Cours Complet Et Gradué de (... ) Vérien Léandre Bpt6k65093482
Cours Complet Et Gradué de (... ) Vérien Léandre Bpt6k65093482
Cours Complet Et Gradué de (... ) Vérien Léandre Bpt6k65093482
-
;
édition ouvrage adopte par VUniversité ;
MÉTHODE POUR ÉTUDIER LA LANGUE LATINE, par M. J. L. BURNOUF: quatrième
1 vol. in-So.
QUESTIONNAIRE sur la Grammaire latine deM. Burnouf, par J. G., profes-
seur au collége royal de Henri IV; 1 vol. ill-So.
COURS COMPLET ET GRADUÉ DE THÈMES LATINS, adaptés à la Grammaire latine
PREMIÈRE PARTIE,
deM. Burnouf, par M. GEOFFROY, agrégé de l'Université; ill-SO.
;
contenant des Thèmes gradués sur les déclinaisons ,
les conjugaisons, les prépositions, etc., et le supplément 1 vol. ill-So.
DEUXIÈME PARTIE, contenant des Thèmes gradués sur la syntaxe générale
; : ,
et particulière; 1 vol. ill-Rn.
MÉTHODE POUR ETUDIER LA LANGUE GRECQUE
;
par M. J. L. BURNOUF, inspec-
teur-général honoraire des études trente-septième édition ouvrage
adopté par l'Université 1 vol. in-8°.
QUESTIONNAIRE sur la Grammaire grecque deM. Burnouf, par A. V., pro-
fesseur au collége royal de Saint-Louis; ill-Sn.
M.Burnouf, M.LONGUEVILLE
des Thèmes
;in-S°.
COURS COMPLET ET GRADUÉ DE THÈMES GRECS, adaptés à la
de par
gradués
Grammaire grecque
,
DEUXIÈME PARTIE, contenant des Thèmes sur la Syntaxe
, générale, suivis
d'Exercices généraux de traduction tirés de César, Cicéron eLc;..l et
d'un Lexique français-grec: troisième édition; 1 vol. in-So.
TROISIÈME
,
PARTIE, contenant des Thèmes sur la
; ,
syntaxe
les dialectes suivis d'Exercices généraux de traduction
particulière et
:
PREMIÈRE ET DEUXIÈME
déclinaisons et les conjugaisons, et la syntaxe générale, avec Lexique
grec-français deuxième édition; 1 vol. in-8".
PARTIE, contenant le complément desVersions sur la syntaxe
TROISIÈME
et
"énérale
particulière, avec Lexique grec-français; 1 vol. in-X".
COURS
COMPLET ET GKADUÉ
DE VERSIONS LATINES
ADAPTÉES A LA MÉTHODE DE M. BURNOUF ;
PREMIÈRE ET DEUXIEME PARTIES,
PAR A. S. L. VÉRIEN,
PROFESSEUR AU COLLÉGE ROYAL DE HENRI IV.
VÀlMSa
IMPRIMERIE ET LIBRAIRIE CLASSIQUES
DE JULES DELALAIN,
FILS ET SUCCESSEUR D'AUGUSTE DELALAIN,
RUE DES MATHURINS ST-JACQUES, No 5 PRÈS,LA SORBONNE.
M DCCC. XL11.
Tout contrefacteur ou débitant de contrefaçons de cet Ouvrage
sera poursuiviconformément aux lois.
Toutes mes Editions sont revêtues de ma griffe.
AVANT-PROPOS.
apparition.
nents qui l'ont accueillie dès son
En offrant au public ce recueil, nous n'avons point la
s
et d'ajouter un tardif et obscur hommage aux suffrages émi-
vrage,
Ces renvois, multipliés ensuite dans tout le corps de l'ou-
nous les avons adoptés comme l'unique moyen d'at-
teindre le but que nous nous proposions. Sans exempter l'élève
du travail de la réflexion, ils viennent au secours de son
inexpérience. La pratique de l'enseignement nous a démontré
qu'il est certains faits de grammaire qui ne s'oublient pas, une
fois appris; mais qu'il en est d'autres sur lesquels on ne saurait
appeler trop souvent l'attention. C'est particulièrement à ces
derniers que nous nous attachons; nous ne craignons pas de
les signaler sans cesse; surtout quand ils appartiennent à cet
,
parties, dont chacune comprend cent versions. A cette divi-
sion spécialement typographique, nous en ajoutons une autre,
pour guider ceux qui se serviront de notre recueil. Comme il
est destiné aux classes de grammaire, nous l'avons partagé
(sans imposer absolument nos limites) en trois séries, graduées
:
avec soin, dont la première se compose de 90
versions, pour
les élèves de sixième la seconde, de 60, pour ceux de cin-
quième la troisième,de 50, pour ceux de quatrième. (Nous
:
;
interdit toute indication de ce genre. Les maîtres s'en passe-
ront bien souvent d'ailleurs, elles seraient un peu compli-
I quées, un certain nombre de ces matières étant extraites à la
fois de plusieurs écrivains et de plusieurs ouvrages. Du reste,
1nous n'aul'ions eu à citer que des noms d'une autorité impo-
sante dans les lettres. Mais on reconnaîtra facilement, au
ERRATA.
,
Page 106 version 58 lig. 8 suum revocanda lisez: suam revocanda.
, ,
, , ,
Page 158 version 89, lig. 4 pænurià,lisez: penurià.
:
, , : :
Page 230, version 28, lig. 6, ipse Peloponnesus, lisez ipsa Peloponnesus.
,,
Page 246 version 37 lig. 9 posthumum, lisez postumum.
,
, ,
Page 324 version 80 lig. 13, coenaturam confirmans, lisez cœnaturam.
Page 326 version 81 , lig. 20 in amico lisez: in animo.
,
COURS
DE VERSIONS LATINES,
ADAPTÉ
A LA GRAMMAIRE DE M. BURNOUF.
COURS DE VERSIONS.
PROOENfIUM.
Ouocunque flee(emus oculos I, ibi Deus nobis occurret *;
ipse enim implet opus suum.
Deus magis pie quam magnifice colendus est. Piorum 3
dona, vel modica, sunt acceptiora illi improborum donis,
ypl ampJissimis.
Verecunde disputare debemus 4 de natura illius qui con-
;
didit hanc rerum universitatem 5 eum quippe senlimus
animoG, sed mente non comprehendimus.
Prima officia debentur Deo, secunda patriæ, terlia pa-
rentiLms, deinceps gradatim rcliquis.
Nullum animal est, præter hominem, quod aliquani
summi numi.nis noliliam habeat. Hoc praecipue secernit
ilium a 7 celerisanimalibus, et praestat nobiJissimum.
-
1.S201. —-2-.§190. -3. § 199. —4.§195. -5.201. — C.g 333.
-7. ý 323.
Homines brevi fierent optimi I, si, unoquoque anno,
EXERCICES PRÉLIMINAIRES.
; ;
Nos premières obligations sont envers Dieu après lui,
envers la patrie troisièmement, envers les auteurs de nos
jours; puis, par degrés, envers le reste des hommes.
Iln'est point de créature animée, excepté l'homme, qui ait
quelque connaissance derEtre su prême. Cet avantage surtout
le distingue des autres créatures, et lui assure le premier
rawg.
Nous serions bientôt parfaits, si, tous les ans, nous arra-
chions un mauvais penchant de notre cœur.
Ne soyez point pour vos semblables un âprecenseur
vous informez pas trop curieusement de ce qu'ils font. Le
; ne
plus souvent, en effet, quand vous vous étudiez à les con-
naître et à les corriger, vous tombez dans l'erreur; et vous
prenez une peine inutile. Tournez les yeux sur vous-même,
<u lieu de juger les actions d'autrui. En scrutant votre carac-
tère, vous* vous tromperez moins; et vous retirerez de cette
étude un profit plus certain et plus considérable.
Athènes conserva longtemps l'usage établi par Cécrops,
d'enterrer les morts. C'étaient les plus proches parents qui
,
jetaient la terre sur le cadavre. L'inhumation était suivie d'un
festin où l'on se couronnait de fleurs, et où l'on faisait l'éloge
<!u mort, quand cet éloge s'accordait avec la vérité; car le
mensonge était regardé comme un crime.
divina nostris animis origo est, tendendum ad yir-
Si 1
componere
vernnt.
;
lubriter? illsLilui. Facile est enim animos adhucteneros
difficultcr reciduntur Yttia quae nohiscum cre-
:
ainsi leur prix. Nous.voyons qu'il en était de même autrefois
chez les Athéniens pour les serviceséminents que Thrasybule
avait rendus à sa patrie, le peuple lui décerna, à titre d'hon-
neur, une couronne faite de deux petites branches d'olivier.
Satisfait de cette récompense, ce grand homme nie demanda
rien deplus.
nous.
enfants reçoivent dès ce premier âge de bons principes. En
effet, il est facile de former des âmes encore tendres; on
arrache difficilementleslesvices quisesesont
vicesqui sontdéveloppé-s
développésavec
avec
Un prince doit être pour son peuple tel qu'il voudrait que
,
les dieux fussent à son égard. Si les dieux,indulgents et équi-
tables ne lancent pas aussitôt la foudre pour châtier les fautes
des grands, combien n'est-il pas plus juste encore qu'un
homme, établi pour commander à des hommes, exerce l'au-
lorité avec douceur!
;
Celui qui est en paix avec lui-même, ne conçoit pas facile-
:
ment de soupçons sur autrui mais celui que sa conscience
tourmente, est aussi agité de soupçons de sorte qu'il ne con-
nibus idem exagitatur : ut nec ipse quiescat, nec alios sinat
quiescere.
Censores romano equiti nimis pingui equum adimere
soliti erant, sive minus idoneum esse rati hominem tanto
corporis pondere ad faciendum equitis munus; sive non
omninodesidiæ culp
vacare videretur, cujus corpus tam
immodicc exuberasset3.
Adeo mutabilis est atquemultiplex hominis natura, ut
nonnunquam ipse tam diversus 3 a se, quam a ceteris,
deprehendatur.
?
Quid est ratione praestantius Quæ quum adolevit et per-
fecta est, nominalur rite sapientia ú.
2. g235. -3.211. —4.§241.
1
Nihil per proximumquemque serpitefficacius exem plo.
Nihil optime, nihil pessime agitur, quod non simile aliquid
pæriat. Bona videlicet imitamur aemulatione, prava autem
naturae nostrae malitia, quae, quum verecundia fraenata
coercebatur, turn exemplo solvitur et erumpit.
;
Apud Graecos mos fuit ut in conviviis post coenam cir-
cumferretur lyra cujus quum se imperitum Themistocles
confessus esset, habitus est indoctior2.
lnjustissimum est justitiae mercedem quaerere. Ilcliquæ
quoque virtutes per se colendae sunt, et in iis sequi officium
debemus, non fructum. Nam ut3 quisque maxime refert ad
buum commodum quaecunque agit, ita minime est vir bonus.
I.g251. -2,3251. -3.3271.
Memoriæ proditur Pisistralum Atheniensium tyrannum,
quum multa in eum ebriusconviva dixisset, nec deessent
qui ei faces ad iram et vindictam subderent, placido animo
tulisse, etrespondisse : non magis illi ebrio se succensere,
quam si quis obligatis oculis in se incurrissct.
1
:
C'est une extrême injustice d'être juste en vue d'une récom-
pense. Les autres vertus également doivent être pratiquées
pour elles-mêmes c'est le devoir-qu'il faut nous proposer en
elles, et non le profit; car plus on rapporte toutes ses actions
à rintérêt, moins on est homme de bien.
1
Antiquissimus Italiæ rex Saturnus tanlæ justitiae fuisse
traditur, ut neque servierit sub illo quisquam, neque ali-
quid privatae rei habuerit; sed omnia communia et indivisa
fuerint, veluli unum cunctis patrimonium esset. lIuic ælati
nomen inditum fuit Aureae.
2
Turpissimum est non modo pluris putarc quod utile
componere ,
videatur, quam quod honestum, sed liaec etiam inter se
et in his addubitare.
Quem sentimus virum bonum, is nihil cuiquamdetraliet,
quod in se transferal, intelligelque nihil 3 nec esse utile,
nec expedire quod sit injustum.
,
i. §308. — 2. g 310 •
— 3.§45".
pasien, devenu empereur, ne dissimula point son ancienne
médiocrité, et la déclara plus d'une fois. Il se moqua même
'de certaines gens qui prétendaient rattacher son origine à un
compagnon d'Hercule.
Alexandre mourut vivement regretté des Perses" qu'il avait
traités avec beaucoup de douceur, mais nullement des Macé-
doniens, que révoltait son excessive sévérité envers ceux de
sa nation.
,
Saturne, le plus ancien roi de l'Italie, fut, dit-on, si juste
: ni
qu'il n'y eut point d'esclaves sous son règne, rien qui appar-
tînt en propre à personne tous les biens étaient en commun,
on ne connaissait point de partage, comme s'il n'y eut eu pour
tous qu'un seul patrimoine. Ce siècle fut appelé l'âge d'or.
C'est une honte extrême, non-seulement de priser plus ce
(lui semble utile que ce qui semble honnête, mais de comparer
ensemble les deux objets, et de balancer entre eux.
L'homme de bien, tel que nous le sentons, notera rien à
qui que ce soit, pour se l'approprier; et il comprendra
rien de ce qui est injuste n'est ni utile ni profitable. que
Præclare Anaxagoras, qui, quum Lampsaei moierelur,
quærentibus amicis velletne Clazomenas in palriam, si
quid ei accidisset, referri? Nihil necesse est, inquit: undique
cnÙn ad inferos tanlumdem vice est.
:; :
ommes; il faut penser comme si quelqu'un pouvait voir au
ond de notre cœur et quelqu'un peut le faire. Rien n'est
ermé à Dieu il est dans nos âmes, et survient au milieu de
os pensées quedis-je? il ne s'en éloigne jamais.
|Il n'est permis grands
pas aux et aux princes de suivre leur
antaisie, et de vivre pour eux seuls. Placés au faîté de la
uissance, ils sont présentés aussi bien à notre imitation qu'à
os regards. Qu'ils se souviennent que, plus leur condition
Adulatoribus ne
Lurale blandiliae : aures praebeas. Ilabent hoc in se na-
I
poeniteat hominem ,
tidio, quo avidius hausta est. Ejus subinde necesse est aut
2 aut pudeat. In ea nihil niagnificum ,
aut quod naturam hominis, diis proximi, deceat.
Postquam philosophiae te permisisti, meliorem te fore 3
spero et confido. Qui in solem venit, colorabitur; qui in
1. gtOO, Rem.4.,_>.«:)78. — 3.g»05.
Qlyiiipiai;,mère d'Alexandre, lui demandait d'une manière
pressante la mort d'un innocent, et répétait souvent, pour
neuf mois dans son sein. Alexandre lui fit cette sage réponse
«
Ma bonne mère, demandez-moi une autre récompense.
:
obtenir plus facilement ce qu'elle voulait, qu'elle l'avait porté
,
Ne 2 dixeris illa quae invenimus esse nostra. Semina
artium omniuminsita sunt nobis et Deus magister ex 3
occulto acuit et excitat ingenia.
Vir bonus non prius declinat in 4 dulcem somnum oculos,
quam omnia diei acta reputaverit, ut pravis doJeat, vel
just is lætetur.
it.In exercenda beneficentia, multae sunt cautiones 5 adbi-
bendae. Videndum est 6 primum ne obsit benignitas et iis
ipsis quibus prodesse volumus, et ceteris; deindc ne major sit
quam facultales; denique ut cuique pro dignitate tribuatur.
1. §
5.3413. — G.
400,Rem.2.— 2. S
g 459.
,
400 Rem. 4. — 3. S 440. --q.H5. -
Non certior est sanæ mentis usus quam corporis : et
quanrvis longe a cupiditatibus abesse videaris, non minus
I
libi periculum instat ne rapiarisillarum impetu,quam
proba valetudine fruenti, ne in morbum incidas.
Quid ab aliis pali et ferre cogamur 2, cito sentimus et
ponderamus; sed quæ a nobis pati el ferre alii cogantur,
nequaquam adverlimus.
Diu cogila an libi in amicitiam aliquis recipiendus3 sit.
,
Quum placuit recipi, toto ilium peclore admitte
audacter cum illo loquere quam tecum.
tam :
Quum coram Agide, Lacedaemoniorum rege laudaren-
tur4 Elei,quodolympicis certaminibusjusli judicesessent5 :
,
« Quid
mirum, inquit, si 6 quarto quoque anno per unum
diem jusliiia utunlur? »
1.54GfI, -2. ltj2. - 3. §472. —4. 4W. - - 5. g 491. —G.§490.
une boutique de parfumeur, et s'y sont arrêtés assez long-
;
temps, en emportent l'odeur avec eux de même, ceux qui ont
fréquenté un philosophe ou un homme de bien, ont puisé
nécessairement dans ce commerce quelque principe salutaire.
éclore.
Ne dites pas que nos inventions soient notre' ouvrage. La *
et,
La santé de l'âme n'est pas plus assurée que celle du corps
quoique l'on de
paraisse éloigné des passions, on n'est pas
:
moins danger s'y laisser entraîner,
en que de tomber malade
quand on.se porte bien.
Nous sentons et nous pesons vite ce que les autres nous font
souffrir et supporter; mais nous ne songeons guère à ce que
nous faisons souffrir et supporter aux autres.
Réfléchissez longtemps si un homme doit être admis dans
lui tout à fait votre cœur
qu'avec vous-même.
;
votre amitié. Quand vous avez jugé bon de l'admettre, ouvrez-
parlez avec lui aussi hardiment
1. g
§503. —2.§516,n°10.-3.431. -4. g 516. -5. 51G.
Nous sommes ai présomptueux, que nous voudrions être
:
connus de toute la terre, et même des gens qui viendront
quand nous ne serons plus et nous sommes si vains, que
1estime de quelques personnes qui nous environnent, nous
amuse et nous contente.
Détromper un homme préoccupé de son mérite, c'est lui
l'rcndre un aussi mauvais office que celui qu'on rendit à ce fou
d'Athènes, qui s'imaginait que tous les vaisseaux qui arrivaient
dans le port étaient à lui.
Les rois et les grands sont de tous les hommes ceux auxquels
Ifeiecl le mieux la clémence. En effet, la puissance
ne nous
honore qu'autant qu'elle est bienfaisante. Mais quelle gloire
d'être fort pour faire du mal?
Vous n'avancerez dans le chemin de la vertu, qu'autant
uc vous vous ferez violence à vous-même.
PARS PRIOR.
VERSIO I.
Duo Fontes.
-
1. Duo
arundineta , ,
fonles eodem monle prognati, postquam inter
I
; :
que passim amictum floribus, et « Ovale, inquit, mifrater,
vale quo nova jucundaque rerum species me vocat, eo
sponte deferor. » Simul abit diversus 3, et pratum petit,
ejusque variam pulchritudinem late percurrere gestiens,
se plures in rivulos dividit. Sed exhaustus avidum solum
exsatiat, florumque tristes inter delicias consumitur. Alter
autem quo semel receptus est alveo se prudentius continens,
inter asperas cautes quidem, difficiliori cursu labitur,
minusque grato, verum nihil amittit sui. Quin etiam
decidentem a propinquis collibus aquarum copiam reci-
piens, inde suas auget; mox ad ipsum hinc illinc rivi con-
iluunt;quibus incrementis ex rivoamnis ingens efficitur.
Quo perlineat 4 illud exemplum vobis, juvenes, facile
patebit. Nempe curricula Musarum ingredi parantibus
duplex lier occurrit : alteruin desidiae et voluptatis , alte-
rum laboris. Qui priori se commiuit, illius mens animus-
que brevi tempore ifa exlenuantur, ut propemodum nulla 5
fiant. Qui contra poslerius sequitur, ejus ingenium, ut
eximii poetæ verba usurpem, vires acquirit eundo, supera-
lisque obstaculis, valentius exsistit atque copiosius.
1. g-196. —2.§445,2°. —3.§241. —4.§472. — 5. 3239.
PREMIÈRE PARTIE.
VERSION I.
Les deux Sources.
sur,
s'en
adieu! dit-elle; je me laisse aller
» où
,
des roseaux, par des routes à peu près semblables. Tout à coup
l'une d'elles se jette à gauche, et, apercevant une immense
prairie, émaillée çà et là de fleurs charmantes « Adieu! ma
m'attire
ces objets nouveaux et enchanteurs. En même temps, elle
l'aspect de
canis ;
Frustra allatravit abeuntem frendens fremensque custos
qui, quum ab ædituorum nullo exauditum se infel-
ligereL. inslitit hominem persequi; nec, lapidibus primo
impetitus, abstitit. Ortãluce, cominus, quango intervallo
,
conspici posset, sequebaiur. Ille ut allicerel, objicere 2
cibum ; canis repudiare, nec inescari se sinere aut veneno
,
tentari. Prope recubantem agereexcubias , assurgere resur-
genli, neque a vestigiis unquam abscedere. Quisquis viator
occurreret, adblandiri caudã praetereunti, fugientem alla-
trare, quasi accusarel, et sequi. Quæ quum ab obviis acce-
pissent missi ad insequendum milttes, simul de colore canis
et magnitudine sciscitati, id quod erat suspicati, addidere
gradum, deprehensumque sacrilegum retraxerunt. Prxibat
interim antea delator, nunc dux agminis canis, ovans
sublimi capite incedens, reflectens identidem in captivum
,
oculos. Nec defuitderepublica bene mcrito sua merccs.
Nam sacerdotibus edicto mandatum est, ut ipsi YÏclum
quoad viveret publice impertircnt.
1. .-2§402.
g 305.
VERSIO III.
Equus ct Lupus.
VERSION III.
Le Cheval et le Loup.
VERSIO IV.
Amicus ad amicum e gravi morbo convalescentem.
4. Vivis, o amice! vivis; neque verusille rumor qui te
extinctum retulit. O I rem laetissimam! o me præfer spem
omnem felici'ssimum! Equidcm nunquam ego quanto te*
diligerem melius intelIexi, quam ubi renuntiatum mihi fuit
te amico ereptum3 esse in perpetuum. Tunc scilicet aaimo
ineo recurrit eximia tua et
fides, caritas, et amoenissima
ilia indoles unde existunt inter nos dulcissimae necessitu-
dinis vincula. Hinc aestimare licet quantus me ex teterrimo
nuntio moeror invaserit 4. Sed quid ego baec? Quid in re
laotandi
tam luctuosa diulius immoror, quum tam am pla
materie's occurrat? Ignosces, ut spero, pro 5 tua humani-
tate. Yideorenim mihisimilis esse eorum qui, porlum tan-
dem ingressi, ex naufragio rcccntes, tanto suavius retrac-
1. 3 OS9. 9/<7•>. -3.g220. -4. g 172 —5.
g \S:L
donc recours à la ruse. L'animal carnassier se fait passer pour
médecin. Il s'avance à pas comptés, et, se composant un grave
maintien, « Ami, dit-il, comment vous portez-vous? Il me
semble que l'état de votre santé n'est pas parfait. Or toutes les
propriétés des simples me sont connues; on m'appelle à bon
droit l'Hippocrate des animaux. Si vous avez quelque besoin
de mes services, usez-en, comme il vous plaira, gratuitement. »
Pendant qu'il tenait ce discours, ses yeux examinaient à la
dérobée ce corps où brillait l'embonpoint, et détaillaient toutes
les parties du malade qu'il destinait à son repas. Le cheval
sentit que cette prévenance cachait des embûches, et, quoi-
qu'il soit d'un assez bon naturel, il résolut de punir la fourberie
:
par un tour du même genre. Levant le pied avec effort, comme
si cette partie était malade «
Eh bien! dit-il, mon cher, vous
arrivez à propos. Depuis longtemps, je souffre beaucoup d'un
ulcère qui s'est logé profondément sous mon pied.—-Bien!
;
répondit le loup; vous êtes sauvé! Je suis le premier des chi-
rurgiens et, parle ciel! pour traiter les ulcères des chevaux,
mon talent laisse bien loin tous les autres. » Notre loup s'ap-
proche en conséquence; et, tandis qu'il baisse la tête, pour
examiner intérieurement la plaie, le cheval lui détache une
ruade de toutes ses forces, lui brise, lui met en marmelade
les dents et les mâchoires, et le jette à bas hurlant d'une triste
manière.
VERSION IV.
A un ami qui relève d'une grave maladie.
;
4. Vous vivez, ô mon ami! vous vivez et il était faux ce bruit
qui annonçait votre mort! 0joie extrême! ô que je suis heu-
reux contre toute espérance! Certes, je n'aijamais mieux senti
combien je vous chérissais, qu'au moment où j'appris que vous
étiez enlevé pour toujours à votre ami. C'est qu'alors se retra-
cèrent à mon cœur votre admirable fidélité, votre tendresse,
et ce charmant caractère d'où naît l'intimité si douce qui nous
unit. Aussi pouvez-vous juger de la douleur où me plongea
cette affreuse nouvelle. Mais que dis-je? pourquoi m'arrêter
pluslongtemps à ces tristes pensées, quand j'ai si grandement
:
sujet de me réjouir? Indulgent comme
vous l'êtes, vous me
pardonnerez, je l'espère en effet, je suis, il me semble, dans
l'état de ceux qui, sortant d'un naufrage, et rendus enfin au
port, trouvent d'autant plus de plaisir à rappeler le souvenir
de leur danger, que leur situation a été plus critique. Du reste,
tant periculi memoriam, quanto gravius in discrimen fuere
tudinis ,
adducti. Ceterum cura sit tibi deinceps impensissima vale-
conjunctam.
sicque habe amici tui salutem tua cum salute esse ,
-
VERSIO V.
RusticOB vitce bona describuntur.
5. Quum vernent omnia et rideant in agris, miror esse qui
urbis strepitu delectentur. Rura enim sylvæque meliora
gaudia gratioresque habent delicias, quam usquam ex-
pertus invenias. Hic scilicet adsunt sanitas, quies et lætí-
tia, et quæcunque ad animum bona pertinent. Hie labor
,
etiam assiduus viribus augendis prodest, et corpora præstat
firmiora, nedum I frangat aut debilitet. Hic otia salubrem
ac vegetam exercitationem præbent. Neve putes ruris
pacem ac silentium studio litlerarum minus esse oppor-
;
tuna a quum montibus ac sylvis nescio quid poeticum
insit, nec ullo usquam loco propius ad Deum et divina
omnia mentes humange revocentur. Liberioris enim aspec-
tus cceli, et naturae pubescentis opes, prata, messes, et
ipsae arborum umbræ multa cogitantibus subjiciunt, et
nos 3 ea quæ in libris tantum legimus, vehementius admo-
nent. Nec male dicebat vir quidam inclytus omnes se quas
calleret litteras, quibus nescio an alius eadem ætate excul-
,
maxi me in illo naturae spectaculo mirandum nec se ullos
meliores magistros habuisse quam quercus et fagos.
;
lior fuerit, in sylvis et in agris didicisse, non hominum
diseiplinis, sed meditando, et summum numen orando,
VERSIO VI.
De prcecipuo malris officio.
6. Nuntiatum est quondam Favorino phiJosopho, praesen-
tibus discipulis, uxorem cujusdam ex suis sectatoribus paulo
ante peperisse T, eumque auctum esse filio. « Eamus , inquit
lum Favorinus, et visum 2 puerperam, etgratulatum patri.M
1. § 220. ,-q.Sez.
ayez bien soin désormais de votre santé; et penetrez-vous de
cette idée, que la conservation de votre ami est attachée à la
vôtre.
VERSION V.
VERSION VI.
Principal devoir d'une mère.
6. On annonça un jour au philosophe Favorinus, en présence
de ses disciples, que la femme d'un de ceux qui suivaient son
école venait tout récemment d'accoucher, et lui avait donné
un fils. « Allons donc, dit Favorinus, faire visite à l'accouchée,
et féliciter le père. » Ce dernier avait le rang de sénateur, et
était d'une famille assez illustre. Nous suivîmes tous le maître,
una, ,
Nempc is erat loci senatorii, ex familiã nobiliore 3. Ivimus
qui turn aderamus et cum eo simul domum ingressi
sumus. Ille autem, complexus hominem, eique congratu-
latus, assedit : atque ubi4, de puella percontatus, hanc
labore defessam et vigilia somnum capere cognovit, fabu-
lari institit prolixius, et : « Nihil 5, inquit, dubito quin
ipsa filium lacte suo nutritura sit. » Sed quum mater puellae
parcendum ei esse diceret, adhibendasque puero nutrices,
:
ne ad dolores quos tulisset in pariendo munus quoque nu-
tricationis grave et difficile accederet « Oro te, inquit,
mulier, sine earn totam ac integram esse filii sui matrem.»
Hoc est enim contra naturam imperfectum et dimidiatum
matris genus, parere, et statim abjicere ab oculis suis
partum; alere in utero nescio quid quod non videat; non
alere quod videat, jam hominem, jam viventem, jam
matris officia implorantem : dum contra nihil est magis
,
naturae consentaneum, quam primos infantis risus earn qua)
peperit excipere primas abstergere lacrymas, compescere
vagitus, ex infantia ad pueritiam ilium perducere, tamque
pia sollicitudine fovere, ut iterum vita donare videatur.
, -
3. § 254 2°. — 4. § 49G. 5. g 363.
VERSIO VII.
Doctis maxima præmia debentur.
,
7. Græci magnos honores instituerunt I athletis qui in
Olympiis Pythiis Isthmiis Nemeisque certaminibus vice-
,
rint. Nam non modo in publico Gweciae conventu laudes
ferunt cum palmã et corona; sed etiam, quum revertuntur
in suas civitates, triumphantes quadrigis invehuntur in
patriam , et constitutis earepublica vectigalibus per totam
vitam fruuntur. Quod quum ego animadverto, admiror 3
cur non iidem honores, atque etiam majores, tributi sint
scriptoribus qui infinitas utilitates perpetuo ævo omnibus
præstant. Id enim eo magis dignum erat institui, quod
athletae sua tantum corpora exercitationibus efficiunt lor-
tiora; scriptores veronon solum sua ingenia suosque sensus
perficiunt, sed etiam omnium aliorum ea 4 in libris pne-
,
I.g3i3, 2. g iiO. —3.gi79 i. g570.
,- -
et nous entrâmes avec lui dans la maison. Il embrasse l'époux,
lui offre ses félicitations, et s'assied à ses côtés; puis il demande
des nouvelles dela jeune femme; et, apprenant que, fatiguée
:
par les travaux de l'enfantement et par l'insomnie, elle prenait
du repos, il se met à causer plus longuement « Sans doute,
dit-il, c'est elle qui nourrira son fils? » Mais comme la mère de
la jeune femme faisait observer qu'il fallait ménager sa fille,
et remettre l'enfant entre les mains des nourrices, de peur
:
d'ajouter aux douleurs qu'elle avait souffertes dans l'enfante-
ment, les soins laborieux et pénibles de la nutrition « Femme,
reprit-il, je vous en prie, laissez-la donc être entièrement et
sans restriction la mère de son fils. » En effet, c'est se mettre
en opposition avec la nature, c'est se montrer mère imparfaite,
mère à moitié, que d'enfanter, et de rejeter aussitôt loin de ses
yeux le fruit de ses entrailles; de nourrir dans son sein je ne
sais quel objet qu'on ne voit pas, et de ne plus nourrir celui
:
qu'on voit, quand déjà c'est un être humain, quand déjà il
respire, quand il implore déjà les soins maternels tandis que
rien n'est plus conforme aux vues de la nature, qu'une mère
recevant le premier sourire de l'être qui lui doit le jour,
essuyant ses premières larmes, apaisant ses cris, le conduisant
depuis le berceau jusqu'à l'enfance, et l'entourant d'une ten-
dresse si dévouée, qu'elle semble lui donner la vie une seconde
fois.
VERSION VII.
On doit aux savants les plus hautes récompenses.
7. Les Grecs ont institué de grands honneurs pour récom-
penser les athlètes vainqueurs dans les jeux Olympiques et
Pythiens, dans ceux de l'Isthme et de Némée. Ces athlètes, en
effet, sont loués en présence de la Grèce réunie pour ce con-
:
cours, et obtiennent une palme avec une couronne. Ce n'est
pas tout lorsqu'ils retournent chez leurs concitoyens, ils
entrent triomphants dans leur patrie, sur un char attelé de
quatre chevaux, et jouissent pendant le reste de leur vie d'un
revenu qui leur est assuré par l'Etat. Quand je considère cet
usage, je m'étonne qu'on n'ait point décerné de semblables
honneurs, ou même de plus grands encore, aux écrivains qui,
de tout temps, ont rendu au genre humain des services inesti-
mables. Cette institution eût été d'autant plus juste, que les
athlètes fortifient seulement leur corps par des exercices
|!tandis que les écrivains perfectionnentleuresprit, épurent
;
cepta dantes , quæ plurimum juvent ad animos exacuendos
et ad discendum. Quid enim Milo Crotoniates, quod fuit
corporis viribus invictus,prodest hominibus, aut ceteri
qui eo genere fuerunt victores? Pythagoras vero, Platonis,
Aristotelis ceterorumque sapientum praecepta omnibus
gentibus edunt novos quotidie fructus, quibus qui a tenerã
ætate satiantur, ipsi optimos habent sensus, et humanos
mores civitatibus infundunt, aequa jura ac leges describunt,
sine quibus nulla potest esse civitas incolumis. Quum 5
igitur tanfa munera privatim ac publice fuerint hominibus
præparata scriptorum prudentiã, non solum palmas et
coronas his tribui arbitror oportere, sed etiam et trium-
phos, et divinos, si fas sit, honores decerni.
5.3497.
VERSIO VIII.
Cacus occiditur.
8. Herculem memorant, interempto Geryone, in I ea
loca quae condendae Urbi Romulus elegit, abegisse mira
,
specie boves, ac prope Tiberim fluvium, qua præ se ar-
mentum agens trajecerat, loco herbido ut quic!e et pa-
bulo laeto reficeret boves, et ipsum fessum via procubuisse.
Ibi, quum eum cibo vinoque gravatum sopor oppressisset,
pastor accola ejus loci, nomine Cacus , ferox viribus, cap-
tus pulchritudine boum, quum avertere eam praedam vel-
let, quia, si agendo armentum in speluncam compulissct,
ipsa vestigia quaerentem dominum eo deduc!ura erant,
,
aversos boves, eximium quemque pulchritudine, caudis2
,
in speluncam traxit. Hercules ad primam auroram somno
excitus quum gregem perlustrasset oculis, et partem
abesse numero sensisset,pergit ad proximam spplnncam,
si forte eo vestigia ferrent; quæ ubi 3 omnia (oras versa
vidit, nec in partem aliam ferre, confusus atque incertus
animi 4,ex loco infesto agere porro armentum occæpit.
Inde quumactae boves quaedam ad desiderium , ut fit, relic-
tarum mugissent, reddita inclusarum ex spelunca hOUlll
- -
1. § 388. 2.5 :\;;lJ. —a. V(j ,
L 313 2°
leurs sentiments, et étendent ce bienfait aux autres hommes,
en donnant dans leurs li vres des préceptes qui contribuent
puissamment à stimuler les âmes, et à éclairer les intelligences.
Milon de Crotone, avec sa force invincible, quels services
a-t-il rendus à l'humanité, lui ou les autres qui ont obtenu une
supériorité dumême genre? Mais les préèeptes des Pythagore,
des Platon, des Aristote, et des autres sages, produisent tous
les jours de nouveaux fruits pour l'univers; et ceux qui en
sont nourris abondamment dès leur plus tendre jeunesse, ont
eux-mêmes les sentiments les plus généreux; ils adoucissent
les mœurs des nations, ils donnent des lois, des constitutions
équitables, sans lesquelles aucun Etat ne saurait subsister. Or,
si les lumières des écrivainsont préparé tant de bienfaits aux
individus et aux peuples, on doit, à mon avis, non seulement
leur accorder des palmes et des couronnes, mais aussi leur
décerner des triomphes, et, s'il était possible, les honneurs
divins.
VERSION VIII.
Mort de Cacus.
8. On rapporte qu'Hercule,après avoir tué Géryon, emmena
;
des bœufs d'une beauté singulière dans ces lieux que Romulus
-
VERSIO IX.
Plinius Cornelio Tacito suo salutem.
9. Ridebis, et licet rideas. Ego Plinius ille quem nosli,
apros tres,etquidem pulclierrimos,cepi. Ipse.inquis?
;
Ipse non tamen ut omnino ab inertia mea et quiete dis-
, ;
cederem. Ad retia sedebam. Erant in proximo non vena-
,
bulum aut lancea, sed stylus et pugillares. Meditabar ali-
quid enotabamque ut, si manus vacuas plenas tamen
cerasreportarem I. Non est 2 quod contemnas hoc studendi
genus. Mirum est ut animus hac agitatione mo!uque cor-
poris excitetur. Jam undique sylvæ et solitudo ipsumque
,
illud silentium quod venationi datur, magna cogitationis
incitamenta sunt. Proinde quum venabere, licet, auctore
,
me, ut panarium et lagunculam , sic etiam pugillares feras.
Experieris non Dianam magis montibus quam Minervam
inerrare. Vale.
1. S223, Rem. 2.§479.
—
VEIISIO X.
Fortunatæ lnsulæ describwìtur.
,
10. Proditum est a veteribus poetis esse I quasdam in
Oceano insulas ad quas post mortem deferantur 2 eorum
animae qui sancte ac religiose vixerint Ibi eos inter se
jucundissimam agcre conversationem, in pralo lforuiu gra-
,
tissima varietate distincto et picturato; nunquam non illic
ridere ccelum, frondere arbores pubescere herbas, nifere
omnia, spirare assidue mollissimos favonios, quorum na-
bellis venlilalae arborurn comæ suavissimo murmure auri-
bus blandiantur 4. Eo accedere innumerabilem vim im-
mortalium avicularum, quæ,usque et usque liquidoscauius
funditantes, intimos sensus audientium incredibili vo-
;
luptate permulceant 5 pralum ipsum perennibus rivulis
1. § 220. -2. g 508. — 3. g 508. —4-3508. — 5. g 508.
un avertissement pour Hercule : il revient sur ses pas, et
marche à la caverne. Cacus fit de vains efforts pour l'arrêter;
implorant inutilement l'assistance des autres pasteurs, il tomba
sous la massue du héros.
VERSION IX.
Pline à son ami Tacite, salut.
9. Vous allez rire, et je vous le permets. Ce Pline que vous
connaissez a pris trois sangliers, et de fort beaux sangliers,
;ma.foi! Quoi! lui-même, dites-vous? Lui-même. N'allez pas
croire pourtant que je sortisse tout à fait de ma tranquillité et
de ma paresse. J'étais assis près des toiles; j'avais à côté de moi
non point un épieu ou un dard, mais un stylet et des tablettes;
jerêvais, et je prenais des notes, afin de rapporter au moins
mes feuilles pleines, si je revenais les mains vides. Ne méprisez
pas cette manière d'étudier. Vous ne sauriez croire combien
cette agitation et ce mouvement du corps donnent de vivacité
à l'esprit. Sans compter que ces forêts,cettesolitude qui vous
environnent, et ce silence même qu'on observe à la chasse,
,
serez suivez mon exemple :
excitentsingulièrement l'imagination. Ainsi, quand vous chas-
emportez
avec la panetière et le flacon,
aussi des tablettes. Vous verrez que Minerve ne se
plaît pas moins à parcourir les montagnes, que Diane. Adieu.
VERSION X.
Les Iles Fortunées.
10. Les anciens poëtes ont dit qu'il existe dans l'Océan cer-
taines îles où sont transportées, après la mort, les âmes de ceux
dont la vie a été sainte et pure. Là, dans une prairie dont une
charmante variété de fleurs émaille et relève la verdure, le com-
merce le plus doux rapproche ces âmes fortunées. Le ciel y est
; ;
toujours serein, les arbres toujours verts, les gazons toujours
frais toute la nature est riante les tendres zéphyrs y régnent
continuellement, et leurs molles haleines se jouent dans le
feuillage des arbres avec un murmure dont l'oreille est déli-
:
cieusement flattée. Cependant un nombre infini d'oiseaux
immortels viennent encore égayer ces lieux la pureté de leurs
accords verse dans les sens une indicible volupté. La prairie
t
est entrecoupée de ruisseaux, dont les eaux, toujours vives et
aussi
claires que le cristal, se brisent doucement sur de petits
intersecari, quorum nitidissima aquula, ad versicolores
lapillos molliter allisa,susurrum 6efficiat dulcissimum.
Fortunatæ-sedis incolas iis quæ videant 7, quae audianl, quæ
sentiant, indesineiiter hilarari. Alios ad Orphei Amphio-
;
nisve lyram choreas agere; alios psallere; alios corollas
texere alios inherba fusos quã tellus tremulis laurorum
,
ac myrtorum opacatur umbraculis, jucundissimossermones
conserere; humum ipsam, sine ullo cultu, ter quotannis,
summa ubertate alimentorum copiam illis subministrare.
6. §508. -7. § 508.
VERSIO XI.
Ut Aristotelesobliquo et ingemoso commento magi&terii sui
successoremdesignaverit.
11. Aristoteles annos I jam fere duos etsexaginta natus,
corpore affecto, et tenui vitae spe fuit. Tunc omnis secta—
torum cohors ad eum aceessit., obsecrantes a ut ipse
deligeret magisterii sui successorem, quo, post summum
ejus diem,perinde ac ipso uterentur 3 ad studia doetrina-
,
rum complenda excolendaque,(Juibus ab eo imbuti fuis-
sent. Erant in ejus ludo praecipui Theophrastus et Mene-
demus : hie Rbodius, altcr ex insula Lesbo. Aristoteles
responditsefacturum esse quod vellent, quum idforetsibi4
tempestivum. Postea brevi tempore, iisdem adstantibus,
;
vinum ait quod tunc biberet non esse ex 5 valetudinesua,
sed insalubre atque asperum propterea quaeri debere exo-
ticum, vel. Rhodium aliquod, vel Lesbium. Utrumque sibi
ut curarent petivit, usurus eo quod sese 6 magis juvisset.
Eunt, curant, inveniunt, afferunt. Turn Aristoteles Rho-
dium petit, degustat: « Firmum, inquit, hercle!vinurn, et
;
jucundum. » Mox, degustato itemLesbio, « Utrumque, jn-
quit, oppido bonum sed ,;/(WV á AeaSio; (jucundius Lesbium).
Hinc nemini fuit dubium 7 quin lepide simul et verecunde
?
sugcessorem ilia voce sibi, nonvinum, delegisset. Is erat
Theophrastus, suavitate vir iusigni linguae pariter ac vitae.
Itaque, non diu post, Aristotele vitadefuncto, ad Theo-
phrastum omnes concesserunt.
1.& 375, Rem. 2. g 237,II. — 3. § 235. — 4. § 296. — 5. § WO.
- g
G. 296. -7.464—
cailloux de diverses couleurs, et vous enchantent par leur
gazouillement. Quant aux habitants de ce fortuné séjour, ce
qu'ils voient, ce qu'ils entendent, ce qu'ils sentent, leur inspire
[
une joie sans fin. Les uns dansent aux sons du luth d'Orphée
couronnes;
ou d'Amphion; d'autresjouent de la lyre; d'autres tressent des
d'autres, étendus sur l'herbe, à l'ombre des myrtes
et des lauriers qui se balancent sur leurs têtes, se livrent entre
eux aux plus charmants entretiens. La terre elle-même se passe
deculture, et leur fournit en abondance des aliments qu'elle
renouvelle trois fois chaque année.
l'
VERSION XI.
Détour ingénieux imaginé par Aristote pour désigner son
succeSSe1U'
à
i1. Aristote était-déjà parvenu l'âge d'environ soixante-deux
ans. Affaibli par les infirmités, iL ne conservait plus qu'une
frêle existence, lorsque tous ses disciples réunis vinrent le
trouver,pour le prier de choisir celui qui devait lui succéder
dans son enseignement, afin que, quand leur maître ne serait
plus, il put le remplacerauprès d'eux,etaehever son ouvrage,
avaient
en complétant les connaissances auxquelles ses leçons les
étaient Xhéophrastè et Ménédème; le premier, de Lpsbos le
second, de Rhodes. Le philosophe répondit qu'il seconforme-
;
initiés. Ceux qui se distinguaient le plus dans -son école,
à
rait leur désir en temps opportun. Bientôt après, en présence
Les mêmes disciples. il dit que le vin qu'il buvait alors ne
convenait pas à son état; qu'il était rude et nuisible à sa santé;
es,
qu'en conséquence, illui fallait quelque vin étranger, celui de
par exemple, ou de Lesbos. Il les priait de lui procurer
'un et l'autre, se réservant d'user de celui dont il se trouverait
e mieux. On part, oncherche, on trouve, on lui apporte ce
u'il désirait. Aristote demande alors le vin de Rhodes, et le
ayant goûté pareillement celui de Lesbcs ,
goûte : « Vraiment! dit-il, ce vin est ferme et agréable. »Puis,
«
Ils me- plaisent
'un et l'autre, ajoute-t-il; mais jetwv ô Altoç (celui de Lesbos
est le plus agréable). « Personne ne douta que ces paroles ne
Fussent une manière ingénieuse et délicate de désigner, non
pas le vin qu'il préférait, mais son successeur. C'était Théo-
caractère
p hraste, homme également remarquable par la douceur de son
et par celle de son éloquence. Aussi, le maître étant
piort peu de temps après, tous les disciples passèrent du côté
de Théophraste.
VERSIO XII.
Quam artem Pythæ uxor ad sanandam viriavariliam
adhibuerit.
12. Auctor est Plutarchus, in illo libro quem "ir:ul
mulierum dicavit, Pythen I quemdam,non amplae pro
vinciæ præfeclum, Xerxis, ut videtur, temporibus, quum
forte incidisset in 2 auraria metalla, tam imraoderato stu-
dio amplexum fuisse quas inde consequerelur divitias, ul
non solum ipsetolusesset in hoc opere, sedet civcs suo<
juberet, neglectis omnino ceteris rebus, assidue effoderc
aurum, egerere, purgare, ultimam pcenam minatus, si qui.6
sibi negasset obsequium. Postquam plurimos improbus istc
labor consumpserat 3 qui supererant animum desponden-
,
tibus, ex muliehri sexu leclae, obvolutum lana ramum
oleaginum, precantium ritu, præ se feren/es, ad Pythae
uxorem convenerunt. Aliae aliam orbitalem queslu el la-
mentis dolebant, et banc miseriam universis 4 depreca-
bautur. Ilia legationem obeuntes humanissime excepit,
et dimisit benigno sermone recreatas. Turn peritissimum.
quemque artificem ad se mulier accersivit, eosdem apud se
tenuit inclusos, et ignaris, quo consilium ipsius perti-
neret, negolium dedit ex auro conficiendi, ad oplimam
scilicet , , ,
imitationem, varia cujuslibet generis obsonia, carnes
panem cupedias et quidquid sciret sapere
viro jucundissime. Fabri artem suam infinito anfecesse-
runt. Hisautemoperibusconfectis,post non multas dies
a
redux peregrinatione Pythes,vix datasalute, ulpote1
qui valde ab itinere esuriret, coenam poposcit. Poscenti
conjux, illius quam diximus fabricae, cibos jussit apponi.
-
1. § 107. —2.g368. — 3. § 490. 4.§343. —:>$4U7.
VERSIO XIH.
Sequitur de Pythæ ujcore.
spectaculum
1. §172.
,
15. Quam cupido intuitu Pythes hauserit paralmn silii
(
:
s'occuper sans relâche d'extraire le métal, de le transporter, de
le nettoyer la peine de mort était réservée à quiconque refu-
serait de lui obéir. Ce travail rigoureux avait déjà fait périr un
nd
sen nombre d'hommes, et le reste était découragé, quand
femmes, députées par leur sexe, portant dans leurs mains,
l'usage des suppliants, le rameau d'olivier entouré de
bandelettes, se rendirent chez l' épouse dePythès. Elles ve-
naient avec des plaintes et des lamentations, chacune déplorant
ae perte, et priant pour épargner à tout leur sexe un sem-
blable malheur. La femme de Pythès fit à la députation l'ac-
cueil le plus affable, et les renvoya ranimées par ses paroles
E)ienveillantes. Puis elle fit appeler les ouvriers les plus habiles,
es tintrenfermés chez elle, et, leur laissant ignorer le but
qu'elle se proposait,leur commanda de confectionner en or,
avec la plus-exacte ressemblance, des aliments de toute espèce,
tels que-du pain, des pâtisseries,desviandes, et tout ce qu'elle
fcavait être particulièrement du goût de son mari. Les artistes
;e surpassèrent eux-mêmes à un degré remarquable. Ces ou-
vrages achevés, Pythès revint de voyage au bout de quelques
ours; et, prenant à peine le temps de saluer sa femme, car
a route lui avait donné grand appétit, il demanda à manger.
a femme lui fit servir les mets dont nous avons parlé tout à
'heure.
VERSION XIII.
l La femme de Pythès (suite ).
, ;
sensitille mox elanguere lætitiæ suæ impetum, et avoca-
tam paulisper famem instare 3 sibi vehementius turn con-
versus ad uxorem, « Mirificas ait, nobis epulas curavisli,
sed minus 4 esculentas. » Ilia autem : « Ecquid, vir. nun(
tandem desiderio tuo quanti 5 sit 6 agricultura, intelligis?
; ,
non est quod mireris , pro dapibus quas poposceris , aurum
,
tibi me apposuisse hujus enim tu nobis materiæ copiam
;;
nullius praeterea paravisti. Omncs jacent aliae artes va- ,
verba;
magna tua invidia. » Moverenon mediocriter virum uxoris
et quod nulli civium gemitus, nullæ lacrymae effece-
rant, id muliebre commentum effecÍl, ut, si non omnino
omitlerentur metalla, leviorsaltern eruentibus irrogarelur
labor, nec plus quintam hominum partem opus illud deti-
neret.
2 g 399,Rem.G. -3.29G. — 4. g 264. - 5.3311. —G. ð -in,
VERSIO XIV.
:
des mines, bien misérables également s'ils obéissent ou s'ils
n'obéissent pas et tout l'odieux de leur misère retombe sur
(vous. » Ces paroles firent une vive impression sur Pythès; et
citoyens, une femme l'obtint par un ingénieux expédient si :
ce que n'avaient pu obtenir les larmes et les gémissements des
les mines ne furent point abandonnées, on en rendit le travail
¡moin.; rigoureux, et cette entreprise n'occupa plus que le cin-
quième de la population.
VERSION XIV.
La majesté de la gloire imposante même pour des ennemis.
14.Quand le premier Scipion l'Africain vivait retiré dans sa
'maison de Literne, le hasard
y amena en même temps plusieurs
chefs de pirates qui s'étaient réunis pour le voir. Persuadé
qu'ils venaient lui faire quelque violence, il
posta ses esclaves
sur la terrasse de sa maison, et se préparait à repousser en-l
inemi avec résolution, et par tous les moyens qui étaient en son
pouvoir. Les pirates s'en aperçurent, et aussitôt, renvoyant
et
leur escorte, jetant à terre leurs armes, ils approchèrent de.
la porte, en annonçant à haute voix qu'ilsnevenaient point
pour attenter à ses jours, mais pour rendre hommage à sa
vertu; qu'ils ambitionnaient comme un bienfait céleste le bon-
heur de voir un si grand homme et de lui parler; qu'ils le
tanti viri quasi coeleste aliquod beneficium expetentes
proinde securum sespectandum praebere ne 3 gravaretur. »
:
Haec postquam domestici Scipioni retulerunt, fores reserari,
eosque intromitti jussit. Qui, postes januas (anquamreli-
giosissimam aram sanctumque lemplum venerati. cupide
Scipionis dextram apprehenderunt; ac diu ùeosculati, posi-
tis ante vestibulum donis, quæ deorum immortalium nu-
mini consecrari soleni, laeli quod 4 Scipionem vidisse con-
tigisget, ad lares reverterunt. Quid hoc fructu majestalis
excelsius? Quid etiam jucundius? Hostis iram admiratione
;
sui placavit (in eo scilicet bello quod, quadriennioante,
cum rege Antiocho gesserat) speciaculo præsentiæ suae
latronum gestientes oculos obstupefecit. Delapsa ccolo sidera
homiuibus 5 si se offerant, venerationis amplius non
reci piant.
3. § 400,nem. 4. —4.§491, —5. g 2H, Rem.2.
VERSIO XV.
Verres in Sicilia prcefor aggreditur expilare signum llerculis
apud Agrigentinos.
,
15. Herculis templum est apud Agrigenlinos, non
10nge a foro sane sanctum apud illos et religiosum. Ibi est
ex I ære simulacrum ipsius Herculis, quo non facile quis-
quam pulchrius elaboratum opus viderit. Ad hoc templum ,
duce Timarchide, repente, noc'e intempestã, servorum
armatorum ut concursus atque impetus. Clamor avigilibus
custodibusque fani tollitur. Quos primo resistere ac defen-
dere conantes, clavisac fustibus servi male multatos repel-
lunt;postea convulsis repagulis,effractisque valvis,de-
molirisignum, ac vectibus labefactare conantur. Interea
ex clamore fama lolã urbe percrebuit expugnari deos
patrios : non hostium adventu nec opinato, neque repen-
tino praedonum impetu, sed ex domo atque cohorte prae-
toria manum fugitivorum instructam armatamque venisse.
Nemo Agrigenti neque ætate 2 tam affecta, neque viribus
tam infirmis fuit,quin ilia nocte,eo nuntio excitatus,
surrexerit, telumque quod cuique fors offerebat, arripuerit.
1.33L — 2. g 334.
priaient de vouloir bien se montrer en toute assurance à leurs
yeux. Ces paroles furent portées à Scipion, qui- fit ouvrir les
pwrteSy et introduire ces étrangers. Ceux-ci, après s'êtreinclinés
religieusement devant les portes, comme devant l'autelle plus
vénéré, devant un auguste sanctuaire, saisirent avidement la
main de Scipion, y tinrent longtemps leurs lèvres attachées,
et, après avoir déposé à l'entrée du vestibule des présents
pareils à ceux que Pou offre ordinairement aux dieux immor-
tels, ils retournèrent dans leurs foyers, satisfaits d'avoir yu ,
Scipioa. Cette jouissance quercure la majesté, n'est-elle-pas
cequ'il y a de plus noble, et même de plus délicieux? L'admi-
rati.. de sa personne arrête lecourroux d'un ennemi (lorsqu'il
faisait la guerre, quatre ans avant, à Antiochus); des pirates
le voient, et leurs yeux, à son aspect, sont comme saisis d'en-
chantement! Non, quand les astres descendraient du ciel pour
s'offrir aux hommes, ils ne seraient pas l'objetd'une plus pro-
fonde vénération.
VERSION XV.
Tentative de Verrès préteur en Sicile pour enlever l'Hercule
d'Agrigente.
15.IlyadansAgrigente,nonloindela place,untemple d'Her-
cule, très-saint et très-révéré dans ce pays;jet dans ce temple,
telouvrage. Au milieu de
:
la statue de ce dieu en airain on ne peut guère voir de plus
la nuit, une troupe d'esclaves armés,
Tu;¡.rchide à leur tête, vient tout à coupattaquer ce temple.
;
Les sentinelles et les gardiens poussent un cri.Envainils
veulent résister et chasser les malfaiteurs ceux-ci les maltrai-
i
tent et les repoussent à coups demassues et de hâtons: Hs
arrachent les barrières ils brisent les portes; ils essaient de
soulever la statue et de l'ébrauler avec des leviers.Cepen-
:
dant, au cri des gardiens, un bruits'est répandu dans toute
là ville les dieux de la patrie sont attaqués, non
par des
ennemis qui tentent une surprise, par des pirates descendus
à l'improviste, mais par une horde de brigands, qui sont
veMus tout armés de la maison
Cette nuit, il n'y eut personne dans Agrigente ,
et de la suite du préteur.
quel que
fût son âge ou sa faiblesse, qui, s'éveillant à cette nouvelle,
ne se levât et ne se fît précipitamment une arme de ce qu'il
rencontrait. Aussi, de tous les quartiers de la ville, on accourt
Itaque brevi tempore ad fanum ex urbe tola concurrílur.
Horã 3 amplius jam in demoliendo signo permulti homines
inoliebantur: illud interea nulla lababat ex parle; cum alii
vectibus subjectis conarentur commovere, alii deligatum
omnibus membris rapere ad se funibus. Repente Agrigen-
tini concurrunl; fit magna lapidatio : dant sese in fugam
istius praeclari imperatoris nocturni milites; duo tamen
sigilla perparvula tollunt, ne omnino inanes ad istum præ-
,
donem religionum reverterenlur. Nunquam tam male est
Siculis quin 4 aliquid facete et commode dicant, velut in
hac re : aiebant in labores Herculis non minus hunc imma-
nissimum Verrem, quam ilium aprum Erymanlhium re-
ferri oportere.
3. § 335. - 4. 465.
VERSIO XVI.
Neglectce reltgionis exempla,
16. Syracusis I Dionysius genitus tot sacrilegia sua,
quot jam recognoscimus, jocosis dictis prosequi voluplalis
loco duxit. Fano enimProserpinaespoliatoLocris, quum
per altum secundo vento classe veheretur, rid ens amicis ,
« Yidetisne, ait, quam bona navigatio ab ipsis
immortali-
,
bus sacrilegis tribuatur 2? » Detracto etiam Jovi Olympio
magni ponderis aureo amiculo quo eum tyrannus Hiero e
manubiis Carthaginiensium ornaverat, injectoque ei laneo
pallio , dixit Restate gravem amiculum aureum esse hieme
frigidum : laneuin autem ad utrumquetempus anni aptius.
,
Idem Epidauri Æsculapio barbam auream demi jussit,
quod affirmaret non convenire patrem Apollinem imber-
:
bem, i psum barbatum conspici. Idem mensas argenteas
atque aureas e fanis sustulit quodque in his more Graeciae
scriptum erat, Bonorum Deorum eas esse 3 , uti se boni-
tateeorum praedicavit. Idem Victorias aureas et pateras,
et coronas, quae simulacrorum porrectis manibus sustine-
bantur, tollebat, et eas se accipere, non auferre dicebat,
perquam stultum esse argumentando, a 4 quibus bona pre-
K §365. —2.§;i7?. -3. g 300. i.
— g 324.
au temple en un instant. , depuis plus d'une neure, un'
Déjà
,
grand nombre d'hommes travaillaient à détacher la statue,
les -uns s'efforçant de l'ébranler avec desleviers les autres,
e: l'entraîner avec des câbles attachés à chacun de ses mem-
bres elle demeurait immobile. Tout à coup les Agrigentins
surviennent; ils font pleuvoir une grêle de pierres. Les soldats
de ce brillant général, ces soldats de nuit, se mettent à fuir.
Cependant, pour ne pas retourner les mains absolument vides
vers ce déprédateur des choses sacrées, ils emportent deux
petites figures. Jamais les Siciliens ne sont si malheureux,
qu'ils ne trouvent quelque bon mot à dire. Ainsi, dans cette
circonstance, ils disaient que ce terrible pourceau * devait être
compté parmi les travaux d'Hercule, autant que le fameux
saaglier d'Erymantbe.
* Le même motsignifie Verres et pourceau, en latin. Ce jeu de mots
est intraduisible dans notre langue. Nous nous contentons de l'indiquer.
VERSION XVI.
Exemples d'impiété.
16. Denys de Syracuse, coupable de tous les sacrilèges que je
vais énumérer, trouvait fort divertissant d'en faire le sujet de
favorable ,
ses plaisanteries. Après avoir pillé le temple de Proserpine à
Locres, comme il s'en retournait sur sa flotte par un vent
Voyez-vous, dit-il en riant à ses amis, l'heureuse
cc
navigation que les immortels accordent eux-mêmes aux sacri-
lèges? »
Il avait aussi enlevé à Jupiter Olympien un manteau
d'or d'un poids considérable, ornement offert au dieu par le
:;
roi Hiéron, et pris sur les dépouilles des Carthaginois. Il dit,
en le remplaçant par un manteau de laine « L'or est trop
chaud pour l'été, et trop froid pour l'hiver la laine convient
mieux pour les deux saisons. » A Epidaure, il fit dépouiller
Esculape de sa barbe d'or, prétendant que la bienséance ne
lui permettait pas de paraître avec une barbe, tandis qu'Apol-
dans
lon, son père, n'eu avait pas. Il fit également enlever
;
divers temples des tables d argent et d'or et comme, selon
l'usage des Grecs, on y avait inscrit le nom des dieux auxquels
,
elles appartenaient, avec la qualité de Bons, « Je veux, dit-ily
profiter de leur bonté. » Les Victoires les coupes, les cou-
;
ronnes d'or que les statues des dieux soutenaient de leurs
Jmains étendues, devenaient également sa proie et il disait
« Je les accepte, je ne les ravis pas. — Rien de plus absurde,
:
ajoutait-il sententieusement, que de demander des faveurs
l'
camur, ab his porrigenlibus nolle sumere. Qui tametsi
debita supplicia non exsolvit, dedecore5 tamen filii mortuus
-
poenas rependit, quasvivuseffu erat. Lent) enim gradu ad
vindictam sui divina proceditira, tarditatemque supplicii
gravitateeompensat.
5. g 329.
VERSIO XVII.
,
Restituilur Hierosolyma.
17. Eratapud I Babyloniam Nehemias minister regius,
gente Judaeus, Artaxerxi merito obsequiorum carissimus.
,
Is,Judaeos percontatus quis paternæ urbisstatus csset 2,
ubi comperit in iisdemruinis jacerc patriam totis sensibus
conturbalus., cum gemitu multisque lacrymis orasse ad
Deum Iraditur, delicta genlissuae reputans, misericordiam-
que divinam efflagitans. Igitur quum eum rex inter epulas
mcestum extra solitum animadverleret, poposcit ab eo cau-
sam dolorum ut exponeret. Tum ille adversaet ruinam suæ
civitatis deflere 3, quae, jam per annos fere ducentos etquin-
quagintasolo strata, malorum testimonium, spectaculum
:
urbi parem : neque enim amplius quam ad6 quiuquaginta
millia promiscui sexus atqueordinis reperta lantum exillo
quondam immani numero frequeniibus bellis absumptum,
aut captivitate delentum!
,
I.g43l. 2.3472. —3.§402. — 4. g 399 Rem. 4. — 5.§363. —
(i. g 42Ii.
aux dieux,
et de refuser les dons qu'ils nous présentent. »
11 ne subit point, il est vrai, la peine due à ses crimes
tmais, après sa mort, il trouva dans l'opprobre de son fils la
;
,
rpunition à laquelle il avait échappé pendant sa vie. Si la colère
châtiment.
Ldivine est lente à se faire justice
par la sévérité du elle compense la lenteur
f *
i M.
VERSION XVII.
Rétablissement de Jérusalem.
Néhémie,
I 17. Il y avait, en Babylonie, un juif, officier du roi, nommé
qui, grâce à son dévouement, était devenu le favori
d'Artaxerxe. Il avait demandé à des Juifs en quel état se trou-
vait la ville de leurs pères. En apprenant que sa patrie était
toujours ensevelie sous ses ruines, son cœur fut troublé pro-
:
fondément, et l'on dit qu'il s'adressa au Seigneur avec des
gémissements et d'abondantes larmes il songeait aux infidé-
, ,
lités de sa nation, et implorait la divine miséricorde. Le roi,
s'étant aperçu un jour, pendant le repas qu'il était triste
contre sa coutume lui demanda le sujet de son affliction.
Néhémie répondit qu'il déplorait les calamités et la ruine de
sa patrie, dont les débris, épars sur le sol depuis environ deux
cent cinquante ans, attestaient sa misère et servaient de spec-
tacle à ses ennemis; il le suppliait de lui accorder la permis-
sion d'y aller et de la rebâtir. Le roi se rendit à ces pieuses
prières, et le laissa partir au moment même; il lui donna une
escorte de cavalerie pour la sûreté de son voyage, et des
lettres où il chargeait ses gouverneurs de lui fournir les choses
nécessaires. Dès son arrivée à Jérusalem, Néhémie assigna à
:
chaque habitant sa part de travail dans la reconstruction de
la ville tous rivalisèrent d'ardeur pour remplir leur tâche.
Déjà l'on était parvenu à la moitié de l'ouvrage, quand l'envie
s'éveilla : les cités voisines se liguèrent pour arrêter les tra-
vaux, et contraindre les Juifs à les abandonner. Mais, sans
,,
,
s'effrayer, Néhémie prévint leurs incursions en établissant des
murs ,
postes de distance en distance, et acheva son entreprise. Les
milles
terminés il partagea également le terrain entre les fa-
pour y bâtir des maisons. Dans le dénombrement, il
ne trouva nullement la population proportionnée à l'enceinte
,:
de la ville. Elle ne se composait que d'environ cinquante mille
personnes
conditions ,
en les comptant sans distinction de sexes et de
tant ce peuple autrefois immense, avait été
réduit par la multiplicité des guerres, ou par la captivité!
VERSIO XVIII.
DiruiturHierosolyma.
18. Judaei, obsidione clausi, quia nulla neque pacis
1
,
an 3 templum tanti operis everteret. Etenim nonnullis vi-
;
debatur aedem sacratam ultra omnia mortalia illustrem ,
non debere deleri quae servata modestiae romanae testi-
monium, diruta perennem crudelitatis notam praeberel. At
contra alii, et Titus ipse, evertendum templum in primis
censebant, quo 4 plenius Judaeorum et Chrislianorum religio
tolleretur : Quippe hasreligiones, licet sibi invicem con-
trarias, iisdem tamen auctoribus profectas; Christianos ex
Judaeisexstitisse; radice sublatã, stirpem facile perituram.
Ita, Dei nutu accensis omnium animis, lem plum dirutum.
Atque hæc ullima templi eversio etJudaeorum caplivitas:
qua 5 extorres patria per orbem terrarum dispersi cer-
nnntur.
2.§426. -3.54n. -1. §505. —
1. g 457. — 5 -120 , UPII1.2.
VERSION XVIII.
Ruine de Jérusalem.
,
18. Cependant les Juifs, bloqués dans leurs murs, et ne pou-
ant ni obtenir la paix ni se rendre à discrétion finissaient
lar succomber à la famine; déjà les rues se remplissaient çà
t là de cadavres qu'il n'était plus possible d'enterrer. Pour
, ,
a de plus horrible à se nourrir de corps humains ;
jouter à cette désolation, ils en vinrent à oser tout ce qu'il
ceux
u'avait atteints la dissolution
adieux repas. Les défenseurs de la ville étaient épuisés
Romains montèrent à l'assaut. Le temps de la Pâque avait
;
échappèrent seuls à ces
les
(enran, on
;
murs. On fait monter à onze cent mille le nombre de
eux qui périrent quant à ceux qui furent pris et vendus à
compte cent mille. Titus assembla, dit-on, son
conseil, et d'abord en délibération s'il détruirait un
,
temple
consacre
don
Jetle
construction avait tant coûté. Quelques-uns
en ef£eAjjAi(j|Lirqmsairon ne devait point ruiner un édifice
conservationserait plus renommé de l'univers sa
ltMtlOignaf{e de la modération des
Romains, et sa destruction un monument éternel de leur
:
,
cruauté. D'autres pensaient au contraire, et Titus était de ce
sentiment, qu'il fallait avant tout renverser ce temple pour
:
des Chrétiens ces deux religions,
anéantir puis sûrementdeux religions, celle des Juifs et celle
,: quoiqu'opposées l'une à
l'autre avaient la même origine ; les Chrétiensétaientsortis
des Juifs on ferait facilement périr le tronc de l'arbre, en
coupant les racines. Cette opinion ayant été embrassée avec
ardeur (ainsi le voulait leCiel), on abattit le saint édifice.
