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Traumatisme et signifiant

2013, Cliniques

« Un travail de mise au jour d'une chaîne de souvenirs ou d'idées permettra au vécu traumatique de prendre corps dans l'histoire pulsionnelle du sujet et de trouver place dans la configuration singulière de ses signifiants fondamentaux. »

© Pierre-Georges Despierre « Un travail de mise au jour d’une chaîne de souvenirs ou d’idées permettra au vécu traumatique de prendre corps dans l’histoire pulsionnelle du sujet et de trouver place dans la configuration singulière de ses signifiants fondamentaux. » Traumatisme et signifiant Trauma and meaning Monique Maynadier «N’ est-il pas remarquable que, à l’origine de l’expérience analytique, le réel se soit présenté sous la forme de ce qu’il y a en lui de plus inassimilable – sous la forme du trauma, déterminant toute sa suite, et lui imposant une origine en apparence accidentelle 1 ? » nous dit J. Lacan dans Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse. Il nous rappelle par là que nous ne devons pas nous laisser duper, que ce soit pour l’origine même de la psychanalyse ou pour celle des troubles psychiques, par d’apparentes causalités accidentelles ou contingentes. Cependant, pour des personnes ayant vécu des événements violents ou choquants que l’on nomme traumatiques, l’angoisse et d’autres manifestations de souffrance psychique et physique apparaissent comme directement liées à ces événements. Il semble qu’il y ait un avant et un après par rapport à l’événement traumatique, une rupture dans la temporalité. Dans l’abord thérapeutique de ces sujets, il est inévitable que le travail de parole soit focalisé, dans un premier temps tout du moins, sur l’expression du vécu traumatique. Dans Au-delà du principe de plaisir, abordant la question de la névrose traumatique, S. freud attribue le trauma psychique à des excitations venant de l’extérieur, assez fortes pour faire 43 Monique Maynadier, psychologue clinicienne, psychanalyste à la Clepsydre, 33, rue Bouret 75019 Paris, association regroupant des psychanalystes recevant des publics en précarité. 1. J. Lacan, Le Séminaire, Livre XI (19631964), Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Paris, Le Seuil, 1973, p. 65. Cliniques 5 effraction dans le pare-stimuli, le principe de plaisir étant mis hors jeu : « La submersion de l’appareil animique par de grandes quantités de stimuli ne peut plus être empêchée ; c’est bien plutôt une autre tâche qui se présente, celle de maîtriser le stimulus, de lier psychiquement les quantités de stimuli qui ont fait irruption pour les amener ensuite à la liquidation 2. » « Maîtriser le stimulus », « lier psychiquement les quantités de stimuli » demandera du temps. Un temps thérapeutique, s’appuyant sur le transfert et permettant que chemine une parole, sera indispensable. Mais la question reste de savoir par quelles voies nous pouvons aider un sujet aux prises avec un traumatisme à intégrer le vécu traumatique et les symptômes qui lui sont attachés, dans la continuité de son histoire psychique. Un travail de mise au jour d’une chaîne de souvenirs ou d’idées pouvant dévoiler d’autres traumatismes, d’autres souffrances, pourrait-il permettre au vécu traumatique de prendre corps dans l’histoire pulsionnelle du sujet, et de trouver place dans la configuration singulière de ses signifiants fondamentaux ? HISTOIRE CLINIQUE 2. S. freud, « Au-delà du principe de plaisir » dans Œuvres complètes XV, Paris, Puf, 1996, p. 301. Je vais donner une illustration clinique de ce cheminement signifiant effectué dans un travail de parole par un sujet confronté à une expérience qualifiée par lui-même de « traumatique ». Il s’agit d’un jeune homme de 20 ans, né dans un pays d’Afrique dont ses parents sont originaires, mais vivant en france avec eux depuis sa toute petite enfance. Il a obtenu récemment un « contrat jeune majeur » dans un service de l’enfance, qui doit l’aider dans un projet professionnel de formation en alternance. C’est dans le cadre d’une consultation psychologique, dans cette même institution, où je travaille alors comme psychologue clinicienne, que je vais être amenée à le recevoir. Dans ce lieu, la psychologue travaille en lien avec l’équipe éducative, participant aux réunions d’équipe et recevant