Réserve de faune du Dja
Facteurs affectant le bien en 2001*
- Activités illégales
- Chasse commerciale
- Exploitation forestière/production de bois
- Infrastructures de transport de surface
- Ressources financières
Facteurs* affectant le bien identifiés dans les rapports précédents
- Abattage commercial de bois dans les forêts naturelles avoisinnantes
- Braconnage
- Phase d'exploration minière
Assistance internationale : demandes reçues pour le bien jusqu'en 2001
Montant total approuvé : 84 700 dollars E.U.
1997 | Sub-Regional workshop on Strengthening Biodiversity ... (Approuvé) | 29 900 dollars E.U. |
1992 | Financial contribution for a training workshop on the ... (Approuvé) | 20 000 dollars E.U. |
1989 | Contribution to field training in Dja National Park (Approuvé) | 4 800 dollars E.U. |
1987 | Contribution to the adoption and implementation of the ... (Approuvé) | 30 000 dollars E.U. |
Missions sur le bien jusqu'en 2001**
Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2001
En août et septembre, le Guardian (Londres, Royaume-Uni) a publié deux articles sur le braconnage illégal au Cameroun, mentionnant en particulier la Réserve de faune du Dja. L’un des articles critiquait l’UNESCO de ne pas agir suffisamment pour faire cesser les pertes de faune sauvage dans la Réserve de faune du Dja et il citait un rapport de la Société mondiale pour la protection des animaux (WSPA) qui déclarait que : « Les chasseurs agissent librement dans la Réserve de Dja, malgré son statut de site du patrimoine mondial. » Le second article traitait plus particulièrement du rôle des opérations de coupes de bois et des responsables de ces actions impliqués dans la consommation et le commerce de viande de brousse. On y indique notamment les chiffres suivants :
· Treize tonnes de viande de brousse sont passées en deux mois par un village qui longe la Réserve de faune du Dja, principalement à destination de Yaoundé.
· Les routes d’abattage d’arbres qu’empruntent les camions transportant la viande à Yaoundé passent à moins de 500 m de la limite de la Réserve de faune du Dja.
· Trois tonnes de viande arrivent chaque jour aux quatre marchés quotidiens de viande de brousse de Yaoundé.
· Le nombre d’hommes qui chassent dans la concession d’exploitation forestière adjacente à la Réserve de faune du Dja est égal au nombre d’hommes employés par le concessionnaire.
· Chaque chasseur peut poser 200 pièges et capturer en moyenne trois ou quatre chimpanzés et deux gorilles par mois.
L’UICN indique que les articles ont également soulevé une certaine préoccupation quant à l’efficacité des 50 « éco-gardes » financés par l’Union européenne et chargés de faire appliquer la loi dans le périmètre du Dja et aux alentours. Les deux articles prétendent que la présence des gardes ne fait pas de différence pour le problème du braconnage. Ils sont gênés par l’obligation gouvernementale qui exige que toute viande confisquée – y compris celle des espèces protégées – soit mise aux enchères au profit de l’Etat, ce qui crée une incitation perverse à la protection de la faune sauvage. L’UICN fait remarquer qu’une telle situation peut avoir des conséquences néfastes sur les relations d’une aire protégée avec la population locale. L’UICN signale qu’en collaboration avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et TRAFFIC – programme de contrôle de la faune sauvage de l’UICN et du WWF – un atelier technique a été organisé à Yaoundé, Cameroun, du 17 au 20 septembre 2001. Cet atelier, intitulé « Liens entre la conservation de la biodiversité, les moyens d’existence, la sécurité alimentaire et l’utilisation de viande de brousse » visait à créer des liens fonctionnels entre la conservation des espèces, la sécurité alimentaire, le développement communautaire et les secteurs commerciaux afin de définir les moyens de traiter les problèmes de conservation et de développement liés à l’utilisation non durable de la viande de brousse comme nourriture ; contribuer au processus de définition, d’établissement de priorités et de planification de réponses pratiques pour traiter la conservation prioritaire et les problèmes de développement liés à l’utilisation de la viande de brousse comme nourriture ; et fournir des apports à un projet du FEM traitant de l’utilisation de la viande de brousse, pour contribuer à établir des moyens d’existence durables en Afrique centrale.
L’UICN et le Centre font remarquer que le document conceptuel de l’Initiative forestière pour le patrimoine mondial africain (AWHFI) de l’UNESCO/FAO, en cours d’élaboration pour présentation au Bureau de l’UNF pour la tranche de juillet 2002 des subventions pour la biodiversité, inclut la Réserve de faune du Dja. L’UICN a reçu du vice-président de l’ONG une mise à jour sur les activités du Groupe de travail Afrique du Forum des PDG. Ce Forum, lancé par la Banque mondiale en 1998, comprend des dirigeants des grandes compagnies d’abattage de bois à travers le monde. Le Groupe de travail des PDG d’Afrique (CEO-AWG) comprend des dirigeants des grandes compagnies européennes d’abattage de bois actives en Afrique centrale, des représentants de diverses ONG de conservation (WCS, UICN, WWF) et des responsables de la Banque mondiale et de l’Union européenne.
