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UPMC 3M260  Topologie et calcul diérentiel 2017/2018

TD 3  Espaces complets

Exercice 1
On se place dans un espace métrique (X, d).
1. Montrer que toute suite de Cauchy est bornée.
2. Montrer que toute suite convergente est de Cauchy.
3. Montrer que toute suite de Cauchy possédant une valeur d'adhérence est convergente (la
suite possède alors une seule valeur d'adhérence : sa limite).

Corrigé :
1. Soit (xn )n∈N ∈ X N une suite de Cauchy, montrons qu'elle est bornée, autrement dit qu'il
existe y ∈ X et R > 0 tels que pour tout n ∈ N, on ait xn ∈ B(y, R). Par dénition, on a

∀ε > 0, ∃N ∈ N : ∀p, q ≥ N, d(xp , xq ) < ε. (1)

Appliquons cela à ε = 1 (en particulier cela nous sort un rang N ≥ 0, et posons



R = 1 + max 1, max{d(xn , xN ) | n < N } .

On vérie alors que pour tout n ∈ N, on a xn ∈ B(xN , R). En eet :


 si n < N , alors xn ∈ B(xN , R) puisque R ≥ d(xn , xN ) + 1 ;
 si n ≥ N , alors xn ∈ B(xN , R) par (1) appliqué à ε = 1.
2. Soit (xn )n∈N ∈ X N une suite convergente, montrons qu'elle est de Cauchy. La convergence
de la suite assure de l'existence de ` ∈ X tel que

∀ε > 0, ∃N ∈ N : ∀n ≥ N, d(xn , `) < ε.

Soient maintenant p, q ≥ N . Alors

d(xp , xq ) ≤ d(xp , `) + d(`, xq ) ≤ 2ε.

Ce qui montre bien que la suite vérie (1) : elle est bien de Cauchy.
3. Soit (xn )n∈N ∈ X N une suite de Cauchy possédant une valeur d'adhérence, montrons qu'elle
est convergente. Appelons ` sa valeur d'adhérence. Alors

∀ε > 0, ∀N ∈ N, ∃nN ≥ N : d(xnN , `) < ε. (2)

Appliquons cela au nombre N donné par (1), et prenons m ≥ N . Alors

d(xm , `) ≤ d(xm , xnN ) + d(xnN , `).

Le premier terme est inférieur à ε par (1), tandis que le second est inférieur à ε par (2). Ceci
prouve la convergence de la suite.

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Exercice 2
On rappelle qu'une série réelle est dite absolument convergente si la série
P P
n≥0 an n≥0 |an |
est convergente.
1. Montrer que toute série réelle absolument convergente est convergente (indication : montrer
que la suite des sommes partielles est une suite de Cauchy).
n
2. En déduire que pour tout x ∈ R, la série n≥0 xn! converge.
P

3. On munit Mn (R) de la norme ||| · ||| dénie par

kAxk2
|||A||| = sup
x∈Rn \{0} kxk2

(où k · k2 désigne la norme euclidienne).


a) Vérier que ||| · ||| est bien une norme, qui de plus satisfait |||AB||| ≤ |||A||||||B|||.
n
b) Montrer que pour tout A ∈ Mn (R), la série n≥0 An! converge (pour la distance issue
P
de la norme ||| · |||). Sa limite est appelée exponentielle de la matrice A.

Corrigé :
1. Soit une série réelle absolument convergente. Posons
P
n≥0 an

N
X
SN = an
n=0

la série des sommes partielles, et montrons qu'elle est de Cauchy. On sait que la suite
N
X
AN = |an |
n=0

est convergente, donc de Cauchy (par l'exercice 1 !). Donc

∀ε > 0, ∃N ∈N : ∀p ≥ q ≥ N, |Ap − Aq | < ε.

