Titre I du cours GFCL ENAM

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Cours sur la gestion financière des Collectivités

locales

Animé par Madame Ramatoulaye GADIO AGNE


Chef du Bureau des Collectivités locales à la
DGCPT

Mars 2004

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Titre I : L’organisation administrative et financière des
collectivités locales

Introduction

Le Sénégal, depuis son accession à l’indépendance, a prôné une politique de décentralisation


progressive, marquée par des étapes décisives notamment :

- En 1960, le statut de commune de plein exercice est élargi à toutes les communes ;

- En 1966, l’adoption du Code de l’Administration communale et du décret fixant le


régime financier des communes ;

- En 1971, l’adoption d’une nomenclature budgétaire des communes ;

- En 1972, la création des communautés rurales et définition de leurs finances ;

- Entre 1976 et 1980, la transformation de certains impôts d’Etat en impôts à travers


d’importantes réformes fiscales ;

- En 1990, la fin du statut spécial des communes chefs lieux de région et le retrait de la
gestion des communautés rurales aux sous-préfets ;

- En 1991, l’adoption d’un nouveau plan comptable des collectivités locales

- En 1996, l’adoption du nouveau code des collectivités locales

Ces différentes réformes institutionnelles, administratives et financières ont eu pour objectif


majeur de promouvoir le développement des collectivités locales, de rapprocher la base à la
prise de décision selon une approche participative et de les doter de moyens financiers pour
assumer leurs compétences.

Ces réformes ont également introduit des principes de gestion, matérialisés par le caractère
exécutoire des actes des collectivités locales, la suppression de la tutelle administrative et
l’aménagement d’un contrôle de légalité a posteriori.

Ainsi, les collectivités locales qui sont une personne morale de droit public, dotée de
l’autonomie financière, s’administrent librement par des conseils élus au suffrage universel.
Le conseil délibérant de chaque collectivité élit à son sein un organe exécutif.

Actuellement, nous disposons de trois ordres de collectivité locale : la région, la commune et


la communauté rurale. Depuis la réforme de février 2002, notre pays compte 441 collectivités
locales réparties en 11 régions, 110 communes et 320 communautés rurales.

Les collectivités locales sont créées, supprimées, scindées ou fusionnées dans les conditions
prévues par le Code des Collectivités locales.

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Elles ont pour mission la conception, la programmation et la mise en œuvre des actions de
développement économique, éducatif, social et culturel d’intérêt régional, communal ou rural.

Pour fonctionner et assumer pleinement leurs compétences, elles disposent d’un budget.
Ainsi, le budget, considéré comme étant le principal moyen d’intervention politique,
économique et social de la collectivité locale, est régi suivant les procédures et règles de la
comptabilité publique, aussi bien dans son élaboration que dans son exécution.

Aussi, le présent cours sera –t-il articulé autour de deux titres : l’un intitulé : l’organisation
administrative et financière des collectivités locales et l’autre, la gestion financière. A
l’intérieur de ces titres, les chapitres ci-après seront traités :
1- le cadre institutionnel et organisationnel des collectivités locales
2- les caractères généraux du budget
3- l’établissement du budget
4- l’exécution du budget
5- les relations financières entre l’Etat et les collectivités locales

Chapitre I : Le cadre institutionnel et organisationnel des collectivités


locales

Le cadre institutionnel et organisationnel des collectivités locales est consacré et uniformisé


par un texte unique avec la réforme de 1996.

Cette réforme de 1996, couramment appelée « Régionalisation », constitue la troisième étape


du processus de décentralisation au Sénégal. Elle a consisté à l’adoption de six textes de loi
n°96-06 à 11 du 22 mars 1996 relatifs au code de collectivités locales (CCL) et à leurs décrets
d’application, à leur organisation administrative, financière et au transfert de compétences et à
la création d’un nouvel ordre de collectivité locale : la région.

La région, devient ainsi, le cadre de programmation et d’harmonisation du développement


économique et social des collectivités locales.

