Étude du cycle de l’eau en Afrique sahélienne :
Approche multidisciplinaire et apport de la gravimétrie
terrestre et spatiale
Julia Pfeffer
To cite this version:
Julia Pfeffer. Étude du cycle de l’eau en Afrique sahélienne : Approche multidisciplinaire et apport
de la gravimétrie terrestre et spatiale. Hydrologie. Université de Strasbourg, 2011. Français. tel00665117
HAL Id: tel-00665117
https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00665117
Submitted on 1 Feb 2012
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Thèse de doctorat
présentée { l’Université de Strasbourg
par
Julia Pfeffer
en vue de l’obtention du titre de
Docteur de l’Université de Strasbourg
Spécialité : Sciences de la Terre
Etude du cycle de l’eau en Afrique sahélienne :
Approche multidisciplinaire et apport de la
gravimétrie terrestre et spatiale
Thèse dirigée par Jacques Hinderer
préparée { l’Institut de Physique du Globe de Strasbourg
au sein de l’Ecole et Observatoire des Sciences de la Terre
Soutenue publiquement, le 30 septembre 2011, devant le jury composé de:
Guillaume Favreau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Nicolas Florsch . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Pierre Genthon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Jacques Hinderer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Hervé Jourde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Fréderic Masson . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Examinateur
Rapporteur externe
Examinateur
Directeur de thèse
Rapporteur externe
Rapporteur interne
ii
Remerciements
Le parcours d’une thèse m’a souvent fait penser à un voyage initiatique dont je tiens à remercier
toute l’équipée. Le rôle du mentor revient à Jacques Hinderer, qui m’a donné l’opportunité de
commencer cette aventure de longue haleine. Je le remercie chaleureusement pour la confiance
qu’il m’a accordée, ainsi que pour ses encouragements et ses conseils m’ayant guidé au travers
des dédales de la géodésie. Ce travail n’aurait été possible sans l’encadrement discret mais
constant de Guillaume Favreau. Sa connaissance des différents visages de l’Afrique sahélienne
m’ont été d’une aide précieuse pendant ces trois années de thèse.
Je tiens également à remercier Marie Boucher pour son écoute attentive de la résonance des
protons. Un grand merci à Bernard Cappelaere dont les avis éclairés ont su guidé mes pas
d’hydrologue débutante. Je remercie également sincèrement Cédric Champollion pour m’avoir
redonné foi en la microgravimétrie. Je n’oublie pas Jean-Paul Boy et Caroline de Linage, dont les
yeux exercés savent observer les mouvements de la Terre depuis l’espace. Merci également à
Jérôme Demarty, Natalie Benarrosh et à tous les intervenants impliqués dans la mise en place et
le maintien de l’observatoire AMMA-CATCH Niger.
J’adresse mes sincères remerciements aux rapporteurs de cette thèse Hervé Jourde, Nicolas
Florsch et Frédéric Masson pour leurs lectures critiques et constructives. Merci à Pierre Genthon
d’avoir pris le temps de venir à ma soutenance.
Cette formidable expérience n’aurait été possible sans les bras, les têtes et les jambes de
nombreux compagnons de terrain: Bernard, Nicolas, Martha, Sébastien, Monique, Maxime,
Olivier, merci d’avoir porté ces gravimètres en des coins reculés de l’Afrique de l’Ouest. Merci
également { Yahaya Nazoumou et { tous les étudiants de l’université de Niamey venus nous
soutenir sur le terrain. Merci à Thibaud pour avoir sillonné la mare et les ravines de Wankama
avec son attirail de géomètre. Merci à Bodo pour sa conduite de pilote. Je ne saurais assez
remercier les habitants du village de Wankama pour leur accueil. Je tiens également à remercier
tout le personnel de la représentation IRD Niger pour leur aide irremplaçable sur place qui a
rendu ce travail possible.
Puis viennent les coéquipiers de ce voyage: une troupe de docteurs apprentis ou confirmés,
ingénieurs, étudiants, secrétaires, maîtres de conférences, professeurs et que sais-je encore.
Merci { toute l’équipe de l’Institut de Physique du Globe de Strasbourg pour avoir rendu ce
iii
travail possible. Je tiens particulièrement à remercier l’équipe de dynamique globale pour le
cadre de travail agréable qu’ils ont su instauré et savent si bien partager. Merci aux
gestionnaires et secrétaires souvent mises à contribution lors des nombreuses missions
effectuées au cours de cette thèse. J’adresse également une foule de remerciements aux ex ou
futurs géodocteurs: Anthony, Basile, Pierre, Juliens, Yasser, Elise, Aurore, Chloé, Zac, Romy,
Marco, Sheldon, Vincent, Paul, Olivier, J-R, Alex, Mélanie, Julie, Anke, Marie-Laure, Alexandre,
Manu, Anne-Sophie, Edouard, Etienne, Florien, BEP, Joachim, Suzon,
Jérémie, Francis, et
Florence, merci pour tous les rires partagés.
Merci enfin aux amis et aux amis de mes amis, qui sont devenus mes amis. Je me risque aux
remerciements nominatifs, pardonnez moi si je vous oublie! Manon, Indrah, Damien, PEF, Nico,
Marie, Xavier, Léo, Gab, Sarah, Jean, Marion, Steph, Lise, Geo, Marie, Aline et Christine, merci
pour tous les moments de détente et de gaité qui émaillent parfois ces pages. Merci aux
marteaux killers pour m’avoir rappelé le bonheur de courir après un ballon. Un grand merci à
Sido, Yanshe et à mes compagnons de danse pour avoir rythmé mes lundi soirs du son d’un
djembé. Merci à ma famille pour m’avoir soutenue pendant toutes ces années. Je pense en
particulier à mes parents et à mes sœurs qui m’ont permis de vivre cette aventure aussi
sereinement que possible. Merci à J-B et David d’avoir pensé à moi le jour de ma soutenance.
Merci à Charlie pour ses sourires d’ange. Merci { Benoît pour son soutien, sa patience et son
affection. Et enfin, je tiens à remercier de tout cœur toutes les personnes que j’ai rencontrées et
oubliées par mégarde, mais qui ont contribué à faire de moi ce que je suis devenue aujourd’hui:
une chercheuse débutante.
iv
Résumé
Au regard de la variabilité climatique et des activités humaines, un intérêt croissant a été porté
au cours des dernières décennies { l’observation des ressources en eau, leur évolution et leur
quantification. Les méthodes géodésiques examinent la forme de la Terre et son champ de
gravité. Elles sont sensibles { la redistribution des masses d’eau { la surface terrestre, { des
échelles spatiales variant de la parcelle au continent et s’avèrent de ce fait être des outils de
choix pour suivre la variabilité des ressources en eau. Dans le cadre des projets AMMA1 et
GHYRAF2, une série d’actions en gravimétrie, géodésie, géophysique, et hydrologie a été
orchestrée sur un site pilote situé au sud–ouest du Niger, à 70 km de sa capitale Niamey.
L’influence de la mousson ouest africaine sur le champ de pesanteur est étudiée { l’échelle locale
par des mesures in - situ et, { l’échelle continentale, par des mesures satellitaires. Le signal
gravimétrique observé est interprété en terme de variabilité hydrologique, afin d’accéder aux
paramètres hydrogéologiques locaux comme la porosité de drainage de l’aquifère. Les
incertitudes liées { la présence d’eau dans les premiers mètres de sol sont évaluées { l’aide de
mesures d’humidité in-situ. Les valeurs de porosité estimées par gravimétrie sont comparées
aux valeurs estimées par résonance magnétique protonique, illustrant la cohérence de ces deux
méthodes géophysiques de sensibilités différentes (résolution spatiale et temporelle, objet
imagé). L’hétérogénéité spatiale des stocks d’eau est appréhendée, { l’échelle du bassin versant
(~2.5 km2), par une saison de mesures intensives de microgravimétrie. Des variations
dynamiques de la gravité de faible à moyenne amplitude (≤ 220 nm s-2) sont détectées et
analysées avec minutie afin de mieux évaluer la variabilité intrasaisonnière des différents
réservoirs hydriques en présence. L’hétérogénéité de stockage dans la zone vadose apparaît
comme la source principale de variabilité spatiale du signal gravimétrique { l’échelle locale
(< 1 km).
1
Analyse Multidisciplinaire de la Mousson Africaine
2
Gravimétrie et Hydrologie en Afrique
v
vi
Abstract
Towards climate variability and human activities, recent advances in water resources
observation, quantification and prediction have led to a growing interest in the geophysical
community. Geodetic techniques allow measuring the shape and the gravity field of the Earth.
These measurements are sensitive to the water mass distribution at the Earth’s surface over a
wide range of time and space scales. Such techniques may thus provide valuable information
about continental water storage changes. In the framework of the AMMA1 and GHYRAF2
projects, a bunch of actions have been set up in gravimetry, geodesy, geophysics and hydrology
on a pilot site located in south-west Niger, at 70 km of the city of Niamey. The seasonal water
cycle, in link with the West African monsoon, is studied at local scale by in situ measurements
and at continental scale by satellite data. The observed gravity signal is analysed to retrieve local
hydrogeological parameters, such as the drainage porosity. The uncertainties due to the
presence of water in the first meters of soil are evaluated with in situ measurements. Porosity
values estimated by gravimetry are compared to values of the aquifer water content derived
from magnetic resonance soundings. The good agreement between these two independent
geophysical methods, displaying different sensitivity as well as spatial and temporal resolutions,
shows their potential to constrain local hydrogeological parameters. The spatial heterogeneity of
the water storage is investigated at the small catchment scale (~ 2.5 km2) by an intensive
microgravity field campaign. Dynamic variations of the gravity are measured with small to
medium amplitudes (≤ 220 nm s-2) and carefully analysed to evaluate the intraseasonal
variability of the water storage. The heterogeneity of the water storage in the vadose zone
appears as the main reason for the spatial variability of the gravimetric signal at local scale
(<1 km).
vii
viii
Table des matières
Remerciements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Abstract . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Tables des matières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
vii
Liste des acronymes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
xi
Liste des figures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
xii
Liste des tableaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
xx
1. Introduction générale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1
2. Le milieu sahélien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
7
2.1. Géographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
8
2.2. Population . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
8
2.3. Climat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
11
2.3.1. Caractéristiques principales de la zone d’étude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
11
2.3.2. Circulation générale de la mousson ouest africaine . . . . . . . . . . . . . . . . .
11
2.3.3. Variabilité interannuelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
12
2.3.4. Tendances récentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
13
2.4. Géomorphologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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2.5. Pédologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
15
2.6. Végétation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
16
2.7. Hydrologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
17
2.7.1. Hydrologie de bassin: processus principaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
17
2.7.2. Ecoulements de surface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
18
2.7.3. Processus hydrologiques dans la zone non saturée . . . . . . . . . . . . . . . . .
19
2.7.4. Recharge de la nappe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
20
2.8. Géologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
22
2.9. Hydrogéologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
24
2.9.1. La nappe phréatique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
24
2.9.2. Les nappes captives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
25
2.10. Description du site de mesure expérimental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
25
2.10.1. Le village de Wankama . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
25
2.10.2. Le site instrumental de Wankama . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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2.10.3. Le bassin versant de Wankama . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
27
2.11. Synthèse du chapitre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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ix
3. Les méthodes d’observations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
33
3.1. Géodésie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
34
3.1.1. Mesures terrestres de la gravité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
35
3.1.1.1. Le gravimètre absolu FG5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
36
3.1.1.2. Le gravimètre relatif CG5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
37
3.1.1.3. Corrections des effets géophysiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
38
3.1.2. Mesures spatiales de la gravité : les satellites GRACE . . . . . . . . . . . . . . .
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3.1.3. Mesures de positionnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
42
3.1.3.1. GPS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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3.1.3.2. GPS différentiel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
42
3.2. Hydrologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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3.2.1. Mesures terrestres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
43
3.2.1.1. Pluviométrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
43
3.2.1.2. Flux atmosphériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
43
3.2.1.3. Humidité du sol . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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3.2.1.4. Limnimétrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
45
3.2.1.5. Piézométrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
45
3.2.2. Modèles hydrologiques globaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
46
3.2.2.1. Les modèles GLDAS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
46
3.2.2.2. Les modèles ECMWF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
46
3.3. La résonance magnétique protonique : une méthode géophysique de
subsurface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
47
3.4. Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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4. Effets de la redistribution des masses d’eau sur la gravité . . . . . . . . . . . . . . . . .
51
4.1. Action des masses d’eau sur la gravité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
52
4.1.1. Définition de la gravité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
52
4.1.2. Actions des masses d’eau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
53
4.1.2.1. Attraction newtonienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
53
4.1.2.2. Surcharge élastique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
53
4.1.2.3. Echelles spatiales associées aux variations de gravité . . . . . . . . .
54
4.2. Influences hydrologiques { l’échelle locale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
56
4.2.1.1. Effet d’un plateau infini de Bouguer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
57
4.2.1. Calcul de l’attraction newtonienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
56
4.2.1.2. Charge hydrologique à dimension finie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
57
x
4.2.2. Modélisation du signal gravimétrique associé aux variations des
réservoirs hydrologiques locaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
58
4.2.2.1. Modélisation de la mare temporaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
59
4.2.2.2. Modélisation de la nappe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
60
4.2.2.3. Modélisation de la zone non saturée superficielle . . . . . . . . . . . . .
61
4.2.3. Artefacts liés au site d’instrumentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
64
4.2.3.1. Effet « parapluie » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
64
4.2.3.2. Enfoncement du pilier de mesure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
67
4.2.4. Poroélasticité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
68
4.2.5. Synthèse des contributions hydrologiques locales . . . . . . . . . . . . . . . . . .
70
4.3. Influences hydrologiques { l’échelle continentale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
72
4.3.1. Théorie associée au calcul des déformations terrestres . . . . . . . . . . . . .
72
4.3.2. Calcul de la contribution hydrologique globale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
74
4.3.2.1. A partir de modèles globaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
74
4.3.2.2. A partir des données satellitaires issues de la mission GRACE .
75
4.3.2.3. Décomposition du signal gravimétrique pour le site de
Wankama . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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4.4. Conclusion du chapitre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
79
5. Fusion de données hydrogéophysiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
81
5.1. Enjeux scientifiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
82
5.2. Article de recherche: « Local and global hydrological contributions to
time-variable gravity in Southwest Niger» . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
83
5.3. Pour aller plus loin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
96
5.3.1. La gravimétrie : une méthode intégrant les signaux hydrologiques à
diverses échelles spatiales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
96
5.3.2. Comparaison de la gravimétrie à la résonance magnétique
protonique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
98
5.3.2.1. Différences de sensibilité face aux variations spatiales et
temporelles du contenu en eau du sous-sol . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
98
5.3.2.2. Les différentes porosités d’un aquifère . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
100
cycles annuels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
105
5.3.3. Comparaison de mesures gravimétriques et hydrologiques sur 2
5.3.4. Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
xi
110
6. Densification des mesures sur une saison des pluies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
113
6.1. Enjeux scientifiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
114
6.2. Matériel & Méthodes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
115
6.2.1. Réseau instrumental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
115
6.2.1.1. Microgravimétrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
115
6.2.1.2. Gravimétrie absolue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
116
6.2.1.3. Mesures hydrodynamiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
116
6.2.1.4. GPS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
116
6.2.2. Protocole de mesure microgravimétrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
117
6.2.3. Traitement des données . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
118
6.2.3.1. Correction des effets géophysiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
118
6.2.3.2. Sélection des mesures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
119
6.2.3.3. Calibration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
119
6.2.3.4. Compensation de la dérive instrumentale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
121
6.2.4. Expression des variations spatiales et temporelles de la gravité . . . . .
123
6.3. Résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
125
6.3.1. Erreurs instrumentales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
125
6.3.2. Séries temporelles des variations de la gravité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
128
6.3.3. Cartes des variations dynamiques de la gravité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
133
6.4. Interprétation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
136
6.4.1. Contribution de la mare . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
138
6.4.2. Contribution de la nappe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
140
6.4.3. Contribution de la zone non saturée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
143
6.5. Conclusion du chapitre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
150
7. Conclusion générale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
153
ANNEXE A : Cahier de terrain de la campagne de microgravimétrie . . . . . . . . . .
161
ANNEXE B : Comparaison des stations « plateau » et « référence » . . . . . . . . . . .
189
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
193
xii
Liste des acronymes
AMMA
Analyse Multidisciplinaire de la Mousson Africaine
AMMA – CATCH
Analyse Multidisciplinaire de la Mousson Africaine - Couplage de
l'Atmosphère Tropicale et du Cycle Hydrologique
CNES/GRGS
Centre National d'Etudes Spatiales/Groupe de Recherches de Géodésie
Spatiale
CSR
Center for Space Research
CT
Continental Terminal
DGPS
Differential Global Positioning System
ECMWF
European Centre for Medium – Range Weather Forecasts
FIT
Front de convergence Intertropical
GFZ
GeoForschungsZentrum
GHYRAF
Gravité et Hydrologie en Afrique
GLDAS
Global Land Data Assimilation Systems
GOCE
Gravity field and steady-state Ocean Circulation Explorer
GPS
Global Positioning System
GRACE
Gravity Recovery And Climate Experiment
GRGS
Groupe de Recherche de Géodésie Spatiale
GSFC
Goddard Space Flight Center
HAPEX
Hydrology and Atmospheric Pilot Experiment
INSAR
Interferometric Synthetic Aperture Radar
ITCZ
Intertropical Convergence Zone/ Zone de Convergence Intertropicale
IRD
Institut de Recherche pour le Développement
MNT
Modèle Numérique de Terrain
MRS
Magnetic Resonance Sounding
PNUD
Programme des Nations Unies pour le Développement
PREM
Preliminary Reference Earth Model
RMP
Résonance Magnétique Protonique
SEDAC
Socioeconomic Data and Applications Center
SNREI
Sphérique Non-Rotatif Elastique Isotrope
TDEM
Time-Domain Electromagnetism
xiii
Liste des figures
2.1 Carte du Sahel. Le site d’étude principal est le bassin versant de Wankama,
situé au sein du degré carré de Niamey (observatoire AMMA-CATCH Niger). Les
isohyètes ont été calculées pour la période 1951–1989, d’après l’Hôte & Mahé,
1996. (Modifié à partir de Massuel, 2005). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
9
2.2 Répartition de la population en Afrique de l’ouest (2000). (D’après le
site du SEDAC de l’université Columbia; http://sedac.ciesin.columbia.edu/gpw/)
10
sèche et saison humide (d’après Massuel, 2005) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
12
2.3 Circulation atmosphérique générale en Afrique de l’Ouest en saison
2.4 Anomalies des précipitations au Sahel (boîte de 10 à 20 °N, et 10°E à 20
°W) calculées par rapport à la moyenne climatologique sur la période 1900 –
2010 pour les mois du juin { octobre (données de l’agence NOAA;
http://jisao.washington.edu/data/sahel/). Une anomalie négative indique que
les apports pluvieux ont été déficitaires par rapport à la période 1900 – 2010, et
vive versa pour un apport positif. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
13
2.5 Anomalies des précipitations calculées de 1950 à 2007 pour trois boîtes
sahéliennes, montrant une variabilité interannuelle des précipitations plus forte
en se déplaçant vers l’est et des conditions persistantes de sécheresse { l’ouest
(d’après Lebel & Ali, 2009) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
14
2.6 Bloc diagramme illustrant les principales caractéristiques du paysage
sahélien du Sud-ouest nigérien (d’après Massuel, 2005; modifié par Leblanc et
al., 2008) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
15
2.7 Exemple des principaux types de végétation rencontrés au sud-ouest du
Niger: (a) brousse tigrée, (b) jeune (~ 5 ans) jachère à Guiera Senegalensis, (c)
jachère ancienne (~ 20 ans) à Guiera Senegalensis, (d) champ de mil. Les
différentes photographies ont été prises pendant la saison des pluies. (D’après
Cappelaere et al., 2009). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
16
2.8 Toposéquence typique et processus hydrologiques associés (d’après
18
Peugeot et al., 2003) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2.9 Evolution de l’occupation des sols (brousse tigrée, champs de mil,
surfaces dégradées) et du réseau de drainage (mares et ravines) de 1950 à
2005. Les photographies aériennes de Nov. 1950, Mar. 1975 et Nov. 1992 ont été
mises { disposition par l’IGNN, Niger. La photographie du 20 mai 2005 est une
xiv
image SPOT de haute résolution : copyright 2008 CNES, Distribution Spot Image
Corp.,USA, tous droits réservés. (D’après Favreau et al., 2009). . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
21
modifié dans Massuel, 2005) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
22
2.10 Géologie générale de l’Afrique de l’Ouest (d’après Konaté et al., 2003,
2.11 Coupe géologique schématique Est – Ouest à 13° 40’’ N dans le degré
carré de Niamey (d’après Monfort, inédit, modifié dans Massuel, 2005) . . . . . . . . .
23
2.12 Site instrumental de Wankama. a) Position du site en Afrique de l’Ouest.
La bande sahélienne est représentée par une zone grisée entre les isohyètes
moyennes annuelles de 200 et 700 mm calculées sur la période 1951–1989. b)
Site instrumental. Les principales structures géomorphologiques sont soulignées
par des traits colorés. L’image de fond est une image SPOT de haute résolution,
prise le 23 octobre 2007 (Google Earth). c) Agrandissement ( 4) du réseau de
mesure aval. La photographie aérienne de fond a été prise au moyen d’un Pixy ©
par J. L. Rajot, IRD, le 14 octobre 2008 : { cette date le niveau d’eau dans la mare
était de 1.15 m au point de mesure limnimétrique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
26
2.13 Coupe topographique du kori, montrant les trois mares de Wankama
(d’après Peugeot et al. 2003) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
28
Wankama de 1950 à 1992 (d’après Séguis et al., 2004) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
28
2.14 Cartographie des types de surfaces couvrant le bassin versant de
3.1 Evolution de la précision des systèmes d’observations gravimétriques
au cours du temps (d’après Torge, 1989, modifié dans Niebauer, 2007). Nous
pouvons mentionner qu’il existe également des gravimètres supraconducteurs,
capables d’acquérir en continu des séries de mesures gravimétriques de haute
précision (10-10 à 10-11 g). Nous rappelons qu’1 mGal vaut 10–5 m s-2 ou environ
10-6 g . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3.2 Schéma de fonctionnement du gravimètre absolu de type FG5 (d’après
Niebauer 2007, modifié dans Jacob, 2009b) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
35
36
3.3 Schéma de fonctionnement d’un gravimètre relatif de type Scintrex
Autograv CG5, montrant les corrections appliquées et les constantes associées
(d’après Jacob, 2009b). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
38
3.4 Variations de gravité dues à la marée océanique, à la surcharge
océanique, aux variations de pression atmosphérique et au mouvement du
pôle durant la période de mousson 2009 à Wankama. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3.5 Mission spatiale GRACE. a) Configuration de vol (© The University of Texas
Center for Space Research). b) Variation de la distance inter-satellitaire lors du
survol de l’Himalaya (d’après Reigber et al., 2005). c) Distribution des stocks
xv
40
d’eau continentaux en septembre 2006 estimée d’après les solutions GRACE du
41
3.6 Schéma d’une sonde à neutron (AIEA, 2003) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
44
3.7 Séquences observées lors de mesures de résonance magnétique (d’après
Legchenko, 2002) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
48
4.1 Force gravitationnelle, force centrifuge et force de pesanteur . . . . . . . . . .
52
GFZ filtrées { 400 km (d’après Frappart et al., 2011) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
4.2 Amplitude maximale du déplacement vertical de la croûte prédit d’après
les variations de stock d’eau continental estimées pour la période de 1994 { 1998
54
4.3 Prisme rectangulaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
56
(d’après Van Dam et al. 2001) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
4.4 Variation de la gravité due à un disque d’eau d’1m d’épaisseur et de
rayon croissant situé à différentes profondeurs. La variation de gravité est
normalisée par l’effet d’un plateau infini d’1m d’épaisseur (420 nm s-2). . . . . . . . . . .
58
4.5 Coupe hydrogéologique schématique du site de mesure. Le terme FG5 est
employé pour désigner le gravimètre absolu (modifié d’après Boucher et al.,
2011). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
59
4.6 Variations de gravité modélisées pour le remplissage maximal de la
mare observé sur les deux années de mesures limnimétriques (mai 2008 - mai
2010). Le rond et les carrés blancs indiquent la position des stations de mesures
gravimétriques absolue et relatives. Les variations de gravité en dehors de la
surface de l’eau sont inférieures à 15 nm s-2, et diminuent rapidement en
s’éloignant des rives de la mare. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
60
4.7 Mesures du battement de la nappe et variations gravimétriques
modélisées au point FG5. Le terme FG5 est employé pour désigner le
gravimètre absolu. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
61
4.8 Variations du contenu en eau du sol Ѳ (%) estimées par les sondes
capacitives placées à 0.1, 1 et 2.5 m sous la surface du sol aux stations de flux.
Les mesures réalisées à 0.5, 1.5 et 2 m ne sont pas représentées sur ce graphique,
mais peuvent facilement être interpolées à partir des mesures présentées . . . . . . . .
62
4.9 Mesures des variations du stock d'eau du sol entre 0 et 3m et variations
gravimétriques modélisées aux stations mil et jachère. Les mesures
d’humidité manquantes ont été interpolées linéairement pour le calcul des
variations de gravité associées. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
4.10 Réduction du signal gravimétrique due à la présence d’un pilier de
mesure. La réduction du signal gravimétrique est exprimée en pourcentage de
l’effet de plateau. Le terme FG5 désigne le gravimètre absolu de type FG5 et le
xvi
63
terme CG5 le gravimètre relatif de type CG5. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
65
4.11 Effet de la case de mesure sur le signal gravimétrique enregistré. a)
Photographie de la case gravimétrique aval (juillet 2008). b) Vue schématique de
la case gravimétrique. c) Diminution du signal gravimétrique liée à la présence de
la case pour une lame d’eau d’épaisseur croissante. Nous supposons qu’il n’y a
pas de variation d’humidité sous la case (création d’un masque de 3 m de
diamètre et d’épaisseur croissante). La réduction du signal gravimétrique est
exprimée en pourcentage de l’effet de plateau. Le terme FG5 désigne le
gravimètre absolu de type FG5 et le terme CG5 le gravimètre relatif de type CG5. .
66
4.12 Valeurs modélisées pour le déplacement vertical du pilier
(communication A. Spickermann) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
67
4.13 Comparaison des variations de gravité mesurées et modélisées pour le
site de Bagara (Diffa, Niger). Les variations de gravité modélisées sont calculées
à partir des variations du niveau de la nappe enregistrées par piézométrie, pour
une porosité de drainage de 20 %. Le modèle indiqué en pointillé bleu tient
compte du gonflement de la couche d’argile lors de sa saturation (d’après Hector,
2010a) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
69
4.14 Déplacement vertical estimé à la station à proximité de la mare
temporaire par GPS différentiel (données traitées et communiquées par C.
Champollion, Géosciences Montpellier) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
70
4.15 Coupe schématique du site de mesure présentant les niveaux d’eau
modélisés dans la mare, la zone non saturée et la nappe à la fin de la saison sèche
et à la fin de la saison des pluies. La teneur en eau du sol est inconnue au niveau
du site de mesure, ainsi que la porosité de drainage Sy dans la zone de fluctuation
de l’aquifère. Le terme FG5 désigne le gravimètre absolu, et P0, P1, P2 et P3 les 4
piézomètres. La mare est vide à la fin de la saison sèche. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
71
4.16 Amplitude (haut) et phase (bas) des variations de hauteur d’eau
équivalente annuelles. Les solutions libres du CSR, GSFC et GFZ ont été filtrées
en utilisant un filtre Gaussien de 350 km de rayon (d’après Boy et al., 2010). . . . . .
76
4.17 Variations de la gravité dues aux variations des stocks d’eau
continentaux estimées pour le site de Wankama. Les contributions totales,
locales et globales sont estimées à partir de différents outils satellitaires: les
solutions GRACE du GRGS, le modèle hydrologique GLDAS/NOAH et deux
modèles ECMWF
(le modèle opérationnel, et le modèle ERA couvrant une
période de temps plus large). Les échelles associées aux variations de gravité
varient d’une sous-figure { l’autre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
xvii
78
5.1 Échelles spatiales et temporelles associées à différents processus
hydrologiques (modifié d’après Blöschl et Sivapalan, 1995) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
97
5.2 Cartographie de la teneur en eau RMP, déterminée à partir de 12 sondages
complémentaires effectués en février 2010 (d’après une communication
personnelle de M. Boucher) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
100
5.3 Structure d’une couche d’eau liée au contact d’une particule solide
(Boucher, 2007). La distance fixée arbitrairement { 0.5 µm peut varier d’un
milieu à un autre. Elle correspond à la distance à partir de laquelle les forces
d’attraction moléculaires deviennent négligeables et permettent { l’eau de
circuler. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
101
5.4 Estimations des porosités de l'aquifère Continental Terminal par
différentes méthodes géophysiques (modifié d’après Boucher et al. 2009a) . . .
102
5.5 Propriétés des mesures de gravimétrie absolues et de RMP pour la
caractérisation des stocks d’eau souterrains. Les chiffres indiqués sont
uniquement donnés { titre d’ordre de grandeur. Nous rappelons queles termes
MRS (Magnetic Resonance Sounding), Sy (specific yield) et ne (effective porosity)
sont les traductions anglophones des termes RMP (Résonance Magnétique
Protonique), Φd (porosité de drainage) et Φe (porosité cinématique) . . . . . . . . . . . .
104
5.6 Observations des variations temporelles des stocks d’eau locaux sur
deux cycles annuels. Les traits tiretés verticaux correspondent aux dates de
mesure de gravimétrie absolue. Les valeurs des mesures hydrologiques réalisées
manuellement sont indiquées par des figurés carrés. a) Variations du niveau
d’eau dans la mare associées { la pluviométrie journalière mesurée { la station
située sur le plateau. b) Variations des stocks d’eau dans les 3 premiers mètres
du sol estimées à partir de mesures par sondes capacitives aux stations mil et
jachère. c) Variations du niveau de la nappe aux 4 piézomètres exprimées en m
par rapport { l’altitude du capteur de gravimétrie absolue. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5.7 Comparaison des modèles et mesures des variations de gravité dues aux
variations des stocks d’eau à Wankama. Le modèle indiqué dans la figure (a)
tient uniquement compte des variations du niveau de la nappe, alors que celui
indiqué dans la figure (b) inclut également des variations du contenu en eau du
sol selon les mesures réalisées au site de jachère. La porosité de drainage de
l’aquifère est désignée par Sy. Les mesures de gravimétrie absolue sont indiquées
en noir lorsqu’elles ne sont pas corrigées des effets hydrologiques de grande
longueur d’onde et en rouge lorsqu’elles sont corrigées de ces effets { partir des
solutions GRACE du GRGS. Pour des raisons de visibilité, les valeurs de
xviii
106
gravimétrie absolue non corrigées ont été légèrement décalées dans le temps (- 4
jours). Les mesures de piézométrie et d’humidité du sol ne sont plus disponibles
à partir de mai 2010. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
108
6.1 Exemple de sélection d’une boucle de mesures. Les mesures rejetées de la
station 1 sont rayées en rouge, les mesures sélectionnées des stations 2 et 3 sont
entourées d’un rectangle vert, la station 4 est rejetée de la boucle et les mesures
des stations 5 et 1 sont conservées telles quelles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
120
6.2 Corrélation des variations de gravité avec les variations de température
interne. Chaque point représente une mesure de 60 s réalisée à une station
donnée et un temps donné. L’ensemble des mesures réalisées sur les stations
aval pendant la campagne de mesure est représenté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
122
6.3 Comparaison des variations de gravité pour deux traitements
différents: en noir deux valeurs de la gravité sont estimées par campagne
lorsqu’il a plu entre les mesures, en rouge une seule valeur de la gravité est
estimée par campagne de mesure. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
123
6.4 Variations spatiales de la gravité par rapport à la station de référence. . .
124
6.5 Incertitude sur les mesures et rapport signal sur bruit. a) Erreurs
moyennes calculées par station sur l’ensemble de la campagne. b) Rapport de
l’amplitude maximale du signal gravimétrique mesuré sur l’incertitude moyenne
indiquée en a). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
127
6.6 Doubles différences de la gravité aux stations 2, 5, 4 et 5. Les valeurs sont
normalisées par rapport à la moyenne des différences de gravité à la station
donnée par rapport à la station de référence. De la sorte la même échelle de
valeurs centrée sur 0 peut être conservée pour toutes les stations. . . . . . . . . . . . . . . .
129
6.7 Doubles différences de la gravité aux stations 6, 7, 8 et 9. Les valeurs sont
normalisées par rapport à la moyenne des différences de gravité à la station
donnée par rapport à la station de référence. De la sorte la même échelle de
valeurs centrée sur 0 peut être conservée pour toutes les stations. . . . . . . . . . . . . . . .
130
6.8 Doubles différences de la gravité aux stations 10, 11, 12 et 13. Les
valeurs sont normalisées par rapport à la moyenne des différences de gravité à la
station donnée par rapport à la station de référence. De la sorte la même échelle
de valeurs centrée sur 0 peut être conservée pour toutes les stations . . . . . . . . . . . . .
131
6.9 Doubles différences de la gravité aux stations 14, 15 et 16. Les valeurs
sont normalisées par rapport à la moyenne des différences de gravité à la station
donnée par rapport à la station de référence. De la sorte la même échelle de
valeurs centrée sur 0 peut être conservée pour les stations 14 et 15. . . . . . . . . . . . . .
xix
132
6.10 Cartes hebdomadaires des doubles différences de gravité. Des valeurs
positives indiquent que les variations temporelles de la gravité à la station
considérée sont plus fortes qu’{ la station de référence. Les disques de grand et
petit rayon sont les stations pour lesquelles l’incertitude sur les doubles
différences est inférieure à 50 et 70 nm s-2 respectivement. Les lignes de contour
ont été calculées tous les 20 nm s-2 en utilisant une interpolation cubique. Les
indentations sur les côtés des sous-figures représentent un pas de 50 m. . . . . . . . . .
134
6.11 Cartes hebdomadaires des écarts par rapport à la moyenne des
doubles différences de gravité. Des valeurs positives indiquent que les
variations temporelles de la gravité à la station considérée sont plus fortes que la
variation moyenne sur les 10 stations aval (<∆t G>). Les disques de grand et petit
rayon sont les stations pour lesquelles l’incertitude sur l’écart par rapport { la
moyenne des doubles différences est inférieure à 50 et 70 nm s-2 respectivement.
Les lignes de contour ont été calculées tous les 20 nm s-2 en utilisant une
interpolation cubique. Les indentations sur les côtés des sous-figures
représentent un pas de 50 m. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
135
6.12 Mesures hydrodynamiques durant la saison des pluies 2009. Les
périodes de mesure sont indiquées par des bandes grisées. Le numéro de
campagne est indiqué dans la figure b.
a) Coupe du profil piézométrique
indiquant les niveaux d’eau dans la mare et la nappe au début de la mission
microgravimétrique et lors de la crue maximale de la nappe. Les stations
microgravimétriques sont indiquées par des triangles rouges et les piézomètres
par des tubages. Les stations P1, P2 et P3 sont localisées avec les stations
microgravimétriques 3, 2 et 12. b) Variations temporelles du niveau d’eau dans la
mare et précipitations journalières à la station Veg. Deg. Les carrés représentent
les lectures directes du niveau d’eau dans la mare. c) Variations temporelles des
stocks d’eau du sol (0–3 m) aux stations mil et jachère. d) Variations temporelles
du niveau de la nappe enregistrées aux 4 piézomètres. Le niveau d’eau indiqué
correspond { la profondeur de la nappe par rapport { l’altitude de la station de
référence. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
136
6.13 Comparaison des doubles différences de gravité mesurées et
modélisées à la station mare, selon deux modèles différents prenant en compte
uniquement les variations du niveau d’eau dans la mare (bleu) ou également les
fluctuations de la nappe (noir). Le numéro X de chaque campagne est indiqué par
SX, { côté de chaque mesure. La barre d’erreur est égale { 10 nm s -2 pour les
campagnes 4 et 9. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
xx
138
6.14 Valeurs modélisées des variations de gravité dues à une augmentation
du niveau d’eau de 3 m dans la mare. Les stations microgravimétriques sont
représentées par des carrés blancs. La surface couverte par l’eau de la mare est
indiquée par un masque blanc. Les indentations présentes sur les côtés de la
figure ont été placées tous les 50 m. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
139
6.15 Représentations spatiales de deux modèles d’aquifère (a) à porosité
constante ou (b) admettant des hétérogénéités de porosité. Les rives de la
mare atteintes en septembre 2008 sont représentées en blanc . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
140
6.16 Variations temporelles des doubles différences de gravité dues aux
battements de la nappe selon a) un modèle à porosité constante (Sy = 6 %) et
b) un modèle admettant des hétérogénéités de porosité (Sy = teneur en eau
RMP). Les périodes des campagnes de mesure microgravimétriques sont
indiquées par les bandes grises numérotées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
141
6.17 Contribution modélisée de la fluctuation de la nappe au signal
gravimétrique mesuré. Les amplitudes maximales sont indiquées pour les
signaux gravimétriques modélisés et mesurés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
142
6.17 Comptages relatifs de neutrons thermiques durant la saison des pluies
en 2009. Nous rappelons que le comptage relatif est le comptage de neutrons
thermiques par rapport au comptage standard réalisé dans l’eau (Chapitre 3).
Plus le comptage relatif est élevé plus le nombre de molécules d’eau présent dans
le volume de sol examiné est grand. Ces comptages ne sont pas calibrés, et ne
peuvent être utilisés de façon quantitative. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
143
6.18 Cartes hebdomadaires des écarts de stockage par rapport à la
moyenne dans la zone vadose. La différence de stockage moyenne entre les 10
stations du réseau aval et la station de référence est indiquée pour chaque
campagne par rapport { la campagne 1 (<∆tHe>). Les variations de hauteur d’eau
sont calculées par conversion du signal gravimétrique corrigé des effets de la
mare et de la nappe selon les modèles présentés dans les sections 6.4.1 & 6.4.2.
La conversion est réalisée en utilisant l’approximation d’un plateau de Bouguer
(1 m = 420 nm s-2). Les disques de grand et petit rayon sont les stations pour
lesquelles l’incertitude est inférieure { 100 et 200 mm respectivement. Les lignes
de contour ont été calculées tous les 50 mm en utilisant une interpolation
cubique. Les indentations sur les côtés des sous-figures représentent un pas de
50 m. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
6.20 Evolution du stockage moyen aux stations aval par rapport à la station
de référence. Les hauteurs d’eau équivalentes sont calculées par conversion des
xxi
145
doubles différences de gravité grâce { l’approximation d’un plateau de Bouguer
(1 m = 420 nm s-2). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
146
6.21 Différence de stockage entre la station 12 et la station de référence.
Les hauteurs d’eau équivalentes sont calculées par conversion des doubles
différences de gravité grâce { l’approximation d’un plateau de Bouguer (1 m =
420 nm s-2). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
147
Liste des tableaux
3.1 Classement des temps de relaxation en fonction de la granulométrie
(d’après Schirov et al., 1991). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
48
sahéliens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
49
3.2 Méthodes de mesures employées pour l’observation des stocks d’eau
4. 1 Variations de gravité associées à différentes échelles spatiales (d’après
Llubes et al. 2004). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
54
4.2 Paramètres des matériaux utilisés pour le sable et le béton (Von Soos,
2001) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
67
4.3 Calcul des variations de gravité totales, locales et globales dues aux
variations de stock d’eau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
77
5.1 Valeurs de la gravité mesurées à Wankama (nm s-2) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
104
6. 1 Descriptif des boucles de microgravimétrie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
116
6.2 Nombre de boucles sélectionnées par campagne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
120
xxii
xxiii
xxiv
Chapitre 1
Introduction générale
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION GENERALE
L’Afrique sahélienne, désignée comme la zone de transition entre le désert saharien et la zone
équatoriale pluvieuse du Golfe de Guinée, se caractérise par une variabilité spatiale et
temporelle extrême des ressources en eau.
Soumise aux influences de la mousson ouest
africaine, la saison des pluies n’y excède pas quelques mois et sa pluviométrie est inférieure {
700 mm an-1. Dans les années 1970 - 1980, un abaissement radical des précipitations a été
observé dans toute l’Afrique de l’Ouest et a persisté jusqu’{ la fin du vingtième siècle (Lebel and
Ali, 2009). Cette sécheresse généralisée, associée à une importante croissance démographique, a
considérablement accru la vulnérabilité de la population dans une région où l’agriculture est
majoritairement pluviale et reste principalement à vocation vivrière. De façon étonnante, une
hausse moyenne du niveau de la nappe est enregistrée dans la région de Niamey, au sud-ouest
du Niger, en dépit de la persistance de la période sèche jusqu’au milieu des années 1990 (e.g.
Favreau et al., 2009). L’explication de ce paradoxe tient à la dégradation des surfaces due au
déboisement et à la sécheresse, favorisant les processus de ruissellement alimentant des mares
temporaires, qui rechargent les nappes (e.g. Leblanc et al., 2008). Ce phénomène est un exemple
des interactions complexes existant entre les réserves hydriques, le climat et la végétation.
Comprendre, quantifier et, à terme, prévoir les variations des différentes composantes du
cycle hydrologique sahélien, requiert de mener des études multidisciplinaires, basées sur des
réseaux d’observation variés.
L’objectif de ce travail de thèse est d’améliorer la compréhension du cycle de l’eau en Afrique
sahélienne en confrontant observables géodésiques et hydrologiques. Les méthodes géodésiques
examinent la forme de la Terre et son champ de gravité; elles sont sensibles à la redistribution
des masses d’eau { la surface terrestre { des échelles variant de la parcelle au continent.
Localement, les variations des stocks d’eau agissent par attraction newtonienne et modifient de
façon infime (de l’ordre de 10-9 à 10-6 g), mais mesurable, la gravité mesurée en surface (e.g.
Montgomery, 1971; Lambert & Beaumont 1977; Bower & Courtier 1998; Kroner 2001). A
l’échelle des continents, des variations de gravité supplémentaires sont occasionnées par la
déformation élastique de la croûte terrestre sous le poids de l’eau (e.g. Farell 1972; Merriam
1992; Llubes et al., 2004; Longuevergne et al., 2009). En plus de leur sensibilité à différentes
échelles spatiales, les mesures gravimétriques contiennent une information hydrologique
intégrée sur la verticale : elles réagissent aux variations des stocks d’eau sur toute la colonne de
sol, de la surface aux aquifères (e.g. Jacob et al., 2009a). Pour toutes ces raisons, les mesures
gravimétriques s’avèrent être des outils de choix pour suivre la variabilité des ressources en
eau.
2
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION GENERALE
Cette thèse a été initiée dans le cadre du projet GHYRAF (Gravité et Hydrologie en Afrique),
visant à comparer modèles et observations multidisciplinaires (gravimétrie sol et spatiale,
géodésie, hydrologie, météorologie) des réserves hydriques en Afrique de l’Ouest (Hinderer et
al., 2009). Grâce à ce programme, des mesures gravimétriques in situ ont été réalisées en trois
sites pilotes situés au nord du Bénin (Djougou), ainsi qu’au sud-ouest (Wankama) et sud-est
(Diffa) du Niger (Hinderer et al., 2011). Des mesures étaient également planifiées à Tamanrasset,
en Algérie, mais ont dû être abandonnées des raisons logistiques et politiques. L’analyse des
mesures périodiques de la gravité peut être séparée en deux étapes. Dans un premier temps, la
contribution hydrologique locale au signal gravimétrique peut être isolée { l’aide de mesures
hydrodynamiques, mises à disposition grâce aux observatoires AMMA-CATCH et au projet IRD
« Lac Tchad ». Les variations de la gravité dues aux redistributions des masses d’eau { l’échelle
continentale, peuvent, quant à elles, être étudiées { l’aide d’observations satellitaires obtenues
grâce à la mission GRACE (Gravity Recovery And Climate Experiment; Tapley et al., 2004) ou de
modèles hydrologiques globaux (e.g. Boy & Hinderer, 2006). Cette thématique spatiale forme
l’un des enjeux du projet GHYRAF, dont l’objet est de fournir une base de données gravimétrique
in situ pouvant être exploitée pour la validation de mesures satellitales du champ de gravité
(comme celles issues des missions spatiales GRACE et GOCE). A terme, l’objectif principal de
cette expérience est de mieux comprendre, grâce à des mesures conjointes au sol et par satellite,
les variations spatio-temporelles des réserves d’eau { l’échelle continentale. Cette approche a
non seulement un impact direct sur la gestion des ressources en Afrique sahélienne, mais fournit
aussi des paramètres clés pour l’étude des changements climatiques { l’échelle globale.
La compréhension des liens entre le cycle hydrologique et les fluctuations climatiques en
Afrique de l’Ouest est par ailleurs un des enjeux fondateurs du programme AMMA (Analyse de la
Mousson Ouest Africaine; Redelsperger et al., 2006). Les observatoires hydrométéorologiques
AMMA – CATCH (http://www.amma-catch.org/), implantés sur un gradient latitudinal
échantillonnant de fortes variations climatiques, sont dédiés à l'étude des rétroactions entre
l’atmosphère et le cycle hydrologique continental, en lien avec la mousson ouest africaine (Lebel
et al., 2009). Ce travail de thèse se focalise sur la fenêtre d’observation du degré carré de Niamey
située au sud-ouest du Niger, comprenant le super site de Wankama (Cappelaere et al., 2009). En
plus d’une base de données multidisciplinaire, ce dispositif expérimental a permis d’améliorer
l’état des connaissances scientifiques sur le système hydroclimatique sahélien. Les données et
les connaissances collectées ont notamment permis de mettre en évidence le rôle central de
l’occupation des sols au Sahel, responsable d’une hausse du niveau de la nappe en dépit d’un
abaissement des précipitations. Si de nombreux processus hydrologiques sont bien compris
qualitativement, la quantification des transferts hydrologiques reste un défi, pouvant être
3
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION GENERALE
amélioré par l’apport de nouvelles données géophysiques intégratives. Nous proposons dans le
cadre de cette thèse d’apporter une nouvelle information sur le cycle hydrologique sahélien
grâce { l’exploitation de données gravimétriques au sol et spatiales. Ce travail de thèse s’articule
en cinq parties:
(1) Le premier chapitre est dédié à la description du Sahel sub-saharien. Un aperçu des
caractéristiques géographiques, climatiques, hydrologiques, et géologiques de la région
d’étude sera donné au travers d’une revue bibliographique. Une attention particulière
sera portée à la description du site pilote de Wankama.
(2) Le second chapitre présente les différents instruments utilisés dans cette étude. Le
principe de fonctionnement, et les caractéristiques de résolution, couverture, précision
propres { chacun d’entre eux sont donnés dans trois sections dépeignant les méthodes
d’observations géodésiques, hydrologiques et géophysiques.
(3) Le troisième chapitre décrit les processus par lesquels les variations des masses d’eau
agissent sur la gravité. Nous énoncerons les bases théoriques de l’hydrogéodésie, et
présenterons les méthodes utilisées pour quantifier les influences des stocks d’eau sur la
gravité { l’échelle locale, puis { l’échelle continentale. Cette section centrale explique la
méthodologie utilisée dans les deux derniers chapitres.
(4) Le quatrième chapitre présente une interprétation conjointe de mesures sol et satellite
en hydrologie et gravimétrie sur deux cycles annuels de mousson. Nous mettons en
évidence l’intérêt d’utiliser les données des satellites GRACE pour caractériser les effets
de déformation de la croûte sous l’action des masses d’eau. Nous montrons également
que les mesures de gravimétrie absolue et résonance magnétique protonique apportent
une information complémentaire et cohérente sur les réserves d’eau souterraines.
(5) Le cinquième et dernier chapitre illustre les résultats obtenus lors d’une campagne
intensive de mesures de microgravimétrie. Nous y montrons que des variations
dynamiques de la gravité de faible amplitude (~ 100 nm s-2) peuvent être détectées à
l’aide de gravimètres relatifs modernes (de type Scintrex CG5) { l’échelle locale et
intrasaisonnière. L’analyse des mesures gravimétriques couplées { des mesures
hydrodynamiques suggère que l’hétérogénéité de stockage dans la zone vadose soit la
principale source de variabilité spatiale du signal gravimétrique { l’échelle locale
(< 1 km).
4
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION GENERALE
5
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION GENERALE
6
Chapitre 2
Le milieu sahélien
CHAPITRE 2 : LE MILIEU SAHELIEN
Le Sahel sub-saharien désigne la zone de transition éco-climatique entre les régions sahariennes
et soudaniennes, s’étendant de l'Atlantique à la mer Rouge. Sahel est un mot arabe ساحل
pouvant signifier bordure, rivage, ou littoral, et décrivant l’aspect de la végétation semblable à
une ligne de côte arrêtant les sables du Sahara. La définition de la zone couverte par le Sahel ne
peut être dissociée de considérations climatiques, variables selon les auteurs. Ce chapitre donne
un aperçu des principales caractéristiques géographiques, climatiques, hydrologiques et
géologiques de la région d’étude, située au sud-ouest du Niger. Ce portrait synthétique fait
référence à de nombreuses publications décrivant en détail les différents sujets abordés. Les
manuscrits de thèse de G. Favreau (2000) et S. Massuel (2005) sont régulièrement cités. Les
revues de Cappelaere et al., 2009, Favreau et al., 2009 et Lebel et al., 2009 peuvent apporter au
lecteur une vue d’ensemble plus récente de l’hydrologie sahélienne.