Donc pour tous p ≥ q ≥ N , on a


p
X q
X p
X
ε > |Ap − Aq | = |an | − |an | = |an |.
n=0 n=0 n=q+1

De plus,
p
X q
X p
X p
X
|Sp − Sq | = an − an = an ≤ |an |.
n=0 n=0 n=q+1 n=q+1

Ceci, combiné avec l'estimation précédente, nous donne |Sp − Sq | < ε, ce qui montre que la
suite des sommes partielles est de Cauchy. Puisque R est complet, cela implique que cette
suite est convergente, autrement dit que la série est convergente.
n
2. Soit x ∈ R. Montrons que n≥0 |xn! | est ni. Soit N = b|x|c, on a :
P

X |xn | N +∞
X |xn | X |xn |
= + .
n! n! n!
n≥0 n=0 n=N +1

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Pour n ≥ N + 1, on peut écrire n! = N !(N + 1)(N + 2) · · · n ≥ N !N n−N , cela donne

X |xn | N +∞
X |xn | X |xn |
≤ +
n! n! N !N n−N
n≥0 n=0 n=N +1
N +∞ 
|xn | NN |x| n
X X 
= +
n! N! N
n=0 n=N +1
N N +1
|xn | N N

X |x| 1
= + ,
n! N! N 1 − |x|/N
n=0

ce qui montre que la somme est bien nie. Par la question précédente, on en déduit que la
série est convergente pour tout x ∈ R.
3. a) On vérie les trois propriétés de la norme : d'une part |||A||| ≥ 0, et |||A||| = 0 implique que
pour tout x ∈ R \ {0}, on a kAxk2 /kxk2 = 0, autrement dit que Ax = 0. Donc A est la
matrice nulle (on le voit par exemple en prenant successivement pour vecteur x le i-ème
vecteur de la base canonique) ; cela prouve la dénition de la norme. L'homogénéité de na
norme ||| · ||| vient de l'homogénéité de la norme k · k2 . Enn, pour l'inégalité triangulaire,
on calcule :
k(A + B)xk2
|||A + B||| = sup
x∈Rn \{0} kxk2
kAx + Bxk2
= sup
x∈Rn \{0} kxk2
kAxk2 + kBxk2
≤ sup
x∈Rn \{0} kxk2
kAxk2 kByk2
≤ sup + sup
x∈Rn \{0} kxk2 y∈Rn \{0} kyk2

= |||A||| + |||B|||

par les propriétés classiques de sommes de bornes supérieures. Cela montre l'inégalité
triangulaire.
Enn, pour la propriété demandée, on a :

kABxk2
|||AB||| = sup .
x∈Rn \{0} kxk2

On sépare la majoration de kABxk


kxk2 en deux cas. Soit Bx = 0, auquel cas la quantité est
2

nulle. Soit Bx =
6 0, et dans ce cas

kABxk2 kABxk2 kBxk2



kxk2 kBxk2 kxk2

et donc
kABxk2 kBxk2 kAyk2 kBxk2
|||AB||| = sup ≤ sup sup ,
x∈Rn \{0},Bx6=0 kBxk2 kxk2 y∈Rn \{0} kyk2 x∈Rn \{0},Bx6=0 kxk2

et par conséquent |||AB||| ≤ |||A||||||B|||.

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n
b) Montrons que la série n≥0 An! est absolument convergente. On a, par la question pré-
P
n
cédente, n≥0 ||| An! ||| ≤ n≥0 |||A|||
n
n! = exp(|||A|||) (où la convergence a été démontrée dans
P P
la question 2 !). La question 1 montre alors que cette série absolument convergente est
convergente.

Exercice 3
Soient (X, d) un espace métrique et (xn )n∈N une suite d'éléments de X . Pour tout k ∈ N, on
dénit Xk = {xn | n ≤ k}. Prouver l'équivalence entre les conditions suivantes :
1. La suite (xn )n∈N est de Cauchy.
2. La suite (δ(Xn ))n∈N converge vers 0 (où δ(A) désigne le diamètre de la partie A ⊂ X ).

Corrigé : On va montrer les deux implications. Rappelons que le diamètre de A ⊂ X est


déni par
δ(A) = sup{d(a, b) | a, b ∈ A}.
 Supposons que la suite (xn )n∈N est de Cauchy. Donc

∀ε > 0, ∃N ∈ N : ∀p, q ≥ N, d(xp , xq ) < ε.