En fait, les lois du 22 mars 1996, ont abouti à un élargissement et un renforcement des
responsabilités des collectivités locales.

A ce titre, les collectivités locales sont dépositaires de trois types de compétences, à la fois
générales, de droit commun et de proximité.

 Les compétences générales

Au vu des dispositions de la loi n° 96-06, la collectivité locale doit assurer à l’ensemble de la


population sans distinction, les meilleures conditions de vie. Elle intervient tout
particulièrement dans les domaines de la planification, de la programmation du
développement local et de l’harmonisation avec les orientations régionales et nationales.

 Les compétences de droit commun

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Le Président du conseil régional, le Maire et le Président du Conseil rural, en leur qualité de
représentants d’élus locaux, sont tenus dans un doublement fonctionnel qui leur assigne des
pouvoirs de police, de protection des libertés publiques sous réserve des attributions conférées
aux représentants de l’Etat autres articles 129 et 180 du CCL.

 Les compétences de proximité

Les collectivités locales exercent des compétences de proximité dans le but d’assurer le
service public, la gestion des ressources naturelles, l’édification d’équipements collectifs, en
somme la satisfaction des aspirations quotidiennes des populations.

En procédant à une harmonisation du régime des collectivités locales, la réforme de 1996


repose sur cinq principes à savoir :
- Un statut pour toutes les régions ;
- Un équilibre entre décentralisation et déconcentration ;
- Une meilleure répartition des centres de décisions dans le cadre des ressources
disponibles ;
- Un contrôle à posteriori « aménagé »
- La sauve garde de l’unité nationale et l’intégrité territoriale.

Elle poursuit également trois objectifs essentiels notamment :


- Le développement économique et social de chaque région ;
- L’installation d’une administration proche des usagers ;
- La création de région dynamique dans un Etat unitaire.

En reconnaissant aux collectivités locales des capacités d’interventions économiques, par


l’attribution d’un véritable pouvoir de liberté de décision et de programmation des activités
économiques, le législateur rend l’objectif de développement local, effectif.

Désormais, les collectivités locales ont la responsabilité du développement économique de


leur localité qu’elles peuvent exercer en partenariat avec des acteurs locaux au
développement.

C’est dans cette optique que, le législateur a aménagée et renforcée d’une part, un cadre
juridique et institutionnel, et d’autre part une organisation financière des collectivités locales.

Section 1 : Le cadre institutionnel et juridique

Dans l’exposé des motifs du CCL, le législateur a tenu à signaler que le principe général qui
inspire la réforme de 1996, se résume en deux mots : « Liberté et proximité » Ce principe
prend source dans l’article 90 de la loi constitutionnelle 94-55 du 13 juin 1994 portant
révision de la constitution qui dispose que : « dans le respect des lois et règlements, les
collectivités locales s’administrent librement par des conseils élus. »

Les principaux objectifs de la réforme de 1996 peuvent se résumer en trois axes :

 « Mieux répondre à l’exigence de développement économique en créant entre les


administrations centrales de l’Etat et les Collectivités de base, des structures
intermédiaires : les régions ;

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 Mieux approfondir la décentralisation en considérant les collectivités locales
comme majeures et libres de leurs décisions, en substituant un contrôle de légalité
à posteriori adapté et rapproché à l’actuel contrôle d’approbation a priori
centralisé;

 Attribution de nouvelles compétences jusqu’ici exercées par l’Etat qu’il répartira


judicieusement entre les collectivités locales dans la perspective d’une meilleure
harmonie du développement local. »

1.1 Les principes généraux

1.1.1 Le principe de la libre administration

Le concept de liberté qui est le soubassement de toute l’architecture des textes constituant le
CCL traduit le principe de libre administration des collectivités locales qui ne pouvait
cohabiter avec l’institution de cette tutelle « pesante et tatillonne » que décriaient certains
élus.

Désormais libres de leurs décisions, les organes des collectivités locales disposent d’un large
domaine d’action dont les limites ne dépendent, en fait, que de leurs moyens et du respect des
dispositions des lois et règlements.

