EL3 Postambule 1

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Etude linéaire n°… : Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne,

Olympe de Gouges, 1791

Introduction :

Présentation de l’autrice, de l’œuvre. Ne pas oublier le contexte historique.

Situation de l’extrait : Postambule répond à préambule, après adresse aux hommes, adresse aux femmes
dans une tonalité toute aussi véhémente et polémique. Olympe de Gouges s’y présente comme détentrice
de la vérité et du savoir et entend bien prouver aux femmes qu’elles doivent reprendre une lutte qui n’est
que justice.

Lecture de l’extrait.

Problématique : Comment Olympe de Gouges exhorte-t-elle les femmes à reprendre la lutte pour leurs
droits ?

Mouvements du texte : I. Les oubliées de la Révolution doivent reprendre le combat (Du début à « la
conviction des injustices de l’homme ») II. La réfutation des arguments adverses (« la réclamation de votre
patrimoine » à « Tout, auriez-vous à répondre ») III. Une cause juste, un triomphe assuré (« S’ils
s’obstinaient » jusqu’à la fin)

I. Les oubliées de la Révolution doivent reprendre le combat (Du début à « la conviction des injustices de
l’homme »)

 Dans son postambule, Olympe de Gouges lance un appel, aussi dynamique que virulent, aux femmes : ces
dernières n’ont pas d’autre choix que de reprendre la lutte pour l’égalité des droits car la Révolution n’a pas
tenu ses promesses à leur égard.

- premier mot = apostrophe au sexe féminin « Femme », avec un substantif sans déterminant au singulier (//
à apostrophe qui précédait la DDFC « Homme ») + impératif 2ème pers. du sing.  familiarité de l’adresse afin
d’en accroître la portée, + sororité. Verbe « réveiller », donc appel à sortir d’un état de torpeur, de passivité
(« reconnais tes droits »), surtout à ouvrir les yeux  image reprise par la suite.

- l’impératif, la mention du « tocsin » = urgence à agir + construction de la phrase, trois temps, premier et
dernier très courts et en écho, avec une assonance. Impératif « reconnais tes droits » = polysémie :
reconnaître que ceux de la DDHC sont aussi ceux des femmes, reconnaître ceux énoncés dans la DDFC, et
enfin reconnaître dans le sens d’identifier.

- tonalité polémique se met donc d’emblée en place (apostrophe, impératif, urgence + hyperbole « tout
l’univers » qui souligne que chacune est concernée)

- champ lexical de la philosophie des Lumières : « raison », « le puissant empire de la nature », « préjugés »,
« fanatisme », « superstition », « mensonge », « le flambeau de la vérité », « sottise », « usurpation » 
écho au verbe « se réveiller », fin de l’obscurantisme attestée par phrase négative et verbe « dissiper »
associé à métaphore météorologique « tous les nuages de la sottise et de l’usurpation »
- La Révolution a permis de faire entendre ce « tocsin de la raison », et dans cette lutte contre
l’obscurantisme hommes et femmes ont lutté ensemble comme Olympe de Gouges le rappelle : « L’homme
esclave a multiplié ses forces, a eu besoin de recourir aux tiennes pour briser les fers » : cette métaphore de
l’esclavagisme est importante car il s’agit d’un autre combat cher à Olympe de Gouges, et elle reprendra
cette image par la suite dans son postambule pour souligner les similitudes entre la condition des femmes et
celle des esclaves. Le déterminant possessif « ses » insiste sur le fait que seul l’homme s’est libéré, la femme,
elle, reste esclave. Olympe de Gouges met en évidence le renversement paradoxal qui s’est opéré : « Devenu
libre, il est devenu injuste envers sa compagne »  l’homme est donc devenu ce qu’il combattait. Olympe
de Gouges reprend ici le lien entre liberté et justice qu’elle a énoncé dans l’article IV de la DDFC « La liberté
et la justice consistent à rendre tout ce qui appartient à autrui ».

Cet amer constat d’être les grandes oubliées de la Révolution entraîne une nouvelle apostrophe, et un
passage au registre lyrique « ô femmes ! » + passage du singulier au pluriel = individualisation. Registre
pathétique avec répétition, emphase, métaphore en écho au début du texte « femmes, quand cesserez-vous
d’être aveugle ? »

- La deuxième personne montre qu’Olympe de Gouges se fait la porte-parole des femmes, celle qui détient
la vérité et qui doit éclairer ses pairs, elle ne s’inclut donc pas dans le groupe qu’elle interpelle et qui doit
suivre son exemple.