individuellement certains jeunes pris en charge, soit directement 44 Traumatisme et signifiant à leur demande, soit accompagnés, dans un premier entretien, par leur éducateur. C’est dans cette dernière configuration que je rencontre M. D. pour la première fois. Il m’explique qu’il se sent handicapé par une timidité extrême, une angoisse et une gêne sociale qui l’empêchent de mener à bien son insertion professionnelle. Il ne supporte pas le regard des autres, notamment celui de son employeur, craignant que son angoisse ne se lise sur son visage. Il ne parvient pas à assurer ses temps de travail en entreprise, multiplie les absences, mettant en péril toute sa formation. Au terme de ce premier entretien, M. D. accepte de venir ensuite me voir seul pour un travail de parole régulier que je lui propose pour l’aider à comprendre et à dépasser ses blocages. Mais un aspect de sa situation, qui ne sera pas sans effet sur la suite du travail, est d’emblée souligné par son éducateur : M. D. est dans sa vingt-et-unième année et donc, dans moins d’une année, quand il aura atteint ses 21 ans, le « contrat jeune majeur » prendra fin et, avec lui, l’aide financière, ainsi que, théoriquement, l’aide éducative et psychologique. Cette « contingence » ne sera pas sans résonance dans la relation de transfert et de contre-transfert qui s’établira entre M. D. et moi. J’y reviendrai. M. D. parle de ses troubles : « Dès que je suis avec des personnes que je ne connais pas, je ne m’exprime pas, je ne dis pas les mots qu’il faut, j’ai des blocages. » Il situe lui-même la cause de ses problèmes psychologiques dans une suite d’événements qu’il qualifie de « traumatisants » : le décès de sa mère quand il avait 12 ans, le remariage de son père et une accumulation de dettes ayant entraîné l’expulsion du logement et la dispersion de la famille. Séparé de ses frères et sœurs et de son père, hébergés chez différents membres de la famille, il dit ne plus s’être senti à l’aise depuis ce moment-là. Il vivait douloureusement le fait de ne plus avoir de « chez lui », avait toujours peur de gêner les personnes chez qui il vivait, se sentait mal à l’aise, ne pouvait rien demander, n’osait pas se servir dans le frigo, etc. 45 Cliniques 5 3. M. C. et Éd. Orthigues, Œdipe Africain, Paris, Plon, 1973, p. 56. Au fil des entretiens, le terme « expulsion » reviendra de manière récurrente. Cette expulsion est pour lui la cause de toutes ses difficultés : après cet événement il ne pouvait plus regarder les autres en face, avait peur qu’on ne lise dans ses yeux ou sur son visage la réalité de sa situation qu’il voulait à tout prix cacher. La honte de cette expulsion l’isolait de ses camarades de classe qui, eux, avaient un foyer et vis-à-vis desquels il se sentait différent. Ne pouvant pas parler de lui, de sa famille, comme les autres, il finissait par ne plus parler du tout. Pour lui, le décès de sa mère et l’expulsion étaient indissociablement liés : « Avant le décès de ma mère et l’expulsion, je commençais à m’épanouir, après je me suis renfermé. » C’est dans le temps de nos échanges qu’une temporalité a pu s’établir dans son histoire : alors qu’il avait 12 ans au moment du décès de sa mère, il était en bac pro et avait donc 17 ou 18 ans quand a eu lieu l’expulsion du logement. Il a pu raconter comment il apprit le décès de sa mère : rentrant de l’école, il voit les pompiers chez lui. Son père et d’autres adultes ne font pas attention à lui, ne lui disent rien. Puis, un voisin l’informe que sa mère est morte. De ce qu’il entend à ce moment-là, il retient qu’elle s’est coupée avec un couteau en faisant la cuisine et que, n’étant pas vaccinée contre le tétanos, elle en est morte. Plus tard, sans qu’il puisse situer exactement quand, il tombera sur un certificat d’un médecin mentionnant qu’elle est décédée de « mort naturelle ». Il restera troublé par ce terme, pensant qu’un accident ne peut être qualifié de « mort naturelle ». Il ne posera pas de questions à son père qui, de son côté, n’évoquera jamais avec lui cet événement. Il est difficile de dire ce qui relève du désarroi des adultes et ce qui tient au contexte culturel dans la manière dont M. D. apprend le décès de sa mère. Selon M.