ANALYSE LINEAIRE - CHARLES BAUDELAIRE - L'INVITATION AU VOYAGE

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TEXTE 2 – L’invitation au voyage

INTRO :
Charles Baudelaire est un poète du 19ème siècle se situant à la croisée des chemins
poétiques. Il est héritier du Romantisme, influencé par le Parnasse et le Réalisme et
initiateur du Symbolisme. C’est en 1857 qu’il publie l’œuvre de sa vie : les Fleurs du Mal.
Ce recueil de poème fera scandale et se conclura par l’objet d’un procès à l’issu duquel
Baudelaire finira condamné.

SITUER LE TEXTE ET CONTEXTUALISER L’ŒUVRE :


« L’invitation au voyage » est un poème extrait de la première partie du recueil :
« spleen et idéal », partie du recueil qui exprime une tension entre la recherche de
l’harmonie et la plongée dans le gouffre. Ce poème est un poème de l’idéal appartenant
au cycle des poèmes amoureux. Dans ce cycle, Baudelaire écrit pour 3 femmes mais dans
celui-ci, c’est Marie Daubrun qui est la destinataire, il l’a rencontré en 1847. Dans ce
poème, la femme et le paysage s’entremêlent permettant ainsi au poète de se
transporter dans un lieu parfait. Le titre du poème évoque un voyage dans une
destination inconnue.

(LECTURE DU TEXTE)

PROBLEMATIQUE :
Nous nous demanderons alors, à quel type de voyage le poète invite la femme aimée ?

MOUVEMENTS :
1) 1ère strophe : le poète invite la femme aimée à voyager dans un pays du Nord
2) 2ème strophe : elle est invitée à rejoindre la chambre à coucher d’un palais oriental
3) 3ème strophe : il propose de l’emmener vivre ce voyage

MOUVEMENT 1 : (l’invitation dans un pays du Nord)


- Au 1er vers, nous avons une interpellation de la femme aimée par deux groupes
nominaux
- Nous remarquons l’emploi de l’auteur, de termes caractérisant une relation
fraternelle : « mon », « ma », des déterminants possessifs », il évoque une relation
douce avec la femme idéale, pure innocente et fragile nous laissant ainsi penser que la
femme dont il s’agit est Marie Daubrun
- Emploi du verbe « songer » = voyage intérieur par la pensée ou le rêve, on s’imagine
le lieu idéal. Ici il invite la destinataire à songer à un voyage
- Emploi « douceur » (= une qualité vague et générale, elle peut caractériser des gens,
un climat ou encore l’amour)
- - « d’aller » (=verbe de déplacement) + « là-bas » « ailleurs » « idéal » « imaginaire »
- Emploi d’exclamation renforçant le mystère et partageant un sentiment de bonheur
et de joie
- Le poète sait ce qu’il veut faire là-bas : il veut « vivre ensemble » « aimer à loisir »
« aimer à mourir »
- L’infinitif employé pour exprimer un désir d’éternité quelque chose qui ne se
terminera jamais
- Mourir devient positif car il y associe l’amour par une conjonction de coordination
- Il invite à une correspondance entre le visage et le paysage avec « un pays qui te
ressemble » = ce n’est pas un vrai pays dont il est question
- Vers 7/8= évocation picturale et invocation de pays pluvieux. On peut imaginer Il s’agit
d’un pays du Nord.
- « traitres yeux » (vers 11) = association au visage qui est pluvieux. Nous pouvons
l’interpréter comme les larmes d’une femme aimée = mystère
- « charmes » « sort » Baudelaire est envoutée + « traitres yeux » qui dévoilent le côté
inquiétant de la femme
- Tous ces éléments traduisent l’ambiguïté de leur relation
Mini conclu : Baudelaire réussit à faire de la beauté picturale, musicale et poétique, de
la femme qui pleure un joli tableau = alchimie poétique

MOUVEMENT 2 : (rejoindre la chambre à coucher d’un palais oriental)


- Imagination d’un palais au vers 17= l’évocation d’une chambre aux attributs orientaux
comme indiqué au vers 23
- Il y’a des « meubles » qui sont « brillants » = présence de luxe, de la lumière et de la
beauté= sentiment de confort et de perfection amplifié
- Utilisation d’une notion temporelle avec « des meubles polis par les ans » (vers 15/16)
= évocation d’une relation éternelle
- Emploi du terme « notre » au vers 17 (= déterminant possessif) = Baudelaire invite la
femme aimée à un voyage amoureux car il évoque le couple, + d’infos sur le voyage
- Tout est luxueux et confortable dans cette chambre : c’est un palais oriental luxueux
- Baudelaire imagine des sensations bien précises et emmène la femme aimée dans un
sentiment de sécurité
- « les plus rares » (=superlatif) (vers 18) accentue le sentiment de perfection. Aussi les
« miroirs profonds » décuplent la grandeur et le luxe de la pièce = hyperbole de la
splendeur orientale
- « tout » déterminant indéfini et totalisant au vers 24, accentue cette perfection et met
en place un principe Baudelairien : celui des correspondances
Mini conclu : Tout communique en harmonie : le corps et l’esprit pour créer un monde
idéal e faire vivre à la femme aimée et Baudelaire un voyage amoureux

MOUVEMENT 3 : (il propose de l’emmener vivre ce voyage)


- Utilisation de l’impératif « vois » au vers 29 = invitation de Baudelaire à la visualisation
des pensées
- Hypotypose (= description très réaliste) qui nous permet de voir les choses = création
d’une image externe par sa description
- Nous avons ici aussi + d’infos sur le lieu du voyage : évocation d’éléments liquides :
courants picturales comme l’impressionnisme. Baudelaire fait donc ici de l’alchimie
car il crée une œuvre d’art une peinture à partir de paysages parfaitement imaginés
- Côté onirique (=de l’ordre du rêve) car il y’ des vaisseaux qui viennent de l’autre but
du monde pour assouvir les désirs de la femme aimée (vers 31, 32)
- Les « vaisseaux » évoquent le voyage = personnification car les bateaux veulent
voyager (vers 31) et ils ont une « humeur vagabonde »
- On a une opposition car les bateaux sont grands et nombreux tandis que la femme est
petit et seule avec ses désirs = perfection + luxe + confort + effet onirique = tous les
désirs sont comblés dans ce pays idéal
- La femme est capricieuse et le poète est à ses ordres : « assouvir » « désir » (vers 32-
33) appuient cette idée. Le poète propose donc à la femme aimée de la combler
durant ce voyage amoureux.
- Dans le dernier sizain, il y’a un tiret qui permet de marquer une pause, « une
contemplation » mise en relief. Baudelaire veut nous élever vers l’idéal avec la
lumière qui retombe sur la ville, l’eau, le ciel et la terre.
- Aussi la couleur dominante ici est le jaune orangé « soleils couchants », « l’hyacinthe
et l’or » (vers 35, 38)
- Synesthésie, odeur, couleur + touché
- Refrain = « revient comme une forme de berceuse qui conclue le voyage

CONCLUSION :
Ce poème est une invitation au voyage vers un lieu merveilleux, imaginaire ou l’idéal du
poète se réalise. Tout ça se produit grâce à une femme qui est le point de départ de la
rêverie. Ce sont surtout les mystères de la poésie qui permettent d’atteindre ce monde
parfait qui ressemble à un tableau tout en restant immobile. Baudelaire nous permet de
ressentir des sensations qui se correspondent où l’esprit et le corps sont en harmonie.

OUVERTURE :
On retrouvera notamment cette vision moderne du poète alchimiste chez Rimbaud, par
exemple dans Voyelles.

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