LA FAUTE DE GESTION word

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Master Juriste D’affaires

Droit Des Sociétés :


LA FAUTE DE GESTION

Réalisé par :
Sous l’appréciation de :

Nada OUMAALLI
Pr. Saida GUENBOUR
ANNÉE UNIVERSITAIRE : 2023/2024

SOMMAIRE

INTRODUCTION

Partie 1 : Analyse conceptuelle de la faute de gestion

Chapitre I : Les aspects Inhérents à la Faute de Gestion

Section 1 : Le concept de la faute de gestion.

Section 2 : Comblement du vide juridique par la doctrine

Chapitre II : Les manifestations dualistes de la faute de gestion :

Section 1. Manifestations actives :

Section 2. Manifestations passives.

Partie 2 : "La Faute de Gestion : Entre Pouvoir Discrétionnaire du Juge et Critère de l'Intérêt Social"

Chapitre I : La faute de la gestion à la lumière de la jurisprudence

Section 1 : Le Juge et la Faute de Gestion : Gardien de l'Équilibre Entre Liberté et


Responsabilité

Section 2 : Responsabilité des Dirigeants : Établissement et Moyens d'Exonération

Chapitre II : la faute de gestion et l’intérêt social

Section 1 : L'Intérêt Social comme Critère de Jugement des Comportements des Dirigeants

Section 2 : Unification de la Faute de Gestion : Le Critère de l'Intérêt Social comme


Fondement Fédérateur

BIBLIOGRAPHIE
"Gérer, c'est prévoir, anticiper... et assumer les
conséquences de ses choix."

Henri Fayol

La gestion des risques est inhérente à la fonction du chef d'entreprise, acteur de la vie économique et
sociale. Il doit être conscient des obligations qui lui incombent en sa qualité de dirigeant.

Il doit également mettre en œuvre une gestion efficace des risques liés au management de son entreprise.

L'existence de très nombreuses règles de droit dans les domaines concernant l'entreprise offre un champ à la
fois vaste et diversifié à la gestion des risques. Or, la multiplication des textes de nature diverse (lois, décrets,
règlements, arrêtés, circulaires) a aujourd'hui pour effet pervers de rendre souvent confuses les obligations
auxquelles est soumis le chef d'entreprise.Cette situation s'est encore aggravée en raison des interprétations
variables de la jurisprudence .Le patron court après le temps. Ses domaines de compétence, qui ont
notamment fait naître sa vocation, ne s'étendent à l'évidence pas à tous les domaines qui influencent la
bonne conduite et la croissance nécessaire de son entreprise.

Si le charisme, l'intuition, le goût de l'innovation sont quelques qualités que l'on prête au chef d'entreprise, il
doit savoir s'entourer de multiples compétences internes ou externes à l'entreprise, sur lesquelles il pourra
s'appuyer dans la gestion quotidienne de ses choix stratégiques, mais aussi et surtout des risques qui
peuvent engager tant la responsabilité de l'entreprise que sa responsabilité personnelle. 1

Il est important de souligner que les erreurs ne proviennent pas des sociétés elles-mêmes, mais bien de leurs
dirigeants. Les fautes qui leur sont reprochées dans la gestion d'une société sont diverses, leur champ
d'application est étendu, allant de la simple négligence ou imprudence aux manœuvres frauduleuses
caractérisées. Cette notion se révèle complexe pour les juristes, du fait que son périmètre n'est pas
formellement encadré par la loi. Elle est simplement envisagée au sein du code de commerce à travers divers
articles disséminés. Ces articles mentionnent que parmi les écarts des dirigeants pouvant nuire à l'intérêt de
la société, on trouve la répression de la faute de gestion.

1
Dirigeant de société , statut juridique , social et fiscal , DELMAS
En effet , le législateur n'appréhende pas cette notion de manière explicite. Des dispositions légales, telles
que l'article 67 de la loi 5-962 sur les sociétés autres que la SA, et l'article 352 de la loi 17-953 relative aux
sociétés anonymes, évoquent que dans une société "in bonis," la faute de gestion peut engager la
responsabilité du dirigeant. En cas de procédure collective et d'insuffisance d'actif résultant de la faute de
gestion, le tribunal étend la charge des dettes de la personne morale à celle du dirigeant, marquant ainsi la
sanction de l'action en comblement du passif. Devant ce vide juridique, divers auteurs ont exprimé la
volonté de le combler en tentant d'identifier le périmètre de cette notion. Toutefois, l'unanimité règne sur la
difficulté de parvenir à une définition unifiée de cette notion protéiforme, incarnant divers actes de gestion.
L'appréciation de la faute de gestion est donc laissée à la discrétion du juge, cas par cas.

En droit français, la faute de gestion reste non définie par la loi, laissant la liberté d'appréciation aux juges du
fond. Elle consiste en une action ou inaction manifestement contraire à l'intérêt de l'entreprise, dans
l'administration générale de la société. Depuis la loi Sapin II de 2016, la simple négligence dans la gestion de
la société ne constitue plus une faute de gestion.

La fonction de dirigeant n'est pas exempte de risques, outre les aléas économiques liés à son activité, le
dirigeant peut voir sa responsabilité personnelle engagée en raison de négligences ou de manœuvres
frauduleuses. Effectuant en moyenne une centaine de tâches par jour, il est difficile même pour un dirigeant
de bonne foi de garantir que chaque décision soit parfaitement informée et éclairée. 4

La faute de gestion représente donc un risque omniprésent, englobant toutes les facettes de l'activité du
dirigeant. La fonction, aussi valorisante soit-elle, implique des responsabilités de plus en plus complexes.

Le traitement de ce sujet est justifié à double titre. D'une part, l'environnement juridique des entreprises et
les relations entre les acteurs se complexifient, multipliant les occasions de litige et de mise en cause des
dirigeants. Ces litiges peuvent compromettre l'avenir de la société ainsi que celui du dirigeant. Il est
important de préciser que nos développements se limiteront à traiter l'appréciation de la faute de gestion

2
Les gérants sont responsables, individuellement ou solidairement, selon le cas, envers la société ou envers les tiers, soit des
infractions aux dispositions légales applicables aux sociétés àresponsabilité limitée, soit des violations des statuts, soit des fautes
commises dans leur gestion. Si plusieurs gérants ont coopéré aux mêmes faits, le tribunal détermine la part contributive de chacun
dans la réparation du dommage.Outre l'action en réparation du préjudice subi personnellement, les associés peuvent, soit
individuellement, soit en se groupant intenter l'action sociale en responsabilité contre les gérants. Les demandeurs sont habilités
àpoursuivre la réparation de l'entier préjudice subi par la société àlaquelle, le cas échéant, les dommages- intérêts sont alloués.
3
Les administrateurs, le directeur général et, le cas échéant, le directeur général délégué ou les membres du directoire sont
responsables, individuellement ou solidairement, selon le cas, envers la société ou envers les tiers, soit des infractions aux
dispositions législatives ou réglementaires applicables aux sociétés anonymes, soit des violations des statuts, soit des fautes dans
leur gestion.

4
SERGE Hadgi- Artinian « La faute de gestion en droit des sociétés » Litec 2001
dans les sociétés sans étendre aux effets juridiques de la société y compris la responsabilité du dirigeant et
les sanctions qui lui sont prévues en cas de commission de la faute de gestion.

