouveau genre, l’auto-sacramental, une pièce donnée le jour de la Fête-Dieu et contrôlée par le pouvoir religieux et royal. Vraie force de propagande, ces pièces allégoriques parlent tout aussi bien de la mythologie, d’histoire ou de légendes que de textes bibliques. Ce genre de théâtre met en scène les faiblesses de l’homme et Pedro Calderón de la Barca en est le plus grand maître. L’auto-sacramental est finalement interdit par décret royal au xviiie siècle. LE THÉÂTRE ÉLISABÉTHAIN EN ANGLETERRE La grande époque du théâtre anglais commence vers 1580 et se poursuit après le règne d’Élisabeth Ire (1558-1603). Le théâtre élisabéthain tire son origine du théâtre médiéval populaire. Les thèmes sont d’une part la folie, la destruction, le crime et le sang et d’autre part le doute et l’individualisme. William Shakespeare est le dramaturge le plus fécond et le plus important de cette période. Il aborde tous les genres, de la comédie et de la féerie au drame et à la tragédie la plus noire. Les premières représentations ont lieu dans les cours d’auberge dont l’agencement influence la forme architecturale du théâtre élisabéthain. La scène ronde à ciel ouvert est entourée de loges et de galeries couvertes. Le public bruyant suit l’action et attend les différentes péripéties : duels, scènes violentes. Les acteurs sont exclusivement masculins et se travestissent pour interpréter les rôles de femmes. En 1642, le Parlement décrète la fermeture des théâtres, ce qui met un terme à l’essor du théâtre élisabéthain. LA COMMEDIA DELL’ARTE ITALIENNE La commedia dell’arte est une forme de comédie populaire née en Italie dans la seconde moitié du xvie siècle. Elle doit sa naissance, et son nom, à une nouvelle catégorie d’artistes : les comédiens dell’arte, ou acteurs de métier. La commedia dell’arte ne repose sur aucun texte écrit. Le canevas de la pièce se contente d’une description sommaire de l’action et des différentes entrées et sorties des acteurs sur scène. Les troupes, composées de six à douze acteurs, improvisent des comédies mêlées de chants, de danses, de mimes, d’acrobaties et de pitreries. Les acteurs portent tous des masques à l’exception des femmes. Les personnages de la commedia dell’arte sont très stéréotypés (serviteurs comiques, vieillards, avocats, amants, docteurs ridicules, etc.). À l’origine, les troupes jouent dans la rue, mais grâce à leur succès, elles commencent à se produire devant les courtisans. La commedia dell’arte a exercé une grande influence sur diverses formes de théâtre, notamment sur les comédies de Carlo Goldini ou celles de Molière. LE THÉÂTRE CLASSIQUE FRANÇAIS : LA TRAGÉDIE ET LA COMÉDIE Le théâtre classique s’impose en France au xviie siècle avec la renaissance des deux principaux genres antiques : la tragédie et la comédie. La tragédie classique tire ses sujets de la Bible et de l’Antiquité. Elle est soumise à la règle des trois unités : d’action, de lieu et de temps. Pierre Corneille et Jean Racine en sont les deux grands représentants. La comédie classique emprunte ses thèmes aux tracas de la vie quotidienne. Le sujet préféré reste l’amour contrarié de jeunes gens par les pères ou les maris. Molière est considéré comme le maître de la comédie classique. LE THÉÂTRE DES LUMIÈRES : LE DRAME BOURGEOIS ET LA COMÉDIE SPIRITUELLE Le théâtre des Lumières correspond au théâtre du xviiie siècle. Le goût pour la tragédie classique du xviie siècle commence à s’essouffler et les auteurs tentent de renouveler cet art. Un genre nouveau apparaît, intermédiaire entre la tragédie et la comédie : le drame bourgeois. Il met en scène un événement dramatique dans la vie quotidienne d’une famille bourgeoise. Le personnage ridicule n’est plus le bourgeois gentilhomme mais le noble hautain et futile. Le drame est la première revanche de la bourgeoisie, alors en plein essor, sur la scène théâtrale. La comédie évolue également. Le rire franc propre à Molière laisse la place à des comédies plus spirituelles, moralisantes, satiriques ou psychologiques. Voltaire, Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux