Arme Grecque

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NOUVELLE

COLLECTION A L'USAGE DES GUSSES

fiTUDE
SUR

L'ARME GRECQUE
P00R SERVIR A L'EXPUCATION
DES OVRAGES HISTORIQUES DE XENOPHON
d'apres F. Vollbrecht et H. Kchly

Charles PASCAL
Professeur agrgg de Grammaire au Lyc6e de Brest

Avee 20 Figures dans le texte et 5 Planclics doubles.

PARIS
L I B R A I R I E C. K L I N C K S I E C K 11, Rue de Lilie, 11
1886

AVERTISSEMEMT

Xf sycces obtenu par la publication receate .de l'Armee romaine au temps de Cesar ,(*), et les Services qu'elle rend tous ,ceux qui veulent lire avec profit les ouvrages de Cesai'j m'oat suggere.ridee d'entrepi'endre un ti;avail ;analqgue pour ce qui.cpncepne rai'ine^ga'ecqwe au temps,de Xnophon. Jl ne s'agit pas, en ,&St, d'^i-ne tude com4es instittttions lilitaires .de la G-ceoe diverses e^poques .de son h.istQir,e. J'ai Ar,.ulu saaLenaeiit .affirir nos .eieves .de quatiye^rie et .de troisieme, ..et aussi ,tjy,s caux 1 ;qui s'itittressent .a ^. lettees ,grecques, un jcp,^,anel pimple .et qourt, qui laur peral,t .de se rendre .eompie exactemeat des ,ter,oaes techniques de la langue militaire employes
1. L'Arinee rojuaine,aif temps de Qegftr, paf F. Kr?i,ner,:tra,d' frang. de L. Baldy et 6-. La,n;ouipet. Paris, jp^n.ek,sieck

VI

par les historiens grecs et specialement par Xenophon ('). Qu'est-ce qu'un hoplite? qu'estce qu'un peltaste? quel etait leur armement offensif et defensif? comment etaient-ils organises? quelle etait la tactique employee pour la marche et pour le combat? quel etait le mode de-campement? quel e"tait l'tat de la poliorctique? Autant de questions souleves chaque instant dans la lecture des historiens et qui meritent une rponse nette et precise sos peine de ne comprendre qu' demi le texte de l'auteur. Cette reponse, on la trouvera facilement dans la presente etude. Assurment le maitre consciencieux ne se contente pas de donner le sens littral des mots; il ajoute, chaque fois que le texte l'exige,' des notions historiques et archeologiques. Mais puisque aujourd'hui on demande et avec raison une explication rapide et etendue des auteurs de l'antiquite, combien cette explication ne gagnera-t-elle pas en rapidite, et par consequent en intrt, si ces notions sont dej connes de l'eleve ou n'ont besoin que de lui etre rappeles sommairement.
1. On sait que, parmi les auteurs grecs indiques dans le Programme de la classe de 4, se trouvent les Morceaux' choisis de l'Anabase et de la Cyropedie.

VII

Si ce livre peut contribuer ce rsultat, il aura atteint son but. II a te compose" d'apres les travaux les plus importants publis en Allemagne et en France sur les Institution s militaires de l Grece, en particulier d'apres les e"tudes dont Vollbrecht et Rehdantz ont fait prceder leur edition de l'Anabase et d'apres l'ouvrage capital de Rstow et Kchly sur l'histoire de l'armee grecque depuis les origines jusqu' Pyrrhus ('). 20 figures ( 2 ) et 3 planches doubles, gravees avec soin, servent l'claircissement du texte. Enfin un index alphabtique contient tous les termes que l'on rencontre dans le cours du livre et permet de s'y reporter facilement. En un mot, je n'ai rien nglig pour rendre ce livre aussi commode et aussi pratique qu'il tait possible, heureux s'il peut meriter un accueil favorable aupres du public lettre" et aupres de la jeunesse de nos ecoles. CH. PASCAL.
Brest, frvrier 1886.

1. Voir la Bibliographie , la fin du livre. 2. Oes figures, intercalees dans le texte, sont emprniitees l'Introductioa de Vollbreclit, Pexceptiou des 10 et 11" tirees de l'ouvrage de Rstow et Kchly.

L'ARME 'GRECQUE

CHAPITEE ler

Apercu general.

Rstow et Echly (*) distinguent quatre periodes jLfffineipales dans l'histoire de l'armee grecque: 1 des [ temps heroiques jusqu' la fin des guerres mediques; s 2 de la fin des guerres mediques jusqu' la bataille : de Mantinee; 3 de la bataille de Mantinee jusqu' la mort d'Alesandre; 4 de la mort d'Alexandre'jusqu' l'expedition de Pyrrhus en Italie. Cette etude aura pour objet seulement la 2e periode, Oette periode, si importante divers titres pour le peuple grec, voit s'accomplir trois faits militaifes du plus haut interet: la guerre du Peloponese, l'expedition des Dix mille, la ltte entre Thebes et Sparte. La
1. Bstow et Kchly, G-eschichte des griechischen Kriegswesens.
L'AHM^E GRECQUE l

g)

longue rivalite entre Athenes et Sparte a ete racontee par Thucydide. Dans son ouvrage, qu'il appelle fierement xTjjpa ti; KSI, a. montre les qualitesjlu veritable historien : connaissance des hommes et des choses, impartialite, flnesse et profondeur du jugement, clarte de l'exposition. On peut regretter seulement qu'il se soit abstenu de parier plus en detail des institutions niilitaires de son temps. Sous ce rapport, Xenophon, d'un genie moins ' eleve, nous sera d'un plus grand secours : ecrivain et soldat lui-meme, U a laiase de l'immortelle campagne des Dix mille la relation la plus complete et la plus fldele que nous puissions clesirer; son Anabase semble etre le rapport adresse par un general en chef son gouvernenient, notant les moindres details de l'expedition, exposant. la composition de son armee, l'organisation et l'armement des differentes troupes et les operations de tous genres accomplies par elles. Gelte expedition est d'ailleurs par elle-meme d'une importance extreme pour l'art militaire : c'est la premiere fois qu'une armee grecque se trouve une aussi grande distance de la patrie. Apres la bataille de Cunaxa et le massacre de ses chefs, jetee sans ressources au mieu d'un pays barbare, obligee de faire face aux ennemis qui la harcelent, eile doit souvent, par la force des circonstances et sous l'inspiration de son chef, modifler son ancienne Organisation; contre des ennemis nouyeaux

il fallait une taetique nouvelle de marche et de bataille. Or c'est preeise'ment cette taetique nouvelle, experi.mentee par Xenophon en Asie et importee sur le sol de la Grece par les restes des Dix nulle, que les reformateurs Iphicrate et Epaminondas durent leurs plus belies victoires. II serait donc difflcile, pour celui qui veut etudier les institutions militaires de la Grece cette epoque, de trouver un meilleur guide que Xenophon, une source plus precieuse que ses differents ouvrages historiques. Mais avant d'etudier directement l'organisation des troupes grecques la solde de Cyrus, il convient de jeter un coup d'ceil rapide sur les temps anterieurs. Avant la guerre de Troie, les nombreux petits peuples independants, qui' couvraient le sol de la peninsule hellenique, ne faisaient que des guerres de Piraterie et de pillage; il n'y a pas encore d'armees veritables. Comme le constate Thucydide dans la magistrale preface de son histoire, la guerre de Troie est la premiere expedition nationale qui reunit, sous le commandement du puissant roi Agamemnon, la plus grande partie des forces grecques. Mais dans cette armee il n'y a pas d'organisation proprement dite; il lui manque ce qui fait la force d'une armee, l'unite : chaque peuple suit son ehef et forme une division independante des autres; les combats ne sont autre chose qu'une serie de combats singuliers entre les chefs

troyens et grecs; pour les troupes qui les suivent c'est un spectacle qu'elles contemplent attentivement et auquel elles prennent part comme le choeur de la tragedie. Si leur chef est victorieux, elles poursuivent 1'ennemi; s'il est vaincu, elles se retirent; c'est le combat des princes qui decide. Ce combat a lieu en char (1) : le heros (wapatSTn;), couvert de s pesante armure d'airain, arme du glaive et de la lance, accompagne d'un Wo;; qui dirige l'attelage, s'avance au-devant de son adversaire, et engage la ltte soit du haut du char avec la lance, soit plus ordinairement pied, d'abord en jetant la pique ou de fortes pierres, puis de pres l'aide du glaive de courte dimension. Les masses qui escortent leur prince ne s'avancent pas sans ordre : elles marchent dans l'ordre le plus simple, en ligne, en plialange, bouclier contre bouclier, sur plusieurs rangs (ar/^s;); on peut meme dej reconnaitre dans la ligne plusieurs unites (M/o;, <?<&). Les differents peuples constituent les divisions du front; les rangs dans la profondeur sont donnes suivant le courage, la force et la fldelite : les plus braves et les plus forts dans les premiers rangs, les plus srs et les plus fideles dans les derniers: c'est un cadre qui enferme tout le reste.
1. Voir G-iihl et Koner, la Vie antique, trad. fr. Tvawinski et Riemann, Paris, 1885.

Mais toutes les troupes n'etaient pas armees pour combattre de pres, c'est--dire ne se servaient pas de la lance; y avait, en outre, des archers et des frondeurs, par exemple les Locriens d'Ajas, les soldats de Philoctete et les Peoniens (yxtiWro?oi). Mais il n'y avait pas ce qu'on appelle une infanterie legere, concourant avec les troupes de ligne une action commune: chaque peuple combat pour soi et avec ses armes nationales; toutes lea armes sont egalement glorieuses efe honorables; on ri.j voit pas encore ce mepris qui s'attache plus tard aux armes de jet. L'art des Sieges est cette epoque peu developpe : la longueur du siege de Troie le montre. C'est que, comme le remarque Thucydide, une grande partie de l'armee etait occupee au Service des approvisionnements, et que l'assaut ne pouvait etre donne par toutes les forces reunies. II en resultait que les Grecs durent se fortifler solidement et se tenir sur la defensive aussi bien que les Troyens. En resume les conditions militaires de Tage hero'ique sont d'une grande simplicite, mais on est dej loin d'un etat primitif; les Acheens ont atteint un degre de civilisation assez eleve; leurs armes offensives et defensives, qui se maintiennent avec quelques modifications successives du'rant toute l'antiquite grecque, et dont nous parlerons plus loin, ne sont plus les armes d'un peuple barbare.
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Apres la guerre de Troie de grands mouvements de peuples s'accomplissent en Grece : deux races nouvelles, de genie et de caractere differents, les Doriens et les loniens se partagent l'Hellas et se disputent la preponderance sur les autres Etats qui viennent se grouper autour d'eux et en adoptent la constitution Mais l'Ionienne Athenes etait destinee par s position et par son genie souple et audacieux devenir surtout une puissance maritime, tandis que Sparte, s rivale, reste une puissance cntinentale. Aussi fest-ce Sparte, la ville guerriere par excellence, qui servira de modele tous les autres Etats de la Grece, meme aux peuples ioniens, qui lui empruntent en partie s forte organi. sation militaire. Sous l'influence des Doriens, l'ancienne maniere de combattre disparait partout. Le char des heros homeriques ne se montre plus que dans les jeux. Le fantssin pesamment arme, l'hoplite devient le vrai et l'unique combattant. La ltte des masses remplace le combat singulier des chefs; la phalange solidement constituee devient la disposition definitive pour la marche et pour la bataille. C'est grce cette forte Organisation que les Spartiates, apres s'etre fixes dans les montagnes de la Laconie, parvinrent non seulement se maintenir au milieu d'une population hostile dontils avaient fait leurs sujes et leurs esclaves, mais encore soumettre tous leurs voisins, les Messeniens et les Argiens;

et dominer bientt sur les quatre cinquiemes du Peloponese. C'est encore cette Organisation, repandue bientt chez la plupart des autres peuples, que les Grecs, malgre leur petit nombre, durent de refouler Marathon et Platee les armees innombrables dos Perses. . Ainsi la tactique oouvelle remportait dans ls guerres mediques son.premier triomphe. Cependant, si l'annee grecque avait prouve qu'elle etait prete pour une guerre defensive, eile n'etait pas encore en etat de faire une guerre offensive. II lui restait acquerir des. qualites nouvelles, que lui donnera seulement l'esperience. des longues guerres de cette periode: la ltte entre Sparte et Athenes, la retraite perilleuse des Grecs travers l'Asie, et enfln la guerre entre Triebes et Sparte prouveront la necessite de donner plus de rapidite aux mouvements en allegeant rarmement des hoplites, et de leur adjoindre .des corps de troupes legeres proprement dites et de cavalerie. Durant cette periode de l'histoire de l'annee grecque, les Spartiates sont repartis en 6 mores (po><a) d'hoplites; mais on ne voit encore apparaitre ni infanterie legere ni cavalerie comme corps. regulierement constitues. On ne . voit meme plus les esclaves qui, dans l'ancienne Organisation, combattaient quelquefois comme troupes armees la legere Qi&x1/* $i\oC) (*)
1. Xen. Mem. Socr. III, 3, 7. Voir eh. iv, l, note 1.

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A Athenes ce sont leS 10 &0)>ai de Clisthenes qui forment la base de l'organisation militaire: les 3 premieres classes fournissent les hoplites; les plus riches apres eux servent comme cavaliers; les thetes comme archers. II est remarquer que l'usage de la cavalerie et de l'infanterie legere se developpe plus rapidement Athenes qu' Sparte : apres les guerres mediques on trouve un corps de 800 puis de 600 cavaliers; au commencement de la guerre du Peloponese il y a 200 archers cheval et 1000 cavaliers pesamment armes, e'est--dire 100 par tribu. L'organisation militaire des autres peuples de la Grece est peu connue: eile devait, comme nous l'avons dit, se rapprocher de celle de Sparte ou d'Athenes. A Argos on rencontre une sorte d'armee permanente de 1000 hommes d'elite (IjrtXexToi) (1), AMantinee (418) il y a en outre 5 loches d'Argiens conduits par 5 strateges (2). En Beotie on conserve le vieil usage d'employer les esclaves comme troupes legeres. Les Beotiens, les Phocidiens et les Locriens fournissent une cavalerie nombreuse; les Etoliens, les Arcadiens, les Acrnaniens servent surtout comme troupes legeres dans les armees de mercenaires.
1. Diod. XII, 75. 2. Thucyd. V. 59, 72.

CHAPITRE II Armee des mercenaires; cnr^lcment. 1. Origine. Plusieurs causes pnt amene la creation des armees de mercenaires. Les longues et lointaines expeditions de Brasidas en Chalcidique, des Atheniens en Sicile, qui exigeaient non plus comme autrefois quelques campagnes interrompues, mais un effort suivi, montrerent bientt l'insufnsance des armees nationales et firent naitre l'idee de s'adjoindre, moyennant une solde. des armees etrangeres. D'autre part, on commenc,ait sentir les de'fauts d'une arme'e composee uniquement d'hoplites et le besoin de l'appuyer d'une Infanterie legere: ce furent des troupes mercenaires qui la constituerent; la Thrace et les Arcadiens fournirent des lanceurs de javelots, les Rhodiens des frondeurs, les Cretois des archers. Tel fut d'abord l'emploi des troupes mercenaires, mais apres l'expedition des Dix mille, quand l'amour du bien-etre, les discordes intestines eurent affaibli sinon fait disparaitre dans le cosur des citoyens le sentiment de leurs devoirs envers la patrie, la masse des troupes eilememe fut composee de mercenaires. 2. Enrlement. Le soin d'enrler les troupes siv v<?p;, (ri/).);syj[v a-Tptev^a) etait confle par
L'ABMBE GRECOE 1.

- 10 l'Etat ou le prince qui en avaient besoin certains homroes habiles et experimentes dans la guerre. Dans ce but ils recevaient une certaine somme d'argent necessaire pour organiser une armee dont ils devaient etre les chefs (viponnyot) pendant la duree de l'expdition. Aussitt ils s'adjoignaient quelques officiers dont ils avaient pu dej apprecier les capacites, et qu'ils Ghargeaient de recruter de petites compagnies de, 100 hommes chacune, appelees W^ot. Ces offlciers devaient commander ces compagnies pendant la campagne en qualite de lochage (ta^ayo'?) ('). Les lochages avaient toute liberte pour choisir leurs hommes et fixer leur ge (2), leur taille, etc.; c'est ainsi qu'Episthenes (Anab. VII, 4, 8) ne prend que des hommes beaux de corps et de visage. Une origine grecque n'etait pas une condition indispensable; il se trouve parmi les soldats et mnae parmi les lochages d'aneiens esclaves (Anab. III, 1,26). Pour faire le recrutement, les lochages se rendaient dans le pays o ils avaient quelque attache, ordinai1. Anal. IV, 3, 26. IV, 8, 12. Xen. De rep. Laced. XI, 9, ed. Haase. 2. L'age dn iservice militaire on Grece eat de 20 ans jusqu' 60 aus. A Athenes il commengait a 18 ans; durant les deux premires aiinees, les jeunes gens, appeles (f8oi, repartis dans les plaoes frontieres (^spt;ro>oi), faisaient leur apprentissage de la vie militaire. Dans VAn. VII, 4, 16 il est fait mention d'un trompette de 18 ans; c'est que, comme chez nous, les volontaires pouvaient devancer l'ge.

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remeiit dans leur pays natal; ils enrlaieiit leur compagnie, puls l'amenaient au general en chef : l'un conduisait un loche d'hoplites, l'autre un loche de peltastes, un autre des archers, un autre des frondeurs. Le lochage pouvait s'adjoindre un lieutenant, appele vnoloxayos; de meme le Stratege etait quelquefois aide
par Un vmtarpomiya; (nab. III, l, 32).

Ce n'est pas seulement la solde qui poussait les strateges et les lochages se mettre au Service d'une ville ou d'un prince etranger. C'etaient souvent des hommes de bonne condition. Ceus qui preterent leur Service Cyrus etaient pour la plupart des officiers d'un grand merite; il suffit, pour s'en convaincre, de lire le portrait que Xenophon fait d'eux la n du second livre de l'Anabase (eh. VI, 1-30), apres qu'ils ont ete si indignement massacres. Parmi les soldats, les Arcadiens, renommes par leur robuste constitution et un certain courage naturel, etaient pousses, parTamour du metier militaire et aussi pai la sterilite du pays natal, chercher l'etranger une occasion de fairei quelque profit. Les autres, en particulier ceux qui apres la guerre du Peloponese avaient ete congedies ou exiles. par Lysandre, et a qui la longueur de la guerre avait fait perdre l'amour du travail, s'enrlaient avides de courir les aventures et de recueillir du butin ( d ).
1. Anal. I, l, 7. 9, 17. 4, 16. II, 6, 16-29. III, l, 4. VI, l,. 17. 2,10. 4,8. Les enrolements faits par les Anglais pcndaiib

- 12 8. Solde. Cyrus donna d'abord l darique par mois et plus tard l darique et demi. La solde ordinaire etait de l darique 0) par mois. Cette solde etait doiinee double titre: comme salaire proprement dit (f/.i<r8o's) et comme indemnite de nourriture (aiTttpkvwv fftro..^. xei), La solde etait de 4 et 6 oboles par jour. Cette somme, qui semble considerable, ne Test pas en realite. L'indemnite de nourriture (2 ou 3 oboles) sufflsait la subsistance du soldat, mais les objets de metal etaient tres chers et le soldat devait prendre sur son salaire pour s'equiper. Nous n'avons pas de notions precises sur le prix des armes, mais pour 150 drachmesil etait difflcile de s'acheter un armement complet. Pour payer son equipement, le soldat devait donc rester un an entier s'il rec.oit un salaire de 3 oboles et 16 mois s'il n'a que 2 oboles.
la guerre de Crirnee pour la f'ormation de legions allemandes, italiennes et suissea offrent avec les enrlements des Grecs de nombreux points de comparaison. Le fait mrne dont parle Xen. Anab. VI, 4, 8 : xa.1 TOTWV Irspot .noSsSpa-MTif n-KTEoa; xai u'/jr^a;, s'est verifie aussi quelquefois durant ces enrlements des Anglais. l, Anab. l, 3, 21. VII, 2, 36. 3, 10. 6, 1. 6, 7. VI, 2, 4. VII, 7, H, la solde est appelee T SMKUX.. Voir Kchly, Geschichte des griechischen Kriegswesens^ p. 102. l obole = 15 cent.; 6 oboles = l drachme = 90 cent.; 100 drachmes=: l mine; 60 mines = l talent. Le darique (Sa.pea.0; s.-eut. a-rT^) etait une monnaie d'or des Perses portant sur un cote l'empreinte du roi, sur l'autre celle d'un archer qui se baisse sur un genou (Plut. Ages. 15). Cette monnaie est attribuee Darius, fils d'ETystaspe. De meme que le Oyzicene (crrcttrtp Ku&x.-i;vg), autre monnaie d'or, le darique vaut 20 drachmes attiques, c'est--dire peu pres 20 francs.

_ 13 Le capitaine, c'est--dire le lochage, rec,oit le double du simple soldat, le general ou Stratege le quadruple. II arrive souvent d'ailleurs que meme au simple soldat on paye une solde double, triple ou quadruple. Le payement de la solde a lieu au moment de l'entree au Service et cesse avec la fin de l'entreprise pour laquelle les troupes ont ete enrlees. Aussi Cyrus agit-il d'une maniere extraordinaire quand (An. I, 4:, 13) il promet aus Grecs non seulement une recompense importante, mais encore une solde pour le retour. CHAPITBE III
JtMffi-rents corps de troupes, leur armement.