Cest la dernière ruine du temple, la dernière captivité des
Juifs. Depuis ce jour, errants loin de leur patrie, on les voit
dispersés sur toute la terre.
VERSIO XIX
De cupiditate disccndi.
-
rus probari fabulam non posse, si cantiunculis 5 tantus vir
irretilus teneretur. Scientiam se illi tradituras pollicentur :
,
quam rion erat mirum viro sapientiae cupido patria ipsaesse6
cariorem.
1.8*04. -2.32S
6.§220. — 3. 8
--.
,
328
VERSIO XX.
Hem. I 4.§329. -5. g 328.—
—
De prodigiis Romanorum.
VERSIONXX.
* Des prodiges chez les Romains.
20. Les Romains, après une guerre longue et opiniâtre,
avaient r-éduit les VéieiH; àse réfugier dans l'enceinte de' leurs
burailles,
lcmblait mais
sans pouvoir prendre la ville. Cette lenteur
fatiguer également les assiégeants et les assiégés. On
taisait
mmortelsdes vœux ardents pour la victoire, lorsque lesdieux
en frayèrent le chemin par un prodige extraordi-
sfagni modum excessit : cujus rei explorandae gratia le
I
:
sortibus ut aquam lacus ejus emissam per agros diffunde-
rent sic enim Veios in potestate romani populi futuros.u
Quod priusquam legati renuntiarent, aruspex Veientum
a
milite nostro (quia 2 domestici interpretes deerant) raptus
et in castra perlatus futurum dixerat. Ergo senatus, duplici
praedictione monitus, eodem paene tempore et religioni pa-
ruit, et hostium urbepotifus est.
1.3358. - 2. $ 490.
VERSIO XXI.
Præstant artium monumentis litterarum monumenta.
21. Cernite tristes campos, ubi stant ambitiosae pyra-
;
mides, quihusferrum,flamma, hostes,libidinesquesuc-
cessorum pepercerunt quas tempus edax vincere non po-
tuit. En illas interrogate; dicant vobis a quibus aedifiratae
fuerint. Nequicquam, obscuri Pbaraones, lantam profu-
tram,
ut in aeterna morte cousepulti jaceatis! Nunc gloriam ves-
oreges, credite monumentis! Non item de lilterarum
operibus : ut ipsa mens quæ ilia finxit et condidit, aeferna
et immortaiia habeniur.Jamnulla vestigia indicant ubi
tumulus ilie quem Graeci Achilli suo exslruxere fuerit.
,
Sed Achillem cecinit Homerus, et tribus annorum millibus
elapsis, vivitadbuc Achilles, æternumque vivet, nunquam
peritura servatus Iliade. Haec sunt monumenta in ? quae
nihil a 3 mortalibus, nihil a vetustate liceat; quæ, hie
eversa, illic renascantur; quæ nec in templo, nec in foro,
nec in urbe, nec unã in regione contineantur, sed totum
impleantterrarumorbein. Lilterarum hæc est propria laus :
non tantum simulacrum umbramque corporis, sed ani-
mum iHum immortakm exprimunt,cujus formammaleries
1. 3n5. —2.g445 j°. —3. 4:\S
aire. Tout à coup le lac d'Albe, sans le secours des eaux du
ciel, sans aucun débordement de rivière, sort de ses limites
accoutumées. L'on envoie, à ce sujet, consulter l'oracle de
:
Delphes; et les députés apportent pour réponse de lâcher les
eaux du lac et d'en inonder la campagne ainsi Véïes tom-
iera au pouvoir du peuple romain. Avant l'arrivée de cette
ouvelle, un aruspice de Véïes, pris par nos soldats et amené
ans le camp (car aucun des Romains ne pouvait expliquer ce
rodige), avait donné la même réponse. Averti par cette
,
ouble prédiction, le sénat satisfit à la volonté du dieu et
resque en même temps se rendit maître de la ville assiégée.
VERSION XXI.
:
la suite; ces masses dont n'a pu triompher le temps, qui
iévore tout. Interrogez-les qu'elles vous disent les noms de
leurs fondateurs. C'est en vain, obscurs Pharaons, que vous
ivez prodigué tant de trésors, usé tant de bras, pour édifier
;:
honorablement votre mémoire aux âges ., ;
ces tombeaux. Il vous a manqué un panégyriste qui rappelât
suivants et voilà où
ces longs travaux ont abouti voilà ce que vous avez acheté
au prix de tant de trésors
! : !
l'oubli d'une mort éternelle!
Maintenant, ô rois confiez votre gloire à des monuments Il
h'en est point de même des œuvres de la littérature comme
l'esprit qui les a créées, qui les a fondées, elles sont à jamais
;
immortelles. Aucun vestige ne marque plus la place où fut le
tombeau que les Grecs élevèrent à leur Achille; mais cet
Achille fut chanté par Homère et ce héros vit encore après
;
trois mille ans et il vivra toujours, conservé par l'Iliade, cette
; ;
œuvre impérissable. Voilà les monuments sur lesquels ni les
mortels ni le temps ne peuvent rien qui, renversés en un
endroit, se relèvent dans un autre qui ne sont point renfer-
més dans un temple, dans une place publique, dans une ville,
dans un pays, mais qui remplissent l'univers. Les lettres ont
cet avantage particulier, qu'elles ne représentent point seu-
ement les traits inanimés du corps, mais cette âme immortelle,
dont
aucune matière ne peut reproduire l'image. Ainsi donc,
nulla tenere potest. Igitur, quanto 4 corpori præstat ani-
nlUS, tanto artium monumentis pwestare litterarum monu-
menta quis negaverit?
4. §257.
VERSIO XXII.
Ut Democritus latens Prologorœingenium in re satis parvd
deprehenderit.
:
22. Protagoram aiunt adolescentem, victus quærendi
gratiã, vecturasonerumcorporesuofactitasse quod ge-
nus hominum bajulos appellamus. Is aliquando caudices
ligni plurimos funiculo brevi colligatosportabat rure Abde-
ram I in oppidum cujus civis fuit. Turn forte Democritus ,
ejusdem civitatis popularis homoque ante alios virtutis et
,
philosophiae gratia venerandus urbe egrediens videt ado-
, ,
lescentem cum illo genere oneris tam impedito facile atque
expedite incedentem. Prope åccedit, juncturam posituram-
que lignorum scite ac perite factam considerat, petitque
ut paulum acquiescat. Quod ubi Protagoras, ut erat peti-
turn, fecit, animadvertit Democritus caudices illos brevi
vinculo comprehensos librari continerique ratione quadam
geometric. Itaque interrogavit quis illum acervum ligno-
rum ita composuisset 2. Et quum ille a se compositum
VERSIO XXIII.
Qua institutione futurus regni hceres apud Persas imbueretur.
23. Puerum penes quem futura esset summa rerum, sic
institui solitum fuisse, scriptum Plato reliquit. Statim
autant l'âmel'emporte sur le corps, autant les monuments des
:
lettres l'emportent sur ceux des arts qui oserait méconnaître
cette vérité?
VERSION XXII.
Comment Démocrite découvrit dans une chose peu importante
le génie caché deProtagore.
:
puisque tu as le talent de faire quelque chose d'ingénieux,
viens il y a de plus grandes et de meilleures choses que tu
peux faire avec moi. » Puis il remmena immédiatement, le
;
garda chez lui, fournit à son entretien, lui enseigna la philo-
sophie
la suite.
et Protagore lui dut entièrement ce qu'il devint dans
VERSION XXIII.
Éducation de l'héritier de la
couronne, chez les Perses.
L 23. L'enfant destiné à posséder un jour le pouvoirsuprême,
| était élevé de la manière suivante, au rapport de Platon. Dès
exceptus in lucem regulis hæres honestissimis infantiae
custodibus tradebatur alendus, qui I a teneris principem
quam a elegantissimum conformarent : proinde corpusculi
vitia pravitatemque corrigerent, ducerent vultum,finge-
rent membra, gestum omnem incessumque componerent.
Ubi septimum attigisset annum, continuo equitandi ma-
gister aderat, ex quo varias domandi et flectendi equi artes
,
acciperet. Hincadtoleranljam inedia, siti, algore, sudore,
,
telorum jactu palaestra venatu membra durabat. Exin
quartum annum et decimum ingressus, moderaloribus per-
miltehatur, quosregios vocabant, numero quatuor, cete-
;
tes quorum primus ,
ris sapientia, justitiã, temperantiã, fortitudine praestan-
,
sapientiae magister, ad magica
Zoroastri instituta erudiebat adolescentem ; secundus jus-
tiliae doctor, monebat ut parcimoniauteretur verborum,
et in omni vita simplex et apertus esse meditaretur; tertius
temperantiæ præcepta tradebat : ut cupiditati nunquam
serviret, suique prius rex esse disceret, quam auderet esse
populorum; quartus denique virum fortem nihil reformi-
dare jubebat; servitutem supremum malum ducere; vitæ
laudem anteponere; illam pro regiã dignitate, pro salute
civium, pro patriis institutis, pro religionibus quas a ma-
joribus accepisset, lihentissime, si3res ita ferret, pro-
jicere.
1. § 235.
2.3268. —3.§214,2.
—
VERSIO XXIV.
:
avant d'oser être roi des peuples. Le quatrième, enfin, lui
traçait le' devoir d'un homme de cœur ne rien redouter
;
regarder la servitude comme le dernier des maux mettre
l'honneur avant la vie; sacrifier avec empressement ses jours,
;
s'il était nécessaire, pour la dignité royale, pour le salut de
ses sujets, pour les institutions de lapatrie, pour la religion
qu'il avait reçue de ses ancêtres.
VERSION XXIV.
Déprédations de Verrès à llaluntium.
24. Notre actif et infatigable préteur s'était approché d'Ha-
luntium. La ville est sur une hauteur, et d'un accès difficile. Il
ne voulut pas se donner la peine de monter jusque-là. Il manda
un citoyen d'Haluntium, Archagathe, qui jouit de la plus
haute considération, non-seulement dans sa patrie, mais dans
toute la Sicile, et le chargea de faire apporter aussitôt, sur le
bord de la mer, tout ce qu'il y avait dans Haluntium d'argen-
terie ciselée, et même de vases corinthiens. Archagathc,
jaloux de l'amitié et de l'estime de ses concitoyens, était dés-
deportaretur. Archagathus autem, qui a suis amari et diligi
vellet 2, ferebat graviter iHam sibi datam ab isto provin-
ciam; nec quid faceret habebat. Pronuntiat quid sibi esset
imperatum. Metus erat summus : ipse enim tyracuus non
discedebatlongius; Archagathum et
argentum,
cuhans, ad mare infra oppidum exspectabat. Quemcon-
lecticain
?
introductum ,: ?
cursum in oppido factum putatis? quem clamorem
porro fletum muiierum
Quem
Qui viderent, equum trojanum
urbem captam esse dicerent. Efferri sine
thecis vasa; extorqueri alia de manibus muiierum; effringi
multorum fores revelli clauslra. Si quando conquirun-
tur 3 a privatis arma sua scutaque in belloac repentino
tumultu, dant illa tamen inviti homines, etsi ad commu-
nein salutem conquiri et dari sentiunt. Quanlo majori
dolore argentum domo, quod alter eriperet, Haluntinos
protulisse putatis? Omnia deportantur. Quae probarat praB-
tor, iis emblemata ceterumque genus ornamentorum de-
trahunlur. Sic Haluntini,excussis deliciis, cum argento
puro domumreverterunt.
,
2. g 235 Ren).2.— 3. § 324.
VERSIO XXV.
De per/idici ifliorum in parentes.
!
l'agitation qui régnait dans la ville! les clameurs, les lamen-
tations des femmes On eût dit, à cette vue, que le cheval de
Troie était entré dans les murs, que la ville était prise d'as-
saut. Ici, des vases sont emportés sans leurs étuis; là, d'autres
vases sont arrachés aux mains des femmes; on enfonceles
,,
portes, on brise les verroux. Si quelquefois, dans une guerre
ou dans une alarme soudaine on demande aux particuliers
leurs armes et leurs boucliers ils les donnent pourtant à.
regret, tout en comprenant que ce sacrifice leur est imposé,
! ,
et qu'ils le subissent pour la défense commune. Combien
devait être plus vive la douleur des Haluntiens, qui sevoyaient
enlever leur argenterie pour qu'elle devînt la proie d'un
étranger Tout est apporté. A mesure que le préteur approu-
vait une pièce, on en détachait les figures et les autres orne-
ments de ce genre. Ainsi les Haluntiens retournèrent chez eux
avec leur argenterie débarrassée des superfluités du luxe.
VERSION XXV.
: ,
tait sa fin approcher, il appela son fils jeune homme profon-
dément corrompu, et lui dit « Vous allez savoir, mon fils, à
quel succès ont abouti les travaux d'une si longue carrière
mes veilles assidues ont obtenu ce résultat, qu'aucun des
:
miens ne peut me survivre. Vous voyez cette fiole pleine d'une
liqueur vermeille; c'est un remède souverain que je me suis
ménagé contre la mort. Si, dans les dix heures qui suivront
mon trépas, avant que la chaleur vitale se soit retirée de cette
argile, vous frottez mon corps de cette liqueur, et que vous
en laissiez tomber seulement quelques gouttes sur mes lèvres,
votre père recouvrera la vie et la vigueur de la jeunesse. Il
labris instillaveris, redibit patri tuo spiritus ac juventæ
vigor; redditoque quam præstiti vitaB beneficio jam aequo
,
jure inter nos, et fratrum loco, erimus. Ars inlerim nostra
alterum tibi sæculum certa ratione elaborabit. Post hæc
mandata quum exspirasset, filius doloreamens, simul inter
lacrymarum intervalia reputans patri tam pio vitã opus
;
non esse 6 sibi vero tam perdito omnino utile fore super-
riore elueret, testulam ne attigit quidem
avos genitore
,
stitem 7 esse sibi, ut contractas priore vita maculas poste-
, relictoque inter
ipse, dilata in alteram vivendi vicem mo-
rum suorum emendatione, quod libidinis erat, praeripuit.
C.§219. — 7. g220.
VERSIO XXVI.
Sequitur de persidisiliorum in parentes.
26. Obrepsit homini senectus. Testulae morbus admo-
nuit. Erat ipsi quoque filius, patri quam avo similior. Cu-
jus quidem avaritiam tentavit; exhibitaque testulã, praedicta-
que admovendi remedii ratione, affirmavit se, modo id rite
•
fieret, totum fore aureum. Flebat interim silius,etperdite
1
- VERSION XXVI.
Perfidie des enfants envers les auteurs de leursjours. (Suite.)
26. Cependant il vieillit à son tour. Une maladie le fit songer
;
à la fiole. Il avait lui-même un fils, plus semblable à son père
qu'à son aïeul. Il imagina d'intéresser son avarice et, lui mon-
trant la fiole, avec la manière d'appliquer le spécifique, il
assura que, si ses instructions étaient suivies de point en point,
son corps serait tout entier changé en or. Le fils pleurait, et
protestait par les plus forts serments qu'il aurait toujours un
soin extrême de cette précieuse dépouille, et qu'il ne se per-
mettrait jamais d'ôter même un seul petit doigt àce père si
tendrement chéri, à moins qu'il n'eût besoin d'en détacher
quelques faibles parcelles pour marier ses sœurs. Le père,
satisfait de sa ruse, se dispose à mourir, et assez gaiement,
comme un homme qui devait ressusciter, et rentrer dans ce
qu'il avait perdu. Néanmoins, il rend le dernier soupir. Son
héritier, tout ému par le sentiment filial, ne peut s'empêcher
pourtant de mesurer en long et en large le volume de'cet
excellent père. Après avoir calculé que cette métamorphose
produirait une masse d'or très-satisfaisante pour la peine qu'il
allait prendre, il se met à l'œuvre. Mais, ô trompeuses espé-
,
rances des hommes! il avait bien et dûment frotté le défunt,
et il approchait la liqueur de ses lèvres éteintes quand le
cadavre, comme s'il eût été averti qu'il allait renaître, tres-
saillit, et fit tomber la fiole des mains de ce nouvel empirique.
VERSIO XXVII.
Vincitur Croesus a Cyro.
VERSIO XXVIII.
F
Jonas et Naulcecolloqusnles inducuntur.
28. NAUTÆ. Proh Jupiter! Quanta saevit tempestas!
Quanti undarum fluctus navim undique verberant! Dii im-
?
nautis sidera I, vestram fidem obsecramus :
mortales, quid habetis in animo Ledae proles, arnica
reddite nobis
cceliserenitatem!.., Nihil agimus. Frustra, extremo re-
1.g 198.
VERSION XXVII.
Crésus est vaincu par Cyrus.
27. Comme Cyrus marchait contre Babylone, Crésus, roi de
l'die, fameux à cette époque par sa puissance et ses richesses,
1 commun incendie ;
ivoyé des secours avec empressement, comme pour éteindre
!
tant Crésus était cher à toutes les villes
t Cyrus aurait eu à soutenir contre la Grèce une lutte terri-
,
e s'il eiAit commis quelque cruauté envers celui dont ses
mes avaient triomphé. Quelque temps après, pendant qu'il
ait occupé à d'autres expéditions, les Lydiens se révoltèrent,
,
éfaits une seconde fois, ils furent forcés de livrer leurs
,
levaux et leurs armes et réduits au métier de baladins et
hôteliers. Ce fut ainsi qu'une nation puissante autrefois
tr son activité, une nation pleine de vigueur, amollie par la
i bauche, oublia son antique bravoure,
pour tomber dans une
chc oisiveté, et perdit ses habitudes belliqueuses.
VERSION XXVIII.
Dialogue entre Jonas et les Matelots.
28. LES MATELOTS. 0 Jupiter! quelle affreuse tempête!
lelles vagues énormes viennent de tous côtés battre le na-
!
xiiles amies des matelots ,
ire Dieux immortels, quel est votre dessein? Fils de Léda,
jam nos vertamus 2?. Sed quo pacto fit ut peregrinus ist
!
ad imam puppem alto sopore jaceat, dum universi trepi-
damus? 0 supinam securiiatem Heus! heus! hospes, quen
tandem dormiendi modum facies? Potesne in his rerun
?
angustiis indulgere somno Quin tu surgis, et tuum in hoc
temporis articulo deum invocas, si quis forte existat, qu
praesensnobisauxilietur?. Nequicquam desudamus. Jan
dubitare non licet quin 3 inter nos aliquis nefario se scelen
obstrinxerit, propter quemsaeviant 4 in nos potentes 5coel
marisque dii. Age, ducantur sortes. En iste peregrinui
sorte designatur.Vides te, hospes, in crimen vocari
Nobis autem expedi un de oriundus sis 6, quod vitse genui
sequaris, quo consilio hanc navem conscenderis. — JONAS
O 7 ineluctabilem coeli vim! Manifesto teneor. Ego sun
Hebraeus, Jovæ optimi maximi cultor, qui et mare et terran
fabricatus est. Is me Niniven ire jusseral, ut otio et luxt
diffluentem ac perditam civitatem ad saniorem disciplinan
admonendo revocarem. Verum istam fugiens provinciam
Tarsum in Ciliciam me conferre, et oculis quos nihil falli
me subducere statueram.
2. g 399. — 3. « 464. — 4. § 509. —
7. g 389, Rem. 3. -
,
5.§313 6°. — G. g -
472.
VERSIO XXIX.
Sequitur de Jond et Nautis colloquentibus.
29.NAUTÆ.Periimusfunditus.Insciteprorsusetperperan
fecisti. Sed quandoquidem fieri illud infectum non potest
quid in te nunc statue'ndum censes, quo placatiore mar
,
1
,
avertant superi ne morte tua sakiti noslrae consulamus
Eia, incumbamus remis, rumpamus hos lfuctuum cumulos..
0 rem miseram! Crescit assidue malum neque ulla datui
1.8504. — 2. g322.
chesses qui chargeaient notre navire; la tempête ne fait que
:
courir. Nous nous consumons en vains efforts. Il n'en faut
is douter un d'entre nous s'est rendu coupable de quelque
icrilége, et c'est lui qui livre au courroux des divinités
!
!
nous
a ciel et de la mer. Eh bien que le sort prononce. Mais
joi le sort désigne cet individu. Tu vois, étranger, qu'une
:cusation pèse sur toi. Dis-nous quel est ton pays, ta pro-
-
ssion, pourquoi tu t'es embarqué sur ce navire. JONAS.
puissance inévitable du ciel! Me voilà pris et découvert.
,
; suis Hébreu, adorateur de Jehovah, le dieu bon, le dieu
and par excellence le créateur de la mer et de la terre. Il
l'avait commandé d'aller à Ninive, pour prêcher le repentir
cette ville plongée dans l'oisiveté et la corruption; mais
Iyant cette mission, j'avais résolu de me rendre à Tarse en
,
ilicie, et de me soustraire à ces yeux auxquels rien ne peut
chapper.
VERSION XXIX.
Dialogue entre Jonas et lesMatelots. (Suite.)
29. LES MATELOTS. Nous sommes perdus sans retour. Ta
onduite a été bien imprudente et bien coupable. Mais,
, ,
uisqu'on ne saurait revenir sur ce qui est fait, parle que
evons-nous décider à ton égard pour rendre le calme aux
- ;
ots émus? JONAS. Jetez-moi dans les ondes, si vous voulez
u'elles s'apaisent car, j'en suis certain, c'est pour moi seul
ue vous êtes en butte à cette horrible tempête. — LES MATE-
OTS. Nous préservent les dieux de te sacrifier à notre salut !
lions, faisons force de rames, brisons ces montagnes hu-
lidcs. Malheureux sort! Le danger croît à chaque instant;
attingendae terræ copia.
— JONAS. Frustra Deo obluctanlu
homines. Vobis unam quæ superest tuendae incolumilali
viam ego indicavi. -
NAUTJE. 0 desperatissimum perfu
gium! Sed tamen præstat te solum extingui 3, sic in com
mune consulentem, quam nos tecum et propter te. Nai
efferatur mare, rumpitur navis, mors teterrima versatu
nobis ante oculos. Ergo cedendum, socii. Piacularem hos
tiam demergamus. Obsecramus te, Jova, ne sanguinis istil
ultro animam suam devoventis pcenas a nobis expetas.
monstrum! Videtis ut subito sedatus 4 sit, eo dejecto, mar
tumor? Qui ventis ac fluctibus imperat, agendo deum !
VERSIO XXX.
Depublicä institutione.
VERSION XXX.
De l'Éducation publique.
30. L'éducation publique ne produit pas peu d'avantages ;
nais le plus précieux, selon moi, c'est qu'elle excite et nourrit
'émulation dans le cœur des enfants. Otez l'émulation, le
joût de l'étude se refroidit, les esprits s'engourdissent, et
ejettent le travail, comme un fardeau importun. Mais quand
'honneur doit être le prix des généreux efforts, et qu'il n'est
)as permis au lâche d'échapper à la flétrissure de la honte,
*
, ,
les trophées de Miitiade excitait si vivement Thémistocle
out jeune encore qu'on pouvait déjà sans se tromper
jressentir en lui un autre Miltiade. -,
VERSIO XXXI.
Somni domicilium.
,
51. Est prope Cimmerios longospelunca recessu I,
Mons cavus ignavi domus et penetralia Somni,
Quonunquam radiis oriens, mediusve, cadensve,
Phoebus adire potest. Nebulae caligine mixtae
Exhalantur humo , dubiaeque crepuscula lucis.
Non vigil ales ibi cristati cantibus oris
,
Evocat auroram ; nec voce silentia rumpunt
Sollicitive canes canibusve sagacior anser.
:
Muta quies habitat. Saxo tamen exit ab imo
Rivus aquæ Lethes dulci cum murmure labens
Invitat somnos crepitantibus unda lapiIlis.
Ante fores antri fecunda papavera florent,
Innumeraeque herbae, quarum de lacte soporcm
Nox legit, et spargit per opacas humida terras.
Janua nulla domo , custos in limine nullus.
At medio torus est, ebeno sublimis, in antro ,
,
Plumeus, atricolor, pullo velamine tectus ,
Quo cubat ipse deus membris !anguore solutis.
,
Hunc circa passim, varias imitantia formas ,
Somnia vana jacent totidem quot 2 messis arislas ,
Sylva gerit frondes, ejectas littus arenas.
Stat juxta, manibus Lethæa papavera gestans ,
Mutus Sigaleon digitoque silentia poscit.
,
1.3333. -2.317.
VERSIO XXXII.
De Senensi quodam latrone.
32. Fuit Gypus Senensis stalura grandi, compactisque
1
,
membris, impiger, audax. laborum patiens, ingenio libe-
;
ral! sed quod perversa educatio et domesticae improbitatis
exempla in pravum detorserant itaque insifa illius animo
fortitudo ad scelus et latrocinia prorupit. Elucebant tamen
1.334.
,. VERSION XXXI.
Le Séjour du Sommeil.
treuses vapeurs,
leut faire pénétrer ses rayons. La terre y exhale de téné-
qui ne laissent subsister que la lumière
;
outeuse du crépuscule. Là, jamais l'oiseau matinal qui porte
ine crête, n'appelle l'aurore par ses chants jamais le silence
l'est troublé par le cri du chien vigilant, ou de l'oie plus
ubtile encore. Un calme profond règne en ces lieux. Cepen-
lant, du fond du rocher sort un ruisseau, le Léthé, qui coule
ur des cailloux retentissants, avec un murmure dont la dou-
noisson de pavots et d'innombrables plantes
ixprimés la Nuit
;
leur invite au sommeil. A l'entrée de la grotte fleurit une
de leu/s sucs
compose le sommeil, et le répand sur la terre
ivec ses voiles humides. Point de portes à cette demeure,
toint de gardien sur le seuil. Au milieu s'élève un sombre lit
,
l'ébène, rempli d'un épais duvet et couvert de noirs tissus,
tu repose le dieu enseveli dans une molle langueur. Autour
;
e lui sont étendus çà et là les Songes, légers fantômes, aux
rmes variées leur nombre égale les épis des moissons, les
euilles des bois, les sables que la mer rejette sur ses rivages.
)ebout auprès de lui, le muet Sigaléon tient dans une main
s pavots assoupissants , et du doigt il commande le silence.
VERSION XXXII.
Le Brigand de Sienne.
VERSIO XXXIIL
Phcedrus fabularum scriptor.
33. Natus est Phaedrus in Thraciã, sexagesimo ante1
i. *:iT3.
inhérente à son caractère, et dont le sentiment n'était pas
;
encore étouffé. Ce qu'il avait ravi aux tins,-ce brigand magni-
fique en faisait don aux autres et ses mains ne dépouillaient
pas les voyageurs. Ceux qu'il rencontrait, il les invitait à
donner d'eux-mêmes ce qu'ils avaient de trop, chacun selon
, :
ses moyens, et en rendait ordinairement une bonne partie.
Voici quelque chose de plus étonnant ami des Muses, ren-
contrait-il des hommes de lettres qui ont assez souvent la
bourse légère, il leur faisait part de la sienne. Enfin, quoiqu'il
vie de personne,
tendît de continuelles embûches à l'argent, il n'attentait à la
,
et ne souffrait point qu'on tuât ceux qui
tombaient entre ses mains. Assurément, il était digne de
donner des lois aux brigands si un code de justice pouvait
exister chez des scélérats. Attaqué plus d'une fois par surprise
ou à force ouverte, il se tira toujours d'affaire, et fut heureux
dans une longue suite de forfaits; jusqu'à ce que son audace*
que l'impunité redoublait de jour en jour, finît par trouver
son juste châtiment.
VERSION XXXIII.
Phèdre le fabuliste.
,
Phèdre ne put échapper aux redoutables accusations de Séjan
et de quelques autres qui voyaient dans ses écrits des allu-
sions indirectes à leur méchanceté. Enveloppé dans leurs
trames, et réduit à la dernière infortune, à peine son humble
position le préscrva-t-elle de la mort qui menaçait la tête des
dam nactus est amicos , studiorum suorum 3 Cautore:
quorum fortunis adjutus, aliquod miseriarum delinimentu
recepit, et principi Urbique laetissimam Sejani ruina
spectavit. Propria autem mala durius 3 eum admonueran
quam 3 ut cuperet suas fabulas publicari, quandiu poteI
tiorum offensioni vivus pateret. Unde nemini mirum es
debet cur 4 de illo siluerint aequales, nullusque Senecae
numeretur apud Romanos scriptor fabularum.
2. § 298 3.§ 255. -4.3479. — 3.8348.
—
VERSIO XXXIV.
Henricus Quartus.
34. Quanta sit humanae vitæ fragilitas inanitasque con
siliorum, nullo in historiæ monumenlis luculenliore exen
plo patuit, quam quum Europæ et totius orbis aetate su
rex maximus, in procinctu expeditionis fortissimae, urb
bus hostium jam trepidantibus, per unum et abjeclissimui
hominem, in urbe primaria, inter suos proceres occisu
est. Quinquagesimum octavum ætatis annum agebat I. Se
praeclaris facinoribus tam multis brevem vitam produxit
ut ilIa, vere aeslimanlibus, saeculum complexa videatur
Sane Francia, post Carolum Magnum, neminem fasti
inscribit, si virtutes bellicæ perpendantur, imperio di.
gniorem. Per adversa 2 omnia, quæ cadere in principen
possunt, probalus fuit, eveclusque ad solium suis ærumni
,
s'étonner que ses contemporains aient gardé le silence à son
égard
Romains.
et que Sénèque ne compte aucun fabuliste chez les
VERSION XXXIV.
llenri IV.
34. L'histoire n'a jamais fait voir d'une manière plus écla-
tante toute la fragilité des choses humaines et la vanité de nos
desseins, qu'en nous montrant un prince, le plus grand mo-
narque de l'Europe dans son siècle, prêt à commencer l'expé-
dition la plus hardie, qui frappait déjà les ennemis d'épouvante,
assassiné par la main d'un seul homme, et de l'homme le plus
abject, dans sa capitale et au milieu de sa noblesse. Il était
dans sa cinquante-huitième année. Mais tant d'actions bril-
lantes ont étendu cette courte existence, qu'à bien considérer,
elle semble avoir embrassé un siècle. Certes, à examiner les
qualités guerrières, la France ne compte aucun roi, depuis
Charlemagne, plus digne de ce titre. Il passa par l'épreuve de
toutes les adversités auxquelles un prince peut être en butte;
ce fut à force de peines et de fatigues qu'il parvint au trône :
aussi, peut-on le dire, c'est sa valeur, sa sagesse, sa constance,
; ,
qui reconquirent l'héritage de ses aïeux; et, tandis que d'autres
ont reculé par leurs victoires les limites de leurs Etats Henri
sauva le sien d'une perte assurée il en fut comme le créateur.
Victorieux de tant d'ennemis, il remporta plus de triomphes
encore sur lui-même; et, ce qui frapped'admiration, élevé à
la cour d'Henri III, il sut tellement préserver de la contagion
son caractère et ses mœurs, que, semblable à l'Alphée, dont
les flots restent purs en traversant l'onde amère, il ne laissa
rien pénétrer en lui de ces vices, de cette corruption.
VERSIO XXXV.
De C. Canto narraliuncula.
55. C. Canius, eques romanus, non infacetus, et satis
litteratus, quum se Syracusas otiandi (ut ipse dicere sole-
,
bat), non negotiandi causa contulisset, dictitabatsehor-
tulos aliquos velle emere, quo 2 invitare amicos et ubi 3
se oblectare sine interpellatoribus posset. Quod quum per-
crebuisset, Pythius ei quidam, qui 4 argentariam faceret
Syracusis, dixit venales quidem se hortos non habere, sed
licereuti Canio, si vellet, utsuis: et simuladccenamhomi-
nem in hortos invitavit in posterum diem. Quum iUe promi-
sisset, turnPythius, qui5 esset, utargentarius,apud omnes
ordines gratiosus, piscatores ad se convocavit, et ab his
petivit ut ante suos hortos postridie piscarentur; dixitque
s
quíd éos facere vellet. Ad ccenam tempore venit Canius;
opipare a Pythio apparatum convivium; cymbarum ante
oculos multitudo; pro se quisque, quod ceperat, afferebat;
anteoculosPythii piscesabjiciebantur. Turn Canius:«Quaeso,
inquit, quid est hoc, Pythi? Tantumne piscium? Tantum-
» :
ne cymbarum? At ille « Quid mirum? inquit; hoc loco
est, Syracusis quidquid est piscium; hæc 7 aquatio; hac
"villa isti carere non possunt. » Incensus Canius cupiditate,
contendit ã Pythio ut venderet.
I- g368..—2. g 368 et 235. — 3. g 365.-— 4.§509. — 5.§235,Rem. 2.
-G. g 472. — 7.282.
VERSIO XXXVI.
Sequitur de C. Canio.
36. Gravate illeprimo. Quid I multa? Impetrat; emit
homo cupidus, etlocuples, tanti 2, quauti Pythius voluil;
et emit instructos; nomina facit, negotium conficit. Invi-
tat Canius postridie familiares suos. Venit ipse mature
scalmum nullum videt. Quærit ex proximo vicino num 3
:
feriae quaedam piscatorum essent, quod eos nullos videret.
Nullæ, quod sciam, inquit ille: sed hie piscari nulli
«
1.S363.-. ,
g312. -3. § 173 Rem.
VERSION XXXV.
Aventure de Canws..
35. Canius, chevalier romain qui ne manquait ni d'agrénlelilt
ni d'instruction, étant allé à Syracuse, non pour affaire, mais
pour ne rien faire (c'étaient ses expressions), répétait partout
iqu'il voulait acheter une maison de plaisance, où il pût inviter
ses asiis, et se divertir loin des importuns. Sur ce bruit, un
certain Pythius, qui faisait la banque à Syracuse, lui dit qu'il
avait une maison de plaisance, qui n'était point à vendre à la
vérité, mais dont il lui permettait d'user comme si elle lui
appartenait; en même temps, il l'invita à souper pour le len-
demain. Canius ayant accepté, Pythius, à qui sa qualité de
banquier donnait du crédit auprès des gens de toutes les pro-
fessions, assembla des pêcheurs, les pria d'aller faire la pêche
le lendemain devant son parc, et leur donna ses instructions.
Canius fut exact au rendez-vous. Il trouva un-festin splendide,
préparé par l'ordre de son bote, et une multitude de barques
frappèrent ses yeux. Chacun des pêcheurs apportait le poisson
:
qmil avait pris, et le jetait aux pieds de Pythius. Canius alors
de se récrier « Qu'est-ce donc, je vous prie, Pythius? Tant de
paissons! tant de barques!—Faut-il, dit Pythius, que cela
;
vous étonne? Tout le poisson de Syracuse est ici c'est ici que
les pêcheurs viennent faire V l'eau; ils ne sauraient se passer
de cette propriété. » Canius alors s'enflamme; il veut la pro-
priété i il sollicite Pythius de la lui vendre.
VERSION XXXVI.
Suite de l'aventure de Canius,
;
36. Celui-ci -fait d'abord desdifficultés Enfin Canius
l'emporte :
il avait envie de cette maison, et il était riche il
main
;
en donne tout ce que Pythius demandait, et rachète toute
, ;
meublée. Il fait des obligations il termine l'affaire. Le lende-
il invite ses amis; lui-même vient de bonne heure il ne
voit point un esquif. Il demande au plus proche voisin si
c'était jour de fête pour les pêcheurs, pour qu'il n'en vit.
:
aucun. « Non point, que je sache, répond ce dernier; mais il
n'en vient jamais pêcher dans cet endroit aussi étais-je étonné
solent; itaque heri mirabar quid 4 accidisset. » Stomachari 5
Cauius. Sedquid facerel? nondum enimAquilius protulerat
de dolo malo formulas.
Omnes aliud6 agenles, aliud simulantes, ut Pylhius,
perfidi, improbi, malitiosi sunt. Ex omni vita simulatio
dissimulatioque tollendaest. Quædam tamenvides, propter
depravationemconsuetudinis, neque moreturpiahaberi,
neque jure civili sanciri, quamvis naturae lege prius saneila
sint.
Non autem ad præterita tantum tempora romanamquc
gentem spectat illud, quod tam faceta narratione Tullius
exsecutus est. Hie nostra tempora, hie nonnullorum apud
nos mores, ante-hosmille octingentosque annos, scriptor
adumbravit. Nisi quod in Tullii ætate dolosæ improborum
artes contemptui7, ut opinor, habebantur : apud nos contra,
si quid narratur vafre excogitatum factumque, hoc summo
risu legentium aut audientium, et nescio 8 an quadam
voluptate, accipitur: etiidem patiunturcontemptum, qui
injuriam.
4.472..— 5.402. — 6. g 287. —7. g 345, Rem. -8. g 376.
VERSIO XXXVII.
Crcesi regis somnium.
37. Apud veteres opinio valuit non sine dïs accidere
somnia; quæ aliquando tam I congruentes ipsis a habent
effectus, ut non vaga mentis cogitatione concepta species,
,
yerum divinitus objecta videalur.
Efficax et ilia quietis imago quæ Croesi regis auimum,
maximo prius metu, deinde etiam doJore confecit. Nam e
duobus filiis, et ingenti agilitate, et corporis dotibus præ-
stantiorem 3, imperiique successioni destinatum Atym, exi-
stimavit ferro4 sibi ereptum. Itaque quidquid ad evitandum
denuntiatae cladis acerbitatem perlinebat, nulla ex parte
patria cura cessavit avertere. Solitus erat juvenis ad bella
gerenda mitti: domi retentus est; habebat armamentarium
omnis generis telorum copia refertum :
id quoque amoveri
l. § 503. -2.5302. — 3.2GO. —4. g 296.
:
hier je ne savais ce qui était arrivé. » Canius est furieux;
mais que faire? Aquilius n'avait point encore établi ses for-
mules touchant le dol.
Tous ceux qui ont l'air de faire une chose, et qui en font
une autre, comme Pythius, sont des hommes sans foi, sans
feinte et de déguisement. Cependant je remarque que grâce,
probité, des méchants. Toute notre vie doit être exempte de
a un abus, l'usage n'attache point de honte à certaines actions,
et que les lois civiles ne les réprouvent point, quoique la nature
les ait réprouvées.
Ce n'est point seulement au passé, seulement à la nation
romaine, que s'applique ce récit, où Cicéron a mis tant d'a-
,
grément. C'est aussi notre époque, ce sont aussi les habitudes
de certains individus de notre nation que l'auteur a décrites,
,
il y a dix-huit cents ans. Toutefois, dans le siècle de Cicéron,
les artifices coupables des gens sans honneur étaient flétris je
pense, par le mépris; mais, chez nous, au contraire, un habile
; ,
trait de friponnerie est accueilli par ceux qui le lisent ou qui
l'entendent raconter, avec des éclats de rire peut-être même
avec une certaine satisfaction et le mépris est encore pour
les victimes.
VERSION XXXVII.
37. C'était une opinion chez les anciens, que les songes
,
Un songe encore bien fidèlement vérifié, fut celui qui rem-
plit l'âme du roi Crésus d'abord des plus vives alarmes
ensuite de la plus grande affliction. Il avait deux fils, dont
,
:
l'un, nommé Atys, supérieur à l'autre par une rare activité
et par les qualités du corps, était destiné à l'empire
,
il crut
le voir en songe tomber sous un fer homicide. En consé-
quence sa tendresse paternelle se hâta de prendre toutes
les précautions qui pouvaient détourner le coup affreux dont
il était menacé. Jusque-là, il ne se faisait point-de
guerre,
que le jeune prince n'y fût ejovoyé : on le retint dans le palais.
Il avait un magasin remplid'armes de toute espèce : Crésus
:
jussit; gladio cinctis eomiiibus utebatur vetiti5 sunt pro..
pius accedere. Necessitas tamen aditum luctui dedit. Quum
enim ingentis magnitudinis aper Olympii montis culta,
crebra cum agrestium strage, vastaret, inusitatoque malo6
regium imploratum esset auxilium; filius a 7 patre extorsit
ut ad eum opprimendum mitteretur; eo quidem faeiIius,
quod non den(is, sed ferri saevitia in melu rcponebalur.
Verum dum acri studio interficiendi suem omnes sunt in-
tenti, perfinax casus imminentis violentiae lanceam, petendæ
ferae gratia inissam, in eum detorsit; et quidem earn potis-
simum dexteram nefariae cædis crimine voluitaspcrgi, cui
tutela filii a patre mandata erat, quamque Croesus jam
semel im prudenlis homicidii sanguine violatam,hospitalea
veritus deos,supplicem sacrificio expiaverat.
,
5.§225 Rem,2 — 6. g 343. —7.§324.
VERSIO XXXVIII.
De utilitate amicitiœ,
VERSION XXXVIII.
Utilité de l'amitié.
:
,
38. Beaucoup de gens dédaignent les richesses contents de
peu, ils aiment une table frugale et de modestes vêtements.
Beaucoup de gens font si peu de cas des honneurs pour les-
quels d'autres s'enflamment d'une vive passion, qu'ils les
y
regardent comme ce qu'il a de plus vide et de plus frivole.
La vertu même, combien de gens la méprisent, en voulant la
"a ire passer pour une vaine parade, et une sorte de charla-
! :
::anerie L'amitié est la seule chose ici-bas dont tous les hommes
,
;'accordent à reconnaître l'utilité ceux qui se sont consacrés
aux affaires comme ceux que leur goût entraîne vers l'étude
8t la science; et ceux qui bornent leurs soins à leurs intérêts
particuliers; et ceux dont le plaisir est la seule occupation.
-.
'amitié, en effet, s'insinue, je ne sais comment, dans toutes
les existences, et ne veut rester étrangère à aucune condition.
Sien plus, s'il existe un homme d'un caractère assez âpre
issez farouche, pour fuir, pour détester la compagnie de ses
,
l'Athènes,
temblables, comme faisait, à ce qu'on dit, un certain Timon
il ne pourra s'empêcher encore de chercher un
tre auprès duquel il puisse exhaler le fiel de sa misanthropie.
Et l'on reconnaîtrait bien cette vérité, s'il arrivait qu'un dieu
tous enlevâtdumilieu des hommes, et, nous plaçant dans
solitudine uspiam collocatis, omnium rerum qnas nalura.
desiderat abundantiamsuppeditans, omnino aspiciendi ho-
miuis po!estatem eriperet. Quis tam esset ferreus 6 qui
iSlius modi vitam tolerare valeret, cuique non auferret
,
fructum voluptatum omnium solitudo?
G g a05.
VERoIO XXXIX.
Fortuna levitatis rea crimen purgat.
39. Quid tu ream me quotidianis agis querelis Quam
tibi intulimus injuriam? Quro tibi tua detraximus bona?
?
contende ;
Quovis judice de opum dignitatumque mecum possessione
et si cujusquam mortalium proprium quid horum
esse monstraveris, ego jam tua fuisse, quae repetis, sponte
concedam. Quum te materno ex utero natura produxit,
rebus nudum omnibus inopemque suscepi, prono favore
indulgentius educavi, et, quod te nunc impatientem nostri I
Il
une telle existence, et pour laquelle tous les plaisirs ne per-
draient pas leur charme, dans cet isolement?
VERSION XXXIX.
;
et immodicos sumptus, et omnia non necessariae voluptatis
genera fluxisse primosque Ionas unguenti, coronarumque
in convivio dandarum 3, et secundae mensæ ponendæ con-
3
suetudinem, haud parva luxuriae irritamellta, reperisse.
Ac minime mirum est, quod3 homines labore ac patientia
ostentationem.
Biblioiheca ad publicum et privatum usum comparelur, non ad
;
affaiblir leur constitution par la contagion des délices étran-
gères
:
car ils voyaient que le passage est souvent plus facile
à
de la vertu au vice, que du vice la vertu. Et leur crainte
n'était pas chimérique c'est ce que prouva l'exemple de
Pausanias, l'unde leurs généraux, qui, après de brillants
exploits, du moment qu'il se fut livré aux délices de l'Asie,
ne rougit plus d'amollir sa bravoure, en imitant les manières
efféminées de ces peuples.
VERSION XLI.
Une bibliothèque doit être formée pour l'usage du public et
des particuliers, et non pour la montre.
41. C'est une bien noble dépense, que celle dont les livres
s..t l'objet; mais elle ne me semble raisonnable qu'autant
qu'elle est mesurée. Que me fait un nombre prodigieux de
livres, dont le ibaltre peut à peine lire les titres, en y consa-
crant toute sa vie? La trop grande quantité est une charge
tte
our celui qui apprend, et non un moyen d'instruction; et il
aut beaucoup mieux vous confier à quelques auteurs, que
'•n parcourir vaguement une foule. Alexandrie vit brûler
ceitt mille volumes, superbe monument de l'opulence
tolémées. Que d'autres l'admirent avec Tite-Live, qui
it que cette fondation était un magnifique-témoignage du
oût et de la sollicitude des rois. Je ne vois là ni goût ni
ollicitude, mais un luxe scientifique. Que dis-je? scientifique;
,
comparaverunt : sicut plerisque, ignaris etiam serviliun
litterarum, libri non studiorum instrumenta sed cæna-
tionum ornamenta sunt. Paretur3 itaque librorum quantuir
satis sit,. nihil in apparatum. Houestius, inquis, in hos
impensas, quam in Corinthia pictasque tabulas effuderim 4.
Vitiosum est ubique, quod nimium. An ignoscas homini
armarium cedro alque ebore aptanti, et inter tot millia
librorum oscitanti, cui voluminum suorum frontes maxime
?
placent titulique Apud desidiosissimos ergo videbis quid-
5
quid orationum historiarumque est, et tecto tenus exstructa
loculamenta. Sicque sacrorum opera ingeniorum in speciem
tantum et cultum parielum comparantur!
,
3.§400 1°. — 4. § -399, 6°. — 5. ii.
§ 4
VERSIO XLII.
,
ex proximo lacu excepero, an ea quam multa nive inclu-
sero ut rigore alieno refrigerelur; item quo poculo aut
quam eleganti manu ministretur, ad naturam nihil per-
tinet. Finem omnium spec!a, et supervacua dimittcs. Cor-
poris exigua desideria sunt : quidquid ultra concupiscitur,
libidini 3 quaeritur, non necessitati. Fames me appellat :
ad proxima quæque porrigatur manus; commendabit ilia
quidquid comprehendero. Non est necesse omne perscrufari
profundum, nec strage animalium ventrem onerare, nec
conchylia ultimi maris ex ignoto littore eruere. Dii istos
deaeque pcrdant 4, quorum luxuria tam invidiosi imperii
,
un homme qui ferait incruster de cèdre et d'ivoire les
rayons de sa bibliothèque, pour bâiller au milieu de tant de
volumes et qui n'apprécierait que les dos et les titres de ses
livres? Ainsi, c'est chez les gens les plus oisifs que vous trou-
verez tout ce qu'il y a d'orateurs et d'historiens, et des tablettes
jusqu'aux toits. De sorte que les œuvres des divins maîtres
sont rassemblées seulement pour la montre, et pour la déco-
ration des murailles!
VERSION XLIt.
Les besoins du corps sont bornés.
42. Je ne prétends point vous obliger à refuser quelque
those à la nature; elle est opiniâtre, elle exige absolument ce
dépasse ses exigences n'est pas nécessaire. J'ai faim .-
fJui lui est dû : mais je veux vous persuader que tout ce qui
, tout ce qu'on
désire au delà de ces besoins c'est par caprice qu'on le
pherche, et non par nécessité. J'entends la faim qui me presse
mes mains n'ont qu'à s'étendre vers ce qui est le plus à leur
:
Iln'est tout ce que j'aurai pris, la faim me le fera trouver bon.
portée;
pas nécessaire de fouiller toutes les profondeurs de
l'Océan; de faire un immense carnage d'animaux pour en
charger son estomac; ni d'arracher des coquillages aux bords
inconnus des mers les plus lointaines. Maudits soient-i ls des
dieux et des déesses, ces gens dont le luxe franchit les bornes
fines transcendit! Ultra Phasim capi volunt, quo5 ambi-
tiosæ suæ mensæ instruantur; nec illos6 piget Parthis,
a a
quibus pcenas nòndum repetiimus, aves petere! O misera-
biles, quorum i palatum non excitetur, nisi ad cibos quo!
irritent ! ,
non eximius sapor, sed raritas pretiosos facit, et qui,
quum famem exigua impensã poSsint sedare magna
VERSIO XLIII.
Ut instituendum Alexandrum Philippus Aristoteli mandaverit.
curam,
oblata omina ipsi fecerant, in I ilIum instituendum omuem
omnes cogitationes convertit. Quippe vir pruden-
tissimus parum se profecisse vincendo sentiebat, si 2, rebus
undique motis, hominem imperitum autsegnem Macedonia
post se relinqueret; suamque gloriam haiid mansuram, si
maximarum rerum instrument, quae tantã indusfria pa-
raret3, successoruminerticorrumperentur. Exstantejus
litters adAristotelem, qui tunc Athenis philosophise studio
:
florebat, in 4 hune fete modum scriptae : « Philippus Aristo-
teli salutem. Jlihi malum, esse silium te certiorem facio nec
perinde diis gralias habeo quod natus est, quam quod te vivenle
ilium5nascicontigit, a quo eduCatum institutumque, neque
nobis indignum olim fore spero, neque suscipiendodantoimperio
imparem. »
Philippum6 sua non fefellit opinio. Intra paucos annos
effectum est, ut jam turn polliceri videretur eum 7 regem
Alexander, quem posfea exhibuit. Nam et puerilibuS mem-
bris indomituseminebatvigor, eteximiae indolis argumenta
7
ætatem longe pTsevenerant. Nihil humile agere puer aut
loqui; sed factis dictisque fortunae parem, imo superiorem 9
ilia se gerere. Gloriae avidissimus, non undecunque tamenJ
earn affectare, sed tanto 10 honestiorem existimare victo-
riam, quanto quos vicissetpluris haberentur.
i. -
1.§445,4°. -2.214,30 .—3.§508 .— 4.Há, Rem. 5. « no.
ð. g — 7. g 880. — 8.§402.— 9.§251. —10.§258.
-.
le cet empire déjà si grand aux yeux de l'univers! Ils veulent
Stables fastueuses;
qu'on aille chasser au delà du Phase, pour fournir à leurs
ils n'ont pas honte d'aller chercher des
loiseaux chez les Parthes, dont
nous n'avons pas encore tiré
engeance! Malheureux, dont le palais n'est sensible qu'à des
mes qui doivent leur prix, non pas à une saveur exquise,
ais
,
à leur rareté seule! Malheureux, qui, pouvant satisfaire
eur faim à peu de frais font de grandes dépenses pour
!
l'exciter
VERSION XLIII.
Comment Philippe confia au philosophe Aristote l'éducation
d'Alexandre.
43. Philippe, devenu père d'un fils dont tant de présages
ui avaient fait concevoir les plus brillantes espérances, tourna
ers l'éducation du jeune prince toute sa sollicitude, toutes
es pensées. Avec sa haute sagesse, il sentait que le fruit de
es victoires serait bien borné, si, dans un moment où tous
es Etats remuaient, illaissait après lui un homme sans capa-
ité et sans énergie; il sentait que sa gloire ne durerait pas,
i les préparatifs qu'il avait faits avec tant d'activité, pour
exécution des plus vastes projets, étaient perdus par la
: elle est
:onçue à peu près en ces termes « Philippe à Aristote, salut.
e vous apprends qu'il m'est né un fils; et je rends grâces aux
:
l ieux, non pas tant de me l'avoir donné, que de l'avoir fait
aître de votre vivant j'espère qu'élevé par vous et formé par
os leçons, il ne sera point indigne de son père, et pourra
rendre la conduite d'un si grand empire. »
Philippe ne fut point trompé dans son attente. Tel fut le
résultat de cette éducation, qu'en peu d'années Alexandre
semblait déjà promettre le roi qu'on vit en lui dans la suite.
es jeunes membres déployaient une vigueur infatigable; et
Dien avant l'âge, éclataient en lui les plus heureuses dispositions.
[Enfant, il ne commettait, ilne disaitrien de bas; dans ses actions,
Ir lans ses paroles, il se montrait égal, ou plutôt supérieur à sa
;
44. « Inter utrumque vola ne, si demissior ibis
Unda gravet pennas, si celsior, ignis adurat :
,
Me duce carpe viam. a Pariter præcepta volandi
Addit, et ignotas humeris accommodat alas.
Inter I opus monilusque, genæ maduere seniles,
,:
Et patriae tremuere manus. Dedit oscula nato,
Non iterum repetenda, suo pennisque levatus
2
Ante volat,comitique timet velut ales, ab alto
Quæ teneram prolem producit in aera 3 nido,
a ,8
Et movet ipse suas, et nati respicit alas.
Mox puer audaci coepit gaudere volatu,
Deseruitque ducem, coeliquecupidine tractus,
Altius egit iter, Rapidi vicinia solis
Mollit odoratas, pennarum vincula 4,
ceras.
Tabuerant ceræ : nudos quatit ille lacertos,
Oraque caerulea, patrium clamantia nomen ,
Excipiuntur aqua, quæ nomen traxit ab5 illo.
,
:
At pater infelix nec jam pater « Icare, dixit,
Icare, dixit, ubi es? Quã te regione requiram?
Icare! » Clamabat; pennasque adspexit in undis,
Devovitque suas artes, corpusque sepulcro
Condidit, et tellus a6 nomine dicta sepulti.
l. § 432. — 2.§343.— 3. § 368. 4. §198. — 5.g 324. -6.3N.
-
VERSIO XLV.
Mlius Adrianus.
45. jElius Adrianus, in Ilispania natus, Trajani propin-
thematicis erudilus;
quus, vir fuit litteris bonisque artibus, maxime vero ma-
idemque doctorum virorum irrisor
pariter fautorque, Plutarcbumfamiliarem habuit, Sueto-
VERSION XUV.
Instructions de Dédale à son fils. Chute et mort d'Icare..
te ;
44. Vole à une égale distance du ciel et de la terre car, si
tu descendais trop bas, l'onde appesantirait tes ailes; si tu
t'élevais trop haut, la chaleur les brûlerait. Dirige ton vol sur
e mien. » En même temps, il lui apprend à mouvoir ses ailes,
et attache à ses épaules cet appareil
les nouveau pour lui. Pendant
ces soins et ces instructions, joues du vieillard se mouillè-
rent de larmes, et ses mains paternelles tremblèrent. Il donne
des baisers à son fils, les derniers baisers, et porté sur ses
ailes, il s'élance devant lui, tremblant pour son compagnon.
omme un oiseau qui, de son nid aérien, conduit pour la
remière fois dans les airs sa jeune couvée, Dédale agite ses
;
iles, et se retourne pour regarder celles de son fils.
u Bientôt l'enfant prit plaisir à son vol audacieux il abandonna
son guide; et, entraîné par le désir de toucher au ciel, il poussa
!plus haut son essor. Les dévorantes approches du soleil amol-
lissent
la cire parfumée qui retenait les plumes. La cire se
fond. Icare frappe les airs de ses bras que rien ne soutenait
plus; et, appelant son père par ses cris, il tombe dans cette
partie de la mer à laquelle il donna son nom. Cependant le
père infortuné (que dis-je? il n'était plus père) : « Icare,
Is'écrie-t-il, Icare, où es-tu? De quel côté mes yeux te cher-
?
cheront-ils Icare! » criait-il encore, quand il aperçut des
plumes à la surface des ondes. Alors il maudit ses inventions,
-
enferma dans un tombeau le corps de son fils, et la terre reçut
le nom de l'enfant, avec sa dépouille.
t
VERSION XLV.
sElius Adrien.
VERSIO XLVI.
Laudes Lutetiæ.
46. Fuit ilia veterum in celeberrimis urbibus laudaudis
vel superslitio^el adulatio, ut ad illarum commendationeni
insignia quædam portenta et splendida sæpe mendacia præ-
dicarent. Sic Trojam a mercenariis numinibus, Neptuno et
Apolline, conditam ; Thebas, convolantibus ad suaves lyrae
modulos lapidibus, aedificatas; sic Athenas Minervae patro-
cinio, Delphos oraculis Phoebi, Delum ejusdem natalibus
inclytas; sic Romam addicenlibus vulturibus intra seplem
illos colles auspicato positam, ambitiosa priscorum anna-
pour secrétaire. Telles étaientsesattentions pour ses anus,
dessusles visitait dans leurs maladies, et les faisait placer au-
qu'il
de lui à sa table. Il était mortifié qu'on lui demandât
quelque chose, sa bonté prévenante aimant à devancer les
prières. Il souffrait sans s'offenser que les gens de la dernière
classe lui fissent des remontrances. Une femme lui demandait
une audience. L'empereur lui ayant répondu qu'il n'avait pas
le temps de l'écouter: « Ne régnez donc pas! » s'écria-t-eîle.
Ces mots firent une telle impression sur Adrien, qu'il donna
ur-le-champ audience à cette femme, à une pauvre vieille, et
J'écouta attentivement. Ami de la paix, il abandonna trois pro-
vinces de l'Asie, ajoutées par Trajan à la domination romaine.
Jamais il ne suscita aucune guerre; et celles qui furent sus-
citées par d'autres, il les apaisa aussitôt. Il parcourut à pied
presque toute l'étendue de l'empire, fortifiant les places, et
s'appliquant aux intérêts des peuples. Cependant il ne revit
jamais sa patrie, tout en la comblant de ses bienfaits. Il ne
prit les armes que contre les Juifs, qui s'étaient révoltés dans
toute la Palestine. Après leur avoir fait essuyer de nombreuses
et sanglantes défaites, il releva Jérusalem, et l'appela, de son
nom, Ælia. Pour terminer, il essuya une maladie longue et
douloureuse, où il éprouva combien il est affreux de ne pou-
il prononça
:
voir mourir, quand on souhaite la mort. Enfin, près d'expirer,
ce proverbe grec bien connu « Le
grand nombre
-
ie médecins a perdu le roi-» Il fut enseveli au bord du Tibre
Bt son filsadoptif, Antonin (surnommé le Pieux à cette occa-
),
sion éleva sur son tombeau le monument qu'on appelle le
ôle d'Adrien.
VERSION XLVI.
Éloge de la ville de Paris.
46. En célébrant les villes les plus fameuses, les anciens,
lar superstition ou par complaisance, ont rapporté, pour leur
lonner plus d'éclat, quelques prodiges extraordinaires, et
souvent de pompeux mensonges. Ainsi, Troie bâtie par Apollon
et Neptune, par des dieux devenus mercenaires; les pierres
l'enlevant aux sons mélodieux de la lyre, pour construire
es murs de Thèbes; Athènes illustrée par la protection de
;
Minerve; Delphes, par les oracles d'Apollon; Délos, par sa
naissance
:
Rome heureusement placée, sur la foi des van-
.ours, entre les sept collines qui forment son enceinte voilà
les récits publiés par les ambitieuses traditions des antiques
prodiga miraculorum2 et sui ostentatrixyetustas nos, in;
lium fides promulgayit.lstis enim vero commentis1 gaudeat
VERSIO XLVII.
Sequitur de laudibus Luteliæ.
47. Ac primo quidem, ut pauca de ipsius situ dicam,
potuitne loco amoeniori, potuitne opportuniori esse con-
stituta? Nonne ad ornandam et parandam urbi domiiue
aream elementa videntur omnia conspirasse? Terra, fer-
:
tilitate adjacentis soli, et rerum omnium copia, quæ sunt
ad aedificandum necessariae ignis, temperie gratissima,
quæ nec æstu1 nimio languet, nec nimiis frigoribus peccat :
aer salubri aura, cceloque purissimo : aqua, gemino flu-
mine, quod, junctis paulo ante quam urbem subeat alveis,,
ad earn ditandam alendamque concurrit, et vectigales ei
provinciis omnibus vicinoque mari fruges in earn devchit"
non aliter ac sanguis e toto corpore per majores quasdanii
venas ad cor deportari solet. Quam jucunda yarietate2 patell
ager, et funditur prope urbem in 3 aperta spatia liberosqueE
campos, ingentium capaces 4 exercituum, ad sementemi
idoneos, opportunos ad venationem! Ut in devexa jugai
mollesque colliculos attollitur, quibus insident conlinui„
urbicularum instar, pagi, yelut ad coronandam ~urbema
1. g32G.— 2. $ 333. - ,
,1. g 155.--4.g313 C,°.
-
annales. Laissons donc se complaire dans ces fictions l'antiquité
siprodigue en fait de merveilleux, et si vaine d'elle-même :
besoin de merveilles fabuleuses ;
nous, pour célébrer la capitale de la France, nous n'avons pas
nous en trouvons tant de
réelles, d'authentiques, que cette ville possède à elle seule,
et qui semblent s'être accumulées dans son sein, que celui
qui veut les énumérer, doit craindre seulement d'omettre
quelque chose de vrai. Paris, c'est, pour ainsi dire, un abrégé
héros
en dépôt
; ;;
de l'univers; c'est la mère féconde d'où sortirent tant de
le foyer des arts et des lettres le centre où se gardent
de nos victoires et nos trophées le plus ferme boule-
vard la religion et de la justice. Paris était pour Henri IV
si
l'objet d'une prédilection particulière, que, devenu maître
de cette capitale et du reste de la France, sans songer à ces
titres dont les rois aiment à s'entendre qualifier et à rehausser
leur grandeur, il fit ajouter à son nom le titre de premier
bourgeois de Paris. '.,
1
.;J!':
VERSION XLVII.
,
par l'abondance des matériaux nécessaires pour les construc-
tions : Le feu, par une heureuse température, où ne se font
sentir ni les chaleurs accablantes ni les froids rigoureux
:
L'air, par une atmosphère saine et par un ciel d'une admirable
pureté L'eau, par deux fleuves, qui, confondant leurs cours
:
dans le même lit, aux portes de la capitale, concourent à
sa
richesse et à sa subsistance, et amènent dans son sein, de
toutes les provinces et des mers voisines, les produits de la
terre, comme ces grandes veines qui apportent le sang au
cœur, de toutes les parties du corps. Quelle aimable variété
se déploie dans la campagne, au pied de ses murs! Voyez ces
vastes plaines où peuvent tenir de grandes armées, ces plaines
favorables aux semences, et heureusement disposées la
chasse. Voyez ces coteaux, ces collines aux pentes doucespour
et
insensibles, sur lesquelles s'élèvent, comme autant de petites
villes, une suite de villages, qui semblent rangés autour d'elle
Gallici imperii reginam undique dispositi! Quam juvat
intueri positas in5 orbem procerum ac principum domos,
sic, tanquam atria ingentis domus, unde licet, quaenam
sint6aliae partes, suspicari!
5.§445,6°. —6.§ 472.
VERSIO XLVIII.
In Ccesarem Augustum joci.
48. Soleo in Augusto magis mirari quos pertulit jocos
quam quos protulit, quia major est palientiae laus, quam
,
facundiae. Temporibus triumviralibusPollio, quum Fescen-
ninos in eum Augustus scripsisset : «At ego, ait, taceo;
non est enim facile in eum scribere, qui potest proscribere. »
Curtius, equesromanus, deliciis diffluens, quummacrum
liceret1 mittere*. Respondente principe :
turdum in ejus convivio sumpsisset, interrogavit an sibi
« Quidni liceat?»
Avem ille per fenestram statim misit. Mira etiam illius
censoris patientia. Corripiebatureques romanus a principe,
tanquam facultates suas minuisset. At ille se multiplicasse
coram probavit. Mox idem subjecit eum ad conlrahendum
matrimonium legibus non paruisse. Ille autem, quum
uxorem sibi et tres liberos esse dixisset, tunc adjecit :
« Posthac, Cæsar ß quum de honestis inquires, honestis man-
,
dato 2. » Solebat illi a palatio descendenli honorificum ali-
quod epigramma porrigere Graeculus. Id quum frustra sæpe
fecisset, rursumque eum idem facturum vidisset Augustus
brevi in charta græcum epigramma exaravit, pergenti
,
deinde ad se3 obviam misit. Lectum ille laudare4, quum
voce, turn \ultu mirari; post demissa in pauperem fundum
Adjectus bic sermo : « Nvi ttjv gtjv tu/tjv,
manu, paucos expromere denarios, principi dono daturus.
El rcXeov
élïov, tt7,£ovI&ISouv. u (NCR tuam fortunam testor, Âuguste, si
plus haberem, plus darem.) Secuto omnium risu, dispen-
5
satorem Cæsar vocavit, jussitque centena sestertia homini
llumerare.
g 472. — 2. g400. — 3. g 596. —4. § 402. -á. §144,3°.
1.
Mittere. L'usage permettait aux convives aenvoyer un plitt
I ou
une portiond'un platàquelqueabsent.
pour former une couronne à cette reine de la France. Avec
quel plaisir les yeux se portent sur les demeures des princes et
des grands, sur ces châteaux superbes dont elle est environnée!
Pareils au vestibule d'une grande maison, ils peuvent déjà
donner une idée du reste de l'édifice.
VERSION XLVIII.
Plaisanteries dirigées contre Auguste.
:
48. J'admire souvent Auguste, plutôt pour les plaisanteries
qu'il a souffertes, que pour celles dont il est l'auteur car il y a
plus de mérite à se montrer patient, qu'à parler avec esprit.
Pendant le triumvirat, il avait composé des vers satiriques
contre Pollion : Quant à moi, dit celui-ci, je me tais; car il
te
n'est pas facile d'écrire contre celui quipeut proscrire. » Curtius,
chevalier romain qui vivait fort sensuellement, ayant pris à
sa table une grive étique, lui demanda s'il pouvait-l'envoyer.
«
Pourquoi non? » répondit l'empereur. Alors il l'envoya par la
fenêtre. Auguste montra encore une merveilleusepatience dans
ses fonctions de censeur. Il adressait une réprimande à un che-
valier romain, en lui reprochant d'avoir diminué sa fortune.
Celui-ci prouva publiquement qu'il l'avait augmentée. Le prince
reprit bientôt en lui reprochant de ne s'être point marié, comme
:
les lois l'y obligeaient. Le chevalier dit qu'il avait une femme et
trois enfants. Puis il ajouta Il Dorénavant, quand vous prendrez
des informations sur d'honnêtes gens, César, confiez cette mission à
d'honnêtes gens. » Quand il descendait de son palais, un Grec
avait l'habitude de lui offrir quelques vers à sa louange. Ce
dernier lui avait souvent adressé cet hommage sans succès,
quand Auguste, le voyant prêt à recommencer, écrivit sur une
petite feuille de papier un compliment grec, et l'envoya au
personnage, qui venait à sa rencontre. Notre homme lit ce
;
compliment, l'approuve, témoigne son admiration tant par ses
gestes que par ses paroles puis il plonge la main dans une
misérable bourse, et en tire quelques deniers, pour les offrir
au prince, en ajoutant: « Parvotre fortune! Auguste,sij*étais
plus riche, je donnerais plus. » Tout le monde s'étant mis à
rire, César appela son trésorier, et lui ordonna de compter au
Grec 100,000 sesterces*.