Soit alors a, b ∈ XN . Alors il existe p, q ≥ N tels que a = xp et b = xq . Donc


d(a, b) = d(xp , xq ) < ε, et par conséquent δ(XN ) < ε. On vient de montrer que la
suite (δ(Xn ))n∈N converge vers 0.
 Réciproquement, supposons que la suite (δ(Xn ))n∈N converge vers 0. Alors

∀ε > 0, ∃N ∈ N : ∀n ≥ N, δ(Xn ) < ε,

donc pour tout n ≥ N et tous a, b ∈ Xn , on a d(a, b) < ε. Soit maintenant p, q ≥ N .


Alors xp , xq ∈ XN , donc d(xp , xq ) < ε. Cela montre que la suite (xn )n∈N est de Cauchy.

Exercice 4
Soient d, D deux distances équivalentes sur un ensemble non vide X , et (xn )n∈N une suite
d'éléments de X .
1. Montrer que (xn )n∈N est de Cauchy dans (X, d) si et seulement si elle est de Cauchy dans
(X, D).
2. En déduire que (X, d) est complet si et seulement si (X, D) est complet.

Corrigé : Rappelons que deux distances d et D sur X sont dites équivalentes s'il existe une
constante C > 0 telle que pour tous x, y ∈ X , on ait
1
d(x, y) ≤ D(x, y) ≤ Cd(x, y).
C
On vérie facilement que cette dénition est symétrique en d et D.
1. Soit (xn )n∈N une suite de Cauchy dans (X, d). Alors elle vérie (1). Mais la condition
d(xp , xq ) < ε implique que D(xp , xq ) < Cε. Cela montre que la suite est aussi de Cauchy
pour la distance D. Par symétrie des rôles, une suite de Cauchy pour la distance D est aussi
une suite de Cauchy pour la distance d.
2. Supposons (X, d) complet, et prenons une suite de Cauchy pour D. Alors par la question
précédente, elle est aussi de Cauchy pour d. Puisque (X, d) est complet, cette suite est
convergente pour d. Par équivalence des distances, cette suite est aussi convergente pour D.
Donc (X, D) est complet. L'autre implication est aussi vraie par symétrie des rôles.

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Exercice 5 (Théorème des fermés emboîtés)


Soit (X, d) un espace métrique. On considère la propriété suivante : toute suite (Fn )n≥0 dé-
croissante de fermés non-vides de X dont le diamètre tend vers 0 (ce qui sous-entend que le
diamètre de Fn est ni à partir d'un certain rang) a une intersection non-vide. Montrer que
(X, d) est complet si et seulement si cette propriété est vériée.

Corrigé :
Sens direct Supposons (X, d) complet, et soit (Fn )n≥0 une suite décroissante de fermés
non-vides de X dont le diamètre tend vers 0. Pour tout n ∈ N, choisissons xn ∈ Fn .
Montrons que la suite (xn )n∈N ∈ X N ainsi dénie est de Cauchy. On sait que le diamètre
de Fn tend vers 0, donc
∀ε > 0, ∃N ∈ N : ∀n ≥ N, diam Fn leε.
Soit p, q ≥ N , alors xp ∈ Fp ⊂ FN et xq ∈ Fq ⊂ FN . Donc d(xp , xq ) ≤ diam FN ≤ ε.
Donc la suite (xn )n∈N ∈ X N est de Cauchy. PuisqueT (X, d) est complet, cette suite
converge vers une limite notée `. Montrons que ` ∈ n∈N Fn . Pour tout M ∈ N, la
suite (xn )n≥M est une suite
T du fermé FM (car xn ∈ Fn ⊂ FM ) quiT converge vers ` ∈ x.
Donc ` ∈ FM , et donc ` ∈ n∈N Fn . En particulier l'intersection n∈N Fn est non vide.
Sens indirect Supposons que (X, d) possède la propriété des fermés emboîtés, et montrons
qu'il est complet. Soit donc (xn )n∈N ∈ X N une suite de Cauchy de X , et montrons
qu'elle converge. Posons, pour tout n ∈ N,
Fn = {xp | p ≥ n}.
Alors les ensembles Fn sont clairement fermés et emboîtés, il reste à montrer que leur
diamètre tend vers 0. Par (1), pour tout ε > 0, il existe N ∈ N tel que pour tout
n ≥ N , on ait diam Fn ≤ ε. Cela montre que le diamètre de Fn tend vers 0. On peut
donc appliquer la propriété des fermés emboîtés : l'intersection de ces fermés est non
vide. Soit ` dans cette intersection. Alors pour tout n ≥ N , on a d(xn , `) ≤ diam FN ≤ ε.
Par conséquent, (xn ) converge vers `. ceci prouve que (X, d) est complet.