2.1. Géographie
Le Sahel est une vaste région d'Afrique rassemblant les pays situés immédiatement au Sud du
Sahara : la Mauritanie, le Sénégal, le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le nord-est du Nigéria, le
Tchad, et le Soudan. Il s'étend sur près de 5400 km de l'Atlantique au Sud du Soudan et forme
une bande de quelques centaines à quelques milliers de kilomètres de large (Figure 2.1). La
bande sahélienne est une zone de transition éco-climatique progressive entre les régions
soudaniennes, plus boisées et pluvieuses au sud et le désert du Sahara au nord. Les limites de
cette région, au climat typiquement semi-aride, peuvent être définies par les isohyètes
moyennes annuelles de 200 mm et 700 mm. Les isohyètes sont les lignes joignant les points
recueillant la même hauteur d’eau précipitée au cours d'une période de temps donnée. Le choix
des isohyètes 200 et 700 mm est relativement arbitraire et peut varier d’un auteur { un autre.
2.2. Population
Le Sahel est peuplé de nombreuses ethnies de cultures variées. Traditionnellement, nombre
d’entre elles sont semi-nomades ou nomades: les Peuls, Daza, Zaghawa, Beja, Afar, Somali,
Touaregs, Baggara parcourent par exemple de petites distances avec de grands troupeaux lors
de leurs transhumances saisonnières. Les peuples Haoussas, Wolofs, Zarma ou Beri-Beri sont
majoritairement sédentaires et vivent surtout du travail de la terre. Au total, plus des deux tiers
de la population sahélienne vivent d’une activité agro-pastorale (FAO, 2001). Une limite
importante au sein du Sahel est la limite septentrionale de la culture du petit mil, correspondant
approximativement à l’isohyète 300 mm (Verheye, 1990). La zone comprise entre les isohyètes
8
CHAPITRE 2 : LE MILIEU SAHELIEN
300 mm et 700 mm est caractérisée par une agriculture pluviale divisée principalement entre
les cultures du mil, du sorgho et du riz, en bordure des rivières pérennes ou intermittentes.
Figure 2. 1 Carte du Sahel. Le site d’étude principal est le bassin versant de Wankama, situé au sein du degré
carré de Niamey (observatoire AMMA-CATCH Niger). Les isohyètes ont été calculées pour la période 1951–
1989, d’après l’Hôte & Mahé, 1996. (Modifié { partir de Massuel, 2005)
Actuellement, la population sahélienne connaît une des croissances démographiques les plus
élevées au monde: selon les chiffres de l’UNPP (2005), la population a été multipliée par 3 dans
la deuxième moitié du 20e siècle. Le taux de croissance urbaine y est également l’un des plus
forts au monde (+ 4 %, Olsson et al., 2005). Les régions les plus densément peuplées se situent
au sud du Sahel cultivé, et sur les rives des fleuves Niger et Sénégal (Figure 2.2). L’indice de
développement humain (IDH) y est inférieur à 0.4 : les deux tiers des pays sahéliens sont classés
parmi les pays dits à Développement Humain Faible (PNUD, 2010). La population sahélienne est
de plus extrêmement sensible aux changements environnementaux, car les principales
ressources sont liées { l’agriculture pluviale et/ou { l’élevage extensif.
A cette croissance de la population est associée une augmentation des surfaces cultivées (e.g.
Raynaut, 2001) et de l’exploitation du bois (FAO, 2003; Bugaje, 2006), au détriment de la
végétation naturelle de savane (voir section 2.6 Végétation). Les questions de désertification et
de reverdissement du Sahel, ainsi que leur liens avec la croissance démographique, sont encore
9
CHAPITRE 2 : LE MILIEU SAHELIEN
débattues { l’heure actuelle (e.g. Nicholson, 2000; Hulme, 2001; Olsson et al., 2005; Giannini et
al., 2008; Ozer et al., 2010; Hein et al., 2011). La difficulté de l’acquisition de jeux de données
couvrant une période de temps et une surface suffisamment larges est l’une des raisons de ce
débat. Au sud-ouest du Niger, le recul de la végétation de savane en faveur des surfaces
cultivées est avéré par l’observation de photographies aériennes couvrant une période de plus
de 50 ans et une surface de 500 km2 (Leblanc et al., 2008). La surexploitation des terres
s’accompagne dans cette région d’une baisse de productivité des cultures de mil, aggravant la
vulnérabilité alimentaire de la population nigérienne (e.g. Hiernaux et al., 2009).
Figure 2.2 Répartition de la population en Afrique de l’ouest (2000).
(D’après le site du SEDAC de l’université Columbia; http://sedac.ciesin.columbia.edu/gpw/)
Au sud-ouest du Niger, comme dans la majorité des régions sahéliennes, les nappes constituent
la seule ressource en eau potable permanente. La vie sociale s’articule autour du puits, considéré
comme un lieu de vie, d’échange et de rencontres. La quantité d’eau prélevée par habitant et par
jour varie entre 10 et 30 L selon l’accessibilité de la nappe. Multipliée par la densité moyenne de
la population (~ 30 hab. km-2 en 2003), cette consommation entraîne un prélèvement
-1
anthropique pouvant être plafonné à 0.3 mm an (Massuel, 2005). Ce prélèvement augmente
bien sûr avec la croissance de la population. L’exploitation de la nappe reste toutefois très
faible, ce qui, du strict point de vue scientifique, peut être considéré comme une chance, la
situation pouvant être considérée comme plutôt « naturelle ».
10
CHAPITRE 2 : LE MILIEU SAHELIEN
2.3. Climat
2.3.1. Caractéristiques principales de la zone d’étude
La bande sahélienne est une zone de transition tropicale semi-aride, caractérisée par une longue
saison sèche sans pluie, débutant en octobre-novembre et se terminant en avril-mai, à laquelle
succède une saison humide de 4 à 5 mois, généralement à son maximum en août. Les
précipitations moyennes annuelles varient de 200 mm au Nord de la zone sahélienne à 700 mm
au Sud (Figure 2.1). La région sahélienne est soumise à un fort gradient pluviométrique annuel,
positif du Nord au Sud (~ 1 mm km-1 pour la période 1990 – 2007; Cappelaere et al., 2009). Le
Sahel est caractérisé par une forte variabilité des précipitations sur une large gamme d’échelles
spatiales et temporelles (Lebel et al., 2009). Le Sahel se distingue comme étant l’une des régions
du monde où la variabilité pluviométrique interannuelle est la plus marquée (e.g. Nicholson &
Grist, 2001; Booth et al., 2010). Les évènements pluvieux y surviennent principalement sous
forme de violents orages convectifs d’une durée inférieure { quelques heures, générant
également de forts contrastes à de petites échelles spatiales (e.g. Lebel & Le Barbé, 1997; Balme
et al., 2006).
Notre site d’étude est situé dans la région de Niamey, au Sud-ouest du Niger. Les précipitations y
sont en moyenne 560 mm par an (données de l’aéroport de Niamey, période 1950-2007).
L’évapotranspiration potentielle moyenne annuelle atteint 2500 mm (Favreau et al. 2009) et les
températures journalières oscillent entre 20 et 40 °C. Les températures maximales journalières
sont atteintes de mars à mai (exceptionnellement 50 °C), et les minimales de décembre à janvier
lorsque le vent sec d’harmattan souffle (jusqu’{ 10 °C). Les températures maximales journalières
baissent { l’apogée de la saison humide vers mi août (< 35 °C). Les forts contrastes climatiques
observés { l’échelle saisonnière sont influencés par la circulation générale de la mousson ouest-
africaine (e.g. Nicholson, 1980; Janicot, 1992).
2.3.2. Circulation générale de la mousson ouest africaine
La mousson africaine est une saison pluvieuse, associée { l’inversion des vents de basse
atmosphère lors du déplacement vers le Nord de la zone de convergence intertropicale (ITCZ).
En Afrique de l’Ouest, le mouvement des masses d’air est déterminé par l’anticyclone des Açores
et l’anticyclone Sainte-Hélène (Figure 2.3). Au Nord, l’anticyclone des Açores amène l’Harmattan,
alizé chaud et sec, chargé de poussières, soufflant du Sahara vers le Golfe de Guinée. Ces masses
d’air sec se heurtent alors aux masses d’air plus humides entraînées de l’océan Atlantique par
l’anticyclone de Sainte-Hélène. Cette humidité est transformée en précipitations lors
11
CHAPITRE 2 : LE MILIEU SAHELIEN
d’importants mouvements verticaux issus de courants convectifs. La position de cette
dépression suit l’oscillation saisonnière de l’ITCZ autour de l’équateur géographique, dont les
principaux moteurs sont le déplacement astronomique saisonnier du soleil par rapport à la terre
et la différence de température entre l’océan et le continent (Nicholson 2001). La trace au sol de
l’ITCZ constitue le front de convergence intertropical (FIT), pénétrant le plus { l’intérieur des
terres au mois d’août, marquant ainsi le pic de la mousson ouest africaine (e.g. Sultan et Janicot
2003). Plusieurs publications expliquent en détail les mécanismes de la mousson ouest africaine,
sommairement décrits dans cette section (e.g. Nicholson & Grist, 2001; Hall & Peyrillé, 2006).
Figure 2.3 Circulation atmosphérique générale en Afrique de l’Ouest en saison sèche et saison humide
(d’après Massuel, 2005)
2.3.3. Variabilité interannuelle
Le Sahel a connu un abaissement radical des précipitations au cours du siècle dernier, classé
comme un des évènements climatiques les plus significatifs du 20e siècle { l’échelle régionale
(AMMA-ISSC, 2005). L’ampleur de cette sécheresse est frappante tant par son étendue spatiale
que sa persistance temporelle. A son apogée dans les années 1970 à 1980, les précipitations
annuelles ont été réduites de 25 à 50 % en moyenne par rapport aux 20 années précédentes
(1950 -1969) sur toute l’Afrique de l’Ouest (Lebel et al., 2009). Les apports pluvieux ont été
déficitaires presque chaque année de 1970 à 2000 par rapport à la moyenne climatologique
calculée sur la période 1900-2010 (Figure 2.4). L’abaissement des précipitations observé est dû
{ un déficit du nombre d’évènement pluvieux lors de la saison des pluies, la hauteur d’eau
précipitée par évènement restant en moyenne inchangée (Le Barbé et al., 2002).
12
CHAPITRE 2 : LE MILIEU SAHELIEN
Figure 2.4 Anomalies des précipitations au Sahel (boîte de 10 à 20 °N, et 10°E à 20 °W) calculées par rapport à
la moyenne climatologique sur la période 1900 – 2010 pour les mois du juin à octobre (données de l’agence
NOAA; http://jisao.washington.edu/data/sahel/). Une anomalie négative indique que les apports pluvieux
ont été déficitaires par rapport à la période 1900 – 2010, et vice versa pour un apport positif.
2.3.4. Tendances récentes
Lebel & Ali (2009) indiquent un regain des précipitations moyennes annuelles d’environ 10 %
sur la période 1990 – 2007 par rapport à la période 1970 – 1989 sur tout le Sahel central (10° W
– 10 °E). Les apports pluvieux récents (1990 – 2007) restent toutefois inférieurs à ceux connus
de 1950 à 1969 dans cette région. Pour le
Sahel occidental (18 à 10 ° W), le déficit
pluviométrique reste aussi fort (~ 200 mm an-1) dans la dernière décennie que dans les années
1970-1989, alors que des conditions climatiques plus humides regagnent l’est du Sahel (> 10 °E)
à partir des années 1990 (Figure 2.5).
L’année 2010 a été remarquée en raison des crues particulièrement fortes du fleuve Niger,
provoquant des inondations dévastatrices dans la région de Niamey (Mamadou et al., 2010 ;
Sighomnou et al., 2010). L’année 2010 n’a pas été exceptionnellement pluvieuse { Niamey
(560 mm { la station de l’IRD), mais l’ensemble de la région sahélienne a été plus humide
(données de l’agence NOAA - National Oceanic and Atmospheric Administration : Figure 2.4).
L’affluent principal de rive droite du fleuve Niger au Niger, la Sirba, a également connu une crue
exceptionnelle en 2010 (Mamadou et al., 2010 ; Sighomnou et al., 2010). Les informations
disponibles sur ces évènements sont encore limitées { l’heure actuelle.
13
CHAPITRE 2 : LE MILIEU SAHELIEN
Figure 2.5 Anomalies des précipitations calculées de 1950 à 2007 pour trois boîtes sahéliennes, montrant une
variabilité interannuelle des précipitations plus forte en se déplaçant vers l’est et des conditions persistantes
de sécheresse { l’ouest (d’après Lebel & Ali, 2009)
2.4. Géomorphologie
Le relief nigérien, généralement peu accentué, est hérité d’une succession d’événements
climatiques arides et humides datant du Quaternaire (Favreau, 2000). L’altitude est comprise
entre 200 et 300 m, excepté pour l’Aïr culminant { 2000 m d’altitude. Les cours d’eau
permanents sont rares: seul le fleuve Niger, troisième fleuve africain, traverse le pays sur plus de
400 km. Le paysage { l’est de Niamey est constitué d’une succession monotone de plateaux
latéritiques entrecoupés par des vallées fossiles sableuses (figure 2.6). La présence de dunes
isolées témoigne de l’avancée passée du désert saharien. Les versants des vallées sont incisés
par de nombreuses ravines alimentant des mares temporaires se formant pendant la saison des
pluies dans les lits fossiles d’anciennes rivières appelés kori. Des cônes alluviaux peuvent se
former par dépôt sableux à la faveur d’un replat dans le lit d’une ravine. Des zones d’épandage
sableux émaillent les versants, se formant au gré des microreliefs générés par des drains
temporaires. L’aquifère libre est situé { une profondeur médiane de 35 m (mesure des puits
villageois) et constitue la seule ressource en eau potable permanente dans cette région. Les
mares temporaires constituent une ressource d’eau importante, utilisée jusqu’{ leur
assèchement pour abreuver le bétail et/ou à des fins domestiques. Elles permettent également
de réaliser des briques en banco, mélange de terre argileuse et d’eau, utilisées pour la
construction.
14
CHAPITRE 2 : LE MILIEU SAHELIEN
Figure 2.6 Bloc diagramme illustrant les principales caractéristiques du paysage sahélien du Sud-ouest
nigérien (d’après Massuel, 2005; modifié in Leblanc et al., 2008)
2.5. Pédologie
Différents faciès pédologiques peuvent être associés à cette toposéquence typique des paysages
sahéliens (D’Herbes & Valentin, 1997). Des plateaux aux koris, différents types de sols
(essentiellement sableux ou argilo-limoneux) peuvent être retrouvés:
-
Des cuirasses ferrugineuses recouvrent les plateaux. Celles-ci peuvent être vêtues d’un
manteau sableux. Des lithosols à faciès ferrugineux peu évolués se développent sur les
plateaux. De texture argilo-sableuse, ils présentent souvent une forte charge caillouteuse.
-
Des sols sableux occupent les hauts des versants, limités par des talus plus ou moins
abrupts. Ces sols peuvent être classés parmi les sols ferrugineux peu lessivés. Des zones
d’épandage sableux apparaissent épisodiquement, principalement dans la partie basse
des versants. Des cuirasses ferrugineuses à grès dur, quartz et oolithes peuvent affleurer
localement.
-
Des sols ferrugineux peu lessivés colmatent le fond des vallées. La proportion d’argiles
peut augmenter significativement dans les koris principaux, formant des sols
hydromorphes (montrant des marques de saturation régulière en eau), gris ou brun
clair, contenant une faible fraction de matière organique. Ces sols sont généralement
fertiles et cultivés.
15
CHAPITRE 2 : LE MILIEU SAHELIEN
De plus, il peut être noté que les sols des versants et des plateaux ont une forte tendance à se
désagréger et { s’encroûter sous l’action de la pluie. Des couches denses et dures se forment près
de la surface, empêchant la pénétration de l’eau et des racines dans le sol.
2.6. Végétation
La végétation sahélienne connait une transition progressive des zones désertiques sahariennes
aux savanes boisées des régions soudaniennes. Le paysage est de type savane arborée à
arbustive. Un déboisement général a été observé par satellite et photographies aériennes sur la
majorité des régions sahéliennes à partir des années 1950 (e.g. Leblanc et al., 2008). Ce
déboisement est associé à une forte croissance de la population (exploitant le bois et les terres
arables) et aux épisodes de sécheresse mentionnés précédemment (Lebel et al., 2009).
Dans la région de Niamey, les principaux types de végétation en présence aujourd’hui sont la
brousse tigrée, la jachère et les champs de mil (D’Herbès & Valentin, 1997).
Figure 2.7 Exemple des principaux types de végétation rencontrés au sud-ouest du Niger : (a) brousse tigrée,
(b) jeune (~ 5 ans) jachère à Guiera senegalensis, (c) jachère ancienne (~ 20 ans) à Guiera senegalensis, (d)
champ de mil. Les différentes photographies ont été prises pendant la saison des pluies. (D’après Cappelaere
et al., 2009).
La brousse tigrée est formée d’une alternance de bandes de végétation dense, constituées
principalement d’espèces ligneuses combrétacées (Ambouta, 1984) et de sol nu (Figure 7a). Vu
16
CHAPITRE 2 : LE MILIEU SAHELIEN
par photographies aériennes, cet agencement lui confère l’aspect tigré qui lui vaut son nom. Les
espèces arbustives ligneuses constituaient la végétation naturelle de la région jusque dans les
années 1950. Les espèces arborées ont progressivement disparu des versants de vallée, en
raison de l’exploitation du bois par la population, de la mise en culture des terres et des
conditions générales de sécheresse sévissant au Sahel (Leblanc et al., 2008). Les bosquets de
brousse tigrée sont { l’heure actuelle cantonnés sur les plateaux. Les végétations boisées
subsistent sur les versants { l’état de jachères d’âge variable mais globalement en constante
diminution (Figures 7b et c). Ces jachères sont composées d’une strate herbacée et d’une strate
arbustive, constituée de quelques combrétacées, d’acacias lianescents et dominée par les Guiera
senegalensis { l’aspect buissonnant. La strate herbacée contient essentiellement des graminées {
forte variabilité annuelle (Hiernaux et al., 2009). La majeure partie des versants est { l’heure
actuelle consacrée à la culture des champs de mil (Figure 7d) pendant la saison des pluies.
L’augmentation des surfaces cultivées est associée à une forte croissance de la population au
Niger (+ 3% an-1) et peine à répondre à la demande agroalimentaire (voir section 2.2
Population).
2.7. Hydrologie
2.7.1. Hydrologie de bassin: processus principaux
Dans la région de Niamey, la saison des pluies s’étend de juin { octobre. Les évènements
pluvieux, violents, et principalement d’origine convective, génèrent rapidement du ruissellement
sur les sols encroûtés du bassin versant. Ce ruissellement alimente, directement et/ou par le
réseau de ravines, des mares temporaires se formant sur les versants et/ou dans les koris
(Figure 2.6). Les koris constituent l’exutoire principal du bassin versant et sont régulièrement
alimentés par les eaux de ruissellement. D’importants engorgements d’eau s’y forment. L’eau
accumulée dans ces mares temporaires est soit perdue par évaporation, soit par infiltration vers
la nappe. La recharge de la nappe est effectuée principalement par infiltration à partir de ces
mares temporaires (Desconnets et al., 1997). Ailleurs, l’infiltration d’eau dans le sol reste à priori
superficielle, { l’exception des cônes alluviaux formés dans les replats des ravines (Massuel et al.,
2006). La figure 2.8 résume ces processus principaux, associés au bilan hydrologique annuel
estimé pour un petit bassin versant de la zone d’étude (Peugeot, 1995; Peugeot et al., 2003).
Environ 8 % de l’eau de pluie est transférée aux mares { l’échelle annuelle et 92 % retourne {
l’atmosphère par évapotranspiration. Selon les études de Martin Rosales & Leduc (2003) et
Desconnets et al. (1997), 80 à 92% de l’eau accumulée dans les mares s’infiltre vers la nappe.
L’eau stockée dans les sols pendant la saison des pluies est supposée entièrement reprise par
évapotranspiration pendant la saison sèche (e.g. Peugeot et al., 1997, Massuel et al., 2006,
17
CHAPITRE 2 : LE MILIEU SAHELIEN
Favreau et al., 2009). Le taux de recharge annuel de la nappe est en accord avec les travaux de
Leduc et al., 2001, Favreau et al., 2002a. Les processus associés { l’hydrologie de surface, {
l’infiltration d’eau dans la zone non saturée et dans la zone saturée sont décrits dans les
paragraphes suivants.
Figure 2.8 Toposéquence typique et processus hydrologiques associés (d’après Peugeot et al., 2003)
2.7.2. Ecoulements de surface
La majeure partie de la région sahélienne est caractéristique du phénomène d’endoréisme: les
écoulements n'atteignent pas l’océan et se perdent dans des dépressions fermées. Au sud-ouest
du Niger, les écoulements sont intermittents et prennent naissance au sein d’un système
hydrographique dégradé, évoluant rapidement au cours du temps (Massuel, 2005).
Les
écoulements surviennent lors de pluies de forte intensité, lorsque la quantité d’eau présente { la
surface du sol dépasse sa capacité d’infiltration (Peugeot et al., 1997 & 2003). Il s’agit du
processus de ruissellement hortonien. De nombreux facteurs contrôlent la génération de ces
écoulements. Une des spécificités des paysages sahéliens est la forte tendance { l’encroûtement
des sols (Casenave & Valentin, 1992). La formation de ces croûtes superficielles limite
l'infiltration et favorise par conséquent le ruissellement. Au contraire, la présence de végétation
et de microrelief (Estèves et al., 2000) tend { s’opposer au ruissellement. Par la suite, nous
différencierons les processus hydrologiques s’opérant sur les plateaux de ceux existant au
18
CHAPITRE 2 : LE MILIEU SAHELIEN
niveau des versants des bassins hydrologiques. Ces deux structures forment en effet des entités
au fonctionnement hydrologique contrasté (Massuel, 2005).
2.7.3. Processus hydrologiques dans la zone non saturée
En raison de leur faible déclivité, les plateaux forment des systèmes hydrologiques fermés
alimentant des mares temporaires de petits volumes et à fonds très plats. La surface du sol peut
soit être nue et encroutée, soit occupée par une bande de brousse tigrée. Dans le cas de sols nus,
l’infiltration d’eau dans le sol reste très superficielle (30 -50 cm) et est vite éliminée par
évaporation (Cuenca et al., 1997). Dans les zones occupées par une brousse tigrée, les processus
d’infiltration peuvent être plus profonds: des variations de la teneur en eau ont été observées
jusqu’aux 5 à 6 premiers mètres de sol (e.g. Cuenca et al., 1997, Galle et al., 1999).
Ailleurs, les écoulements peuvent soit rejoindre le réseau de drainage formé par les ravines, soit
s’arrêter dans une zone alors nommée «exutoire endoréique». Il existe différents types
d’exutoires endoréiques: les mares, les zones humides, les cônes alluviaux et les zones
d'épandage sableux (Desconnets, 1995). Les mares sont créées par l’accumulation d’eau libre
dans une dépression, elles peuvent se former dans les kori de fond de vallée ou sur les versants.
Ces dernières peuvent se vidanger en seulement quelques heures, si elles ne sont pas colmatées
par des argiles. Elles constituent alors ce qu’on appelle les zones humides. Les cônes alluviaux
sont généralement associés à une ravine ou à une mare, et sont formés par le dépôt de particules
à leur embouchure. Les zones d’épandage sableux sont plus localisées et généralement situées
en bordure de drains temporaires. Des campagnes de mesures d’humidité du sol, réalisées dans
le cadre des programmes HAPEX-SAHEL, AMMA & GHYRAF indiquent que les fronts
d’infiltrations ne dépassent pas 5 m de profondeur sur les versants sableux des bassins, à
l’exception des lits de ravines principaux et de leurs cônes alluviaux (Cuenca et al., 1997;
Peugeot et al., 1997, Esteves & Lapetite, 2003 ; Massuel et al., 2006; chapitre 6). En dehors des
exutoires endoréiques, le contenu en eau pondéral (rapport de la masse d'eau contenue dans le
sol sur la masse de terre sèche) dans les couches profondes (5 à 25 m) de la zone non saturée est
de l’ordre de seulement 2 à 3 % (Massuel et al., 2006).
Les processus de distribution de l’eau dans les premiers mètres de sol sont extrêmement
complexes car fonction de la pluviométrie, de la position sur le versant, de l’état de la surface du
sol, du microrelief, du couvert végétal et de la demande évapotranspiratoire (Ramier et al,
2009). L’humidité du sol est par conséquent extrêmement variable sur une large gamme
d’échelles spatiales (de quelques mètres { l’échelle régionale) et temporelles (intrasaisonnière &
19
CHAPITRE 2 : LE MILIEU SAHELIEN
saisonnière). Gaze et al., 1997 montrent par exemple que la hauteur d’eau infiltrée peut varier de
0.3 { 3.4 fois la hauteur d’eau précipitée au sein
d’un même champ de mil. Les bilans
hydrologiques et énergétiques de surface sont dominés par les processus d’évapotranspiration
(Boulain et al., 2009; Ramier et al., 2009). Le type de couvert végétal influence par conséquent
fortement les variations de stock d’eau du sol. L’évapotranspiration est par exemple plus faible
au niveau des surfaces cultivées par le mil qu’au niveau des zones de jachère : les teneurs en eau
et les profondeurs d’infiltration observées y sont par conséquent plus fortes (Ramier et al.,
2009). Les surfaces de sol dégradées (sols nus et encroutés) ont une faible capacité d’infiltration
et un fort potentiel de ruissellement : l’eau s’infiltre peu et peu profondément dans ces sols et est
vite reprise par évaporation (Cuenca et al., 1997; Peugeot et al., 1997 ; Seguis et al., 2004).
2.7.4. Recharge de la nappe
En région sahélienne, l’essentiel de la recharge de la nappe s’effectue de façon indirecte, par
infiltration de l’eau accumulée dans les mares temporaires (Desconnets et al., 1997). Le fond des
mares temporaires étant souvent colmaté par une couche d’argile peu perméable, la recharge se
fait préférentiellement au niveau des rives sableuses des mares. Les fluctuations du niveau de la
nappe sont alors extrêmement rapides : les enregistrements piézométriques réalisés à proximité
de mares temporaires témoignent de la formation d’un dôme piézométrique en seulement
quelques jours (e.g. Favreau et al., 2009). Des processus d’infiltration profonde peuvent avoir
lieu épisodiquement au niveau des cônes alluviaux formés dans le lit des ravines principales
(Figure 2.8; Massuel et al., 2006). La proportion de la recharge attribuable { ces processus n’a
toutefois pas encore été quantifiée. Une faible recharge peut éventuellement être envisagée à
l’aplomb des bosquets de brousse tigrée rencontrés sur les plateaux latéritiques. Toutefois, la
vitesse d’infiltration y serait de l'ordre de 0,1 m.an-1 (Bromley et al., 1997). La nappe étant située
{ une profondeur de l’ordre de 50 { 80 m sous les plateaux, les eaux d'infiltration actuelles
mettraient plusieurs siècles à rejoindre la nappe.
De façon assez paradoxale, au sud-ouest du Niger, le niveau moyen de la nappe augmente de
façon continuelle depuis 50 ans, gagnant en moyenne 4 m de 1963 à 2007 (Favreau et al., 2009).
Cette hausse correspond à une augmentation de la recharge annuelle évaluée à 2 mm an -1 dans
les années 1950 et à 25 ± 7 mm an-1 { l’heure actuelle (Favreau et al., 2009). L’augmentation de
la recharge de la nappe est en contradiction apparente avec l’abaissement des précipitations
observé à partir des années 1970 (Lebel & Ali, 2009). Ce phénomène est expliqué par une
augmentation du ruissellement liée { la modification d’occupation des surfaces du sol
(Figure 2.9). Ces photographies aériennes mettent en évidence le recul de la végétation naturelle
arbustive (savane et brousse tigrée), associée { une augmentation du nombre et de l’étendue des
20
CHAPITRE 2 : LE MILIEU SAHELIEN
ravines et des mares temporaires. Cette augmentation procure une explication rationnelle à la
hausse observée du niveau de la nappe, car l’essentiel de la recharge s’effectue de façon
indirecte, à partir des mares et dans une moindre mesure, des cônes alluviaux.
Figure 2.9 Evolution de l’occupation des sols (brousse tigrée, champs de mil, surfaces dégradées) et du réseau
de drainage (mares et ravines) de 1950 à 2005. Les photographies aériennes de Nov. 1950, Mar. 1975 et Nov.
1992 ont été mises { disposition par l’IGNN, Niger. La photographie du 20 mai 2005 est une image SPOT de
haute résolution : copyright 2008 CNES, Distribution Spot Image Corp.,USA, tous droits réservés. (D’après
Favreau et al., 2009).
21
CHAPITRE 2 : LE MILIEU SAHELIEN
2.8. Géologie
Le contexte géologique du Sud-ouest du Niger est ici brièvement présenté. Une compilation
bibliographique détaillée peut être trouvée dans les ouvrages de thèse de G. Favreau (2000) et S.
Massuel (2005).
L’ensemble géologique ouest-africain est constitué d’un vaste craton, sur lequel reposent de
nombreux bassins sédimentaires, comme le bassin Sénégalo-mauritanien, le bassin de
Taoudenni, le bassin du Tchad et le bassin des Iullemmeden (Figure 2.10).
Figure 2.10 Géologie générale de l’Afrique de l’Ouest (d’après Konaté et al., 2003, modifié dans Massuel, 2005)
22
CHAPITRE 2 : LE MILIEU SAHELIEN
Le socle ouest-africain est constitué de roches d’âge archéen { protérozoïque, et est stabilisé
depuis la fin de l’orogénèse éburnéenne (~ 1700 Ma). Les chaînes pan-africaines (~ 600 Ma)
témoignent de la fermeture de bassins marins infra-cambriens (Bayer & Lesquer, 1978). Après
une longue période d’altération, l’ouverture de l’Atlantique sud (Crétacé inférieur), associée à
des processus de riftings, est { l’origine de la formation des bassins intracontinentaux présentés
dans la figure 2.10. Le Niger occidental est à cheval sur le socle précambrien du Liptako et le
bassin sédimentaire des Iullemmeden (Figure 2.10). Notre zone d’étude se situe en bordure sud-
ouest du bassin des Iullemmeden. L’ensemble sédimentaire du Continental Terminal (CT), mis
en place au début de l’ère tertiaire, y affleure sur plus de 150 000 km2 (Greigert, 1966, Greigert
& Pougnet 1965, 1967).
Le CT s’est formé par altération du socle du Liptako. Il est constitué d’une succession de dépôts
silico-clastiques d’origine continentale, faisant suite aux dépots sédimentaires paléocènes
d’origine marine au centre du bassin des Iullemmeden. Trois formations sédimentaires
constituent l’ensemble du CT, de bas en haut : la série sidérolithique de l’Ader Doutchi (CT1), la
série argilo-sableuse à lignites (CT2), et les grès argileux du moyen Niger (CT3). La figure 2.11
présente une coupe ouest-est du CT réalisée dans la région de Niamey.
Figure 2.11 Coupe géologique schématique Est – Ouest { 13° 40’’ N dans le degré carré de Niamey (d’après
Monfort, inédit, modifié dans Massuel, 2005)
La lithologie associée à cette coupe géologique peut être décrite, de bas en haut :
-
Un socle métamorphique, de même nature que le socle du Liptako (granites, schistes
gréseux & amphibolites) fréquemment altéré et kaolinisé constitue le mur du CT.
-
Des sables moyens à grossiers, de couleur claire (blanc à gris blanc) surmontent le socle
{ l’ouest du degré carré de Niamey. Ces sables peuvent présenter une tendance argileuse.
L’épaisseur de cette couche augmente de 3 à 15 m et s’enfonce avec un pendage de 3 {
6.5
vers l’est de la zone d’étude (vallée du dallol Bosso). Cette série sableuse, reposant
23
CHAPITRE 2 : LE MILIEU SAHELIEN
sur des argiles grises { lignites { l’est de la zone d’étude, correspond vraisemblablement
à la partie sableuse du CT2.
-
Des argiles grises, pouvant contenir des lignites et/ou des oolithes ferrugineuses,
surmontent la couche sableuse. L’épaisseur de cette couche augmente d’ouest en est,
atteignant 80 m { l’aplomb du dallol Bosso. Cette série correspond à la partie argileuse
du CT2 (Lang et al., 1990; Monfort, 1996).
-
Des grès ocres, constitués d’une juxtaposition de lentilles sablo-silteuse, pouvant
contenir une fraction variable d’argiles forment le sommet du CT. Ces grès affleurent
sous forme de plateaux { cuirasse latéritique, entaillés par l’érosion pour former le
paysage actuel (voir section 2.3 Géomorphologie).
2.9. Hydrogéologie
Les séries sédimentaires du CT forment un aquifère poreux composé d’une nappe phréatique
libre en surface et de nappes captives, localement artésiennes en profondeur. L’aquifère du CT,
sans qualificatif ajouté, réfère { l’ensemble multicouches constitué par cette formation. La nappe
libre du CT réfère à la nappe phréatique uniquement. Les synthèses de référence sur
l'hydrogéologie du CT (Tirat, 1964; Boeckh, 1965; Greigert, 1968; Greigert & Bernert, 1979) ont
été compilées de façon détaillée dans les manuscrits de thèse de G. Favreau (2000) et S. Massuel
(2005). Nous ne présenterons ici que les traits principaux de l’aquifère du CT.
2.9.1. La nappe phréatique
La nappe phréatique du CT est continue et généralement libre. Elle est portée sur la majorité du
domaine par les grès argileux du CT3, au nord-est et à l'est (vallées du dallol Bosso et du dallol
Maouri) par la série sidérolithique de l’Ader Doutchi (CT1), et au nord par la série argilo-
sableuse à lignites (CT2). La nappe du CT peut se mettre en charge localement sous la pression
exercée par des lentilles argileuses d'extensions variables (Greigert & Bernert, 1979). La
diversité lithologique du CT est à l'origine de la variabilité des paramètres hydrodynamiques de
l’aquifère. Au nord est, lorsqu’elle est portée par les séries argileuses du CT2, la nappe peut être
presque totalement sèche. Sa teneur en eau et sa transmissivité sont extrêmement variables sur
l’ensemble du domaine du CT, en raison de la forte hétérogénéité des ces structures
sédimentaires à l’échelle locale. De nombreuses missions de prospection de géophysique de
subsurface (résonance magnétique protonique, méthodes électriques et électromagnétiques)
ont permis d’apporter des nouvelles contraintes sur les paramètres hydrauliques de l’aquifère
libre du CT dans la région du degré carré de Niamey (Leduc et al., 1997 ; Leduc et al., 2001;
24
CHAPITRE 2 : LE MILIEU SAHELIEN
Massuel et al., 2006; Vouillamoz et al., 2008; Boucher et al., 2009 a et b). À l’image des
caractéristiques géologiques, la physico-chimie de la nappe phréatique est variable dans
l’espace. Les études { l’échelle de l’ensemble de l’aquifère montrent des eaux généralement peu
minéralisées, à 75% inférieures à 300 mg L-1, mais avec des singularités locales (Favreau et al.,
2002a ; 2009).
Au sud-ouest du Niger, dans la région de Niamey, la profondeur de la nappe phréatique varie en
fonction du relief : elle est située à une profondeur de 55 à 75 m sous les plateaux et à moins de
10 m sous les vallées sableuses de Kori. Sa profondeur médiane est de 50 m et son épaisseur
moyenne de 30 m (Massuel, 2005). Les gradients hydrauliques sont faibles, généralement
inférieurs à 0.1 %, excepté au maximum de la recharge pendant la saison des pluies. Les
gradients hydrauliques peuvent alors atteindre 1 % à proximité des mares. Le mur de la nappe
est constitué d’un aquiclude argileux (CT2) de 10 { 80 m d’épaisseur, n’autorisant pas de
transfert significatif vers les aquifères captifs plus profonds (Favreau, 2000). Nous pouvons
noter que la nappe du CT présente une dépression piézométrique naturelle s’étendant sur
4000 km2 au niveau du kori de Dantiandou (Figure 2.11). A l’échelle décennale, la convergence
des flux souterrains est expliquée par une évapotranspiration préférentielle au centre de la
dépression et supérieure à la recharge (Favreau et al., 2002b). La disparition de la dépression
semble probable au cours des prochaines décennies, en raison de l’accroissement de la recharge
par un facteur 10 entre les années 1950 et 2000 (section 2.7.4).
2.9.2. Les nappes captives
Le CT comporte plusieurs nappes captives, affectant des niveaux sédimentaires distincts. Deux
nappes captives ont été détectées par forage dans la région de Niamey au niveau des séries
sédimentaires des sables inférieurs et des oolithes ferrugineuses du CT2 (Figure 2.11). Certains
forages perçant la nappe des sables inférieurs sont artésiens (Favreau, 2000). Des analyses
isotopiques suggèrent que ces deux nappes renferment des eaux fossiles âgées de plusieurs
milliers d’années (Le Gal La Salle et al., 1995; 2001).
2.10. Description du site de mesure expérimental
Cette section est dédiée à la description détaillée du site de Wankama. Les sections précédentes
ont permis de présenter le contexte régional dans lequel nous nous situons: les mêmes schémas
de fonctionnement climatique, hydrologique, géologique etc. s’appliquent au site de Wankama.
25
CHAPITRE 2 : LE MILIEU SAHELIEN
2.10.1. Le village de Wankama
Le site de Wankama est un petit bassin versant endoréique (2.6 km2), situé au sud-ouest du
Niger, dans la région de Niamey, { environ 70 km { l’est de la capitale. L’accès au site est desservi
par la route N25 reliant Niamey à Filingué, totalement goudronnée jusqu’au village de Wankama
(Figure 2.12).
Figure 2.12 Site instrumental de Wankama. a) Position du site en Afrique de l’Ouest. La bande sahélienne est
représentée par une zone grisée entre les isohyètes moyennes annuelles de 200 et 700 mm calculées sur la
période 1951–1989. b) Site instrumental. Les principales structures géomorphologiques sont soulignées par
des traits colorés. L’image de fond est une image SPOT de haute résolution, prise le 23 octobre 2007 (Google
Earth). c) Agrandissement ( 4) du réseau de mesure aval. La photographie aérienne de fond a été prise au
moyen d’un Pixy © par J. L. Rajot, IRD, le 14 octobre 2008 : { cette date le niveau d’eau dans la mare était de
1.15 m au point de mesure limnimétrique.
Le village, composé de 1200 à 2000 habitants majoritairement Zarma, s’anime le jour de marché,
ayant lieu chaque mercredi, une fois par semaine. La proximité de la route lui permet de
bénéficier d’un avantage marchand. Le village ne dispose ni d’accès { l’électricité, ni { l’eau
courante. Un forage artésien datant de 1982 permettait d’approvisionner les habitants en eau
26
CHAPITRE 2 : LE MILIEU SAHELIEN
potable jusqu’en 2010. Ce forage a été temporairement bouché lors de travaux réalisés sur la
route, puis remis en fonction à moindre débit. Trois puits à exhaure manuelle permettent aux
habitants d’accéder { l’eau de la nappe phréatique pour leur usage domestique. Les habitants
vivent principalement de la culture du mil et de l’élevage du bétail. Quelques champs d’arachides
et de manioc de petite superficie sont cultivés dans des zones humides situées en aval du bassin
versant. Ces zones peuvent être visualisées sur photographie aérienne grâce à leur couvert
végétal plus dense (environs du site de mesure P3 sur la figure 2.12).
2.10.2. Le site instrumental de Wankama
Le site de Wankama appartient { l’observatoire AMMA-CATCH (Cappelaere et al., 2009;
http://www.amma-catch.org) et bénéficie d’un long historique de mesures hydrologiques,
météorologiques, géophysiques et écologiques. Le programme HAPEX-SAHEL a permis d’y
réaliser les premières mesures instrumentales entre 1991 et 1993 (Goutorbe et al., 1997). Le
programme AMMA (Redelsperger et al., 2006) a permis de développer ce réseau instrumental,
comprenant actuellement un ensemble de mesures de pluviométrie, flux de surface et
météorologie, humidité du sol, ruissellement, limnimétrie, piézométrie et géophysique de
subsurface (Cappelaere et al., 2009). Deux années de mesures de gravimétrie absolue (2008 2010), et une campagne de mesure de gravimétrie relative (été 2009) y ont été réalisées dans le
cadre du programme GHYRAF (Hinderer et al., 2009; 2011). Deux stations GPS ont été installées
sur le plateau et à proximité de la mare durant la mousson 2009. La cartographie du site a pu
être mise à jour lors d’un levé par GPS différentiel (DGPS; Gendre et al., 2011). La position des
points de mesure (figure 2.12) a été évaluée par nivellement et DGPS avec une précision
supérieure au cm. Les caractéristiques et le principe de fonctionnement des différents
instruments utilisés sont présentés dans le chapitre 3.
2.10.3. Le bassin versant de Wankama
Le bassin versant de Wankama se situe en bordure du Kori de Dantiandou, affluent fossile de la
rive droite du Dallol Bosso. Il s’étend sur 3 km d’est en ouest et relie un plateau latéritique
cuirassé, culminant à 260 m d’altitude, au kori de fond de vallée situé à une altitude de 200.5 m
(système NGAO: Gendre, 2010). Ce bassin versant inclut une étroite bande de terre situé { l’est
du kori principal, et est limité au Nord par la route N25 pour l’essentiel de son versant. Trois
mares se forment par engorgement d’eau dans le kori principal lors de la saison des pluies
(Figure 2.13). La mare centrale est l’exutoire principal du bassin versant. Elle peut être appelée
mare ouest ou simplement mare. La mare nord, située au nord du kori, n’appartient pas au
27
CHAPITRE 2 : LE MILIEU SAHELIEN
bassin versant de Wankama tel que délimité. Lors d’évènements pluvieux de forte intensité, la
mare nord peut se vider partiellement dans la mare ouest. Plus au sud, une petite mare se forme
en aval du kori. Elle est appelée mare sud et peut éventuellement recharger les mares voisines.
Figure 2.13 Coupe topographique du kori, montrant les trois mares de Wankama (d’après Peugeot et al. 2003)
Le bassin versant est incisé par une multitude de ravines et chenaux (Figure 2.12.b). La ravine
principale se perd { mi chemin dans une zone d’épandage sableux, formant un cône alluvial,
pour réapparaître { environ 350 m en aval jusqu’au kori de fond de vallée (Figure 2.12.b &
Figure 2.14). Très peu d’écoulements originaires de la zone amont du bassin parviennent jusqu’{
la mare. La majorité des écoulements concentrés par la ravine s’arrêtent au niveau du cône
alluvial. La mare est alimentée principalement par les ravines aval et par ruissellement direct
(Peugeot et al., 2003).
Figure 2.14 Cartographie des types de surfaces couvrant le bassin versant de Wankama de 1950 à 1992
(d’après Séguis et al., 2004)
Le bassin versant de Wankama est { l’heure actuelle couvert à plus de 50 % par des cultures de
mil (Figure 2.14). La végétation de savane, composée principalement d’arbustes { l’aspect
buissonnant (diverses espèces d’acacias et Guiera senegalensis), occupe moins d’un quart de la
surface du bassin en 1992, alors qu’elle en couvrait la presque totalité en 1950 (Séguis et al.,
2004). Les fourrés de brousse tigrée ont presque totalement disparu du plateau situé { l’ouest de
Wankama. Les surfaces de sol dégradées (sol nu et encrouté) ont doublé entre 1992 et 1950. De
28
CHAPITRE 2 : LE MILIEU SAHELIEN
petites zones de jachères apparaissent à partir de 1975, mais restent très minoritaires sur le
bassin (< 5 %). Séguis et al., 2004 montrent que ce changement d’occupation des sols,
particulièrement l’augmentation des surfaces érodées, tend { accroître les processus de
ruissellement, en dépit de l’abaissement des précipitations.
La nappe phréatique est portée à Wankama par les grès argileux du CT3. Le mur de l’aquifère est
constitué d’une couche d’argiles grises imperméables d’une dizaine de mètres d’épaisseur.
L’aquifère est libre, situé { une profondeur de l’ordre de 10 m sous la mare ouest et de près de
70 m sous le plateau. Le gradient hydraulique est inférieur à 1
, excepté lors de la formation
du dôme piézométrique au maximum de la saison des pluies (vers mi-août). Lors de crues
importantes de la nappe (< 5 m), le gradient hydraulique peut atteindre une valeur de 1 % à
proximité de la mare (données piézométriques : 2005-2009). L’estimation des paramètres
hydrauliques de l’aquifère (porosité cinématique et porosité de drainage) fait l’objet du
chapitre 5.
2.11. Synthèse du chapitre
Le Sahel est une zone de transition éco-climatique entre les régions soudaniennes équatoriales
et le désert saharien. Le régime climatique est dominé par la mousson ouest africaine (e.g.
Nicholson & Grist, 2001). Les précipitations surviennent lors d’une saison des pluies de quelques
mois, { son maximum en août, sous la forme d’orages convectifs violents, d’une durée
généralement inférieure à quelques heures. Les évènements pluvieux sont extrêmement rares
pendant la saison sèche, couvrant généralement la période d’octobre { mai. Une sécheresse de
grande ampleur a frappé le Sahel dans les années 1970-1980 (Lebel et al., 2009). Des conditions
sèches persistent dans l’ouest du Sahel de 1990 à 2007, alors que des conditions plus humides
semblent gagner l’est de la région (Lebel & Ali, 2009).
Dans notre région d’étude, le seul cours d’eau pérenne est le fleuve Niger. Comme dans
beaucoup de régions sahéliennes, la nappe phréatique est la seule ressource en eau permanente
(Favreau et al., 2009). La population sahélienne, connaissant une forte croissance
démographique, vit d’une agriculture pluviale et de l’élevage du bétail. Ces faibles ressources,
d’origine naturelle, rendent les peuples sahéliens particulièrement vulnérables aux variations
extrêmes du climat (sécheresses et/ou inondations).
La majeure partie des régions sahéliennes sont typiquement endoréiques: les écoulements,
générés extrêmement rapidement par ruissellement hortonien, s’accumulent dans des
29
CHAPITRE 2 : LE MILIEU SAHELIEN
dépressions fermées formant des mares temporaires (Massuel, 2005). Au sud ouest du Niger, les
paysages sont constitués d’une succession de plateaux latéritiques, incisés par des vallées
fossiles sableuses nommées koris. Celles-ci sont drainées par des réseaux de ravines alimentant
les mares temporaires formées en fond de vallée. La recharge de la nappe est indirecte et se fait
essentiellement par infiltration de l’eau accumulée dans les mares temporaires (Desconnets et
al., 1997). Les lits de ravines et les cônes alluviaux peuvent constituer des points de recharge
secondaires (Massuel et al., 2006).
Au sud-ouest du Niger, depuis les années 1950, la végétation naturelle de savane abandonne les
versants de vallées à la faveur des surfaces cultivées (Leblanc et al., 2008). Ce changement
d’occupation des sols s’accompagne d’une dégradation des surfaces favorisant le ruissellement.
Un nombre croissant de mares peut être observé par photographie aérienne, ainsi qu’une
extension de plus en plus importante du réseau de ravines. Paradoxalement cette dégradation
des surfaces s’accompagne d’une hausse du niveau de la nappe, se rechargeant essentiellement
de façon indirecte, par infiltration de l’eau accumulée dans les mares (Favreau et al., 2009).
Notre zone d’étude est située en bordure du bassin des Iullemmeden à proximité du kori de
Dantiandou (Favreau, 2000 ; Massuel, 2005). Les formations sédimentaires rencontrées
proviennent de l’altération silico-clastique du socle. Elles constituent les dépôts du Continental
Terminal, formé d’une série argilo-sableuse en profondeur (CT2) et de grès argileux hétérogènes
en surface (CT3). Ces formations sédimentaires abritent un aquifère poreux multicouche, libre
en surface et captif en profondeur.
Le site de Wankama est situé au sud-ouest du Niger, { 70 km { l’est de Niamey. Il appartient à
l’observatoire AMMA-CATCH et bénéficie d’un réseau dense de mesures hydrométéorologiques,
ainsi que de fréquentes campagnes de mesures de géophysique de subsurface (Cappelaere et al.,
2009). Grâce au projet GHYRAF (Hinderer et al., 2009), des mesures de géodésie (gravimétrie
absolue, relative et GPS) ont pu être réalisées sur ce site de 2008 à 2010. Ce petit bassin versant
endoréique alimente une mare temporaire, à partir de laquelle de rapides phénomènes
d’infiltration vers la nappe sont observés. Un dôme piézométrique de plusieurs mètres
d’amplitude se forme au maximum de la saison des pluies. Les différentes mesures réalisées à
Wankama sont détaillées dans les chapitres suivants et utilisées afin d’apporter de nouvelles
contraintes sur la variabilité des stocks d’eau en milieu sahélien.