La mise en application du principe de la libre administration entraîne un certain nombre de


corollaires modifiant les rapports existants entre l’Etat et les collectivités locales aussi bien en
ce qui concerne le contrôle de légalité que le transfert de compétences.

1.1.2 Le contrôle de légalité

Pour ce qui est du contrôle de légalité, l’exposé des motifs du CCL énonce que « la notion de
tutelle doit désormais disparaître et faire place à celle du contrôle. Le moment est venu de
préciser les nouvelles libertés dont bénéficieront les collectivités locales et d’organiser leur
mode de contrôle unique. Ainsi, le contrôle a posteriori sera désormais la règle et le contrôle a
priori, l’exception. »

Cependant, l’existence d’une tutelle, somme toute résiduelle précisée par les articles 130, 134,
336, 345, 347, 355 et 357 du CCL, loin de constituer une restriction fondamentale au principe
de la libre administration, n’est que l’aménagement d’une étape transitoire dans le cadre
duquel les collectivités locales pourraient apprendre à exercer correctement leurs nouvelles
libertés.

En tout état de cause, la notion de tutelle a été expurgée de la nouvelle terminologie de la


décentralisation.

Aux termes des articles 334 et 335 du CCL, les actes énumérés dans ces articles sont
exécutoires après une formalité de transmission au représentant de l’Etat qui n’a plus de
pouvoir d’annulation des actes des collectivités locales qu’il estime être entachés d’illégalité.

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En effet, l’annulation des actes des collectivités locales ne peut plus être prononcée que par le
Conseil d’Etat saisi par le représentant de l’Etat (article 337) ou par toute personne physique
ou morale lésée par un acte similaire à ceux mentionnés aux articles 334, 335 et 336 du code.

Toutefois, conformément aux dispositions de l’article 336 du CCL, certains actes à caractère
financier ou budgétaire, et d’autres relatifs à la planification, aux affaires domaniales et
d’urbanisme restent soumis à l’approbation du représentant de l’Etat.

Quant au contrôle d’opportunité, sa suppression est matérialisée par l’article 3 alinéa 5 du


CCL qui dispose que « les collectivités locales sont seules responsables, dans le respect des
lois et règlements, de l’opportunité de leurs décisions »

1.1.3 Le transfert de compétences

Concernant le transfert de compétences, le principe découle de l’article 5 du CCL qui dispose


que « tout transfert de compétences à collectivité doit être accompagné du transfert
concomitant par l’Etat à celle-ci, des ressources et moyens nécessaires à l’exercice normal de
cette compétence » Cet article ne fait qu’annoncer le principe, mais sa mise en œuvre est
spécifiée dans la loi 96-07 portant transfert de compétences aux régions, communes et
communautés rurales.

L’objet de la loi est de confier aux collectivités locales des compétences exercées jusqu’alors
par l’Etat. Cette loi a précisé le régime du transfert des compétences en déterminant des
principes, des domaines de compétences et la compensation financière des charges résultant
du transfert.

Ainsi, dans la définition des compétences respectives des différentes collectivités locales,
l’article 25 du CCL énonce en ce qui concerne la région qu’ « elle peut engager des actions
complémentaires avec celles de l’Etat, et des autres collectivités locales situées dans la région,
dans les domaines et conditions fixés par la loi portant détermination des compétences
prévues à l’article 5 du CCL.

On voit donc, que la notion de développement économique est une compétence partagée entre
l’Etat et ses démembrements. En effet, la mise en œuvre des actions communautaires de
développement implique plusieurs acteurs en même temps, dans les mêmes champs
d’application de ces compétences, avec, toutefois, une nuance fondamentale que leurs
interventions respectives soient structurées et articulées afin de garantir une cohérence
globale dans les actions.

Cependant, la mise en œuvre de certains projets d’infrastructures demeure une prérogative de


l’Etat à travers son programme d’investissements publics communs à l’ensemble des régions.