Ainsi , la problématique se pose comme suit :

Comment peut-on délimiter juridiquement les contours de la faute


de gestion ?

Afin de mener une analyse autour de la question il convient de traiter dans une première partie La faute de
gestion selon une approche classique, avant de se pencher dans une deuxième partie sur la faute de gestion
selon une approche évolutive.
Partie 1 : : Analyse conceptuelle de la faute de gestion

La faute de gestion, par sa nature complexe, nécessite une exploration approfondie. Cette première partie se
consacre à une analyse détaillée de cette notion, débutant par les aspects Inhérents à la Faute de Gestion
(Chapitre 1). Ce dernier prépare le terrain pour l'examen des effets de cette dernière (Chapitre 2).

Chapitre I : Les aspects Inhérents à la Faute de Gestion

Section 1 : Le concept de la faute de gestion.

La faute de gestion se compose de deux termes qu'il convient d'analyser pour définir le champ d'intervention
de ce concept. Ces termes appartiennent à deux sphères distinctes, à savoir le langage comptable et le
langage juridique. On peut convenir de définir la faute comme étant le non-respect d'une règle ou l'omission
d'un devoir. Cela va dans le même sens de sa définition dans le jargon juridique qui considère la faute
comme étant un acte illicite supposant la violation d’un devoir, la transgression du Droit 5.

Il convient de signaler qu’il n’existe aucune définition légale précise de la gestion. La conception de la gestion
se définie comme étant une science d’administration et de direction d’une organisation et de ses différentes
fonctions. La gestion incarne l’art et la science de la conduite de ces organisations marchandes que sont les
entreprises privées.

On parle de la gestion á plusieurs niveaux, quant aux décisions tactiques et de fonctionnement appartenant
au stade inférieur, également au niveau supérieur quant aux décisions stratégiques à long terme. 6

5
G. CORNU, Vocabulaire juridique, Association Henri Capitant, PUF, coll. Quadrige, 2011, V° Faute.

6
M. DESLANDES, H. HOVASSE, R. GENTILHOMME, Directoire et conseil de surveillance, enjeux de pouvoir » Dr des sociétés ; novembre/Décembre 1998. P.6 et suiv.
Les opérations de gestion englobent la gestion des biens mobiliers, des immeubles et des valeurs, délimitant
ainsi les pouvoirs du gérant et le domaine de gestion. Le dirigeant agit au nom de la société avec pour
objectif de contribuer à sa réalisation et de la guider vers l'accomplissement de son objet social. La gestion se
présente comme un moyen par lequel le dirigeant cherche à atteindre cet objectif. Ainsi, deux conceptions
de la gestion émergent : l'une la définit par son but, qui est le profit, considérant la gestion comme une
prérogative dans une conception libérale. En revanche, une conception plus moderne la définit comme un
instrument au service d'un intérêt général, traitant la gestion comme une fonction 7 .

Autrement formulé, la gestion se présente comme une activité juridique dont le dirigeant assume la
responsabilité pendant une durée limitée dans le but de réaliser l'intérêt suprême de la société. Ainsi, la
gestion revêt une fonction autonome, ayant pour unique dessein la prise de décisions.

Cette prise de décision se concrétise à travers des actes de gestion, englobant notamment les actes de
conservation et d'administration des biens sociaux, ainsi que les actes liés aux relations avec les associés et
les tiers. Ces actes, préalablement mentionnés, incluent ceux relevant du périmètre de l'objet social, ainsi
que ceux qui le dépassent, soumis à certaines conditions, tels que les actes d'administration et les actes de
disposition, à condition qu'ils n'affectent pas indirectement les statuts ni provoquent la dissolution de la
personne morale. La définition de l'acte de gestion englobe tout acte relevant de la compétence des organes
de gestion. Il est donc essentiel de se pencher sur les individus habilités à accomplir ces actes de gestion,
pouvant engager leur responsabilité en cas de comportement fautif au cours de la gestion.

De manière analogue aux définitions de la gestion, la faute de gestion peut être interprétée comme
l'exercice, en toute souveraineté et indépendance, d'activités positives de gestion et de direction qui
malheureusement revêtent un caractère fautif8

Toutefois, la compréhension de la notion de faute de gestion ne peut se faire qu'en évaluant le


comportement de ses auteurs. Ainsi, il est nécessaire d'explorer, dans la section suivante, les individus
susceptibles de commettre une faute de gestion et dont la responsabilité peut être engagée.

B- les organes de gestion susceptibles de commettre une faute de gestion

7
ALIBERT B, « La gestion, essai de définition juridique », Petites affiches, 26 Février.1997.

SERGE Hadgi- Artinian « La faute de gestion en droit des sociétés » Litec 2001 ..
8
La liste des acteurs en droit des affaires s'étend de manière de plus en plus précise, incluant le dirigeant de
droit, le dirigeant de fait, le gérant directeur général, le président directeur général, les membres du conseil
d'administration, ainsi que les membres du directoire pour les sociétés anonymes.

Comme mentionné précédemment, la gestion relève des organes de direction, impliquant toutes les
personnes physiques ou morales qui assurent la direction et participent activement à cette fonction, qu'elles
soient rémunérées ou non, et qu'elles aient un contrat de travail ou non.

Le dirigeant, qu'il s'agisse du dirigeant de droit, des personnes investies dans leurs fonctions par les associés,
ou encore des dirigeants de fait, n'étant pas régulièrement nommés par les organes de la société, est défini
par plusieurs critères évalués par les juges du fond.

Le dirigeant de fait se caractérise par son immixtion dans des fonctions cruciales pour la direction générale
de l'entreprise, impliquant une participation continue et un contrôle effectif et constant de la marche de la
société. Un exemple concret est celui d'un associé majoritaire prenant des décisions normalement attribuées
au dirigeant. Le critère d'immixtion dans la gestion implique l'attribution de fonctions de direction à des
acteurs qui ne sont pas légalement investis du pouvoir d'arbitrer, qu'ils soient apparents ou occultes.

L'immixtion dans la gestion est caractérisée par l'attribution de fonctions de direction à des personnes qui ne
sont pas légalement investies du pouvoir d'administrer, entraînant ainsi l'engagement de leur responsabilité.
Les pouvoirs d'administration d'une société résident dans l'exercice du pouvoir de décision sur le processus
d'élaboration de la volonté sociale, complété par un pouvoir de représentation pour l'exécution des
opérations autorisées par les organes de décision compétents dans les relations avec les tiers. Ces pouvoirs
sont attribués individuellement aux personnes désignées nommément, telles que les gérants, les présidents
de conseil d'administration et de directoire, ainsi que les dirigeants généraux, ou collégialement lorsqu'ils ne
sont pas liés individuellement à chacun des membres de l'organe social. L'effet des pouvoirs de direction
diffère selon qu'ils sont exercés à l'égard des associés qui les ont accordés ou à l'égard des tiers.

