Thesis by Roxanne Loos
Si les fresques de la Renaissance italienne et plus particulièrement romaine – que l’on doit à de... more Si les fresques de la Renaissance italienne et plus particulièrement romaine – que l’on doit à des artistes comme Pinturicchio, Filippino Lippi, Raphaël ou encore Sodoma – ont alimenté de nombreuses études, force est de constater que ce corpus d’œuvres n’a que peu été exploité du point de vue des dispositifs d’encadrement. L’attention des chercheurs s’est en effet surtout portée sur les innovations iconographiques et stylistiques, au détriment des problématiques liées aux cadres peints en trompe-l’œil, qui participent pourtant pleinement à la transmission du message et à la production des effets sur le spectateur. Sans négliger ces questions de contenu légitimement centrales dans la littérature, cette recherche entend y apporter un éclairage complémentaire en tentant de rendre compte de la manière dont ce contenu est articulé et mis en scène par divers dispositifs plastiques et sémantiques aux limites de la représentation. Pour défendre cette hypothèse, l’étude des cadres peints à fresque dans le cœur de la chrétienté et de la création artistique, à la charnière entre le XVe et le XVIe siècle, apparaît être un observatoire privilégié pour appréhender la relation entre l’espace de la représentation et celui du spectateur, espaces dont les cadres déterminent les frontières, mais aussi les passages.
Pour mettre en exergue les modes de fonctionnement de ces décors, trois dispositifs d’encadrement emblématiques de leur temps sont ici épinglés. Il s’agit de l’un des types de cadre les plus communs à cette époque, l’« arc-cadre », ainsi que deux formules plus innovantes et proprement romaines, à savoir l’escalier placé à sol égal avec le spectateur et la tapisserie feinte dont les bords enroulés simulent de faux textiles suspendus aux murs. Les chapelles et les palais présentant respectivement des solutions formelles aussi riches que variées, les peintures religieuses sont dès lors confrontées aux décors civils. Aussi, l’approche innovante de cette étude consiste-t-elle par ailleurs à concevoir les systèmes décoratifs comme des ensembles transgressant l’habituel cloisonnement entre sacré et profane pour mieux établir une synthèse inédite sur les types de cadre en question.
Papers by Roxanne Loos
Images Re-vues, h.s. 10, 2022
Lorsqu’il est peint à une telle extrémité du décor qu’il en excède les bords, le protagoniste lim... more Lorsqu’il est peint à une telle extrémité du décor qu’il en excède les bords, le protagoniste liminaire tend à se confondre avec le cadre, dont il partage les fonctions, notamment de monstration. Telle une incarnation anthropomorphe du cadre avec lequel il fait corps, ce puissant admoniteur constitue le lieu de l’échange par excellence entre l’univers peint et le monde du spectateur. Investiguant le sens de ces « figures de cadre » dans les fresques de la Renaissance italienne, cet article entend questionner les différentes modalités d’intégration de ces figures à la narration jusqu’à leur possible autonomisation.
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When painted at the extreme edges of the decor, the liminal protagonist that exceeds the margins tends to merge with the frame. He therefore shares its functions, particularly the deictic one. As an anthropomorphic embodiment of the frame, this powerful admonitor constitutes the perfect intermediary between the pictorial space and the viewer’s world. This article looks into the meaning of these "framing figures" in Italian Renaissance frescoes, and the various ways and degrees in which they are integrated into the narrative.
Histoire de l'art, 2021
Si le cadre peint joue un rôle fondamental dans le fonctionnement des systèmes décoratifs de la R... more Si le cadre peint joue un rôle fondamental dans le fonctionnement des systèmes décoratifs de la Renaissance italienne et dans la perception qu’en a le spectateur, il n’existe pourtant que peu de traces de sa conception et de sa réception. Ce constat d’absence résonne encore dans la littérature actuelle, où les cadres sont trop souvent rognés des reproductions photographiques, alors qu’elles constituent la première voie d’accès et d’interprétation des œuvres. Cet article cherche donc à comprendre la place discrète qu’occupe le cadre dans les discours théoriques comme dans la pratique des dessins préparatoires de fresques, entre le XVe et le XVIe siècle. À partir de quelques cas d’études exceptionnels, c’est l’évolution même du cadre dans le processus créatif qui est ainsi mis en lumière.