et Pierre Augustin Caron de Beaumarchais en sont les principaux représentants. LE MÉLODRAME Dans la lignée du drame bourgeois, le mélodrame se développe au xixe siècle. Ce genre obtient vite les faveurs du public populaire car il accorde la première place à l’intrigue et au spectacle. L’action est conçue autour d’une succession de péripéties et de rebondissements (batailles, poursuites à cheval, inondations, tremblements de terre, etc). L’intrigue repose sur un conflit entre un « bon » et un « méchant ». Le mélodrame inspire des émotions fortes comme la crainte et les larmes. Il se déroule en trois actes (au lieu de cinq comme dans le théâtre classique). LE THÉÂTRE ROMANTIQUE Le théâtre romantique naît en Allemagne avec Johann Wolfgang von Goethe et Friedrich von Schiller puis se répand dans toute l’Europe au xixe siècle. Le romantisme exalte l’émotion plutôt que la raison, se libérant des règles classiques. Il prône avant tout la liberté et la révolte. En France, Victor Hugo ouvre la voie au romantisme et proclame la liberté de la forme théâtrale. Il remet en question la règle des trois unités, mêle le vers et la prose, multiplie les personnages et mélange les genres. Alfred Vigny et Alfred de Musset font partie de la génération romantique. LE THÉÂTRE DE BOULEVARD : LA COMÉDIE ET LE VAUDEVILLE Le théâtre de boulevard tire son nom des Grands Boulevards parisiens sur lesquels se trouvent de nombreux théâtres. Il prend tous les visages de la comédie : sentimentale, dramatique, légère ou satirique. Les personnages du théâtre de boulevard appartiennent généralement au monde de la noblesse ou de la richesse. Ils sont par définition oisifs et n’ont pas d’autre souci que leurs plaisirs. L’amour constitue la principale préoccupation de ces protagonistes. Les problèmes du mariage, du divorce, de l’inégalité des deux sexes devant l’adultère sont largement évoqués dans ces pièces. Le théâtre de boulevard est très populaire jusqu’en 1914. Le vaudeville est l’une des formes du théâtre de boulevard. Il s’agit d’un genre très ancien né au xve siècle qui mêle, à l’origine, chansons et comédie légère. Au xixe siècle, le vaudeville désigne toutes les comédies de boulevard dans lesquelles l’intrigue tourne autour d’une infidélité conjugale. Eugène Labiche, Georges Courteline et Georges Feydeau en sont les plus célèbres représentants. LE RENOUVEAU DU THÉÂTRE AU XXE SIÈCLE Après la Seconde Guerre mondiale apparaissent plusieurs formes de théâtre : le théâtre populaire, le théâtre engagé et le théâtre absurde. – Le théâtre devient populaire grâce à la décentralisation théâtrale. Les pièces ne sont plus jouées uniquement dans les théâtres parisiens. La création du Festival d’Avignon et du Théâtre National Populaire (TNP) par Jean Vilar en sont la plus belle illustration. Le théâtre s’ouvre à de nouveaux publics. – Le théâtre engagé ou philosophique est issu directement des épreuves de la guerre. Jean-Paul Sartre, Albert Camus ou Georges Bernanos se lancent dans cette voie et offrent un théâtre politique ou humaniste. – Le théâtre de l’absurde est un théâtre d’avant-garde qui suit les traces des dadaïstes, des surréalistes et des existentialistes. Il connaît son apogée dans les années 1950. Le néant est le thème principal des œuvres d’Eugène Ionesco ou de Samuel Beckett qui mettent en scène le vide des personnages, des lieux, de l’intrigue et du langage, donc l’absurde. À partir des années 1970, le théâtre est confronté à une pénurie de nouveaux textes dramatiques. Les metteurs en scène travaillent alors de plus en plus à l’adaptation de textes littéraires. Par ailleurs, les frontières entre le théâtre et les arts voisins se réduisent, ce qui permet d’opérer des croisements avec la danse, le cirque, les arts plastiques, l’opéra, le cinéma, etc. On voit émerger d’un côté un théâtre intimiste, de l’autre un théâtre de mise en scène, c’est-à-dire un théâtre dans lequel le metteur en scène et son travail sont privilégiés et deviennent plus importants que le texte ou le jeu des comédiens. Ismail El bezzamiPage 5