* Environ 20,000 francs de notre monnaie. Le sesterce valait à peu près
20 centimesau temps d'A uguste.
VERSIO XLIX.
Auctor illos carpit qui vetustatem in sermone affectant.
49. Usitatum est apud quosdam vitium vetustatem in
sermone imitari, non quod illam religione quadam et cultu
prosequantur, sed eo consilio ut a communi more recedant.
Favorinus philosophus adolescenti veterum verborum cu-
pidissimo, et plerasque voces ignotissimas in quolidianis
sermonibus expromenti : « Curius inquit, et Fabricius, et
,
Coruncanus, antiquissimi nostri viri, et his antiquiores
Horatii illi trigemini plane ac dilucide cum suis fabulati
sunt, neque Auruncorum, aut Sicanorum, aut Pelasgorum,
qui primi incoluisse Italiam dicuntur, sed ætatis suæ verbis
locuti sunt. Tu autem, quasi cum matre Evandri nunc 10-
quare, sermone multis abhinc annis desueto et obsoleto
Nonne,
uteris, quod scire atque intelligere neminem vis quæ dicas.
homo inepte ut hoc abunde consequereris, prae-
,
staret tacere? Sed antiquitatem tibi placere ais , quod ho-
nesta et bona et sobria sit. Vive ergo moribus præteritis
loquere verbis præsentibus, atque id quod a C. Cæsare,
excellentis ingenii ac prudentiæ viro, scriptum est, habe
semper in memoria atque in pectore, ut, tanquam scopulum,
sic inauditam insolentemque vocem semper fugías. a
VERSIO L.
man i èrenette
, ;ils
une époque plus reculée, les trois Horaces, parlaient d'une
et lucide à leurs contemporains n'employaient
pas, pour causer, la langue des Auronques des Sicanes, ou des
Pélasges, de ces peuples qu'on cite comme les premiers habi-
tants de l'Italie, mais bien celle de leur temps. Et vous, comme
si vous vous entreteniez maintenant avec la mère d'Evandre,
vous vous servez de mots passés de mode et tombés en désué-
tude depuis longues années, pour que personne ne sache et
ne comprenne ce que vous voulez dire. Insensé! pour n'avoir
plus rien à désirer sous ce rapport, ne vaudrait-il pas mieux
vous taire? Mais le vieil âge vous plaît, dites-vous, parce qu'il
!
;
est honnête, vertueux et sage. Eh bien soyez du temps passé,
dans vos mœurs dans votre langage, soyez de votre temps; et,
dans votre mémoire, dans votre cœur, ayez toujours gravée
:
cette pensée qu'un homme d'un beau génie et d'une haute
sagesse, que César a mise dans ses écrits « Il faut toujours
éviter, comme un écueil, les mots extraordinaires et inusités. n
VERSION L.
j On doit prêter à la vèrité même les grâces de Vélocution.
ifférentes
50. Si vous vous êtes quelquefois trouvés dans un cercle où
,
personnes racontaient absolument le même fait
l'une en faisant briller une riche élocution, l'autre d'une
manière sèche et nue, quel contraste vous avez dû remarquer
!.
tentre les impressions qu'elles produisent sur l'auditoire Vous
voyez, pendant que la dernière parle, les auditeurs distraits
bâiller et causer entre eux de choses étrangères au récit. Mais
erigunlur omnes, velut e gravi somno emersi et in eum
,
pendente vultu ac tola mentis attentione defiguntur, prorsus
ut alia aut res, aut alii homines repente facti videantur.
!
Adeo in omnibus refert quo quidque modo dicatur! Adèo
;
differt ab illitterato vírlítteratus Eant igitur isti quibus
omnis displicet in exponenda veritate cultus tanquam.
;
Hercule, fulgorem armis nocere dicas, aut bastam speciose
contortam minus ferire aut infirmiora vulgaribus tectis
regum palatia esse, quia non rudi cæmento et informibus
tegulis exstruuntur, sed auro radiant et marmore nitent.
Equidem si esset humana mens pravis opinionibuscupidi-
VERSIO LI.
Incendilur Persepolis regia.
bellum ,
51. Hoste et æmulo regni reparante turn quum I maxime
nuper subactis quos vicerat, novumque imperium
aspernantibus, Alexander de die inibat convivia, quibus
pellices intererant. Ex Jiis una Thais, et ipsa temulenta,
maximam apud omnes Graecorum initurum gratiam affir-
mat, sia regiam Persarum jussisset incendi; exspectare
hoc eos quorum' urbes barbari delessent 3. Ebrio scorto de
tanta re ferenti sententiam, unus et alter, et ipsi mero
onerati, assentiunt; rex quoque fuit avidior quam patien-
;
lior : « Quin igitur ulciscimur Græciam et urbi faces subdi-
,nus? » Omnes incaluerant mero itaque surgunt temulenti
ad incendendam urbem cui armati pepercerant : primus
rex ignem regiae injecit, turn convivæ et ministri, peIli-
cesque. Multa cedro4 fedificata erat regia; quae, celeriter
;
gens qui veulent qu'on présente
parure comme si, vraiment,
javelot lancé avec
comme si un les
;râcefrappaitmoins sûrement; comme si palais des rois
étaient moins solides que les maisons du peuple, parce qu'ils
le sont pas bâtis d'épais moellons et de briques grossières,
nais parce que le marbre y reluit, parce que l'or y étincelle.
Certes, si l'esprit humain était exempt d'erreurs et de passions,
a vérité y pénétrerait par elle seule, sans aucun secours étran-
;
ger mais aujourd'hui, si vous ne lui ménagez un moyen
;
l'entrer dans l'esprit, en flattant l'oreille, la plupart du temps,
îlle restera sur le seuil ce sera comme une épée enfoncée
lans le fourreau, et qui ne peut s'en détacher.
VERSION LI.
Incendie du palais de Persépolis.
51. Tandis que son ennemi, son concurrent à l'empire,
travaillait plus que jamais à recommencer la guerre, quand les
vaincus, tout récemment soumis, voyaient d'un mauvais œil
cette domination nouvelle, Alexandre donnait en plein jour
ries festins où assistaient des courtisanes. L'une d'elles, Thaïs,
déjà étourdie elle-même par le vin, s'avisa de dire qu'Alexandre
mériterait au plus haut degré la reconnaissance de tous les
Grecs, s'il faisait mettre le feu au palais des rois de Perse
ceux dont les barbares avaient détruit les villes, s'attendaient
:
! cette satisfaction. L'avis d'une femme impudique, donné
dans la chaleur de l'ivresse, sur un sujet si grave, est accueilli
:
de deux convives, comme elle gorgés de vin. Le roi lui-même,
plus impatient d'agir que disposé à laisser faire, s'écrie « Que
?
tardons-nous àvenger la Grèce, et à livrer cette ville aux flammes »
Tous avaient la tête échauffée; ils se lèvent, en trébuchant,
pour
:
Le aller brûler cette ville qu'avaient épargnée leurs armes.
roi fut le premier qui mit le feu au palais après lui, les
convives, les officiers, les courtisanes. L'édifite, construit en
igne concepto, late fuditincendium. Quod ubi exercilus,
ratus , :
qui liaudprocul ab urbe tendebat, conspexit, fortuitum
ad opem ferendam concurrit sed ut ad vestibulum
regiae ventum est, vident5 regem ipsum adhuc aggerentem
faces: omissa igitur quam portaverant aqua, aridam ma-
teriam in incendium jacere coeperunt.
,
Hune exÏfum habuit regia totius Orientis, unde tot gentes
ante jura petebant, patria tot regum unicus quondam
Graeciae terror, molita mille navium classem et exercitus
quibus Europa inundata est, contabulato mari molibus,
perfossisque montibus in quorum specus fretum immissum
! ,
est Ac ne longa quidemaetateresurrexit. Hujus vestigium
non inveniretur, nisi Araxes amnis ostenderet : baud
procul mcenibus fluxerat; inde urbem fuisse viginti stadiis
distantem credunt magis quam sciunt accolæ.
6. $ 237.
VERS10 LII.
Quomodocavillatus sit Antiochum regem Pocnus Annibal.
52. In veterum memoriarum libris scri ptum est Anni-
balem apud regem Antiochum facetissime cavillatum I esse.
Ostendebat ei Antiochus in campo copias ingentes quas
, ,
bellum populo romano illaturus, comparaverat,conver-
tebatque exercitum insignibus argenteis et aureis florentem.
Iuducebat etiam currus cum falcibus, et elephantos cum
(unibus, equitatumque frenis, ephippiis, monilibus, pba-
leris praifulgentem. Atque ibi rex, contemplatione tanti ac
tam ornati exercitus gloriabundus, Annibalem aspicit, et :
« Putasne,
inquit, conferri posse, et satis esse Romanis
haec omnia?»Turn Pcenus, eludens 2 ignaviam mililum ejus
pretiosissime armatorum : « Satis plane, inquit, satis esse
credo Romanis baec omnia, etiamsi avarissimi sunt. »
Nihil3 prorsus neque tam lepide, neque tam acerbe dici
potest. Rex enim de numero exercitus sui ac de aestimatione
et collatione virium quaesierat : respondit Annibal de
praeda.
Quotusquisque est qui banc respondendi libertalem
1. g 220..- 4
VERSION LU.
Repartie plaisante d'Annibal au roi Antiochus.
52. On lit dans des mémoires anciens qu'Annibal, étant
hez le roi Antiochus, fit une repartiefortingénieuse. Ce
grince lui montrait dans une plaine l'armée immense qu'il
vaitmise sur pied, pour aller attaquer les Romains. Il faisait
manœuvrer ses troupes toutes resplendissantes d'emblèmes en
r et en argent. Il faisait encore passer devant lui ses chars
rmés de faulx, ses éléphants chargés de tours, et cavalerie,
sa
ont les mors, les harnais, les colliers, les caparaçons brillaient
'un luxe éblouissant. Alors, tout glorieux à l'aspect d'une
rmée si puissante et si bien équipée, le roi regarde Annibal et
:
ui dit « Croyez-vous qu'on puisse se mesurer avec l'ennemi,
t qu'il y en ait assez là pour les Romains? » Le Carthaginois,
e moquant de la lâcheté de ces soldats si richement armés
Oui, certes, répondit-il, oui, je crois qu'il v en aura asser.
:
our les Romains, quelle que soit leur avarice. » On ne peut
aire de repartie plus ingénieuse et plus piquante. Le roi, en
'interrogeant, avait en vue le nombre de ses troupes et l'ap-
réciation de leurs forces comparées à celles des Romains
Annibal, dans sa réponse, ne vit que le butin.
:
i
Combien y en a-t-il qui eussent répondu avec cette liberté,
luissef imitatus, neque indulsissel regis supcrhiæ" ex of
copiarum et armorum apparalu vicloriam praesumenlis1
VERSIO LIII.
Parthi.
53. ApudParthos proximus majeslali regum populorum
: 1
l
-
adroiteflatterie; et peut-être l'humeur trop caustique,
>«or manquer l'occasion de dire un bon mot,
VERSION LIII.
même aux
Les Parthes.
me&
la robe traînante des Mèdts. Leurs
swmLceUes des Scythes, leurs ancêtres. Leur armée ne
compose
pas d'hommes libres, comme chez les autres peu-
s
derniers grossit chaque jour,parce qm;, cul ne pouvant
s affranchir, tous leurs enfants naissent esclaves, Les Parthes
élèvent avec autant de sollicitudeque leurs propres fih,fJ;
épargnent aucun soin pour leur apprendre à monter à chenal
à tirer de rare. En temps, de guerre, les plus riches foui-
-
,
ssent au roi le plus de cavaliers. Ils ne savent pa£ combattre
igne et de près ni assiéger et prendre les villes. C'est en
:
crçant leurs chevaux sur l'eunenii, ou en tournant le dos,
m'ils combattent souvent même ils font semblant de fuir,
tin que l'ennemi, dans sa poursuite, se méfiemoins dé leurs
ups. Leur signal de bataille n'est pas la trompette, mais le
kmbour. Si l'action dure quelque temps, ils ne peuvent la
utenir; car ils jauent tout leur premier feu en-un moment.
eur choc serait, je crois, irrésistible, s'il pouvait se soutenir.
que toujours, au plus fort de rction, ils font retraite,
ur revenir bientôt de la fuite au combat; de sorte qu'à
nstantjnêmeoù l'on se croit vainqueur, il faut recommencer
lutte. Cavaliers et chevaux sont entièrement bardés de lames
î. fer, en forme de plume. Ils n'emploient l'or et l'argent
le dans leurs armures.
VfRSIO LIV.
Xefxis fuga. Pugna apudPlatæas commissa.
54. Erat resspectaculo digna. et aestimatione sortis
humanae, rerum varietate, miranda, in exiguo latenlem
,
videre navigio, quem paulo ante vix aequoromnecapiebat
carentem etiam omniservorum ministerio cujus exercitus
;
propter multiludinem terris graves erant. Nec pedeslribus
copiis, quas ducibusassignaverat, felicius iter fuit : si-
quidem quotidiano labori (neque enim ulla est metuentibus
quies) etiam fames accesserat. Multorum deiude dierum
inopia contraxerat pestem ; tantaque foeditas morientium
fuit, utviae cadaveribus irnplerentur, alitesque et bestiae,
escæ illecebris sollicitatæ, exercitum sequerentur. Interim
Mardonius cum relicta ipsi parte copiarum in Graecia
Olynthum expugnat. Athenienses quoque in spem pacis
amicitiamque regis sollicitat, spondens incensae eorum
urbis etiam in1 majus restitutionem. Posleaquam nullo
3
pretio libertatemvidet hisvenalem, incensis, quæ ædi-
ficare cosperant, copias in Bceotiam transfert. Eo et Græ-
4
eorum exercitus, qui centum3 millium fuit, secutus est.
ibique praelium commissum. Sed fortuna regis cum duce
:
mutata non est nam victus Mardonius, veluti ex naufra-
gio, cum paucis profugit. Castra referta regalis opulenliae'5
capta : unde primum Graecos, diviso inter se auro Persico,
divitiarum luxuria invasit.
1. gHb. —2.§331. — 3. § 272. — 4. g309. —5.§313,6°.
VERSIOLV.
Demosthenes cum naturã præliatur.
55. Demosthenes, cujus commemorato nomine, maximae
eloquentiae consummatio audicntis animo oboritur, quum
!
inter iuitia juventæ, arlis quam affectabat primam liUeram
dicere non posset, orissui vitium tanto studio expugnavit,
ut ea a nullo expressius efferretur. Deinde propter nimiam
VERSION LIV.
Fuite de Xerxès. Bataille de Platée.
54. C'était un spectacle digne d'attention, en même temp s
pi'un étrange sujet de réflexions sur la destinée humaine et
instabilité des choses, de voir caché dans un misérable esquif,
elui que naguère encore la mer pouvait à peine contenir; et
irivé même des services d'un esclave, celui qui surchargeait
ieutenants ne fut pas plus heureuse dans sa retraite à la
(
i
ichesses.
---.
~rtagé entre les Grecs, introduisit chez eux la corruption des
VERSION LV.
Démosthène lutte contre la nature.
I 55. Démosthène, dont le nom seul rappelle à l'esprit la plus
ublime éloquence, l'idée du parfait orateur, Démosthène ne
pouvait, étant jeune, prononcer la première lettre de l'art
qu'il
~e aspiraitàconnaître; mais il attaqua si vivement le vice
son organe, que personne, dans la suite, ne prononça plus
lettcment cette lettre. Sa voix encore était si grêle, qu'elle
exililatem acerbam auditu I vocem suam exercitationd
conlinua ad maturum et gratum auribus sonum ~perduxit.,
Laleris etiam firmitate defectus, quas corporis habitus vires;
negaverat, a:1 labore mutuatus est; multos enim versus une
impefu spiritus complectebatur, eosque adversa loca celerii
gradu scandens pronuntiabat : ac vadosis littoribus in-
3
sisrens, declamationes fluctuum fragoribus obluctantibw.
edebat, ut ad fremitus concitatarum coucionum palieutis
duratis auribus in actionibus uteretur. Fertur quoque ort
insertis calculis multum ac diu loqui solitus, quo vacuum
promptius essetetsolutius. Præliatus estcum rerum na-
i
tura, et quidem victorabiit, malignitatemejuspertina-
crssimo animi robore superando : itaque alterum 5 Derno-
slhenem mater, alterum industria enixa est.
1. g424. - | -3.2t. -4.
2. 324. § 504 — 5. ð 288.
VERSIOLVI.
De servis.
56. Unde in servos tantum et tam immane fastidium t
Vis iu cogitare eos quos jus tuum vocas, iisdem seminibun
1
—7.§214,4°. -8"::?!d.
-
1. §4C7, Rem. -2. 445. ;3, 472. -,í. § :j(j:j,.- 5. g 39. —G.S:''?.
:
hoquait les oreilles il sut, par un exercice continuel, la
ms une
a
forte
complexion il
:
endre pleine, sonore, et agréable aux auditeurs. Il n'avait
; poitrine le travail
embrassait
lui
d'une
donna
seule
ce que
haleine
lui
une
refusait
suite de
ers, et les prononçait en gravissant, d'un pas rapide, des
ieux escarpés. Il allait sur les plus bruyants rivages, et y
léelamait, malgré le fracas des ondes, afin d'accoutumer et
l'endurcir ses oreilles au murmure orageux des assemblées
lui s'agitaient autour de la tribune. On raconte aussi qu'il
nettait de petits cailloux dans sa bouche, et qu'il s'exerçait
linsi à parler longtemps et avec vivacité, afin d'avoir la langue
dus prompte et plus dégagée, quand il parlerait la bouche
,
vide. Il lutta contre la nature, et certes il en triompha ; une
'orce d'âme
:
une opiniâtreté sans exemple brisèrent les in-
,
ustes obstacles qu'elle opposait à ses efforts. Ainsi nous trou-
vons en lui deux Démosthène
'autre, enfant du travail.
l'un enfant de la nature,
VERSION LVI.
Sur les esclaves.
:
5G. D'où vient un dédain si superbe et »i dur à l'égard des
esclaves? Songez-y ces hommes que vous appelez votre pro-
priété, sortis des mêmes éléments que vous, ils jouissent de la
:
même lumière, ils naissent, ils meurent comme vous. Je dis
plus si vous considérez que la fortune a un égal pouvoir sur
vous et sur eux, vous pouvez aussi bien les voir libres, qu'ils
peuvent vous voir esclaves. Ignorez-vous à quel âge la servi-
tude a commencé pour Hécube, pour Crésus, pour la mère
de Darius, pour Diogène, pour Platon lui-même? Enfin,
pourquoi ce nom nous inspire-t-il tant d'horreur, puisque
c'est la fortune qui l'a imposé à celui qui le porte, et qu'il a
,
peut-être le cœur d'un homme libre? Soit, je le mépriserai,
,
si vous me montrez que personne n'estasservi à la volupté, à
1ambition à l'avarice, à la crainte. Et certes la servitude
volontaire est la plus honteuse de toutes. Mais nous foulons
aux pieds, comme un être misérable et abject, cette victime
de la fortune, et nous ne souffrons pas qu'on nous reproche
le joug que nous faisons peser nous-mêmes sur nos têtes. Vous
trouverez tel esclave qui ne cédera point à l'argent; tel maître
qui, dans un espoir cupide, baisera les mainsdes esclaves
d'autrui. Ce n'est donc point par le rang que j'apprécierai les
gradu astimabo, sed moribus. Sibi quisque dat mores
conditionem casus assignat. Quemadmodum stultus est,
:
qui, empturus equum, non ipsum inspicit, sed stratum ejus
ac frenos : sic stultissimus est, qui hominem aut ex veste
aut ex conditione, quæ modo vestis nobis circumdata 9 est,
,
aeslimandum putat.
9. g 388.
VERSIO LVII.
Fidei servorum erga dominos exempla.
57. Antius Restio, proscriplus a triumviris, quum 1
VERSION LVII.
r
,
Traits de fidélité des ssclaves envers leurs maîtres.
57. Proscrit par les triumvirs, Antius Restion voyant ses
Uinestiques occupés à piller sa maison et à profiter de ses
Jépouilles, se déroba de chez lui le plus secrètement qu'illui
ut possible, au milieu de la nuit. Cependant sa fuite furtive
Iléchappa point aux yeux vigilants d'un esclave qu'il avait
:mis aux fers pour le châtier, et qui portait sur le front l'em-
treinte ineffaçable des lettres infamantes dont il l'avait flétri.
e .er.ier, s'attachant avec un zèleofficieux àsuivre ses pas
Mrants au hasard, se glissa près de son maître, et se fit volon-
tairement son compagnon. Par un service si délicat et si péril-
à
eux tout la fois, il avait comblé la mesure du dévouement
qu'on pouvait attendre d'un fidèle serviteur. Tandis que ceux
doilt le sort avait été plus heurèux dans la maison, ne son-
fredient qu'au pillage,cet infortuné, dont le corps n'offrait que
Paspect et l'image de ses suppIice, jugea que le plus grand
profit qu'il pût faire était de sauver un homme qui l'avait puni
ressentiment;
kvec tant de rigueur. C'était déjà beaucoup de sacrifier son
:
à cette générosité, il ajouta encore l'affection.
Sa bienveillance ne s'en tint pas au sentiment il sut, pour
enserver Antius, trouver un expédient extraordinaire. Lors-
u'il s'aperçut que des soldats altérés de sang étaient près de
les atteiadre, il fit tenir son maître à l'écart, dressa ùn bûcher,
saisit et tua un vieux mendiant, et y jeta son cadavre. Puis,
uand les soldats lui demandèrent où était Antius : « Le voilà,
répandit-il en montrant le bûcher, qui expie dans les flammes
sa cruauté envers moi. » Ce qu'il disait était vraisemblable, on
le crut sur sa parole; et, grâce à cet artifice, Antius trouva
Aussitôt
une occasion d'assurer ses jours.
VERSIOLVIII.
Primum helium Puntcum.
58. Victor Italiae Romanus, quum a terra fretum usque
venisset, more ignis qui, obvias populatus incendio sy lvas,
interveniente flumine abrumpitur, paulisper substitit. Mox
quum videret opulentissimam in proximo praedam, quodam
modo Ifaliae suæ abscissam, et quasi revulsam, adeo eupi-,
,
difateejus exarsit, ut1 quatenus nec mole jungi nec pon-
tibus posset, armis belloque jungenda et ad continenlem
suum revocauda bello videretur. Et ecce, uIlro ipsis viam
»
2
pandentibus fatis, nec occasio defuit, quum dePcenorum
impotentia foederala Siciliae civitas Messana quereretur.
Affectabat autem, ut Romanus, ita Poenus Siciliam; et
eodem tempore, paribus uterque votis ac viribus imperium
,
orbis agitabat. Igitur specie quidem socios juvandi, re
,
autem sollicitante praeda quanquam territaret novitas rei
(tanta in virtute fiducia est!), ille rudis ille pasforius
populus vereque terrester, ostendit nihil interesse virtutis,
equis an 3
navibus, terra an mari dimicareiur.Appio
,
Claudio eonsule, primum fretum ingressus est fabulosis;
infame monstris aestuque violentum : sed adeo non est
exferritus, ut illam ipsam ferventis æstus violenliam pro I
munere amplecteretur : s'atimque ac sine mora IIieronem,
Syracusanum regem, tanla celeritate vicit, ut4 iHe ipse se
prius victum, quam hostem videret, fateretur.
1. g £>03. — 2.§497. —3.§468. 4. 503.
—
VERSIO LIX.
Bonus rex describtlur.
59. Ex omnibus donis quibus divina benignitas acccplir
sìhi gcniis fidem amut rellluucrari, nullum neque majus,
I
i. S ífJj.
VERSION LVIII.
,
spirait la
:
apparence pour secourir des aIlié, mais en réalité pour s'em-
parer d'une proie qui l'attirait et, malgré la t-errçur qu'in-
nouveauté de l'entreprisece peuple grossier, ce
peuple de pâtres, et dont la terre était le véritable élément;
montra(tant le courage inspire de confiance!) qu'il importe
peu aux gens de cœur de combattre à cheval ou sur des vais-
seaux, sur terre ou sur mer. Sous le consulat d'Appius Claudius,
VERSION LIX-.
Portrait d'un ion roi.
59. De tous les biens dont le Ciel, dans sa bonté, se plaît à
récompenser la foi d'une nation qui lui est chère, il ne saurait
lui en accorder de plus grand, de plus salutaire, que des
neque præsentius esse dixerim3, quam si praeficiat illi
bonos rectores, et concordibus animis in publica commoda
conspirantes; regem studiosum, imo cupidum retinendae
segni manu tractantem ;
pacis, et lamen arma, ubi res postulat, neque timida neque
qui hoslium consilia sagaciter
,
explorare, sua silentio et altis tenebris premere noverit;
nec minus, cum arcet externa bella possit salubri severi-
tatis et mansuetudinis temperamento exorta inter cives dis-
sidia componere; qui, justitiae et aequitatis apprime tenax,
dominandi studium naturã ferox etfreni cujuslibetimpa-
5 ,
tiens, pro buraana parte, in se certislegibus coerceat,
eo4 honestiori exemplo, quo plus illi per tantam fortunam
;
licere videtur; qui, faeilis et clemens, divinae ut potestatis,
ita benignitalis imaginem in se repræsentet praecipue vero
qui suos paterno affectu complectalur, et suorum amorem
longe victoriis, immensisque opibus et superbis titulis ante-
ponat; dubium deniquerelinquat utrum 5 consummalae
prudentiae princeps, an optimus parens rem publicam
administret. Talem optent6 regem, quibus etiamnum vota.
facienda sunt; talem diu incolumem esse flagitent, qui sibi
tantum boni, divino quodam munere,contigisse gratu-
lantur.
2. g :19:J,GO. -3. g 442,,- 4. § 258. 5. g 474.
— G.
— g 399,1°.
VERSIOLX.
De Hispani.
60. Hanc veleres ab Ibero amne primum Iberiam,
postea ab llispano Hispaniam cognominaverunt. InterAfri-
cam et Galliam posila, Oceani freto et Pyrenæis montibus
claudilur. Sicut minor utraque terra, ita utraque ferlilior.
Nam neque, ut Africa, violento sole torretur, neque, ut
Gallia, assiduis ventisfaligatur : sed media inter utram-
calore, inde felicibus et tempeslivis
que, liinc lemperato
imbribus, in1 omnia frugum genera fecunda est ut non
ipsis tantum incolis, verumetiam Italiae Urbique cunctarum
;
rerum abundantiam suffuiat. Nec summae tanlum terræ
1. § 445,4°.
Maîtres qui sachent la conduire et conspirer de concert à la
élicité publique; qu'un roi partisan de la paix, que dis-je?
aloux de la maintenir, et qui cependant, quand il faut prendre
es armes, ne montre ni lenteur ni pusillanimité; qui ait l'art
le pénétrer adroitement les desseins de ses ennemis, de com-
biner les siens en silence et de les envelopper de mystère;
lui, tout occupé qu'il est à repousser les guerres du dehors,
suisse, par un heureux mélange de sévérité et de douceur,
ipaiser les dissensions intestines; qui, rigoureux observateur
le la justice et de l'équité, sache, autant que l'homme peut le
ire, réprimer en lui-même, par des lois dont il ne s'écarte
:
Joint, cet esprit de domination, naturellement superbe et
'ebelle à toute espèce de frein donnant ainsi un exemple
l'autant plus honorable, que sa haute fortune semble lui per-
nettre davantage; un roi qui, doux et clément, représente en
ia personne la bonté de Dieu, comme il en représente la puis-
iance; mais un roi surtout qui porte à ses sujets une tendresse
maternelle, et qui mette leur affection bien avant les victoires,
es richesses les plus considérables, les titres les plus pom-
peux; enfin qui laisse à douter si c'est un prince d'une sagesse
iccomplie, ou le meilleur des pères, dont la main gouverne
;
'Etat. Qu'ils souhaitent un tel roi, ceux qui ont encore des
œux à faire qu'ils prient avec ardeur pour qu'un tel roi leur
(oit conservé longtemps, ceux qui se félicitent d'avoir reçu,
omme par une céleste faveur, un bien si précieux.
VERSION LX.
De l'Espagne.
60. Les anciens appelèrent d'abord cette contrée Ibérie, du
nom de l'Ebre, puis Espagne, de celui d'Hispanus. Située
entre l'Afrique et la Gaule, elle est bornée par un bras de
;
l'Océan et par les Pyrénées. Moins étendue que ces deux
pays,
lle est aussi plus fertile car elle n'est pas, comme l'Afrique,
dévorée par un soleil ardent, ni, comme la Gaule, battuede
vents continuels; mais, tenant le milieu entre l'une et l'autre
,
elle doit, d'un côté, à ses chaleurs tempérées, de l'autre, à
pluies bienfaisantes et dispensées à propos, cette fécondité
qui multiplie ses productions et qui fournit tout en abon-
dance, non-seulement à ses habitants, mais à l'Italie même
i Rome. Aux biens précieux qu'on trouve à sa surface, il faut
ses
et
laudanda bona, ,
verum et abslrusorum metallorum felices
diviliae. In liac cursus amnium non torrentes rapidique ut
noceant, sed lenes et vineis2 campisque irrigui, æstuariis-
que 3 Oceani affatim piscosi, plerumque etiam divites
auro4 quod in balucibus veliunt. Uno tanlum Pyrenæi
montis dorso 5 adhæret Galliae; reliquis partibus undique
in6 orbem mari cingitur. Forma terræ prope quadrata,
nisi quod, arctantibus freli littoribus, in Pyrenaeumcoit.
Salubrilas cceli per omnem Hispaniam aequalis, quia aeris
spiritus nulla paludium gravi nebula inficifur. Flue acce-
dunt et marinae auræ undiqueversus assidui flatus, quibus
omnem provinciam penetrantibus, evenlilato terrestri spi-
ritu, praecipua hominibus sanitas praestatur.
-
2. § 3G4. 3.§326. — 4. g 339. -5. g326. — G. g 445, Rem.
VERSIOLXI.
De vafre dictis aut factis.
a
61. Estquoddam factorumdictorumque genus sapientia,
proximodeflexu, ad vafritiae nomen progressnm. Quod nisi
ex fallacia vires assumpserit, fidem propositi non invenit ;
laudemque occulto magis tramite, quam aperla via petit.
Scipio quoque superior hoc praesidium callidilatis am-
plexus est. Ex Sicilia enim petens Africam, quum ex for-
fssimis peditibus romanis trecentorum equitum numerum
complere vellet, neque tam subito posset eos instruere,
quod temporis angusliae negabant, sagacitale consilii asse-
eutus est. Namque ex iis juvenibus, quos secum ex tota
Sicilia nobilissimos et ditissimos, sed inermes, babebat,
trecentos speciosa arma et electos equos quam celerrime
expedire jussit, velut eos continuo secum ad oppugnandani
Carthaginem avecturus. Qui quum imperio ut celeriter,
i(a longinqui et periculosi belli respectu sollicitis animis
paruissenl,remiltere se Scipio illam expeditionem, si
arma et equos mililibus suis2 traderevoluissent, edixit.
Rapuit conditionem imbellis ac timida juventus, instru-
mentoque suo cupide Romanis cessit. Ergo calliditas ducis
1. ð 2G. —U. g2US.
¡jeuter les richesses métalliques que renferme son sein. Ses
leuves n't pas ce cours rapide et impétueux qui cause des
avages : ils coulent paisiblement, en traversant des vignobles
t des plaines. et le reflux rend leurs eaux fort poissonneuses;
|a plupart même, rickes d'un précieuxminerai, charrient de
wr dams leurs flots. L'Espagne ne tient à la Gaule que par la
wrme est à peu près carrée :
haîne des Pyrénées; partout ailleurs, la mer l'environne. Sa
seulement elle se rétrécit vers
&s Pyrénées, où l'Océan
,
resserre ses rivages. Le climat de
Espagne est généralement sain parce qu'aucune vapeur
fiarécageuse
n'y altère la pureté de l'air. D'ailleurs, il y règne
ts
•ntinuellement des vents de mer, qui, soufflant de tous les
du littoral et pénétrant dans tout le pays, dissipent les
r
xhalaisons terrestres, et produisent le plus favorable effet
LXI,
la santé des habitants.
VERSION
VERSIOLXII.
De MaximÚío.
62. Maximinus prima in juventute pastor fuit, quen
fortunae vices et Romanorum libido frequentissime domino
mutantium, ad principatum postea extulere. Thracibu
insidiabatur latronibus, et suos ab istorum incursionibu
vindicabat. Magnitudine corporis conspicuus, fortitudim
pariter et virili forma eminebat, morumque asperitate
Stipendia mereri sub Severo ccepit, et bacc fuitillicaus
innotescendi : natali1 Getæ filii minoris, quum ludos mi-
litares daret Severus, exsultantem in turba more barbaric*
adolescentem vidit. Cujus procerum habitum formamqui
demiratus, experiri voluit quantus in currendo essel. atqm
luctando. Equum igitur admisit multis circuitionibus3
quum senex imperator laborasset, neque ille a 4 currend*
e ;
per multa spatia destilisset, dixit Severus : «Numquid t
delectat statim ex 5 cursu luctari 6, teque huic labor
?
ferendo non imparem exislimas » Turn ille semibarbarus
et vix adhuc latinæ7linguæ, « QuantumJibel, inquit
Imperator. » Ex equo descendit Severus, et recentissimun
quem que ac robuslissimum militem jussit illi comparari
quos vir fortissimus, numero septem, more solito, un<
.sudore devicit. Dignus inde judicatus est qui 8, præte
reum,,
argentea praemia a Severo proposita, torquemferretau-
jubereturque inter stipatores corporis semper iJ
,
aula versari; inde clarus in exercitu, suspectuscommili-
tonibus carus tribunis principi gratiosus evasit.
1. § 373. -2.472. -3. g 333. — 4. g 398. -5. g 440. — 6. § 222
— 7. g 308.— 8. g r,0b.
al, un ordre si pressant, qui d'abord avait paru rigoureux,
levint un bienfait signalé,-par l'exemption du service militaire.
1 Quant au fait suivant, àla ruse de Q. Fabius LabéoD, qui,
après un traité, devait recevoir d'Antiochus, vaincu par lui,
a moitié de sa flotte, et qui fit scier en deux tous ses vaisseaux,
na beau le citer
:
comme un trait de finesse, j'y vois
signe fourberie c'est le fait d'un Carthaginois plutôt que
un Romain.
plutôt uije
VERSION LXIL
Maximin.
62. Maximin, dans sa première jeunesse, conduisait des
roupeaux. Cet homme, queles vicissitudes de la fortune et le
:aprice des Romains, qui changeaient si souvent de maîtres,
levèrent ensuite à l'empire, dressait des embuscades aux
arigands de la Thrace, et protégeait ses compagnons contre
leurs surprises. Doué d'une taille avantageuse, il se faisait
remarquer encore par sa bravoure, par sajnâle beauté, et par.
la rudesse de son caractère. Ce fat sous Sévère qu'il commença
perter les armes; et voici à quelle occasion il se fit con-
naître : Sévère donnait une fête militaire, pour célébrer l'an-
nversaire de Géta, son second fils. Il vit, au milieu de la
ouïe, le jeune guerrier qui dausait à la manière des barbares.
Dbarraé de sa bonne mine et de sa haute taille, il voulut
;
essayer à la course et à la lotte. 11 mit son cheval au galop,
ui fit faire un grand nombre de tours et le vieil empereur se
:
atigua, sans que Maximin cessât de courir pendant plusieurs
urs encore. Alors Révère lui dit a Voudrais-tu-lutter au
ortir d'une course, et crois-tuque tu serais en étatde sou-
enir cette épreuve? — Tant qu'il te plaira, empereur, »
répondit le guerrier, encore à moitié barbare, et qui savait à
teine parler latin. Sévère descendit de cheval, et ordonna
lu'on le mit aux prises avec les plus«aouveaux et les plus
rigoureux de ses soldats. On en choisitsept; et, avec sa force
llerveilleuse, illes vainquit tous, selon son habitude, sans
reprendre haleine. Ces deux épreuves lui valurent, outre les
prix décerné s par Sévère, nu collier d'or, et l'honneur de faire
toujours partie de la maison du prince, dans les gardes attachés
à sa personne; elles lui donnèrent du renom dans l'armée, lui
Concilièrent l'affection de ses compagnons darmes l'estime
des tribuns, et les bonnes grâces du souverain. ,
VERSIO LX11I.
C. J. Ccesar et Veteranus.
65. Causam dicebat apud I divum Julium ex veleranis
quidam paulo violentior2 adversus vicinos suos, et causa
premebatur. «Meministi, inquit, imperator, in
Hispania
talum te torsisse circa Sucronem ?» Quum Cæsar meminisse
se dixisset:«Meministi quidem, inquit, sub quadam arborc
minimum umbræ spargente, quum velles residere fervcn-
tissimo sole, et esset asperrimus locus, in quo ex rupibus
acutis unica ilia arbor eruperat,quemdam ex commilito-
?
nibus penulam suam substravisse » Quum dixisset Cæsar :
Quidni meminerim? Et quidem siti confectus, quia impe-
«
dilus ire ad fontem proximum non poteram repere mani-
bus volebam, nisi ,
commilito, homo fortis ac slrenuus,
aquam mihi in galea sua attulisset. — Potes ergo, impe.
rator, agnoscere ilium hominem aut illam galeam? » Caesar
ait se non possegaleam agnoscere, hominem pulchre posse;
et adj ecit, puto ob hoc irafus, quod se a3 cognitione mediã
Merito ,
ad veterem fabulam abduceret : « Tu utique ille non es. —
inquit, Cæsar me non. agnoseis; nam quum hoc
factum est, integer eram ; postea ad Mundam in acie oculus
; ;
mihi effossus est, el in capite lecta ossa galeam autem si
videres ilIam, non agnosceres machaera enim hispana
divisa est. »
Vetuit4 illi exhiberi negotium Caesar, et agellos, in qui-
bus vicinalis via causa rixaeac litium fuerat,ita5militi
donavit, adversa nullam injuriam palerclur.
-
suo ut pars
1.§431. — 2.
Rem.I. g 254. — 3. S 323. — 4. g ,
225 Helll. 1. — 5. 503
VERSIO LXIV.
De genere fabulari.
VERSIO LXV.
Quædam de Dionysiomajore. u
très-avides.
isprits, puisqu'il séduit les hommes par l'attrait du plaisir).
ont ils sont naturellement
VERSION LXV.
Denys l'Ancien.
Ir.65. En vain descendait-il dç parents honnêtes et d'une
nmille jJiuâtre (quoique les rapports varient à cet égard);
vainpouyait-il jouir à souhait et de l'intimité avec ses
fgaux en âge, et des rapports avec ses proches, il ne se fiait
aucun d'eux. Il commettait la garde de sa personne à des
esclaves qu'il avait enlevés à de riches maisons, à certaines
rns ramassés de divers endroits, et à de farouches étrangers.
Iii, la crainte de perdre une injuste domination l'avait réduit
e.mprisonner lui-même, quelque sorte, dans
en son palais.,
[fin, pour ne pas confier sa tête à un barbier, il voulut que
i filles apprissent à raser, que de jeunes princesses fussent
jam essentadultae, ferrum removit, instituitque ut canden-
tibus juglandium putaminibus barbam sibi1 et capillum
,
adurerent.
Quumque duas uxores haberet, Aristomachen, civem
suam, Doridem autem Locrensem sic noctu ad eas venti-
tabat, ut omnia specularetur ante ct perscrutaretur. Idem
in communibus suggestis non ausus consistere, concionari
ex alta turri solebat.
,
Quum piia ludere vellet (studiose enim id factitabat)
tunicamque poneret, adolescentulo quem amabat, tradi-
disse gladium dicitur; et quum quidam familiaris jocans
dixisset : « Huic quidem certe vitam tuam committis, »
,
VERSIO LXVi.
Sequitur de eodem.
66. Atqui de hoc homine a bonis scriptoribus sic tra-
ditum accepimus, summam fuisse ejus in victu temperan-
tiam, in rebus que gerendis virum acrem et industrium
eumdem tamen maleficum natura et injustum. Duodequa"
;
draginta autem annos dominatum Syracusis obtinuit.
Quanquam hie quidem tyrannus ipse judicavit quam
1
niam2
,
Damocles commemoraret in sermone copias ejus., opes,
majestatem dominatùs, rerum abundantiam, magnificen-
tiam aedium regiarum negaretque unquam beatiorem
quemquam fuisse : «Visne igitur, inquit, Damoeles. quo-
haec te vita deleetat, ipse eadem deguslare, et for-
, ,-
1-§487 Rem.1. 2. § 490.
ravalées à ces basses etuserviles fonctions. Encore, lorsqu'elles
Furent un peu grandes, il Ôta le fer de leurs mains, et imagina
ie se faire brûler par elles la barbe et les cheveux, avec des
coquilles de noix tout embrasées.
Il avait deux femmes, Aristomaque, comme lui de Syracuse,
il
st I)oris de Locres. Jamais n'entrait la nuit dans leur appar-
tement, sans faire d'abord les perquisitions les plus exactes et
les plus minutieuses. Il n'osait non plus paraître dans la tri-
bune ordinaire, et ne parlait au peuple que du haut d'une
teur.
u. jour qu'il voulait jouer à la paume (il*
était passionné
),
pour cet exercice en quittant sa tunique, il donnaj dit-on,
:
ion épée à un jeune homme, son favori. Un de ses amis s'avisa
ie dire en plaisantant « Voilà cependant quelqu'un à qui
:;
reus confiez vos jours. » Le jeune homme ayant souri à ces
.et8, le tyran les fit mettre à mortl'un et l'autre le premier,
arce qu'il avait indiqué un moyen de lui ôter la vie l'autre ,
,:
arce qu'il avait approuvé la chose par un sourire. Et cette
iction lui coûta tant de regrets que jamais rien ne l'affecta
plus profondément dans la suite il avait tué celui qu'ilché-
rissait tendrement. Ainsi, chez ceux que'les passions gouver-
:
ient, les passions sont divisées et se combattent entre elles.
Vous avez cédé à l'une il faut lutter contre l'autre.
la
VERSION LXVI.
r
Denys Ancien. (Suite.)
,
66. Cet homme pourtant, des auteurs dignes de foi nous
l'apportent qu'ilavait les habitudes les plus sobres, de l'éner-
:
gie, de l'activité dans la conduite des affaires; mais, en même
temps, un caractère malfaisant et injuste et il régna trente-
uit ans à Syracuse !
Du reste, ce tyran fit voir, par son propre témoignage,
comme il était heureux. Un de ses flatteurs, nommé Damoclès,
s'entretenant avec lui, s'étendait sur le nombre de ses troupes,
fcur sa puissance, sur la grandeur attachée au pouvoir absolu,
:
(sur l'abondance dont il était environné, sur la magnificence
e son palais, ajoutant qu'il n'y avait jamais eu de mortel plus
eureux
«
Eh bien! Damoclès, lui dit-il, puisque cette exis-
tence te séduit, veux-tu en goûter toi-même, et jouir par essai
tunam experiri meam ? » Quum se ille cupere dixisset, coI-
locari jussithominem in aureo lecto, strato pulcherrimo,
;
textili stragulo, magnificis operibus picto abacosque com-
plures ornavit argento auroque caelato. Turn ad mensam
eximia forma pueros jussit consistere, eosque nutum illius
incendebantur odores ;
diligenter intuentes ministrare. Aderant unguenta, coronæ;
mensae conquisitissimis epulis ill-
struebantur. Fortunatus sibi Damocles videbatur. In hoc
medio apparatu, fulgentem gladium, e lacunari setã equina
aptum, demitti jussit, ut impenderet illius beati eervicibus.
Itaque nec pulchros iIIos ministratores aspiciebat, nec ple-
num artis argentum, nec manum porrigebat in mensam :
jam ipsae defluebant coronae. Denique exoravit tyrannum
ut abire liceret, quod jam nollet esse beatus.
§ 3.34,
VERSIOLXVIL
Mulier quædam, prcesente Sex.Pompeio, mortem venenosibi
consciscit.
VERSION LXVII.
Une femme de Vîle de Céos s'empoisonne en présence de Sextus
Pompée.
67. Sextus Pompée, allant en Asie, était entré àJulis, dans
l'île de Céos. Ilarriva par hasard qu'une femme de la plus
haute distinction, mais fort avancée en âge, après avoir rendu*
compte à ses concitoyensdes raisons qu'elle avait de quitter
la vie, résolut d'en sortir par le poison, et se trouva singuliè-
rement flattée de pouvoir illustrer sa mort par la présence de
Pompée. Ses prières ne furent pas dédaignées d'un personnage
,
qui joignait à toutes les autres vertus la plus rare humanité. Il
alla donc lui rendre visite déploya l'éloquence la piustou-
,
chante, et, après avoir fait de vains efforts pour la détourner
de ce dessein il prit ènfin le parti de la laisser accomplir sa
résolution. Cette femme, plus que nonagénaire, et jouissant
d'une parfaite santé d'esprit et de corps, parut couchée sur
«
,
son lit, qui était plus orné qu'à l'ordinaire, autant qu'on en
pouvait juger. Appuyée sur le coude elle prit la parole :
Sextus Pompée, dit-elle, puissent les dieux que je quitte,
* Les lois autorisaient le suicide, dans quelques pays, quand celui qui
voulait se donner la inorl rendait à ses concitoyens un compte suffisant
des motifs qui le poussaient à cette résulution.
vitae meae, nec mortis spectator esse fastidisti. Ceterum ipsa I
hilarem fortunae vultum semper experta, ne aviditate lucis
tristem intueri cogar, reliquias spiritus mei prospero fine,
duas filias et septem nepotumgregem superstitem relictura, i
permulo. » Cohortata deinde ad concordiam suos , distri-
buto eis patrimonio; et cultu suo sacrisque domesticis ma- ]
jori filias traditis, poculum in quo venenum temperatum'
i
,
erat, constantidextraarripuit. Turn defusis Mercurio deli-
bamentis, et invocato numine ejus ut se 5 placido ilinere
in meliorem 6 sedis infernæ partem deduceret cupido,
haustu mortiferam traxit potionem. Ac sermone signifi-
cans, quasnam subinde partes corporis rigoroccuparetl, quum
jam visceribus eum et cordi imminere esset elocuta, filia-
rum manus ad supremum opprimendorum
cium advocavit.
8
oculorum offi-
VERSION LXVIII.
:
Belle et sage réponse! En effet, celui qui est chargé des
secretsdun roi,
court plus d'un péril d'abord, ils peuvent lui
échapper à son insu; quelqu'unpeut être
assez fin pour les-
Ideviner; si
plusieurs personnes, comme il arrive, sont admises-
dans la confidence, et qu'ils transpirent
d'autrui,
, par l'indiscrétion
sa fidélité peut être accusée. Les secrets d'un roi sont
donc un fardeau bien pesant, si ce n'est
pour les esprits bien
légers eux-mêmes, car il ne manque
pas de gens présomp-
tueux .qui s'appliquent sérieusement à pénétrer, par toute
espèce de moyens, dans ce que les rois ont de plus caché. Ils
se croient, dans leur vanité, de grands personnages, d'heureux
mortels, si le roi leur adresse un signe de tête s'il leur
muet,
dit quelques mots à 1oreille, s'ils ont l'air d'être établis dans
si in aurem insusurret, intimo regis pectore babitare
si in
videantur. Nota est omnibus de Semele fabula, quæ, quum I
a Jove flagitasset multis precibus, ut ipsi 5 se quantus esset
•
ostenderet, afflata fulmine eonflagravit. Idem iis fere eve-
nire dixerim 6, qui intimas regum mentes adeun'tcupidius?.
Urunt enim, ut ita dicam, arcana regum quoscunque pro-.
pins8 affiant; ac saepein perniciem vertitfamiliariorcum
potente consuetudo.
5. § 297. -6. g 399,0°. - 7. g 254. — 8. g 254.
VERSIO LXIX.
-
Straton a Tyriorumservis rex crealur.
69. Servi Tyriorum, conspirationfacta, omncmlibe-
rum populum cum dominis interficiunt, atque ita potiti
urbe, lares dominorum occupant, rempublicarn invadunt,
conjuges ducunt, et, quod ipsi non erant, lrberos procreant.
Unus ex tot millibus servorum fuit, qui, miti1 ingenio,
senis domini parvulique filii ejus fortuna moveretur, do-
minosque non truci 2 feritale, sed piæ misericordiae huma-
,
ex suo corpore creari eumque potissimum quasi accep- ,
nitafe respiceret. Itaque quum velul occisos al ienasset, ser-
visque de statu reipublicae deliberantibus placuissef regem3
VERSION LXIX.
Straton est élu par les esclaves roi de Tyr.
69. Les esclaves des Tyriens forment une conspiration,
gorgent leurs maîtres et tous les hommes libres, s'emparent
ainsi de la ville, s'établisrent dans les maisons de leurs maîtres,
envahissent le gouvernement, prennent des femmes, et, sans
etre libres eux-mêmes, donnent le jour à une postérité libre.
,
armi tant de milliers d'esclaves, un seul, naturellement hu-
main
u se laissa toucher aux malheurs de sonvieux maître et
jeune fils de celui-ci; et, loin de s'armer d'une cruauté
impitoyable, il ne sentit pour eux qu'unetendre et généreuse
compassion. Il répandit donc le bruit de leur mort, et les
^acha à tous les regards. Bientôt les esclaves délibèrent sur le
iort de l'empire, et décident de faire un roi tiré de leur sein,
ît de choisir, comme le plus agréable aux dieux, celui qui le
premier aurait aperçu le soleil levant. Il vient annoncer cette
Nouvelle à Straton (c'était le nom de son maître), dans la re-
ra ite où ille tenait caché. InstFuit par ses conseils, tandis que
ous les autres, réunis dès le milieu de la nuit dans une même
laine, fixaienLieurs regards sur l'orient, lui seul les dirigeait
;
ers l'occident. Chercher à l'occident le lever du soleil, sembla
'abord à tous un acte de folie mais, lorsqu'à l'approche
our,les hauteurs de la ville commencèrent à se dorer de ra
ii
lumière naissante, il montra le premier à ses compagnons, qui
ittendaient que le soleil lui-même parût à leurs yeux, l'éclat
e
:
cet astre qui se reflétait sur le point le plus élevé de. Tyr.
Cetteidée sembla trop ingénieuse pour un esclave on voulut
n connaître l'auteur; il avoua que c'était son maître. On
sentit alors la supériorité intellectuelle deThomme libre-sur
l'esclave; on comprit que ce dernier, inférieur en lumières,
tiãque servos, non sapientia vincere. Igitur venia seni fitio-
que data est, et velut numine quodam reservatos arbitrantes,
regem Stratonem creaverunt.
VERSIO LXX.
Piraticum bellum.
70. Cn. Pompeius,dispersam toto mari pestem, piralas
semel et in perpetuum volens exstinguere divino quodam
,
apparatu aggressus est. Quippe quum classibus suis, et so-
cialibus Rhodiorum abundaret, pluribus legatis atque præ-
fectis, per intervalla dispositis, utraque Ponti et Oceani
ora complexus est. Sic per omnes aequoris portus , sinus
latebras, recessus, promontoria, freta, peninsulas,quidquid
,
fuit piratarum quadam indagine inclusit et oppressit. Ipse
, :
in originem fontemque belli Ciliciam versus est nec liostes
detrectavere certamen non ex fiduciã; sed quia oppressi
erant, ausi videbantur : sed nihil tamen amplius, quam ut
ad primum ictum concurrerent. Mox ubi circumfusa uodi-
que rostra viderunt, abjectis statim telis remisquc , plausu
Romanus ;
undique pari, quod supplicantium signum fuit, vitam peti-
verunt. Non alias tamjncruenta victoria usus est unquam
1
VERSION LXX. -
,
lavires, sans plus attendre, ils jetèrent loin d'eux leurs traits
5t leurs rames, et, battant des mains tous ensemble, en signe
;
le supplication ils demandèrent la vie. Jamais victoire ne
.ûta moins de sang aux Romains jamais aussi nation ne leur
ut plus fidèle dans la suite. Ce résultat fut le fruit de la rare
sagesse du général, qui transporta loin de la mer cette race
i'hommes dont la mer était l'élément, etl'attacha à la glèbe
sn mettant, pour ainsi dire, le continent autour d'elle, ren-
iant ainsi tout à la fois aux vaisseaux l'usage de la mer recon-
~quise, et à la terre ses habitants. Que doit-on le plus admirer
dans
: :
cette victoire? La rapidité? elle fut remportée en qua-
rante jours le bonheur? elle ne coûta pas un vaisseau ou
plutôt la durée de ses résultats? les pirates disparurent sans
retour.
VERSIO LXXI.
De philosophis caltu tantum et amiclu.
,
servis indere liceret, decrelo publico sanxerunt, quoniam ?
nefas ducerent, nomina libertali patriae devota servili con-
tagio polloi. Simili autem exemplo ex 8 coniraria specie,
antiquos Romanorum audio praenomina patriciorum quo-
rumdam male de republica meritorum et ob earn causam
capite damnatorum, censuisse ne9cui ejusdem gentispalri-
,
comme
se tournant vers ceux qui
dit-il, fit
la
donner
plupart
mille pièces à
des assistants
m ce
:
il représentaient que c'était un misérable, qui ne méritait
en de bon, il répondit en souriant l'argent est donc bon pour
i. Mais ce qui m'afflige, ce qui me désole, ajouta Musonius,
est que de semblables animaux, des êtres repoussants et
ppeler philosophes ;
Inobles, usurpent le titre le plus vénérable, et se fassent
tandis que les Athéniens, mes ancêtres,
léfendirent, par un décret public, qu'on osât donner aux
Fdaves le nom d^Harmodius et d'Aristogiton, ces deux jeunes
r :
léros c'était un sacrilège, à leurs yeux, de profaner et de
in
,
shonorer, par le contact de la servitude, des noms consacrés
le dévouement à la liberté de la patrie. J'ai appris que les
peiens Romains donnèrent le même exemple dans un autre
les prénoms de quelques patriciens
ns: ils défendirent que condamnés
aîtres envers l'Etat, et comme tels au dernier
pplice, fusseut portés par des membres de la même famille,
que les noms mêmes quiles rappelaient parussent flétris
t éteints avec leurs personnes. »
VERSIO LXXII.
Pompeiiexitus.
72. Pompeius fugiens cum duobus Lentulis consularibus
Sextoque filio, et Favonio praetorio, quos comites ei for
tuna adgregaverat, aliis ut Parthos, aliis ut Africam peteret
inqufidelissimum partium suarum haberet1 regemJubam
suadentibus, jEgyptum petere proposuit, memor beneficio
rum quæ in patrem Ptolemaei, qui tum puero quam juven 2
t
versis3 beneficiorum serva memoriam ?
propior regnabat Alexandriae, contulerat. Sed quis in ad
Aut quis ullan
calamitosis deberi putat gratiam? Aut quando forluna nOI
mutat fidem? Missi itaque ab rege, qui 4 venientem Cn
Pompeium (isjam a Mytilenis Corneliam uxorem recep-
tam in navern, fugae comitem habere ccpperat), consili<
Theodoti et Achillse, exciperent, hortarenturque ut ex one
,
raria in earn navem, quæ obviam processerat, transcen
deret. Quod quumfecisset, princeps romani nominis; im
perio arbitrioque iEgyptii mancipii, jugulatus est. Hiepos
tres consulatus et totidem triumphos, domitumque terra
rum orbem, sanctissimi ac praestantissimi viri, in idevecti
super quod ascendi non potest, duodesexagesimum annua
:
agentis5, pridie natalem ipsius, vitae fuit exitus in tantum
in ilJo viro a se discordante fortuna, ut cui modo ad vie-
toriam terra defuerat, deesset ad sepulturam. J
VERSIO LXXIII.
Romulus e medio tollitur.
Ii!
1. § 503.
VERSION LXXII.
MortdePompée.
72. Pompée fuyait avec les deux Lentulus, personnages
.consulaires, son fils Sextus, et Favonius, ancien préteur, que
;
la fortune avait associés à.sa fuite. Les uns lui conseillaient de
se retirer chez les Parthes les autres, de passer en Afrique,
Il résolut de gagner l'Egypte ;
•ù il trouverait dans leroi Juba le plus fidèle. de ses partisans.
car il se rappelaitlesservices
qu'il avait rendus au père de Ptolémée, jeune prince à peine
serti de l'enfance, qui régnait alors à Alexandrie. Mais se
souvient-on jamais des services, quand lebienfaiteur est mal-
heureux? Croit-onmêmedevoir aucun rétour a ceuxque pour-
??
suit l'adversité E-nn, lp fidélité ne change-t-elle pas toujours
avec la fortune Pompée arrivait, avec Cornélie, son épouse,
à
-qu'il avait retrouvée Mytilène et prise sur son navire, et qui
commençait à partager sa fuite. Le roi, par le conseil de
Théodote et d'Achillas, envoya des gens pour le recevoir, et
y
bord du vaisseau expédié à sa rencontre.11 consentit et
ientôt le plusgrand des Romains fut égorgé, par le comman-
:
l'inviter à passer du bâtiment de transport où il se trouvait, à
:
jour de sa naissance; et il y eut dans sa destinée ce singulier
exemple des contradictions de la fortune la terre, qui avait
manqué naguère à ses conquêtes, manqua pour sa sépulture.
VERSION LXXIII.
Mort de Romulus.
73 Après d'immortels travaux, Romulus faisait publique-
ment la revue de son armée, dans une plaine près du marais
de Capra *. Tout à
coup un orage, accompagné de violents
coups de tonnerre, enveloppe le roi d'un nuage si épais, qu'il
* ,
Ou marais de la Chèvre près de Rome.
spectum ejus concioni abstulerit : nee deinde in terris Ro-
mulus fuit. Romana pubes, sedato tandem3 pavore post-
quamextam turbido die serena et tranquilla lux rediit,
ubi vacuam sedem regiam \idit, etsi3 satis credebat Patribus,
,
qui proximi sleterant, sublimemraptum procell,tamen
4
velutorbitatis melu icta, mflestum aliquandiu silentium
obtinuit. Deinde a paucis initio facto, deum, deo natum, 5
regem parentemque urbis Romanae salvere universi Romu-
lura jubent; pacem precibus exposcunl, uti volens propitius
suam sempersospitetprogeniem. Fuisse credo turn quoque ali-
rent :
quos, qui discerptum regem Patrum manibus6 tacili argue-
manavit enim hæc quoque, sed perobscura farna ;
illam alteram admiratio viri7 et pavor praesens nobilitavit.
Consilio 8 etiam unius bominis addita rei dicitur fides.Nam-
que Proculus Julius in concionem
,
prodit,
,
et : «
Romulus,
inquit, Quirites, parens urbis liujus prima hodierna luce9
repente ccelo 10 delapsus se milii obvium dedit. Quum 11
perfusus horrore venerabundusque adstitissem Abi, nunlia,
inquit, Romanis, ccelestes ita velle ut mea Roma caput
:
orbis terrarum sit; proinde rem militarem colant; sciant-
que et ita posteris tradant, nullas opes humanas armis
romanis resistere posse. » Sic desiderium sublati13 apud
plebemexercitumque, factfideimmortalitatis, lcnilum.
2.§421.-3.48G, — 4. g 328..—5.§326. — 6. g 328.-— 7.§321.—
s". j 328.—9.373. — 10. g 902. — 11. g409.- U. 22 ,
Hrm. 1. —
13.§321.
VERSIO LXXIV.
VERSION LXXIV.
Comment l'étal de Lacrdémone fut constitué par Lycurguc.,
:
74. il partagea l'administration de larépublique entre les,
lifférents ordres de l'Etat il attribua aux rois. le pouvoir de
;
lire la guerre; aux magistrats celui de juger, en rendant leurs
;
onctions annuelles au sénat, la garde des lois au peuple, le
Iroit d'élire les nouveaux sénateurs, et de créer à son gré les
Ilagistrats. Il fit une égale répartition de tous les biens entre
,
DUS les citoyens, pour établir l'égalité civile par celle des for-
nes. Il voulut que tous les repas fussent publics afin qu'il
l'y eut personne dont les richesses et le luxe restassent
vel luxuria in or-cuho essent. Juvenibus non ampiius unã
veste uti toto anno concessit, nec quemquam cultius quam
alterum progredi, nec epulari opulenlius, ne imitatio in
luxuriam verteretur. Pueros puberes non in forum, sed in
agrum deduci præcepit, ut primos annos in opere et labo-
ribusagerent 2.
Nihil eos somni causa substernere, neque
prius in urbem redire, quam viri facti essent, statuit. Vir-
gines sine dote nubere jussit, ut uxores eligerentur non 3,
pecuniae, severiusque matrimonia suaviri coercerent, quum
nullis dotum frenis tenerentur. Maximum honorem non
5
dmtum4 et potentium, sed, pro gradu aetatis, senum esse
voluit. Haec quoniam 6 primo, solutis antea moribus, dura
videbat esse, auctorem eorum Apollinem Delphicum fingit,
et inde se ea numinis ex praeceplo delulisse, ut consuescendi
taedium metus religionis vincat7.
2. §223, Rem — 3223, Rem. — 4. OG. -5.§442. — G.g490.—
7. §223,Rem.
VERSIO LXXV.
Quædam aSocrate et Solone sapicnter dicta.
75. Socrates, humanæsapientiæqnoddam quasi terrestre
oraculum,nihil ultra petendum a diis immortalibus arbitra-
1
G.
1.S325.
g 490. —
— 2. §
7.§4*0.
223, Rem. - 4.
3. § iOl. — 472. — b.
g ;;í:),--.
fiiorés. Il ne permit pas aux jeimes gens d'avoir plus d'un
jabitpar an, ni à personne da. se montrer plus richement vêtu
que les autres, ou d'êtreplus somptueux dans ses repas,de
)eur que l'imitation ne dégénérât en luxe. Il ordonna que les
aubères fussent conduits, non pas aux écoles de la place
>ur la dure,et ;
lublique, mais aux champs, pour que leurs"premières années
ièpassassent dans le travail etles fatigues qu'ils couchassent
qu'ils .ne revinssent à la ville que quan d ils
feraient kommes. Il voulut que les jeunes ÏUles -Se mariassent
ams det, afin qu'enchoisissant une femme, on épousât sa
joswnne et non ses biens, et que les.)naris, n'ayant plus les
nains liées par la dot, exerçassent plus sévèrement l'autorité
à l'égard de leurs femmes. La plus haute considération fut
attachée, non pas à la richesse et à la puissance, mais, par
il
'angd'âge, à la vieillesse. Comme .voyaitque ces lois étaient
tures pour un peuple dont les mœurs avaient été jusqu'alors
'elâchées, il imagina de les attribuer à Apollon, et feignit de
r ,-
es avoir apportées de Delphes, parTordre du dieu. Il voulait
habituel-les esprits en faisant céder leur répugnance à une
crainte religieuse.
VERSION LXXV.
Quelques sages propos de Socrate et de Solon.
75. Socrate, qui fut comme l'oracle delà sagesse humaine
mr la terre, pensait que nous ne devons rien demander aux
lieux, si ce n'est de nous accorder le bien, parce qu'eux seuls
avent ce qui est utile à chacun de nous; tandis que nos vœux
mt ordinairement pour objet des choses qu'il vaudrait mieux
1e pas obtenir.
Enveloppée des plus épaisses ténèbres, âme
les mortels, sur quel vaste champ d'illusions n'étends-tu
pas
es aveugles prières!Tudésires les richesses, qui ont fait
~intde victimes ;o aspirés aux honneurs, qui ont perd u une
oule d'ambitieux; tu roules en toi-même jusqu'à des projets
leroyauté, quand la royauté nous présente tant dé tragiques
lénouemenis; tu saisi s avec ardeur de brillants mariages, qui
ont parfois, il est vrai, 1illustration des familles, mais: qui
iouvent les renversent et les anéantissent. Cesse donc de con-
voiter ioliemçnt, comme le comble du bonheur,
ce qui doit
stre pour toi une source d'infortune, et abandonne-toi tout
întière a la volonté du ciel. Qui peut facilement dispenser les
tiens, peut aussi les choisir le plus convenablement.
8, quam prudenter etiam Solon, neminem, dum adhuj
objicit.ut J
Age
,
incursui malorum
Idem
,
mverets, beatum dici debere arbitrabatur quod10 adullimun
usque fati diem ancipÙi fortunes subjecliessemus! Felicitalf:
igitur humanae appellationem rogus consummat
C. § 214 1°. — 7. g
,
607.
-
l.§ 431. -2. § 223 Rem. —3. §214,4°. j, S 503. — 6. g 328.-f
,
!
Que de sagesse encore dans cette pensée de Solon « Per-
sonne, disait-il, ne doit être appelé heureux pendant sa vie,
larce que nous sommes exposés, jusqu'à notre dernier soupir,
lux vicissitudes de la fortune. » C'est donc le tombeau qui
kssure à l'homme le titre d'heureux, en le mettant à Pabri des
"oups de l'adversité.
Le même Solon, voyant un de ses amis s'abandonner à la
ristesse, le mena sur la citadelle, et l'invita à promener ses
reux sur tous les édifices d'alentour. Celui-ci ayant suivi ce
"•nseil : « Considérez, lui dit alors le philosophe, combien
le chagrins ont habité, habitent encore, et habiterônt dans
es âgessuivants, les demeures que vous apercevez; et cessez
le déplorer les maux de l'humanité, comme si vous en étiez
eul la victime.*
VERSION LXXVI.
Les Sarasins.
76. Chez ces peuplades qui touchent, d'un côté, à l'Assyrie,
ie l'autre, auxcataractesdu Nil et aux frontières desBlemmyens,
ous les hommes sont également guerriers. Ils vont à moitié
de paix de
,
nus, vêtus de saies de couleur. Montés sur leurs chevaux
'apides ou sur leurs chameaux élancés ils errent çà et là, en
Aucun d'eux
ne manie
emps ou en temps
; guerre.
amais la charrue, ne cultive d'arbre ou ne cherche sa subsi-
tance dans le travail des champs mais ils mènent continuel-
:
ement une vie nomade, au milieu de vastes déserts, sans
oyers, sans établissements fixes, sans lois ils ne peuvent
êspirer longtemps le même air, se plaire toujours dans le
nême lieu. Leur existence est un déplacementperpétuel,
eurs femmes sont des mercenaires qu'ils prennent pour un
emps, en concluant un marché. Pour qu'il y ait dans cette
inion une ombre de mariage, la future épouse apporte, à
itre de dot, une lance et une tente qu'elle offre à son mari,
)our le quitter au terme convenu, si elle préfère ce parti.
ependant, jusqu'à la fin, leur existence est si vagabonde,
pIe la femme se marie dans un endroit, devient mère dan&
m autre, et élève ses enfants loin de là, sans pouvoir s'arrêter
auiais. Leur nourriture est généralement la chair des animaux
auvages, le lait qu'ils prennent en abondance et qui leur
lonne une santé vigoureuse, des herbes de touteespèce, et
es oiseaux qu'ils peuvent prendre à la chasse. Ils ignorent,
)(JUl' la plupart,l'usage du froment et du vin.
VERSIO LXXVII.
Diripitur Persepolis.