30
CHAPITRE 2 : LE MILIEU SAHELIEN
31
CHAPITRE 2 : LE MILIEU SAHELIEN
32
Chapitre 3
Les méthodes d’observation
CHAPITRE 3 : LES METHODES D’OBSERVATION
Le site instrumental de Wankama dispose d’un réseau d’observations multidisciplinaires unique
en Afrique de l’Ouest : l’observatoire hydrométéorologique AMMA-CATCH permet de suivre en
continu les différentes composantes du cycle de l’eau sur le bassin versant. De 2008 à 2010, des
campagnes de mesures de gravimétrie absolue et relative y ont été réalisées dans le cadre du
projet GHYRAF, afin d’apporter de nouvelles informations sur les variations spatiales et
temporelles des stocks d’eau. En plus de ce réseau d’observation in situ, les systèmes
d’observations satellitaires offrent la possibilité d’étudier avec une vision globale les variations
des réserves hydriques sur les continents.
L’objectif de ce travail de thèse est d’utiliser ces différents moyens d’observations pour apporter
de nouvelles informations sur la variabilité des stocks d’eaux en milieu sahélien. Nous
présentons dans ce chapitre les caractéristiques et le principe de fonctionnement de chaque
méthode d’observation utilisée. Pour plus de clarté, ce chapitre est divisé en trois sections : la
première présente les méthodes d’observations géodésiques (gravimétrie terrestre et spatiale,
GPS), la seconde les méthodes hydrométéorologiques (mesures in situ et modèles hydrologiques
globaux) et la dernière une méthode de géophysique de subsurface (la résonance magnétique
protonique).
3.1. Géodésie
La géodésie est l’étude de la forme de la Terre et de son champ de gravité. Les premières
estimations de la taille du globe terrestre sont dues à Eratosthène (IIIème siècle av. J.-C.), qui
envisagea que la Terre était une sphère et mis au point une méthode de calcul, basée sur
l’observation de la taille des ombres en différents lieux, permettant d’en calculer la
circonférence. Les premières mesures de la gravité sont bien plus tardives et généralement
attribuées à Galilée (XVIème siècle), postulant qu’en l’absence de frottement, deux corps tombent
à la même vitesse, indépendamment de leur masse. Il introduisit ainsi une constante notée g,
valant environ 9.8 m s-2. En hommage à ces travaux, l’unité de mesure historique de la gravité a
été appelée le Gal, 1 Gal correspondant à une accélération d’ 1 cm s-2, soit environ 10-3 g. Les
techniques de mesures géodésiques ont été considérablement améliorées depuis le XVIIème siècle
(voir figure 3.1 pour les mesures de la gravité), et peuvent aujourd’hui être utilisées pour suivre
avec précision les transferts de masse à la surface de la Terre, dont une large part est attribuable
{ l’hydrologie (voir Chapitre 4).
34
CHAPITRE 3 : LES METHODES D’OBSERVATION
3.1.1. Mesures terrestres de la gravité
Les mesures de la gravité terrestre permettent de déterminer l’intensité de l’accélération de la
pesanteur dans la direction d’un corps en chute libre. Cette intensité est généralement notée g
et vaut environ 9.8 m s-2 à la surface terrestre. Les variations maximales de la gravité entre
l’équateur et les pôles sont de quelques millièmes de g. La mesure précise de la gravité à la
surface terrestre contient de nombreuses informations sur la forme de la Terre, la position des
continents ou encore les transferts de masse souterrains. Ainsi les variations des stocks d’eau
génèrent des variations de gravité de l’ordre de quelques dizaines { quelques centaines de nm s -2
(chapitre 4), mesurables depuis la deuxième moitié du siècle dernier (Figure 3.1).
Les instruments permettant de mesurer de telles variations sont de deux types : les gravimètres
absolus et les gravimètres relatifs. Les gravimètres absolus mesurent la valeur exacte de la
gravité en un point et un instant donné à la surface terrestre, alors que les gravimètres relatifs
mesurent uniquement les variations temporelles ou spatiales de la gravité.
Les premiers
gravimètres construits au XVIème siècle étaient des pendules simples, capables de mesurer la
valeur de g avec une précision de l’ordre de 10– 5 g (figure 3.1). A l’heure actuelle, les gravimètres
absolus les plus précis mesurent l’accélération d’un corps en chute libre avec une précision
relative de l’ordre de 10– 9 g. Des mesures répétées avec ce type d’instruments permettent alors
d’évaluer les variations temporelles des stocks d’eau en un lieu donné. En complément, des
gravimètres relatifs à ressort peuvent être utilisés pour appréhender les variations spatiales des
stocks d’eau.
Figure 3.1 Evolution de la précision des systèmes d’observations gravimétriques au cours du temps (d’après
Torge, 1989, modifié dans Niebauer, 2007). Nous pouvons mentionner qu’il existe également des gravimètres
supraconducteurs, capables d’acquérir en continu des séries de mesures gravimétriques de haute précision
(10-10 à 10 -11 g). Nous rappelons qu’1 mGal vaut 10 –5 m s-2 ou environ 10 -6 g.
35
CHAPITRE 3 : LES METHODES D’OBSERVATION
3.1.1.1. Le gravimètre absolu FG5
Le gravimètre absolu de type FG5 est basé sur la mesure de l’accélération d’un corps en chute
libre (Niebauer 1995 et al., 1995, Niebauer, 2007). Un coin de cube est lâché dans une chambre
de chute mise sous vide (Figure 3.2). La trajectoire du coin de cube est déterminée avec
précision (~ 10-6 m) par interférométrie laser, alors que le temps de chute est mesuré par une
horloge atomique au Rubidium, parfois asservie par GPS (Figure 3.2). La hauteur et la durée de
la chute sont d’environ 0.2 m pour 0.2 s. Une valeur de g est déterminée pour chaque chute en
inversant approximativement 700 couples de mesures du temps et de la distance parcourus par
le coin de cube. Une valeur de g moyenne est donnée pour une série de 100 chutes, effectuées
généralement { 10 secondes d’intervalle. Pour obtenir une précision de l’ordre de 10 nm s-2,
plusieurs séries de 100 chutes doivent être réalisées. Pour des sites peu bruités, une mesure
peut être réalisée avec une précision de 10 à 30 nm s-2 en quelques heures. L’ensemble du
système de mesure est isolé des bruits sismiques par le «superspring» (Figure 3.2). Ce
sismomètre actif de longue période (60 s) atténue les vibrations terrestres de forte amplitude
pour une période de quelques secondes. Ce système permet de réduire significativement l’écart
type des valeurs de g mesurées sur 100 chutes.
Figure 3.2 Schéma de fonctionnement du gravimètre absolu de type FG5 (d’après Niebauer 2007, modifié
dans Jacob, 2009b)
36
CHAPITRE 3 : LES METHODES D’OBSERVATION
3.1.1.2. Le gravimètre relatif CG5
Deux gravimètres relatifs de type Scintrex Autograv CG5 ont été utilisés dans cette étude. Ces
instruments permettent de mesurer les variations de la gravité d’un site { un autre avec une
résolution de 10 nm s-2 et une répétabilité de moins de 100 nm s-2 (Scintrex Limited, 2009).
Le capteur de l’instrument est constitué d’un ressort vertical en silice amorphe, supportant une
masse asservie à une position fixe par capteur capacitif (Figure 3.3). Lorsque la gravité varie, ce
capteur maintient la masse dans sa position initiale grâce à une contre-réaction électrostatique.
La tension de contre-réaction mesurée est alors proportionnelle à la valeur de la gravité relative
au site de mesure (Scintrex Limited, 2009). Lier cette tension à une valeur de g requiert une
calibration, généralement réalisée sur une grande ligne d’étalonnage, où de larges variations de
g connues grâce à des mesures de gravimétrie absolue sont comparées aux valeurs mesurées par
le CG5 (Debeglia & Dupont, 2002). La constante de calibration (GCal 1; Figure 3.3) intégrée par
Scintrex dans le logiciel du gravimètre est réalisée sur la ligne d’étalonnage d’Orangeville, {
70 km au Nord de Toronto (Scintrex Limited, 2009).
Les capteurs de ces gravimètres relatifs sont affectés par une forte dérive instrumentale, de
l’ordre de 5 000 nm jour-1, liée au fluage du ressort en silice (Scintrex Limited, 2009). Lorsque
l’instrument est au repos, cette dérive peut être supposée linéaire sur une période inférieure {
une journée (Bonvalot et al., 1998). La correction de dérive peut donc être estimée en mesurant
la variation de g à quelques heures d’intervalle sur le même site (Figure 3.3). Sur le terrain, le
capteur est soumis à différents chocs (mécaniques, température etc.) de sorte que de fréquentes
réoccupations d’une même station s’avèrent nécessaires pour estimer correctement la dérive.
Une série de mesures commencée et terminée à une même station est alors appelée une boucle.
Réaliser une mesure de précision (quelques dizaines de nm s-2) avec un tel instrument requiert
différentes précautions. Le ressort doit être aligné sur la verticale locale: ceci est réalisé { l’aide
d’un tripode spécialement conçu pour le CG5, permettant de niveler l’appareil avec une
précision de l’ordre de l’arcseconde (correction des tilts ; Figure 3.3). Le capteur doit de plus
être maintenu à pression et température constantes, afin de limiter les effets non linéaires de
dérive. Pour cette raison, le capteur est placé dans une chambre thermostatée sous vide
(Figure 3.3). Les variations de température interne du gravimètre sont mesurées avec une
résolution de 0.01 mK. Les coupures de courant doivent à tout prix être évitées pour maintenir
la température et le vide de la chambre de mesure. Un CG5 classique est conçu pour réaliser des
mesures sous une température externe de – 40 à + 45 °C (Scintrex Limited, 2009).
37
CHAPITRE 3 : LES METHODES D’OBSERVATION
Figure 3.3 Schéma de fonctionnement d’un gravimètre relatif de type Scintrex Autograv CG5, montrant les
corrections appliquées et les constantes associées (d’après Jacob, 2009b).
Le gravimètre CG5 mesure à une fréquence de 6 Hz, et fournit une valeur de g moyennée toutes
les secondes sur une durée définie par l’utilisateur. Pour notre étude (détaillée dans le
Chapitre 6), nous avons réalisé au minimum 5 séries de 60 mesures (soit ~ 5 minutes au total)
par instrument et par site. Les mesures affichées peuvent être corrigées des effets de marées
terrestres et de la dérive interne selon le choix de l’utilisateur. Pour notre étude, ces paramètres
ont été estimés indépendamment des corrections proposées par Scintrex (voir Chapitre 6). Le
choix de la période d’une série de mesure est optimisé pour minimiser l’effet du bruit micro-
sismique. Merlet et al., 2008 montrent qu’une période de 85 s minimise les effets du bruit
sismique pour leur site de mesure situé à Trappes. Au delà de 85 s, la variance sur une série de
mesure augmente car les marées terrestres influencent le signal. Pour des sites calmes, la
période d’une série de mesure peut être abaissée { 60 s.
3.1.1.3. Corrections des effets géophysiques
Nous cherchons dans cette étude à évaluer les variations temporelles de la gravité générées par
les variations des stocks d’eau. Pour accéder à ce signal, les mesures de la gravité doivent être
corrigées de différents effets dynamiques:
38
CHAPITRE 3 : LES METHODES D’OBSERVATION
-
Les marées terrestres modifient le champ de pesanteur mesurable à la surface
terrestre avec une amplitude de quelques milliers de nm s-2 par jour (Figure 3.4). Ces
variations sont dues { la déformation de la Terre solide sous l’effet de l’attraction des
astres (principalement la Lune et le Soleil). Différents modèles permettent d’estimer
l’effet des marées solides sur la gravité. Dans notre étude, nous utiliserons les
paramètres de marée solide du modèle ETGTAB (Wenzel 1996) pour corriger les
mesures de gravimétrie absolue et les paramètres du modèle WDD (Van Camp &
Vauterin, 2005) pour corriger les mesures de gravimétrie relative.
-
La surcharge océanique modifie la gravité avec une amplitude de quelques dizaines de
nm s-2 par jour pour notre site de mesure (Figure 3.4). Cet effet est plus fort près des
côtes. En effet, ces variations sont dues à la déformation de la Terre sous l’effet de la
redistribution des masses d’eau océaniques générée par l’attraction des astres. Ce sont
donc également des marées, affectant les masses d’eau océaniques, elles-mêmes
influençant la forme et le champ de pesanteur à la surface des continents. Nous utilisons
la correction de Schwiderski (1980) pour corriger nos mesures de gravimétrie absolue et
les paramètres du modèle FES 2004 (Lyard et al., 2006) pour les mesures de gravimétrie
relative.
-
Les variations de pression atmosphérique modifient la gravité avec une amplitude de
d’environ - 3 nm s-2 hPa-1, générant une variation de l’ordre de 10 nm s-2 par jour pour
notre site d’étude (Figure 3.4). Cet effet est du aux variations de masses d’air au dessus
du gravimètre. Dans notre étude, nous calculons la correction de pression
atmosphérique { l’aide de mesures in situ auxquelles nous appliquons une admittance de
- 3 nm s-2 hPa-1.
-
Le mouvement du pôle modifie la gravité mesurée en surface avec une amplitude de
quelques dizaines de nm s-2 par an (Figure 3.4). La variation de la position du pôle
traduit une variation de l’axe de rotation terrestre de quelques dixièmes d’arcseconde
avec une composante quasi-annuelle et une composante séculaire. Les variations de
gravité générées par ces changements de rotation sont calculées { l’aide du logiciel Tsoft,
à partir des estimations des coordonnées du pôle géographique fournies par l’IERS
(International Earth Rotation Service and Reference Systems). Seules les mesures de
gravimétrie absolues sont corrigées du mouvement du pôle, cet effet étant négligeable
sur une boucle de mesure de gravimétrie relative (quelques heures).
L’incertitude sur l’ensemble des corrections apportées est évaluée à 10 nm s-2 (Niebauer, 1995).
39
CHAPITRE 3 : LES METHODES D’OBSERVATION
Figure 3.4 Variations de gravité dues à la marée océanique, à la surcharge océanique, aux variations de
pression atmosphérique et au mouvement du pôle durant la période de mousson 2009 à Wankama.
3.1.2. Mesures spatiales de la gravité : les satellites GRACE
La mission GRACE (Gravity Recovery And Climate Experiment), dédiée { l’étude des variations
temporelles du champ de gravité, permet de restituer les variations de masses d’eau
continentales à des échelles allant du mois à quelques années et avec une résolution spatiale
maximale de 400 km (Tapley et al., 2004). Ce système spatial, lancé en mars 2002, est constitué
de deux satellites, nommés Tom et Jerry, se suivant à basse altitude (~ 480 km) et séparés par
une distance d’approximativement 220 km (Figure 3.5.a). La position des satellites sur leur
orbite est déterminée par GPS et la distance les séparant grâce à un système de mesure microondes dans la bande K. Lorsque les satellites survolent une anomalie de masse, la distance les
séparant varie. Par exemple, lors du survol de l’Himalaya, le premier satellite est attiré par la
chaîne de montagne, puis le second, provoquant ainsi deux pics successifs de variation de la
distance inter-satellitaire (Figure 3.5.b). Les variations du champ de pesanteur peuvent par
conséquent être déduites de la mesure de la distance inter-satellitaire. Pour cela, les effets des
40
CHAPITRE 3 : LES METHODES D’OBSERVATION
forces non gravitationnelles (forces de surface) doivent être corrigés et sont estimés grâce à
deux accéléromètres équipant chacun des satellites.
Figure 3.5 Mission spatiale GRACE. a) Configuration de vol (© The University of Texas Center for Space
Research). b) Variation de la distance inter-satellitaire lors du survol de l’Himalaya (d’après Reigber et al.,
2005). c) Distribution des stocks d’eau continentaux en septembre 2006 estimée d’après les solutions GRACE
du GFZ filtrées à 400 km (d’après Frappart et al., 2011)
Les variations gravimétriques dues { la redistribution des masses d’eau continentales sont
obtenues après correction des autres effets dynamiques agissant sur la gravité. Ces effets
comprennent les marées terrestres, océaniques et polaires, les effets induits par les variations de
masse dans l’atmosphère et les océans et l’attraction gravitationnelle des autres astres et
planètes sur les satellites. Les solutions GRACE peuvent ensuite être exprimées sous forme de
coefficients harmoniques sphériques permettant de reconstituer le champ de pesanteur, ou
encore transformés en hauteurs d’eau équivalentes, représentant les variations de masse d’eau
sur toute l’épaisseur du sol, de la surface aux aquifères (Figure 3.5.c). Ces solutions sont
distribuées par différents centres de recherche, appliquant différentes stratégies de traitement
pour atténuer le bruit de mesure et proposant différentes corrections des effets dynamiques
perturbateurs (notamment les effets liés aux redistributions des masses dans l’atmosphère et
l’océan). Une comparaison des solutions proposées par différents centres est présentée pour le
continent africain dans le chapitre 4. Nous utiliserons par la suite les solutions du CNES/GRGS
(Groupe de Recherche en Géodésie Spatiale) afin d’estimer l’effet des redistributions des masses
d’eau { l’échelle du globe sur la gravité (Chapitre 5).
41
CHAPITRE 3 : LES METHODES D’OBSERVATION
3.1.3. Mesures de positionnement
Les mesures de positionnement ont un large spectre d’applications en géosciences, allant de la
simple localisation géographique à la mesure dynamique de la surface terrestre. Pour cette
étude, nous avons utilisé la technique de mesure par GPS
(Global Positioning System)
différentiel afin de réaliser une cartographie complète du bassin versant de Wankama. Nous
avons également équipé le bassin versant de systèmes GPS semi-permanents, afin d’étudier les
mouvements verticaux de la surface terrestre pendant une saison des pluies.
3.1.3.1. GPS
Le GPS est un système de géolocalisation, permettant de déterminer une position à la surface
terrestre { l’aide d’une constellation de 28 satellites en orbite autour de la Terre { une altitude
d’environ 20 000 km. Ce système a été développé par l'armée américaine dans les années 1960,
puis mis à disposition des civils en 1995. Le principe du positionnement est basé sur la
trilatération. La position de chacun de ses satellites est connue à tout instant, grâce à un système
d’émissions d’ondes radiométriques doublé d’une mesure précise du temps par horloge
atomique. Equipé d’un récepteur { la surface terrestre, la position de l’utilisateur est déterminée
lorsque les signaux émis par au moins quatre satellites sont captés : trois satellites permettent
d’obtenir le point d’intersection des trois sphères, le quatrième la synchronisation du temps. Ce
système permet d’obtenir une position avec une précision d’une dizaine de mètres, depuis la
levée des restrictions de précision imposées aux civils jusqu’au milieu des années 2000. Une
large part de l’incertitude sur le positionnement obtenu est attribuable aux effets des masses
d’air troposphériques et stratosphériques, ralentissant l’onde émise par les satellites avec un
délai inconnu. Les autres sources d’erreurs sont dues aux imprécisions du positionnement des
satellites sur leur orbite, à la traversée de l’ionosphère (perturbation des ondes
électromagnétiques émises), aux multi-trajets (réflexion de l’onde émise sur des objets proches
de l’antenne réceptrice), et aux imprécisions de positionnement de l’antenne réceptrice.
3.1.3.2. GPS différentiel
Pour obtenir une position avec une précision centimétrique, un deuxième récepteur fixe doit
être installé { proximité d’un récepteur mobile ({ moins de quelques kilomètres). La position du
récepteur mobile est déterminée par rapport à la position du récepteur permanent : les termes
d’erreurs communs entre les deux récepteurs s’annulent et des précisions de l’ordre du
centimètre sont atteintes. Cette stratégie de mesure est appelée GPS différentiel ou DGPS.
42
CHAPITRE 3 : LES METHODES D’OBSERVATION
3.2. Hydrologie
Le but de ce travail de thèse est de montrer l’apport des mesures de gravimétrie terrestre et
spatiale { l’hydrologie en milieu sahélien. Toutefois les mesures de gravimétries seules ne
permettent pas de différencier les variations des stocks d’eau superficielles (mare temporaire,
humidité du sol) des variations de stock plus profondes (aquifères). Un ensemble de mesures
hydrologiques doit alors être utilisé pour contraindre l’origine de ces variations gravimétriques
(Chapitre 4). Dans ce but, différentes mesures in situ ont été mise à disposition par
l’observatoire AMMA-CATCH (section 3.2.1). Des modèles hydrologiques globaux, basés sur un
ensemble d’estimations satellitaires (flux atmosphériques, pluie, température, végétation etc.),
sont également utilisés par la suite comme élément de comparaison aux données satellitaires
GRACE.
3.2.1. Mesures terrestres
Cette section présente brièvement l’ensemble des instruments du super site Niger central de
l’observatoire AMMA-CATCH (http://www.amma-catch.org; Cappelaere et al., 2009) utilisés
pour cette étude.
3.2.1.1. Pluviométrie
Il existe trois pluviomètres automatiques sur le bassin versant de Wankama, localisés sur le
plateau, à proximité de la station de flux « Végétation Dégradée » et { l’est de la mare temporaire
(Figure 2.12). Ces instruments mesurent l’intensité des précipitations toutes les minutes, grâce à
un système de basculement d’augets. Les valeurs des hauteurs d’eau précipitées utilisées dans
cette étude ont été moyennées toutes les 5 minutes. Il existe également un réseau de 17
pluviomètres à lecture directe sur le bassin versent.
3.2.1.2. Flux atmosphériques
Il existe trois stations de flux situées sur le bassin versant de Wankama. Les deux stations
principales sont situées dans des sites au couvert végétal typique des champs de mil et de la
jachère. Ces stations ont été instrumentées afin de calculer les budgets énergétiques de surface
locaux (Ramier et al., 2009 et Boulain et al., 2009). La troisième station de flux a été installée en
aval du bassin versant sur un site à la végétation dégradée (faciès à Combretum), pour mesurer
la dynamique de la végétation (Figure 2.12). Seules les mesures de pression atmosphérique et de
43
CHAPITRE 3 : LES METHODES D’OBSERVATION
température de l’air réalisées à cette station à une hauteur de 2 m ont été utilisées dans cette
étude (mesures disponibles moyennées toutes les 30 minutes).
3.2.1.3. Humidité du sol
Des mesures d’humidité du sol sont réalisées en continu par sondes capacitives aux stations de
flux de mil et de jachère (section 3.2.1.2; Figure 2.12). Ces sondes enterrées à des profondeurs de
0.1, 0.5, 1, 1.5, 2 et 2.5 m effectuent une mesure par minute. L’absence de mesure { de plus
grandes profondeurs se justifie par l’absence ou la très faible amplitude des variations
d’humidité au delà des 3 premiers mètres de sol (section 2.7.3). De plus les sols sableux
recouvrant ces sites ont la caractéristiques d’êtres très peu épais (section 2.5). Les capteurs
d’humidité sont des sondes réflectométriques de teneur en eau du modèle CS616, manufacturé
par Campbell Scientific (http://www.campbellsci.com). Le principe de ces appareils est basé sur
la mesure du temps de trajet d’une onde électromagnétique de grande fréquence transmise
entre deux tiges métalliques. Le temps de parcours de l’onde dépend de la permittivité
diélectrique du milieu traversé, elle-même fonction de la teneur en eau du sol. L’obtention de
valeurs d’humidité volumique à partir des périodes mesurées nécessite une calibration effectuée
par pesée et séchage de différents échantillons de sol au site considéré. Les courbes de
calibration réalisées montrent un comportement proche des courbes quadratiques réalisées par
le constructeur, et permettent de retrouver le contenu en eau du sol avec une incertitude
d’environ 0.02 m3 d’eau par m3 de sol.
Des mesures par sonde à neutron ont également été réalisées pendant la saison des pluies 2009
en 7 sites localisés sur le bassin versant de Wankama (Figure 2.12). Des tubes d’accès de 10 {
15 m ont été installés et des sondages hebdomadaires
ont été réalisés. Le modèle Campbell Pacific Nuclear
(CPN®), 503 DR Hydroprobe a été utilisé dans cette
étude. Le système de mesure est composé d’une
sonde et de son blindage, ainsi que d’un système de
comptage. Le capteur est constitué d’une source
radioactive émettrice de neutrons rapides, d’un
détecteur de neutrons lents et d’un préamplificateur
(Figure 3.7). Le blindage sert à assurer la protection
de l’utilisateur contre les rayonnements émis. Pour la
mesure, la sonde est descendue dans le tube d’accès
Figure 3. 6 Schéma d’une sonde à neutron
(AIEA, 2003)
en aluminium transparent aux neutrons rapides. Ceux-ci sont dispersés dans un rayon de
44
CHAPITRE 3 : LES METHODES D’OBSERVATION
quelques dizaines de cm3 autour de l’émetteur . Ces neutrons sont « ralentis » ou amenés à un
état énergétique proche des atomes voisins par chocs avec les atomes d’hydrogènes des
molécules d’eau et certains des composants du sol. On parle alors de neutrons thermiques. Le
comptage de ces neutrons thermiques fournit une information indirecte sur le nombre de
molécules d’eau présentes dans le sol. Le comptage est réalisé par un détecteur sensible
uniquement aux neutrons thermiques, pouvant être constitué de bore-10, d’hélium-3 ou encore
fonctionner par scintillation. Ce détecteur envoie une impulsion électronique, préalablement
amplifiée (rôle du préamplificateur), au système de comptage. Le système électronique de
comptage affiche le nombre de neutrons thermiques par minute ou par seconde selon le choix de
l’utilisateur. Un descriptif complet sur l’utilisation des sondes { neutron a été réalisé par l’AIEA
(2003).
Le comptage relatif est calculé comme le comptage de neutrons thermiques normalisé par le
comptage standard réalisé dans une bassine d’eau de la mare temporaire de Wankama. Ce
comptage relatif fournit une indication qualitative sur les variations de teneurs en eau dans le
sol. Pour accéder à une information quantitative, une calibration doit être réalisée en prélevant
des échantillons de sols aux sites de mesures, dont la teneur en eau est d’abord déterminée par
comptage neutronique, puis par une succession de pesées de l’échantillon de sol réalisées avant
et après séchage. Nous pouvons noter que cette méthode d’estimation du contenu en eau
pondéral par pesées et séchage est appelée méthode gravimétrique dans la communauté
hydrologique.
3.2.1.4. Limnimétrie
Des mesures du niveau d’eau dans la mare sont réalisées toutes les 5 minutes par un flotteur
(OTT Thalimede ©) et toutes les 20 minutes par un capteur de pression (manufacturé par STS
©). Ces enregistrements automatiques sont contrôlés par des lectures du niveau d’eau sur
échelle limnimétrique, réalisé environ une fois par semaine pendant la saison des pluies et une
fois par mois pendant la saison sèche.
3.2.1.5. Piézométrie
Le suivi du niveau de la nappe se fait par quatre piézomètres équipés de capteurs de pression
(Diver ©), mesurant le niveau de l’eau toutes les 20 minutes. Ces mesures sont corrigées de la
pression atmosphérique. Ces enregistrements sont contrôles par des mesures directes par sonde
lumineuse (OTT KL010 ©).
45
CHAPITRE 3 : LES METHODES D’OBSERVATION
3.2.2. Modèles hydrologiques globaux
Les modèles hydrologiques et hydrométéorologiques globaux sont utilisés dans cette étude pour
estimer la distribution des masses d’eau { la surface des continents { l’échelle du globe. Ces
estimations sont comparées aux variations du champ de pesanteur issues de la mission spatiale
GRACE.
3.2.2.1. Les modèles GLDAS
Le système d’assimilation GLDAS (Global Land Data Assimilation System) permet de modéliser
le contenu en eau du sol, de la canopée et de la couverture neigeuse sur l’ensemble des
continents, excepté l’Antarctique, { l’aide d’un grand nombre de données issues d’observations
terrestres et spatiales (Rodell et al., 2004). L’originalité de ce système est de permettre une
réestimation des données de forçage (précipitations, vent, température, pression etc.) grâce à
l’assimilation de données de surface (e.g. température de surface, couverture neigeuse). Quatre
modèles de surface (MOSAIC, NOAH, CLM et VIC) proposent d’estimer les diverses composantes
du bilan hydrologique avec différentes résolutions spatiales et temporelles. Nous utiliserons par
la suite le modèle NOAH, permettant d’évaluer le contenu en eau du sol (divisé en 4 couches
allant de 0 à 2 m de profondeur), de la végétation et de la couverture neigeuse avec une
résolution spatiale de 0.25 ° et une résolution temporelle de 3 h. Ce modèle n’intègre ni eaux de
surface (rivières, lacs), ni eaux souterraines (aquifères) dans sa configuration. Le forçage par les
précipitations a un impact fort sur les hauteurs d’eau équivalentes simulées (somme des
contenus en eau estimés dans les différents réservoirs). Boy et al. (2010) montrent que le
modèle GLDAS fournit des simulations du contenu en eau du sol pouvant différer de quelques
dizaines de mm selon les estimations des précipitations utilisées pour le forçage (missions
spatiale TRMM ou CMAP).
3.2.2.2. Les modèles ECMWF
Le centre ECMWF (European Centre for Medium-Range Weather Forecasts) propose de
modéliser les contenus en eau du sol et de la couverture neigeuse sur toute la surface du globe
avec une résolution temporelle de quelques heures et une résolution spatiale d’environ 0.25 °.
Ce modèle, décrit par Viterbo & Beljaars (1995) est avant tout un modèle météorologique: les
simulations du contenu en eau proposés sont des sous-produits du modèle de circulation
atmosphérique globale de l’ECMWF. Une réanalyse des prévisions ECMWF, proposant d’intégrer
de nouvelles observations terrestres et spatiales, est aujourd’hui disponible (Uppala et al.,
2005). Tous comme le modèle GLDAS, ce modèle ne considère ni eaux de surfaces (lacs,
rivières), ni eaux souterraines (aquifères).
46
CHAPITRE 3 : LES METHODES D’OBSERVATION
3.3. La résonance magnétique protonique : une méthode géophysique de subsurface
Un objectif subsidiaire à ce travail de thèse est la comparaison des méthodes d’observation
gravimétriques avec d’autres méthodes géophysiques de subsurface. De nombreuses missions
de géophysique de subsurface ont été réalisées antérieurement dans le cadre du projet AMMA
dans notre région d’étude (Boucher et al. 2009a). Parmi les différentes méthodes géophysiques,
les mesures de résonance magnétique protonique (RMP) sont les plus pertinentes à comparer
aux résultats gravimétriques, car le signal RMP est directement sensible { la quantité d’eau
souterraine. Dans le cadre du programme GHYRAF, plusieurs campagnes de mesure RMP ont été
effectuées sur le bassin versant de Wankama. Nous présentons ces résultats dans le chapitre 5 et
proposons ici d’expliquer le principe de fonctionnement de cette méthode géophysique. Une
description détaillée de cette méthode est disponible dans les ouvrages de thèse de J. M.
Vouillamoz (2003) et M. Boucher (2007), ainsi que dans différents articles de recherche (e.g.
Legchenko et al. 2002; 2004).
La résonance magnétique protonique est une méthode de prospection géophysique directement
sensible au contenu en eau du sous-sol, spécialement adaptée pour l’imagerie et la
caractérisation des aquifères (Legchenko et al., 2004). Le principe de la mesure est basé sur la
résonance magnétique nucléaire: le moment magnétique des noyaux d’hydrogènes contenus
dans les molécules d’eau, après avoir été excités par un champ magnétique perturbateur émis {
une fréquence spécifique (dite de Larmor), génèrent un champ magnétique de relaxation
lorsqu’il reviennent { leur état d’équilibre dans un champ magnétique statique (le champ
géomagnétique dans le cas des sondages RMP de terrain).
Sur le terrain, un champ excitateur est émis par injection d’un courant électrique alternatif dans
une boucle déployée { la surface du sol. A l’équilibre, les noyaux d’hydrogènes des molécules
d’eau du sous-sol possèdent un moment magnétique non nul aligné avec le champ
géomagnétique local (Figure 3.7.1). Lors de l’émission du champ magnétique perturbateur, cet
état d’équilibre est modifié et provoque une précession des moments magnétiques autour de la
direction du champ magnétique initial (Figure 3.7.2). Après coupure du champ excitateur, les
noyaux d’hydrogène reviennent { leur état d’équilibre en émettant un champ de relaxation à la
fréquence de Larmor qui est mesuré avec la même boucle qui a servi { l’injection (Figure 3.7.3).
47
CHAPITRE 3 : LES METHODES D’OBSERVATION
Figure 3.7 Séquences observées lors de mesures de résonance magnétique (d’après Legchenko, 2002)
L’amplitude du signal RMP (en nV) est d’autant plus intense que le nombre d’atomes
d’hydrogènes excités est grand et donc directement proportionnelle au contenu en eau du sous
sol. La profondeur des couches investiguée est contrôlée par l’intensité des impulsions
électriques émises. Le temps de relaxation (temps de retour { l’équilibre), est lié à la distance
moyenne entre une molécule d’eau et la phase solide et nous renseigne sur la taille des pores de
la matrice rocheuse (Tableau 3.1).
Temps de relaxation (ms)
Types de formations aquifères
< 30
argiles sableuses
30 - 60
sables argileux, sables très fins
60 - 120
sables fins
120 - 180
sables moyens
180 - 300
sables à gros grains et graveleux
300 - 600
graviers
600 – 1 000
plan d'eau libre
Tableau 3.1 Classement des temps de relaxation en fonction de la granulométrie (d’après Schirov et al., 1991)
48
CHAPITRE 3 : LES METHODES D’OBSERVATION
Nous pouvons mentionner ici que l'enregistrement de la réponse RMP n’est possible qu’après un
délai instrumental de quelques dizaines de millisecondes. En raison de ce temps mort
instrumental, une partie du contenu en eau de l’aquifère n’est pas visible. Comme les temps de
relaxations courts correspondent { l’eau proche des grains solides, l’eau invisible correspondrait
approximativement { l’eau liée. Cette approximation est toutefois dépendante du contexte
lithologique. Comme l’indique le tableau 3.1, les volumes d’eaux contenus au sein des formations
sédimentaires peu perméables, comme les argiles sableuses, sont caractérisés par des temps de
relaxation très courts et ne seront donc pas détectés par les sondages RMP.
3.4. Synthèse
Ce travail de thèse vise apporter de nouvelles contraintes sur le cycle de l’eau en Afrique
sahélienne par la confrontation d’observations multidisciplinaires in situ et satellitaires. Le
tableau 3.2 rappelle les différentes méthodes de mesures utilisées pour caractériser les
variations de stocks d’eau au Sud-Ouest du Niger.
Observations
In-situ
Géodésiques
Hydrogéophysiques
Gravimétrie absolue et
relative
Hydrologie : Pluviométrie,
limnimétrie, mesures de
l’humidité du sol,
piézométrie
GPS différentiel
Géophysique : RMP
Satellitaires
Mission GRACE
Modèles hydrologiques
globaux GLDAS et ECMWF
Tableau 3.2 Méthodes de mesures employées pour l’observation des stocks d’eau sahéliens
49
CHAPITRE 3 : LES METHODES D’OBSERVATION
50
Chapitre 4
Actions des masses d’eau sur la gravité
CHAPITRE 4 : INFLUENCES DE LA VARIABILITE DES STOCKS D’EAU SUR LA GRAVITE
La redistribution des masses d’eau altère le champ de pesanteur terrestre de l’échelle de la
parcelle à celle du continent. Ce chapitre décrit les processus par lesquels les variations des
stocks d’eau continentaux agissent sur la gravité { l’échelle locale et { l’échelle du globe. La
méthode utilisée pour estimer les contributions hydrologiques locale et globale au signal
gravimétrique y est également présentée.
4.1. Actions des masses d’eau sur la gravité
4.1.1. Définition de la gravité
Selon la loi de la gravitation proposée par Newton,
deux corps ponctuels de masse m1 et m2 s'attirent avec
une force d’intensité F proportionnelle à chacune de
ces masses, et inversement proportionnelle au carré
de la distance r qui les sépare.
(4.1)
Cette force est dirigée le long de la ligne connectant les
points 1 et 2, et proportionnelle à la constante
Figure 4.1 Force gravitationnelle, force
centrifuge et force de pesanteur
gravitationnelle G = 6.6742 10-11 m3 kg -1 s-2.
La force de pesanteur est la force agissant sur tout corps de masse m posé au repos à la surface
de la Terre, résultant des actions concurrentes de la force gravitationnelle et de la force
centrifuge, issue de la rotation terrestre. Elle est communément appelée poids et peut être notée
, telle que:
(4.2)
où
est la force gravitationnelle et la force centrifuge d’intensité f, proportionnelle au carré de
la vitesse angulaire de la rotation terrestre
rapport { l’axe de rotation.
et à la distance p du point d’observation par
(4.3)
La figure 4.1 indique les directions respectives de ces forces (les intensités ne sont pas
respectées) pour une terre sphérique, centrée sur un repère cartésien dont l’axe z correspond {
l’axe de rotation terrestre.
52
CHAPITRE 4 : INFLUENCES DE LA VARIABILITE DES STOCKS D’EAU SUR LA GRAVITE
La gravité est l’accélération due la force de pesanteur à la surface terrestre. Elle agit sur toute
masse m, et est notée
telle que :
(4.4)
La gravimétrie mesure l’intensité de cette accélération, notée g. La source principale de variation
de g est la latitude : la gravité est maximale au pôle (~ 9,832 m s-2) et minimale { l’équateur
(~ 9,780 m s-2). Cette variation s’explique du fait de l’ellipticité de la Terre, et de l’action de la
force centrifuge maximale { l’équateur et nulle au pôle. La gravité varie également au cours du
temps. L’exemple le plus frappant est celui des forces de marées, générant des variations de la
gravité de plusieurs milliers de nm s-2 par jour en conséquence des forces gravitationnelles
exercées par les astres entourant la Terre, principalement la Lune et le Soleil (voir section
3.1.1.3).
4.1.2. Actions des masses d’eau
La redistribution des masses d’eau au sein des différents réservoirs hydrologiques agit
également de façon infime (de l’ordre 10-9 à 10-6 nm s-2), mais mesurable sur la gravité (e.g.
Montgomery, 1971; Lambert & Beaumont 1977; Bower & Courtier 1998; Kroner 2001). Cette
action s’exprime principalement du fait des variations de masse, générant une attraction
newtonienne et modifiant la gravité mesurée en surface, mais également par un effet élastique
lié à la déformation de la croûte terrestre sous le poids d’une charge (Longuevergne et al., 2009).
Ces deux processus sont décrits dans les paragraphes suivants. Les méthodes utilisées pour les
évaluer sont détaillées dans les sections 4.2 et 4.3.
4.1.2.1. Attraction newtonienne
Toute variation de masse, superficielle (rivières, lacs, humidité du sol) ou profonde (aquifère),
modifie la gravité terrestre du fait de l’attraction newtonienne. C’est l’effet direct de la force
gravitationnelle: deux corps ponctuels s'attirent avec une force d’intensité proportionnelle à
chacune des masses, et inversement proportionnelle au carré de la distance qui les sépare.
4.1.2.2. Surcharge élastique
Mais la Terre est également un solide élastique, qui se déforme sous le poids d’une charge. La
croûte terrestre subit ainsi un déplacement vertical d’amplitude centimétrique sous l’action des
masses d’eau (Van Dam et al. 2001; Figure 4.2). La gravité mesurée en surface en sera modifiée
53
CHAPITRE 4 : INFLUENCES DE LA VARIABILITE DES STOCKS D’EAU SUR LA GRAVITE
car la distance par rapport au centre de masse de la Terre varie et la configuration massique de
la croûte change lors de sa déformation (Boy & Hinderer, 2006). On désignera par la suite la
surcharge élastique comme la somme de ces effets liés à la flexure de la croûte et au potentiel de
redistribution des masses. Le terme surcharge hydrologique peut également être employé pour
désigner l’effet de surcharge élastique lié aux redistributions des masses d’eau continentales.
L’expression surcharge élastique est traduite en anglais par surface elastic loading (section 5.2).
Figure 4.2 Amplitude maximale du déplacement vertical de la croûte prédit d’après les variations de stock
d’eau continental estimées pour la période de 1994 à 1998 (d’après Van Dam et al. 2001)
4.1.2.3. Echelles spatiales associées aux variations de gravité
Les variations des stocks d’eau modifient la gravité mesurée au sol à cause des effets combinés
de l’attraction newtonienne et de la surcharge élastique. L’effet de ces processus sur la gravité
peut être quantifié pour des variations de stocks d’eau d’étendue variable. Ce calcul est présenté
dans la littérature pour des variations de pression atmosphérique (Merriam, 1992), et pour des
variations caractéristiques des réservoirs aquifères (Llubes et al., 2004). Selon ces travaux, nous
pouvons définir trois échelles spatiales, auxquelles est associé un ordre de grandeur des
variations de gravité liées { l’hydrologie (Tableau 4.1). Compte tenu de la précision des
gravimètres actuels, des variations de gravité supérieures à 10 nm s-2 peuvent être considérées
comme significatives et des variations inférieures comme négligeables.
Attraction
newtonienne
Surcharge
élastique
Locale
(<10 km)
Régionale
(10 à quelques 100 km)
Globale
(> quelques 100 km)
Significative
Négligeable
Significative
Négligeable
Négligeable
Significative
Tableau 4. 1 Variations de gravité associées { différentes échelles spatiales (d’après Llubes et al. 2004).
54
CHAPITRE 4 : INFLUENCES DE LA VARIABILITE DES STOCKS D’EAU SUR LA GRAVITE
(1) L’échelle locale: les variations des stocks d’eau situés dans un rayon de quelques
kilomètres autour du point d’observation génèrent une variation de gravité significative
du fait de l’attraction newtonienne. Cet effet doit être estimé { l’aide de mesures
hydrologiques in situ. Le signal gravimétrique généré par les stocks d’eaux locaux peut
varier de quelques nm s-2 à quelques 1000 nm s-2 en fonction de l’activité hydrologique
du site d’observation. Cet effet est bien sûr très faible en milieu désertique. L’effet de la
surcharge élastique est négligeable { l’échelle locale.
(2) L’échelle régionale: les variations des stocks d’eau situés entre quelques kilomètres et
quelques centaines de kilomètres autour du point d’observation ne génèrent pas de
variation significative de la gravité. En effet les stocks d’eau considérés par cette échelle
constituent un anneau dont le rayon intérieur approche 10 km et le rayon extérieur
100 km : à cette échelle la courbure de la Terre, liée à sa sphéricité, est négligeable, si
bien que les effets d’attraction newtonienne générés par les variations de masse d’eau
sont inférieurs à 10 nm s-2.
(3) L’échelle globale: cette échelle spatiale considère les variations des stocks d’eau sur
toute la surface du globe en dehors de la zone locale du site d’observation, définie par
l’échelle locale (1). Les variations de gravité liée { l’hydrologie globale deviennent
significatives pour des distances supérieures à quelques centaines de km à la fois du fait
de l’attraction newtonienne, mais aussi du fait de la surcharge élastique. L’effet
d’attraction newtonienne est à cette échelle lié à la sphéricité de la Terre: les masses
d’eau lointaines (> 100 km) se situent bien en dessous du point d’observation et agissent
sur la composante verticale de la gravité mesurable à la surface. La somme des effets
d’attraction newtonienne et de surcharge élastique constitue la contribution
hydrologique globale. Cette contribution globale, aussi appelée contribution de grande
longueur d’onde, est de l’ordre de quelques dizaines de nm s-2 (Boy & Hinderer, 2006).
Classiquement, cette contribution est estimée { l’aide d’un formalisme de convolution
faisant appel aux fonctions de Green, décrivant la réponse élastique de la Terre à une
excitation (Farell, 1972). La distribution des masses d’eau à la surface terrestre est dans
ce cas évaluée { l’aide de modèles hydrologiques globaux. Nous verrons dans la partie
4.3 que nous pouvons également utiliser les données satellitaires de la mission GRACE
pour estimer la contribution hydrologique globale.
Les variations de gravité liées { l’hydrologie peuvent être séparées en une contribution locale et
une contribution globale. La première contribution doit être estimée à partir de mesures
55
CHAPITRE 4 : INFLUENCES DE LA VARIABILITE DES STOCKS D’EAU SUR LA GRAVITE
hydrologiques in situ (section 4.2) et la seconde à partir de données satellitaires ou de modèles
hydrologiques offrant une couverture globale (section 4.3). La contribution hydrologique
globale ne peut être négligée lors de l’interprétation du signal gravimétrique mesuré au sol, sous
peine de mésestimer l’effet des stocks d’eaux locaux. La méthode utilisée pour calculer les effets
gravimétriques de la variabilité des stocks d’eau locaux et globaux est détaillée pour notre site
d’étude dans les sections suivantes.
4.2. Influences hydrologiques { l’échelle locale
4.2.1. Calcul de l’attraction newtonienne
Au premier ordre, { l’échelle locale, les variations gravimétriques sont dues { l’attraction
newtonienne des masses d’eau proches du point de mesure (< 10 km). La composante
verticale de la gravité ∆g est alors calculée pour la somme des volumes élémentaires dV
dans un volume total V représentant la variation de stock d’eau.
G (6.6742
10-11 m3 kg
-1
(4.5)
s-2) est alors la constante gravitationnelle, ρ (kg m-3) la masse
volumique associée à la variation de stock d’eau (c'est-à-dire la masse d’eau par unité de
volume), r (m) la distance entre le point d’observation et le volume élémentaire dV, et α l’angle
entre l’axe vertical et r. La géométrie des stocks d’eau peut être décrite par une configuration
de prismes rectangulaires de dimensions et de masses volumiques variables. La composante
verticale de l’attraction gravitationnelle est alors calculée pour chaque prisme rectangulaire
de masse volumique constante (e.g. Haàz, 1953; Nagy, 1966; Nagy et al., 2000 & 2002;
Leirião et al., 2009). Lorsque cette intégration est réalisée dans un repère cartésien centré
sur le point d’observation nommé P:
(4.6)
, où
est la distance d’un point du prisme de
coordonnées
au centre P du repère choisi, et
et
sont les coordonnées minimales et
maximales définissant le prisme (Figure 4.3).
La variation de gravité peut ainsi être calculée pour n’importe
quelle géométrie de stock d’eau comme la somme des
attractions générées par chaque prisme.
56
Figure 4. 3 Prisme rectangulaire
CHAPITRE 4 : INFLUENCES DE LA VARIABILITE DES STOCKS D’EAU SUR LA GRAVITE
4.2.1.1. Effet d’un plateau infini de Bouguer
Lorsque la géométrie des variations des stocks d’eau est inconnue, la façon la plus simple de
modéliser leur effet sur la gravité est de considérer un plateau infini d’épaisseur variable dont
on ajuste la teneur en eau. Cette approche a été suggérée par Pierre Bouguer au XVIIIème siècle,
pour tenir compte des variations de gravité liées à la topographie. L’effet gravitationnel d’un
plateau infini de masse volumique ρ et de hauteur h s’exprime alors :
(4.7)
La variation de gravité ∆gB générée par une telle charge est désignée comme l’effet d’un
plateau infini de Bouguer ou plus simplement effet de plateau. Dans le cas d’une lame d’eau,
égale 1000 kg m-3 et la variation de gravité générée est de 420 nm s-2 par mètre
d’épaisseur d’eau. Cet effet est indépendant de la distance au point de mesure et correspond
{ l’attraction maximale pouvant être générée par une masse déterminée, quelle que soit sa
géométrie. Le terme de charge sera souvent employé pour désigner un corps pesant de
masse et de géométrie quelconques.
4.2.1.2. Charge hydrologique à dimension finie
La variation de gravité causée par une charge hydrologique à géométrie finie sera fonction
de l’étendue, ainsi que de la distance de cette charge par rapport au point d’observation
(Figure 4.4). Pour une étendue donnée, le signal gravimétrique diminue quand la
profondeur de la charge augmente. A contrario, pour une profondeur donnée, le signal
gravimétrique augmente avec le rayon de la charge. A partir d’un certain rayon, l’effet de
plateau est atteint. Des variations de stock d’eau très superficielles génèrent une variation
de gravité égale { l’effet de plateau pour une extension de seulement quelques mètres. Des
variations de stock plus profondes doivent être plus étendues pour générer une variation
significative de la gravité : une charge située à 10 m de profondeur occasionne une variation
de gravité égale { l’effet de plateau pour un rayon d’un kilomètre (Figure 4.4).
Du point de vue de la mesure gravimétrique, cela signifie que des variations de stock d’eau
de petit volume sont détectées en surface, alors qu’un plus grand volume est échantillonné
en profondeur. Des masses d’eau situées { une altitude proche du capteur gravimétrique
mais à une distance latérale de plus de quelques mètres ne participeront pas au signal
gravimétrique. Mathématiquement, cet effet est du au fait que la variation de gravité
57
CHAPITRE 4 : INFLUENCES DE LA VARIABILITE DES STOCKS D’EAU SUR LA GRAVITE
mesurée est la projection sur la verticale de l’attraction gravitationnelle générée par la
charge considérée. Un terme en cos α apparaît alors dans l’expression de la variation de
gravité (équation 4.5), égal à 0 quand la charge est située à la même altitude que le point de
mesure et égal à 1 quand la charge est située à la verticale du point de mesure.
