Les Dossiers d'Agropolis International Extrait du dossier "Changement climatique : impacts et adaptations" - n°20 - Février 2015 - 88 pages
Changement climatique
& biodiversité et écosystèmes
L’acquisition de connaissances sur la vulnérabilité future,
l’exposition et la capacité de réaction des systèmes
naturels, interconnectés aux sociétés, constitue donc
un défi majeur posé à la science, en raison du nombre
de facteurs en jeu et de leurs interactions complexes.
Cette problématique est abordée de manière très
large et pluridisciplinaire par les équipes de recherche
présentes en Languedoc-Roussillon, à travers l’étude
des transformations du monde vivant, de l’évolution de
la biodiversité et des écosystèmes et de l’adaptation au
changement climatique et, ce, à différentes échelles de
temps (du court au long terme), d’espace et d’organisation
du vivant (des génomes aux écosystèmes).
Ces travaux — qui concernent non seulement des
organismes « modèles », mais aussi les spécificités des
milieux méditerranéens ou tropicaux — s’appuient en
partie sur des observatoires permanents (en milieu
terrestre comme en milieu marin) et des plateformes
expérimentales de pointe (Écotron, MEDIMEER, Centre
national de ressources biologiques marines).
Ce chapitre offre un panorama des unités de recherche
régionales qui étudient, d’une manière ou d’une autre,
l’impact du changement climatique sur les écosystèmes
continentaux, d’une part, et sur les écosystèmes marins,
d’autre part.
Les recherches menées visent à comprendre la dynamique
et le fonctionnement de la biodiversité (grâce à des
démarches d’observation sur le terrain, avec l’appui
de l’OSU OREME, et d’expérimentation en conditions
contrôlées, couplées à des approches théoriques et à
la modélisation). Elles visent également à prévoir les
conséquences biologiques des changements planétaires
(à l’aide de scénarios), à anticiper l’évolution des services
écosystémiques et à définir des modalités de gestion
adaptative des espèces et des milieux.
Philippe Jarne (UMR CEFE)
& Philippe Lebaron (OOB)
Changement climatique : impacts et adaptations
L
es études scientifiques menées depuis plusieurs
décennies, qui trouvent un large écho dans
le dernier rapport du GIEC, montrent chez
beaucoup d’espèces terrestres, dulcicoles et marines,
une évolution de l’aire de répartition, des activités
saisonnières, des mouvements migratoires, de l’abondance
et des interactions interspécifiques découlant du
changement climatique en cours. La nature et l’ampleur
des perturbations à venir sont difficiles à prévoir et à
anticiper, compte tenu de la faible échelle de temps à
laquelle elles se produisent et de la diversité des réponses
biologiques, mais aussi de la complexité des interactions
entre espèces et des espèces avec leur environnement.
On peut cependant affirmer qu’elles sont sans précédent
sur une aussi courte période dans l’histoire de la Terre.
27
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Biodiversité
et écosystèmes continentaux
U
Les structures principales
Écotron européen de Montpellier
(CNRS)
7 scientifiques
LabEx CeMEB
Centre Méditerranéen de
l’Environnement et de la Biodiversité
(UM/UPVM/Montpellier SupAgro/CNRS/IRD/
Inra/Cirad/EPHE/Inrap/UNîmes)
630 scientifiques
OSU OREME
Observatoire de Recherche
Méditerranéen de l’Environnement
(UM/CNRS/IRD)
10 scientifiques
Changement climatique: impacts et adaptations
UMR AMAP
botAnique et Modélisation
de l’Architecture des Plantes
et des végétations
(Cirad/CNRS/Inra/IRD/UM)
54 scientifiques
28
UMR CEFE
Centre d’Écologie Fonctionnelle
et Évolutive
(CNRS/UM/UPVM/EPHE/
Montpellier SupAgro/IRD/Inra)
86 scientifiques
Suite p. 31
ne grande partie des recherches menées sur les écosystèmes
et la biodiversité continentaux sont fédérées au sein du LabEx
CeMEB. Les approches développées font appel à un large corpus
de disciplines (écologie, biologie des populations, botanique, génétique,
physiologie, informatique, etc.). Elles ont pour objectif d’étudier la dynamique
des écosystèmes et leur réponse aux changements climatiques, en milieu
naturel ou pseudo-naturel. Le site expérimental méditerranéen de Puéchabon
ou les zones humides des basses plaines de l’Ain fournissent de bons exemples.
Les approches se font aussi en milieu contrôlé, par exemple dans les enceintes
confinées de l’Écotron, en serre ou en animalerie. Ces approches portent aussi
sur les mécanismes d’adaptation des espèces à leur environnement aux points
de vue génotypique, phénotypique ou biogéographique. On peut citer, à titre
d’exemple, la simulation de l’aire de répartition de plusieurs espèces d’arbre en
lien avec les prévisions du changement climatique (projet Evorange).
Les objets d’étude vont des microorganismes aux plantes et aux animaux,
portent sur l’ensemble des écosystèmes (terrestres, aquatiques, sols), de
l’équateur aux pôles avec une emphase sur les écosystèmes méditerranéens
et tropicaux. Ceux-ci sont étudiés dans leurs relations avec les sociétés,
afin d’en définir les modalités de gestion adaptative (voir par exemple les
projets REDD et INFORMED). Les espèces et communautés d’espèces sont
appréhendées aussi bien au niveau de leur diversité, de leur structure, de leur
organisation que de leur fonctionnement. Des représentations mathématiques
et informatiques des organes, des plantes, des peuplements, des paysages
et des processus, sont élaborées à des fins d’analyse ou de prédiction et de
simulation. Les sols font l’objet d’une attention particulière, non seulement en
tant que substrat nutritif pour les plantes, mais aussi en tant que milieu abritant
une riche biodiversité d’organismes essentiels à la réalisation des cycles
biogéochimiques. Des méthodes d’ingénierie écologique, par exemple basées
sur les symbioses entre plantes et microorganismes et visant à restaurer les
milieux dégradés, sont également à l’étude.
Une des forces de la communauté repose sur la prise en compte explicite des
relations homme-milieu, par des approches intégrant les sciences humaines et
sociales. On peut citer les travaux sur les services écosystémiques ou encore
l’évaluation des capacités des écosystèmes en tant que sources ou puits de
carbone dans la perspective d’atténuer les effets de l’augmentation de la
concentration en CO2 dans l’atmosphère.
Sophie Boutin (LabEx CeMEB)
& Philippe Jarne (UMR CEFE)
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Éclosion des bourgeons végétatifs
et des fleurs femelles de mélèze, stades
phénologiques suivis au sein de l’Observatoire
des saisons (www.obs-saisons.fr).
Les événements phénologiques, plastiques face aux
conditions environnementales et capables d’évoluer
rapidement sous l’effet du réchauffement climatique,
constituent des traits adaptatifs majeurs chez les arbres
(qui ont un temps de génération long). Ils expliquent
une part importante de leur répartition géographique.
Partager et transmettre
le savoir sur la biodiversité
et les écosystèmes face aux
changements planétaires
Labellisé « Laboratoire d’Excellence »
par le programme « Investissement
d’Avenir » 2011-2019 de l’ANR,
le « Centre Méditerranéen
de l’Environnement et de la
Biodiversité » (LabEx CeMEB –
UM, UPVM, Montpellier SupAgro,
CNRS, IRD, Inra, Cirad, EPHE, Inrap,
UNîmes) est une structure fédérative
regroupant huit unités de recherche
(AMAP, CBGP, CEFE, Eco&Sols,
Écotron, ISEM, LAMETA, MIVEGEC).
Le CeMEB définit des stratégies
communes sur ses secteurs
d’intervention, en concertation
étroite avec les partenaires locaux et
régionaux fédérant l’observatoire des
sciences de l’univers (OSU) OREME,
le DiPEE de Montpellier, le comité
thématique d’établissement (CTE)
B3E de l’Université de Montpellier
et d’autres LabEx*. Il poursuit
également des missions d’appui
à la recherche (doctorat, postdoctorat), d’animation scientifique
(organisation et financement
d’ateliers, de rencontres et
de programmes de science
participative), de formation (public
professionnel, enseignants et futurs
enseignants du secondaire...), de
transfert et de valorisation (portail
web en écologie et biodiversité,
participation aux Assises de la
Biodiversité 2014...).
Le LabEx CeMEB travaille sur les
champs disciplinaires suivants :
dynamique de la biodiversité,
écologie et biologie évolutive ;
rôle fonctionnel de la biodiversité
et services des écosystèmes ;
santé-environnement ;
socioéconomie de
l’environnement ;
conséquences biologiques des
changements planétaires.
Ses objectifs sont :
de comprendre la dynamique
et le fonctionnement de la
biodiversité en combinant
observation, expérimentation et
modélisation ;
de prévoir les conséquences
biologiques des changements
planétaires à l’aide de scénarios ;
d’anticiper l’évolution des
services écologiques et des
sociétés humaines.
Le projet LabEx CeMEB propose :
de mettre en place un centre
d’expertise et de connaissance
sur la biodiversité devant
répondre à la croissance des
demandes d’intervention du
monde de la recherche sur les
questions de biodiversité, tant
auprès des scolaires ou du grand
public que de milieux plus
spécialisés. Il aura également
pour objectif l’amélioration des
capacités d’expertise et d’appui
aux décideurs, aménageurs,
gestionnaires et autorités
publiques ;
de créer de nouvelles formations au
niveau licence et master, et d’ouvrir
la formation des doctorants au
management et à l’environnement
économique, afin de faciliter leur
insertion professionnelle. •••
* DiPEE : Dispositifs de Partenariat en Écologie et
Environnement ; B3E : Biologie Écologie Évolution
Environnement
Changement climatique : impacts et adaptations
© E. Gritti
29
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Biodiversité et écosystèmes continentaux
Comparer la distribution actuelle de la diversité biologique à ce qu’elle était il y a 200 ans est
rendu difficile par la rareté de données anciennes de qualité. Lorsque de telles données existent,
elles sont généralement issues d’échantillonnages datant de quelques décennies tout au plus.
Lorsque le pas de temps étudié s’allonge, des changements importants interviennent aussi bien
en termes de nomenclature des espèces étudiées que de dénomination des lieux d’observation.
Par ailleurs, il est fréquent que des données climatiques collectées lors de campagnes aussi
éloignées dans le temps concernent les mêmes stations.
© Delile
La réponse de la diversité fongique au changement climatique :
l’utilisation de collections d’herbier âgées de 170 ans
L’ensemble de ces contraintes donne une idée de la valeur exceptionnelle des données
constituées autour de Montpellier entre 1820 et 1850, par de Candolle et ses successeurs de
l’Institut Botanique de Montpellier, et conservées jusqu’à nos jours par l’Herbier de Montpellier.
Ces collections constituent ainsi l’un des plus anciens jeux de données mycologiques assemblés
en un herbier et localisés avec précision. Ces données sont par ailleurs assignées à des
informations climatiques précises, relevées manuellement au moment de l’échantillonnage.
Après un important travail de réassignation nomenclaturale et d’analyse des données
météorologiques, ces informations ont été comparées à des relevés réalisés dans la même région
sur la période 2000-2010. Les équipes impliquées (Société d’Horticulture et d’Histoire Naturelle
de l’Hérault, CEFE, Biotope, Laboratoire de Botanique, Phytochimie et Mycologie, Herbier de
l’Université de Montpellier, Laboratoire des Sciences Végétales et Fongiques) ont ainsi pu mettre
en évidence que, en l’espace de deux siècles, les espèces de champignons décomposeurs et
mutualistes ont retardé leur fructification de deux à trois semaines, alors que dans le même
temps certains paramètres climatiques (température moyenne, distribution temporelle des
pluies) montrent d’importants changements.
Changement climatique: impacts et adaptations
Ces grandes tendances connaissent des variations spécifiques parfois fortes et sont modulées par
les traits écologiques des espèces (espèces d’arbres associées, type de substrat…), et permettent
par exemple de constater que certains champignons largement consommés autrefois, et faisant
l’objet d’un commerce à Montpellier, ont aujourd’hui très fortement régressé.