,
-
77. Jam barbari, deserto oppido, quã quemque metus
agebat diffugerant, quum rex phalangem nihil cun- 1
solum
auro
,
membra, ut quisque avellerat, trahebat. Neque avaritia
sed etiam crudelitas in capta urbe grassata est
argentoque onusti
,
vilia capfivorum corpora trucida-
:
bant, passimque obvii caedebantur, quos antea pretium sui
miseraiiles fecerat. Multi ergo hostium manus voluntaria
morte occupaverunt, e muris semefipsos cum conjugibus
ac liberis in præceps jactantes;quidam ignes, quod paulo
post facturus hostis videbatur, subjecerunt aedibus, ut cum
suis vivi cremarentur6.
1. §3G3. —2. g 339 .—§ 4i. -,í. ÿ 237. —6. 3 í;) -Ii. J 223,Rem.
7
VERSIO LXXVIII.
Triumphus de Perseo, llacedoniæ regc.
78. Fuit hie Iriumphus, sive magniludinem victi regis,
sive speciem simulacrorum,sive pecuniæ vim spectes, longe
VERSION LXXVII.
Pillage de Persépolis.
:
77. Déjà les barbares avaient abandonné la ville, et s'étaient
ispersés partout où la crainte les poussait Alexandre, sans
ifférer, fait avancer la phalange. Plusieurs villes,oùrégnait
;
ne opulence royale, avaient succombé sous ses armes, ou
étaient rangées à son alliance mais les trésors que renfer-
:
;
mait cette cité dépassèrent ce qu'il avait trouvé dans les autres
s barbares y avaient entassé les richesses de la Perse l'or et
argent y étaient amoncelés, avec une immense quantité d'é-
i ffes et un mobilier destiné, non-seulement pour l'usage,,
; ;
ais encore pour le luxe et la représentation. Aussi le fer
tait-il tiré même entre les vainqueurs on traitait en'ennemi
elui qui s'était saisi d'un plus riche butin et ne pouvant
,
n lever tout ce qu'ils trouvaient, ils ne se jetaient plus sur
s objets ilschoisissaient les plus précieux. Les tapis
ft yaux étaient mis en pièces, chacun en tirant à soi un lam-
VERSION LXXVIlI.
VERSIO LXX1X.
De Lectione.
De VERSION LXXIX.
la Lecture.
79. La première preuve qui montre un esprit posé, c'est de
uvoir s'arrêter et demeurer avec soi-même. Prenez garde
l'il n'y ait quelque inconstance et quelque légèreté à lire
generis voluminum habeat aliquid vagum et iostabile. Cet
trahere,
tis ingeniis immorari et innutriri oportet, si velis aliquii
quod in animo fideliter sedeat. Nusquam est, qu
ubique est. Vitam in peregrinatione exigentibus hoc evenit
ut2multa hospitia habeant, nullas amicitias. Idem accida
necesse est his qui nullius se ingenio familiariter applicant
sed omnia cursim et properantes transmittunt. Non prodes
cibus, nec corpori accedit, qui statim sumptus emittitui
Nihil æque sanitatem impedit, quam remediorum crebr
mutatio. Non venit vulnus ad cicatricem in quo medica
,
menta tentantur; non convalescit planta, quæ sæpe trans
3
fertur; nihil tam utile est, ut in transitu prosit. Distring
librorum multitudo.
Itaque quum 4 legere non possis quantum habueris, sat
-
est habere quantum legas. Sed modo,inquis, hune l
,
brum evolvere volo, modo ilium.—Fastidientis slomachi
est multa degustare ; quæ ubi varia sunt et diversa inqu
nant, non alunt. Probatos itaque semper lege, etsi quando
adversus paupertatem ,
ad alios diverti libuerit, ad priores redi. Aliquid quotid;
VERSIO LXXX.
;
Aurea messis erat; demptum tenet arbore pomum,
Hesperidas donasse putes si postibus allis
Admovit digitos, postes radiare videntur.
Ille etiam liquidis palmas ubi laverat undis,
Unda fluens palmis Danaen eludere posset.
Vix spes ipse suas animo capit, aurea fingens
outes sortes d'ouvrages. Il faut se fixer sur certains auteurs
't se nourrir de leur génie, si l'on veuten tirer quelque chose
Jui reste fidèlement au fond de l'âme. Quiconque est partout,
l'est nulle part. Ceux qui passent leur existenceà voyager7
e font ainsi beaucoup d'hôtes, et point d'amis. Le même sort
rrive nécessairement à ceux qui ne s'attachent étroitement au
énie d'aucun écrivain, mais qui traversent tout en courant, et
oinme gens pressés. Les aliments ne font aucunbien, et ne
..tribuent point à la substance du corps, quand on les rend
ussitot qu'on les a pris. Rien n'est plus contraire à la santé,
lue le fréquent changement de remèdes. Une plai-e ne se
icatrise point, lorsqu'on essaie.sur elle divers médicaments;
ne plante souvent déplacée ne devientpasvigoureuse il ;
'est chwse si utile, qui profité, quand on ne fait .qu'y passer,
-a multitude de livres dissipe l'esprit.
Ainsi, ne pouvant en Tire autant que vous en pouvez avoir,
suffit d'en avoir autant que vous en pouvez lire. — Mais,
ites-vous, je veux feuilleter tantôt celui-ci, tantôt celui-là.
C'est le propre d'un estomac blasé de tâter d'un grand
-ombre de mets : dès -qu'ils sont variés, et présentent des
ualités contraires, ils ne nourrissent pas, ils corrompent. Ne
sez donc que des auteurs d'un mérite reconnu; et s'il vous
rend quelquefois fantaisie de les quitter pour d'autres, re-
enez ensuite aux premiers. Amassez chaque jour quelques
essources contre la pauvreté, contre la mort, contre les autres
;
lisérés de la vie et quand vous aurez parcouru beaucoup dé
uoses, choisissez dans votre lecture quelque pensée pourvous
n nourrir ce jour-là.
VERSION LXXX.
Midas change en or tous les objetsqu'iltouche.
80. Il arrache une branche d'un :
: puissant la glèbe
c'est un rameau
chêne
'or; il touche une glèbe à ce
:
contact,
:
evient lingot; il cueille les épis jaunissants de Cérès c'était
ne moisson d'or; il détache un fruit on croirait qu'il vient
u jardin des Hespérides; s'il applique ses doigts aux portes
J
jperbes de son palais on voit l'or rayonner sur les portes
il plonge ses mains dans une eau limpide, l'tau qui découle
;
l' ses mains aurait pu séduire Danaé.
A peine son âme peut-elle contenir ses espérances, à l'idée
u'il change tout en or. Pendant qu'il se livre à la joie, ses
Omnia. Gaudenti mensas posuere ministri.
Turn vero, sive I ille sua cerealia dextra
Munera contigerat, cerealia dona rigebant;
Sive dapes avido convellere dente parabat,
Lamina 2 3
fulva,dapes, admoto dente, nilehant.
Miscuerat puris auctorem muneris undis,
Fusile per rictus aurum fluitare videres.
Attonitus novitate mali, divesque miserque,
Effugere optat opes, et, quæ modo voverat, odit :
Copia nulla famem relevat; sitis arida guttur
Urit, et inviso meritus torquetur ab auro ;
VERSIO LXXXI.
Philasni fratres.
81. Quã tempestate Carthaginienses pleraeque African
imperitabant, Cyrenenses quoque magni atque opulentii
:;
fuere. Ager in medio arenosus, una specie neque flumen ,
neque mons erat, qui1 finis * eorum discerneret quae res eos
in magno diuturnoque bello inter se habuit. Postquam.
utrinque legiones, item classes saepe fusæ fugatæque, et
3
alteri alteros aliquantum attriverant, veriti ne mox victosi
victoresquedefessosalius aggrederetur 4,
per inducias spon-
sionem iaciunt, uti certo die legati domo proficiscerentur;
quo in loco inter se5 obvii fuissent, is communis utriusque:
populi finis haberetur.
;
'était une lame d'or étincelante quand illes approchait de ses
ents
:
il avait mêlé à une eau pure la liqueur du dieu qui
avait doué de ce pouvoir ce sont des flots d'or qui ruissellent
1
[
VERSION LXXXI.
les armées et des flottes avaient été plus d'une fois battues et
ispersées déjà ils avaient usé mutuellement une partie
e leurs forces craignant alors qu'une autre puissance ne
înt attaquer les vainqueurs et les vaincus épuisés, ils font
ne trêve, et conviennent qu'à un jour marqué ils feront
artir des envoyés de part et d'autre, et que le lieu de leur
encontre sera considéré comme la limite commune des deux
euples.
Les Carthaginois avaient envoyé deux frères, nommés Phi-
hies : ceux-ci pressèrent le pas. Les Cyrénéens allèrent plus
entement. On ne sait s'il faut attribuer ce retard à leur négli-
~jence, ou bien au hasard. Du reste, il arrive ordinairement,
~lans
ces parages, que l'ouragan vous arrête comme sur mer.
,
)ans ces plaines unies et dépouillées,devégétation, quand la
empête a soulevé le sable qui couvre leur surface ce sable
tracé avec
une violence terrible, remplit la bouche et les yeux
,
yentns coorlus arenam humo excitavit, ea magna
agitata ora oculosque implere; ita, prospeetu impedito,
\i
raorari iter.
Postquam Cyrenenses aliquanfo3 posleriores se esse ,i.
dent, et ob rem corruptam domi poenasmetuunt, criminari
,
rem ,
Carthaginienses ante tempus domo digressos; conturbare
denique omnia malle quam vicli abire.
2.§257,2°.
VERSIO LXXXIL
Sequilur dePhilœnis fratribus.
82. Diu de fallacia aemulorum questi, postremo acerbi-
tate conditionis injuriam discutere conati sunt : scilicel
optionem Carlhaginiensium1 fecerunt, uti vel illi, quos fines
populo suo peterent, ibi vivi obruerenfur2, vel eadem con-
:
dilionesese quem in locum vellent processuros. Sed consilio
eventusnon respondit Philaeni quippe, nulla interposita
morã, seque vitamque suam reipublicae condonantes, cor-
pora sua Græcis terra operienda3 tradiderunt. Qui quo-
niam4 patriae quam vilae suae longiores terminos esse ma-
luerunt, bene jacent manibus et ossibus suis punico dilatato
imperio. Populares in eo loco Philaenis frairibus aras con-
,
mortali animo ac manu immorfale quaeri possit.
1. g 30C. —2.§223 Rem. -3,4H. 4. § HID. - li. g
— 4:1;1.
les vovageurs, et, les empêchant ainsi de voir devant eux, les
Itarde dansleur marche.
Les Cyrénéens, s'apercevant qu'ils étaient bien devancés, et
raignant d'être punis chez eux pour avoir mal rempli leur
n ission, accusent les Carthaginois
d'être partis avant le temps,
s élèvent des contestations, enfin ils aiment mieux se résoudre
tout que de s'en aller vaincus.
VERSION LXXXII.
:
ilversaires, ils tentèrent de déjouer l'injustice par une propo
ition effrayante ils donnèrent aux Carthaginois à choisir, ou
etre enterrés vifs dans l'endroit dont ils voulaient faire la
nite de leur Etat, ou de les laisser eux-mêmes s'avancer
isqu'où ils voudraient, aux mêmes conditions. Mais l'événe-
ent ne répondit pas à leur calcul. Les Philènes, sans hésiter,
icrifiafit à la république leur personne et leur vie, se remirent
ntre les mains des Grecs, pour être enfouis sous terre. Plus
:
loux d'étendre le domaine de leur patrie que la durée de
imrs jours, ils ont trouvé une sépulture glorieuse leurs mânes
leurs ossements signalent l'agrandissement de l'empire car-
toaginois.
Leurs concitoyens élevèrent en ce lieu des autels
nx frères Philènes, et instituèrent chez eux d'autres honneurs
lour consacrer leurmémoire.
Où sont lessuperbes remparts de l'altière Carthage? ce
lort si fameux par sa gloire maritime? ces flottes qui portaient
épouvante sur tous les rivages? tant d'armées? cette innom-
rable cavalerie, qui s'élançait terrible comme la foudre, et
lui décidait si souvent de la victoire? cette ambition qui se
fouvait trop resserrée dans l'immense empire de l'Afrique ?
apstin
fortune a tout partagé aux deux Scipions, comme si le
les eût choisis. Mais le souvenir attaché au noble
é vouement des Philènes, n'a pas été étouffé sous les ruines
î êmes de leur patrie. Ainsi, l'âme et le bras des mortels ne
euvent prétendre à rien d'immortel, si ce n'est à la vertu.
VERSIO LXXXIII.
Laus Eloquenlice.
85. Hercle Deus ille parens rerum, fabricatorque mundi,
a
nullo magis hominem separavit ceteris, quæ quidem mor-
ialia essent, animalibus, quam dicendi facultate. Nam cor-
pora quidem magnitudine, viribus, firmitate, patientia,
velocitate præstantiora in illis mutis videmus; eadem minus
egere acquisitae extrinsecus opis.Nam et ingredi citius, et
pasci, et tranare aquas citra docentem, natura ipsa, sciunt.
Et pleraque contra frigus ex suo corpore vestiuntur, et
arma his ingenita quaedam, et ex I obvio fere victus : circa
quæ omnia mullus hominibus labor est. Rationem igitur
nobis praecipuam dedit, ejusque nos socios esse cum diis
immortalibus voluit. Sed ipsa ratio neque nos tam juvaret,
neque tam esset in nobis manifesta, nisi, quæ concepisse-
mus mente, promere etiam loquendo possemus. Quod magis
deesse ceteris animalibus, quam inlellectum et cogitalionem
quamdam videmus. Nam et moliri cubilia, et nidos texere,
et educare foetus, et excludere, quin etiam reponere in
hiemem alimenta, opera quædam nobis inimitabilia, qualia
sunt cerarum 2 et mellis efficere, nonnullius, ut opinor,
Quare ,
rationis3 est.
si 4 nihil a diis oratione melius accep:mus quid
tam dignum cultu atque labore ducamus^? Aut in quo ma-
,
6
limus præstare hominibus, quam quo ipsi homines ceteris
animalibus praestant? Eo quidem magis, quod nulla in
parte plenius labor gratiam refert.
6. 329.
,
1.g»40. — 2.g283. — 3. g 307. —4.§214 1".-— 5. 5 390, 3°. —
VERSIO LXXXIV.
,
Excerpta ex epistold Ser. Sulpicii ad M. T. Ciceronem
obitum filiæ suce lugentem.
sus
84.
1.
navigarcm
1
§435
,
Ex Asia rediens, quum ab iEginã Megaram ver--
ccepi regiones circumcirca prospicere.
VERSION LXXXIII.
Éloge del'Eloquence.
83. Certes, le père de la nature, l'artisan de l'univers, Dieu,
ba point établi entre l'homme et les autres créatures animées
e plus' grande distinction que le don de la parole. En effet,
bonsidérés physiquement, ces êtres muets ont sur nous l'avan-
Vitesse
Ils
saux
;
savent plus promptement marcher, se repaître, passer les
:
tage de la taille, de la force, de la solidité, de la patience, de la
ils ont aussi moins besoin de secours étrangers car
et en si
ecours, n'éclaterait point nous manifestement si.nous
te pouvions encore exprimer nos pensées par la parole avan-
rte
a ge qui manque évidemment aux animaux, plutôt qu'une
d'intelligence et de réflexion. En effet, pour se creuser
les demeures, bâtir des nids, élever des petits, les faire éclore,
ller
~oserjusqu'à mettre en réserve des aliments. pour l'hiver, com-
certains ouvrages que l'homme ne saurait imiter, par
il
xemple, la cire et le miel, faut leur supposer, je pense, un
ertain degré de raison.
Sidonc la parole est le plus précieux bienfait que nous ayons
çu
b
des dieux,. quelle chose devons-nous estimer plus digne
l'e notre culture etdenos soins? Ou dans quel genre devons-
ous le plus ambitionner la supériorité sur les autres hommes,.
inon dans cette faculté qui place déjà l'homme au-dessus des.
nimaux? surtout lorsqu'il n'est point de partie où l'on soit
lus amplement payé deses- peines.
J.
rissimi interierunt; de imperio praeterea tanta diminutio
;
facta est omnes provinciae conquassatæ sunt. In unius mu-
lierculae animula si jactura facta est, tanto4 opere commo-
veris? Quae si hoc tempore non diem suum obiisset5, paucis
post6annis tamen ei moriendum fuit?, quoniam 8 homo
nata fuerat. j
*
Etiam tu ab hisce rebus animum ac cogitationem tuam
avoca, atque ea potius reminiscere, quæ digna tua persona
;;
sunt : illam, quandiu ei opus fuerit9, vixisse; una cum
,
,
republicã fuisse te patrem suum prætorem,consulem ;
augurem vidisse adolescentibus primariis nuptam fuisse ;
omnibus bonis prope perfunctam quum respublica occi-
,
possitis?
deret10,vitaexcessisse. Quidest quod11 tu aut ilia, cum
-
fortuna hoc nomine queri
° 2.g108 — 3. §400,3°. — 4. 333
,- —5.§214,3°. -G. S 373,1°.
4
-
7.§ 398. — 8. § ÚìO, 9. g
44
509. —
VERSIO LXXXV.
479
10. g 509. —11.§ 1
De India.
85. India fertilis vario planlarum et animalium gcnereJ
lmmanes praesertim serpentes parit, ut qui2 elephantos
morsualque ambitucorporis conficiant; tam pinguisali
cubi soli, ut in eã mella frondibus dcfluant, lanas sylvae
ferant, arundinum ifssa internodia, velutiscaphae, binos3
que :
etquaedam ternos etiam vehant. Cultorum habitus
dissimiles lino alii vestiuntur, aut lanis quas
alii ferarum aviumque pellibus. Pars 4 nudi agunt. Alii
mores-
diximus;
:
talent leurs ruines sous nos yeux. Cette vue m'a fait réfléchir
u moi-même. Eh quoi! aie disais-je pauvres humains! notre
leur se révolte quand il meurt ou périt un d'entre nous, un
tre destiné à une existence assez courte; tandis qu'un seul
eu nous montre les cadavres de tant de villes gisant sur le
el. Ne devrais-tu pas te rendre à la raison, Servius, et te
luvenir que tu n'es qu'un homme? Croyez-moi, cette réflexion
a pas peu contribué à me fortifier. Faites-en l'essai sur vous-
îême; proposez-vous le même sujet de méditation. Tout à
heure, combien d'illustres personnages avons-nous vus dis-
araître en un moment! Quelle destruction dans l'empire
'outes les provinces ont été ébranlées. Et vous, serez-vous si
!
iolemment ému de la perte d'une femme, être faible et chétif,
ent le sort, si elle n'avait pas accompli son dernier jour, était
e mourir dans quelques années, puisqu'elle était née mor-
lIe ?
!
Eh bien éloignez ces considérations de votre esprit et de
otre pensée; rappelez-vous plutôt (et ces motifs seront dignes
; ;
e votre caractère), qu'elle a vécu aussi longtemps qu'il fallait
ivre; qu'elle s'est éteinte avec la république qu'elle a vu son
ère préteur, consul, augure qu'elle a été unie aux plus nobles
es jeunes Romains; qu'après avoir joui presque de tous les
uns, elle a quitté la vie quand la république est tombée.
juelle plainte, vous ou votre fille, pouvez-vous faire de la
Jitune, à cet égard?
VERSION LXXXV,
L'Inde.
:
85. L'Inde produit une grande variété de plantes et d'ani-
laux. Ses serpents surtout sont monstrueux leur morsure et
ur::i étreintes tuent des éléphants. Telleest la richesse de la
égétatiou, en quelques endroits, que le miel y coule des
rbres, qu'on y voit des forêts de cotoniers, et qu'un bout
e roseau, pris entre deux nœuds, sert de chaloupe à deux
VERSIO LXXXVI.
,
claudit Hellespontus, paulo ante domini, jam non de gloriã,
sed de salute et, quod saluti præponitis, de libertate pu-
I
aetas, aut constiluet aut finiel. Apud Granicum ,
gnandumest.Hie dies imperium, quo nullum ampliusyidit
minima
virium parte cum hoste certavimus; in Ciliciavicfos Syria
g 252.
J.
;
jues-uns vont nus. Les uns sont de petite taille d'autres sont
l'une taille si élevée, qu'ils montent même des éléphants (et
1s sont fort grands dans ce pays) aussi facilement, aussi com-
nodément que nous montons des chevaux. Quelques-uns
croient bien faire en ne tuant aucun animal, en ne mangeant
l'aucune espèce de chair; d'autres ne se nourrissent que de
moissons. Quelques-uns immolent en sacrifice leurs parents et
es auteurs de leurs jours, avant que l'âge ou les infirmités
:
tiennent dessécher leurs corps, et font un festin des entrailles
le ces victimes leur religion le permet, et c'est le plus grand
tcte de piété. Mais quand la vieillesse ou la maladie s'est em-
)arée d'eux, ils s'éloignent de leurs semblables, et vont dans
luelque endroit désert attendre la mort sans inquiétude. Les
)lus éclairés, ceux qui sont initiés à l'étude et aux doctrines
le la sagesse, n'attendent point la mort; ils vont au-devant
l'elle, en se mettant sur le bûcher, où ils expirent avec joie et
ivec honneur. Ils ont un grand nombre de villes. La plus fa-
neuse, la plus importante est Nysa; leur plus célèbre mon-
agne est Méros, consacrée à Jupiter. Ils croient que Bacchus
3acchus.
t
:
;st né dans cette ville , et qu'il a été nourri dans une caverne
le cette montagne ce qui donna lieu à la fable des Grecs sur
VERSION LXXXVI.
»86. ,
Oarius, près de livrer bataille aux Macédoniens, dans les plaines
8 d'Arbèles harangue son armée.
;
Darius était à l'aile gauche, au milieu d'un gros des
iiens, élite de sa cavalerie et de son infanterie il avait pris
m dédain le petit nombre des ennemis, persuadé que l'ex-
ension donnée à leurs ailes avait réduit à rien leur corps de
Jataille. Cependant, du haut du char sur lequel il était élevé,
baignées
« Maîtres
:
jortant les yeux et les mains à droite et à gauche, vers les
;roupes qui l'environnaient
il n'y a pas longtemps, leur dit-il, des contrées
d'un côté par l'Océan, terminées de l'autre par
¡'Hellespont, ce n'est plus pour la gloire qu'il nous fautcom-
battre maintenant, mais pour la vie, et, ce qui
vous est plus
: her que la vie, pour la liberté. Ce jour va consolider ou ren-
verser le plus vaste empire qui fût jamais. Sur le Granique,
tous avons livré bataille à l'ennemi avec la plus faible partie
le nos forces; vaincusenCilicie, la Syrie pouvait nous offrir
k
polerat excipere ;magna munimentaregni Tigris atquc
Euphrates erant : venlum est eo unde lie2 pulsis quidem
fugae locus superest, Omnia tam diutioo bello exhausta post
tergum sunt non incolas suos urbes cultores habent
: , non
terrae; conjuges quoque et liberi sequuntur banc aciem,
parata hostibus praeda, nisi pro carissimis pignoribus cor-
pora opponimus. Quod mearum fuit partium3, exercilum
quem pene immensa planities vix caperet comparavi ;
, VERSIO LXXXVII.
Sequitur de Dcirii ad SllOS oralione.
:
87. « Et bello \icerimus, si vincimus' praelio; nam ne
illis quidem ad fugani est locus hinc Euphrates, illinc
Tigris prohibet inclusos; et quae antea pro illis erant, in
;
n'une plaine immense peut à peine contenir; en la fournis-
nt de chevaux et d'armes en assurant les subsistances d'une
grande multitude; en choisissant un lieu qui permît à mes
irces de se déployer. Le reste dépend de vous. Ayez seule-
ent la hardiesse de vaincre, et ne vousinquiétez pas de la
;plltatioll de vosennemis, arme bien faible contre des gens
; cœur. Ce que vous avez redouté, jusqu'à ce jour, comme du
turage, n'est que dela témérité; quand elle a jeté son premier
u, elle languit sans mouvement, comme certains animaux
nand ils ontperdu leur dard. D'ailleurs, ces plaines ont mis
i évidence leur petit nombre, que les montagnes de la Cilicie
•us avaient dérobé. Vous voyez leurs rangs peu serrés, leurs
les étendues, leur centre sans profondeur et sans consi-
ance : en vérité, il suffit des pieds de nos chevaux pour les
raser, quand même je ne lancerais contre eux que mes chars
niés de faulx. »
VERSION LXXXVII.
Suite du discours de Darius à ses soldats.
87.
Iccès
k
dew
Et
:
le succès de la guerre dépend pour nous du
cette bataille car eux-mêmes ils n'ont pas où fuir;
un côté l'Euphrate, de l'autre le Tigre les tiennent enfermés;
ce qui était pour eux d'abord, leur est devenu contraire.
îlle des Macédoniens est chargée de butin ;
otl'e annte peut se mouvoir aisément, et rien ne la gêne;
,;
nos dépouilles
îles embarrassant, nous aideront donc à les tailler en pièces
les seront à la fois et la cause et le fruit de notre victoire.
« Du reste, quand nous n'aurions plus d'espérance, la né-
ssité devrait encore nous animer. Nous sommes réduits aux
ernières extrémités. Ma mère, mes deux filles, Ochus, appelé
ir sa naissance à régner un jour, ces princes, ces rejetons du
ing royal, vos chefs, semblables à des rois, sont dans ses fers;
regum instar, vinctos habet; nisi quod in vobisest, ipse
4
ego majore mei parte captivus sum. Eripite viscera mea
ex vinculis; parentem, liberos (nam conjugem in illo car-
cere amisi) credite nunc tendere ad vos manus, implorare
deos patrios, opem vestram, misericordiam, fidem expos-
5.
cere, ut servitute, ut compedihus, ut precario victu ipsos
liheretis
,
« Video admoveri hostium aciem ; sed quo propius6 dis-
crimen accedo hoc minus iis quæ dixi possum esse con-
tentus. Per ego vos deos patrios deprecor, æternumque
regni mei orientis ;
ignem qui præfertur altaribus, fulgoremque solis intra tines
per æternam memoriam Cyri, qui
ademptum Medis Lydisque imperium primus in Persas in-
tulit : vindicate ab ultimo dedecore nomen gentemque Per-
sarum. Ite alacres et spe pleni, ut, quam gloriam accepistis
mortem ,
a majoribus vestris, posteris relinquatis. In dextris vestris
jam libertatem, opem, spem futuri temporis geritis. Effugit
quisquiscontempserit;timidissinium quemque
consequitur. Ipse, non patrio more solum, sed etiam ut
conspici possim, curru vehor; nec recuso quominus imi- 8
7
temini me, sive 9 fortitudinis exemplum, sive ignavia&
fuero. a
,-
4. § 336,
— 9. g 484.
5. g 223, Hem. — G. 3258. 7.§271. — 8. §S 4G1, iG*'
—
VERSIO LXXXVIH.
Narrat Tullius qua occasione adductus fueril ad modestius de
sesentiendum.
88. Leviculus sane, ait Tullius, noster Demosthenes, qui
ilIo susurro delectari sedicebataquam ferentis mulierculaD,
iususurrantisque alleri : « Hie est ille Demosthenes! » Quid
hoc levius? At quantus orator! Sed apud alios loqui vide-
1
à
méprise; ce sont les plus timides qu'elle atteint. Quant à moi,
e n'est pas seulement pour me conformer nos usages, c'est
Encore pour être vu, que je me fais porter sur ce char; et je
consens que vous m'imitiez, quelque exemple que je vous
onne, celui du courage, ou celui de la lâcheté. »
VERSIONLXXXVIII.
ickon raconte comment il fut amené à penser plus modestement
1 de lui-même.
i 88. Je trouve, dit Cicéron, une certaine petitesse dans notre
Démosthène, lorsqu'il avoue qu'il se sentait chatouillé en -
!
entendant une femme qui portait de l'eau dire tout bas à une
litre: Voilà le fameux Démosthène Quelle faiblesse! mais quel
orateur! C'est qu'il avait plus appris à parler aux autres, qu'à
e parler à lui-même.
j.
!
VERSION LXXXIX.
VERSIO XC.
DePlatone.
90. Plato, patriam Alhenas, præceptorem Socratem sor
titus, et locum et hominem doctrinæ fertilissimum I, inge:
nii quoque divina instructus copia, quum omnium jam
mortalium sapientissimus haberetur, eo quidem usque, u
si ipse Jupiter coelo descendisset, nec elegantiore, nec bea-
tiore facundia usurus videretur, Ægyptum peragravit, dun
a sacerdotibus ejus gentis geometriæmultiplices numeros
atque cælestium observalionum rationempercipit. Quoque
tempore a studiosis juvenibus certatim Athenæ Platonen
doctorem quaerentibus petebantur, ipse Nili fluminis inex,
,
plicabiles ripas, vaslissimosquecampos, effusam barbariem
et flexuosos fossarum ambitus iEgyptiorum senum disci
pulus, lustrabat. Quo minus miror eum in Italiam trans-
gressum, ut ab Archyta Tarenti, a Timæo et Arione e'
Ecbecrate Locris, Pytbagorae praecepta et instituta acci-
peret; tanta enim vis, tanta copia litterarum undique coli
ligenda erat, ut invicem per totum terrarum orbem dis-
pergi et dilatari posset. Alteroetiam et octogesimo anno'
decedens, sub capite Sophronis mimos babuisse fertur; sin
ne3 extrema quidem ejus hora studii agilatione vacua fuit:
1. g313,(5°. -2. §3;:j,i° -3. § 453.
aucune colline pour s'orienter, allaient échouer et se perdre
Isur des bancs de sable.
lesquels
A ces ouvrages, ajoutez des temples majestueux, parmi
se distingue particulièrement celui de Sérapis. La
Faiblesse de mon langage ne peut qu'en diminuer l'effet. En-
duré de vastes colonnades, il est orné de statues qui semblent
ïivantes, et de tant d'autres chefs-d'œuvre, qu'après le Capi-
tale, dont Rome, l'auguste cité, s'enorgueillit à jamais, l'uni-
rers Me voit rien de plus imposant. Dans ce
temple existait
ne bibliothèque d'un prix inestimable, où l'active sollicitude
lesPtoJénjées avait rassemblé jusqu'à sept cent mille volumes.
VERSION XC.
SurPlaton, -
ianeux ,
tajaipagnes ,
eyptiens,visitait les rives mystérieuses du Nil, de vastes
une immense contrée barbare et les détours
de ses canaux. Aussi suis-je moins étonné qu'il ait
assé en Italie, qu'il soit allé entendre Archytas à Tarente,
,2 ,
unum diceres, quodcunque ageret. In bello manu fortissi-
multisque insignibus clarus pugnis : idem
,
postea-
;
mus
ad magnos honores pervenit, summus imperator :
quam
idem in pace ,si 3 jus consuleres peritissimus si causa
VERSIOXCI I.
Aquila.
1 ;
92. INidificant aquilae in petris et arboribus; pariunl e:
ova terna ', excludunt pullos binos2 visi sunt et (res alii
quando. Alterum ex pellunt tædionutriendi. Ouippe c.
l. g 143. —2. g143. -3.:.!SH.
VERSION XCI.
r
i
f
91. Marcus Porcius Caton s'acquit un nom fameux parmi
es plébéiens, il réunissait au plus haut degré la vigueur du
tile et celle du caractère; et, dans quelque condition que
fe
sort l'eut fait naître, il semblait qu'ilaurait toujours été
[artisande fortune. Il lui manquait aucune des connais-
sa ne
onces nécessaires au particulier ou à l'homme public. Les
paires civiles et l'économie rurale lui étaient également fami-
mit;
ères. Les uns ont du la plus haute élévation à la science du
iîilitaire
les autres, au talent de la parole.; d'autres, à leur gloire
: pour
lui, telle était la souplesse de son génie et
ion égale aptitude à toutes choses, qu'on l'eut dit exclusive-
ment né pour celle dont il s'occupait. Au dehors, guerrier
htrépide, il s'était illustré dans beaucoup d'actions brillantes;
parvenu aux premiers honneurs, ce fut un gran d capitaine.
ans la paix, le consultait-on sur un point de droit, cétait le
lus habile jurisconsulte; fallait-ilplaider une cause, c'était le
lus éloquent avocat. Et son éloquence n'a pas brillé de son
ivant, pour qu'il n'en existât plus aucun monument après sa
:
lort non, elle vit toujours avec éclat dans des écrits de tout
fenre qui l'ont éternisée. Il reste de lui un grand nombre de
aidoyers, soit pour lui-même et pour ses clients, soit contre
srivaux; car ses ennemis trouvèrent en lui, dans l'attaque
te ,
mille dans la défense, un terrible adversaire. Sans doute il y
de la rudesse dans son caractère il y eut dans son langage
âpreté mordante et une liberté poussée à l'excès; mais
était un homme invulnérable aux passions, un homme d'une
ertu rigide, qui dédaignait le crédit et les richesses. Dans les
rivations, dans les fatigues, c'était, pour ainsi dire, un corps
t une âme de fer; la vieillesse, qui détruit tout, ne put
teindre sa vigueur.
92. Les aigles placent leur aire sur les rochers et les arbres.
s pondent trois œufs, il en sort deux aiglons; on en a vu trois
uelquefois. Ils en chassent un pour s'épargner la charge de le
,
tempore ipsis cibum negavit natura prospiciens ne 4 om-
nium ferarum foetus raperentur. Ungues quoque earum
invertuntur diebus his, albescunt inedia pennaB, ul5 meritc
parfus suus oderint. Sed ejectos ab his ossifragae, cognatum
genus, excipiunt, et educant cum suis. Verum adultos quo
que persequitur parens, et longe fugat, æmulos scilicd
rapinae. Et alioqui unum par aquilarum magno ad popu-
landum tractu, ut satietur, indiget. Determinant erg(
,
ribus horis diei, donee8 impleanlur hominum convent
fora ignavae sedent. Aquilarum pennæ mixtas reliquarur
avium pennas devorant. Negant unquam solam banc alitei
fulmine exanimatam : ideo armigeram Jovis consuetud
judicavit.
-
4.§459. - 5. §503,2°. -(i. gg192el3U4. — 7. 44 --s.) ít,
VEBSIO XCIII.
Pugna apud Mundam.
95. Omnium Caesarianos inter et Pompeianos cerlann
num postrema fuit Munda. Hie non pro cetera felicitate
I
1
VERSION XCIII..
Bataille de Munda.
93. Labataille de Mundamitaux prises, pour la
coutu :;
dernière fois,,
s partisans de César et ceux de Pompée. Là, contre le bonheur
deCésur,l'affaire futlongtempsdouteuse la fortune
décise semblait se consulter elle-même. Du moins César fut
n peu triste avant l'action(ce qui n'était pas son habkude) soit
u'il songeât à la fragilité humaine, soit qu'une trôp longue
lui
uite de succès inspirât de la défiance. Au milieu même du
ombat,* il arriva ce que personne ne se souvenait d'avoir
vu
asqu'alors : tandis que les deux partis, luttant à égal avan-
ge, ne faisaient que s'exterminer, au plus fort de l'action, il
e fit tout à coup, comme de concert, entre l'une et l'autre
rmée, un profond silence. Enfin, ce dont les yeux de César
quasi convenisset. Novissime ,:
iJlud inusitatum Caesaris
oculis(nefas!) post quatuordecim annos, probata vetera-
norum manus gradum retro dedit etsi4 nondum fugerat ,
apparebat tamen pudòre magÌs quam virlute resistere. Ita-
que, ablegato equo, similis furenti, primam in aciem dux
5
,
procurrit. Ibi prensare fugientes, confirmare, per totum
denique agmen oculis manibus, clamore volitare. Dicilui
in ilia perturbaiione et de extremis agitasse secum et ita
manifesto vultu fuisse, quasi occupare manu mortem ,vellet;
nisi cohorles hostium quinque, per transversam aciem actæ,
quas Labienuspericlitantibus castris subsidio miseral, fuga
speciem praebuissent. Hoc aut ipse credidit, aut dux calliduf
arripuil in occasionem; et quasi in fugien!es invectus, simu
suorum erexit animos, et liostes perculit. Nam hi , dum s(
putant vincere, fortius sequi6 : Pompeiani , dum fugen
credunt suos, fugere coeperunt.
4. § 486. — 5. g 402. — G. g 402.
VERSIO XC]V.
Describitur Hiems annipost Chr. 1709.
94. Festa dies aderat, prisco sanctissima ritu,
Quæ Christi cunas et inops praesepe quotannis
Nobilitat regum donis et supplice cultu.
Nos adfusi aris sacro dum ture Jitamus,
Missus Hyperboreis populator ab arcibus ater
,
En subilo. Boreas glacialibus advolat alis [,
Et coelum terrasque gelu constringit inertes.
Intremuere viri, totasque ardentibus ulmos
Advolvere focis, positoque labore sua se
,
Quisque domo 2 sepsit, largo vix igne, rigontes
-
Frigore defendens, multis sub pellibus, artus.
Insonuit quercus magno discissa fragore3.
Dissiluere etiam et frigus penetrabile saxa
,
Per medias sensere nives; sensere sub allis
Gurgitibus fluvii Bojeam; frenique moraeque
linpatiens Rhodanus, gelidis consisfereripis
Jussus, et ignoto sua iungere littora ponte,
1. 3 329. —2.§364. — 3.§ 333.
n'avaient jamais été témoins, lç corps des vétérans {grands
;
dieux!), ce corps qui avait faitses preuves pendant quatorze
il
ans, recula et., s'ijs nç fuyaient point encore, étaitévident
que la honte les retenait, plutôt que le courage. Césayrenvoie
son cheval, et, tout hors dè lui, court à la première ligne; il
saisit les fuyards, il les rassure, il vole dans toute l'armée,
animantlessiens des yeux, du geste, de la voix. On dit même
ue,danssontrouble, il songea à prendre une résolution
extrême, et qu'on put lire sur son visage la pensée de prévenir
sa défaite par sa mort. Ce fut alors que cinq cohortes, envoyées
:
p:.lr Labiénus au secours du camp qui était en danger, se déta-
chèrent de l'armée ennemie cemouvement avait l'apparence
la circonstance comme une occasion ;
d'une fuite. César le crut, oubjeti, en 4ailp.général, il;saisit
et7 lesphargeant comme
es troupes en déroute, il releva le courage des.siens, et
le suivirent plus résolument:
abattit celui de l'ennemi. Ses soldats; se croyant vainqueurs,
ceux de Pompée, croyant que
-
leurs compagnons fuyaient, se mirent à fuir,
VERSION XCÎV.
L'Hiver .de 1709.
94.Cétait le jour de cette fête consacrée- par un antique
-
VERSIO XCV.
Sequitur de Hieme anni 1709.
95. Turn tepido de fonte cavis qui fliimina palmis
1 ;
Hauserat, admovit labris arentibus amnem
Frigore concretum projectaque Iympha per auras
Insonuit terris, lapidosaegrandinis ictu2.
Torpentes aer, avibus non aequior3, alas
llligat; et rigidæ, timidissima turba columbae
,
Hospitium querulo gemitu petiere, cibique
;
Et famis immemores posita formidine, nostris
,
Accessere focis hominum subit ipse penates,
Oblifa4 feritale, lupus; nemorumque relictis
Hospitiis, passim fugiunt per compita cervi.
In stabulis periere greges periere ferarum
,
Per sylvas armenta, vagæ periere volucres.
Quos et opum vesana fames decedere lectis
lmpulit, et rigido sese committere cælo,
Occubuere viri aut pedibus \ixere minores5
Auxilium neque enim praesentius oorridapassis
,
,
VERSIO XCVI.
De linguæ grœcœ excellentia.
96. Si quis linguae graecae diuturnilateni intuealur, haud-
quaquam mirabitur lot illuslres humani ingenii fetus ipsâ
ses bords par un pont nouveau, le Rhône devient un chemin,
et porte à sa surface les roues pesantes des chariots.Bacchus
même, sous les voûtes épaisses des celliers, est vaincu par
et
lapre saison. Le vin gèle, se brise à coups de hache; ce
;
n'est plus une boisson limpide qui humecte les lèvres altérées
es dents le broient comme un aliment.
VERSION XCV.
L'Hiver de 1709. (Suite.)
95. Alors celui qui puisait de l'eau dans le creux de sa main
;
àun bassin tiède,n"approcha de ses lèvres desséchées qu'un
breuvage de glace et l'eau jetée en l'air retentissait, en
:
ombant sur le sol, comme une grêle de pierres.
L'air n'épargne pas plus les oiseaux il enchaîne leurs ailes
engourdies; et ce qu'il y a de plus timide, les colombes, gla-
ées de froid, viennent par troupes chercher un asile avec de
plaintifs gémissements; elles oublient lafaim et la pâture, et
Papprochent sans ciaintede nos foyers. Le loup même, dé-
à
bouillant son naturel farouche, entre dans les habitations des
umains; les cerfs abandonnent les retraites des bois, et fuient
et là dans les carrefours. Les bestiaux périrent dans les
stables; les animaux
sauvages, dans les forêts, comme les
piseaux errants, dans les airs. Les hommes mêmes, qui, cédant
a la passion insensée du gain, sortirent de leurs demeures et
:
Affrontèrent ce ciel de glace, succombèrent, ou, s'ils survé-
curent, ils perdirent les pieds car il n'y avait point de remède
lusefncace pour les victimes de ce froid meurtrier, que la
igueur secourable du fer, qui retranchait les extrémités para-
fées par ses terribles atteintes.
L'hiver sévit pendant un mois entier avec cette violence
ironie. Les relations du commerce furent interrompues; les
;
avaux cessèrent dans les campagnes, et les affaires, au
[arreau les divins offices mêmes furent suspendus.
VERSION XCVI.
Excellence de la. langue grecque.
96. Si l'on considère l'étonnante durée de la langue
grecque,
h ne s'étonnera point que le génie humain ait produit dans
editos fuisse : quae tam antiqua est, ut iisdem I incunabulis,
quibus illi dii fabulosi, genita sit; tam Jongaeva, ut iis jam
dejectis et exslinctis superstes remanserit. Quam firmani
lorum!
incursibus, tot ruinis non sepulta cadentium circa se popu-
Quin et romanam virtutem qua totus orbis contre-
,
muerat, durando evicit. Fuit armis quidem Roma valen-
tior; Graecia autem horridos adhucincultosquevictores,
qui Musas quasi veneticas aversabanlur, capta tanlis cepit
illecebris, sic amore sui incendit, ut nemo poslea inlitteris
aliquis esse putaretur, qui non Athenas4 aut Rhodum,
Graecosaudiendi causa, commeasset. Nec fuit ejuslingua
i
in ipsa, servitute mmem orpristinae dignitatis. Sed ut multo
,
,
antea in5 Italiam ac Siciliam sic tunc Romam6 magna ex
;
parte translata nihil ex contagione latini sermonis hausil
peregrinum et sub alienocoelo, inter colloquia domino-
rum, casta diutissime et inlegra permansit, Alpheo suo
haud absimilis, qui ex iisdem locis in easdem terrarum
*
plagas viam sibi subter maris undas faciens, nulla salsu
gine aquarum suarum dulcedinem corrumpere ferebatur.«•
V
..:'
1.§281.— 2.g403,,- 3. g 235, 2°. —4. g 368..—5. g 3G8. —6.§368
-"-
VERSIO XCVII.
(
if«
Quantum vim habeal Apologus.
97. Secesserat olim
,I
-
:j
rr
VERSION XCVII.
r" PuissancedeVApologue.
97. Le i.peuple s'était autrefois retiré de Rome, indigné de
ce que les richesses, le commandement, les honneurs étaient
e partage des patriciens, tandis qu'on lui réservait, comme à
île vils esclaves, le service militaire, les impôts, les fatigues.
Déjà les murmures en étaient venus à une sédition ouverte,
et l'on ne voyait aucun moyen de ramener le peuple, s'il
n'était contraint par quelque force inconnue jusqu'alors. Plus
d'orateurs ici, plus de philosophes! La plus florissante des
républiques allait périr, tristement déchirée par les factions,
..,'il ne s'était rencontré
un citoyen, qui sut, en employant
1apologue, obtenir plus par un conte amusant, que n'aurait pu
Pericles alter fulgurando, tonando, omnia miscendo*expri-
mere valuisset.
Sensit et illud Demosthenes ipse, laudator in aliena
facultafe minime suspectus. Perorabat ille quondam qua
scitis praeditum fuisse vehementiã; et toto quamvis elo-
quentiae pondere connixusvidebat nihilo 7 secius frigere
concionem, aversam plebem ludisque puerilibus inlentam,
negligi oratorem omnino aliena ignavia8languenfem. Poe-
9
nitebat ipsum jamdiutanti fastidii, tantaeque vecordiae,
in negotio publico, in re omnium gravissima, ubi cum
infensissimo hoste, militiae scientia et calliditate notissimo,
expertus ,
bellum agebatur. Hie turn primum suæ artis vanitatem
sensit id, quod minime hactenus suspicari con-
tigerat, aliquid esse ipsa efficacius eloquentia ; et oralionis
quasi retuso mucrone, telum ultimum fabula fuit, qua
statim revocati omnium animi, ad Philippum arcenduni
xapessendamque rempublicam incredibili ardore convo-
larunt.
* Les s
poëtes contemporains de Périclèscaractérisaient ainsi lcs cl.e de
son cjoquence.
7. §257 2°., -8.g 326,20, — 9. §378.
VERSIO XCVIII.
Eamenes in vinculaconjectus Argyraspidds alloquÌluf.
98. Cernitis,milites, habilum atque ornamenta ducis
«
vestri, quaB mihi non hostium quisquam imposuil : nam
hoc etiam solatio foret. Vos me ex victore victum, vos me
ex imperatore captivum fecislis; quater iutra hune annum
in mea verba jurejurando obslricli estis. Sed ista omillo;
neque enim miseros convicia decent'. Unum oro2. Si propo-
sitorum Anligoni summa in meo capile consistit3, intervos
me velitis*
aut ubi cadam
mori.
; Nam neque illius5 interest quemadmodum^
et ego fuero iguominia mortis libcratus.
Hoc si impetro, solvo vos jurejurando, quo totles sacra-
mento vos mihi devovistis. Aut si ipsos pudet roganti vim
adhibere, ferrum hue date, et permittee, quod vos 7 fac-
turos8 pro imperatore jurastis, imperatorem pro vobis sine
-
1.g38I.—2 3j7 -:L g 2ii,I". ':. 100, i". -;,. i 37D. -0 ;)1.:!
7.g2it>- -H. g^8.
Faire un autre Périclès, en lançant les éclairs et la foudre, en
bouleversant tout par son éloquence.
Démosthène sentit lui-même cette vérité. Son suffrage,
relativement à un genre qui n'était pas le sien, n'a rien de
tuspect. Il prqnonçait un jour une harangue avec cette véhé-
:
ence dont ou sait qu'il était doué; mais en vain il déployait
toute la puissance de son talent il voyait, malgré ses efforts,
rassemblée demeurer froide; la multitude, distraite, donner
ion attention à des jeux d'enfants; on l'oubliait, et cette indif-
,
férence si étrange ralentissait le feu de l'orateur. Depuis long-
temps il souffrait de ce dégoût, de cette insensibilité dans
une affaire publique, dans la ciréonstance la plus importante,
tu il s'agissait de la guerre avec un ennemi acharné, si célèbre
par ses talents militaires et par ses stratagèmes. Alors, pour la
première fois, il éprouva l'insuffisance de son art; il comprit,
ce que rien ne lui avait fait soupçonner jusqu'à ce jour, qu'il
Favait quelque chose deplus puissant encore
que l'éloquence;
t l'arme de l'orateur se trouvant, pour ainsi dire, émoussée,
pour dernier trait, il eut recours à l'apologue.Aussitôt rappelée
1 elle-même, toute l'assemblée s'occupa, avec un incroyable
p lan, de repousser Philippe et de défendre la république.
VERSION XCVIII.
:
fous votre général; et ce n'est pas à un ennemi que je les
lois car ce serait encore pour moi une consolation. C'est
ous. qui, de vainqueur, m'avez fait vaincu; de général, pri-
sonnier; quatre fois, dans le cours de cette année, vous avez
uré de llÙtre fidèles: mais je ne parle pas de vos serments
es reproch es ne siéent pas aux malheureux. Je ne vous de-
;
nande qu'une grâce : si le point essentiel pour Antigone est
l'avoirma vie, laissez-moi mourir au milieu de vous. Peu lui
mporte, en effet, dans quel lieu et de quelle main je périrai;
t
Fette m'aurez épargné
vous une mort ignominieuse. Si j'obtiens
:
grâce, je vous affranchis du serment qui, tant de fois,
fous a liés solennellement à votre général ou, si vous avez
lonte de céder à ma prière, de porter vos mains sur ma per-
sonne, donnez-moi une arme, et permettez à votre général de
aire pour vous, sans être contraint par un serment, ce que
9
religione jurisjurandi faecre. » Quum non oblincret, pre
ces in iram vertit : « At vos, devota capita I0, respiciantJ
dii perjuriorum vindices,talesque12vobis exitus dent
hosfium ,
extorresque omne æVUlll in hoc castrensi exsilio agatis
devorentque vos arma vestra, quibus plures vestros, quan
duces absumpsistis! »
9.497. —10.§198. —11.§399. -12. g 236.
1-
VERSIO XCIX.
Natura mobilis et inquieta mens homini data est.
99. Carere patria intolerable existimas.Aspice age-
dum banc frequentiam, cui vix urbis immensa tecta suf-
1
materiam ;
citia, quosdam indus/ria, lafam ostendeudae virtuti nacta
quidam venalemattulerunteloquenliam. Nul-
lum3 non genus hominuin concurrit in urbem et virtutibus
et vitiis magna praemia ponentem. Jube omnes istos ad
nomen cilari, et unde domo quisque sit, quaere: videbis
majorem parlem esse quæ 4,
relictis sedibus suis, venerit in
maximam quidem ac pulcherrimam civitatem, non tamen
suam5. Nunc transi ab hac civitate, et ab iis qaarum
arncena positio opporfuni tasque regionis plures allicit :
deserta loca et asperrimas iosulas, Sciatlium et Seriphuni,
Gyarum et Corsicam pete: nullum invenies exsilium, iDi
i.g101.— 2. g 237. - 3.g 464. 4.§ 50'J. — 5. g 298.
—
vous avez juré de faire pour lui. «
:
Gomme on résistait à sa
lemande, il passe des supplications aux menaces « Eh bien!
décrie-t-il, puisse tomber sur vos têtes maudites le courroux
!
des dieux vengeurs du parjure! Qu'ils vous réservent le sort
jue vous avez fait subir à vos généraux C'est vous qui vous
Ites souillés naguère du sang de Pérdiccàs, et qui avez tramé
le même forfait contre Antipater. Enfin, vous auriez assassiné
:
Mexandre lui-même, si le ciel eût permis qu'il tombât sous les
eups d'un mortel vous avez fait ce que vous pouviez contre
»
lui, en le fatiguant de vos révoltes. Et moi, moi, la dernière
nctime de votre perfidie, je vous dévoue par ces imprécations
lux divinités infernales! Puissifez-vous vivre sans biens, sans
ennemis!
patrie, exilés dans votre camp, et vous dévorer par vos armes,
qui furent plus souvent fatales à vos chefs qu'à ceux des
rmnemlg!
VERSION XCIX.
:
comparaissent devant vous,
demandez à chacun d'eux quelle est sa patrie vous verrez
la plupart ont délaissé leurs demeures, pour venir dans
ette cité, grande et belle entre toutes, il est vrai, mais qui
-
VERSION C.
Marins.
,
1 jusqu'alors (car l'ambition le précipita à des excès dans la
uite), n'osait pas aspirer au consulat. A cette époque encore
e peuple disposait des autres magistratures
,
les nobles se
ransmettaient le consulat de main en main. Tout homme
ouveau, quelle que fut son illustration, quelques grandes
ictions qu'il eut faites, était à leurs yeux indigne de cet
lonneur, et comme atteint de souillure.
Vers ce même temps, Marius, se trouvant à Vtique, offrait
es victimes aux dieux pour les rendre propices. Le devin lui
:
jiit que les présages lui annonçaient de grandes et merveil-
leuses destinées il pouvait dont compter sur le ciel, et pour-
suivre l'exécution de ses projets.
PARS SECUNDA.
VKRSIO I.
De Eloquentia et Poesi.
,
tibus feras, silvas saxaque movere sono testudinis : sed qui
;
saeviora feris duriora saxis hominum ingenia mollierunt,
arlem tuam aequavere auf, ut fabulas ad veritatem dedu-
cam, non tu feras, sed rude hominum genus; non scopulos,
sed immanes rigidasque menles, non carmine magis, quam
ilia efficacieloquentiamitigasti. Memorabitur in1 posleras
semper aetafes Tyrfaeus ille, qui clade2 fractam et prostra-
tam Spartanorum fortiludinem cantu excitavit: sed neque
silebilur in Pericle summa dicendi vis, qua populum mo-
(leralu3 difficilem, obsessum inclusumque moenibus, pcste4,
fame, ingentibus malis, majorum deinceps formidine labo-
rantem, ad patienliam ita obduravit, ut ejus vel exstincta
vox Atheniensium auribus insonans, in plures deindeannos
post tanti viri mortem, constantiam corum animis induerit
prope ad 5 ipsorurn perniciem. Quod si famam, si decus,
1. § ,
445 — 2.§328. - 3. S 424. 4.§333.
—
— 5.g42C.
DEUXIEME PARTIE.
VERSION I.
De l'Éloquence et de la Poésie.
;
A. L'une et
mains
l'autre ont un égal empire sur l'âme des hu-
comme la première, par ses discours, la seconde, par-
les chants, enflamme la froideur, calme l'effervescence des
esprits, excite en eux l'amour, la haine, la colère, la pitié, en
un mot, leur fait ressentir toutes les passions,Et l'éloquence
e lle-même ne compte pas
moins de triomphes, n'a pas réalisé
moins de prodiges que la poésie. Si la rudesse et la grossièreté
des premiers mortels ont fait place à de plus douces habi-
tudes; si des villes ont été bâties, des Etats constitués par des
(bis; si l'audace insolente s'est vu assujettir au frein, à qui
faut-il l'attribuer? L'une et l'autre,ont eu ce pouvoir. Tu n'es
bas le seul, 6 chantre de la Thrace, qui aies su apprivoiser les
:
jiétes féroces, émouvoir les arbres et les rochers,sensibles
lux accords de ta lyre ceux qui adoucirent les mœurs des
humains plus farouches que les monstres des forets, plus
urs que les pierres, ont égalé ton talent; ou plutôt, pour
;
légager la vérité de la fable, ce ne sont pas les bêtes féroces,
nais les mortels grossiers ce ne sont pas les rochers, mais des
mes rudes et barbares, que tu as adoucies, et par les chants
u poète, et par cet art non moins puissant, par l'éloquence.
a postérité conservera éternellement la mémoire du fameux
:
Tyrtée, dont les accents ranimèrent la valeur des Spartiates,
!battue, anéantie par leur défaite mais aussi elle ne se taira
oint sur Périclès, sur le sublime orateur, qui, parlant à un
euple indocile, à un peuple assiégé et captif dans ses murs,
n proie à la peste, à la famine, à la crainte d'un avenir plus
errible que le présent, lui fit supporter ces maux avec pa-
ience, et dont la voix, lors même qu'elle fut glacée, vibrant
ncore aux oreilles des Athéniens, longtemps après là mort de
e grand homme, mit dans leurs cœurs une constance qui faillit
es entraîner à leur perte. Que si l'on considère la renommée,
'honneur, le souvenir dont elles sont suivies, l'éloquence et
4 poésie n'auront rien à s'envier mutuellement le
: nom
r'- UJ\
si memoriam specIes, neutra habebitquod alteri invideat :
ut gloriã, sic diuturnitate par in mortalium animis erit
quam ,
Homeri ac Demosthenis nomen; neque laus Ciceronis un-
nisi cum Virgilii laude exstinguetur.
VERSIO IT.
Q.Metelli felicitas (anno post Urb. cond. 638).
2. Ut volubilis fortunæ complura exempla referri, sic
constanter propitise admodum pauca narrari possunt. Quo
patet earn I adversas res cupido animo infligere,secuncfas
parco Iribucre. Eadem, ubi malignitatis obliviscisibi im-
peravit, non solum plurima et maxima, sed etiam perpetua
bona congerit.
lum ,
Videamus ergo quotagradibus beneficiorum Q. Metel-
a primo originis die ad ultimum usque fati tempus
nunquam cessante indulgentia, ad summum beatæ vitæ
culmen perduxerit. Nasci eum in urbe terrarum principe
voluil; parentes ei nobilissimos dedit; adjecit animi raris-
simas dotes, et corporis vires, ut sufficere laboribus posset;
uxorem pudicitia et fecunditate conspicuam conciliavil
consulates decus, imperatoriam potestatem, speciosissimi
;
, ;
triumpbipraetextumlargita est fecit ut eodem tempore
tres filios consulares unum etiam censorium ac Irium-
i, ,,
phalem, at quartum praetorium videret3, utque tres filias
nuptum daret, earumque sobolem sinu suo exciperet. Tot
partus
,
tot incunabula tot virites togæ, tam multae nup-
tiales faces honorum imperiorum, omnis denique gratu—
lalionis summa abundanlia, quum interim nullum fuuus,
nullusgemitus, nulla causa tristitiæ. Coelum contemplare:
vix tamen ibi talem statum repcrics, quoniam5 quidem
luclus et dolores deorum quoque pectoribus a maximis
vatibus assignari videmus. Ilunc autem vitæ aclum ejus
consentaneus finis exeepit: namque Metellum, ultimaB se—
nectutis spatio defunclum, lenique genere mortis inter
oscula complexusquecarissimorum pignorumexstinctum,,
filii et generi bumeris suis per Urbeni latum0 rogo impo-
suerunt.
1. §220,—2.g472.-3. § 223, Rem. —4. g§ 127 et 423 ,-:.. g 400.-
6. § 417.
E
VI llUlilCiC Cl LClU1 lie UCIliUSlllCIig JUUIIUUI .ÚU.
ci Uil^
WUI vv-
comme d'une gloire égale dans la mémoire des hommes, et
îles louanges de Cicéron ne cesseront de retentir qu'avec celles
Je Virgile.
VERSION M.
Bonheur de Quintus Métellus.
2. Si l'on peut rapporter beaucoup d'exemples de l'instabilité
tie sa constante faveur :
de la fortune, on n'en peut raconter qu'un très-petit nombre
preuve évidentequ'elle frappe les
coups sinistres avec empressement, et qu'elle n'accordella
prospérité qu'avec réserve. Cependant, quand une fois elle a
pris sur elle d'oublier sa malignité,elle ne se contente pasde
multiplier ses dons etd'accumuler les plus grandes faveurs-,
elle en assure encore la possessionpour toujours.
Voyons donc par quelle suitede bienfaitselle conduisit
Q.Métellus au comble du bonheur, sans que sabienveillance
se soitjamais lassée depuis le premier jour de vie jusqu'à
; sa
ison dernier soupir.JElle voulut qu'il, naquîtdanslapremière
ville du monde elle le fit sortir du sang le plus illustre ces ;à
avantages, elle joignit les plus rares qualités de l'esprit,etdes
forces corporelles capables de supporter-les fatigues elle lui ;
fécondité ;
donna une épouse aussi remarquable par sa vertu que par sa
elle se plut à lui accorder l'honneur du consulat,
la
le commandement des armées, gloire d'un magnifique
triomphe; elle lui procura la jouipance de 'voir en même
tempstrois de ses fils personnages consulaires, dont l'unavait
m ême été honoré de la censure et du triomphe, et le quatrième,
revêtu de la préture; de marier trois filles, et de presser sur
on sein les fruits de leur hymen. Parmi tant de naissances,
e berceaux, de robes viriles, de cérémonies nuptiales ; parmi
as de dignités, de commandements militaires, en unmot,
usles motifs de félicitations, pas un deuil, pas ungémisse-
suent, pas un sujet de tristesse. Contemplez le ciel à peine y
ouverez-vous un tel bonheur, puisque nous voyons dans les
:
us grande poëtes que l'affliction et la douleur sont le partage
jjéme des dieux. Cependant le dénouement de sa vie ne
,
Jémeutit pas la prospérité qui en avait marqué le cours, :
létellus parvenu à la vieillesse la plus avancée, s'éteignit
oucement dans les bras des êtres qui lui étaient les plus
'hers; et ce furent ses fils et ses gendres qui, après l'avoir
porté dans Rome sur leurs épaules, le mirent sur le bûcher.
VERSIO III.
soit effrayé déjà par le son de sa voix, avant de l'être par son
aspect, et que souvent même, sans être vu, il le mette en
fuite par ses terribles aboiements. Sa couleur doit être uni-
:
forme. On préférera le blanc dans le chien de berger, le noir
dans le chien de ferme la couleur mixte ne doit être estimée
ni dans l'un ni dans l'autre. Le blanc convient au berger, parce
qu'il ne ressemble pas à la bête féroce, et qu'on a besoin
quelquefois, le matin au petit jour, et au crépuscule, pour se
défendre contre les loups, de distinguer nettement les objets;
or, si son chien n'était blanc, et ne se reconnaissait à sa cou-
leur, le berger courrait risque de le frapper, en le prenant
attaques de l'homme :
pour un loup. Le chien de ferme est destiné à repousser les
quand le voleur se présente de jour, il
l'effraie plus par son apparition, s'il est noir; la nuit, il se
confond avec l'ombre, et ne s'aperçoit point. Il faut donc qu'à
la faveur des ténèbres, il puisse approcher de l'ennemi avec
;
tnoins de péril. On préfère ceux d'une taille ramassée à ceux
Je longue ou de petite taille ceux qui ont la tête si grosse,
qu'elle semble la partie la plus considérable de leur corps; les
areilles basses et pendantes, les yeux noirs oucouleurd'eau,et
la queue courte ,
pleins de feu, les flancs larges, les jarrets puissants et velus,
les pattes et les ongles très-développés.
:
pliant à leur naturel, que, sans être trop doux, il ne soit
pourtant pas méchant et féroce dans le premier cas, ils flattent
Jusqu'au voleur même; dans le second cas, ils se jettent sur
les gens delamaison comme sur les autres. Il suffit qu'ils
soient farouches, et non caressants, au point de regarder
quelquefois d'un air menaçant ceux qui appartiennent comme
eux à la ferme, et de s em porter toujours contre les étrangers.
,
Jii doit surtout trouver eu eux de vigilantes sentinelles, qui
ierôdent point à l'aventure mais qui soient fidèles à leur
ote, et qui montrent plutôt de la circonspection qu'un em-
pressement irréfléchi: en effet, d'un côté, ilsn'avertissent
jamais
sans être surs;de l'autre, un bruit insignifiant, un faux
soupçon leur sontprendre l'alarme.
VEKSIO IV.
Quä instilutione futurus orator imbuendus sit.
4. Vultis1 magnos, et qualesdecet, spiritus ad eloquentiae
: ?
studium afferat adolescens Assuescat2 statim sentire viri-
liter illius ani mum præparet fortis disciplina quæ man-
,
surum et iidele solum tanto quasi aedificio substernat.
;
Hoc viderant felicia eloquenliae sæcula, et quæ meritc
appelles 3 aurea quorum a laude mirum non esse debet,
si 4 tam alte descensum fuerit, quum 5 ab eorum institutis
et diligentia sit tantopere degeneratum. Infanliam statim
errori permittimus et nugis. Tota ilia aetas, quæ, quo6
tractabilior est et sequacior, eo formanda est diligentius,
delicias non jam tanfum habet in conspectu, sed quantum
potest, in usu. Quam mihi spem generosae indolis dabit,
quern exempla undique circumstrepunt, et ad libidines
7
excitant? His paulatim enervatur animus.
Non hac semita ad victricem illam eloquentiam, de qua
,
verius quam de Roma vetere dicas8, omnibus bumanif
opibus superiorem esse anliquitas ascendit. Crescebat it
sinu casfæ matris infans, vel ipsa nalura optimus, vel cura
talis praestandus. In partem operis pater accedebat, virtu.
turn quas ferebat aetas, et custos vigil, et assiduus exactor
Personabant aures non bistrionum, ut apud nos, fabulis
sed praeconiis clarorum virorum. Pluris9 erat qui sensu:
honestos præ se ferret, quam qui mores lepidos osfenderet
Ipsi ludi sanctitate quadam et verecuodia temperabantur
Quae disciplinae ratio eo demum pertinebat, ut infanti,
diligenler habita erectum. et omnis bonæ artis10 rapas
ingenium stalim traderet juventuli.
i. — £
— ,
§407,Hem. 2.g400 2°. , 0°. 4.
— o. 39'J
(i".
ilfplu>..
-5.S407. G. 2.)'-7.32X. -.:W!/; -I.:$II, -IO. §313, I
g — g .j!)I),
C
VERSION IV.
Quelle doit être l'éducation du futur orateur.
4. Voulez-vous qu'un jeune homme apporte à l'étude de
l'éloquence l'élévation de sentiments qu'elle exige? Qu'il s'ac-
coutume aussitôt à n'avoir que des pensées mâles; qu'une
éducation vigoureuse prépare son âme, et pose, pour ainsi
dire, une base solide et durable au grand édifice qui va s'élever.
Cette vérité avait été comprise de ce beau siècle qu'on peut
appeler à juste titre le siècle d'or de l'éloquence; et il ne faut
pas s'étonner que nous ayons tant dégénéré de cet âge heu-
reux, quand nous sommes si loin des principes et de l'appli-
cation qui régnaient alors. Chez nous,l'enfance est livrée, dès
le premier jour, à l'erreur et à la frivolité. Cet âge, qu'on
devrait former avec d'autant plus de soin, qu'il obéit plus
facilement à toutes les impressions, cet âge tout entier a non-
seulement sous les yeux le spectacle des délices, il en jouit
encore, autant qu'il peut le faire. Quel espoir que le caractère
d'un enfant prenne un noble essor, quand il est de tous côtés
assiégé d'exemples qui l'invitent au plaisir? Son âme y perd
insensiblement sa vigueur.
| Ce n'est pas
par cette voie que l'antiquité s'éleva à cette
éloquence victorieuse, dont on peut dire avec plus de vérité
(que de l'ancienne Rome, qu'elle est supérieure à toutes les
forces humaines. Sous les yeux d'une chaste mère croissait un
'enfant que la nature avait doué des plus précieuses qualités,
:
ton qui devait les acquérir par les soins qu'il recevait. Le père
partageait cette œuvre protecteur vigilant ou zélé cultivateur
des vertus que comportait l'âge de son fils, il faisait retentir à
[mais
ses oreilles, non pas comme chez nous, de frivoles comédies,
les éloges des hommes illustres. On tenait en plus grande
!estime celui qui faisait preuve de sentiments honnêtes, qu'un
homme aux manières aimables. Les jeux mêmes étaient tem-
pérés par une sorte de retenue et de décence. Quel était le
fruit de ce système? L'enfance, entourée de tant de soins,
tiransmettait
jet immédiatement à la jeunesse une âme généreuse
passionnée pour tout ce qui était beau.
VERSIO V.
Alexander Ammonis templum invisit.