Exercice 6
Soit (X, d) un espace métrique, et (xn )n∈N une suite de X vériant
1
∀n ∈ N, ∀p ∈ N, d(xn , xn+p ) < .
n
Montrer qu'elle est de Cauchy.

Corrigé : On veut montrer que la suite (xn )n∈N est de Cauchy, autrement dit que
∀ε > 0, ∃N ∈ N : ∀n ≥ N, p ∈ N, d(xn , xn+p ) < ε.
Soit donc ε > 0, et N un entier supérieur à 1/ε. Alors, pour tous n ≥ N et p ∈ N, on a :
1 1
d(xn , xn+p ) < ≤ ≤ ε,
n N
ce qui démontre que la suite est de Cauchy.

Exercice 7 (Théorème de prolongement)


Soient (X, dX ) et (Y, dY ) deux espaces métriques. On suppose que (Y, dY ) est complet, et on
considère une partie A ⊂ X dense dans X . Soit f : A → Y une fonction uniformément continue.
Montrer qu'il existe une unique fonction continue g : X → Y qui prolonge f , et vérier que
g est uniformément continue.

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Corrigé : On commence par dénir une fonction g candidate. Pour tout x ∈ X , il existe
une suite (axn )n∈N ∈ AN d'éléments de A tels que limn→+∞ axn = x. Si x ∈ A, on choisit pour
la suite axn = A pour tout x. On montre maintenant que pour tout x, la suite f (axn ) est de
Cauchy : la suite (axn ) est de Cauchy, donc vérie

∀η > 0, ∃N ∈ N : ∀p, q ≥ N, dX (axp , axq ) < η;

de plus, la fonction f est uniformément continue :

∀ε > 0, ∃η > 0 : dX (x, y) < η =⇒ dY (f (x), f (y)) < ε;

en combinant ces deux faits, on obtient :

∀ε > 0, ∃N ∈ N : ∀p, q ≥ N, dY (f (axp ), f (axq )) < ε.

Par conséquent, la suite f (axn ) ∈ Y N est de Cauchy. Puisque Y est complet, cette suite converge,
vers une limite que l'on note g(x).
Par construction, on a g|A = f .
Montrons que g est uniformément continue. Soit ε > 0, et x, y ∈ X tels que dX (x, y) < η/3.
Alors il existe N ∈ N tel que pour tout n ≥ N , on a dX (axn , x) ≤ η/3 et dX (ayn , y) ≤ η/3. En
particulier, cela implique que dX (axn , ayn ) ≤ η et donc, par uniforme continuité de f ,

dY (g(axn ), g(ayn )) = dY (f (axn ), f (ayn )) < ε.

De plus, limn→+∞ f (axn ) = g(x) et limn→+∞ f (ayn ) = g(y), donc il existe N 0 ∈ N tel que pour
tout n ≥ N 0 , on a
dY (g(x), g(axn )) = dY (g(x), f (axn )) < ε,
et la même chose pour y . En combinant ces deux faits, on obtient que

dY (g(x), g(y)) ≤ dY (g(x), g(axn )) + dY (g(axn ), g(ayn )) + dY (g(ayn ), g(y)) < 3ε,

ce qui montre l'uniforme continuité de g .


L'unicité de la fonction g vient du fait que deux fonctions continues coïncidant sur un
ensemble dense (ici l'ensemble A) sont les mêmes.

Exercice 8
En utilisant la suite (xn )n∈N dénie par

b10n 2c
xn = ,
10n
montrer que Q (muni de la distance issue de la valeur absolue) n'est pas complet.

Corrigé : La suite dénie correspond à la suite d'approximations à la n-ième décimale√de



2, en particulier c'est une suite à valeurs rationnelles. Or celle-ci converge dans R vers 2,
en particulier elle est de Cauchy dans R, et donc dans Q (car la distance sur Q est celle induite
par la distance sur R, à savoir celle venant de la valeur absolue). Si cette suite convergeait vers
une limite dans Q, elle convergerait
√ de même vers cette même limite dans R. Par unicité de
la limite, cela implique que 2 ∈ Q, contradiction. Donc cette suite est de Cauchy dans Q et
ne converge pas : Q n'est pas complet.