-C. et É. Ortigues, parlant de l’attitude des pères africains avec leurs enfants, « il est traditionnel que le père n’ait pas de conversation avec ses enfants : ceux-ci doivent écouter ordres et conseils et répondre seulement si on les interroge ; ils doivent discrètement quitter la pièce où des adultes parlent entre eux 3 ». 46 Traumatisme et signifiant Mais pour M. D., résidant en france, le décalage entre ce qu’il vivait dans sa famille et le vécu habituel de ses camarades de classe a pu être un facteur supplémentaire de trouble. Durant les cinq ou six années qui suivent, son père se remarie et a deux autres enfants. Ce n’est qu’au terme de ces cinq ou six années que l’expulsion a lieu à la suite d’une accumulation de dettes. L’événement de l’expulsion semble avoir ravivé dans l’aprèscoup le choc du décès de la mère. La dispersion de la famille, après l’expulsion, redonnait de l’actualité à la disparition de la mère. La mère « remplacée » par une belle-mère, la famille continuant à vivre dans le même appartement, l’absence n’étant pas parlée, l’élaboration de la perte ne pouvait se faire et le deuil se trouvait toujours différé. Il n’y a pas eu de mots pour dire la mort de la mère dont les circonstances restent floues. La dispersion de la famille au contraire porte un nom : « expulsion ». La disparition de la mère vient prendre place sous ce signifiant : « Avant le décès de ma mère et l’expulsion, je commençais à m’épanouir » dit-il, liant ainsi les deux événements. M. D. exprime bien là, dans cette contraction du temps, la violence de la « commotion psychique » subie, selon le terme de S. ferenczi. Pour S. ferenczi, « la commotion psychique survient toujours sans préparation, elle a dû être précédée par le sentiment d’être sûr de soi, dans lequel par la suite des événements, on s’est senti déçu : avant, on avait trop confiance en soi et dans le monde environnant ; après, trop peu ou pas du tout 4 » . Mais le mot même « expulsion », que M. D. prononce toujours avec une expression physique de souffrance, semble l’avoir touché dans son corps. Il dit que l’expulsion le « coupe » des autres, le rend différent. Il pense que sa situation est comme inscrite sur son visage, dans son regard, le mettant en position de vulnérabilité et d’étrangeté par rapport aux autres et à lui-même. Le traumatisme provoque un « clivage » dans la personnalité, note S. ferenczi dans Journal clinique. Il dit que le fait d’être 47 4. S. ferenczi, Le traumatisme, Paris, Payot, 2006, p. 33. Cliniques 5 clivé peut rendre la remémoration impossible « mais ne peut empêcher que l’affect qui lui est rattaché ne se fraye un chemin sous forme d’humeurs, d’explosions affectives, de susceptibilités, souvent sous forme de dépression généralisée ou d’une gaieté compensatoire immotivée, ou encore, plus souvent, par différentes sensations corporelles et divers troubles fonctionnels 5 » . Les affects liés au vécu de perte, de manque, faisant partie de l’histoire pulsionnelle du sujet, antérieure même au décès de la mère, s’étaient trouvés isolés des processus de pensée. Il appartenait à M. D. de pouvoir les replacer dans cette histoire par un travail de remémoration. Et le signifiant « expulsion », sorte de concentré, de nœud de toutes les pertes, allait jouer un rôle dans cette remémoration. 5. S. ferenczi, Journal clinique, Paris, Payot, 1985, p. 249. M. D. me parle de l’une de ses préoccupations : étant né à l’étranger et son père n’ayant pas fait certaines démarches, il peine à obtenir la nationalité française que possèdent pourtant tous les autres membres de sa famille. Il en veut à son père pour cela, comme il lui en veut de n’avoir pu éviter l’expulsion du logement. Par ailleurs, il déplore de ne pas bien parler la langue de son pays d’origine : il me dit que lorsqu’il avait sa grand-mère au téléphone (grand-mère décédée depuis), il ne pouvait que très peu communiquer avec elle car « je ne maîtrise pas bien ma langue ». Oserai-je dire qu’il se sent « expulsé » de sa propre langue, « langue maternelle » inatteignable, perdue ? Le traumatisme trace sa route, creuse son sillon et peut s’insinuer jusqu’aux douleurs anciennes, connues ou inconnues, chez le sujet lui-même ou chez ceux qui ont présidé à sa venue au monde, créant ainsi chez lui de l’« indicible » ou de l’« impensable » (Tisseron, 1992). M. D. m’avait simplement dit qu’il était né en Afrique mais qu’il avait grandi en france. Ce n’est que dans l’un de nos derniers entretiens qu’il m’a raconté ce qu’il savait des circonstances de sa naissance : ses parents vivaient en france où étaient nés leurs autres enfants. Quand sa mère a dû accoucher de lui, les médecins ont décidé qu’il naîtrait par césarienne. 