5. Ad interiora JSgypti penetrat Alexander; composi-
tisque rebus ita utnihil ex patrio iEgyptiorum more mu-
taret, adire Jovis Ammonis oraculum statuit.
:
Iter expeditis quoque et paucis vix tolerabile ingredien-
dum erat terra coeloque aquarum penuria est; steriles
arenæ jacent, quas ubi vapor solis accendit, fervido solo
exurente vestigia, intolerabilis æstus exsistit; luctandum-
que est non tantum cum ardore et siecilate regionis, sed
etiam cum tenacissimo sabùlo, quod præaltum et vestigio
cedens aegre moliuntur pedes. Haec /Egyptii vero majora
jactabant. Sed ingens cupido animum stimulabat adeundi
Jovem, quem generis sui auctorem, haud contentus mortali
fastigio, aut credebat esse, autcredi volebaf. Ergo, cum
iis quos ducere secum statuerat, secundo 2 Nilo descendit
ad Mareotin paludem; ibi, donis Cyrenensiumacceptis,
amicitiaque eonjunctã, destinata exsequi pergit.
Ac prima quidem et sequenti die tolerabilis labor visus,
nondum vastis nudisque solitudinibus adilis^, jam tamen
sterili et emoriente terra. Sed ut aperuere se campi alto
:
obruti sabulo, haud secus quam profundum æquor ingressi,
terram oculis requirebant nulla arbor, nullam culti soli
occurrebat vestigium; aqua etiani defeeerat, quam utribus
cameli devexerant. Ad base sol omnia incenderat : quum
repente, sive4 illud deorum munus, sive casus fuit, obductae
coelo nubes astri fulgorem condidere, ingens aestu fatigatis,
,
etiamsi5 aqua detieeret, auxiiium. Enimvero, ut largum
quoque imbrem excusserunt procellæ, pro se quisque exci-
pere6 eum; quidam ob sitim impotentes sui, ore quoque
hianti captare coeperunt. Quatriduum per vastas soliiud ines
absum ptum est.
1 g 1!!2.
6. g 402.
-2.§333. — :L ,
§ i;) 110U1. i
— i. g Sj. — a. $<sr> 2n —
VERSION V.
, Alexandre va visiter le temple d'Ammon.
5. Alexandre pénètre jusqu'au cœur de l'Egypte; et, après
voir réglé toutes choses sans rien changer aux anciens usages
(
:
DUS un sable épais, et qu'ils y furent entrés comme dans la haute
ier, ils cherchaient la terre des yeux nul arbre, nulles traces
e culture; l'eau même dont on avaitchargé les chameaux
nanquait dans les outres; et le soleil avait tout embrasé
orsque tout à coup, soit par une faveur des dieux, soit par un
:
et
:
du hasard, des nuages couvrirent le ciel, et cachèrent
astre étincelant précieux soulagement, supposé même qu'il
e vînt pas d'eau, pour les voyageurs accablés par l'excès de la
lhaleur. Mais l'ouragan fut encore suivi d'une pluie abon-
lante, et chacun s'empressa de la recueillir. Quelques-uns,
i'en pouvant plus de soif, tendirent d'abord leur bouche
Itérée pour la recevoir. On passa quatre jours dans ces vastes
éserts
I
VERSIO VI.
Sequitur de Alexandro Ammonis templum invisenle.
6. Jamque haud procul oraculi sede aberant, quum com.
antecedentes;
plures corvi agmini occurrunt, modico volatu prima signa
et modo humi residebant, quumIentim
1
accommodaverunt :
orlum assueto tepore Ianguescal. Idquod prodeocolitur
non eamdem effigiem habet, quam 4 vulgo diis artifice
umbilico maxime similis est habitus
smaragdo et gemmis coagmentalus. Hunc, quum responsum
petitur, navigio aurato geslantsacerdotes, mullis argentei
pateris ab utroque navigii latere pendentibus ; sequuntu
malronae virginesque, patrio more inconditum quoddam
carmen canenes, quo5 propitiari Jovem credunt ut certun:
edal6oraculum.
i ?si .--
<5328. — G. § ,
:. 'y'iliii. —2. g 306.-—3.§4i7,<11purhint dutemps.etc. — i.
223 Ht'lII.
VERSION VI.
Alexandre va visiter le temple d'Ammon. (Suite.)
6. Déjà l'on approchait du lieu où réside l'oracle, lorsqu'on
:
[neore un autre bois d'Ammon, au milieu duquel se voit une
;
Durce appelée l'Eau du Soleil vers le point du jour, elle est
iède à midi, au moment de la plus forte chaleur, elle est
1
;
revient sur le soir, elle s'échauffe; au milieu de la nuit, elle
roide;
bouillante à mesure que les ombres s'écoulent et que
lumière approche, sa chaleur de la nuit diminue sensible-
aent, jusquau lever du jour, où elle reprend son degré ordi-
rire de tiédeur. L'objet du culte des habitants n'a point cette
fivins : sa forme est tout à fait celle d'un chaton ,
gure que les artistes ont attribuée généralement aux êtres
[semblées une émeraude et des pierres précieuses. Quand on
où sont
ie décorent, suspendues ,
eut le consulter, les prêtres le portent dans un navire doré -
à chaque côté une multitude de
Dupes d'argent; à leur suite, marchent des femmes respec-
lthles et des jeunesfilles, qui chantent un cantique grossier,
la mode du pays; ils espèrent se rendre ainsi le dieu favo-
able, et en obtenir une réponse qui ne les trompe point.
VERSIO VII.
Philippi Macedonum regis et Ccesaris Augusti patientia in
ferendis contumeliis.
7. Si qua alia in Philippo virtus fuit, et contumeliarum
patientia, ingens inslrumentum adtutelam regni. Demo-
chares ad ilium,Parrhesiastes* ob nimiam procacem et
linguam appellatus, inter alios Atheniensium legatos ve-
nerat. Audila benigne Jegalione, Pliilippus, « Dicile,
iuquit, mihi, facere quid possum, quod sit Atheniensibus
gratum. » Excepit Demochares : « Te suspendere. » In-
dignatio circumstantium ad tam inliumanum responsum
exorta est: quos Philippus conticescerejussit, et Thersitam
illum salvum incolumemque dimittere. «At vos, inquit,
ceteri legati, nunliate Atheniensibus multo superbiores 1
:
uxorem ejus et in totam domum dixerat, nec perdideral
dicta magis enim circumferlur et in ore hominum est te-
meraria urbanitas. Sæpe ilium Cæsar monuit ut moderatius
linguauteretur; perseveranli domo suinterdixit Postea 4.
Timagenes in contubernio Pollionis Asinii consenuit, ac
totacivitate direptus est; nullum illi limen praeclusa Cæ-
saris domus abstulit. Historias poslea quas scripserat, reci-
tavit, et combussit, et libros acta principis continentes in
ignem posuit. Inimicitias gessit cum Caesare; nemo amici-
tiam ejus exiimuit, nemo quasi fulgure ielum rcfugit; Cuil
qui 5 praeberet tam alte cadenti sinum. Tulit hoc, ut dixi,
Caesar patienter, ne eo quidem motus quodGlaudibus suis?
- rebusque geslis manus atlulerat. Nunquam cum hospite
t;
(feram alis). »
;
inimici sui questus est hoc duntaxat Pollioni Asinio dixit:
« 0r,cioTGo'p£
—
1.g2i7 .—2.g220. -:l. g
7.g 298 ,
2".
':4:1, !Io..— 4. -
g 387. 5. g S3*. -G. g 4!W.
irent pas perdus car la hardiesse d'un bon mot le fait cir-
pler davantage, et le met dans toutes les bouches. César
ne
,
naturam sufficere angusta esse classibus maria
castra,explicandis equesfribus copiis campestria vi:
,:
habituris ubi5 tanlas vires exercerent. Alius, illi vix rerui
milil
placeret 6
,
hominem nimia aestimatioue sui furentem concitarent, De
maratus Lacedæmonius solus dixit ipsam illam quã sii
multiludinem,indigestam et gravem, meluen.
;
dam esse ducenti; non enim vires, sed pondushabere
immodica nunquam regi posse nee diu durare quidqui*
regi non potest.
« In primo,inquit, statim monte Lacones objecti dabun
tibi sui experimentum. Tot ista gentium millia treeenl
morabunfur : liaerebunt in vestigio fixi, etcommissas sit
angustias tuebuntur, et corporibus obstruent. Tota illo
Asia non movebit loco. Tantas ruinas belli, et paene lotiu
humani generis ruinam paucissimi sustinebunl. Quum t
mutatis Jegibus suis natura lransmiserit, in semila haerebis
et æstimabis futura damna, quum putaveris quanti Ther. 7
mopylarum angusliae constiterint8. Scies te fugari posse
-
G.
1.8472 .-2. g454. -3. § 318,Rem. -'t. g404..—
§509. —7. g3I1. -8. g 472.
5. 235 et 472.-
VERSION VIII.
Entretien de Xerxès et de Démarate.
8. Lorsque Xerxès déclara la guerre à la Grèce, il n'y eut
ersonnequi n'excitât cette âme gonflée d'orgueil, et qui
ubliait la fragilité des choses dans lesquelles elle se confiait.
/un disait qu'on ne tiendrait pas contre l'annonce de la guerre,
t qu'on tournerait le dos au premier bruit de son approche.
n autre, que cette masse formidable était certainement en
tat, non-seulement de vaincre la Grèce, mais de l'écraser;
u'ils avaient plutôt à craindre de trouver les villes abandon-
ées, et de ne plus rencontrer, après la fuite de l'ennemi, que
e vastes déserts, où ils ne pourraient essayer de si grandes
)rces. D'autres, que la nature lui suffisait à peine; que les
;
ters étaient trop étroites pour ses flottes; les camps,
essoldats les plaines, pour le déploiement de sa cavalerie;
ue
pour
l'air offrait à peine assez d'espace pour que tant de mains
ussent lancer leurs traits.
Au milieu de toutes ces bravades qui retentissaient autour
u prince, et qui exaltaient le délire de sa présomption, un
itudehomme, DémaJate, deLacédémone, dit que cette mul-
Eul
même qui faisait son orgueil, masse désordonnée et
;
bbarrassante, était redoutable pour son chef; car elle avait
hoins de forces que de poids ce qui n'avaitpointde mesure,
tepouvaitjamais être régi; ce qui ne peut être régi, ne saurait
koir de durée.
~acédémoniens ,
.¡¡ A la première montagne, dit-il, tu trouveras aussitôt les
qui te feront connaître ce qu'ils sont. Tous
les milliers de nations seront arrêtées par trois cents hommes.
1I les
verras fermes, immobiles à leur poste, défendre le
Sefilé qui leur sera confié, et murer le passage avec leurs corps.
l'Asie tout entière ne les fera point reculer. Une poignée
hommes soutiendra le formidable poids de cette guerre, et
elui de presque toutle genre humain tombant sur elle. Quand
;
l nature, changeant ses lois, t'aura livré passage, un sentier
arrêtera et tu calculeras tes pertes futures, en songeant à ce
ue t'aura coûté le défilé des Thermopyles. Tu sauras qu'on
ut te mettre en fuite, quand tu auras appris qu'on peut te
fctenir. »
VERSIO IX.
Sequitur de colloquio Xerxis cum Demarato.
9. « Cedent quidem libi pluribus locis, velut torren
modo ablati, cujus cum magno terrore prima vis deflui
deinde hinc atque illinc coorientur, et tuis te virib
prement.
«
,
Verum est illud quod dicitur, majorem belli app;
1
,
« Ceterum, non est quod 2 exercitum ob hoc sustine
putes non posse quia numerus ejus duci quoque ignolt
est. Nihil tam magnum est, quod perire non possit, ci
nascitur in perniciem, ut 3 alia quiescant, ex ipsa, magni
tudine sua causa. »
Acciderunt quae Demaratus prædixerat : diviua atqu
humana irnpellentem, et mutantem quidquid obslilerat
trecenti stare jusserunt; slratusque per tolam passim Græ,
ciam Xerxesintellexit quantum ab exercitu turba distaret4
Turn pudore quam damno miserior, Demarato gratias egil
quod solus sibi verum dixisset5, et permisit pelere quol
:
vellet. Petit ille ut Sardes, maximam Asiae civitatem
curru vectus intraret, rectam capite tiaram gerens id soli
datum regibus.
1. § 255, Rem, —2.§479. — 3. § 488. —4.§472. —5.g491.
X.
VERSIO
Thracice regio, et prcocipue Getarum mores describuntur.
10. Regio nee 1
cœlo læta nec solo. et nisi quã mari
propior est, infecunda, frigida, eorum quæ serunlur ma-
1.§333.
VERSION IX.
Suite de Venirelien de Xerxès et de Démarale.
points ,
9. Il Sans doute, ils reculeront devant toi sur plusieurs
comme entraînés par un torrent dont la première
lirruption répand une grande épouvante; puis ils se lèveront
pde tous côtés, et t'accableront sous tes propres forces.
L
«
H est vrai, comme on le dit, que cet immense attirail de
guerre ne tiendra pas dans les pays que tu te proposes d'en-
yahir; mais cela est à notre désavantage. La Grèce te vaincra,
par cette raison même qu'elle ne te contient pas. Tu ne peux
te
[
déployer tout entier.
«
En outre, le seul moyen
, de sauver les affaires,
arer aux premiers événements de porter secours à ceux qui
plient, d'appuyer, de raffermir ceux qui chancellent tu ne :
c'est
ta défaite.
I «
Ne crois pas, d'ailleurs, que tout doive céder à ton armée,
parce que son chef même n'en connaît pas le nombre. Il n'est
ruine.»
Fhose si grande, qui ne puisse périr, quand, à défaut d'autres
ennemis, elle trouve dans sa propre grandeur la cause de sa
1".
t
, l1"isèrent
Les prédictions de Démarate se réa , : ce ui qui forçait
l c
toutes les choses divines et humaines, et bouleversait la nature
partout où il rencontrait des obstacles, se vit arrêté par trois
,
cents hommes; et, après avoir couvert toute la Grèce de ses
débris Xerxès comprit quelle différente il y avait d'une mul-
titude à une armée. Alors ce prince, plus malheureux de son
;
humiliation que de ses pertes, remercia Démarate de ce que
seul il lui avait dit la vérité en même temps, il permit au
Lacédémonien de demander ce qu'il voulait. Démarate de-
manda la faveur d'entrer dans Sardes, la plus grande ville de
l'Asie, monté sur un char, et portant sur la tête la tiare droite.
Ce privilège appartenait exclusivement aux souverains.
VERSION X.
Description de la Thrace. Mœurs des Gèles en particulier.
10. Cette contrée n'est favorisée ni pour le climat, ni pour
stérile
le sol, et partout, excepté dans le voisinage de la mer, elle est
et froide; les plantations y réussissent fort peu; rare-
:
ligne admodum patiens2, raro usqnam pomiferam arbo
rem, vitem frequentius tolerat sed nec ejusdem fructn
maturat ac mitigat, nisi ubi frigora objectu frondium cul
,
tores arcuere. Viros benignius alit, non ad speciem lamer
sed ad ferociam el numerum. Paucos amnes qui in pelagu
evadunt, verum celeberrimos
3Hebrum et Strymoua
emittit. Montes interiorattollit Haemon etRbodopen
Orbelou 5, sacris Liberi Patris et coetu Maenadum, Orphe
4 (
e
primum initiante, celebratos, qus6Hæmos
altiludinis abit, ul Euxinum et Hadriam e summo verlic
7 in tanlun
ostendat.
Una gens, Traces habitant, aliis aliisque praediti e
nominibus et morilms. Quidam feri sunt, et ad morten
paratissimi : Getæ utique. Id varia opinio perficit ali
8 putant animas obeuntium; alii,etsi9 non re-
:
,
redituras
deant, non exstingui tamen, sed ad beatiora transire; ali
emori quidem
,
sed id melius esse quam vivere. Itaquj
lugentur apud eos puerperia natique deflentur : funer:
,
animus. Super mortuorum virorum corpora interfici si-
,
contra festa sunt, et veluli sacra cantu lusuque celebrantur
Ne 10 feminis quidem citra morem tot gentium segnis es
VERSIO XI.
De Sicili.
11. Siciliam ferunt anguslis quondam faucibus Italier
adhaesisse, diremptamque velut a1corpore, majore impetu
1. § 323.
:
aient on y voit un arbre fruitier; elle est moins contraire à la
rigne et encore le raisin n'y mûrit pas, n'acquiert point de
ouceur, si ce n'est dans les parties où les cultivateurs le pré-
ervent du froid en l'entourant de feuillage. Les hommes y
ont moins disgraciés, non cependant sous le rapport de l'ex-
:
rieur; mais c'est une fière et nombreuse population. Peu de
euves traversent ce pays pour se rendre à la mer mais ces
euves, l'Hèbre, le Strymon, jouissentd'une haute célébrité.
?
,
ans la partie centrale, on trouve des montagnes, l'Hémus,
Rhodope, l'Orbélus, fréquentés par les Ménades, et témoins
es fêtes de Bacchus instituées par Orphée. LHémus s'élève
une hauteur si prodigieuse, que de son sommet on découvre
î Pont-Euxin et l'Adriatique.
Cette contrée n'est habitée que par une nation, les Thraces,
ivisée en plusieurs peuples, qui diffèrent de noms et de
ioetii-s. Quelques-uns, les Gètes, par exemple, sont féroces
:
t toujours prêts à mourir. Ce sentiment tient chez eux à
iverses croyances les uns pensent que les âmes de ceux qui
meurent doivent revenir; d'autres, que, si elles ne reviennent
oint, elles ne sont pas cependant anéanties, mais qu'elles
;
tassent à un état plus fortuné d'autres enfin, qu'elles cessent
ntièrement d'être, mais que le néant est préférable à la vie.
lussi, chez
:;
eux, la naissance d'un enfant est un sujet de deuil,
t l'on pleure sur l'être qui -vient au jour les funérailles, au
pntraire, sont des sujets de réjouissance «on les célèbre,
Dmme des fêtes religieuses, par des chants et des jeux. Les
îmmes mêmes n'y ont pas cette mollesse de cœur qui carac-
frise leur sexe chez tant de nations. Recevoir la mort sur le
prps de leurs époux qui ne sont plus, et partager leur sépul-
ire, voilà le plus beau vœu qu'elles troient pouvoir faire; et
)Jnme un seul homme a plusieurs femmes, elles se disputent
ivement l'honneur d'être choisies pour mourir. C'est la plus
rtueuse qui l'obtient. Les autres témoignent leur regret par
ps plaintes; tout en cédant à leur rivale, elles lui portent
eanmoins envie, et c'est avec les plus violentes démonstra-
ns de douleur, qu'elles conduisent au bûcher la victimequi
i subir cet heureux trépas. 1
VERSION XI.
LaSicile.
11. On dit qu'un isthme étroitunissait jadis la Sicile à
talie, et qu'elle en fut arrachée, comme un membre est
;
superi maris, quod toto undarum onere illuc vehitur. Es
autem ipsa terra tenuis ac fragilis et cavernis quibusdac
fistulisque ita penetrabilis, ut ventorum tota ferme flatibu
pateat; nec non et ignibus generandis nutriendisque sol
:
ipsius naturalis materia, quippe intrinsecus stratum suI
phure et bitumine traditur quae res facit ut, spiritu cur
,
igne per interiora luctante, frequenter et compluribus loci
nunc flammas, nunc vaporem nunc fumum eructet. Ind
denique /Etnae montis per tot secula durat incendium. F
ubi acrior2 per spiramenta cavernarum ventus incubuit
arenarum moles egeruntur.
Proximum Italiae3 promontorium Rbegium dicitur, ide
quia 4 graece abrupta *
hoc nomine pronunliantur. Ne
mirum si5 fabulosa est loci hujus anliquitas, in quem rt
tot coiere mirae. Primum quod nusquam alias tam torreri
fretum, nec solum citato impetu, verumetiam saevo, nequ
experientibus modo terribile, verum eliam procul viden
tibus. Undarum porro inter se concurrentium tanla pugn
est, ut6 alias veluliterga dantes in imum desidere, alia
;
quasi victrices in sublime ferri videas 7 nunc hie fremitui
ferventis æstus, nunc illicgemitum in
voraginem desidenti
exaudias. Hinc igitur fabulæ Scyllam et Charybdim pe
perere. Nequehoc ab8antiquis in dulcedinem frngen d
compositum, sedmelu9 et admiratione transeuntium.
-nem.
2.3254, -3. g 349,4°. -4.§490..—5. 490. -G. g 503.-7.22i
2°.
8. § 328.. 9. § 328.
— —
Jin grec y
~pqywfii, briser, arracher vioicmmnit.
VERSIO XII.
Eurydice ilerum Orpheo eripilllr.
;
ique, qui se porte sur cette côte avec tout le poids de ses
aux. La terre y est légère et friable percée de cavités et de
:
ongues crevasses, elle est presque entièrement ouverte au
ouffle des vents d'un autre côté, par la nature même du sol,
;
e feu se produit et s'alimente dans son sein car des couches
le soufre et de bitume en forment le fond. De là une lutte
outerraine entre le vent et les flammes, lutte qui multiplie,
n plus d'un endroit, les éruptions de feu, de vapeur et de
,
umée; de là enfin, ce volcan de l'Etna, allumé depuis tant
le siècles. Et quand le vent s'engouffre avec violence dans ces
profondes cavités, il en fait jaillir des monceaux de sable.
Le point le plus voisin de l'Italie est le promontoire de
thégium, d'un mot grec qui signifie rompu. Il n'est pas éton-
tant, d'ailleurs, que l'histoire de ce lieu, qui réunit tant de
tulle mer n'est plus impétueuse ;
nerveilles, ait été anciennement mêlée de fables. D'abord,
telle est la rapidité, ou
dutôt la fureur de ses vagues, qu'on ne peut, non-seulement
'y hasarder, mais les regarder même de loin sans effroi. Dans
a violence de leur choc et l'espèce de combat qu'elles se
ivrent, on les voit, tantôt vaincues, s'abîmer dans le gouffre,
antôt victorieuses, s'élancer vers les nues; ici, l'on entend le
nugissement des flots qui s'enflent et bouillonnent; là, le
;émissement de l'onde qui s'engloutit. De là ces inventions de
ai fable, Scylla et
Charybde, créées dans l'antiquité, non point
>ar une imagination amie du merveilleux, mais par l'épouvante
it J'étonnement des navigateurs.
VERSION XII.
Eurydice est ravie une seconde fois à Orphie.
12. Déjà, retournant sur ses pas, il avait échappé à tous les
,
)érils; Eurydice lui était rendue, et s'avançait vers le séjour
le la lumière en marchant derrière lui (telle était la loi de
roserpine), quand un délire soudainsurprit le faible amant,
lélire pardonnable sans doute, si les Mânes savaient par-
Restitit, Eurydicenque suam jam luce sub ipsa, 1
,
Immemor, heu! victusque animi 2, respexit. ibi omnis
Effusus labor, atque immitis rupta lyranni
Fædera, terque fragor stagnis auditus Avernis.
IlIa y« Quis et me, inquit, miseram, et le perdidit, Orpbeu31
Quis tantus furor? En iterum crudelia retro
:
Fata vocant, conditque natanlia lumina somnus.
Jamque vale feror ingenti circumdata nocle,
,
Invalidasque tibi tendens, heu! non tua palmas. »
Dixit, et ex oculis subito, ceu fumus in auras
Commixtus leoues, fugit diversa : neque ilium
Prensantem nequicquam umbras, et multa volentem
Dicere, præterea vidil; nee poriilor Orci
Amplius objectam passus transire paludem.
?
Quid faceret4 Quo se rapta bis conjuge ferret
Quo flelu Manes, qua numina voce moveret?
IlIa quidem Stygia nabat jam frigida cymba.
Seplem ilium totos perhibent ex ordine menses,
Rupe sub5 aeria, deserti ad Strymonis undam
Flevisse, et gelidis baec evolvisse sub anlris,
Mulcentem tigres, et agentem carmine quercus.
1. § 447. — ,
2.§313 2°. -3. g 109,30, — i. § ;J9V, 3°.
o.
— 447,
VERSIO XUI.
De lUlls/ice.
;
pour voir Eurydice Ce regard lui ravit tout le fruit de sa
peine le pacte de l'impitoyable monarque fut rompu; et trois
fois un mugissement se fit entendre du fond de l'A verne.
«
Quel transport, s'écrie Eurydice, quelle fatale erreur m'a
perdue, malheureuse que je suis! et te perd avec moi, cher
Orphée? Voici que les cruels destins me rappellent une se-
conde fois, et le sommeil ferme mes yeux appesantis. Adieu !
;
Je me sens emporter dans une nuit profonde, et je tends vers
!
toi mes mains défaillantes hélas et je ne suis plus à toi. »
;
Elle dit et soudain, comme une vapeur qui se mêle à l'air
subtil, elle disparut et s'évanouit à ses yeux. En vain il voulut
saisir son ombre, lui parler longtemps encore; elle ne vit plus
son époux, et le nocher des enfers ne le laissa plus traverser
le lac qui les séparait. Que faire? où porter ses pas, après avoir
perdu deux fois son épouse? Par quels pleurs toucher les
Mânes? Par quels accents fléchir les divinités de ces lieux?
Eurydice, déjà froide, traversait l'onde dans la barque fatale.
On dit qu'Orphée demeura. sept mois entiers au pied d'une
haute montagne, sur les rives désertes du Strymon, versant
des larmes, et faisant retentir les antres glacés du récit de ses
malheurs. Les tigres étaient émus, et les chênes le suivaient,
attirés par ses chants.
VERSION XIII.
De la Musique.
,
rapporte encore que la musique est la plus ancienne de toutes
lessciences; et les poëtes les plus illustres rendent témoignage
decettevérité quand ils nous apprennent que les louange.-
ad citharam canebantur. Iopas* vero ille Virgilii nonne
?
canit errantem lunam, solisquelabores Quibus certe palam
confirmat auctor eminenlissimus illam artem cum divi-
narum etiam rerum cognitione esse conjunctam. Atque
musices fuisse! :
claros nomine sapientiae viros nemo dubitaverit studiosos
quum4 Pythagoras, atque eum secuti,
acceptam sine dubio antiquitus, opinionem vuloaverint,
mundum ipsum ea ratione esse compositum, quam postea
sit5 lyra imitata. Quid de philosophis loquor, quorum fons
ipse Socrates jam senex institui lyranon erubsscebat? Et
:
Lycurgus, durissimarum Lacedaemoniis legum auctor, mu-
sices disciplinam probavit qua quidem ejus gentis exercitus
ad pugnam accendi solitos fuisse traditum accepimus. Atque
illam nalura ipsa videtur ad tolerandos facilius labores
6
velut muneri nobis dedisse. Siquidem et remiges cantus
conatus ,
horlalur; nec solum in iis operibus, in quibusplurium
,
praeeunte aliqua jucunda voce conspirat; sed
etiam singulorum fatigalio quamlibet se rudi inodulatione
solatur.
* Virgile Énéide, liv. I, vers 740 :
,
Citharacrinilus lopas
Personat aurata docuit quae maximus Atlas
Hie canit errantem lunam solisque labores.
;
,
3. §404,3°. — 4.§
497. -5.
g 509. 345.-6.§
VEBSIO XIV.
Corruptus in Africa Romanorum exercitus ad veterem
disciplÙlam a Melello revocatur.
militiae parare ;
undique arcessere; arma, tela, CqllOS, cetera instruments
ad hoc commealuni affalim, deniquc
omnia qute bello vario et multarum rerum egenti usui essl
solent. Ceterum ad ea patranda, senali3 auctoritate socii
J. S402 2.§119.
—
les héros et des dieux étaient célébrées sur la lyre, à la table
les rois. Dans Virgile, Iopas ne chante-t-il pas errantem lunam
(
olisque labores l'astre errant des nuits, et les éclipses du
oleil)? Par là, ce grand poëte atteste évidemment que cet
rt se lie même à la connaissance des choses divines. Et les
tommes qui se sont fait un renom de sagesse, ont eu le goût
le la musique: personne n'en doutera, lorsque Pythagore et
eux de sa secte ont répandu cette opinion, léguée sans doute
)ar les anciens âges, que l'univers même avait été arrangé sur
e modèle de cette harmonie reproduite depuis par la lyre.
, ,
Mais pourquoi citer les philosophes
)hie Socrate lui-même
? Le père de la philoso-
ne rougit point d'apprendre à jouer
le la lyre, dans sa vieillesse. Et le rigide législateur de Lacé-
lémone, Lycurgue, approuva l'étude de la musique. C'était
; lle, nous le voyons dans l'histoire, qui animait ordinairement
tu combat les armées lacédémoniennes. Et il semble que ce
ioit un présent de la nature, destiné à nous faire supporter
)lus aisément les fatigues. Le chant encourage les rameurs;
e ne parle pas seulement de ces travaux où un certain nombre
:
le bras, guidés par le signal d'une voix agréable, unissent de
concert leurs efforts individuellement même, l'homme sou-
age sa lassitude par le chant, fût-ce par une grossière modu-
lation.
VERSION XIV.
;
traits, des chevaux, tout le matériel militaire; il y joint des
vivres en abondance en un mot, tout ce qui sert ordinaire-
ment dans une guerre compliquée, où les besoins se multi-
plient. D'ailleurs, pour seconder ses desseins, les alliés et les
peuples latins, par un décret du sénat, les rois, de leur propre
nomenque latinum, reges ultro auxilia miltere*; postremo
omnis civitas summo studio adnitebatur". Itaque,ex3
sententia omnibus rebusparatiscompositisque, in Numi-
diam proficiscitur, magna spe civium, quum 4 præter bonas
artes, turn maxume"quod advorsum** divilias animum
invictum gerebat, et avaritia magistratuum ante id tempus
in Numidia Romanorum opes contusae, hostiumqueauctae
fuerant.
Sed ubi in Africam venit, exercitus ei tradilur aSp.
Albino proconsule iners, imbellis, neque periculi neque
laboris patiens, lingua quam manu promplior,praedator
ex sociis, et ipse præda hostium, sine imperio et modeslia
habitus. I(a imperatori novo plus ex malis moribus sollici-
,
tudinis, quam ex copia inilitum auxilii aut bonae spei acce-
debat. Statuit tamen Metellus quanquam 5 el aestivorum
tempus comitiorum mora imminuerat, et exspectalione
evenii6 civium animos intentos pulabat, non prius helIum
attingere, (juam majorum disciplina milites laborare coe-
gisset.
* Mittere;— adnitebatur.L'infinitifde narration se trouve joint a
un autre mode. Cette construction se représente dans Sallustc. II fanI
traduire comme s'il y avait deux fois l'illdicalif.
** ArchaÏsmes, pour maxime, adversum.
3. § 440. — 4. g 480. -5
§487,3°. —0. 110. §
VERSIO XV.
Sequitur de disciplinaaMetello restitula.
15. Nam Albinlls, quantum temporis aestivorum in im-
periofuit, plerumque milites slativiscastris1habebat, nisi
qnum odos* aut pabuli egestas locum mutare subegerat.
Sed neque muniebanlur, nequemoremilitari vigiliaededu-
VERSION XV.
b
,
pmmanda, avait tenu généralement les soldats stationnaires
lans le même camp jusqu'à
ce que la corruption de l'air ou
manque de fourrages l'obligeassent d'en changer. Et l'on
je
:
se retranchait plus, on n'allait plus, conformément aux
sages militaires, relever des sentinelles s'absentait qui vou-
;
lit du drapeau. Les valets de l'armée rôdaient çà et là jour
t nuit, confondus avec les soldats et l'on voyait leurs bandes
parses dévaster les champs, forcer les maisons de campaGne,
nlever à l'envidesbestiaux et des esclaves, qu'on échangeait
vec les marchands contre -des vins étrangers et d'autres den-
vino advectitio, et aliis talibus; præterea frumenlum pu-
blice datum vendere; panem in2 dies mercari : postremo,
,
quæcunque dici aut fingi queunt ignaviae luxuriaeque pro-
bra in iUo exercitu cuncta fuere, et alia amplius.
Sed in eã difficultale Metellum non minus quam in rebus
hostilibus magnum et sapientem virum fuisse civitascom-
perta est, tanta temperantia inter ambitionem saevitiamque
moderatum. Namque edicto primum adjumenla ignaviæ
sustulisse, ne quisquam in castris panem aut quem alium
coclum cibum venderet3, ne lixaeexercitumsequerentur,
ne miles gregarius in castris, neve in agmine servum au1
;
jumentum haberet : ceteris arte modum statuisse. Præterea
Iransvorsis itineribus quolidie castra movere juxta ac si
hostes adessent, vallo atque fossã munire, vigilias crebras
ponere, et ipse cum legatis circumire; item in agmine, in
primis modo, modo in postremis, saepeinmedioadesse,
ne quispiam ordine egrederetur4, uti cum signis frequentes
incederent, miles cibum et arma portaret.
Ita prohibendo a delictis magis quam vindicando exer-
citum brevi confirmavit.
2. ,
§445,3°. -a 3. g 223 , liem. -4. g 253 Hem.
VERSIO XVI.
De Ilomine.
16 Hominis causa, ut ait quidam e profanis scripto-
,
milieu de ces difficultés, que dans ses opérations contre l'en-
iemi, tant.il sut garder une juste mesure entre les ménage-
ments intéressés et une rigueurexcessive. D'abord il fit dis-
paraître par un édit tout ce qui entretenait la mollesse, en
défendant à qui que ce fût de vendre dans le camp du pain ou
;out autre aliment cuit; aux valets, de suivre l'armée; aux
.impies soldats, d'avoir, dans les campements ou dans les
Darches, des esclaves ou des bêtes de somme. Quant aux
autres désordres, il sut les réprimer par l'adresse. En outre, il
iransportait son camp tous les jours par des chemins détour-
oés, le fortifiait d'un fossé et d'une palissade, comme en pré-
sence de l'ennemi, multipliait les postes, et les visitait en
personne avec ses lieutenants. Dan.; les marches, il se trouvait
:antôt à la tête de l'armée, tantôt sur les derrières, souvent au
milieu, afin que personne ne quittât son rang, qu'on marchât
terrés autour des drapeaux, que le soldat portât lui-même ses
vivres et ses armes.
C'est ainsi qu'en prévenant les fautes, plutôt qu'en punis-
iant, il eut bientôt rendu à l'armée son énergie.
VERSION XVI.
l'
a création pour l'homme
De
; :
Ilomme.
,
16. La nature, dit un auteur profane semble avoir fait toute
mais elle le traite avec rigueur, en
ui vendant cher ces grands dons aussi ne saurait-on dire si
ne s'est montrée pour l'homme tendre mère ou dure marâtre.
Yabord, il est le seul être animé quelle couvre de vêtements
Orangers. Elle donne aux autres divers téguments, les tests,
es coquilles, le cuir, les piquants, le poil, les soies, le crin,
e duvet, les plumes, l'écaille, la laine. Elle a enveloppé les
trbres mêmes d'une écorce quelquefois double, qui les munit
rontre le froid et le c haud. L'homme est le seul qu'au jour
le sa naissance elle jette nu, sur la terre nue, livré dèscet
nstant aux cris et aux pleurs. Mais le rire, Grands dieux! le
ire, même précoce, même le plus hâtif, nul ne le connaît
vant le quarantième jour.
5
AM hoc lucis rudimento, quæ ne feras quidem inter
nexus :
nos genitas, vincula excipiunt, et omnium membrorum
itaque feliciler natus jacet, manibus pedibusque
devinctis, flens, animal ceteris imperaturum ; et a suppli-
ciis vitam auspicatur, unam lantum ob culpam, quia6
7
natum est. Heu! dementiam ab8 his initiis existimantium
:
ad superbiam se genitos!
Uni animantium luctusest datus, uni luxuria, et quidem
innumerabilibus modis, ac persingula membra uni am-
bitio, uni avaritia, uni immensa vivendi cupido, uni super-
stitio, uni sepulturae cura, atque etiam post se de futuro.
Nulli vita fragilior, nulli rerum omnium libido major,
nulli pavor confusior, nulli rabies acrior. Denique cetera
animalia in suo genere probe degunt : congregari videmus,
et stare contra dissimilia. At hercules! honlin; plurima ex
homine mala sunt.
4. §438. -5. g 228. —fi.§490. —7.§ :3RD,3".— 8. § 438.
VERSIO XVII.
Parasitus, vel Adulator.
17. Dii immortales, hominihomoquid I !
præstat
Quid interest! Hoc adeo ex hac re venit in mentem mihi.
Stulto intelligens
;
avarice; à lui seul un amour immodéré de la vie; à lui seul la
uperstition lui seul se préoccupe de sa sépulture, et même
le ce qui arrivera quand il ne
sera plus. Nul animal dont
'existence soit plus frêle, qui désire tout avec plus de passion,
lui soit plus égaré dans sa peur, plus furieux dans ses empor-
ements. Enfin, les autres vivent en paix avec leurs semblables;
:
tous les voyons se réunir, et résister aux ennemis d'une espèce
lifférente mais c'est de l'homme, oui, c'est de lui-même,
[ùe l'homme éprouve le plus de maux.
VERSION XVII.
Le Parasite, ou le Flatteur.
17. Dieux immortels! quelle supériorité
un homme a sur
A autre! Quelle différence entre le sot et l'homme d'esprit!
foici ce qui m'a inspiré cette pensée:aujourd'hui, à
rrivée, je rencontre un particulier d'ici, un individu demon
lasse et de ma condition, honnête homme, qui avait aussi ma
angé son patrimoine. Je le vois crasseux, malpropre, défait,
hargé de haillons et d'années. Qu'est cela? lui dis-je;
uoi cet accoutrement?
« pour-
— C'est que j'ai eu le malheur de
rdre tout ce que je possédais. Hélas! où en suis-je réduit !
lonnaissances, amis, tout m'abandonne.
»
Alors je le trouvai bien petit en le comparant :
à moi « Com-
ment, lui dis-je, homme sans caractère! t'es-tu mis en cet état
je ne plus trouver
en toi nulle espérance? As-tu perdu l'esprit
Vec la fortune? Regarde, moi qui suis de la même condition :
!
uel teint! quel embonpoint! quelle mise! quelair de santé
ans toute ma personne J'ai tout, sans rien avoir. Je ne pos-
Me rien, et je ne manque de rien.
—
-
Mais moi, malheurcu-
ement, je ne puis ni faire rire, ni endurer les coups. Eh
Possum. —Quid? tu his rebus credis fieri? Tota
erras via.
Hoc novum est aucupium ;
OHm isti fuit generi quondam quaestus apud
seclum prius.
ego adeo hanc primus inveni viam.
Est genushominum, qui esse primos omnium
se rerum voluut,
Nec sunt. Hos consector : hisce ego
non paro me ut rideant,
Sed eis ultro arrideo, et eorum ingenia admiror simul
:
Quidquid 6 dicunt, laudo ; id rursum si negant, laudo id
quoque :
Negat quis, nego ; ait, aio } postremo, imperavi egomet mihi
Omnia assentari : is quaestus nunc est multo uberrimus.
7
6. §§ 292el513,nota. -7,267.
VERSIO XVIII.
Nero artifex.
et musica,
18. Inter ceteras disciplinas pueritiae tempore imbutus
statim ut principatum adeptus est, Terpnum
eitharoBdum vigentem tunc præter alios aceersiit, diebusque
continuis post ccenam canenti in1 mulram noelem assidens,
paulatim et ipse meditari exercerique coepit, nec eorum
quidquam omittere, quæ generis ejus artifices, vel conser-
vandæ vocis causa vel augendae, factitarent : donec blan-
diente profectu quanquam exiguaB vocis et fuscae, prodire
,
in scenam concupivit, subinde inter familiares græcum
proverbium jactans, occulta; musicæ nullum esse respectum. Et
prodiit Neapoli primum. Captus autem iflodulalis Alexan-
drinorum laudibus2, qui de novo commealu Neapolim3
confluxerant, plures Alexandria.4 evocavit. Neque eo5
segnius adolescentulos equestris ordinis, et quinque am-
plius6 milliae pleberobustissimae juventulisundiqueelegit,
qui? divisi in8 factiones plausuum genera condiscerent,
operamque ipsi, non mediocri auctoramento, navarent.
Quum niagni9 aestimaret cantare, etiam Romæ Neroneum
agona ante praBstitutam diem revocavil;flagitantibusque:
cunctis ccelestem vocem, nomen suum inalbo profitentiunii
3.§368.-4.367, —5. g 258. -G. g 263, :°.-
I. § 445.-—2. § 328
7.235. — 8. § 445, Go. -9.310.
noi ! penses-tu donc que les choses se passent
complètement. Cette méthode était bonne
? Tu te
ainsi
rompes au temps
Id is, chez la génération précédente. Mais voici une nouvelle
;
nanière de piper les gens et c'est moi qui le premier ai trouvé
ette voie.
Il existe une certaine classe d'individus qui veulent être
s «
premières gens du monde, et qui ne le sont pas. C'est à
eur personne que je m'attache. Je ne m'arrange pas pour les
aire rire, mais je m'empresse de rire avec eux, et j'admire en
nême temps leur esprit. Tout ce qu'ils disent, je l'approuve
e contredisent-ils, j'' les approuve encore. On dit non, je dis
;
ion; on dit oui, je dis oui. Enfin, je me suis imposé la loi
l'applaudir à tout. Cette méthode est aujourd'hui de beaucoup
i plus lucrative. »
VERSION XVIII.
Néron artiste.
18. Entre autres connaissances, il avait appris la musique
lèsses premières années. Aussitôt qu'il fut parvenu à l'empire,
Rappela à sa cour Terpnus, le plus fameux joueur de luth à
ette époque; et, pendant plusieurs jours de suite, assis auprès
,u maître qui chantait, depuis le souper jusqu'à une heure
vancée de la nuit, il se mit insensiblement à étudier et à
'essayer lui-même, sans oublier aucune des précautions
u
jévelopperleurvoix : ,
employaient les artistes de ce genre pour conserver ou pour
enfin, content de ses progrès, quoiqu'il
ût la voix faible et voilée il voulut paraître sur la scène,
épétant souvent 4ses amis ce proverbe grec, que la musique
fesf rien, quand on la cultive sans témoins. Et Naples fut le
héâtre de ses débuts. Charmé des louanges harmonieusement
adencécs des habitants d'Alexandrie, qui, nouvellement ar-
ivés, s'étaient rendus en foule à Naples, il en fit venir un plus
rand nombre. Cela ne l'empêcha pas de choisir les plus jeunes
hevalirrs, et plus de cinq mille individus pris parmi le peuple,
Ons toute la vigueur de l'âge, qui, partagés en plusieurs
pbales, devaient apprendre les différentes manières d'ap-
laudir, et, moyennant un salaire considérable, lui prêter
secours. Comme il tenait singulièrement à chanter en
Iltblic,
eur
à Rome encore il avança l'époque des jeux Néroniens;
(t tout le monde le suppliant de
faireentendre savoixdivine, il
e fit inscrire au nombre de ceux qui devaient concourir, mit
citbarcedorum jussit adscribi sorticulaque in urnam cum
ceteris demissa, intravit ordine, suo, simul praefecti praetorii
citharam sustinentes, post tribuni mililum, juxtaque ami-
corum intimi. Ulque constitit, peracto principio, Nioben
se cantaturum per Cluvium Rufum consularem pronun-
tiavit, et m horam fere decimam perseveravit, coronamque
eam et reliquam certaminis partem in sequentem annum
distulit, ut canendi sæpius esset occasio.
VERSIO XIX.
Qucedam de Tito Flavio Domitiano.
permansit :
irritat. Sed neque in clementiæ, neque in abstinentiae tenore
et tamen aliquanto celerius ad saevitiam des-
civit, quam ad cupiditafem. Discipulum Paridis, ab ipso
ante necati, pantomimum , impuberem adhuc, et quum 7
maxime ægrum, quod arte formaque non absimilis ma-
;
gistro videbatur, occidit; item Hermogenem Tarsensem,
propter quasdam in historiã iiguras librariis etiam qui
earn descripserant, crucifixis. Ne aulem singula perscquar,
eratnon solum magnae,sed etcallidae impinalaequesaevitia1.
1. g i95, Hem. —2.§401. — 3.g223, Rem — i. § 461. -;).")I.-
6. § 225, Rem.. -7. § 270,2°.
ion nom dans ruine avec les autres, et parut à son tour,
iccoinpagné des préfets du prétoire, qui portaient son luth,
iuis des tribuns militaires, enfin de ses plus intimes anus.
pès qu'il eut pris place, après avoir préludé, il chargea le
le fit entendre
1 remit à l'année suivante le prix de musique ,
tonsulaire Cluvius Rufus d'annoncer qu'il chanterait Niobé, et
presque jusqu'à la dixième heure. Cependant
et les autres
parties du concours, pour avoir plus souvent l'occasion de
:hanter.
VERSrON XIX.
e passage de Virgile :
nent horreur de toute espèce de meurtre, que, s'étant rappelé
-
Ante
Impiu quam caesis gens est epulata juvencis :
ivant qu'une race impie eût égorgé des bœufs pour s'en re-
aître dans ses festins), il se proposa de défendre par un édit
u'on immolât des bœufs. De même, pendant toutle temps de
i vie privée, et
pendant un certain temps de son règne, à
eine fit-il soupçonner en lui un sentiment de cupidité et
ravarice; au contraire, il donna souvent des preuves, non-
ulement d'un désintéressement remarquable, mais encore
'une extrême générosité. Ses largesses s'étaient répandues
vec profusion sur ceux qui l'entouraient, et la première, la
lus pressante de ses recommandations, était de ne rien faire
ui sentît l'avarice. Il réprima les fausses accusations intentées
:
Our le fisc, par des peines sévères infligées aux accusateurs, et
:
on citait de lui cette parole Leprince qui ne châtiepoint les
Uateurs, ne fait que les exciter. Mais il ne persévéra ni dans la
oie de la clémence, ni dans celle du désintéressement toute-
;
us, il se laissa entraîner plus vite à la cruauté qu'à la cupidité.
gavait fait mourirParis il fitausi mettre à mort un panto-
iiine,son disciple, à peine adolescent, malade dans ce moment
lême, parce qu'il semblait avoir quelque rapport avec son
laître par l'extérieur et par le talent. Il condamna également
ermogène de Tarse, à cause de certains traits piquants insérés
ms son histoire; les copistes mêmes furent mis en croix. Sa
uauté, pour ne point entrer dans tous les détails, était non-
Et quo 8 contemptius abuteretur patienlia hominum, nun-
:
quam tristiorem sententiam, sine praefatione dementia
pronuntiavit ut9 non aliud jam certius alrocis exilus
signum esset, quam principii lenitas.
Exhausfus operum ac munerum impensis, nihil pens]
habuit quin10 praedaretur omni modo. Bona vivorum el
corripiebantur :
mortuorum usquequaque, quolibet et accusatore et crimine.
satis erat objici11 qualecunque factun
dictumque adversus principis majestatem.
9.§503, 2U. —10.§4G2. -11. g 220.
8. § 504. —
VERSIOXX.
blares Romanorum imperanle Gallo.
20. Quidam aeternitati se commendari posse perstatuai
aestimantes, eas ardenter affeetant, quasi plus praemii i
figmentis aureis adepturi quam e conscientia honesle rec-
,
teque factorum. Alii summum decus in carrucis solih
altioribus et ambitioso veslium cultu ponentes, suoant sui
ponderibus lacernarum, quas fibulis aureis adnectunt collo
Alii, nullo1 quaerente, vullus severitate* adsimulata, pa
trimoniasuain3 immensum exlollunt,cultorum, utputant
feracium multiplicantes annuos fructus, quæ a primo ac
,
ultimum solem se abunde jaciitant possiùere. Ignoran
profecto majores suos per quos Romana ista magnitude
porrigilur, non divitiis eJuxisse, sed perbellasaevissima
nec opibus, nec victu, nec indumenlorum vililateagre-
gariis miiilibus discrepantes, opposila cuncta virlule supe-
;
rassc. Hiuc e eollatitiã stipe Valerius humatur4 ille Publi-
cola e subsidiis amicorum maritiinopsalilur cum liberi;
uxor Reguli; dotatur ex aerario filia Seipionis, <luum!
nobilitas florem adultæ virginis marcere diuturna absenlij
pauperis erubesceret patris. Nunc si ad aliquem bene num
malum tumenlemque loculis bouestus advena salulalun
1.§421. -2.12J. —3.§446,2*. — 4. g 394. -5. § 497.
seulement poussée loin, mais elle procédait encore avec raffi-
nement et par surprise. Et pour abuser d'une manière plus
:
insultante de la patience des hommes, jamais il ne prononça
une condamnation sans parler d'abord de clémence de sorte
qu'il n'y avait pas de plus sur indiced'unsinistre dénouement,
ique de le voir débuter par la douceur.
1 Epuisé par les dépenses des travaux et des spectacles, il ne
e
es
fit aucun scrupuled'exercer toute sorte de rapines. Partout
biens des vivants et des morts, quel que fût le dénon-
ciateur
et l'accusation, devenaient sa proie. Il suffisait d'allé-
guer une action quelconque, un propos, contraires à la majesté
du prince.
VERSION XX.
VERSIO XXI.
Salonis oppugnatio.
21. Oclavius * concitatis Dalmalis reliquisque barbaris,
Issam" a Caesaris amicilia averlit, convenlum vero Salo-
Ilis." neque pollicitalionibus, neque defiunliatione periculi
permovere potuit. Oppidum et loci natura et colle niunitum
oppugnare instituit : sed celeriler cives ligneis effectis tur-
-
,
tendum propter paucitatem hominum, crebris confecti
,
vulneribus, ad extremum auxiJium descenderuot, servos-
que omnes puberes liberaverunt et praeseclis omnium
mulierum crinibus tormenta effccerunl.
,
Quorum cognila sententia ,
Octavius quinis
oppidum eircumdedit, atque uno tempore obsidione el
I
castris
a
oppugnatione eos premere ccepit. Illi, omnia perpeli pa-
rati, maxime re frumenlaria laboraballt. Quare missis
ad Caesarem legatis, auxiiium ab eo petebant; reLiqua, ut
spatio ,
poterant, incommoda sustinebant. At, longo inlerposilo
quum 3
diuturnitas oppuguationis negligentiores
Octavianos effecisset, nacti occasionem meridiani temporis
discessu eorum pueris mulieribusque in muro disposilis,
ne quid 4 ,
quotidianae consuetudinis desiderarefur 5,
ipsi,
* Un des lieutenants de Pompée.
n Issa villeassezimportante,située dansune lie du même Horn, pres
descotesdelaDalniatie.
,
|
'affabilité romaine, vous réitérez le lendemain votre visite, il
rous reçoit comme un inconnu, comme un aventurier; il reste
mgtemps sans savoir qui vous êtes, d'où vous venez.
,
arbares, détacha du parti de César les habitants d'Issa;mais
ne put, ni par promesses ni par menaces ébranler le conseil
:
e SaJone. La place était défendue par la nature du terrain et
ar un coteau il résolut d'en faire le siège. Mais les citoyens
irent bientôt élevé des tours de bois pour se défendre; puis,
)mme ils étaient trop faibles pour résister, vu leur petit
loyens extrêmes :
ombre,exténués à force de blessures, ils eurent recours aux
ils affranchirent tous les esclaves en âge
e puberté; toutes les femmes se coupèrent les cheveux, et
m en fit des câbles pour les machines.
Instruit de leurs dispositions,Octavius forma cinq camps
itour de la place; il commença en même temps à l'investir et
la presser par des assauts. Les assiégés étaient résolus à tout
ils
Idurer; mais souffraient surtout du manque de vivres. Ils
ivoyèrent donc demander du secours à César; quant aux
itres maux, ils les supportaient de leur mieux. Cependant,
longueur dusiègeayant rendu lessoldatsd'Octavius moins
gilants, les assiégés choisirent l'heure de midi (le moment
1
leurs ennemisétaient éloignés),mirent leurs femmes et
aïs enfants sur le rempart, afinquerien ne parût changé
fris leurs habitudes;puis,ayant formé une troupe avec les.
manu fajcta cum iis quos nuper liberaveranl, in proxima
Octavii castrairruperunt : iis expugnatis,.allera 6 sunt
adorti, inde tertia et quarta, et deinceps reliqua, omnibus-
que eos castris expulerunt, et magno uumero interfecto
reliquos atque ipsum Octavium in naves confugere coe-
,
gerunf.
Hie fuit oppugnationisexitus. Jam hiems a ppropinqua-
bat; et tantis detrimentis acceplis, Ûclayius, desperata
oppugnatione, Dyrrachium? sesead8Pompeiumrecepit.
-7.36S. -
<3. g 289.
>
--
8. g 370
VERSJOXXII.
,
3°.
nombre ;
camps enfin, et en chassèrent les ennemis. Il en périt un grand
le reste, et Octavius lui-même, fut obligé de se sauver
sur les vaisseaux.
Telle fut la fin de ce siège. Déjà l'hiver approchait; et, après
des pertes si considérables, Octavius, désespérant de s'emparer
de la ville, se retira à Dyrrachium auprès de Pompée.
VERSION XXII.
,
Tous les historiens qui ont parlé de lui s'accordent à dire que
personne ne l'a surpassé ni en vices ni en vertus. Né dans
une ville si fameuse, issu d'une grande famille, le plus beau
:
sans comparaison de tous ceux de son âge, il était propre à
tout, et plein d'habileté car il fut grand capitaine sur terre et
Il
;
sur mer. maniait la parole avec un talent qui faisait sa prin-
cipale force et tel était le charme de sa figure et de son lan-
gage, que personne ne pouvait résister à ses discours.Puis-il
savait être, quand il le fallait, laborieux, patient, libéral,
magnifique, au dehors, comme dans son intérieur; affable,
:
insinuant, il se prêtait aux circonstances avec une singulière
habileté ce même Alcibiade, dès qu'il se donnait du repos, et
qu'il n'avait plus de raison d'appliquer son esprit à un travail
soutenu, se montrait déréglé, lâche, voluptueux, intempé-
:
rant de sorte que tout le monde s'étonnait de voir dans un
seul et même individu des contrastes si frappants et une telle
-
diversitéde caractère.
Elevé dans la maison de Périclès (qui était, dit-on son
d
,
beau-père), il fut disciple de Socrate et gendre Hipponicus,
le plus riche de tous les Grecs. Ainsi, cet homme, à qui su
naissance, sesrichesses, sa beauté, la faveur populaire et ses.
etiam usus 7 est magistris optimas sortilus est affinitates :
,
nt8, si 9 ipse fingere se vellet,
,
neque plura bona commi-
Disci, neque majora posset consequi quam vel fortuna vel
natura tribuerat.
7.3330. — 8. § 503, 2°. -9.3214, 3".
VERSIO XXIII.
DeThemistocle.
23. Themistocles, Neoclisfiiius, Atheniensis. Hujus vitia
ineuntis adolescenliaB magnis sunt emendala virlulibus
adeo ut anteferatur huic nemo, pauci pares puten!ur. Pater
:
ejus, Neocles, generosus fuit. Is uxorem Halicarnassiam
civem duxit, ex quã natus est Themislocles. Qui quum a
I
VERSION XXIII.
Thémistocle.
23. Thémistocle, fils de Néoclès, était d'Athènes. Les vices
qui signalèrent sa première jeunesse furent rachetés par de si
grandes vertus, qu'il n'est personne qu'on lui préfère, et qu'on
lui donne peu de rivaux. Son père, Néoclès, était noble. Il
é pousa une citoyenne d'Halicarnasse, dont il eut Thémistocle.
La licence de sa conduite et l'abandon où il laissait son patri-
moine, ayant mérité au jeune Athénien le blâme de ses parents,
il fut déshérité par son père. Cette flétrissure, loin de l'abattre,
ne fit que le relever. Jugeant, en effet, qu'il ne pouvait l'effacer
que par de généreux efforts, il se livra tout entier aux affaires
publiques, et s'appliqua avec un soin particulier à se faire des
amis et à se créer une réputation. Il fréquentait surtout les
tribunaux civils, et se montrait souvent aux assemblées du
;
peuple. Aucune affaire de quelque importance ne se traitait
pans qu'il y assistât il trouvait vite les expédients nécessaires,
il
etsavait les expliquer facilement. Et n'était pas moins prompt
Si (
exécuter qu'à concevoir, parce que selon l'expression de
'hucydide), il appréciait le présent avec un discernementparfait,
et n'itait pas moins habile à tirer des conjectures pour l'avenir.
ussi ne tarda-t-il pas à s'illustrer.
à
Ce fut l'occasion de la guerre de Corcyre, qu'il débuta dans
e gouvernement. Le peuple lui ayant confié la conduite de
expédition, il rendit Athènes plus belliqueuse, non-seulement
our cette guerre, mais pour l'avenir. En effet, comme il
Voyait les revenus que l'Etat tirait des mines se consumer
nutilement, chaque année, par les largesses des magistrats, il
persuada au peuple d'appliquer ces fonds à la construction
une flotte de cent galères. Avec cette Hotte, qui fut rapi-
dement construite, il abattit d'abord les Corcyréens puis il
(p oursuivit les pirates, et en purgea la mer. Par ces victoires,
pi enrichit les Athéniens, et leur fit acquérir
en même temps
ne grande habitude de la guerre navale.
VERSIO XXIV.
Quo genere solitus sit philosophus Socrates exercere patientiam.
24. Inter labores voluntarios et exercitia corporis ad
fortuitas patientiae vices firmandi, id quoque accepimus
Socratem facere insuevisse. Stare solilus dicitur, pertinaci
G.
- -8.
1.241. Rem. 2.8 220. — 3.8 503. 4.«358. — 5.§c 503 2°.—-
g 472. — 7.472. g 307. —9.§400. — tit. g :W(;.
VERSIO XXV.
Qualem esse deceat patronum.
25. Nunquam patronus ad dicendum accedet cupiditatei
laudis et gloriae adductus, multo minus spe mercedis etj
VERSION XXIV.
Comment le philosophe Socrate s'exerçait à la patience.
24. Parmi les travaux volontaires et les exercices destinés à
ortifier son corps contre toutes les épreuves qu'il peut avoir
1 souffrir, on cite encore cette pratique de Socrate. Il se tenait,
lit-on, debout, en gardant constamment cette attitude, un jour
ît une nuit, depuis le lever de la lumière jusqu'à l'aurore
iuivante, les pieds fixés à la même place, le visage et les yeux
:ournés vers le même point, plongé dans la méditation, comme
;i sa pensée et son âme s'étaient isolées de son corps. Favo-
'inus, qui parlait souvent de la force d'âme de ce philosophe,
sn étant venu à ce fait, « Souvent, dit-il, Socrate restait debout
,
grâce à ses habitudes sobres et modérées, se garantit de l'at-
teinte corruptrice des passions et conserva si bien sa santé
qu'il échappa complètement au fléau qui frappait tout le monde.
,
On rapporte encore que sa femme Xanthippe avait l'humeur
VERSION XXV.
Quel doit être le caractère de l'avocat.
25. Un avocat, eu se chargeant de ce rôle, ne devra jamais
avoir pour mobile le désir de la louange et de la renommée,
bien moins encore l'espoir de la récompense et du gain. Loin.
lucri. Paciscendi quidem iste piraticus mos, et imponen-
tium periculis pretia procul abomiuanda negotiatio, longe
ab illoaberit. Si1 sufficientia sibi (modica autem haecsunt),
possidebit, turpe ducet vendere operam, et sordido quaestu
:
elevare tanti beneficii auctoritatem. Non defendet ille nisi
viros bonos nunquam injusta3tuebitur sciens, nee porlum
ilIum eloquentiae salutarem etiam piratis patefaciet.
VERSIO XXVI.
Albadiruilur.
VERSION XXVI.
1
Ruine d'Albe.
r
26. Déjà l'on avait détaché en avant la cavalerie, pour
murailles
ransporter à Rome la population d'Albe. On fit marcher
ensuite
les légions pour raser la ville. A leur entrée, on nevit
pointcetteagitation tumultueuse et cette épouvante qui régnent
dans les villes prises, quand les portes ont été brisées, les
renversées avec le bélier, la citadelle emportée
4
ac tacita moestitia ita defixit omnium animos ut, prae5 ,
arce vi capta, clamor hosLilis, et cursus per urbem arma-
torum omnia ferro flammaque miscet3 : sed silentium triste
,
Egressis urbe Albanis, Romanus passim publica priva-
taque omnia tecta adæquat solo unaque hora quadringen-
torum annorum opus, quibus12 Alba steterat, excidioac
ruinis dedit. Templis tamen deum (ita enim edictum ab
regefuerat) temperatum est.
,
3. S 208.IV, Rem. 1 — 4. S 208.-5. S 441. — G. g 399, 30. -
7. §287 2°. — 8.8 363.
§ 287
.— 10. g 499.
- 9. fIellènismr. Voyez la Methods grecque ,
g
— 11. g 499,.—)2. 375.
VERSIO XXVII.
Qucedam de genere Dnddurn. apud Gallos.
27. Disciplina Druidum in Britannia reperta, atque indc
in Galliam translata1 esse exislimatur : et nunc, qui diJi-
gentius earn rem cognoscere volunt, plerumque illo discendi
causa proficiscuntur.
Druides a bello abesse consueverunt2, neque tributa una
cum reliquis pendunt; militiæ vacationem omniumque
rerum habent immunitatem. Tantis excitati præmiis, et
,
dans un silence de consternation la crainte faisant oublier ce
qu'il fallait laisser, ce qu'il fallait prendre tous les sens
troublés, et s'interrogeant les uns les autres, tantôt ils restaient
sur le seuil de leurs portes, tantôt ils erraient avec une sorte
,
dégarement dans toutes les parties de leurs maisons, pour
lesrevoir cette fois encore la dernière fois. Mais déjà les cris
des cavaliers qui bâtaient le départ, devenaient plus pressants;
déjà ils entendaient le fracas des maisons qu'on démolissait
:
aux extrémités de la ville; et de cet éloignement un nuage de
poussière était venu envelopper tous les objets chacun se
charge précipitamment de ce qu'il peut, et abandonne ces
foyers, ces pénates, ce toit où il avait reçu le jour, où s'était
élevée son enfance. Bientôt, les troupes d'expatriés, se rejoi-
gnant, avaient rempli les rues: En se revoyant les uns les
autres, le sentiment réciproque de leur malheur renouvelait
leurs larmes. On entendait aussi des cris lamentables, sur-
tout ceux des femmes, lorsque, passant à côté des temples,
Dbjets de leur vénération, elles les voyaient investis de soldats,
Et laissaient leurs dieux,
pour ainsi dire, prisonniers.
Tous les habitants avaient quitté la ville. Les Romains se
•
répandent dans son enceinte, et rasent jusqu'au sol tous les
t
VERSION XXVII.
|
Quelques particularités sur la classe des Druides,chez les
Gaulois.
f 27. On croit que la doctrine des DruiJs a pris naissance
fans la Bretagne, et qu'elle fut de là transportée dans la
Saule; et aujourd'hui ceux qui veulent en avoir une connais-
lance plus approfondie, se rendent ordinairement dans cette
le pour y acquérir cette instruction.
i Les Druides
ne vont point à la guerre, et ne payent aucun
les tributs imposés aux autres Gaulois; ils sont du
exempts
rvice militaire et déboute espèce de charges. Séduits
par de
3
suã sponte mulli in disciplinam conveniunt, et a paren-
:
tibus propinquisque mittuntur. Magnum ibi numerum ver-
suum ediscere dicuntur itaque annos nonnulli vicenos* ir
discipline permanent. Neque fas esse existimant ea litteris
mandare, quum5 in reliquis fere rebus publicis, privatisqu<
instituisse videntur :
rationibus, græcis utantur litteris. Id mihi duabus de causii
quod 6
neque in vulgum disciplinan
;
efferri velint, neque eos qui 7 discant, litteris confisos,
8
memoriae minus studere quod fere plerisque accidit, ut,
prassidio litterarum, diligentiam in perdiscendo ac memo-
riam remittant. In primis hoc volunt persuadere,noninter-
ire animas, sed ab aliis post mortem transire ad alios; atqu<
hoc maxime ad virtutem excitari putant, metu mortii
neglecto.
Multa præterea de sideribus atque eorum motu, df.
mundi ac terrarum magnitudine, de rerum naturã, dE
deorum immortalium vi ac potestate disputant, et juven-
tuti transdunt.
— 8. - g 490.
,
3.§127 ablat.sing. -4.143 g
— 5. 488. -G. g 491. — 7. S 50^
VERSIO XXVIII.
In marilimis urbibus citius quam in mediterraneis morum
disciplinam corrumpi.
28. Est maritimis urbibus quædam corruptela ac mulatio
morum : admiscentur enim novis sermonibus ac diseiplinis,
mores
grum.
:
et importantur non merces solum adventitiae, sed etiam
ut
Jam
1 nihil
qui
possit
incolunt
in
eas
patriis
urbes,
institutis
non hærent
manere inte-
in suis se-
a
dibus, sed volucri semper spe ac cogitatioue rapiuntur
domo longius2 ; atque etiam quum manent corpore animo
tamen excurrunt et vagantur. Nec vero ulla res magis
labefactatam diu et Carthaginem et Corinthum pervertit:
aliquando, quam hie error ac dissipatio civium, quod
mercandi cupiditate4 et navigandi, et agrorum et armorumj
,
cultum rcliqtierant.
:
ractères grecs. Deux raisons, ce me semble, leur ont fait établir
,
sur l'écriture ne négligent leur mémoire :
cet usage l'une est d'empêcher que leur science ne se répande
dans le vulgaire; et l'autre, que leurs disciples, se reposant
car le secours
qu'on tire des livres produit presque toujours ce résultat,
qu'on s'applique moins à ce qu'on apprend, et que la mémoire
y apporte moins de travail. Une croyance qu'ils cherchent
:
surtout à établir, c'est que les âmes ne périssent point, et
qu'après la mort, elles passent d'un corps dans un autre cette
idée leur paraît singulièrement propre à inspirer le courage,
en rendant les esprits insensibles à la crainte de la mort.
Les astres et leurs mouvements, l'immensité de la terre et
du monde, la nature des choses, la force et la puissance des
dieux, tels sont encore les fréquents sujets de leurs discours,
et les connaissances qu'ils transmettent à la jeunesse.
VERSION XXVIII.
Les villes maritimes se corrompent plus tôt que les villes situées
dans l'intérieur des terres.
28. Il y a dans les villes maritimes un esprit de corruption
,
et une certaine mobilité d'habitudes. Elles sont en contact
avec de nouvelles langues de nouvelles idées. Le commerce
:
y importe non-seulement des marchandises, mais aussi des
mœurs étrangères de sorte que les institutions du pays n'y
subsistent jamais sans altération. D'abord, ceux qui habitent
ces villes ne s'attachent pas à leurs foyers; leurs pensées et
leurs espérances volages les entraînent toujours bien loin de
leur demeure; et, lors même que leur corps est présent, leur
imagination s'échappe néanmoins et voyage à l'aventure. Si
Carthage et Corinthe, après une longue décadence, ont fini
par tomber, rien n'a plus contribué à leur chute, que cette
humeur vagabonde et cette dispersion de leurs citoyens, à qui
1amour du commerce et de la navigation avait fait abandonner
la culture des champs et l'exercice des armes.