La loi portant transfert de compétences a posé des principes généraux comme :

1.1.3.1 la délimitation des compétences entre l’Etat et les collectivités locales

Selon l’article 1er de la loi 36-07 du 22/ 03/ 1996 portant transfert de compétences « les
collectivités locales règlent, par délibération, les affaires de leurs compétences »

Cependant, elles partagent certaines compétences avec l’Etat telles que :

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- L’administration et l’aménagement du territoire ;
- Le développement économique, éducatif, social, sanitaire, culturel et scientifique ;
- La protection et la mise en valeur de l’environnement et l’amélioration du cadre de
vie des populations.
Mais, l’Etat conserve ses compétences de souveraineté notamment :

- Le contrôle de légalité des actes des collectivités locales ;


- L’impulsion générale et coordination des actions de développement économique et
social ;
- La garantie de la cohésion et de la solidarité nationale ainsi que l’intégrité
territoriale.

1.1.3.2 L’interdiction de tutelle

Selon l’article 13 du CCL, « aucune collectivité locale ne peut établir ou exercer de


tutelle sur une autre collectivité locale. »

De même, l’article 2 de la loi 96-07 renchérit : « les transferts de compétences prévus par
la présente loi ne peuvent autoriser une collectivité locale à établir une tutelle sur une
autre. »

Il s’agit d’interdire à l’avance tout mécanisme par lequel une collectivité puissante et riche
puisse contrôler une autre collectivité faible et pauvre.

Si le principe est parfaitement clair et précis et peut recevoir une sanction contentieuse, il
est difficile à faire respecter en pratique, par exemple, en matière de planification et de
coordination de l’action de développement régional, domaines dans lesquels la région joue
un rôle principal.

Toutefois, l’article 2 précise que « les collectivités locales peuvent librement entretenir
entre elles des relations fonctionnelles et de coopération en stricte conformité avec les
textes législatifs et réglementaires en vigueur. »

1.1.3.3 Le partage des compétences transférées

Selon l’article 3 de la loi 96-07, « la répartition des compétences entre les collectivités
locales s’effectue en distinguant celles qui sont dévolues aux régions, aux communes et
aux communautés rurales.

Il ressort de cette disposition qu’aucune collectivité locale ne disposera exclusivement


d’une compétence dans un domaine donné.

Il s’agit là, comme l’indique l’exposé des motifs de la loi précitée, d’une première étape
de transfert pour les secteurs suivants :
- Domaines
- Environnement et gestion des ressources naturelles ;
- Santé, population et action sociale ;
- Jeunesse, sports et loisirs ;
- Culture ;
- Education

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- Planification ;
- Aménagement du territoire ;
- Urbanisme et habitat. »
Au total, neuf domaines de compétences ont été transférés aux collectivités locales.

1.1.3.4 Le transfert de moyens

Selon l’article 13 de la même loi, l’Etat met à la disposition de la collectivité bénéficiaire


l’ensemble des biens du domaine privé et public pour l’accomplissement de sa mission.
Toutefois, l’article 9 de ladite loi précise que l’Etat ne pourra pour une période de cinq ans,
sauf exception, transférer aux collectivités des services ou partie de ses services.

Mais, les collectivités locales peuvent signer des conventions portant sur les conditions
d’utilisation de chaque service extérieur de l’Etat en se référant aux décrets n° 96-1122 et
1123 du 27 décembre 1996.

Section 2 : Le cadre organisationnel

Il est constitué par l’organisation administrative des collectivités locales, les ententes et
groupements entre collectivités et les services publics locaux.

2.I. Les collectivités locales et leurs organes délibérants et exécutifs

Avec l’adoption du code, les collectivités locales sont composées de trois entités :
- La région ;
- La commune ;
- La communauté rurale

2.1.1 La région

La région est le troisième ordre de collectivité locale à la suite de la commune et de la


communauté rurale.