Studiolo, 2021
Dans sa description des peintures conçues par Raphaël pour la voûte de la chambre d’Héliodore, Gi... more Dans sa description des peintures conçues par Raphaël pour la voûte de la chambre d’Héliodore, Giovanni Pietro Bellori juge opportun de préciser qu’elles « sono finte in panni, ò vero arazzi riportati » pour mieux souligner le caractère résolument novateur d’un tel système décoratif. Nées dans l’atelier du maître d’Urbino dans les premières décennies du Cinquecento, ces « tapisseries rapportées », ou tapisseries feintes, sont le fruit des réflexions conjointes menées sur les vraies tapisseries pour la Sixtine et les décors antiques. Rarement étudiées comme un ensemble, ces œuvres constituent pourtant un pan important de la production du peintre à la fin de sa carrière, qui ne manquera pas d’inspirer les décors monumentaux tout au long du XVIe siècle, jusqu’à devenir l’un des parangons du maniérisme.
C’est à la lumière des études menées par Louis Marin sur le cadre, le décor, le support, ou encor... more C’est à la lumière des études menées par Louis Marin sur le cadre, le décor, le support, ou encore le trompe-l’œil, que cette communication propose de jeter un nouvel éclairage sur un corpus d’œuvres rarement appréhendées comme un ensemble et sur lequel ses études n’ont jamais porté, à savoir les tapisseries feintes qui habillent les églises et les palais italiens au XVIe siècle. Composées de scènes narratives encadrées de bordures imitant de vrais tissages, les « fausses » tapisseries semblent être suspendues aux murs sur lesquels elles sont en réalité peintes à fresque. Envisagée non plus telle une « fenêtre ouverte » transparente au-delà du mur, mais comme un objet opaque représenté en-deçà du support mural fermé, réaffirmé, mais paradoxalement voilé, l’objectif sera de comprendre les rouages de cette feinte qui se donnent à voir notamment aux bords enroulés dévoilant le revers de la tapisserie, l’envers du décor. Aussi, s’agira-t-il plus généralement de saisir les enjeux esthétiques et métapicturaux propres à la re-présentation des tapisseries, qui se veut le reflet d’une réflexion maniériste sur le feint, le riche et le support. Cela nous permettra en outre de montrer comment les travaux de Marin aident à penser la complexité de ces systèmes décoratifs entre transitivité et réflexivité. Si cette analyse « marinienne » apparaît très éclairante à de nombreux égards, elle montrera aussi certaines limites, la théorie de la représentation fonctionnant peut-être dans ce cas « à trop forte puissance », au « comble » de la représentation.
Cet article entend interroger les rapports entre les représentations religieuses et les fortifica... more Cet article entend interroger les rapports entre les représentations religieuses et les fortifications, particulièrement les figures sculptées de la Vierge ou de saints nichées au sommet des portes fortifiées, quelles soient urbaines ou castrales. Car, par définition, ces portes sont inéluctablement le maillon faible de la fortification. Aussi, très tôt dans l’histoire, des stratégies de protection de cette brèche dans la défense ont-elles été développées, d’une part par le biais d’innovations techniques et d’autre part, par l’intermédiaire d’éléments décoratifs et ornementaux à valeur de protection spirituelle. C’est particulièrement ce dernier point qui retiendra ici l’attention, dans sa dimension de représentation à caractère religieux, comme c’est souvent le cas au bas moyen-âge, voire aux temps modernes.
Ainsi, cette analyse a pour objectif de saisir les liens, les interactions et les enjeux qui se jouent entre ces motifs saints sculptés et les fortifications. Quels sont leurs rôles ? Quels rapports entretiennent-elles avec les fortifications ? Quelles en sont les intentions ? Quels en sont les effets ? Ce sont autant de questions auxquelles cet article tentera d’apporter des éléments de réponse.
Book Review by Roxanne Loos
Talks by Roxanne Loos
Comment « cadrer » son discours, trouver la bonne formule ou encore le ton adapté au public cible... more Comment « cadrer » son discours, trouver la bonne formule ou encore le ton adapté au public cible ? Voilà autant de questions auxquelles sont confrontés les artistes de la Renaissance italienne, les commanditaires et leurs conseillers. Bien que situé aux marges de la représentation et en marge de l’histoire de l’art traditionnelle, le cadre apparaît pourtant comme la première des réponses en termes de stratégie visuelle.
Partant de ce constat, nous entendons recentrer l’attention sur les dispositifs périphériques qui mettent en scène les grands décors peints à fresque dans la Rome papale, à la charnière entre le XVe et le XVIe siècle.
Il s’agira en d’autres termes de saisir la manière dont les dispositifs d’encadrement peints en trompe-l’œil contribuent activement aux sens véhiculés par la représentation, à comprendre à la fois comme signification (message délivré) et effets sensibles (perception du spectateur).