30
Pivoulade d’éouse, dessin de Delile (Herbier
de Montpellier).
Contact : Franck Richard,
[email protected]
La collybie à pieds en fuseau (Collybia fusipes) était aussi
appelée « pivoulade d’éouse » lorsqu’elle était vendue sur
le marché des Arceaux au début du 19° siècle. Cette espèce
s’est aujourd’hui considérablement raréfiée autour de
Montpellier.
Le champ immense
des adaptations biologiques
aux changements
environnementaux
phénotypes selon les conditions
du milieu. Cette plasticité
physiologique, morphologique,
comportementale ou encore
phénologique est dite « adaptative »
si elle permet de maintenir ou
d’accroître la valeur sélective
face aux changements du
milieu. Les limites et les coûts
de cette plasticité, notamment
en conditions d’interactions
multitrophiques, jouent donc
un rôle crucial dans la capacité
des organismes à s’adapter aux
changements climatiques.
L’adaptation biogéographique
concerne les espèces capables
de migrer ou de se disséminer
vers les zones bioclimatiques
les plus favorables à leur survie.
La capacité des organismes à se
propager est très variable entre
espèces et dépend du contexte
biogéographique de leurs aires
de répartition. Face à la rapidité
des changements climatiques
en cours et au morcellement
des aires naturelles par les
activités humaines, la capacité
de déplacement des populations
représente un enjeu majeur
d’adaptation aux changements
climatiques.
Des microorganismes à l’écosystème,
de la plasticité phénotypique aux
migrations et à la sélection naturelle,
le « Centre d’Écologie Fonctionnelle et
Évolutive » (UMR CEFE – CNRS, UM,
UPVM, EPHE, Montpellier SupAgro,
IRD, Inra) développe des recherches
couvrant une multitude d’aspects par
lesquels le monde vivant s’adapte aux
changements climatiques.
Comprendre et prévoir l’ensemble de
ces bouleversements est une tâche
ardue face à la complexité :
des changements (tendances
générales, variation régionales ou
saisonnières, etc.) ;
de la diversité biologique et de ses
champs de réponse (génétiques,
phénotypiques, biogéographiques) ;
des interactions entre ces
changements et les différents
niveaux de réponse de la diversité
biologique.
De par la diversité de ses approches
au sein des départements « Écologie
Évolutive », « Écologie Fonctionnelle »,
« Biodiversité et Conservation », et
« Interactions, Écologie et Sociétés »,
le CEFE est un acteur de premier plan
dans le développement d’une vision
multidisciplinaire et intégrée des
changements récents et à venir de nos
écosystèmes.
Les recherches qui y sont développées
associent des travaux de court
et de long termes portant sur de
nombreuses classes d’organismes à
travers ces trois modes d’adaptation :
L’adaptation génotypique concerne
les processus bien connus sous
le nom de « sélection naturelle
darwinienne ». La diversité
génétique des populations
d’organismes est ici le facteur clé de
l’adaptation des espèces à travers la
sélection des génotypes les mieux
adaptés aux changements en cours.
La disparition de biodiversité qui
en découle au sein des espèces
est une source potentielle
d’inquiétude pour la résistance de
nombreuses classes d’organismes
aux successions de changements à
venir.
L’adaptation phénotypique
correspond à la plasticité
phénotypique, c’est-à-dire à la
capacité, à partir d’un génotype
unique, de produire plusieurs
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L’« Institut des Sciences de l’Évolution
de Montpellier » (UMR ISEM – CNRS,
UM, IRD, EPHE) réunit paléontologie
et biologie des populations. Il a été
créé avec la volonté d’encourager
la voie de la pluridisciplinarité dans
l’approche des transformations du
monde vivant.
Les recherches au sein de l’ISEM
concernent l’origine et la dynamique
de la biodiversité, ainsi que les
modalités et les mécanismes de
son évolution. Les chercheurs
de cette unité s’intéressent aussi
bien à la biodiversité actuelle que
passée, étudient un large éventail
d’organismes et de milieux, et
allient des approches de terrain,
expérimentales et théoriques. Ces
recherches intègrent les questions
fondamentales de la biologie
évolutive (adaptation, spéciation),
l’accélération des moyens de
production de données (révolution
de la génomique, programmes de
science participative), ainsi que
le questionnement scientifique et
sociétal portant sur les réponses
de la biodiversité vis-à-vis des
changements planétaires et
anthropiques.
Formalisation d’un écosystème aride
(haut) en automate cellulaire (bas).
Les recherches menées à l’ISEM
abordent l’étude de l’adaptation
aux changements climatiques à des
échelles multiples de temps, d’espace
et d’organisation du vivant, depuis
l’échelle très fine des génomes
jusqu’à celle des écosystèmes. Les
réponses adaptatives étudiées vont
des modifications physiologiques
des organismes (notamment,
dans une perspective d’adaptation
des pratiques d’aquaculture au
changement climatique, via l’étude
des normes de réaction des œufs,
embryons et larves des poissons visà-vis de la température) jusqu’aux
changements de composition des
communautés à très large échelle
spatiale.
À partir de jeux de données issus de
programmes de science participative,
l’ISEM a notamment montré que,
à l’échelle de toute l’Europe, les
communautés d’oiseaux et de
papillons subissent des modifications
interprétables dans le cadre du
réchauffement climatique, mais
aussi que le rythme de réponse des
communautés est inférieur à celui
de l’augmentation des températures,
engendrant une dette climatique
pour la biodiversité.
L’étude des réponses de la
biodiversité aux changements
climatiques passés est, à l’ISEM, une
force des recherches sur l’adaptation
au changement climatique : cela
permet de replacer les défis
adaptatifs auxquels les espèces
sont confrontées actuellement
dans le contexte de leur histoire
d’adaptation.
Une autre originalité de l’unité
consiste à développer des approches
intégratrices alliant l’écologie des
communautés et des écosystèmes
avec l’évolution. L’ISEM étudie en
particulier le rôle des réponses
évolutives dans le façonnement des
patrons d’extinction, et il développe
de nouveaux outils de modélisation
pour intégrer ces aspects évolutifs
dans les scénarios de devenir de
la biodiversité dans le contexte du
changement climatique. •••
Les structures principales
UMR ISEM
Institut des Sciences
de l’Évolution de Montpellier
(CNRS/UM/IRD/EPHE)
89 scientifiques
UR B&SEF
Biens et Services
des Écosystèmes Forestiers tropicaux
(Cirad)
45 scientifiques
UR URFM
Écologie des Forêts Méditerranéennes
(Inra)
15 scientifiques
Changement climatique : impacts et adaptations
Associer la biologie et la
paléontologie pour replacer
les transformations du
vivant face aux changements
climatiques dans le contexte
de leur adaptation historique
31
© F. Schneider
Les Dossiers d'Agropolis International Extrait du dossier "Changement climatique : impacts et adaptations" - n°20 - Février 2015 - 88 pages
Biodiversité et écosystèmes continentaux
Comment l’évolution affecte-t-elle la dynamique d’extinction
et de changements d’aire de distribution dans le contexte
des changements globaux ?
Le projet EvoRange*, financé par le programme « Sixième extinction »
de l’ANR, a été coordonné par l’ISEM. Il réunissait des équipes de
Grenoble (Laboratoire d’Écologie Alpine), de Paris (École Normale
Supérieure et Muséum national d’Histoire naturelle) et de Montpellier
(CEFE).
Plusieurs questions étaient soulevées par le projet :
Quand l’évolution peut-elle empêcher une population déclinante de
s’éteindre ?
Quels sont les rôles respectifs de la migration, de la plasticité
phénotypique et de l’adaptation génétique lors des déplacements
d’aire prédits par les changements globaux ? Comment ces différents
facteurs interagissent-ils ?
Qu’est-ce qui explique que la niche écologique évolue rapidement
dans certaines populations ou espèces et qu’elle soit fortement
conservée dans d’autres ?
© A. Duputie
Pour répondre à ces interrogations, l’ISEM et ses partenaires ont
mobilisé différentes méthodes complémentaires. Des modèles
mathématiques et informatiques sont développés pour simuler, d’une
part, l’adaptation d’espèces soumises à un stress et, d’autre part, leur
déplacement en réponse à des pressions nouvelles. Les équipes de
recherche prennent également avantage des phénomènes d’évolution
Hêtre commun
(Fagus sylvatica)
Chêne sessile
(Quercus petraea)
très rapide des microbes pour observer au laboratoire leur adaptation
à différentes conditions stressantes et les facteurs limitant cette
adaptation. Par ailleurs, à une échelle très différente, elles utilisent aussi
des reconstructions phylogénétiques pour estimer si les préférences
climatiques se sont diversifiées rapidement entre espèces proches ou si
elles sont restées semblables à celles de l’ancêtre.
Les modèles développés suggèrent notamment que la dispersion
facilite, plus souvent qu’elle ne les contraint, l’expansion géographique
et l’adaptation à des conditions nouvelles. Ces contraintes évolutives
peuvent être renforcées par certains types de dispersion (comme
celle du pollen), par des contraintes génétiques, ou par des patrons de
sélection conflictuels sur différents traits adaptatifs. Bien qu’elle soit
évoquée fréquemment comme un mécanisme majeur de mitigation des
conséquences du changement climatique, la plasticité phénotypique de
la phénologie a des conséquences contrastées et très variables selon
les espèces sur la persistance des populations d’arbres européens en
marge nord et sud de leur répartition.
Contact : Ophélie Ronce,
[email protected]
Pour plus d’informations : http://162.38.181.25/EvoRange
* How does EVOlution affect extinction and species RANGE dynamics in the context of global change?
Pin sylvestre
(Pinus sylvestris)
1
0,5
0,2
0
-0,2
-0,5
-1
Effet de la plasticité phénotypique sur la persistance de trois arbres forestiers sous scénario de
réchauffement climatique (période 2081-2100).
La date de feuillaison varie en fonction de la température. Ces cartes montrent les zones en Europe où ces variations ont un effet positif
(en rouge) ou un effet négatif (en bleu) sur la persistance des arbres. Les zones pointillées sont les zones où chaque espèce peut persister
sous ce scénario de changement climatique. Prédictions du modèle PHENOFIT.
Changement climatique: impacts et adaptations
Analyser et simuler
le développement des
écosystèmes végétaux
32
Les activités de l’UMR « botAnique
et Modélisation de l’Architecture
des Plantes et des végétations »
(AMAP – Cirad, CNRS, Inra, IRD,
UM) relèvent de deux grands champs
disciplinaires :
d’une part, la botanique
systématique et structurale,
l’écologie de la végétation,
l’agronomie et la foresterie ;
d’autre part, l’informatique, les
mathématiques et les statistiques
appliquées.
Les équipes ont des compétences
scientifiques et techniques originales
et reconnues. Leur projet s’articule
autour de différents thèmes.
Il est centré sur la caractérisation
et l’analyse de la diversité, de
la structure et de l’organisation
des plantes et des peuplements
végétaux.
Il aborde des problématiques
méditerranéennes, tempérées
et tropicales, prend en compte
la dimension phylogénétique et
évolutive, et s’intéresse aux plantes
actuelles ou fossiles, cultivées
ou se développant en conditions
« naturelles » ou faiblement
anthropisées.
Il s’appuie sur des méthodes
originales qu’il contribue
souvent à développer, telles
que l’identification assistée
par ordinateur, l’analyse de
l’architecture et du développement
des plantes, l’analyse biomécanique
des végétaux, la représentation
mathématique et informatique
des organes, des plantes, des
peuplements et des paysages,
ou encore la modélisation de la
croissance et de la dynamique des
espèces et des peuplements.