Figure 4.4 Variation de la gravité due { un disque d’eau d’1m d’épaisseur et de rayon croissant situé {
différentes profondeurs. La variation de gravité est normalisée par l’effet d’un plateau infini d’1m d’épaisseur
(420 nm s-2).
4.2.2. Modélisation du signal gravimétrique associé aux variations des réservoirs
hydrologiques locaux
L’hydrologie locale du site de Wankama peut être divisée en 3 réservoirs principaux: la
mare temporaire se remplissant pendant la saison de pluies, la zone non saturée (également
appelée zone vadose) correspondant { l’épaisseur de sol entre la surface et la nappe, qui est
aussi appelée zone saturée ou aquifère, et constitue le dernier des trois réservoirs
hydrologiques. L’attraction newtonienne associée { chacun de ces réservoirs peut être
calculée séparément. Les modèles de réservoirs utilisés sont détaillés ci après par ordre de
simplicité.
58
CHAPITRE 4 : INFLUENCES DE LA VARIABILITE DES STOCKS D’EAU SUR LA GRAVITE
Figure 4. 5 Coupe hydrogéologique schématique du site de mesure (d’après Boucher et al., 2011). Le terme
FG5 est employé pour désigner le gravimètre absolu.
4.2.2.1. Modélisation de la mare temporaire
La mare est le réservoir dont les variations de stock sont les plus simples à modéliser. Sa
bathymétrie est évaluée par un modèle numérique de terrain (MNT), établi avec une
précision centimétrique grâce à un relevé par GPS différentiel réalisé avec un pas de 20 m
dans la partie aval du bassin versant (~ 0.5 km2). Le niveau d’eau est également connu grâce
à des enregistrements limnimétriques continus, contrôlés par de fréquentes (au minimum
hebdomadaires) lectures du niveau d’eau pendant la saison des pluies (chapitre 3). Le
volume d’eau mis en jeu peut alors aisément être défini { l’aide d’une configuration de
prismes rectangulaires dont la base correspond au maillage choisi du MNT et l’épaisseur { la
différence d’altitude entre le niveau de l’eau et la surface du sol. L’attraction newtonienne
est ensuite calculée pour chaque prisme de masse volumique égale à 1000 kg m-3. Les
contributions de chaque prisme sont ajoutées pour obtenir la variation de gravité due au
remplissage de la mare au point d’observation considéré. La position de chaque point de
mesure a été estimée précisément par GPS. Les différences d’altitudes entre les principaux
points de mesures (gravimétrie et piézométrie) ont également été évaluées par nivellement.
Les variations de gravité dues au remplissage de la mare peuvent être calculées sur toute la
zone aval du bassin versant (Figure 4.6). Les variations de gravité atteignent jusqu’{
1000 nm s-2 au dessus de la surface de l’eau, mais deviennent très vite négligeables
(< 10 nm s-2) en dehors.
59
CHAPITRE 4 : INFLUENCES DE LA VARIABILITE DES STOCKS D’EAU SUR LA GRAVITE
Figure 4. 6 Variations de gravité modélisées pour le remplissage maximal de la mare observé sur les deux
années de mesures limnimétriques (mai 2008 - mai 2010). Le rond et les carrés blancs indiquent la position
des stations de mesures gravimétriques absolue et relatives. Les variations de gravité en dehors de la surface
de l’eau sont inférieures à 15 nm s-2, et diminuent rapidement en s’éloignant des rives de la mare.
4.2.2.2. Modélisation de la nappe
La profondeur de la nappe est mesurée en continu par 4 enregistreurs piézométriques
disposés sur un profil Est-Ouest, indiquant la formation d’un dôme piézométrique de
plusieurs mètres d’amplitude entre la saison sèche et la saison humide (Figure 4.5). La
variation de gravité associée au battement de la nappe entre les temps t et t+1 est calculée
pour une configuration de prismes dont les caractéristiques sont définies telles quelles:
-
La base et le sommet de chaque prisme sont définis par la position du toit de la
nappe aux temps t et t + 1 respectivement. Le toit de la nappe est supposé linéaire
entre chaque piézomètre, symétrique par rapport { l’axe de la mare (axe Nord Sud
contenant P0), et constant dans la direction Nord Sud (Figure 4.5).
-
Chaque prisme mesure 1 m de longueur dans la direction du profil piézométrique
(Est Ouest) et 10 km dans la direction perpendiculaire (Nord Sud).
-
La masse volumique de chaque prisme est égale { la masse volumique de l’eau
(p = 1000 kg m-3) que multiplie la porosité de drainage de l’aquifère notée Sy
(specific yield en anglais : section 5.2). La porosité de drainage est définie comme
rapport du volume d’eau pouvant être drainé par gravité par rapport au volume
total de roche. La valeur de Sy est supposée constante dans la zone de battement de
la nappe.
60
CHAPITRE 4 : INFLUENCES DE LA VARIABILITE DES STOCKS D’EAU SUR LA GRAVITE
La variation de gravité modélisée est proportionnelle { la porosité de drainage de l’aquifère
(Figure 4.7). Celle-ci peut être ajustée afin d’expliquer au mieux les mesures gravimétriques
réalisées sur le site de Wankama (Chapitre 5). Environ 95 % du signal gravimétrique associé
aux variations de la nappe est généré dans un rayon de 300 m autour du point
d’observation. Un exemple des relations existant entre la profondeur de la charge et son
rayon d’action est donné dans la figure 4.4. Lorsque le dôme piézométrique est à son
maximum, les variations de gravité modélisées diffèrent d’environ 20 % par rapport { l’effet
d’un plateau prenant en compte les variations de niveau au piézomètre le plus proche (P3).
Figure 4. 7 Mesures du battement de la nappe et variations gravimétriques modélisées au point FG5. Le terme
FG5 est employé pour désigner le gravimètre absolu.
4.2.2.3. Modélisation de la zone non saturée superficielle
La zone non saturée est la plus difficile à modéliser en raison de son hétérogénéité spatiale
et temporelle. Les processus de redistribution de l’eau y sont influencés par la topographie,
le couvert végétal, l’état de la surface du sol ou encore la variabilité spatiale des
précipitations (Peugeot et al., 2003; Ramier et al., 2009). En l’absence de mesure d’humidité
{ proximité directe du site d’observation, l’effet de la zone non saturée peut être évalué en
tenant compte d’une gamme de valeurs joignant deux limites, fixées par des mesures in situ.
Les stations mil et jachère constituent deux pôles d’occupation du sol différents sur le bassin
versant. Les mesures d’humidité du sol qui y sont réalisées par sondes capacitives peuvent dès
lors être utilisées pour estimer la gamme possible des teneurs en eau dans le sol (Figure 4.8).
61
CHAPITRE 4 : INFLUENCES DE LA VARIABILITE DES STOCKS D’EAU SUR LA GRAVITE
Figure 4.8 Variations du contenu en eau du sol Ѳ (%) estimées par les sondes capacitives placées à 0.1, 1 et
2.5 m sous la surface du sol aux stations de flux. Les mesures réalisées à 0.5, 1.5 et 2 m ne sont pas
représentées sur ce graphique, mais peuvent facilement être interpolées à partir des mesures présentées.
Les 3 premiers mètres de sol peuvent être modélisés par une succession de 6 couches
suivant la topographie de profondeurs respectives 0 à 0.25 m, 0.25 à 0.75 m, 0.75 à 1.25 m,
1.25 à 1.75 m, 2.25 à 3m. Les mesures réalisées par les sondes capacitives permettent alors
d’estimer le stock d’eau S (m) des 3 premiers mètres de sol, tel que la teneur en eau θ(%) de
chaque couche de sol est multipliée par son épaisseur :
(4.8)
Chaque couche est ensuite discrétisée par une association de prismes rectangulaires, dont la
masse volumique égale la masse volumique de l’eau multipliée par la teneur en eau de la
couche considérée (divisée par 100 si exprimée en %). La variation de gravité ∆gflux associée
à la variation du stock d’eau à la station de flux est alors calculée comme la somme des
attractions générées par chaque prisme.
62
CHAPITRE 4 : INFLUENCES DE LA VARIABILITE DES STOCKS D’EAU SUR LA GRAVITE
Comme la teneur en eau au point d’observation est inconnue, la variation de gravité ∆gsol
due aux variations d’humidité du sol y est modulée par un facteur I compris entre 0 et 1, tel
que:
(4.9)
De la sorte, toute la gamme de valeurs d’humidité est investiguée entre un sol sec (I=0) et un sol
aussi humide qu’{ la station de flux considérée (I=1). La figure 4.9 présente les variations de
stock d’eau aux stations de flux associées aux variations de gravité modélisées. Les valeurs de
gravité obtenues correspondent à l’effet d’un plateau infini de Bouguer dont l’épaisseur égale la
hauteur du stock d’eau. La topographie n’a que très peu d’effet sur les valeurs de gravité
modélisées. En effet celle-ci est peu marquée sur le bassin versant (pente ~ 0 –3 %). De plus,
comme les charge sont très superficielles, leur rayon d’action est très faible: environ 95 % du
signal gravimétrique est généré dans un rayon de moins de 50 m autour du point d’observation.
Nous rappelons que la relation existant entre la profondeur de la charge et son rayon d’action a
été discutée dans la section 4.2.1 (Figure 4.4).
Figure 4.9 Mesures des variations du stock d'eau du sol entre 0 et 3m et variations gravimétriques modélisées
aux stations mil et jachère. Les mesures d’humidité manquantes ont été interpolées linéairement pour le
calcul des variations de gravité associées.
Ce modèle permet uniquement d’estimer les variations de gravité associé au stockage d’eau dans
les trois premiers mètres de sol pour des sites où les variations du contenu en eau sont à priori
63
CHAPITRE 4 : INFLUENCES DE LA VARIABILITE DES STOCKS D’EAU SUR LA GRAVITE
inférieures à celles mesurées aux stations mil et/ou jachère. Les mesures d’humidité réalisées à
la station jachère indiquent que l’infiltration d’eau y reste superficielle (< 1.5 m). Notre modèle
peut donc y être appliqué. Au contraire, { la station mil, l’humidité du sol varie toujours, bien que
faiblement, à 2.5 m de profondeur (Figure 4.8). Notre modèle ne pourra être appliqué qu’à des
zones de stockage à priori plus faible, comme par exemple les surfaces de sol dégradées
présentant un fort encroûtement (Cuenca et al., 1997, Peugeot et al., 2003, Seguis et al., 2004,
chapitre 2). L’infiltration d’eau dans le sol peut être plus profonde au niveau des mares
(Desconnets et al., 1997), des ravines et de leurs cônes d’épandage (Massuel et al., 2006), et des
brousses tigrées (Cuenca et al., 1997, Galle et al., 1999). Notre modèle d’humidité du sol pourrait
être adapté à ces espaces en utilisant d’autres mesures d’humidité plus profondes.
4.2.3. Artefacts liés au site d’instrumentation
4.2.3.1. Effet « parapluie »
Nous nous intéresserons dans cette section aux effets des bâtiments de mesure sur le signal
gravimétrique. Différentes approches ont été réalisées en ce sens aux observatoires géodésiques
du Larzac (France) et de Wettzell (Allemagne). Il est montré que les bâtiments de mesure
agissent comme un parapluie, protégeant les gravimètres de la pluie et des variations de masse
les plus superficielles (Creutzfeldt et al., 2008 ; Deville et al., 2011). La présence de bâtiments
peut ainsi diminuer significativement le signal gravimétrique du aux variations d’humidité dans
les premiers mètres de sol.
A Wankama, les sites de mesures gravimétriques sont instrumentés par des piliers en béton de
dimensions variables. Les piliers affectés aux mesures de gravimétrie absolue (type FG5) sont
coulés dans une fosse de 1 m 1 m
1 m et dominés par un socle de 1.1 m 1.1 m 0.15 m au
dessus de la surface du sol. Les piliers affectés aux mesures de gravimétrie relative (type CG5)
mesurent 0.3 m 0.3 m 0.5 m. Il ne peut y avoir de variation d’humidité dans la zone bétonnée
occupée par le pilier. Les variations de la gravité causées par les variations d’humidité
superficielle en seront donc atténuées. Une quantification des ces effets est proposée dans la
figure 4.10 pour différentes configurations de mesure et des variations d’humidité de plus en
plus profondes.
64
CHAPITRE 4 : INFLUENCES DE LA VARIABILITE DES STOCKS D’EAU SUR LA GRAVITE
Figure 4.10 Réduction du signal gravimétrique due à la présence d’un pilier de mesure. La réduction du signal
gravimétrique est exprimée en pourcentage de l’effet de plateau. Le terme FG5 désigne le gravimètre absolu
de type FG5 et le terme CG5 le gravimètre relatif de type CG5.
La réduction du signal gravimétrique dépend de la distance du capteur de mesure par rapport à
la charge et de la taille du pilier. Lorsque la mesure est réalisée avec un gravimètre de type CG5,
le signal gravimétrique dû aux variations d’humidité superficielles est fortement masqué par la
présence d’un pilier de grande dimension type FG5: 10 à 50 % du signal est perdu. Cet effet est
amoindri lorsque la mesure est réalisée avec un gravimètre de type FG5 car le capteur de
l’instrument est situé plus haut. La mesure gravimétrique englobe alors un rayon plus large et
moins de 10 % du signal est perdu. Une mesure réalisée avec un CG5 sur un pilier adapté sera
sensible { plus de 90 % du signal gravimétrique généré par les variations d’humidité dans les
trois premiers mètres de sol. Ce modèle simple indique une réduction systématique du signal
gravimétrique causé par les variations de masses superficielles du fait de la présence d’un pilier.
Cet effet devient significatif lorsque des mesures de gravimétrie relatives sont réalisées sur un
pilier de grande dimension (1 m 1 m 1 m).
En plus du pilier de mesure, chaque station de gravimétrie absolue est protégée du vent et de la
pluie par une case de 3 m de diamètre, représentée dans les figures 4.11a et b. L’infiltration
d’eau au niveau du site de mesure peut être atténuée du fait de la présence de la case, jouant le
rôle d’un parapluie pour le gravimètre (Creutzfeldt et al., 2008). La figure 4.11c nous indique la
réduction du signal gravimétrique causée par la case, si celle si éclipsait totalement les
variations d’humidité sous la surface protégée par le toit. Dans ce cas, 80 { 30 % du signal causé
par les variations d’humidité dans les 3 premiers mètres de sol serait perdu lors de mesures
CG5, et 45 à 20 % du signal serait perdu lors de mesures FG5. Nous pouvons noter sur la figure
65
CHAPITRE 4 : INFLUENCES DE LA VARIABILITE DES STOCKS D’EAU SUR LA GRAVITE
4.11c, que plus les variations de teneur en eau sont profondes, plus le masque imposé par la case
de mesure sera faible. Le modèle présenté maximise l’effet de la case : la teneur en eau à
l’aplomb de la case peut bien sûr varier grâce { des processus de transferts d’eau dans le sol.
Figure 4.11 Effet de la case de mesure sur le signal gravimétrique enregistré. a) Photographie de la case
gravimétrique aval (juillet 2008). b) Vue schématique de la case gravimétrique. c) Diminution du signal
gravimétrique liée { la présence de la case pour une lame d’eau d’épaisseur croissante. Nous supposons qu’il
n’y a pas de variation d’humidité sous la case (création d’un masque de 3 m de diamètre et d’épaisseur
croissante). La réduction du signal gravimétrique est exprimée en pourcentage de l’effet de plateau. Le terme
FG5 désigne le gravimètre absolu de type FG5 et le terme CG5 le gravimètre relatif de type CG5.
Il est important de mentionner les effets liés à l’instrumentation des stations gravimétriques
pour mieux comprendre les processus influençant la variabilité du signal au voisinage des sites
de mesure. Toutefois, les modèles présentés dans cette section ne permettent pas d’estimer les
66
CHAPITRE 4 : INFLUENCES DE LA VARIABILITE DES STOCKS D’EAU SUR LA GRAVITE
phénomènes de percolation et de transfert d’eau au voisinage du pilier et de la case, bien plus
complexes { quantifier. La modélisation du signal gravimétrique dû aux variations de stock d’eau
dans la zone non saturée (section 4.2.2) tient compte d’une gamme d’humidité variable entre un
sol sec et un sol dont la teneur en eau est mesurée aux stations de flux. La réduction des
variations de gravité liées aux bâtiments de mesure peut alors être considérée comme une
source d’incertitude supplémentaire, intégrée à la gamme de fluctuation du modèle.
4.2.3.2. Enfoncement du pilier de mesure
Les piliers de mesure ont été construits afin que les mesures gravimétriques soient toujours
réalisées à la même position et à la même altitude. Une variation de l’altitude du capteur de
mesure entraîne une variation de la gravité d’environ 30 nm s-2 par cm. Ce rapport est connu
sous le nom de gradient { l’air libre. Il permet de calculer la variation de gravité liée à un
déplacement vertical ne s’accompagnant d’aucune variation de masse.
Une modélisation simple a été entreprise par A. Spickermann de l’équipe de Géophysique
Expérimentale de l’IPGS, afin de déterminer l’enfoncement du pilier de mesure sous son propre
poids. Le pilier est supposé rigide, de comportement linéaire élastique. Le sol sableux est
supposé parfaitement plastique et complètement sec. Le critère de plasticité de Mohr-Coulomb
est appliqué pour évaluer la déformation du sable sous l’action du pilier. Selon ces hypothèses, le
tassement dû à la compression des couches de sable sous le poids du pilier est de l’ordre de
quelques mm (Figure 4.12).
Densité ρ
[kg/m3]
Module de
Young E
[kN/m²]
Rapport de
Poisson ν [-]
Angle de
friction [°]
Angle de
dilatation [°]
Cohésion
[kN/m²]
Béton
Sable
2406,8
1500
2,9E+07
1,4E+04
0,15
0,25
-
30
-
0
-
0
Tableau 4.2 Paramètres des matériaux utilisés
pour le sable et le béton (Von Soos, 2001)
Figure 4. 12 Valeurs modélisées pour le déplacement
vertical du pilier (communication A. Spickermann)
67
CHAPITRE 4 : INFLUENCES DE LA VARIABILITE DES STOCKS D’EAU SUR LA GRAVITE
La variation de gravité associée à ce tassement sera inférieure à 30 nm s-2. Cette valeur ne peut
être considérée que comme un ordre de grandeur au vu des hypothèses faites concernant les
propriétés des matériaux et le type de déformation considérée (déformation élasto-plastique).
Le tassement du sol s’effectue généralement peu après la construction du pilier. Les premières
mesures ont eu lieu plus de 3 mois après la construction. L’effet de l’enfoncement du pilier sous
son propre poids peut donc vraisemblablement être négligé.
4.2.4. Poroélasticité
Les variations d’humidité du sol peuvent également affecter la position du point de mesure, et
par conséquent la valeur de la gravité mesurée. Le sol peut être considéré comme un milieu
poreux et élastique se déformant lorsque le volume d’eau contenu dans ses pores varie et
modifie la pression exercée sur leurs parois: c’est l’effet de poroélasticité (Biot, 1941). Des
déplacement verticaux de quelques dizaines de millimètres d’amplitude ont ainsi été observés
par GPS ou INSAR au voisinage de grands aquifères alluviaux et attribués à des phénomènes
poroélastiques (Hoffmann et al., 2001; Burbey et al., 2005; King et al., 2007).
Les sédiments argileux sont particulièrement sensibles aux déformations poroélastiques, du fait
de leur structure en feuillets. Le matériau se déforme lorsque de l’eau pénètre ou quitte l’espace
interfoliaire (e.g. Gaombalet, 2004). Des argiles particulièrement gonflantes du type
montmorillonite ont été détectées lors de forages réalisés dans la région de Diffa, au Sud Est du
Niger (Hector et al., 2010b). Ces niveaux argileux sont situés à proximité de la zone de
fluctuation de l’aquifère libre local. Deux effets antagonistes agissent sur la gravité lors de
l’humectation de ces couches argileuses. D’une part un signal gravimétrique positif est généré du
fait de l’attraction newtonienne des masses déplacées lors de la montée de la nappe (courbe
rouge: Figure 4.13). D’autre part un signal gravimétrique négatif est généré du fait du
gonflement des argiles, et de la surrection subséquente du site de mesure gravimétrique (courbe
bleue: Figure 4.13). Nous pouvons noter que l’humectation de la couche argileuse est
extrêmement rapide, alors que son assèchement est plus progressif. Les variations
gravimétriques associées aux phénomènes d’humectation et de dessiccation des argiles peuvent
atteindre 10 à 20 nm s-2 (Figure 4.13). Cet ordre de grandeur n’a toutefois pas pu être confirmé
par les mesures de terrain requises, l’accès { cette région ayant été bloqué en juillet 2010.
68
CHAPITRE 4 : INFLUENCES DE LA VARIABILITE DES STOCKS D’EAU SUR LA GRAVITE
Figure 4.13 Comparaison des variations de gravité mesurées et modélisées pour le site de Bagara (Diffa,
Niger). Les variations de gravité modélisées sont calculées à partir des variations du niveau de la nappe
enregistrées par piézométrie, pour une porosité de drainage de 20 %. Le modèle indiqué en pointillé bleu
tient compte du gonflement de la couche d’argile lors de sa saturation (d’après Hector, 2010a)
L’aquifère libre du Continental Terminal (CT3) est formé d’une alternance de grès composés
principalement de sable et de silice (Greigert & Bernert 1979; Lang et al. 1990; Favreau 2000;
Massuel 2005). Le CT3 contient également une fraction de sédiments argileux, à priori peu
favorable aux phénomènes poroélastiques (argilites). Les prélèvements réalisés sur le site de
Wankama et analysés par diffraction de rayons X confirment l’abondance de quartz dans les
sédiments du CT (Massuel et al., 2006). Ces travaux indiquent également que la fraction
argileuse est principalement constituée de kaolinite, avec quelques traces de goethite. Des
concentrations extrêmement faibles en montmorillonite ont de plus été mesurées dans les
argiles déposées au niveau de la mare de Banizoumbou, située à quelques kilomètres au sud de
Wankama (Martin Rosales, communication personnelle). La structure sédimentaire du CT3 est
toutefois extrêmement hétérogène et il est impossible de conclure quant { la présence d’argiles
gonflantes à proximité du site de mesure, bien que cela paraisse peu probable.
De juillet à septembre 2009, deux antennes GPS semi-permanentes ont été installées sur le
plateau situé au Nord de la route N25 et à proximité de la mare temporaire (voir Figure 2.12),
dans le but d’identifier d’éventuels mouvements verticaux du sol. Malheureusement,
l’alimentation électrique assurée par des panneaux solaires s’est révélée insuffisante pour
maintenir les antennes GPS en état d’acquisition permanent. Les fréquentes coupures de courant
subies au cours de la mission se ressentent sur le bruit des mesures atteignant ~ 4 cm (Figure
4.14). Aucun déplacement vertical excédant le bruit de mesure ne peut être mis en évidence
dans ce jeu de données.
69
CHAPITRE 4 : INFLUENCES DE LA VARIABILITE DES STOCKS D’EAU SUR LA GRAVITE
Figure 4.14 Déplacement vertical estimé à la station à proximité de la mare temporaire par GPS différentiel
(données traitées et communiquées par C. Champollion, Géosciences Montpellier)
Les observations in situ existantes ne permettent pas de mettre en évidence d’éventuels effets
poroélastiques. En l’absence de données supplémentaires, ceux-ci seront négligés pour le site de
Wankama.
4.2.5. Synthèse des contributions hydrologiques locales
A l’échelle locale, les variations des masses d’eau agissent sur le signal gravimétrique
principalement par attraction newtonienne. A Wankama, les variations de stock d’eau se
répartissent au sein de trois réservoirs principaux : la mare, la zone non saturée et la nappe.
L’attraction newtonienne associée aux variations de masse d’eau est calculée pour chacun de ses
réservoirs sur la base de données in situ. Des hypothèses fortes sont faites pour contraindre les
variations des stocks d’eau dans la nappe et la zone non saturée:
-
La nappe est supposé symétrique par rapport { l’axe mare et infinie dans la direction
Nord-Sud (modèle à deux dimensions). Sa porosité de drainage est supposée constante
dans la zone de fluctuation.
-
Les variations d’humidité dans la zone non saturée sont modélisées uniquement pour les
trois premiers mètres de sol. Les teneurs en eau du sol sont supposées inférieures ou
égales à celles mesurées aux stations de flux. Ce modèle est adapté { l’étude de sites où
l’infiltration d’eau dans le sol est faible.
70
CHAPITRE 4 : INFLUENCES DE LA VARIABILITE DES STOCKS D’EAU SUR LA GRAVITE
La présence de piliers et de cases sur les sites de mesures tend à réduire le signal gravimétrique
du aux variations d’humidité superficielles. Ces effets sont intégrés indirectement au modèle de
la zone non saturée, car la réponse gravimétrique aux variations d’humidité du sol est calculée
pour toute une gamme de valeurs possibles entre un sol sec et un sol aussi humide que l’indique
les mesures in situ disponibles. Toutefois si la présence de piliers tend à masquer une partie du
signal hydrologique, leur rôle est vital pour interpréter des variations de gravité de faible
amplitude. Ils permettent de conserver une position et surtout une altitude du capteur
gravimétrique identique entre chaque mesure. Un déplacement d’1 cm sur la verticale génère
une variation de la gravité de 30 nm s-2. Les déplacements verticaux dus à la compression du sol
sous le poids du pilier ou à des effets poroélastiques sont vraisemblablement négligeables sur le
bassin versant de Wankama. Les stratigraphies réalisées dans la région indiquent une structure
sédimentaire hétérogène au sommet de l’aquifère du CT, composée majoritairement de grès
sablo-silteux, peu sensibles aux déformations élastiques. Des mesures GPS ont été réalisées
durant l’été 2009 afin de détecter de possibles déplacements verticaux, mais aucun signal n’a pu
être identifié dans le bruit de mesure, atteignant 4 cm. La figure 4.15 propose une
représentation synthétique du modèle des stocks d’eau locaux { Wankama. Les mesures
gravimétriques seront utilisées dans les chapitres suivants pour déterminer les paramètres
inconnus du stockage d’eau dans le sol : la porosité de drainage de l’aquifère et la teneur en eau
de la zone non saturée.
Figure 4.15 Coupe schématique du site de mesure présentant les niveaux d’eau modélisés dans la mare, la
zone non saturée et la nappe à la fin de la saison sèche et à la fin de la saison des pluies. La teneur en eau du
sol est inconnue au niveau du site de mesure, ainsi que la porosité de drainage Sy dans la zone de fluctuation
de l’aquifère. Le terme FG5 désigne le gravimètre absolu, et P0, P1, P2 et P3 les 4 piézomètres. La mare est
vide à la fin de la saison sèche.
71
CHAPITRE 4 : INFLUENCES DE LA VARIABILITE DES STOCKS D’EAU SUR LA GRAVITE
4.3. Influences hydrologiques { l’échelle continentale
En plus des perturbations locales mentionnées précédemment, les mesures de gravité sont
influencées par les redistributions de masses d’eau { l’échelle du globe, du fait de la
déformation élastique de la Terre et de sa sphéricité. La première partie de cette section
présente de façon synthétique la théorie associée au calcul des variations de gravité
générées par les variations de masses d’eau { l’échelle globale. Ces variations de gravité
seront alors calculées pour notre site d’étude à partir des différentes données satellitaires à
disposition.
4.3.1. Théorie associée au calcul des déformations terrestres
L’étude des déformations subies par la Terre est extrêmement complexe, car le changement de
forme de la planète et les variations de son champ de gravité sont en étroite interaction. La
théorie de la gravito-élasticité permet d’étudier de façon couplée le champ de déplacement
appliqué à la surface terrestre et le potentiel gravifique. Cette théorie est basée sur trois
principes fondamentaux: la conservation de la masse, la conservation de la quantité de
mouvement et l’équation de Poisson reliant le potentiel gravitationnel à la masse volumique
(Peltier 1974, Wu & Peltier 1982).
La résolution de ces équations fondamentales aboutit au calcul des nombres de Love. Ces
nombres ont été établis par Augustus Edward Hough Love (1909) pour caractériser la façon
dont un corps céleste se déforme sous l’effet des marées en fonction de sa composition interne.
Dans le cas d’un corps sphérique, les équations de gravito-élasticité peuvent être résolues après
avoir été projetées sur la base des harmoniques sphériques. La longueur d’onde λ associée à une
harmonique sphérique de degré n est pour un corps sphérique de rayon a:
(4.10)
Ces harmoniques sont adaptées à l’étude des variations du champ de pesanteur aux échelles
régionales ou globales. Pour décrire une déformation locale, il faut une infinité de fonctions
harmoniques. Chaque nombre de Love calculé est donc par la suite associé à un degré
harmonique et à un modèle de Terre particulier. Trois nombres de Love permettent de
représenter la déformation de la Terre en réponse au potentiel de marée :
– kn décrit la modification du potentiel gravitationnel
– hn décrit le déplacement radial
– ln décrit le déplacement horizontal
72
CHAPITRE 4 : INFLUENCES DE LA VARIABILITE DES STOCKS D’EAU SUR LA GRAVITE
Les nombres de Love diffèrent pour la description d’une déformation générée par une charge
répartie en surface. Ils sont alors désignés par k’n, h’n, l’n. Plusieurs auteurs ont calculé ces
nombres de Love pour les modèles de Terre disponibles à leur époque (e.g. Farrell, 1972,
Pagiatakis 1990). Pour la suite de cette étude, nous utiliserons les nombres de Love calculés
pour le modèle de Terre PREM (Preliminary Reference Earth Model: Dziewonski et Anderson,
1981).
Ces nombres, une fois déterminés, permettent d’établir les fonctions de Green décrivant la
réponse élastique de la Terre aux variations des masses d’eau distribuées en surface. Ces
fonctions sont couramment utilisées pour calculer les variations du champ de pesanteur
terrestre associées aux processus de surcharge élastique et d’attraction newtonienne (Longman
1962, Longman 1963, Farrell 1972, Peltier 1974, Le Meur & Hindmarsh 2000). Elles s’expriment
en fonction de la distance angulaire
charge unitaire et peuvent s’écrire:
entre le point d’observation et le point d’application de la
(4.11)
où
est la fonction de Green associée { l’attraction newtonienne,
la masse ponctuelle et
le rayon de la Terre
(4.12)
où
est la fonction de Green associée aux déformations élastiques,
à la surface de la Terre,
sa masse, et
est la gravité moyenne
les polynômes de Legendre de degré n.
Les variations de la gravité totale g peuvent alors s’exprimer comme la somme des effets
newtoniens et élastiques dans le domaine spatial ou spectral (de Linage, et al. 2007) :
(4.13)
(4.14)
Pour calculer les variations de la gravité générées par une répartition des masses sur une
surface S, il suffit alors de convoluer la fonction de distribution de masse
Green associée { l’effet recherché :
73
avec la fonction de
CHAPITRE 4 : INFLUENCES DE LA VARIABILITE DES STOCKS D’EAU SUR LA GRAVITE
(4.15)
Il est possible de calculer de façon identique le déplacement radial ou tangentiel à la surface
terrestre, en utilisant la fonction de Green adaptée. L’ouvrage de thèse de L. Longuevergne
(2008) procure d’avantage de précisions sur les différentes fonctions de Green, leur
domaine d’utilisation et leurs limites, que nous ne chercherons pas { développer dans cette
partie. Nous pouvons également proposer au lecteur de se référer au mémoire d’A. Memin
(2007) pour une description plus complète de la théorie de la gravito-élasticité.
4.3.2. Calcul de la contribution hydrologique globale
Les techniques spatiales d’observation de la Terre offrent depuis peu l’opportunité d’étudier
avec une vision globale les différentes composantes du cycle de l’eau sur les continents.
Différents modèles hydrologiques librement accessibles proposent d’estimer les
redistributions des masses d'eau { la surface terrestre { partir d’un ensemble de données
satellitaires. Classiquement, le calcul des variations de gravité associé aux charges
hydrologiques de grande extension est réalisé en utilisant un formalisme de convolution
associant les sorties de modèles hydrologiques globaux aux fonctions de Green (Boy &
Hinderer, 2006). Les variations temporelles du champ de pesanteur dérivées des satellites
GRACE peuvent également être utilisées pour évaluer l’effet de charges hydrologiques
globales.
4.3.2.1. A partir de modèles hydrologiques globaux
La redistribution des masses à la surface du globe génère une variation de la gravité,
pouvant être calculée par convolution de la fonction décrivant la distribution de masse aux
fonctions de Green associées { l’attraction newtonienne et { la surcharge élastique (Farell,
1972). La répartition des masses d’eau sur la surface terrestre peut être estimée à partir de
modèles hydrologiques globaux. Le modèle NOAH du système d’assimilation GLDAS (Rodell
et al., 2004) permet par exemple d’évaluer les variations du contenu en eau dans le sol, la
canopée et la couverture neigeuse sur toute la surface du globe, excepté l’Antarctique, avec
une résolution spatiale de 0.25 ° (~ 25 km) et une résolution temporelle de 3h. Les
solutions opérationnelles du centre météorologique européen ECMWF (Uppala et al. 2005)
procurent une autre estimation du contenu en eau du sol et de la couverture neigeuse { l’échelle
globale, avec une résolution spatiale d’environ 0.25 ° et une résolution temporelle de 6 h.
74
CHAPITRE 4 : INFLUENCES DE LA VARIABILITE DES STOCKS D’EAU SUR LA GRAVITE
Les distributions des stocks d’eau proposées par ces modèles sont bien sûr imparfaites, et
n’intègrent par exemple pas les eaux de surface (lacs, rivières, etc.) ou les eaux souterraines
(nappe). Ces modèles offrent toutefois l’avantage d’une couverture globale, nécessaire au
calcul des variations de gravité associées { la déformation élastique et { l’attraction de
masses d’eaux lointaines (Llubes et al., 2004).
La répartition des masses d’eau évaluée { l’aide des modèles ECMWF ou GLDAS est plaquée
à la surface terrestre, supposée sphérique. Cette fonction de masse est convoluée aux
fonctions de Green associés aux effets newtoniens et élastiques, définies pour un modèle de
Terre sphérique, non-rotatif, élastique et isotrope (SNREI). Ce calcul permet d’obtenir les
variations de gravité totales associées aux variations des stocks d’eau sur l’ensemble du
globe. Ces variations de gravité totales sont alors séparées en une contribution locale et une
contribution globale. La contribution locale correspond { l’attraction newtonienne des
masses d’eau présentes dans le pixel d’observation (~ 25
25 km2). Cette contribution est
égale à l’attraction d’un plateau infini de Bouguer dont l’épaisseur correspond à la variation
de hauteur d’eau équivalente he dans le pixel d’observation. La contribution globale est alors
simplement calculée comme la variation de gravité totale moins la contribution locale. La
contribution globale correspond à la somme des effets élastiques et d’attraction
newtonienne générée par les masses d’eau lointaines, situées en dehors de pixel
d’observation. Cette contribution globale sera la seule utilisée par la suite, les effets locaux
étant estimés de façon beaucoup plus précise sur la base de données in situ (section 4.2).
4.3.2.2. A partir des données satellitaires issues de la mission GRACE
La mission GRACE (Tapley et al., 2004), dédiée { l’étude des variations temporelles du champ de
gravité, permet d’estimer les variations de masses d’eau continentales sur toute l’épaisseur du
sol, de la surface aux aquifères (e.g. Ramillien et al. 2005; Schmidt et al. 2006; Hinderer et al.
2006; Crowley et al. 2006). De nombreux centres de traitement comme le CSR, le CNES/GRGS, le
GSFC ou le GFZ proposent différentes solutions des modèles variables GRACE, exprimées sous
forme de coefficients harmoniques sphériques (coefficients de Stokes permettant de
reconstituer le champ de pesanteur de surface), ou encore transformées en hauteur d’eau
équivalente. Ces centres appliquent différentes stratégies de traitement aux mesures
satellitaires et apportent des corrections distinctes aux effets de surcharge atmosphérique et
océanique. Le CNES/GRGS propose par exemple d’introduire des contraintes spatiales à priori
pour atténuer bruit de mesure, alors que les centres du CSR, GSFC et GFZ établissent des
75
CHAPITRE 4 : INFLUENCES DE LA VARIABILITE DES STOCKS D’EAU SUR LA GRAVITE
solutions libres auxquelles est appliqué un filtre Gaussien. Les solutions de ces différents centres
sont comparées dans la figure 4.15, indiquant des variations saisonnières des stocks d’eau
similaires sur l’ensemble du continent africain { la fois en terme d’amplitude et de phase (Boy et
al., 2010). Du fait qu’aucun filtrage ne soit appliqué, les amplitudes des variations saisonnières
estimées par le CNES/GRGS sont toutefois légèrement plus fortes.
Figure 4.16 Amplitude (haut) et phase (bas) des variations de hauteur d’eau équivalente annuelles. Les
solutions libres du CSR, GSFC et GFZ ont été filtrées en utilisant un filtre Gaussien de 350 km de rayon (d’après
Boy et al., 2010).
Dans cette étude, les données GRACE ne sont pas utilisées dans le but de comprendre
pleinement les variations du champ de pesanteur à la surface terrestre, mais uniquement pour
estimer la contribution hydrologique de grande longueur d’onde due aux effets de déformation
élastique et d’attraction newtonienne lointaine. Pour éviter une foison de comparaisons, seules
les solutions GRACE du GRGS seront employées. Les variations temporelles du champ de gravité
sont reconstituées à partir des coefficients de Stokes, estimés avec une résolution temporelle de
10 jours jusqu’au degré harmonique sphérique 50 (correspondant à une résolution spatiale
~ 400 km). La même séparation que précédemment est appliquée entre contribution locale et
globale. La contribution locale est estimée comme l’attraction d’un plateau infini de Bouguer
d’ont l’épaisseur égale la hauteur d’eau équivalente he estimée pour le pixel d’observation
(solutions GRACE du CNES/GRGS). La contribution globale égale la variation de la gravité totale
76
CHAPITRE 4 : INFLUENCES DE LA VARIABILITE DES STOCKS D’EAU SUR LA GRAVITE
estimée pour le pixel d’observation moins la contribution globale. Les méthodes de calcul des
différents signaux gravimétriques sont rappelées dans le tableau 4.2.
GLDAS & ECMWF
GRACE (GRGS)
Reconstitué à partir des
coefficients de Stokes
(harmoniques sphériques)
Tableau 4.3 Calcul des variations de gravité totales, locales et globales dues aux variations de stock d’eau
4.3.2.3. Décomposition du signal gravimétrique pour le site de Wankama
Les variations de gravité dues aux redistributions des stocks d’eau { l’échelle du globe ont
été estimées pour le pixel de Wankama { l’aide des différents outils satellitaires présentés
précédemment. La première section de la figure 4.17 présente les signaux gravimétriques
totaux estimés pour le pixel de Wankama, la seconde montre la contribution hydrologique
locale et la dernière indique la contribution hydrologique globale, quantifiant les effets de
déformation élastique et les effets newtoniens associés aux masses d’eaux lointaines. Les
amplitudes totales annuelles sont extrêmement variables d’un système d’observation { un
autre: les amplitudes les plus fortes (110 +/- 20 nm s-2) sont celles estimées d’après les
solutions GRACE du GRGS, les plus faibles sont celles estimées d’après le modèle ECMWF –
ERA (35 +/- 7 nm s-2). Ces différences d’amplitude sont fortement marquées pour la
contribution locale et peuvent atteindre 90 nm s-2 entre les solutions les plus différentes. Au
contraire, les contributions globales présentent des amplitudes annuelles similaires quel
que soit l’outil satellitaire choisi. Les amplitudes estimées par le modèle ECMWF-ERA sont
toutefois légèrement plus faibles (10 nm s-2 en moyenne), que celles estimées à partir des
données GRACE, GLDAS ou ECMWF – opérationnel (20 à 35 nm s-2).
Une grande partie de l’écart entre les signaux gravimétriques estimés par GRACE et ceux
estimés par les modèles globaux peut être attribuée à leur différence de résolution spatiale.
Les variations de gravité estimées { l’aide des données GRACE intègrent les variations de
masse d’eau { plus grande échelle (~ 400 km) que celles estimées par les modèles
hydrologiques globaux (~ 25 km). Cette différence de résolution n’agit que très peu sur la
contribution globale, car l’ensemble des masses d’eau estimées à la surface du globe est
intégrée aux variations de gravité. Les différences observées entre les solutions GRACE et les
77
CHAPITRE 4 : INFLUENCES DE LA VARIABILITE DES STOCKS D’EAU SUR LA GRAVITE
modèles hydrologiques globaux peuvent aussi s’expliquer du fait que les variations de
gravité estimées par GRACE intègrent les variations de masse dans toute la colonne de sol,
alors que les modèles tels que GLDAS et ECMWF n’incluent ni les eaux de surface (rivières,
lacs), ni les eaux souterraines (aquifères) dans leurs représentations (Leblanc et al., 2009;
Han et al., 2009). Enfin les modèles hydrologiques globaux intègrent mal les évènements
extrêmes (sécheresses, inondations), et ont tendance à sous estimer les amplitudes des
signaux hydrologiques locaux (communication personnelle, J. P. Boy).
Figure 4.17 Variations de la gravité dues aux variations des stocks d’eau continentaux estimées pour le site de
Wankama. Les contributions totales, locales et globales sont estimées à partir de différents outils
satellitaires: les solutions GRACE du GRGS, le modèle hydrologique GLDAS/NOAH et deux modèles ECMWF (le
modèle opérationnel, et le modèle ERA couvrant une période de temps plus large). Les échelles associées aux
variations de gravité varient d’une sous-figure { l’autre.
78
CHAPITRE 4 : INFLUENCES DE LA VARIABILITE DES STOCKS D’EAU SUR LA GRAVITE
Si des écarts significatifs existent entre les solutions GRACE et les simulations des modèles
globaux, ils n’affectent que peu l’estimation de la contribution hydrologique globale. Les
variations saisonnières du signal global sont en bon accord selon les données GRACE du
GRGS et les modèles GLDAS ou ECMWF opérationnel. L’erreur associée { la contribution
hydrologique globale est évaluée par l’écart type de la différence entre les contributions
GRACE, GLDAS et ECMWF opérationnel sur la période 01/01/2008 – 19/08/2010 : nous
pouvons ainsi calculer 6 écarts types pour 6 différences. Un écart type maximal de 5 nm s-2
est obtenu pour la différence entre les contributions GRACE et ECMWF opérationnel.
L’incertitude sur la contribution hydrologique globale est évaluée de la sorte à 5 nm s-2.
Nous rappelons que les variations saisonnières du signal gravimétrique global oscillent
entre 20 et 35 nm s-2 selon les années et la méthode d’estimation satellitaire choisie. Cette
contribution ne pourra donc pas être négligée lors de l’analyse du signal gravimétrique
mesuré au sol.
4.4. Conclusion du chapitre
Le signal gravimétrique mesuré au sol est influencé par les variations de stocks d’eau { l’échelle
locale et { l’échelle globale. Ces deux contributions peuvent être évaluées de façon indépendante
{ l’aide de données in situ et { l’aide de données satellitaires. Un bon nombre d’incertitudes
subsiste quant à la quantification des variations des stocks d’eaux { l’échelle locale. Les
principales sources d’incertitudes concernent les variations d’humidité dans la zone non saturée
et la porosité de drainage de l’aquifère libre local. Les mesures de gravimétrie réalisées sur le
site de Wankama seront utilisées dans les chapitres suivant pour apporter de nouvelles
contraintes sur ces paramètres. Les variations des stocks d’eau agissent également sur la gravité
{ l’échelle globale, à la fois par déformation élastique et par attraction newtonienne des masses
d’eau lointaines. Ces effets peuvent être estimés avec précision { l’aide des données obtenues
par les satellites GRACE ou simulées par les modèles globaux GLDAS/NOAH et
ECMWF/opérationnel. L’amplitude des variations gravimétriques saisonnières dues {
l’hydrologie globale atteint 20 { 35 nm s-2 selon les années pour notre site d’étude. Ce type de
signal ne peut être négligé dans l’analyse de variations temporelles de la gravité de faible
amplitude (~ 100 nm s-2).
79
CHAPITRE 4 : INFLUENCES DE LA VARIABILITE DES STOCKS D’EAU SUR LA GRAVITE
80
Chapitre 5
Fusion de données hydrogéophysiques
CHAPITRE 5: FUSION DE DONNEEES HYDROGEOPHYSIQUES
Dans le cadre des projets AMMA et GHYRAF, une série d’actions en gravimétrie, géodésie,
géophysique, et hydrologie a été orchestrée sur le site expérimental de Wankama. Le chapitre
suivant présente une interprétation conjointe de mesures sol et satellite en hydrologie et en
gravimétrie sur deux cycles annuels de mousson. Cette section intègre un article de recherche,
publié dans la revue Geophysical Journal International, suivi d’une discussion commentant et
complétant les principaux résultats obtenus. Ce chapitre est clos par une synthèse présentant
l’apport et les limites de cette démarche multidisciplinaire pour la compréhension du bilan
hydrologique en Afrique sahélienne.
5.1. Enjeux scientifiques
L’Afrique subsaharienne se caractérise par une variabilité extrême des ressources en eau,
influencée par les changements climatiques et une forte croissance démographique. La
quantification et la prévision de l’évolution des réserves d’eau représentent un défi majeur tant
pour le développement de ces régions, que pour la compréhension du cycle hydrologique
sahélien. A l’heure actuelle, le site de Wankama dispose d’un réseau d'observations
hydrométéorologiques exceptionnel en Afrique de l’Ouest, permettant le suivi des réserves
hydriques depuis 1992 grâce aux projets HAPEX et AMMA (Cappelaere et al. 2009). L’objectif
principal de cette thèse est d’apporter de nouvelles contraintes sur la variabilité saisonnière des
stocks d’eau au Sud‐ouest du Niger en confrontant les mesures hydrologiques existantes à des
observations gravimétriques terrestres et spatiales. A cette intention, des mesures de
gravimétrie absolue de type FG5 ont été répétées quatre fois par an à Wankama entre juillet
2008 et juillet 2010. L’article inséré en section 5.2 présente une analyse multidisciplinaire du
premier cycle annuel de mesures. Cette étude est complétée dans la discussion proposée en
section 5.3 par une année de mesures supplémentaire. Les missions de mesures gravimétriques
ont cessé en juillet 2010 en raison des conditions d’insécurité géopolitique au Niger (risques
terroristes particulièrement important depuis août 2010).
Lors de l’analyse du signal gravimétrique mesuré au sol, une attention particulière a été portée à
l’estimation distincte des contributions hydrologiques locales et de grande longueur d’onde.
L’effet des variations des stocks d’eau locaux sur la gravité est modélisé à partir d’un ensemble
de mesures hydrologiques issues de l’observatoire AMMA‐CATCH, comprenant limnimétrie,
humidité du sol et piézométrie. A l’échelle continentale, les variations du champ de pesanteur
issues de la mission GRACE sont utilisées pour estimer les effets liés à la surcharge élastique et à
l’attraction des masses d’eau distantes. Les simulations du contenu en eau du sol fournies par les
modèles hydrologique GLDAS et hydrométéorologique ECMWF permettent également d’évaluer
82
CHAPITRE 5: FUSION DE DONNEEES HYDROGEOPHYSIQUES
les effets hydrologiques de grande longueur d’onde sur la gravité. Cette approche a permis de
quantifier l’influence de la mousson ouest africaine sur le signal gravimétrique mesuré au sol à
l’échelle locale et à l’échelle continentale. La valeur des corrections apportées aux mesures de
gravimétrie absolue est évaluée par comparaison des variations de la gravité mesurées à celles
issues du modèle des stocks d’eau locaux. Nous montrons que l’utilisation des données GRACE
pour la correction des effets hydrologiques globaux diminue significativement la différence
entre les valeurs modélisées et mesurées des variations de gravité à l’échelle locale. Cette
expérience constitue un bel exemple de combinaison de mesures de gravimétrie terrestres et
spatiales pour la compréhension du cycle hydrologique.
Le second volet de cette étude traite de l’apport des mesures de gravimétrie absolue pour
l’évaluation de la variabilité des stocks d’eau à l’échelle locale. Les mesures in‐situ sont corrigées
des effets hydrologiques de grande longueur d’onde et interprétées pour accéder à la porosité de
drainage de l’aquifère. Les incertitudes liées à la présence, difficilement quantifiable, d’eau dans
les premiers mètres de sol sont évaluées à l’aide de mesures d’humidité in‐situ. La cohérence de
la méthode est appréciée par comparaison aux mesures RMP directement sensibles au contenu
en eau du sous sol. Les valeurs de porosité de drainage estimées par gravimétrie s’avèrent
proches bien que légèrement inférieures aux valeurs du contenu en eau de l’aquifère estimées
par RMP. Ce faible écart est expliqué par des différences de sensibilité entre ces deux méthodes:
la gravimétrie est sensible aux variations des masses d’eau dans le temps, tandis que la méthode
RMP image le contenu en eau de l’aquifère sur toute son épaisseur à un instant donné. L’accord
entre ces deux méthodes géophysiques reste excellent et illustre leur intérêt pour l’estimation
de paramètres hydrogéologiques locaux comme la teneur en eau d’un aquifère.