C’est à la lumière des études menées par Louis Marin sur le cadre, le décor, le support, ou encor... more C’est à la lumière des études menées par Louis Marin sur le cadre, le décor, le support, ou encore le trompe-l’œil, que cette communication propose de jeter un nouvel éclairage sur un corpus d’œuvres rarement appréhendées comme un ensemble et sur lequel ses études n’ont jamais porté, à savoir les tapisseries feintes qui habillent les églises et les palais italiens au XVIe siècle. Composées de scènes narratives encadrées de bordures imitant de vrais tissages, les « fausses » tapisseries semblent être suspendues aux murs sur lesquels elles sont en réalité peintes à fresque. Envisagée non plus telle une « fenêtre ouverte » transparente au-delà du mur, mais comme un objet opaque représenté en-deçà du support mural fermé, réaffirmé, mais paradoxalement voilé, l’objectif sera de comprendre les rouages de cette feinte qui se donnent à voir notamment aux bords enroulés dévoilant le revers de la tapisserie, l’envers du décor. Aussi, s’agira-t-il plus généralement de saisir les enjeux esthétiques et métapicturaux propres à la re-présentation des tapisseries, qui se veut le reflet d’une réflexion maniériste sur le feint, le riche et le support. Cela nous permettra en outre de montrer comment les travaux de Marin aident à penser la complexité de ces systèmes décoratifs entre transitivité et réflexivité. Si cette analyse « marinienne » apparaît très éclairante à de nombreux égards, elle montrera aussi certaines limites, la théorie de la représentation fonctionnant peut-être dans ce cas « à trop forte puissance », au « comble » de la représentation.
Composées de scènes narratives encadrées de bordures imitant de vrais tissages, les « fausses » t... more Composées de scènes narratives encadrées de bordures imitant de vrais tissages, les « fausses » tapisseries, qui habillent les églises et les palais italiens au XVIe siècle, semblent être suspendues aux murs sur lesquels elles sont en réalité peintes a fresco. Ce nouveau genre de décor illusionniste né dans l’atelier de Raphaël au début du Cinquecento connaîtra un grand retentissement tout au long de l’époque maniériste, jusqu’à l’aube de l’âge baroque. Rarement étudié comme un ensemble, ce corpus d’œuvres faussement tissées apparaît pourtant comme l’une des portes d’entrée privilégiées pour appréhender l’usage des véritables tapisseries qui étaient déployées lors de certaines festivités éphémères. Ce faisant, elles bénéficient à moindre coût du caractère somptuaire et spectaculaire qu’évoque un matériau aussi onéreux que la tapisserie et elles contribuent de manière pérenne à la glorification du commanditaire et des scènes représentées en leur sein. Aussi, s’agira-t-il de questionner plus encore les enjeux esthétiques propres à leur re-présentation, qui se veut le reflet d’une réflexion typiquement maniériste sur le feint, le riche et le support. Envisagée non plus telle une « fenêtre ouverte » transparente, mais comme un objet opaque représenté en-deçà du support mural fermé, réaffirmé, mais paradoxalement voilé, l’objectif sera de comprendre comment la tapisserie feinte devient le support d’une expression picturale autonome, mais aussi de saisir les rouages de cette feinte maniériste qui se donnent à voir notamment aux bords retroussés ou enroulés dévoilant en quelque sorte l’envers du décor.
Considered as devices designed to connect the fictional space of the picture to the real space of... more Considered as devices designed to connect the fictional space of the picture to the real space of the beholder, Roman Renaissance frescoes are privileged vehicles for questioning the complex relationships between the wall decorations and the environment they fit into. Beyond the architectonic structures that constrain the frescoes implementation (e.g. pilasters, doors, etc.), the latter may in turn restructure the room through painted architectural frames. In order to understand these links between both media (painting and architecture), one space in particular will retain our attention, namely secondary or peripheral zones surrounding the main fresco, such as pillars or socles. By standing on such restricted areas, the figures depicted on these supports are more likely to transgress the picture threshold. As an example, the feigned marble which frames Isaiah (painted by Raphael on one of the S.Agostino Church nave pillars, c.1512) is exceeded by the Prophet’s foot and drapery. At the limits of representation, the frame acts therefore as a substantial device to structure spatialities as it defines both their boundaries and connections between reality and fiction.
Following recent research in the field of Intermediality, which studies the interplays between artistic media, this paper will analyze several Roman wall decorations dating back to the turning point between the 15th and 16th centuries. The aim is to get a better understanding of the way those staging devices contribute to produce sense, meaning both signification (conveyed message) and sensible effects (beholder’s perception). In the end, this approach intends to shed a new light on this body of work that had partly laid to the groundwork for what happened during Mannerism and Baroque ages; periods from which the earliest manifestations of frame transgression is usually dated back to, at the expense of Renaissance first sights yet determinative to set up the early modern period.