À travers ses projets, l’intention de
l’UMR est de fédérer :
des recherches cognitives, axées sur
la description et la compréhension
de la diversité de la végétation, de
la croissance et du fonctionnement
des végétaux, ainsi que des
relations structure-fonction et des
relations avec les phylogénies, la
biogéographie et la systématique ;
des recherches méthodologiques,
visant à proposer des approches
et des modèles mathématiques,
statistiques et informatiques
suffisamment génériques pour
analyser, prédire et simuler la
structure et le développement, dans
des contextes variés, des plantes et
de la végétation ;
des recherches finalisées, orientées
vers la maîtrise de la dynamique, de
la composition et de la production
quantitative et qualitative des
écosystèmes végétaux cultivés
ou naturels. En particulier,
ces recherches concernent les
variations de biomasse aérienne
des forêts tropicales humides en
fonction de différents facteurs
naturels ou anthropiques, dans
le but d’évaluer les quantités
de carbone présentes dans ces
forêts. •••
© P. Couteron, N. Barbier & P. Ploton
Les Dossiers d'Agropolis International Extrait du dossier "Changement climatique : impacts et adaptations" - n°20 - Février 2015 - 88 pages
b.
d.
800 m
300
500
700
c.
Inventaire et suivi de la biomasse
aérienne des forêts tropicales :
une contribution au mécanisme REDD
Évaluation de la biomasse
aérienne des forêts tropicales.
Exemple de démarche allant de
l’évaluation précise des biomasses d’arbres
individuels sur des sites de référence
(photos a et b), jusqu’à la production,
grâce aux images de télédétection (photo c)
de cartes de biomasse (photo d).
Pour mener à bien un tel projet, l’UMR AMAP a développé des méthodes fiables permettant de suivre
dans le temps l’évolution des quantités de carbone séquestrées. Le carbone est majoritairement séquestré
dans les parties aériennes des arbres. Il convient de l’estimer de façon cohérente malgré les contraintes
liées aux territoires forestiers, qui sont vastes et souvent difficilement accessibles. Les inventaires
forestiers de terrain concernent principalement des mesures simples, comme le diamètre du tronc et,
exceptionnellement, des mensurations et pesées plus détaillées permettant la calibration des équations
allométriques prédisant la biomasse totale des arbres individuels.
Ces inventaires, forcément limités dans l’espace, permettent d’échantillonner les différents types de
forêts d’un territoire, et de calibrer les prédictions de la biomasse des arbres à partir de la télédétection
(altimétrie laser, analyse du grain de la canopée sur images optiques, mesures radar, etc.). Le recours à la
télédétection est nécessaire pour obtenir des cartographies généralisant l’information de terrain.
La démarche de l’UMR AMAP se place ainsi à l’interface entre le traitement des informations spatiales et
les observations de terrain, en particulier au travers de l’architecture des arbres. Cette conjonction de
compétences, dans deux domaines généralement dissociés, permet d’envisager des collaborations plus
étroites et plus directes entre la télédétection et la modélisation 3D des structures végétales. Par ailleurs,
pour garantir la robustesse et la généricité de ses résultats, l’UMR mène ces recherches dans différentes
régions tropicales : Afrique centrale, Guyane française, Inde, Nouvelle-Calédonie et, plus ponctuellement,
Brésil et Indonésie.
Contact : Pierre Couteron,
[email protected]
Changement climatique : impacts et adaptations
a.
Face aux objectifs internationaux de maîtrise des quantités de gaz à effet de serre, et face aux enjeux du
programme de Réduction des Émissions liées à la Déforestation et à la Dégradation des forêts tropicales
(REDD+), il est important de recenser les stocks de carbone que ces forêts hébergent et ce, d’autant plus
que le mécanisme REDD prévoit d’appuyer financièrement les pays tropicaux dans la conservation de ces
stocks.
33
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Biodiversité et écosystèmes continentaux
Projet INFORMED : des recherches intégrées sur la résilience
et la gestion des forêts méditerranéennes
Dans le cadre de l’initiative ERA-Net FORESTERRA*, le projet collaboratif
INFORMED** (2015-2017) développe une approche pluridisciplinaire
sur la résilience des forêts méditerranéennes face au changement global.
Cette approche est basée sur le schéma conceptuel suivant : d’une
part, le changement global modifie le contexte général d’un système
socioécologique au sein duquel la gestion oriente la biodiversité forestière
et ses fonctions, ce qui détermine les services écosystémiques ; d’autre
part, l’évaluation économique de ces services peut aider le système de
gouvernance à choisir les futures options de gestion les plus appropriées.
Le projet, coordonné par l’URFM, est conduit par un consortium de 15
partenaires issus de 10 pays des deux rives de la Méditerranée, alliant des
compétences en écologie, gestion forestière, gouvernance et économie.
Le projet INFORMED a trois objectifs scientifiques principaux :
combler les lacunes relatives aux mécanismes de base qui déterminent la
flexibilité des réponses du système socioécologique à la perturbation ;
intégrer les connaissances en combinant différents modèles basés sur les
processus, à des échelles spatiales et temporelles variées ;
utiliser les connaissances intégrées pour élaborer des stratégies de gestion,
Écosystème forestier mélangé hêtre-sapin (col du Comte,
Mont-Ventoux, France).
et des lignes directrices politiques et de gouvernance à même de favoriser
la résilience du système forestier.
Contact : François Lefevre,
[email protected]
Pour plus d’informations : www.foresterra.eu
© Inra/URFM
* L’ERA-Net FORESTERRA (Enhancing FOrest RESearch in the MediTERRAnean through improved coordination
and integration) vise à renforcer la coordination scientifique et l’intégration de programmes méditerranéens
de recherches forestières ainsi que la coopération scientifique parmi les pays du bassin méditerranéen et
avec d’autres zones sous climat méditerranéen.
Changement climatique: impacts et adaptations
Forêts méditerranéennes :
fonctionnement et
dynamiques
34
L’ « Unité de Recherche Écologie
des Forêts Méditerranéennes »
(URFM – Inra) développe un projet
de recherche pluridisciplinaire
faisant appel à des compétences en
biologie des populations, écologie,
écophysiologie, entomologie,
génétique, mathématiques
appliquées, physique et sciences
forestières. Ce projet s’inscrit dans
une démarche de recherche finalisée,
centrée sur un objet d’étude, les forêts
méditerranéennes, pour aborder des
questions générales en écologie sur la
réponse des écosystèmes complexes
et hétérogènes aux changements
globaux.
Le projet de recherche de l’URFM sur
les dynamiques et le fonctionnement
des forêts méditerranéennes intègre
trois grands thèmes de recherche,
étroitement liés :
l’étude de la dynamique, de
l’utilisation de l’eau et du bilan
de carbone dans les forêts
mélangées, hétérogènes dans leur
© Inra/URFM
** INtegrated research on FOrest Resilience and Management in the mEDiterranean.
Étagement altitudinal de
végétation d’arbres forestiers.
composition et la structure de leurs
communautés ;
une approche démo-génétique
de la dynamique évolutive des
populations d’arbres et d’insectes
phytophages à différentes échelles
spatiales ;
une approche de l’écologie du
feu basée sur la connaissance
des mécanismes physiques du
comportement et des impacts du
feu.
Sur chacun de ces thèmes, l’URFM
allie démarches expérimentale et de
modélisation.
Les productions de l’unité sont
avant tout académiques, mais
l’URFM participe aussi activement
au transfert des connaissances sous
diverses formes. L’unité est par ailleurs
fortement investie dans l’espace
européen de la recherche.
Les Dossiers d'Agropolis International Extrait du dossier "Changement climatique : impacts et adaptations" - n°20 - Février 2015 - 88 pages
Le projet scientifique de l’UR
« Biens et Services des Écosystèmes
Forestiers tropicaux » (B&SEF –
Cirad) est, d’une part, d’étudier
l’écologie des forêts tropicales et,
d’autre part, de définir, de mettre
en œuvre et d’évaluer les politiques,
règles, pratiques ou instruments liés à
ces écosystèmes.
L’objectif général est de faciliter
l’adaptation des systèmes écologiques
et sociaux aux contraintes et
aux opportunités résultant des
changements globaux. C’est
également de renforcer au profit des
populations, à l’échelle locale aussi
bien que globale, la durabilité des
services fournis par les écosystèmes
forestiers tropicaux.
À travers ces recherches, l’UR s’efforce
de répondre à deux problématiques
transversales :
Systèmes écologiques et sociaux
forestiers tropicaux : quelle est
l’opérationnalité du concept pour le
dialogue entre sciences écologiques
et humaines, et la modélisation des
interactions Homme-Nature sur les
ressources forestières ?
Caractéristiques des écosystèmes
forestiers tropicaux, valeur
des services écosystémiques
et paiements pour services
environnementaux : quelles
relations, à quelles échelles ?
L’UR B&SEF s’organise autour de trois
équipes de recherche : « Résilience
des écosystèmes forestiers
tropicaux face à l’exploitation et aux
changements globaux », « Relations
entre résilience des écosystèmes et
vulnérabilité des sociétés dans les
systèmes écologiques et sociaux
forestiers » et « Politiques et
instruments de l’action publique
concernant les forêts tropicales ».
Elle se fixe également trois objets
d’étude :
Les forêts tropicales. Elles
représentent un enjeu de
développement en raison de leur
potentiel à produire des biens
et des services essentiels à nos
sociétés. Elles sont en effet au
cœur des grands changements
globaux et constituent le plus
riche réservoir de carbone et de
biodiversité terrestre.
Les sociétés qui y vivent ou en
dépendent. L’UR B&SEF étudie les
règles, pratiques, usages, savoirs
et représentations liés aux forêts
et à la construction de capital
social, ainsi que leurs dynamiques
rattachées de coopération ou de
compétition.
Les politiques publiques. Les
politiques ou instruments qui
s’appliquent aux forêts peuvent
être externes au système
écologique et social étudié
(conventions internationales,
fiscalité nationale, plans
nationaux d’adaptation au
changement climatique, marchés
et mécanismes financiers
associés, etc.) ou internes
(marchés locaux, règles de gestion
locale, pratiques, organisations,
institutions locales, etc.). •••
Voir un exemple de projet mené par
l’UR B&SEF page 25.
Érosion dans le Parc National
du W (Bénin, Burkina Faso,Niger).
© A. Billand
Changement climatique : impacts et adaptations
Favoriser l’adaptation
au changement climatique
des systèmes écologiques et
sociaux forestiers tropicaux
35
Les Dossiers d'Agropolis International Extrait du dossier "Changement climatique : impacts et adaptations" - n°20 - Février 2015 - 88 pages
La plateforme d’observation et
d’expérimentation de Puéchabon, intégrée à la
très grande infrastructure européenne ICOS
(Integrated Carbon Observation
System), permet d’observer et de
mesurer la dynamique de la
forêt méditerranéenne.
© R. Joffre
La plateforme de Puéchabon : site d’étude de l’impact du changement
planétaire sur la forêt méditerranéenne
La forte amplitude des changements climatiques attendus pour la
région méditerranéenne (intensité et durée des périodes de stress,
fréquence des sécheresses extrêmes) en fait un des principaux hot-spot
de bouleversement identifié par les climatologues. Trois caractéristiques
fondamentales des changements en cours (augmentation de la
concentration en CO2 atmosphérique, augmentation de la température
et modifications des précipitations) affectent très directement le
fonctionnement des écosystèmes forestiers. Ces modifications
impactent les échanges de matière (eau, carbone, azote) et d’énergie à
l’interface biosphère-atmosphère, en altérant significativement les flux
de matière au sein de la zone critique.