5.2. Article de recherche: «Local and global hydrological contributions to timevariable
gravity in Southwest Niger»
83
Geophysical Journal International
Geophys. J. Int. (2011) 184, 661–672
doi: 10.1111/j.1365-246X.2010.04894.x
Local and global hydrological contributions to time-variable gravity
in Southwest Niger
Julia Pfeffer,1 Marie Boucher,2,3 Jacques Hinderer,1 Guillaume Favreau,2,3
Jean-Paul Boy,1,4 Caroline de Linage,5 Bernard Cappelaere,2,3 Bernard Luck,1
Monique Oi2,3 and Nicolas Le Moigne6
1 IPGS-EOST,
CNRS/UdS, UMR 7516, 5 rue René Descartes, 67084 Strasbourg Cedex, France. E-mail:
[email protected]
de Recherche pour le Développement, 276 Av. de Maradi, BP 11416, Niamey, Niger
3 HydroSciences Montpellier, Université Montpellier 2, Place E. Bataillon, F-34095 Montpellier CEDEX 5, France
4 Planetary Geodynamics Laboratory, NASA Goddard Space Flight Center, Greenbelt, MD, USA
5 Department of Earth System Science, University of California, Irvine, CA, USA
6 Géosciences Montpellier, UMR CNRS/UM2 5243, Université Montpellier II, Montpellier, France
Accepted 2010 November 15. Received 2010 November 14; in original form 2010 May 26
SUMMARY
Advances in methods of observation are essential to ensure a better understanding of changes in
water resources considering climate variability and human activities. The GHYRAF (Gravity
and Hydrology in Africa) experiments aim to combine gravimetric measurements with dense
hydrological surveys to better characterize the annual water storage variability in tropical West
Africa. The first absolute gravimetric measurements were performed in Southwest Niger,
near a temporary pond where rapid infiltration to an unconfined aquifer occurs. As gravity
is sensitive both to local and global variations of water mass distribution, the large-scale
hydrological contribution to time-variable gravity has been removed using either GRACE
satellite data or global hydrology models. The effect of the local water storage changes was
modelled using in situ measurements of the water table, soil moisture and pond water level. The
adjustment of these simulations to residual ground gravity observations helped to constrain
the specific yield to a value ranging between 1.8 and 6.2 per cent. This range of value is
consistent, albeit on the low side, with the aquifer water content (6–12 per cent) estimated by
magnetic resonance soundings, which are known to slightly overestimate the specific yield in
this geological context. The comparison of these two independent geophysical methods shows
their potential to constrain the local hydrogeological parameters. Besides, this study evidences
the worth of correcting the gravity signal for large-scale hydrology before recovering local
water storage parameters.
Key words: Satellite geodesy; Time variable gravity; Hydrology; Permeability and porosity;
Africa.
1 I N T RO D U C T I O N
The evaluation of water storage variations is a critical concern
for resource assessment in semiarid areas. This issue is particularly acute in Southwest Niger, where both population growth
(+3 per cent yr−1 ) and climatic changes impinge on groundwater
resources. Different approaches including hydrodynamic surveys,
environmental tracer analysis, subsurface geophysical surveys and
remote sensing were carried out to constrain the water balance in
this region (Favreau et al. 2009). The quality of groundwater models
predictions can still be improved by additional observations used as
forcing data. In this perspective, geodetic observations constitute a
valuable tool to calibrate and validate water storage models.
C 2011 The Authors
C 2011 RAS
Geophysical Journal International
Water storage changes affect geodetic measurements in three
ways (Zerbini et al. 2001; Jacob et al. 2008): (1) the water saturation and desaturation of soils modify pore volume and can lead to
a soil displacement of several centimetres (Hoffmann et al. 2001);
(2) the water acts as a load and induces a deformation of the Earth’s
crust due to its elastic behaviour (e.g. Blewitt et al. 2001; Bevis
et al. 2005) and (3) the water mass distributions generate gravity
changes by the combination of Newtonian attraction and elasticity
effects (e.g. Amalvict et al. 2004; de Linage et al. 2007; de Linage
et al. 2009). Llubes et al. (2004) quantified the influence of aquifers
on gravity variations and evidenced that mass effects are dominant
at local scale (<10 km), whereas elastic effects, related to the vertical displacement of the crust and the mass redistribution inside
661
GJI Gravity, geodesy and tides
2 Institut
662
J. Pfeffer et al.
the Earth, are dominant at scales larger than several hundreds of
kilometres.
Water storage variations generate such changes in gravity acceleration measured at the ground in the μGal range, which corresponds to 10 nm s−2 (e.g. Lambert & Beaumont 1977; Bower
& Courtier 1998; Kroner 2001). Absolute gravimeters measure
the exact value of gravity at a specific point in space and time
with accuracy around 10–20 nm s−2 in case of low seismic noise
conditions (Niebauer et al. 1995; Niebauer 2007). Superconducting gravimeters have a sensitivity (better than 10 nm s−2 ) and a
long term stability (a few tens of nm s−2 per year) which are adequate to investigate time-variable gravity changes caused by water storage changes (e.g. Kroner & Jahr 2006; Van Camp et al.
2006; Krause et al. 2009; Creutzfeldt et al. 2010). Relative, spring
based gravimeters are sensitive to gravity differences either in
space or time of several 10 nm s−2 . The accuracy achieved with
such metres (usually 50–100 nm s−2 ) depends on the quality of
the instruments, on the measurement procedure, and on the means
of transportation used (Hasan et al. 2008; Gehman et al. 2009;
Jacob 2009). This accuracy can strongly be improved for short (a
few tens of m) distances between measurements points (Naujoks
et al. 2008). The efficiency in using gravity metres to measure water storage changes was tested among others in central Arizona,
where the aquifer storage coefficient has been estimated using coincident monitoring of gravity and water levels (Pool & Eychaner
1995; Pool 2008). In karst systems, the water storage changes have
been evaluated with repeated gravimetric measurements and mass
balance modelling (Jacob et al. 2008, 2009). So far, very few
ground based gravimetric measurements were performed to estimate water storage changes in semi-arid areas, especially in the
African continent; in the Okavango basin (Botswana), Christiansen
et al. (2009) managed relative gravimetric measurements to con-
strain hydrological modelling, retrieving signals of several tens of
microGals.
The GHYRAF project (Gravity and Hydrology in Africa, see
Hinderer et al. 2009 for a detailed description) aims to combine
multidisciplinary observations to constrain water storage variability in Africa from the Sahara to the monsoon region. Therefore
repeated ground gravimetric measurements are compared to in situ
measurements of water balance components on four sites (Fig. 1a).
Additional GPS measurements and subsurface geophysical measurements, including magnetic resonance soundings (MRS) and
electrical resistivity surveys, complete ground observations. Hydrological effects are estimated at larger scale (several hundreds
of kilometres) with satellite observations derived from the Gravity
Recovery and Climate Experiment (GRACE, Tapley et al. 2004),
and global hydrological models. According to these forecasts, the
seasonal water storage variation is strong enough in southwestern
Niger to generate a gravity change of about 100 nm s−2 , easily detectable with a free-fall absolute gravimeter of FG5 type (Hinderer
et al. 2009).
This paper describes in detail how absolute gravimetric measurements help to recover water storage changes of the Continental
Terminal aquifer, for a specific catchment in southwestern Niger.
The effect of water redistribution on gravity changes is confirmed
with amplitudes of about 100 nm s−2 at annual scale. It will be
shown in the following that the effect of large-scale hydrology can
be investigated using GRACE observations and/or simulations using global hydrological models. The analysis of residual ground
gravity observations allows then improving the estimate of specific yield at local scale, which is found to be consistent according
to independent MRS geophysical measurements. The hydrological
context of Southwest Niger and Wankama catchment is depicted in
Section 2. Section 3 describes the hydrological monitoring and the
Figure 1. Description of the study area. (a) Location of the GHYRAF sites in western Africa. (b) The gravimetric measurement site. (Background aerial
photograph by J.L Rajot, IRD, 2008 October 14; at this date, the pond water level was 1.15 m.).
C 2011 The Authors, GJI, 184, 661–672
C 2011 RAS
Geophysical Journal International
Hydrology and gravity in SW Niger
acquisition of geophysical measurements, including MRS and
ground gravity. The results of the hydrological and gravity observations are given in Section 4. The local and large-scale hydrological contributions to the gravity signal are analysed in Section
5. In Section 6, the specific yield of the aquifer is recovered from
ground gravity observations. The effects of soil moisture and possible sources of uncertainty are discussed. The specific yield derived
from ground gravity observations is then compared with the aquifer
water content independently retrieved from MRS. Conclusions and
perspectives are given in Section 7.
2 D E S C R I P T I O N O F T H E S T U DY
C AT C H M E N T I N S O U T H W E S T N I G E R
The study area is a part of the Wankama catchment situated in
the Niamey region of southwestern Niger (Fig. 1a). The catchment
is one of the four GHYRAF sites and belongs to the AMMACATCH observatory (Cappelaere et al. 2009; Lebel et al. 2009;
http://www.amma-catch.org). The climate is tropical semi-arid,
driven by the West African monsoon. About 90 per cent of precipitations occur in a wet season between June and September during short
and intense events of convective origin. The annual precipitation is
about 560 mm in Niamey (airport data) for the years 1950–2007,
the annual average temperature is around 29◦ C and the potential
evapotranspiration reaches 2500 mm (Favreau et al. 2009). Besides
seasonal variation, the Sahelian belt (Fig. 1a) experienced a severe
drought lasting since the 1960s (Lebel et al. 2009). In spite of the
monsoonal rainfall deficit, the level of the water table has been continuously rising with 0.02 m yr−1 in the 1960s, up to 0.2 m yr−1 in
1990s–2000s (Favreau et al. 2009). This phenomenon is explained
by the massive land use changes encountered in this region, due both
to the extensive development of rain-fed agriculture and to severe
drought conditions. The devastation of the savannah vegetation led
among others to an increase of temporary ponds constituting preferential spots of groundwater recharge (Desconnets et al. 1997).
Actually, there is no evidence of deep infiltration elsewhere in the
landscape, with a possible exception for ravines and alluvial fans
(Massuel et al. 2006; Boucher et al. 2009a). Previous groundwater
modelling (Massuel 2005) has shown that independent information
about hydrodynamic properties of the aquifer would be useful for
constraining the parametrization of the model and for improving the
numerical representation of hydrologic processes in such areas. A
motivation for this study is to provide new quantitative observations
of water storage changes to improve hydrological modelling at the
local (<1 km) scale.
Wankama, located at longitude 2.65◦ E and latitude 13.64◦ N, is
a small (∼2.5 km2 ) endorheic catchment typical of the cultivated
Sahel (Peugeot et al. 2003). The watershed extends from west to
east, reaching an altitude of 260 m at the lateritic plateau and falling
to 203 m at the hillslope pond. The hill flank is gently sloped (≤2
per cent), separated at mid trail by an alluvial fan disconnecting the
drainage network into two main ravine reaches. A fraction of the
catchment drains directly to the pond. The catchment is intensively
cultivated with numerous small millet fields. Fallow savanna and
uncultivated bare soil constitute the remaining surface (Cappelaere
et al. 2009). The unconfined aquifer belongs to the Continental Terminal 3 (CT3), mainly composed of loosely cemented clays, silts
and sands of continental origin (Lang et al. 1990). The substratum
consists in a continuous and impermeable grey clayed layer, thick
of several ten metres. The water table displays hydraulic gradients
≤0.1 per cent, except near ponds where they can reach 1 per cent
2011 The Authors, GJI, 184, 661–672
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Geophysical Journal International
C
663
at the peak of the rainy season. This aquifer has been largely investigated with hydrodynamic monitoring and subsurface geophysical
measurements (Leduc et al. 1997; Leduc et al. 2001; Massuel et al.
2006; Boucher et al. 2009b).
3 I N S T RU M E N TA L S E T U P
A dense network of hydrological monitoring and geophysical measurements is devoted to document hydrological processes of the
water cycle at catchment scale (Cappelaere et al. 2009). The hydrological, gravimetric and subsurface geophysical measurements sites
considered in this study are mapped in Fig. 1(b). The topography
is evaluated, with a centimetric resolution in height, from 2900 differential GPS measurements (DGPS) distributed on the 2.541 km2
of the Wankama catchment (Gendre 2010). A higher (1470 points
on 0.5 km2 ) density of DGPS points have been taken in the pond
surroundings.
3.1 Hydrological monitoring
Two automatic rain gauges, located on the plateaus and in the vicinity of the pond, allow recording rainfall every minute. In 2008–2009,
a pressure sensor (manufactured by STS C ) and a float (OTT Thal
C
imede ) measured the pond water level every 20 and 5 min, respectively. The water table level was recorded every 20 min with
pressure sensors on four piezometers located at 0, 64, 110 and 210 m
of the pond axis. Direct measurements using luminous probe (OTT
KL010 C ) were used to correct the drift of automatic sensors. In
addition, every minute, 6 capacity probes (Time – Domain type
CS616 of Campbell Scientific) buried from 0.1 to 2.5 m below the
surface measured the soil volumetric water content at two typical
sites of millet and fallow located at 1.5 and 2 km upstream from the
pond (Cappelaere et al. 2009; Ramier et al. 2009).
3.2 Magnetic resonance soundings
MRS is a geophysical technique specially adapted for groundwater
investigation (Legchenko et al. 2002). This method allows measuring the magnetic field generated by the precession of the nuclei of
hydrogen atoms present in groundwater molecules after an electromagnetic excitation at a specific frequency (resonance frequency).
The amplitude of the measured signal (in nV) is directly related to
the volume of water contained in the subsurface layers of soil. The
depth of investigation (up to ∼100 m) is controlled by the moment of
the excitation pulse (in A ms). The inversion of MRS data provides a
vertical distribution of the water content in the aquifer (Legchenko
et al. 2004). The MRS water content is generally assumed to be
close to the effective porosity, which is the portion of water that
contributes to flow through the sediment (Vouillamoz et al. 2008).
For unconfined aquifers, the effective porosity is slightly higher than
the part of water that can be drained by gravity forces, identified as
the specific yield (Lubczynski & Roy 2005).
Many MR soundings were performed in the Continental Terminal
aquifer (Vouillamoz et al. 2008; Boucher et al. 2009a, 2009b) for
better characterizing the hydrogeological properties (porosity and
permeability) of the aquifer. A new MRS survey has been performed
during the 2008–2009 rainy season close to the gravity measurements (Fig. 1b). This sounding was repeated 10 times to improve its
accuracy. Measurements were performed with the NumisPlus device.
For MRS inversion, the geometry was fixed according to available
hydrogeological information in order to decrease ambiguities in the
664
J. Pfeffer et al.
Table 1. FG5 absolute gravity values at Wankama site (in nm s−2 ).
interpretation and improve the estimate of water content. The water
table depth and the bottom of aquifer were fixed using respectively
measurements in piezometers (P2 and P3), and depth of the clayed
aquiclude estimated by Time Domain Electromagnetic (TDEM)
soundings and available geological data (Boucher et al. 2009a).
(Desconnets et al. 1997; Martin-Rosales & Leduc 2003), leading to
a dome higher by 0.44 m at P1 than at P0 (Figs 2a and d). Time variations of the water table at P0, P1, P2 and P3 are shown in Fig. 2(d).
Seasonal changes of the water table are significant near the pond
(P0, P1), but their amplitudes decrease with distance (P2, P3) and
become negligible at a distance of a few hundreds of metres from
the pond (Desconnets et al. 1997). The level reached by the water
table in September 2008 is the highest recorded since the beginning of the piezometric monitoring in 1993. This event results both
from strong consecutive rainfall events (annual rainfall = 637 mm
at the plateaus rain gauge in 2008) and from the long-term rise of
the water table (+0.25 m yr–1 in Wankama, 1993–2009). Fig. 2(c)
shows the time variations of the water storage in the first 3m of soil,
separately for the fallow and millet sites. The difference in the soil
water stocks reached at the end of the rainy season for the fallow
(115 mm) and millet (164 mm) sites illustrates the large spatial
variability of infiltration of rainwater in the soil.
3.3 Absolute gravity data acquisition
4.2 Gravity signal
Absolute gravimeters of FG5 type measure the exact acceleration
of gravity due to the Earth along the direction of a freely falling
body. This gravity measurement has the advantage to be calibrated,
drift-free, and accurate (Niebauer et al. 1995; Niebauer 2007). The
lack of drift is particularly useful for monitoring gravity changes
over long periods of time. FG5 measurements were performed at
the Wankama site four times between 2008 July and 2009 April.
Measurements were done on a concrete pillar (1 m3 ) protected
from wind with a traditional hut constructed at 190 m of the pond
axis (Hinderer et al. 2009). FG5 measurements were performed
during nighttime to avoid heating effects. The mean value of gravity is estimated by averaging many series of sets (usually one set
every hour or half an hour) consisting of 100 drops (a drop every 10 s) of a corner cube in a vacuum chamber. Gravity values
are corrected for temporal effects, including solid earth tides (tidal
parameters from EGTAB software; Wenzel 1996), ocean loading
(Schwiderski 1980), air pressure effects (in situ-measurements, regression coefficient of −0.3 μGal hPa−1 ) and polar motion contribution (correction of the international earth rotation service, IERS
– http://www.iers.org). Final gravity values (Table 1) are transferred
from the instrumental height to the ground. This correction has no
influence on the investigation of the gravity changes in time, since
the same free air gradient is always used. The very small standard deviation (ranging from 14 to 20 nm s−2 ) of the final absolute
gravimetric measurements resulted from very low seismic noise and
well-suited corrections of temporal effects.
Time-lapse gravity observations listed in Table 1 are in phase with
the monsoonal rainfall at local and regional scales (Fig. 1). The
87 nm s−2 gravity rise observed between the 17th of July and the
4th September can be explained by the water storage recharge observed in Wankama and by the large scale recharge due to the West
African monsoon derived from global hydrological models and indeed observed with GRACE satellites (Hinderer et al. 2009). Also
the gravity decline observed from September to April is consistent with the end of the wet season occurring approximately at the
same time at the scale of Wankama catchment and at the scale of
the Sahelian belt (Fig. 1a). To explain the gravity signal, independent estimates of the gravity variations generated by local water
storage changes and large scale hydrological effects are required
(Longuevergne et al. 2009).
Date
Gravity value
(nm s−2 )
Standard
deviation
17/07/2008
9782506027.0
19.8
04/09/2008
9782506114.3
17.1
05/02/2009
9782506065.6
14.0
05/04/2009
9782506034.2
16.1
Gravity changes
(nm s−2 )
Standard
deviation
87.3
26.2
–48.7
22.1
–31.4
21.3
4 O B S E RVAT I O N O F A M O N S O O N A L
C YC L E
4.1 Local hydrology
The hydrological signal of the 2008–2009 monsoon period recorded
in Wankama is depicted in Fig. 2. Daily precipitation records indicate intense events between 2008 June and October, resulting in
rapid rises of the pond water level (Fig. 2b) and seasonal water
storage in the first metres of soil, essentially at the end of the rainy
period (Fig. 2c). The water table recharge is focused below the
pond: a plurimetric piezometric dome is generated in September,
when the pond water level reaches its peak (Fig. 2a). The infiltration
is enhanced by the sandy texture of the soils at the shore of the pond
5 A N A LY S I S O F T H E M O N S O O N A L
G R AV I T Y S I G N A L
5.1 Local water storage model
To first order, the local variations of superficial (pond, soil moisture)
and deeper (aquifer) water storage generate a gravity change caused
by the Newtonian attraction of masses. The vertical component of
the Newtonian attraction g (m s−2 ) caused by the sum of elementary volumes of water storage changes dV in a total volume V (m3 )
is given by:
dV
cos ∝,
(1)
g = Gρ
2
V r
where G (6.67 × 10−11 N m2 kg−2 ) is the gravitational constant, ρ
(kg m−3 ) the density of water storage (e.g. the mass of water per
volume unit), r (m) the distance between the observation point and
the water storage change and ∝ the angle enclosed by r and the
vertical axis. The geometry of the water storage changes can be
represented by a configuration of prisms of various densities and
dimensions. Then, integration is carried out for any specific prism
and the contributions are added (Nagy 1966; Leirião et al. 2009).
Time gravity variations due to the Newtonian attraction of water
storage changes are computed at the FG5 measurement point from
2008 April to 2009 April. The water storage in Wankama site is
split among three water storage components, as follows.
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C 2011 RAS
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Hydrology and gravity in SW Niger
665
Figure 2. Hydrological processes for 1 yr on a 400 m profile. (a) Cross section of the piezometric profile showing the pond water level and the water table level
at FG5 measurement dates. The water table shape is assumed to be linear between each of the four piezometers (solid lines) and symmetric with respect to the
pond axis (dashed lines). The term FG5 refers to the absolute gravimeter. (b) Time variations of pond water level (black) associated with automatic recordings
of rainfall events (blue) at the plateaus rain gauge. The vertical dashed lines represent FG5 measurement dates. The squares represent manual measurement of
the water level. (c) Time variations of the soil water stocks between 0 and 3m at the fallow and millet sites. (d) Time variations of the water table level at four
piezometers. The water level corresponds to the depth of the water table from the FG5 sensor.
(1) The unconfined aquifer is the most important storage entity
in terms of volume. The water table shape is constrained in time
and space with the four piezometric measurements points: the water table is assumed linear between each of the four piezometers,
symmetric with respect to the pond axis and infinite in the pond
axis direction. Each prism is centimetric in height, metric in the
piezometric axis direction and infinite in the pond axis direction. In
this case the integration over the volume is 2-D. For an unconfined
aquifer, the density ρ is equal to the density of water (103 kg m−3 )
multiplied by the specific yield Sy (non-dimensional number). The
specific yield is assumed to be constant and defined as the volume of
water that can be extracted by gravity per the total volume of drained
rock. The gravity variations caused by the water table fluctuations
are computed for values of the specific yield ranging from 1 to 15
per cent. About 80 per cent of the gravimetric signal generated by
the aquifer fluctuations is comprised within a radius of 70 m around
the FG5.
2011 The Authors, GJI, 184, 661–672
C 2011 RAS
Geophysical Journal International
C
(2) The pond is simplified by a rectangular shape, which results
in negligible effects on gravity considering the weakness of the
slope (∼2 per cent) between the FG5 point and the pond surface.
The volume of the pond is calculated using a relationship between
the level and the volume of water in the pond derived from the
topography (Peugeot et al. 2003). The density ρ is equal to the
density of water. The resulting contribution of the pond on gravity
changes is below 3 nm s−2 between FG5 measurement dates, which
is one order of magnitude below the instrumental detection limit.
(3) The contribution of the soil water storage is the most difficult
to estimate as no measurements were available in the near vicinity
of the FG5 measurement point for the rainy season 2008. While
neutron probes were settled at the beginning of the rainy season
2009, the data are not yet available, as they require calibration with
soil samples at each measurement site. Nevertheless the soil water
infiltration recorded at the fallow site can be considered as an upper
bound for the infiltration at FG5 point for the following reasons:
666
J. Pfeffer et al.
timate of soil water content at global scale with a 6 hr temporal
resolution, and a spatial resolution of about 0.25◦ . The soil water
mass distribution simulated by GLDAS or ECMWF is convolved
with the Green’s functions associated to Newtonian and deformation effects, assuming a spherical non-rotating, elastic and isotropic
(SNREI) Earth model (standard procedure for the calculation of
global atmospheric or ocean loading effects, e.g. Boy & Hinderer
2006). This convolution gives the total gravity variations including
the following.
(1) Local mass effects. The Newtonian attraction of the water
stored in the pixel of observation. The attraction of a uniform layer
of water is a Dirac function centred on the site (here Wankama)
and equal to the attraction of an infinite Bouguer plate. Its vertical
component g is given by
g = 2π Gρ H,
Figure 3. Time variation of the volumetric water content in the 2.5 first
metres of soil as recorded by the six capacity probes at the fallow station.
(i) the FG5 measurement point is situated in a degraded area
with very sparse vegetation of fallow type (Fig. 1b),
(ii) soil crusting and subsequent Hortonian runoff were
mapped to be higher in the FG5 surroundings than at the fallow site (Seguis et al. 2004),
(iii) the surface slopes are comparable at the FG5 (1.47◦ ) and
fallow sites (1.43◦ ; Gendre 2010), and
(iv) the non-calibrated neutron measurements in the vicinity
of the FG5 site show no variation of the volumetric water content
below 1.5 m deep in accord with the limit of infiltration observed
at the fallow site (Fig. 3).
The soil moisture contribution is then computed for four soil
layers centred on the capacity probes’ depth (0.1, 0.5, 1 and 1.5 m)
and following the topography. Their volumetric water content can
vary from 0 to the soil water content measured at the fallow station.
96 per cent of the resulting gravity signal is generated within a
radius of 50 m around the FG5.
5.2 Large scale hydrological effects
In addition to the Newtonian attraction of local water masses, large
scale hydrological distributions generate an elastic deformation of
Earth’s crust along with a mass redistribution inside the Earth, resulting in non-negligible effects on gravity (Farrell 1972). The sum
of these two effects of the crust deformation is known as surface
loading. Furthermore distant water masses generate Newtonian attraction, enhanced by the sphericity of the Earth (e.g. de Linage et al.
2007; de Linage et al. 2009). For a better interpretation of our gravimetric measurements, we attempt to correct them for these largescale effects using either global hydrological models, or GRACE
satellite data.
The content of water in the first metres of soil can be described
for the whole continental surface excluding Antarctica by the global
land data assimilation system (GLDAS; Rodell et al. 2004) with
temporal and spatial resolutions of 3 hr and 0.25◦ (∼25 km). The
European Centre for Medium-range Weather Forecasts (ECMWF
on http://www.ecmwf.int; Uppala et al. 2005) provides another es-
(2)
where H is the water elevation predicted by GLDAS or ECMWF in
the Wankama pixel and ρ the density of water. This equation leads
to an attraction of 0.42 nm s−2 per millimetre of water thickness.
The spatial resolution is given by the highest resolution of the model
output (here 25 × 25 km2 ), related to the resolution of forcing data
(precipitation, wind and temperature), without any considerations
of geological or geomorphologic criteria.
(2) Surface loading effects. The vertical deformation of the Earth
crust and the change in gravitational potential generated by the
global continental water storage variations.
(3) Remote mass effects. The Newtonian attraction of the water
stored (equivalent to the global continental water storage) outside
the pixel of observation, which is enhanced by the sphericity of the
Earth.
To obtain solely the large-scale contribution (2 and 3), local mass
effects (1) have hence to be removed.
The GRACE mission is recovering the Earth’s time variable gravity field with spatial and temporal resolutions of a few hundreds of
kilometres and 10–30 d, respectively (Tapley et al. 2004). In numerous studies, the continental water mass variations have been
successfully related to the GRACE data (e.g. Ramillien et al. 2005;
Schmidt et al. 2006; Hinderer et al. 2006; Crowley et al. 2006).
Over Africa, the GRACE solutions from different processing centres reveal similar estimates of the continental water storage at
seasonal timescales, both on continental and river basin scales (Boy
et al. 2010). In this study, the solutions of the Centre National
d’Etudes Spatiales / Groupe de Recherche en Géodésie Spatiale
(CNES/GRGS) are used to reckon the time variable gravity field
with temporal and effective spatial resolutions of respectively 10
d and about 400 km (Bruinsma et al. 2010). The effects of elastic
surface loading and attraction of remote masses are obtained as
previously by removing local mass effects from the total gravity
variations. This local contribution is calculated as the attraction of
a Bouguer plate whose thickness is equal to GRACE water equivalent height in the 400 × 400 km2 pixel including the Wankama
site. GRACE, GLDAS and ECMWF estimates of gravity changes
are shown on Fig. 4.
The annual amplitude (2008–2009 May) of the total gravity
changes differ largely from GRACE to GLDAS (+65 nm s−2 ) or
ECMWF (+28 nm s−2 ), even if the signals are in phase. The discrepancy observed between GLDAS and ECMWF simulations can
be explained by the differences in forcing data (especially precipitation) and by the differences in land surface models. The difference in spatial resolution between GRACE (400 × 400 km2 ) and
global hydrological models (25 × 25 km2 ) accounts for a large part
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Hydrology and gravity in SW Niger
667
Figure 4. Total and global hydrological contributions to gravity variations estimated in a pixel area centred on Wankama. The term total refers to the sum of
Newtonian attraction and surface loading effects of water masses. The term global refers to the large-scale contribution computed as the total gravity changes
induced by hydrology minus the attraction of a Bouguer plate whose thickness is the predicted water elevation change for the Wankama pixel. The dashed
vertical lines correspond to FG5 measurement dates.
of the differences observed between the total gravity variations.
Besides, GLDAS and ECMWF models do not include any surface
water or groundwater which, when not negligible, can lead to a
disagreement with GRACE water storage estimates (e.g. Leblanc
et al. 2009; Han et al. 2009). Nevertheless, if global hydrological
forecasts and GRACE derived data are not expected to fully explain
the ground gravity variations, they provide a useful tool for the
estimate of large-scale (several hundreds of km) gravity variations
related to continental hydrology. This global component accounts
for approximately 20 per cent of the total gravity changes (Fig. 4).
Such an effect can clearly not be ignored in interpreting absolute
gravity measurements. The mean standard deviation of the differences between GRACE, GLDAS and ECMWF estimates of the
global contribution is only 5 nm s−2 , indicating a high consistency
between independent estimates of large-scale hydrological effects
on gravity field. The annual amplitude (2008–2009 May) of this
global component is however found to be slightly larger for GRACE
data than for the GLDAS (+11 nm s−2 ) and ECMWF (+8 nm s−2 )
simulations.
6 DISCUSSION
6.1 Estimate of the specific yield
The simulated gravity changes due to local water storage (Section 5.1) are compared with the FG5 measurements corrected or not
corrected for large-scale hydrological effects (Fig. 5). Uncorrected
ground gravity observations are in phase, but of higher amplitude
than observations corrected for large-scale hydrological effects. The
gravity simulations can be expressed as the sum of the water table
and soil moisture effects. The soil moisture contribution can vary
from 0 (Fig. 5a) to the soil water content measured at the fallow
site (Fig. 5b). The amplitude of this contribution is controlled with
a scale factor ranging from 0 to 1 identified as the soil moisture
index (Fig. 6). The water table contribution is proportional to the
2011 The Authors, GJI, 184, 661–672
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C
specific yield (Sy) of the aquifer (Fig. 5a): this parameter can hence
be constrained by an adjustment of gravity simulations to gravity observations. The resulting Sy values depend both on the soil
moisture index and on the correction of large-scale effects (Fig. 6).
For GRACE correction of large-scale effects, Sy values range from
1 to 6 per cent, regarding the whole range of the soil humidity
index. If we do not consider any corrections of large-scale hydrological effects, Sy will be overestimated to values ranging from 3 to
9 per cent.
6.2 Uncertainty analysis
Several sources of uncertainty may affect the estimate of the specific
yield, as follows.
(1) The soil moisture contribution could be underestimated by
the fallow measurements. This possibility has been investigated by
computing the gravity variations induced by the soil water content
changes measured at the millet site. The resulting gravity variations
become higher than the ground measurements corrected or not for
the large-scale hydrological effects. This soil moisture contribution
is then added to the water table contribution. The adjustment of
these updated simulations to ground gravity measurements leads
to a minimal Sy value of 0.5 per cent, when considering GRACE
correction of large scale hydrological effects and 70 per cent of
the soil water content measured at the millet site. The upper limit
of Sy range is unaffected as it is obtained for a null soil moisture
contribution. These results show that (i) the soil moisture contribution in the FG5 surroundings is likely lower than what could be
measured at the millet site and (ii) considering higher soil moisture
contributions than what could be measured at the fallow site does
not change significantly the Sy estimate.
(2) A hysteresis effect may occur as the water table rises in
fields that have dried for approximately 8 months. In addition, the
upper level reached by the water table in September 2008 had not
been saturated since the beginning of the piezometric monitoring
668
J. Pfeffer et al.
Figure 5. Comparison of the simulated and observed gravity variations at Wankama site. The specific yield of the aquifer is indicated by Sy. The squares are
the FG5 observations either uncorrected (black) or corrected for the large-scale hydrological contribution using GRGS solutions of GRACE satellite data (red),
or GLDAS hydrological model (blue). For visibility purpose, the different values for each FG5 measurement are slightly shifted in time when considering
GRACE, GLDAS or no large-scale correction. (a) considers only the water table contribution and (b) the sum of the water table and maximal soil moisture
contributions (using the soil water content measured at the fallow site).
Figure 6. Range of parameters for which the local water storage simulations are comprised within FG5 measurements error bars. The soil humidity index is
a scale factor applied to the soil water contribution measured at the fallow site. The standard deviation of the difference between the gravity measurements
and simulations is indicated for each couple of parameters. Four different corrections of large scale hydrological effects are considered, the term no correction
referring to FG5 observations uncorrected for large scale hydrological effects, but corrected as usual for temporal effects (solid earth tides, ocean loading, air
pressure, polar motion).
C 2011 The Authors, GJI, 184, 661–672
C 2011 RAS
Geophysical Journal International
Hydrology and gravity in SW Niger
in 1993 at least. During the first month of the dry season, the
water table rapidly decreases (Fig. 2c) but some water remains in
the unsaturated zone due to capillarity effects. During the end of
the dry season, the drop of the water table is slower but the water
stored in the fluctuation zone by capillarity continuously decreases.
This retention and release of water in the unsaturated part of the
fluctuation zone could explain why the gravity decrease measured
from February to April is higher than the modelled gravity decrease
(Fig. 5).
(3) The local water storage modelling assumes uniform aquifer
porosity, a simplified aquifer geometry, and homogeneous layers of
soil moisture (details in Section 5.1).
(4) The correction of large-scale hydrological effects depends
on the reliability of GRACE satellite data and global hydrological
models to recover water storage at scales of several hundreds of
kilometres (details section 5.2).
(5) The uncertainty of time lapse gravimetric measurements
ranges from 21 to 26 nm s−2 , which represents a quarter to a third
of the signal induced by local hydrology.
The quality of the adjustment between the local water storage
model simulations and the ground gravity measurements is estimated by the standard deviation of their differences. The minimal standard deviation (11 nm s−2 ) is achieved for Sy values and
soil moisture index ranging in intervals of [5.0–6.0 per cent] and
[0.0–0.3], respectively, when considering GRACE correction for
large-scale hydrological effects. Slightly higher Sy values ([5.6–6.8
per cent] or [6.0–7.0 per cent], respectively) are reached for a standard deviation of 12 nm s−2 when considering GLDAS or ECMWF
corrections. One can see that the lowest standard deviations are obtained for a soil humidity index below 0.8 (Fig. 6), suggesting that
the amplitude of the soil water storage variations is less than the one
measured at the fallow site. When measurements stay uncorrected
for large-scale hydrological effects, the minimal (14 nm s−2 ) standard deviation is achieved for a specific yield ranging from 8.2 to
9.2 per cent. The average standard deviation is improved by 13 per
cent, when correcting the ground gravity measurements for GRACE
estimate of the large-scale hydrological effects (and by respectively
5 and 7 per cent for GLDAS and ECMWF corrections). The opti-
669
mum (standard deviation <15 nm s−2 ) Sy values range from 1.8 to
6.2 per cent for the assumptions of (i) a soil moisture contribution
limited by the measurements at the fallow site and (ii) a reliable
GRACE correction of large scale hydrological effects.
6.3 Independent estimate of the groundwater
content with MRS
The measured MRS signal and its inversion are shown in Fig. 7 for
a representative sounding. Each of the 10 soundings was inverted in
the same way. The mean MRS water content is about 8–10 per cent
and slightly differs from the soundings performed in 2005 December (12.0 per cent, Boucher et al. 2009b) suggesting slight lateral
heterogeneities of aquifer porosity (MRS locations in Fig. 1b). The
difficulty to fit all the data when assuming constant water content
for the entire aquifer (Fig. 7) suggests the presence of vertical heterogeneities in the aquifer. When using a model with 8.5 per cent of
water content, the amplitudes for high value of pulses are underestimated and when using a model with 9.5 per cent of water content,
the amplitudes for low value of pulses are overestimated. The fit of
data is greatly improved when considering that the water content is
lower in the top of the aquifer than in the bottom. This difference
of water content can be explained by the geological heterogeneity
of the Continental Terminal aquifer, which consists in an alternation of more or less clayed beds of small extension (Greigert &
Bernert 1979; Lang et al. 1990). The analysis of each of the 10 MR
soundings reveals a water content in the top of the aquifer (where
fluctuations occur) of 6.7 ± 1 per cent.
Pumping tests performed in the Continental Terminal aquifer
show that the MRS water content was always higher than the measured specific yield (Boucher et al. 2009b). This information was interpreted as MRS being sensitive to capillary water unlike pumping
tests. The same reason can explain that the specific yield ([1.8–6.2
per cent]) estimated from gravity variation is less than the MRS water content measured in the top of the aquifer (down to 30 m from
the soil surface). It is worth noting, that the Sy values estimated
from the repeated gravity surveys are representative of the upper
part of the aquifer, seasonally saturated and desaturated. The deeper
Figure 7. Typical MRS results (2009 February 5) showing the comparison of measured and modelled signals (in nV) for three different models of water
content varying with depth in the aquifer.
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C
670
J. Pfeffer et al.
part of the aquifer does not contribute to gravimetric changes as it
remains saturated for the entire year.
7 C O N C LU S I O N S A N D P E R S P E C T I V E S
The GHYRAF experiment permitted to carry out the first absolute
gravity monitoring in West Africa. Main results can be summarized
as follows:
(1) Time lapse gravimetric measurements are significantly influenced both by local and large-scale signals of the West African
monsoon. The large-scale contribution must hence be removed from
the gravity measurements before investigating local water storage
variations. GRACE satellite can effectively be used to estimate the
gravity variations induced by large-scale hydrology and surface
loading. This effect is found to be comparable and even slightly
(about 10 nm s−2 ) larger than the simulations of the GLDAS and
ECMWF hydrological models.
(2) In spite of the small to medium amplitude of the recorded
gravity signal, the specific yield of the unconfined aquifer can be retrieved to an optimum value ranging from 1.8 to 6.2 per cent. These
values rely on a probable range of soil moisture distribution (estimated after measurements with capacity probes) and on GRACE
assessment of the large-scale (several 100 km) water storage variability.
(3) The specific yield inferred from gravity surveys is consistent
with the water content retrieved with MRS. The consistency between
both geophysical methods shows their potential to validate and calibrate local hydrologeological models of water storage changes.
Because resonance magnetic soundings integrates the whole saturated thickness of the aquifer, it is less sensitive than the gravity
surveys to the water table fluctuations, and is usually mainly used
to estimate spatial changes in the water content.
A refinement of the local hydrological modelling would be necessary to improve our knowledge of the water storage variability
at the catchment scale. The neutron probes installed at the beginning of the rainy season in 2009 will help to quantify changes of
the water content in the whole thickness of the unsaturated zone.
A densification of gravimetric measurements was carried out with
two microgravimeters during the 2009 monsoon period. The results
from these two experiments will be concurrently analysed with the
purposes of (i) better constraining the intraseasonal water balance,
(ii) exploring spatial heterogeneities of the water storage and (iii)
detecting processes governing focused recharge in semiarid SW
Niger.
AC K N OW L E D G M E N T S
This project is funded by the French Agence Nationale de la
Recherche (ANR) during 4 yr (2008–2011). It is also partly granted
by the Centre National d’ Etudes Spatiales (CNES). Jean-Paul Boy
is currently visiting NASA Goddard Space Flight Center, with
a Marie Curie International Outgoing Fellowship (N◦ PIOF-GA2008-221753). The GLDAS data used in this study were acquired as
part of the mission of NASA’s Earth Science Division and archived
and distributed by the Goddard Earth Sciences (GES) Data and Information Services Center (DISC). Hydrological surveys are part
of the regional AMMA-CATCH hydrological and meteorological
observatory on West Africa, funded by French ministry of research
(http://www.amma-catch.org). We thank the Institut de Recherche
pour le Développement (IRD) in Niger for the strong logistic and
manpower support. We also warmly acknowledge the Ministry of
Hydraulics and the Department of Geology of the University Abdou
Moumouni in Niamey (Niger) for their assistance.
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CHAPITRE 5: FUSION DE DONNEEES HYDROGEOPHYSIQUES
5.3. Pour aller plus loin...
Cet article de recherche illustre l’intérêt d’allier la gravimétrie à l’hydrologie pour l’étude des
ressources en eau sahéliennes. De fait, les mesures de gravimétrie absolue sont sensibles aux
variations de masses d’eau sur toute l’épaisseur de la colonne de sol, à des échelles spatiales
variant de la parcelle au continent. Le caractère multi‐échelle de la mesure gravimétrique est
commenté dans la section 5.3.1. La méthode RMP est utilisée dans cette étude comme un moyen
de validation des résultats obtenus par gravimétrie. Les différences entre ces deux méthodes
sont
discutées en détail dans la section 5.3.2. Enfin l’analyse conjointe de mesures
hydrologiques et gravimétriques est complétée par une année de mesure supplémentaire dans
la section 5.3.3.
5.3.1. La gravimétrie : une méthode intégrant les signaux hydrologiques à diverses
échelles spatiales
Les processus hydrologiques occupent une large gamme d’échelles spatiales et temporelles: les
transferts hydrologiques en zone non saturée se font en quelques heures sur des distances
inférieures au mètre alors que les fronts de précipitations peuvent s’étendre sur plusieurs
milliers de km et quelques dizaines de jours (figure 5.1). En revanche, l’échelle d’observation de
ces processus est souvent limitée par des contraintes techniques de mesure et de logistique. La
notion d’échelle d’observation fait appel à trois paramètres clés (Blöschl et Sivapalan, 1995): la
couverture des mesures (l’étendue du réseau d’observation), leur résolution (liée au pas
d’échantillonnage),
ainsi
que
leur
représentativité
spatiale
(assimilée
au
volume
d’échantillonnage) et temporelle. Excepté les mesures de débits, représentatives de la variabilité
hydrologique sur l’ensemble d’un bassin versant, les mesures hydrologiques in situ sont
généralement caractérisées par un faible volume d’échantillonnage.
Les mesures gravimétriques présentent le rare avantage d’être à la fois sensibles aux variations
des masses d’eau aux échelles locale et continentale. La contribution hydrologique locale est
généralement dominante (excepté dans les déserts), mais la part des variations gravimétriques
associées aux variations de masse d’eau à l’échelle du globe n’est pas négligeable. Ainsi pour
étudier la variabilité hydrologique locale, les effets de grande longueur d’ondes doivent
nécessairement être corrigés des mesures, et vice versa (Longuevergne et al, 2009).
96
CHAPITRE 5: FUSION DE DONNEEES HYDROGEOPHYSIQUES
Figure 5. 1 Échelles spatiales et temporelles associées à différents processus hydrologiques
(modifié d’après Blöschl et Sivapalan, 1995)
Deux questions sont fréquemment posées sur la manière d’isoler la contribution de grande
longueur d’onde des variations du champ de pesanteur résultant de la mission GRACE :
(1) « Pourquoi ne pas utiliser les mesures in situ pour estimer la contribution locale retirée
des données GRACE ? »
Les variations du champ de pesanteur dérivées des satellites GRACE ont une résolution spatiale
de l’ordre de 400 km. Ces données sont sensibles à la variation moyenne des stocks d’eau dans le
pixel de résolution satellitaire (~ 400 × 400 km) et aux redistributions des masses d’eau à
l’échelle continentale. Pour isoler la contribution de grande longueur d’onde, il faut donc
retrancher du signal gravimétrique total l’effet d’attraction newtonienne généré par les
variations de stock dans le pixel d’observation (voir section 4.3). Cet effet peut être calculé, car
nous connaissons les variations de hauteur d’eau équivalente dans le pixel d’observation. Les
variations de gravité dues aux variations des stocks d’eau mesurées sur le bassin versant de
Wankama ne peuvent en aucun cas être déduites des mesures GRACE, et réciproquement.
97
CHAPITRE 5: FUSION DE DONNEEES HYDROGEOPHYSIQUES
(2) « Comment peut‐on considérer cette contribution comme locale sachant que la
résolution spatiale de la mesure atteint les 400 km ? »
Le signal gravimétrique détecté par les satellites GRACE est séparé en une contribution locale,
due à l’attraction newtonienne des variations de masses d’eau détectées dans le pixel
d’observation, et une contribution de grande longueur d’onde, due aux effets combinés de
l’attraction newtonienne et de la surcharge élastique générées par les redistributions des
masses d’eau à l’échelle continentale. Le terme « contribution locale » dénote dans ce cas un
abus de langage car les satellites GRACE ne discernent pas la variation locale du champ de
pesanteur mais une variation moyenne sur une zone de 400 × 400 km2. Le terme exact à
employer devrait être « contribution due à l’attraction newtonienne des masses d’eau présentes
dans le pixel d’observation ».
5.3.2. Comparaison de la gravimétrie à la résonance magnétique protonique
Dans l’article présenté en section 5.2, la gravimétrie et la méthode RMP sont utilisées afin
d’estimer le contenu en eau de l’aquifère à l’échelle locale. Toutefois, si des résultats
comparables sont obtenus avec les deux méthodes, celles‐ci diffèrent par leurs sensibilités
spatiales et temporelles. De plus, ces méthodes n’imagent pas exactement le même contenu en
eau de l’aquifère. Ces différences sont explicitées dans les paragraphes suivants, afin de mieux
comprendre les apports et limites respectives de ces deux méthodes pour la caractérisation des
stocks d’eaux locaux.
5.3.2.1. Des différences de sensibilités face aux variations spatiales et temporelles du
contenu en eau du soussol
Les mesures de gravimétrie absolue, répétées à un rythme saisonnier, sont sensibles aux
variations temporelles des réserves d’eau du sous‐sol, superficielles (humidité du sol) et
souterraines (aquifère). Seule la zone de fluctuation, saturée et désaturée au cours de la montée
et du retrait de la nappe, participe au signal gravimétrique généré par l’aquifère. Les valeurs de
porosité de drainage estimées par gravimétrie tiennent compte de la possibilité que l’humidité
du sol et le niveau de la nappe varient de concert et modifient simultanément la gravité mesurée
en surface.
98
CHAPITRE 5: FUSION DE DONNEEES HYDROGEOPHYSIQUES
Le signal RMP est directement sensible au contenu en eau de l’aquifère (section 3.3). La
profondeur d’investigation du sous sol, pouvant atteindre une centaine de mètres, est contrôlée
par l’amplitude et la durée de l’impulsion électrique émise. Afin de limiter les problèmes
d’équivalence lors de l’inversion du signal RMP, le niveau de la nappe est déterminée à partir des
enregistrements piézométriques, et la profondeur de l’aquiclude (~52 m) est estimée par des
sondages TDEM couplés à des observations géologiques in situ. De la sorte, l’inversion des
sondages RMP permet d’estimer la distribution verticale du contenu en eau de l’aquifère sur
toute son épaisseur.
Lors de la comparaison des porosités de drainage estimées par gravimétrie (2 – 6 %) et des
teneurs en eau RMP (6.7 ± 1 %), il y a donc d'abord une question de résolution verticale: la
gravimétrie intègre verticalement un volume plus faible et plus superficiel (les quelques m de
battement de la nappe) que les sondages RMP (~ 30 m, l'ensemble de la zone saturée).
L’aquifère du Continental Terminal est une structure hétérogène, constituée d’une alternance de
lentilles de composition plus ou moins sableuse ou argileuse (Greigert & Bernert 1979; Lang et
al. 1990; Favreau 2000; Massuel 2005). L’écart observé entre les porosités de drainage estimées
par gravimétrie et les teneurs en eau RMP pourrait être expliqué par l’hétérogénéité verticale de
la porosité de l’aquifère.
De plus, l’inversion des données RMP proposée en section 5.2 est unidimensionnelle: le contenu
en eau varie uniquement sur la verticale et ce pour l’ensemble des 10 sondages réalisés au
niveau de la case de mesure gravimétrique. Toutefois plusieurs modèles de distribution de la
teneur en eau peuvent expliquer un même jeu de données. La prise en compte de teneurs en eau
plus ou moins fortes à proximité du site de mesure peut modifier significativement les valeurs
obtenues précédemment (Boucher et al., 2011). Ainsi 12 sondages RMP ont été réalisés en
février 2010 (Henri, 2010) en complément des 5 sondages réalisés en 2008, afin d’estimer les
variations spatiales du contenu en eau de l’aquifère au voisinage de la mare (Figure 5.2). D’après
les résultats de l’inversion pour un modèle d’aquifère à une couche, la teneur en eau RMP est
estimée à 10% aux alentours du site de mesure gravimétrique, mais présente de fortes
hétérogénéités latérales sur la zone d’étude (variations de 7 à 18 %).