- pathos vite délaissé au profit de la tonalité polémique : succession de questions rhétoriques suivies de
réponses immédiates (=subjection) + réponses courtes, abruptes = clarté du constat que les femmes sont les
perdantes de la Révolution : phrases nominales avec parallélisme « Un mépris plus marqué, un dédain plus
signalé » + adverbe d’intensité « plus » qui souligne la perte paradoxale ; « la conviction des injustices de
l’homme. »

- « siècles de corruption » = périphrase pour siècles de Monarchie, introduction ici de l’idée -développée
ensuite - que sous l’Ancien Régime la femme a trouvé une forme de pouvoir dans la séduction, pouvant
jouer « sur la faiblesse des hommes », ce que condamne Olympe de Gouges car elle n’y voit que de la
faiblesse de la part des femmes qui ont préféré la corruption à la vertu. Avec la Révolution, cette forme de
pouvoir n’est plus et les femmes se retrouvent donc en position de faiblesse absolue : « Votre empire est
détruit » = parallélisme entre fin régime politique et fin du pouvoir des femmes. Ce constat est formulé dans
une phrase construite selon la logique cause/ conséquence : le point-virgule introduit une nouvelle question
rhétorique « que vous reste-t-il donc ? ».

II. La réfutation des arguments adverses (« la réclamation de votre patrimoine » à « Tout, auriez-vous à
répondre »)

 Puis, dans un second mouvement de sa harangue, Olympe de Gouges devance afin de les réfuter les
arguments que pourraient lui opposer ses pairs, renforçant par un dialogue fictif à plusieurs voix son
argumentaire.

- construction en chiasme marque ce moment d’inversion dans l’argumentation : « que vous reste-t-il donc ?
la conviction des injustices des hommes » / « la réclamation de votre patrimoine, fondée sur les sages
décrets de la nature ; qu’auriez-vous à redouter pour une si belle entreprise ? »  GN précède à présent
question rhétorique. Première partie = formulation d’un droit inaliénable car naturel, le dernier de la DDFC.
Olympe de Gouges devance une hypothétique contre-argumentation (champ lexical de la peur :
« redouter », « craignez ») et la réfute : un argument d’autorité en appelant à la religion est le premier
avancé « le bon mot du législateur des noces de Cana ? » = pointe acerbe contre place de la religion dans la
société française et dans l’éducation des femmes. Olympe de Gouges réfute cet argument par deux autres :
le premier étant que la place de la religion est révolue avec la fin de la Monarchie absolue de droit divin
(« qui n’est plus de saison ») et le second par un raisonnement par l’absurde qui fait de Jésus Christ un
« législateur » comparable aux « législateurs français, correcteurs de cette morale », c’est-à-dire qui ont
combattu justement pour que cesse l’influence de l’Eglise dans la vie politique. Olympe de Gouges pousse sa
démonstration par l’absurde – et une forme de blasphème - en replaçant les mots du Christ dans la bouche
des « législateurs français » et en substituant les femmes à Marie : « femmes, qu’y a-t-il de commun entre
vous et nous ». Enfin, elle conclut en avançant elle-même la réponse dans une formulation lapidaire :
« tout »  inversion de la question rhétorique initiale qui sous-entendait le « rien ». Olympe de Gouges
réaffirme à travers cette contre-argumentation métaphorique l’égalité absolue entre hommes et femmes.

III. Une cause juste, un triomphe assuré (« Sils s’obstinaient » jusqu’à la fin)

 Enfin, dans un dernier mouvement, Olympe de Gouges avance l’argument qu’une cause si juste ne peut
que triompher.

- Une hypothétique vient prolonger le raisonnement précédent, devançant cette fois l’opposition masculine :
« s’ils s’obstinaient ».

- le refus par les hommes de reconnaître l’égalité est pour Olympe de Gouges la preuve de la « faiblesse »
des hommes qui ressentent la nécessité d’asservir la femme pour se sentir puissant + « inconséquence en
contradiction avec leurs principes» = droits prônés dans la DDHC ne sont pas respectés.

- à nouveau Olympe de Gouges se place sous l’égide des Lumières : « la force de la raison », « les étendards
de la philosophie »  combat qu’il faut mener est en fait toujours le même, un combat pour la justice

+ champ lexical de la lutte « courageusement », « réunissez-vous », « étendards »  il s’agit bel et bien d’un
appel au combat

- portrait à charges des hommes : « faiblesse », « inconséquence en contradiction avec leurs principes »,
« vaines prétentions de supériorité », « ces orgueilleux », « serviles adorateurs rampants » et donc en creux
portrait d’un sexe fort, courageux, d’une femme toute-puissante : « quelles que soient les barrières que l’on
vous oppose, il est en votre pouvoir de les affranchir ; vous n’avez qu’à le vouloir » La concessive vient
souligner cette toute-puissance, adéquation entre « pouvoir » et « vouloir » avec construction qui sépare
deux propositions par « ; » dans un rapport logique.

Conclusion :

Olympe de Gouges se fait la porte-parole des femmes et déploie différentes stratégies argumentatives afin
de prouver à ces dernières, grandes oubliées de l’après Révolution, l’urgence d’agir pour obtenir l’égalité.

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