Changement climatique: impacts et adaptations
Basée sur des méthodes de micro-météorologie, l’instrumentation
du site de Puéchabon (dispositif faisant partie de l’OREME) permet
de quantifier ces flux à toutes les échelles de temps, de la seconde à
l’année. À l’échelle régionale, les changements de flux de matière vont
se répercuter directement sur les termes des bilans hydrologiques des
bassins versants et sur les apports aux écosystèmes côtiers. Outre ces
36
Un observatoire pour évaluer
l’impact des changements
climatiques et anthropiques
sur les des milieux
méditerranéens
« L’Observatoire de Recherche
Méditerranéen de l’Environnement »
(OREME – UM, CNRS, IRD) est
un Observatoire des Sciences de
l’Univers (OSU) dédié à l’étude
des aléas et de la vulnérabilité
des milieux méditerranéens. Il se
focalise sur les risques naturels et
l’impact des changements globaux
et anthropiques sur l’espace
méditerranéen vivant et inerte.
impacts directs, les changements climatiques couplés aux changements
d’usage des terres vont transformer profondément le régime des
perturbations, et principalement des incendies.
Afin de suivre le fonctionnement et la biodiversité des écosystèmes
forestiers régionaux face à ces changements, le site de Puéchabon
est intégré à deux réseaux : celui des Stations expérimentales
méditerranéennes forestières (SEMAFOR) et celui des Stations
expérimentales méditerranéennes de terrain (STEXMED). Il est
également relié au réseau européen Experimentation in Ecosystem
Research (ExpeER) et au réseau international de réseaux régionaux
FLUXNET (Amérique, Europe, Asie, Océanie) coordonnant l’analyse
quantitative régionale et planétaire des échanges de matière et
d’énergie à partir de sites expérimentaux instrumentés à l’aide de
tours micro-météorologiques.
Contact : Richard Joffre,
[email protected]
Pour plus d’informations : http://cefe.cnrs.fr
Il a pour mission :
de soutenir l’activité et le
développement d’observations
systématiques en sciences de
l’univers et de l’environnement ;
de soutenir la construction de bases
de données environnementales
ouvertes, partagées et référencées
au niveau international ;
d’encourager la mutualisation
des savoir-faire et des moyens
analytiques (observation,
expérimentation, modélisation) ;
de constituer le relais local des
réseaux nationaux d’observations et
de se positionner en acteur fort des
actions en environnement tournées
vers la Méditerranée.
La mission essentielle de l’OREME
consiste à récolter, intégrer et
partager les données hétérogènes
associées à ces disciplines et à établir
des corrélations qui ne pouvaient
l’être au préalable. À la clé de cette
mise en adéquation des données : la
découverte de signaux systématiques
permettant de juger de l’effet du
changement climatique et/ou
anthropique et d’en comprendre les
mécanismes (aléas, vulnérabilité)
dans ses effets environnementaux.
Les Dossiers d'Agropolis International Extrait du dossier "Changement climatique : impacts et adaptations" - n°20 - Février 2015 - 88 pages
Mesure du
fractionnement
13
C/12C par
les racines de
haricots cultivés
en microcosme.
multiplexer
C. Piel © Écotron
J. Roy © Écotron
on-line 13C &
CO2 analyser
Ecotron de Montpellier, en arrière-plan,
les dômes des macrocosmes.
L’Écotron de Montpellier une
plateforme expérimentale
à disposition de la
communauté scientifique
internationale
« L’Écotron européen de Montpellier »
(CNRS) est une plateforme de
recherche expérimentale dédiée à
l’étude de l’impact des changements
climatiques sur le fonctionnement
des écosystèmes et leur biodiversité.
L’insertion dans les enceintes de
l’Écotron de blocs d’écosystèmes,
intacts ou reconstitués, permet à la
fois de contrôler leur environnement
dans une large gamme de
conditions climatiques et de chimie
atmosphérique, et de mesurer en
continu les variations des principaux
cycles biogéochimiques sous l’effet
de facteurs de forçage imposés.
L’Écotron donne donc directement
accès à des paramètres d’intérêt
écologique ou agronomique dans
des scénarios climatiques à venir ou
passés.
Les paramètres environnementaux
contrôlés sont : la température (-10
à +50 °C), l’humidité relative de
l’air (20 à 80 %), les précipitations
(aspersion ou goutte à goutte), le CO2
atmosphérique (200 à 1000 ppm),
la lumière (intensité et composition
spectrale) et le rapport isotopique
C/12C de l’air. Les fonctions de
l’écosystème mesurées en ligne sont :
l’évapotranspiration, le flux net de
CO2 de l’écosystème, la respiration
du sol, le flux de méthane, et le
fractionnement isotopique 13C/12C
dans la molécule de CO2.
13
Ces paramètres permettent de
calculer des bilans de masse pour
plusieurs molécules ainsi que
l’efficience d’utilisation des ressources
de l’écosystème (efficience de l’eau,
de l’azote, de la lumière, du carbone).
Classiquement, beaucoup d’autres
paramètres peuvent être mesurés sur
des échantillons, prélevés dans ces
écosystèmes, que l’Écotron stocke et
conditionne (sous forme lyophilisée
par exemple) et qui sont ensuite
analysés dans d’autres laboratoires.
Les trois plateformes de l’Écotron
permettent de travailler à des échelles
différentes :
Les « Macrocosmes » sont des
enceintes de 40 m3, chacune
pouvant accueillir des lysimètres de
2 à 12 tonnes, pour une surface de
2 à 5 m² et une profondeur allant
jusqu’à 2 m.
Les « Mésocosmes » sont des
enceintes de 2 à 4 m3. Elles peuvent
accueillir des lysimètres de 0,4 à
1 m de profondeur et de 0,4 à 1 m²
de surface.
La plateforme « Microcosmes »
se compose de chambres de
culture (1 m de hauteur et 1 m²
de surface utile) dans lesquelles
plusieurs dizaines de microcosmes
variés (micro-lysimètres avec
plantes photosynthétiques, microcontainers avec sol…) peuvent être
insérés.
Un minimum de 12 enceintes est
disponible dans chaque plateforme
afin de permettre l’étude de l’impact
de plusieurs facteurs et de leurs
interactions, ou encore afin de
constituer une série de scénarios
successifs permettant l’analyse de la
linéarité des réponses et des points
de basculement.
L’Écotron de Montpellier est ouvert
à la communauté scientifique
nationale et internationale dans
les domaines de l’écologie, de
l’agronomie, de la biologie et des
géosciences.
Un appel à projets permanent
est d’ailleurs disponible, avec
les modalités de soumission et
d’acceptation des projets, ainsi
que la description et les coûts
de fonctionnement de chaque
plateforme, sur le site :
www.ir-ecotrons.cnrs.fr
L’impact des évènements climatiques extrêmes
attendus vers 2050 sur les flux de carbone et
d’eau d’une prairie de moyenne altitude a montré
que l’effet délétère d’une vague de chaleur et
d’une sécheresse pouvait être annulé sous l’effet
de l’augmentation du CO2 atmosphérique des
décennies à venir.
Les changements climatiques vont altérer la
diversité biologique dans les écosystèmes. À cet
effet, l’Écotron a montré par quels mécanismes
physiologiques, à l’échelle de la canopée, la diversité
de la communauté végétale peut augmenter
l’efficience d’utilisation de l’eau, de l’azote et de la
lumière et in fine de la production primaire.
Une autre expérimentation sur la décomposition
de la litière forestière méditerranéenne a montré
l’effet de synergie entre la diversité fonctionnelle
de la litière, celle de la macrofaune détritivore et la
stabilité de ce fonctionnement dans une situation de
sécheresse modérée.
La modélisation des cycles biogéochimiques est
nécessaire pour prédire l’impact des changements
climatiques. L’Écotron a récemment pu identifier que
le rythme circadien, largement significatif à l’échelle
de l’écosystème, la température et la sécheresse
de l’air ont des rôles additifs dans la régulation des
flux de CO2 et de H2O. Il a également montré que
le rythme circadien devrait être incorporé dans la
modélisation de ces flux.
Insertion de blocs intacts
d’écosystème prairial dans un des
macrocosmes.
Changement climatique : impacts et adaptations
H. Raguet © CNRS
Quelques exemples de recherches menées à l’Écotron
37
Les Dossiers d'Agropolis International Extrait du dossier "Changement climatique : impacts et adaptations" - n°20 - Février 2015 - 88 pages
Lônes, bras morts de l’Ain,
anciens méandres abandonnés
à la faveur des crues.
© A. Johannet
L’évolution des zones humides de la basse plaine de l’Ain
de la ressource en eau en liaison avec les évolutions de variables
climatiques issues de plusieurs scénarios de prévision du Groupe
d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC).
35
30
Débit (m3/s)
25
Débit mesuré
20
Débit simulé
15
10
5
0
23/ 06/ 02
01/ 10/ 02
09/ 01/ 03
19/ 04/ 03
28/ 07/ 03
05/ 11/ 03
Le projet a permis de fournir une simulation de l’évolution de
ces zones humides soumises à de nombreux enjeux (irrigation,
préservation de la biodiversité). Les échanges nappe-rivière ont
également été étudiés sur le bassin karstique de la Cèze (Gard,
France).
Le modèle couplé a ensuite été alimenté par des prévisions de
précipitation issues de modèles de prévision climatiques du GIEC
(période 2010-2040), de manière à comparer les impacts des
différents scénarios sur la biodiversité et sur la ressource (eau
potable et irrigation).
-5
Simulations du débit de la rivière Albarine (affluent de l’Ain)
avec les réseaux de neurones.
Le projet NEUROHYDRO, réalisé par le LGEI (voir p.38) et le Centre
SITE de l’École des Mines de Saint-Étienne, s’inscrit dans le cadre du
projet ANR WETCHANGE* qui vise à établir, à l’horizon 2030-2050,
des prévisions de réponses de zones humides aux étiages provoqués
par le changement global, à partir de différents scénarios climatiques.
Ces réponses sont étudiées en termes de fonctionnement
hydrologique mais aussi biologique.
Changement climatique: impacts et adaptations
La zone étudiée concerne la basse vallée de l’Ain (France), située à
environ 40 km au nord-est de Lyon. Les nombreuses zones humides
présentes dans ce secteur abritent des écosystèmes particulièrement
diversifiés. L’objectif du projet était de développer un modèle fondé
sur les réseaux de neurones pour les bassins de l’Ain, couplé avec
un modèle maillé aux différences finies, afin d’étudier les évolutions
38
Les résultats portent plus précisément sur les échanges hydrauliques
entre la nappe et la rivière de l’Ain, en rive droite et en rive gauche.
Là où la rivière alimente la nappe, il est possible de prélever les
ressources en eau souterraine par captage pour l’irrigation ou l’eau
potable. Lorsque la rivière draine la nappe, ce n’est en revanche pas
possible, en particulier si l’incision du lit de la rivière est importante.
En cas de pollution de la rivière ou de la nappe, la connaissance
de ces échanges est fondamentale pour prendre les mesures de
protection nécessaires. Les prévisions climatiques (2040, 2070)
ont permis d’évaluer les impacts sur ces échanges nappe/rivière et
l’assèchement potentiel des bras morts et des lônes de la rivière.
Contact : Anne Johannet,
[email protected]
Pour plus d’informations : www.graie.org/wetchange
* Le projet Wetchange (Biodiversité et fonctions des zones humides en réponse aux étiages
sévères induit par le changement global) rassemble trois partenaires : le CNRS, l’École nationale
supérieure des Mines de Saint-Étienne et l’Irstea.
Communautés microbiennes du sol et changements climatiques
Au sein des écosystèmes terrestres, l’activité des communautés
microbiennes est l’une des principales sources de CO2, un puissant gaz
à effet de serre. Leur activité produit en effet plus de CO2 par an que la
combustion de combustibles fossiles.
L’UMR Eco&Sols (voir p.77) a mené des études pour vérifier la
capacité des communautés microbiennes à s’adapter aux changements
climatiques. Les travaux de l’unité ont porté sur les effets d’une
élévation de la température sur la respiration du sol lors d’expériences
de laboratoire en milieux contrôlés. Cette fonction ne semble pas être
altérée lorsque la température ne dépasse pas 40°C. Dans cette gamme
de température, la disponibilité d’un substrat carboné conditionne
l’activité des communautés microbiennes. Au delà de 40°C, l’activité
respiratoire est stimulée alors que la biomasse microbienne décroît.