Les armees comprenaient ordinairement'trois sortes de troupes : les hoplites, les troupes legeres, la cavalerie. 1. HOPLITES Les hoplites (^iiat) sont les troupes de ligne proprement dites; ils forment.la base de l'anhee grecque; leur combat est le combat principal. Tout le reste n'est qu'accessoire. Les hoplites seuls portent un armemeut complet, propre la defensive et l'offen:

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aive. Ils sont revetus d'une tunique couler de pourpre (1). 1 Les armes defensives comprenneat: a) Le casque, primitivement sorte de chapeau de cuir non tanne (xuvs), qui avait<bientt fait place au casque de metal (xpvos) compose d'une coiffe ou calotte d'airain (pl. I, flg. l a), d'un frontal (), d'un couvrenuque (d), d'un couvre-tempes .(c), d'une anse (e) et du cimier (/") qui affectait ]es formes les plus variees (s). Le tout pesait environ 2 kilogrammes. &) La cuirasse (eoa|). A l'origine ce sont deux fortes plaques d'airain unies par des charnieres, dont l'une couvrait la poitrine, l'autre le dos; c'est le e/t>5 O-TTOI, c'est--dire la cuirasse se tenant debout, comme dit Pausanias. Cette cuirasse fut rendue plus legere dans la suite. Les deux plaques (ycAov) (pl. I, flg. 6 a) sont retenues par des epaulieres (wftot) (flg. 6 &) attachees par devant et par derriere avec des lanieres ou des chaines la cuirasse (flg. 6 c, d), et par une ceinture (?w<7rflp, wv>j) (flg. 6 d} (3). Au lieu de la cuirasse
1. Le scholiaste dit propos du passage de VAnab. I, 2, 16 :
Xfvmi yp oi "ED.yjvs; ^ITOTI tpoivtxiot; Trpoc TO; 7ro),SfiOUC' TOTO fisv, w; tpv}<nv. 'AptaroTeXv;;, ori T rfe /pa; vJptxdv, TOTO <Js, ou TQ TO ^p&iparo; atfiKTJsg TO afia-ro; psvaew; eSti^st xaraypovstv.

2. Voir Guhl et Koner, a Fze antique, l re pari., eh. xvi, trad. fr. Trawinski et Riemann.. 3. Voir Gulil et Koner, cite plus haut, p. 336.

on trouve quelquefois mentionnee la casaque de cuir (djroAi;) ('). Elle etait munie d'une plaque de metal pour proteger la poitrine ainsi que d'epaulieres; en putre, pour proteger le bas-ventre, eile portait, de meTne que la cuirasse de bronze, son extremite inferieure, des bandes de cuir ou de feutre (flg. 6, 7, g] plus ou moins longues, souvent doubles et recouvertes de feuilles metalliques (ittipuyts) (2). Au-dessous etait une sorte de tabuer de cuir ou de toile tbmbant jusqu'au-milieu de la cuisse (?w^a) (flg. 6, 7, /"). Le poids de la cuirasse de metal etait environ de 8 kilogrammes et demi. c) Les jambieres (xv^tJe?) plaques d'airain ou d'un metal flexible, probablement doublees de cuir ou de drap l'interieur, qui couvraient la partie anterieure de la jambe depuisla cheville jusqu'au genou (pl. I,flg. 911). Iphicrate lesrempla^a par des solerets en cuir tres fort, qu'on appela iphicratides. d) Le boudier (ivsnis). C'est la principale arme defensive de Fhoplite. Le plus important est le grand boudier ovale (pl.II,flg. 12-14). II etait muni d'une courroie ou baudrier en cuir, fixe l'interieur pres du bord,
1. Anab. III, 3, 20. IV, l, 18. 2. Dans VAnab. IV, 7, 15, il est fait mention de cuirasses de lin. On peut les considerer comme formees de plusieurs tissus de lin superposes et roidis au moyen de vinaigre et de sei.

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), Taide duquel on le suspendait au cou; U avait en outre l'interieur un anneau ou peignee (irdoTra;) o l'on passait la main gauche. Ce bouclier etait de l m. 45 de hauteur sur 0 m. 58 de largeur; pesait de 14 15 kilogrammes. II etait fait de peaux de boeuf, dont on superposait plusieurs couches cousues ensemble et sur lesquelles on clouait des plaques metalliques. U y avait aussi le bouclier rond, sans telamon, mais ayant au milieu de s convexite une anse en metal ou en cuir ('/avov) pour passer le bras et une poignee au bord pour la main (pl. II, fig. 15) ; son poids etait de 6 7 kilogrammes et demi. Ces deux boucliers sont bombes. Pendant la marche ils etaient recouverts d'une sorte de fourreau (tray^a) que l'on enlevait avant le combat et dans les revues (*). On distinguait encore le petit bouclier des amazones (irsVi-u) (flg. 16); ce fut le modele du bouclier des troupes legeres. La hache qui lui est jointe dans la flg. 16 est mentionnee (Anab. IV, 4, 16), sous le nom de ryapi;. La flg. 17 represente un peltaste avec le ni\m dont le poids est de 3 kilogrammes. Les boucliers 'portaient sur leur surface exterieure des emblemes de toutes sortes (Ivlmy., a-mfieta) servant distinguer ceux qui en etaient armes : par exemple,
1. Anab. I, 2, 16, irrriJs; iicxsxa

la tete de la Gorgone, des pantheres, des serpents, des ancres, des trepieds, etc. II y avait aussi des "signes generaux designant la nationalite. Les Sycioniens avaient un 2, les Lacedemoniens un lambda renverse V (flg. 14), les Atheniens une chouette, les Thebains un sphinx (d). 2 Les armes offensives des hoplites etaient les suivantes : a) La lance ou la pique (dpv), longue de 2 m. 04 2 m. 83 (pl.II,flg. 18), avait ordinairement deux pointes. L'extremite inferieure etait garnie d'une ferrure, servant enfoncer la lance en terre, au repos, ou bien remplac,ant la pointe si celle-ci se brisait dans le combat. Cette arme ne s'employait que comme arme d'estoc. La pointe deux tranchants (w-wh) avait 14 centimetres. Poids total, environ 2 kilogrammes. ) L'epee etait droite (tyos) (pl. II, o.g. 19 et 20), ou legerement courbee (fta(,OK)' Cette derniere etait l'arme des Lacedemoniens (flg. 21); eile etait aiguisee d'un seul cte, tandis que l'epee droite avait une lame deux tranchants (Sf^xe;). longue de 15 pouces environ sur 2 de largeur. L'epee etait portee, l'aide d'un baudrier, du cte gauche. Dans la ceinture ou suspendus la ceinture
1. Voir Guhl et Koner, la Vie anlique, ouvrage cite, p. 341. Rstow et Kchly, Gfesch.,d. griech. Krieynir. p. 101.

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e'taient encore un poignard droit (fy%etpi$iov) et un couteau en forme de faucille (fynl-ti}. Le poids total de ces armes etait d'environ 35 kilog., mais l'hoplite ne portait son armement complet que dans le combat ; dans la marche une partie etait portee par les chars, une partie par des esclaves

2. TEOUPES LEGiTRES

Avant les guerres mediques, les esclaves qui suivaient les hoplites dans les derniers rangs de la phalange prenaient souvent part au combat et pouyaient etre consideres comme des troupes legeres. Mais ce ne fut qu'apres l'expulsion des Perses qu'on organisa des corps speciaux d'infanterie legere; et encore ne les trouve-t-on comme partie integrante de l'armee qu'apres l'expedition des Dix mille. Meme apres les reformes d'Iphicrate et d'Epaminondas qui fnt une part de plus en plus large l'infanterie legere, les hoplites gardent leur superiorite; c'est toujours leur combat qui est le combat decisif. Pour recruter ces troupes legeres on avait recours aux differents peuples qui cultivaient specialement le maniement des armes de jet, comme le javelot, l'arc,
1. Anab. I, 7, 20. IV, 2,20

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la fronde; on enrlait des archers cretois, des frondeurs rhodiens ou thessaliens, des peltastes thraces; les peuplades moitie grecques de l'ouest de l'Hellas, comme les Acarnaniens et les Etoliens, fournissaient des soldats habiles lancer le javelot. Les troupes armees la legere (yu^vres, yvpval, ift).oi) ne portaient pas d'armes defensives, puisqu'elles etaient destinees combattre de loin. Elles comprenaient: a) Les lanceurs de javelot (xovTtdTai). Leur arme (vnov) (pl. II, fig. 22) etait un javelot ou lance longue de l m. 45; cette lance, comme celle des peltastes, etait

Fig.

munie d'une courroie (yxOVo), dans laquelle le soldat passait les doigts ('); la g. l ci-dessus peut donner une idee de la maniere de s'en servir. Kchly en a
1. Eiistow et Kchly, gr. Kriegsw. p. 130. Anah. IV, 2, 28. V, 2, 12. '

- 20 -

explique l'emploi par des experiences pratiques ('). Au centre de gravite du javelot etait fixee une laniere qu'on enroulait plusieurs fois autour de la hampe. Dans la boucle formee l'extremite de la laniere on passait les doigts (-^xiAoftsvoi, cf. Ovide, Met. XII, 326: inserit amento digitos). En tirant fortement cette laniere, eile se deroulait rapidement, imprimant au javelot un mouvement de rotation, et ce mouvement de rotation, uni au mouvement vers le but, donnait cette arme de trait les avantages que donnent aux armes feu modernes les rayures des canons (*) b] Les archers (TOMTKI), etaient pourvus d'un arc et d'un carquois (yaperpa) pouvant contenir de 12 20 fleches. On verra des representations de l'une et de l'autre dans les flg. 23-27. PL II. Le carquois etait en
1. Discussions de la 26e aasemblee des philologties allemands Wurzbourg, Leipzig, 1869, p. 226-38. Voir Guhl et Koner, la Vie des Cfrecs et des Romains, p. 344. Les velites avaient aussi ce javelot a courroie, que les Romains avaient peut-etre adopte apres les guorros de Pyrrhua. D'apres les renseignements de Garnier (Globus, XV, 1869, p. 200), les habitants de la Nouvelle-Oaledonie et des Nouvelles-Hebrides se servent de javelots de ce genre; U les munissent d'un cordon iait de fibres de coco ou de peau de chauve-souris, et les maaient avec une precision remarquable. Consulter encore Dict. des Antiquites de Saglio, au mot amentum. 2. En dehors de son usage special, la laniere pouvait servir tenir reunis en faisceaus les javelots que portait chaque Soldat. '

cuir ou en jonc tresse et se portait du ctegauche, suspendu une courroie passee sur les epaules (1). c) Les frondeurs (oTpsvfovToi) etaient munis d'une fronde (<rfsv&>vvj) et d'une poche (&y0spa) pour contenir les projectiles (pl. II, fig. 29-30). Les brides de la fronde etaient faites d'osier tresse, de cheveux ou de muscles d'animaux; les projectiles' etaient des pierres de la grosseur de la main ou bien encore des balles de plomb (p&\v$$ls), portant comme inscriptions des injures ou des defls l'adresse de l'ennemi (2). 3. PELTASTES Les peltastes (irstettoroi) sont une arme nationale thrace (3) . lls different des autres troupes legeres en ce qu'ils avaient comme arme defensive un petit bouclier appele X&T-H. C'etait un bouclier en forme de croissant, en bois ou en osier recouvert de cuir, large de 58 cerit. 4 raillim., analogue au bouclier des amazones (pl. II, flg. 16-17). Comme armes offensives, ils portaient le javelot v, fig. 22), decrit plus haut, long de l m. 45, etun
1. Sur l'arc et la fronde, voir stow et Kchly, gr. Kriegsw. p. 20-22, 129-130. Gnhl et Koner, la Vie des Gf-recs et des Romains, p. 351-354. 2. Voir Kraner, l'Armee romaine au temps de Cesar, trad. fr. Larrotimet, p. 23, note l, au siijet de ces inscriptions. 3. Aristoph. Acharn. 160. Lys. 563. Thuc. II, 29. Xen. M6nh III, 9, 2.

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glaive. Grce ces armes, le peltaste pouvait, comme l'hoplite, entrer en ligne, et prendre part aux combats de pres (*). II forme donc, au point de vue tactique, une arme intermediaire entre les troupes legeres proprement dites et les hoplites. .
4. PORTE~E DES PROJECTILES

II est difcile de fixer exactement les distances qu'atteignaient les projectiles. On sait cependant que les arcs cretois ne portaient pas aussi loin que ceux des Perses (2). Or les Armeniens, les Mardoniens, les Chaldeens qui empSchent les Dix mille de passer le Centrite n'atteignent pas les Grecs avec leurs fleches. On ne peut donc guere admettre une portee de plus de 80 100 pas. Les frondeurs rhodiens, qui se servaient de balles de plomb (fM&vg&'s), atMgnaient plus loin que la plupart des archers, en moyenne cent pas; les projectiles de pierre n'arrivaient qu' 40 ou 50 pas. Les javelots avaient une portee de 30 40 pas (3).
1. Anab. I, 8, 5. III, 4, 43. V, 4, 24. D'apres leur arme de jet. les peltastes sont quelquefois aussi appeles i : Anab. III, 3, 7. Hell. III, 4, 16. 2. Anab. III, 3, 7, 15. IV, 2, 29. 3. Voir Rstow et Kclily, gr. Kriegsw. p. 131. Anab. IV, 3, l, 18. III, 3, 17, 18. III, 4, 16, 17. Quand le peltaste avait employe tous ees javelots, il se servait des fleches ermemies qu'il ramassait (Anab. IV, 2, 28).

5. ROLK DES TROUPES LEGERES

. Les troupes legeres et les peltastes etaient, suivant le besoin. en avant ou en arriere de la ligne, ou bien dans les intervalles, quelquefois sur les ctes. Souvent ils attaquent en ligne, souvent aussi en colonnes dispersees comme nos tirailleurs ('). Le rle des troupes legeres est de reconnaitre le pays, de se placer en embuscade, de s'emparer des hauteurs, d'occuper l'ennemi qui approche, de refouler la cavalerie et de poursuivre les vaincus (*).. 6. LA CAVALERIE La cavalerie grecque resta longtemps dans un etat d'inferiorite relativement aus autres corps de troupes. On considerait les chevaux plutt comme moyen de tranaport que comme armes et machines d'attaque. La cavalerie ne combat que contre la cavalerie; eile n'ose attaquer l'infanterie que quand eile est dej en desordre ou en fuite. Dans l'armee lacedemonienne le rle de la cavalerie est peu pres nul; a Athenes la
1. Anal. V, 2, 10. 2. Anab. IV, 6, 17. Arrien. Tact. eh. xv. Elien. VII, 5 dans Kchly, gr. Kriegschriftsteller, II, l, p. 282. II, 2, p. 2H, 260. Bstow et Kchly, ffr. Kriegsw. p, 131.

cavalerie prit des developpements plus importants, mais l encore etait-elle plutt exercee parader pendant les ftes aux yeux des Atheniens qu' marcher au combat. Ce n'est guere qu'avec Epaminondas que nous voyons enfin la cavalerie prendre une large part la bataille et concourir avec les autrea troupes la victoire (!). L'arme'e des Dix mille n'avait pas tout d'abord de cavalerie, et, bien que Xenophon (III, 2, 18) essaie, pour relever le courage des soldats, de rabaisser l'importance de cette arme, on sentit bientt les inconvenients qui resultaient de son absence (II, 4,6. III, l, 2). Au moment de la retraite travers les plaines du Tigre, on fut meme contraint de former la hte un petit escadron de cavaliers. Le harnachement du cheval se composait de la seile/ ou plutt d'une couverture-selle (iyinmw') attache"e avec une sangle (sWo/ov), d'un niors (za.t.niol}, de courroies allant du mors jusqu'au-dessus de la tete (xoouyat), des rnes (vt); et du licou (?op&') pour attacher le cheval quand on campe ou qu'on bivouaque.
1. La cavalerie beotienne fut de tont temps fort estimee; on sait que leg hipparques etaient une magistrature tres ancienne. Les antres peuples renommea pour leur cavalerie etaient les Thessaliens, les Ohalcidiens, les Phocidins et les Loeriens. Voir Xen. Mag. equit. VII, 1. Herod. V, 63, 77. Arist. Polit. IV, 3, 2. Pasquier, Eistoire de la Cavalerie : Epaminondas le premier pratique les charges de cavalerie.

25
La fefrure du sabot n'est pas connue des. Grecs; on se contentait de le durcir par l'exercice; on veillait d'ailleurs avec soin ce que les pieds de derriere fussent creux ('). L'armement du cheval comprenait en Grece et en Perse un frontal (n^y.i.rami.iw}, un pectoral (npunsptlSun) et une sorte de cuirasse pour les flancs (priiw/rf&e) (). Le cavalier avait des armes defensives et offensives. Les premieres consistaient en une cuirasse d'airain (ei/? ITTTTIXO;, Anab. III, 4, 48) laquelle s'adaptait nn haubert ou cotte de maille. Le ventre etait protege par une ceinture franges de metal, les bras par une cuirasse speciale de cuir ou de bronze, les jambes par des cuissards allant jusqu'aux genoux: de l partaient des jambieres de cuir ou bottes genouilleres. Les cavaliers ne portaient pas de boucliers en service ordinaire (3). Quant au casque, Xenophoa recommande le casque beotien, qui protege tout ce quen'abrite pas le haubert de la cuirasse sans pourtant gner la vue. II n'y avait pas d'etriers, et ce qui remplaQait notre eperon (ftvw^) nous est inconnu. Comme armes offensives, les cavaliers avaient une lance, vraisemblablement aussi longue que celle des
1. Xen. De re equest. V, 1-3, VII.|Xn, I, 2, 3. V, i. Mag, uit. I, 4. 2. De re equest. XII. 3. Xen. Hell. II, 4, 24. IV, 4, 10. Ar.ab. III, 4, -17, 48.
L'ARMEE GHECQUE i

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hoplites (<?o'fju xafiwvov), mais plus mince, et une e"pee droite. A la place de la lance, Xenophon (De re equ. XII, 11, 12) propose deux javelots de cornouiller plus solides et plus maniables (7ra/,Ta), et, laplace de l'e'pee droite, le sabre recourbe (f*K/c/>a, XOTT^): un coup de taille, dit-il, porte de la hauteur du cavalier, vaudra mieux qu'un coup de pointe.

CHAPITRE IV Organisation gn6rale; exerelees milltalres; disclpline.

1. ORGANISATION DES HOPLITES, DES TBOPES LEGERES* ET DB'LA CAVALEKIE . Dans les armees de mercenaires, les diffe'rents regiments places sous les ordres d'un Stratege n'etaient pas egaux en nombre. Leur efiectdf dependait du nombre de lochages ou ca,pitaines qu'il avait pu reunir au moment de l'enrlement. Voici, par exemple, l'effectif des regiments, avec le nom de leur Stratege, Qomposant l'armee des Dix mille (*) :
1. 'Anal. I, 2, 3. 6. 9.

Xenias Proiene Sophenete Socrates Pasion Menon Clearque Sosis Agias

4.000 hoplites. 1.500 1.000

00 gymnetes.

500 700 1.000 1.000 300 1.000


800 peltastes. 800 peltastes thraces. 200 archers cretois.

H .000 hoplites. 2.000 h. de iroupes legeres. Chaque regiment a s tete un par?;, assiste ordinairement d'uD tmooTpanrys. Le regiment est divise en Joches (M/<u) de 100 hommes, commandes par un Xo^^'; ou capitaine et par un vrcolo-^xyof (1). Un loche ou compagnie comprenait 2 pentecosties ou pelotons (JKVTJJXOOTE;) de 50 hommes, 1. Oes divisions de l'armee des mercenaires sont les memes que celles de l'rmee lacedemonieniie, elles ne diffrent que par l'eifectif. L'armee lacedemonienne comprenait 6 pdpat, commandees chactme par un polmarque, l lochages, 8 peuteconteres et 16 enomotarques. On levait successivement d'abord le l" loche de ehaque mora, puis Ie2 e ; le 3" et le -le composes des plus ges et des plus jeunes faisaient ordinairement le Service de garnison. Le loche, unite tactique, avait environ 500 hommes. A Athenes, l'unite tactique e'tait la yuMj, appele aussi quelquefois T^'.;, et comprenait en moyenne 600 hommes fournis par les trois premieres classes des 10 tribus. Nous ne savons rien de preds sur les subdivisions de la phylc. A la tete de l'infanterie il y avait 10 strateges -et 10 taxiarques; la cavalerie etait commandee par 2 hippavques et 10 phylarques.

28

cmmandees par des penteconteres ou lieutenants (ttMTTjMVTiipss) et 4 enomoties ou sections (Ivwpm'ai) de 25 hommes, cmmandees par des enomotarques ou sous-lieutenants (Ivw^oTp/ai) (*). Toutefois, il est probable que, pour chaque loche,il n'y avait pas 4 enomotarques, mais seulement 2, parce que les enomotarques des enomoties l et 3 s'appelaient penteconteres. Deux loches reunis s'appellent aussi ra?t; et le commandant en chef -!<&.?/<>$ (2). Les troupes legeres formaient egalement des compagnies de 100 hommes qui semblent avoir porte le nom de T*I$. Leur chef s'appelle tantt raZia.f>x<x, tantt ^070; (3). La cavalerie des Grecs et des Perses etait divisee en escadrons (yvia.1, sl\a.t ou tXt) de 64 hommes' d'apres les tacticiens de l'epoque posterieure (*), Chiffre qui s'accorde avec celui de la phyle attique, composee probablement de 60 hommes. Sur la profondeur des rangs, nous n'avons pas de donnees certaines; une seule fois,
1. 'EvwfiOTia, ce sont primitivement des compagnpns de tcnte qui se sont jure mutuellement secours et assistanoe (e-u-wpoTia de .u.mu.i) et qui allaient enaemble au combat. 2. Anab. I, 2/25. III, l, 32, 37. III, 4, 21. IV, 3, 26. VI, 5, 11. Riistow et Kchly, gr. Kriegsw. p. 100-102. 3. Bstow et Kchly, gr. Rriegsw, p. 131, 64. Anab. IV, l, 26, 28. 1. Amen, Tact. ed. Hercher, oh. xvm, 2. Elien, Tact. 20, 2 dans Kchly, gr. Kriegsschrst. II, I, p. 364.

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on Signale la disposition de 16 ohevaux de front sur 4 de profondeur. Ce passage est aussi le seul renseignement que nous ayons sur la disposition de la cavalerie perse qui avait 12 chevaux de front, mais un plus grand nombre de profondeur ('). 2. INSTKUCTION DES TROUPES Les soldats etaient astreints des exercices de tous genres, sous la direction d'instructeurs appeles nlap/ot (). Ils devaient s'habituer aux marches, aux mouvements de toutes sortes, aux changements de dispositions, ainsi qu'au maniement des armes. Ces exercices se faisaient soit par petite section, soit par plusieurs divisions reunies. Ils avaient pour but non seulement de former les soldats la guerre et de les endurcir aux fatigues, mais en meine temps de les detourner de Poisivete, comme le dit Xenophon dans la Cyropedie, en recommandant ces manoeuvres (3). 3. TRANSMISSION DBS OBDKES Par ces exercices, les soldats s'habituaient, en outre, comprendre rapidement les ordres qui leur
1. Xen. Hell. III, 4, 13. 2. Anab. II, l, 7; de rep. Laced. XI, 9. Mller, les Doriens, II, p. 306. Kchly, gr. Rriegsschrflst. II, l, p. 16. 3. Cyrop. I, 6, 17. II, l, 20. II, 3, 21. II, 4, 3. III, 3, 9. V, 3, 3.