Multa etiam ad luxuriam invitamenta perniciosa civila-.
tibus suppeditantur mari 5, quae vel capiuntur, vel impor-
tantur; atque babet jam locorum amoenitas ipsa vel sum-
ptuosas vel desidiosas illecebras multas cupiditatum. Et quod
de Corinlho dixi, id6 haud scio an7 liccat de cuncta Graecia
verissime diccre. Nam et ipse Peloponnesus fere tota in
;
mari est et extra Peloponnesum yEnianes et Dores et Do-
lopes soli absunt a mari. Quid8 dicam insulas Graeciae?
Quæ fluctibus cinctae, natant pæne ipsae simul cum civi-
tatum institulis et moribus. Coloniarum vero quæ est de-
ducta a Graiis in Asiam, Thraciam, Italiam, Siciliam,
Africam, præter unam Magnesiam, quam unda non alluat?
Ita barbarorum agris quasi quaedam attexta videtur ora
esse Graeciae.
5. §g 328 el19. —6.§328. —7.§475. -8. §-j63.
VERSIO XXIX.
L. Junii Bruti ingenium.
29. Saeviente Tarquinio superbo exstitit L. Junius Bru-
tus, ad haec tempora servatus fatis, ut grave servituli;
jugum Romanis demeret1. Excelso animo pollens, ejus-
dem, quum opus esset,callidus dissimulator. Ita sui po-
tens, ut inclusa diu compressaque ilia ingenii lux, non
prius quam necessefuit2, erum peret. Suæ rei negligens3,
publicae studiosissimus; spiritus ingens, audaciae plurimuno:
et consilii;peritus animorum artifex,quos4 ad arbitriurr:
fingeret; par unus toti regiae stirpi, quam in exsiliun
ejecit. Parens, vindex, custosque libertatis, cujus tam aceH
in eo sensus, ut5 alios omnes sensus exsLingueret. Hujus
enim condendae tempus opperiens, se ipsum exuerat UI
conditam servaret, patrem exuit, libertatis amore, modo
;
stolidum se, modo immisericordem gerens. Hanc collegae
hanc natis, hanc vitae suæ praetulit, in ipsa tuenda morteni
oppetens, vir non magis ad inilium stabiliendae libertati.1 6
datus, quam ad exemplum retinendae. Ex illo quasi fomito
1.§223,Rem.
-4. § 236, 2". -
- -:t,
2. S 495, llem. S
5. S 503.— 6. $ 400, 2".
,
313 lio ajoutez encore, rlc'-
La mer fournit encore aux eues, par les prises ou les im-
portations, beaucoup de pernicieux excitants pour le luxe; et
il y a déjà, dans le charme même des lieux,mille séductions
Je dépenses ou d'oisiveté, qui favorisent les passions. Et
peut-être, ce que j'ai dit de Corintlie pourrait s'appliquer
parfaitement à toute la Grèce. En effet, le Péloponnèse est
presque tout entier dans la mer; et, hors du Péloponnèse, les
Enianes, les Doriens, les Dolopes sont les seuls peuples éloi-
gnés de cet élément. Que dirai-je des îles de la Grèce? Envi-
ronnées d'une ceinture de flots, elles sont, pour ainsi dire,
flottantes elles-mêmes avec les institutions et les mœurs de
leurs cités. Et parmi les colonies que les Grecs sont allés
fonder en Asie, en Thrace, en Italie, en Sicile, en Afrique, en
est-il une seule, excepté Magnésie, que la mer ne baigne de
?
eaux
bordure
ses Ainsi la Grèce semble couronner
les terres occupées par les barbares.
comme d'une
VERSION XXIX.
Caractère de L. Junius Brutus.
VERSIO XXX.
exsequiis.
Plinii Ccecilii Secundi ad amicum epistola de Virginii Rufi
;
etiam quos recusavit. Nobis tamen quærendus ac deside-
randus est, ut exemplar ævi prioris mihi vero præcipue,
qui ilium non solum publice, sed etiam privatim, quan-
tum 2 admirabar, tantum diligebam : Primum quod utrique
eadem regio, municipiafinilima agri etiam possessiones-
que conjunclæ 3; ,
4
praeterea quod ille, tutor mihi relictus,
affectum parentis exhibuit. Sic candidatum me suffragio
ornavit, sic ad omnes honores meos ex secessibus accurrit,
quum jam pridem ejusmodi officiis renunliasset:
Quibus ex causis aliisque necesse 5 est tanquam imma-
turam mortem ejus in sinu tuo defleam : si tamen fas est:
aut flere, aut omnino mortem vocare, quã tanla viri mor—
talitas magis finita, quam vita, est. Vivit enim vivetquei
semper, atque etiam latius in memorjã hominum ac ser-.
mone versabitur, postquam 6 ab oculis recessit.
Volui libi multa alia scribere, sed totus animus in hac:
unã conlemplatione defixus est. Virginium cogito, Virgi-
l. § 348.-2. §§236 et228.—3. S39..—4. § 490. -5. S502,'—G. g 490..
cœur des Romains un si vif amour de la patrie, que, dans la
suite, ils se firent un principe de la préférer à leurs plus
chères affections, à leur existence même. Enfin, les destins de
la liberté se trouvèrent singulièrement liés au nom deBrutus
: :
;
c'est ce nom qui la commence et qui la finit en naissant, elle
eut un Brutus pour fondateur en périssant, ce fut encore un
Brutus, son dernier vengeur, qu'elle entraîna dans sa tombe.
VERSION XXX.
VERSIO XXXI.
Prcecepta Musarum.
,
Tecum graia loqui, tecum romana vetustas.
Antiquos evolve duces assuesce futurae
Mili/iæ; latium retro te confer in aevum.
Libertas quæsita placet3? MirabereBrutum.
Perfidiam damnas? Metii saliabere pcenis.
?5
Triste 4 rigor nimius Torquali despue mores.
Mors impensa bonum ? Decios venerare ruentes.
,
Velsolus quid6 fortis agat, te, ponte soluto
Oppositus Codes Mucii te flamma docebit;
,
Quid mora perficiat, Fabius; quid rebus in arctis
Dux gerat, ostendet Gallorum strage Camillus.
Discitur hinc nullos merilis obsistere7 casus
Prorogat aBternam feritas, tibi, punica famam ,
:
Regule; successus superant adversa8 Catonis.
Discitur hinc quantum paupertassobria possit:
Pauper erat Curius, reges quum vinceret armis
Pauper Fabricius, Pyrrbi quum sperneret aurum.
;
Sordida Serranus flexit dictator aratra;
Lustratæ lictore casae, fascesque salignis
Postibus affixi; collectae consule messes
Et sulcata diu trabeato rura colono.
,
1.-254 .-2. g 235. -3. g 467, Rem. -4. g 238. -5. § 238. -6.472.
-7.220. —8.§192.
ginius que je pense, c'est Virginius que je vois, Virginius, qui
: , ,
n'est plus qu'une vaine image, mais une image encore vivante
devant moi je l'entends je lui parle je le tiens. Nous avons
et nous aurons peut-être quelques citoyens qui égalent ses
vertus, mais personne qui égale sa gloire.
•
VERSION XXX f.
<
Leçons des if/uses.
31. Tandis que ton esprit est encore tendre, applique-le
avec ardeur aux Muses, et propose-toi dans tes lectures des
exemples que tu imiteras bientôt; ne cesse jamais de t'entre-
tenir avec l'antiquité grecque et romaine. Passe en revue les
capitaines des anciens temps; accoutume-toi aux travaux guer-
riers que tu partageras un jour. Interroge le passé de Rome.
Aimes-tu voir la liberté conquise? Tu admireras Brutus. Con-
damnes-tu la pertidie? Tu jouiras du châtiment de Métius. Une
excessive rigueur te parau-elle odieuse? Déteste le caractère
de Torquatus. Te semble-t-il beau de sacrifier ses jours? Rends
,
liiommage au dévouement des Décius. Coclès arrêtant l'ennemi
pendant qu'on coupe le pont Mucius plongeant sa main
dans les flammes, t'enseigneront ce qu'exécute un homme de
:;
stances critiques. Là, des exemples t'apprennent qu'aucun
malheur ne fait tort à la gloire la cruauté des Carthaginois
assure à Régulus une éternelle renommée les revers de Caton
ce que peut l'honnête pauvreté:
sont supérieurs à des succès. Des exemples t'apprennent encore
Curius était pauvre, quand il
triomphait des rois sur le champ de bataille; Fabricius était
;
pauvre, quand il rejetait l'or de Pyrrhus. Le dictateur Serranus
dirigeaunegrossière charrue les cabanes reçurent des lic-
teurs, et les faisceaux furent suspendus à des portes de bois;
un consul récolta des moissons, et les champs furent long-
temps sillonnés par un laboureur qui avait revêtu la trabée.
VERSIO XXXII.
Laudator Theodosii continentia.
32. Uhi primum principatum, Auguste, adeptus es, non
,
inciperecensurara, et irapendia palatina minuendo7, nec
solum abundantem rejiciendo sumptum, sed vix necessa-
rium usurpando demensum quod natura difficillimum est,
emendasti yolentes. An quis ferret8 moleste ad principis
tentem,
?
solantem
0
,
semet9 modum coerceri? Aut subtractum sibi doleret de
privatã luxuriã, quum1 yideret imperatorem, rerum po-
terrarumhominumque dominum parce conten-
teque viventem, modico et castrensi cibo jejunia longa
Ad hoc aulam omnem spartanis gynmasiis
duriorem laboris, patientiae, frugalitatis exemplis abun-
dantem? ,
Neminem unum inveniri, qui auderet ad penum
regiam llagitare remotorum littorum piscem, peregrini
aerisyolucrem, alieni temporis florem?
Nam delicati illi ac fluentes, et quales tulit sæpe respu-
annum ,
blica, parum se lautos putabant, nisi luxuria vertisset;
nisi hybernae poculis rosae innatassent, nisi aBStiva
in gemmis capacibus glacie falerna frcgissent. Quin horum
gulae angustus eratnoster orbis. Tuae, imperator, epulæ,
mensis communibus parciores, locorum ac temporum fruc-.
tibus instruuntur. Hinc certalim in omnes luxuriaB pudor,,
parcimoniae cultus inolevit, et quiescentibus legum minis, I
,, , ,
I.§401 2". — 2.§603 2". — 3. g 190. — 4. g291.
6. g 223 Hnn. — 7. gg 112 ct115, Item. —8.§471 T.
-- :
§219. --
:lltl.-.
10.g 499 , 1•
Rem.
VERSION XXXII.
Eloge de la simplicité de Théodose.
32. Dès votre avènement à l'empire, prince, non content
de vous être mis vous-même hors de l'atteinte des vices, vous
:
vous êtes encore appliqué à corriger ceux des autres, avec
ménagement toutefois vous sembliez plutôt engager au bien,
que l'imposer de force. Et comme un long commerce avec
1Orient, ou la molle condescendance d'un grand nombre de
princes vos prédécesseurs, avait tellement corrompu par le
juxe une partie de la nation, que l'habitude de la licence, déjà
fortement établie, devait, selon toute apparence, céder mal-
aisément aux remèdes, pour que personne ne se crût victime
d'une injustice, vous avez voulu vous soumettre le premier à
la censure; et, en réduisant les frais de la maison impériale,
en bannissant la profusion dans les dépenses, que dis-je? en
:
vous accordant à peine le nécessaire pour votre entretien,
vous avez fait ce qu'il y a naturellement de plus difficile vous
avez opéré une réforme sans contrainte. Quelqu'un pouvait-il
trouver mauvais d'être ramené aux bornes où le prince se
renfermait? un sujet se plaindre qu'on-retranchât quelque
chose à son luxe, en voyant l'empereur, le chef de l'Etat, le
maître de la terre et des hommes, vivre avec une sévère éco-
1
VERSIO XXXIII.
Bene esse gentibus sub unius imperio. et eodem hæreditario.
positis.
55. Quid causæ fuisse putatis cur1 ilia romanae ditionis,
tam diu, tam late formidanda , moles intra breve temporis
spatium collisa comminutaque dissiluerit? Nullusmonstra-
batur populis ceria2 lege constitutus baeres, qui3 et avidos
novarum rerum muliitudinis animos compesceret, et in-
hiantium dominatui facliosorum hominum ambitionem
,
frænareL Itaqueaudacissimus4 quisque ad imperium, velut
praedae relictum Thrax, Syrius, Illyrius, Hispanus, alii5
aliis artibus, quidam etiamper trucidati decessoris corpus
grassabantur.
Interim in novi cujusque imperatoris exortu, nova foris
bella, novæ domi seditiones exsurgere6. Quippe deerat7
vis ac majestas imperio, quod a8 militibus tanquam pre-
,
natum in regia, in solii gradibus educatum, alumnum prius
,
suorum civium quam regem in eamque spem statim ab
,
ipsa infantia populorum oculis subjectum, ubi necesse est,
,
palri succedentem non recens adscita sed prope nascenti
impressa et oculorum etiam assuetudine confirmata ma-
jestas ambit et commendat.
1.§472. — 2. g 328. -- 3. g 235. —5. g271. —5.§287, 2°.-s. §402.
-7. g 208, Kem. l. -8.324,5).§402.—11).§421. —11.$blU, 4".
: :
chacun a commencé en particulier à être mécontent de soi-
,
même. Car, il en est ainsi une réforme imposée ne fait que
révolter les esprits la plus douce invitation c'est l'exemple.
VERSION XXXIII.
Bonheur des nations qui jouissent d'une monarchie héréditaire.
u dedans:
î signal de nouvelles guerres au dehors, de nouveaux troubles
car l'empire manquait de force et de majesté. Ce
ouvoir, c'étaitl'armée qui le conférait, comme par grâce; et
fallait le payer d'une coupable indulgence et de son propre
sclavage. On voyait donc, comme un corps dont les liens sont
nlâchés, cette machine immense se dissoudre insensiblement;
:
la voyait, ébranlée par de fréquentes secousses, s'entr'ouvrir,
hanceler, s'écrouler enfin tant la frêle existence d'un faible
lus puissants empires, que des flottes et des légions Né !
infant, héritier du rang suprême, pèse plus pour le salut des
hominum, et ostentant ;
quis. Juvat1 me, quod 2 vigent studia, proferunt se ingenia
lamelsi3 ad audiendum pigre
coitur4. Plerique in slatiooibus sedent, tempusque audiendi
fabulis conterunt, ac subinde sibi5nuntiari jubent, an jam
recitator intraverit6, an dixerit praifationem, an ex magna
parte evolverit librum : turn demum, ac tunc quoque lento
cunctanterque veniunt, nec tamen permanent, sed ante
finem recedunt, alii dissimulanter etfurtim, alii simpli-
citer et libere. Athercule, memoria parentum, Claudium
Cæsarem ferunt, quum in palatio spatiaretur, audissetque
clamorem, causam requisisse : quumque dictum esset reci-
tare7 Nonianum, subitumrecitanliinopinatumquevenisse.
se diem,
,
Nunc oliosissimus 8 quisque, multo 9 ante rogatus, et iden-
tidem admonitus aut non venit, aut si10 yenit, queritur11
quia12 non perdiderit, perdidisse. Sed tanto13
magis laudandi probandique sunt, quos a scribendi reci-
tandique studio auditorum vel desidia vel superbia non
retardat. Equidem prope nemini defui: erant sane plerique
amici. Quibus ex causis longius quam destinaveram tempus
in Urbe consumpsi. Possum jam repetere secessum, et
scribere aliquid, quod non recitem, ne videar, quorum14
recitationibus affui, non auditor fuisse, sed creditor. Nam,
ut in ceteris rebus, ita, in audiendi officio, perit gratia,
si15 reposcatur.
:
on palais et ayant entendu un bruit d'acclamations, en de-
nanda la cause comme on lui dit que c'était Nonianus qui
aisait une lecture, il vint subitement, et sansêtre attendu, se
nêler à son auditoire. Aujourd'hui, les gens les moins occupés;
u'on a invités longtemps d'avance, et auxquels on a rappelé
î lusieurs fois l'invitation, ne s'y rendent pas, ou, s'ils viennent,
est en se plaignant d'avoir perdu leur journée, parce qu'ils
e l'ont pas perdue. Mais ils n'en méritent que plus d'estime
t d'éloges, ceux que cette indifférence ou ce dédain des au-
iteurs ne dégoûte pas d'écrire et de lire publiquement leurs
productions. Quant à moi, je n'ai manqué presque à aucune
ecture. Du reste, la plupart des auteurs étaient mes amis.
Voilà ce qui a prolongé mon séjour à Rome au delà du terme
:
ue j'y avais fixé. Je puis maintenant regagner ma retraite, et
îornposer quelque chose, sans en donner lecture je ne vou-
Irais pas paraître avoir prêté mon attention, plutôt que l'avoir
lonnée, à ceux qui m'ont vu parmi leurs auditeurs. En effet,
lans les obligations de ce genre, comme dans tout le reste,
)n perd ses droits à la reconnaissance, du moment qu'on les
ait valoir.
VERSIO XXXV.
Quod sit prceceptoris officium.
animum,
55. Sumat ante omnia parentis erga discipulos suos
ac succedere se in eorum locum, a quibus sibi1
,
liberi traduutur, existimet. Ipse nec habeat vitia, nec ferat.
Non austeritasejustristis non dissoluta sit comitas. ne
inde odium, hinc contemptus oriatur. Plurimus ei de ho-
2
neslo ac bono sit sermo. Nam quo saepiusmonuerit, hoc
rarius casfigabit. Minime iracundus, nec tamen eorum
quae emendanda erunt, dissimulator; simplex in docendo,
patiens laboris, assiduus magis quam immodicus. Interro-
ganlibus libenter respondeat; non interroganles percon-
tetur ultro. In laudandis3 discipulorum dictionibus, nec
malignus nec effusus, quia 4 res altera tædium iaboris.
manu leniantur : ,
sic objurgant quasi oderint. Jucundus turn maxime debet
esse praeceptor, ut, quæ alioqui natura sunt aspera, molli
laudare aliqua, ferre quaedam mutare
etiam, redditacur id fiat ratione; illuminare interponendo
aliquid sui.
Aliter6 autem alia ætas emendanda est, et pro modo
virium exigendum et corrigendum opus.
Ipse aliquid, imo multa quotidie dicat, quæ 7 secum
audita referant. Licet8 enim satisexemplorum ad imitan-
dum ex lectione suppeditet, tamen viva ilia, ut dieitnr"
vox alit plenius, praecipueque praeceptoris, quem diseipuli"
si 9 modo recte sunt instituti, et amant et verentur.
1.§276.-2. §259..—3.§412. — 4. S 490.,-5. § 490. — (i.:lS7,'2.
--7§235. -8.487, — 9.§214, 1°.
VERSION XXXV.
Devoir du maître.
35. Le maître doit, avant tout, prendre les sentiments d'un
bère envers ses disciples, et se figurer qu'il remplace ceux qui
:
lui confient leurs enfants. Qu'il soit lui-même exempt de vices,
pt qu'il n'en supporte pas. Que sa gravité ne soit pas chagrine,
;
fjuc son affabilité n'ait point trop d'abandon
:
d'un côté, il
exciterait la haine de l'autre, le mépris. Que l'honneur et la
yertu soient souvent l'objet de ses discours car plus il multi-
pliera les conseils, moins il usera des punitions. Qu'il ne s'em-
porte jamais, sans déguiser pourtant les fautes qui devront
être relevées. Simple dans son enseignement, patient au tra-
vail, qu'il y mette plutôt de l'assiduité que de l'excès. Qu'il
ïime à répondre aux questions; qu'il soit le premier à inter-
:
roger ceux qui ne lui en font pas. Pour les compositions de
ses disciples, qu'il ne soit ni avare, ni prodigue d'éloges dans
te premier cas, on leur inspire le dégoût du travail; dans le
jecond une sécurité qui ralentit leurs efforts. Que, dans les
,
Corrections,
: son langage n'ait rien d'amer, ne se permette
aucune injure car ce qui fait justement que beaucoup d'es-
ne prennent l'étudeen aversion, c'est que les réprimandes
prits
quelques maîtres semblent dictées par la haine. C'est alors
surtout qu'il faut se montrer aimahle., pour rendre plus doux,
ment:
en l'appliquant d'une main délicate, ce qui est rude naturelle-
il faut louer certaines choses, en supporter d'autres,
les changer encore, en expliquant la raison de ce changement,
les faire ressortir en y mêlant du sien.
On doit varier les corrections selon les âges, et mesurer le
, ,
travail, régler la critique en proportion de leurs forces.
Que le maître fasse entendre tous les jours de sa propre
bouche beaucoup de choses que ses auditeurs emporteront
avec eux. En effet, quoique la lecture leur offre assez d'exem-
ples à imiter, cependant la parole, cette parole vivante, comme
on dit, est une nourriture plus substantielle, et surtout celle
,
d'un maître que ses disciples, pour peu qu'ils soient bien
élevés entourent d'affection et de respect.
VERSIO XXXVI.
Animi imperio, corporis servitioutendum est. 1
:
existence dont nous jouissons est déjà courte de laisser de
nous le souvenir le plus long possible car la gloire des richesses
et de la beauté est frêle et passagère, la vertu brille d'un éclat
immortel.
d
Cependant une foule hommes, esclaves de leur ventre et
u sommeil, ont coulé leurs jours dans une grossière igno-
ance, en traversant la vie comme des voyageurs; et, contre
e vœu
de la nature assurément, leur corps a été, pour eux,
n objet de volupté, leur âme, un fardeau. Pour ma part, je
e mets aucune distinction entre leur vie et leur mort, puis-
u'on se tait sur l'une et sur l'autre. Mais celui-là seul me
araît vivre et jouir de son âme, qui, appliqué à quelque
ravail, cherche la renommée dans des actions éclatantes, ou
ans un beau talent.
Toutefois, dans cette grande multitude de choses, la nature
contre à chacun une voie différente. Il est beau de bien servir
1 république; le talent
de bien dire a son prix également. On
eut se distinguer dans la paix, comme dans la guerre. Beau-
oup de gens sont cités avec honneur, les uns, pour leurs
xploits, les autres, pour les récits qu'ils en ont faits. La seule
hose qui ne soit permise à personne, c'estde se manquer à
joi-même, et .de s'abandonner à une lâche indolence.
VERSIO XXXVII.
Caroli Quinti, Hispanorum regis, principatu so abdicantis,
ad Philippum Secundum, ipsius filium. oralio.
37. Si hæc provinciarum possessio ad te morle me;
1
aspicerem.
Exemplum hoc meum pauci imitabuntur :
,
tradituros gaudent. Ego postliumum hoc donum falo prae-
ripere volui, geminatum gaudium arbitratus, si te no]
magis viventem ex5 me, quam ex meregnantem vivu
nam et egl
quem6sequerer ex omni retro antiquitale vix babui. Lau
dabunt certe consilium, ubi7 te dignum comperienl in8 qui
prima hæc documenta monstrarentur. Id efficies si9, quae
adliuc coluisli sapientiam, si dominatoris omnium timorem
is
si catholicae religion palrocinium, si juris legumque tu
telam vera utiqueregnorum fundamenta, perpetuo reti
,
nueris.
Unum superesl, quod voveam ad extremum pater: u
tibi proles hujusmodi adolescal > in!u quam regna trans
ferre possis, necesse non habeas.
1. §214,3°. -2. S
220. — 3.§226, RIU. — 4. Ø 21 et 490, toutefo
cesmêmes,verbes,etc. — 5. g32(1. — G. g 236.— 7.§496.— 8. § ;)U.).-
9. g 20,4° —
10.g 505.
VERSIO XXXVIII.
Hominem iniquum esse divinorum munerum wstimatorem.
38. Vide quam iniqui sint1 divinorum munerum apst
matores, etiam quidam professi sapientiam. Queruntu
1.5172.
VERSION XXXVII.
DiscoursdeCharles-Quint, roi d'Espagne, à Philippe II son
fils, en abdiquant la couronne.
37. Si c'était ma mort qui vous eût mis en possession de ces
provinces, j'aurais quelque titre à la reconnaissance de mon
fils,en lui laissant un patrimoine si florissant, et si considé-
rablement accru par mes soins. Aujourd'hui que cet héritage
vous est échu, non par les lois de la nature, mais par ma propre
volonté; aujourd'hui qu'il a plu àvotre père d'avancer sa mort,
afin d'en avancer pour vous les fruits, tout ce que vous me
;
devez de plus pour ce temps dont je vous faisjouir par anti-
cipation je vous demande, et j'en ai le droit, de le reporter
en amour et en sollicitude sur les peuples que je vous confie.
Les autres monarques se félicitent d'avoir donné la vie à des
fils, et de prévoir qu'ils leur légueront un jour la couronne.
Moi, j'ai voulu ravir au destin ce don posthume, jugeant que
ce serait pour moi une double satisfaction, si je vous voyais,
de mon vivant, régner par moi, comme c'est de moi que vous
tenez l'existence.
("et exemple aura peu d'imitateurs : à peine ai-je trouvé
;
moi-même, dans tous les siècles précédents, un modèle que
je pusse suivre mais on louera ma résolution, sitôt qu'on vous
le
reconnaîtra digne d'être premier en qui fût donné cet
exemple. Or vous obtiendrez ce témoignage, si vous demeurez
toujours fidèle à la sagesse, que vous avez pratiquée jusqu'à
ce jour, à la crainte du souverain maître de l'univers; si vous
vous montrez le défenseur de la religioncatholique, le soutien
, :
de la justice et des lois, véritables fondements des Etats.
Il me reste à faire un dernier vœu le vœu d'un père c'est
que vous voyiez grandir sous vos yeux un fils en faveur du-
quel vous puissiez abdiquer la couronne, mais qui ne vous y
oblige pas.
VERSION XXXYIll.
L'homme est injuste appréciateur des présents du ciel.
38. Voyez comme les présents du ciel sont injustement
appréciés, même par certainsindividus qui font profession de
sagesse. Ils se plaignent de ce que nous n'égalons pas les élé-
quod non magnitudine corporis æquemus elephantes, ve-
locitate cervos, levitate aves, impetu tauros; quod solidior
sit cutis belluis, decentior damis, densior ursis, mollior
fibris.; quod sagacitate nos narium canes vincant, quod acie
luminum aquilæ, spatioaetatis corvi, multa animalia nandi
felicitate. Et quum3 quædam ne coire quidem in idem
Batura patiatur, ut velocitatem corporum et vires, ex.
diversis ac dissidentibus bonfs hominem non esse compo-
situm, injuriam vocant; et in negligentes nostri deos que-
rimoniam jaciunt, quod4 non bona valetudo et virtus inex-
pugnabilis data sit, quod non futuri scientia; vix sibi
temperant, quin5 eo usque impudentiae provehantur, ut
6
naturam odermt, quod infra deos sumus, quod non in
æquo illisstetimus.
Quanto7 satiusest ad contemplationem tot tantorumque
beneficiorum reverli, et agere gratias, quod 8 nos in hoc
pulcherrimo dODlicilio. voluerunt secundas sortiri, quod
terrenis praefecerunt. Aliquis ea animalia comparat nobis ,
quorum potestas penes nos est? Quidquid9 nobis negatum
est, dari non potuit. Proindc quisquis10 es
iniquusaesti-
mator sortis humanæ, cogita quanta nobis tribuerit"
parens noster, quanto13 valentiora animalia sub jugum
miserimus, quanto velociora consequamur, quam nihil13
sit mortale non sub ictu nostro posilum. Tot virtutes acce-
pimus, tot artes, animum denique, cuinihil14 non eodem1&
quo intendit momento pervium est!. magna accepimus,
majora non cepimus.
VERSIO XXXIX.
Quantum act-io" momenti habeat indicendo. Testes proferuntur
Q. Hortensius, Demosthenes, Eschines.
39. Q.Hortensius, plurimum in corporis decoromotu
reposilum credens, pæne plus studii in eo1 elaborando,
*L'adioll, partie de t'nrt oratoire, qui roioprend le debit et lesgestes.
1.g412.
;
pliants en grandeur, les cerfs en vitesse, les oiseaux en légè-
reté, les taureaux en vigueur de ce que les animaux de grande
taille ont la peau plus ferme, les daims, plus belle; les ours,
plus fourrée; les castors, plus souple; de ce que les chiens
l'emportent sur nous par la finesse de l'odorat, les aigles, par
l'éclat perçant de leur regard les corbeaux, par la durée de
leur vie, beaucoup d'animaux,, par leur aptitude à nager. Et
lorsque déjà la nature ne permet pas que certains avantages
>se trouvent réunis, comme la force et la vitesse, ils crient à
1injustice, parce que l'homme ne rassemble pas en lui des
qualités
ieux opposées et incompatibles entre elles; ils taxent les
d'insouciance à notre égard, ils les querellent de ce
qu'ils ne nous ont pas donné une santé robuste et un courage
indomptable, de ce qu'ils ne nous ont pas donné la science de
l'avenir; peu s'en faut que leur impudence n'aille jusqu'à
maudire la nature, de ce que nous nous trouvons au-dessous
des dieux, de ce que nous ne sommes pas leurs égaux.
Qu'il vaut mieux revenir à la contemplation de tant de
bienfaits, et leur rendre grâces pour nous avoir donné la
seconde place dans ce magnifique séjour, pour nous avoir faits -
!
rois de la terre On nous compare ces animaux dont nous
sommes maîtres? Tout ce que nous n'avons pas obtenu, ne
injuste
pouvait nous être accordé. Ainsi donc, qui que tu sois,
appréciateur de la condition humaine, songe quels bienfaits
nous avons reçus de notre père, comme nous avons mis sous
le joug des animaux plus forts, comme nous en atteignons de
plus agiles, comme il n'est rien de mortel qui ne se trouve à
portée de nos coups. Songe à toutes ces vertus, à ces capacités
qui nous sont départies, à cette âme enfin, cette âme à laquelle
toutes choses sont ouvertes, au moment même où elle y porte
sa pensée. Nous avons obtenu beaucoup: nous ne pouvions
tenir davantage.
,
in corona frequenter astitisse, ut foro petitos gestus in
scenam referrent.
Consenlaneum huic Demosthenis judicium qui quum
interrogaretur, quidnam.5 esset in dicendo cfficacissimum,
respondit, i, urroxpicic (actio). Iterum deinde et tertio inter-
pellatus, idem dixit, pæne totum se6 iJli debere confitendo.
Recte itaque Æschines, quum propter judicialem ignomi-
niam, relictis Athenis, Rhodum petisset, atque ibi rogatu
civitatis suam prius in Ctesiphontem *,
deinde Demosthenis
pro eodem orationem clarissima et suavissimii voce reci-
tasset, admirantibus cunctis utriusque voluminis eloquen-
tiam, sed aliquanto magis Demosthenis : Quid si> inquit,
ipsum audisselis! Tantus orator, et modo tam infestus ad-
versarius, siC7 inimici vim ardoremque dicendi suspexit,
ut se scriptorum ejus parum idoneum lectorem esse præ-
dicaret, expertus acerrimum oculorum vigorclll, terribile
vullus pondus, accommodatumsingulisverbis sonumvocis,
efficacissimos corporis motus. Ergo elsi8 operi" illius
adjici nihil polest} tamea in Demoslhene magna pars
9
Demosthenis abest, quod legitur potius quam auditur.
,
VERSIO XL.
Poela invehitur in suorum cequalium avarÚiam.
40. Quum1 vix Saturno quemquam regnante videres,
Cujus non animo dulcia lucra lorent,
J. § 497.
:
langage. Et l'on ne saurait dire ce qui attirait le plus la foule à
ses plaidoyers, ledésir de l'entendre, ou celui de le voir tant
les paroles de l'orateur étaient secondées par l'aspect de sa
personne, et l'aspeet, par les paroles! Aussi est-ce un fait
constant, qu'Esopus et Roscius, ces deux acteurs consommés
dans leur art, assistaient souvent à ses plaidoyers, afin d'enri-
chir la scène de gestes empruntés au barreau.
:
Démosthène en jugeait de même. On lui demandait quelle
était l'arme la plus puissante de l'orateur « L'action, » répon-
dit-il. On répétacette question plusieurs fois, il fit toujours la
même réponse, reconnaissantqu'il devait à l'action presque
tous ses succès. Aussi rien de plus juste que ce mot d'Eschine.
Forcé de quitter Athènes,après le procès qui avait tourné à
:
admirait l'éloquence des deux plaidoyers, mais les louanges
étaient un peu plus vives pour celui de Démosthène «
serait-ce donc, leur dit Eschine, si vous l'aviez entendu- lui-
Que
:
son éloquence, jusqu'à se déclarer lui-même inhabile à lire
ses ouvrages il connaissait par expérience l'énergique viva-
cité de ses regards, la terrible majesté de son visage, le ton
de sa voixassorti à chacune de ses parole6, et les mouvements
expressif* de son corps. Aussi, quoiqu'on ne puisse rien
à
à Démosthène une grande partie de lui-même
on n'entend point l'orateur.
:
ajouter ce chef-d'œuvre, il manque néanmoins aujourd'hui
on le lit, mais
VERSION XL.
Le poëie déclame contre la cupidité de son siècle.
40. A peine déjà, sous le règne de Saturne, trouvait-on un
mortel pour qui le gain n'eut point de charmes. Le temps n'a
fait qu'accroître cette passion des richesses, aujourd'hui portée-
Tempore 2 crevit amor, qui nunc est summus, habendi
3
Vix ultra quo jam progrediatur habet.
:
Pluris4opes nunc sunt, quam prisci temporis annis,
Dum populus pauper, dum nova Roma fuit,
Dum casa Martigenam capiebat parva Quirinum
,
Et dabatexiguum numinis ulva torum.
Juppiter angusta vix totus stabat in æde,
Inque Jovis dextra fictile fulmen erat.
Frondibus ornabant, quæ nunc Capitolia gemmis
,
Pascebatque suas ipse senator oves.
At postquam fortuna loci caput extulit hujus,
,
Et tetigit summos vertice Roma deos,
Creverunt et opes et opum furiosa cupido,
Et quum 5 possideant plurima, plura volunt,
Quærere ut absumant,absum pta requirere cerlant,
Atque ipsae viliis sunt alimenia vices.
Sic quibus6 intumuit suffusa venter ab7unda,
Quo8 plus sunt potae, plussitiunlur aquae.
:
In prelio pretium nunc est dat census honores,
Census amicitias; pauper ubique jacet.
2.g326. -3,235, -4.311. -5. « 488. — 6. g 229. -7. g 202.-
8. gg258 et 229.
VERSIO XLI..
Tiberius Nero in insulamRhodurnsecedit,ibique cum
mathematicis conversatur.
41. Adhuc principatum oblinente Augusto, Tiberius Nero,
multis jam functus magistratibus, houorum satietatem ac
requiem laborum praetendens (quum1 aliae2 abaliis consilii
causæ proferantur), commeatum petiit. Neque aut matri
suppliciter precanti, aut vitrico, deseri se3 etiam in senatu
conquerenti,veniam dedit. Facta tandem abeundi potestatc.
confestim Ostiam descendit, ne 4 verbo quidem cuiquam
prosequendum reddito, paucosque admodum in digressu
osculatus. Inde tantum5 non adversis tempestatibus Rlidr-
dum enavigavit, amcenitate et salubritate captus insulap.
1. S ass. -. g 287, 2". -3.21V. -4. g i5:i. -[" g 517, 18°.
à son comble , et qui n'a plus de point au delà duquel elle
puisse aller désormais. L'or est plus estimé que dans ces âges
antiques où le peuple était pauvre, où Rome commençait;
alors qu'une humble cabane suffisait au lils de Mars, à Qui-
;
feuillage ce Capitole où étincellent aujourd'hui les pierres
précieuses le sénateur faisait paître lui-même ses brebis.
Mais quand la fortune de Rome eut pris l'essor, quand cette
ville eut porté jusqu'aux cieux son front superbe, on vit croître
les richesses et la passion des richesses poussée jusqu'à la
fureur; ce qu'on possède est immense, et les désirs vont
;
encore plus loin c'est à qui amassera pour prodiguer, c'est à
,
qui amassera de nouveau pour combler le vide de ses prodi-
galités et les vices ne font que s'alimenter en se succédant.
Ainsi, dans cette maladie où le ventre se gonfle d'eaux inté-
rieurement épanchées, plus on boit, plus on veut boire encore.
;
Aujourd'hui l'or seul a du prix; la fortune donne les honneurs,
la fortune donne les amis partout le pauvre reste dans la
poussière.
VERSION
XLI.
Tibère Néron se relire dans file de Rhodes,
société des astrologues.
ewo
41. Auguste régnait encore, quand Tibère Néron, quiavait
déjà rempli un grand nombre de magistratures préte*4Nlt la
,
satiété des honneurs et le désir de se reposer de ses fatigues
(quoique les motifs de cette résolution soient rapportés diver-
sement), demanda la permission de s'éloigner. Les prières
suppliantes de sa mère, celles de son beau-père, qui se plaignit
même en plein sénat d'être abandonné, le trouvèrent inébran-
lable. Ayant obtenu enfin cette permission, il se rendit sur-le-
champ à Ostie, sans répondre par un seul mot à ceux qui
l'accompagnaient, et n'ayant donné qu'à un très-petit nombre
de personnes le baiser d'adieu. Il s'embarqua dans ce port,
quoique la mer fut mauvaise, ou peu s'en fallait, et passa à
Uhodes. Cette île l'avait séduit par la beauté des sites et la
Hic, modiciS contentus ædihus, nec mulio laxiore subur-
bano, idG vitae genus instituit, ut frequentissime cum ma-
thematics conversaretur, cujus artis disciplinam dicilur a
Thrasyllo accepisse.
Quoties autem super aliquo negotio consultaret, edita
domus parte, ac liberti unius conscieniia utebatur
litterarum ignarus, corpore valido, peravia ac derupta
is, :
(nam saxis imminebat domus) præibat eum cujus artem
experiri Tiberius statuerat, etregredientem, si7 vanitatis
cipitabat. Igitur Thrasyllus ,
aut fraudum incesseral suspicio, in subjectum mare prae-
per easdem inductus rupes,
post quam percontantem commoverat,imperium ipsi fu-
turum solerter patefaciens, interrogator au suam quoque
genitalem horam comperissets. Ille, positus sideruni ac
spatia dimcnsus, haerereo primo, dein pavescere, et quan
tum inlrospiceret, magis ac magis trepidus admirationis10
et metus, postremo exclamat ambiguum sibi11 ac prope
ultimum discrimen instare. Turn complexus eum Tibcrius,
,
praescium periculorum et incolumem fore gratatur 12 ;
quæque dixerat oraculi vice accipiens inter intimos ami-
corum tenet.
503 ft 279. -7.211,10, —8. g 172. -no 502. —)0. g -113,2°.
-1t-5 29G,2°. - (2.g 394.
6.
VERSIO
--XLII.
,',:;
I
«Si rex, inquit, sermoni tuo adfuisset, nullius profecto
vox responsuri tibi desideraretur : ipse enim peteret ne 2
in peregrinos ritus degenerare se3 cogeres 4, neu rebus
felicissime gestis invidiam tali adulatione contraberes. Sed
*
,
An moment oÙ Alexandre allait entrer dans les Indes, 1111 de ses
Halleut's, nomméCléon , avait propose, dans mi repas de Ini rendre les
liniinpiirs divins.
1.§416. -2.158. —3.g?96 , 2°.-4. ,
g 223 Rem.
salubrité du climat. Dans cette retraite, il se contenta d'une
maison modeste à la ville, et d'une habitation dans les fau-
bourgs,quin'était guère plus spacieuse que la première; puis
se fit un plandevie où la société des astrologues avait la
1il
Iplus grande part. On dit que Thrasylle lui avait enseigné les
principes de l'astrologie.
Chaque fois qu'il prenait
de conseil pour quelque affaire, il
montait sur le fnite sa maison, et ne se confiait qu'à un
r affranchi. C'était un homme vigoureux, et tout à fait ignorant.
Il conduisait, par des détours escarpés (car la maison était
;
bâtie sur des rochers), celui dont Tibère avait dessein d'é-
prouver la science et au retour, si l'astrologue était soupçonné
[par le maître d'ignorance ou d'imposture, il le précipitait du
,
haut des rochers dans la mer. Thrasylle, amené par ce même
chemin, et interrogé par Tibère l'avait vivement frappé, en
lui révélant avec habileté sa future élévation à l'empire. Tibère
lui demanda s'il avait tiré aussi son propre horoscope. Thra-
sylle, après avoir calculé la position et les distances des astres,
hésite d'abord, puis il donne des signes de frayeur; et plus il
,
lisait dans les astres, plus il manifestait de surprise et de
crainte. Enfin il s'écrie qu'un danger le menace un danger
incertain, mais peut-être capital. Alors Tibère l'embtasse, le
félicite d'avoir pressenti ses dangers, le rassure pour l'avenir;
et, prenant ses paroles pour un oracle, il l'admet dans son
intimité.
VERSION XLII.
Discours de Callislhène contre la proposition de rendre à
Alexandre les honneurs divins.
42. On fit silence, et Callisthènc, dont la vive franchise
déplaisait au roi, comme si les Macédoniens, disposés sur ce
point à l'obéissance, n'étaient arrêtés que par lui, Callisthène,
:
voyant tous les yeux fixés sur lui seul « Si le roi, dit-il, eût
été présent à ton discours, on n'aurait besoin d'aucun organe
pour te répondre car il te prierait lui-même de ne pas le
à :
: coeleslesque
intervallo enim
opus est, ut credatur deus, semperque lianc gratiam magis
viris posteri reddunt. Ego autem seram immortalitatem
precor regi5, ut vita diuturna sit et aelerna majestas. Ho-
minem consequitur aliquando, nunquam comitatur divi-
nitas. Herculem modo et patrera Liberum consecralae im-
mortalitatis exempla referebas : credisne illos unius con-
vivii decreto deos factos ? Prius ab oculis mortalium amolila
est natura, quam fama in ccelum perveheret. Scilicet et ego
et tu, Cieo, deos facimus? A nobis divinilatis suæ auctori-
tatemaccepturusestrex ?
Polentiam tuam experirilibet:
fac aliquem regem, si deum potes facere; facilius est im-
perium dare quam ccelum. Dii propitii sine invidia quæ
patiantur !
Cleo dixit audierint6, eodemque cursu quo? fluxere res ire
Nostris moribus nos velint esse contentos! Non
:
pudel patriae; nec desidero ad quem modum rex mihi co-
leiidus sit8, a victis discere quos equidem victores esse
confiteor, si ab illis leges quis9 vivamus accipimus. »
5 g 343.—6. § 399, 4°. -7. §281.-8. g 472.9.gg236 et 32, Rem. 1.
VERSIO XLIII.
Vacnos, quantum fieripoterit, a cupiditatibusamicos eligamus.
pectora ,
fidelis et dulcis. Quantum bonum est, ubi sunt praeparata
in quæ 2 tuto secretum omne descendat quorum
conscientiam minus quam luam timeas, quorum sermo
,
solliciludinem leniat, senlentia consilium expediat, hila-
ritas tristitiam dissipet, aspectus ipse deleclet!
Quos 3 scilicet vacuos, quantum fieri poterit, a cupidi-
tatibus eligemus. Serpunt enim vitia, et in proximunH
quemque transfiunt, et contactu nocent. Itaque, ut in pes-
tilentia curandum est, necorruptis jam corporibus et
morbc
flagrantibus assideamus, quia pericula trahemus, afflatuque5
1. S 3*9,6°. — 2.S235. -..:. 3. § 234, Rem. —4.§271. — 5.§ 326.
qui te réponds pour lui, que jamais fruits précoces ne peuvent
:
être de longue durée, et qu'au lieu d'assurer au roi les hon-
neurs divins, tu les lui ravis car il faut du temps pour qu'on
le croie dieu; et cette marque de reconnaissance est toujours
donnée aux grands hommes par la postérité. Quantamoi, je
souhaite que l'immortalité vienne tard pour le roi, afin que sa
viesoit longue, etsamajesté éternelle. L'apothéose suit l'homme
quelquefois,jamais elle n'est avec lui. Tu nous citais tout à
, :
l'heure l'exemple d'Hercule et de Bacchus transportés au rang
des immortels crois-tuqu'il
nité, qu'un décret rendu
dans n'ait fallu, pour assurer leur divi-
un festinpLa nature les a emportés
loin des regards humains, avant que la renommée les plaçât dans
le ciel. Quoi donc? toi, Cléon, et moi, nous faisons des dieux?
; :
C'est de nous que le roi tiendra le titre de sa divinité? Je veux
mettre ta puissance à l'épreuve fais un roi, si tu peux faire un
dieu il est plus facile de donner l'empire que le ciel. Puissent
les dieux propices avoir entendu sans indignation les paroles
de Cléon, et permettre que nos affaires continuent de suivre
!
leur cours Puissent-ils consentir que nous nous en tenions à
nos usages! Je ne rougis point de ma patrie; et pour savoir
comment je dois honorer le roi, je n'ai pas besoin de l'ap-
prendre des vaincus, que je reconnais pour vainqueurs, si
c'est d'eux que nous recevons des lois pour régler notre façon
de vivre.
VERSION XLIII.
Il faut choisir des amis, autant que possible, exempts de passions.
43. Rien ne charme autant l'âme qu'une amitié tendre et
fidèle. Quel bonheur de trouver des cœurs bien préparés, où
tout secret puisse descendre en sûreté, auxquels on craigne
moins de se confier qu'à soi-même, dont les entretiens calment
vos inquiétudes, dont l'avis fixe votre irrésolution, dont l'en-
jouement dissipe votre tristesse, dont la vue seule vous
réjouisse!
Mais ces amis, nous les choisirons, autant que possible,
exempts de passions. En effet, les vices s'insinuent, passent
de proche en proche, et corrompent par le contact. Aussi de
même que, dans une peste, il faut prendre garde des'asseoir
auprès des corps que le mal a déjà frappés, et qu'il consume
de ses atteintes, car ce serait appeler le danger, et leur souffle
seul nous communiquerait la contagion : de même, dans le
ipso laborabimus : ,
ita in amicorum legendis6ingeniis,
dabimus operam ut quam? maxime sinceros assumamus.
Initium morbi est aegris sana miscere.
Nec hoc præceperim 8tibi, ut neminem nisi sapien'em
sequaris aut attrahas; ubienimisluminvenies, quem tot
seculis quaerimus? Pro optimo est minime malus. Vix tibi
esset facultas delectus felicioris, si inter Platonas et Xeno-
phontas, et ilium Socratici fetus proventum bouos quaereres,
aut si9 tibi potestas Catonianae fieret aetatis , quæ plerosque
dignos tulit, qui10 Catonis seculo nascerentur, sicut mullos
pejores quam unquam alias, maximorumque molitores sce-
lerum. Nunc vero, in tantabonorum egestate , minus fasti-
diosa fiat electio.
6. g 7.
412 g 268.— 8. g 399, 0°.— 9. g 214, 3°. -iO. g 505.
VERSIO XL1V.
Epigoni unde originem duxerint,
44. Inter hæc indignatio omnium totis castris erat, a
Philippo patre tantum degeneravisse1 Alexandrum, ut
etiam patriae nomen ejuraret 2, moresque Persarum assu-
meret, quos propter tales mores vicerat. Sed ne solus viliis
eorum quos armis subegerat succubuisse videretur3, mili-
tibus quoque suis permisit, quas velleut captivarum ducere
uxores, existimans minoremin patriam redilus cupiditatem
futuram, babenlibus in castris imaginem quamdam larium
ac domesticae sedis; simul et laborem mililiae molliorem
fore dulcedine uxorum; in supplementa quoque milifum
minus exhauriri posse Macedoniam, si 4 veteranis patribusi
tirones filii succederent, militaturi in vallo, in quoessent:
nati, constanlioresque futuri, si non solum tirocinia, verumi
et incunabula in ipsis castris posuissent. Quæ consuetudo ini
successores quoque Alexandri mansit. Igitur et alimenlai
pueris slatula, et instrumenta armorum equorumque juve--
nibus data, et patribus, pro numero (iliorum, praemiaas—
signata. Si quorum patres occidissent, niliilominus palernaj
4.
1. S490,
g214,2°.
toutefois, etc. —2. § 223, Rem. — 3. g 223 ,Rem. —
choix de nos amis, nous ferons en sorte de nous attacher,
autant que possible, les cœurs les plus purs. La maladie com-
mence par le mélange des gens sains et des malades.
:
Ce n'est pas que je vous recommande de ne suivre, de
n'attirer vers vous personne que le sage où trouver en effet
celui que nous cherchons depuis tant de siècles? Le meilleur,
c'est le moins mauvais. A peine vous serait-il permis de faire
un choix plus heureux, si vous cherchiez des hommes de bien
;
parmi les Platon, les Xénophon, et cette génération enfantée
par Socrate ou si vous pouviez prendre dans ce siècle de
Caton, qui produisit des hommes dignes, pour la plupart, de
naître au temps de Caton, mais beaucoup d'autres aussi les
plus méchants qu'on eût vus jusqu'alors, et les artisans des
plus noirs forfaits. Aujourd'hui que les gens de bien sont
si rares, nous devons être moins difficiles dans notre choix.
VERSION XLIV.
Origine des Epigones.
44. Cependant l'indignation était universelle dans le camp
Alexandre dégénérer de son père Philippe, au point d'abjurer
:
jusqu'au nom de sa patrie, et d'adopter les mœurs des Perses,
ces mœurs auxquelles il devait de les avoir vaincus! Mais
pour ne point paraître s'asservir seul aux vices du peuple que
pour femmes celles qu'ils voulaient parmi leurs captives il:
ses armes avaient dompté, il permit à ses soldats de prendre
espérait affaiblir en eux le désir de revoir leur patrie, en leur
faisant trouver au sein de son camp une image des pénates et
du foyer domestique, et alléger pour eux les fatigues de la
guerre par les charmes de cette union. Il songeait d'ailleurs
que les recrues cesseraient d'épuiser la Macédoine, quand les
vétérans seraient remplacés par des fils élèves de leurs pères,
qui serviraient dans les retranchements où ils auraient vu le
jour, et qui se lasseraient moins de combattre, si le camp avait
été, non-seulement leur école, mais encore leur berceau. Cet
usage subsista sous les successeurs d'Alexandre. Il pourvut
;
donc à l'entretien des enfants; il fournit aux jeunes
gens
armes et des chevaux il assigna aux pères des récompenses
proportionnées au nombre de leurs fils. Les orphelins conti-
des
VERSIO XLV.
Querela de morte*navigatoris Dumont d'Urville.
45. Equidem nescio an I in ilia calamitate acerbissima,
quam tanla vis lacrymarum secutura est, tot ad familia*
pertinentem, nefas sit, absque ceterorum3 injuria, uniu*
viri deflerevicem, unius desiderio immorari. Verumtameri
quis est nostrum, modo 3naturalibus disciplinis etgentil
gloriae studeat, qui audita recenti clade, postquam public*
et civiliter luctu defunctus est, sibi temperet quominus tib
privatim illacrymetur, Astrolabis dux et Zeleae, mariun
omnium terrarum hominumque explorator? Ergo tanti vii
animi, tanti ingenii, nullius4 non coeli patiens, bis circum
vagatoorbe, et illos tractus, quos procellae vexant, au
directi solis aestuosa torret impotentia,transmisisti, et ilIf
velut rerum nafuræ claustra, quæ aeterna glacie horrent,
adiisti; et quæ cursibus tuis emensus eras, eadem gravi e
luculenlanarratione exsecutus es, heu! post tot labores
tot exhausta pericula, in patria tua, intra brevissimunr
iter, festadie (quod indignissimum fuit) , et tantum nor 5
,
in primariae urbis limine, cum tuis, atrocissimo morti:
genere, inleriturus. Non satis multas neque mediocriunr
civium animas proximi illi dies abstulerant? Quem in nO!:
saeviendi modum (absit verbo invidia!), et
optimum quem-
que morte intercipiendi, Deus, facies?Paulum abest quir 6
tam graviler conquassata gens, et tantam diminulioneir
passa, praesentibus tristiora sibi ominetur.
Jt ,
Le 8 mai 1842 dans Ie trajet de Versailles à Paris, snr le chemin d'l
fer de la rive gauche, un horrible accident coûta la vie a un grand nomhr
de victimes.
2.
1. g 475. — §321. — 3. g 489.-L g454..—5. § 517,18°. —fi. § 4G3(
bataille. Leur enfance, 6e passant au milieu de toute sorte
d'expéditions, était toute militaire. Aussi, dès l'âge le plus
tendre, endurcis aux dangers et aux fatigues, ils formèrent
une armée invincible, et le camp fut toujours pour eux une
patrie; le combat, une victoire. Cette génération reçut le nom
d'Epigones.
!
VERSION XLV.
la
Regrets sur la mort
,
dunavigateur
mortdu
45. Dans cette affreuse catastrophe
familles
,,
Dumont d'Urville.
nav'igateur Dumont
qui touche tant de
et qui fera couler tant de larmes peut-être n'est-il
pas permis, sans être injuste pour les autres victimes, de
déplorer le sort d'un seul homme, d'arrêter sur lui seul nos
,
regrets. Toutefois en est-il un parmi nous, s'il s'intéresse aux
sciences naturelles et à la gloire de son pays en est-il un,
qui, à la nouvelle de cette récente calamité, après avoir partagé
comme citoyen la publique affliction, puisse s'empêcher de te
donnerparticulièrement des larmes, à toi, commandant de
l'Astrolabe et de la Zélée, qui as reconnu toutes les mers, tous
les continents, tous les peuples? Ainsi donc, homme de tant
de cœur et de tant de génie, tu résistais à tous les climats,
tu as fait deux fois le tour du monde, tu as traversé ces régions
où règnent les tempêtes ou les ardeurs dévorantes du soleil
de l'équateur, et pénétré jusqu'à ces pics éternels de glace,
qui sont comme les bornes de la nature; et ces contrées que
tu avais parcourues, tu les as retracées dans une savante et
majestueuse description, pour venir, hélas! après tant de
travaux, tant de dangers, mourir dans ta patrie, pendant un
!
trajet si court, et, ce qu'il y a de plus affreux, un jour de fête
Mourir presque aux portes de la capitale, avec ta famille,
1
victime du plus horrible trépas Ces derniersjours n'avaient-ils
pas moissonné assez d'existences, et d'illustres personnages
0 Dieu! quand cesseras-tu d'exercer sur nous ta colère (par-
?
,
donne-moi ce langage! ), et de surprendre dans leur carrière
les meilleurs citoyens? Peu s'en faut que cette nation, frappée
de si terribles secousses, et si cruellement décimée ne s at-
tende à un avenir plus triste encore que le présent.
VERSIO XLVI.
Annibalis effigies.
46. MissusAnnibal in Ilispaniam, primo statim adventu,
,
redditum sibia veteres milites credere eumdem
in vultu vimque in oculis
:
omnem exercitum in se I convertit. Amilcarem juvenem
vigorem
habitum oris lineamentaque
3
intueri 4. Dein brevi effecit ut pater in se5minimum mo-
randum
capessenda
,,
mentum ad favorem conciliandum esset. Nunquam inge-
nium idem ad res diversissimas, parendum atque impe-
habilius fuit. Plurimum audaciae ad pericula
plurimum consilii inter ipsa pericula erat
nullo labore aut corpus fatigari, aut animus vinci poterat.
;
;
Caloris ac frigoris patientia par cibi potionisque, desi-
derio naturali, non voluptate modus finilus;vigiliarum
somnique nec die6, nec nocte discriminata tempora : id
,
quod gerendis rebus superesset7, quieti datum; ea neque
molli strato neque silentio arcessita : multi sæpe militari
sagulo opertum, humi8jacentem inter cuslodias statio-
nesque militum, conspexerunt. Vestitus nibil9 inter æquales
excellens : arma atque equi conspiciebanfur. Equitum pe-
ditumque idem longe 10 primus erat ; princeps in praelium
ibat, ultimus conserto praelio excedebat.
,
Has tantas viri yirtutes ingentia vitia aequabant: inhu-
mana crudelitas periidia plus quam punica, nihil11 veri,
nihil sancti, nullus deum metus, nullum jusjurandum, nulla
religio.
Cum hac indole virtulum atque vitiorum, triennio subi
Asdrubale imperatore meruit, nulla re quæ agenda viden-
daque magno futuro duci esset, praetermissa.
1.§296,I0.--2. g 29G,2°. —3.
C. g 328. -7. g 399,2°. -8. § 36(5. —
i.
g 239. —
9.§363.
g
—10.g207.—11. 318.§
-
g 402. — 5. i>rJ(!, 2°.—
VERSION XLVI.
Portrait d'Annibal.
46. Annibal, envoyé en Espagne, n'y fut pas plutôt arrivé,
:
qu'il fixa sur lui les regards de toute l'armée. -Les vieux soldats
s'imaginaient revoir leur Amilcar dans sa jeunesse c'était la
;
même vigueur empreinte sur sa figure, la même vivacité dans
les yeux c'était l'air, les traits d'Amilcar qu'ils contemplaient.
Mais bientôt il se comporta de telle sorte, que son père fut son
moindre titre pour se concilier leur faveur. Jamais homme ne
montra plus d'aptitude pour deux rôles bien opposés, celui de
l'obéissance, et celui du commandement. A une audace extrême
pour affronter le péril, il joignait autant de sang-froid et de
ressources dans le péril même. Nulle fatigue ne pouvait lasser
son corps, ou triompher de son courage. Il supportait égale-
ment le froid et le chaud. Il avait pour règle, dans ses repas,
de satisfaire le besoin de la nature, et non de flatter les sens.
Pour veiller, pour dormir, il ne mettait point de distinction
,
entre le temps du jour et celui de la nuit. Si les affaires lui
:
laissaient quelques heures illes donnait au repos; et pour se
procurer le sommeil, il ne lui fallait ni duvet, ni silence on
le vit souvent, sans autre couverture qu'une casaque de soldat,
couché sur la dure au milieu des sentinelles et des corps de
:
garde. Ses vêtements n'avaient rien qui le distinguât des jeunes
gens de son âge c'étaient ses armes et ses chevaux qu'on
remarquait. Il était, sans contredit, le meilleur cavalier et le
meilleur piéton de l'armée; il allait le premier au combat, et
en revenait le dernier.
:
Ces qualités éminentes étaient balancées par de grands
vices une cruauté brutale, une mauvaise foi plus que puni-
que, nulle franchise, nuls principes, nulle crainte des dieux,
nul respect du serment, nulle religion.
Ce fut avec ce mélange de vices et de vertus, qu'il servit
,
trois ans sous les ordres d'Asdrubal, ne négligeant rien de ce
qu'il devait pratiquer et voir faire pour devenir lui-même un
grand capitaine.
VERSIO XLVII.
Quatuor populi romani ætates.
47. Populus romanus ita late per orbem terrarum arma
circumtulit, ut qui res ejus legunt, non unius populi, sed
,
generis humani fata discant. Quare, quum1 praecipua quae-
que operæ pretium sit cognoscere sigillatim, tamen quia
ipsa sibi obstat magnitudo rerum que diversitas aciem in-
tentionis abrumpit, faciam quod solent qui terrarum situs
pingunt : in3 breviquasi tabella totam ejus imaginem am-
3
plectar, non nihil, ut spero, ad admirationem principis4
populi collaturus, si pariter atque insimul universam ma-
gnitudinem ejus ostendero 5.
Si quis ergo populum romanum quasi hominem consi-
deret, totamque ejus aelalem percenseat, ut6 cceperit, utque
adoleverit, ut quasi ad quemdam juventæ florem pervene-
rit, ut postea velut consenuerit, quatuor gradus processus-
que ejus inveniet.
Prima aetas sub regibusfuit, prope ducentos quinquaginta
perannos, quibuscircum ipsammatremsuamcum finitimis
luctatus est. Hæc erit ejus infantia.
Sequens a Bruto Collatinoque consulibus, in Appium
Claudium, Quinctum Fuhium consules, ducentos quinqua-
ginta annos patet, quibus Italiam subegit. Hoc fuit tempus
viris7 armisque incilatissimum : ideoquis8adolescenliam
dixerit9.
Dehinc ad Caesarem Augustum ducenti anni, quibus
orbem pacavit : baec jam ipsa juventa imperii, et quasi
robusta maturitas.
A Cæsare Augusto in seculum nostrum haud multo
,
minus 10 anni ducenti, quibus, inertiaCaesarum, quasi con-
senuit atque dccoxit: nisi quod sub Trajano principe movet
lacertos, et praBter spem omnium senectus imperii, quasi
reddila juventule, revirescit.
l.g488. -2. §446..—3.g454. -.g321.,- 5. §214, 4".-6. § 472.
, ,
-7.336. — 8. g 291. -v. g 399 6°. -II), g 263 3°.
VERSION XLVII.
Les quatre âges du peuple romain.
47. Le peuple romain a promené ses armes si loin dans
l'univers, qu'en lisant ses annales, ce n'est pas l'histoire d'une
tous
seule nation qu'on apprend, mais' celle du genre humain.
Aussi, quoiqu'il importe de connaître, chacun en particulier,
les faits principaux, comme ils se font mutuellement
obstacle par leur grandeur, et que la diversité des objets
:
émousse l'attention, j'imiterai ceux qui peignent les contrées
de la terre j'embrasserai dans un cadre étroit le tableau entier
de l'empire; et je ne laisserai pas, je l'espère, d'ajouter à
l'admiration qu'inspire le peuple roi, si je réunis également
sous un coup d'œil l'ensemble de sa grandeur.
Si donc l'on considère le peuple romain comme un seul
homme, si, envisageant toute sa durée, on le voit commencer,
grandir, arriver, pour ainsi dire, à la fleur de la jeunesse, puis
à une sorte de déclin, on trouvera dans son existence quatre
phases, quatre périodes qui la partagent.
Son premier âge se passa sous les rois, et remplit à peu près
l'espace de deux cent cinquante années, pendant lesquelles il
lutta, seulement autour de son berceau, contre les nations
voisines. Ce sera là somenfance.
L'âge suivant, depuis le consulat de Brutus et de Collatin,
jusqu'à celui d'Appius Claudius et de Quinctus Fulvius, com-
prend deux cent cinquante années, pendant lesquelles il sub-
jugua l'Italie.
De là, jusqu'à César Auguste, s'écoulèrent deux siècles, qu'il
employa à ranger sous ses lois l'univers. C'est alors véritable-
ment la jeunesse de l'empire, et, en quelque sorte, sa robuste
maturité.
Depuis César Auguste jusqu'à nos jours, on ne compte guère
moins de deux cents ans, pendant lesquels l'inertie des Césars
l'a réduit, pour ainsi dire, au dépérissement, à la consomption
de la vieillesse. Cependant Trajan règne, et ce vieil empire
agite ses bras, et il semble, contre l'attente universelle, avoir
repris sa jeunesse et sa verdeur.
VERSIO XLVIII..
Quatdam de apibus.
48. Inter omnia insecta principatusapibus, et jure prae-
cipua admiratio, solis ex eo genere hominum causa genitis.
Mella contra hunt, succumque dulcissimum atque sublilis-
simum, atque saluberrimum. Favos confingunt et ceras,
mille ad usus vitae; laborem tolérant, opera conficiunt,
rempublicam habent, consiliaprivatim, ac duces gregatira ;
et quod maxime mirum sit, mores habent. Præterea, quum1
sint neque mansueti generis, neque feri, tamen tauta est
natura rerum, ut prope ex umbra minimi animalis incom-
parabile quiddameffecerit. Quos efficaciae industriaeque
tantæ comparemus2 nervos? Quas rationi medius3fidius
vires? Hoc certe præs-tantioribus, quo nihil novere, nisi
commune.
Hieme4 autem conduntur : unde enim ad pruinas nives-
:
que et aquilonum flatus perferendos vires? Sane et insecta
,
omnia, sed minus diu quæ parietibus nostris occultata,
mature tepefiunt. Illæ non ad veris initium sed ante fabas
florentes exeunt ad opera et labores ; nullusque, quum per5
,
ccelum licuit, otio perit dies. Primum favos construunt,
ceram fingunt, hoc est, domos cellasque faciunt, deinde
sobolem postea mella : ceram ex lforibus, mastiginem e
,
lacrymis arborum quæ glutinum pariunt. His alveum ipsum
intus totum, ut quodam tectorio illinunt, et amarioribus
quibusdam succis contra aliarum bestiolarumaviditates6,
,
id7 se8 facturas consciæ, quod concupisci possit.
:
aquilons? Je sais que tous les insectes se renferment, mais
moins longtemps réfugiés dans les parois de nos habitations,
:
ils se réchauffent de bonne heure. Les abeilles ne reparaissent
pas au retour du printemps elles sortent pour reprendre leurs
travaux, avant la floraison des fèves; et, tant que le ciel le
permet, elles ne perdent aucun jour dans l'inaction. Elles com-
mencent par construire les rayons et fabriquer la cire, c'est-à-
dire, elles s'occupent de leurs maisons et de leurs cellules,
ensuite de la reproduction, et, après cela, du miel. La cire
s'extrait des fleurs, la matière mielleuse se tire de la gomme
des arbres onctueux. Ces substances leur servent comme de
vernis, pour revêtir l'intérieur de la ruche, avec d'autres sucs
:
plus amers qui la défendent contre l'avidité des autres in-
sectes car elles savent qu'elles vont faire un ouvrage qui peut
exciter des convoitises.
VERSIO XLIX.
Sequitur de apibus.
:
49. Ratio operis interdiu statio ad portas more castro-
rum, noctu quies in matutinum, donee1 una excitet gemino
aut triplici bombo, ut buccino aliquo. Tunc universae pro-
volant, si2 dies mitis futurus est. Praedivinant enim ventos
imbresque, et se continent tectis. Itaque temperie cceli (et
hoc inter præscita habent), quum agmen ad opera processit,
aliae flores aggerunt pedibus, aliae aquam ore, guttasque
lanugine totius corporis. Quibus 3 est earum adolescentia
ad opera exeunt, et supradicta convehunt; seniores intus
,
operantur. Quæ flores comporlant, prioribus pedibus femina
onerant, propter id natura scabra, pedes priores rostro :
totæque onustae remeant, sarcina pandatae.
Excipiunt eas ternae4, quaternaeque, et exonerant. Sunt
enim intus quoque divisa officia. Aliae struunt, alias po-
:
liunt, aliæ suggerunt, aliæ cibum comparant ex eo quod
adlatum est neque enim separatim vescuntur. Gerulae
secundos flatus captant. Si cooriatur procella ,
adpre-
hensi pondusculo lapilli se librant*. Juxta vero terram
:
volant in adverso flatu, vepribus evitatis. Mira obser-
vatio operis cessantium inertiam notant, castigant mox,
et puniunt morte. Mira munditia : amoliuntur omnia e
;
medio, nullæque inter opera spurcitiæ jacent quas unum
congestas in locum, turbidis diebus et operis otio5, egerunt.
Quum advesperascit, in alveostrepunt minus ac minus,
donee una circumvolet eodem
: 6,
quo excitavit, bombo, ceu
quietem capere imperans et hoc castrorum more. Tunc
repente omnes conticescunt.
1. g 494. -2. 2tL -3. g 229. -4. § 143. -5. S 373. -6.§281.
* Cette assertion de Pline est démentie par les modernes. Le qu'il
altribue a l'abeille qui habite les ruches, ne convient qu'à une autre
espèce de mouche , que l'on appelle abeille maconne. Celle-ci bâlit son
logement contre les murs, avec un mortier composé de sable et de
gravier.