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Exercice 9
Soit `∞ le R-espace vectoriel des suites bornées muni de la distance uniforme, dénie de la
façon suivante : pour x = (x(k))k∈N et y = (y(k))k∈N dans `∞ , on pose
d(x, y) = sup |x(k) − y(k)|.
k≥0

On note les éléments de `∞ comme des fonctions de N dans R, pour clarier les notations
concernant les suites de suites.
1. Pour tout entier n ≥ 0, on pose
 
1 1 1
xn = 1, , , . . . , , 0, 0 . . . .
2 3 n
Autrement dit, xn ∈ `∞ est dénie par xn (k) = k1 si k ≤ n, et xn (k) = 0 sinon. Montrer que
la suite (xn )n≥0 est convergente, et donner sa limite.
2. Montrer que (`∞ , d) est complet.
3. Soit c0 le sous-espace de `∞ formé des suites qui convergent vers 0. Montrer que c0 est fermé
dans `∞ , puis que c0 est complet.
4. Soit c00 le sous-espace de `∞ formé des suites qui n'ont qu'un nombre ni de termes non
nuls. Est-il complet ?

Corrigé :
1. On pose x∞ la suite dénie par x∞ (k) = 1/k pour tout k ≥ 1. On voit facilement que cette
suite est bornée, et que donc x∞ ∈ `∞ . On va montrer que la suite (xn )n≥0 tend vers x∞ .
La suite yn = x∞ − xn est dénie par yn (k) = 0 si k ≤ n et yn (k) = 1/k si k > n. Par
conséquent,
d(xn , x∞ ) = sup |yn (k)| = 1/(n + 1) −→ 0.
k≥0 n→+∞

Donc xn −→ x∞ .
n→+∞
2. Montrons que (`∞ , d) est complet. Soit donc (xn )n∈N une suite de Cauchy de `∞ . Par
dénition,
∀ε > 0, ∃N > 0 : ∀p, q ≥ N, sup |xp (k) − xq (k)| < ε. (3)
k≥0
Première étape : construire le candidat limite. On xe k0 ∈ N. On déduit de (3) que
∀ε > 0, ∃N > 0 : ∀p, q ≥ N, |xp (k0 ) − xq (k0 )| < ε. (4)
Cela indique que la suite xn (k0 ) n∈N est de Cauchy. Puisque R est complet, on en


déduit que cette suite converge vers un réel, que l'on note x∞ (k0 ). Cela dénit une suite
x∞ .
Deuxième étape : vérier que x∞ ∈ `∞ . Pour cela, on va utiliser de manière cruciale le fait
que la suite (xn ) est de Cauchy. Soit ε > 0, N l'entier donné par (3) et n ≥ N . Soit aussi
k0 ∈ N. On veut majorer xn (k0 ) − x∞ (k0 ) indépendamment de k0 . Mais on sait que la
suite xn (k0 ) n∈N converge vers x∞ (k0 ). Donc


∃N 0 ∈ N : ∀m ≥ N 0 , |xm (k0 ) − x∞ (k0 )| < ε. (5)


Prenons m ≥ max(N, N 0 ). Alors en combinant (4) et (5), on obtient
|xn (k0 ) − x∞ (k0 )| ≤ |xn (k0 ) − xm (k0 )| + |xm (k0 ) − x∞ (k0 )| < 2ε, (6)
cela pour tout n ≥ N . Or la suite xn est bornée : il existe R > 0 tel que pour tout k ∈ N,
on a |xn (k)| ≤ R. Par conséquent, on a, pour tout k ∈ N,|x∞ (k)| ≤ R + 2ε : la suite x∞
est bien bornée.

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Troisième étape : vérier que xn converge bien vers x∞ . Cette étape est une conséquence
directe de (6), qui nous dit que

∀ε > 0, ∃N ∈ N : ∀k0 ∈ N, |xn (k0 ) − x∞ (k0 )| < 2ε.