Contrairement au dirigeant de droit, le dirigeant de fait n’est pas investi du mandat social, ni le représentant
légal, mais il est investi d’un réel pouvoir de gestion dans la société, il est considéré au regard de tous,
comme le représentant de la société.9

9
Article publié par Avocats Picovschi, mis a jour le 5-10-2021 https://www.avocats-picovschi.com/dirigeant-de-fait-une-situation-haut-
risque_article_256.html
Selon les divers arrêts rendus par la Cour de cassation, le dirigeant de fait est défini comme « celui qui en
toute indépendance et liberté exerce une activité positive de gestion et de direction et se comporte, sans
partage, comme « maître de l'affaire ». Il exerce une « activité positive de gestion et de direction de
l'entreprise sous le couvert et aux lieux et place du représentant légal ». 10

L'engagement de la responsabilité d'un dirigeant de fait pose une problématique spécifique, le qualifiant en
se basant sur son comportement d'immixtion dans la gestion, plutôt que sur sa qualité propre. Malgré cela,
les organes de gestion prenant des décisions par des actes de gestion sont soumis à des questions
concernant l'origine de leur pouvoir de direction, justifiant ainsi leurs actions. En effet, l'engagement de la
responsabilité d'un dirigeant suite à une faute qui lui est imputée repose sur l'exercice effectif d'un tel
pouvoir, incluant son fondement, sa source et sa légitimité.

La Cour de cassation a donc établi la responsabilité du dirigeant de fait en tant que faute de gestion,
argumentant que ce dernier n'avait pas pris les mesures nécessaires pour redresser la situation, réduire les
déficits et alerter les dirigeants de droit des risques encourus par la poursuite d'une activité déficitaire 11.

Un dirigeant de droit ou de fait, ainsi tout administrateur ou membre du Directoire, peut voir sa
responsabilité civile engagée en cas de commission de fautes dans la gestion12.

La réforme de la loi 20-19 sur la société anonyme a introduit une présomption de solidarité en matière de
faute de gestion à l'encontre des administrateurs ou membres du Directoire. Même s'ils n'ont pas participé
aux actes répréhensibles des dirigeants, ces administrateurs ou membres du Directoire peuvent être mis en
cause s'ils avaient simplement connaissance de ces fautes sans les révéler à la prochaine assemblée
générale.

Cette responsabilité est encadrée par l'article 738 du code de commerce, établissant des conditions
cumulatives, notamment la situation de la société devant être en redressement ou en liquidation judiciaire,
caractérisée par une insuffisance d'actifs résultant d'une faute de gestion. Il est donc nécessaire de prouver
un lien de causalité entre la faute et l'insuffisance d'actifs.

Cette situation soulève la question de la responsabilité de l'administrateur provisoire en cas de commission


de fautes. En tant que mandataire de justice intervenant dans des situations où la gestion de l'entreprise est
compromise, l'administrateur provisoire est désigné par le juge pour assurer temporairement la gestion de

10
Cass., Com., 10 octobre 1995, n° 93-15.553

11
Cass.com.10 décembre 1995

12
Cass, com, 26 juin 2018, nª 2017/1/2/2359
l'entreprise à la place des dirigeants. Bien que sa mission soit limitée dans le temps, cela n'exclut pas la
possibilité pour lui de commettre des fautes pendant la gestion de l'entreprise.

La faute de gestion, liée à l'existence du mandat, revêt généralement un caractère contractuel.


L'administrateur n'est pas normalement tenu responsable envers les tiers. Cependant, la faute de gestion
peut présenter des caractéristiques propres à la faute aquilienne (La faute aquilienne fait référence à une
catégorie de faute en droit civil, en particulier dans le système juridique français. Elle tire son nom du
préteur romain Aquilius, qui a édicté une loi introduisant cette notion. La faute aquilienne est une faute
civile, non contractuelle, et elle peut être définie comme une action ou une négligence causant un préjudice
à autrui.

Contrairement à la faute contractuelle, qui concerne les violations des obligations découlant d'un contrat, la
faute aquilienne s'applique dans des situations où il n'y a pas de relation contractuelle préexistante entre les
parties impliquées. Elle est souvent associée à la responsabilité civile délictuelle. En cas de faute aquilienne,
la personne lésée peut demander réparation du préjudice subi en intentant une action en responsabilité
civile contre la personne responsable de la faute.), constituant ainsi une violation de l'obligation générale de
prudence envers les tiers. Lorsqu’un administrateur provisoire commet un acte illicite dans l'exercice de ses
fonctions, il peut en être tenu personnellement responsable. L'administrateur provisoire qui crée des
obligations alors qu'il sait ou doit savoir que celles-ci ne pourront pas être exécutées dans des conditions et
délais raisonnables se rend, par exemple, coupable d'une faute aquilienne 13.

Section 2 : Comblement du vide juridique

Dû à l’absence d’une définition juridique précise par la loi (A) , il convient de concevoir l’apport

de la doctrine en la matière ( B).

A-Dispositions législatives implicites.

Au Maroc, la faute de gestion ne bénéficie pas d'une définition explicite dans les textes législatifs, créant
ainsi un vide juridique. Les références légales à cette notion font plutôt appel à la responsabilité du dirigeant
en cas de commission d'une faute pendant la gestion de la société ou lorsque cette dernière est soumise à
une procédure collective. Dans ce contexte, la faute de gestion peut être un élément constitutif de l'action

13 Guy Benoît, Isabelle Brandon, Jean Gillardin Thierry Delahaye « MALADES MENTAUX ET INCAPABLES MAJEURS », Thierry Delahaye « L’administrateur provisoire professionnel » Presses de l’Université Saint-Louis

Collection : Travaux et recherches | 30,1994


en comblement du passif, engageant ainsi la responsabilité du dirigeant pour le paiement des dettes de la
société.

Par ailleurs, la faute de gestion est également évoquée en cas de violation des dispositions législatives,
réglementaires et statutaires en vigueur. En d'autres termes, le non-respect des règles énoncées dans les
lois, règlements et statuts peut être considéré comme une faute de gestion, susceptible d'entraîner des
conséquences légales pour le dirigeant.

L’article 67 de la loi 5-96 prévoit que : « les gérants sont responsables, individuellement ou solidairement,
selon le cas, envers la société ou envers les tiers, soit des infractions aux disposition légales applicables aux
sociétés à responsabilité limitée soit des statuts, soit des fautes commises dans leur gestion ». Le législateur
dans le même cadre, établit dans l’article 352 de la loi 17-95 relatif à la société anonyme : « les
administrateurs, les membres du directoire sont responsables, individuellement ou solidairement, selon le
cas, envers la société ou envers les tiers, soit des infractions aux dispositions législatives ou réglementaires
applicables aux sociétés anonymes, soit des violations des statuts, soit des fautes commises dans leur gestion
ou des actes pris en dehors de l’intérêt de la société, lors de l’exécution du mandat qu’ils ont reçu ».

Il est évident que la responsabilité du dirigeant peut être mise en jeu dans trois situations distinctes. Il
apparaît ainsi que, dans de nombreux cas, la faute de gestion peut être assimilée à une autre forme de
responsabilité, notamment une infraction aux règles législatives et réglementaires, ou une violation des
dispositions statutaires. 14

Il est notable que les autres causes entraînant la responsabilité du dirigeant sont facilement déterminables,
car il suffit de comparer le contenu de la disposition légale, réglementaire ou statutaire au comportement du
dirigeant. Cependant, la responsabilité due à la faute de gestion couvre l'ensemble de l'activité du dirigeant,
incluant la violation des statuts ainsi que les infractions aux dispositions législatives ou réglementaires
applicables aux sociétés23. Cette absence de précision démontre la volonté du législateur de ne pas
circonscrire la faute à un domaine restreint.