99
CHAPITRE 5: FUSION DE DONNEEES HYDROGEOPHYSIQUES
Figure 5. 2 Cartographie de la teneur en eau RMP, déterminée à partir de 12 sondages complémentaires
effectués en février 2010 (d’après une communication personnelle de M. Boucher)
5.3.2.2. Les différentes porosités d’un aquifère
Pour mieux comprendre les différences entre la porosité de drainage estimée par gravimétrie et
le contenu en eau estimé par RMP, un bref rappel sur les propriétés hydrogéologiques d’un
aquifère s’impose. Ces questions sont détaillées dans de nombreux ouvrages, tels que les
manuscrits de thèse de Vouillamoz, 2003 ou Boucher, 2007. Les porosités d’un aquifère
mesurent le stockage de l’eau au sein des interstices, fissures et fractures constituant le volume
poreux de la roche. La porosité totale d’un aquifère est le rapport de l’ensemble du volume
poreux sur le volume de roche considéré. Elle est égale à la teneur en eau lorsque le milieu est
saturé. Cette porosité peut être close si les pores ne communiquent pas entre eux, ou ouverte
dans le cas opposé. Seule la porosité ouverte permet à l’eau de circuler au sein de la matrice
rocheuse. Au sein de la porosité ouverte, on peut distinguer l’eau liée, retenue à la surface des
pores par attraction moléculaire, de l’eau libre qui pourra se déplacer au sein de l’aquifère
rocheux (Figure 5.3). La fraction de l’eau pouvant circuler au sein de l’aquifère sous l’action d’un
gradient de charge est définie comme la porosité cinématique (appelée effective porosity par les
anglophones).
100
CHAPITRE 5: FUSION DE DONNEEES HYDROGEOPHYSIQUES
La gravimétrie permet d’estimer la variation de teneur en eau de l’aquifère entre la saison sèche
et la saison humide. La quantité d’eau mise en jeu par le réservoir aquifère correspond alors à la
porosité de drainage, égale au volume d’eau pouvant être drainé sous l’action de la pesanteur. Si
la végétation est importante, il faudra également tenir compte de la fraction de l’eau capillaire
prélevée par les plantes dans l’aquifère. La porosité de drainage (appelée specific yield par les
anglophones) diffère du volume d’eau participant réellement à l’écoulement en zone saturée. Par
exemple, l’eau capillaire présente dans la zone de fluctuation de la nappe ne peut être drainée
sous l’effet de la gravité mais sera mise en mouvement lors de l’écoulement. Dans le cas
d’aquifères libres, comme le Continental Terminal, la porosité cinématique est généralement
supérieure à la porosité de drainage: la différence correspond à l’eau mise en mouvement sous
l’action d’un gradient de charge, mais qui ne participe pas à l’écoulement sous l’effet isolé de la
gravité.
Figure 5.3 Structure d’une couche d’eau liée au contact d’une particule solide (d’après de Marsily, 1981). La
distance fixée arbitrairement à 0.5 µm peut varier d’un milieu à un autre. Elle correspond à la distance à
partir de laquelle les forces d’attraction moléculaires deviennent négligeables et permettent à l’eau de
circuler.
La teneur en eau estimée par RMP est encore mal définie à l’heure actuelle. En principe,
l’ensemble des molécules d’eau du terrain exploré devrait être excité par l’injection d’impulsions
électriques et participer au champ magnétique de relaxation émis. Toutefois l’enregistrement du
signal RMP ne peut se faire qu’après un délai instrumental de quelques dizaines de
millisecondes. Les temps de relaxation les plus courts sont émis par les molécules d’eau les plus
101
CHAPITRE 5: FUSION DE DONNEEES HYDROGEOPHYSIQUES
proches des grains solides, constituant une fraction de l’eau liée. La teneur en eau RMP
correspondrait donc à l’eau libre de l’aquifère et est souvent considérée comme une bonne
approximation de la porosité cinématique (Lubczynski et Roy, 2005 ; Lachassagne et al. 2005;
Vouillamoz et al. 2008). De nombreux sondages RMP ainsi que des essais de pompages ont été
réalisés dans l’aquifère du Continental Terminal, afin de mieux comprendre les paramètres
hydrogéophysique évalués par RMP (Boucher, et al 2009a). Dans ce contexte régional, il a été
montré que les teneurs en eau RMP sont corrélées (coefficient de corrélation R = 96 %) et
toujours supérieures aux valeurs de porosités de drainage estimées par essai de pompage (en
noir sur la Figure 5.4). La méthode RMP est donc sensible à une fraction de la teneur en eau de
l’aquifère plus importante que les essais de pompage.
Figure 5.4 Estimations des porosités de l'aquifère Continental Terminal par différentes méthodes
géophysiques (modifié d’après Boucher et al. 2009a)
La teneur en eau décelée par RMP devrait par conséquent être également supérieure à la
porosité de drainage estimée par gravimétrie. Cette hypothèse est confirmée par les mesures de
terrain réalisées à Wankama (en rouge sur la Figure 5.4). L’écart entre les teneurs en eau
décelées par gravimétrie et RMP peut également s’expliquer par la différence de résolution
verticale des deux méthodes, discutée précédemment. Les mesures réalisées dans cette région
du Continental Terminal semblent indiquer que la porosité de drainage estimée par gravimétrie
(2 – 6%) soit supérieure à celles estimées par essai de pompage (0.5 – 2 %). Les mesures n’ont
toutefois pas été effectuées sur le même site, ce qui peut largement expliquer les différences
observées. Les estimations de porosité de drainage faites par essai de pompage sont de plus
102
CHAPITRE 5: FUSION DE DONNEEES HYDROGEOPHYSIQUES
sujettes à de nombreuses incertitudes, liées par exemple au temps accordé à la mesure ou aux
simplifications analytiques faites lors de l'inversion du signal (Healy & Cook, 2002). En effet la
quantité d’eau pouvant être drainée dépend de la durée pendant laquelle on draine. L’essai de
pompage correspond une mesure à court terme (horaire à journalier), la gravimétrie à une
mesure à moyen terme (saisonnier à annuel), et la méthode RMP à une mesure à long terme
(pluriannuel à séculaire). L'estimation d’un temps de drainage séculaire pour la méthode RMP
est un peu approximative. En fait les mesures de teneurs en eau RMP dans l'aquifère du CT (5 –
23 %) sont du même ordre de grandeur que la différence entre la porosité totale (25 – 36 %,
Favreau 2000) et la teneur en eau résiduelle dans la zone non saturée profonde (4 – 24 %,
Massuel et al., 2006). Comme plusieurs siècles de climat très sec se sont écoulés pour arriver à
de telles teneurs en eau résiduelles, nous pouvons considérer que la teneur en eau RMP
correspond à un drainage séculaire (communication personnelle, M. Boucher).
Il est intéressant de noter que malgré leurs différences, les mesures de gravimétrie et de RMP
permettent d’obtenir des informations cohérentes avec nos attentes théoriques sur les
paramètres hydrogéologiques de l’aquifère du Continental Terminal. Les propriétés de ces deux
méthodes géophysiques sont rappelées dans la figure 5.5. La gravimétrie nous renseigne sur les
variations saisonnières des stocks d’eau, assimilables à la porosité de drainage dans la zone de
fluctuation de l’aquifère lorsque les variations d’humidité dans la zone non saturée sont
négligeables (ou corrigées). Les mesures RMP indiquent la teneur en eau libre sur toute
l’épaisseur de l’aquifère, correspondant à une valeur proche de la porosité cinématique. La
méthode RMP est adaptée à la détection de variations spatiales du contenu en eau de l’aquifère,
alors que la gravimétrie absolue permet de suivre la variabilité des stocks d’eau dans le temps.
De récentes études montrent toutefois que la méthode RMP est capable de déceler des variations
temporelles de la teneur en eau de l’aquifère, lorsque celles‐ci représentent un volume non
négligeable devant le volume d’eau contenu dans toute l’épaisseur de l’aquifère (Boucher et al,
2011). La gravimétrie reste cependant beaucoup plus sensible que la méthode RMP aux
variations temporelles des stocks d’eau.
103
CHAPITRE 5: FUSION DE DONNEEES HYDROGEOPHYSIQUES
Figure 5.5 Propriétés des mesures de gravimétrie absolues et de RMP pour la caractérisation des stocks d’eau
souterrains. Les chiffres indiqués sont uniquement donnés à titre d’ordre de grandeur. Nous rappelons que
les termes MRS (Magnetic Resonance Sounding), Sy (specific yield) et ne (effective porosity) sont les
traductions anglophones des termes RMP (Résonance Magnétique Protonique), Φd (porosité de drainage) et
Φe (porosité cinématique).
104
CHAPITRE 5: FUSION DE DONNEEES HYDROGEOPHYSIQUES
5.3.3. Comparaison de mesures gravimétriques et hydrologiques sur deux cycles annuels
Les variations temporelles de la gravité ont été mesurées à Wankama jusqu’en juillet 2010. Les
valeurs corrigées des effets de marée solide, de surcharge océanique, de pression atmosphérique
et du mouvement du pôle on été reportées dans le tableau 5.1.
Tableau 5.1 Valeurs de la gravité mesurées à Wankama (nm s2)
La valeur de la gravité mesurée en juillet 2009 paraît excessivement haute, comparée aux
valeurs mesurées en juillet 2008 (+ 65 nm s ‐2) et juillet 2010 (+ 69 nm s ‐2). Cette mesure a été
réalisée lors d’un orage particulièrement violent (20 mm en 30 min au pluviomètre le plus
proche), ayant inondé les alentours de la case de mesure. Il est possible que les conditions de
mesures difficiles liées à l’orage aient affecté la mesure du 14 juillet 2009.
Les variations de gravité peuvent ensuite être mises en relation avec les variations des stocks
d’eau locaux mesurées de 2008 à 2010 sur le site de Wankama. Celles‐ci sont présentées dans la
figure 5.6. L’année 2009 (460 mm au pluviomètre localisé sur le plateau) a été nettement moins
pluvieuse que l’année 2008 (611 mm au même pluviomètre). Par conséquent, des niveaux d’eau
plus faibles ont été atteints dans la mare et la nappe. Le stockage d’eau dans les 3 premiers
mètres de sol a également été réduit en 2009 aux stations mil et jachère. Les dates de mesures
gravimétriques ont été planifiées afin de capter le maximum de signal en provenance de la
nappe. Les mesures réalisées en juillet précédent la montée de la nappe, tandis que celles
105
CHAPITRE 5: FUSION DE DONNEEES HYDROGEOPHYSIQUES
réalisées en septembre visent la crue maximale de la nappe, atteinte à quelques jours
d’intervalle. Les mesures d’humidité du sol réalisées aux stations mil et jachère indiquent que
malgré l’arrivée des premières pluies, le stock d’eau du sol est encore faible en juillet et croit
progressivement au cours de la saison des pluies. Le maximum de signal lié au stockage d’eau
dans le sol est mesuré en septembre. La mare quant à elle commence à se remplir dès les
premières pluies de forte intensité, et contient déjà un niveau d’eau appréciable lors des
mesures gravimétriques de juillet.
Figure 5.6 Observations des variations temporelles des stocks d’eau locaux sur deux cycles annuels. Les traits
tiretés verticaux correspondent aux dates de mesure de gravimétrie absolue. Les valeurs des mesures
hydrologiques réalisées manuellement sont indiquées par des figurés carrés. a) Variations du niveau d’eau
dans la mare associées à la pluviométrie journalière mesurée à la station située sur le plateau. b) Variations
des stocks d’eau dans les 3 premiers mètres du sol estimées à partir de mesures par sondes capacitives aux
stations mil et jachère. c) Variations du niveau de la nappe aux 4 piézomètres exprimées en m par rapport à
l’altitude du capteur de gravimétrie absolue.
Ces observations hydrologiques ont permis de calculer les variations de gravité associées à
l’évolution des stocks d’eaux locaux, selon le modèle présenté dans la section 5.2. Nous
rappelons que les variations de gravité dues au battement de la nappe sont proportionnelles à la
porosité de drainage de l’aquifère, supposée constante dans la zone de fluctuation. Le niveau de
106
CHAPITRE 5: FUSION DE DONNEEES HYDROGEOPHYSIQUES
la nappe est supposé symétrique par rapport à la mare et constant dans la direction Nord‐Sud
(direction de l’orientation de la mare). Les variations d’humidité du sol sont modélisées par des
couches parallèles à la topographie dont le contenu en eau varie selon les mesures prises au site
de jachère. Ces variations d’humidité sont pondérées par un facteur compris entre 0 et 1. Le
signal gravimétrique associé au stockage d’eau dans le sol peut ainsi être calculé pour un sol
constamment sec (Figure 5.7.a) ou pour un sol dont le contenu en eau varie selon les mesures
réalisées au site de jachère (Figure 5.7.b).
Les variations de gravité ainsi calculées sont comparées aux mesures de gravimétrie absolue
corrigées ou non des effets associés aux redistributions de masses d’eau à l’échelle continentale
(Figure 5.7). Excepté la mesure de juillet 2009, les variations de gravité mesurées et corrigées
des effets de grande longueur d’onde sont cohérentes avec les variations des stocks d’eau locaux.
Les observations gravimétriques reflètent bien la recharge rapide de la nappe pendant la saison
des pluies et sa décrue plus lente pendant la saison sèche. Toutefois, des porosités de drainage
plus élevées (5 – 15 %) que celles estimées sur le premier cycle annuel (2 – 6 %) doivent être
avancées pour expliquer les mesures de septembre 2009. Le pic de gravité mesuré en septembre
2009 est effet supérieur (+15 nm s ‐2) au pic de septembre 2008, en dépit d’une année moins
pluvieuse et d’une recharge de la nappe plus faible. Cet écart pourrait s’expliquer par le fait que
les mesures de gravité ont été réalisée après la crue maximale de la nappe en septembre 2009,
alors qu’elles avaient été effectuées avant en 2008. Le stockage d’eau dans la zone de fluctuation
de la nappe est en effet méconnu et n’est pas pris en compte dans cette étude. De plus, un écart
de 15 nm s‐2 reste dans l’ordre de grandeur des incertitudes de mesure. Les mesures gravimétrie
absolue répétées à un rythme saisonnier peuvent difficilement être utilisées pour discuter
d’effets dont l’amplitude est si faible.
Plusieurs pistes ont été explorées pour tenter d’expliquer la mesure anormalement haute de
juillet 2009 :
(1) La mesure gravimétrique a pu être affectée par les conditions difficiles de mesure liée à
l’orage survenu à ce même moment. La présence de vent et de poussière ont pu
perturber la mesure. L’eau de ruissellement s’accumulant autour du site de mesure a pu
générer une augmentation de la gravité : une lame d’eau précipitée de 27.4 mm a été
enregistrée pendant la mesure gravimétrique au pluviomètre situé sur le plateau.
Toutefois une accumulation d’eau de quelques centimètres ne peut expliquer une
différence de 60 nm s‐2 entre les modèles et les mesures de gravité. Une couche d’eau
107
CHAPITRE 5: FUSION DE DONNEEES HYDROGEOPHYSIQUES
Figure 5.7 Comparaison des modèles et mesures des variations de gravité dues aux variations des stocks
d’eau à Wankama. Le modèle indiqué dans la figure (a) tient uniquement compte des variations du niveau de
la nappe, alors que celui indiqué dans la figure (b) inclut également des variations du contenu en eau du sol
selon les mesures réalisées au site de jachère. La porosité de drainage de l’aquifère est désignée par Sy. Les
mesures de gravimétrie absolue sont indiquées en noir lorsqu’elles ne sont pas corrigées des effets
hydrologiques de grande longueur d’onde et en rouge lorsqu’elles sont corrigées de ces effets à partir des
solutions GRACE du GRGS. Pour des raisons de visibilité, les valeurs de gravimétrie absolue non corrigées ont
été légèrement décalées dans le temps ( 4 jours). Les mesures de piézométrie et d’humidité du sol ne sont
plus disponibles à partir de mai 2010.
108
CHAPITRE 5: FUSION DE DONNEEES HYDROGEOPHYSIQUES
plane et infinie génère une variation de seulement 4.2 nm s‐2 par cm d’épaisseur (effet de
plateau : section 4.1). De plus si l’on considère une couche d’eau superficielle, seules les
masses d’eau proches du gravimètre participent au signal gravimétrique (« effet
d’ombrelle »: section 4.2). En tenant compte de la hauteur instrumentale, 70 % du signal
gravimétrique généré par une lame d’eau répartie uniformément à la surface du sol est
compris dans un rayon de 1.5 m autour du gravimètre. A priori l’eau de ruissellement
s’est accumulée en dehors de cette surface protégée par la case de mesure. Son effet sur
la gravité serait par conséquent minime (~ 30% de l’effet de plateau, soit 1.26 nm s‐2 par
cm d’eau).
(2) Les variations de pression atmosphérique affectent également la gravité du fait de
l’attraction newtonienne et de la surcharge élastique. Les mesures de gravimétrie
absolues sont corrigées des variations de pression par des mesures barométriques in
situ, en utilisant une admittance de ‐ 3 nm s‐2 hPa‐1. Aucun écart significatif par rapport à
cette admittance n’a été décelé lors du calcul des variations de gravité générées par les
variations de pressions atmosphérique à grande échelle estimées à partir du modèle
ECMWF (Boy & Hinderer, 2006).
(3) On ne peut écarter la possibilité d’une erreur instrumentale. Des écarts de plusieurs
dizaines de nm s‐2 ont déjà été observés sur des mesures de gravimétrie absolue par
rapport à une référence connue (intercomparaison de gravimètres, lignes de
calibration). De plus, le système d’acquisition du gravimètre a été changé juste avant la
mesure de juillet 2009. Le remplacement du système d’acquisition n’est toutefois pas
censé influencer les mesures gravimétriques. Des mesures de test ont été réalisées sur
d’autres gravimètres dans des conditions favorables (observatoire gravimétrique de
Géosciences Montpellier) avant et après le changement de système d’acquisition du
même type et n’ont indiqué aucune variation significative (~ 10 nm s‐2) des valeurs de
gravité mesurées (communication personnelle, N. Le Moigne). Les valeurs de gravité
mesurées dans le cadre du programme GHYRAF semblent à nouveau correctes à partir
de septembre 2009 sans qu’aucune modification n’ait été apportée au gravimètre ou au
protocole de mesure.
(4) Les modèles hydrologiques locaux utilisés pour calculer les variations de gravité sont
loin de prendre en compte toute la complexité des processus hydrologiques affectant le
stockage d’eau dans la subsurface. Par exemple, le stockage d’eau dans la zone de
fluctuation après la décrue de la nappe n’est pas intégré au modèle. Les variations
109
CHAPITRE 5: FUSION DE DONNEEES HYDROGEOPHYSIQUES
d’humidité du sol dans les premiers mètres de sol sont également méconnues: des écarts
significatifs par rapports aux stocks d’eau mesurés aux sites de mil et jachère pourraient
être observés au niveau de la case de mesure de gravimétrique. Les premières pluies ont
pu avoir un fort impact sur l’humidité de surface et générer de fortes hétérogénéités
spatiales du contenu en eau dans les couches de sol les plus superficielles. Ce dernier
phénomène est à contrebalancer avec l’effet des monuments de mesure (case et pilier),
qui ont tendance à réduire l’effet des variations de masses superficielles sur les mesures
de la gravité (section 4.2).
5.4. Synthèse
Deux années de mesure de gravimétrie absolue ont permis de quantifier les influences à petites
et grandes échelles de la mousson ouest‐africaine sur la gravité. La variabilité saisonnière du
signal gravimétrique est ainsi évaluée entre 80 et 100 nm s‐2 sur les deux années de mesures
réalisées à Wankama.
Les mesures du satellite GRACE s’avèrent être un outil précieux pour calculer les variations de
gravité liées aux redistributions des masses d’eau à l’échelle continentale. Les variations du
champ de pesanteur détectées par la mission GRACE sont dissociées en une contribution de
grande longueur d’onde, due aux processus de déformation de la croûte sous l’action des masses
d’eau et à l’attraction de masses d’eau distantes, et une contribution dite locale, due à l’attraction
newtonienne des masses d’eau présentes dans le pixel d’observation. L’amplitude annuelle des
effets de grande longueur d’onde est estimée entre 20 et 35 nm s‐2 pour le pixel de résolution
incluant le site de Wankama sur la période allant de 2002 jusqu’à 2010.
Les variations de gravité liée à l’hydrologie locale peuvent être déduites du signal gravimétrique
mesuré au sol en retranchant la contribution de grande longueur d’onde estimée à partir des
mesures satellitaires GRACE. Le signal gravimétrique résiduel est comparé aux variations de
gravité modélisées à l’aide de mesures hydrologiques in situ. Il est alors possible d’accéder à la
porosité de drainage de l’aquifère, estimée entre 2 et 6% sur la première année de mesure.
L’intervalle de valeurs proposé tient compte de l’incertitude sur les mesures gravimétriques
corrigées des effets de grande longueur d’onde et de l’incertitude liée à la présence d’eau dans
les premiers mètres de sol. Des valeurs de porosités de drainage plus importantes (~ 10 %)
permettent d’expliquer les mesures gravimétriques réalisées en septembre 2009. L’évaluation
de la porosité de drainage faite sur la deuxième année de mesure est toutefois moins fiable que
110
CHAPITRE 5: FUSION DE DONNEEES HYDROGEOPHYSIQUES
celle faite sur la première année: le signal lié au battement de la nappe est plus faible en 2009
qu’en 2008, tandis que l’incertitude sur les mesures gravimétriques est plus forte.
Les porosités de drainage estimées par gravimétrie sont légèrement inférieures aux teneurs en
eau de l’aquifère estimées de façon indépendante par RMP (7 à 10 % en considérant
l’incertitude). Ce résultat peut s’expliquer car les deux méthodes n’imagent pas le même volume
d’eau dans l’aquifère. La gravimétrie permet d’estimer la porosité de drainage dans la zone de
fluctuation, tandis que la teneur en eau RMP est considérée comme une bonne approximation de
la porosité cinématique sur toute l’épaisseur de l’aquifère. De nombreuses études indiquent que
dans la plupart des contextes géologiques la porosité de drainage doit être inférieure à la
porosité cinématique (e.g. Vouillamoz, 2003; Lubczynski et Roy, 2005; Lachassagne, et al. 2005).
L’accord entre les valeurs de porosités estimées par gravimétrie et RMP est de la sorte cohérent
avec nos attentes théoriques, ainsi qu’avec les valeurs de porosités estimées par essai de
pompage dans le même contexte régional (Boucher et al. 2009 a et b).
Sur les 9 mesures de gravimétrie absolue réalisées, celle de juillet 2009 peine toutefois à être
expliquée en terme de variabilité hydrologique. Différentes raisons peuvent être invoquées pour
expliquer cette mesure anormalement haute pour un début de saison des pluies : la valeur de la
gravité mesurée peut être erronée, avoir été affectée par un bruit environnemental, ou encore
indiquer un réel signal hydrologique dont l’origine est mal identifiée. Cette mesure particulière
met en évidence les faiblesses de notre stratégie d’observation: s’il est possible de contraindre la
variabilité saisonnière des stocks d’eau avec 4 mesures de gravimétrie absolue par an, ce n’est
plus le cas lorsqu’une de ces mesures est défectueuse. Sur un jeu de données si restreint, il est
difficile de déterminer si la mesure est erronée ou représentative de processus hydrologiques
qui n’ont pas été mesurés de façon complémentaire sur le réseau instrumental du site de
Wankama.
Pour lever l’incertitude associée au faible nombre de mesures, une densification des mesures
gravimétriques a été entreprise sur la saison des pluies 2009 à l’aide de microgravimètres de
terrain. A cette occasion, près de 1000 points de mesures gravimétriques ont été réalisés de
début juillet à fin septembre 2009. Durant cette même période, un effort particulier a également
été porté pour la mesure de l’humidité du sol : 7 tubes d’accès de sonde à neutrons ont été
installés et mesurés presque toutes les semaines. Le chapitre 6 « Densification des mesures sur
une saison des pluies » décrit les différentes mesures réalisées et permet de mettre en évidence
l’apport de la microgravimétrie pour l’étude de la variabilité intrasaisonnière des stocks d’eau à
l’échelle locale (< 1 km).
111
CHAPITRE 5: FUSION DE DONNEEES HYDROGEOPHYSIQUES
112
Chapitre 6
Densification des mesures sur une saison des pluies
CHAPITRE 6 : DENSIFICATION DES MESURES SUR UNE SAISON DES PLUIES
Ce chapitre est dédié à la présentation des résultats de la campagne de microgravimétrie
réalisée lors de la période de mousson en 2009. Il s’organise en cinq parties. Tout d’abord,
nous exposons les principaux enjeux scientifiques justifiant la réalisation de mesures de
gravimétrie relative à Wankama. Puis nous décrivons le réseau instrumental, le protocole de
mesure employé et enfin le traitement appliqué aux données acquises. Dans une troisième
partie, nous présentons les variations spatiales et temporelles de la gravité obtenues, ainsi
que le bilan des erreurs pouvant être associé à ces données. Enfin nous proposons
d’interpréter le signal gravimétrique acquis en termes de variations des stocks d’eau dans la
mare, la nappe et la zone non saturée. Ce chapitre est clos par une synthèse mettant en
évidence les apports et les limites d’une telle campagne de mesure.
6.1. Enjeux scientifiques
Les mesures de microgravimétrie, répétées dans le temps, permettent d’imager les variations
spatiales et temporelles de la pesanteur sur des réseaux de stations d’étendue kilométrique. Les
avantages liés { l’acquisition d’un jeu de données distribué spatialement et temporellement sont
doubles. D’une part, les mesures de microgravimétrie permettent d’étudier la représentativité
spatiale des mesures de gravimétrie ponctuelles (absolues ou supraconductrices). Le signal
hydrologique peut être perçu comme un bruit environnemental affectant les mesures, masquant
les signaux ténus dus à la rotation de la Terre ou aux transferts de masse profonds. Comme les
processus hydrologiques sont extrêmement variables à de courtes échelles spatiales et
temporelles, la quantification de ces effets perturbateurs nécessite des mesures distribuées au
voisinage du site d’observation et répétées dans le temps.
D’autre part les mesures de microgravimétrie peuvent procurer un outil complémentaire pour la
validation et la calibration de modèles hydrogéologiques. En effet une mauvaise documentation
du régime hydrologique et de ses variations est une source d’erreur majeure dans les modèles,
d’autant plus importante aux petites échelles spatiales (Peugeot et al., 2003; Cappelaere et al.,
2003; Massuel, 2005; Massuel et al., 2011). Les mesures de gravimétrie relative apportent une
information supplémentaire sur les variations spatiales et temporelles des stocks d’eau,
intégrées sur l’ensemble de la colonne de sol, de la surface aux aquifères. Pour des raisons
logistiques, l’apport d’un tel jeu de données est particulièrement attractif en Afrique sahélienne :
les mesures hydrodynamiques disponibles dans cette région sont rares et difficiles à acquérir.
Dans ce cadre, les Observatoires de Recherche en Environnement (ORE) AMMA-CATCH
permettent de collecter un ensemble de données hydrologiques unique en Afrique de l’Ouest.
114
CHAPITRE 6 : DENSIFICATION DES MESURES SUR UNE SAISON DES PLUIES
L’objectif principal de ce chapitre de thèse est de montrer que les mesures de gravimétrie
relative permettent de détecter des variations spatiales de la gravité de quelques dizaines de
nm s-2 liées { l’hydrologie. Nous aborderons les problèmes d’acquisition des données (conditions
de mesures difficiles), de traitement du signal (faible rapport signal sur bruit), de représentation
et d’exploitation des données (signification des mesures). Nous compléterons le jeu de données
gravimétriques acquis par un ensemble de données hydrodynamiques, permettant d’interpréter
l’effet des variations de stock dans les différents réservoirs hydrologiques (mare, zone non
saturée, nappe). Nous montrerons que la zone non saturée semble être la principale responsable
de la variabilité spatiale du signal gravimétrique mesuré aux environs de la mare temporaire de
Wankama.
6.2. Matériel & Méthodes
La campagne de microgravimétrie réalisée en 2009 a été réalisée sur le site pilote de Wankama,
soigneusement décrit dans le chapitre 2. De plus, le principe de fonctionnement de chaque
instrument cité est détaillé dans le chapitre 3. Par conséquent, nous présenterons ici
uniquement le matériel et les méthodes de mesures employés pour la campagne de mesure en
2009. Le carnet de terrain utilisé pour réalisé les mesures pendant la mission est placé en
Annexe A.
6.2.1. Réseau instrumental
6.2.1.1. Microgravimétrie
Un réseau microgravimétrique comportant 16 stations a été implanté sur le bassin versant de
Wankama (Figure 2.12). Les stations de mesures 2 à 5 et 10 à 15 ont été équipées de piliers en
béton de dimensions 0.3 m 0.3 m 0.5 m. Les piliers des stations 1 et 6 sont de plus grande
dimension (1 m 1 m 1 m), car ils sont également utilisés pour des mesures de gravimétrie
absolue. La station 16, située sur la mare, est pourvue de deux plateformes métalliques (une
pour le gravimètre et une pour l’opérateur) s’élevant { plus de 2.5 m au dessus de la surface du
sol. Les mesures ont été réalisées avec deux gravimètres Scintrex CG5 Autograv du parc de
gravimètres de l’INSU, les CG5#167 et #424 (http://www.ipgp.fr/pages/030203.php). Par la
suite le terme CG5 peut être employé pour désigner un gravimètre relatif à ressort de type
Scintrex CG5 Autograv. Les mesures sont divisées en 5 boucles, commencées et terminées à la
station de gravimétrie absolue situé à proximité de la mare pour pouvoir évaluer la dérive
(station de référence n°1). Le cheminement suivi lors de la mesure est tracé dans le tableau 6.1.
115
CHAPITRE 6 : DENSIFICATION DES MESURES SUR UNE SAISON DES PLUIES
Appellations des stations: Dans le texte, le terme stations aval réfère aux stations situées à
l’aval du bassin versant (station 2 { 5 et 10 { 15), excepté celle située sur la mare (station 16),
qui est appelée station mare. Les stations plateau sont les stations de la boucle 2 situées à
l’amont du versant de Wankama et son plateau (station 6 { 9). La station plateau est la station 6.
La station de référence est la station 1, où ont été effectuées les mesures de gravimétrie absolue
présentées dans le chapitre 5.
Numéro de
boucle
Nom de
boucle
Cheminement par
les stations
1
Est-Ouest
1-2-3-4-5-1
2
Plateau
1-6-7-8-9-1
3
Sud
1-12-13-14-1
4
Nord
1-11-10-15-1
5
Mare
1-16-1
Tableau 6. 1 Descriptif des boucles de microgravimétrie.
6.2.1.2. Gravimétrie absolue
Des mesures de gravimétrie absolues ont été réalisées à la station de référence les 14 juillet, 15
et 22 septembre 2009. La mesure de gravimétrie absolue du 14 juillet 2009 est toutefois
inexploitable (voir Chapitre 5, section 5.3.3). Une mesure de gravimétrie absolue a également été
réalisée à la station plateau le 21 septembre 2009. Une comparaison entre mesures de
gravimétrie absolue, relative et modèle des stocks d’eau locaux a été réalisée en Annexe B.
6.2.1.3. Mesures hydrodynamiques
Nous utilisons dans cette étude les mesures de pluviométrie, de pression atmosphérique et de
température enregistrées toutes les minutes à la station Veg. Deg. Les mesures
hydrodynamiques de limnimétrie, humidité du sol (par sondes capacitives et sondes à neutron)
et piézométrie sont utilisées pour caractériser la variabilité des stocks d’eau lors de la saison des
pluies 2009. Les tubes d’accès des sondes à neutron ont été forés à proximité des piézomètres
P0, P1, P2, P3 et des stations microgravimétriques 7, 8 et 9. Ces différents instruments de
mesure sont détaillés dans la section 3.2.1.
6.2.1.4. GPS
Nous rappelons que la topographie du site est connue grâce à un levé DGPS de 2900 points
réalisé sur le bassin versant
de Wankama en février 2010. La position de chaque site
instrumental a été déterminée avec précision (1 cm) par une mesure DGPS de 20 minutes.
116
CHAPITRE 6 : DENSIFICATION DES MESURES SUR UNE SAISON DES PLUIES
6.2.2. Protocole de mesure microgravimétrique
Le principe de mesure du CG5 est décrit dans la section 3.1.1.2. Nous rappellerons simplement
ici que les mesures de gravimétrie relative permettent d’obtenir les variations spatiales de la
gravité entre deux stations, avec une précision variable en fonction du protocole de mesure
employé.
Afin d’atteindre une précision de quelques dizaines de nm s-2, le protocole suivant a été
appliqué:
i.
La station de référence a toujours été réoccupée en moins de 4h. Cette condition est
nécessaire pour préserver la linéarité de la dérive instrumentale.
ii.
La position du capteur instrumental est fixée pour chaque mesure. Le tripode est orienté
au Nord, au centre du pilier de mesure matérialisé par un rivet ou un trou. La hauteur
d’un des pieds du tripode est fixée par une bague en laiton. De la sorte, les mesures sont
toujours réalisées à la même altitude.
iii.
Quatre mesures sont réalisées au total par station et par semaine : deux mesures sont
effectuées sur deux jours consécutifs avec les deux gravimètres. Nous supposons qu’un
intervalle de temps de 2 jours est trop court pour permettre de fortes variations de
pesanteur. Par conséquent, les valeurs obtenues lors de ces répétitions doivent être
proches.
iv.
Les CG5 sont réglés pour enregistrer 5 mesures consécutives de la gravité. Chaque
mesure est la moyenne d’une série de mesures de 60 s, réalisées { une fréquence de 6 Hz.
Les cycles de mesures sont répétés une { deux fois, s’ils ne respectant pas les conditions
suivantes: dérive < 10 nm s-2 min-1 ; écart entre les 5 valeurs de la gravité mesurées
< 50 nm s-2 ; écart type < 200 nm s-2 ; |inclinaisons| < 10 arcsec; variations de la
température interne < 0.2 mK. Au final, au minimum 20 mesures de la gravité sont
enregistrées par site et par semaine: 5 mesures sont réalisées sur 2 jours consécutifs
avec 2 instruments.
v.
Les vibrations induites par le vent peuvent être réduites en plaçant une corbeille
renversée autour du gravimètre. L’instrument peut également être protégé du soleil par
un parapluie. Aucune mesure n’est réalisée pendant les heures les plus chaudes de la
vi.
journée (12 – 16 h, heure locale) pour éviter les effets de température.
Les instruments sont transportés avec vigilance, à la main si possible. Pour réaliser la
boucle plateau, les instruments ont été transportés { l’arrière d’une voiture, dans les
boîtes rembourrées en mousse manufacturées par Scintrex.
117
CHAPITRE 6 : DENSIFICATION DES MESURES SUR UNE SAISON DES PLUIES
vii.
Lorsqu’ils ne sont pas utilisés sur le terrain, les appareils sont nivelés et laissés en cycle
de mesure continue { la case d’accueil de l’IRD, située légèrement { l’extérieur du village
de Wankama au sud de la route N25 (Figure 2.12).
viii.
Pendant la durée de la campagne (3 à 5 jours), les appareils sont maintenus sous tension
{ l’aide d’une dizaine de batteries de terrain propres aux CG5. Ces batteries sont
rechargées lorsque l’appareil est au repos { l’aide d’une alimentation assurée par
panneaux solaires. Ce système s’est révélé être inadapté pour maintenir les instruments
sous tension entre deux campagnes. Les instruments ont donc été régulièrement (une
fois par semaine) transporté de Wankama à Niamey, afin de recharger les batteries des
instruments et des opérateurs. Aucune mesure n’est réalisée dans les 6 h suivant le
transport.
Ce protocole de mesure est légèrement modifié pour la station mare. Le site instrumental est
localisé sur la plateforme métallique supportant l’enregistreur limnimétrique, s’élevant { 2.53 m
au dessus de la surface du sol. Le site est accessible en barque. Comme la structure métallique
vibre facilement sous une perturbation extérieure, les mesures doivent être réalisées en
l’absence totale de vent. L’opérateur a de plus la possibilité de régler l’instrument depuis une
deuxième plateforme, placée à côté de la première. Le CG5 est réglé pour enregistrer 15 mesures
de 60 s { une fréquence d’échantillonnage de 6 Hz. Le CG5 dispose de plus d’une option de
« filtre sismique », permettant de limiter l’effet du bruit microsismique. Cette option est activée
pour la station mare. La mesure de la boucle mare ne dure qu’une heure, comme elle contient
uniquement la station mare et la station de référence.
6.2.3. Traitement des données
6.2.3.1. Corrections des effets géophysiques
Pour étudier les variations de gravité dues { l’hydrologie, les mesures doivent être corrigées des
autres effets dynamiques affectant significativement la gravité sur une période de quelques
heures (durée d’une boucle). Nous corrigeons les données CG5 de la marée solide (paramètres
WDD du modèle Tsoft: Van Camp & Vauterin, 2005), de la surcharge océanique (modèle
FES2004: Lyard et al., 2006), et des variations de pression atmosphérique (mesures in situ &
admittance de -3 nm s-2 hPa-1). Les effets liés { l’hydrologie globale (chapitres 4 & 5) et au
mouvement du pôle (section 3.1.1.3) sont négligeables (< 1 nm s-2) sur une période de quelques
heures.
118
CHAPITRE 6 : DENSIFICATION DES MESURES SUR UNE SAISON DES PLUIES
6.2.3.2. Sélection des mesures
Pour réduire le niveau de bruit dans les mesures de microgravimétrie, seules les mesures jugées
de bonne qualité sont conservées dans le jeu de données. Les mesures répondant aux
caractéristiques suivantes sont systématiquement ôtées du jeu de données:
i.
la mesure dévie de plus de 50 nm s-2 par rapport à la valeur moyenne,
ii.
l’écart type de la mesure est supérieur à 200 nm s-2 (une mesure est la moyenne de 60
acquisitions sur lesquelles un écart type est calculé),
iii.
l’inclinaison de la mesure est supérieure à 10 arcsec,
iv.
la température interne dévie de plus de 0.2 mK par rapport à la valeur moyenne,
v.
la dérive est de plus de 10 nm s-2 par minute.
Si 3 mesures successives ne peuvent être conservées, la station est retirée du jeu de donnée. Si
ces critères de qualité ne sont pas respectés à la station de référence, la boucle est retirée du jeu
de données. Un exemple de données CG5 est donné dans la figure 6.1. Nous indiquons les
mesures conservées en vert et les mesures rejetées en rouge. Le nombre de boucles
sélectionnées par station et par semaine est indiqué dans le tableau 6.2. Par la suite, si nous ne
précisons pas explicitement le contraire, nous parlerons uniquement des données CG5
sélectionnées.
6.2.3.3. Calibration
Relier les tensions de contre-réaction mesurées à une valeur de gravité requiert une calibration
intégrée par Scintrex dans le logiciel du gravimètre (section 3.1.1.2). Pour détecter des
variations de la gravite de faible amplitude sur une longue période de temps, cette calibration
doit être corrigée (e.g. Budetta & Carbone, 1997; Debeglia & Dupont, 2002). Les constantes de
calibration des CG5 #167 et #424 ont donc été mises à jour avec une précision de 10-4 en juin
2009, sur la ligne d’étalonnage du mont Aigoual située dans la région de Montpellier (e.g. Jacob
et al., 2010).
119
CHAPITRE 6 : DENSIFICATION DES MESURES SUR UNE SAISON DES PLUIES
Figure 6.1 Exemple de sélection d’une boucle de mesures. Les mesures rejetées de la station 1 sont rayées en
rouge, les mesures sélectionnées des stations 2 et 3 sont entourées d’un rectangle vert, la station 4 est rejetée
de la boucle et les mesures des stations 5 et 1 sont conservées telles quelles. Nous rappelons qu’1 mGal égale
10 -5 m s-2 soit 104 nm s-2.
Campagne
Dates
Boucle 1
« Est-Ouest »
Boucle 2
« Plateau »
Boucle 3
« Sud »
Boucle 4
« Nord »
Boucle 5
« Mare »
1
7 - 10 Jul.
4
3
4
4
0
2
13 - 16 Jul.
3
3
3
4
3
3
20 - 23 Jul.
3
4
4
3
1
4
28 - 30 Jul.
3
4
4
4
2
5
3 - 7 Aug.
3
2
4
4
0
6
11 - 13 Aug.
4
4
4
3
0
7
17 - 20 Aug.
3
4
3
3
0
8
24 - 27 Aug.
4
4
3
4
2
9
2 - 4 Sep.
4
4
4
3
2
10
7 - 9 Sep.
3
4
4
4
1
11
14 - 17 Sep.
4
3
4
3
3
12
21 - 24 Sep.
4
3
3
4
3
Tableau 6. 2 Nombre de boucles sélectionnées par campagne.
120
CHAPITRE 6 : DENSIFICATION DES MESURES SUR UNE SAISON DES PLUIES
6.2.3.4. Compensation de la dérive instrumentale
Les mesures de la gravité doivent ensuite être corrigées de la dérive instrumentale inhérente
aux gravimètres relatifs à ressort. Dans cette étude, nous corrigeons les mesures de gravité
d’une dérive linéaire dans le temps calculée par ajustement aux moindres carrés grâce au
logiciel MCGRAVI (Beilin, 2006). La base théorique de la méthode d’inversion est donnée dans
Hwang et al., 2002. Le logiciel MCGRAVI dispose de différentes fonctionnalités permettant par
exemple d’intégrer des mesures de gravimétrie absolue { l’inversion, d’ajouter une erreur
quadratique sur les données ou encore de considérer une dérive en température. Les étapes
suivies pour estimer les variations de gravité compensées de la dérive peuvent être résumées
ainsi :
i.
Les mesures réalisées lors de chaque campagne sont traitées d’une dérive linéaire dans
le temps, de façon à obtenir une valeur de la variation de gravité par rapport à la station
de référence par site et par semaine. Une valeur relative de la gravité est donc le résultat
de l’ajustement de plusieurs boucles de mesure (au maximum 4: voir tableau 6.2).
ii.
Dans notre cas, nous ne disposons que de deux mesures de gravimétrie absolue réalisées
à la station de référence { quelques jours d’intervalle en septembre 2009. Cette
fréquence de mesure ne nous permet pas d’estimer les variations de gravité à la station
de référence. Nous fixons donc arbitrairement la valeur de la gravité à la station de
référence à 0 pour chaque campagne de mesure. La valeur de la gravité à une station et
un temps donnés n’a donc aucune signification géophysique. Seules les variations de
gravité par rapport à la station de référence peuvent être interprétées.
iii.
Pour tenir compte d’erreurs systématiques, un écart type de 50 nm s-2 est ajouté
quadratiquement sur les données avant l’inversion (e.g. Jacob et al., 2010).
iv.
Comme pour notre site d’étude, la température externe varie d’environ 20°C par jour, il
est justifié de se demander si une dérive en température doit être appliquée. Pour cela
nous avons calculé les corrélations entre les variations de gravité mesurées et les
variations de température interne. La figure 6.2 indique qu’il n’y a pas de corrélation
entre les données CG5 et les variations de température interne de l’appareil. Nous
n’appliquerons donc pas de dérive en température pour notre étude.
121
CHAPITRE 6 : DENSIFICATION DES MESURES SUR UNE SAISON DES PLUIES
Figure 6.2 Corrélation des variations de gravité avec les variations de température interne. Chaque point
représente une mesure de 60 s réalisée { une station donnée et un temps donné. L’ensemble des mesures
réalisées sur les stations aval pendant la campagne de mesure est représenté.
Avec ce protocole de traitement, une valeur relative de la gravité est le résultat de l’ajustement
de plusieurs boucles de mesure (au maximum 4: tableau 6.2). Ce choix suppose que les
variations temporelles de la gravité sont négligeables entre deux répétitions d’une même boucle.
Toutefois, des évènements pluvieux ont parfois été enregistrés entre deux répétitions. Nous
avons donc considéré un traitement test, consistant à séparer les boucles d’une même campagne
entre lesquelles il a plu. De la sorte deux valeurs relatives de la gravité sont obtenues pour deux
jours de mesure séparés par un événement pluvieux. La figure 6.3 compare les valeurs relatives
de la gravité obtenues à la station 12 selon ces deux traitements. Il est notable que le traitement
test augmente le niveau de bruit sur les mesures par rapport au traitement appliqué. En effet,
avec le traitement test, l’inversion réalisée par MCGRAVI est contrainte par un nombre plus
réduit d’observations. Les différences des variations de gravité estimées sur deux jours
consécutifs avec le traitement test sont peu réalistes: il est peu probable qu'une pluie de 25 mm
génère une baisse de plus de 200 nm s-2 entre les variations de gravité mesurées à 2 jours
d’intervalle (J230 sur la figure 6.3).
122
CHAPITRE 6 : DENSIFICATION DES MESURES SUR UNE SAISON DES PLUIES
Figure 6.3 Comparaison des variations de gravité pour deux traitements différents : en noir deux valeurs de la
gravité sont estimées par campagne lorsqu’il a plu entre les mesures, en rouge une seule valeur de la gravité
est estimée par campagne de mesure.
Par la suite nous appliquerons donc le traitement permettant d’obtenir une valeur relative de la
gravité par site et par campagne en considérant uniquement une dérive linéaire en temps.
6.2.4. Expression des variations spatiales et temporelles de la gravité
Nous rappelons que le traitement appliqué consiste en 3 étapes principales : (1) les données CG5
sont corrigées des effets des marées solides, de la surcharge océanique et des variations de
pression atmosphérique, (2) les mesures jugées de mauvaise qualité sont retirées du jeu de
données, (3) les mesures sont corrigées d’une dérive linéaire dans le temps.
Nous obtenons ainsi une variation de la gravité par rapport à la station de référence par site et
par campagne de mesure. Ces variations spatiales sont principalement influencées par la
topographie : les variations de la gravité entre les stations plateau et la station de référence sont
négatives, car les stations plateau sont situées à une altitude plus élevée (Figure 6.5). Les valeurs
relatives de la gravité pour les stations situées à des altitudes plus basses que la station de
référence sont positives.
123
CHAPITRE 6 : DENSIFICATION DES MESURES SUR UNE SAISON DES PLUIES
Figure 6.4 Variations spatiales de la gravité par rapport à la station de référence.
Pour obtenir une information sur les variations des stocks d’eau, nous devons considérer les
variations temporelles de la gravité. Comme nous ne connaissons pas les variations temporelles
de la gravité à la station de référence, nous introduisons les doubles différences de la gravité Dg.
Celles-ci sont définies, conformément { l’équation 6.1, comme les variations temporelles des
valeurs relatives de la gravité données à une station x par rapport à la station de référence xo :
(6.1)
, où g est la gravité, t le temps et to le temps initial. Nous pouvons noter que la variation spatiale
(gx – gxo)t est le résultat donné par l’ajustement de MCGRAVI pour la station x aux temps t (et
réciproquement pour to). Ces doubles différences permettent de suivre l’évolution temporelle
des valeurs de la gravité à une station donnée par rapport à la station de référence.
De la sorte toutes les variations de gravité sont exprimées par rapport à la station de référence.
Pour s’affranchir de cette singularité, nous pouvons exprimer les doubles différences comme
l’écart par rapport { la moyenne des doubles différences sur n stations:
(6.2)
Les termes (gxo)t et (gxo)to s’annulent alors, donnant :
124
(6.3)
CHAPITRE 6 : DENSIFICATION DES MESURES SUR UNE SAISON DES PLUIES
Nous pouvons alors écrire l’écart par rapport { la moyenne des doubles différences
, tel
que :
(6.4)
Nous pouvons noter que si n, xo et to sont fixes, la moyenne des doubles différences
dépend seulement de t et est notée <∆t G>. L’avantage d’utiliser
est de comparer
chaque station à un état moyen du système, plutôt que par rapport à une station particulière.
Cette variable procure une expression plus représentative des variations spatiales de la gravité
sur la zone d’étude et sera utilisée pour cartographier les variations de gravité sur le réseau aval.
Une comparaison des cartes réalisées avec les valeurs de gravité exprimées comme des doubles
différences ou des écarts par rapport à la moyenne est proposée dans la section 6.3 Résultats.
Les clés d’interprétation sont données dans la section 6.4 Interprétation.
6.3. Résultats
Les répétitions hebdomadaires du réseau microgravimétrique ont permis d’acquérir 990 points
de mesure de la gravité relative durant la saison des pluies 2009. Ce nombre signifie qu’en
moyenne chaque site a été occupé 3.6 fois par semaine, excepté la station mare qui n’a pu être
occupée qu’ 1.4 fois par semaine en moyenne. Sur la durée de la campagne (du 7 juillet au 24
septembre 2009), chaque site a été occupé en moyenne 50 fois, excepté la station mare qui n’a
été occupée que 17 fois. Nous présentons dans cette section une synthèse des observations de
gravimétrie réalisées pendant cette mission.