Concernant cette réunion, il a été signalé que les entreprises d’abattage de bois avaient rédigé un code de conduite contenant une clause sur le suivi indépendant. Ce code de conduite et le programme de travail opérationnel associé doivent être finalisés le 5 octobre 2001. Le Forum a travaillé à la mise au point de certaines clauses à ajouter au code, notamment :
· Une clause sur la sous-traitance et les responsabilités environnementales du sous-contractant ;
· Une clause sur la création de petites aires totalement protégées à l’intérieur des concessions d’abattage de bois ;
· Une clause sur la viande de brousse.
Cette dernière clause comprend deux sous-clauses demandant aux compagnies d’abattage d’arbres de mettre à disposition d’autres sources de protéines pour tous leurs employés ainsi que leur famille et leur demandant d’interdire l’utilisation de leurs équipements et moyens de transport pour des opérations de chasse illégales.
Le Centre et l’UICN notent avec préoccupation que les rapports sur le braconnage et l’abattage de bois, s’ils sont exacts, laissent entendre qu’il pourrait peut-être s’avérer nécessaire d’envisager un placement du site sur la Liste du patrimoine mondial en péril. Ils reconnaissent que le problème est dû à un ensemble de facteurs dont le respect de la loi, l’engagement politique, les différences culturelles, les ressources, et la disponibilité de la nourriture. A la lumière du récent atelier sur la viande de brousse, on peut espérer une action prompte et efficace de l’Etat partie pour traiter ces tendances néfastes.
Résumé des interventions
Décisions adoptées par le Comité en 2001
25 COM VIII.86
Réserve de faune du Dja (Cameroun)
VIII.86 Le Comité a pris acte avec satisfaction des recommandations de l'UICN et il a prié l'État partie d'agir d'urgence pour faire cesser le braconnage illégal dans la Réserve. Il a demandé un rapport complet à l'État partie sur cette situation avant le 1er février 2002. Ce rapport sera présenté pour étude à la vingt-sixième session du Comité du patrimoine mondial (juin 2002), date à laquelle il décidera de la nécessité d'envoyer une mission sur le site. De plus, le Comité a félicité les dirigeants des grandes entreprises européennes d'abattage de bois présentes en Afrique centrale, les représentants de différentes ONG de conservation (WCS, UICN, WWF) et les fonctionnaires de la Banque mondiale et de l'Union européenne de leurs premiers efforts pour réunir les acteurs concernés afin d'aborder les problèmes d'environnement liés aux opérations d'abattage de bois. Le code de conduite doit bénéficier d'un appui et le Comité demande instamment au CEO-AWG de renforcer ses efforts pour faire participer des compagnies asiatiques au travail du groupe et pour entreprendre tous les efforts pour y inclure toutes les compagnies d'abattage de bois travaillant au Cameroun.
Le Bureau pourrait souhaiter adopter la décision suivante à transmettre au Comité.
« Le Comité prend acte avec satisfaction des recommandations de l’UICN et demande à l’Etat partie d’agir d’urgence pour faire cesser le braconnage illégal dans la Réserve. Il demande un rapport complet à l’Etat partie sur cette situation avant le 15 février 2002. Ce rapport sera présenté pour étude à la vingt-sixième session du Comité du patrimoine mondial (juin 2002), date à laquelle il décidera de la nécessité d’envoyer une mission sur le site. De plus, le Comité félicite le groupe de travail des PDG d’Afrique de ses premiers efforts pour réunir les acteurs concernés afin d’aborder les problèmes d’environnement liés aux opérations d’abattage de bois. Le code de conduite doit bénéficier d’un appui et le Comité demande instamment au CEO-AWG de renforcer ses efforts pour faire participer des compagnies asiatiques au travail du groupe et pour entreprendre tous les efforts pour y inclure toutes les compagnies d’abattage de bois travaillant au Cameroun. »
Exports
* : Les menaces mentionnées sont présentées par ordre alphabétique ; cet ordre ne constitue nullement un classement selon l’importance de leur impact sur le bien. De plus, elles sont présentées de manière indifférenciée, que le bien soit menacé par un danger prouvé, précis et imminent (« péril prouvé ») ou confronté à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur sa valeur universelle exceptionnelle (« mise en péril »).
** : Tous les rapports de mission ne sont pas toujours disponibles électroniquement.