Cette situation expose les dirigeants à un risque constant. Ainsi, il semble pertinent d'explorer les
contributions de la doctrine dans ce contexte.

B-Apports de la doctrine quant au vide existant.

Il est indéniable que les doctrines s'accordent unanimement sur l'absence d'une définition unifiée de la faute
de gestion en raison de la diversité des actes de gestion15

14
JEAN CELESTE « Le statut du dirigeant de société au Maroc (SA et la SARL) , Dépôt légal : 2004/0062
Néanmoins, ces diverses tentatives ont engendré deux conceptions distinctes quant à l'identification de la
faute de gestion. Dans une perspective large, la faute de gestion englobe tous les manquements des
dirigeants sociaux aux obligations qui découlent de leurs fonctions, tandis qu'une conception plus restrictive
la limite aux seules fautes techniques, excluant ainsi les activités financières, administratives, de contrôle ou
de surveillance au sein de l'entreprise16

La faute de gestion représente le type de faute le plus délicat à établir, son évaluation se base sur le
comportement d'un administrateur diligent, actif et prudent, tenant compte du contexte temporel et des
circonstances spécifiques de l'affaire17

"Les dirigeants doivent assurer une bonne gestion, créatrice de richesse, respectant l'objet et l'intérêt
social", rappelle le Président Bézard. Ainsi, la faute de gestion peut être identifiée selon deux critères : le
critère économique et le critère juridique. Sur le plan juridique, la faute de gestion se manifeste lorsque le
dirigeant ne gère pas la société dans l'intérêt social, mais dans son intérêt personnel. En revanche, sur le plan
économique, elle se traduit par une mauvaise gestion financière ou matérielle de la part du dirigeant. Par
conséquent, la détection de la faute de gestion peut résulter de l'évaluation de l'expertise de gestion, telle
que prévue par l'article 157 de la loi nº17-95 relative à la société anonyme. Cette mesure s'ajoute à
l'expertise in futurum, telle que prévue par l'article 55 du code de procédure civile.

Dans la réalité, limiter la définition de la faute de gestion pourrait conduire à des abus, car les dirigeants
sociaux pourraient être tentés d'exploiter les failles découlant de cette limitation 18

La faute de gestion se définit comme le non-respect des règles définissant le comportement attendu d'un
dirigeant normalement diligent 19

15
VINEYG et P. JOURDAN « Traité de droit civil; les obligations ; la responsabilité civile ; conditions». LGDJ. 2éme édition ; 1998
spec, N° 857.)

16
BEL HAJ HAMOUDA AJMI, « La faute de gestion est-elle impossible à éviter ?». 03 Mars 2009 By Audinet Tunisie Juridique - Droits
des affaires. «http://www.investirentunisie.net/index.php?
id=262:tunisiedossierslafautedegestionendroitdesaffaires&option=com_content »

17
DEEN GIBRILA « Droit des sociétés », 6eme édition, Editions Elipses, 1 juillet 2020.

18
Jean GATSI « L’effectivité du droit de l’OHADA » Presses univresitaires d’AFR , 2006.

19
A. STEICHEN, Précis de droit des sociétés, 4e ed.2014, Ed. Saint-Paul nª 631,p.765.
Cette notion est intrinsèquement liée aux principes de loyauté, de transparence et de respect de la légalité
auxquels le dirigeant est astreint. Il est indifférent que la faute soit commise de manière volontaire ou
involontaire ; toute faute, même légère, peut entraîner la responsabilité de son auteur 20 .

La diversité des comportements fautifs associés à la faute de gestion rend difficile l'élaboration d'une
définition homogène, selon la doctrine majoritaire. Ces comportements présentent un éventail de degrés de
gravité sans lien véritable. En revanche, la doctrine minoritaire propose une approche unifiée de la faute de
gestion, basée soit sur le critère d'un comportement prudent et avisé, soit sur la validité des actes de gestion
conformément au pouvoir légal accordé aux dirigeants sociaux.

Chapitre II : Les manifestations dualistes de la faute de gestion :

La panoplie des fautes de gestion est étendue, rassemblant ainsi des actes positifs que négatifs, pouvant
relever un caractère de volonté, comme elle peut constituer le résultat d’une simple imprudence ou
négligence.21 La faute de gestion est caractérisée par des actions (section.1) ou au contraire des abstentions
des dirigeants au regard du comportement d’un dirigeant normalement diligent 22(section.2).

Section 1. Manifestations actives :

Celles-ci peuvent être liées soit à un comportement audacieux du dirigeant (A) ou à un dirigeant
imprévoyant (B).

A- Audace excessive ou imprudence du dirigeant.

Un dirigeant, chargé de la gestion d'une entreprise, doit adopter une conduite réfléchie pour assurer le
bon déroulement des affaires, plutôt que d'opter pour une attitude audacieuse caractérisée par des
initiatives sans réflexion ni prudence. Cette témérité du dirigeant peut se manifester aussi bien lors de la
phase de création de la société que tout au long de son fonctionnement.

❖ Lors de la création de la société

- Insuffisance du capital social : Historiquement, la responsabilité civile des organes de direction était
engagée pour faute de gestion en cas d'insuffisance du capital social, considéré comme un instrument

20
Wolters Kluwer Belgium, « Un siècle d’application de la loi du 10 Aout 1915 concernant les sociétés commerciales, 1 janvier 2015.

21
DEEN GIBRILA « Droit des sociétés », 6eme édition, Editions Elipses, 1 juillet 2020.

22 Jessy Masse, Frédéric Bernard « Gouvernance et Contrôle interne dans le secteur de la Mutualité » Books on Demand France, 24 sept. 2013
essentiel du fonctionnement de l'entreprise 33- M. Cozian, A. Viandier, F. Deboissy, Droit des sociétés,
33e éd, 2020, Lexis Nexis

Une jurisprudence de la cour d'appel de Rouen avait souligné que l'extrême modicité du capital social portait
en elle-même les germes des difficultés 23 . Toutefois, un arrêt de la Cour de cassation du 10 mars 201524 a
marqué un revirement important. Dans cette affaire impliquant une SARL en liquidation judiciaire, la cour a
statué que l'insuffisance des apports lors de la constitution de la société, imputable aux associés, ne
constituait pas une faute de gestion. Ce changement a été motivé par le fait que la faute de gestion est
définie comme un acte préjudiciable à la société accompli dans l'exercice du pouvoir de gestion, et l'apport
en société ne relève pas du pouvoir de gestion .

- Choix d'un investissement hasardeux : Le choix d'investissements peut constituer une faute de gestion
si le dirigeant ne rassemble pas suffisamment d'informations pour évaluer la conformité du projet à ses
fonds propres. Il s'agit d'une imprudence fautive en raison de l'insuffisance de capitaux. Une décision de
la Cour de cassation a précisé que, lors de la création de l'entreprise, le choix d'investissements inadaptés
ou excessifs, compte tenu de leurs conditions prévisibles de financement, peut constituer une faute de
gestion 36 Cass.com.19 mars 1996 .