6.3.1. Erreurs instrumentales
Les sources d’erreur possibles sur les mesures microgravimétriques sont nombreuses. Celles-ci
peuvent avoir une origine humaine (l’instrument ne fonctionne pas sans son opérateur),
environnementale (bruit microsismique, perturbations extérieures) ou instrumentale (liées au
fonctionnement de l’appareil). Les erreurs instrumentales sont influencées entre autres par les
variations de température interne, les effets de dérive non linéaires, et la qualité du nivellement.
Les effets de la température sont a priori négligeables pour notre site d’étude, comme aucune
corrélation n’a pu être trouvée entre les variations de température interne et les variations de
gravité mesurées (coefficient de corrélation R = 0.04; Figure 6.2). Les erreurs liées au
nivellement doivent être inférieures à 10 nm s-2, car le nivellement de l’appareil a été réalisé
avec soin, et les mesures dont l’inclinaison excède 10 arcsec ont été rejetées du jeu de données
125
CHAPITRE 6 : DENSIFICATION DES MESURES SUR UNE SAISON DES PLUIES
(Merlet et al., 2008). Une part importante de l’incertitude sur les mesures de gravimétrie relative
est due { l’imprécision sur la correction de dérive (non linéarité, sauts de la gravité dus au
transport). Cette imprécision peut être réduite par des réoccupations fréquentes d’une même
station, un transport vigilant de l’appareil et la mise en mesure continue de l’appareil lorsque
celui-ci est au repos. Une vue d’ensemble des sources d’erreurs contractées lors des mesures de
gravimétrie relative a été récemment publiée par Christiansen et al., (2011).
Nous évaluons dans cette section les erreurs sur les mesures grâce au logiciel MCGRAVI. Ce
calcul d’erreur tient compte des erreurs instrumentales systématiques (seuil de 50 nm s -2
ajouté), de l’écart type durant la mesure, des écarts observés entre les différentes répétitions
d’une même mesure, et de la qualité de l’ajustement des valeurs de gravité relative à la dérive. La
figure 6.4.a indique les erreurs moyennes calculées par site du 7 juillet au 24 septembre 2009.
L’incertitude moyenne pour les stations aval est comprise entre 30 et 50 nm s-2. Ces erreurs sont
remarquablement faibles compte tenu des conditions difficiles de mesure rencontrées à
Wankama (climat, accès { l’électricité, éloignement du site d’étude). L’incertitude pour la station
mare est plus importante (~ 65 nm s-2), en raison de la difficulté de la mesure à cette station : la
structure supportant le gravimètre est fortement sensible aux vibrations du vent et aux
mouvements de l’eau dans la mare. L’erreur moyenne estimée pour les stations plateau est
comprise entre 50 et 80 nm s-2. Les instruments ont été transportés en voiture pour cette boucle,
ce qui peut expliquer pourquoi l’incertitude moyenne est plus élevée. Les appareils peuvent en
effet subir des chocs, perturbant le capteur instrumental lors du transport.
Pour évaluer la significativité du signal gravimétrique, un indice a été calculé comme le rapport
de l’amplitude maximale du signal mesuré { une station pendant la saison des pluies sur
l’incertitude moyenne calculée { cette station. Cet indice est maximal pour la station mare:
l’amplitude maximale du signal gravimétrique y est 9.5 fois plus forte que l’incertitude moyenne
(Figure 6.4.b). Ce rapport est compris entre 3 et 5 pour 8 des 10 stations aval. Nous considérons
qu’un signal 3 { 5 fois plus fort que l’incertitude sur les mesures peut être considéré comme
significatif. Pour les stations plateau, cet indice est faible parce que l’incertitude sur les mesures
est forte. Les mesures gravimétriques réalisées sur le plateau ne peuvent pas être interprétés en
terme de variabilité hydrologique, car elles sont trop bruitées (voir section 6.3.2 Variations
temporelles). Cet indice de significativité est ~ 2 aux stations 3 et 5. Toutefois dans ce cas
l’incertitude moyenne sur les mesures est faible, ce qui signifie qu’il n’y a pas ou peu
(≤ 100 nm s-2) de signal gravimétrique à ces stations (Figure 6.6).
126
CHAPITRE 6 : DENSIFICATION DES MESURES SUR UNE SAISON DES PLUIES
Figure 6.5 Incertitude sur les mesures et rapport signal sur bruit. a) Erreurs moyennes calculées par station
sur l’ensemble de la campagne. b) Rapport de l’amplitude maximale du signal gravimétrique mesuré sur
l’incertitude moyenne indiquée en a).
Il est important de retenir de ce bilan d’erreurs que :
-
-
-
des précisions de l’ordre de 30 { 50 nm s-2 sont obtenues pour les stations aval. Par
conséquent, nous pouvons considérer qu’un signal est significatif dès 60 { 100 nm s-2.
une précision moyenne de 65 nm s-2 est obtenue sur la mare. Le signal enregistré à cette
station excède largement cette barre d’erreur.
des précisions de l’ordre de 50 à 80 nm s-2 sont obtenues pour les stations plateau, ne
permettant pas de déceler un signal significatif dans les données.
Ces précisions sont estimées sur les valeurs relatives de la gravité estimées à chaque station
(données issues directement de l’ajustement MCGRAVI). Les erreurs sur les doubles différences
(Equation 6.1) peuvent être calculées comme la somme quadratique des erreurs à une station
donnée aux temps t et t0. Or en opérant une double différence, on supprime les erreurs
communes. Si l’on considère que les erreurs sont indépendantes, la somme quadratique peut
donc être considérée comme une borne supérieure de l’erreur réalisée sur les des doubles
différences. Toutes les erreurs, comme celles effectuées sur les corrections de marées ou les
corrections de pression atmosphérique par exemple, ne sont toutefois pas indépendantes.
Si l’on considère l’écart par rapport { la moyenne des doubles différences (Equation 6.4), le
rapport signal sur bruit augmente car l’opération de moyenne équilibre légèrement le signal à
chaque station. Nous calculons par la suite l’erreur sur
comme la somme quadratique
des erreurs à la station x et des erreurs moyennes aux 10 stations aval aux temps t et t0. Cette
erreur peut également être considérée comme une borne supérieure.
127
CHAPITRE 6 : DENSIFICATION DES MESURES SUR UNE SAISON DES PLUIES
6.3.2. Séries temporelles des variations de la gravité
Les mesures microgravimétriques permettent d’estimer les variations de la gravité à une station
donnée par rapport à la station de référence (gx – gxo). Ces valeurs, directement issues de
l’ajustement aux moindres carrés, sont indiquées dans les figures 6.6 à 6.9 pour chaque station
de mesure sur l’ensemble de la saison des pluies en 2009. Les variations temporelles des valeurs
relatives de la gravité sont comprises entre -150 et +150 nm s-2 pour la plupart des stations de
mesures, excepté la station mare pour laquelle un signal de 630 ± 145 nm s-2 est enregistré.
Quelques commentaires peuvent être faits sur les figures 6.6 à 6.9 :
Figure 6.6 : Nous ne pouvons pas observer de tendance claire sur les séries temporelles des
stations 2 à 5 (boucle Est-Ouest). Les différences de gravité entre la station 3 et 1 semblent plus
fortes sur les 4 dernières campagnes que sur les premières. Nous pouvons observer deux
augmentations et diminutions successives du signal gravimétrique entre les station 4 et 1. Il n’y
a pas de signal relatif apparent à la station 5.
Figure 6.7: Aucun signal clair n’excède les barres d’erreurs pour les stations de la boucle
plateau. Ceci est vraisemblablement lié au transport de l’appareil en voiture.
Figure 6.8 : Les différences de gravité entre les stations 10 à 12 et la station 1 ont tendance à
s’accroître au fur et { mesure de l’avancée de la saison des pluies. Cette tendance est moins
évidente pour la station 13.
Figure 6.9 : Il n’y a pas de signal gravimétrique relatif évident { la station 14, excepté pour la
dernière campagne où la différence de gravité est plus élevée. A la station 15, la différence de
gravité baisse fortement durant les trois premières campagnes puis augmente progressivement
en août et en septembre 2009. L’augmentation de la valeur relative de la gravité durant la saison
des pluies est évidente (+630 nm s-2) à la station mare (station 16).
Comme nous pouvons le constater, il est difficile d’observer un signal clair pour la plupart des
stations prises séparément. Dans la section 6.3.3, nous allons donc réaliser des cartes des
variations de gravité, afin d’essayer de dégager des structures spatiales communes.
128
CHAPITRE 6 : DENSIFICATION DES MESURES SUR UNE SAISON DES PLUIES
Figure 6.6 Doubles différences de la gravité aux stations 2, 5, 4 et 5. Les valeurs sont normalisées par rapport
à la moyenne des différences de gravité à la station donnée par rapport à la station de référence. De la sorte la
même échelle de valeurs centrée sur 0 peut être conservée pour toutes les stations.
129
CHAPITRE 6 : DENSIFICATION DES MESURES SUR UNE SAISON DES PLUIES
Figure 6.7 Doubles différences de la gravité aux stations 6, 7, 8 et 9. Les valeurs sont normalisées par rapport
à la moyenne des différences de gravité à la station donnée par rapport à la station de référence. De la sorte la
même échelle de valeurs centrée sur 0 peut être conservée pour toutes les stations
130
CHAPITRE 6 : DENSIFICATION DES MESURES SUR UNE SAISON DES PLUIES
Figure 6.8 Doubles différences de la gravité aux stations 10, 11, 12 et 13. Les valeurs sont normalisées par
rapport à la moyenne des différences de gravité à la station donnée par rapport à la station de référence. De
la sorte la même échelle de valeurs centrée sur 0 peut être conservée pour toutes les stations
131
CHAPITRE 6 : DENSIFICATION DES MESURES SUR UNE SAISON DES PLUIES
Figure 6.9 Doubles différences de la gravité aux stations 14, 15 et 16. Les valeurs sont normalisées par
rapport à la moyenne des différences de gravité à la station donnée par rapport à la station de référence. De
la sorte la même échelle de valeurs centrée sur 0 peut être conservée pour les stations 14 et 15.
132
CHAPITRE 6 : DENSIFICATION DES MESURES SUR UNE SAISON DES PLUIES
6.3.3. Cartes des variations dynamiques de la gravité
Les doubles différences de gravité ont été calculées pour chaque station du réseau aval
(Equation 6.1) et cartographiées dans la figure 6.10. Le phénomène le plus frappant sur cette
figure est que les doubles différences de gravité augmentent de façon générale sur le réseau aval
tout au long de la saison des pluies. Une double différence positive signifie que la gravité
augmente plus vite sur les stations du réseau aval qu’{ la station de référence. La double
différence à la station de référence est bien sûr toujours nulle. La station de référence apparait
sur ces cartes comme une station extrêmement singulière par rapport aux autres stations du
réseau aval. Pour s’affranchir de ce point particulier, nous pouvons exprimer les variations de la
gravité comme les écarts par rapport à la moyenne des doubles différences.
Les écarts par rapport à la moyenne des doubles différences, calculés pour chaque station aval
selon l’équation 6.2, ont été cartographiés dans la figure 6.11. Cette nouvelle figure rend les
contrastes spatiaux et temporels du signal gravimétrique plus apparents. Les valeurs positives
indiquent que la variation temporelle de la gravité à la station considérée est supérieure à la
variation moyenne sur le réseau aval. Nous pouvons remarquer que le signal gravimétrique ainsi
exprimé est toujours positif aux stations 12 et 2: la gravité augmente plus vite à ces stations que
sur le reste du réseau. Un signal maximal de 130 nm s-2 est obtenu à la station 4 entre les
campagnes 2 et 1. Au contraire, le signal gravimétrique enregistré aux stations 5, 15 et 14 est
négatif pour la plupart des campagnes de mesures. Ces valeurs indiquent que la variation
temporelle de la gravité est inférieure à la variation moyenne sur les 10 stations aval. Une valeur
minimale de -120 nm s-2 est obtenue à la station 15 entre les campagnes 3 et 1.
La valeur de la moyenne des doubles différences <∆t G> est de plus indiquée sur chaque carte
de la figure 6.11. Nous pouvons remarquer que cette valeur augmente au fur et à mesure des
campagnes, indiquant que la gravité augmente en moyenne plus vite aux stations aval qu’{ la
station de référence. Si nous rajoutions cette valeur à chaque station pour chaque campagne,
nous retrouverions la figure 6.10. L’intérêt de la figure 6.11 est de mettre en évidence la
variabilité spatiale et temporelle du signal gravimétrique mesuré.
Des variations de la gravité de plusieurs dizaines de nm s-2 peuvent ainsi être détectées sur la
partie aval du bassin versant de Wankama. Ce résultat répond { l’un de premiers objectifs posés
pour la mission, étant d’évaluer la capacité des gravimètres CG5 { détecter des variations de la
gravité de quelques dizaines de nm s-2 au Niger. Ces cartes indiquent de plus une variabilité
spatiale de la gravité significative { l’échelle locale, devant être prise en compte lors de
l’exploitation de données ponctuelles.
133
CHAPITRE 6 : DENSIFICATION DES MESURES SUR UNE SAISON DES PLUIES
Figure 6.10 Cartes hebdomadaires des doubles différences de gravité. Des valeurs positives indiquent que les
variations temporelles de la gravité à la station considérée sont plus fortes qu’{ la station de référence. Les
disques de grand et petit rayon sont les stations pour lesquelles l’incertitude sur les doubles différences est
inférieure à 50 et 70 nm s-2 respectivement. Les lignes de contour ont été calculées tous les 20 nm s-2 en
utilisant une interpolation cubique. Les indentations sur les côtés des sous-figures représentent un pas de
50 m.
134
CHAPITRE 6 : DENSIFICATION DES MESURES SUR UNE SAISON DES PLUIES
Figure 6.11 Cartes hebdomadaires des écarts par rapport à la moyenne des doubles différences de gravité.
Des valeurs positives indiquent que les variations temporelles de la gravité à la station considérée sont plus
fortes que la variation moyenne sur les 10 stations aval (<∆t G>). Les disques de grand et petit rayon sont les
stations pour lesquelles l’incertitude sur l’écart par rapport { la moyenne des doubles différences est
inférieure à 50 et 70 nm s-2 respectivement. Les lignes de contour ont été calculées tous les 20 nm s-2 en
utilisant une interpolation cubique. Les indentations sur les côtés des sous-figures représentent un pas de
50 m.
135
CHAPITRE 6 : DENSIFICATION DES MESURES SUR UNE SAISON DES PLUIES
6.4. Interprétation
L’hypothèse de base permettant d’interpréter le signal gravimétrique est de considérer que les
variations temporelles de la gravité, corrigées des effets géophysiques connus, sont dues aux
variations de stocks d’eau. Les processus par lesquels les redistributions des masses d’eau
agissent sur la gravité sont décrits dans le chapitre 4. Ici, nous considérerons uniquement les
effets hydrologiques locaux, car les mesures de gravimétrie relatives sont sensibles aux
variations de la gravité entre deux stations peu distantes l’une de l’autre (< 3 km). Les variations
communes aux deux stations, comprenant les effets hydrologiques globaux, s’annulent.
Les doubles différences de gravité peuvent alors être interprétées de la façon suivante: une
valeur positive signifie que la variation temporelle de la gravité est plus importante à la station
considérée qu’{ la station de référence; par conséquent le stockage d’eau dans la subsurface y
est plus important. Réciproquement, une valeur négative indique que le stockage est plus faible
{ la station considérée qu’{ la station de référence. La même logique s’applique pour les écarts
par rapport à la moyenne des doubles différences : une valeur positive indique que la variation
temporelle de la gravité à la station considérée est supérieure à la variation temporelle moyenne
sur le réseau aval. Par conséquent une valeur positive indique que le stockage est plus fort à la
station considérée que le stockage moyen sur les 10 stations du réseau aval, et inversement pour
une valeur négative.
Les signaux gravimétriques enregistrés pendant la saison des pluies en 2009 seront interprétés
dans les sections suivantes comme la somme des signaux issus de la mare, de la nappe et de la
zone non saturée. Les mesures gravimétriques intègrent en effet les variations de masse sur la
verticale : de la surface { l’aquifère. La figure 6.12 représente l’évolution des stocks d’eau
mesurés dans ces différents réservoirs lors de la mousson en 2009 à Wankama. L’année 2009 a
été assez peu pluvieuse : une hauteur d’eau précipitée de 460 mm est enregistrée au
pluviomètre du plateau. La mare commence à se remplir début juillet, dès les premières pluies
de forte intensité. Son niveau est maximal début septembre, et est suivi de peu par une crue de la
nappe de 3 m d’amplitude. Un dôme piézométrique de faible déclivité se forme: le gradient
hydraulique est de 0.5 % entre P1 et P3 au maximum de la crue, le 7 septembre 2009. Le
stockage d’eau dans les 3 premiers mètres de la zone non saturée a également été mesuré en
2009 aux stations mil et jachère. Nous pouvons noter que le stockage de l’eau dans les premiers
mètres de la zone non saturée est très différent pour ces deux stations.
Les sections suivantes sont dédiées { l’évaluation des contributions de la mare, de la nappe et de
la zone non saturée au signal gravimétrique mesuré en 2009.
136
CHAPITRE 6 : DENSIFICATION DES MESURES SUR UNE SAISON DES PLUIES
Figure 6.12 Mesures hydrodynamiques durant la saison des pluies 2009. Les périodes de mesure sont
indiquées par des bandes grisées. Le numéro de campagne est indiqué dans la figure b. a) Coupe du profil
piézométrique indiquant les niveaux d’eau dans la mare et la nappe au début de la mission
microgravimétrique et lors de la crue maximale de la nappe. Les stations microgravimétriques sont indiquées
par des triangles rouges et les piézomètres par des tubages. Les stations P1, P2 et P3 sont localisées avec les
stations microgravimétriques 3, 2 et 12. b) Variations temporelles du niveau d’eau dans la mare et
précipitations journalières { la station Veg. Deg. Les carrés représentent les lectures directes du niveau d’eau
dans la mare. c) Variations temporelles des stocks d’eau du sol (0 – 3 m) aux stations mil et jachère. d)
Variations temporelles du niveau de la nappe enregistrées aux 4 piézomètres. Le niveau d’eau indiqué
correspond { la profondeur de la nappe par rapport { l’altitude de la station de référence.
137
CHAPITRE 6 : DENSIFICATION DES MESURES SUR UNE SAISON DES PLUIES
6.4.1. Contribution de la mare
Nous estimons la contribution de la mare grâce au modèle présenté dans le chapitre 4, tenant
compte de la bathymétrie de la mare et des variations du niveau d’eau enregistrées { la station
limnimétrique. Le signal gravimétrique le plus fort causé par le remplissage de la mare est bien
sûr généré au dessus de la surface de l’eau (Figure 4.6). La figure 6.13 présente une comparaison
des doubles différences de gravité mesurées et modélisées à la station mare.
Figure 6.13 Comparaison des doubles différences de gravité mesurées et modélisées à la station mare, selon
deux modèles différents prenant en compte uniquement les variations du niveau d’eau dans la mare (bleu) ou
également les fluctuations de la nappe (noir). Le numéro X de chaque campagne est indiqué par SX, à côté de
chaque mesure. La barre d’erreur est égale à 10 nm s-2 pour les campagnes 4 et 9.
L’amplitude maximale du signal gravimétrique mesuré atteint 630 ± 145 nm s-2 entre les
campagnes 3 et 10, lorsque le niveau de la mare augmente de 1.2 à 2.35 m (Figure 6.12.b).
Comme les mesures étaient plus difficiles à réaliser à cette station, seules 8 valeurs relatives de
la gravité ont pu être estimées sur les 12 campagnes. L’incertitude sur les mesures varie de 10 à
145 nm s-2 en fonction des campagnes, dépendant du nombre de répétitions ayant pu être
réalisées et du bruit perçu pendant les mesures (présence de vent). Malgré ces difficultés, les
mesures réalisées sont en bon accord avec les variations de gravité modélisées dues au
remplissage de la mare. Le signal généré par la crue la plus importante de la mare est
particulièrement bien détecté lors des campagnes 9 et 10. Des écarts de l’ordre de 100 nm s-2
138
CHAPITRE 6 : DENSIFICATION DES MESURES SUR UNE SAISON DES PLUIES
sont observés entre les valeurs mesurées et modélisées lors des campagnes 3, 11 et 12. Ceux-ci
peuvent s’expliquer du fait des incertitudes de mesures (notamment pour la campagne 3) ou du
fait du stockage d’eau dans la nappe et la zone non saturée. Ces effets seront discutés dans les
sections suivantes.
Les variations de la gravité résultant d’un remplissage de la mare de + 3 m ont été modélisées
pour l’ensemble des stations gravimétriques comprises dans un rayon de 500 m autour de la
mare (Figure 6.14). Ces valeurs fournissent une limite supérieure à la contribution de la mare,
dont la crue maximale a atteint 2.5 m en 2009 (Figure 6.12.b).
Figure 6.14 Valeurs modélisées des variations de gravité dues { une augmentation du niveau d’eau de 3 m
dans la mare. Les stations microgravimétriques sont représentées par des carrés blancs. La surface couverte
par l’eau de la mare est indiquée par un masque blanc. Les indentations présentes sur les côtés de la figure
ont été placées tous les 50 m.
A l’extérieur des rives de la mare, les variations de gravité générées par le remplissage de la
mare sont très faibles (< 15 nm s-2). La topographie est en effet très peu accentuée sur le bassin
versant de Wankama : la différence d’altitude entre les stations gravimétriques et le niveau de
l’eau est petite, la variation de gravitée générée par attraction newtonienne est donc négligeable
(voir chapitre 4). La station microgravimétrique la plus influencée par le remplissage de la mare
est la station 4. Cette station est en effet située sur une pente plus forte (~ 10 %), à proximité de
la rive est de la mare. Une augmentation du niveau d’eau de 3 m dans la mare génère une
variation de 12 nm s-2 { cette station. Cet effet est négligeable devant l’incertitude moyenne
estimée à 45 nm s-2 à la station 4. A l’exception de la station mare, l’effet des variations du
niveau d’eau dans la mare ne peut donc pas être rendu responsable des variations de gravité
mesurées sur le site de Wankama. Cet effet pourra être négligé par la suite.
139
CHAPITRE 6 : DENSIFICATION DES MESURES SUR UNE SAISON DES PLUIES
6.4.2. Contribution de la nappe
La contribution de la nappe au signal gravimétrique peut être calculée pour chaque station à
l’aide du modèle présenté dans le chapitre 4. Le toit de la nappe est dans ce cas supposé linéaire
entre chaque piézomètre, symétrique par rapport { l’axe de la mare, et constant dans la direction
Nord-Sud. Nous considérerons par la suite deux versions de ce modèle (Figure 6.16):
-
Le modèle (a) suppose une porosité de drainage constante égale à 6 %, soit la porosité
optimale estimée par gravimétrie absolue sur les cycles de mousson 2008 et 2009.
-
Le modèle (b) suppose une distribution hétérogène de porosité, estimée { l’aide des
sondages RMP effectués dans le cadre du stage de fin d’étude de C. Henri (2010).
Figure 6.15 Représentations spatiales de deux modèles d’aquifère (a) { porosité constante ou (b) admettant
des hétérogénéités de porosité. Les rives de la mare atteintes en septembre 2008 sont représentées en blanc.
Les variations temporelles de la gravité dues aux fluctuations de la nappe sont alors calculées
selon ces deux modèles pour chaque station microgravimétrique. Les doubles différences de
gravité sont estimées en retranchant la contribution estimée à la station de référence aux
stations aval. Les doubles différences de la gravité sont évaluées pour chaque couple de stations
selon les fluctuations du niveau de la nappe enregistrées lors de la mousson 2009 aux
piézomètres P0, P1, P2 et P3 (Figure 6.16).
140
CHAPITRE 6 : DENSIFICATION DES MESURES SUR UNE SAISON DES PLUIES
Figure 6.16 Variations temporelles des doubles différences de gravité dues aux battements de la nappe selon
a) un modèle à porosité constante (Sy = 6 %) et b) un modèle admettant des hétérogénéités de porosité
(Sy = teneur en eau RMP). Les périodes des campagnes de mesure microgravimétriques sont indiquées par les
bandes grises numérotées.
Selon le modèle (a), la contribution de la nappe au signal microgravimétrique est faible car
uniquement fonction de la déclivité du dôme piézométrique. La montée de la nappe est plus
forte au niveau des rives de la mare (station 3) qu’{ la station de référence (1): les doubles
différences de gravité sont donc positives. Au contraire pour les stations les plus éloignées des
rives de la mare (par exemple la station 13), la nappe atteint des niveaux plus faibles qu’{ la
station de référence, les doubles différences de gravité sont donc négatives. La contribution de la
nappe est maximale entre les stations 3 et 13 (45 nm s-2) et minimale (< 5 nm s-2) entre les
stations 14 et 1.
Selon le modèle (b), la contribution de la nappe au signal microgravimétrique est accentuée par
les hétérogénéités de porosité de l’aquifère. Ainsi, le signal gravimétrique dû au battement de la
nappe atteint 100 nm s-2 entre les stations 10 et 1, en raison des forts contrastes de porosité
entre ces deux stations (Figure 6.15.b). Nous pouvons noter que le modèle (b) aura tendance à
surestimer la réponse gravimétrique liée au battement de la nappe, car il surestime la porosité
de drainage en l’égalisant aux teneurs en eau RMP (voir section 5.3.2.2).
Nous considèrerons par la suite les doubles différences de gravité estimées { l’aide du
modèle (a) comme une limite inférieure de la contribution de la nappe, et celui issu du modèle
(b) comme une limite supérieure.
141
CHAPITRE 6 : DENSIFICATION DES MESURES SUR UNE SAISON DES PLUIES
Les contributions modélisées pour la mare et la nappe sont ensuite comparées aux signaux
gravimétriques mesurés lors de la saison des pluies 2009 (Figure 6.17). Sur cet histogramme, le
signal gravimétrique maximal mesuré à chaque station est divisé en cinq parties contenant :
-
la contribution maximale modélisée pour la mare
-
la contribution maximale modélisée pour la nappe (selon les modèles de porosité a et b)
-
la contribution liée { l’incertitude moyenne sur les mesures
-
la contribution résiduelle, n’étant expliquée par aucune des contributions précédentes
Figure 6.17 Contribution modélisée de la fluctuation de la nappe au signal gravimétrique mesuré. Les
amplitudes maximales sont indiquées pour les signaux gravimétriques modélisés et mesurés.
Nous pouvons noter que pour la station mare (16), la majeure partie du signal gravimétrique
mesuré est expliqué par les contributions modélisées de la mare et de la nappe. Le modèle de
nappe à porosité hétérogène permet notamment de reproduire une partie du signal mesuré lors
de la onzième campagne, n’étant pas expliquée par les fluctuations du niveau de la mare
(Figure 6.13). Les écarts observés entre les valeurs modélisées et mesurées des doubles
différences de gravité lors des campagnes 3 et 12 restent toutefois inexpliqués.
Pour de nombreuses stations du réseau aval (excepté la station 3), la contribution résiduelle au
signal gravimétrique est la plus importante. La majeure partie du signal gravimétrique mesuré
lors de la campagne 2009 ne peut s’expliquer ni par les fluctuations de la nappe (et ce quelque
soit le modèle considéré), ni par les variations du niveau d’eau dans la mare. Les variations de
stock dans la zone non saturée doivent donc être évoquées pour expliquer les variations
spatiales et temporelles de la gravité mesurées au voisinage de la mare de Wankama (Figure
6.11).
142
CHAPITRE 6 : DENSIFICATION DES MESURES SUR UNE SAISON DES PLUIES
6.4.3. Contribution de la zone non saturée
Afin d’estimer les variations d’humidité dans la zone non saturée durant la saison des pluies en
2009, des mesures hebdomadaires par sonde à neutron ont été réalisées à proximité des
piézomètres et des stations mil et jachère (Figure 6.18).
Figure 6.18 Comptages relatifs de neutrons thermiques durant la saison des pluies 2009. Nous rappelons que
le comptage relatif est le comptage de neutrons thermiques par rapport au comptage standard réalisé dans
l’eau (Chapitre 3). Plus le comptage relatif est élevé plus le nombre de molécules d’eau présent dans le
volume examiné est grand. Ces comptages ne sont pas calibrés, et ne peuvent être utilisés de façon
quantitative.
Les comptages relatifs réalisés par sondes à neutron indiquent des variations du contenu en eau
très différentes en fonction des stations de mesure. Nous devons noter que la fréquence
143
CHAPITRE 6 : DENSIFICATION DES MESURES SUR UNE SAISON DES PLUIES
relativement faible de mesure et l’absence de calibration ne permettent pas d’interpréter les
comptages neutroniques de façon quantitative. Seules leurs variations temporelles apportent
une information qualitative sur les variations d’humidité dans la zone non saturée. Il n’est
toutefois pas évident de détecter un signal clair dans le bruit de mesure, excepté à la station P0.
Cette difficulté illustre une fois de plus la difficulté de mesure des composantes du bilan
hydrologique au Sahel.
Comme la quantification des variations d’humidité dans la zone non saturée ne peut être réalisée
{ l’aide des mesures par sonde à neutron, nous les évaluerons par correction du signal
gravimétrique mesuré des effets de la mare et de la nappe modélisés dans les sections 6.4.1 et
6.4.2. Afin de ne pas sous estimer la contribution de la nappe, les corrections appliquées au
signal gravimétrique pour ce réservoir sont issues du modèle à porosité hétérogène (Figure
6.15.b et 6.16.b). Les doubles différences de gravité obtenues sont exprimées comme l’écart par
rapport à la moyenne des stations (équation 6.4) pour s’affranchir de la singularité de la station
de référence. Afin d’avoir accès { des ordres de grandeur plus adaptés { l’évaluation des
variations des stocks d’eau, nous convertissons les valeurs de gravité obtenues en hauteurs
d’eau équivalente au moyen de l’approximation d’un plateau de Bouguer (420 nm s-2 = 1 m; voir
section 4.2.1). Comme le relief est très peu accentué sur le bassin versant de Wankama,
l’approximation d’un plateau de Bouguer est une bonne estimation de l’effet des stocks d’eau
superficiels sur la gravité (voir section 4.2.2).
Les variations de hauteur d’eau résultantes sont présentées dans la figure 6.19. Les valeurs
positives indiquent un stockage préférentiel par rapport au stockage moyen sur les 10 stations
du réseau aval. Inversement, une valeur négative indique une zone où le stockage est plus faible
que le stockage moyen. Sur l’ensemble de la campagne de mesure, les écarts par rapports au
stockage moyen oscillent entre -285 et + 310 mm dans la zone d’étude. Les valeurs de stockage
varient considérablement d’une station { une autre entre deux mêmes campagnes (écart type
compris entre 88 et 150 mm). Grâce à ces cartes, nous pouvons repérer des zones de stockage
transitoires sur le versant aval. Les stations 12 et 2 apparaissent comme des zones de stockage
préférentielles. Au contraire, les stations 5, 14 et 15 semblent stocker moins d’eau en moyenne
que le reste de la zone d’étude. Les variations des stocks d’eau imagées paraissent cohérentes
temporellement et spatialement : nous pouvons par exemple visualiser une augmentation du
stockage aux environs de la station 12 entre les campagnes 6 et 7, diminuant progressivement
lors des campagnes 8 et 9, faisant penser à un phénomène de ressuyage (écoulement libre sous
l'effet de la gravité). Des phénomènes transitoires apparaissent aux stations 10,11, et 4: des
valeurs positives et négatives y sont détectées pendant la saison des pluies indiquant des
processus successifs favorisant le stockage ou le drainage au cours de la saison des pluies.
144
CHAPITRE 6 : DENSIFICATION DES MESURES SUR UNE SAISON DES PLUIES
Figure 6.19 Cartes hebdomadaires des écarts de stockage par rapport à la moyenne dans la zone non saturée.
La différence de stockage moyenne entre les 10 stations du réseau aval et la station de référence est indiquée
pour chaque campagne par rapport { la campagne 1 (<∆tHe>). Les variations de hauteur d’eau sont calculées
par conversion du signal gravimétrique corrigé des effets de la mare et de la nappe selon les modèles
présentés dans les sections 6.4.1 & 6.4.2 (modèle b, considérant la distribution hétérogène de porosité
déterminée grâce aux sondages RMP). La conversion est réalisée en utilisant l’approximation d’un plateau de
Bouguer (1 m = 420 nm s-2). Les disques de grand et petit rayon sont les stations pour lesquelles l’incertitude
est inférieure à 100 et 200 mm respectivement. Les lignes de contour ont été calculées tous les 50 mm en
utilisant une interpolation cubique. Les indentations sur les côtés des sous-figures représentent un pas de
50 m.
145
CHAPITRE 6 : DENSIFICATION DES MESURES SUR UNE SAISON DES PLUIES
Les variations de <∆t He> indiquent la différence de stockage moyenne entre les stations aval et
la station de référence au fur et à mesure de la saison des pluies. Cette variable nous renseigne
sur le comportement particulier de la station de référence par rapport aux autres stations
(Figure 6.20). Nous pouvons remarquer que le stockage moyen aux stations aval est presque
toujours supérieur au stockage à la station de référence (valeurs positives pour les campagnes 4
{ 12). De plus cette différence de stockage s’accroit au fur et { mesure de la saison des pluies.
Figure 6.20 Evolution du stockage moyen aux stations aval par rapport à la station de référence. Les hauteurs
d’eau équivalentes sont calculées par conversion des doubles différences de gravité grâce { l’approximation
d’un plateau de Bouguer (1 m = 420 nm s-2).
La capacité de stockage relativement faible { la station de référence pourrait s’expliquer par :
-
la fluctuation de la nappe, plus faible { la station de référence qu’au niveau des rives de la
mare. Ce phénomène peut être corrigé grâce au modèle de nappe admettant une
porosité de drainage constante égale à 6 %. Cette hypothèse ne permet toutefois
d’expliquer qu’une faible part de la différence de stockage entre la station de référence
et les autres stations du réseau de mesure (tracés bleus: figure 6.20).
-
une porosité de drainage plus faible au niveau de la station de référence. Cette hypothèse
peut être considérée grâce au modèle de nappe considérant une distribution hétérogène
de porosité issue des sondages RMP. Cette correction permet d’expliquer une partie de
la différence de stockage entre la station de référence et les autres stations du réseau de
146
CHAPITRE 6 : DENSIFICATION DES MESURES SUR UNE SAISON DES PLUIES
mesure (tracés cyans: figure 6.20). La différence moyenne de stockage entre la station
de référence et les autres stations du réseau reste toutefois fortement positive (+ 350
mm) à la fin de la saison des pluies.
-
une capacité d’infiltration plus faible { la station de référence du fait des conditions de
surface (encroûtement du sol) et de la présence de la case gravimétrique (section 4.2.3).
Cette dernière hypothèse est la seule permettant d’expliquer les fortes différences de
stockage observées entre la station 12 et la station de référence (Figure 6.19 et 6.21),
situées { une dizaine de mètres l’une de l’autre. Elle permet de plus d’expliquer
l’accroissement de la différence de stockage au cours de la saison des pluies.
Finalement, la station de référence semble être une zone de stockage minimale pour la zone non
saturée. Cette hypothèse nous permet de discuter des différences de stockage obtenues en
diverses stations. La station 12 apparaît par exemple comme une zone de stockage privilégiée
(Figure 6.21).
Figure 6.21 Différence de stockage entre la station 12 et la station de référence. Les hauteurs d’eau
équivalentes sont calculées par conversion des doubles différences de gravité grâce { l’approximation d’un
plateau de Bouguer (1 m = 420 nm s-2).
Un accroissement du stockage de 300 mm par rapport à la station de référence doit être invoqué
pour expliquer les mesures de gravimétrie relative réalisées à cette station. La station 12 est
située à une dizaine de mètres de la case FG5, les deux stations sont séparées uniquement par
une piste en terre battue. Les fluctuations de la nappe (tracés vert et cyan : figure 6.21) ne
permettent pas d’expliquer la différence de stockage observé sur une distance si réduite.
147
CHAPITRE 6 : DENSIFICATION DES MESURES SUR UNE SAISON DES PLUIES
Cette différence de stockage peut par contre être expliquée par la recharge de la zone non
saturée { proximité d’une ravine (Figure 2.12.b). Après des évènements pluvieux, les
écoulements de surface produits par ruissellement Hortonien sont concentrés dans la ravine et
libérés au voisinage de la station 12. Une végétation plus dense peut être observée sur
photographie aérienne à proximité de la station 12 (Figure 2.12.c), témoignant de la présence
d’une zone plus humide n’atteignant pas la station de référence.
Au niveau de la station mare, les processus de stockage dans la zone non saturée pourraient
expliquer les écarts observés (de l’ordre de 100 { 150 nm s-2) entre valeurs modélisées et
mesurées des doubles différences de gravité (Figure 6.13). Les mesures par sonde à neutrons
indiquent en effet des variations d’humidité significatives jusqu’{ 6 m de profondeur. En
considérant l’approximation d’un plateau de Bouguer, une variation d’humidité de 4 % répartie
de façon homogène sur une épaisseur de 6 m suffirait à expliquer une variation de la gravité de
100 nm s-2. Les écarts sur les deux dernières campagnes sont toutefois plus difficiles à expliquer
en termes de dates. En effet, deux processus antagonistes influencent les variations de stock
d’eau dans la zone non saturée à la station mare (Henri, 2010) :
(1) La recharge progressive de la zone non saturée : la zone non saturée se met en charge
dès les premières pluies (Figure 6.17). Au début de saison des pluies, seule une faible
proportion de l'eau infiltrée sert à la recharge de la nappe, le reste est stocké dans la
zone non saturée. Au fur et à mesure que la zone non saturée s’humidifie, une part de
plus en plus importante de l’eau infiltrée sert { la recharge de la nappe. A la fin de la
saison des pluies, seule une faible proportion de l’eau infiltrée est stockée dans la zone
non saturée.
(2) L’infiltration préférentielle sur les bords sableux: le fond de la mare est colmaté par des
argiles, limitant l’infiltration d’eau vers la zone non saturée et la nappe. Les niveaux
sableux bordant la mare sont inondés en milieu/fin de saison de pluies, permettant une
augmentation de l'infiltration relativement tardivement dans la saison des pluies. En
l’occurrence, les rives sableuse de la mare ont été inondées lors de sa crue maximale en
septembre entre les campagnes de microgravimétrie 9 et 10.
Les processus de stockage vers la nappe sont relativement simples à comprendre, vu que les
deux phénomènes concourent à augmenter sa recharge vers le milieu et la fin de la saison des
pluies. Du point de vue de la zone non saturée, les processus sont plus complexes. Une
proportion plus importante du volume d'eau infiltrée est stockée dans la zone non saturée au
début de la saison des pluies, mais le volume d'eau infiltrée est plus faible.
148
CHAPITRE 6 : DENSIFICATION DES MESURES SUR UNE SAISON DES PLUIES
L’interprétation du signal gravimétrique originaire de la zone non saturé n’est donc pas aisée en
l’absence de mesure d’humidité complémentaire. Les sources d’hétérogénéité de stockage dans
la zone non saturée sont nombreuses. Les processus de concentration et de redistribution de
l’eau { la surface du sol peuvent être influencés par la topographie, le couvert végétal, l’état de la
surface du sol ou encore la variabilité spatiale et temporelle des précipitations (Peugeot et al.,
2003). Les mesures de microgravimétrie apportent un premier ordre de grandeur (de - 300 à
+ 300 mm) aux variations dynamiques des stocks d’eau pouvant être observées { l’échelle locale
intrasaisonnière. Les processus spécifiques régissant les transferts d’eau dans la zone non
saturée ne peuvent toutefois pas être étudiés avec ces seules mesures. Nous pouvons
mentionner par exemple les processus de ruissellement sur une pente, pouvant éventuellement
influencer les stations 3 et 4 situées dans des zones un peu plus accentuées. De fortes variations
du stockage sont enregistrées d’une semaine { l’autre { la station 4, faisant penser { une
succession d’évènements d’infiltration et de drainage. La présence d’une ravine semble
impliquer un stockage plus important aux stations situées à son embouchure (stations 12 et 13).
L’action de l’homme peut également influencer le stockage d’eau dans la zone non saturée par le
travail des champs, ou le tracé de pistes sur le versant. Nous pouvons noter que les stations 15 et
5, situées dans des champs de mil, apparaissent toutes les deux comme des stations stockant peu
d’eau par rapport aux autres stations aval. Cette indication n’a pas valeur de corrélation entre les
deux observations.
Enfin si les processus hydrologiques sont complexes par leur nature (transformation des
précipitations en ruissellement, infiltration et évapotranspiration), la compréhension des
processus de stockage de l’eau au sein du bassin versant est limitée par les méthodes
d’observations utilisées. L’absence de signal ressortant des mesures microgravimétriques prises
au plateau, ou la difficulté d’interprétation des mesures effectuées par sonde { neutrons sont
deux exemples des limites de détection instrumentale auxquels nous pouvons être confrontés.
Nous pouvons également mentionner la mesure de gravimétrie absolue de juillet 2009, peinant à
être expliquée en dépit de la diversité des solutions envisagées (Chapitre 5). Ces différents
points mettent en avant le besoin d’installer des réseaux d’observations multidisciplinaires,
disposant de mesures complémentaires permettant de mieux comprendre les variations de
stock d’eau en Afrique de l’Ouest.
149
CHAPITRE 6 : DENSIFICATION DES MESURES SUR UNE SAISON DES PLUIES
6.5. Conclusion du chapitre
Pour la première fois, des campagnes de gravimétrie relative ont été effectuées sur une base
hebdomadaire, afin d’estimer les variations de stock d’eau { l’échelle intrasaisonnière en Afrique
de l’Ouest. Le réseau de mesures a été établi sur le bassin versant de Wankama, situé en région
semi-aride sahélienne, imposant des conditions difficiles pour l’obtention de mesures
microgravimétriques de précision. Près de 1000 points de mesures ont été effectués de juillet à
septembre 2009 sur un petit réseau (< 3 km) de 16 stations. En dépit des conditions de mesures
difficiles, incluant l’absence d’accès { l’électricité et des variations journalières de la température
de près de 20 °C, des précisions de l’ordre de 30 { 50 nm s-2 ont été acquises lors de la campagne.
Le transport des instruments à la main, la répétition des mesures avec deux gravimètres, ainsi
qu’une sélection minutieuse des données se sont avérés nécessaires pour atteindre de telles
précisions. Les mesures de gravité ainsi réalisées ont permis d’imager les variations des stocks
d’eau { l’échelle locale avec une résolution hebdomadaire sur la majeure partie de la saison des
pluies en 2009. Les résultats principaux peuvent être résumés comme suit:
-
Les variations du niveau d’eau dans la mare influencent le signal gravimétrique mesuré {
la station située sur la mare avec une amplitude de l’ordre de 500 nm s-2. Les variations
de gravité ne pouvant être expliquées par le remplissage de la mare sont du même ordre
de grandeur (~ 100 nm s-2) que les incertitudes de mesure, plus élevées à cette station
que sur le reste du réseau aval. En dehors de la surface de l’eau, l’effet du remplissage de
la mare sur la gravité est négligeable.
-
Les fluctuations de la nappe génèrent une perturbation du signal gravimétrique
atteignant au maximum 100 nm s-2 au voisinage de la mare. Pour la plupart des stations
(excepté la station 3), la contribution de la nappe est minoritaire devant l’amplitude du
signal gravimétrique mesuré.
-
La variabilité du stock d’eau dans la zone non saturée, estimée après correction des effets
de la mare et de la nappe, semble avoir un impact majeur sur les mesures
microgravimétriques. L’hétérogénéité du stockage de l’eau dans la zone non saturée
apparaît comme la source principale de variabilité spatiale du signal gravimétrique à
l’échelle locale (variance ~ 280 nm2 s-4).
-
Les mesures de microgravimétrie permettent de détecter des zones de stockage
transitoires { l’échelle locale intrasaisonnière. Le stockage d’eau dans la zone non
saturée varie de +/- 300
campagnes de mesure.
mm d’une station { une autre au cours des différentes
150
CHAPITRE 6 : DENSIFICATION DES MESURES SUR UNE SAISON DES PLUIES
-
La station de référence gravimétrique apparaît comme une zone de stockage faible par
rapport aux autres stations de mesure. La présence d’une case et d’un pilier de mesure
pourraient avoir une influence significative sur le signal gravimétrique dû aux variations
d’humidité superficielle, confirmant les modèles proposés dans le chapitre 4.
-
Un accroissement du stock d’eau (+ 300 mm) est détecté par microgravimétrie à
l’embouchure d’une ravine. Cette augmentation de stock peut être expliquée par les
processus de concentration et de libération des écoulements de surface au sein du
réseau de drainage. Les zones d’épandage sont des points de recharge potentiels de
l’aquifère local, jusqu’alors négligé dans les modèles hydrologiques locaux (Henri, 2010)
et régionaux (Massuel et al., 2011). La quantification de cet apport hydrique constitue
donc un avancement significatif vers la compréhension des processus hydrologiques.
L’ensemble des processus influençant la variabilité spatiale et temporelle du signal
gravimétrique ne sont pas compris { l’heure actuelle. La caractérisation des transferts d’eau
dans la subsurface nécessite un ensemble de mesures multidisciplinaires, et ne peuvent être
expliqués { l’aide d’observations gravimétriques ou hydrodynamiques prises séparément. Bien
que les signaux gravimétriques mesurés soient proches de la limite de détection instrumentale,
ils apportent une information nouvelle, permettant de quantifier sommairement la variabilité
des stocks d’eau { l’échelle locale. De telles mesures gagneraient à être complétées par des
mesures de gravimétrie absolue régulières, ou par des mesures continues issues d’un gravimètre
supraconducteur, afin de pouvoir estimer les variations temporelles des stocks d’eau en plus des
variations spatiales.
Combinées à des mesures hydrodynamiques, les mesures de microgravimétrie forment un outil
intéressant pour la calibration et la validation de modèles hydrologiques locaux (Peugeot et al.,
2003; Cappelaere et al., 2003; Henri, 2010). Associées à des mesures de géophysique de
subsurface (comme les sondages RMP), les données de microgravimétrie permettent d’apporter
une information quantitative sur les variations de stock, nécessaire à la compréhension des
processus de partition de l’eau entre la surface et l’aquifère. Ces deux méthodes géophysiques
apportent des informations complémentaires sur les variations temporelles (gravimétrie), ainsi
que spatiales (RMP) des stocks d’eau dans la zone non saturée et la zone saturée.
Enfin les mesures microgravimétriques permettent d’acquérir un jeu de données distribué
spatialement et temporellement. De tels jeux de données sont nécessaires pour étudier la
représentativité spatiale des mesures de gravimétrie absolues, utilisées pour effectuer des
comparaisons de gravimétrie sol et spatiale.
151
CHAPITRE 6 : DENSIFICATION DES MESURES SUR UNE SAISON DES PLUIES
152
Chapitre 7
Conclusion générale
CHAPITRE 7 : CONCLUSION GENERALE
La réponse hydrologique d’un système continental aux variations climatiques est extrêmement
complexe du fait de la nature du système terrestre, transformant les précipitations en
ruissellement, infiltration et évapotranspiration. La région sahélienne est, de plus, marquée par
une forte variabilité des processus hydrologiques à de nombreuses échelles spatiales et
temporelles. Les précipitations, survenant lors d’une courte saison des pluies sous forme de
violents orages convectifs, génèrent des écoulements sporadiques collectés dans des mares
temporaires, { partir desquelles des processus d’infiltration profonds vers la nappe prennent
naissance. La caractérisation et la quantification des ressources en eau sont, de ce fait,
extrêmement complexes car il n’existe pas de relation directe entre les précipitations et les
variations des stocks d’eau.
Les mesures gravimétriques présentent le rare avantage d’être sensible aux variations de stock
d’eau sur toute la colonne de sol, intégrées de la surface aux aquifères. Combinée à des mesures
hydrodynamiques, cette donnée permet d’apporter de nouvelles indications sur le système
hydrologique étudié. L’information obtenue dépend toutefois de la stratégie d’observation
employée. Ainsi des mesures périodiques de gravimétrie absolue permettront de contraindre les
variations temporelles des stocks d’eau sur un volume de quelques centaines de mètres cube, les
données dérivées des satellites GRACE peuvent être utilisées pour estimer les effets des
redistributions des masses d’eau { l’échelle du globe, et les mesures de gravimétrie relatives
permettent d’accéder aux variations spatiales des stocks d’eau sur des réseaux d’étendue
kilométriques. Ces trois dispositifs expérimentaux ont été mis en œuvre dans le cadre de cette
thèse. Les principaux résultats obtenus peuvent être résumés comme suit.
