DM 21 - Énoncé - Une Construction de R

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DM 21

Une construction de R.

— Les ensembles de nombres N, Z et Q sont supposés connus, avec leurs additions,


multplications et relations d’ordre usuels. En particulier, la notion de valeur
absolue dans Q est connue, avec son inégalité triangulaire.
— Au contraire, l’ensemble R des réels n’est pas supposé connu. En effet, l’objectif
de ce problème est de construire R à partir de Q. En particulier, la théorie des
séries de réels n’est pas utilisable.

Partie I : Non complétude de Q


Si (un )n∈N ∈ QN , on dit que (un ) est une suite de Cauchy si et seulement si

∀ε ∈ Q∗+ , ∃N ∈ N, ∀p ≥ N, ∀q ≥ N, |up − uq | ≤ ε.

1◦ ) Soit (un ) une suite de Cauchy de rationnels. Montrer que cette suite est bornée,
c’est-à-dire qu’il existe M ∈ Q tel que, pour tout n ∈ N, |un | ≤ M .

2◦ ) Montrer que l’ensemble des suites de Cauchy de QN est un Q-espace vectoriel.


Soit (un ) ∈ QN et ` ∈ Q. On dit que un tend vers ` lorsque n tend vers +∞, et on note
un −→ ` (dans Q) si et seulement si
n→+∞

∀ε ∈ Q∗+ , ∃N ∈ N, ∀n ≥ N, |un − `| ≤ ε.

1
3◦ ) Montrer que −→ 0 (dans Q).
n n→+∞
4◦ ) Soit (un ) ∈ QN et ` ∈ Q.
Si un −→ ` (dans Q), montrer que (un ) est une suite de Cauchy de QN .
n→+∞

Si (un ) ∈ QN , on dit que la suite (un ) de rationnels est convergente dans Q si et


seulement si il existe ` ∈ Q tel que un −→ ` (dans Q). On note alors ` = lim un .
n→+∞ n→+∞

1
5◦ ) a) Montrer que l’ensemble C des suites convergentes de rationnels est
un Q-espace vectoriel.
b) Pour tout (un )n∈N ∈ C, on pose f ((un )n∈N ) = lim un .
n→+∞
Montrer que f est une forme linéaire.
c) Si (un ) et (vn ) sont deux suites de QN , on convient que

(un ) ≤ (vn ) ⇐⇒ [∀n ∈ N, un ≤ vn ].

Montrer que l’on définit ainsi un ordre partiel sur QN .


Montrer que f est croissante de C dans Q lorsque l’on munit C de la restriction de cet
ordre à C.
n
X (−1)k
Pour tout n ∈ N, posons sn = .
k=0
k!

6) Montrer que (sn ) est une suite de Cauchy.
Afin de montrer que (sn ) ne converge pas dans Q, on raisonne par l’absurde. On suppose
a
donc qu’il existe a ∈ Z et b ∈ N∗ tel que sn −→ dans Q.
n→+∞ b
a
7◦ ) Montrer que, pour tout n ∈ N, 0 ≤ s2n+1 ≤ ≤ s2n .
b

8) En multipliant ces inégalités par (2n)!b, obtenir une contradiction et conclure.

Partie II : définition du corps des réels


On note S l’ensemble des suites de Cauchy de QN .
Lorsque (un ), (vn ) ∈ S, on pose (un ) × (vn ) = (un vn ).
9◦ ) Montrer que l’on vient de définir une loi interne sur S.
En déduire que S est une Q-algèbre commutative.
On pose I = {(un ) ∈ QN / un −→ 0 (dans Q)}.
n→+∞

10 ) Montrer que I est un idéal et un sous-espace vectoriel de S.
11◦ ) Soit A une Q-algèbre commutative et J une partie de A.
On suppose que J est un idéal ainsi qu’un sous-espace vectoriel de A.
Pour tout a, b ∈ A, on convient que a R b ⇐⇒ b − a ∈ J.
a) Montrer que R est une relation d’équivalence sur A.
Pour tout a ∈ A, préciser la classe d’équivalence de a, que l’on notera a.
On note A/J l’ensemble des classes d’équivalence de R.
Pour tout a, b ∈ A et α ∈ Q, on convient que a + b = a + b, a × b = a × b et α.a = α.a.
b) Montrer que A/J muni de ces trois lois est une Q-algèbre commutative.
En particulier, S/I est une Q-algèbre commutative.