2/ Au cours du fonctionnement de la société :

- Engagement de la société au-delà de ses capacités financières : Dans une quête de profit, le dirigeant
peut être tenté par des choix non réfléchis présentant un risque élevé. Cela peut se traduire par
l'engagement de la société dans de nouveaux projets et engagements sans évaluer ses capacités
financières, créant ainsi de nouvelles charges que l'entreprise ne peut pas supporter. Plusieurs
jurisprudences ont retenu cet engagement excessif comme un comportement fautif du dirigeant.

- Engagement financier disproportionné : De manière similaire à un dirigeant qui engage la société dans
des dépenses disproportionnées par rapport à ses ressources, il est recommandé de prévoir les dépenses
en fonction des ressources disponibles, de les ajuster et d'exercer un contrôle afin de maintenir
l'équilibre financier de l'activité. Un engagement financier disproportionné peut également se manifester
par le fait que le dirigeant s'accorde des rémunérations excessives ou des avantages financiers
importants Cour de cassation, civile, Chambre commerciale, 28 juin 2017, 14-29.936, Inédit disponible
sur Légifrance
23
CA Rouen, 20 oct. 1983 : D. 1983, p. 163 ; CA Aix-en-Provence, 16 mai 2001 : BRDA 2002/3, n°7)

24
CS.Cham Cce.10 mars..2015
Une décision judiciaire Cour de cassation, civile, Chambre commerciale, 31 mai 2016, 14-24.779, Inédit
disponible sur Légifrance a confirmé que maintenir une rémunération à un niveau très élevé peut constituer
une faute de gestion. Par exemple, dans le cas d'un dirigeant d'une société en liquidation judiciaire, les juges
ont considéré qu'il avait commis une faute de gestion en maintenant sa rémunération à un niveau excessif.
La Cour de cassation a souligné qu'il est nécessaire d'apprécier le montant de la rémunération d'un dirigeant
par rapport à la situation financière de la société pour déterminer si elle est excessive.

- Maintien d'une rémunération élevée malgré des résultats défavorables : Une jurisprudence constante
condamne le dirigeant pour faute de gestion s'il n'a pas réduit une rémunération importante, même en cas
de mauvais résultats de l'entreprise. Le maintien d'une rémunération élevée en dépit des difficultés
financières de la société peut être considéré comme une faute de gestion.

Accroissement des charges financières et diminution des ressources : Une faute de gestion peut être
caractérisée par l'attitude du dirigeant social qui tend à augmenter le coût des ressources d'emprunt
obtenues auprès de divers créanciers bancaires et financiers, rendant le recouvrement des dettes
impossible. Cela se manifeste lorsque le dirigeant prend des décisions de gestion, comme passer des
commandes en sachant pertinemment que la société est incapable de les honorer, ou temporiser le
paiement des dettes échues. La diminution des ressources peut également se manifester par la conclusion
de contrats dont l'exécution peut s'avérer déficitaire ou par l'adoption d'une politique de vente à perte.

Un arrêt de la Cour de cassation marocaine a prononcé un remboursement à l'égard des dirigeants en raison
du préjudice subi par la société suite aux fautes de gestion commises, y compris l'achat de grandes quantités
de marchandises sans pouvoir les vendre avant la date d'expiration40 Cour de cassation , 22 novembre 2018,
nª1375/3/1/2018

Trouble dans le fonctionnement des organes sociaux : Le comportement du dirigeant causant un trouble
dans le fonctionnement des organes sociaux constitue une faute de gestion. Cela peut inclure le fait
d'accepter des fonctions qui ne relèvent pas de ses compétences, que ce soit en raison d'un manque de
connaissance ou de son état de santé. De même, si le dirigeant accepte des fonctions sans les exercer par la
suite, cela peut également être considéré comme une faute de gestion.

Causer des troubles aux actionnaires minoritaires : Un dirigeant social qui réalise un coup d'accordéon à
l'encontre d'un actionnaire minoritaire peut être considéré comme commettant une faute de gestion. Ce
comportement peut être qualifié de faute si une preuve est apportée du préjudice subi par l'actionnaire
minoritaire en raison de cette action. Cela souligne l'importance pour les dirigeants de prendre des décisions
qui respectent les droits et intérêts de tous les actionnaires, en évitant de causer des préjudices injustifiés
aux actionnaires minoritaires.

B/ Incompétence du dirigeant .

Le leader dépourvu de prévoyance se caractérise par une conduite imprudente et une dérogation aux
normes établies. En revanche, un dirigeant compétent mais imprévoyant n'accomplit pas sa mission avec
discernement ni n'anticipe efficacement les évolutions de la gestion d'entreprise. L'incompétence, elle, se
manifeste chez un dirigeant qui ne maîtrise pas la capacité de gérer l'entreprise, démontrant ainsi une
absence des compétences nécessaires. La jurisprudence reconnaît comme une faute de gestion par
incompétence le fait pour un dirigeant d'accepter des contrats désavantageux pour la société. Un exemple
de cette incompétence se retrouve également chez celui qui applique des tarifs excessivement bas,
entraînant des pertes pour l'entreprise.

Un arrêt de la Cour de cassation française datant du 13 avril 2022 remet en question la qualification de faute
de gestion attribuée à un dirigeant ayant engagé l'entreprise dans une activité dépendante d'un seul client.
La Cour de cassation estime que le motif retenu n'est pas adéquat pour établir une faute de gestion non
réductible à de la simple négligence.

Enfin, la démission d'administrateurs en raison de l'incompétence du PDG est reconnue comme une preuve
de leur incapacité à gérer efficacement, les obligeant ainsi à révoquer le dirigeant pour mettre fin à une
gestion déficiente. En cas d’une procédure collective, le dirigeant doit mettre en place un plan de
redressement

sérieux, dans le cas contraire, cela fait preuve de son incompétence.


Section 2. Manifestations passives.

La négligence se caractérise par l'omission d'une action qui aurait dû être accomplie. Un dirigeant négligent
adopte une attitude totalement passive, ne réagissant pas face à une situation donnée. Cette passivité
constitue un élément majeur engagent la responsabilité du dirigeant social. Les tribunaux ont reconnu
comme faute de gestion les cas où les dirigeants adoptent cette attitude passive face aux difficultés
financières des sociétés. Un exemple concret est celui d'un dirigeant qui, par son attentisme, permet à la
dette sociale de s'accumuler, ne cherchant pas activement les fonds nécessaires pour rétablir une trésorerie
normale.

De plus, un dirigeant qui persiste dans l'exploitation déficitaire de la société sans prendre de mesures pour
permettre un redressement commet également une faute de gestion. Cela a été confirmé par un arrêt de la
cour de cassation française en date du 12 juillet 2016, où un gérant d'une SARL, devant augmenter le capital,
a été jugé en faute pour ne pas avoir sollicité cette augmentation auprès des associés.