O -' "

etaient donne~s, soit de vive voix, soit par des signes visibles, soit par la trompette ou la corne (tt\my%,
pag) (1) (pl. II, flg. 31 et pl. III, flg. 32).

Les ordres de vive voix etaient donnes par le general lui-meme ou, s place,par le heraut (2) (x/n*!). Si Von craignait que le comnaandement ft entendu par l'ennemi, ou bien si le bruit empechait de percevoir la voiz du general ou du heraut, et meTne le son de la trompette et de la corne, les ordres se transmettaient de bouche bouclie, du Stratege aux lochages, des lochages aux penteconteres et aux enmotarques qui en faisaient part leur enomotie, o les soldats se les murmuraient l'oreille Tun de
(nit

4. MANIEMENT DES ARMES Le maniement de la lance consistait, au repos, la laisser reposer sur le sol par son extremite inferieure, cte du pied droit; la poser sur l'epaule droite pendant la marche, et l'abaisser ou l'elever pour le cmbat (pl. III, flg. 33 et 34).
1. Voir Guhl et Koner, la Vie ant-ique, trad. Trawinski et Kiemann, p. 297. 2. Le heraut dont le nom revient souvent dans VAnabase s'appelle Tolmides. Anab. II, 2,_20. III, l, 46. i, 36. V, 2, 18. Faire publier ua ordi'e par le heraut se dit xjjpucwEw. 3. Anab. III, 5, 18. IV, l, 5. 8, 16. Mag. equ, 4, 3, 9.

31 -

Les commandements etaient: v T <?opaT, lw" = levez armes! armes sur l'epaule! == abaissez armes! (*). Les troupes legeres s'exercaient de meme se servir, avec rapidite et srete, de leurs armes particulieres, par exemple lancer le jav'elot de loin vers un point marque. La figure 35, pl. III, represente des archers s'exerc.ant au tir de l'arc, en prenant un coq comme cible. Les frondeurs devaient apprendre faire tournoyer la fronde au-dessus de leur t^te, puis, au moment voulu, lcher une des extremites de labride et lancer le projectile vers le but. Les flgures 29 et 30 (pl. II) nous offrent des frondeurs maniant la fronde. 5. DISPOSITION DES TBOPES Les manoeuvres se faisaient, soit par loche, soit par divisions plus nombreuses. Le loche pouvait avoir un seul homme de front (I/ Ivo'g) et 100 horames de profondeur, et ainsi s'exercer aux differents mouvements de mafche ou des changements de position; ou bien, il etait rnge par pentecosties et enomoties, de fa<jon former un front de 12 hommes : le loche se trouve ainsi compose de 12 flies d'une profondeur de 8 hom1. Rstow et KoMy, gr. Krlegaw. p. 105,

mes (flg. 2). Dans l'Anab. I, 2, 15, le loche, n'ayant que 4 hommes de profondeur, a un front de 24 homrnes.

6 7 8
oup

Autant il y a d'hommes dans la file, autant y a de rangs (?u?). La profondeur est designee en grec, soit par st; (par es. sie XTW), soit par l^l avec le genitif (par ex. ITT T7Tpwv, in' XTW). Dans la figure 2, le loche a 12 files de 8 rangs. Le premier homme de la file s'appelle yofyevot, vj^Eficiv, ).o/ydj, c'est--dire chef de file, et le premier rang forme par tous les chefs de file s'appelle pTwrov ou ordpa, c'est--dire le front ou la tte (*) Le dernier homme de la file s'appelle ovpayc, c'est-dire le serre-file, et l'ensemble des opayo! s'appelle o-jpy., c'est--dire la queue ().
1. Cyrop. II, 4, 2. 4. V, 2, 1. V, 3, 36. De, rep. Lactd. XI, 9. May. equit. III, 6, 10, IV, 3, 9. 2. Estow et Kchly, gr. Kriegsw. p. 106-108.

La place des hommes dans chaque flle semble, chez les Spartiates, dependre de l'ge. Derriere le chef de file etait peut-etre celui qui etait appele le remplacer, mais ensuite venaient les plus jeunes. Souvent me'me, ces derniers sont envoyea leur place dans le cas o il etait necessaire de courir ou de gravir la hte une hauteur (*). Les extremites de chaque cte du front s'appellent xspara, c'est--dire ailes droite et gauche ($e*u>v,ev< La largeur du front est designee par le terme la profondeur par 9o;, les flancs par nlsupai ou Les extremites des flies etaient des places tres importantes. On les faisait occuper par les soldats les plus braves, les plus forts, les plus experimentes et les plus ges. Dans certains cas, si le mouvement commence par eux, ils deviennent chefs de flle. Leur fonction ordinaire est de maintenir en rang ceux qui sont devant eux, de les encourager et de les pousser au combat (8). 6. DISPOSITION EN PHALAITGE; DISTANCES Lorsqu'au commandement &-/; et; iv. "m\a., napkarnrs Trap T onla plusieurs divisions marchent en flle cte l'une de l'autre, comme pour le combat, elles
1. Anab. VII, 4, 6. Cyrop. IV, 2, 24. Hell. IV, 4, 16. 2. Anabt IV, 3, 29. Cyrop. II, 3, 22. III, 3, 41. Mac,, equit. II, 3, 5.
ORBSQUE

_ 34
constituent ce ciu'on appelle une phalange. Dans YAnabase, la profondeur de la phalange est ordinairement de 4 ou de 8 hommes, c'est--dire de 4 ou 8 rangs. Le mme commandement se trouve exprime dans Xenophon par nap<xyye)C\eiv 11$ 7 TrX (An. I, 5. 13), xs^ssev ixl

T o7r> (Hell. 2. 3. 20), dans Plutarque (Pyrrh. 16. 2)


par xa),i Trpo; T 7r)i ( J ).

Suivant la place que chaque homme occupe dans la phalange et la distance qui le separe de son voisin, les tacticiens distinguent trois manieres de se ranger : 1 La position de marche (iropsurat 10^1^.1^, dans laquelle les soldats sont a une distance Tun de l'autre de 6 pieds grecs =^ 2,45 pas = l m. 85; 2 La position de combat (TTXVWTIS), dans laquelle la distance est de 3 pieds grecs = 1,225 pas = 0 m. 92; 3 La position dans laquelle les hommes sont encore plus serres les uns cte des autres et que l'on appelait:ffwacTTriorfwis.Les distances etaient de l pied 1/2 grec = 0 m. 46 (2). Arrien dit que les Romains en ont fait leur testudo (3).
1. Proprement appeler aus armes , en latin ad arma conclamafe. .2. Arrien, Tod. ed. Heroher, eh. xi, 4. Elien, XI, l, dans Kchly, gr. Kriegsschrftst. II, l, p. 301, II, 2, p. 252. Estow etKchly, gr. Kriegsir, p. 108. 3. 'Arro focje TO <7uvaoTK<TftoCi TJJV -fceltvvj 'Pw^iot Trotovrat. Arrien, Tact. XI, 4. Voir, sur la testudo, Kraner, l'Arme romaine au temps de Ctsar, trad. Baldy et Larroumet, Paris, Klinoksieck.

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7. MAN(EUyBES ET COMMANDEMENTS
#

Les manceuvres executees par les soldats consistaient en demi droite et gauche (xWo-etj), en demitours (fiETotSoW) et en changements de direction (ImorpofKt). Ces mouvements pouvaient avoir lieu droite
(lirl <?o'/) OU gauche (in' outTtlSx) ( f ).

Les termes de commandement etaient les suivants (*) : ini St xlitvov, demi droite (90). ITT' KvniS. -/Itvov, demi gauche. sTri $6p\> ftsrag)i)tow, demi-tour droite (180) (Anab.
IV, 3, 29; VI, 5, 18 : ava<7Tpeyeiv Inl Jdpu).

sV aaniSa. pjTaUov, deim'-tour gauche. sTrl <?oou Ijctarpitpe, changement de direction droite. In o-TTi^almo-TpsyE, changement de direction gauche. en avant, marche. ;, halte.
8. LE DEPLOIEMENT

Une autre manceuvre tres importante consistait etendre le front l'aide du deploiement, qui avait lieu comme les mouvements precedents, soit droite, soit
gauche (npai ^o'pu OU rrap trjrti? Trapyetv). 1. O'esi>-d5re du cote de la lance ou du cote du bouclier. 2. Voir Estow et Kchly, gr. Kriegsw. p. 105-106.

Supposons un loche de 100 hommes de profondeur, c'est--dire ne formant qu'une seule nie, composee des 4 enomoties marchant les unes derriere les autres. Si l'ordre est donue de se de'ployer par enomotie, la Ire reste en place, la 2e vientse placer cte de la l ( droite ou gauche, suivant l'ordre), la 3a cte de la 2, la 4e cte de la 3. Le loche se trouve ainsi rnge en 4 flies. Si le deploiement a lieu par pentecosties, le loche a 2 files. 9. LA DISCIPLINB Ges differents ezei'cices journaliers etaient indispensable? pour maintenir,dans les soldats, l'esprit d'ordre

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et de discipline. Ce n'etait pas chose facile avec les mercenaires que guidait Fmteret bien plus que le patriotisme. On peut mme dire qu'il n'existait pas chez eux une vraie discipline militaire. Groupes par nationalite, les mercenaires la solde de Cyrus conservent les habitudes et les coutumes de leur pays; ils forment des assemblees, deliberant et votant sur les plans et les resolutions proposes par les strateges; apres la mort de Cyrus et le massacre de leurs chefs, les soldats nomment un conseil supreme (TA MIVV) compose vraisemblablement des strateges et des lochages los plus inuents et les plus capables, et Charge d'executer toutes les affaires communes; devant ce conseil, les strateges eux-me'mes pouvaient
6tre citeS (ei; dixaq xaTaorijyc) et dtre punis (dhnv

07ro<reiv). On y decidait la majorite des voix. En un mot, cette armee etait, comme l'ont dit Rstow et KchJy une vraie republique de soldats, une democratie ambulante ( f ).
1. Rstow et Kchly, gr. Kriegsw. p. 102. On peut remarquer d'ailleurs que partout Xenophon emploie les expressiona techniques en usage dans la patrie propos des assemblees. Rehdantz, dans son ed. de VAnab., introd. note 21, a releve les termes suivants : s-/.xX;iTiv o-uvayew ou JTOISIV, convoquer une assemblee; sxxknmaXfiv , tenir une assemblee; at, deliberer ; eSiSoro \iyeiv, la parole fut donnee ; v, monter a la tribune ; Xsyetv Iv, parier devant ; -yvpnv aivso-Sat ouOTo^ixvuo-et,donner son avis ; oxet f*oi, je suis d'avis; surs, il proposa. Le President im^-oyi^st, met aux voix; l'assemblee Iffwupor, ratifie, danne force de loi, apres

38
II ne faut donc pas s'etonner ,de ,yoir les soldats mettre des conditions leur concours et quelquefois .exiger une augmentation de solde; ils ne respectent j>as les chefs; ils repliquent me'me par des injures .des eshortations amicales; ils refuse.nt souvent d'obeir etmenacent de s'en retoumer, et tout cela sans aypir a supir la moindre punition (1). Les soldats courent d'un Stratege l'autre; aussl, .chaquefois.qu'unecontestation s'eleve entre strateges, Ja grmte d'tre abandonne de leurs tropes et de la ,voir passer .sous les ordres d'un rival les force relcher encore davantage les liens de la discipline. II existait pourtant un chtiment corporel, les coupa de poing (n-at'stv mfy et les coupsdeMton^uys^KfiS,vstji, ipSallsiv, ntuv). L$ bton spartiate (jSaxT^pia) etait fort redoute, comme autrefois en Allernagnele Korporalstock. Mais cette punition' devait etre assez rare, sinon defendue en juger par le long discours que Xenophon prononce dans l'assemblee , (4??p$. V. 8,
ayoir vote ^yjy^eo-Sat a l'aide |du ipwos, ou en levaiit l,a main varsiveiv ou txipeiv rflv X^Pa' 'ja decision TO ^rifyterpia, T Sofwx^ ~ T JeJoyfilva, T Jgavra est desiguee par Xenophon par,|oo!-e TT on decida (placuit). Les lochages exergaient .le droit de proposer quelqu'un (npoSati.satiai.) et d'elire par exemple comme .Stratege (aipsiaSai) . Bnfin, tout se decidait a la majorite des voix : sx -rg VIXWOT;; (s.-ent. i|/vjyou) i'irpTTOv nAvra. oi orpaTnyot. Voir Anab. I, 3, 2. 18. V, 6, l . V,' 6, 27. V, 7, 17, VI, l, 18. 2, 12. VI, 2, 4. ' 1. 4-nab. I, 3, 1. 1,4, \2. I, 3, H.

- 39 1-26) pour se justifler des accusations portees contre lui par quelques soldats qu'il avait frappes. En tous cas,- un Stratege n'aurait jamais pris la liberte de chtier un soldat d'un autre Stratege (*).

10. CONCENTRATION DE I/ARlfflEE

Aussitt que celui qui a fait enrler des soldats mercenaires (po-Soydpot), c'est--dire le piaBoSortit, a resolu d'entreprendre son expedition (OT),OV 7roteia8t, orpaTsEaBa.1) (2) il rassemble son armee (Sporen/ or^Tsuf*). A cet effet, il envoie l'ordre aux differents strateges charges de l'enrlement de lui amener eux-memes ou de lui envoyer les troupes qu'ils ont levees et exercees (ny.p 07yeX^si OU xeiest vixEtv OU TroTre^Trtv, OU o-v aTw crrpoi-

Tsuea-,et); immediatement elles se mettent en marche et arrivent avec armes et bagages au lieu designe (>.6<jvTOCJ T 7r)va Ttapetvai, TrapaytyvsaSat, yixvstirflai, ijxeiv) (').

1. Anab. I, 3, 7. I, 5, 11. II, 5, 28. II, 3, 11. V, 8, 1-26. 2. SrpaTiOen/ marque le fait ineme d'entreprendre une expedition, que celui qui l'eutreprend y prenne part ou non, et se dit aussi bien du peuple qui fait l'expedition que du general qui la prepare. Anab. II, l, 14. II, 3, 20. III, l, 17. SrpaTEuso-Sac marque surtout le fait d'etre en campagne, de servir (militari). II se dit du general, I, l, 11; des villes, VII, l, 29; des soldats, n, 3, 25. V, -l, 34.

.. Anab. I, 3, 16. I, l, H. I, 2, i-5. I, 2, 1.

- 40

CHAPITRB V Tactiqnc de marche et de bataille.

Dans les guerres qni eurent lieu sur le territoire meme de la Grece, la marche des armees ne rencontra jamais de graves obstacles. Brasidas, en 424, alla de Sparte en Chalcidique, mais avec une armee si peu considerable que s marche put s'operer sans de grandes difficultes. II n'en fut pas de mSrne de celle qu'accomplirent les Grecs la solde de Cyrus travers l'Asie. Obliges de se tenir sans cesse sur leurs gardes, harceles par tous les peuples barbares dont ils trayersaient le territoire, arretes chaque pas par des montagnes ou des cours d'eau, les Grecs, sous l'inspiration de leur chef, Xenophon. et par la force des circonstances, creerent une tactique toute nouvelle de marche et de bataille qui servit de point de depart aux developpements posterieurs de l'art militaire. 1. ENTEEB EN CAMPAGNE; ETAPES. Des que les troupes sont rassemblees et les preparatifs termines, on fait les sacrifices, et, si les pr^sages

41
sont favorables, on entre en campagne (ppa<ret) (') On marche ensuite par etapes determinees (orafipoiis ou <rr94ov s?s).avsiv) (s) sous la conduite des guides (ijyE^vs;), et on s'avance (TropEuso-at, JEV TO Tt-pora) (3) en envoyant sur les ctes ou en avant des eclaireurs charges de reconnaltre le pays (axonoC). Les etapes sont ordinairement.de 5 parasanges; elles sont quelquefois plus longues et sont de 7 ou 8 parasanges quand on traverse des deserts ; elles peuvent tre aussi plus courtes.' Une fois les Dix mille'ne parcourent que 25 stades (*). Apres chaque journee de marche il y a un repos d'un ou plusieurs jours. Ce repos permet de se ravitailler ou d'attendre un temps favorable. C'est pendant ces jours de repos, au commencement de l'expedition, quand des troupes retardataires
1. Anab. I, 2, 5. I, l, 9. I, 10, 1. 2. Srafts est proprement le lievi o l'armee sejourne apres la journee de marche (statio, raansio, castra = lieu de halte, Heu de relai). O'est l'equivalent du latia er, et de nos mots : relai, Station, etape. 3. Anab. I, 3, 1. I, 8, 1. IV, 4, H. 4. Ha.paaa.ffw; (mot persan paralhanta) signine borne, limite, analogue aux pierres milliaires des Romains, l parasange valait 30 stades = 5 kil. 565; l <JT#IOV (eol. aw.iJiov, lat. spatium] = 600 pieds grecs = 18i metres ; l n\iBpov, la 6= partie du stade = 100 pieds grecs = 30 m. 666 ; l opyui, toise = 6 pieds grecs = l m. 84 ; l pvipx, pas = 2 pieds grecs 1/2 = 76 cent. 7 millim. ; l aune = l pied grec 1/2 = 46 Cent.; l pied (TTOU;) 30 cent. 1/2. Voir Anab. III, 3, 11. I, 2, 6. 19. Oonsulter Waclismnth, Hellen. Altcrthumskunde, II, p, 61 sqq. et Hultsch, Metroloyie.

viennent rejoindre le gros de l'armee/ qu'on fait le recensement et qu'on passe l'armde en revue (') (Jgtrcwiv xl ptftov TToteiv et noiiiaQy.1) . La me" nie chose a lieu au moment de lever le camp (2), si l'on se trouve dans le voisinage de l'ennemi (3), ou bien encore apres une Operation importante (*). 2. MABC?E EN AVANT Le jour fixe pour lever le .camp (xivetv T oncommencepar celebrer les sacriflces d'usage ; apres quoi, au premier signal, on demonte les tentes et on prepare les bagages ((7v<7ua?tv et rvo-xsu&a-eat) (5); au deuxieme signal on les place sur les btes de somme et sur les chars (va-rtesvai sni T wjroSyia) ; au troisieme Signal, les troupes, apres s'etre rangees au commandement Sc/s stsTan-). dans Vordre indique plus haut (eh. IV. 6), et apres ayoir ete inspectees par leurs strateges respectifs, se mettent en marche (lmv?,i TW ifyoupsvw (6). ,i on doit partir de tres bonne heure, les bagages sont prepares des la veille apres le repas (7).
Anab. I, 2, 9. H. Id. H, 3, (2 fd. l, 7, 1. Id. V, 3, 3. Voir Estow et Kchly, gr. Kriegsw. p. 189. 5. Id. I, 8, 15. II, 2, <!. III, 5, 18. VI, 3, 24. 6. Oyrop. V, 3, 53, les troupes se rangent en dehors du camp. Anab. II, 3, 2. 7. Anab. III, 5, 18. 1. 2. 3. 4.

43

Vers 10 heures ou 11 heures on fait halte et on de-.


(T TT} rtso-Sai (*), x<x,Ta.\v<TKt. TO orpaTSvp np(

(*). Apres avoir prisle dejeuner (puTw), on se remet en marche jusqu'l'heuredurepasprincipal (wir-

3. PLAGE DES TEOPES DANS LA Dans les marches de jour, ordinairement lacavalerie et les troupes legeres marchent en tete et en queue, l'infanterie de ligne au milieu. Cependant cet ordre peut 6tre modie suivant la nature du pays que l'on traverse -et suivant les rangs que Ton doit prendre en cas de rencontre avec l'ennemi. Dans les marche de nuit, les hoplites tiennent toujours la tte de la
1. L'expression ra oVXa rtOTSat, proprement deposer le bouclier sur le sol, ficher la lance en terre, est employee par Xetiophon dans des sens differents : 1 eile se dit des soldats qui se mettent en ligne et en rang, puis se tiennent immobiles, II, 2, 21. V, 4, 11, dg TIV ISsvro TK-OT),; 2" en parlant d'une armee, en ordre de bataille, et attendant un autre commandement, I. 5, 13, o la manpeuvre est decrite; I, 6, t. IV, 3, 26. V, 2, 19. VII, l, 22. 24, SZEITO T ri; 3 en parlant des soldats qui fnt halte dans une marche, mais conservent leurs rangs et attendent un autre commandement, II, 2, 8. IV, 2, 16. 3, 17. V, 2, 8; 4 signifie encore : deposer leg armes et camper, soit pour dejeuner, "VI, 5, 3, ou prendre du repos, I, 5, 17. I, 10, 16. VII, l, 22, 24. Of. Rstow et Kchly, gr. Kriegs, p. 106. Dindorf, Index G-raecus de l'Anabase. 2. Anal>. I, 10, 19. IV, l, H. V, 4, 22. 30. VI, 3, 24. 3. Id. VI, 3, 14.

44

colonne; on evite par l que la cavalerie se separe de l'infanterie ( J ). Jusqu' la mort de Cyrus, est probable, d'apres. les habitudes des Grecs, que les strateges avec leurs troupes marchaient, chacun leur tour, en tte de l'armee (2). Mais, pendant l retraite, Chirisophos conduisit constammefit l'avant-garde, et Xenopnon l'rriere-garde. Les lochages places sous leura ordres occupaient chaque jour alternativement la tete de la colonne; ils en avaient, suivant l'expression grecque, la direction (jjyeftovfa) pour la journee. Le loche suivait naturellement son chef, de teile fa^on que, si une batale devait se livrer ce jour-l, ils occupaient Tun et l'autre la place d'honiieur dans la ligne de bataille, c'est--dire l'aile droite (3). 4. OEDRE DE MABCHE Une armee peut marcher rangee de trois manieres: en colonne, en ordre de bataille, en carre.

1. Anal. VII, 3, 37. Oyrop. V, 3, 37. 2. Herodote VI, 110, sigiiale, propos de la bataille de Marathon, ce changement quotidien du commandement en chef, qu'il appelle wowta.vni-ti. Thuc., IV, 91, dit qu'il en e'tait do meme entre les be'otarques. 3. Anal. II, 4, 26. IV, 7, 8. VI, 5, 22,

_ 45
A. Marche en colonne.