Un travail complémentaire, portant spécifiquement sur l’impact
d’un stress thermique ponctuel (60°C durant 16h) sur la diversité
des communautés microbiennes, indique que les communautés qui
résistent à ce stress s’adaptent à un changement ponctuel de leur
environnement. Ces travaux ont mis en évidence une modification du
métabolisme des communautés microbiennes du sol exposées à un
stress thermique.
Contact : Tiphaine Chevallier,
[email protected]
Y. Prin © Cirad - LSTM
Les Dossiers d'Agropolis International Extrait du dossier "Changement climatique : impacts et adaptations" - n°20 - Février 2015 - 88 pages
À gauche : Spores de champignon
mycorhizien à arbuscules (Glomus
intraradices).
À droite : Nodules de Rhizobium.
Valoriser la symbiose mycorhizienne
pour limiter les processus d’érosion hydrique
L’un des impacts, très probable, des aléas climatiques sur
l’environnement est une altération de la structure du couvert végétal
et, en conséquence, une fragilisation des sols aggravant les phénomènes
d’érosion hydrique, pour aboutir à un appauvrissement de la fertilité
des sols en éléments biodisponibles pour la plante.
Dans ce contexte, il est nécessaire d’améliorer la capacité du végétal
à avoir accès à ces ressources minérales (azote et phosphore en
particulier) mais aussi d’augmenter sa tolérance à des conditions
environnementales peu propices à son développement. À cette fin,
le LSTM (voir p. 55) développe des stratégies d’ingénierie écologique
visant à optimiser l’activité des microorganismes symbiotiques du sol
(champignons mycorhiziens, rhizobia...) au service de leur partenaire
végétal.
Effet de l’inoculation par différentes souches
de rhizobia sur la croissance de Dalbergia sp.
Différentes pratiques ont ainsi été élaborées en foresterie et en
agroécologie via :
une approche dite « holistique », en favorisant le développement
du potentiel mycorhizien et rhizobien des sols par l’insertion, dans
l’itinéraire sylvicole, de plantes hypermycotrophes (ou plantes
nurses) ;
ou une approche dite « réductionniste », en dotant le plant forestier
ou la plante cultivée d’un statut mycorhizien optimal (colonisation
maximale de son système racinaire par des symbiotes fongiques et
rhizobiens).
Les résultats montrent qu’il est possible de revégétaliser durablement
des surfaces érodées issues de la manifestation de phénomènes
d’érosion hydrique et, ainsi, d’adapter des stratégies culturales
aux modifications environnementales attendues dans le cadre du
changement global.
Contact : Robin Duponnois,
[email protected]
Pour plus d’informations : http://umr-lstm.cirad.fr
Changement climatique : impacts et adaptations
Y. Prin © Cirad - LSTM
39
Les Dossiers d'Agropolis International Extrait du dossier "Changement climatique : impacts et adaptations" - n°20 - Février 2015 - 88 pages
Biodiversité
et écosystèmes marins
L
Les structures principales
Centre national de ressources biologiques marines EMBRC-France
(European Marine Biological
Resource Centre)
(UPMC/CNRS)
90 scientifiques
OOB
Observatoire Océanologique
de Banyuls-sur-Mer
(UPMC/CNRS)
80 scientifiques
UMR BIOM
Biologie Intégrative
des Organismes Marins
(UPMC/CNRS)
15 scientifiques
UMR CEFREM
Centre de Formation et de Recherche
sur les Environnements Méditerranéens
(UPVD/CNRS)
30 scientifiques
Changement climatique: impacts et adaptations
UMR LECOB
Laboratoire d’Écogéochimie
des Environnements Benthiques
(UPMC/CNRS)
12 scientifiques
40
Suite p. 44
es études de prospective, à différentes échelles territoriales,
spécifiques aux enjeux et aux risques induits par le changement
climatique, doivent permettre de retracer la chaîne d’impacts, depuis
les phénomènes qui risquent de se conjuguer jusqu’à leurs conséquences sur
les activités humaines. De telles méthodes nécessitent ainsi un croisement
de disciplines scientifiques (climatologie, océanographie, géomorphologie,
économie, sociologie, géographie...). Tous ceux qui souhaitent engager des
politiques d’anticipation et d’adaptation ont besoin de cette connaissance
pluridisciplinaire organisée comme un socle scientifique à adapter à chaque
situation géographique, économique et environnementale.
Même s’il existe aujourd’hui encore beaucoup d’incertitudes sur le rythme
de modification future des climats — et surtout sur les manifestations locales
des phénomènes climatiques à venir — de nombreuses équipes scientifiques
d’Agropolis étudient l’impact des pressions anthropiques et du réchauffement
climatique sur la biodiversité marine et le fonctionnement des écosystèmes
Méditerranéens (MARBEC, CEFREM, BIOM, LECOB, LOMIC, LBBM). Souvent
très pluridisciplinaires, ces unités de recherche étudient notamment les
impacts directs et indirects du changement climatique sur les écosystèmes
littoraux, côtiers et hauturiers, sur les flux de matière aux interfaces terre/
mer, sur les modifications du trait de côte, des habitats et des aires de
distribution des espèces et sur leurs interactions et leurs conséquences sur le
fonctionnement des réseaux trophiques.
Ces travaux s’appuient sur des services d’observation adossés à des
observatoires et parfois à des unités (OREME et OOB, CEFREM) qui
enregistrent sur le long terme l’évolution des paramètres physico-chimiques
et biologiques du milieu marin.
Enfin, plusieurs dispositifs d’expérimentation sont également disponibles et
ouverts à l’ensemble de la communauté régionale, nationale et européenne
pour mener des expérimentations en conditions contrôlées (MEDIMEER).
Il est aussi possible d’accéder à une large diversité d’organismes in situ ou
ex situ et à de multiples services logistiques et analytiques au sein de l’EMBRC,
infrastructure à vocation nationale et européenne.
Philippe Lebaron (OOB)
Les Dossiers d'Agropolis International Extrait du dossier "Changement climatique : impacts et adaptations" - n°20 - Février 2015 - 88 pages
© Shutterstock
Un observatoire
méditerranéen pour étudier
et enseigner la biologie
marine et l’océanographie
« L’Observatoire Océanologique de
Banyuls-sur-Mer » (OOB – UPMC,
CNRS) est un lieu privilégié pour
l’étude de la biologie marine et de
l’océanographie en Méditerranée.
Bénéficiant d’un environnement
exceptionnel par la diversité de
ses biotopes, de sa faune et de
sa flore, les missions de l’OOB
concernent la formation, la
recherche, l’observation, l’accueil et
la vulgarisation scientifique.
L’adaptation des écosystèmes
au changement climatique est
l’un des axes forts de sa mission
d’observation et de suivi à long
terme des écosystèmes avec, à
disposition de l’observatoire : une
composante terrestre créée en 1973
(réserve naturelle de la forêt de la
Massane) et une composante marine
créée en 1974 (réserve naturelle
marine de Cerbère-Banyuls). Le
rôle de l’observation a été renforcé
en 1985 avec l’obtention du statut
d’« Observatoire Océanologique »
pour le laboratoire Arago de l’OOB.
Face aux rapides changements
des conditions climatiques, il
est important de développer les
connaissances sur les dynamiques
temporelles et spatiales des
écosystèmes afin de prédire à la fois
leurs évolutions et les conséquences
que ces changements peuvent avoir
sur les services écosystémiques. Or,
seules de longues séries de mesures
permettent de décrire l’évolution
naturelle ou perturbée d’un système
présentant une variabilité saisonnière
et/ou interannuelle importante.
L’OOB dispose aujourd’hui de
trois stations d’observation fixes
localisées le long du gradient côtelarge. Elles font l’objet d’un suivi
régulier (hebdomadaire à mensuel)
de paramètres physiques, chimiques
et biologiques. Ces séries ont débuté
en 1997 pour la station la plus côtière
et en 2003 pour la station du large.
L’ensemble de ces données est
intégré à des réseaux d’observation
nationaux : SOMLIT* pour le Service
d’Observation du Laboratoire Arago
(station côtière SOLA) et MOOSE**
pour l’Observatoire Microbien du
Laboratoire Arago (station du large
MOLA***). Depuis 2010, certains
paramètres sont par ailleurs acquis
à haute fréquence et en temps réel.
L’OOB est une école interne de
l’université Pierre et Marie Curie.
Il propose, dans le domaine de
l’océanographie, des formations
universitaires en lien avec les
problématiques du changement
climatique. L’observatoire a
également mis en place le
centre de médiation scientifique
« Biodiversarium », qui regroupe
un aquarium public en cours de
rénovation et d’extension et un jardin
méditerranéen. Tous deux accueillent
des publics, allant des scolaires au
grand public, afin de les sensibiliser,
d’une part, à la biodiversité terrestre
et marine et, d’autre part, à l’effet des
changements globaux (et notamment
climatiques) sur la biodiversité. •••
* Service d’Observation en Milieu LITtoral,
http://somlit.epoc.u-bordeaux1.fr
** Mediterranean Ocean Observing System on
Environment., www.moose-network.fr
*** La station MOLA (Microbial Observatory Laboratoire
Arago) est située sur le flanc nord du canyon LacazeDuthiers, http://sooob.obs-banyuls.fr/fr/les_sites_d_
observation.html
Changement climatique : impacts et adaptations
Banc de barracudas (Sicile).
41
Les Dossiers d'Agropolis International Extrait du dossier "Changement climatique : impacts et adaptations" - n°20 - Février 2015 - 88 pages
Biodiversité et écosystèmes marins
Suivi temporel de la dynamique
de l’écosystème côtier
méditerranéen
Le navire instrumenté
Néréis II du CNRS.
Bouée Océanographique de
l’Observatoire océanologique de
Banyuls-sur-Mer.
Changement climatique: impacts et adaptations
Des recherches scientifiques
pluridisciplinaires sur
l’environnement côtier
42
Le site SOLA a été choisi comme représentatif d’une
situation de « normalité » qu’on peut caractériser ainsi :
à partir du suivi de paramètres pertinents à des échelles
temporelles adaptées, il est possible de définir une typologie
des fluctuations saisonnières et interannuelles. Conscients
des problèmes posés par la représentativité d’un point
unique dans une rade, les membres de l’OOB ont pris
soin de fédérer les recherches littorales entreprises par le
laboratoire Arago (notamment les travaux effectués sur le
couplage bentho-pélagique).
Le « Centre de Formation et de
Recherche sur les Environnements
Méditerranéens » (UMR CEFREM –
UPVD, CNRS) s’intéresse depuis
longtemps à l’environnement
côtier, ce qui le rapproche des
problématiques socioéconomiques
liées aux usages de ce milieu. Son
activité de recherche est focalisée
sur le thème des transferts de
matière et d’énergie aux interfaces
du système côtier, ce qui comprend
les échanges physiques des masses
d’eau, des particules et des éléments,
en particulier du carbone, dans le
continuum continent-océan.
Toute cette activité se déroule dans le
cadre de programmes internationaux,
nationaux et régionaux. Créé en 1963
autour d’un noyau de géologues et
de sédimentologistes, le laboratoire
initial s’est progressivement
© L. Zudaire - CNRS - OOB
© CNRS
La problématique générale du Service d’Observation du
Laboratoire Arago de Banyuls-sur-Mer (SOLA, OOB)
concerne directement l’impact du changement global sur les
zones côtières et son importance relative par rapport aux
activités humaines locales (global vs local).
Ce développement d’une démarche systématique
d’observation des milieux littoraux est donc issu d’initiatives
locales, fondées sur des opportunités et sur une tradition de
culture scientifique (Réseau des Stations et Observatoires
Marins). C’est dans cet esprit que le Service d’Observation
en Milieu Littoral a été mis en place en 1995, et labellisé
par l’Institut National des Sciences de l’Univers du CNRS
en 1996. Ce service regroupe actuellement neuf stations
marines.