Les compétences générales de la région sont définies à l’article 25 du CCL : « la région a


compétence pour promouvoir le développement économique, éducatif, social, sanitaire,
culturel et scientifique, pour réaliser les plans régionaux de développement et organiser
l’aménagement de son territoire dans le respect de l’intégrité, de l’autonomie et des
attributions des communes et des communautés rurales »

Ses organes sont au nombre de quatre : le Conseil régional, le Président du Conseil régional,
le Comité Economique et Social et l’Agence Régionale de Développement.

2.1.1.1 Le Conseil régional

D’après l’article 25 du CCL, « il règle, par ses délibérations, les affaires de la région », c’est
l’organe délibérant de la région. Il est composé de conseillers élus pour cinq ans. Le Conseil
régional forme quatre commissions de droit qui sont énumérées à l’article 44 du Code.

2.1.1.2 Le Président du Conseil régional

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Il est l’organe exécutif de la région. Il prépare et exécute les délibérations du Conseil régional.

2.1.1.3 L’Agence Régionale de Développement (ARD)

Selon l’article 37 du Code, elle est constituée en commun par la région, les communes et les
communautés rurales. Elle a pour mission d’apporter une assistance gratuite dans tous les
domaines d’activités liés au développement.

Le principe étant posé dans le Code, le décret 98-399 du 05 mai 1998 fixe les modalités de
création et de fonctionnement de l’Agence.

L’ARD est chargée d’une assistance technique concernant :


 La conception et l’exécution de tous les plans et études relatifs au développement
économique des trois ordres de collectivités locales ;
 Le suivi et l’évaluation des plans de développement ;
 L’élaboration et la réalisation de schémas régionaux d’aménagement du territoire ;
 La coordination et l’harmonisation des actions de développement dans la région ;
 La cohérence entre plan national de développement et le plan régional de
développement ;
 L’élaboration et le suivi des contrats plans ;
 L’élaboration et le suivi des conventions de mise à disposition des services extérieurs
de l’Etat ;
 La mise en œuvre des initiatives en matière de coopération décentralisée.
En outre, l’Agence peut être chargée d’assurer la maîtrise d’ouvrage des opérations sur
délégation de la région, des villes, des communes et des communautés rurales, mais aussi
réaliser toute étude que les organismes publics ou privés lui commandent.
Le Président du Conseil régional assure la Présidence du Conseil d’Administration de
l’Agence. Le Directeur de l’ARD est nommé par le Conseil d’Administration sur sa
proposition.

Les ressources de l’ARD sont tirées :


 Des contributions des collectivités locales membres de l’Agence ;
 Des subventions, dons, legs et libéralités ;
 Du remboursement des frais relatifs aux prestations réalisées pour le compte des
collectivités locales.

2.1.1.4 Le Comité Economique et Social

D’après l’article du 31 du CCL, le Comité économique et social est un organe consultatif


composé de personnes représentatives des activités économiques, sociales, culturelles et
scientifiques de la région, élus locaux, ainsi que de personnalités reconnues pour leurs
compétences et désignées par le Président de la République.

Le comité est obligatoirement consulté pour donner son avis sur :


 Les budgets annuels ;
 Le plan de développement régional ;
 Les plans d’aménagement régional ainsi que leurs déroulements ;
 Les propositions d’ententes inter-régionales.

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Le décret 96-1120 du 20 décembre 1996 fixe le champ de ses missions, ses modalités
d’organisation et de fonctionnement. D’après, l’article 5 dernier alinéa de ce décret, le comité
peut, en outre, donner son avis sur toutes matières dont il est saisi, notamment sur les budgets
des communes et des communautés rurales.

Il s’agit en conséquence d’un avis uniquement facultatif.


Les crédits nécessaires au fonctionnement du comité et, à la réalisation de ses études font
l’objet d’inscription distincte au budget de la région.