Envisagées comme lieu intermédial alliant les qualités de la peinture et de l’architecture dans l... more Envisagées comme lieu intermédial alliant les qualités de la peinture et de l’architecture dans laquelle elle s’inscrit, les fresques de la Renaissance italienne apparaissent comme le médium privilégié pour questionner l’art de l’entre-deux et le passage entre les arts. Ce rapport étroit s’observe tout particulièrement lorsque la peinture se met à réfléchir l’architecture en son sein, c’est-à-dire lorsqu’elle épouse les contours du cadre architectural réel dans lequel elle s’inscrit en reproduisant à son tour un cadre architectural, fictif cette fois. Placé au seuil de la représentation, le cadre se présente dès lors comme une interface fondamentale pour appréhender les relations entre l’espace de la fiction et l’espace du spectateur, spatialités dont il détermine les frontières mais aussi et surtout les passages. En d’autres termes, il s’agira de saisir la manière dont ces cadres peints, qui empruntent au vocabulaire architectonique de l’entrée (porte, fenêtre, arche, etc.), donnent à voir les frontières de la représentation pour mieux les transgresser et ainsi contribuer à la production du sens, à comprendre à la fois comme signification (message véhiculé) et effets sensibles (perception du spectateur).
Parmi plusieurs dispositifs encadrants, notre attention se focalisera notamment sur le modèle de l’arc-cadre avec un proscenium mettant en scène la représentation, comme dans la chapelle Carafa à l’église Santa Maria sopra Minerva (Filipinno Lippi, c. 1488-1493). Cet exemple, où un escalier était initialement prévu à la place du faux soubassement marmoréen pour inviter le spectateur à entrer dans l’istoria, démontrera le rôle d’opérateur de passage que joue les bordures, particulièrement lorsque celles-ci sont transgressées par un personnage qui déborde du champ de la représentation. Dans cette perspective réflexive, nous verrons que la fiction peut également sortir de ses limites pour entrer dans la réalité. Ces questionnements aux confins entre peinture et architecture, entre espace pictural et espace spectatoriel, ou pour le dire autrement, entre fiction et réalité, nous permettrons en outre mettre en lumière la façon dont les (en)jeux du cadre propres à la Renaissance ont en partie jeté les bases de ce qui adviendra dans l’art maniériste et baroque, époques desquelles on date habituellement les premières formes de débordement du cadre.
Following recent research in the field of Intermediality which studies the interplays between dif... more Following recent research in the field of Intermediality which studies the interplays between different artistic media, this paper examines how mural painting fits into architecture through feigned architectural frameworks during the High Renaissance in Rome (from the late 1480s to 1520s). Indeed mural decorations in the main center of artistic creation at that time appear to be a privileged place to draw out the growing importance of the frame even before its great development during Mannerist and Baroque periods. Those Renaissance frescoes have already been studied many times. But they were mainly confined to the iconographic and stylistic innovations, at the expense of framing issues, yet determinative for both the meaning conveyed by the picture and its effects on the beholder. This marginal approach (towards traditional history of art) on margins aims therefore to discuss the key role that the frame’s threshold plays as a ‘third place’ to connect the (fictional) space of the picture and the (real) space of the beholder.
We will examine more precisely the way those false architectural frames can get over the boundaries in order to invite the viewer into pictorial space with the help of perspective lines. Among several devices, we will study the theatrical model with an arch and a proscenium that stage the picture, such as the Carafa Chapel in Santa Maria sopra Minerva (Filippino Lippi, c.1488-1493). This example, where a staircase was originally planned instead of the false marble basement, will demonstrate the interlink power of the borders, especially when they are transgressed by some characters stepping out of the scope. In such a reflexive way, we will see that fiction can also get out of his confinement to enter into reality. In light of these observations, this paper finally intends to shed a new light on this body of work by showing how the Renaissance framing issues had partly laid the groundwork for what happened in the Mannerist and Baroque arts, which are usually considered as periods where earliest forms of transgression of picture’s limits appear to set up the Early Modern period.