Contact : Pascal Conan,
[email protected]
ouvert à la pluridisciplinarité pour
évoluer jusqu’à devenir, en 1997,
« le CEFREM ». L’équipe actuelle
comprend sédimentologistes,
géochimistes, biologistes et
physiciens.
En collaboration avec l’Ifremer et
Météo France, et afin d’observer
sur le long terme les effets du
changement climatique et ceux
induits par les activités anthropiques
en Méditerranée Nord-occidentale,
le CEFREM participe au SOERE
MOOSE* (2010-2020), un réseau
d’observation multi-site et intégré.
L’objectif premier de ce programme
est de pérenniser les séries
temporelles, d’harmoniser les
stratégies d’observations entre les
laboratoires, de mettre en œuvre des
moyens de mesures modernes et
automatisés pour une observation
couplée océan-atmosphère, ainsi
que d’augmenter significativement
le flot de données en temps réel
afin de mieux contraindre les
modèles climat-océan et ceux liés à
l’océanographie opérationnelle.
Enfin, avec l’aide des modèles,
MOOSE doit apporter les données
indispensables à l’établissement
de scénarios « du futur » qui
permettront d’explorer l’évolution
de la Méditerranée en réponse
au changement climatique et aux
pressions anthropiques, et donc de
proposer des adaptations. •••
* Le programme d’observation MOOSE (Mediterranean
ocean observing system on environment), labellisé
SOERE (« Système d’Observation et d’Expérimentation
pour la Recherche sur l’Environnement ») en 2010,
doit permettre de répondre aux demandes sociétales
actuelles sur les contaminants et la biodiversité.
Les Dossiers d'Agropolis International Extrait du dossier "Changement climatique : impacts et adaptations" - n°20 - Février 2015 - 88 pages
Rôle des formations d’eau dense hivernale dans l’évolution
spatio-temporelle du fonctionnement de l’écosystème pélagique
sous l’influence du changement climatique
Le changement climatique pourrait provoquer une augmentation
de la stratification des eaux de surface en mer Méditerranée, une
acidification et une oligotrophisation progressives mais rapides et
importantes à l’échelle biologique, avec des impacts majeurs sur
les organismes planctoniques marins. Il est impératif d’identifier
les processus clés qui influencent les changements de régime
hydrologique et de fonctionnement des écosystèmes marins. Dans
ce sens, le processus de formation des eaux denses (qui ventile les
eaux profondes tout en exportant efficacement la matière organique
vers les profondeurs et qui contribue significativement à la recharge
en sels nutritifs des eaux de surface) pourrait être altéré de manière
non négligeable. Un étroit couplage entre l’expérimentation et la
modélisation est nécessaire pour aborder la complexité de ces
processus et leurs conséquences sur les organismes marins.
Une telle approche a été mise en place dans le cadre du programme
MermEX, dont un volet traite de l’impact des changements
hydrodynamiques sur les budgets biogéochimiques en Méditerranée
et qui implique, entre autres, les UMR LOMIC et CEFREM.
Une série de campagnes en mer « DeWEX 2013 » a été conduite
en Méditerranée Nord-occidentale. Un premier leg (février 2013)
a permis de prospecter un réseau de stations disposées en étoile
autour de la zone de formation des eaux denses (42°N-5°E), cela
en hiver, durant la phase de plongée des eaux denses. Un deuxième
leg (avril 2013) a permis d’échantillonner le bloom printanier et de
suivre la propagation des eaux denses formées pendant l’hiver. Ces
campagnes étaient intégrées dans un vaste plan d’implémentation au
cours de l’hiver 2012-2013. Des campagnes océanographiques plus
légères ont échantillonné la phase automnale de pré-conditionnement
des eaux denses, puis la phase estivale stratifiée. Un intense réseau
d’observation par plateformes autonomes ainsi que l’imagerie
satellitale sont venus compléter cette phase d’observation. Un effort
important de modélisation a été fait d’abord pour la coordination,
puis pour le lien entre ces opérations, et enfin pour l’exploitation des
données.
Cette opération, soutenue par le programme MISTRALS
(Mediterranean Integrated Studies at Regional And Local Scales), a fédéré
l’action de plus d’une centaine de scientifiques rattachés à des
laboratoires français tels que les UMR LOMIC, CEFREM, MIO, LA,
LOCEAN, LOV, etc.* Elle a également reçu un soutien financier de
programmes européens (PERSEUS, GROOM, JERICO**) et nationaux
(EQUIPEX-NAOS et ANR ASICS-MED***) notamment en ce qui
concerne les plateformes autonomes et la modélisation.
Contact : Pascal Conan,
[email protected]
Pour plus d’informations : www.insu.cnrs.fr/environnement/dewex-impacts-ofdeep-water-formation-on-mediterranean-pelagic-ecosystems-mermex
* MIO : Institut Méditerranéen d’Océanologie ; LA : Laboratoire d’Aérologie ; LOCEAN :
Laboratoire d’océanographie et du climat - Expérimentation et approches numériques ;
LOV : Laboratoire d’Océanographie de Villefranche-sur-Mer.
** PERSEUS : Policy-oriented marine Environmental Research for the Southern European Seas ;
GROOM : Gliders for Research, Ocean Observation and Management ; JERICO : Joint European
Research Infrastructure for Coastal Observatories.
*** EQUIPEX : Équipements d’Excellence ; NAOS : Novel Argo Ocean observing System ; ASICS-MED :
Air-Sea Interaction and Coupling with Submesoscale structures in the MEDiterranean.
a.
Février 2013—Leg 1
c.
10
9
8
7
6
5
4
3
2
1
0
Campagnes DeWEX - MermEX
(Deep Water formation Experiment
—Marine Ecosystems Response in
the Mediterranean Experiment).
a. Distribution des concentrations moyennes en
chlorophylle de surface (µg.l-1).
b. Évolution temporelle des concentrations
en nitrate (µM) mesurées au niveau de la
MLD (Mixed Layer Depth, correspondant à la
profondeur de la couche de mélange) par les
profileurs PROVOR.
0
MLD
-200
c. Évolution temporelle de la profondeur de la
MLD (en mètres). Les zones grisées correspondent
aux périodes des campagnes-bateaux « DeWEX
—MermEX ».
-400
-600
© P. Conan
-800
-1000
NOV 12
DEC 12
JAN 13
FEB 13
Période
MAR 13
AVR 13
MAI 13
Changement climatique : impacts et adaptations
NO3 MLD
b.
Avril 2013—Leg 2
43
Les Dossiers d'Agropolis International Extrait du dossier "Changement climatique : impacts et adaptations" - n°20 - Février 2015 - 88 pages
Biodiversité et écosystèmes marins
© M. Andrello
Le changement climatique va diminuer la capacité des aires marines
protégées à essaimer des larves de poissons vers les zones exploitées
Les effets de différents processus sur la distance
de dispersion larvaire au cours du siècle.
En gris (a), effets des seuls changements de vitesse et de direction
de courants marins (changements hydrodynamiques) ; en bleu (b),
effets des changements hydrodynamiques et du changement de la
saison de reproduction des adultes ; en vert (c), effets des changements
hydrodynamiques et du changement de la durée de vie larvaire ;
en rouge (d), les trois effets combinés.
La mer Méditerranée compte plus d’une centaine d’aires marines protégées
(AMP) qui doivent assurer le maintien des espèces exploitées sur
l’ensemble du plateau continental. La connectivité des populations, garantie
notamment par la dispersion des larves en fonction des courants, est un
élément essentiel de l’efficacité du réseau d’AMP car vecteur d’essaimage
vers les zones exploitées.
Dans une étude publiée dans la revue Diversity and Distribution et financée
par la Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité et par la Fondation
TOTAL, des chercheurs de l’UMR MARBEC associés à d’autres partenaires
(IRD, Aix-Marseille Université, UM, CNRS, Météo-France) ont montré
que le changement climatique (+ 2,8°C à la fin du 21e siècle) affecterait
le degré de connectivité des populations de poissons en Méditerranée.
En particulier, la distance de dispersion des larves devrait diminuer de
10 % (ce qui équivaut à 9 km en moyenne), provoquant une réduction
de 3 % (soit environ 27 000 hectares) des surfaces exploitées qui seront
essaimées par le réseau d’AMP. En effet, l’augmentation de température
diminue la durée de vie larvaire — et donc les distances parcourues au gré
des courants — alors que les modifications de courantologie attendues
en mer Méditerranée vont affecter les trajectoires de ces larves. Ce
travail démontre les impacts conjugués, physiques et biologiques, liés au
changement climatique sur l’efficacité des réseaux d’AMP.
Contact : David Mouillot,
[email protected]
Concilier exploitation
et conservation des
écosystèmes marins
Les structures principales
Changement climatique: impacts et adaptations
UMR LOMIC
Laboratoire d’Océanographie
Microbienne
(UPMC/CNRS)
12 scientifiques
44
UMR MARBEC
Marine Biodiversity, Exploitation
and Conservation
(IRD/Ifremer/UM/CNRS)
121 scientifiques
UMS MEDIMEER
Centre d’écologie marine expérimentale
de l’OSU OREME
(UM/CNRS/IRD)
2 scientifiques
USR LBBM
Laboratoire de Biodiversité et
Biotechnologies Microbiennes
(UPMC/CNRS)
20 scientifiques
L’UMR « Biodiversité marine,
exploitation et conservation »
(MARBEC – IRD, Ifremer, UM,
CNRS) étudie la biodiversité
marine des écosystèmes lagunaires,
côtiers et hauturiers à différents
niveaux d’intégration, depuis les
aspects moléculaires, individuels,
populationnels et communautaires,
jusqu’aux usages de cette biodiversité
par l’homme.
Présente sur trois sites en France
métropolitaine (Sète, Montpellier,
Palavas-les-Flots) ainsi que dans
l’océan Indien, en Asie, en Afrique
et en Amérique du Sud, l’UMR
concentre ses efforts sur trois
objectifs principaux :
décrire la biodiversité marine,
comprendre sa dynamique et le
fonctionnement des écosystèmes
marins ;
analyser l’impact des pressions
anthropiques sur ces écosystèmes
et développer des scénarios de
réponses aux changements globaux ;
mieux concilier l’exploitation et la
conservation de ces écosystèmes.
Pour aborder ces défis, l’unité
s’est structurée en huit thèmes de
recherche :
écologie évolutive et adaptation ;
individus, populations et habitats ;
dynamique et fonctionnement des
communautés ;
microorganismes et interactions
avec les macroorganismes ;
contaminants : devenir et
réponses ;
aquacultures durables ;
systèmes littoraux d’usages
multiples ;
approche écosystémique des
pêches.
L’étude des impacts des changements
globaux sur la biodiversité marine est
présente dans chacun de ces thèmes.
Les Dossiers d'Agropolis International Extrait du dossier "Changement climatique : impacts et adaptations" - n°20 - Février 2015 - 88 pages
Vulnérabilité et préservation
des écosystèmes
méditerranéens marins,
littoraux et de grande
profondeur
Les recherches du « Laboratoire
d’Écogéochimie des Environnements
Benthiques » (UMR LECOB – UPMC,
CNRS) s’intéressent aux fonctions et
à la vulnérabilité des écosystèmes des
fonds marins et de leurs interfaces.
Du littoral méditerranéen aux
grandes profondeurs, les modèles
étudiés par l’institut sont des
environnements fortement
dynamiques et soumis à des
pressions anthropiques multiples :
habitats rocheux, embouchures
de fleuves, canyons sous-marins,
sources hydrothermales. Ces habitats
sensibles sont aussi des hot-spots
de biodiversité et de productivité
qui font l’objet de mesures de
conservation.
Les recherches du LECOB visent à :
mieux comprendre les réseaux
d’interactions dynamiques qui
lient les communautés benthiques
marines et leurs fonctions aux
propriétés de l’environnement ;
modéliser ces interactions pour
prédire les relations entre diversité
biologique, hétérogénéité de
la ressource et fragmentation
de l’habitat au travers
d’approches métapopulations et
métacommunautés ;
intégrer ces connaissances dans
des modèles prédictifs basés sur
des scénarios climatiques ou
de perturbations anthropiques
directes ;
mettre au point et évaluer des
méthodes et outils permettant
de tester l’efficacité de mesures
de conservation ou la pertinence
d’indicateurs de la qualité
écologique du milieu.