VERSION XLIX.
Des Abeilles. (Suite.)
:
49. Voici l'ordre du travail pendant le jour, les portes sont
::
gardées, comme celles des camps; la nuit, tout repose jusqu'au
alors une d'elles fait entendre deux ou trois bourdon-
:
matin
nements c'est la trompette qui sonne le réveil. Aussitôt elles
s'envolent toutes à la fois, si la journée doit être douce car
elles pressentent les vents et "les orages, et alors elles se tien-
nent dans la ruche. Mais, lorsque, par une belle journée,
,
qu'elles savent aussi prévoir, la troupe est sortie pour le tra-
vail les unes ramassent des fleurs avec leurs pieds, les autres
emplissent leur trompe d'eau, et en imbibent les poils dont
tout leur corps est couvert. Ce sont les jeunes qui vont au
dehors, et qui voiturent ces approvisionnements; les vieilles
travaillent dans l'intérieur. Celles qui apportent les fleurs se
servent de leurs pieds de devant pour charger leurs cuisses,
que, dans cette vue, la nature a faites raboteuses, et de leur
,
trompe pour charger leurs pieds antérieurs. Le fardeau ainsi
distribué sur toutes les parties du corps elles reviennent
ployant sous le faix.
A mesure qu'elles arrivent, trois ou quatre les reçoivent et
les déchargent; car, dans l'intérieur aussi, chacune a sa fonc-
,
tion déterminée. Les unes bâtissent, les autres polissent, d'au-
tres servent les ouvrières d'autres enfin apprêtent pour le
repas quelques-unes des provisions qui ont été apportées en :
effet, elles ne mangent pas séparément. Celles qui voiturent
les fardeaux s'étudient à prendre le vent. S'il survient un
orage, elles saisissent de petits graviers qui leur servent de
contre-poids. Dans les vents contraires, elles volent terre à
terre, en évitant les buissons. Admirables dans leur surveil-
lance, elles signalent les paresseuses, les châtient sans re-
tard, et les punissent de mort. Admirables dans leur pro-
un lieu commun ,
preté, elles enlèvent tout de la ruche, et il ne reste point
d'immondices au milieu des travaux. On les dépose dans
pour les transporter au dehors, quand le
mauvais temps condamne à l'inaction. A la fin du jour,
le bruit diminue de plus en plus, jusqu'à ce que l'une d'elles
voltige autour de la ruche, avec un bourdonnement pareil à
celui du matin; elle semble donner l'ordre du repos : c'est
encore ce qui se fait dans les camps. A ce signal, il s'établit
tout a coup un silence universel.
VERSIO L.
C. J. Ccesaris a M. T. Cicerone dementia laudatur.
exornare ,
aut scribendi tanta vis, tanla copia, quae1, non dicam
sed enarrare, C. Caesar, res tuas gestas possit.
Tamen affirmo, et hoc pace dicam tua, nullam in his esse
laudem ampliorem ea quam hodierno* die conseculus es.
Soleo sæpe ante oculos ponere, idque libenter crebris usur-
pare sermonibus, omnes nostrorum imperatorum, orancs
exterarum gentium potenLissimorumque populorum, omnes
clarissimorum regum res gestas cum tuis nec contentionum
magnitudine, nec numero præliorum, nec varietate regio-
num, nec celeritate conficiendi, nec dissimilitudine bello-
rumposseconferri: nec vero disjunctissimas terras citius
cujusquam 2 passibus potuisse peragrari, quam Luis, non
dicam cursibus sed victoriis lustralae sunt.
,
Quæ quidem ego nisi3 tam magna esse fatear, ut ea vix
cujusquam 4 mens aut cogitatio capere possit, amens sim :
,
sed tamen sunt alia majora. Nam bellicas laudes solent
quidamextenuare verbis easque detrahere ducibus com-
,
,
:
est. Interdum tamennecessitas exigit eliam urbanos ad
, cursu et campestri
nando juvenlus abluebatinTiberi.
morum ;
Idem bellafor, idem agricola, genera tantum mutabat ar-
quod usque adeo verum est, ut aranti Quinclio
Cincinnato dictaturam5 constet oblatam. Ex agris ergo
supplendum robur praecipue videlurexercitus.
Tirones ad omne genus exerceantur armorum oporlet,
,
ut sine trepidatione in acie faciant quod ludentes in campis
semper fecere. Silvam caedere, porfare onera transilire
,
fossas, natare in mari sive fluminibus, gradu pleno ambu-
larevel currere etiam armalos 6 cumsarcinissuis, fre-
quentissime convenit, ut quotidiani laboris usus in pace,
non difficilis videalur in bello. Sive igitur legio, sive auxilia
fuerint7, jugibus exercitiis instifuantur. Nam, quemad-
modum bene exercitatus miles praelium cupit, ita formidat
indoctus. Postremo sciendum est in pugna usum amplius
prodesse quam vires.
, , ; ,
remigio4, sed cunctis ad tristitiam compositis. Postquani
duobus cum liberis feralem urnam tenens egressa navi,
defixit oculos idem omnium gemitus neque discerneres 5
proximos, alienos, virorum feminarumve planctus : nisi
quod comitatum Agrippinæ,longomærore fessum obvii
et recentes in dolore anteibant.
,
1.§3C3. -2. g 237,-2°. —3. o C*•«/<».
t -1J 333. — 39.
5.
VERSIO LIII.
Sequitur de C. Cwsaris Germanicicxsequin.
55. Miserat duas praetorias cobortes Caesar, addito I i:t
magistratesCalabriæ, Apulique et Campani suprema erga
1.421.
:-#
; VERSION LII.
Germanictis étant mort en Syrie, enlevé par une maladie ou par
le poison. sa veuve Agrippine transporte ses cendres à Rome,
pour les déposer dans le tombeaud'Auguste.
[ 52. Agrippine, dont l'hiver n'avait point interrompu la
navigation, arrive à l'île de Corcvre, située vis-à-vis des côtes
de la Calabre. Là, elle passe quelques jours à calmer les em-
portements d'une âme qui ne savait pas endurer son malheur.
Cependant, au bruit de son arrivée, les amis les plus dévoués
de sa famille, et la plupart des hommes de guerre qui avaient
ervi sous Germanicus, une foule même de gens qui ne le con-
naissaient pas, accourus des villes voisines, les uns croyant
plaire à César, le plus grand nombre par esprit d'imitation, se
précipitèrent dans Brindes, le point le plus rapproché et le
plus sur où elle pût aborder. Dès que la flotte fut aperçue dans
e lointain, non-seulement le port et la plage, mais les mu-
railles, les toits des maison, enfin tous les points d'ou l'on
avait la vue la plus étendue, se couvrent d'une foule désolée,
oùTon se demandait les uns aux autres si l'on recevrait Agrip-
nine silencieusement ou avec des acclamations. Et l'on doutait
encore de l'accueil qui convenait à la circonstance, quand la
flotte entra insensiblement dans le port, non point avec cette
fallégresse qu'un équipage fait éclater ordinairement, mais
avec
l'expression de la tristesse peinte sur tous les visages. Au mo-
ment où, sortie du vaisseau avec deux de ses enfants, Agrippine
parut, l'urne sépulcrale entre les mains, les yeux baissés vers
la terre, on n'entendit dans cette foule qu'un même gémisse-
:
ment; on n'aurait pu distinguer les proches des étrangers, les
plaintes des hommes de celles des femmes seulement, le cor-
tège d'Agrippine étant épuisé par une longueaffliction, ceux
uivenaient au-devant, et dont la douleur était récente, la
témoignaient avec plus de vivacité.
VERSION LUI.
Funéraillesde(termanicus.(Suite.)
53. César avait envoyé deux cohortes prétoriennes, avec
ordre aux magistrats de la Calabre, de l'Apulie et de la Cam-
panie, de rendre à la mémoire de son fils les honneurs su
mcmoriam filii sui munera fungcrentur a. lgitur tribu-
;
norum centurionumque humeris cineres portabantur prae- ;
transgrederentur, atrata plebes
opibus loci, vestem
,
cedebant incompta signa, versi fasces atque, ubi colonias
male dissimulari.
Tiberius atque Augusta publico abstinuere, inferius ma-
,
oculis vultum eorum scrutantibus
Matrem Antoniam
, ,
jestate5 sua rati, si palam laimentarentur; an6 ne, omnium
falsi intelligerentur7.
non apud auctores rerum non diurnà
:
Actorum scriptura reperio ullo insigni officio functam
seu8 valetudine praepediebatur, seu victus luctu animus
magnitudinem mali perferre visu non toleravit. Facilius
crediderim9 Tiberio et Augusta, qui domo non excedebant,
cohibitam, ut par mceror, et matris exemplo avia quoque
et palruus attineri viderentur.
7. § 223
,
2. §223, Rem. -3. ß 3G8. —4.§208 2°. -5. g 251. — 6.§474.—
, g 484. -9. g 399, Go.
Rein. — 8.
VERSIOLIV.
Sequitur de Germanici exsequiis.
54. Dies quo reliquiaB tumulo Augusti inferebantur,
modo per silentium vastus, modo ploratibus inquies ; plena
Urbis itinera, collucentes per campum Marlis faces; illic
miles cum armis, sine insignibus magistratus, populus per
tribus, concidisse rempublicam, nihil spei reliquum clami-
:
possession de leur charge, le sénat et une grande partie du
peuple, remplissaient la route ils marchaient sans ordre, et
chacun pleurant à son gré. La flatterie était loin de leur pensée;
car personne n'ignorait la joie mal déguisée que causait à
Tibère la mort de Germanicus.
Tibère et Augusta s'abstinrent de paraîtreenpublic, soit
qu'ils crussent au-dessous de leur dignité de donner le spectacle
de leurs larmes, soit qu'ils craignissent que tous les regards,
observant leurs visages, n'y lussent la fausseté de leur cœur.
Pour Antonia, mère de Germanicus, je ne trouve ni dans les
historiens, ni dans les actes journaliers de cette époque, qu'elle
ait pris part à aucune cérémonie remarquable. Peut-être fut-
elle empêchée par la maladie; peut-être, vaincue par la dou-
leur, n'eut-elle pas la force d'envisager la grandeur de son
infortune. Toutefois,jeducroirais plutôt que Tibère et Augusta,
qui ne sortaient pas palais, l'y retinrent malgré elle, afin
que l'affliction parût également partagée, et que l'absence de
la mère justifiât celle de l'oncle et de l'aïeule.
VERSION LIV.
corpore,
hiemis, Ticinum usque progressum, neque abscedentem a
;
simul Urbem intravisse; circumfusas lecto Clau-
diorum Juliorumque imagines defletum in foro, laudatum
pro rostris; cuncta a majoribus reperta, aut quæ posteri
invenerint, cumulata. At Germanico ne solitos quidem, et
cuicunque nobili debitos honoresconligisse. Sane corpus,,
ob longinquitatemitineris. externis terris quoquo moJo
crematum : sed tanfo6 plura decora mox tribui par fuisse,,
j
quaulo prima fors negavisset7. Ubi ilIa veterum instituta
proposilam toro effigiem, medilata ad memoriam virtuiisa
,
carmina, et laudationes et lacrymas, vel doloris imita--
menta?
3. g 343,2°. —4. 50G.
— G. g 258. - -5. ;
§§ 296, on remarquera deplus 300, 5 I0..
7. Meines remarques quuu chiine 5, relatives an si; .e
indirect.
VERSIO LV.
Quo pacto (rat occurrendum sit.
;
proximis tradit. Ebriosus convictores in amorenl vinii
traxit* impudicorum ccetus fortem quoque, et, si licealH
;
virum emoliiit 3 avaritia in proximos virus suum trans—
tulit. Eadem ex4 diverse ratio virtutum est,ut5 omnei
quod secumhabent, miiigent; nee tamvaletudiniprofuit
utiìis reffio et salubrius ciju-lusn, (}uam animisparum f)rm;.
f
in turba meliore versari.Quae res (lu;:n:t:m(jl)():;:,it un,cij—
ligcs, sir videris (eras quoque convictanosiro mansues
dcnlc. -
I 22
•'». g i i0. — i>.
V) i,
narfaitctceuxquisui\en doivctiirlivrninsorlcs a
i
— (i. g 72.
i
1.S324. -2. Hellénisme. Vov. laMelli. gn'clllf',:};J7, 3°.
ubxTvatUm
— 7. J 2Ti
-3.(c,
pri<c-
,in
[«
l'honneur de la patrie, le vrai sang d'Auguste, l'unique mo-
dèle des vertus antiques »; puis, les yeux levés au ciel, ils
à «
priaient les dieux de protéger ses enfants, et de les faire
échapper leurs persécuteurs".
t. Pour des funérailles publiques, quelques-uns eussent désiré
:
plus de pompe. On rappelait par comparaison tout ce qu' Au-
guste avait déployé de magnificence et d'honneurs pour les
pbsèques de Drusus, père de Germanicus «Il s'était avancé
n personne jusqu'à Ticinum, au plus fort de l'hiver; il n'avait
pessé d'accompagner le corps jusque dans Rome; on avait
fange autour du lit funèbre les images des Claudes et des
;
Iules; on avait pleuré le mort dans le Forum, prononcé son
loge du haut de la tribune tous les honneurs institués par
:
leurs ancêtres, ou imaginés
par les âges suivants, avaient été
rodigués pour Drusus tandissque Germanicus n'avait pas
'eçu les plus ordinaires, ceux auxquels tout noble avait droit
e prétendre. Sans doute, il avait fallu, à cause de l'éloigne-
ment des lieux, brûler le corps sans pompe sur une terre
étrangère; mais on devait lui rendre ensuite d'autant plus
d'honneurs, que le sort les lui avait d'abord déniés. Qu'étaient
ertus,
evenues les coutumes antiques, ce lit de parade où l'on pla-
ait l'effigie du mort, ces vers consacrés à la mémoire de ses
ces panégyriques, ces larmes, symboles d'une douleur
u moins apparente?
VERSION LV.
Comment il faut prévenir la colère.
55. On prend les mœurs de ceux que l'on fréquente; et
omme certaines maladies du corps se transmettent par le
ontact, ainsi l'âme communique ses vices de proche en pro-
he. L'homme adonné au vin inspire ce goût à ceux qui vivent
;
vec lui; la compagnie des libertins amollit l'homme fort, et,
il est possible, le héros l'avarice infecte de son venin
st la même :
ui l'approchent. Dans un sens contraire,l'action des vertus
ceux
elles adoucissent tout ce qui les touche; et un
Iimat favorable, un air salubre, ne font pas autant pour la
anté, que le commerce d'un monde meilleur pour une âme
hancelantc. Vous comprendrez tout ce que peut cette in-
uence, si vous observez que les bêtes féroces elles-mêmes
'apprivoisent en vivant près de nous, et que l'animal le plus
l'ouche ne
àrouche neconserve soncrue
jamaisson
conservejamais cruell instinct, s'il a long-
lon g -
cere8, nulliqueetiam immani bestiae vim suam permanere,
si hominis contubernium diu passa est. Retunditur omnis
asperitas, paulatimque inter placida dediscitur.
Accedit hue, quod non tantum exemplo melior fit, qui
cum quietis hominibus vivit, sed quod causas irascendi non
invenit, nec vitium suum exercet. Fugere itaque debebit
omnes quos irritaturos iracundiam suam 9 sciet. «Qui sunt,
inquis, isti? n Multi, ex variis causis idem facturi. Otfendet
te superbus contemplu, dives contumelia, petulans injuriã,
lividus malignitate, pugnax contentione, ventosus et men-
dax vanitale. Non feres a suspicioso timeri, a pertinace
vinci, a delicato fastidiri. Elige simplices, facjles, mode-
ratos, qui10 iram tuam nec evocent, et ferant. Magis adhuc
proderunt submissi et humani, et dulces; non tamen usque
in adulalionem : nam iracundos nimia assentatio offendit;
nec magis tutum est illis blandiri, quam maledicere.
8. g 328,Rem. t. —9.§208 , 2°. 10. §§235 et279.
—
VERSIOLVI.
Deoculis.
,
qui n'éveillent pas votre colère, et qui la supportent. Mieux
vaudront encore ceux dont le caractère est l'humilité, la con-
descendance la douceur, sans aller pourtant jusqu'à l'adula-
tion : car une complaisance outrée offense les esprits irascibles;
et la flatterie court autant de risques auprès d'eux que l'injure.
VERSION LVI.
Des yeux.
56. Les sens, qui nous servent d'interprètes et de messagers,
ont leur siège dans la tête, comme dans une citadelle, où leur
structure et leur place répondent merveilleusement à nos
besoins. Les yeux (pour ne point parler des autres parties), les
yeux, semblables à des sentinelles, occupent le point le plus
élevé, pour découvrir le plus d'objets possible, et remplir ainsi
leur fonction. Mais quel autre ouvrier que le suprême artisan
de l'univers, l'être ingénieux par-dessus tous, aurait su déployer
tant d'adresse dans la composition de cet organe? D'abord, il
les a revêtus et entourés de pellicules d'une extrême ténuité,
assez transparentes pour leur permettre de voir à travers ,
assez fermes pour les maintenir. Mais il a fait les yeux glissants
et mobiles, afinqu'ils évitassent ce qui pourrait les blesser,
et portassent aisément leurs regards où ils voudraient. Et ce
point même où réside la vue, ce point qu'on nomme la pru-
nelle, est si petit qu'il se dérobe sans peine à tout ce qui
pourrait lui faire du mal. Cependant les paupières, destinées
simae ,
tactu5, ne laederent aciem aptissime faclae et ad
claudendas pupulas, nequidincideret, et adaperiendas;
idque providit ut identidem fieri posset cum maxima cele-
rum :
ritate. Munitaeque sunt palpebrae quodam quasi vallo pilo-
quibus6, et apertis oculis, si 7 quid incideret, repel-
leretur, et iidem somno 8 connivenles,tanquam invoJuli,
quiescerent. Latent praeterea utililer, et excelsis undique
partibus sepiuutur. Primum enim superiora, superciliis
obducta, sudorem acapi:e et a fronte defluentem repellunt;
genæ deinde ab9 inferiore parte tutantur subjectae, leviter-
que eminenfes. Nasus ita locatus est, ut quasi murus oculis
interjectus esse videatur.
5. §424. -6. g 328. -7. § 214,3".-—S.§328. Hem. 9. g 438.
1. —
VERSIO LVII.
« Jam ,
Effatur, merso vioiafa in robora ferro :
ne quis vestrum dubiteP subvertere silvam,
Credite me fecisse nefas. » Turn paruit omnis
1.3 214, 3". ,. ; if;;,
?!, 1U. —3. £ illIII.
à couvrir les yeux, sont d'une substance très-douce au toucher,
pour ne point blesser rorgan; parfaitement disposées et pour
cacher les prunelles, isi quelque corps devait y tomber, et pour
les découvrir; et le Créateur a pourvu àce que ces deux mou
vements pussent s'exécuter de temps en temps avec la plus
grande célérité. Puis les paupières sont bordées de poils, qui
forment comme une palissade, pour repousser ce qui viendrait
attaquer les yeux quand ils sont ouverts, ou pour les enve-
lopper quand ils cèdent au sommeil, et les faire reposer sous
leur abri. Les yeux ont, de plus, l'avantaged'être cachés et
défendus en tout sens par des parties plus avancées. D'abord,
la partie supérieure, avec les sourcilsqui l'ombragent, arrête la
sueur qui coule de la tête et du front; à la partie inférieure
sontles joues, qui les protègent par une légère saillie. Lé nez
a été placé de telle sorte qu'il semble un mur de séparation
entre les yeux.
VERSION LVII. -
La forêt voisine de Marseille est abattue par ordre de César.
;
contre eux-mêmes. A l'aspect de ses cohortes paralysées par
une profonde terreur, César donne l'exemple sa main auda-
cieuse saisit une haché, l'élève en l'air,etlaplonge dans un
chêne majestueux; puis, montrant le fer sacrilége enfoncé
:
dans le bois cc Maintenant, dit-il, qu'aucun devous ne craigne
»
plus d'abattre cette forêt je prends sur moi le crime. Chacun
obéit alors à ses ordres, non pas que les esprits fussent ras-
,
Imperiis, non sublato secura pavore
Turba sed expensã superorum et Caesaris
Procumbunt orni, nodosa impellitur ilex ;
ira.
Silvaque Dodones, et fluctibus aptior alnus,
Et non plebeios luctus testata cupressus
Tunc primum posuere comas, et fronde, carentes
Admisere diem.
VERSIO LVIII.
Homeri virtutes.
58. Si graecos poetas percensere velimus, ut Aratus ille,
iu Phaeuomenis *, ab Jove incipiendum putat,
1 ita
nos rite
ccepluri ab Homero videmur. Hie enim (quemadmodum ex
Oceano dicit ipse amnium fontiumque cursus initium ca-
pere) omnibus eloquenliae partibus exemplum et ortum
dedit. Hune nemo in magnis sublimitatc, in parvis pro-
prietate superaverit2. Idem laetusac pressus, jucundus et
gravis, turn copia, turn brevitate mirabilis; nec poelica
modo, sed oratoria virtute eminentissimus.
Affeclus quidem, vel illos miles, vel bos concitalos,
nemo erit tam indoeLus, -qui 3 non in sua potestate hunc
auctorem habuisse fateatur. Age vero, nonne in utriusque
suioperisingressu, paucissimis versibus, legemprocemio-
rum, non dico servavit, sed constituit? Nam benevolumet
auditorem, invocatione dearum quas praesidere* vatibus
credilumest; et inlentum, propositirerummagnitudine;
et docilem, summa celeriler comprehensã, facit.
Narrare vero quis brevi us, quam qui mortem nuntiat
Patrocli? Quis significantius potest, quam qui Curetum
Ætolorumque praelium exponit? Jam similitudines, ampli-
ficationes, exempla, digressus, argumenta probandiac
refutandi, sunt ita multa, ut etiam qui de iis artibus scri-
pserunt, plurima earum rerum testimonia ab hoc poelã
petant. Quid5? in verbis, sententiis, figuris, dispositione
* r
Titre d'un poo'ine grcc sur AstrolJomic. (Tit p««vS/m«, les constella-
tions apparentes.)
1.§438. -1. § 390, 0". —3.§505. -.i, § 520. — 5.§363.
surés, mais on avait mis en balance la colère des dieux et celle
de César. Les frênes sont abattus, l'yeuse chancelle sur son
tronc noueux; l'arbre de Dodone, l'aune qui vogue sur les
flots, le cyprès, l'arbre des nobles funérailles, virent tomber
pour la première fois leur cime chevelue, et, dépouillés de
leur feuillage, laissèrent pénétrer le jour.
«
VERSION LVIII.
-
Qualités d'Homère.
58. Si nous voulons passer en revue les poëtes grecs, comme
Aratus, dans ses Phénomènes, croit devoir à Jupiter sâ pre-
mière pensée, ainsi nous semble-t-il convenable de commencer
:
par Hemère. Ce poëte a dit que le cours des fleuves et des
fontaines tire son origine de l'Océan de mêmetoutesles parties
de rélequence ont en lui leur principe et leur modèle. Personne
Vie saurait le surpasser en élévation dans les grands sujets,
en justesse dans les sujets moins relevés. Abondant et serré,
agréable et sévère tout à lafois, admirable et par sa fécondité
et par sa concision, il possède au suprême degré, non-seule-
ment les qualités du poëte, mais aussi celles Je l'orateur.
:
Quant aux mouvements de l'âme, aux passions douces ou
véhémentes, cet auteur les a traitées en maître personne
d'assez ignorant pour se refuser-à cet aveu.Maintenant, dans
le ilékut de ses deux poëmes, n'a-t-il pas, en très-peu de vers,
ebservé, que dis-je? établi les lois de l'exorde? En effet, il
qu'on a regardées comme les génies tutélaires des poëtes il ;
s'assure la bienveillance des auditeurs, en invoquant les déesses
s'assure leur attention en leur montrant d'labord la grandeur
des événementsqu'il raconte, illes dispose à s'instruire, en
comprenant dans un rapide exposé l'ensemble de son sujet.
Et peut-on être plus concis dans la narration, que l'auteur
qui anoonce la mort de Patrocle? peindre plus vivement que
celui qui raconte Je combat des Curètes et des Etoliens? A
régard des similitudes, des amplifications, des exemples, des
digressions, des arguments qui appartiennent à la confirmation
ou à la réfutation, il en est si plein, que ceux mêmes qui ont
écrit sur l'éloquence empruntent à cet auteur la plupart des
preuves dont s'appuient leurs théories. Enfin, dans l'expres-
sion, dans les pensées,dans les figures, dans la disposition de
,
tolius operis, nonne bumani ingenii modum excedil6? lit7
inagni sit viri virlutes ejus non aemulatione sequi (quod
fieri non potest ), sed infellectu.
,
6.§.354. -7. g 503 2°.
VERSIO LIX.
Akibiades cum victore cxercilu redux Athenas Úlgrcdituf.
59. Ad hunc redeuntisexereilus triumplmm effusa omnis
muititudo obviam procedit, et enÏ\eEos quidemmilites,
praecipue tamen Alcibiadem mirantur'; in Lune oculos
,
civiias universa, in hunc suspensa ora conyertit; hunc
quasi de cælo missum et ut ipsam Victoriam cOlllncnlur;
laudant quæ pro patriã, nec minus admiraniur quæ exsul
contra gesseril3, excusantes ipsi iratum provocalumque
fccisse. Enimvero tantum in uno viro fuisse moraenti, ut
maximi imperii subversi et rursum recepti auctor esset; et
unde stetisset, eo se victoria transferredfieretque cum co
,
mira quædam fortunæ ÏncJinatio. Igitur omnibus non IlU-
manis tantum verum et divinis eum honoribus onerant ;
certantsecum ipsi utrum3 contumeliosius eum expulerinH,
an revocaverint lionoratius. Ipsos iSIi deos gratulantes
tulere obviam, quorum exsecrationibus erat devotus; et
cui paulo ante omnem humanam opem inlerdixcrant, eum,
si queant, inccelo posuissecupiunt. Explent contumelias
honoribus, detrimenta muneribus, exsecrationes precibus.
Non Siciliae iIlis adversa pugna in ore est, sed Graeciae5
victoria; non classes per6 ilium amissac, sed acquisitae ;
nec Syracusarum, sed loniae Hellespontiquememinerunt.
Sic Alcibiades nunquam mediocribus, nec in offensa, nec
in favore, studiis suorum exceptus est.
-
1.237. — 2. g 508.- 3. § 474.-—4. § 472. —5. g aai. —c.§'*21.
tout son ouvrage, ne dépasse-t-il point le terme où le génie
humain peut arriver? De sorte qu'il faut être un homme supé-
je
rieur, ne dis pas pour rivaliser avec une telle perfection, ce
qui estimpossible,mais seulement pour la comprendre.
VERSION LIX.
Retour âAlcibiade à Athènes avec son armée triomphante.
59. Au retour de cette armée triomphante, la foule tout
euiière se porte au-devant d'elle. On admire tousces guerriers,
mais surtout Alcibiade. Tous les regards, tous les visages sont
tendus avidement vers lui; on le contemple comme un être
envoyé duciel, comme le dieu même de la Victoire. On vante
cequ'il a fait pour sa patrie; on n'admire pas moins ce qu'il a
,
copia, quæ est sine delectu, multasnecesseestexcidere 5
leves, frigidas ineptas. Quia lucere totam ubique oratio-
nem voluit, lumina ilianonflammae, sed scintillis inter
fumum emicantibus similia dixeris4. Ita nocent apud ilium
ipsae praesertim virtutes, ultra modum expetifae, omnium
in eloquentiavitiorum5 pessimum, quoties ingenium judicio
caret et specie boni fallitur.
Ut autem sunt prona in deterius hominum ingenia, mala
conlagione novum hoc dicendi genus totam illico invasit
Urbem.Juvenes, spretis veteribus, ad unius Senecae imila-
tionem composili illiusque præsertim vitiorum amatores,
,
tantum ab illo defluxerunt, quantum ipse ab anliquis de-
;
scenderat. Sordere ccepit purus simplicitatis nitor neglecta
rerum cura est, ut haberetur6 ratio verborum. Quasi lege
sancitum est, ut omnis locus, omnis sensus in fine sermonis
acumineferiret7 aurem, et acclamationem peteret.
I. §234..—2. g3, 4". —3. § 520.-—4. g :W9,G". —5. g 19S. —C. g -253,
Rem.— 7. § 22:3 ,
Hem.
VERSION LX.
Comment, après le siècled'Auguste, l'éloquence déclina chez
les llomains.
;
libus innocentissimus8quisque, tunc nocenlissimus affige-
retur quumque insulas omnes, quas modo senatorum
jam delatorum turba compleret; quosquidem9 non in præ-
,
sens modo, sed in aeternum repressisti, in ilia poenarum
indagine inclusos.
-2. § 499.—3. § 399, 1° .—4. g 235, 2°. -5. g 472. -6,3499.
1. g 480.
-7.281. — 8.271. —9.§234.
VERSION LXI.
Pline loue Trajan d'avoir condamné la troupe des délateurs
à l'exil.
61. César, vous avez souvent offert des spectacles à nos yeux;
mais aucun n'a été plus agréable, plusdigne du siècle, quecelui
;
qui nous a montré une troupe de délateurs, comme des assas-
sins et des brigands, amenée dans l'amphithéâtre qui nous a
fait voir, du haut de nos sièges, les délateurs, le cou renversé
et la tête en arrière, exposés à nos regards. Nous reconnais-
1sions leurs traits, nous jouissions, lorsque ces pervers, victimes
expiatoires des publiques alarmes, marchaient, sur le sang
,
des criminels, à des supplices plus lents, à des peines plus
affreuses. Jetés sur des navires réunis à la hâte ils ont été
,
1
;
spectum tui, quasi ad salutem sanita!emque prorepere.
Inde alii se 5 satis vixisse te viso, te recepto alii nunc
magis esse vivendum praedicabant. Feminas etiam tum
frecunditatis suæ maxima voluptas subiit, quum6 cernerent
cui 7 principi cives, cui imperatori milites peperissent.
Yideres referta tecta ac laborantia, ac ne8 eum quidem
vacantem locum, qui nonnisi suspensum et instabile vesti-
gium caperet; oppletas undique vias, angustumque tra-
mitem relictum tibi; alacrem bine atque iude populum;
ubique par gaudium paremque clamorem. Tam aequalis
9
omnibus ex adventu tuo laelitia percepta est, quam om-
nibus aequalis venisti : quæ tamen ipsa cum ingressu tuo
crevit, ac prope in singulos gradus adaucta est.
l. § 490. -2. g34,4°. —3.§402.'-4. § 223,Hem —5.§219. -G. §499.
-7.172. -8. 4b3. 9 — S348.
VERSIO LXIII.
De imitalione veterum.
1
:
des hommes. Vous, César, la majesté seule de votre taille vous
élevait au-dessus de la foule c'était aussi un triomphe; mais
c'est de l'orgueil des princes, et non de la patience des peu-
ples, que vous triomphiez. Aussi ni l'âge, ni la mauvaise santé,
>ni le sexe, n'arrêtèrent personne, et chacun voulut repaître
ses yeux d'un spectacle si nouveau. Les enfants s'empressaient
de vous connaître, les jeunes gens vous montraient, les vieil-
lards vous admiraient; les malades même, oubliant les ordres
de leurs médecins, se traînaient sur votre passage, comme
s'ils eussent dû y trouver la guérison et la vie. Les uns, con-
tents de vous avoir vu, de vous posséder, s'écriaient qu'ils
avaient assez vécu; les autres, que c'était maintenant surtout
qu'il fallait vivre. Les femmes mêmes se réjouirent plus que
jamais de leur fécondité, en voyant à quel prince elles avaient
donné des citoyens, à quel général elles avaient donné des
l
f faix,
,
suspend1 u et mal1 a ff"
I envahies
',.,
soldats. Les toits, couverts de spectateurs, pliaient sous le
et nulle place n'était vide, pas même celles où le pied,
à à
ffermi, trouvait peine se poser. 1Les rues
ne vous offraient plus qu'un étroit sentier, bordé
I
,
des deux côtés par un peuple dans l'ivresse. C'était partout
mêmes transports mêmes acclamations. Tous ressentaient.
étalement la joie de votre arrivée, comme vous étiez égale-
ment venu pour tous; et cependant l'allégresse redoublait à
mesure que vous avanciez, et croissait presque à chacun de
vos pas.
VERSION LXIU.
De l'imitation des anciens.
63. Si le jugement gagnebeaucoupdansl'étudedes lettres
:
anCiennes, le style y gagne plusencore qui pourrait niécoia-
quis negaverit ? Ingens comparatur silva sentenliarum
mulla ingcniose dicta, luculenter explicata nostri fiunt
:
juris1 ac mancipii, rebusquenostris haud parva veniunt
accessio3.Non jam tu, quicunque3 graeca4ellatina per-
manebis :
calles, patriae regionis finibuscircumscriplusacdefinilus
in externa licet excurrere, prædas ex alio
agere, et alienis inarvis, velut legitimi quodam belli jure,
messem uberrimam colligere, quam 5 in tua devectam
transferas. Scriptoribus a6 nostris vix aliquid mutuari
8
possumus, quin7statimrepetundarum insimulemur
in bac tanta circumfluentiumdiviliarumcopia, tanquam
sacris cogimur parcere. At Graecos et Romanos spoliare
;
et
;
non modo crimini non datur, gloriae etiam ducitur. Hoc
est nobilissimum spartanae juventutis furtum egregie pec-
canti conceditur venia, delictique cul pa intra laudem so-
lerliaG latet. Scilicet e tantorum virorum libris aliquid ita
abradere, ut tuis scriptis aplissime adhaerescat, difficile
est, ideoquegloriosum. Tum tibi præ!erea necessitas im-
posita est multa præclaraque conandi,alienisquebonis
quae surri puisti pares ac prope germanos foetus afterendi
,
ne plus memoria quam ingenio valeas, furtaque tua pro-
priæ egestatis testimonio palara arguantur ac denudentur.
Inde major alacritas scribenti; inde animus optimis insue-
Ius, ipse parit optima.
,
1.g30G. — 2. gg241 el 198. —3.§21)2. —4.$192.
6. g324. -7. g 465 Rem. --s. §§315,147,8°
-5.235.-
VERSIO LXiV.
,
Vtr bonus, morli jam proximus.vtoe succ facta recenscl.
a me
1.
admissum ,
erit, coelum quidem consalutabo discedens, et quie mibi
quod
g319,4°. —?. :21\,.i".
,
aut probro ,
conscius sum protestabor.Nihil in longo vilae meæ spalio
dedecori aut flagilio
naître cette vérité?On acquiert un fonds d'idées cunsidérable.
Une foule de mots heureux, de magnifiques développements
deviennent notre bien, notre propriété, et contribuent singu-
,
lièrement à augmenter nos richesses. Qui que vous soyez, qui
connaissez à fond les ouvrages des Grecs et des Latins, vous
ne demeurerez plus enfermé dans votre pays, borné par ses
limites : il vous est permis de faire des excursions au dehors,
de conquérir du butin sur l'étranger, et d'user en quelque
sorte des droits d'une guerre légitime, en enlevant dans
ses champs une ample moisson pour la transporter dans les
; ,
vôtres. A peine pouvons-nous emprunter à nos écrivains sans
être aussitôt accusés de spoliation et toutes ces richesses qui
nous environnent semblent des biens sacrés dont nous sommes
contraints de nous abstenir. Mais pour les Grecs et les Romains,
non-seulement on ne nous fait point un crime de les dépouiller,
,
on nous en fait encore un titre de gloire. C'est le fameux larcin
des jeunes Spartiates; la fraude habilement exécutée obtient
pardon et le mérite de l'adresse couvre l'iniquité du délit. En
effet, détacher quelque chose de ces oeuvres sublimes et l'appli-
quer parfaitement à vos propres écrits, c'est une œuvre difficile,
et par cela même, glorieuse. Alors vous vous imposez, déplus
l'obligation de déployer de généreux efforts, de produire des
,
:
choses dignes de celles que vous avez dérobées, et qui aient
avec elles un air de famille autrement vous montreriez plus
de mémoire que de talent, et le témoignage de votre propre
indigence viendrait hautement trahir et décéler vos larcins.
C'est ce qui donne à l'écrivain une nouvelle ardeur; c'est par
là que l'esprit, familiarisé avec les productions les plus par-
@
VERSION LXIV.
Lhomme de bien, sur le point de mourir, passe en revue tes
actions de sa vie.
64. Je trouve des consolationsdans ma vie déjfi
presque
passée, et qui touche à la mort. Quand la mort se présentera,
que ce soit le temps du jour ou de la nuit, je saluerai le ciel
en partant, et je déclarerai ce que j'ai la conscience d'avoir
(aIt. Dans le cours de ma longue carrière, je n'ai commis
aucune action qui put ine déshonorer, m'attirer la honte ou
l'infamie.Aucun traitde cupidité, de perfidie, n'a marqué
foret. Nullum in ætate agenda^ avarum nullum perfidum
,
facinus meum exstitisse; contraque multa liheraliler, mulla
amice, mulia fideliter, multa constanter, saepe etiam cum
periculo capitis, consulta. Honores quos ipse adeptus sum,
nunquam improbis rationibus concupivi. Animo polius
quam corpori curando operam dedi; studia doctrinae rei
familiari meæ praetuli. Pauperem me, quam ope cujusquam
adjutum, postremo egereme4 quam poscere malui. Sumptu
nunquam prodigo fui, quæstu interdum necessario. Vcrum
dixi sedulo, verum audivi libenter. Potiusduxi tacere quam
fingere, infrequens amicus5 esse, quam frequens assentator.
Pauca petii, non pauca merui : quod cuique potui, pro
copia commodayi : merenlibus promptius6, immerentibus
audacius opem tuli; neque me parum gratus quispiam
repertus segniorem effecit ad beneficia, quæcunque pos-
emensus ,
sem, prompte impertienda. Quocirca vitse spatium sic
libens obdormiam, utinde, corporis vinculis
liberatus, ad tranquilla, amcena et omnibus bonis referia
animarum conciliabula transvebar.
3. §412. —4.§210. — 5.212,2°. — C. g ,-,Sit.
VERSIO LXV.
De binis geniis cuÙjue morlalium adscriptis.
05. Auctorest Empedocles* binos cuique homini ad-
1
,
agi, misceri, temperari, ac mala bonaque venire; quum 2
candidus ille genius dexlroadfixus laterÏ , probe moneat,
suaviter hortetur, in tempore juvet; ex altera parte niger
prava succinat, falsa doceat, et in malam crucem hominem
praecipitem agat. Addcbat Empedocles hinos non semper
operi suo instare comites; quasdam esse remissiones, quae-
dam intervalla; mox acrius hominem impclli, aut tirmius
retineri donec 3 alteruter vicerit. Turn, quasi amisso
,
* Philosophy arte, d'Agrigente, en Sleile; il vivait au milieu du cin-
quienii'circleavaul J. C.
i. 2.
t. £ 1 — £ 507.Hem. — 3. y ','I í
mon existence; loin de là, je me suis souvent montré libéral,
dévoué, fidèle, constant, souvent même au péril de mes jours.
Les honneurs auxquels je suis parvenu moi-même, je ne les
ai jamais recherchés par des moyens déshonnêtes. Je me suis
plus appliqué à cultiver mon esprit, qu'à soigner mon corps
j'ai mis l'étude des sciences avant mes affaires domestiques.
;
été prodiguedansmesdépenses ;
J'ai mieux aimé être pauvre, que de recevoir aucun secours;
enfin, être dans le besoin, que de demander. Jamais je n'ai
quelquefois j'ai cherché le
gain par nécessité. J'ai dit la vérité scrupuleusement, et j'ai
pris plaisir à l'entendre. J'ai pensé qu'il valait mieux me taire
:
que de feindre, être un ami rare qu'un flatteur assidu. J'ai
demandé peu, je n'ai pas peu mérité j'ai obligé chacun en ce
que j'ai pu, selon mes ressources. J'ai secouru avec un certain
empressement ceux qui en étaient dignes, avec un peu de
;
confiance ceux qui ne l'étaient pas et le peu de gratitude de
quelques personnes ne m'a pas rendu plus tiède pour faire à
tout le monde le bien qui était en mon pouvoir. Aussi m'en-
dormirai-je avec joie, après avoir ainsi parcouru ma carrière,
pour quitter ces lieux, et passer, affranchi des liens du corps,
dans la demeure des âmes, dans ce séjour calme et charmant
où règnent toutes les félicités.
VERSION LXV.
:
65. Empédocle dit qu'à chacun des mortels sont attachés
deux génies l'un propice, l'autre (qu'il appelle CUcCa-TCùp) per-
nicieux. Ce sont leurs inspirations, c'est leur volonté toute
puissante qui mènent notre existence, inquiète ou paisible;
c'est d'eux que viennent le bien et le mal. Le génie blanc,
attaché à notre droite, nous fait entendre d'honnêtes conseils,
;
de tendres exhortations, nous aide même, au besoin, de ses
secours de l'autre, le génie hoir, par de perfides suggestions,
par de fausses doctrines, précipite l'homme dans un état de
perdition. Ces deux compagnons des humains, ajoutait Em-
pédocle, ne demeurent pas toujours appliqués à leur tâche; il
est des moments de repos, des interruptions, après lesquelles
,
l'homme se sent plus violemment poussé, ou plus fermement
retenu jusqu'à ce qu'un des deux génies ait remporté la vic-
toire. Alors, comme un roi détrôné, le vaincu se retireleplus
regno, vidulll saepius exsulare, et inde improvisum a desse,
oscifante altero, hominemque tolum sibi vindicare.
Haec Empedocles ; nec excelsae mentis virum sua 4 plane
5
opinio fefelJit; sed vera poetico more loculus est. Non
quidem duobus divinis satellitibus mortal is quisque stipatus
incedit; sed ipse sibi quisque est varius et multiplexgenius,
nempe liber. Ea6 est hominis caduca et praeclara conditio,
ut suis auspiciis atque arbitriis cuncta disponat, pessima
nunc sequatur, nunc meliora præoptet. Bonum nempe ge-
7
,
nium conscientiam recte moratam interpreleris : malum
aulem, libidinem, iram avariliam, el quaecunque animo
esse mala :
nubem offuderint. Memineris igitur penes (e tua esse bona,
nisi quod virtus ipsa sibi ferat auxilium, el
benefacla benefactis nascantur; tuque summam Dei opem
impJorando merearis, et ad optimam frugem propius et
faciliusaccedas.
4. g 299. 5. g t92,
— 2°. — 6. §224 , 7. g !HI, 0°.
2". —
VERSIO LXVI.
De picturd.
66. Pictura adeo non a liberalium disciplinarum usu
abhorret, ut contra erudilionem quam2plurimain requi-
rat, commerciumque cum poetica et oratoribus liabeal.
Non mediocris ingenii est, imo prope divini varias ani-
manlium rerumque species sic3 mente concipere , ut peni-
,
cillo et colorum pigmenlis exprimanEur, quasi nihil in illis
habet pictura ,
praeter spirilum dcsit. Nec tanlum miriticam deleclationeni
,erum praeterilarum rerum bistoriam
nostris oculis subjicit, et homines tanquam in scena lo-
quentes agentesque inducit. Quin etiam, dum piclas intue-
mur tabellas, in quibus
excitamur ad laudis studium
praeclara
,
exhibentur facinora,
et ad nobilem magnaram
rerum imitationem, quasi ipsius hisloriae monumenta re-
eoguosccremus. Plurimos tola retro anliquilate piclurap
:
marche pas escorté de deux satellites divins; mais chaque
mortel est pour lui-même-un génie multiple et varié c'est
qu'il est libre. Telle est lacondition de l'homme, condition
misérable et noble tout ensemble, d'être le souverain arbitre
de ses actions, maître tantôtde suivre la mauvaise voie, tantôt
de préférer la bonne. Ainsi, par le bon génie, il faut entendre
une conscience droite; et par le mauvais, le dérèglement, la
-
:
raison. SDuvenez-vous donc que vos actions, honnêtes ou cri-
minelles, dépendent de vous avec cette différence pourtant,
que lavertu s'aide elle-même, et que les bonnes œuvrespro-
duisent les bonnes œuvres; qu'en implorant la protection de
Dieu, vous vous en rendez digne, vous approchez davantage
et plus facilement de la perfection.-
VERSION LXVI.
De la Peinture.
66.Loin d'être étrangère à la culture des belles-lettres, la
peinture exige, au.contraire, l'érudition la plus variée, et se
trouve en commerce avec la poésie et l'éloquence. Il faut un
génie plus qu'ordinaire, que dis-je? un génie presque divin,
pour concevoir si vivement dans son imagination les formes
diverses des animaux et des êtres insensibles, que le pinceau
et les couleurs les expriment par des images auxquelles il
semble ne manquer que le souffle dela vie. Et la peinture n'a
:
pas seulement le mérite de nous procurer de merveilleuses
jouissances elle nous remet encore devant les yeux l'histoire
des événements passés, et fait, en quelque sorte, parler et
:
agir sur la scène les personnages qu'elle nous présente. Il y a
duites lorsque nous contemplons des tableaux où sont repro-
plus
des actions héroïques, nous nous sentons enflammés
de l'amour de la gloire et du noble désir d'imiter les grandes
choses, comme si nous parcourions les monuments mêmes de
l'histoire. En remontant dans l'antiquité, nous voyons qu'il y
eut dans tous les temps des hommes passionnés pour la pein-
studiosissimos exstilisse accepimus ;
el Cicero erudilos in
eo oculos habere se4 asserit. Nee deest pictoribusjudicium
et prudentia. Norunt illi quid5 deceat, quid non. Testis
Apelles, qui, quum Anligoni imaginem finxit, hanc latere
tantum allero6 ostendit, utamissi oculi deformilascela-
retur7. Nec minor Timanthis solertia, qui, quum in im-
molanda8 Iphigeniã, tristem Calchanta, irisliorem Ulyssem,
et mœstissimumMenelaum expressisset, consumptis dolo-
rum omnium significalionibus, obvolvendum Agamemnonis
caput esse duxit, ut spectanlibus inlelligendum permitle-
ret9 summum ilium luctum quem10 penicillo non posset
imitari.
,
4. g 219. — 5. g 472. — 6. 288. — 7. g 223, Rem.—8.§412.—
9. g 223 llem. — 10. g 235, licm.11.
VERSIO LXVII.
Nilus.
67. Hune nobiiissimum amnem natura ila disposuil, ut
eo tempore inundaret Ægyplum , quo maxime usta fervo-
r ibus terra undam altius traheret, tantum hausura, quan-
tum siccitati annuae sufficere possit. Nam in ea parte quac
in Æthiopiam vergit, aut nulli imbressunt, aut fari, et
qui' insuetam aquis coelestibus terrain non adjuvent. Unam
iEgypLus in hoc spem suam habet. Proinde aut sterilis
annus, aut fertilis est, prout ille magnus influxit, aut
parcior. Nemo aratorum adspicit caelum.
Is arenoso et sitienti solo et aquam inducit el terram.
VERSION LXVII.
Le Nil.
VERSIO LXVIH.
Cæsaris triumphus.
; ;
tincla radiis corona; suggestus in curia; fasligium**** in
domo mensis in ccbIo ad hoc Pater ipse patriae perpe- ,
,
tuusque Dictator; novissime (dubium an6 ipso volente)
oblata pro rostris et Antonio 7 eonsule, regni insignia.
c;
I. § 208,Rem. I,II. — 2.§337.--3. 3 320,I. -4. §343.
73. —7. § 421, absence de parlicipe , etc.
__j
;
*Transniit, cest-a-dire lit passer sous les yeux des spectateurs.
,
Cleopatre. 11 y avait une ville du même nom mais César nr
** Soeur de
norla pas ses armes jusque-la.
*** Fils de Mithridate dont la défaiLe fut annoncce par César au sénat,
dans cette fameuse lettre : Veni,vidi,vici.
,.** u,, fronton: partiede la facade, ar laquelle on gravait les inscrip-
tionsetonplacaitles statues.
cohérence; et l'Egypte ne lui doit pas seulement la fertilité de
ses champs, mais ses champ? mêmes.
C'est un spectacle magnifique que celui du Nil répandu sur
les campagnes. La plaine est couverte, les vallées ont dis-
paru, les cités sortent de l'eau comme des îles. Dans l'intérieur,
les habitants ne communiquent plus qu'en bateau; et moins
elles voient de leur territQire, plus la joie est grande parmi ces
populations.
VERSION XLVIII.
Triomphe de César.
68. César entre dans Rome sur son char de victoire. L'objet
la
de son premier triom phe, Gaule, fut représentée par le Rhin,
et
le Rhône, l'image en or de l'Océan enchaîné. 11 avait cueilli,
son second laurier en Egypte : dans ce triomphe, on voyait
parmi les dépouilles le Nil, Arsinoë, et le Phare, qui semblait
étinceler de ses feux. Le troisième char rappelait Pharnace et
le Pont. Le quatrième montrait Juba et les Maures, et l'Es-
pagne deux fois subjuguée. Pharsale, Tnapsos, Munda, ne
I :
figuraient nulle part et combien n'étaient pas plus grandes
ces victoires pour lesquelles il ne triomphait pas!
Alors enfin on posa les armes. La paix qui suivit ne fut point
:
Lensanglantée, et Inclémence compensa les maux de la guerre.
Le pouvoir ne fit point 4e victimes, excepté Afranius c'était
assez d'un premier pardon; Faustus Sylla; César avait appris
;
à redouter les gendres; et la fille de Pompée, avec s.es cousins
du côté de Sylla c'était une précaution pour sa postérité.
Aussi les citoyens ne se montrèrent point ingrats, et sur
VERS10 LXIX.
Excerpta e narralione qua Hippolyli mors patri nunlialu,
69. Ut cepit animos, seque prætentans satis
Prolusit irae, praepeti evolat,
cursu
Et vix gradu tangit humum ponti corniger,
Torvusque currus ante trepidantes stetit.
Contra feroci gnatus insurgensminax
Vultu, nec ora mutat, et magnum intonat :
(
69.
quand
VERSION LXIX.
!
la terre de ses-pas, et s'arrête devant les chevaux, qui fré-
missent à son affreux aspect. Mais votre fils se lève fier et
:
menaçant; il n'a point changé de visage, et s'écrie d'une voix
terrible «
Ce vain époiivantail ne glace point mon cœur;
dompter des taureaux, c'est pour moi un métier héréditaire.»
;
ln dit; mais tout à coup ses coursiers, indociles au frein, en-
traînent le char déjà loin de la route, ils se précipitent partout
où les emporte l'égarement de la peur, et se jettent au milieu
tdes rochers. Mais tel qu'un pilote, sur une mer orageuse,
-
,
ejus definitio litis a vero dissonans reperitur. Itaque æsti-
,
mabatur, ut ipse dicebat assidue vetus ilia Justitia, quam
offensam vitiis hominum Aratus extollit in coelum impe-
rante eo reversa ad terras, ni quædam suo ageret, non
bilaret :,
legum arbilrio, erransque aliquoties gloriam suam obnu-
obruendum
verbi causa inclement illud et perenni silentio
quod6arcebat ac docere vetabat7 magistros
rhetoricos et grammaticos ritus christiani cultores.
*362unsupves Jésus-Chrisl.
1.231. -2. § 440 —3.S472. —4.«487
225;Rem.1.
—S472 .— (j, « JdIO.-
7. g
VERSION LXX.
L'empereur Julien à Antioche.
70. En approchant d'Ahtioche, de cette capitale de l'Orient,
l'empereur Julien est accueilli, comme une divinité, par des
vœux publics, et il est charmé des acclamations de la multi-
tude, qui s'écriait que l'astre du salut venait de luire auxyeux
des peuples orientaux. Cependant, l'année se trouvant accom-
plie dans le même temps, il arriva qu'on célébrait, avec l'an-
tique cérémonial la fête d'Adonis, moissonné dans son jeune
âge, dit la Fable, ,
:
par ladent meurtrière d'un sanglier sym-
bole des fruits de la terre coupés dans leur fleur. Et il parut
de fâcheux augure, que le jour où l'empereur faisait pour la
premièrefois son entrée dans cette magnifique cité, séjour
dessouverains, tout retentît de plaintes lamentables et des
lugubresaccents de la douleur.
Julien y passa l'hiver à son gré, sans céder aux attraits
engageantsdes plaisirs, qui abondent dans toute la Syrie : loin
de Ii., tandis qu'il semblait goûter le repos, occupé de débats
judiciaires, et partagé entre une foule de soins aussi pénibles
que ceux de la guerre, il examinait avec une conscience scru-
puleuse comment il pourrait rendre la justice à chacun, de
tclle sorte que les méchants fussent contenus par de légères
peines, et les bons défendus sans que leur fortune dût en
ksouffrir. Et, quoiqu'ilsortît quelquefois de ses fonctions de
juge, en demandeant à chacune des parties plaidantes quel
culte elles professaient, cependant on né trouve aucune de
ses décisions qui soit contraire à l'équité. Aussi semblait-il,
comme il le répétait souvent lui-même, que cettepar divinité des
anciens âges, la Justice, contrainte,ditAratus, la dépra-
vation deshumains de s'exiler dans le ciel, fût, pendant son
,:
règne, retournée sur la terre, s'il n'eût, dans certaines cir-
constances, écouté plutôt sa volonté que les lois et si l'erreur
n'avait parfois jeté quelque ombre sur sa gloire comme le fit,
par exemple, cet ordre tyrannique et que devait couvrir un
éternel silence, cet ordre qui éloignait de l'enseignement les
maîtres d'éloquence et de grammaire qui suivaient la religion
de Jésus-Christ.
VERSIO LXXI.
Quædam de moribus Germanorum.
71. Reges ex nobilitate, duces ex virtute sumunt. Nec
,
regibus infinita aut libera polestas; et duces exemplo po-
tius quam imperio si prompti, si conspicui, si ante aciem
agant, admiratione ( praesunt. Ceterum neque animadver-
tere, neque vincire, ne verberare quidem, nisi sacerdotibus
permissum : non quasi in pcenam, nec ducis jussu, sed
velut deo imperante, quem adesse bellantibus credunt.
Effigies et signa quaedam, detracta lucis, in praelium ferunt.
Quodque praecipuum fortitudinis incitamentum est, non
casus, nec fortuita conglobatio turmam aut cuneum facit3,
sed familiaB et propinquitates, et in proximo pignora ,;
unde feminarum ululatus audiri, unde vagitus infantium
hi cuique sanctissimi testes, hi maximi laudatores
matres, ad conjuges vulnera ferunt; nec illae numerare
; ad
1. § 32G. -. :J.
§ 208, Hem. I. — § 220.
VERSION LXXI.
Quelques détails sur les mœurs des Germains.
71. Pour leurs rois, ils consultent la naissance; pour leurs
généraux, la valeur: les rois n'ont pas une puissance illimi-
tée ni arbitraire; et les généraux commandent par l'exemple
plus que par l'autorité. S'ils sont actifs, toujours en vue, tou-
jours au premier rang, l'admiration fait leur titre. Du reste,
punir, emprisonner, frapper même, n'est permis qu'aux
prêtres. Dans ce traitement, ils ne voient plus une peine, un
ordre émané du chef, mais le commandement du dieu qu'ils
croient présider aux batailles. Ils ont des images et des espèces
d'enseignes qu'ils tirent des bois sacrés et portent dans les
combats. Et le principal aiguillon de leur courage, c'est qu'au
lieu d'être un assemblage formé par le hasard, chaque bande
;
d'hommes à cheval, chaque triangle d'infanterie, est composé
: ,
de guerriers unis par les liens du sang et de la famille c'est
que les objets de leur tendresse sont près d'eux; ils peuvent
entendre les hurlements plaintifs de leurs femmes les cris de
leurs enfants ce sont là pour chacun les témoins les plus
;
respectables, les plus dignes panégyristes. On rapporte ses
blessures à une mère, à une épouse et celles-ci comptent les
plaies, ou en mesurent la grandeur, sans pâlir. De leur côté,
elles portent aux combattants de la nourriture et des exhor-
tations.
On a vu, dit-on, des armées chancelantes et à demi rom-
pues, que des femmes ont ramenées à la charge à force de
prières, en présentant leur sein aux fuyards, et en leur mon-
trant devant elles la captivité, que les Germains redoutent
bien plus vivement pour leurs femmes que pour eux-mêmes.
Ce sentiment est tel, que les cités dont la foi est le mieux
assurée sont celles dont on a exigé, parmi les otages, quelques
filles de distinction. J
VERSIO LXXIL
,
buntur quam sub oculis parentum ? aut minore sumptu
quam domi ? Quantulum esl ergo collala pecunia conducere
praeceptores ?Quodque nunc in habitationes in viatica, in
ea quæ peregre emuntur impenditis , adjicere mercedibus?
Alque adeo ego, qui nondum liberqs habeo, paratus sum
prorepublicanostra, quasi profiliavel parente, tertiam
partem ejus quod conferre vabis placebit, dare. Totum
etiam pollicerer, nisi timerem ne hoc munus meum quan-
•
I.S:S7iV — 2
G.21L
v<20. — :!. D~ 22:1, IU-m. — i. ,
8SO II. — ,r,.R2ii.—
VERSION LXXir.
Un homme, recommandable chez ses compatriotes par ses lu-
mières el son crédit, engage les principaux citoyens de sa
ville à fonder chez eux des écoles publiques.
runt:
mox secuti sunt, mortalium disciplinarum magistri ege-
sed in maxima celebritate, et in media reipublicae
luce ei imprimis vivendum existimavit, qui in hominum
moribus formandisa castigandisque studium onine curam-
que collocare yellet3. Quamobrem non tam domum suam
invitare discipulos, vel publicam scholam certo loco defi-
nitisque horis aperire Socrates voluit, quam ipse obviam
ire hominibus, civium ofifcinas ingredi, publicis adesse
convenljbus, in media hominum vilã versari. Quo ex
insliluto, quum4 mulla alia, turn haec praesertim enata sunt
commoda : primum quidem ut ad ipsius qui meliores vitae
rationes edocere solebat exemplum, omnium in luce po-
situm, sequendum stimularentur ii qui se disciplineejus
tradidissent; tum ut non artis forma indutam banc disci-
pliuam ediscere homines cogerentur, sed ut in ipso vitæ
actu, quacunque de re ageretur, ad rectius ferendum judi-
cium instituerenlur; si quid errassent, docerentur; si quid5
deliquissent, admonerentur; si quid facto6 esset opus, ad
honeslissima et forlissima quæque hortatorem habcrcnl; si
consilii esset inopia, prudentia regerentur, non superciliosi
magislri, sed prudentisamici, ad captum cujusvis, et ad
id quod rationes cujusque poscerent, comilerseseaccorn-
modanlis.
§ -
I.g413,II. — H2. -3.bOD. -4.§180. o. g ;lfj;1. —G.G 340,
hem.2.
VEHSIO LXX1V.
Constantem ætatem qttot et quanta miseries circumveniant.
74. Constants aelalis quot quantaeque miseriae sint', non
difficile est intelligere, at dillicillimum enumerare. Hæc
enim ex omnibus hominis aelatibus in perlurbationcs animi,
1. g 172.
VERSION LXXIII.
Enseignement de Socrate.
73. Socrate ne crut pas nécessaire pour un précepteur public
de se renfermer dans l'enceinte obscure d'une école, genre
de vie retirée que suivirent les maîtres de morale qui vinrent
bientôt après. C'était surtout au milieu de la foule, suivant
lui, au grand jour de la vie publique, que devait vivre qui-
conque voulait consacrer tous ses soins et son application à
former, à corriger les mœurs des hommes. C'estpourquoi, au
lieu de réunirdes disciples dans sa maison, d'ouvrir une école
dans un lieu déterminé, à des heures fixes" Socrate aima mieux
aller lui-même au-devant des hommes, entrer dans les atelièrs
: -
des citoyens, assister aux réunions publiques, se mêler à la vie
commune. Entre autres avantages qui résultaient de cette
méthode, il faut surtout remarquer ceux-ci c'est que, tout
en donnant des leçons d'une moraleplus pure, il présentait à
tous les yeux un exemple que ses disciples se sentaient encou-
ragés à imiter; le second, ce fut de ne pas offrir aux hommes
cette instruction sous la forme d'un art qu'on est obligé d'ap-
prendre, et de leur enseigner, dans les occupations mêmesde
la vie, à porter un jugement plus sain sur toute espèce de
de de redresser leurs erreurs; de les avertir de leurs fautes;
sujet;
leur présenter en lui, quand il fallait agir, un instigateur
pour les pousser aux actions les plus honnêtes et les plus cou-
rageuses; enfin, quand ils ne savaient quel parti prendre,- de
leur offrir, pour les guider, la prudence, non d'un maître
sévère, mais d'un ami intelligent, dont la bonté savait des-
cendre à la portée de chacun de ses auditeurs, et s'accommoder
à leur position.
VERSION LXXIV.
VERSIO LXXV.
Quanta utttitas ex veterum lectione contÙzgat.
75. Veterum scriptis legentium ingenia corroborantur,
et veluti valenliori pabulo uutriuntur; et ipsa quidem
alieni sermonis doctior1 obscuritas mirifice mentis aciem
exacuit, cogitque nervos intendere, sagacitatem expromere,
senlentiisque haud sane apertis diutius immorari, nee, ut
ita dicam, calicem primoribus labris attingere, sed pleniori
liauslu animum sitientem irrigare.
Libros vernaculo sermonc conscriptos citius perlegimus,
1 ái.
plus convenable et plus propre que tous les autres âges aux
affairespubliques et particulières, il a aussi plus de part que
tous les autres aux peines et aux misères de l'administration
publique et privée. C'est le temps où l'on recueille l'honneur
et le profit des événements heureux, mais aussi le chagrin et
l'amertume des revers. C'est le temps où l'on est en butte à la
jalousie et à la rivalité des honnêtes gens, et aux trames que
les méchants ourdissent pour nous perdre. Age qui se tour-
mente sans cesse, qui ne jouit jamais de la paix; âge toujours
livré aux travaux, aux soucis et auxinquiétudes; qui, s'il ne
recueillaitde temps en temps de son labeur continuel quelque
fruit d'utilité où de satisfaction, ne pourrait pas certainement.
te diriger et se soutenir lui-même. Mais le nombre des peines
urpasse de beaucoup celui des dédommagements; et elles
ont d'ailleurs si grandes,qu'il n'est personne qu'elles ne
dissent détourner et éloigner des affaires publiques. Mon
malheur en a offert aux yeux de Rome un éclatant exemple,
alheur que je suis attiré pour avoir sauvé
me mes conci-
toyens, défendu
nos autels et nos foyers, détourné les coups
;
Pdes traîtres qui avaient déjà le bras levé sur la république et
Je peuple romain mais soit, que l'infortune ait été mon par-
j'eusse
tage: que le salut et Je repos de ma patrie aient été assurés ;
eusse encore fait bien volontiers pour l'un et pour l'autre,
fallu, le sacrifice de mes jours.
VERSION LXXV.
Utilité de la lecture des anciens.
VERSIO LXXVI.
;
défaut d'application en émousse la finesse et il échappe beau-
,-
VERSION LXXVI.
Vœwœ de Marc Aurèle pour son maître Fronton.
ami, chacun fait pour lui des vœux. Mais moi cependant, -
, :
à mon maître, et de la lui conserver de tout son pouvoir. Je
descends du temple et je me rends à Athènes prosterné
vam geiiibu* nixus obsecro atque oro, si 5 quid6ego un-
quam litterarlim sciam. lit id potissimum ex Fronlonis ore
in pectus meutti coinmigret. Nunc redeo Romam, deosque
viales et promarinos* volis impIoro, ut mihi omne iter tua
praesentia comitatum sit, neque ego tam saepe, tam sæyo
desiderio fatiger. Postremo omnes omnium populorum
praesides deos, atque ipsum lucum qui Capitolium montem
slrepit7, quæso tribuat hoc nobis, ut istum diem, quo mihi
natuses, teeum, tirino te laetoqueconcdebrem. Vale, mi
dulcissime et carissime magister.
5.§214,11. -63t8. -7.3358.
* Ce mot ne se trouve pas. Cherchezmaritius.
VERSIO LXXVII.
De libertate loquendi.
77. C. Carbo, tribunus plebis, nuper sepultae Gracchanae
seditionis turbulentissimusvindex, idemque orientium ci-
vilium malorum fax1 ardentissima, P. Africanum Nu-
manliae ruinis summo cum gloriae fulgore yenientem, ab
a
ipsa paene porta in rostra perductum, quid de T. Gracchi
morte,cujus sororem in matrimonio habebat, sentiret2,
interrogavit : ut auctoritate clarissimi viri inchoato jam
incendio multum incrementi adjiceret3; quia non dubi- 4
tabatquin5, propter tam arclam affinitatem, aliquid pro
interfecti necessarii memoria miserabiliter esset locuturus.
At is jure eum caBSum videri respondit. Cui dicto quum
concio tribunitio furore instincta violenter succlamasset :
murmure :
« Taceant, inquit,quibus Italia noverca est. » Orto deinde
«Non efdfcietis, ait, ut solutos verearG, quos
alligatos adduxi. »
Universus populus iterum ab uno contumeliose correptus
erat. Quantus est honos Virtulis! taciiit actutum. Recens
victoria ipsius numantina, et patris macedonica, devictae-
que Carthaginis spolia avita, ac duorum regum Syphacis
et Persae ante triumphales currus catenae, tUllC cervices
Ins.
1. S
ö. §223 Hem. , -2. It ,
7. —3. ;22:! -
Hem. — 4.§190. —5.§4C4.—
devantMinerve, je prie la déesse, je la conjure que, si je dois
posséder quelques connaissancesdans les lettres, ce soit sur-
tout de la bouche de Fronton qu'elles émanent pour passer
dans mon sein. Maintenant, je retourne à Rome, et j'adresse
des vœux ardents aux divinités des chemins et de la mer,
pour que votre présence m'accompagne dans tous mes voyages,
et que je n'aie point à souffrir si souvent le cuisant regret que
me cause votre absence. Enfin, je supplie tous les dieux pro-
et
tecteurs de tbus les peuples, Même ce bois sacré qui mur-
mure sur la cime du Capitole, je les supplie de m'accorder la
faveur de célébrer avec vous le jour où vous m'êtes né, et de
vous trouver plein de santé et de joie. Adieu, maître cher,
maître bien aimé.
VERSION LXXVII.
','. 'tiot It,
:«
Qu'ils
se taisent, leur dit-il, ceux qui ne voient dans l'Italie qu'une
marâtre. » Alors, comme il s'élevait des murmures «
Non,
s'écria-t-il, vous ne me ferez pas craindre, à présent qu'ils sont
libres, ceux que j'amenai ici enchaînés. »
- Deux fois un peuple entier avait été réprimandé d'une
1
VERSIO LXXV11I.
De M. Tullii Ciceronis vita et morte.