En s’inscrivant dans la continuité des études récentes sur l’intermédialité, cette recherche a po... more En s’inscrivant dans la continuité des études récentes sur l’intermédialité, cette recherche a pour objectif d’étudier les décors de la Haute Renaissance romaine (ca 1480 - 1530) à travers les modalités d’inscription de la peinture dans l’architecture, en envisageant ces décors comme de véritables « systèmes » destinés à relier l’espace du spectateur à celui de la représentation. Elle propose d’interroger les rapports qu’entretiennent ces deux médiums artistiques (la peinture et l’architecture), particulièrement lorsque la peinture se met à réfléchir l’architecture en son sein, c’est-à-dire lorsqu’elle épouse, voire assimile les contours du cadre architectural réel dans lequel elle s’inscrit en reproduisant à son tour un nouveau cadre architectural, fictif cette fois, qui entre en dialogue avec le cadre tridimensionnel. Aussi, les principaux enjeux de cette problématique se concentrent-ils autour de la question du cadre, compris comme lieu paradigmatique d’expérimentation et de réflexion plastique sur les limites entre la fiction et la réalité. L’étude de la variété et de la variation des dispositifs d’encadrement (et de leurs jeux illusionnistes) devrait permettre de mieux saisir la façon dont cette mise en scène contribue à la production du sens, à comprendre à la fois comme signification et effets sensibles. Comment conditionne-elle, du côté de la réception, la compréhension, la perception et l’implication du spectateur ? À travers cette étude, il s’agira de mettre en lumière la façon dont ces jeux sur les cadres et les diverses modalités de fonctionnement des systèmes décoratifs propres à la Haute Renaissance ont en partie jeté les bases de ce qui adviendra dans l’art maniériste, mais aussi baroque, époques desquelles on date habituellement les premières formes de transgression du cadre. En d’autres termes, le défi consiste à démontrer que cette évolution serait déjà contenue en germe dans l’art du début du XVIe siècle, période posant les fondements sur lesquels le trompe-l’œil architectural baroque va pouvoir se déployer jusqu’au plein épanouissement de la synthèse des arts, rendant plus incertaine encore la frontière entre les médiums.
Event by Roxanne Loos
PAPER PROPOSAL: 15 March | CONFERENCE: 25-26 September 2024.
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Shimmering or matt, thick or thi... more PAPER PROPOSAL: 15 March | CONFERENCE: 25-26 September 2024.
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Shimmering or matt, thick or thin, opaque or transparent, stretched or flexible, flat or pleated… They are but some of the many characteristics defining the sensory dimensions of textiles, inherently associated with their materiality. Whether worn by a prince or prelate, wrapped around precious objects, or covering walls and floors, textiles were ubiquitous in the material culture of the early modern period (15 th-18 th centuries). This omnipresence, from clothing to architectural adornment, has granted textiles a prominent status in the construction of social identities. Despite their importance, they have been neglected far too long in art history. Although recent studies have started tapping into the potential of this material, they are often focused on historical, iconographical or anthropological approaches, at the expense of its materiality and sensory experience. As it requires advanced technical knowledge, material studies have long been the prerogative of textile conservator-restorers and a few textile experts. The 'material turn' which has permeated the field of art history in recent years has however demonstrated the importance of a renewed focus on the material object by a larger community of art historians (as evidenced by the upcoming CIHA Congress devoted to Matter/Materiality).
The aim of this two-day conference is therefore to bring these different approaches together by fostering a dialogue between researchers dedicated to (the history of) techniques and conservation, and those focusing on the medial properties and the meanings conveyed by textiles when displayed, worn, or manipulated. To do so, paper proposals can be structured around one of the three (non-exclusive) thematic aeras suggested : 1) History of techniques and conservation ; 2) Representation and reception ; 3) Imitation and illusion
36th Congress of Comité international d'histoire de l'art, 2024
Proposals (EN/FR, 500 words) must be submitted by 15 September 2023 via the CIHA call for papers ... more Proposals (EN/FR, 500 words) must be submitted by 15 September 2023 via the CIHA call for papers platform: https://www.cihalyon2024.fr/en/call-for-papers
Congress 23-26 June 2024 - Lyon
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Thesis by Roxanne Loos
Pour mettre en exergue les modes de fonctionnement de ces décors, trois dispositifs d’encadrement emblématiques de leur temps sont ici épinglés. Il s’agit de l’un des types de cadre les plus communs à cette époque, l’« arc-cadre », ainsi que deux formules plus innovantes et proprement romaines, à savoir l’escalier placé à sol égal avec le spectateur et la tapisserie feinte dont les bords enroulés simulent de faux textiles suspendus aux murs. Les chapelles et les palais présentant respectivement des solutions formelles aussi riches que variées, les peintures religieuses sont dès lors confrontées aux décors civils. Aussi, l’approche innovante de cette étude consiste-t-elle par ailleurs à concevoir les systèmes décoratifs comme des ensembles transgressant l’habituel cloisonnement entre sacré et profane pour mieux établir une synthèse inédite sur les types de cadre en question.
Papers by Roxanne Loos
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When painted at the extreme edges of the decor, the liminal protagonist that exceeds the margins tends to merge with the frame. He therefore shares its functions, particularly the deictic one. As an anthropomorphic embodiment of the frame, this powerful admonitor constitutes the perfect intermediary between the pictorial space and the viewer’s world. This article looks into the meaning of these "framing figures" in Italian Renaissance frescoes, and the various ways and degrees in which they are integrated into the narrative.
Ainsi, cette analyse a pour objectif de saisir les liens, les interactions et les enjeux qui se jouent entre ces motifs saints sculptés et les fortifications. Quels sont leurs rôles ? Quels rapports entretiennent-elles avec les fortifications ? Quelles en sont les intentions ? Quels en sont les effets ? Ce sont autant de questions auxquelles cet article tentera d’apporter des éléments de réponse.