2.1. 2 La commune

L’article 77 du CCL définit la commune comme « une collectivité locale, personne morale de
droit public. Elle regroupe les habitants du périmètre d’une même localité unis par une
solidarité résultant du bon voisinage, désireux de traiter de leurs propres intérêts et capable de
trouver les ressources nécessaires à une action qui leur soit particulière au sein de la
communauté nationale et dans le sens des intérêts de la nation »

Il précise, en outre, que le Conseil municipal est l’organe délibérant et le Maire en est
l’organe exécutif.

Les alinéas 3, 4 et 5 du même article rajoutent que « les grandes communes peuvent être
divisées en communes d’arrondissement. Elles prennent alors la dénomination de la ville. La
commune d’arrondissement est dotée de la personnalité morale et de l’autonomie financière »

Les compétences de la commune d’arrondissement, ses ressources financières et ses rapports


avec la ville sont déterminés par la loi 96-09 du 22 mars 1996.

Cette situation est appliquée dans la région de Dakar qui se trouve avec 43 communes
d’arrondissement conformément au décret 96-745 du 30 août 1996 portant création des
communes d’arrondissement et qui sont réparties comme suit :

- Ville de Dakar : 19 communes d’arrondissement


- Ville de Pikine : 16 communes d’arrondissement
- Ville de Guédiawaye : 5 communes d’arrondissement
- Ville de Rufisque : 3 communes d’arrondissement

2.1.3 La communauté rurale

L’article 192 du Code définit la communauté rurale comme « une collectivité locale, une
personne morale de droit public, dotée de l’autonomie financière. Elle est constituée par un
certain nombre de village appartenant au même terroir, unis par une solidarité résultant
notamment du voisinage, possédant des intérêts communs et capables ensemble de trouver les
ressources nécessaires à leur développement »

Le Conseil rural est l’organe délibérant et le Président du conseil rural est l’organe exécutif.
Elle assure également des compétences générales, de droit commun et celles de proximité.

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2.2 Les ententes entre collectivités

Les ententes interrégionales, intercommunales, intercommunautaires et les regroupements


mixtes sont prévus dans le Code. En effet, c’est dans cette optique que l’article 3 de la loi 96-
06 dispose : « les collectivités locales ont pour mission la conception, la programmation et la
mise en œuvre des actions de développement économique, éducatif, social et culturel d’intérêt
régional, communal ou rural.

Elles s’associent en partenariat, le cas échéant, à la réalisation des projets de développement


économique, éducatif, social et culturel, les mouvements associatifs et les groupements à
caractère communautaire »

Ainsi, les modalités de création et de fonctionnement de ses ententes et groupements mixtes


sont contenues dans les dispositions des articles 71 à 76 pour les régions, 179 à 191 pour les
communes et 239 à 242 pour les communautés rurales.

2.3 Les services publics locaux

Les conditions d’exploitation des régies locales, des concessions et affermages et prises de
participation dans les sociétés publiques ou privées sont consacrées au chapitre XI du titre V
du CCL. Cette disposition existait déjà dans l’ancien Code. Mais, la nouveauté réside dans la
diminution du taux de participation des collectivités locales qui ne peut excéder 33% du
capital social des organismes publics ou privés contrairement au plafond de 65% initialement
fixé.

Il faut préciser que les régies locales sont dotées de l’autonomie financière. Leurs produits et
leurs charges font l’objet d’un budget spécial annexé à celui de la collectivité locale et il est
voté par son conseil.

Chapitre II L’organisation financière

Contrairement au cadre institutionnel qui a subi des réformes, l’organisation financière n’a
pas connu de mutations profondes.

En effet, les textes régissant notamment le régime financier des collectivités locales, le cadre
budgétaire et comptable sont toujours dans l’attente d’une adaptation aux récentes réformes
sur la décentralisation. C’est pour cette raison que certains avancent que la décentralisation est
plus institutionnelle que financière.

L’organisation financière des collectivités locales repose sur trois éléments essentiels: un
budget, des agents d’exécution et un système de contrôle.

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Section 1 : Le budget

1.1 Définition

Le budget est un acte de prévision et d’autorisation annuelle de recettes et de dépenses. Il peut


être également défini comme un acte de décision autorisé par l’organe délibérant pour une
prise en charge financière des affaires de la collectivité locale.

