Réville éternité.
Oubliée depuis longtemps, cela me revenait par bribes. Ma jeunesse enfouie.
Et puis un jour, il y a maintenant deux ans de cela, l’envie, un besoin inextricable, irraisonné, me tenailla. Retourner à Réville…
Une première fois, suivie rapidement d’une seconde…
Bien sûr, les défenses de mammouth s'étaient envolées. La grande maison jaune, notre voisine… Mes yeux d’enfant la voyaient plus grande, et, peut être à cause de la végétation devenue envahissante, dans un premier temps, je ne la reconnu pas.
Son état me déçu. Néanmoins, une certaine magie n’avait pas disparu.
Le garçonnet se tenait là, des galets dans les mains. Le vieil homme, bourru et volontairement exclu lui avait demandé de déguerpir, ce que l’enfant avait fait sans tarder et pourtant, les perroquets parfois bigarrés et autres grenouilles formolisées, ne cessaient d’envahir son imagination.
Je trouvais la démarche légèrement inconvenante, il posa les galets là, je ne m’éternisais pas, ayant bien d’autres choses à penser.
Que cette idée m’apparut saugrenue.
Le temps passa.
Et je revins.
Sans mot dire, l’enfant me retrouva. De mon côté, je m’étais mise en besogne, je ne m’en épandais pas. Il reprit son bien devenu précieux.
Peut-être avais-je croisé le vieil homme aussi… Me reconnut-il, mon professeur de paléontologie, et de bien d’autres disciplines ?
Quarante ans de ma vie défilèrent en cet instant. Un éclair, un simple échange de regards furtifs.
Je savais que, désormais, le vieux maître ouvrirait les portes de l’avenir.
Texte / Words : Christophe Orange