48 Traumatisme et signifiant Son père, refusant cette décision, a emmené sa femme dans son pays d’origine où elle a pu accoucher naturellement. M. D. savait seulement que ses parents étaient ensuite rentrés en france avec lui. Quel fut le coût (dans tous les sens du terme) de cette naissance « naturelle », quelles furent l’importance et la nature des risques encourus ? Le coût pour lui, en tout cas, en aura été la difficulté à obtenir la nationalité française. Quand je dis à M. D. que le moment de la naissance est désigné par le terme d’« expulsion », il me répond qu’il l’ignorait. Il ne s’agit évidemment pas de faire remonter l’expérience traumatique jusqu’à un mythique « traumatisme de la naissance », mais plutôt de voir que c’est en suivant le fil de ses associations, à la suite d’une signification donnée par moi, que le sujet a pu parler d’une autre angoisse d’expulsion, celle du territoire cette fois, liée à sa naissance à l’étranger, expulsion de lui-même puisqu’il avait toujours vécu en france et n’était jamais allé dans le pays d’origine de sa famille, hors le moment de sa naissance, et n’en maîtrisait pas les codes. Il se souvient alors que pendant son enfance, son père le menaçait en lui disant que s’il ne se comportait pas bien, il n’obtiendrait pas sa nationalité et tout son avenir serait compromis. Il se souvient de sa terreur et de l’« efficacité » de cette menace paternelle pour le contraindre à ne pas manquer l’école, réussir ses études, ne pas commettre d’actes répréhensibles : « Si je n’avais pas eu cette épée de Damoclès, j’aurais déconné », dit-il. Ainsi, paradoxalement, c’est de manière positive qu’il a pu parler de l’attitude de son père, vu par ailleurs comme défaillant (père ne disant rien du décès de la mère, père ne pouvant empêcher l’expulsion du logement, père n’ayant pas fait les démarches nécessaires pour sa nationalité). Il reconnaissait que, malgré ses insuffisances, ce père avait pu le préserver en lui évitant de faire des « conneries ». Les signifiants isolés, détachés, comme tombés du traumatisme : l’expulsion, les symptômes d’angoisse sociale, parvenaient à s’intégrer dans le circuit personnel du sujet. Ce dernier 49 Cliniques 5 pouvait ainsi se les réapproprier en en faisant même un support possible de la fonction phallique. L’IMPACT DU TRAUMATISME DANS LA RELATION DE TRANSfERT 6. J. Lacan, Les complexes familiaux, Paris, Navarin, 1984, p. 27. J’ai dit plus haut que le temps institutionnel avait été évoqué au départ comme pouvant constituer une limite à notre travail et avait eu de ce fait une résonance dans la relation de transfert. En effet, M. D. a abordé son suivi avec un sentiment d’urgence, se soumettant peut-être à une pression rappelant la pression paternelle subie dans l’enfance. Moi-même, bien qu’ayant toujours défendu l’idée que le temps institutionnel et le temps psychique n’étaient pas superposables, et qu’une fin de prise en charge par le service ne devait pas obligatoirement signifier la fin d’un travail de parole engagé, il me semblait que la nouvelle situation de M. D. était à prendre en compte comme reconnaissance d’un principe de réalité. Je lui avais donc parlé de la possibilité d’une orientation vers un lieu thérapeutique extérieur à plus ou moins long terme. Cela ne se fit pas et M. D. continua à venir me voir pendant un certain temps après sa sortie du service. Les mouvements transférentiels et contre-transférentiels qui traversèrent ce travail peuvent se résumer ainsi : – le désir et le non-désir de séparation ; – la crainte d’une répétition du traumatisme de l’« expulsion » ; – la croyance en la possibilité d’opérer une séparation non traumatique. N’ai-je pas été prise dans l’illusion qu’une séparation pourrait ne pas être « critique » pour un sujet ? J. Lacan étudie dans Les complexes familiaux le « complexe du sevrage », qu’il considère comme le plus primitif du développement psychique. « Traumatisant ou non, le sevrage laisse dans le psychisme humain la trace permanente de la relation