1) Colonne d'enomotie ou colonne de section. Dans la marche en colonne (Im idptas ou XT xepa? nopsmSm, Xen. De rep. Laced. XI, 8jrxjjssjyziv;appelee aussi. pea ?efty5, opt'a Jffavwy ', c'est le longum agmen des Bomains), les loches et les enomoties marchent les uns

II.

derriere les autres, sur deux (sU ^o), quatre ouplusieurs hommes de front, suivant la nature du pays. La tte de la colonne s'appelle TA xfyj, T jtyotffwvav oubien ot iyoii^svoi; la queue se nomme w/> ou bien
>,x.; (1); les flancsr n^ityioi. OU KI ir\svpui.. 1. J.noi. IV, 6, 6. II, 4, 26. II, 3, 4. VI, 6. 12. VII, 3, 6.

iv,. i, e.

- 46 -

Les generaux, ordinairement cheval, souvent aussi en char, se trouvent la tete de leur division, les lochages la tte de leur loche; c'est de l qu'ils transmettent les ordres, le plus souvent de bouche bouche, moins que le general ne juge preferable de parcourir les rangs et de donner lui-meme les commandements (*). Les cavaliers et les troupes legeres marchent en avant et sur les ctes pour surveiller l'ennemi et reconnaitre le terrain. MeTne quand rarmee fait halte pour une raison quelconque, des eclaireurs (<rf.moi) sont detaches en reconnaissance. Ces precautions sont rigoureusement observees, et si, au commencement de la retraite, toutes les troupes legeres sont dans l'avantgarde, c'est que, dit Xenophon (IV, 1,6) il n'y avait aucun danger craindre par derriere. Dans cette marche en colonne, comme bien des soldats abandonnent leur rang (2) et qu'ils ne sont pas toujours completement equipes, puisqu'une partie de leurs armes est transportee par les chars, il se produisait necessairement quelque confusion lorsque l'ennemi faisait une apparition inattendue (3).

1. Anal. III, 4, 46. IV, l, 17. VI, 5, 12. 5, 22. Voir eh. iv, 3. 2. Id. II, 2, H. 3. Id. I, 7, 19.

*/

II

Fig. 5

2) L'ennemi apparatt par devant; ddploiement gauche. Si, pendant la marche en colonne, l'ennemi apparait entete, on fait d'abord halte une certaine distence; puis les lochages commandent a leur loche de se deployer gauche (voir eh. IV, 8) c'est--dire de se ranger en ordre de bataille (fai y4i*yyot ysiv, pyxtv (*), (igpfauKOv nsto' Aaitlfa xa6t<TT<x.<j6iu (De rep. Laced.
XI, 8).

C'est ce deploiement qui fut execute par l'armee de Cyrus, et par consequent par les Grecs, quand le grand r.oi apparut tout coup devant eux dans le voisinage de Kunaxa. En effet, Xen. 1,8, 4 dit des Grecs:
1. Id. IV, 6, 6. IV, 3, 26.

48
avv TTdVXij crTiWj; xaOi'trravTO, et UU peu plUS loin (I, 8, 14): 70 3s fcM.Yivixifo ~t sv TW TW ftevov oiWTirrsTO ix TWV Sri

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.

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Tissaji/temc

Gobryas Artaxerce Gabn/tii

drfiace

Au moment de l'engagement, la ligne debataillede chaque cte etait teile q.ue l'indique la flgure 6. La description qn'en donne ai nettement Xenophon n'exige pas une explication plus etendue ('). 3) L'ennemi appara en queue. - - En pareil cas, la colonne s'arrete aussitt, fait volte-face sur place, puia se deploie en ligne soit par la droite, soit par la gauche. Dang la retraite, commel'ennemi se contentait de harceler les Grecs sans livrer de combats veritables, l'ar1. Voir 0. Kmmel, les relatioas de la bataille de Kunaxa et do la piort de Oyrus, dans le Philologus XXXIV, p. 510 et 665.

49
riere-garde seule se -chargeait de le repousser et de le poursuivre, tandis que la tte de la colonne continuait s route. Mais cette tactique ayant l'inconvenient de separer les deux portions de l'armee, on dut y renoncer. En cas d'attaque par derriere, toute l'armee s'arretait, et, sans etre en ligne de bataille, l'arrieregarde attendait l'ennemi et l'attaquait si vigoureusement qu'il perdit toute envie de revenir la Charge. 4) Marche en pays de montagnes. C'est surtout quand fallait traverser un pays montagneux et passer par des defiles que l'armee devait se ranger en colonne. Si l'ennemi occupe le passage, on cherche pendant la nuit, grce des guides experimentes, s'emparer des hauteurs, apres quoi on attaque l'ennemi et on le contraint abandonner le denle. Si le passage n'est pas encore entre les mains de l'ennemi, l'avntgarde, ou l'armee entiere, par une marche rapide, se bte de prevenir l'ennemi et de le traverser avant son arrivee ('). Si, dans la marche dans la montagne, l'ennemi harcele vivement et si la route est fermee, on manoeuvre de fac.on que latete etla queue se soutiennent mutuellement. L'ennemi barre-t-il le passage en tete, une partie de l'arriere-garde marche obliquement sur les hauteurs et le force laisser passer la tete. L'arriere1. Anab. IV, l, 20. IV, 2, 1. IV, 4, 18. L'ARUE SRECQOT: 3

- 50
garde au contraire est-elle inquietee, la tte se porte obliquement sur les hauteurs et repousse l'attaque de Tennemi (*). 5) A^OI Spflioi. Colonnes de compagnies. Si l'ennemi occupe les collines au pied desquelles l'armee doit passer, ou est poste sur une montagne situee sur la ligne de marche, la colonne, en pareil cas, ne peut se servir, pour l'en chasser, de l'ordre de bataille. Laphalange n'aurait pu garder, enpays demontagnes, s forme compacte. On se rnge alors en plusieurs colonnes distinctes l'une de l'autre et paralleles, appelees Ifyoi SpQm (2); cet ordre gardait quelque chose de la disposition compacte de la phalange et, en outre, avait l'avantage d'une plus grande mobilite et d'une plus grande largeur de front. Soit la colonne de marche AB, composee de 4 loches ranges les uns derriere les autres ; au commandement le loche II vieiit se placer droite ou gauche sur le meme front que le loche I, mais une certaine distance, le loche III cte du loche II et enfln le loche IV cte du precedent. Dans ces colonnes les enomoties du loche sont rangees les unes derriere les autres, de sorte que la profondeur du loche est plus grande
1. Anali. IV, 2, 25. 2. 'Opfitoy; jrotettr&M ott itontv TOU; i^ou;; ysiv to\>( i^ou; pSiou;, faire marcher les loches en colonnes (Anab. IV, 8, 10).

51

que la largeur du front (oro'pa) ('); c'est ce qu'exprime le mot ooSjos. II n'y a pas craindre que l'ennemi s'aventure dans les intervalles, puisqu'il se trouverait

Fi". 7

pris entre deus loches. II est donc oblige d'attaquer le front, oti se trouvent precisement les soldats les plus braves; d'aleurs, aussitt que Tun des loches a reussi
1. Anab, V, 4, 22.

s'emparer de la hauteur, l'ennemi ne peut plus resister. En combien de flies etait rnge le loche droit, c'est ce qu'on he trouve nulle part indique. La dispoaition pouvait tre d'un seul homme de front sur 100 de profondeur, soit de 3, 4 ou 6 hommes de front avec une profondeur correspondante. On passe aussi quelquefois de la ligne de bataille. (voir 4, B, marche en ordre de bataille) en colonnes de compagnies (Anab. IV, 8, 9-19). C'est que, dans cet endroit, Xenophon craint que la ligne grecque ne soit debordee par les alles ennemies. Pour 6tre en etat' d'occuper un espace de front plus grand sans pourtant diminuer la profondeur, et pour arriver mme a, deborder son tour la ligne ennemie (Treprmstv, {i;re^a).ayys<v) il propose de renoncer la disposition en phalange, de se ranger en ).^oz? pdioi; et d'attaquer dans cet ordre la montagne occupee par les ennemis. Cette proposition est adoptee, et ceus-ci, attaqu6s de tous les ctes et craignant d'tre enveloppes, durent abandonner la Position. La flgure 8 montre comment on passe de l'ordre de bataille en colonnes droites : soit la ligne de bataille ab, dans laquelle chaque loche a 12 flies et par suite 8 rangs. Le loche double d'abord son front qui a alors 24 hommes, sur 4 de profondeur., Le front est ensuite partage en 4 enomoties (chacune de 6 flies), Alors la

53 -

Ire enomotie de chaque loche marche droit devant eile; aussitt que ses serre-file ont depasse la ligne de front, la 2^ enomotie marche derriere la l, la 3 derriere la 2e et la 4e derriere la 8e, de sorte que, de la Position ab, on se trouve dans la position cd (i). Cette disposition en colonnes droites se trouve employee 6 fois dans l'Anabase. Dans 4 cas (2), il s'agit de s'emparer d'une hauteur, et le M%of fyfltog dut avoir 6 hommes de front; dans le 5<=, il s'agit de passer le Centrite; dans le 6,-de s'avancer dans la queue du carre (voir 0 2), et, dans ces deux dernieres circonstances, on dut probablement adopter la marche d'oie, c'est--dire un front d'un homme et une profondeur de 100 hommes (3).
1. Rstow et Kchly, gr. Krlegsw, p. 122 et 155. 2. Anab. IV, 2, 11, 13. 8, 10-19. Galitzin, Kriegsgeseh. d. Attcrthums, bers, v. Streocius, I, p. 2-ti, admet dans ce cas un front.de 12 hommes et une profondeur de 8 rangs, V, 4, 22. 3. Jalms Jahrb. fr Phil, und Pd, t. LXXIV, cah. 5, p. 250 sqq. Rstow et Kchly, gr. Kriegsw., p. 155. Kchly, gr. Sriegsack. 11^ p. 271 sqq.

IV

\\R\NI\\
\ 1,

\ \ti

\\

Si, de la disposition en W^oi; pfifci;, il faut revenir la ligne de bataille (y>ay?), les e'nomoties, par un deploiement gauche, viennent se ranger cte l'une de l'autre dans les intervalles laisses entre les loches (flg. 9). C'est la manceuvre que fait exe'cuter Xenophon lorsque apres avoir rnge son arriere-garde en M^o pSjots pour passer le Centrite, il lui fait aussitt apres reprendre s ligne de bataille pour resister aux Carduques (07) Passage des fleuves. ~ Le passage du Oentrite est le seul sur lequel Xtinophon insiste et dont il nous fait une description complete. Ailleurs il se contente de nous dire qu'on traverse tel ou tel fleuve. Quand il n'y avait ni gue ni pont, on se servait de troncs
1. Anab. IV, 3, 17.

55'
d'arbresplaees cte les uns des autres. S'il n'existait absolument aucun moyen de traverser, on remontait jusqu' la source (*). B. Marche en ordre de batale. 1) Marche de front. C'est le deuxieme ordre de mr ehe (acies instructa; uuvTa?(Jisoue w; elf p--w
TW ffrpaTsOftart TravTt; II, 3, 10 : KXeap/o; iTropsvsro T OTjO-

jropsiieuat, VI, 5, 31; I, 7,14 : KOpos Ige^aygi... ffuvT8TyftgV(k

reufia l'^wv -lv TK^SI ; voir IV,4,1). Xenophon emploie encore pour designer cette marche de front la locution inl avec des verbes comme vf-nyaBai (VI, 5, 25), (Cyrop. I, 6, 43) (l). Cette disposition etait adoptee quand on arrivait dans le voisinage de l'ennemi; dans ce cas, la cavalerie et les troupes legeres etaient detachees en reconnaissance en avant et sur les ctes. Si^durant cette marche, on doit ensevelir les hommes q.ui ont succombe dans une affaire precedente, l'armee s'avance jusqu'au moment o les opay' rencontrent les premiers cadavres; on fait halte et on donne la sepulture tous ceux qui se treuvent compris dans la phalange; on continue ensuite de marcher en
1. Ji7ta6.II, 3,10.III,2,22. BstowetKchly,gr.Kriegsw. p. 191 sqq. 2. Xen. unit encore en-t ^^770; xatuTaoai (Cyr. 6,3,21), TeTa^psvou; (Anab. VI, 5, 7), TV ^yov rcouiaflai IV, 3, 26).

- 56 procedant de mme, jusqu' ce que tous les morts soient enterres ('). Les autres travaux sont executes soit par les opayot et ceux qui sont charges de couvrir l'armee, si l'ennemi est proche; soit-par les jeunes soldats ges de moins de trente ans (8). Ce sont encore ces derniers qui sont choisis (VII, 8,46) pour marcher en avant au pas de course, tandis que le reste suit au pas ordinaire. Si l'ennemi apparait de front, l'armee s'arrte une certaine distance et l'on s'apprte au combat (3). 2) Contremarches. Si l'ennemi apparait au contraire par derriere, on fait volte-face, maisde teile fagon que les chefs de flle se trouvent encore en face de 1'ennerai et les serre-flle leur place ordinaire, c'est--dire la queue du loche. Cette contremarche s'operait de deux manieres, par flies (Ii-s)>ty/*<5; XKT W^ove ou T iTTt^ou;) ou.par rangs (I?efoyp6; xar ?uya). Suivant la position qu'occupait le loche apres cette manosuvre, on distingue les contremarches laconienne, macedonienne, cretoise ou perse. Nous ne nous occuperons que de la premiere (4).
1. Anab. VI, 5, 5 sqq. 2. Id. II, 3, 10 sqq. VI, 3, 15. 3. Id. VI, 5, 8. Voir plus loin 6, 1. 1. Arrien, Taet. 24, l sq. Elien, eh. xxvil, xxvui, xxxiv. Estow 6t Kchly, gr. Kriegsw. 11-1-117. Xen. He rep. Laced. XI, 8, 9.

57 L'enomotie ab (flg. 10) a le front tourne vers M; si l'ennemi apparalt en N, eile opere une contremarche par files la maniere laconienne: chaque nie manceuvre separement de la mme faijon. Prenons par exemple II

ivin 11 i
A A AA l A A A A 2 A A A A 3 A A A A 4 A A A A 5 A A A A 6 A A A A 7

AAAASb V VVV8
V V V V7

v v v v6
V V V V V V V V V V V V V V V V 5 4 3 2

cy v v v i ivmn i
N

la .premiere flle : le clief de nie I fait demi-tour gauche puls marche entre la 1^ et la 2e file, suivi successivement des us 2, 3, 4, 5, 6, 7, etn&s'arrSte qu' 6 7 pas de son serre-flle, le front vers N; de
L'AHMB GRECQUE 3.

sorte que le serre-flle n'a qu' faire, demi-tour sur place. Les autres flies fnt de rnme, et l'enomotie ab se trouve dans la position bc. Mais par l lea alles ont change; le chel- de flle I, d'abord l'aile droite, se trouve l'aile gauche. Si l'on ne voulait pas attaquer dans ce nouvel ordre, il fallait, apres la contremarche par flies, operer la eontremarche par rangs : l'enomotie bc (flg. 11) devait

v v v y v v v ,5
V V V \i' V V V 7

v v v y v. v. v 6 v v v y v v v5
Hg. H V V V V V V V 4 V VV i V W 3 V V V V V V V 2

v v v f v v v i I H l IV Iff II I

arriver dans la position cd, diaque rang execute le mouvement de la mme maniere et simultanement. Le n I tourne droite, passe devant II, III, IV, depasse IV de la longueur du front, puis s'arrete en faisant front vers N, pendant que II, III, IV le suivent en ae. ptlaant s,glucke.

gg

Le temps necessaire pour accomplir eette contremarche est proportionne au nombre de flies; une enomotie de 4 flies l'executera en 4 secondes; une compagnie de 64 flies en l minute environ. La contremarche par flies fut probablement executee par les Dix mille lorsque, dans le voisinage de Cunaxa, apres la premiere rencontre, ils apprirent que le roi etait dans leur camp et qu'il se montrait sur leurs derrieres au moment meme o ils deliberaient sur le parti prendre. Xenophon nous dit (1,10, 6): xl l pev
E)i>.i5vs; orpayevrs; 7rape<rxsuovTO w; TKTVJ TrpoirtiiTo; xal

fafypsvoi, et il appelle les ailes, malgre leur changement, dn me"me nom qu'avant. 3) Bataille de Cunaxa, 2? rencontre. Gette manceuvre decida ans doute le roi renoncer une' attaque contre les Grecs, et il se replia du cte de l'aile droite (c'etaitla gauche avantla contremarche) (1). Quand ilfut dans une position parallele () cette aile, les Grecs craignirent d'etre attaques en flane et enveloppes. Pour parer ce double danger et pour ne pas se trouver ranges inl xs/js; s'il leur fallait se defendre o attaqer, ils resolurent de se ranger en phalange,

1. Anab. I, 10, 6: 3] St jrapjMev i'gw TO swvpou xlparo;, TKVTVJ ai a.irrfy<*-"t>. 2. Id. I, 10, 9 : etet 5' naav xar TO eiwvuftov TWV '

- 60 en ayant l'Euphrate derriere eus (vowrnWstv


xipa;) (<).

Fig.

Pour cela, le loche qui est l'aile droite opere une conversion gauche dans laquelle les jjyo/wvoi restent en premiere ligne, et vient faire face aux Perses. Les loch es suivants se deploient droite enligne de bataille, mais de faijon que leurs vyi^vai occupent aussi la
l. II est toujours dangerettx d'attaquer ou d'tre attaqu en colorme. Voir Cyrop. 7, l, 22-26. Hell. 6. 5, 16. Anab. I. 10, 9. Arrien, II, 8, 2 : Alexandre, qui mafche xa.ro. xejsa;, la nouvelle qxie Darius est devant lui en ordte de bataille, vsTTruiriTE T xspa? ig yAayya &\~knt xod AAnv cwv jr),r,Tv raZ-f.ii va.py.ywv. d'est ce que fait Ohirisophon, ^.6. IV. 6, 6. Voir eucore Cyrop. 7, 5, 3 Plut. Pel. 23.

61
premiere ligne. L'armee passe ainsi de la position AB dans la position BC.
Fig. 13

Tandis que les Grecs etaient occupes operer ce mouvement, le roi de Perse se deployait aussi en ordre de bataille de maniere passer de DE en DF (*). II s'avanca ensuite au combat comme la premiere fois mais ne put soutenir l'attaque des Grecs. 4) Passage des defiles. Quand l'armee s'avancant en ordre de bataille rencontre des ponts ou des gorges etroites, le passage s'effectue par un dedoublement
1. Anal. I, 10, 10 : xat Si> om'ktvg rc sij T ar

6 .

da* front, Ou bien, partir de l'aile qui arrive le plus pres du deflle, l'armee se divise en plusieurs sections egales la largeur du deflle et ces divisions s'avancent ensuite les unes derriere les autres (Ix^/niserS) ('); de sorte que, pour quelque temps,on abandonne la marche en ordre de bataille pour la marche en colonne. La position AB dans-la flg. 13 nous montre une armee en ordre de bataille devant un deflle; la Position CD l, 2, 3, 4, la meme armee passant le deflle en colonne. Arrivees de l'autre cte du deflle, les differentes sections de la colonne se deploient droite ou gauche pour retablir l'ordre de bataille ().
C. Marche en carre (flg. 14).

1) Le troisieme ordre de marche est la marche en carre (n:\yj.ciit>ii ja-nOisupov, jr^iveov-, agmen quadratum). C'est l'ordre adopte quand on est harcele par l'en? nemi et qu'il faut se tenir sans cesse sur la defensive, pret attaquer de tous les ctes. Dans cet ordre, les hoplites (a) forment les quatre ctes; le front (rop.) (3)
1. Anal. VI, 5, 22. 2. Voir Wahner, Jahns Jahrb. 1863, Hfl. 8, p. 537. 3. Anab. III, 4, 13. Galitzin. Hist. gneralc de l'art milltaire (all.), p. 232, dit : Le carr otait forme de "t petites plialaages; celles de devant et de derriere .marcb.aieut en front, celles des deux ctes marchaient de flanc .

- 63

Fig. 14

i
1s

ovp

s'avance-dans l'ordre ordinaire de la phalange avec les lochages en tte. A droite et gauche sur les flancs (nXeup), les chefs de file etaient places l'extremite des rangs, les serre-flle Pautre extremite, du cte du centre. A la queue (ou/>), les lochages etaient au dernier, les serre-flle au premier, de sorte que l aussi ils etaient les plus rapproches du centre du carre. En cas d'attaque generale, la queue fait demitour et les ctes fnt face droite et gauche. Le centre du carre (T peo-ov) contenait le bagage (c) et les troupes legeres (b) (1). Ces dernieres etaient reparties
1. Quand l'armoe des Grecs se rangea.en carr, eile avait de 9,600 9,800 hoplites. Si nous prenons le chiffre de 9,600, et si nous supposons un carre dont les ctes sont egaux, la tte et la queue out 2,16-t hoznmes, les flancs 2,336. Btant donae la profondeur de 8 hommes, oa peilt calculer facilemeut la largeur du front, la longueur des flancs; celle des i..ctes reunis, l'etendue du ceatre, la superficie occupee par les 9,600 homiue, etc.

64 ,

sur les quatre ctes. La cavalerie prend place suivant les circonstances, en tte ou en queue et aussi sur les flancs, mais toujours en dehors du carre (') Si l'ennemi se montre sur un des ctes ou sur plusieurs la fois, on lance contre lui les troupes legeres et la cavalerie appuyees par les hoplites; elles rentrent dans l'interieur du carre si elles sont repoussees (). Cette disposition en carre est excellente contre une attaque d'hoplites; mais eile est desavantageuse si eile est attaquee de loin par les javelots et les traits des troupes legeres (3). 2) Inconvenients du carrtf. La marche en carre", qui est praticable surtout en pays de plaines, devient fort difficile en pays de montagnes; eile presente les plus graves inconvenients quand U faut passer des ponts ou des defiles et que l'ennemi se trouve dans le voisinage et harcele l'armee. G'est ce que reconnait Xenophon (Anab., III, 3, 19): On reconnut alors combien le carre est un mauvais ordre de marche, quand
1. O'est l'opinion de Estow et Kchly, gr. Krifyaw. p. 186. II est vrai que Xenophon ne nous dit pas la place occupee dans cet ordre de marche par le petit escadron de cavalerie formee, Anab. III, 3, 20. D'apres Polyen, III. 10, 7, nous savoiis qu'elle etait dans le centre. Dans Xenophon, Seil. IV, 3, 4 et Ages. II, 2, eile est en tte et en queue. 2. Anal. III, 4, 38-43. III, 4, 15. III, i, 26. 3. Id. III, 3, 15. VII, 8, 16. Voir Rstow et Kchly, gr. Kriegsw. p. 186 sqq. Kchly, Kriegsseh. II, 2, p. 265. Haase, Ersch. u. Gruber, au mot phalanx, p. 42t.