Book Review by Roxanne Loos
Talks by Roxanne Loos
Partant de ce constat, nous entendons recentrer l’attention sur les dispositifs périphériques qui mettent en scène les grands décors peints à fresque dans la Rome papale, à la charnière entre le XVe et le XVIe siècle.
Il s’agira en d’autres termes de saisir la manière dont les dispositifs d’encadrement peints en trompe-l’œil contribuent activement aux sens véhiculés par la représentation, à comprendre à la fois comme signification (message délivré) et effets sensibles (perception du spectateur).
Following recent research in the field of Intermediality, which studies the interplays between artistic media, this paper will analyze several Roman wall decorations dating back to the turning point between the 15th and 16th centuries. The aim is to get a better understanding of the way those staging devices contribute to produce sense, meaning both signification (conveyed message) and sensible effects (beholder’s perception). In the end, this approach intends to shed a new light on this body of work that had partly laid to the groundwork for what happened during Mannerism and Baroque ages; periods from which the earliest manifestations of frame transgression is usually dated back to, at the expense of Renaissance first sights yet determinative to set up the early modern period.
Parmi plusieurs dispositifs encadrants, notre attention se focalisera notamment sur le modèle de l’arc-cadre avec un proscenium mettant en scène la représentation, comme dans la chapelle Carafa à l’église Santa Maria sopra Minerva (Filipinno Lippi, c. 1488-1493). Cet exemple, où un escalier était initialement prévu à la place du faux soubassement marmoréen pour inviter le spectateur à entrer dans l’istoria, démontrera le rôle d’opérateur de passage que joue les bordures, particulièrement lorsque celles-ci sont transgressées par un personnage qui déborde du champ de la représentation. Dans cette perspective réflexive, nous verrons que la fiction peut également sortir de ses limites pour entrer dans la réalité. Ces questionnements aux confins entre peinture et architecture, entre espace pictural et espace spectatoriel, ou pour le dire autrement, entre fiction et réalité, nous permettrons en outre mettre en lumière la façon dont les (en)jeux du cadre propres à la Renaissance ont en partie jeté les bases de ce qui adviendra dans l’art maniériste et baroque, époques desquelles on date habituellement les premières formes de débordement du cadre.
We will examine more precisely the way those false architectural frames can get over the boundaries in order to invite the viewer into pictorial space with the help of perspective lines. Among several devices, we will study the theatrical model with an arch and a proscenium that stage the picture, such as the Carafa Chapel in Santa Maria sopra Minerva (Filippino Lippi, c.1488-1493). This example, where a staircase was originally planned instead of the false marble basement, will demonstrate the interlink power of the borders, especially when they are transgressed by some characters stepping out of the scope. In such a reflexive way, we will see that fiction can also get out of his confinement to enter into reality. In light of these observations, this paper finally intends to shed a new light on this body of work by showing how the Renaissance framing issues had partly laid the groundwork for what happened in the Mannerist and Baroque arts, which are usually considered as periods where earliest forms of transgression of picture’s limits appear to set up the Early Modern period.
Event by Roxanne Loos
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Shimmering or matt, thick or thin, opaque or transparent, stretched or flexible, flat or pleated… They are but some of the many characteristics defining the sensory dimensions of textiles, inherently associated with their materiality. Whether worn by a prince or prelate, wrapped around precious objects, or covering walls and floors, textiles were ubiquitous in the material culture of the early modern period (15 th-18 th centuries). This omnipresence, from clothing to architectural adornment, has granted textiles a prominent status in the construction of social identities. Despite their importance, they have been neglected far too long in art history. Although recent studies have started tapping into the potential of this material, they are often focused on historical, iconographical or anthropological approaches, at the expense of its materiality and sensory experience. As it requires advanced technical knowledge, material studies have long been the prerogative of textile conservator-restorers and a few textile experts. The 'material turn' which has permeated the field of art history in recent years has however demonstrated the importance of a renewed focus on the material object by a larger community of art historians (as evidenced by the upcoming CIHA Congress devoted to Matter/Materiality).