En plus du soutien de ses
organismes de tutelle, le LECOB
bénéficie pour ses projets en cours
de ceux de l’ANR, du programme
LITEAU du ministère de l’Écologie,
du Développement durable et
de l’Énergie (MEDDE) et de la
Fondation d’entreprise TOTAL. •••
Influences hydrodynamiques sur la conservation des coraux
en contexte littoral et dans les canyons profonds
Les gorgonaires sont des espèces-ingénieures remarquables du littoral
méditerranéen. Ils jouent un rôle essentiel pour la biomasse et la
diversité des substrats rocheux. Pour évaluer l’impact de mesures de
protection sur la distribution de ces espèces, le LECOB développe
des modèles de connectivité, en simulant de la dispersion larvaire, qui
combinent des études expérimentales du comportement de mobilité
des larves et des simulations numériques de l’hydrodynamique. Ces
estimations de la connectivité sont établies pour des métapopulations
de différentes espèces de gorgonaires (dont le corail et les gorgones
rouges et blanches), en mer Ligure dans le cadre d’une bourse
doctorale européenne (MARES*) et dans le Golfe du Lion dans le
cadre d’un projet LITEAU IV (RocConnect**).
Les coraux scléractiniaires jouent un rôle comparable en
environnement profond. Particulièrement vulnérables aux impacts
anthropiques (chalutage, déchets) et aux effets du changement global
(réchauffement, acidification et modification de la circulation des
masses d’eau), ils font également l’objet de mesures de protection
au niveau international. Les ressources nutritives de certains canyons
sous-marins, liées à des conditions hydrodynamiques particulières,
en font des habitats privilégiés pour ces coraux. C’est le cas
notamment du canyon Lacaze-Duthiers, au large de Banyuls, qui abrite
d’importantes populations de Lophelia pertusa et de Madrepora oculata,
désormais intégrées dans le plan de gestion du Parc naturel marin du
Golfe du Lion.
Afin d’évaluer la sensibilité de ces écosystèmes profonds aux
changements climatiques, et notamment à l’influence d’évènements
météorologiques extrêmes, le LECOB a développé un programme
de recherche dédié à la croissance et au rôle écologique de ces
espèces-ingénieures, associant géochimie organique et écologie
microbienne. Ces travaux s’inscrivent dans le programme de la
chaire « Environnement marin extrême, biodiversité et changement
global » mise en place par l’UPMC avec le soutien de la Fondation
TOTAL. Ils ont été appuyés par le CNRS (Projet Exploratoire
Pluridisciplinaire de l’Institut d’Écologie et Environnement) et font
l’objet d’une collaboration avec la Jacobs International University de
Brême (Allemagne).
Contacts : Katell Guizien,
[email protected]
Franck Lartaud,
[email protected]
& Nadine Le Bris, lebris@obs-banyuls
* MIO : Institut Méditerranéen d’Océanologie ; CEREGE : Centre de Recherche et
* Marine Ecosystem Health and Conservation.
** Connectivité des populations de l’habitat rocheux fragmenté du Golfe du Lion.
Expérience de croissance de
coraux profonds à 500 m de
profondeur dans le canyon LacazeDuthiers, France.
Changement climatique : impacts et adaptations
© UPMC-LECOB (Chaire Fondation TOTAL)
45
Les Dossiers d'Agropolis International Extrait du dossier "Changement climatique : impacts et adaptations" - n°20 - Février 2015 - 88 pages
Biodiversité et écosystèmes marins
Étude comparée de
modèles d’organismes
marins classiques et non
conventionnels
La recherche menée par l’UMR
« Biologie Intégrative des Organismes
Marins » (BIOM – UPMC, CNRS)
est essentiellement académique.
Son projet scientifique est focalisé
sur l’étude des mécanismes de
développement et d’adaptation
des organismes à travers une
approche évolutive. Cet objectif est
commun à de nombreux groupes
de recherche, mais l’originalité
de ce projet réside dans son
utilisation de modèles d’organismes
marins non conventionnels, dans
le cadre d’études comparatives
et complémentaires avec celles
menées sur des organismes modèles
plus établis et plus traditionnels.
L’approche utilise les deux concepts
opposés mais complémentaires
de la vie — la grande diversité du
vivant et son unité fondamentale, la
cellule — ce qui permet de réaliser
des comparaisons pertinentes
entre des organismes pourtant
phylogénétiquement éloignés. Ce
type d’approche a souvent permis
d’accomplir, dans des domaines
biologiques variés, une percée
significative conduisant à trouver
des réponses à certaines questions
biologiques fondamentales.
Le projet global de BIOM s’inscrit
dans la lignée traditionnelle de
ceux des stations marines : il
consiste en l’étude de la biologie des
organismes marins, à la fois pour
explorer leur fantastique diversité
(19 phylums métazoaires sur 36
sont exclusivement marins) et pour
utiliser et étudier cette diversité
en tant que modèles biologiques
potentiels, en complémentarité avec
les modèles conventionnels.
Dans ce contexte global, les deux
principaux axes de recherche
de BIOM sont la biologie du
développement et l’étude des
mécanismes d’adaptation, en
utilisant à la fois les organismes
modèles unicellulaires et
multicellulaires.
L’intérêt de l’unité BIOM pour
l’adaptation aux changements
climatiques peut être illustré par
l’exemple du projet SalTemp. Plus
globalement, les études menées au
sein de l’unité sur l’adaptation des
organismes marins aux changements
environnementaux incluent les
changements climatiques.
Projet SalTemp :
réchauffement global et adaptation à la migration
chez le saumon Atlantique de rivière longue, l’axe Loire-Allier
La température est un effecteur majeur du métabolisme, de la
physiologie et du comportement des poissons. Chacun possède sa
fenêtre physiologique au-delà de laquelle — températures trop basses
ou trop élevées — la survie est compromise.
Il s’agit dans ce projet d’étudier chez le saumon du bassin Loire/
Allier :
les mécanismes de la thermoréception ;
l’impact de cette thermoréception sur la production rythmique
M. Caunt © Shutterstock
(journalière et saisonnière) de la mélatonine ;
le rôle de la mélatonine sur les sécrétions hormonales
hypophysaires qui interviennent dans le déclenchement de la
migration vers l’océan.
Changement climatique: impacts et adaptations
La température intervient avec les cycles de lumière/obscurité pour
contrôler le déclenchement de la migration du saumon vers la mer.
Mais comment ? Comment capte-t-il l’information « température »
et quels messages hormonaux élabore-t-il en réponse ? Par ailleurs,
s’adaptera-t-il au réchauffement climatique en cours ?
46
À toutes ces questions, le projet SalTemp, coordonné par l’équipe
« Facteurs du Milieu et Mécanismes Adaptatifs » de l’UMR BIOM,
ambitionne de trouver des réponses. L’objectif est de comprendre
comment lumière et température interagissent pour contrôler le
déclenchement de la migration du saumon. Cette information est en
effet cruciale pour sa survie, laquelle dépend des températures que le
poisson rencontre sur son parcours. C’est pourquoi les conséquences
du réchauffement climatique sur ces processus seront également
étudiées.
L’équipe étudie in vivo et in vitro comment photopériode et
température interagissent dans le contrôle du rythme de production
de la mélatonine (hormone « donneuse de temps ») et dans celui
de l’axe neuroendocrine hypothalamo-hypophysaire impliqué dans
le contrôle de la migration vers l’océan. Une autre hypothèse
sera également testée, selon laquelle tout ou partie des effets de
la température passe par des canaux membranaires perméables
au calcium agissant au niveau de l’organe pinéal et de l’axe
neuroendocrine.
Une expérimentation sera mise en œuvre pour étudier l’impact d’un
réchauffement de 5°C sur l’activité locomotrice et le comportement
de dévalaison, mais aussi sur les mécanismes moléculaires,
endocriniens et physiologiques qui les contrôlent. L’ensemble des
résultats permettra de comprendre et de prédire l’impact de
l’élévation de température et de son décalage avec la photopériode
sur la migration. Les conséquences sur la survie de la population et la
durabilité des actions de repeuplements seront également examinées.
Contact : Jack Falcón,
[email protected]
Les Dossiers d'Agropolis International Extrait du dossier "Changement climatique : impacts et adaptations" - n°20 - Février 2015 - 88 pages
Effets du réchauffement climatique sur le déclenchement
des blooms phytoplanctoniques marins : photopériodisme,
composition et adaptation
Le réchauffement des océans est le principal facteur responsable
des changements globaux de productivité, biomasse et phénologie
(moment des blooms) des communautés phytoplanctoniques. Dans
les océans tempérés, l’abondance et la diversité du phytoplancton
augmentent de façon considérable entre l’hiver et le printemps.
Ces blooms résultent vraisemblablement d’une combinaison de
paramètres physiques (lumière, température), chimiques (nutriments)
et écologiques (interactions avec les bactéries, prédation). La
vie de la plupart des organismes vivants est régie par le cycle
jour/nuit (photopériode) qui régule des processus saisonniers
(photopériodisme). La température est un facteur important
contrôlant la physiologie du phytoplancton ; la photopériode est, elle,
susceptible de contrôler le moment des blooms.
Dans le cadre du projet PHOTO-PHYTO (ANR 2014-2017)
des chercheurs du LOMIC, de l’UMR MARBEC et de l’OOB, en
partenariat avec l’entreprise Metabolium de Romainville, étudient
le rôle et la hiérarchie de facteurs environnementaux fluctuants
(comme la température) et intrinsèques (comme l’horloge
circadienne contrôlant le photopériodisme) dans l’initiation des
blooms printaniers. Ce projet propose de développer une approche
pluridisciplinaire combinant des expertises uniques en océanographie,
écologie microbienne, génomique fonctionnelle et évolution
expérimentale sur la picoalgue modèle Ostreococcus tauri.
Les questions explorées sont les suivantes :
Quels sont les principaux facteurs in situ contrôlant les blooms
phytoplanctoniques printaniers ?
Comment la température et la photopériode interagissent-elles
pour déclencher les blooms printaniers ?
L’adaptation au réchauffement affecte-t-elle le photopériodisme et
les interactions trophiques ?
Quel est l’effet du réchauffement sur les communautés
microbiennes naturelles ?
Contact :
François-Yves Bouget,
[email protected]
Simulateur de lumière en microplaques
permettant de reproduire de multiples
conditions d’intensité, de qualité et de
photopériode lors de la culture d’espèces
phytoplanctoniques.
Ce dispositif permet également de mesurer l’expression
de paramètres de luminescence pour suivre l’impact des
paramètres environnementaux (lumière, nutriments)
et anthropiques (polluants) sur l’expression de gènes
rapporteurs.
L’objectif général du « Laboratoire
d’Océanographie Microbienne »
(UMR LOMIC – UPMC, CNRS)
est d’étudier les interactions
réciproques entre un milieu
changeant et varié — l’océan — et
les microorganismes qui l’habitent,
de manière intégrative, du gène à
l’écosystème. Pour cela, le LOMIC
rassemble des compétences dans
les domaines de la biogéochimie
marine, de l’écologie microbienne,
de la génomique fonctionnelle
et de l’écotoxicologie. Cette
pluridisciplinarité permet d’aborder
des questions aux frontières de la
science.
La recherche au sein du LOMIC est
structurée autour de quatre axes
thématiques :
la régulation des fonctions
microbiennes par la lumière et les
nutriments ;
la réactivité de la matière organique
et la diversité microbienne ;
les processus microbiens et la
biogéochimie des océans ;
l’écotoxicologie et l’ingénierie
métabolique microbienne.