- 65 on a l'enneri sur ]es talons; car les alles, obligees de se rappracher par l'etroitesse du chemin, de la gorge ou'du pont, forcent aussi les hoplites se resserrer; marchant avec difculte, ils s'ecrasent, s se mlent, et il est difflce de tirer bon parti d'hommes mal ordonnes. Lorsque les alles reprennent leurs intervalles avant que les hoplites se reforment, se fait un vide au centre et le soldat, se voyant separe, perd courage si l'ennemi poursuit. Quand il fallait passer un pont ou tout autre obstacle chacun se htait, c'etait qui serait 3e premier au-del ({). La tte et la queue avaient le plus souffrir; les flancs pouvaient se resserrer dans le centre du carre sans etre gfines par le bagage. Pour remedier ces inconvenients qui bouleversaient toute la phalange, voici ce qu'on imagina : on forma 6 loches d'elite, dont 8 furent places en tete et 3 en queue (J). Devant un deflle, ces 6 loches doivent, soit pour faire place aux alles de la tte (ore py Iva-^v rot; xspa), soit aussi pour proteger la marche du carre contre une attaque de dos, se detacher de la tete et
1. O'est la description exacte du flottement de la marche de front. E. Hardy, Origines de la Tactigue franqaise 2. Anab. III, 4, 21. Haase, Ersch. u. Gfruber, u mot phalanx, p. 425, note 73, pense qu'il y avait 6 loches pour la queue et 6 pour la tte, parce que Xenophon n'a parle nulle part d'une division de 6 loches en deux moities. Mais Xenopbon exprime nettement ce que nie Haase, Anab. III, 4, 23 : uai TOU; TjSioaoa'iov; ov; T; tiyj, TWI/ STuXliCTwv ifti TW

66

de la queue et rester en arriere jusqu' ce que le carre ait passe le dele.


F1g. IS

a. Hoplites, 6. 300 de la tte. o. 300 de la queue.

II s'agit de savoir comment s'executait cette manoeuvre, ce que Xenophon ne nous dit nulle part. On peut se figurer la chose de cette fa<jon : en presence d'un defile, les 300 de la tete se detachent et vont se porter sur le cte droite ou gauche. Ils laissent passer le carre devant eux, puis se reunissent aux 300 de la queue. La flg. 15 fait voir le carre au moment ou ces derniers ont quitte la queue mais ne sont pas encore reunis aux 300 de la tte. Quand les colonnes du carre ont passe, les 6 loches se reunissent, avancent sans se joindre aux colonnes

TW xspi-av) et SB deploient derriere le carre cte l'une de l'autre (TTS e xapyyov'). La flg. 16 montre leur place par rapport au carre.
VI V I V I I I I I l

Fig. -17

Apres le passage du deflle, les ailes reprenant leurs distances, la queue s'ouvrait, et par cette Ouvertre les G loches s'avangaient ranges d'abord XT 't.yjsjc

68

(flg. 17), c'est--dire en colonnes de compagnies, les 6 loches cte Tun de l'autre et les 4 enomoties l'une derniere l'autre ('), puls, quand l'ecartement des alles de la queue le permettait, xax. TrevTcxocmis;, c'est--dire VIV IVIIIII I
Fig. 18

en pentecosties (flg. 18), et enfln en ligne, les 4 enomoties cte l'une de l'autre (flg. 19, XT'
VI
V IV III II I

Fig. 19

Par cette derniere manceuvre la queue a 72 pieds = 22 m. 68 de plus que la tte. Cependant les 6 loches conservaient cette place jusqu' ce que la presence de l'ennemi par devant exiget le retablissement du carre (2). Dans ce cas les 3 loches de la tete marchaient
1. Les 6 loches marchent alors sur 6 hommes de front, sur 100 de profondeur (voir plus baut, 4, n 6), c'est--dire chacun sur une file. 2. O'est ce que l'on doit entendre par les mots xai et TVOV Sioi TI TS y^ayyoc, Anal. III, 4, 23. Le mot (pcO.ay!- peut parfaitement designer le carre. Haase, Ersch. u. Gruber, au mot phalanx, dit en efiet: Toute armee, de quelques parties qu'elle se compose, et dans quelque Situation qu'elle se trouve, en marche, en bataille, dans le camp, est appelee par les Grees y^ay?; puis, au sens particulier, ce motdesigne toute armee en ordre de bataille, specialement ce qui en est l'element principal, la grosse infanterie (les hoplites), quelle que soit la forme partiouliere de l'ordre de bataille .

- 69 .
) travers le centre du carre pour aller reprendre leurs anciennes places. D. Le xx).o{. Xenophon (Anab.'VII, 8, 18) Signale enfin une marche particuliere qu'il appelle Tnpsatu xxlw. C'etait peuttre une disposition analogue par s forme l'orbis des Eomains (') et l'origine de ce que les tacticiens nomment tnjvao-ma-fto; (2). Dans cet ordre de marche les ' soldats se serrent les uns contre les autres, le bouclier tourne en dehors (les soldats de la queue le portaient sur le dos, ceux du flanc droit sur l'epaule droite). Ce rempart de boucliers amortit un peu la force des traits et des javelots. Cependant ce n'etait pas encore le aw>aam<rps des tacticiens ni la testudo des Komains, dans lesquels les boucliers leves au1. Cependant, d'apres Bstow, Heerwesen des Csar, p. 57, Yorbis des Eomains est une simple position de defense, tandis qu'ici le xOx^os est un ordre de marche. Voir aussi Kraner, l' Armee romaine au temps de Qear, trad. Larroumet et Baldy, Klincksieok, Paris, p. 31, 33. 2. Arrien, Tact. XI, 4, dit propos du o-ovatTTrio-ft; : o-uuairSi STrn sf; TOCTV^S V/.VWITYJ; tw tplayya, w; Si. TVJV awtfi'fls x^tffiv TTTV Itf Exrspa ET' iy%wpeiv TTTV f^tv. Kai OTTO T O i s TOU cnjvatnrarfiou TYJV ^e^wvjjv 'Pwjjtaioi Trotouvrat, ro jroW pev TSrpaywvov, sort 5s OTTOU xat crTjOOyyOiviv i ETSpopwo OJTWJ ;iv Kpa-/<afiri. 01 pev evxx^b) TOU jr)iiv6iou v) TOU xuxXou (TTr,xT; TOUJ 6\>pso\ii; n'poSsS/yjvTat jrp <7ywv, oi ' Ey20TV?xoT; a-JTOt; ^ep TWV xstpawv ^O; 7rs(o ),/o-j ujrspaiwpvio'aj rrpoSyD.eTat. Blien .ajoute (ch, XI, fin) : 5e (TuvaoTrto"p.6; ('flfinyi.} JTJS; T TWV ji6ypayf*svw;

- 70 -

dessus de la tte, formaient comme un toit l'abri duquel on pouvait s'avancer sans danger. Dans la circonstance presente, au contraire, les soldats de Xenophon ont beaucoup souffrir des traits ennemis.

5. LE BAGAGE ET CE QUI S'T BAPPOETE

1) Personnel suivant l'armee. En dehors des soldats il y avait un personnel considerable qui accompagnait l'armee : c'etait par exemple les herauts, les trompettes, les porte-boucliers (imaimirrsii, ordinairement des esclaves suivant chaque hoplite en campagne), les serviteurs de tout genre (fnmpstau., c'est-dire ordonnances), les devins, les sacrificateurs et les medecins (1). Le Grec, meTne en campagne, voulait se priver le moins possible des commodites de la patrie. Aussi emportait-il des ustensiles de table et de cuisine, des couvertures, des vetements, etc. II y avait encore les tentes avec leurs piquets, les vivres, les marchands, et enfln les prisonniers. Pour le transport des tentes, des ustensiles et des vivres, on se servait de chars et de betes de somme (iro^yi), avec des gardes particuliers (ot Iwl TOTOI? 'VTSS). En un mot,
l. Voir Gaupp : das Sanittswesen in den Heeren der Alten, p. 6 sqq. Anab. III, 4, 30 : on mentionne hit tW/sauj.

71

le nombre des non-combattants etait au moins aussi grand, sinon plus, que celui des combattants ( J ). 2) Le bagage proprement du ou impedimentum. Cette multitude d'hommes et de bagages, appelee
tantt T crxiv! OU y\r,^ (2), tantt m-pari;

avec ses chefs particuliers (crpa-ro TSC) (3), non seulement enlevait l'armee un grand nombre de soldats charges de la proteger (4), et exigeait une quantite double de provisions, mais encore etait une cause de preoccupatioris pour les soldats qui allaient quelquefois jusqu' agir contre les ordres donnes (s). Le bagage etait un grave obstacle la rapidite des marches; entre plusieurs routes, il fallait souvent, surtout en pays de montagnes, choisir la plus longue pour permettre au bagage de passer (6). Aussi les Grecs, au commencement de la retraite, n'hesitent pas brler les tentes et les chars et abandonner tout ce qui ne leur est pas indispensable. Ce sacrice donnait plus de liberte leurs mouvements en mme temps qu'il augmentait le nombre
1. Anab. IV, l, 13. IV, 2, 20. III, 2, 27. De rep. Laced. XI, 2. Oyrop. VI, 2, 25. Voir Biistow et KcMy, gr. Kriegsw. p. 181. 2. Id. I, 3, 7. III, 4, 26. VI. 5, 3. 3. De rep. Laced. XIII, 1. i. Anab. I, 10, 3.

5. Id. IV, l, 13. IV, 3, 30. 6. Id. u!, 2, 27. IV, l, 13. IV, l, 21. IV, 2, 29.

72
des combattants. Dans le pays des Carduqucs, ils se decident mme n'emporter que les objets de premiere necessite et abandonnent tout le reste, ainsi que les prisonniers ( f ). 3) Place du bagage dans la marche. Dans la marche, le bagage demandait etre place de maniere qu'il ft l'abri d'un coup de main de l'ennemi et en meme temps la disposition des soldats si le besoin l'exigeait. Jusqu' la bataille de Cunaxa, chaque Stratege avait toujours avec lui le bagage indispensable s division (). Cependant, il serait difflcile de determiner s'il se trouvait l'un des deux flancs de l'armee, en avant ou en arriere. Le jour meme de la bataille, une portion se trouvait dans le voisinage, puisque les soldats avaient leurs armes sur des chars ou sur des betes de somme (3). Mais le gros du bagage, avec les provisions, semble avoir ete derriere la colpnne; en effet, comme le dit Xenophon (Anab. I, 10, 3. 5. 17), cette portion, avec son escorte de garde, se trouve encore dans le camp, quand le roi de Perse y penetre.
1. Anab. III, 2, 27. III, 3, 1. IV, l, 12-14. 2. Xenophon ne le dit pas expressement, mais c'est ce qui resulte des passages I, 3, 1. I, 5, 11; d'apres oe dernier passage, Menon et Olearque airivent l'Euphrate avant Proxene et Oyrus; et cependant il y est fait mention de leur camp et de leurs tentes. 3. Anab. I, 7, 20.

73 ~
Pendant la retraite, quand les Grees s'avaiujaient en longue colonne,s plac,aient le bagage entre l'avantgarde et l'arriere-garde (') avec une escorte de chaque cte (). Dans les montagnes, si pour forcer un passage l'avant-garde ou une division de l'armee devait prendre un autre chemin que l'arriere-garde, c'est cette derniere qui devait prendre soin du bagage en le recevant au milieu d'elle (3) (impedimenta intra legiones recipiuntur. Caes. B. g. 7, 67). De meme, quand il faut traverser des fleuves, le bagage est entre l'avant-garde et 1'arriere-garde (4). Dans la Cyropedie, VI, 3, l, l'armee de Cyrus marche dans l'ordre suivant : 1 eclaireurs; 2 cavalerie; 3 bagage; 4 Infanterie de ligne. Quand l'armee s'avance en ordre de bataille, le bagage reste la queue; si cette place est dangereuse; il se place sur le flanc qui parait le plus sr ou qui, comme dans l'Anab. II, 2, 4, est protege par un fleuve. Si ce n'est pas possible, des troupes marchent cte du bagage pour le proteger et aussi pour le cacher aux ennemis (5).

1. Anab. IV, 2, 9. 2. Oyrop. V, 4, 44 sqq.

3. Anab. IV, 2, 1-13.


4. U. IV, 3, 15. 26. 5. Oyrop. V, 4, 44 Bq. L'ABMEE ORECQUE >

- 74
Si l'annee sort de son camp poiir aller combattre, le bagage reste dans le camp avec les troupes chargees de le garder ( d ). On a vu plus haut la place du bagage dans le carre (eh. v, 4, c), 6, TACTIQUE DE COMBAT Sous l'influence des Doriens, l'ancienne tactique des temps herolques avait subi de prfendes modifications; la masse des troupes qui. l'epoque homerique, n'avait souvent d'autre rle que de servir de cortege aux chefs et de livrer, leur exemple, 'des combats particuliers, etait devenue l'eleinent principal du combat. Les hoplites, ou soldats pesamment armes, niancuvrant en phalanges compactes, formernt la base de l'arrnee. Comme le remarquent Rstow et Kchly (5), depuis les guerres mediques jusqu' l'expedition des Dix mille, c'est le combat des hoplites qui, seul, est decisif; quelquefois, les hoplites ont leurs alles de la cavalerie et de l'infanterie legere, mais il y a, dans ce cas, trois combats distincts; celui du centre, seul, est le principal, les deux autres sont si pe.u importants que les historiens ne prennent souvent pas la peine de les mentionner. Avec l'expedition des
1. Anal. VI, 4, 21. VI, 5, 3. 2, RRtow et Kchly, gr. Kriegs), p. H2 qq.

Dix mille, ce qui marque le progrs de la tactique de combat, c'est precisement l'union plus etroite des differentes armes constituant l'armee grecque, leur action commune pour obtenir la victoire. C'est grce cette nouvelle tactique, perfectionnee encore par Epaminondas, que les Thebains triompherent . Leuctres et Mantinee des Spartiates et de la vieille pha- . lange dorienne. 1) Ordre de bataille. A l'approche de l'ennemi, que l'armee se trouve campee ou en marche, le commandant en chef designe l'ordre de bataille dans lequel on devra s'avancer ou se ranger en presence de
i (st;

a) Les hoplites, dont le rle est de soutenir Tattaque principale, comrnencent par debarrasser leur bouclier de son enveloppe protectrice et se parer eux-memes le mieux qu'il leur est possible. (Les Lacedemoniens ornaient leur tete d'une couronne (2), comme le fait, par esemple, Chirisophos, dans l'Anab. IY, 3, 17.) Puis ils s'avancent en phalange compacte, c'est--dire en ordre de combat. (Yoir eh. iv, 6.) La profondeur ordinaire, comme on l'a vu plus haut (eh. iv, 6) etait de 8 hommes; cependant, suivant les
1. Anal. I, 7, 1. I, 2, 15. I. 3, H. Of. IV, 8, 9. 2. Xen. De rep. Laced. ed. Haase, p. 197. Kai jirfiva Aaxsetvai.

circonstances, la profondeur pouvait etre plus considerable et le front plus etroit (1^1 no\\vs TEtay^svou;). Pour eviter d'etre deborde par les alles de l'ennemi, on pouvait aussi restreindre la profondeur et etendre
la ligne de front (in' oi.iyuv TSTayftevov; tEvai) ( f ).

Les premiers rangs se plac,aient de maniere etre prets une attaque immediate (g. 28, pl. n); les derniers rangs, qui probablement tenaient leur lance droite ou la faisaient reposer sur les epaules des hommes places devant, n'avaient qu' se maintenir solidement, appuyer les rangs anterieurs s'ils etaient presses, les pousser en avant et les remplacer au besoin ("2). On ne sait rien de positif sur la place qu'occupait le general dans l'ordre de combat pas plus, que dans l'ordre de marche; les enomotarques etaient dans le rang, mais toujours l'aile droite du premier rang de leur enomotie; les penteconteres etaient dans l'ordre de bataille probablement places au premier rang dans les intervalles des pentecosties, l'aile droite (3). La phalange comprend deux ailes, la droite et la gauche (T <?e?tv /.i T ewvuftov, s.-ent. x4pt), et un centre (T ^so-ov) (4).
1. Anal. IV, 8, 11. 2. Haase, au mot phalanx, p. '116. 3. Estow et Kclily, gr. Kriegsw. p. 121. i. Anab. I, 2, 15.

b) L'infanterie legere est disposee diversement suivant les circonstances, tantt en avant de la phalange, tantt en arriere, tantt une seule alle, tantt sur les deux en meme temps. Quelquefois, eile se trouve partagee en trois corps dont deux aux alles, un autre devant le centre (1). Dans l'Anabase, V, 4, 22, les troupes legeres se trouvent reparties dans les intervalles des colonnes de compagnies (). c) La cavalerie occupe aussi diverses places. Dans l'Anabase, VI, 5, 28, eile se trouve l'aile droite. Dans l'Anabase, I, 8, 5, les cavaliers paphlagoniens de la cavalerie de Cyrus sont l'aile droite cte des peltastes grecs, les autres l'aile gauche. Oette disposition fixe de combat fut abandonnee par les Grecs, sur la proposition de Xenophon, dans l'engagement contre Pharnabaze. On forma trois divisions de r.eserve de 200 hommes chacune.que l'on placa une distance d'un plethre derriere les deux alles et derriere le centre. Mais Xenophon ne dit pas si ces troupes de reserve prirent part au combat (3). 2) Le combat. a) Quand l'armee a pris ainsi ses dispositions, on sacrifie aux dieux, car on ne marche
1. AnM. IV, 8, 16. 2. Rstow et Kchly, gr. Kriegsw. p. 130 sq. et p. 158. 3. Anab. VI, 5, 4-32. -Bnstow et Kchly, gr. Kriegsw p. 157.

78 guere au combat que si les auspices sont favorables (d). 1 Le general harangue alors ses troupes, puls donne le mot d'ordre (<n0yjfia) aux hommes de l'aile drqite. Ce mot d'ordre, chuchote -l'oreille, passe ainsi jusqu' l'aile gauche pour revenir ensuite l'aile droite
(vraTrs^oTO, mtpepyj-cai Stvrepw) ("2). Oll choisissait to'U-

jours des mots d'heureuse signiflcation et de bon augure, surtout des noms de divinites sous la protection desquelles on se plagait. On prenait ordinairement le nom simple du dieu; .quelquefois on y ajoutait, soit sans liaison, soit l'aide de /.', celui d'un autre; par exemp.le : zeij amio 7.0.1 Nix (cf. Plut. Demetr. 29). Zeus rwTvjp designe le dieu puissant qui sauve du danger et dont les Grecs aiment invoquer la protection; WtW fait songer, soit la fameuse statue de Phidias representant ces deux divinites, soit Zeus et Athene Nice. Dans le chap. VI, 5, 25, on choisit
.1. Ces saerifices precedant les batailles ne sont point mentionnes dang VAnab., probablement parce qne le voisinage de l'ennemi en empeche Ja celebratiou. Le sacrifice cite, I, 8, 15, doit etre regarde comme celui qu'il est d'usage de celebrer au moment de lever le camp (voir oh. v, 1). . Oependant avant les incnrsions ou d'autres entreprises de ce genre on sacrifie, Anab. II, 2, 3. IV, 3, 19. 6, 23. VI, 4, 9. 13. 5, 2. 6, 36. VII, 2, 17. Dans V Anab. IV, 8, 16,,:des prieres sont mentionnees au lieu de saerifices. 'On trouve une description detaillee d'un combat dans la Cyrop. III, 3, 58-63. Of. VII, l, 25. 2. ^06. VI, 5, 25. I, 8. 16. VII, 3, H. Virg. Mn. VII, 637 : it iessera. Voir W. H. Rscher, sur l'usage du (Tiivjjpa, dans le Jahrb. f. Fholog. u. Pdag. 1879.

79'
pour mot d'ordre H/sax/.-i;; vj^/sy/jv, parce que, pour les G-recs, c'etait le guide ideal qtd devait les conduire dans ces pays lointains qu'il avait M-meTne parcourus en vainqueur. Xenophon explique (VII, 3, 39) pourquoi on prit pour mot d'ordre 'A8>jva/. b) A une certaine distance de l'ennemi, le general. entonne le pean que toute l'armee accompagne en invoquant le dieu Ares. Alors les soldats s'avancent
(livm, imivM, Tr^ouystv, Tropsso-fiai liri TO; ^o>s^touc) en

s'exhortant mutuellement (wp*x'Xsiv) , tout d'abord lentement, au pas, et autant que possible en gardant leur ligne (1). Les hoplites tiennent leur lance toute prdte, les peltastes enroulent la laniere autour de leur javelot, les archers arment leur arc, les frondeurs ont leur gibeciere (dupipa.) garnie de projectiles et preparent leur fronde (2). Quand enfln les armees sont en presence l'une de l'autre, les trompettes sonnent l'attaque (ro^m'Seiv,
(Dj(i('vstv TA jro^efuxdv, <rv)p.atvs*v T^ o-a^Trty/t). AlorS, SOUS

cette sonnerie eclatante et en poussant le cri de guerre : ilslev et .lal, les soldats s'elancent au pas de course (fydpj. /jft). Les hoplites abaissent leurs
1. Anab. VI, 5, 21. IV, 8, 11. 16. VI. 5, 11. 17. I, 8, 18. V, 1, 24. 26. VI, 5, 25. 2. Id. V, 5, 25. IV, 3, 28. V, 2, 12 sq. .

gQ

lances (xaSisvai, rtpoyXKsaOcu r 7r).a( infensis ou infestis hastis provolare], d'autres les heurtent contre les boucliers pour effrayer les chevaux ennemis, et les troupes legeres lancent leurs traits. L'ennemi attend rarement le choc; il s'enfuit (IjtxWwt xal ysysi) avant meme que les traits l'atteignent, et on se met la poursuite des fuyards ('). Si l'adversaire soutient l'attaque (virapsvu) et accepte le combat (<%STI, !j xsEPs tfezeTt), les hoplites des deux armees cherchent se frapper de leurs lances (voir flg. 33, pl. III) et rompre la ligne ennemie (Sia.x6muv) (2). Les lances viennent-elles se briser, alors commence ce qu'Archiloque appelle : le trava douloureux des glaives (3). c) Quelquefois ce sont les troupes legeres qui, depioyees en tirailleurs, engagent d'abord le combat (4);
1. Oependant, daus les combats livrs entrerecs, la phalange victorieuse est peu disposee poui^suivre les fuyards, surtout si eile ne possede ni cavalerie ni Infanterie legere. O'est que, suiVnt la reaarque de Estow et Kchly, les batailles de cette epoqne aont plutot des duels de masse que des oombats d'esterinination: on ltte pour rester martre du champ de bataille; elever un tropb.ee et ensevelir ses morts est le signe de la victoire bieu plus que l'aneantissement de l'adversaire.
2. Anal. I, 2. 17. IV, 3, 29, 31. IV, 7. 15. V, 2, H. VI, 5, 26 sqq. I, 2, 9. I, 6, 10. VI, 5, 17. 'l, 8, 10. IV, 8, 11. 3. Archil. frag. 3, dans Schneidewin, Del.p. 172 :fyaicavSi KoliiuTovov eo-jiTat s/Jyov. Of. Herod. VII, 224. Liv. II, 46 : pugna jam in riianua, jam ad yladios, ubi Mars est atrocigsimus, venerat. Sall. Oat. 60 : gladiis res gepitur.