The aim of this two-day conference is therefore to bring these different approaches together by fostering a dialogue between researchers dedicated to (the history of) techniques and conservation, and those focusing on the medial properties and the meanings conveyed by textiles when displayed, worn, or manipulated. To do so, paper proposals can be structured around one of the three (non-exclusive) thematic aeras suggested : 1) History of techniques and conservation ; 2) Representation and reception ; 3) Imitation and illusion
Congress 23-26 June 2024 - Lyon
Pour mettre en exergue les modes de fonctionnement de ces décors, trois dispositifs d’encadrement emblématiques de leur temps sont ici épinglés. Il s’agit de l’un des types de cadre les plus communs à cette époque, l’« arc-cadre », ainsi que deux formules plus innovantes et proprement romaines, à savoir l’escalier placé à sol égal avec le spectateur et la tapisserie feinte dont les bords enroulés simulent de faux textiles suspendus aux murs. Les chapelles et les palais présentant respectivement des solutions formelles aussi riches que variées, les peintures religieuses sont dès lors confrontées aux décors civils. Aussi, l’approche innovante de cette étude consiste-t-elle par ailleurs à concevoir les systèmes décoratifs comme des ensembles transgressant l’habituel cloisonnement entre sacré et profane pour mieux établir une synthèse inédite sur les types de cadre en question.
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When painted at the extreme edges of the decor, the liminal protagonist that exceeds the margins tends to merge with the frame. He therefore shares its functions, particularly the deictic one. As an anthropomorphic embodiment of the frame, this powerful admonitor constitutes the perfect intermediary between the pictorial space and the viewer’s world. This article looks into the meaning of these "framing figures" in Italian Renaissance frescoes, and the various ways and degrees in which they are integrated into the narrative.
Ainsi, cette analyse a pour objectif de saisir les liens, les interactions et les enjeux qui se jouent entre ces motifs saints sculptés et les fortifications. Quels sont leurs rôles ? Quels rapports entretiennent-elles avec les fortifications ? Quelles en sont les intentions ? Quels en sont les effets ? Ce sont autant de questions auxquelles cet article tentera d’apporter des éléments de réponse.
Partant de ce constat, nous entendons recentrer l’attention sur les dispositifs périphériques qui mettent en scène les grands décors peints à fresque dans la Rome papale, à la charnière entre le XVe et le XVIe siècle.
Il s’agira en d’autres termes de saisir la manière dont les dispositifs d’encadrement peints en trompe-l’œil contribuent activement aux sens véhiculés par la représentation, à comprendre à la fois comme signification (message délivré) et effets sensibles (perception du spectateur).
Following recent research in the field of Intermediality, which studies the interplays between artistic media, this paper will analyze several Roman wall decorations dating back to the turning point between the 15th and 16th centuries. The aim is to get a better understanding of the way those staging devices contribute to produce sense, meaning both signification (conveyed message) and sensible effects (beholder’s perception). In the end, this approach intends to shed a new light on this body of work that had partly laid to the groundwork for what happened during Mannerism and Baroque ages; periods from which the earliest manifestations of frame transgression is usually dated back to, at the expense of Renaissance first sights yet determinative to set up the early modern period.
Parmi plusieurs dispositifs encadrants, notre attention se focalisera notamment sur le modèle de l’arc-cadre avec un proscenium mettant en scène la représentation, comme dans la chapelle Carafa à l’église Santa Maria sopra Minerva (Filipinno Lippi, c. 1488-1493). Cet exemple, où un escalier était initialement prévu à la place du faux soubassement marmoréen pour inviter le spectateur à entrer dans l’istoria, démontrera le rôle d’opérateur de passage que joue les bordures, particulièrement lorsque celles-ci sont transgressées par un personnage qui déborde du champ de la représentation. Dans cette perspective réflexive, nous verrons que la fiction peut également sortir de ses limites pour entrer dans la réalité. Ces questionnements aux confins entre peinture et architecture, entre espace pictural et espace spectatoriel, ou pour le dire autrement, entre fiction et réalité, nous permettrons en outre mettre en lumière la façon dont les (en)jeux du cadre propres à la Renaissance ont en partie jeté les bases de ce qui adviendra dans l’art maniériste et baroque, époques desquelles on date habituellement les premières formes de débordement du cadre.
We will examine more precisely the way those false architectural frames can get over the boundaries in order to invite the viewer into pictorial space with the help of perspective lines. Among several devices, we will study the theatrical model with an arch and a proscenium that stage the picture, such as the Carafa Chapel in Santa Maria sopra Minerva (Filippino Lippi, c.1488-1493). This example, where a staircase was originally planned instead of the false marble basement, will demonstrate the interlink power of the borders, especially when they are transgressed by some characters stepping out of the scope. In such a reflexive way, we will see that fiction can also get out of his confinement to enter into reality. In light of these observations, this paper finally intends to shed a new light on this body of work by showing how the Renaissance framing issues had partly laid the groundwork for what happened in the Mannerist and Baroque arts, which are usually considered as periods where earliest forms of transgression of picture’s limits appear to set up the Early Modern period.