En effet, L’assemblée locale décide chaque année des actions à entreprendre : elle vote le
budget.

Avant d’être discuté et voté par l’organe délibérant, le budget est préparé sous forme de projet
par l’organe exécutif de la collectivité.

Ce projet doit être le reflet des aspirations de la population et de ses représentants.


Le choix des actions à entreprendre et des ressources à percevoir est de la compétence
exclusive de l’organe délibérant qui détient seule l’initiative financière.

Les inscriptions de recettes et de dépenses ne permettent pas pour autant le recouvrement et le


paiement immédiat des créances et des dettes de la collectivité ; on devra d’abord les
constater.

Cette nécessité de constater les dettes et les créances afin d’en obtenir le dénouement, exige la
présence d’agents d’exécution à la compétence bien délimitée.

Section 2 : Les agents d’exécution

2.1 L’ordonnateur de la collectivité locale

L’ordonnateur est chargé de l’exécution pratique des décisions prises par l’organe délibérant
dans le cadre du budget de la collectivité locale.

Au regard des opérations financières, l’ordonnateur prescrit l’exécution administrative des


recettes et des dépenses. A ce titre, il constate les droits de la collectivité locale, liquide les
recettes en prescrivant les recettes, engage, liquide et ordonnance les dépenses.

Il tient une comptabilité administrative des opérations qu’il effectue et produit un compte
administratif qu’il soumet au vote du conseil de la collectivité.

Les fonctions d’ordonnateur sont assumées par le Président du conseil régional, le Maire et le
Président du conseil rural.

Pour l’accomplissement de ses attributions générales, et en particulier, de ses fonctions


d’ordonnateur, il s’appuie sur un personnel composé d’agents dont les statuts sont précisés par
des dispositions législatives et réglementaires.

2.1.1 Le personnel des collectivités locales

Le personnel des collectivités locales peut comprendre :

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 Les fonctionnaires régis par le statut de la fonction publique communale, notamment
par la loi n° 69-54 du 16 juillet 1969 relative au statut général de la fonction publique
communale et par le décret n° 79-788 du 24 juillet 1979 portant statut particulier des
fonctionnaires communaux.
 Les agents de l’Etat détachés, qu’ils soient régis par le statut général de la fonction
publique ou par des textes réglementaires, sont placés sous l’autorité du chef de
l’exécutif local et leur rémunération est prise en charge dans le budget de la
collectivité utilisatrice.
Toutefois, il faut préciser que ces agents font toujours partie de leur corps d’origine et
sont administrés par l’administration centrale.
 Les agents non titulaires régi par le Code du travail et les conventions collectives.
Cette catégorie d’agents est soumise au régime spécial applicable aux agents non-
fonctionnaires de l’Etat défini par les dispositions du décret n° 74-347 du 12 avril
1974 étendues aux agents non-fonctionnaires des communes par le décret n° 75-703
du 26 juin 1975.
Ces agents sont recrutés et administrés par le président du conseil régional, le maire ou
le président du conseil rural.

L’ensemble de ces personnels constitue l’administration de la collectivité locale et participe à


l’exécution des délibérations de l’assemblée locale sous l’autorité du chef de l’organe
exécutif.

2.2 Le comptable de la collectivité

Selon les dispositions de l’article 359 du CCL « Le comptable de la collectivité est un


comptable direct du Trésor ayant qualité de comptable principal. Il est nommé par le Ministre
chargé des Finances. C’est un agent de l’Etat rémunéré par ce dernier.

Il prête serment devant le Tribunal régional. Il est tenu de produire ses comptes à la Cour des
comptes qui statue par voie de jugement »

En outre, le rôle du comptable de la collectivité est également défini par référence au régime
de responsabilité en matière de recettes, de dépenses et de tenue des comptes, prescrit par les
dispositions du décret n°62-195 du 17 mai 1962 portant réglementation concernant les
comptables publics.