4. Voir plus haut, fhftp. In, S et Anab. V, 2, 10.

8l par une course rapide, ils s'elancent suivis des hoplites et mettent l'ennemi en fuite. Dans 1'engagement avec Pharnabaze (*), ils sont obliges de plier devant la ca valerie et l'infanterie bithyniennes; mais les hoplites les remplacent et l'ennemi prend la fuite, poursuivi de nouveau par les peltastes et la ca valerie qui le met dans une complete de'route.

d) Apres la defaite (rrev:vai -$ f*x'C' ipi<rO<u), si l'on renonce poursuivre les vaincus (Awxsiv, s<fima(li), ou qu'on doive abandonner le combat, on donne le Signal de la retraite (xodEiTOai -cy af.myyi, receptui canere) et on se retire (Tro^wpsiv, xirorpiyjiv, pedem referre). Craint-on, pendant la retraite, une attaque de l'ennemi, on s'eloigne pas pas (erri m*}* va^oefv) (2) en faisant front vers lui; puis, des qu'on est hors de portee des traits, on fait demi-tour et on accelere la retraite (3).
1. ^06. V, 4, 22. VI, 5, 26. 2. Anab. I, 2, 9. VI, 5, 26. I, 8, 19. VI, 5, 18. V, -l, 21. IV, 4, 22. V, 7, 16. VI, 5, 17. V, 2, 6 sqq. VII, 6, 5. V, 2, 32. 3. Cyrop., VII, 5, 6. Haase, au mot phaianx, p. 417, fait du combat spartiatu la description suivante : Immediatement avantla bataille, l'ennemi ctait dj en vue, qu'on celebrait encore des sacrifioes, et ce n'tait pas seulement Artemis Agrotera qu'on immolait une chevre, on honorait aussi les Muses et Bros; lo roi ot son escorte cleposaient les armes, les fltes jouaient dos molodios guerrires et toute l'armee se parait de couronnes. Les Muses devaient donner la justesse et lo calme aus moiivements et Eros inspirer la fidcjlite envers les compagnons (Plut. Arist. 17. Haase ad Xen. De rcp. Laced. XI, 4 [XIII, 8]). Tous les signes exterieurs de l'allegrease et du courage : une longue chevelure.
L'ARMlE GnBCQUE 4.

3) La victoire] le trophe'e. Apres avoii gagne une bataille ou echappe quelque danger serieux, on offre aux dieux des sacriflces d'actions de grces; puis, comme marque de la victoire, on eleve un trophee (rpoTratov <7T<7ai, crrvj<7a<r0ai) l'endroit o l'ennemi a succombe ou a pris la fuite (rpema, rponri) ('). Ce trophee des armes nettoyees et ornees avec le plus grand soin, une tunique couleur de pourpre qui dissimulait le sang s'eChappant des blessures, des boucliers etincelants, des casques de metal ou de feutre ornes de couronnes, de longues lances la point.e aoree et des glaives tres courts (gu-Aw), donnaient au guerrier spartiate un aspect la fois joyeux et imposant. Vainqueurs, ils gardent lenrs rangs et pcmrsuivent l'ennemi sans dcsordre, ou bien ils detachent < s poursuite les plus jeunes hoplites ou de la cavalerie s'ils en ont leur disposition ; meme vaincuu, ils se replient en bon ordre . Voir aussi ce sujet stow et Kchly, gr. Kriegsw. p i6 so 1. Anah. IV, 6, 27. VI, 5, 32. VII, 6, 36.

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etait fait de pierre, de bois ( 4 ) ou d'airain (*), et, comme le montre la figure 20, se composait ordinairement d'un tronc.cn d'arbre, que l'on revetait d'une armure complete et au pied duquel on entassait differents debris du butin. On y ajoutait aussi une inscription (3). Les morts recoivent aussitt les honneurs de la sepulture; on eleve un vorayto la memoire de ceux qui n'ont pu etre retrouves (*). On emprte, quand cela est possible, ceux qui succombent pendant la marche et on se fait rendre, pour les ensevelir, les cadavres qui sont restes entre les mains de l'ennemi. Les blesses et les malades sont emprtes et traites avec le plus grand soin; tandis que le reste de l'armee est campee au dehors, on les place dans les maisons, mSme contre la volonte des habitants, sous la protection de postes (s).

1. Diod. Sie. XIII, 21. 2. ic. .De inv. u, 23. 3. Lafigure 20 est empruntde a.VElite des monuments ceramographiques, de Lenormant et de Witte, t. j, p. 94 : Une Victoire trace une inscription sur le trophee. Pent-e'tre faut-il considerer corome un trophee le tertre de pierre eleve (Anal>. IV, 7, 25), bien que Xcnophon ne ledisepas expreasement. 4. Anal. VI, 4, 9. Nitsch, ad Odyss. 9. 66. C.-F. Hermann, Privataltt, 40, 5. Anal. IV, 7, 2 sqq. V, 2, 10 sqq.

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OHPITBE VI Cniupemcnt et fortiflcatoa. 1. LE CAMP Xenophon et Polybe sont peu pres les seuls auteurs qui nous donnent quelques indications sur le mode de campement des Grecs, et ces renseignements manquent souvent de precision ( f ). 1) Disposition et Organisation du camp. 'Dans les marches ordiuaires, on faisait halte vers 4 ou 5 heures de l'apres-midi et l'on etablissait aussitot le cam-p (orpa-oTretfeussSai) s'il n'y avait pas de ville ou de village assez grands pour contenir l'armee tout entiere; etre campe se dit xaS^ai. Immediatement, on dechargeait les betes de somme et on elevait les tentes (rx-dvig). Elles etaient recouvertes de peaux, disposees en flies pour chaque division de l'armee (2) et separees Fune

1. Xen. De, rep. Laced. XII. Cyrop. I, 6. III, 3. VI, 1. VIII, 5. Folyt. VI, 42. V, 20, 48. XVIII, 1. Q. Gurt. IV, 13. Voir Saglio, Dict. des Ant.iq., au mot castra. 2. Anal. I, 5, 10. IV, 4, 8 sq. II, 2, 20. 't, 15. III, l, 3, 33. V, 7, 21.1, 5, 13. III, U 32.

de l'autre par des intervalles necessaires pour placer les armes et preparer la nourriture (*). On ne sait pas le nombre de soldats qui logeaient sous la meme tente; il est certain cependant, d'apres l'Anab. I, 5, 12, que le Stratege avait une tente por lui seul(2). Sur la forme et I'organisation Interieure du camp, l'Anabase donne peu de dtails; c'etait probablement des castra quadrata; peut-0tre aussi, parce que la maj orite des mercenaires venaient du Peloponese, etait-ce la forme circulaire recommandee par Lycurgue: eomme les angles d'un quadrilatere resistent mal l'ennemi, il faisait camper son armee en cercle, moins qu'elle ne ft defendue par une montagne, ou qu'elle n'appuyt ses derrieres une place fortiflee ou un fleuve (De rep. Lac. XII). Ce qui est sr, c'est que les troupes campaient dans un ordre determlne et par loches (3).
1. Dans la Cyrop. VIII, 5, 3-14, Xenopbon decrit l'intcrieur d'un camp, mais probablement tel qn'il aurait du tre. <i yrus, dit Saglio (Dict. des Antiq.), accordant aus Greos une grande confiance, avait peut-etre suivi leur inspiration sur ce point. En outre, Xenophon a decrit ces dispositions avec complaiaance eomme s'il en etait l'auteur, et on remarquera l'analogi qu'el-les presentent avec les prescriptions de Lycnrgue (De rep. Laced. XII). * Les armes etaient placees l'exterieur du camp. Anab. I, 5, 17. 2. Cyrop. II, l, 25 : une tente contient 100 hommes. La tente du gcneral s'elevait au centre, o aboutissaient toutes les rues du camp. 3. Anab. U, 2, 20. V, 5, 21. III, l, 32.TV, 4, 8.

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Devant le camp il y avait une place speciale, appelee simplement rot fala., ou l'on deposait les armes. Les camps de grande dimension avaient un emplacement reserve aux assemblees; l se dressait un autel o s'accomplissaient les actes solennels (T pso-ov) ('); il y avait encore une place pour le marche o, sous l'inspection des yooavd^oi, on achetait les choses necessairea la vie (voir plus bas, 2, subsistances). Le ble et le vin etaient apportes par des marchands, la plupart de Lydie, qui les soldats yendaient leur part du butin (2). Le camp des Grecs n'etait pas fortifie. Une exception cette habitude est mentionnee (VI, 5, l,) mais eile trouve son explication dans ce fait que les Grecs sejournent longtemps dans leur camp, qu'ils fnt de l quelques incursions dans le pays et qu'ils doivent s'assurer un abri contre des attaques soudaines (3).
1. Id. III, 2,1. 2. Id. I, 5.6. 3. Polyb. VI, 42 : Les Grecs. propos des camps, considerent comme tres importaiit d'en etablir l'aasiette en raison de la foroe des positions; ils evitent ainsi la peine de creuser des fosses. Ils adoptent aussi que les fortifloations artiflcielles ne valent pas celles qu'oifre la nature. Par suite, ils sont obliges de chauger completemeut la forme de leur installation en se guidant sur la conflgul'ation du sol et en faieant varier chaqae fois les dimensions suivant les diffrents terrains. II en resulte que chacun est incertain relativement a l'emplacement que doivent occuper et lui-mme et le corpa dont il fait partie. Les Romains preferent prendre la peine de creuser des fosses et d'executer lea travaux necess.aires

87 2) Repas du soir. Quand l'installation du camp est terminee et les armes deposees au lieu indique, les compagnons de tente pr epar ent le r epas (Tfaimov)apres s'etre procure du bois dans les environs en rnme temps que du fourrage pour les betes de somme ('). Apres le repas on distribue le mot d'ordre, et s'il y a lieu, on donne les ordres pour un depart nocturne, puls, vers le coucher du aoleil,, on etablit les postes de nuit (2). Les autres soldats quittent leur vStenlent de dessus (Xenophon, dans l'Anab- IV, 4,12, est yu^vj (3) en bivouac) et au Signal donne (v7ruorfy>iov) se livrent au repos (*). 3} Postes de nuit. Outre les avant-postes et les sentinelles disposees l'interieur et l'esterieur du camp, on envoie encore, suivant les circonstances, quelques soldats enreconnaissance,qui retjoiventegalement un mot d'ordre f). La nuit est partagee en 3
pour conserver leur liberte d'action ainai que l'avantage d'avoir une installation nnique connue de tous et de forme invariable. 1. Anab VI, 4, 26. II, 4, 11. 2. Oyrop. VIII, 5, 8. IV, l, 1-7. IV, 5, 3-5. V, 3, 41 sq. Anab. VI, 3, 21. VII, 3, 34. Voir Eustow et Kchly, gr. Kriegsw. p. 195. 3. L'adjectif yufm; peut avoir trois sens : 1 nu; 2 legement vtu, Sans tunique; 3 saus armes defensives. 4. Les Spartiates, apres le repas, offraient un sacrifice axix dieux et chautaient jusqu'au coucher. 5. Anab. II, 4, 23. V, l, 9. Oyrop. IV, l, 1. Anab. VII, 3. 34.

veilles dont la duree varie suivent l'epoque de l'annee o l'on se trouve. La premiere commence l'entree de la nuit et dure jusqu' minuit; la deuxieme jusqu'au crepuscule; la troisieme jusqu'au moment du depart, On ne peut dire s'il y avait dans le camp, comme. dans les places fortes, des rondes d'inspection, Durant toute la nuit des feuxrestaient allumes dans le camp; c'est ce qui resulte du passage de l'Anab. VI, 3, 20 sq., o l'on mentionne leur extinction dans le but de tromper l'ennemi. Dans l'Anab. VII, 2, 18 Xenophon parle de l'habitude qu'ont les Thraces d'allumer des feux en dehors du camp et meTne assez loin des postes, et il la recommande aussi dans la Gyrope'die, III, 3, 25 ('). En cas d'alarme ou d'une arrivee soudaine de l'ennemi, les soldats, soit au Signal (cr^eiov) donne probablement par la corne recourbee (pl. III, flg. 32) (^'vsi r XEOTI, -6 zipa; av)ftivst), soit au commandement des
Chefs (na.c.yyi\\iiv sl- r ojr^a, xit.efaiv Inl ty. ojr^a) (2), SOlt

de leur propre mouveinent, courent aus armes (et; r TT), T^E^Etv) (3), et apres que l'on a fortifie les postes, passent la nuit tout armes (lv TOI? o7r),cts wxirspsustv == in armis excubare. Caes. B. g. l, 11).
1. Voir Xen. Hell. VI, 2, 29. Hipparch. IV, 11. 2. Dans VAnaba.se ces ordres ne sont donnes que de jcrar et ne sont ici mentionncs que pour l'ensenible. Anab. I, 5, 13. Hell. II, 3, 20. 3. Anal. VI, i, 27.

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4)'Nottfication des ordres dans le camp. Le heraut etait Charge de toutes les notifications des ordres; c'etait M qui convoquait l'armee en assemblee et qui indiquait l'heure du depart. Souvent aussi, surtout pour tromper l'ennemi poste dans le voisinage, on faisait donner les signaux par la trompette ('). Ou bien encore, le commandement se transmettait de bouche en bouche, si on ne voulait pas qu'il ft entendu par les ennemis (2). 5) Occupations de la journe'e. Si l'on doit sejourner plusieurs jours dans le meine campement, on etablit mm'e de jour des sentinelles et des posles avances. Oe sont eux qui reoivent les parlementaires ennemis, toute negociation devant se passer en dehors du camp (3). Dans le camp, la journee n'est pas seulement employee aus apprts des repas et aux exercices militaires; on celebre aussi les fetes nationales par des sacrifices et des jeux (4). Apres une victoire ou quand on a echappe un grave peril on se livre desrejouissances de toutes sortes qui se prolongent quelquefois jusque bien avant dans la nuit. On peut voir dans l'Anab. "VI, l, 9, la description d'une nuit de fete (5). 1. AmA. II, 2, 4.
2. Voir plus haut, oh. iv, 3. BBtow et KoHj, gr, Krlegsw. p. 195. 3. Anal. V, l, 9. 7, 21. II, 3, 2. 4. Id. I, 2, 10. 5. Voir Estow et Kchly, gr. Kriegsw. p. 191,

- 90 2. SUBSISTANCES

Les vivres (rfroj, SWITCH*) etaient, comme on l'a vu : plus haut, transportes la suite de l'armee sur des chars et par des btes de somme, et mises en vente par des marchands sur la place du marche dans le camp (voir eh. VI, l, l") sous l'inspection des 70/1vopot ('); cependant, surtout dans la marche vers Babylone, c'est pendant les jours de repos'que l'on renou-' velait les provlsions. Elles furent achetees, aussi longtemps que les habitants de la contree que l'on traversait ouvrirent leur marche. Meme pendant la retraite les Grecs acheterent leurs vivres, tant qu'ils eurent de Pargent et qu'il y eut du ble vendre () (yopv Kttatyiiv,-ayosfay, ayop&ZiaQKi) (3). Ce n'est que quand l'argentmanqua qu'ils prirent de force ce qui leur etait necessaire. Le soir, apres avoir fait halte, on partait larecherche du butin (x.aS' pKtyiiv, \vl leim I^tevat, ou simplement I?tivt, ou encore Uvcu ini r eniriifoia.'), et on pillait et on rapportait tout ce qui tombait sous la main (/v xal pepew). Ces expeditions se faisaient soit
1. Les yopavouoi (Anab. V, 7, 2, 23, 29) faisaier.t la police du marohe. Voir Hermann, Staatsalu. 150. Pi-ivataltt. 59, 10. 2. Dans VAnab. H, l, 6, les Grecs ne se nourrissent absolument que de viande. 3. Anab. l, 3, H. 5, 10.

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par bandes dispersees, et par suite plus exposees aux coups de l'ennemi, soit par troupesenbonordre; dans ce cas une partie des soldats et des serviteurs (<?o/wyopos) etaient munis de perches, de sacs, d'outres et de tout ce qui pouvait servir transporter le butin ('). Tout le butin .qui n'etait pas d'une utilite immediate pour l'entretien de la vie, comme les chevaux, les objets d'or et d'argent, formait le bien commun de l'armee ( xoivdv). On s'en servait pour les depenses. communes, par exemple pour payer les guides, le batelier, pour acheter.des armes (*}. Chaque fois que l'occasion se presentait, on vendait le butin, et les Lacedemoniens avaient cette intention des gens appeles ln^pmlm ( 3 ): l'argent qu'on en retirait etait distribue entre les soldats la fln de la guerre. C'est ce que firent le's Grecs leur arrivee sur les bords du Pont-Euxin. Avant la distribution on en retirait pour les dieux un dixieme que l'on donnait garder (yu^arTu) aux strateges (4). Ceux-ci enfaisaient faire des objets pieux revtus d'inscriptions rappelant le nom du donateur et l'occasion du present; quelquefois ils achetaient un terrain sur lequel ils btissaient
1. Anab. V, 5, 16. U, 6, 5. V, 5, 13. VI, 5, 21. V. l, 17. V, 2. 1. V, l, 6, VI, 4, 23. . 2. Id. IV, 7, 27. V, l, 12. III, 3, 18. 3. De rep. Laced. XIV, 11. Seil. IV, l, 26. Anab. VH, 7, 56. Ag. l, 18. i. Anab. V, 3, 4.

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un temple et un autel et consacraient le dixieme du revenu la celebration de sacrifices solennels (').

3. VlLLES FOBTIFIEES DE LA GBECE

Depuia les guerres mediques, la plupart des villes grecques, l'exception de Sparte, avaient ete, l'exemple d'Athenes, entourees de fortifications. Les anciennes acropoles, autrefois les seuls points fortifi.es des villes, ne furent plus que des citadelles au sens propre du mot. Toutefois, jusqu' Alexandre, la poliorcetique grecque fait peu de progres. Dans les guerres entre les peuples de la Grece on trouve peu d'exemples de Sieges de grande vle. Athenes est prise par les Spartiates, mais eile succombe plutt par trahison et par la famine qu' la suite d'un siege veritable. On trouve quelques petites places sur les. frontieres, par exemple Panactos, CBnoe et Phyle sur celles de l'Attique, Ion et Leuctres sur celles de la Laconie au temps de l'invasion d'Epaminondas; mais ce sont des postes d'observation bien plus que des places fortes pour arreter l'ennemi. Parmi les places de quelque importance, il faut signaler celles que l'on etablissait sur le territoire me"me de l'ennemi et qui
I, Hermann, Gottesdienst. AUt. 8, 15. 20, 4. 24, 19.

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etaient uiio meriace perpetuelle pour l'adversaire : telles etaient Pylos et Decelie (J). 1 Mur d'enceinte. Le mur d'enceinte, fait de pierres, quelquefois de briques. suivait le contour de la vilJe. Sa hauteur et s largeur etaient fort variables. Les murs du Piree etaient assez larges pour laisser passer deux chars de front (-). Les murs etaient ordinairement couronnes de creneaux (Inotigus) d'une epaisseur de quelques pieds seulement pour permettre aux defenseurs de se mouvoir librement derriere eux. De distance en distance, peu pres une portee de fleche, s'elevaient des tours formant saillie sur le mur. Ordinairement c'est au-dessous des tours qu'etaient les portes (3). B n'y avait pas toujours de fosse, car les murs etaient construits et ne consistaient pas seulement en un amoncellement de terre. On en trouve cependant en cas de siege pressant. De la terre que l'on retire on construit une Sorte de glacis (irpoTsf/tTf/.); et entre ce glacis et le mur de la ville se trouvait aussi un chemin abrite pouvant servir aux operations (*). 2 Organisation inte'rieure. La division, qui regnait dans presque toutes les villes, favorisait 'singuliere1. 2. 3. 1. Voir Estow et Kchly, gr. Kriegsw. 19S sqq. Thucyd. I, 93. Thucyd. II, 17. Philon, V, p. 83. Aeneas. Tacl. cli. xxxvu.

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ment les assiegeants. Se creant des intelligences avec le parti vaincu, ou agissant, par surprise, ils e vitalent la longueur et les difficultes que presentait le siege de la plus petite ville. C'est ainsi que les Thebains prirent Platee (432), les Atheniens Megre (424), les Lacedemoniens Lecheeon (393) et la Cadmee (382). Aussi prenait-on dans la ville les mesures de precaution les plus minutieuses : interdiction de toute reunion, surveillance rigoureuse des personnes et des correspondances, reglementation severe du Service de garde. Les villes bien administrees etaient divisees en quartiere; chaque quartier avait un chef et un corps de defenseurs : les uns etaient designes pour les postes, les autres pour les rondes et les patrouilles ), d'autres enfin pour les secours (TWV JTO'VOU) et les sorties (egoifoi). Le reste des .troupes disponibles etaient reunies sur les places pour se porter vers les points envahis par l'ennemi (!). 8 Surveillance des murs : postes, sentinelles, mot d'ordre. Le mur d'enceinte est garde sur tout son circuit par des sentinelles fournies par des postes e'tablis dans les tours; les sentinelles etaient ordinairement munies de lanternes qu'ils elevaient en cas de danger et dont la flamme pouvait etre aperc,ue du quartier general de la place. La nuit etait partagee en
1. Aen. Tact. eh. x, l.