Le défaut de déclaration de cessation de paiement dans une société commerciale en difficulté financière
constitue également une faute. Dans une telle situation, le dirigeant est tenu de demander l'ouverture d'une
procédure de redressement judiciaire dans un délai prévu par la loi. Le non-respect de ce délai, motivé par
des intérêts strictement personnels, expose le dirigeant à des conséquences juridiques.

Enfin, le manque de surveillance par le dirigeant social est une autre forme de négligence, se traduisant par
une carence dans l'exercice de ses fonctions. Cela s'applique notamment aux administrateurs qui ne
remplissent pas leurs obligations de surveillance liées à leurs fonctions.

Il est essentiel de distinguer entre l'absentéisme involontaire, lié à des raisons de maladie du dirigeant, et
l'absentéisme volontaire, où le dirigeant montre un désintérêt envers ses fonctions au sein de la société, que
ce soit en raison de multiples responsabilités dans différentes entreprises ou parce qu'il ne peut les assumer
individuellement.
L'absence physique au sein de la société peut être considérée comme une faute de gestion, comme l'a
souligné la cour de cassation française dans le cas d'un président du conseil d'administration d'une SA se
rendant au siège social seulement deux fois par semaine. Cette situation manifeste clairement le
détachement du dirigeant vis-à-vis de ses responsabilités. Étant donné la complexité et l'ampleur des tâches
liées à la gestion des affaires, une présence aussi limitée semble dérisoire.

De même, l'absence dans le processus organisationnel est également considérée comme une faute de
gestion. Par exemple, un administrateur de SA qui ne participe pas à une séance du conseil d'administration
et ne demande pas le procès-verbal commet une négligence envers ses fonctions. Bien que des
circonstances justifiées puissent parfois expliquer cette absence, elles caractérisent néanmoins la négligence
du dirigeant.

1. Non-respect des principes impératifs : Le non-respect de principes impératifs révèle un comportement


défectueux, indiquant une violation des règles juridiques liées à la gestion sociale.

2. Obligation de tenir une comptabilité : Les dirigeants d'entreprise sont tenus de l'obligation de tenir une
comptabilité, conformément aux règles du droit commercial et du droit des sociétés. Le non-respect de cette
obligation est considéré comme une faute de gestion.

3. Comptabilité fictive : La tenue d'une comptabilité fictive, donnant une image fausse du patrimoine de la
société, est également considérée comme une faute de gestion.

4. Transgression des principes de la loi sur les sociétés commerciales : La transgression des principes inscrits
dans la loi sur les sociétés commerciales est soulignée comme une violation.

5. Obstacles à l'exercice des prérogatives des associés : Les organes de direction qui entravent l'exercice des
droits politiques, financiers et patrimoniaux des associés violent les dispositions légales.

6. Défaut de nomination d'un commissaire aux comptes : Le défaut de nomination d'un commissaire aux
comptes est considéré comme une faute de gestion, pouvant aggraver la situation économique et financière
de l'entreprise.

7. Violation de l'obligation de publicité des comptes annuels :Les dirigeants commettent une faute de
gestion s'ils contribuent à l'insuffisance de l'actif en ne respectant pas les règles du droit des sociétés,
notamment en ce qui concerne la publicité des comptes sociaux.
Ces points soulignent l'importance du respect des obligations légales en matière de gestion d'entreprise et
les conséquences juridiques qui peuvent découler du non-respect de ces obligations.

Deuxième partie : "La Faute de Gestion : Entre Pouvoir Discrétionnaire du Juge et Critère de
l'Intérêt Social"

Chapitre I : La faute de la gestion à la lumière de la jurisprudence

Section 1 : Le Juge et la Faute de Gestion : Gardien de l'Équilibre Entre Liberté et Responsabilité

La faute de gestion n'est pas explicitement définie par la loi, laissant ainsi la qualification du comportement
fautif à la discrétion du juge. Ce pouvoir d'appréciation prend généralement deux formes distinctes.

Lorsque la législation ou la doctrine ne fournissent pas une définition précise d'une notion, créant ainsi une
zone grise, le juge se voit contraint d'utiliser son pouvoir discrétionnaire pour élargir le champ de la faute de
gestion. Deux méthodes distinctes émergent dans cette démarche : l'appréciation marginale et l'appréciation
a priori.
L'appréciation marginale consiste à évaluer le comportement du dirigeant en fonction des circonstances
spécifiques de l'acte. Le dirigeant doit faire face à des choix complexes, chacun présentant des avantages et
des inconvénients. Le juge, dans son analyse, prend en considération les circonstances temporelles,
géographiques et les usages professionnels.

En respectant le principe de non-immixtion dans la gestion sociale, le juge doit reconnaître la marge de
liberté accordée au dirigeant pour entreprendre ses décisions. Il ne peut pas juger le choix d'un dirigeant
comme une faute de gestion simplement parce que son propre jugement diffère de celui du dirigeant. Le
respect de la liberté de choix du dirigeant demeure fondamental, même si le juge peut intervenir en cas de
manquement aux normes légales ou éthiques.

La justification de la non-ingérence dans les décisions de gestion s'appuie sur deux points essentiels. Tout
d'abord, le caractère intrinsèque du risque et de l'aléa dans chaque décision de gestion accorde aux
dirigeants une marge d'erreur d'appréciation qui ne constitue pas nécessairement une faute.
Deuxièmement, les juges ne sont autorisés à évaluer que la légalité de la décision par rapport à la bonne foi
ou à l'intérêt social, sans pouvoir juger de l'opportunité même de la décision.

En ce qui concerne l'appréciation a priori, le juge doit se positionner au moment où les faits ont eu lieu,
même s'il rend sa décision plusieurs années plus tard. Il doit faire abstraction des conséquences
malheureuses qui ont pu découler de la décision, mais qui n'étaient pas raisonnablement prévisibles au
moment de sa prise. Ce principe est particulièrement pertinent lorsqu'on reproche aux administrateurs
d'avoir poursuivi une activité déficitaire au lieu de décider de mettre fin à cette activité dans le but de
redresser la société. L'appréciation a priori est nécessaire pour évaluer le caractère fautif du comportement
du dirigeant au moment où il a pris la décision.

En conclusion, l'appréciation a priori se révèle indispensable lorsque le juge est confronté à la responsabilité
des dirigeants dans des situations qui, bien qu'ayant ultérieurement des conséquences fatales,
n'apparaissaient pas comme telles au moment de la prise de décision.

Dans une appréciation in abstracto, les juges évaluent la faute de gestion en comparant le comportement de
l'auteur de la faute à celui d'un tiers agissant avec la prudence et la diligence d'un bon père de famille, selon
les normes du droit français. Ce principe impose au dirigeant une obligation de moyens, où il doit agir avec
prudence et mettre en œuvre tous les moyens à sa disposition pour servir l'intérêt de la société. Un simple
état défavorable des affaires sociales ne présume pas de la faute de gestion du dirigeant, car il est jugé sur
ses efforts plutôt que sur les résultats.
Cette approche offre deux avantages. D'une part, elle uniformise les solutions juridiques en la matière.
D'autre part, elle permet au juge d'apprécier le comportement du dirigeant par rapport à une norme
externe, indépendante de l'attitude spécifique du dirigeant fautif, favorisant ainsi l'élaboration d'une
définition unifiée de la faute de gestion.