3. On va montrer que c0 est fermé par la caractérisation séquentielle des fermés. Soit donc une
suite (xn )n∈N d'éléments de c0 convergeant vers une suite x∞ de `∞ . On veut montrer que
x∞ ∈ c0 , autrement dit que limk→+∞ xn (k) = 0.
Soit donc ε > 0. Alors, puisque xn converge vers x∞ , il existe N ∈ N tel que pour tout
n ≥ N et tout k ∈ N, on a |xn (k) − x∞ (k)| < ε. De plus, on sait que xN ∈ c0 , donc il existe
K ∈ N tel que pour tout k ≥ K , on a |xN (k)| < ε. On en déduit que pour tout k ≥ K , on a

|x∞ (k)| ≤ |x∞ (k) − xN (k)| + |xN (k)| < 2ε.

Cela montre que la suite x∞ converge vers 0, donc que c0 est fermé.
Puisque c0 est un sous-ensemble fermé de l'espace complet `∞ , on en déduit qu'il est lui-
même complet.
4. La question 1. fournit l'exemple d'une suite d'éléments de c00 , convergeant dans `∞ , mais
de limite n'étant pas dans c00 . Cela montre que c00 n'est pas fermé dans `∞ , et donc qu'il
n'est pas complet.

Exercice 10
Soit (X, dX ) un espace métrique et (E, dE ) un espace complet.
1. Montrer que l'espace B(X, E), formé des fonctions bornées de X dans E , et muni de la
distance 
d(f, g) = sup dE f (x), g(x)
x∈X

est complet.
2. Montrer que Cb0 (X, E), formé des fonctions continues et bornées de X dans E , est un sous-
espace fermé de B(X, E) pour d (et est donc complet).

Corrigé : Il y a une méthode plus ou moins générale pour démontrer qu'un espace de fonc-
tions est complet. Elle se déroule en trois étapes : on commence par se donner une suite de
fonctions (fn )n∈N qui est de Cauchy (ici, c'est une suite de fonctions bornées de X dans E ),
autrement dit,
∀ε > 0, ∃N ∈ N : ∀n, m ≥ N, d(fn , fm ) < ε. (7)
Première étape : construire le candidat limite. On commence par deviner une fonction f
qui est la limite potentielle de la suite (fn )n∈N . Ici, cette partie est déduite du fait que
E est complet. Plus précisément, pour tout x ∈ X , la suite (fn (x))n∈N d'éléments de
E est une suite de Cauchy. En eet, pour tout ε > 0 et tous n, m ≥ N (où N est donné
par l'équation (7)), on a (par dénition de la distance d)

dE (fn (x), fm (x)) ≤ d(fn , fm ) < ε. (8)

Puisque c'est une suite de Cauchy, elle converge vers un élément de E , que l'on note
f (x) ; ceci nous construit notre fonction f .
Deuxième étape : vérier que f ∈ B(X, E). C'est une étape à ne pas oublier ! Il faut donc
vérier que f est bornée. Mais puisque la suite (fn )n∈N est de Cauchy, elle est bornée :
il existe C > 0 tel que pour tout n ∈ N, on a d(fn , g) ≤ C , où g désigne une fonction

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de X dans E , que l'on choisit constante égale à a. Autrement dit, pour tout x ∈ X et
tout n ∈ N, on a
dE (fn (x), a) ≤ C.
Mais puisque pour tout x ∈ X , la suite (fn (x))n∈N converge vers f (x), il existe un
entier n ∈ N (qui a priori dépend de x) tel que

dE (f (x), fn (x)) < 1.

Donc, par inégalité triangulaire,

dE (f (x), a) < C + 1.

Par conséquent, la fonction f est bornée, et appartient donc à B(X, E).


Troisième étape : vérier que fn converge bien vers f . Il s'agit de vérier qu'on a bien une
convergence de fn vers f pour la distance d (et pas seulement une convergence ponc-
tuelle). Soit donc ε > 0 et n ≥ N (où N , de nouveau, est donné par (7)), on veut
montrer que d(fn , f ) < 2ε. De par la dénition de d, cela revient à montrer que pour
tout x ∈ X , on a dE (fn (x), f (x)) < 2ε. Mais puisque la suite (fm (x))m∈N converge vers
f (x) (dans E ), on sait qu'il existe m ≥ N tel que dE (fm (x), f (x)) < ε. On écrit donc :