..- 95
trois veilles; aussitt que les sentinelles etaient disposees, chaque poste principal detachait un homme pour faire la ronde (mpiotot); devait aller jusqu'au poste suivant'et inspecter les sentinelles sur son parcours; cette inspection avait lieu chaque veille, c'est--dire trois fois durant la nuit. Comme moyen de contrle on se servait aussi d'un petit bton qui devait circuler de poste en poste autour du mur et revenir l'officier qui l'avait remis. Enfin, du quartier general de la place on elevait de temps en temps une lanterne allumee; ce Signal devaient aussitt repondre les lanternes des postes. Les portes etaient naturellement l'objet de la plus grande surveillance. En cas de danger, une seule reste ouverte le jour; mais toutes sont fermees la nuit. Un poste (mAwpo;) les garde qui exerce sur tout ce qui rentre et ce qui sort le contrle le plus severe (1). Pendant le jour, si la ville n'est pas etroitement cernee, ily avait des postes avances que l'on etablissait en avant des portes sur des points d'o le regard pouvait s'etendre au loin; chacun d'eux devait avoir au moins trois hommes (^epo<rxo7rot). Les avertissements simples se transmettaient par des signaux optiques (o-ua-o-^uara) que l'on apercevait de la ville. Si la distance etait trop grande,' il y avait des postes inter1. Aen. Tatst, eh. xxix. eh. v.

mediaires. Pour les avis qui ne pouvaient se transmettre de cette fac_on, on les faisait apporter par des cavaliers repartis dans les postes cette Intention (!). Comme dans le camp, le mot d'ordre (cvvQypa.') servait de signe de reconnaissance pour les rondes, les patrouilles et les postes entre eux. C'etait un mot facile . retenir et ayant quelque rapport avec la circonstance o l'on est et avec la Situation de la vle. Iphicrate donna aus sentinelles et aux patrouilles un mot d'ordre different. La ronde, interpellee par la sentinelle, donnait son mot et la sentinelle repondait par le sien. Les surprises etaient par l rendues moins faciles. H y avait de mme un signe accessoire (*o<Tvv6v]./.(x) accompagnant le mot d'ordre : c'etait par exemple, le jour, faire un mouvement du casque ou de la lance; la nuit, tousser ou frapper des mains(s). Teiles etaient en general les mesures prises par les villes assiegees ou menacees d'un siege. II nous reste voir rapidement les operations dirigees par les ssiegeants contre une place.
4. - SlfeES ET TBAVAX DE SlilE

Les assiegeants commenijaient par etablir une ligne de circonvallation qui fermait toutes les avenues de
1. Aen. Tact. eh. VI. 2 Aen, Tact. eh. xxrv et xxv.

la yille; elk cnsistait tantt en constructions de mac,onrierie, tantt en palissades, quelquefois en glacis avec des fosses. C'est ce qu'on fit Platee (430), Syracuse (415), Mantine'e (385), Phlionte (380). Tandis qu'une partie de l'armee assiegeante etait occupee oes trayaux, l'autre partie restait sous les armes pour les proteger contre ies attaques de toute sorte des troupes assiegees. L'investissement sufflsait quelquefois pour amener la ville capituler; quelquefois aussi, pour eviter les longueurs d'un blocus, on tentait d'escalader les murs et de briser les portes, si les remparts etaient peu eleves et mal surveilles(i). Mais si la place etait solide et bien ravitaillee, on etait oblige de faire un siege regulier qui consistait en deus operations principales : se creer un passage travers les murs (jtftxrxytayii foj/avripaa-iv), puis penetrer dans la ville par cette ouverture (Trpoo-nywy^ nwfi(Tiv)(). Le'passage dans le mur pouvait etre obtenu de trois manieres : par une breche, par un terrassement arrivant la hauteur du rempart, enfin par une mine. 1 Creusement de la brocke. Parmi les machines destinees creuser une breche dans les murs, la plus
1, Le bloous etait tonjours fort long; Phlionte (380-379), mme mal approvisiounee, resista Vingt mois. Xen. Hell. V, 3, 25. 2. Xenophon decrit dan* VAAab. des sioges, IV, 7, 2. V, 2, 10. VII, 8, 12. OHEOQUE S

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ancienne et celle qui, sous differentes formes, s'est maintenue jusqu' l'invention de la poudre, est le belier (xpw's, aries). Les Carthaginois auraient eu l'idee, lors du siege de Gades, d'employer une forte poutre, manoeuvree bras d'hommes, pour ebranler les murs('). Un constructeur de vaisseaux tyrien, Pephasmenos, se serait ensuite avise de suspendre horizontalement le belier une poutre placee sur des montants; enfln, ce serait le Carthaginois Geras qui l'aurait etabli sur une base roulante et recouvert d'une toiture pour abriter les soldats occupes la manoeuvre. Cette machine fut perfectionnee d'abord par Denys de Syracuse (vers 400). En Grece, Pericles ee servit du belier au siege de Samos (440); puis on le trouve employe au siege de Platee (480) (2). Un autre moyen, aussi ancien, etait soit de percer le mur de part en part (<?p<r<iv), ce qui permettait de paseer immediatement dans la ville sans abattre n pan de mur, soit de creuser les fondements jusqu' la moitie de leur epaisseur : en resultait un ecroulement (nstrnpa.) qui facilitait l'escalade (3). Pour ces travaus on se servit plus tard de machine percer

1. Athenee, p. 3, dans Veteres mathematici, ed. Th^venot. Vitruv. oh. x, 19. Leo, Tact. eh. xv, 28-35, 47-61. 2. Diod. XH, 28. Flut. P6ric&, 27. 3. Aen. Tact. eh. xxxn.Voir l'Arm&e romoiji6,par Kraner, trad. frani;., p. 76, Paiis> Klinoksieck.

- 99
dont on n'a pas de description prcise('). Quoi qu'il en soit, les hommes employes creuser etaient proteges contre les projectiles par des abris roulants ou tortues de breche (xWni <Ftojwrfj) (2). 2 Terrassements et tours. On cherchit aussi s'elever au niveau des murs pour apercevoir les preparatifs de defense et atteindre plus facilement les defenseurs. C'est ce qu'on obtenait l'aide de terrasse'ments et de tours. Les terrassements ou amoncellements de terrs (xwftara) precederent l'usage des tours (mjpyoi) ; ils aont employes au siege de Platee ; mais, comme ils devaient 6tre construits sousles projectiles ennemis et offraient par Suite de graiids dangers, on dut songer de bonne heure les remplacer. On fabriqua des tours de bois qui, elevees loin de la portee des traits, etaient ensuite poussees, l'aide de rouesjusqu'au rempart. Toutefois elles furent perfectionnees plus tard, quand se developpa l'usage de la grosse artlerie. Pour proteger les hommes employes elever les terrassements, pousser vers le mur les machines de breche et les manoeuvrer, on se servait d'abris toitures de roseau recouvertes de peaus mouillees xt'aj). Si cependant les assiegeants disposaient
1. Aen. Taut. eh. xxxn. Attenee, p. 5. Apollodor. p. 19. 2. Aen. Tact. eh. xxxu, Apollodor, p. 16.

100
de machines puissantes, ces abris e'taient faits de poutres et de planches solidement agencees (<). 3) G-aleries souterraines. Enfln on pouvait pener trer dans la vle par des mines ou galeries souterraines (tora/jityjMtTajfMTaUsr); mais on n'employait ce procede que concurremment avec les autres moyens d'attaque, de maniere ne pas attirer l'attention des defenseurs (s). Les assiege's ne restaient pas inactifs devant l'attaque. Pour amortir les coups du belier, ils suspendaient du haut du mur des sacs remplis de laines, de sble ou de paille, ou des nattes de roseau. Ou bien encore on percait le mur l'interieur et au belier ennemi on opposait un belier plus solide (vrixpos) qui pouvait le briser. Sur les toitures abritant les travailleurs a pied du mur on lan^ait des matieres inflammables. Enfin. on avait recours des sorties (3). Pour renverser les terrassements et" les tours roulantes, on creusait des galeries souterraines jusque sous ces constructions qui ne tardaient pas s'ecrouler ou se briser.
1. Xen. EM. III, l, 7. 2. II y avait encore d'autres ressources au service de l'attaque : ainsi, avant la bataille de Tanagra (424), les ThebaiHs s'emparent de Delion, o se sont enfermes les Athe'niens, en inoendiant les murs contruits ' la bte avec des poutres (Thucyd. IV, 100) ; au siege de Mantine'e (385), Agesipolis detourne le cours d'eau qui traverse la ville et inonde "les fondements du mur qui s'ecroule (Xn. Hell. V, 2, 4-5). 3. Aen. Tact. eh. xxxii.

101 A l'endroit le mur menacait breche, on se htait de construire Finterieur un autre mur en demi-lune dont les ctes se rattachaient au reste du rempart. Aussitt que l'on s'apercevait que l'assiegeant arrivait par des mines, on creusait des contre-minea pour 1'empSeher d'avancer; ou bien en dehors du mur on creusait un fosse coupat obliquement la galerie ennemie et on construisait un mur assez fort pour arrter les mineurs; s'ils parvenaient le percer, onrepandait dans le fosse des matteres inflammables dont la fumee epaisse devait les aveugler ou bien on lancait dans la mine des gupes et des abeilles ('). Tels sont peu pres les systemes adoptes pour l'attaque et la defense des places fortes dans la periode de l'histoire de l'armee grecque dont nous avons fait un rapide tableau. Le siege de Platee (430429), qu'on peut lire dans Thucydide (), montre assez bien quel etait cette epoque l'etat de la poliorcetique grecque destinee.recevoir,sous Alexandre et ses successeurs, de si grands developpements f3).
%

1. Aen. Taet. eh. xxxvn. Polyen. VI, 17. VII, 11, 5. 2. Thucyd. II, 71 sqq. IH, 20, 22 sqq. Polyen. VI, 19, 2 et 3. Voir aussi Rstow et Kchly, qui donnent, d'apres ces auteurs, une description detaillee de ce siege (gr. Kriegsw. p. 211. 3. Oonsulter les diffei-ents travaux que M. Rochas d'Aiglun a consacres la poliorcetique des Greos, et dont on trouvera l'enumeration dans la Kblioc/i'apkie. Voir aussi Rstow t Kchly, ouvrage cito plus baut, p. 307-338, et 318-435.

APPENDICE

L'empirc perse et so armee1. 1. L'BMPIKE PERSE L'erapire perse, fonde par Cyrus, agrandi par Cambyse et Dariua Ier, s'etendait d'Ephese l'Indus sur une longueur de 600 milles. II avait peut-etre plus de SOmillions d'habitants. Mais c'etait moins un Etat qu'un melange confus de peuples de moeurs et de coutumes differentes. Tous cependant devaient le service militaire,. et, l'ezception des Perses, payaient un impt. Quelques-uns, comme les Ciliciens et les Paphlagoniens, conservaient leur autonomie sous leurs princes particuliers (). Certains peuples montagnards,
1. ette esquiase rapide de l'empire perse et de son armee a ete empruntee l'excellente introduction que C. Relidantz a placee en tte de son edition de l'Anabase. 2. Xen. Oyrop. VII, 4, 2. VIII, 6,;8. Le titre des princes nationaux de Oilicie etait Syennesis, que Xenophon (Andb. I, 2, 12) prend pour un nom propre; il appelle ap^wv les princes paphlagoniens.

iOi
les Myslens et les Pisidiens dans la basse Asie, les Cardques entre la Medie et l'Armenie et les peuples du littoral du Pont-Euxin, entre l'Armenie et le Phase, ne furent jamais completement soumis et ne cesserent de desoler les habitants de la plaine, leurs voisins. 2. REVENUS DE L'EMHRB C'est Daris I<* qui avait 6tabli l'impt annuel et les tributs en nature. II avait reuni les petits peuples en une seule circonscription. L'ensemble des impts etait reparti entre les differents districts, qui en operaient chacun le recouvrement et en remettaient ensuite le total (TO*S vr/vopvov; Ja^oii;) au satrape. Des parties de ce tribut etaient attribuees certaines personnes pour des usages determines ('); des villes, des pays, des sujets etaient aussi souvent offerts en pr sents des Perses ou a des Grecs transfuges (2), qui
1. Particulierement aus princesses royales pour tont ce qui a rapport aus parnres de la toilette (Anob. I, 4, 9. 2,4,27): par exemple, h<xc civitas mulieri redimiculum prcsbeat, hcec vn. , collum, hcec in crines (ic. Verr. 3, 33), es ^oJ^ftara (Herod. 2, 88), sl; ^wvijv (Anab. I, 4, 9); aussi ces villea etaient-elles appelees 'Simpleiaent ^oj-//} (ou xa),0nrpa) rrtg aa&eta; -j/uvauos '(Plat. Ale. 123 J); Themistocle reijoit trois villes, c'est-dire leurs revenus, ppou; (Atlionee; 33), pour le pain, le vin, lea mets de la tab!e (Thucyd. l, 138. Nep. Them. 10). 2. A des Perses (voir Cyrop. VIII, 6, 3). Parmi les Grecs, Barius donn-a un pays et des villes au.roi de Sparte exile1, Demarate (Herod. 6, 70. Paus. III, 7, 7), qui eut parmi ses

105
constituaient ensuite une noblease hereditaire. Le roi lui-me"me se reservait, dans bien des endroits de l'empire, les anciennes residences royales (cwtlstcc) avec des parcs de chasse

3. SATRAPES EN OFFICIERS ROYAUX Pour faciliter le recouvrement des tributs, Darius Ier avait partage le royaume en 20 satrapies. Les satrapes (') ou gouvemeurs etaient les representants du roi. Ils faisaient rentrer les impts en argent et en nature, exertjaient sur leurs provinces le commandement suprme avec les pouvoirs civils et judiciaires
descendants (Anal. II, l, 2. VII, 8, 17. Hell. 3, l, 6) n/jox*% 6 Tsuflpavt; p%iuv. Quatre villes de la Troade furent donnees l'Eretrien Gongylos (Thucyd. I, 128, 6), dont descendaient rop7t<uv et r7yuXoe (Anab. VII, 8, 6. Rdl. 3, l, 6). ' . 1. Voir, surcettefonotionjC'j'rop. VIII, 6, 3sq.ffico.4, 5-11. Leur autorite absolue est cepeudant un peu limitee par celle des officiers des troupes royales des provinccs, et leur administration est surveillee par les e'yoJot envoyes par le roi (Oyrop. VIII, 6, 16. Anab. I, l, 5). A la place de acnpthrni;, Herodote, qui mentionne aa.rpa.'mitri oomme quelque chose de nouveau (l, 192. 3, 89), dittoujours jra/j^o; js.-ent. /3a<nWoo;). Quand Otesias et Xenophon eurent vulgarise le mot de (TaTpms, 7Tp/o5 designa aussi le lieutenant d'un satrape. Ainsi Tamos (Thucyd. 8, 31-17), Stages (8, 16) et Arsace (8, 108) etaient en Lydie les lieuteriants de Tissapherne ; Tiribaze etait celui d'Orontas en Armenie (^4wafc.,IV, 4, 4), A'riee celui de Oyrus (Anab. I, 8, 5). Pharnabaze, gonverneur de la Phrygie, avait aussi ses Trapvot, dont l'un s'appelle satrape d'Eolie (Hell. III, l, 10-12). -. > .
GRECOBE S.

- 106 les plus etendus. Les milices provindales, qui comprenaient les eontingents de chaque district, etaient aussi sous la direction du satrape, mais le roi se reservait la nomination des Offiziers places immediatement au-dessous de lui: commandants de place (ypop*,%) et offlciers superieurs foiWap/oi) des troupes royales dans les provinces (*). Le satrape devait fournir ces troupes, sur les impts recouvres, une solde et des vivres. Chaque annee les troupes de plusieurs satrapies se reunissaient dans un lieu designe pour tre passees en revue par le general .en chef (en perse xpwvo;, en grec.uTpaTYiyd^. En cas de guerre le roi convoque tous les hommes aptes au
Service (xakf (3aTtXsO;).

1. $poupap;o; (Anab. I, 6, 6) ; ^tap^os (Cyrop. VIII, 6, 1-3). Lea tronpes royales apparaissent aveq les milices provinciales (Anab. VII, 8, 15 et IV, 3, 2). Sur xapaaios, voir Bett. I, 4, 3 : XKTajrspjrw Kypov xpavov TWV i; KaaraAov pottofisvwv T 5s stpaiiv s<m xvpiO'J. Pour oe mot, les Grecs emploient crrparoy; (Herod. 5, 21. 7, 135). Thucydide (8, 5) appelle Tissapherae, satrape de Lydie, orpaTy6v TIV xa-ru. D'apres Xenophon (Anal. I, l, 2. I, 9, 7), Kupo; xaT7rptp9i o-arpn-iTj; Aucft'as T? xal 4>pu"/ia; T'is fiEyXvj; xai Kai7ira5oxia;' arpa'ni'y? e xai Tcvraiiv Trs^si^Svj et; xaS'flxst st; KaiTTwXo. nsSiov aSpoti^saSai. II est'probable que les generaux mentionnds, Anab. I, 7, 12 (TO 5k (Saa-iXsw; aTpT3uf*aTo; irav pvovre; xat orpaTvj'/o t xat vj'j'Sftdv; TSTTapss, Tptxovra pupiSuv exaoro;, 'ASpoxpa;, Tt<T(rayepv>j; , ro6pua;, 'ApSx;) etaient les quatre xpavot de l'empire perse. La guerre persico-lacedemomenne fut, dirigee depuis 399 par Tissaphernef en qualit de a-rpaTny; TJV TOWWV III, 2, 12).

107 -

4. ORGANISATION DE L'ARMEE Les peuples de l'empire perse forment, meTne l'armee, des corps bien distincts (1). Les divisions tactiques etaient,dans Pinfanterie, la compagnie probablement de 100 hommes, le batalon de 1000 hommes, la division de 10000 hommes; la cavalerie est, depuis Cyrus, organisee en escadrons (ftu) de 70 chevaux. Tissapherne et Cyrus le Jeune avaient une cavalerie lourdement armee, dans laquelle les hommes etaient munis de jambieres (wapap-npiSiK) et les chevaux d'une armure de metal protegeant la tte (w/wpsTowrfifca}, et d'une autre pour couvrir le poitrail (xpoaTspvii/z).
5. 'AMES DTVEESES

Les armes caracteristiques (2) dont le nom se presente dans Xenophon sont: le bouclier leger (yippa-),
1. Herod. 7, 60 et 100. Anab. I,.8, 9. Q . Gurt. V, 47,7. Sur le ^Oiioemi;, voir Cyrop.."Vti, 5, 17. 2. Les ysppx sont op&oeiS-fi, d'apres Strabon, qui mentionne encore O&ipaxoc ^O),WIUTI>V ou cuirasse faite de' lames metalliques, xorrtiJa? ou sabre court legorement recourbe, n-ttapxz TvypywTv, sorte de bonnet sans visiere. Snr les jrpocmpvlSta, etc., voir Anab, l, 8, 7. Cyrop.-Vl, 4, 1. VII, l, 2. Q. Gurt. 4, 35. 2?sv5vs (Anab. III, 3, 16-18. III, l, i. IV, 3, 29. V, 2, H. VII, 3, 18). Voir plus haut, eh. in, 2 c, la description de cette arme.

108 feit de tiges d'osier entrelacees,- qui etait manoeuvre, l'aide d'une poignee, par la main gauche; muni d'une pointe son extremite inferieure, il pouvait se ficher en terre et servir ainsi d'abri; la grande flecke (TO?O) et le carquois (paotTp) (pl. II, flg. 23-28); celui-ci etait eh cuir ou en bois; il etait suspendu au cte gauche l'aide d'un baudrier; la fronde (o-ysvto); (pl. II, fig. 2930), la pique (icatetv)' u javelot fait de bois dur (de cornouiller) ('); l'imvaxu; (pl. III, fig. 36) sorte de glaive lame peu large et droite, suspendu la ceinture du cte droit (*); la <ryapt; ou hache de combat (3); les chars armes de faus deux roues (pf* (pl. III, fig. 37-38) (4).

1. n).rv : Cyrop. VII, l, 4. Htll. IH. 1, H. De re cqueit. 12, 12. Anab. I, 5, 15: I, 8, 3. 2. 'Axtvaxi;; : Juai. I, 8, 29. 3. Lxyapt; : jlnoft. IV, l, 16. V, l, 13. 4. *Aop.a 8/>eiraw)3>p9K : Q. Gurt. IV, 3S. 4. T. Livius, 37, 11. Diod. .17, 53. Xenophoa.dit (Cyrop. VI, l, 20) : Tro^spiu-rtpia XKTa'y.EuTo (Kpoj) pftara Tpoj^ot; TS iir^upot;... ^o<rt TS fiaxpoij... TOV iJe Sitfpoti rot; wut^ot; OTOtflffSv wtrrrEp Triipyov la^pSft |OVdV i}<os s TOIJTMV IiTTt psj^pt Tv 7x6v(uv... Tod; 5' ivt^ou; iSwpxttre rr^Ta jrXvjv TJV y6aXpLwv. TIpo<rs8'(ixs 5e xai. J.pe'jrava mvp tag ari)%/i tipbq TO; ajova; s'vSsv xai EVEV TWV rpo^>v xai )i).a JtTW TT T ^ovi st; rijv ^ijv (S^OTOvra (; If*6aXDuVTcov st; TOU; EVOTTIOU; rot; ^aut. Plus krin il ajoute (Cyrop. VI, 2, 17) : Ot TS tTnrot stVi xaTarsSwpaxtirfievof ot EV rot; ^a<rtv, 01 TE i^io-/oi eararJ sv rrOpyot; 5U^'^01C ^^ irspsp^ovra TraDr o-jvserTsyairpEvot wpa^t xKt xpavE7t (Splitava TS (rii?-p Trspi TOI; j-oa-i 7tpo<r'flp[iOi7T:t) <u; C^IUUTE; 'xt OUTOI E6u; si; T; ~^EJ; TV svavrt'iuV^ ; Voir encore Anab. I, 7, 10. I, 8, 10.