78. Vixit tres el sexaginta annos; ut', si2 vis abfuisset,
ne3 immalura quidem mors videri possit. Ingenium et ope-
ribus et praemiis operum felix. Ipse fortunae4 diu prosperæ,
et in Jongo tenore feIicifalis, magnis interim ictus vulne-
ribus, exsilio, ruina partium pro quibus steferat, filiæ
morte, exitu tam trisli atque acerbo, nihil ut viro dignum
5
erat tulit, praeter mortem; quæ vere aeslimanti minus
6
indigna videri poluit, quod a vicloreinimiconihilcru-
delius passurus erat, quam quod ejusdem fortunae compos
ipsefecisset. Si quis tamen virtutibus vitia pensaril, vir
magnus, acer, memorabilis fuit, et in cujus laudes perse-
quendas Cicerone laudatore opus fuerit.
Nihil vero egisti, Antoni, mercedem ccelesfissimi oris et
clarissimi capitis abscissi numerando, aucloramentoque
funebri ad conservatoris quondam reipublicaB tantique con-
sulis irritando necem. Rapuisti tu M. Ciceroni lucem solli-
VERSION LXXVIII'.
Sur la vie et la mort de M. Tullius Cicéron.
:
78. Il vécut soixante-trois ans de sorte que, si sa mort
n'eût pas été violente, on pourrait trouver qu'elle ne fut même
d'œuvre,
pas prématurée. Son heureux génie s'illustra par ses chefs-
;
et par les honneurs qui en furent le prix. Lui-même
jouit longtemps d'une fortune prospère cependant des coups
terribles vinrent le frapper dans le cours d'une longue félicité :
l'exil, la chute de son parti, le trépas de sa fille, et cette fin si
tragique, si déplorable; mais de tous ses malheurs, la mort est
le seul qu'il ait supporté en homme. Et cette mort, à la bien
apprécier, put lui paraître moins révoltante; car il n'était point
destiné à souffrir, de son ennemi vainqueur, un traitement
plus impitoyable que ne l'eut été sa propre vengeance, si le
sort l'eût aussi bien favorisé.Après tout, compensation faite
>de ses vertus et de ses défauts, ce fut un grand homme, un
génie ardent, qui mérite un éternel souvenir, et qui ne saurait
être loué dignement qu'en trouvant un autre Cicéron pour
panégyriste.
- Mais c'est
;
en vain, Antoine, que tuas mis à prix ce divin organe,
cette tête glorieuse tranchée par des assassins et, par l'appât
d'un salaire homicide, excité leur rage contre l'homme qui fut
le sauveur de la république et l'honneur du consulat. Tu as
enlevé à Cicéron des jours pleins d'alarmes, un reste de vieil-
;
lesse, et une existence qui devait être plus misérable sous ta
domination, que la mort sous ton triumvirat mais la renommée
et la gloire de ses actions et de ses discours, loin de les lui
ravir, tu n'as fait que les accroître. Il vit et vivra toujours dans
la mémoiredes âges; et tant que subsistera cet univers, œuvre
du hasard ou de la Providence, enfin, quel qu'en soit l'auteur,
tant que subsistera cet ensemble, que seul peut-être d'entre
les Romains il a pénétré par son esprit, embrassé par son
;
génie,illuminé par son éloquence, l'univers associera à sa
durée la gloire de Cicéron ses écrits contre toi seront éter-
:
nellement l'admiration de la postérité, et ta vengeance contre
lui, l'objet de son exécration de sorte que ce n'est pas toi qui
as proscrit Cicéron, maisCicéron qui semble t'avoir proscrit.
VERSIO LXXIX.
Quo pacto deceat, in defendendis causis, miserationem adhiberi.
jjj
les proches.. Tous ces moyens se traitent habituellement de
diverses manières. <y.. <
"';;.t" particulièrement,
donner, <
c'est
que personne ne se hasarde, sans être soutenu par un talent
, extraordinaire, dans
cette tentative de tirer des larmes. En
effet, si la pitié est un sentiment d'une force incomparable
;
quand il s'est emparé de l'âme, de même, quand son effet est
nul, elle languit et l'orateur médiocre eût été plus sage de
l'abandonner aux réflexions que les juges font tout bas dans
leur c_œur.f}.. u"') .<
L'emploi du pathétique ne doit jamais se prolonger; et ce
f
:
n'est pas sans raison qu'on a dit Rien ne se tarit plus tôt que
les larmes. En effet, quand le temps adoucit même les douleurs
réelles, nécessairement cette douleur imaginaire qu'ont pro-
duite nos paroles est plus prompte à s'évanouir. Dès qu'on s'y
arrête trop , les larmes fatiguent l'auditeur, il reprend sa tran-
;
quillité, et, libre de la passion qui le transportait, il revient à
la raison. Ne laissons donc point refroidir ce sentiment quand
nous aurons porté l'émotion à son comble, quittons-la, et n'es-
'pérons pas que personne déplore longtemps des maux qui ne
,1e regardent point. Ainsi donc, si le discours doit générale-
'ment aller
tout ce
:
en croissant, c'est surtout dans cette partie car
qui n'ajoute pas à ce qui précède, semble le diminuera
let l'émotion qui décroît est bientôt éteinte.
VERSIO LXXX.
Cleopatræ. JEgypliorum regince, uniones.
;
1. § 296. — I. §
noteaubasdela
298.—3. g 296. —
page. —5. S 223, nem.-6.
,
4.§144 Rem. III. Cousultez la
§208, Hem. 1 —7. « 270. 11.
-8. § 472.
* Environ 2,260,000 fr.
VERSION LXXX.
Les deux perles de Cléopâtre, reine d'Egypte.
80. U v eut deux perles, les plus grosses qui aient jamais-
:
existé. Cléopâtre,dernière reine d'Egypte, les posséda l'une
[et l'autre elles lui étaient venues par héritage des rois de
l'Orient. Dans le temps qu'Antoine se gorgeait tous les jours
ide mets exquis, cette princesse, avec une vanité superbe et
le
impudente, plaisantaitsurl'appareil et la somptuosité de
:
'ses festins. Le Romain lui demanda ce qu'on pouvait ajouter à
la magnificence de sa table elle répondit qu'elle dépenserait
à un seul repas dix millions de sesterces. Il était curieux d'ap-
prendre par quel moyen, mais il ne croyait pas que la chose
fût possible. Ils firent donc une gageure. Le lendemain, jour
[de la décision, la reine servit à Antoine un soupermagnifique
d'ailleurs, pour que ce jour ne fût pas perdu, mais pourtant
:
un souper ordinaire. Antoine demandait d'un ton railleur
qu'onproduisît le compte « Ceci est par-dessus le marché,
dit-elle; et seule je mangerai les dix millions. » Alors elle fit
apportfr lesecondservice. Les officiers, qui étaientprévenus.
(
ne placèrent devant elle qu'un vase plein de vinaigre cette
liqueur a un mordant, une force qui dissout les perles). Elle
avait alors à ses oreilles ce chef-d'œuvre merveilleux, ce chef-
'œuvre vraiment unique de la nature. Tandis qu'Antoine
attendait ce qu'elle allait faire, elle détache une perle,laplonge
:
dans le vase, et sitôt qu'elle est dissoute, elle l'avale. Elle
allait faire disparaître l'autre de la même manière le juge du
:
pari, L. Plancus, s'en saisit, et prononce qu'Antoine est vaincu
présage qui se réalisa.
Cette seconde perle n'a rienperdu de sa célébrité. Quand
:
ia reine, victorieuse dans un si noble défi, tomba en notre
,
pouvoir, la perle fut sciée en deux on prit, pour former des
pendants d'oreilles à Vénus, pour placer à Home, dans le
Panthéon la moitié d'un souper d'Antoine et de Cléopâtre,
VERSIO LXXXI.
Carpitur poesis*.
autem brevem ,
81. Carmina et versus neque dignitatem ullam aucto-
ribus suis conciliant, neque utilitates alunt, voluptaiem
laudem inanem et infructuosam conse-
quuntur. Licet heec ipsa, et quæ deinde dicturus sum, aures
tuæ, o Materne, respuant, cui bono est si1 apud te Aga-
memnon aut Jason** diserte loquitur? Quis ideo domum
defensus et tibi obligatus redit? Quis Bassum nostrum,
egregium poelam, vel, si2 hoc bonorificentius est, praecla-
rissimum vatem, deducit, aut salutat, aut prosequitur ?
Versus Basso nascuntur pulcliri quidem et jucundi. Quorum
tamen hie exitus est, ut3, quum toto anno, per omnes dies,
magna noctium parte, unum librum extudit et elucubravit,
rogare ultro et ambire cogatur, ut sint qui dignentur au-
dire; et ne4 id quidem gratis. Nam et domum mutuatur, et
auditorium exstruit, et subsellia conducit, et libellos dis-
pergit; et, ut5 beatissimus recilationem ejus evenlus pro-
sequatur, omnis ilia laus intra unum aut alterum diem,
solidam pervenit frugem ;
velut in herba aut lfore præcepta, ad nullam certam et
nec aut amiciliam inde refert,
aut clientelam, aut mansurum in amico cujusquam 6 bene-
ficium, sed clamorem vagum et voces inanes, et gaudium
,
volucre. Laudavimus nuper, ut miram et eximiam, Yespa-
siani liberalitatem, quod 7
quingenfasestertia Basso do-
nasset. Pulchrum id quidem indulgentiam principis ingenio
mereri; quanto8 tamen pulchrius, si i;a res familiaris
exigat, se ipsum colere, suum genium propitiare suam
experiri Iiberalitatem !
,
1.S214. —2.SSI4 .-3. §T)03.-4.45a. -5. § 488.--G. g 34,II,4".
— 7. g 491. —8.§257.
* Dialogue entre l'orateur Aper et le poete Maternus (2e sieclc
apres J. C.)
,
** Ces deux personnages furent longtemps les sujets favoris des pcelcs
grecs , et des latins leurs imitateurs.
VEliSLON LXXXI.
Critique de la poésie.
:
81. Les vers ne conduisent point leurs auteurs aux distinc-
tions ni à la fortune tout leur fruit se borne à un plaisir court,
à des louanges vaines et stériles. Ce que je dis, Maternus, et
ce que je vais dire encore, effarouchera peut-être vos oreilles
à quoi sert-il que vous fassiez parler Agamemnon ou Jason
:
avec talent? Quel client défendu par là retourne chez lui votre
obligé? Notre ami Bassus est un grand poëte, ou, sicetitre
est plus honorable, un bien illustre interprètedesMuses : qui
»
voit-on le reconduire, le visiter,lui -faire, -cort-éeë?'Les vers
:
naissent sous sa pluine, et des vers .assùrément pleins de
charme et d'intérêt toutefois, quel en est le résultat? Lors-
que, durant une annéeentière, il à travaillé tous les jOArs-et
une grande partie des nuits à enfanter et à polir un seu l livre,
il faut qu'il se mette à quêter et à solliciter des auditeurs ,:qu,i
veuillent bien l'entendre, encore nel'entendroni-ils pas sans
qu'il lui en coûte : il emprunte une maison, fait arranger une
salle, loue des banquettes, distribue des annonces. Et, sa lec-
ture fût-elle couronnée du plus brillant succès, cettegloire nè
dure qu'un jour ou deux; comnie une moisson coupée en
Tberbe ou séchée dans sa fleur, elle ne porte aucun fruitsolide
5
midurable le poëte ne gagne à ce triomphe ni un ami, ni un
client, ni un cœur où reste gravé longtemps le souvenir d'un
bienfait, mais des acclamations vagues., <le stériles applaudis-
sements, une joie qui s'envole. Nous avonsexalté naguère,
comme un rare et admirable exemple, la générosité de Ves-
pasien gratifiant passus de cinq cent mille sesterces. JI est beau
sans doute de mériter par son talent les grâces de l'empereur;
mais combien il est "plus beau de pouvoir, si l'état de notre
à
fortunenous y oblige, recourir soi-même, se reudre propice
son propre génie, éprouver sa propre munificence!
VEUSIO LXXXII.
Sequitur de codem argumento.
si
82. Adjice quod poetis1, 2 modo dignum aliquid ela-
borareetefficere velint, relinquenda conversalio amico-
rum, et jucunditas Urbis, deserenda cetera officia, utque
ipsi dicunt, in nemora et lucos, id est, in soliludinem
et
recedendum est. Nec opinio quidem fama, cui soli ser-
3
viunt, et quod unum esse pretium omnis sui laboris fa-
tentur,aeque4 poetas ac oratores sequitur5, quoniam me-
diocres poetas nemo novit, bonos pauci. Quando enim
rarissimarum recitationum fama in totam urbem penetrat?
nedum ut pertot provincias innotescat. Quotusquisque 6,
quum ex Hispania vel Asia, ne quid de GaHis noslris lo-
quamur, in urbem venit, Bassum requirit? atque adeo si
quis requirit, et semel vidit, transit et conlentus est, ut si
picturam aliquam vel statuam vidisset.
Neque bunc meum sermonem sic accipi volo, tanquam
illos quibus natura sua oratorium ingenium denegavit, deter-
ream a carminibus, si modo in hac studiorum parte oblectare
otium et nomen inserere possunt famae. Ego vero omnem
eloquentiam omnesque ejus partes sacras et venerabiles
sonum ,, ,
puto : nec solum cothurnum vestrum, aut heroici carminis
lascivias
lusus
sed lyricorum quoque jucunditatem et elegorum
,
et iamborum amariludinem, epigrammatum
et quamcunque aliam speciem eloquentia babeat,
anteponendam ceteris aliarum artium studiis credo. Sed
tecum mihi, Malerne, res est, quod 7,
quum natura tua in
adeptus
1.
,
ipsam arcem eloquentiae ferat, errare mavis, et summa 8
in levioribus subsistis.
348..- 2. g2t4. —3. g 23J. — 4. § 483.— 5. g 201', Rem. I.-
6.. § 507. — 7. § 490. —8.§192.
VERSION LXXXII.
Suite du même sujet.
82. Ajoutez que les poètes, s'ils veulent créer et produire
une œuvre estimable, doivent renoncer à la société de leurs
amis et aux agréments de Rome, se soustraire à tous les devoirs
de la vie, et, comme ils le disent eux-mêmes,s'enfoncer dans
le silence religieux des bois,c'est-à-dire, dans la solitude.
La réputation même, la renommée, seul objet de leur culte,
et, ils l'avouent, l'unique prix de tous leurs travaux,
comme
n'est pas autant le partage des poëtes que des orateurs
car personne ne connaît les poëtes médiocres, et peu con-
;
naissent les bons. Quand une lecture obtient le plus rare
succès, le bruit s'en répand-il jamais dans toute la ville? à plus
forte raison, va-t-il pénétrer au fond de tant de provinces?
Combien de voyageurs, venus d'Espagne ou d'Asie (pour ne
point parler de nos Gaulois), s'enquièrent en arrivant ici de
Bassus? Ou bien, si quelqu'un le demande, une fois qu'il l'a
vu, il passe outre, et sa curiosité est satisfaite, comme s'il avait
vu un tableau ou une statue.
Du reste, mon discours ne tend point à détourner ceux
auxquels la nature a refusé le génie oratoire, de se livrer à la
poésie, si cette étude peut charmer leurs loisirs et attirer sur
leur nom quelque célébrité. Non, l'éloquence en général et
toutes les parties qu'elle embrasse sont pour moi sacrées et
vénérables; et ce n'est pas seulement le cothurne, objet de
vos préférences, ni les accents de la muse héroïque qui obtien-
nent mes respects : la douceur de la lyre, les voluptueux
caprices de l'élégie, l'amertume du vers satirique, les jeux de
l'épigramme, toutes les formes, en un mot, que revêt l'art de
bien dire, me semblent, parmi tous les nobles exercices, mé-
riter la palme. Maisc'est vous, Maternus, que j'accuse, vous
qui, porté par votre talent vers les hauteurs mêmesdel'élo-
quence, aimez mieux égarer vos pas, et, avec les moyens les
plus élevés, vous arrêter à une gloire subalterne.
VERSIO LXXXIII.
Amicus amicum horlatur ad Ubrorum suorum editionem.
85. Hominem1 te patientem, vel potius durum ac pene
4
quibus 3 lingua romana spatiis pervagentur. Magna etiam
;
longaque exspectatio est quam frustrari adhuc et differre
non debes. Enotuerunt quidam tui versus, et invito5 te
claustra tua refregerunt : bos nisi retrabes6 in corpus, quan-
doque, uterrones, aliquem cujus? dicantur invenien!.
Habe ante oculos mortalilatem, a quã asserere te hoc uno
monimento potes. Dices, utsoles, Amici meividerint 8.
Opto
riosos,
equidem amicos tibi tam fideles, tam eruditos, tam labo-
ut tantum curae intentionisque suscipere et pos-
sint et velint. Sed dispice ne sit parum providum sperare
ex aliis, quod libi ipse non præstes. Et de editionc quidem
ut voles; interim, recita sallern, quo9 magis libeat emittere,
utque tandem percipias gaudium quod ego olim pro te non
temere praesumo. Imaginor enim qui10 concursus, quæ
admiralio te, qui clamor, quod etiamsilenlium mancal;
quo'l ego, quum dico vel recito, non minus quam clamore
delector; sitmodo12 silentium acre, et intenium, et l'upi-
dum ulteriora audiendi. Hoc fructu tanto, tam parato,
desine tua studia, infinita ista cunctatione, fraudare : qua?,
quum modum excedit13, verendum est ne inertia et desi-
diæ, vel etiam timiditatis nomen accipiat.
—6. ,
1.S38D.—2.S 3.
235, 11. — 2Rt. —
u g214 4°. J- 7. g 300.—8.§30!) ,
4.304,Rem.II.— 6. ) I,I(i, i".
11. § 234. — 12. g 8!) — 13. § 3.'» i.
I.
— i. —10.§472.—
i). y 50
VERSION LXXXiII.
A un ami, pimrl'engager à publier ses œUvres.
83. Homme patient, ou plutôt homme dur, et je dirai pres-
!
que cruel, de garder si longtemps entre vos Ivains des œuvres
si distinguées Jusques à quand, envieux de votre bonheur et
du nôtre, vous dénierez-vous à vous-même tant de gloire, à
nous un plaisir? N'empêchez pas vos œuvres de passer de
j
bouche en bouche, et de se répandre aussi loin que s'est ré-
pandue la langue romaine. D'ailleurs, l'attente est grande, et
dure depuislongtemps vous ne devez pas la frustrer encore
:
et la prolonger. Quelques-uns de vos vers sont connus, et,
malgré vous, ont rompu vos barrières si vous ne les ressai-
sissez pour les réunir aux autres, comme des vagabonds sans
aveu, ils trouveront maître quelque jour.
Ayez devant les yeux la mort à laquelle nous assujettit notre
condition,et dont ce monument seul peut vous affranchir,
Vous direz, selon votre usage, « C'estl'affaire de mesamis.-»
Certes, je souhaite que vous trouviez des amis assez dévoués,
assez instruits, assez peu avares de leur peine, pour qu'ils
puissent et veuillent bien se charger d'un service si important,
d'une entreprise si laborieuse. Mais prenez garde qu'il
quelque imprévoyance à espérerdautrui ce que vous-même
n ait
,
de vos œuvres, agissez comme il vous plaira: enattendant,
lisez-les du moins afind'être plus disposé à les livrer aq
public, et de goûter enfin cette joie dont je jouis depuis Jong-
temps pour vous en espérance, et dont je ne jouis pas sans
raison. Je me figure, en èffet, le concours, l'admiration des
auditeurs, iesLacclamations, le silence même que vous obtien-
drez; et quand je plaide ou quand je lis un ouvrage, ce der-
pier témoignage ne me charme pas moins que des acclama-
uons,pourvuque ce soit un silence plein d'action, attentif,
et curieux d'entendre le reste. Quand une récompense si &t..
teuse et si sûre doit être le fruit de vos veilles, ne les en
frustrez pas davantage par des temporisations sans fin. Ce
retard, lorsqu'il excède les bornes, risque d'être appelé du
flom d'inertie et de nonchalance, ou même de timidité.
VERSIO LXXXIV.
Qualis reipublicce status, debellatd Carthagine, Romce esse
coeperit.
tractabant ;
senatus romanus placide modesteque inler se rempublicam
:
neque gloriæ neque dominalionis certamen
inter cives erat metus bosliJis in bonis artibus civilatem
retinebat. Sed ubi ilia formido mentibus decessit, scilicet
ea quæ secundae res amant,lascivia atque superbia inces-
sere. Ita, quod in advorsis* rebus optaverant, otium,
poslquam adepli sunt, asperius acerbiusque fuit. Namque
ccepere nobilitas dignitatem, populus libertatem in lubi-
dinemH vertere, sibi quisque ducere, trahere, rapere. Ita
omnia in duas partes abslracta sunt ;
respublica, quæ
media fuerat, diJacerata. Ceterum nobililas factione magis
pollebat; plebis vis, soluta atque dispersa in multitudine
minus polerat. Paucorum arbitrio belli 4 domique agita-
,
gIoriæ triumphique crant :
batur; penes eosdem aerarium, provinciae, magistratus,
populus militia atque inopia
urgebatur. Prædas bellicas imperatores cum paucis diri-
piebant. Inlerea parentes, aut parvi liberi militum, ut
quisque potentiori confinis erat, sedibus pellebantur.
Gracchis sane, plebem in libertatem vindicare aggressis,
:
haud satis moderatus animus fuil sed bono vinci satius
est, quam malo5 more injuriam viucere. Igitur eà victoria
nobilitas ex lubidine suã usa, multos mortales ferro aut
fuga exstinxit, plusque in reliquum sibi timoris, quam
potentiae addidit.
I.
* ,
§119. -2.3373. -3.:nl. —
pouradversis.
Archaïsme
**Arcli;iYsint'.poutUbidim-m.
í. ;Hifi. -fl, g333.
VERSION LXXXIV.
État de la république romatne après la défaite de Carthage.
:
un esprit de paix et de modération. Les citoyens ne se dispu-
taient point les honneurs et le pouvoir la crainte de l'ennemi
les maintenait dans des principes salutaires. Mais, quand les
esprits furent affranchis de cette continuelle appréhension, la
licence et l'orgueil, ces vices ordinaires de la prospérité, en-
trèrent à sa suite. Ainsi le repos, objet de leurs vœux dans
l'adversité, fut pour eux, quand ils l'eurent acquis, plus rude
et plus amer que le malheur. Dès ce moment, la noblesse
abusa de sa puissance, et le peuple, de sa liberté; on vit
chacun tirer à soi, disputer, arracher le pouvoir; de sorte qu'il
,
se fit de toute la nation deux partis contraires, et que la répu-
blique placée entre eux, fut affreusement déchirée. Cepen-
dant la noblesse, réunie en une faction, était plus puissante ;
gré de quelques hommes ;:
le peuple, désuni et dispersé, trouvait moins de force dans sa
multitude. Dans la paix et dans la guerre, tout se traitait au
c'étaient eux qui disposaient du
trésor public, des gouvernements, des magistratures, des
distinctions, des triomphes le service militaire pesait sur le
peuple, avec l'indigence. Les généraux, avec un petit nombre
d'individus, pillaient le butin, fruit de leurs campagnes; tandis
que les parents des soldats et leurs jeunes enfants, s'ils avaient
pour voisin un homme puissant, étaient chassés de leurs
foyers.
, ;
Sans doute les Gracques, lorsqu'ils entreprirent d'affran-
chir le peuple, ne montrèrent pas assez de modération mais
l'homme de bien aime mieux succomber, que de triompher de
la violence par des moyens condamnables. La noblesse usa
donc sans ménagement de la victoire, se défit d'une foule de
citoyens par le fer ou par l'exil, et se prépara pour l'avenir
plus de sujets de crainte que depuissance.
VERSIO LXXXV.
Conferuntur Tullius Cicero el Demosthenes.
:
85. Omnia'ad dicendi laudem Tullio prona fuisse felici-
tatel ingenii et parentum cura omnia contra Demostheni
abrupta malignitate naturae et rectorum avaritiã, accepi-
mus. A quibus2 diversissimis ingeniis ad illud idem fasli-
gium assurrexere, pari lama, dispari forsan gloria, si-
quidem plus honoris est periculosius vincenti.
, ,
Itaque in Tullio oratio nilidior, et dulcior, et gratiori
facilitate fluens ut3 in homine cui natura sua sponte et
nullo labore, omnia perfecta et vel praecipiti cogitalione
consummata subministret : in Demosthene autem vehe-
mentior et acrior, ut4 in eo qui nervos contentionemque a5
pueris adhihere soleat, et priusquam in alios, in se ipsum
assueverit obluctari. In hoc, actio modica et majestalis
et
plena, pro magnitudine rerum varia, ut in quo summum
sit imperium sui6 atque liberum semper mentisjudicium
tam corporis motus quam animi affeclus regentis, et pro
,
hominum atque temporum convenieniia temperantis : in
7
illo animosa, impetus immodica, contentione vocis, cor-
poris jactatione, vultus et oculorum ardore flagrans, quum8
ipse statim ab initio huic quasi corporis eloquentiae habenas
ex industria immiserit, et, dum ceteros raperel, torrenli
dicendi flumine ultro volensque raperelur.
1. g 320. -2234. 3.§ 497. Rem. — 4. § 497, Rem.,- 5.
— laS.--
(i. 2'9G -7 :313. —8.§497.
VERSIO LXXXVI.
Ccesarem Augustum minusopinione' fuisse beatum.
VERSION LXXXVI.
¡'-
César Auguste fut moins heureux qu'on ne le pense.
,
86. L'univers entier s'accorde à donner à Auguste le titre
d'heureux. Mais si nous portions un regard attentif sur toute
Isa vie, nous y verrions de
grands exemples des vicissitudes
humanae reperiantur3 volumina. Repulsa in magisterio
equitum apud avunculum*, et contra petitionem ejus prae-
latus Lepidus : proscriptionis3 invidia : collegium in trium-
H
viratu pessimorum civium : Philippensi praelio morbus,
fuga, et triduo in palude ægroti latebra : naufragia Sicula,
et alia ibi quoque in spelunca occultatio : jam in navali
fuga, urgente hoslium manu, preces Proculeio*** mortis
admotae: cura Perusinaecontentions**** : sollicitudomartis
Actiaci : tot seditiones militum ; tot ancipites morbi cor-
poris.
:
Postea principatum adepto susperta Marcelli***** vota :
pudenda Agrippae****** ablegatio toties petita insidiis vita
incusatae liberorum mortes, luctusque non tantum orbitate
:
tristes : adulterium filiae, etconsiiia parricidæ palamfacia :
:
contumeliosus privigni Tiberii Neronis secessus : juncta
deinde tot mala inopia stipendii, rebellio lIlyrici, servi-
tiorum delectus, juventutis penuria, pestilentia. Urbis ,
fames sitisque Italiae, destinatio expirandi, et quatridui
inopia major pars mortis in corpus recepta. Juxla haec
Variana clades, et majestatis ejus fceda sugillatio ; et uxoris
Tiberiique cogitationes, suprema ejus cura 4. In summa,
5
deusille, ccelumque nescio adeptus magis, an meritus,
hærede 6 hostis sui7 filio excessit.
2. g399, 11. -3. g 321.-4.198. — b. § 4G8.— G. § 421 , absencc
de parlicipe, etc. — 7. g 298 , II.
* C. J. Cesar,le dietateur.
** Lepidus et Antoine.
*** Un de ses lieutenants.
**** La résistance de l'erouse.
..*.* Son neveu.
>t>f->f-H>f- Son petit-fils.
VERSIO LXXXVII.
Depravati sceculi mores arguuntur.
87. Priscis temporibus, quum adhuc nuda virtus pla-
ceret, vigebant artes ingenuae, summumque certamen inter
homines erat, ne quid profulurum sæculis diu lateret I.
l.i ,
Ilaque, liercules alter, omuium iierbarum succos Democritus
Iell:
humaines: la place de maître de la cavalerie, refusée par son
oncle à ses sollicitations, et accordée de préférence à Lépidus ;
;
la haine que lui attira la proscription; la honte d'avoir pour
collègues dans le triumvirat les plus pervers des citoyens son
indisposition pendant la bataille de Philippes; sa fuite, et ces
trois jours qu'il passa, malade, dans un marais où il se tenait
caché; ses naufrages en Sicile, où il se cacha aussi dans une
caverne; ses prières à Proculéius,pour en obtenir la mort,
;
lorsque, dans sa fuite, il était pressé par des vaisseaux enne-
les embarras que lui donna la résistance de Pérouse; ses
;
mis
inquiétudes à la bataille d'Actium; tant de révoltes dans ses
armées tant de maladies qui mirent en danger ses jours.
Puis, lorsqu'il fut parvenu à l'empire, les vœux suspects de
Marcellus; le honteux éloignement d'Agrippa; tant de conspi-
rations tramées contre sa vie; la mort de ses enfants qui lui
fut imputée, et ce reproche joint au deuil amer de leur perte;
,:
l'adultère de sa fille, et ses projets parricides dévoilés; la re-
traite outrageante de Tibère Néron dont il avait épousé la
mère; ensuite tant de maux réunis le défaut d'argent pour la
solde, le soulèvement de l'Illyrie, l'enrôlement des esclaves,
,
la disette de jeunes gens, la peste dans Rome, la famine et la
sécheresse dans l'Italie la résolution qu'il forma de mourir, et
qu'il exécuta plus d'à moitié, en s'abstenant de nourriture
pendant quatre jours. Ajoutez la défaite de Varus, les infâmes
libelles qui attaquaient sa majesté, et les projets de son épouse
et de Tibère, triste souci de ses derniers moments. Pour tout
dire enfin, ce dieu, qui obtint l'apothéose peut-être plutôt qu'il
ennemi.
ne la mérita, mourut en laissant pour héritier le fils d'un
homme qui avait été son
VERSION LXXXVII.
motus deprehenderet2 ;
mine excelsissimi montis cODsenuit, ut astrorum ccelique
el Chrysippus, ut ad inventioneni
sufficeret3, ter helleboro animum detetsit. Verum ut ad
plastas convertar, Lysippum sfaluae unius lineamentis in-
liaerentem inopia exstinxit; et Myron, qui pæne hominum
animas ferarumque aerecomprehenderat, non invenit I.ae-
redem. Atnos,foediscorporis voluplatibusdemersi, ne 4
paratas quidem artes audemus cognoscere; sed, accusatores
antiquitatis, vitia tantum docemus et discimus. Ubi est
dialectica? ubi astronomia ?
ubi sapientiae consultissima
via? Quis unquam venit in templum, et volum fecit, si ad
eloquentiam pervenisset5 ?
Quis, si philosophise fontem
invenisset? Ac ne honamG quidem mentem, aut bonam
valetudinem petunt : sedstatim, aulequam 7
limenCapi-
101ii tangunt, alius dona promittit, si 8 propinquum divi-
tem extulerit;alius, si thesaurum effoderit; alius, si ad
trecenlies9 sestertium salvus pervenerit. Ipse senatus, recli
bonique praecepior, mille pondo10 auri Capitolio promit-
:
tere solet et ne quis dubilelJ
Jovem quoque peculio exorat.
I
pecuniam concupiscere,
-
,
.1. § 495, Rem. — 8.g214.
, -n. i. i,
223 Rom. — 3. §223 Hem. — g\bZ. —5. g 214. -n..!):1.
2. g
&14 neni.111. — 10. Uti. —
11. g 4BO,Rein.
VERS10 LXXXVIII.
Nonnutlam ex ipsisinimicis capi posse utilitatem.
1
;
appliqué aux contours d'une seule statue, expira de besoin
sur son ouvrage etMyron, qui avait presque fait respirer sous
des formes de bronze les hommes et les animaux, Myron ne
trouva pas d'héritier. Nous, cependant, plongés dans les gros-
sières voluptés des sens, nous n'avons pas même le courage
de nous initier aux connaissances dont l'étude nous est frayée
,
loin de là détracteurs de l'antiquité, nous n'enseignons, nous
:
n'apprenons que des vices. Qu'est devenue la logique? qu'est
devenue l'astronomie, et la voie si sûre de la sagesse? Vit-on
jamais, denos jours, personne entrer dans un temple, et s'en-
gager par un vœu, pour acquérir l'éloquence, ou découvrir
la source de la philosophie? Et ce n'est pas même le juge-
ment ou la santé qu'on demande. Mais, tout aussitôt, avant
de toucher le seuil du Capitole, l'un promet des dons s'il
,
enterre un parent riche; l'autre, s'il trouve un trésor enfoui;
un autre s'il peut parvenir avant sa mort à une fortune de
30,000,000 de sesterces. Le sénat même, ce conseil d'où éma-
nent des préceptes d'honneur et de vertu, le sénat promet
,
ordinairement au Capitole mille marcs d'or; et, pour qu'on se
livre partout sans scrupule à la cupidité c'est par l'appât d'un
profit pécuniaire qu'il cherche à se rendre propice le souverain
même des dieux.
VKItSION LXXXVIII.
; L'âme
le bruit du danger réveille
la vertu, qui se laisserait aller au sommeil, si elle n'avait rien à
naret in somnum et inertia5 torpesceret. Obsidet inimicus,
quidquid gesseris infestus explorat; vitam tuam undique
circuit, si forte præbeas ansam nocendi. Neque tantum aut
muros, ut Lynceus* ille, aut lapides oculorum acumine
penetrat; sed et per amicos el per famulos quid6 in pectore
inclusum habeas speculatur. Tibi etiam ipse obrepit, te
scrutaturtolum cuniculis.Maxime autem in peccatis haBret,
eaque invesligat; ac veluti vultures, odore7 cadaverum
quuntur:
allecti, quæ corpora sana sunt, ea8 hebeti sensu non asse-
ita, si quid in te virtutis est, id unum fallit9
ejus10 sensum; sola vitia movent, ad hæc assilit, haec
arripit, rimatur, dilaniat. Hujus tu primo tactu statim ad-
monitus, id agis ut te omni virtutum genere munitum
septumque custodias. Et quemadmodum assiduis vicinorum
bellis vexata civitas fit robustior, et ad fortitudinem certa-
minibus acuilur : sic crebro inimicorum conflictu exercitala
mens, excussis paulatim viliis, invictam vim et robur
inexpugnabile consequilur.
5. § 328,to,.—6. g 472.-7.3328. —8. g 228. —9. 5 382.—10.§ 301.
* lyncée, un des Argonautes, cclcbre par sa vue perrsante.
VERSIO LXXXIX.
corpus humanum,
conspicientis.
, :
l'odeur des cadavres, ne sentent point par leurs organes gros-
siers les corps que n'a point attaqués la corruption de même,
s'il est en vous quelque vertu c'est la seule chose que ses sens
ne perçoivent point. Il n'y a que les défauts qui le frappent ;
c'est sur eux qu'il s'abat; c'est la proie qu'il saisit, qu'il fouille,
qu'il déchire. Rappelé à vous-même parses premières atteintes,
vous songez à élever autour de vous comme un rempart de
vertus. Et comme un Etat que tiennent continuellement en
son courage dans ces épreuves :
haleine des guerres avec ses voisins, se fortifie et retrempe
ainsi l'âme, exercée par les
fréquentes attaques de ses ennemis, se dépouille insensible-
ment de ses vices, et puise dans ce conflit une force invincible,
une énergie indomptable.
VERSION LXXXIX.
Réflexions d'un homme devant le cadavre de son ennemi rejeté
par les flots.
89. Pendant que je parcourais le rivage, j'aperçois tout à
coup un cadavre humain, que la vague, en le faisant tourner
surlui-même, portait insensiblement vers le bord. Je plaignais
son sort, et je croyais encore m'attendrir sur un inconnu,
quand les flots, en le déposant sur le rivage,
me montrèrent
ses traits que la mort n'avait point défigurés; et je reconnus un
homme, mon ennemi naguère, ennemi terrible, implacable,
maintenant presque etendu à mes pieds. Je
larmes, et même, me frappant la poitrine à
«
ne pus
coups
retenir mes
redoublés
Qu'est devenu, disais-je, ton courroux, ton emportement?
:
Te voilà abandonné aux poissons et aux bêtes féroces; quand
et
tu te montrais, il n y a quun instant, si fier de ton pouvoir,
il ne t'est pas même resté, dans
ton naufrage, une planche de
ton navire. Allez maintenant, mortels; gonflez votre copur de
Ite cauti, et opes fraudibus1 captas per mille annos dispo-
nite. Nempe hie proxima luce patrimonii sui rationes in-
spexit; nempe diem etiata quo2 venturus esset in palriam,
animo suo finxit. Dii deaeque, quam longe a destinatione
sua jacet! Sed non sola mortalibus maria banc fidem prae-
;
reddentem penalum suorum ruina sepelit ille vehiculo;
stant. Ilium bellantem arma decipiunt; ilium diis vota
VERSIOXC.
Andromache, instante Ulysse, filiumAstyanacia e latebris educit.
;
un autre tombe haletant de son char, et rend l'âme;celui-ci
s'étouffe en mangeant avec trop d'avidité celui-là, trop fru-
gal, meurt victime de son abstinence. A bien calculer, on
trouve partout un naufrage. Mais, dira-t-on, celui qui est
,
englouti par les flots ne jouit pas de la sépulture. Et qu'im-
porte après tout, qu'un corps né pour périr soit détruit
?
par le feu, par les flots, ou par le temps Quoi que vous fas-
siez, le résultat est toujours le même.
»
1
VERSION.XC.
VERSIO XCI.
Rusticumprcediolum.
91. Est mihi paternus agellus, non vitibus consitus, non
frumentis ferax1, non pascuis laefus. Jejunae modoglebæ
atque humiles thymi, et non late pauperi casae circumjecta
possessio. In hoc ego vitae meæ secreto remotus a tumultu
civitatis, ignobile ævum agere procul ab ambrtu et omni
majoris fortunae cupiditate constitui, et, dum molesta, lege
naturae, vita transiret, vitam fallere. Dum fortius opus
permiserunt vires, terram manibus subegi, et, invito solo,
nonnihil3 tamen fcecunditatis ex pressi. Sed cito labitur
:
héros que ses armes? Un suppliant est à vos genoux, un sup-
pliantnonmoins auguste que le premier il vous demande la
vie. Quant au sceptre de Troie, que la fortune en dispose à
son gré.
VERSION XCI.
aetatis,
divites emant, quam quod, adversus omnia lassse taedia
habeo senex quod 7 agam.
s. J98.-- 6. S23.5. —7.§ 235.
?
VERSIO XCII.
Melius est bonosjuvare quam divites.
92. Quum in hominibus juvandis aut1 mores specfari
loquuntur, se in beneficiis collocandis mores hominum
non fortunam sequi. Honesta oralio est. Sed quis est tan-
,
aut fortuna soleat, dictu quidem est proclive, itaque vulgo
;
le porter à la ville, pour le vendre aux riches, afin de subvenir
aux besoins de ma pauvreté mais de trouver sur mes vieux
jours une occupation contre les ennuis d'un âge où les facultés
sont affaiblies.
-- j
VERSION XCII. -
II vaut mieux obliger les gensde bien que les riches.
Itfàf
tI";" II" riifjj'
1.92. En obligeant les hommes,
, ;.';" '';'!' "
on a coutume déconsidérer
ou leur caractère ou leur fortune. Il est certes facile de dire,
et l'on dit aussi communément, qu'en rendant des services,
c'est au caractère des personnes, et non à leur fortune, qu'on
a égard. Voilà un beau langage. Mais enfin, quel est celui qui,
en obligeant, ne sacrifiera point la cause de l'homme pauvre
et irréprochable à la reconnaissance de l'homme riche et
puissant? En .effet, nous sommes presque toujours plus dis-
posés à servir ceux dont il semble que nous serons plus faci-
lement et plus vite payés de retour. Cependant, examinons les
choses avec quelque attention. Ceux qui se croient riches,
respectés, heureux, ne veulent pas même se tenir obligés par
un bienfait; que dis-je? ils s'imaginent avoir accordé un bien-
fait en recevant un service, quelque grand qu'il soit; et ils
r *
vous soupçonnent même de réclamer ou d'attendre d'eux
quelque chose. Mais la pensée qu'ils ont été J'objet de votre
protection, que vous les appelez vos clients, une telle pensée
est pour eux la mort. L'homme pauvre, au contraire, quelque
chose qu'on ait fait pour lui, persuadé que vous avez eu égard
à sa personne et non à sa fortune, prend à cœur de montrer
sa reconnaissance, non-seulement à celui qui l'a obligé, mais
encore à tous ceux dont il attend quelque service (car il a
,
besoin de beaucoup de monde); et du moins, lorsqu'il s'ac-
quitte de quelque manière il n'exagère point par ses paroles
le mérite de son action, il va même jusqu'à le rabaisser. Ajoutez
cette considération, que, si vous défendez l'homme puissant
et riche, l'obligation se borne à lui seul, ou peut-être à ses
enfants; mais, si c'est un homme sans bien tous les honnêtes
,
Gens d'une humble condition voient un appui sur lequel ils
generi satisfacere possimus. Sed si7 res in contentionem
veniet, nimirum Themistocles est auctor adhibendus : qui
quum consuleretur, utrum bono viro pauperi , an minus8
probato diviti filiam collocaret : « Ego vero. inquit, malo
virum quipecuniã egeat, quam pecuniam quæ viro. »
7. g 214,IV. 8.§254.
VERSIO XCIII.
VERSION XCIII.
Mort du poëte Philémon.
93. Philémon, célèbre auteur de comédies, lisait en public
une partie d'une pièce qu'ilavait nouvellement composée :
déjà il commençait le troisième acte, quand une pluie soudaine
obligea de remettre l'audition à un autre jour. Plusieurs per-
sonnes lui demandant avec instance la lecture du reste, il
répondit qu'il l'achèverait le lendemain sans plus de retard.
Le jour suivant, rassemblée fut nombreuse. On se hâte pour
être assis. Les plus éloignés se plaignent de ne pas trouver
place sur les bancs. La salle est comble. Ceux qui, la veille,
n'avaient pas fait partie de l'auditoire, demandent ce qu'on a
lu; ceux qui en faisaient partie repassent dans leur mémoire
ce qu'ils ont entendu. Cependant le jour s'écoule, et l'auteur
ne se présente pas au rendez-vous. Quelques-uns l'accusent
de lenteur; d'autres, en plus grand nombre, prennent sa
défense. Mais, comme l'attente se prolongeait outre mesure,
;
el que Philémon ne paraissait pas, on envoie quelques jeunes
;
gens le chercher et ils trouvent le poëte mort, sur son lit de
repos. Le souffle vital s'était exhalé de son sein sa froide
dépouille, penchée sur sa couche, gardait l'attitude de la
méditation. Sa main serrait encore un volume qu'elle tenait
droit; ses lèvres le pressaient encore; mais la vie ne l'animait
plus, il avait oubliésonlivre, et ne songeait plus à ses audi-
,
teurs. Ceux qui venaient d'entrer s'arrêtèrent un moment,
frappés d'un spectacle si peu prévu, émerveillés d'une si belle
mort. Puis, étant retournés à l'assemblée ils annoncèrent au
public « que le poëte PhilémuH, qu'on attendait au théâtre
pour achever la lecture d'une pièced'invention, avait déjà
;
Adieu, applaudisses à ses amis :
terminé chez lui le drame réel. Il avait dit au monde
Gémissez et frappez-vous le
:
:
vero familiaribus dolere et plangere hesternum illi imbrem
lacrymas auspicalum esse; comcediam ejus prius ad fune-
brem facem quam ad nuptialem* venisse : proin, quo-
VERSIO XCIV.
Vila ideo brevis videtar, quod itli illâ nescimus.
9i.
Quid1 de rerum nalura querimur? ilia se benigne
tenet avaritia ;
gessit: vita, si scias2 uti, longa est. Aliuminsaliabilis
alium in supervacuis laboribus operosa
3
seduliias; alius vino madet; alius inertiã torpet; alium
defatigatex alienis judiciissuspensasemperambitio; alium
mercandi praeceps cupiditas circa omnes terras, omnia
maria, spe lucri, ducit. Quosdam torquet cupido militiæ.
nunquam non autalienis periculisinlcntos, aulsuis anxios;
sunt quos4ingratus su periorum 5
cultus voluntaria servi-
tute consumat. Mullos aut affectatio aHcnsc forlunæ, aut
suæ odium dtinuit; plerosque nihil certum sequentes vaga
et inconstans et sibi displicens levitas per nova consilia
jactavit. Quibusdam nihil quo6 cursum dirigant, placet;
sed marcenles oscitantesque fata deprehendunt : ad eo ut
quod apud maximum poetarum more oraculidictumest,
verum esse non dubitem :
Exigua pars est vita; quam
Urgentia circumstant vitia undique
7
;
nos,himus.
nec resurgere, aut in
dispectum veri attollere oculos sinunt; sed mersos, et in
cupiditalibus infixos premunt. Nunquam illis recurrere ad
se licet, si quando aliqua quies fortuito contigit : velutin
profundo mari in quo post ventum quoque volutatio est,
,
6.
1.&363.
§368.—
-2.2H.
7. § -;;.:;)"!s
358.
, Rem. I. — i.$506. — 5.S 321.—
sein; la pluie de la veille lui présageait ces pleurs; dans sa
comédie, la torche funèbre avait prévenu le flambeau nuptial.
Ainsi, puisque l'illustre poëte avait quitté le rôle de la vie, il
fallait passer de la salle même d'audition au convoi de ses
funérailles; c'était le moment de recueillir ses os; bientôt on
recueillerait ses vers. »
VERSION XCIV.
:
94. Pourquoi nous plaindre de la nature? elle s'est libéra-
lement conduite la vie est longue si l'on sait en user. Mais
l'un est possédé d'une insatiable avarice; l'autre s'applique
laborieusement à d'inutiles travaux; un autre se noie dans le
vin; un autre croupit dans l'inertie; un autre est livré aux
pénibles soucis d'une ambitiontoujours dépendante du juge-
ment d'autrui; un autre est emporté par une passion mercan-
tile, et l'espoir du gain l'entraîne sur toutes les terres, sur
:
inslat. De istis me putas disserere, quorum in confesso
mala sunt adspice illos ad quorum felicitatem concurritur:
bonis suis effocantur.
8. g 433.
VERSIO XCV.
Ut excellentia mullorum ingenia, apud Romanos, una eademque
cetas congregari viderit.
tureque,
nunc invidia, nuncadmiratio imitationem accendit; ma-
quod summo studio pelitur, ascendit in summum
1.S427. -2.263130. — 3. 8 399,4". — 4.503,
,
* J. ;
Aceius florissait vers l'an 190 avant
; C.
2".
CédlillS, vers l'an 239 ;
Terence, de 192 à 149 Afranius vers l'an 100. Ces trois derniers auleurs
,
appartiennent à la comédie.
,
- ** Caton l'Ancien vécutdel'an 232 a Pan 1*7 avant J. C. Les
- oratcllf'
qui suivcnt, Crassus, le premier Afrhain Lelius, etc., furent également
ses contemporains.
que le vent est tombé, règne encore une certaine agitation;
et jamais les passions ne leur laissent un instant de calme. On
croitpeut-être que je parle de ceux dont les misères sont
reconnues. Regardez ceux dont le bonheur attire la foule
empressée : leurs bien" les étouffent.
VERSION XCV.
Comment le même siècle vit la réunion d'une foule de talents
supérieurs chez les Romains.
et
Cécillus, de Térence d'Afranius. Quant aux historiens, si
l'on en excepte Caton et quelques autres annalistes anciens
et obscurs, ils parurent dans un espace qui comprend moins
de quatre-vingts ans, comme le temps qui vit fleurir la poésie
se trouve borné par les mêmes limites. Pour ce qui regarde
l'éloquence du barreau et la perfection du genre oratoire, en
mettant à part ce même Caton (sans vouloir faire tort à P.
Crassus, à Scipion, à Lélius, aux Gracques, à Fannius, à Ser.
Galba), ce genre a pris si complètement l'essor avec Cicéron,
le maître de son art, qu'on ne peut goûterqu'un très-petit
nombre de ses devanciers, qu'on ne peut surtout admirer que
ceux qu'il a connus, ou qui ont vu cet orateur. Il en fut de
même pour les grammairiens, les sculpteurs, les peintres, les
ciseleurs : quiconque étudiera les dates avec soin reconnaîtra
la vérité de cette observation, et verra que tous les chefs-
d'œuvre sont compris dans un espace de temps fort limité.
Cette similitude et cette réunion de talents supérieurs s'étaient
également prod uites, chez les Grecs, quatre siècles aupara-
vant : l'histoire fournit d'abondantes preuves de cette asser-
tion. Entre autres causes de ce double phénomène, celle-ci
me paraît avoir le mérite, sinon de la vérité, du moins de la
t
vraisemblance: l'émulation nourrit les talents; l'admiration
l'envie, tour à tour, poussent vivement à l'imitation; et
quand les plus grands efforts aspirent vers un art, bientôt il
(s'élève
au plus haut point de grandeur; en même temps il est
difficile de se maintenir dans la perfection; et naturellement
ce qui ne petit plus avancer, recule. Du moment qu'on dés-
difficilisque in perfecto 5
mura est; naturaliterque, quod
procedere non potest, recedit. Ubi, quos ducimus priores,
aut praeteriri aut aequari posse desperavimus, studium cum
et
spesenescit, velutoccupaLamrelinquensmateriam, quaorit
novam in quã nitatur et emineat : ut6 frequens ac mobilis
transitus maximum sit perfecti operis impedimentum.
5. § 192. — ,
6.§503 2°.
VERSIO XCVI.
lAidorum Scenicorum Romæ institutio. (An de Rome 389,
av. J. C. 564.)
9G. C. Sulpicio
intoleranda vis ortæ pestilentiae Romam ,
Betico, C. Licinio Stolone eonsulibus,
a bellicosis ope-
ribus revocalam, dornestici atque intestini mali cura af-
flixerat; jamque plus in exquisito et novo cultu religionis
,
quam in ullo consilio humano positum opis videbatur. Ita-
que placandi coelestis numinis gratia compositis carminibus
vacuas aures prsebuit, ad id tempus circensi spectaculo
1
:
une matière envahie, pour ainsi dire, on en cherche une nou-
velle où l'on puisse déployer ses efforts et s'illustrer de sorte
que cette fréquente mobilité est le principal obstacle qui
empêche de produire des ouvrages parfaits.
VERSION XCVI.
VERSIO XCVII.
De memoria.
97. Memoria tanquam thesaurus penusque disciplina- 1
seusu discrepantem ,
lacunosos recessus aperiat? Quid admirabilius quam rerum
verborumque mullitudinem 5, forma variam pariter ac
iis loci angustiis ita6 non confuse ac
permiste, sed dislincte electeque conservari, ut, quasi dis-
creto in capita seu familias populo, in fronte domus domini
titulum legere, indequehabitatorem evocare, aut gentem
uuiversam censere facile possis? Quid accommodatius quam
banc velut addictam tibi sacramento militiam eo7 inter8
se nexu ac fide conjunctam habere, ut, sive unumquodque
separatim, sive c'onfertim universa, sive singula ordinatim
in aciem proferre velis, nihil plane in tanlã turbä turbetur :
sed alia in recessu sita prodeuntibus locum cedant; alia,
semiaperto aditu, quasi tentabunda, et an9 ipsa quærantur
4. g120
,
1.S122 II. — 2. S
et 279. — 5. g
134, Rem. 1,2,3,4.
220. —6.g516,10°. 7.
- g
,
3. S 34 II, 4°. —
503.— 8. g 432.
— 9.§472. —
alors, aidé des accords d'un chanteur et d'un joueur de flûte,
il remplissait en silence la partie des gestes.
Quant aux Attellans, ils vinrent de chez les Osques. Ce
;
genre de divertissement, tempéré par la sévérité latine, ne
déshonore point les acteurs car il ne les fait point descendre
de leurtribu (dans une tribu inférieure), et ne les exclut point
duservice militaire.
VERSION XCVii.
De la mémoire.
!
chaque individu, en suivant l'ordre des rangs, sans que le
moindre désordre se mette dans cette multitude Les uns, se
tenant au poste le plus reculé, font place à ceux qui avancent;
d'autres, se montrant à moitié, s'arrêtent comme incertains
encore et épiant votre appel; d'autres, sans hésiter,paraissent
entièrement, et, sûrsd'être appelés, s'élancent à vos ordres.
Accompagné d'une suite de serviteurs si nombreux et si obéis-
sants, quelle brillante idée un homme ne donnera-t-il point
agetur unquam ,
animus quam speciem sui auditoribus exhibebit! dum nihil
nihil in quotidiano sermone occurret,
nihil in disquisitionem aliquando vocabitur, cujus arbi-
trium ille continuo petere ab10 allliquis, dicta11 sapienter,
fortiter facta, excogitata prudenter inserere, cum recen-
tibus vetera, nostra cumexternis conferre ad pompam
usque et ostentalionem, non valeat.
,
10.5324. 11. - g 192,II.
VERSIO XCVIII.
Laudatur Theodosii bemgnitas in impertiendis honoribus.
,
ilium Tarquinium hoc damnaverunt maledicto; et homi-
nem libidine 6 præcipitem, avaritia caecum immanem
crudelitate, furore vecordem vocaverunt Superbum, et
,
putaverunt sufficere convicium. Quod si per7 rerum natu-
ram liceret ut ille romanæ libertatis assertor Brutus, pre-
cariae redditus vitae, seculum tuum ccrneret8 studiisvir-
tUlis, parcimoniæ, humanitatis imbutum; jam te ipsum
qua publiee, quaprivatim viderei priscorum duritia du-
.-'" $ ;n, JI 4". -5. § 378. -fj. g :i:.?/i.
-R. g 2'23,Rem.
1.8475. —2. g 176,—3. g 497,
- 7. g 427.
do son esprit à ceux quil'entendront ! s
Pas un fait ne accom-
plira, pas un objet ne se présentera dans la conversation, pas
un point douteux ne sera soumis à la discussion, qu'il ne soit
tout prêt à invoquer l'autorité des anciens, à transporter dans
quelque habile expédient ;
ses discours quelques sages propos, quelque trait de courage,
à comparer les anciens aux mo-
dernes, sa nation aux nations étrangères; et ces moyens, il
pourra les déployer avec une sorte de luxe et d'ostentation.
VERSION XCVIII.
VERSIO XCIX.
Qucedam de vivendi more T. Flavii Vespasiani.
tebat :
epistolis, ofiiciorumque omnium breviariis, amicos admit-
ac dum2 salutabatur, et calceabat ipse3 sese et
amiciebat. Post decisa quæcunque obvenissent negotia ,
gestationi et inde quieti vacabat, ac in balneum tricli-
niumque transibat. Nec ullo tempore faeilior et indulgen-
tior traditur; eaque momenta domestici ad aliquid peten-
dum magnoperecaptabant. Super coenam autem multajoco
transigebat. Erat enim dicacitatis plurimæ, etsicscurrilis
ac sordidae, ut ne4 praetextatis* quidem verbis abstineret.
hoc : 5
Menstrium Florum, consularem ,
Et tamen nonnulla ejus facetissima exstant, in quibus et
admonitus ab eo
plaustra potius quam plostra dicenda* die postero Flaurum**
salutavit.
Maxime tamen dicacitatem in deformibus lucris affec-
tabat, ut invidiam aliquä cavillatione dilueret, transfer-
retque ad sales. Quemdam e caris ministris dispensationem
cuidam6, quasi fratri, petentem quum distulisset, ipsum
candidatum ad se vocavit; exactaque pecnniã, quanlutn is
cum suffragatore suo pepigerat, sine morã ordinavit. Inter-
pellanti mox ministro : « Ahum tibil,
ait, quaere fratrem :
hie, quern tuum putas, meus est. »
-
1.Mctli.grecq., g 29C.-2.493. —3. § 277. 4. g 453. —5. § 454,
rem.surnonnihil. —G.g343. — 7. §343. — 8. g 3G3.
* Prælexlata verba, paroles licencieuses. (Litteralement:desparoles
habillees de la prétexte, c'est-à-dire prolloncées par ceux qui por-
taient cette robe, à savoir les jeunes gens au-dessous de dix-sept ailS,
,
dontlelangage est quelquefois un peu libre).
** En grec fiaupot (atliq. pour f<<ú);) signific vain ,frivolc.
la modération des consuls, l'affable simplicité des prêteurs,
il changerait, je n'en doute pas, d'opinion, après un si long
espace de temps, et se verrait forcé de reconnaître que c'était
Tarquin qu'il fallait bannir, et non la royauté.
VERSION XCIX.
Quelques détails sur les habitudes de T. Flavius Vespasien.
;
pendant son règne, il s'éveillait toujours de bonne heure, et
avant le jour alors il lisait ses dépêches, examinait les rapports a
de ses officiers, et recevait ses amis. Pendant que ceux-ci lui (
rendaient leurs devoirs, il se chaussait et s'habillait lui-même.
Après avoir expédié toutes les affaires qui s'étaient présentées,
il se faisait porter pour la promenade, ensuite il se livrait au
repos, passait au bain, puis à table. On dit que c'était le mo-
ment où on le trouvait le plus facile, le plus bienveillant; et
les gens de sa maison,quisollicitaient quelque faveur, avaient
soin de choisir l'heure de ses repas. A table, il décidait beau-
coupd'affaires en plaisantant; car il avait un singulier pen-
chant pour la raillerie, mais pour une raillerie basse et gros-
sière, qui ne s'abstenait pas même des expressions les plus
:
indécentes. On cite pourtant de ce prince quelques plaisan-
teries de bon goût, entre autres celle-ci Menstrius Florus,
personnage consulaire, l'ayant averti qu'il fallait prononcer
plaustra (chariots), et non plostra, le lendemain, en le saluant,
il l'appela Flaurus.
Cependant c'était dans les gains peu honorables qu'il affec-
tait de badiner, pour faire disparaître par quelque saillie ce
qu'ils avaient d'odieux, et leur donner le caractère d'un bon
mot. Un de ses officiers favoris lui demandait une place d'in-
tendant pour quelqu'un qu'il disait être son frère. L'empereur
à
le remit un autre jour; puis, ayant fait venir le candidat lui-
même, il l'obligea de lui compter la somme que ce dernier
avait promise à son protecteur, et le revêtit immédiatement de
:
l'emploi. Bientôt après, l'officier le sollicitant de'nouveau
« Pourvoyez-vous, dit-il, d'un autre frère
:
celui-ci, que vous
croyez le t'ôtre, est le mien. »
VERS10 C.
Ut major Africatius* Ennium** poelam amore prosecutus sit.
FINIS.
VERSION C.
Comment le premier Africain honorait Ennius de son amitié.
,
Le père et L'oncle paternel du premier Scipion avaient péri en
Espagne avec deux armées romaines. Scipion fut envoyé à vingt-quatre ans
dans cette province en qualité de proconsul.
FIN.
TABLE DES MATIÈRES.
PREMIÈRE PARTIE.
VeiuoBi.
,
41. Une bibliothèque doit être formée pour l'usage du public
et des particuliers et non pour la montre.
42. Les besoins du corps sont bornés.
rages.
78
80
43. Comment Philippe confia au philosophe Aristote l'éduca-
tion d'Alexandre. 82
44. Instructions de Dédale à son fils. Chute et mort d'Icare. 84
45. jElius Adrien. 84
46. Eloge de la ville de Paris. 86
47. Suite du même sujet. 88
48. Plaisanteries dirigées contre Auguste. 90
49. Contre ceux qui affectent de se servir de vieilles locutions. 92
50. On doit prêter à la vérité même les grâces de l'élocution. 92
51. Incendie du palais de Persépolis.. 94
52. Repartie plaisante d'Annibal au roi Antiochus. 96
53. Les Parthes. 98
54. Fuite de Xerxès. Bataille de Platées. 100
55. Démosthènelutte contre la nature. 100
56. Sur les esclaves. 102
57. Traits de fidélité des esclaves envers leurs maîtres. 104
58. Première guerre punique. 106
59. Portrait d'un bon roi. 106
60. De l'Espagne. 108
61. De la finesse dans les paroles ou dans les actions. 110
62. Maximin. 112
63. Jules César et le Vétéran. 114
64. De l'Apologue. 114
65. Denys l'Ancien. 116
66. Suite du même sujet. 118
67. Une femme de l'île de Céos s'empoisonne en présence de
Sextus Pompée. 120
68. Mot de Philippide sur les secrets des rois. 122
69. Straton est élu par les esclaves roi de Tyr. 121
70. Guerre des Pirates. 126
71. Des philosophes qui ne le sont que par l'habit etl'extérieur. 128
72. Mort de Pompée. 130
73. MortdeRomulus. 130
74. Comment l'EtatdeLacédémonefutconstitué par Lycurgue. 132
75. Quelques sages propos de Socrate et de Solon. 134
76. Les Sarrasins. 136
,
77. Pillage de Persépolis.
78. Persée roi de Macédoine, conduit en triomphe.
138
138
79. De la Lecture.
•
sujet.146
80. Midas change en or tous les objets qu'il touche.
81. Les frères Philènes.
82. Suite du même
83. Eloge de l'Eloquence.
140
142
144
148
84. Extraits de la lettre de Servius Sulpicius à Cicéron, qui
pleurait la mort de sa fille. 148
85. L'Inde.
Versions.
-
86. Darius, près de livrer bataille aux Mac^doniens, dans les
plaines d'Arb^les, harangue son armée.
pageit
150
152
87. Suite
, du discours de Darius. 154
88. Cicéron raconte comment il fut anient à penser plus mo-
destement de lui-même. 156
89. Quelques details sur Alexandrie. 158
90. Sur Platon. 160
91.MarcusPorciusGaton. 162
92. L'Aigle. 162
93. Bataille de Munda. Iti4
94. L'Hiverde1709. 166
95. Suite du même sujet. 168
96. Excellence de la Langue grecqup. 168
97. Puissance de TApologue. 170
98. Eumène dans les fers, aux Argyraspides. 172
à et
99. Lanatureadonné l'hommeuneàmeinquiète remuante. 174
100. Marius. 176
SECONDE PARTIE
1. De l'Eloquence et de la Poésie. 178
2. Bonheur de Quintus Métellus. -
180
3. Quelles quality doivent avoir le chien de ferme et le chien
de berger. 182
4. Quelle doit être l'éducation du futur orateur. 184
5. Alexandre va visiter le temple d'Ammon.
6. Suite du même sujet.
7. Patience de Philippe , roi de Macédoine
Auguste à supporter les injures.
8. Entretien de Xerxès et de Démarate.
, et de César
186
188
190
192
9. Suite du même sujet. 194
10. Description de la Thrace. Moeurs des Gètes en particulier. 194
IL La Sicile. 196
12. Eurydice est ravie une seconde fois à Orphee. 198
13. De ia
Musique. 200
14. Mdtellus rétablit ladiscipline dans l'arméc romaine, cor-
rompue par son séjour en Afrique. 202
15. Suite du même sujet. 204
16. De l'Homme. 206
17. Le Parasite, ou le Flatter. 208
18. Néron artiste. 210
19. Quelques details sur T. Flavins Domitien. 212
20. Caractère des Romains SOliSofe règne de Gallus. 244
21. Siége de Salonje. 216
22. Vices et vertus d'Alcibiade. 218
23. Thémistocle. 220
24. Comment le philosophe Socrate s'exerçait a la patience. 222
25. Quel doit être le caractère de l'avocat 222
Vcriiom. rage..
2G. Ruine d'Albe. 224
27. Quelques particularités sur la classe des Druides, chez les
Gaulois. 226
28. Les villes maritimes se corrompent plustôt que lés villes
situées dans l'intérieur des terres. 228
29. Caractère de L. Junius Brutus. 230
Muses.
30. Lettre de Pline le Jeune à un ami, touchant lesfunérailles
de Virginius Rufus.
31. Leçons des -
232
234
32. Eloge de la simplicité de Théodose.
ditaire. ','
33. Bonheur des nations qui jouissent d'une monarchie héré-
236
238
34. Pline à Sosius Sénécion, touchant les lectifres publiques. 240
35. Devoir du maître qui enseigne. 242
36. L'âme doit commander, et le corps,obéir. 244
à
37. Discours de Charles-Quint, roi d'Espagne, Philippe II
son fils, en abdiquant la couronne. 246
38, L'homme est injuste appréciateur des présents du ciel. 248
39. Importance de l'action dans les plaidoyers. 248
40. Contre la cupidité du siècle. 250
41. Tibère Néron se retire dans l'île de Rhodes, et y fait sa
société des astrologues..
42. Discours de Callisthène contre la proposition de rendre à
252
et exercées assidum«ût.
52. Les cendres de Germanicus transportées à Rome funé-
railles de ce prince.
53.Suitedumêmesujet.
;
51. Les recrues militaires doivent être tirées de la campagne
272
272
274
54.Suitedumêmesujet. 276
65. Comment il faut prévenir la colère. 278
d'Homère.28-4
56. Des Yeux. - 280t
57. La forêt voisine de Marseille est abattue par ordre de César. 282.
58. Qualités
59. Retour d'Alcibiade à Athènes avec son armée triomphante. 286
60. Comment, après le siècle d'Auguste, l'éloquence déclina
chez les Romains. r 288-
teursàl'exil.
61. Pline loue Trajan d'avoir condamné la troupe desdéla-
62. Entrée de Trajan dans Rome.
290
292
Versions.
63. De l'imitation des anciens.
64. L'homme de bien, sur le point de mourir, passe en revue
Paget.
292
les actions de sa vie. 294
65. Des deux Génies attachés à chacun des mortels. 296
66. De la Peinture. 298
67. Le Nil. 300
68. Triomphe de César. 302
69. Extrait du récit de la mort d'Hippolyte. 304
70. L'empereur Julien à Antioche. 306
71. Quelques détails sur les moeurs des Germains. 308
72. Pline engage les principaux citoyens de sa ville à fonder
chez eux des écoles publiques. 310
73. Enseignementfle Socrate. 312
74. Desmisèresdel'âgemûr. 312
75. Utilité de la Lecture des anciens. 314
76. Yceux de Marc-Aurèle pour son maitre Fronton. 316
77. Liberté dans le langage. 318
78. Sur la vie et la mort de M. Tullius Cicéron. 320
79. Comment il convient d'employer le pathétique dans les
plaidoyers. 322
80. Les deux perles de Cléopâtre. 324
81. Critique de la Poésie. 326
82. Suite du même sujet. 328
83. A un ami, pour l'engager à publier ses oeuvres. 330
84. Etat de la république romaine après la défaite de Carthage. 332
85. Parallèle entre Démosthène et Cicéron. 334
86. César Auguste fut moins heureux qu'on ne le pense. 334
87. Satire contre la dépravation du siècle. 336
88. On peut retirer quelque utilité même des ennemis. 338
89. Réflexions d'un homme devant le cadavre de son ennemi
rejeté par les (lots. 340
90. Andromaque, pressée par Ulysse, tire Astyanax de l'en-
droit où elle le tenait caché. 342
91. Le petit bien de campagne. 344
92. 11 vaut mieux obliger les gens de bien que les riches. 346
93. Mort du poëte Philémon. 348
94. La vie ne paralt courte, que parce qu'on ne sait pas en
faire usage. 350
95. Comment le même siècle vit la réunion d'une foule de
talents supérieurs chez les Romains. 352
96. Institution des jeux Scéniques à Rome. 354
97. De la mémoire.
99.Quetquesdetails
des *
98. Eloge de la bienveillance de Théodose dans la distribution
dignit^s.
356
358
sur les habitudes de T. Flavius Vespasien. 360
100. Comment le premier Africain honorait le poëte Ennius de
son amitié. 362
FIN DE LA TABLE.