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Pour toute la suite, on pose R = S/I.
Les éléments de R seront appelés des réels.
12◦ ) Soit (xn ) ∈ S. On suppose que la suite (xn ) ne converge pas vers 0 dans Q.
a) Montrer qu’il existe α ∈ Q∗+ et n0 ∈ N tels que, pour tout n ≥ n0 , α ≤ |xn |.
b) On définit la suite (yn ) de rationnels en convenant que :
1
pour tout n < n0 , yn = 0 et pour tout n ≥ n0 , yn = .
xn
Montrer que (yn ) ∈ S.
13◦ ) Montrer que R est un corps.
Pour tout x ∈ Q, on note j(x) la classe d’équivalence de la suite constante égale à x.
14◦ ) Montrer que j est un morphisme injectif de Q-algèbres de Q dans R.
Pour la suite, on identifie Q et j(Q). Plus précisément, on identifie le rationnel x avec
le réel j(x), c’est-à-dire que l’on accepte d’écrire x = j(x). Ainsi, Q est une partie de
R et même un sous-corps de R (on ne demande pas de le démontrer).

Partie III : l’ordre naturel sur R


Soit x ∈ R. Il existe donc (xn ) ∈ S tel que x = (xn ). On convient que x est strictement
positif si et seulement si il existe α ∈ Q∗+ et n0 ∈ N tels que, pour tout n ≥ n0 , xn ≥ α.
15◦ ) Montrer que cette définition est correcte.
Soit x, y ∈ R. On convient que x ≤ y si et seulement si x = y ou bien y − x est un réel
strictement positif.
16◦ ) Montrer que l’on définit ainsi une relation d’ordre sur R.
17◦ ) Montrer que j est une application croissante de Q dans R.
Ainsi, après identification de Q avec j(Q), l’ordre que l’on vient de définir sur R pro-
longe l’ordre naturel sur Q.
18◦ ) Soit (xn ) ∈ S et ϕ : N −→ N une application strictement croissante.
Montrer que (xϕ(n) ) ∈ S et que (xn ) = (xϕ(n) ).
19◦ ) Soit x ∈ R.
On suppose que x et −x ne sont pas strictement positifs. Montrer que x est nul.
En déduire que l’ordre que l’on a construit sur R est total.
20◦ ) a) Montrer que, pour tout x, y, z ∈ R, x ≤ y =⇒ x + z ≤ y + z.
b) Montrer que, pour tout x, y ∈ R, (x ≥ 0) ∧ (y ≥ 0) =⇒ xy ≥ 0.
On en déduit facilement, et on ne demande pas de le démontrer, que la relation ≤ sur R
vérifie les propriétés usuelles relativement à l’addition, la soustraction, la multiplication
et la division.

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21◦ ) Montrer que Q est dense dans R, c’est-à-dire que, pour tout x, y ∈ R avec
x < y, il existe α ∈ Q tel que x < α < y.

22◦ ) Pour tout x ∈ R, montrer qu’il existe un unique entier relatif, que l’on notera
bxc tel que bxc ≤ x < bxc + 1.
Remarque : cette propriété est bien sûr supposée connue lorsque x ∈ Q.
23◦ ) Montrer que R est archimédien, c’est-à-dire que,
pour tout x, y ∈ R avec x > 0 et y > 0, il existe n ∈ N tel que nx > y.

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