En revanche, dans une appréciation in concreto, le comportement du dirigeant est évalué en fonction de ses
propres actions, de la prudence et de la diligence qu'il manifeste dans sa vie quotidienne. Cette méthode
prend en compte les circonstances spécifiques entourant le dirigeant et peut offrir une perspective plus
contextualisée sur la question de la faute de gestion.

Section 2 : Responsabilité des Dirigeants : Établissement et Moyens d'Exonération

A-Violation des statuts et dépassement des pouvoirs :

Même si la responsabilité de la société peut être engagée pour les agissements de ses représentants, la
responsabilité personnelle des dirigeants nécessite des moyens spécifiques (B). Ainsi, la preuve de l'existence
d'une faute est essentielle (A).
C’est une infraction très courante, d’autant plus la plupart des dirigeants sous estiment cette catégorie
d’infraction qui peut être un « simple » dépassement de l’objet social. En effet la conclusion d’une
transaction commerciale courante dans l’apparence, mais en dehors de l’objet social peut engager la
responsabilité civile du dirigeant. Les dirigeants sociaux agissent en vertu d’un mandat général dont
l’étendue est déterminée selon le cas par la loi, les statuts ou l’acte de nomination. Le dirigeant peut engager
sa responsabilité civile dans le cas de violation d’une clause de limitation de pouvoirs ou d’interdiction
d’engager la société au-delà d’un certain seuil 25.

Ainsi, les actes conclus par les dirigeants en dehors de l’objet ne peuvent être annulés par les actionnaires
mais ces derniers peuvent chercher la responsabilité des dirigeants pour la réparation du préjudice subis par
la société. Aussi, nous pensons que l’inopposabilité des limitations statutaires aux tiers vise en principe la
protection de ces derniers, et en conséquence les tiers peuvent se prévaloir des clauses statutaires pour
annuler les actes passés en violation des statuts.

B - Enjeux de preuve d'une faute de gestion

Établir la faute de gestion peut être complexe, surtout lorsqu'il incombe au tribunal de statuer sur la
responsabilité. Selon l'appréciation a priori, se replacer de manière rétrospective dans le contexte de l'action
pour évaluer la décision incriminée et en apprécier l'opportunité n'est pas toujours évident.

Cependant, la preuve d'une faute est nécessaire pour engager la responsabilité des dirigeants. La charge de
la preuve repose sur les demandeurs, qui doivent démontrer l'existence d'une faute de comportement
constitutive de la faute de gestion. Les conclusions d'une expertise de gestion, réalisée à la demande des
actionnaires minoritaires, ainsi que le rapport du syndic détaillant le bilan financier, économique et social de
l'entreprise en difficulté, peuvent faciliter l'établissement de la preuve. La faute de gestion étant un fait
juridique, sa preuve peut être réalisée par divers moyens, notamment l'expertise de gestion.

C - Les moyens d'exonération

Tous les comportements des dirigeants ne constituent pas nécessairement une faute de gestion. Ces
derniers bénéficient d'une marge d'erreur et de risque inhérente au rythme imposé par la vie des affaires.

Le droit à l'erreur est reconnu aux dirigeants, et de mauvais résultats issus d'une décision ne sont pas, en soi,
suffisants pour caractériser une faute. De même, les dirigeants peuvent être exonérés s'ils versent des
sommes d'argent élevées en raison de nécessités imposées par les opérations. La possibilité de ne pas être
tenu responsable en cas d'erreur de gestion a été reconnue aux dirigeants, définissant ainsi l'erreur de
gestion comme le résultat d'un comportement décisionnel non aventureux. En contraste avec la faute de
gestion, l'erreur de gestion souligne la volonté des dirigeants de ne pas nuire à l'intérêt de la personne

25
Mémento pratique Francis Lefebvre - droit des sociétés.
morale qu'ils représentent. Dans de telles situations, les dirigeants se sont engagés pleinement, même si
leurs décisions n'ont pas produit les résultats escomptés.

Nous signalons enfin que le mandataire social comme tout responsable civil peut bénéficier d’une
exonération partielle ou totale de la responsabilité pour les causes suivantes :

- Cas de force majeure : il doit répondre à 3 critères : l’extériorité, l’imprévisibilité et l’irrésistibilité,

- Faute de la victime : Elle s’apprécie au regard de la définition générale de la faute,

- La faute d’un tiers : la justice apprécie la part contributive de chaque fautif.

Chapitre II : la faute de gestion et l’intérêt social

Le critère de l’intérêt social a implicitement motivé nombreuses décisions rendues par les juridictions qui ont
retenu la faute de gestion, par conséquent la responsabilité des dirigeants sociaux. Il convient d’établir dans
cette partie, le lien entre la faute de gestion et l’intérêt social, en se penchant en premier lieu sur l’intérêt
social comme Critère de Jugement des Comportements des Dirigeants (section 1) avant de passer en
deuxième lieu à l’intérêt social comme un critère unique définissant la faute de gestion (section 2).

Section 1 : L'Intérêt Social comme Critère de Jugement des Comportements des Dirigeants

Cela s’illustre par une décision consistante à l’accroissement de manière disproportionnée des charges
financières de la personne morale, un tel comportement qui laisse augmenter la charge financière de la
personne morale au risque L'interruption de la continuité d'une entreprise ne correspond évidemment pas
aux objectifs de sa création. Par exemple, le cas du dirigeant qui s'accorde des rémunérations
disproportionnées par rapport à la trésorerie de la société privilégie son intérêt personnel au détriment de
celui de la société. Cet acte pourrait être conforme à l'intérêt social si la trésorerie le permettait.

L'intérêt de la personne morale se manifeste également par l'établissement d'un équilibre commercial pour
réaliser un profit. La vente à perte va à l'encontre de cet intérêt. De même, un déséquilibre entre les organes
sociaux, causé par le blocage intentionnel du dirigeant, n'est pas conforme à l'intérêt de la personne morale
qui nécessite un fonctionnement harmonieux des organes de la société.

La sauvegarde de la structure sociale créée pour accomplir l'objet social est une autre facette de l'intérêt
social. Une situation d'anarchie due à une incompétence organisationnelle dessert l'intérêt de la personne
morale. Les comportements du dirigeant qualifiés de fautes de gestion, résultant d'irrégularités dans la prise
de décisions, sont également non conformes à l'intérêt social.
L'intérêt social exige des dirigeants compétents et prévoyants pour assurer la continuité de la personne
morale. Les décisions prises avec prudence et dans une perspective de continuité sont conformes à cet
intérêt. Un exemple de cette perspective est un arrêt de la Cour de cassation marocaine, où la création d'une
autre société ayant le même objet que celle des associés a été considérée comme contraire aux dispositions
légales, portant atteinte à l'intérêt de la société.

Ainsi, l'intérêt social définit les limites au-delà desquelles un comportement décisionnel est fautif. Il identifie
également les comportements constituant une faute de gestion lorsque la continuité de la personne morale
est menacée.