Ces thématiques concernent à la
fois des questions de recherche
fondamentale (réponses des
microorganismes aux changements
globaux des océans, par exemple) et
de recherche appliquée (valorisation
des microalgues, biodégradation
de plastiques...) qui sont élaborées
en partenariat avec des industriels
(Mycrophyt, Metabolium, etc.).
Les approches mises en place
au LOMIC sont diversifiées,
allant d’expériences sur des
microorganismes modèles (par
exemple Ostreococcus tauri ou
Photobacterium angustum) jusqu’à
des études de terrain lors de
campagnes océanographiques, en
passant par des expériences sur des
communautés microbiennes en
conditions contrôlées.
Le LOMIC s’intéresse, entre autres,
à l’étude de la réponse et de
l’adaptation des microorganismes
marins autotrophes et
hétérotrophes aux changements
climatiques. C’est une question clé
pour analyser les conséquences des
modifications environnementales
à l’échelle planétaire. Ces
microorganismes sont en effet
essentiels à la vie sur terre, et
leurs métabolismes très diversifiés
leur permettent de réaliser de
multiples étapes dans les cycles
biogéochimiques.
Le LOMIC est rattaché à l’Institut
National des Sciences de
l’Univers du CNRS, mais est aussi
thématiquement en interaction
forte avec l’Institut d’Écologie et
de l’Environnement et l’Institut
des Sciences Biologiques du CNRS.
Il est par ailleurs impliqué dans
différents projets de recherche
en mer Méditerranée et dans
les océans Austral, Arctique et
Pacifique. •••
Changement climatique : impacts et adaptations
Adaptation des microorganismes marins
aux changements globaux
47
Les Dossiers d'Agropolis International Extrait du dossier "Changement climatique : impacts et adaptations" - n°20 - Février 2015 - 88 pages
Biodiversité et écosystèmes marins
Comprendre
les déterminants de
l’activité et la diversité des
microorganismes dans les
environnements aquatiques
L’objectif de l’unité est de mieux
comprendre comment les
facteurs biotiques et abiotiques
régulent l’activité et la diversité
des microorganismes dans les
environnements aquatiques.
Une part importante de son
activité est également dédiée à la
valorisation des connaissances
issues de ces recherches (potentiel
biotechnologique de sa collection de
microorganismes, développement
d’outils de diagnostic).
Modes de vie
hétérotrophe et
photohétérotrophe.
À gauche, le carbone
organique est transformé en
biomasse cellulaire ou utilisé
pour produire de l’énergie
cellulaire via la respiration.
À droite, pour un nombre
équivalent de cellules, la
respiration est en théorie
moins nécessaire et la
production de dioxyde de
carbone réduite.
© A. Courties
Les activités du « Laboratoire de
Biodiversité et Biotechnologies
Microbiennes » (USR LBBM –
Sorbonne Universités, UPMC, CNRS)
portent sur la connaissance de la
biodiversité et du rôle fonctionnel
des microorganismes dans
l’environnement en se focalisant sur
les systèmes aquatiques (marins,
maritimes, continentaux). Pour cela,
le LBBM fédère des compétences
en écologie microbienne, en
microbiologie, en écologie
chimique, en biotechnologie et en
pharmacologie exploratoire.
Les missions du LBBM sont de :
développer, dans le domaine de
l’écologie microbienne des milieux
aquatiques, une recherche de
pointe s’appuyant sur l’étude de la
diversité des microorganismes, sur
la connaissance de leurs propriétés
génétiques et physiologiques, et
sur celle des molécules qui leur
permettent d’interagir ou d’agir sur
leur environnement ;
soutenir et promouvoir l’innovation
scientifique à l’interface santéenvironnement par des actions
collaboratives permettant de
répondre aux grands défis
sociétaux (traitement des
cancers, impact et devenir des
contaminants chimiques et
biologiques dans l’environnement,
compréhension des possibles effets
du changement climatique sur les
microorganismes) ;
transmettre les connaissances
au travers de la formation des
étudiants et de jeunes chercheurs.
La recherche au sein du
LBBM est organisée en trois
thématiques majeures : « Omique
environnementale et mécanismes
de régulation des communautés
naturelles », « Biodiversité
microbienne et biomolécules » et
« Contaminants émergents dans les
environnements aquatiques et santé ».
Affiner les prévisions climatiques à long terme,
grâce à l’étude des effets de la lumière sur les bactéries
à protéorhodopsine des océans
Changement climatique: impacts et adaptations
Des techniques moléculaires de pointe sont mobilisées
pour déterminer la diversité des bactéries contenant des
protéorhodopsines (à l’aide de pompes à protons luminodépendantes permettant d’utiliser la lumière comme source
d’énergie) dans trois sites contrastés : en mer Méditerranée, dans la
Manche et dans l’océan Arctique. Les études physiologiques utilisent
des photobioréacteurs ainsi que des souches microbiennes modèles
pour évaluer les effets de la lumière sur le rendement de croissance
de ces organismes dans différentes conditions de lumière et de
qualité de substrats.
48
Photobioréacteurs utilisés dans le cadre du projet ANR
RHOMEO pour des mesures de rendement en carbone dans
différentes conditions d’éclairement.
Le LBBM coordonne le projet RHOMEO (ProteoRHOdopsin-containing
prokaryotes in Marine EnvirOnments), en collaboration avec l’UMR
« Adaptation et Diversité en Milieu Marin » de la station biologique
de Roscoff. L’objectif de ce projet est de combiner l’estimation
de la diversité et de la dynamique spatio-temporelle des bactéries
photohétérotrophes marines avec des études physiologiques en
photobioréacteurs ciblant des souches isolées.
Ces expérimentations conduiront à déterminer la quantité de
carbone produite grâce à l’utilisation de l’énergie lumineuse chez les
photohétérotrophes. Ces résultats permettront de lier l’utilisation
de sources de carbone spécifiques et la physiologie de souches
modèles représentatives de l’environnement. La combinaison des
expérimentations in situ et des expérimentations physiologiques
permettra d’estimer les effets de la lumière sur le métabolisme de
ces organismes aux sites échantillonnés. Ces résultats contribueront
à affiner la compréhension des prévisions climatiques à long
terme, en tenant compte de ces organismes qui constituent une
composante très importante des communautés microbiennes des
océans.
Contact : Marcelino Suzuki,
[email protected]
Pour plus d’informations : www.obs-banyuls.fr/rhomeo
Les Dossiers d'Agropolis International Extrait du dossier "Changement climatique : impacts et adaptations" - n°20 - Février 2015 - 88 pages
Mésocosmes in situ de MEDIMEER
immergés dans la lagune de Thau
(Méditerranée Nord-occidentale, France).
Le volume d’eau de chaque mésocosme est de 2 m3
et leur profondeur de 2 m.
Expérimentations en
conditions contrôlées en
milieux marins
Le « Centre d’écologie marine
expérimentale » (plateforme
MEDIMEER de l’OSU OREME –
CNRS, UM, IRD), basé à la Station
Méditerranéenne de l’Environnement
Littoral à Sète, propose à la
communauté scientifique nationale
et internationale une expertise
scientifique de pointe dans la
réalisation d’expérimentations en
conditions contrôlées (mésocosme)
en milieux marins.
Un « mésocosme » est une enceinte
expérimentale, isolant un volume
d’eau supérieur à 1 m3 avec des
conditions proches du milieu
naturel, dans laquelle les facteurs
environnementaux (température,
lumière, CO2, éléments nutritifs, etc.)
peuvent être manipulés de façon
réaliste. C’est un outil puissant
faisant le lien entre l’observation du
milieu et les études en laboratoire à
petite échelle.
Les objectifs de MEDIMEER sont
d’offrir aux groupes de recherche
nationaux et internationaux à la fois :
une expertise dans le domaine de
l’écologie marine expérimentale
axée sur l’expérimentation en
mésocosme ;
et une large gamme de facilités
expérimentales. MEDIMEER
possède des mésocosmes in
situ immergés dans la lagune
de Thau (mais pouvant être
transportés et déployés sur
d’autres sites), des mésocosmes
à terre en attente d’installation,
ainsi que trois plateformes
(observation, analyse et logistique)
et un parc instrumental. Cet
ensemble d’infrastructures
permet d’étudier, en conditions
contrôlées, l’impact de forçages
naturels et anthropiques sur le
fonctionnement des écosystèmes
marins (production, diversité, flux
de matière, résistance, résilience,
etc.).
MEDIMEER apporte également
un soutien à des activités de
recherche plus appliquées comme
la gestion durable des ressources,
la remédiation des écosystèmes
dégradés, la production de
biomasse à des fins industrielles
(biocarburant, bioénergie),
et l’écotoxicologie (dans les
mésocosmes à terre).
Les recherches effectuées à
MEDIMEER permettront de
quantifier et de qualifier les effets
de forçages physiques, chimiques
et biologiques locaux et globaux
sur la diversité des organismes
aquatiques, sur leurs physiologies
et leurs interactions et, enfin, sur le
fonctionnement des écosystèmes
aquatiques. •••
Changement climatique : impacts et adaptations
© B. Mostajir
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Les Dossiers d'Agropolis International Extrait du dossier "Changement climatique : impacts et adaptations" - n°20 - Février 2015 - 88 pages
Biodiversité et écosystèmes marins
© UPMC - OOB
EMBRC, l’un des plus grands
dispositifs européens de
recherche sur la biodiversité
Changement climatique: impacts et adaptations
Les trois stations marines de Banyulssur-Mer, Roscoff et Villefranche-surMer, placées sous la co-tutelle de
l’UPMC et du CNRS, ont uni leurs
forces au sein du « Centre national
de ressources biologiques marines »
(EMBRC-France) dans l’objectif
d’approfondir la connaissance de la
biodiversité marine.
50
Les ressources biologiques marines
et leurs applications potentielles
à des domaines aussi variés
que l’agriculture, la santé ou la
cosmétique, restent en effet encore
peu explorées. Or, avec 11 millions de
kilomètres carrés, la France possède
la deuxième zone économique
exclusive (ZEE) au monde et, répartie
sous tous les climats, cette ZEE offre
une biodiversité d’une richesse
considérable.
Point d’entrée de l’exploration
des bio-ressources marines sur le
territoire, EMBRC-France bénéficie
dans sa gouvernance du soutien
du programme « Investissements
d’avenir », de l’implication forte
des régions Bretagne, LanguedocRoussillon et Provence-Alpes-Côte
d’Azur, ainsi que de celle des pôles
de compétitivité « Mer Bretagne
Atlantique » et « Mer Méditerranée ».
Dans un contexte régional et
national, EMBRC-France et plus
particulièrement l’Observatoire
Océanologique de Banyuls-surMer (OOB), offre aux entreprises et
aux scientifiques académiques un
accès simplifié aux écosystèmes,
ressources biologiques marines
et à des plateformes scientifiques
de pointe. Par l’accueil sur place
ou les prestations à distance,
EMBRC-France lève ainsi le verrou
du difficile accès aux ressources
biologiques marines et met à
disposition un outil majeur pour
l’exploration et l’exploitation de la
biodiversité marine, de l’échelle
moléculaire aux écosystèmes.
Dans un contexte plus large,
l’EMBRC a été sélectionné en
2009 par le Forum stratégique
européen pour les infrastructures
de recherche (ESFRI) pour devenir
l’un des futurs grands dispositifs
européens de recherche. Avec une
mise en œuvre prévue pour 2016,
ce centre européen de ressources
biologiques marines reliera les
principales stations de biologie
marine européennes et il en
sera bientôt l’un des leviers pour
l’innovation.
À bord du navire de station « Nereis II » :
chercheurs posant une ligne verticale de trappes
afin de piéger les particules qui sédimentent.
© P. Lebaron
Changement climatique : impacts et adaptations
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Changement climatique: impacts et adaptations
Les Dossiers d'Agropolis International Extrait du dossier "Changement climatique : impacts et adaptations" - n°20 - Février 2015 - 88 pages
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Larves à ptérothèques
du puceron Aphis gossypii.
© J.P. Deguine