Séparation des effets locaux et globaux
Les mesures de gravimétrie absolue effectuées quatre fois par an de juillet 2008 à juillet 2010 à
Wankama ont permis de détecter un cycle saisonnier d’une amplitude de l’ordre de 100 nm s-2,
en lien avec la mousson ouest africaine. Ces données contiennent un signal hydrologique local
(< 10 km), dû { l’attraction newtonienne des masses d’eau présentes au voisinage du point
d’observation, et un signal global (quelques centaines de km), dû aux processus combinés de
l’attraction newtonienne et de la déformation élastique de la croûte terrestre. Avant d’étudier les
processus hydrologiques { l’échelle locale, les mesures de gravimétrie doivent donc être
corrigées de la contribution globale (e.g. Longuevergne et al., 2009). Habituellement, cette
correction est réalisée en utilisant un formalisme de convolution, associant les fonctions de
Green aux distributions de masses d’eau prédites { l’échelle du globe par des modèles
hydrométéorologiques. Nous montrons que les données de la mission GRACE permettent
154
CHAPITRE 7 : CONCLUSION GENERALE
également d’estimer la contribution hydrologique globale au signal gravimétrique. Pour notre
site d’étude, les effets hydrologiques de grande longueur d’onde contribuent pour 20 à 35 nm s-2
(soit ~ 20 à 30 %) au signal gravimétrique total. Il s’avère que, sur notre première année de
mesure, l’application d’une correction des effets hydrologiques globaux estimée selon les
données GRACE permet de réduire significativement (13 %) l’écart type de la différence entre
valeurs modélisées et mesurées du cycle gravimétrique local annuel. Cette comparaison ne peut
être effectuée sur la deuxième année de mesure, la valeur de la gravité mesurée en juillet 2009
peinant à être expliquée par les processus hydrologiques locaux.
Comparaison de méthodes géophysiques
Plusieurs méthodes géophysiques et hydrodynamiques ont pu être comparées au cours de cette
thèse. Les mesures de gravimétrie absolue permettent d’estimer les variations temporelles de la
gravité, sensibles aux variations des stocks d’eau superficiels et souterrains dans un rayon de
quelques centaines de mètres autour du gravimètre. Combinées à des mesures de piézométrie et
d’humidité du sol, les mesures de gravimétrie absolue apportent une contrainte sur la porosité
de drainage de l’aquifère dans la zone de fluctuation de la nappe. Nous estimons ainsi entre 2 et
6 % la valeur locale de la porosité de drainage de l’aquifère. Cette valeur peut être comparée aux
teneurs en eau de l’aquifère estimées par sondages RMP entre 5 et 10 % au niveau de la case de
mesure gravimétrique. Les différences entre les valeurs de porosité estimées par gravimétrie et
RMP peuvent s’expliquer par des différences de résolution entre les deux méthodes, la RMP
intégrant sur la verticale un volume bien plus large que la gravimétrie. De plus la gravimétrie est
sensible à une fraction de la teneur en eau de l’aquifère plus faible (proche de la porosité de
drainage) que celle perçue par la méthode RMP (proche de la porosité cinématique). Il n’existe
pas encore, { l’heure actuelle, de relation permettant de lier la porosité de drainage à la porosité
cinématique, ces deux valeurs étant dépendantes des propriétés du milieu étudié (Boucher et al.,
2009b). Enfin, les mesures gravimétriques et RMP sont chacune soumises à leur incertitudes
propres, principalement reliées { la présence d’eau dans la zone non saturée pour la gravimétrie
et { la méthode d’inversion du signal choisie pour la méthode RMP (il n’existe pas de solution
unique).
Ce travail de thèse a également permis de mettre en évidence les différences de sensibilité entre
les mesures de gravimétrie absolue et relative. Les gravimètres absolus peuvent être utilisés
pour suivre les variations temporelles des stocks d’eau { une station donnée, alors que les
gravimètres relatifs de terrain ne vont être sensibles qu’aux différences de stockage entre une
station donnée et une station de référence. Ces différentes stratégies d’observations ont des
155
CHAPITRE 7 : CONCLUSION GENERALE
répercussions sur les objets hydrologiques imagés. Par exemple, la gravimétrie absolue est
sensible à la montée de la nappe, pouvant être considérée comme relativement homogène à
l’échelle locale, alors que la gravimétrie relative sera uniquement sensible aux variations de
stocks spatialement hétérogènes, à priori plus superficiels. Cet effet est amplifié par
l’instrumentation des sites de mesure. Les stations dédiées aux mesures de gravimétrie absolue
doivent être équipés d’un pilier de grande dimension (1 m
1 m
1 m) et protégées des
agressions extérieures (pluie, vent, poussière etc.) par une case. Ces deux constructions limitent
l’effet des variations superficielles des stocks d’eau. Au contraire, les stations CG5 sont
uniquement équipées d’un pilier de petite dimension (0.3m
0.3 m
0.5 m), ayant peu d’impact
sur le signal hydrologique mesuré. Les mesures de gravimétrie relative effectuées sur un pilier
adapté seront donc plus sensibles aux variations d’humidité dans le premier mètre de sol, que
les mesures de gravimétrie absolue.
Variabilité aux échelles locale et intrasaisonnière
Enfin la campagne de mesure de microgravimétrie a permis d’estimer les variations spatiotemporelles de la gravité { l’échelle locale intrasaisonnière. Le dispositif expérimental mis en
œuvre, bien que difficile { mettre et à maintenir en place sur une période de trois mois, a permis
d’acquérir une image hebdomadaire des variations spatiales de la gravité sur un réseau d’une
dizaine de stations couvrant une surface d’environ 500
350 m2. Les variations de gravité
obtenues sont toujours exprimées par rapport à une station de référence, étant dans ce cas la
station de mesure de gravimétrie absolue. Les variations temporelles de la gravité à cette station
étant inconnues, nous proposons de réaliser deux types de cartes : des cartes des doubles
différences de la gravité et des cartes des écarts par rapport à la moyenne des doubles
différences de la gravité. Les doubles différences représentent les variations temporelles des
valeurs de la gravité relatives à la station de référence. Les cartes des doubles différences
mettent en évidence la singularité de la station de référence par rapport aux autres stations : la
gravité varie moins vite { cette station que sur le reste du réseau, suggérant un stockage de l’eau
plus faible aux abords directs de la case de mesure gravimétrique. Afin de s’affranchir de cette
singularité, nous proposons de nous référer à la moyenne des variations temporelles de la
gravité sur le réseau de mesures. Des variations significatives de la gravité apparaissent alors,
permettant de détecter des zones de stockage transitoire sur le réseau aval.
Du point de vue de la mesure gravimétrique, les cartes des écarts par rapport à la moyenne des
doubles différences fournissent une image de la variabilité spatiale de la gravité { l’échelle
locale. Ce type d’information peut être utilisé pour étudier la représentativité spatiale des
156
CHAPITRE 7 : CONCLUSION GENERALE
mesures de gravimétrie ponctuelles. Du point de vue de la donnée hydrologique, ces cartes
fournissent une indication sur la variabilité des stocks d’eau { l’échelle locale. Nous montrons
également que la source principale du signal gravimétrique mesuré semble être les variations
d’humidité dans la zone vadose. Ceci expliquerait également pourquoi la station de référence
apparaît comme une singularité, celle-ci étant située dans une zone ruisselante, qui plus est,
protégée de la pluie par une case gravimétrique et disposant d’un pilier de grande dimension.
L’acquisition de mesures des stocks d’eau distribuées spatialement est d’un grand intérêt pour la
modélisation hydrologique ; l’absence ou le manque de documentation sur le régime
hydrologique et ses variations caractéristiques étant une source d’erreur majeure dans les
modèles hydrologiques.
Les résultats obtenus au cours de cette thèse montrent que les mesures de gravimétrie absolue
et relatives sont des méthodes complémentaires, permettant de détecter les principales
signatures hydrologiques issues de la nappe (gravimétrie absolue) ou de la zone vadose
(gravimétrie relative). Ces méthodes géophysiques ne sont toutefois que peu informatives
lorsqu’elles sont employées seules. Combinées { des mesures hydrodynamiques (limnimétrie,
piézométrie, humidité du sol), la gravimétrie permet d’apporter une information nouvelle sur les
paramètres hydrogéologiques du milieu et/ou les variations dynamiques des stocks d’eau {
l’échelle locale.
L’installation et le maintien d’observatoires multidisciplinaires est vital pour l’évolution des
connaissances scientifiques en hydrologie et géophysique. En effet, chaque mesure est limitée
par un nombre d’incertitudes qui lui sont propres. Pour accéder { une information sur le milieu
hydrologique, un certain nombre d’hypothèses doivent être faites qui ne peuvent être validées
ou infirmées qu’en comparaison { une donnée ou mesure complémentaire. La méthode RMP a
par exemple été utilisée dans cette étude pour valider l’interprétation du signal de gravimétrie
absolue conduisant { estimer la porosité de drainage de l’aquifère. De plus, cette comparaison
apporte une discussion sur la nature des signaux perçus par chacune des méthodes.
L’interprétation du signal microgravimétrique souffre de l’absence d’un point de contrôle
quantitatif, permettant de comparer les variations de stock obtenues dans la zone vadose à des
valeurs réelles d’humidité du sol. De plus la pluralité de données permet de ne pas être
totalement démunis en cas de défaillance de l’un ou l’autre des dispositifs instrumentaux.
157
CHAPITRE 7 : CONCLUSION GENERALE
Perspectives
Le bassin versant de Wankama dispose d’un jeu de données hydrodynamiques, et géophysiques
(gravimétrie & sondages RMP) unique en Afrique sahélienne. Il serait intéressant de construire
un modèle hydrologique couplant les processus de surface aux processus souterrains. Les
processus de surface pourraient être simulés grâce au modèle à base physique r.water.fea
développé spécifiquement pour les régions sahéliennes (Peugeot et al., 2003 ; Cappelaere et al.,
2003). Les mesures microgravimétriques formeraient dans ce cadre un outil avantageux pour
contraindre les variations de stock d’eau dans la zone non saturée. Les écoulements souterrains
pourraient quant à eux être modélisés sur la base des travaux de C. Henri (2010), ayant
développé un modèle hydrogéologique du site de Wankama calibré { l’aide des résultats issus de
sondages RMP. La gravimétrie absolue pourrait être utilisée de façon complémentaire pour
contraindre la porosité de drainage de la nappe. Cette expérience profiterait de plus des travaux
de Massuel (2005), Massuel et al., (2011), ayant entrepris une modélisation couplée des
processus de surface et des processus souterrains { l’échelle régionale. Massuel et al., (2011)
indiquent que cette modélisation pourrait être améliorée par l’assimilation de nouvelles
données permettant de caractériser les processus de recharge et les processus de surface.
L’établissement
d’un
jeu
de
données
multidisciplinaires
distribué
spatialement
et
temporellement constitue un premier pas dans cette direction.
Plusieurs questions soulevées lors de ces travaux de thèse restent encore en suspens et
mériteraient d’être étudiées. Par exemple, quelle est la relation entre la porosité de l’aquifère
estimée par gravimétrie et par sondages RMP? Une relation standard peut-elle être définie ou
est-elle dépendante des propriétés du milieu étudié? Comment se répartit l’eau dans la zone non
saturée? Quelle proportion de l’eau infiltrée sous la mare sert { la recharge de la nappe et quelle
proportion sert à la recharge de la zone non saturée ? Ces questions, bien sûr, ne peuvent être
étudiées sans passer par une étape de modélisation des processus de partition de l’eau entre la
surface et la nappe.
Un des enjeux du projet GHYRAF était de procurer une estimation de la gravimétrie au sol
permettant de valider les mesures dérivées de la mission GRACE. Dans ce but des mesures de
gravimétrie absolues étaient planifiées à Tamanrasset : des écarts significatifs existent en milieu
désertique entre les modèles hydrologiques globaux et les données GRACE (Hinderer et al.,
2009). Des mesures régulières de gravimétrie absolue devraient permettent de déterminer si les
variations des stocks d’eau prédites par les modèles ou dérivées des mesures GRACE sont
cohérentes ou non. Pour des raisons d’insécurité géopolitique, ces points de mesures n’ont pas
158
CHAPITRE 7 : CONCLUSION GENERALE
encore pu être réalisés. La comparaison avec les données GRACE n’a donc pas encore été
effectuée et nécessiterait de s’atteler { un problème d’échelle: comment comparer une donnée
ponctuelle à une mesure satellite sensibles aux variations de masse avec une résolution
maximale de 400 km? Les mesures de microgravimétrie, couplée à un modèle hydrologique,
permettrait d’accéder { l’échelle du bassin versant (~ 2.5 km2). L’accès { l’échelle régionale est
complexe, mais pourrait être réalisé { l’aide de mesures satellitaires indépendantes (altimétrie,
imagerie multi-spectrale, imagerie SAR, etc.). Différents travaux réalisés en ce sens ont par
exemple pu montrer l’extension du nombre et de la surface des mares temporaires au Sahel
(Gardelle et al., 2010), caractériser la variabilité spatiale des précipitations (Frappart et al.,
2009) ou proposer des produits d’estimation méso-échelle de l’humidité du sol (Baup et al.,
2011). Il serait intéressant de poursuivre ces travaux afin d’accéder { une information
multidisciplinaire { l’échelle régionale en utilisant différents produits satellitaires.
159
CHAPITRE 7 : CONCLUSION GENERALE
160
Annexe A
Cahier de terrain de la campagne de
microgravimétrie
161
ANNEXE A : CAHIER DE TERRAIN DE LA CAMPAGNE DE MICROGRAVIMETRIE
Cahier de terrain
Campagne de mesure de microgravimétrie à
Wankama-Niger
Du 30 juin au 30 septembre 2009
162
ANNEXE A : CAHIER DE TERRAIN DE LA CAMPAGNE DE MICROGRAVIMETRIE
SOMMAIRE
1) Introduction
2) Liste et coordonnées des participants
3) Informations pratiques et matériel disponible
4) Notice d’utilisation du CG5
5) Protocole à respecter lors de la mesure
6) Description des boucles et sites de microgravimétrie
7) Planning
8) Fiches terrain
163
ANNEXE A : CAHIER DE TERRAIN DE LA CAMPAGNE DE MICROGRAVIMETRIE
1) INTRODUCTION
La campagne de mesure de microgravimétrie à Wankama s’inscrit dans le cadre du projet
GHYRAF (Gravité et Hydrologie en Afrique). L’objectif principal de ce projet est la confrontation
entre observations et modèles multidisciplinaires des variations saisonnières des ressources en
eau en Afrique de l’Ouest. Un suivi hydrologique régulier et des mesures périodiques de la
gravité au sol sont effectués sur les sites de Wankama, Djougou et Diffa. Un des enjeux des
campagnes de gravimétrie absolue est l’apport de nouvelles contraintes sur les modèles
hydrologiques locaux, notamment sur le paramètre de porosité.
L’objectif de la campagne de microgravimétrie est d’évaluer la possibilité de détecter des
variations spatiales de quelques microgals liées { l’hydrologie en utilisant des gravimètres
relatifs de type CG5. Un réseau microgravimètrique a été installé sur le site de Wankama. 15
sites sont équipés de piliers en béton dans des zones aux caractéristiques hydrologiques
différentes. Des mesures sont également envisagées sur 1 site situé au milieu de la mare, sur la
structure métallique supportant l’enregistreur limnimétrique. La précision recherchée des
mesures de type CG5 est de 3 microgals. Le signal saisonnier attendu varie entre 0 et 30
microgals selon le site de mesure. Si ces objectifs sont atteints, on cherchera à identifier et à
quantifier les processus hydrologiques influençant la gravité (montée de la nappe, remplissage
de la mare temporaire) sur le site de Wankama.
164
ANNEXE A : CAHIER DE TERRAIN DE LA CAMPAGNE DE MICROGRAVIMETRIE
2) LISTE ET COORDONNEES DES PARTICIPANTS
Responsables du projet pour chaque partenaire:
Hinderer Jaques - Directeur de recherche EOST/IPGS - Coordinateur projet GHYRAF
[email protected]
Tel fixe : (33) 3 90 24 01 17
Favreau Guillaume – Chercheur IRD/Hydrosciences Montpellier
[email protected] /
[email protected]
Tel fixe : 00 (227) 20 75 38 27/ 20 75 26 10
Portable Personnel : 00 227 93 24 68 71
Deroussi Sébastien – Ingénieur d’études IPGP - responsable du parc de microgravimétrie de l’INSU
[email protected]
Tel fixe : (33) 1 57 27 84 85
Portable personnel : (33) 6 62 54 83 80
Champollion Cédric – Maître de conférences Géosciences Montpellier
[email protected]
Tel fixe : (33) 4 67 14 36 42
Portable personnel : (33) 6 98 97 93 59
Intervenants terrain :
Champollion Cédric (coordonnées ci-dessus)
Pfeffer Julia – Doctorante EOST sur le projet GHYRAF
[email protected]
Tel fixe : (33) 3 90 24 00 34
Portable personnel : (33) 6 87 94 13 65
OÏ Monique - Technicienne IRD / Hydrosciences Montpellier
[email protected] /
[email protected]
Tel fixe : 00 (227) 20 75 38 27 / 20 75 26 10
Portable personnel: 00 227 96 96 53 36 ou 00 227 90 07 82 98
Mouyen Maxime – doctorant EOST
[email protected]
Tel fixe : (33) 3 90 24 00 77
Portable personnel : (33) 6 85 66 63 84
Olivier Robert – Ingénieur Technicien Administratif { l’IPGP
[email protected]
Tél. : (33) 1 45 11 41 40
Personnes associées au projet :
Boucher Marie – Volontaire international IRD/Hydrosciences Montpellier
Tel fixe (standard IRD Niamey): (+227) 20 75 26 10
Portable personnel: (+227) 97 08 70 00
[email protected]
Nazoumou Yahaya – Enseignant chercheur Université Niamey
[email protected]
165
ANNEXE A : CAHIER DE TERRAIN DE LA CAMPAGNE DE MICROGRAVIMETRIE
Personnes associées au projet (suite)
Bayer Roger - Professeur UM2 Géosciences Montpellier
[email protected]
Tel fixe : (33) 4 67 14 42 61
Le Moigne Nicolas – Ingénieur d’études/Géosciences Montpellier
[email protected]
Tel fixe :(33) 4 67 14 49 81
Portable personnel : (33) 6 84 35 07 88
Luck Bernard – Ingénieur EOST
Tel fixe: (33) 3 90 24 03 51
[email protected]
Contacts chez SCINTREX :
Bill Male SCINTREX Company - International Sales Manager
Phone: +1(905) 669-2280 ext.343
Mobile: +1(416) 854-1998
[email protected]
Stephen Morton SCINTREX Company - Customer Service Manager
Tel: +1-905-669-2280 ext. 204
Fax: +1-905-669-9899
Cell : +1-416-854-8890
[email protected]
Contacts pratiques sur place :
Tel. Portable de la mission : 97 49 91 25 (cartes Celtel)
Standard IRD Niamey
Tel Fixe: (227) 20 75 26 10
David Tahirou IRD Niamey
Tel Fixe: (227) 20 75 26 10
Portable personnel: 94 85 47 39
[email protected]
Faty IRD Niamey
Tel Fixe: (227) 20 75 31 15
Portable personnel: 93 93 03 58
[email protected]
Pierre Genthon IRD Niamey
Portable personnel: 96 24 14 95
[email protected]
Issoufou IRD Niamey
Portable personnel: 96 07 31 97
166
ANNEXE A : CAHIER DE TERRAIN DE LA CAMPAGNE DE MICROGRAVIMETRIE
En cas de pannes ou problèmes techniques avec les instruments contacter Sébastien Deroussi et
Nicolas Le Moigne. Si vous les contactez par mail, envoyer une copie à Jaques Hinderer, Cédric
Champollion, et Julia Pfeffer. Vous serez redirigés si nécessaire vers les contacts Scintrex.
En cas de problème pratique sur place (besoin de matériel, informations sur le site…), contacter
Guillaume Favreau, Marie Boucher, ou Monique Oï.
En cas de soucis lors du déroulement de la mission, contacter Julia Pfeffer et Jacques Hinderer.
Contacter également en copie par mail Cédric Champollion, Sébastien Deroussi, Guillaume
Favreau.
167
ANNEXE A : CAHIER DE TERRAIN DE LA CAMPAGNE DE MICROGRAVIMETRIE
3) INFORMATIONS PRATIQUES ET MATERIEL DISPONIBLE
L’accès au téléphone, { une salle informatique et { internet est possible { l’IRD de Niamey (IRD
Av. de Maradi - BP 11416 Niamey – NIGER).
Du matériel de camping (moustiquaires, tentes, matelas, thermos) est stocké dans le local de
gravimétrie de l’IRD de Niamey.
Matériel à prévoir (et à réexpédier en France) :
CG5 #167 et #424 (bagués)
2 trépieds
Batteries (11.1V)
Blocs d’alimentation
Câbles pour transférer les données
Caisses de transport
Ordinateur portable équipé du logiciel SCUTIL
2 sacoches de transport
2 boussoles
2 poubelles à oreille dont on a ôté le fond et le couvercle (protection contre le vent)
2 mètres ruban
GPS
2 grands parapluies (protection contre le soleil)
2 lampes de poche (si mesures en soirée après 19h)
2 carnets de terrain
Paire de bottes en caoutchouc
Deux fois deux nuits par semaine sont à prévoir sur place. Une case d’accueil a été construite
(latitude : 13.6527 N, longitude : 2.6412 E). L’électricité y est fournie par panneaux solaires, et
de l’eau courante est fournie au puits artésien situé à 100 m. Notez que l’eau est sulfatée d’odeur
moyennement agréable mais potable (eau dénuée de germes, eau fossile d’âge > 20 000 ans).
Le dernier intervenant sur place devra s’occuper de ranger le matériel dans ses caisses vertes, en
vérifiant cette liste. Les SCINTREX doivent être éteints, avec les batteries ôtées.
168
ANNEXE A : CAHIER DE TERRAIN DE LA CAMPAGNE DE MICROGRAVIMETRIE
4. NOTICE D’UTILISATION DU CG5
Notice rédigée par Sébastien Deroussi en novembre 2006, modifiée par Julia Pfeffer en juin 2008
4.1 Généralités.
Le gravimètre est un instrument fragile (et cher) qu’il faut manipuler avec délicatesse. Il faut
éviter autant que possible de lui faire subir des chocs, des secousses ou de fortes inclinaisons.
Transport :
Eviter les secousses.
En voiture, le transporter dans sa caisse verte, si possible sur le siège passager attaché avec la
ceinture de sécurité.
En avion : lors du passage en soute le gravimètre doit être éteint et sans les batteries.
Attention ! Toujours éteindre le gravimètre (on/off) avant de retirer les batteries.
Avant de commencer la campagne, mettre le gravimètre en chauffe et attendre que la
température soit stable (48h max).
Hors acquisition
Lorsque le gravimètre n’est pas en acquisition il doit être alimenté (secteur ou batteries) et
nivelé (voir paragraphe 4. 4. Effectuer une mesure). Tout arrêt d’alimentation du gravimètre
entraîne une chute de température dans l’enceinte du capteur. Il est alors impératif d’attendre
(jusqu’{ 48 heures) que le gravimètre revienne en température et se stabilise avant de
reprendre la campagne. Il faut aussi vérifier tous les paramètres du gravimètre.
Les menus :
On navigue dans les menus en utilisant les flèches situées en bas à droite du gravimètre. Une fois
sélectionnés, on peut modifier les paramètres en appuyant sur [F3] (Edit). Pour atteindre le
menu principal : appuyer sur le bouton SETUP [4]. On y distingue les sections suivantes :
Survey : nom du levé, position et décalage horaire choix des unités et systèmes
géodésiques
Autograv : sélection des corrections que le gravi effectue sur la mesure et constantes de
calibrations (tilts, temps G.Cal1…)
169
ANNEXE A : CAHIER DE TERRAIN DE LA CAMPAGNE DE MICROGRAVIMETRIE
Options : réglages des temps de mesures, du nombre de cycles désiré, du mode
d’affichage…
Clock : Date et heure.
Dump : Pour transférer les données sur un ordinateur.
Memory : mémoire disponible.
Service : contacts Scintrex, mise à jour du logiciel interne, calibration et tests usine.
Avant de partir :
Vérifier que le matériel est assuré. Pour les voyages { l’étranger, se munir d’un
carnet ATA.
S’assurer que l’on a bien tout le matériel (voir section précédente)
4.2 Avant de commencer une campagne de mesures – configurations.
Setup/Survey :
Customer
Indiquer le nom du levé. Si on veut modifier la configuration de ce menu il faut
obligatoirement donner un nouveau nom de survey. Pour les mesures de
répétition sur Wankama, le nom de survey est wankama.
Indication facultative
Operator
Indiquer son nom. Indication facultative mais très utile lors du traitement.
Easting
Northing
Position géographique du levé (coordonnées de la case FG5 de Wankama tableau 1 section 6). On précise le sens de la longitude (East / West) avec les
boutons E/W situés sous le bouton On/Off. (longitude Wankama = 2.65 Est)
Idem pour la latitude (latitude Wankama = 13.65 Nord)
Azimuth
Facultatif, direction de la grille
Altitude
Facultatif, altitude du point origine de la grille
UTM Zone
Facultatif, zone UTM du point origine de la grille
UTC Diff.
Décalage horaire. À modifier si l’horloge du gravimètre est en heure locale :
mettre les horloges des instruments en T.U. Mettre les GMT diff. à zéro.
Survey ID
Setup/Autograv : Choix des corrections, filtres et paramètres de l’instrument. Utiliser la
configuration habituelle:
Tide Correct.
Cont.Tilt Corr.
Auto Reject
Terrain Corr
Seismic Filter
Save Raw Data
YES
YES
YES
NO
NO pour des mesures au calme (c’est le cas { Wankama). YES si bruit
sismique.
NO
170
ANNEXE A : CAHIER DE TERRAIN DE LA CAMPAGNE DE MICROGRAVIMETRIE
Setup/Survey/Next page [F1] : paramètres de l’instrument. Ne doivent pas être modifiés sauf
Drift Start qu’il faut initialiser au début de la campagne. [→ Drift Start / Edit [F3] / Yes [F5]]
Setup/Options Pour régler les paramètres de la mesure
Read Time
60
Cycle time
80
Number of Cycles
5 (sauf pour W17, #Cycles =10)
Start Delay
10 (sauf pour W17, start delay = 60)
Line separation
0
Station separation
0
Auto station increment
NO
Chart scale
1
Measurement
NUMERIC
LCD heater
NO
Record ambiant temperature
YES
Note : Les mesures effectuées avec ses configurations prendront 65 secondes (60s « Read time »
+ 5s « Start Delay».)
4.3 Effectuer une mesure :
Niveler l’appareil :
Placer le trépied face à soi puis
poser le gravimètre dessus en
commençant par le coin avant
gauche (1 - voir figure - le bout
arrondi du trépied doit entrer
dans le trou prévu à cet effet),
puis le coin avant droit (2 - le bout arrondi du trépied doit entrer dans une gorge) et
terminer par le pied restant qui s’appuie sur un méplat (3).
Appuyer sur On/Off pour allumer l’appareil.
modifier la station si besoin (EDIT [F3]) puis LEVEL [F5].
Niveler l’appareil en réglant les vis du trépied. Ne pas toucher à la vis du pied qui porte la
bague (pied 1). La mesure peut être lancée lorsque les deux lignes de niveau se croisent
dans le petit cercle central ☺.
Le gravimètre est à présent nivelé. Pour accéder au menu principal, appuyer sur SETUP [4]
171
ANNEXE A : CAHIER DE TERRAIN DE LA CAMPAGNE DE MICROGRAVIMETRIE
Lancer la mesure :
À partir de la fenêtre de nivellement (voir paragraphe précédent),
Appuyer sur READ GRAV [F5] pour lancer la mesure.
FINAL DATA [F5] pour afficher le résultat
RECORD [F5] pour enregistrer ou CANCEL [F5] pour éliminer la mesure
Si RECORD, l’écran suivant affiche le résultat de la mesure et les paramètres utiles au
traitement.
Mesures sur le terrain.
Protéger le gravimètre du soleil, de la pluie et éventuellement du vent. S’il y a du bruit d’origine
sismique (voitures…), activer le filtre sismique SETUP/AUTOGRAV/Seismic Filter.
La dérive instrumentale :
Le capteur principal du gravimètre est constitué d’une masse suspendue { un ressort. Le ressort
n’étant pas parfait, il s’allonge au cours du temps, cet allongement est { l’origine de la dérive
instrumentale du gravimètre. Cette dérive variant en fonction des conditions d’utilisation de
l’appareil, il est fortement conseillé de transporter l’appareil le moins possible, et lorsqu’il est en
état de repos, de le laisser au même endroit, dans les mêmes conditions. Lors de son utilisation,
il est nécessaire de réoccuper des points de mesure pour estimer la dérive instrumentale. Le
premier point mesuré doit être réoccupé en dernier { la fin de la journée. Si l’on veut déterminer
l’évolution de cette dérive au cours de la journée, il faut réoccuper plusieurs points.
Mesures en continu :
Pour mettre le gravimètre en enregistrement continu, procéder de la même façon que décrit
précédemment mais avant de commencer les mesures, modifier les paramètres suivants du
menu SETUP/OPTION.
Cycle Time
900
#Of Cycles
99999 (base)
Dans les fichiers de sortie l’heure de mesure correspond { la fin de la mesure.
172
ANNEXE A : CAHIER DE TERRAIN DE LA CAMPAGNE DE MICROGRAVIMETRIE
4.4 Transfert des données sur un ordinateur
Le logiciel SCUTIL doit être installé sur l’ordinateur.
Avec le câble USB :
Activer le programme SCUTIL sur un PC.
Dans l’onglet « Com parameters », vérifier que la case « USB Interface » est cochée.
Relier le PC au gravimètre via le câble USB.
Choisir le répertoire d’enregistrement des données et lancer le téléchargement.
Avec le câble COM1 :
Brancher le cordon de transfert sur le gravimètre (COM1) et sur l’ordinateur (COM1)
Lancer le logiciel SCUTIL
Dans [Com Parametrers] :
o décocher la case USB interface
o Port : COM2
o Maximum Speed : 57600 (c’est la vitesse maximum du gravimètre)
o Data Bits : 8
o Parity : None
o Stop Bits : 1
Sur le gravimètre, sélectionner Setup/Dump et entrer les mêmes paramètres que sur
l’ordinateur.
Appuyer sur Start Dump [F1].
ATTENTION ! Il faut lancer Start Dump sur le gravimètre en premier.
Retourner sur l’ordinateur, sélectionner l’onglet DUMP, cocher éventuellement les cases
« Print Text File », « Keep Log File » et « Create XYZ Files » et cliquer sur START DUMP
4.5 Contacts
En cas de problèmes, ne pas hésiter à contacter :
Sébastien Déroussi : +33 1 57 27 84 85
[email protected]
Michel Diament : +33 1 57 27 84 80
[email protected] portable perso +33 6 85 05
72 85
173
ANNEXE A : CAHIER DE TERRAIN DE LA CAMPAGNE DE MICROGRAVIMETRIE
5. PROTOCOLE A RESPECTER LORS DE LA MESURE
Pour assurer une certaine homogénéité des mesures entre les différents opérateurs, il
est
absolument nécessaire de respecter TOUTES les conditions suivantes.
Lire attentivement la section 4 pour toute première utilisation du CG5.
Lors de la réalisation de la boucle
Transporter l’instrument avec précaution dans sa sacoche (section 4.1)
Pas de mesures entre 12h et 16h. Ne jamais laisser l’appareil au soleil.
Commencer et terminer la boucle au point 1 (tableau 1 section 6). Il est important de
réaliser ces points minutieusement pour la correction de la dérive instrumentale.
(section 4.3)
Durée maximale d’une boucle : 3h. Au-delà la correction de la dérive sera douteuse.
Dans la mesure du possible, réaliser les boucles dans le même sens et les points dans le
même ordre.
Noter tout changement dans les fiches terrain section 8.
A la fin d’une boucle, toujours niveler et alimenter l’appareil (section 4).
Etapes à respecter lors de la mesure
Poser le trépied au centre du pilier. Poser le pied fixe sur l’emplacement marqué soit par
une pige métallique, soit par un trou. Pour les sites où il y a deux piliers, poser le trépied
sur le grand pilier.
Poser l’appareil sur le trépied (section 4.3).
Protéger l’appareil du soleil avec un grand parapluie.
S’il y a du vent, protéger l’appareil avec la poubelle renversée.
Allumer l’appareil.
Si l’opérateur change, changer le nom de l’opérateur (section 4.2)
Entrer le numéro de station inscrit sur le tableau 1 section 6 (section 4.2)
Niveler (section 4.3). Laisser le pied qui porte la bague fixe.
En chaque site lancer la mesure comme 5 cycles de 60 secondes. (Voir section 4.3 – Read
time: 60s, Cycle time: 80s, Start Delay: 5s, Number of cycles: 5. Pour le site W17, Number
of cycles: 10, Start Delay: 60 s.)
174
ANNEXE A : CAHIER DE TERRAIN DE LA CAMPAGNE DE MICROGRAVIMETRIE
Relancer 1 à 2 fois les 5 cycles si on observe:
o Une tendance (mesures augmentent ou diminuent)
o Une mauvaise répétition (écart de plus de 5 microgals entre nos points)
o Une SD supérieure à 0. 025 milligals.
o Des tilts instables (tilt >5 ou <-5)
o Une température instable du capteur
Noter les mesures, ainsi que toute observation ou changement par rapport au protocole
qui s’avérera nécessaire sur les fiches de la section 8.
Eteindre l’appareil.
Transporter l’appareil jusqu’au site suivant.
A la fin du séjour, télécharger les données sur ordinateur { l’aide du logiciel SCUTIL (section 4),
les sauvegarder sur clé USB et envoyer le fichier texte par mail à Julia Pfeffer, Cédric
Champollion et Sébastien Deroussi (coordonnées section 2).
6. DESCRIPTION DES BOUCLES ET SITES DE MICROGRAVIMETRIE
Le réseau microgravimétrique de Wankama comporte 17 points dont 15 ont été équipés de
piliers. Deux des points sont situés au centre de la mare sur des structures plus instables (W16
et W17).
Tableau 1 Coordonnées des points du réseau de microgravimétrie
(coordonnées décimales, système géodésique WGS84)
Nom point
Coordonnées
Repère
W01
W02
W03
W04
W05
W06
W07
W08
W09
W10
W11
W12
W13
W14
W15
W16
W17
N13.64921 E2.64673
N13.64951 E2.64741
N13.64952 E2.64786
N13.64959 E2.64886
N13.64982 E2.65020
N13.63127 E2.62076
N13.64422 E2.63000
N13.64776 E2.63389
N13.64524 E2.63229
N13.65108 E2.64751
N13.65019 E2.64726
N13.64945 E2.64652
N13.64882 E2.64539
N13.64817 E2.64687
N13.65086 E2.64572
~ N13.65003 E2.64813
N13.64954 E2.64845
Case FG5
Piézo 2
Piézo 1
Mare ouest
Mare ouest éloigné
Plateau
Tour de flux -mil
Tour de flux –Jachère
K4 (sonde à neutron)
Nord Piézo 2 (à 175 m)
Nord Piézo 2 (à 80 m)
Piézo 3
Entre WK3 et WK4
Sud Case gravi
Est Piézo 2
Echelle limnimétrique
Piézo 0
175
ANNEXE A : CAHIER DE TERRAIN DE LA CAMPAGNE DE MICROGRAVIMETRIE
6.1 Description des boucles
Les sites ont été regroupés en cinq boucles commençant et terminant au point 1 (case FG5). Le
point 16 est situé sur une structure trop instable pour être mesuré.
Boucle 0 : Points 1, 16 et 1
o Boucle contenant le point « mare » à réaliser à pied et en barque en 1h30 environ
o Maximum du signal, mais structure instable au point 17.
Boucle 1 : Points 1, 2, 3, 4, 5 et 1
o Boucle contenant P1, P2 et les points { l’est de la mare { réaliser { pied. Passer
par le Sud ou le Nord de la mare quand elle est très pleine.
o Temps estimé 3h
Boucle 2 : Points 1, 6, 7, 8, 9 et 1
o Boucle contenant les points sur le plateau à réaliser en voiture
o Temps estimé 3h
Boucle 3 : Points 1, 12, 13, 14 et 1
o Boucle contenant P3 à réaliser à pied
o Temps estimé 1h30
Boucle 4 : Points 1, 11, 10, 15 et 1
o Boucle à réaliser à pied
o Temps estimé 1h45
176
ANNEXE A : CAHIER DE TERRAIN DE LA CAMPAGNE DE MICROGRAVIMETRIE
Les sites des boucles 0, 1 3 et 4 sont représentés sur la carte ci-dessous. La mare est temporaire,
de superficie variable.
Figure 1 Carte représentant les sites microgravimétriques des boucles 0, 1, 3 et 4 (Photo aérienne prise par
Jean Louis Rajot, mi-octobre 2008)
Les points de la boucle 2 (boucle « plateau » contenant W06, W07, W08 et W09) sont
représentés sur la carte ci-dessous.
Figure 2 : Carte représentant le réseau microgravimètrique de Wankama (par Cédric Champollion)
Note : Sur la figure 2, le point W07 devrait se situer au Sud du kori.
177
ANNEXE A : CAHIER DE TERRAIN DE LA CAMPAGNE DE MICROGRAVIMETRIE
L’objectif de la mission de microgravimétrie est de réaliser une carte par semaine, chaque boucle
étant répétée une fois. Le programme type d’une semaine de terrain est le suivant :
Jour 1 :
o Départ de Niamey vers 6h-6h30
o Arrivée à Wankama entre 8h et 8h30 (ouverture de la caseFG5)
o Boucle 2 : 8h30 à 11h 30
o Boucle 3 : 16h30 à 18h
o Boucle 0 : 18h-19h30
o Mise des appareils en chauffe et en mesure continue à la case IRD
o Nuit sur place
Jour 2 :
o Boucle 2 : 8h à 11h
o Boucle 3 : 16h30 à 18h
o Boucle 0 : 18h-19h30
o Mise des appareils en chauffe et mesure continue à la case IRD
o Nuit sur place
Jour 3 :
o Boucle 1 : 8h30 à 11h30
o Mise des appareils en chauffe et en mesure continue à la case IRD
o Retour à Niamey en milieu de journée
Jour 4 :
o Départ de Niamey vers 6h- 6h30
o Boucle 1 : 8h30 à 11h30
o Boucle 4 : 16h30 à 18h15
o Mise des appareils en chauffe et en mesure continue à la case IRD
o Nuit sur place
Jour 5 :
o Boucle 4 : 8h30 à 10h15
o Mise des appareils en chauffe et en mesure continue à la case IRD
o Retour sur Niamey le matin
Jour 6 : repos
Jour 7 : repos
En raison des arrivées et départs des intervenants, ce planning peut être légèrement modifié
(jours de repos déplacés…). Il est indispensable de réaliser les 4 boucles répétées 2 fois par
semaine, et de prévoir l’échange des gravimètres entre les intervenants. Un planning est proposé
section 7 pour l’ensemble de la saison. Il est également possible d’annuler le retour sur Niamey
en milieu de semaine, s’il est jugé trop fatiguant. Dans ce cas la boucle 4 sera faite pendant les
soirées des jours 3 et 4, et pas pendant la matinée du jour 5.
178
ANNEXE A : CAHIER DE TERRAIN DE LA CAMPAGNE DE MICROGRAVIMETRIE
6.2 Descriptif des sites de microgravimétrie
Site 1 : Case FG5
Grand pilier type FG5.
Case fermée. Demander les clés au
gardien.
Point de bouclage.
Note : Faire les mesures au centre
du pilier, même si elles ont été
faites au coin Sud-ouest en février.
Photo réalisée par Monique Oï
Site 2 : Piézomètre 2
Petit pilier type CG5.
Surface du pilier irrégulière.
Point de contrôle de la nappe
(piézomètre 2).
Photo réalisée par Monique Oï
Site 3 : Piézomètre 1
2piliers. Faire les mesures au
centre du grand pilier type A 10.
Point de contrôle de la nappe
(piézomètre 1).
Photo réalisée par Monique Oï
179
ANNEXE A : CAHIER DE TERRAIN DE LA CAMPAGNE DE MICROGRAVIMETRIE
Site 4 : Mare Ouest
Petit pilier type CG5 situé { l’est de
la mare temporaire.
Passer par le Sud ou le Nord si la
mare est trop pleine.
Photo réalisée par Monique Oï
Site 5 : Mare Ouest éloigné
2piliers. Faire les mesures au
centre du grand pilier type A 10.
Point situé { 200m { l’est de la
mare temporaire.
Photo réalisée par Monique Oï
Site 6 : Plateau
2piliers. Faire les mesures au
centre du grand pilier type A 10.
Point situé au sommet du plateau.
A joindre en voiture.
Point à
variation.
priori
sans
grande
Photo réalisée par Monique Oï
180
ANNEXE A : CAHIER DE TERRAIN DE LA CAMPAGNE DE MICROGRAVIMETRIE
Site 7 : Tour de flux Mil
Petit pilier type CG5.
Point situé sur le versant sableux
du bassin, { l’est du point 6. A
joindre en voiture.
A proximité d’une tour de flux.
Photo réalisée par Monique Oï
Site 8 : Tour de flux Jachère
Petit pilier type CG5.
Point situé sur le versant sableux
du bassin, { l’est du point 7. A
joindre en voiture.
A proximité d’une tour de flux.
Photo réalisée par Monique Oï
Site 9 : K4
Petit pilier type CG5.
Point situé sur le versant sableux
du bassin, dans la zone d’épandage
de la ravine principale.
A l’est du point 8. A joindre en
voiture.
Photo réalisée par Monique Oï
181
ANNEXE A : CAHIER DE TERRAIN DE LA CAMPAGNE DE MICROGRAVIMETRIE
Site 10 : Nord nord P2
Petit pilier type CG5.
Point situé à 175m au Nord du
piézomètre 2.
Photo réalisée par Monique Oï
Site 11 : Nord P2
Petit pilier type CG5.
Point situé à 80 m au Nord du
piézomètre 2.
Photo réalisée par Monique Oï
Site 12 : Piézomètre 3
Petit pilier type CG5.
Point de contrôle de la nappe
(piézomètre 3).
Point abrité.
Photo réalisée par Monique Oï
182
ANNEXE A : CAHIER DE TERRAIN DE LA CAMPAGNE DE MICROGRAVIMETRIE
Site 13: Entre WK3 et WK4
Petit pilier type CG5.
Point situé { ~ 150 m { l’Ouest de
la case FG5.
Photo réalisée par Monique Oï
Site 14 : Sud Case FG5
Petit pilier type CG5.
Point situé à ~ 120m au Sud la case
FG5.
Photo réalisée par Monique Oï
Site 15 : Est P2
Petit pilier type CG5.
Point situé à ~ 180m au Nord
Ouest de P2
Photo réalisée par Monique Oï
183
ANNEXE A : CAHIER DE TERRAIN DE LA CAMPAGNE DE MICROGRAVIMETRIE
Site 16 : Echelle limnimétrique
Mesures faites sur la structure
métallique supportant l’enregistreur
limnimétrique.
Point à joindre à pied, puis en barque
quand la mare est pleine.
Point de contrôle du niveau de la
mare.
Note: L’instabilité de la structure sur
laquelle sont faites les mesures rend
la mesure plus difficile, mais le
maximum de signal devrait être
présent à ce point.
Photo réalisée par Monique Oï mi
juin 2009.
Site 17 : Piézomètre 0
Mesure faite en février sur un
derrick de 2m de haut.
Point de contrôle de la nappe et de
la mare (Piézomètre 0)
Prise au vent importante de la
structure. Point trop instable pour
être mesuré cet été.
Photo réalisée par Monique Oï
184
ANNEXE A : CAHIER DE TERRAIN DE LA CAMPAGNE DE MICROGRAVIMETRIE
7. PLANNING
185
ANNEXE A : CAHIER DE TERRAIN DE LA CAMPAGNE DE MICROGRAVIMETRIE
Note : Les semaines de terrain comportent 5 jours sur le site de Wankama. L’aller { Wankama se
fait tôt le matin du premier jour (6h-6h30). Un après midi et une soirée de repos sont prévues le
troisième jour à Niamey. On revient sur Wankama tôt le matin du quatrième jour (6h – 6h30). Le
retour à Niamey se fait le cinquième jour après avoir fini la dernière boucle. L’aller retour
Niamey-Wankama peut se faire dans la journée si nécessaire. Si ce rythme est jugé trop
fatiguant, il est possible de rester 4 jours sur place à Wankama.
8. FICHES DE TERRAIN
Les fiches terrain sont à compléter minutieusement. Elles contiennent les informations
indispensables { l’exploitation des données en cas de perte des fichiers numériques. Le résultat
des mesures et tous les paramètres utiles au traitement sont récapitulés sur l’écran s’affichant
après l’enregistrement de la dernière donnée du cycle (Record, Section 4.3). On passe d’une
mesure { l’autre en utilisant les flèches « haut » et « bas » sur le clavier du CG5.
Ne pas hésiter à noter toute observation pouvant influencer les données.
186
Date :
Station
Opérateur :
Valeur gravi
ETC
Numéro du gravimètre :
SD
Tilt X
Tilt Y
Temp.
Heure
187
Observations
188
Annexe B
Comparaison des stations «plateau» et «référence»
ANNEXE B : COMPARAISON DE LA STATION PLATEAU A LA STATION DE REFERENCE
La campagne de mesures de microgravimétrie a permis de déterminer les variations spatiotemporelles de la gravité au voisinage de la mare temporaire de Wankama. Le signal
gravimétrique mesuré est exprimé de façon relative, soit par rapport à la station de référence,
soit par rapport à la moyenne des stations. Pour obtenir les variations temporelles de gravité en
chaque point, il aurait fallu:
-
supposer que les variations temporelles de la gravité induites par l’hydrologie locale
soient nulles à l’une des stations de mesure. La station s’approchant le plus de cette
hypothèse aurait été la station plateau. Selon cette hypothèse de variation nulle, les
doubles différences de la gravité (équation 6.1) mesurées à la station plateau devraient
-
être égales à l’opposé des variations temporelles de la gravité à la station de référence.
supposer que les variations temporelles de la gravité induites par l’hydrologie locale
sont connues à l’une des stations de mesure. La station s’approchant le plus de cette
hypothèse aurait été la station de référence. Dans ce cas, les variations temporelles de la
gravité auraient été contraintes par les mesures de gravimétrie absolues de juillet et
septembre 2009, ainsi que par le modèle des stocks d’eau locaux présenté dans le
chapitre 4.
Malheureusement, les mesures de gravimétrie relative réalisées sur la boucle plateau, ainsi que
la mesure de gravimétrie absolue de juillet 2009, se sont révélées être de mauvaise qualité. Nous
pouvons toutefois comparer les différences obtenues par gravimétrie absolue et relative entre la
station de référence et la station plateau (Figure B.1). Nous faisons l’hypothèse que les variations
temporelles de la gravité induites par l’hydrologie locale sont nulles à la station plateau. Par
conséquent, les différences de la gravité entre la station plateau et la station de référence
peuvent être déterminées à partir de la seule mesure de gravimétrie absolue réalisée au plateau
le 21 septembre 2009 et des mesures réalisées à la station de référence les 14 juillet, 15 et 22
septembre 2009. Les mesures de gravimétrie absolues sont corrigées des effets de marée, de
surcharge océanique, de pression atmosphérique et de surcharge hydrologique (voir chapitre 5).
Les valeurs de gravimétrie relatives sont directement issues de l’ajustement aux moindres
carrés réalisé par le logiciel MCGRAVI (voir chapitre 6). Nous indiquons également sur la
figure B.1 les valeurs modélisées des différences de la gravité entre la station plateau et la
station de référence dues aux fluctuations de la nappe (modèle à deux dimensions, symétrique
par rapport à la mare et admettant une porosité de drainage constante, ici fixée à 6%). Comme
nous faisons l’hypothèse que les variations des stocks d’eau sont nulles au plateau, la
contribution de la nappe est ici simplement calculée comme l’opposé des variations temporelles
de la gravité modélisées à la station de référence.
190
ANNEXE B : COMPARAISON DE LA STATION PLATEAU A LA STATION DE REFERENCE
Figure B.1 Comparaison des valeurs relatives de la gravité entre la station plateau et la station de référence,
déterminées par gravimétrie relative, gravimétrie absolue et grâce au modèle de nappe présenté dans le
chapitre 4.
Nous pouvons remarquer sur la figure B1 que les mesures de gravimétrie relative englobent le
signal gravimétrique modélisé et mesuré par gravimétrie absolue entre la station plateau et la
station de référence. L’incertitude sur les mesures gravimétriques (relatives et/ou absolues) est
en effet trop forte pour pouvoir critiquer un signal hydrologique d’amplitude si faible. Sur cette
fenêtre d’observation réduite (juillet à octobre 2009), ni les mesures de gravimétrie relative, ni
les mesures de gravimétrie absolues ne contredisent les hypothèses faites sur les variations des
stocks d’eau locaux. Elles ne permettent toutefois pas de les confirmer. Nous rappelons que nous
supposons que les variations temporelles de la gravité dues aux variations des stocks d’eau
locaux sont nulles à la station plateau, et que les variations temporelles de la gravité à la station
de référence peuvent être connues à l’aide d’un modèle simple, prenant uniquement en compte
les fluctuations de la nappe mesurées par piézométrie.
191
ANNEXE B : COMPARAISON DE LA STATION PLATEAU A LA STATION DE REFERENCE
192
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