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Enfln beaucoup de peuplades se servaient d'armes particulieres, propres leur pays (*).
6. LE GRAND KOI ET SA COUB

Le regime a toujours e'te despotique en -Orient : T j3ap6xpuv -/v.? .<JO),K ffvTa n>.t,v ivof. Cyrus lui-ineme est le sujet de son frere ( 2 ); seul le grand roi porte l tiare (pa) (pl. III, flg. 39) (3). La cour, dont le siege etait suivant la Saison Suse, Babylone ou Ecbatane (*), etait composee d'un grand nombre de fonctionnaires (s) et des flls des grands qui servaient d'otages et y apprenaient devenir plus tard des magistrats dociles
1. 'est ce que remarque Herodote (7, 61). Xenophon l Anab. IV, 7, 16) mehtioime les cuirasses de lin des halybes (voir Oyrop. VI, 4, 2. Herod. 7, 63) - les yzppa SaifuHV owv wjioSoSt (Anab. IV, 7, 22)', les yeppy. ).=vy.v(3owv Stiaid iixa.aft.iiot. itiTToO TTsr^w des Mossyneques (V, 4. 12), analogues au bonclier des Ainazones et des peltastes; le Tra^ron eyov ipKptxtfiv to'i |ii\ov <rytp<m;c du merae peuple, lance analogue a cello des uhlans autriehiens, dont la pointe de fer. filfy/pj) est affermie sur la hampe (gu).ov)' par une sorto de bonl; les mfTjiSis |-v)itvKi TroSrjpEig des Egyytiens ou grands bou6)iers de bois 'couTrant tout le corps (Anab. I, 8, 9. yrop. VII, I, 33).
2. Anab. I, 9, 29. II. 5, 38. III, l, 17. " 3. Cyrop. VIII, 3,'13. Q. Gurt. III, 3, 19 : cidarim (xtraptv, Otesias, eh. XLVII) Persce vocabant capitis regium i-fisigiie : hoc cceruled fascia albo distincta circumibat. Les parents du roi portaient aussi ce bandeau bleu et blanc (SiSrifjun). i. yrop. VIH, 6, 22 : TV fie-u pyt ^stftwva ^pvov wyzv Iv BaSiAivt km A ft^va;, aur>) vajO'aAs-tv/i -fl /oipa- TV 3s afiijii T i'ap Ts fiijva; sv 2o-J<Toi;, T'/iv os xfivjv TOU &ipov$ Iv 'Ex-Sarvot;. '

5. Eutre autres les 7-juges royaux et les chambellans - VIII, 3, 15-23). .

- -110 et capables. Le trne avait ete entoure, par yrus l'Ancien, de toute la pompe et de l'appareil du ceremonial mede : celui qui adressait la parole au roi devait d'abord se prosterner et baiser la terre ( J ). A la cour on portait la tunique (XIT&IV) de pourpre et leg j?yc?|upi<?6;, sorte de haut-de-chausse de couleur. Le vetement de pourpre etait l'insigne des hautes fnetions (), et un present ordinaire, comme aujourd'hui encore la cour perse, le caftan, etait un manteau de pourpre en laine ou en soie (xv<?u;). Les colliers d'or (oTpsjrroe) et les bracelets d'or (^elt) (3) et les harnacnements dores etaient aussi des presents royaux. Le grand roi donnait beaucoup; tous les sujets qui l'approchaient en recevaient des cadeaux.
1. notxreuvetv (Herod. l, 134. 2, 80. Anab. I, 6, 10. I, 8, 21. Cyrop..lV, 4, 13. V, 3, 18. VIII, 3, 14). Q. Gurt. VI, 6, 3 et VIII, 5, 6 rend ce mot par jacer'e humi venerabundos et salutare prosternentes humi corpora; 0. NepoSj onon, 3, par venerari. Les Grecs, au contraire, irpog-xuvovm, admoventes oribus suis dexteram primre digito in erectum pollicem, residente, Apulee M. 4, 28). Oette coutame des peuples orientatix de se prosterner, en signe de respect, devant leur souverain, n'a pas ete abaadonnee. 2. Voir Oyrop. I, 3, 2. II, 4,6. VIII, 3, 13. Anab. I, 2, 27. I, 5, 8. I, 8, 29. Daniel, 5, 7 et 29. Esther, 8, 15. Platon, ep. 553 a. Plutarque, Artax. Chez les Perses, comme aussi ftequemment chez les Grecs, les grands portaient une double- tunique (^ITWV TTSV^UT!; et STrenJiJTfl;). La premiere etait /siptJtuT;, c'est--dire munie de longues manches. Un (Jrec qui ne portait qu'une "/ITV Sans mauteau (ifianov) etait appele yup;, vetu legereme"nt (Anab. I, 10, 3. IV, 4, 12. Domosth. 21, 216. 54, 9). . 3. Sur ces parures, voir unl et Koner, la Vie antique, part. I, eh. XH, le Oostnme,trad. frane, Trawinski et Eiemanu.

BIBLIOGRAPHIE

Parmi les auteurs grecs importants, dans lesquels oa peut puiser des renseignements sur l'arm^e greeque, il faut citer les suivants : HOSIUE, dont les poemes sont nne source pr6cieu$e pour ce qu j, a rapport l'arme des temps heroiq.ues; TYRTE, dont les fragments nous donnept uae idee des combts de l'ancieane Infanterie dorienne; ESCHYIE, qui a laisse, dans les Perses, des descriptfons vraies et vivantes de la ltte laquelle il prit pari luimroe; HEaoOTE, le narrateur simple et veridique des guerres mediques; THCYDIDE, l'historien de genie de la Guerre du P^loponese; XENOPHON, qui nous a laiss des ouvrages d'une importance capitale pour l'organisation militire de son temps : l'Anabase, les Helleniques, la Cyropedie, la Republique lacedemonienne, de l'quation, le Commandant de In cavalerie; jEwAS, contemporain de Xenophpa, le plus, ancien des ecrivains militaires; de ses arpa.n^uuS: ttiai,. il ne reste

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que Ja partie concernant la deTense des villes : Les orateurs attiques et surtout DEMOSTHENE, qui savait apprecier si justement les progres apports par Philippe l'art militaire; ARRIEN, dont l'Anabasp est une relation simple et fidele des campagncs 7 d'Alexaridre. Les descriptions de bataille sont excellentes, mais on regrette l'absence d'indications precises sur 1'armement, la disposition, le recrutement de l'armee; DIODOHE DE SICILE, rhteur vide et banal du temps de C6sar et d'Auguste. Dans son Histoire universelle, ce qui concerne les suecesseurs d' Alexandre offre quelque utilite ; il s'occupe de prefrence des sieges; PLUTARQE, dont les Biographies ne sont que de peu de secours. II vit dans un monde imaginaire ; ses descriptions de bataille sont purement fantaisistes et pueriles; ELIEN et ARRIEN, dont les Tactiques sont tres prcieses sur la tactique el^mentaire de la priode gr^co-macedo-1 nienne, bien qu'elles renferment souvent des the"ories subtiles de tacticien de cabinet; Enfln les riombreux Scrivains qui ont par!4 de l'art des sieges et: de Ja construction des machines : ATHENEE, QIQDORE, APOLLODORE, le celebre architecte d'Hadrien, HERON, PHILON, VITKUVE, FRONTIN, POLYEN et enfln les Byzantins MARICE, LEO VI, CONSTANTIN POHPHYROGENITS, NICEPHOUE PHOCAS. De nos jours des travaux assez nombreux ont 6t6 publi^s sur l'Arme grecque; nous mentionnerons particulierement : W. RUESTOW et H. KOECHIY, Geschichte des griechischen Kriegswesens- von ! den ltesten Zeiten bis auf Pyrrhus

113
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INDEX ALPHABfiTIQUE

"Aysiv Et; ra qzr^a, 33, 42. eirl ^^7705, 47. xat psptv, 90. ayx^q, 19. ol-ot, 5.

i, 86, 90. ayopi^iv, 90. agmen quadratunj, 52, agmen longum, 45. poit^sfv T c"rpaT5UfM(, 39t, 79.
TIJY J(tpi 38. , 17. ;, 108. axvriov, 19, 21. t', 19, 22 , 79. amentum, 20. a^yfljcss iipof , 17. vaxa),et(r6ai TVJ a-K va^upt^e;, 110-

varTO<ra-etv TO xspa;, 6Q, vaorpeystv, 3S. varsiviv TVJV %stj3a. 38. vartfisvat, 42. vrixptos, 100. vTiitaparTTSo-flat, 75. avw ra Jpara, 31. Tat, 37. v, 39. tv, 81. i, 37.

v, 81. aries, 98.


iV TTOlSiV, 42.

au, 43.
IjOS.

wv, 103. j^, 15. t, 38,

81.

o'v, 87.

Ba6u>cuv, 109. jS9o?) 33. (Saxropta, 38.

116 c, 108. fta, 41. , 37.


ffTriJaj, 16.

a, 37.
exxXimv, 80. exfivjpustrSai, 62. IMeO, 79. vUiv, 65.

ppa, 107, 109. , 19. !;, 19, 87, 110.


, 14.

*, 28, 68. :t, 28.


excubare in armis, 88. s!-iavviiv, 41. si-sta7fA05, 56. e|sro<riv irotetv, 42. s!-t8vat Ijri Xetav, 90. e'^o^ot, 94.

oi, 104. r JsJoypeva, 38. Jexaj, 4. de-tov xlpag, 33, 76.


87.

t, 43. st; ^stpa;, 80. ., 109. ,o(<at, 20.


V,

/,.5,93. *, 35.
: TW liyouftivc) 42. ' ^> ' OH SKI i oopu, o. ijrl xspwf, 45. ereuipov, 37. lirt^exTOt, 8, 65. OTt ir65a Ka^wpetv, 81. st, 16.
OS^ttV, 35-

80.

ra 5ix:a, 12.
St.XYJll 7VO!7^EIV, 37.

.iopOirtrsw, 98. 5ty8spa, 21, 79, . ^txjw, 81. ^aypa, 38. Spu, 17. pu xaiiGMivoy, 26. opuypoi, 91. apfa, 108... v, 79. 'Ey^EijOiJiov, 18. Etc XTW, 32.

xi, 35.
S7TI TSTTpWV,
St, 90.

32.
.

sc, 109.

o; "/tv, 47. piilstv, 37. STTO/OV, 24. ITT' XTOI, 32. ITT' (ujxov TA Jpara, 31. S'jwinjpov xepag, 33, 76. S'/ kv;, 31.

- 117 Itpfa-arSos, 81. eyot, 10. lymrriov, 24. eo?o$ot, 105. >i f ftft X. > Zsuj usoTijp, 78. ^u-yov, 32, S6. &fa, 15.

infensis hastis provolare,

80.
icrTrXeupov ^Xaiuioii, 62. Kfis; Ta SpctTK, 31. xa6<70Gti. 84. xoc0tivs TCC OTrXa, 80. xaSwrTaaSat l^i pxXayyo;, 58. xaXetv ^pf T nXa, 34. xaXOrrrpa, 104. xvJvj, 1 10. xapavo;, 106. xaT xspa; ayuv, 44. xaT Xoj^ou;, 67. xaTX(7at T orpaTEuua, 43. xaTaiTTvat ei; $txa;, 37. xeXsuuv et; T o;rXa, 34, 88.

v>7, 14, 104.


CwO"TV5P* 14

* HysMovE* 44* . itye^wv, 32, 4i. ot v/j'ovf-isvoi, 45.


T VJ*VOyLtSVOV* 4'D

fetv, 39.
vjvta, 24. viojjo;, 4. 'HaxXnc r'VueV 79 ' T(r9 81 *
SP&TTOVCEC 18

xspat, 30,' 33, 45, 76, 88.


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A/JpV7ff tV.j ^A . OU 409.

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yoXt^wT;, 107.

TaTpot, 70. iLvat eni T smrhSeioi. 90. Irri TOU; iroXspitov;, 79. TOU ^ptrw, 41 . IXai, 28, 107. ipmov, HO.

xXttrsts 3S. xvj?p^ej, 15. xojris, 26, 407, xopv^ata, 24, xpvoc, 44,
X|3tOC, 98.

Ku'Ctx/jvc 12. xOxXos, 69.


"XUVS.Q 44. "

Aapavstv av5.o^, 9.

impedimentum, 71.

JlayVpOTTW^OE,

,94.

118
Iv, 37. -X, 109. ;, 10, 27, 28, 32. p&ot, 50. otEierSat, 55. ^oj, 4, 10, 27.
t, 41. poyival otxtai, 99. op, 32, 45, 63. oj5ayj, 32. 'p^avov, 16.

;^, 17, 26. ), 81.

Xoi, 7. T ^:<rov, 63, 76, 86.


i, 35. i, 35. v, 32. ;, 33. S, 39. j, 12. t, 39. Jt;, 21, 22. *pat, 7, 27. nJw|/, 25.

vj, 78. Oetv iv orrXott, 88.

Ilatetv rg, 38. , 26, 108. isXXs.v, 30. elf T n-Xa, 34. 88. 30. w, 35, 47, 60. o:, 105. iropaiSTvjg, 4. TrapaxaXetv, 79. a:, 107. ptJta, 25. -yyjj;, 41. e, 96. jrap T oirXa, 33.

Styo;, 17. ^uijXfl, 18, 82. ?vXov, 109.


'OmdotpuXaxej, 45. r oirXa, 86.
!rXlTOt, 13.

uv, 30, t, 39. etv, 37. tv yop&v, 96.

pedem referre, 81.


WXTa<7T/j;, 21. TTiXT, 16, 21.

OTrXoji^oi, 29. orbis, 69. joyut, 41. pSia yiiayg, 45. ffpfltot Xo'^oi, 50.

C, 28.

ss, 27, 68. , 94. ;, 95. jrspijroXot, 10.

119
7r/>lTTSUElV, 52.

Receptui canere, 81. zwi;, 16. 108.


<ry(*a, 16.

Tretrvjfia, 98. irjflfia jrupyaiTv, 107. T n-Xyt, 33, 45. Trlatmov tVTrXeupov, 62. jr).s0pov, 41. jr^eujj, 63. wkufiat, 33, 45. v, 38. vstv, 38. jratsiv, 38. v, 62. ini xspw;, 45. Irri TO; ;ro),epiou;,

, 30, 79, 80.


rt5eiv, 79. vj, 105. m);, 105. rif*ati/2tv, 79, 88. mjfistov, 16, 88. owapxsfo, 16.
TYJpSO'lOV, 12.

0-tTo;, 12, 90.


(TOJjrrO^Ol, 109.

79.
xar xipaq, 45. xit)i(, 69. TO xpotr, 41.

O-/.JJV, 84.
T CTXSOlJ, 71.

(US et; p<*X>'v> ^ > 5rop5VTix SiKunnara, 34. Trfwai-) 16. JTU;, 41. irpo-yeiv, 35. t, 38, 80. v, 25, 107. v^fiairiv, 97. 97.
ElV, 110.

o-xojroi, 41, 46. Soa-a, 109. ;, 15. v, 41.


iS, 41.
(7TTY)f>, 12.

ITTt^SS, 4.

O-TI^O;, 32, 56. orXo;, 39.

t, 32, 51, 64.


;, 10, 27, 106. 3-rpaTiustv, 39. 84. v, 42. pa;, 71.
^SffTOl, 110.

vt&ov, 25, 107.


, 93. j, 44. Spuye;, 15. t;, 34. J;, 95. rrvpyol, 99.

59. s, 103. 9.

SO
<7UV<OT7TKTf>;, 34, 69.

<r-j9i;f<, 78, 96.


l 8l{ jjtor^fi'j, 55.

, 104. woWyia, 42, 70. ;, 11, 27.


V, 80,

a^s .v, 42. 95. Sv, 21, 108. 21.


1;, 28. :<*$;, 27, 28, 107. rTTsa8i \~KI y).ayyo{, 55. Eit' dXtyuv, 76.

a, 100. oj, 11, 27. S5.

X7?, 4b, 47, 54, 68. psTp, 20, 108.


a, 24. ypot, 104. ypovpap^oCi 106. tpiiXai, 8, 27, 28.

T^Ctf/WV, d 6 .

tessera, 78. testudo, 34, 69.


Tipa, 109. i T ojrXa, 43.
108.

ot, 24.
^XlVJJ, 34.

!-ri, 20. ej^stv ecj T ffia, 88.


D, 82.

, 106. y;, 107.


V, 14, :, 99.

110.

TTJ, 82.

puiravov, 99.

s, 105.
vnoam7roc.ii 18, 70, rrsj3fa^77tv, 82. Tnjpitat, 70.

YeXca, 110. at, 38. g, 38. oi, 19.

*ot, 14.

121

EXPLIGATION DBS FIGURBS


CONTENUES DANS LES PLANCHES

1-5. Casques divers (xpvos): a) coiffe, &) frontal, c) couvreteinpes, d) couvre-nuque, e] anse, /") cimier. Poids moyen : 2 kilog. 6-8. Cuirasses (QpaQ : a) plaques (yOaXov), b) epaulieres (a[i.oi), c) lani&res ou chaines retenant les 6paulieres, d, e), ceinture ftwo-riip, i;v), /") tabuer de cuir ou de feutre (i^px), 3) bandes (nrepuyE}. Poids moyen : 8 1/2 kg. 9-11. Jambieres (xvp^s{). 12-17. Boucliers (00-7:15) : N 12 et 13 : boucliers des hoplites avee un bord arrondi (avru^), d'un poids de 14 15 kg.; N 14 : bouclier de l'hoplite lacdmonien avee inscription; N IS : bouclier rond avee deux poignees (o^avaj, de671/2kg.; '' N 16 : bouelier et haehe de combat des amazones; N 17 : un peltaste arme de son bouclier (BT), d'un poids de 3 kg. 18. Pique ou lance (Sopv}, munie d'une pointe (txf} et d'une ferrure son extre'mit inKrieure { Poids : 2 kg. 19. Epe'e de l'hoplite grec (l^o?), avee une poigaee Poids : l kg. 20. JEp6e dans son fourreau (xoXe;). 21. Epee lacdmonienne 16gerement courb^e ( 2 cl 22. Javelots (xvtwv). Poids : 3/4 l 1/2 kg. 23. Are circulaire simple (T^OV). REGQUE . fi

Figures.

Figures.

122

24. Are double, comprenant deux extremites ou cornes (xepara), les cordes (vzvpx), et au milieu un endroit pour recevoir le trait (rnS;^?). Poids : l 1/2 kg. 25. Fleche (IO-TO;), ordinairement de roseau (#<JvH), munie d'une pointe de fer deux ou plusieurs crochets (07x01), et a l'autre extrdmit d'une coche ou entaille (yWyts) pour recevoir la corde. 26 et 28. Carquois (ya/ssr/sa) contenant arc et fleches. 27. Carquois avec couvercle et courroie pour le suspendre. 29. Un frondeur (o-yeviW/j-n?t), avec une Sorte de poche (Sitflipa) sur le bras gauche, et une fronde (o-ysv^vn) la main droite. 30. n frondeur assyrien. 31. Une trompette (vahnyj-). 32. Unecorne(xE/)a;)avecunetigetransverslepourlatenir. 33. Hoplites combattant. 34. Hopliles en position de combat. 35. Exercice de tir l'arc avec un coq pour cible. 36. Poignard persan (sttvaxut). 37. Essieu d'un char faux (fysTravij^pov). 38. Roues d'un char. 39. Bste d'un roi assyrien portant la tiare.
Les flg. l, 2, 3, 4, S, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 13, 15, 18, 19, 20, 22&, 23, 24, 25, 26 sont empruntees Rstow et Kchly (Hitoire de l'armee grecque); les flg. 12, 14, 22, 27 Rheinhard (Antiquites grecques et romaines); la flg. 16 Millin (Galerie mythologique); les fig. 17, 21 Guhl etKohner(Law'edesGrecs); les flg. 28,29,31,32,36 Rieh (Dictionnaire illustre des antiquites grecques et lalines); la fig. 30 Layard (Ruines de Ninive); la flg. 33 au duc de Luynes (Choix-de vases grecs); la fig. 34 Micali (Mnumend); la fig. 33 au Museo Borbonico; le flg. 37, 38 Scheffer (De re vehiculari); la fig. 39 Weissenborn (Ninive et son territoire).

TABLE GENERALE
Pages.
AVERTISSEMENT V

CHAPITRE I. Apercu generai l CHAPITRE II. Arrake des mercenaires 9 1. Origine 9 -2. Enrlement 9 3. Solde 12 CHAPITRE III. Differents corps de troupes; leur ar. mement 13 1. Hoplites 13 1) Armes defensives 14 2) Armes offensives 17 g 2. Troupes legeres 18 3. Peltastes 21 4. Portee des projecles 22 3. Rle des troupes legeres 23 6. Cavalerie 23 CHAPITRE IV. Organisation gnerale; exercices militaires; discipline 26 1. Organisation des hoplites,destrpupes legeres et de la cavalerie 26 2. Instruction des troupes 29 3. Transmission des ordres. 29 4. Maniement des armes 30 b. Disposition des troupes 31 6. Disposition en phalange 03 7. ManoBuvres et commandements 3S 8. Le deploiement 35 9. La discipline 3 10. Concentration de l'arm^e 39 CHAPITRE V, Tactique de marche et de bataille.... 40 1. Entree en campagne , etapes -40 2. Marche en avant ,,.*,. 42 3. Place des troupes dans la marche 43 4. Ordre de marche 44

124

A. Marche cii coloiuic 45 B. Marche en ordre de bataille 55 G. Marche en carr., 62 D. Le xvtAot 69 8. Le bagage et ce qui s'y rapporte 70 6. Tactique de eombat 74 1) Ordre de bataille 75 2) Le eombat 77 3) La victoire, le trophe 82 CHAPITRE VI. Campemenl et fortification 84 1. Le camp 84 1) Disposition et Organisation du camp.. 84 2) Repas du soir 87 3) Postes de nuit 87 4) Notiflcation des ordres dans le camp.. 89 5) Occupations de la journee 89 2. Subsistances 90 3. Villes fortifiees de la Grece 92 1) Mur d'enceinte 93 2) Organisation interieure 93 3) Surveillance des murs : postes, sentinelles, mot d'ordre 94 4. Sieges et travaux de siege 96 1) Creusement de la hreche 97 2) Terrassements et tours 99 3) Galeries souterraines 100 APPENDICE 103 L'empire perse et son armee 103 1. L'empire perse , 103 2. Revenus de l'empire 104 3. Satrapes et offlciers royaux 105 4. Organisation de l'arm^e 107 8. Armes diverses 107 6. Le grand roi et s cour 109 BIBLIOGRAPHIE 111 INDEX ALPHABEIIQUE 115 EXPHCATION DES FI6DRES COHTENES DANS I.ES PLANCHES.. 121
Paris. Imprimerie polyglotte A. Labouiet, paasage Gaurdon, 6.

Pages.

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