dE (fn (x), f (x)) ≤ dE (fn (x), fm (x)) + dE (fm (x), f (x)) < 2ε

(où la première majoration par ε vient de (8)). Donc la suite (fn )n∈N converge bien
vers f au sens de la métrique d, par conséquent la suite (fn )n∈N est convergente
Conclusion : l'espace B(X, E) est complet.
On veut maintenant montrer que le sous-espace Cb0 (X, E) de B(X, E) est fermé (pour d).
Il s'agit donc de montrer que si une suite (fn )n∈N de fonctions de Cb0 (X, E) converge vers une
fonction f ∈ B(X, E), alors f ∈ Cb0 (X, E) ; autrement dit une limite uniforme de fonctions
continues et bornées est elle-même continue. Soit donc x un point quelconque de X , montrons
que f est continue en x. Soit ε > 0, et m ∈ N tel que d(f, fm ) < ε.
On sait que fm est continue (en x), donc il existe η > 0 tel que si dX (x, y) < η , alors
dY (fm (x), fm (y)) < ε. Donc, pour tout y vériant dX (x, y) < η , on a, par inégalité triangulaire :

dY (f (x), f (y)) ≤ dY (f (x), fm (x)) + dY (fm (x), fm (y)) + dY (fm (y), f (y)) ≤ ε + ε + ε = 3ε.

On vient donc de montrer que f est continue en x, pour tout x ∈ X . Conclusion : Cb0 (X, E)
est fermé.

Exercice 11
Soit (X, d) un espace métrique complet et f : X → X une application telle qu'il existe k ∈ ]0, 1[
et p ≥ 1 tels que f p soit k -lipschitzienne. Montrer que f admet un unique point xe.

Corrigé : L'application f p est contractante, donc par théorème du point xe elle admet un
unique point xe, noté x0 . Donc f (x0 ) = f (f p (x0 )) = f p+1 (x0 ) = f p (f (x0 )), autrement dit
f (x0 ) est un point xe de f p . Par unicité du point xe de f p , cela implique que f (x0 ) = x0 .
De plus, un point xe de f est aussi un point xe de f p , donc l'unicité du point xe de f p
implique l'unicité du point xe de f .

Exercice 12
Soient f : I → R une fonction de classe C 1 sur un intervalle ouvert I et a ∈ I un point xe de
f.

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1. On suppose que |f 0 (a)| < 1. Montrer qu'il existe un intervalle fermé J stable par f et
contenant a tel que, pour tout x0 ∈ J , la suite dénie par u0 = x0 et un+1 = f (un ) pour
n ≥ 1 converge vers a.
2. Sous les hypothèses de la question précédente, on suppose de plus que f 0 ne s'annule pas sur
J . Montrer que si x0 6= a, alors un 6= a pour tout n ∈ N et que un+1 − a ∼ f 0 (a)(un − a).

Corrigé :
1. On sait que la fonction f est de classe C 1 . Par conséquent, sa dérivée est continue et
donc (puisque |f 0 (a)| < 1) il existe un réel α ∈ [0, 1[ et un réel δ > 0 tel que pour tout
x ∈ [a − δ, a + δ], on ait |f 0 (x)| ≤ α. Cette dernière condition implique que la restriction
de la fonction f à l'intervalle J = [a − δ, a + δ] est α-lipschitzienne 1 , et par conséquent
contractante. Il s'agit maintenant de montrer que l'intervalle J est stable par f .
Soit x ∈ J . Alors |x − a| ≤ δ . Par le fait que f est α-lipschitzienne sur J , cela implique
que |f (x) − f (a)| ≤ αδ . Mais f (a) = a et α ∈ [0, 1[, donc |f (x) − a| ≤ δ , autrement dit
f (x) ∈ [a − α, a + α] = J .
Ainsi, J est stable par f et f y est contractante. De plus, J est un segment de R et est
donc complet. On peut donc appliquer le théorème de Picard qui nous indique que pour
tout x0 ∈ J , la suite dénie par u0 = x0 et un+1 = f (un ) pour n > 1 converge vers a.
2. Puisque f 0 ne s'annule pas sur J , on sait que f est strictement monotone sur J . En particulier,
elle y est injective et donc si f (x) = a, alors f (x) = f (a) et donc x = a. Donc si un+1 =
f (un ) = a, alors un = a. Par récurrence descendente, on montre que si un = a, alors
u0 = x0 = a. En considérant la contraposée, on en déduit que si x0 6= a, alors un 6= a pour
tout n ∈ N.
Prenons donc x0 6= a. On applique maintenant la formule de Taylor-Lagrange : pour tout
n, il existe un point yn situé entre a et un tel que

