L’étude se structure en quatre parties qui visent chacune à prendre du recul sur la recherche participative depuis une perspective propre. La première partie s’attache à resituer les recherches participatives d’un point de vue...
moreL’étude se structure en quatre parties qui visent chacune à prendre du recul sur la recherche participative depuis une perspective propre.
La première partie s’attache à resituer les recherches participatives d’un point de vue historique. Il s’agit de rappeler que les institutions républicaines ont été fondées sur les principes de délégation et de représentation en opposition franche aux principes de participation contenus dans les idéaux démocratiques. Cela permet d’expliquer pourquoi les grands corps administratifs et techniques de l’État restent totalement dépourvus d’organes et d’expertise en matière de participation jusque dans les années 1970. Le développement de l’offre publique de participation ne débute qu’à partir des années 1980 et s’accompagne d’une abondante littérature théorique et empirique sur la question. Ces recherches sur la participation fournissent un matériel précieux pour analyser la probité des dispositifs participatifs, qui s’avèrent souvent prolonger les trahisons démocratiques des systèmes représentatifs qu’ils prétendaient renforcer. Enfin, un retour sur les expériences fondatrices qui servent généralement de référence aux démarches participatives dans les sciences permet de questionner les formes et les finalités de la recherche participative.
La deuxième partie s’intéresse à la façon que nous avons de nous représenter les sciences et le changement scientifique, et à l’influence que ces représentations ont sur la manière dont nous envisageons la recherche participative. Car, malgré le développement d’une réflexion nouvelle sur les sciences depuis les années 1970, le milieu académique demeure assez largement attachée à une représentation idéalisée des sciences. Celle-ci porte à envisager la recherche participative avec une méfiance exagérée, à privilégier des questions d’encadrement scientifique, de contrôle procédural, et à envisager les formes possibles de l’implication citoyenne dans la recherche de manière restreinte. À l’inverse, le changement de représentation offert par les approches historiques et sociologiques des sciences permet de re-contextualiser les pratiques scientifiques et d’appréhender de manière plus pragmatique les recherches participatives.
La troisième partie vise à considérer les opportunités d’évolution des sciences apportées par les démarches participatives. En effet, certaines formes participatives de la recherche offrent d’intéressantes sorties du cadre de la recherche conventionnelle en développant d’autres modes d’exploration et de production de connaissance. Ces approches centrées sur la construction d’un processus collectif de recherche nous amènent à reconsidérer la place du chercheur académique et à ré-envisager en profondeur notre conception des savoirs. Plus largement, elles ouvrent à considérer le potentiel d’une organisation et d’une gestion démocratique des sciences et à remettre en cause le principe de délégation exclusive du pouvoir de décision aux cercles des chercheurs, des décideurs politiques et des industriels.
Enfin la quatrième partie reprend les conclusions du séminaire de muséologie en vue, d’une part, de questionner notre conception de la culture depuis la question de la participation citoyenne et, d’autre part d’interroger les limites de la conception de la recherche culturelle depuis la perspective des expériences de développement communautaire et territorial.