biologique qu’il interrompt. Cette crise vitale se double en effet, d’une crise du psychisme, la première sans doute dont la solution ait une structure dialectique 6. » 50 Traumatisme et signifiant C’est finalement à la suite de circonstances « extérieures » – qu’il serait hors de notre propos de développer ici – que nos entretiens prirent fin. Le fait que M. D. et moi-même ayons saisi ces circonstances permet d’en relativiser le caractère « accidentel ». Ce travail de parole a, certes, aidé M. D. à mieux maîtriser ses angoisses et à poursuivre son insertion professionnelle. Il reste que des signifiants amenés au cours de nos échanges dans des chaînes d’association à partir de la problématique de l’expulsion demanderaient un plus grand travail d’élaboration et de perlaboration, comme la notion de coupure, recouvrant des significations diverses allant de la naissance (par césarienne ou non) à la mort énigmatique de la mère provoquée par un couteau, et jusqu’à l’épée de Damoclès brandie par le père ; comme celle de mort naturelle ou de naissance naturelle, en lien d’opposition obscure, tantôt avec l’accidentel, tantôt avec le médical (et avec quels prolongements dans la culture ou les traditions portées par la famille ?) ; ou encore comme le rapport à la dette. CONCLUSION Nous avons vu que, dans le cas évoqué, le vécu traumatique en contractant le temps avait pu absorber des éléments de l’histoire du sujet. Le travail psychique reposant sur la relation de transfert a consisté à séparer les plans, à rétablir la temporalité dans l’histoire et le vécu du sujet. freud nous disait déjà dans Études sur l’hystérie : « On ne doit pas s’attendre à trouver un souvenir traumatique unique et, comme noyau de celui-ci, une représentation pathogène unique mais il faut être préparé à des séries de traumas partiels et à des enchaînements de cheminements de pensées pathogènes 7. » C’est en suivant ces cheminements de pensées que nous avons pu percevoir que c’est tout le vécu pulsionnel du sujet qui se trouvait convoqué dans ses symptômes psychiques et corporels. 51 7. S. freud, Études sur l’hystérie, Œuvres complètes II, Paris, Puf, 2009, p. 314. Cliniques 5 8. J. Lacan, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, op. cit., p. 82. Ce pulsionnel, J. Lacan l’introduit en nommant “schize” les effets, sur le sujet, du traumatisme qu’il assimile à une « rencontre avec le réel ». Il dit – et je terminerai sur cette citation : « Cette schize constitue la dimension caractéristique de la découverte et de l’expérience analytique, qui nous fait appréhender le réel dans son incidence dialectique, comme originellement malvenu. C’est par là, précisément, que le réel se trouve chez le sujet, le plus complice de la pulsion – à laquelle nous n’arrivons qu’en dernier, parce que seul ce chemin parcouru pourra nous faire concevoir de quoi il retourne 8. » BIBLIOGRAPHIE fERENCZI, S. 1985. Journal clinique, Paris, Payot. fERENCZI, S. 2006. Le traumatisme, Paris, Petite bibliothèque Payot. fREUD, S. 1996. Au-delà du principe de plaisir, Œuvres complètes xV, Paris, Puf. fREUD, S. 2009. Études sur l’hystérie, Œuvres complètes II, Paris, Puf. LACAN, J. 1973. Le Séminaire, Livre XI (1963-1964), Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Paris, Le Seuil. LACAN, J. 1984. Les complexes familiaux, Paris, Navarin/diffusion Seuil. ORTIGUES, M.-C. et É. 1973. Œdipe africain, Paris, Plon. TISSERON, S. 1992. Tintin et les secrets de famille, Paris, Aubier. Résumé Un événement traumatique est donné par un sujet comme l’origine unique de ses symptômes. Un travail de parole prenant appui sur les signifiants amenés par le sujet dans le cadre du transfert, peut l’aider à réintégrer dans la continuité de son histoire psychique des éléments que l’expérience traumatique avait pu isoler sur le mode du clivage. mots-clés Traumatisme, signifiant, clivage, réel, processus analytique, transfert. abstract A single traumatic event is cited by a patient as the sole origin of their symptoms. Talk therapy based on the signifiers offered by the patient during transference may help them to reintegrate into their long-term psychological history those elements that the traumatic experience had isolated through splitting. Keywords Trauma, meaning, splitting, real, analytic process, transference. 52