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Shimmering or matt, thick or thin, opaque or transparent, stretched or flexible, flat or pleated… They are but some of the many characteristics defining the sensory dimensions of textiles, inherently associated with their materiality. Whether worn by a prince or prelate, wrapped around precious objects, or covering walls and floors, textiles were ubiquitous in the material culture of the early modern period (15 th-18 th centuries). This omnipresence, from clothing to architectural adornment, has granted textiles a prominent status in the construction of social identities. Despite their importance, they have been neglected far too long in art history. Although recent studies have started tapping into the potential of this material, they are often focused on historical, iconographical or anthropological approaches, at the expense of its materiality and sensory experience. As it requires advanced technical knowledge, material studies have long been the prerogative of textile conservator-restorers and a few textile experts. The 'material turn' which has permeated the field of art history in recent years has however demonstrated the importance of a renewed focus on the material object by a larger community of art historians (as evidenced by the upcoming CIHA Congress devoted to Matter/Materiality).
The aim of this two-day conference is therefore to bring these different approaches together by fostering a dialogue between researchers dedicated to (the history of) techniques and conservation, and those focusing on the medial properties and the meanings conveyed by textiles when displayed, worn, or manipulated. To do so, paper proposals can be structured around one of the three (non-exclusive) thematic aeras suggested : 1) History of techniques and conservation ; 2) Representation and reception ; 3) Imitation and illusion
Congress 23-26 June 2024 - Lyon
1- Mobilités à la première Modernité
La mobilité est sans conteste l’un des éléments les plus déterminants de la période moderne. D’ailleurs, cette période historique est généralement pointée comme celle de l’avènement d’un monde globalisé ou, à tout le moins, en voie de l’être. Faire coïncider son début, aux yeux de certains modernistes, avec l’arrivée de Christophe Colomb sur le continent américain en est une belle illustration. Les apports récents des histoires globale et connectée ont assurément permis de prendre la pleine mesure des rapports internationaux émergeant durant cette première modernité et d’opérer un décentrement des perspectives. L’archéologie des migrations, l’histoire des savoirs, des techniques et des arts ou encore de l’information ont également fait l’objet d’attentions particulières depuis quelques années, insistant sur le fait que la mobilité ne concernait pas uniquement celle des hommes et des femmes. D’un point de vue littéraire, la mobilité renvoie à la fois à un sujet et à de multiples genres narratifs (carnets, journaux, récits de voyages, journaux de bord, etc.), à des formes d’écriture, mais aussi à la circulation de textes. La notion est donc résolument plurielle dans l’interprétation qu’on peut en donner. Elle transcende ainsi les différents champs disciplinaires (histoire de l’art, archéologie, études littéraires, histoire) en même temps qu’elle autorise une approche multifactorielle. Elle peut effectivement s’envisager par le prisme d’approches économique, sociale, culturelle ou encore politique. Dès lors la mobilité devient une pratique que l’on est en droit d’envisager selon plusieurs approches : mouvement de population, questions relatives à la traduction et au multilinguisme, diffusion et évolution de concepts, mobilité des artistes, etc., autant de pistes de réflexion non exhaustives qui peuvent nourrir les discussions de cette première session.
2- (Im)mobilités dans le monde académique
Le monde académique fait face depuis plusieurs années à une exacerbation des relations entre sédentarité et mobilité de la recherche. Si la mobilité internationale est désormais présentée par les gouvernants nationaux ou européens comme le gage de qualité des carrières et des marchés académiques, on ne connaît guère les effets précis que produit ce phénomène. L’idée sous-jacente de cette injonction à la mobilité repose évidemment sur une valorisation de telles expériences pour l’individu : ouverture à d’autres pratiques professionnelles et intellectuelles, affirmation de son insertion dans le tissu académique international ou encore développement. personnel. Les projets européens appelant à la mobilité (bourses Marie Curie ou projets COST, par exemple) affichent l’objectif de vouloir favoriser la constitution d’une communauté européenne de la recherche. La mobilité concerne dès lors tous les chercheurs dans la mesure où elle devient un paramètre d’évaluation des carrières. Certaines universités, notamment en Belgique, ont ainsi mis en place des clauses liées à la mobilité lorsqu’il s’agit d’engager de nouveaux professeurs : sans séjour (de longue durée) à l’étranger, point de nomination définitive possible. S’agirait-il du reflet d’une conjoncture particulière, notamment au niveau économique, où il conviendrait dorénavant de « penser global » et d’être mobile ? L’impact considérable qu’engendrent de telles pratiques sur la vie quotidienne des chercheurs/-euses nous invitent inexorablement à réfléchir sur ce modèle professionnel.
Comité organisateur :
Renaud Adam, Valérie Leyh, Roxanne Loos, Nicolas Simon
Comité scientifique :
Renaud Adam, Thomas Cambrelin, Lise Constant, Annick Delfosse, Colin Dupont, Valérie Leyh, Roxanne Loos, William Riguelle, Nicolas Simon