De plus, ce rôle de comptable local est réaffirmé de façon spécifique à l’article 266 du CCL
qui précise que « les recettes et les dépenses de la collectivité locale sont exécutées par un
comptable, chargé seul et sous sa responsabilité :
- de poursuivre la rentrée de toutes les recettes de la collectivité locale et toutes les
sommes qui lui sont dues ;
- d’acquitter les dépenses ordonnancées par l’organe exécutif local, jusqu’à
concurrence des crédits régulièrement ouverts ;
- d’assurer la garde des fonds et valeurs »

Ainsi, la fonction de comptable incombe au Receveur de la collectivité locale qui prend la


dénomination de Receveur régional pour la Région, de Receveur municipal pour la Commune
et de Receveur rural pour la Communauté rurale.

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2.3 Le principe de séparation des fonctions d’ordonnateur et de comptable

Les dispositions du décret n° 2003-101 du 13 mars 2003 portant règlement général sur la
comptabilité publique précisent que les opérations financières et comptables résultant de
l’exécution des lois de finances ou des états de prévisions des recettes et de dépenses des
organismes publics incombent aux ordonnateurs et aux comptables.

La répartition des compétences entre ces deux autorités consacre le principe de séparation des
fonctions d’ordonnateur et de comptable.
Ce principe est justifié d’une part, par des considérations d’organisation du travail en tenant
compte de la spécialisation et des aptitudes des deux catégories d’agents et d’autre part, par le
souci de sécurité des deniers publics.

Cependant, pour des motifs de commodité et de rapidité dans l’exécution des opérations, ce
principe connaît des exceptions à travers les régies de recettes et d’avances.

Section 3 : Un système de contrôle

Dans l’exposé des motifs de la loi 96-06 du 22 mars 1996, le législateur précise que le
nouveau dispositif de contrôle « doit s’exercer dans deux domaines : le respect de la légalité
et l’orthodoxie budgétaire et financière »

Ainsi, un système de contrôle est prévu pour assurer une gestion saine des finances locales. A
ce titre, les actes des ordonnateurs et ceux des comptables sont strictement surveillés et
contrôlés par des organes délibérants, administratifs et juridictionnels.
Le contrôle s’effectue avant, pendant et après l’exécution du budget des collectivités locales.

3.1 Le contrôle exercé par l’organe délibérant

Le budget local étant un acte d’autorisation du conseil de la collectivité, il est tout à fait
normal que cette assemblée veille aux conditions dans lesquelles son autorisation est
respectée.

L’organe délibérant exerce son contrôle lors du vote de budget, en cours d’exécution par des
décisions modificatives du budget et après clôture de la gestion financière en adoptant les
comptes administratif et de gestion.

3.2 Le contrôle administratif


 Le contrôle de type administratif est exercé par le représentant de l’Etat lors de
l’approbation des actes budgétaires ( Cf Approbation du budget)
 L’exécution du budget des collectivités locales est aussi contrôlée par des organes
administratifs que sont l’Inspection Générale d’Etat (IGE), le contrôle financier et les
inspections internes des finances.
 Par ailleurs, le comptable de la collectivité locale exerce également une surveillance
sur la gestion de l’ordonnateur.
Cette surveillance résulte du fait que, si le comptable ne peut subordonner ses actes de
paiement à une appréciation de l’opportunité des décisions prises par l’ordonnateur, sa
responsabilité personnelle et pécuniaire lui impose un contrôle de régularité.

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Cette responsabilité personnelle et pécuniaire peut être levée en cas de réquisition de
l’ordonnateur exercée sous certaines conditions.
Le comptable de la collectivité locale est également soumis au contrôle hiérarchique de
l’administration financière.

3.3 Le contrôle juridictionnel

L’article 342 du CCL dispose que « le juge des comptes juge l’ensemble des comptes des
comptables publics des collectivités locales, ainsi que des personnes qu’il a déclarées
comptables de fait »
La Cour des comptes examine ces comptes et rend des arrêts.

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