Enfin, l'absence totale d'action ou de réaction du dirigeant face à une situation donnée est contraire à
l'intérêt de la personne morale, entraînant une détérioration de la situation financière sociale ou des
perturbations dans le fonctionnement global des organes sociaux. L'attitude passive d'un dirigeant négligent
est caractérisée comme une faute. L'absence de prise de mesures nécessaires pour prévenir l'accroissement
du passif social constitue un comportement contraire à l'intérêt de la personne morale. La continuité de la
société ne justifie pas une réaction d'omission d'agir. De même, le défaut de surveillance des actes de
gestion par les organes de direction va à l'encontre de l'intérêt de la personne morale en raison des
conséquences potentielles. Un exemple concret serait un dirigeant qui ne surveille pas attentivement la
gestion, conduisant ainsi à une exploitation déficitaire.

Ainsi, l'intérêt social sert de critère pour identifier les comportements des dirigeants qui sont contraires à la
continuité de la personne morale pendant l'exercice de la gestion. Cela souligne l'importance d'une gestion
proactive et d'une surveillance attentive pour garantir la pérennité de la société.

Section 2 : Unification de la Faute de Gestion : Le Critère de l'Intérêt Social comme Fondement Fédérateur

La diversité des actes des organes de l'administration, incarnant la faute de gestion, ouvre la voie à une
conception unifiée de cette notion particulière. Un principe de mise en balance des intérêts des parties est
appliqué pour déterminer l'existence ou non d'un abus de majorité ou de minorité, en se référant au critère
de l'intérêt social. Par analogie, le critère de l'intérêt social contribue à mettre un terme à la définition
souvent variée de la faute de gestion des dirigeants sociaux.

Revenons à la notion des actes de gestion. Les dirigeants agissent en vertu de pouvoirs légaux dans le but de
satisfaire certains intérêts, en premier lieu celui de la personne morale. Le dirigeant doit prendre des
décisions de gestion sans privilégier son intérêt personnel. La direction d'une personne morale vise à
conserver l'activité de la société, avec pour motivation principale la satisfaction de son intérêt, qui englobe
les intérêts universels, y compris ceux des associés. Ainsi, le comportement décisionnel du dirigeant ne doit
pas outrepasser les contours définis par l'intérêt de la personne morale.

La faute de gestion est unifiée car elle découle de comportements et d'actes de gestion qui ne respectent
pas les normes de l'intérêt de la personne morale, visant sa continuité économique, financière et son
fonctionnement harmonieux.

Concrètement, la jurisprudence donne une définition unanime de la faute de gestion en se basant sur le
critère d'intérêt social. Dans un cas spécifique, la Cour de cassation a considéré qu'une décision de gestion
d'un gérant d'une SARL refusant la facturation du produit du transfert d'un fonds de commerce cédé à une
autre société qu'il a créée était contraire à l'intérêt social de la première société et constituait une faute de
gestion.

Ainsi, la décision de gestion valide est celle qui est essentiellement liée à tous les actes et comportements
décisionnels garantissant la pérennité de la personne morale. À cet égard, la Cour de cassation commerciale
a rendu un arrêt le 22 septembre 2021 (nº 19-18936) considérant que la poursuite d'une activité déficitaire
n'est pas contraire à l'intérêt social tant qu'elle ne représente pas un chiffre significatif et que les revenus
provenant d'une autre activité compensent le maintien de l'activité déficitaire. Rien n'interdit à une société
de chercher à équilibrer une activité par une autre, et la poursuite de l'activité déficitaire, dans ces
conditions, ne constitue pas une faute de gestion.

Par conséquent, la faute de gestion du dirigeant découle de tout comportement contraire à l'intérêt social.
Selon un auteur, la faute de gestion est unifiée, car il s'agit d'un acte de gestion critiquable qui consiste
invariablement en "un écart de conduite des affaires de l'entreprise que n'aurait pas commis un gestionnaire
prudent et avisé". Cet écart se mesure notamment par rapport à un critère, une conduite de référence
fondée sur l'intérêt social. Une décision de gestion qui s'écarte de la conduite fixée par l'intérêt social risque
de constituer une faute de gestion en cas de préjudice.

En effet, la diversité des comportements fautifs est en réalité liée au concept d'intérêt social, globalisant les
comportements non conformes à ce critère.

L'étude de la faute de gestion en droit des sociétés révèle une problématique liée à sa définition,
caractérisée par un champ illimité expressément défini par le législateur. La faute de gestion peut prendre
plusieurs formes en relation avec le comportement du dirigeant, que ce soit par négligence, incompétence
ou imprévoyance. Cependant, la multiplicité apparente de ces comportements sans lien véritable a été
écartée par la jurisprudence, qui a consacré le critère de l'intérêt social comme thème fédérateur de la faute
de gestion, lui conférant ainsi une définition unifiée.
Bibliographie :
Ouvrages:

DEEN GIBRILA « Droit des sociétés », 6eme édition, Editions Elipses, 1 juillet 2020.

-, DELMAS , Dirigeant de société , statut juridique , social et fiscal

-JEAN CELESTE « Le statut du dirigeant de société au Maroc (SA et la SARL) , Dépôt légal : 2004/0062

-MOHAMED El Mernissi « Traité marocain de droit des sociétés », Ed, Lexis Nexis,2019.

- M. Cozian, A. Viandier, F. Deboissy, Droit des sociétés, 33e éd, 2020, Lexis Nexis

- Mémento pratique Francis Lefebvre - droit des sociétés.

- VINEYG et P. JOURDAN « Traité de droit civil ; les obligations ; la responsabilité civile ; conditions ».
LGDJ. 2éme édition ; 1998

Thèses :

- - Gérard Hervé VILON GUEZO « Responsabilité pénale du dirigeant : regard critique » soutenue le
: 14 décembre 2016

- SERGE Hadgi- Artinian « La faute de gestion en droit des sociétés » Litec 2001.

Lois :

- La loi 20-19 modifiant la loi sur la SA.

- Dahir nª 1-96-124 du 14 rabii II 1417 (30 aout 1996) portant promulgation de la loi nª 17-95 relative à
la société anonyme.

- La loi nº 15-95 formant code de commerce promulguée par le dahir nª 1-96-83 du 15 Rabii I) 1417 1er
aout 1996

- La loi nª5-96 sur les autres formes de société

Articles :

- BEL HAJ HAMOUDA AJMI, « La faute de gestion est-elle impossible à éviter ?». 03 Mars 2009
By Audinet Tunisie Juridique - Droits des affaires.
http://www.investirentunisie.net/index.php?id=262:tunisiedossierslafautedegestionendroit
desaffaires&option=com_content

- P. Bézard, « La compétence et le devoir des dirigeants sociaux en droit français », 1987, Vol. 10, 3ème journée franco-US,
Journal Soc. Législation comparée

Jurisprudence :

-Cass., Com., 10 octobre 1995, n° 93-15.553


-Cass., Crim, 23 novembre 2004, n° 04-80.830
-Cass.com.10 décembre 1995

-Cass.com.19 mars 1996

-Cour de cassation, civile, Chambre commerciale, 28 juin 2017, 14-29.936, Inédit disponible sur Légifrance
- Cour de cassation, civile, Chambre commerciale, 31 mai 2016, 14-24.779, Inédit disponible sur Légifrance

Webographie :https://www.avocats-picovschi.com/dirigeant-de-fait-une-situation-haut- risque_article_256.html

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