f (un ) = f (a) + (un − a)f 0 (yn ),

d'où
f (un ) − f (a) = (un − a)f 0 (yn ),
et puisque f (un ) = un+1 ,f (a) = a et un 6= a,
un+1 − a
= f 0 (yn ).
un − a

Or, un tend vers a, donc par continuité de f 0 , f 0 (yn ) tend vers f 0 (a). On a donc la limite
un+1 − a
lim = f 0 (a)
n→+∞ un − a

et nalement un+1 − a ∼ f 0 (a)(un − a).

Exercice 14
Un nombre réel z est appelé nombre de Liouville s'il est irrationnel et possède la propriété que
pour tout entier n > 0 il existe des entiers p et q tels que q > 1 et

p 1
z− < n.
q q
1. Par l'inégalité des accroissements nis.

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1. Montrer que le nombre


X 1
10k!
k≥1

est un nombre de Liouville.


2. Écrire l'ensemble I = R \ Q des irrationnels comme une intersection dénombrable d'ouverts
denses.
3. Montrer que l'ensemble L des nombres de Liouville est une intersection dénombrable d'ou-
verts denses. En déduire que tout intervalle contient une innité de nombres de Liouville.

Corrigé :
1. Posons
X 1 n
X 1
x= et xn = .
10k! 10k!
k≥1 k=1

Il est alors évident que xn est rationnel pour tout n ≥ 1, et que de plus son dénominateur
qn est inférieur à 10n! . De plus,

X 1
|x − xn | =
10k!
k=n+1

X 1

i=0
10(n+1)!+i

1 X 1
=
10(n+1)! 10i
i=0
1 10
=
10n!(n+1) 9
1 10
=
(10n! )n+1 9
1 10
≤ n+1 9
qn
1 10
=
qnn 9qn
1
≤ .
qnn
Par conséquent, le nombre x vérie bien l'inégalité de la question. Mais encore faut-il montrer
que x est irrationnel. . .
Supposons que x soit rationnel, on peut donc écrire x = p/q , avec p ∈ Z et q ∈ N∗ . On écrit
de même xn = pn /qn . Le calcul précédent se réécrit

p pn 1
− ≤ n.
q qn qn
Mais
p pn pqn + qpn
− = ,
q qn qqn
où pqn + qpn est un entier non nul (sinon on aurait x = xn ), donc

p pn 1
− ≥ ,
q qn qqn

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on en déduit que
1 1
≤ n ⇐⇒ qnn−1 ≤ q,
qqn qn
et ce pour tout n ∈ N. Or ceci est impossible : sinon les qn seraient égaux à 1 à partir d'un
certain rang. On aboutit à une contradiction, ce qui signie que x est irrationnel.
2. On sait que Q est un ensemble dénombrable : on peut écrire
[
Q= {xn }.
n∈N

Alors [
R\Q= R \ {xn },
n∈N

où pour tout n ∈ N, l'ensemble R \ {xn } est un ouvert dense de R.


3. Soit M l'ensemble déni par M = n∈N Mn , avec
T

 
p 1
Mn = z ∈ R | ∃p, q : z − < n .
q q

On voit facilement que pour tout n ∈ N, l'ensemble Mn est ouvert lorsqu'on l'écrit comme
l'union d'ouverts (en fait d'intervalles ouverts)
[ [  p 1

Mn = z∈R| z− < n ,

q q
p∈Z q∈N

puis que Mn est dense, car il contient Q.


Donc M ∩ (R \ Q) est une intersection dénombrable d'ouverts denses (par la question
précédente, R \ Q est lui-même une intersection dénombrable d'ouverts denses), et coïncide
avec l'ensemble des nombres de Liouville. Le théorème de Baire nous assure alors que cet
ensemble est lui-même dense ; en particulier tout intervalle de longueur non nulle contient
une innité de nombres de Liouville.

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